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Chapitre

ANALYSE VECTO-
1 RIELLE

Objectifs
— Connaı̂tre les opérateurs de l’analyse vectorielle (nabla, gradient, diver-
gence, Rotationnel et laplacien) et savoir démontrer leurs propriétés ;
— Connaı̂tre la définition du flux d’un champ de vecteurs à travers une
surface orientée.
— Savoir ce qu’est un champ à flux conservatif.
— Connaı̂tre les théorèmes de Stokes et d’Ostrogradski.

1.1 Représentation d’un point dans l’espace

On se placera toujours dans un repère orthonormé Oxyz, de vecteurs uni-


taires ~ex , ~ey , ~ez

1.1.1 Coordonnées cartésiennes

1.1.2 Coordonnées cylindriques

1.1.3 Coordonnées sphériques

1.2 Vecteurs

Dans la suite, la norme d’un vecteur V~ sera désignée tout simplement par la
lettre V pour ne pas surcharger l’écriture, sauf nécessité.

1
2 CHAPITRE 1. ANALYSE VECTORIELLE

1.2.1 Somme de deux vecteurs


1.2.2 Produit scalaire
1.2.3 Produit vectoriel

1.3 Circulation d’un vecteur


Soit un champ de vecteurs V ~ (M ) et un déplacement élémentaire −−−→ ~
M M 0 = dl.
La ciculation élémentaire s’ecrit

dC = V ~
~ . dl (1.1)

1.3.1 Coordonnées cartésiennes


1.3.2 Coordonnées cylindriques
1.3.3 Coordonnées sphériques
1.3.4 Circulation sur un chemin
On considère un trajet AB sur une courbe (C). Il convient de fixer le sens
de parcours sur cette courbe. En intégrant l’expression (1.1) sur le trajet AB,
on obtient
Z
C = V ~
~ . dl. (1.2)
AB

Si le chemin est fermé, on a alors


I
C = V ~
~ . dl. (1.3)

1.4 Flux d’un vecteur


~ (M ) et une surface élémentaire dS.
Soit un champ de vecteurs V ~ le flux
élémentaire s’écrit

dΦ ~ . dS,
= V ~ (1.4)

qui peut s’écrire autrement

dΦ ~ . ~n dS,
= V (1.5)

où ~n est le vecteur unitaire normal à lasurface dS, qu’il convient de bien orienter,
en tenant compte des conventions qui vont être précisées.
Pour le cas du flux à travers une surface ouverte, on considere un contour
(C) sur lequel s’appuie la surface (S). Une fois (C) orienté, le sens du vecteur
1.5. CHAMP SCALAIRE-CHAMP VECTORIEL 3

unitaire ~n est défini par la règle du tirebouchon (sens dans lequel avance le
tirebouchon quand on le tourne dans le sens positif choisi sur (C)). ainsi, on a
donc
Z Z
Φ = ~ . ~n dS.
V (1.6)
S

Si la surface est fermée, on ne peut pas définir le contour (C). Par convention
~n est orienté de l’intérieur vers l’extérieur.

1.5 Champ scalaire-Champ vectoriel


1.5.1 Définition
Soit une grandeur physique U , dépendant de n paramètres x1 , x2 , ..., xn ;
on notée U = U (x1 , x2 , ..., xn ). Si U est une grandeur scalaire (un nombre) on
parlera alors d’un champ scalaire.
Exemple de champs scalaires :
— Si P (z) est la pression atmosphérique en fonction de l’altitude, on pourra
alors parler de champ de pression.
— Si U (r) est le potentiel gravitationnel en fonction de la distance r, on
aura un champ de potentiel gravitationnel.
Définition : un champ de vecteurs est un vecteur dont les trois coordonnées
(pour un espace à 3 dimensions) sont des champs scalaires.
Exemple de champ de vecteurs : Dans une rivière d’axe Ox, la vitesse
d’écoulement
~v
de l’eau peut s’écrire

~v = vx (x, y, z)~ex + vy (x, y, z)~ey + vz (x, y, z)~ez . (1.7)

L’eau peut s’écouler à une vitesse différente suivant la profondeur représentée


par z, ou suivant la distance à l’axe paramétrée par y. On notera que l’eau ne
s’écoulant pas toujours parallèlement à l’axe Ox, ~vy et ~vz ne sont pas forcément
nulles. ~v est un bon exemple de champ de vecteurs.

1.6 Les opérateurs vectoriels


1.6.1 Définition
On appelle opérateur une application linéaire agissant sur un champ scalaire
ou sur un champ de vecteurs. Un opérateur particulier est l’opérateur nabla, un
vecteur noté ∇ et défini en coordonnées cartésiennes par :

− ∂ ∂ ∂
∇ = ~ex + ~ey + ~ez . (1.8)
∂x ∂y ∂z
4 CHAPITRE 1. ANALYSE VECTORIELLE

1.6.2 Le gradient
L’opérateur gradient est un opérateur différentiel qui s’applique à un champ
scalaire f (x, y, z) et le transforme en un champ vectoriel. On définit le gradient
de f en coordonnées cartésiennes par
−−→ →
− ∂f ∂f ∂f
gradf = ∇f = ~ex + ~ey + ~ez . (1.9)
∂x ∂y ∂z

L’expression du gradient dans le système de coordonnées cylindriques (r, θ, z)


est
−−→ ∂f 1 ∂f ∂f
gradf = ~er + ~eθ + ~ez . (1.10)
∂r r ∂θ ∂z
alors que dans le système de coordonnées sphériques (r, θ, ϕ) on obtient

−−→ ∂f 1 ∂f 1 ∂f
gradf = ~er + ~eθ + ~eϕ . (1.11)
∂r r ∂θ r sin θ ∂ϕ
Chapitre

2 ELECTROSTATIQUE

2.1 Force et champ électrostatique

2.1.1 Charge électrique

L’interaction électrostatique est l’une des quatre interactions (ou forces) fon-
damentales qui régissent le comportement de la matière. Elle s’exerce entre
des particules ou corps chargés électriquement. Parmi les constituants de la
matière, deux particules élémentaires sont naturellement pourvues d’une charge
électrique : il s’agit de l’électron, chargé négativement, et du proton, chargé
positivement. Les charges de ces particules élémentaires sont :
— Pour l’électron, noté e− = −1, 6 × 10−19 C.
— Pour le proton : +1, 6 × 10−19 C.
On peut électriser (ou charger) un objet par divers procédés, par exemple en
frottant une règle en plastique avec un tissu. Cette électrisation correspond
toujours à l’apport ou à l’arrachage d’électrons, qui sont les particules matérielles
les plus mobiles. En chargeant un corps quelconque, deux phénomènes peuvent
se produire selon la nature du matériau :
— Soit les charges électriques restent localisées à l’endroit qui correspond à
l’électrisation ; il s’agit alors d’un matériau isolant.
— Soit les chargent migrent et se répartissent à l’intérieur du matériau ;
celui-ci est alors conducteur.
L’électrostatique est l’étude des interactions entre corps immobiles chargés
électriquement. Dans ce premier chapitre, nous ne considérerons que des objets
supposés ponctuels. Dans ce cas, l’interaction ou force électrostatique peut être
exprimée de manière très simple.

5
6 CHAPITRE 2. ELECTROSTATIQUE

2.1.2 Loi de Coulomb


Charles Coulomb (1736-1806) a effectué une série de mesures qui lui ont
permis de déterminer avec un certain degré de précision les propriétés de la
force électrostatique exercée par une charge ponctuelle qa sur une autre charge
ponctuelle qb :
— La force est radiale, c’est-à-dire dirigée selon la droite qui joint les deux
charges ;
— Elle est proportionnelle au produit des charges : soit répulsive si les
charges sont de même signe, soit attractive si elles sont de signe opposé ;
— Enfin, elle est inversement proportionnelle au carré de la distance qui
sépare les deux charges.
L’expression mathématique de la force de Coulomb exercée par la particule de
charge qa localisée en A sur la particule de charge qb localisée en et traduisant
les propriétés ci-dessus est la suivante
1 qa qb
F~ = ~u , (2.1)
~ 2 AB
4π0 kABk

ou 0 = 8, 854 × 10−12 F m−1 est la permittivité diélectrique du vide. Si l’inter-


action se produit dans un milieu autre que le vide, non conducteur, homogène
et isotrope (matériau appelé diélectrique), on remplace 0 par  = 0 r où r et
la permittivité diélectrique relative du milieu (nombre sans dimension) et  sa
permittivité diélectrique absolue. Il est donc important de noter que cette rela-
tion n’est valable que pour des charges immobiles et dans le vide. Cette loi est
la base même de toute l’électrostatique. Cette force obéit au principe d’action
et réaction de la mécanique classique, c’est-à-dire la force exercée par A sur B
est bien entendu l’opposé de la force exercée de B sur A. La force de Coulomb
présente une analogie remarquable avec la force d’attraction gravitationnelle qui
s’exerce entre deux masses ponctuelles ma et mb .

2.1.3 Champ électrostatique créé par une charge ponc-


tuelle
Considérons une charge ponctuelle qA placée en un point A de l’espace. Soit
une charge q placée à une distance r de A en un point B quelconque. Notons ~u
un vecteur unitaire de l’axe (AB). Lorsqu’on ecrit
!
~ 1 qA
F = q× ~u , (2.2)
~ 2
4π0 kABk

on met en évidence que la force en B s’exprime comme etant le produit de charge


q et d’un vecteur dépendant de la charge qA qui exerce la force. En posant
F~ = ~
q E, (2.3)

ou E~ = 1 qA
~ 2~
4π0 kABk u est le vecteur champ électrostatique créé par qA en B. De
ce qui precede, l’expression du vecteur champ électrique montre que :
2.1. FORCE ET CHAMP ÉLECTROSTATIQUE 7

— ce champ diminue au fur et à mesure que l’on s’éloigne de A ;


— que le champ créé par une charge ponctuelle est dirigé vers la charge si
cette charge est négative et dans le sens opposé si elle est positive

2.1.4 Principe de superposition pour une distribution discrète


des charges
On considère maintenant N particules de charges électriques qi , situées en
des points Ai : le problème consiste à déterminer le champ électrostatique créé
par cet ensemble de charges en un point B. la force totale subie par une charge
q située en B est simplement la superposition des forces élémentaires

N
!
X 1 qi
F~ = q ~ui . (2.4)
~
4π0 kAi Bk2
i=1

Ainsi, le champ électrostatique créé par un ensemble discret de charges est donné
par

N
!
~
X 1 qi
E(M ) = ~ui . (2.5)
i=1
4π0 kA~i Bk2

Dans le cas d’une distribution continue de charges cad lorsque la région oc-
cupée par les charges est constituée d’un ensemble de petits éléments chargés,
la sommation peut alors s’écrire sous la forme d’une intégrale.

2.1.5 Champ créé par distribution linéique des charges


Le calcul d’un champ électrique créé par une distribution de charges s’effec-
tue en considérant que ce champ résulte de la superposition de tous les champs
électriques élémentaires créés individuellement par chaque élément de longueur)
de la distribution linéique de charges. Si on considère que chaque élément cor-
respond à une quantité infinitésimale de charge, la superposition se traduit par
l’intégration sur l’ensemble de la longueur de l’objet, du champ élémentaire créé
par chaque élément.
Si sur une portion de courbe AB plongée dans l’espace, on considère de
petits éléments de la distribution de charges de longueur dl, situés aux points
P portant chacun une charge dq = λdl, le champ électrique créé en un point M
par l’ensemble de charges comprises entre A et B est
Z
~ 1 λdl
E(M ) = ~u. (2.6)
4π0 AB r2

ou r = kP~M k et λ la densité linéique de charge.


8 CHAPITRE 2. ELECTROSTATIQUE

2.1.6 Champ créé par distribution surfacique des charges


Le calcul d’un champ électrique créé par une distribution de charges s’effec-
tue en considérant que ce champ résulte de la superposition de tous les champs
électriques élémentaires créés individuellement par chaque élément de surface)
de la distribution surfacique de charges. Si on considère que chaque élément
correspond à une quantité infinitésimale de charge, la superposition se traduit
par l’intégration sur l’ensemble (de la surface de l’objet, du champ élémentaire
créé par chaque élément.
Considérons de petits éléments de la distribution surfacique de charges de
surface dS, situés aux points P et portant chacun une charge dq. Le champ
électrique créé en un point M par une distribution surfacique de charge de
surface S s’écrit
Z Z
~ 1 σdS
E(M ) = 2
~u. (2.7)
4π0 S r

ou σ est la densité surfacique de charge.

2.1.7 Champ créé par distribution volumique des charges


Le calcul d’un champ électrique créé par une distribution de charges s’effec-
tue en considérant que ce champ résulte de la superposition de tous les champs
électriques élémentaires créés individuellement par chaque élément de volume)
de la distribution volumique de charges. Si on considère que chaque élément
correspond à une quantité infinitésimale de charge, la superposition se traduit
par l’intégration sur l’ensemble (du volume de l’objet, du champ élémentaire
créé par chaque élément.
Si on considère de petits éléments de cette distribution de volume dV , situés
aux points P et portant chacun une charge dq, alors le champ électrique créé
par cet ensemble de charge en un point M est
Z Z Z
~ 1 ρdV
E(M ) = 2
~u. (2.8)
4π0 V r

ou ρ représente la densité volumique de charge

2.1.8 Exercices d’application


1) Quatre charges ponctuelles identiques −q(q > 0) sont fixées aux sommets
A, B, C et D d’un carré de côté a. Une cinquième charge q0 > 0 est maintenue
fixe au centre O du carré. Déterminer la valeur de q0 > 0 en fonction de q pour
que la force électrostatique totale qui s’exerce sur chacune des cinq charges soit
nulle.
2) On considère un segment rectiligne P1 P2 de densité linéique homogène λ.
Compte tenu des symétries, on travaille en coordonnées cylindriques avec l’axe
z confondu avec l’axe du segment. Les bouts du segment sont respectivement
2.1. FORCE ET CHAMP ÉLECTROSTATIQUE 9

Z1 et Z2 . Calculer le champ électrique E ~ en un point M à une distance r du


segment.
3) On place quatre charges ponctuelles aux sommets ABCD d’un carré de
côté a = 1m, et de centre O, origine d’un repère orthonormé Oxy de vecteurs
unitaires ~ex et ~ey . On donne q1 = q, q2 = −2q, q3 = 2q et q4 = −q, avec
q = 10−8 C.
(3.1) Déterminer le champ électrique E ~ au centre O du carré. Préciser la di-
rection, le sens et la norme de E ~
(3.2) Exprimer le potentiel V créé en O par les quatres charges.
(3.3) Exprimer le potentiel sur les parties des axes x0 x et y 0 y intérieures au
carré. Quelle est, en particulier, la valeur de V aux points d’intersection
de ces axes avec les côtés du carré (I, I 0 , J et J 0 ) ?
4) Partant de la figure ci-dessous, sachant que : O la projection de M sur la
droite AB, OM = y, OA = xA et OB = xB .
(4.1) Calculer, en tout point M de l’espace, le champ électrique E ~ créé par
un fil rectiligne AB de longueur finie 2a, portant une densité linéique de
charges λ > 0.
(4.2) examiner les cas particuliers suivants : le point M est dans le plan médiateur
de AB, ensuite le cas ou le fil a une longueur infinie.
5) On considère un disque de rayon R, de centre O, portant une densité de
charge surfacique σ > 0.
(5.1) Retrouver, par un calcul direct, le champ E ~ créé par le disque en un point
0
M de son axe z Oz (OM = z > 0) à partir du champ élémentaire dE ~
créé par la charge élémentaire dq = σdS.
(5.2) Que devient ce champ E ~ lorsque le rayon du disque R tend vers l’infini ?.
(5.3) On considère un plan infini portant une densité de charge surfacique
σ > 0, percé d’un trou circulaire de centre O et de rayon r. Calculer le
champ E ~ en un point M de l’axe z 0 Oz du trou.
6) Un conducteur creux hémisphérique de centre O et de rayon R est chargé
uniformément avec une densité de charge surfacique σ > 0.
(6.1) Calculer le champ E ~ 1 créé au point O.
(6.2) On considère maintenant une distribution de charge en volume ayant la
forme de l’hémisphère ci-dessus et portant une charge volumique uni-
forme ρ. En considérant la distribution volumique comme engendrée par
la distribution surfacique de la 1ere question lorsque le rayon de cette
dernière varie de O à R, calculer le champ électrique E ~ 2 créé au point O.
(6.3) Retrouver ce dernier résultat par un calcul direct.
7) On assimile la molécule de SO2 à un ensemble de trois charges ponctuelles
disposées comme l’indique la figure. La charge positive S(+2q) représentant
l’atome de soufre est située à la même distance L des deux atomes d’oxygène,
situés en O1 et O2 , portant chacun une charge −q. On désigne par α l’angle entre
les deux liaisons soufre-oxygène et on adopte le système d’axes Oxy représenté
sur la figure. L’origine O est située au milieu des deux atomes d’oxygène.
10 CHAPITRE 2. ELECTROSTATIQUE

(7.1) Montrer que cette distribution de charges électriques est équivalente à


un dipôle.
p de la molécule SO2 en précisant son
(7.2) En déduire le moment dipolaire~
orientation et sa norme.
A.N. : α = 120◦ ; L = 1, 432 × 10−10 m ; q = 0, 29 × 10−19 C.

2.2 Potentiel et flux électrostatiques


La présence de charges dans l’espace crée non seulement un champ de vec-
teurs (le champ électrique) mais également un champ de scalaire appelé potentiel
électrostatique. Champ électrique et potentiels sont liés entre eux.

2.2.1 Lignes et tubes de champ


Dans l’espace où règne un champ électrique créé par des charges ou des
distributions de charges, on définit les lignes de champ par les courbes de l’espace
auxquelles les vecteurs champs sont tangents. On définit également un tube de
champ par tout ensemble de lignes de champ s’appuyant sur un contour fermé.

2.2.2 Circulation du champ électrique


Considérons une région de l’espace où règne un champ électrique. Soit une
courbe (Γ) délimitée par deux points A et B. Et soit M un point de cette courbe.
Le point M effectuant un déplacement élémentaire de longueur dl ~ le long de la
courbe, on définit la circulation élémentaire du champ électrique en M par le
produit scalaire suivant

dC = ~
E(M ~
).dl. (2.9)

La circulation du champ électrique le long de la courbe (Γ) est définie par


Z
C = ~
E(M ~
).dl. (2.10)
Γ

Dans le cas d’un contour fermé (Γ), la circulation du champ électrique devient
I
C = ~
E(M ~
).dl. (2.11)
Γ

2.2.3 Potentiel électrostatique


La circulation du champ électrique le long d’une courbe ne dépend pas du
chemin suivi mais uniquement des points A et B délimitant cette courbe. On
dit que la circulation du champ électrique est conservative. Par conséquent, C
2.2. POTENTIEL ET FLUX ÉLECTROSTATIQUES 11

dépend de deux grandeurs associées chacune à chaque point A et B, grandeurs


que l’on définit comme les potentiels en chacun de ces points. On note :
Z
C= ~
E(M ~ = V (A) − V (B),
).dl (2.12)
Γ

ou V (A) et V (B) sont respectivement potentiel électrostatique en A et le po-


tentiel au point B. En dérivant l’expression (2.12), on obtient :
~
E(M ~
).dl = −dV, (2.13)
ou tout simplement
∂V
E(M ) = .− (2.14)
∂l
Ces équations locales traduisent le fait que le champ électrique dérive d’un
potentiel. L’équation générale exprimant la relation entre le champ électrique
~
E(M ) en un point M de l’espace et le potentiel duquel il dérive est :
~ −−→
E(M ) = −grad V (M ). (2.15)
a. Le potentiel créé par une charge q en un point M séparé d’une distance
r de cette charge
q 1
V (M ) = (2.16)
4π0 r
b. Le principe de superposition s’applique au potentiel créé en un point M
par un ensemble de charges. Ainsi, le potentiel créé en M par n charges,
tout comme cela était le cas pour le champ électrique, est égal à la somme
des potentiels créés individuellement par chaque charge. On a donc :
n
1 X qi
V (M ) = . (2.17)
4π0 i ri

c. Le potentiel électrostatique créé par une distribution linéique de densité


λ se calcule en intégrant sur l’ensemble de la distribution le potentiel
élémentaire dV créé par un élément de longueur dl. On a :
Z Z
1 dq 1 λdl
V (M ) = = . (2.18)
4π0 AB r 4π0 AB r
Le potentiel électrostatique créé par une distribution surfacique de charges
vaut
Z Z
1 σdS
V (M ) = . (2.19)
4π0 S r

Le potentiel électrostatique créé par une distribution volumique de charges


s’ecrit
Z Z Z
1 ρdV
V (M ) = . (2.20)
4π0 V r
12 CHAPITRE 2. ELECTROSTATIQUE

1) Déterminer le champ E ~ en un point de l’axe d’un disque de rayon R


uniformément chargé avec la densité surfacique σ uniforme. En déduire le champ
créé par un plan infini.
2) Soit une boucle circulaire de centre O, de rayon R, uniformément chargée
avec une densité linéique. Calculer le champ E ~ créé par cette distribution de
charges, en un point M de l’axe (OZ) de la boucle à partir du potentiel électrostatique

2.2.4 Flux du champ électrique


Soit une région de l’espace où règne un champ électrique et soit une surface
(S) appartenant à cet espace.

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Figure 2.1 – Flux du champ electrique

On considère un point M de cette surface et un élément de surface dS situé


~
autour du point M. Soit E(M ) le vecteur champ en M et d~s le vecteur surface (de
module dS et orthogonal à l’élément de surface). On définit le flux élémentaire
dφ du champ électrique en M au travers de l’élément de surface dS par le produit
scalaire
dφ ~
= E(M ).d~s. (2.21)
Le flux total du champ électrique au travers d’une surface (S) donnée est défini
par l’intégration de l’ensemble des flux élémentaires du champ sur l’ensemble
des éléments de surface composant (S). Ainsi, on a donc
Z Z
φ = ~
E(M ).d~s. (2.22)
s
2.2. POTENTIEL ET FLUX ÉLECTROSTATIQUES 13

L’unité internationale de flux du champ électrique est le volt mètre (V m).

2.2.5 Théorème de Gauss


Le flux du champ électrique au travers d’une surface fermée (S) est égal à la
quantité totale Q de charges contenue à l’intérieur de la surface (S), divisée par
ε0 . Ce flux ne dépend que de Q et ne dépend pas de la répartition interne des
charges.

Scanned by TapScanner

Figure 2.2 – Théorème de Gauss

Il ne dépend pas non plus de la présence d’éventuelles charges extérieures.


Soit
X
Q = qi (2.23)
i

et le flux
Z Z
~ Q
φ= E(M ).d~s = . (2.24)
s ε0
Ce théorème de Gauss possède, dans le cas d’une distribution volumique de
densité ρ(M ), une autre forme traduite par l’équation locale de Gauss, qui
exprime la divergence du champ électrique en M. En effet, si on considère un
volume V chargé avec une densité ρ, le flux du champ électrique au travers d’une
surface fermée extérieure au volume V s’écrit :
Z Z
φ = ~
E(M ).d~s. (2.25)
s
14 CHAPITRE 2. ELECTROSTATIQUE

En appliquant le théorème de Gauss, on obtient


Z Z Z Z Z
~ 1
φ= E(M ).d~s = ρdV, (2.26)
s ε0 V

avec
Z Z Z Z Z
~
E(M ).d~s = ~
div E(M )dV, (2.27)
s V

D’ou

~ ρ
div E(M ) = . (2.28)
ε0

Tenant compte du fait que

~ −−→
E(M ) = −grad V (M ), (2.29)

on en déduit
ρ(M )
∇2 V = − , (2.30)
ε0
−−→
Cette forme représente l’équation de Poisson. La fonction ∇2 V = div[grad V (M )]
représente le laplacien du potentiel V (M ).
Le théorème de Gauss permet de calculer assez facilement et rapidement
le champ électrique créé par des distributions de charges parfois relativement
complexes.

2.2.6 Exercices d’application


1) Une sphère de centre O et de rayon R porte une charge +3q (q >
0) répartie uniformément dans son volume avec une densité uniforme ρ. À
l’intérieur de la sphère se trouvent trois charges ponctuelles, chacune égale à
−q, placées aux sommets A, B et C d’un triangle équilatéral ayant O comme
centre de gravité.
a. Déterminer le champ électrique E ~ 1 créé en A par les deux charges B et
C, en fonction de r = OA.
b. En utilisant le théorème de Gauss, déterminer le champ électrique E ~2
créé en A par la distribution volumique de charges.
c. En déduire l’expression de r pour que la charge placée en A soit en
équilibre.
d. Déterminer le potentiel électrostatique V1 créé en A par les charges ponc-
tuelles −q placées en B et C. Calculer le potentiel V2 créé par la distribu-
tion volumique de charges sachant que V2 (0) = 0. En déduire le potentiel
total VA au point A.
2.2. POTENTIEL ET FLUX ÉLECTROSTATIQUES 15

2) On considère une certaine distribution de charges positives et négatives


à symétrie sphérique de centre O, telle que le potentiel électrique V (M ) qu’elle
crée en un point M distant de r du point O soit de la forme (potentiel dit
écranté) :
A ρdV
V (M ) = exp (−r/a) . (2.31)
4π0 r r
où A et a sont des constantes positives.
(2.1) Quelles sont les dimensions de A et de a ?
(2.2) Calculer le champ E(M ~ ) correspondant, en tout point de l’espace (ex-
cepté O).
(2.3) À partir de l’expression de ce champ sur une sphère de centre O et de
rayon r, déterminer la charge interne Q(r) contenue dans cette sphère.
En déduire la charge totale de la distribution.
(2.4) Calculer la densité volumique de charge ρ, à la distance r, en précisant
son signe.
(2.5) Montrer qu’au point O, il existe une charge positive finie, dont on précisera
la valeur en fonction des données. Quelle est alors l’expression du champ
au voisinage de O ?
(2.6) Comment peut-on finalement décrire la distribution de charge proposée ?
3) Exprimer le champ électrique créé en tout point de l’espace par une distri-
bution volumique de charge ρ(> 0) répartie uniformément entre deux cylindres
coaxiaux de longueur infinie de rayons respectifs R1 et R2 (R1 < R2 ),
(3.1) en utilisant le théorème de Gauss,
(3.2) à partir de l’équation locale : div E~ = ρ
ε0
4) Une sphère de centre O et de rayon R contient une charge Q répartie
3Q
uniformément avec une densité volumique ρ = 4πR 3.

(4.1) Exprimer le potentiel en tout point de l’espace en utilisant les équations


locales de Laplace et de Poisson.
~
(4.2) En déduire le champ électrique E(r).
(4.3) Retrouver l’expression de E(r)~ en appliquant le théorème de Gauss.
5) On considère un ensemble de deux charges ponctuelles placées respec-
tivement en deux points A et B d’abscisses −a et a d’un axe Ox et portant
respectivement les charges −q et q. Calculer en fonction de r1 et de r2 le poten-
tiel V (M ) créé en tout point M du plan Oxy par ce doublet électrique. Calculer
ensuite ce potentiel en fonction de r et de q, coordonnées polaires de M dans le
plan.
6) On considère à nouveau le doublet de l’exercice précédent mais on suppose
cette fois que a << r. Le système de deux charges est alors appelé dipôle
électrique. En effectuant un développement limité à l’ordre 1 en a/r, déterminer
un équivalent de V (M ). Exprimer ce potentiel en fonction du vecteur p~ = 2aq~ex
appelé moment électrique du dipôle AB. Calculer le champ électrique créé en M
à partir de l’expression de V (M ). Déterminer les équations des équipotentielles
dans le plan Oxy.
16 CHAPITRE 2. ELECTROSTATIQUE

2.3 Conducteurs en équilibre


2.3.1 Équilibre électrostatique dans un conducteur
Un conducteur est un milieu dans lequel les charges sont susceptibles de
se mouvoir sous l’action de champs électriques. Si on considère un matériau
conducteur chargé, chaque charge exerce sur les autres une action d’origine
électrostatique. Quelle que soit la répartition initiale des charges à l’intérieur
du conducteur, celles-ci vont inévitablement évoluer vers un état d’équilibre qui
sera caractérisé par une absence totale de mouvement de charges. Cet état est
appelé l’équilibre électrostatique du conducteur. Supposons qu’une charge q soit
placée à l’intérieur d’un conducteur en équilibre.
La charge étant par définition immobile, elle ne subit aucune force électrostatique.
Le champ électrique Ei en tout point situé à l’intérieur du conducteur est donc
nul, soit
F~e = 0, (2.32)
et
~i
E = 0. (2.33)
Le champ étant nul en tout point situé à l’intérieur d’un conducteur en équilibre,
le potentiel est donc constant
Vi = Cste = V0 . (2.34)

2.3.2 Théorème de Coulomb


Si on applique l’équation de Poisson à l’intérieur d’un conducteur en équilibre,
soit
ρ(M )
∇2 V = − , (2.35)
ε0
on a de cet fait Vi = Cste = V0 , ce qui implique que ∇2 V = 0 et ρi = 0.
La densité volumique de charges est donc nulle à l’intérieur d’un conducteur
chargé en équilibre électrostatique. Cela signifie que la charge du conducteur
est uniquement répartie sur sa surface externe et ce, avec une densité surfacique
de charges σ. Le théorème de Coulomb détermine le champ électrique E(M~ ) en
tout point M situé au voisinage immédiat de la surface du conducteur :
~ σ
E(M ) = ~u, (2.36)
ε0
où ~u représente le vecteur unitaire normal à la surface extérieure du conducteur
proche du point M, σ étant la densité surfacique de charges au voisinage de
M. L’ensemble des propriétés du conducteur en équilibre sont vérifiées, que le
conducteur soit plein ou qu’il possède une ou plusieurs cavités. Dans ce dernier
cas, le champ est nul à l’intérieur de la cavité et la densité surfacique de charges
sur les surfaces internes du conducteur est toujours nulle.
2.3. CONDUCTEURS EN ÉQUILIBRE 17

2.3.3 Capacité d’un conducteur

On définit pour tout conducteur chargé et isolé, une constante caractéristique


qui exprime que la charge portée par le conducteur est liée à son potentiel V0 .
Pour tout conducteur chargé avec une charge totale Q et isolé, on définit la
capacité C du conducteur par la relation :

Q
C = . (2.37)
V0

Cette capacité est une caractéristique intrinsèque du conducteur et s’exprime


en farads (F ). La définition de cette grandeur traduit le principe de superposi-
tion des états d’équilibre d’un conducteur. Soit un premier état d’équilibre du
conducteur caractérisé par une charge Q1 et par un potentiel V1 . On a :

Q1
C = . (2.38)
V1

En considérant un second état d’équilibre du conducteur caractérisé par une


charge Q2 et par un potentiel V2 . On a :

Q2
C = . (2.39)
V2

Le conducteur chargé avec une charge Q1 + Q2 possédera un potentiel V1 + V2


et on aura :

Q1 + Q2
C = . (2.40)
V1 + V2

2.3.4 Influence électrostatique entre des conducteurs

Considérons deux conducteurs chargés A et B, placés au voisinage l’un de


l’autre. Les charges contenues dans A subissent des actions électrostatiques de
la part des charges situées en B et réciproquement. On dit qu’il existe une
influence électrostatique entre ces deux conducteurs. La répartition des charges à
la surface d’un des conducteurs ne dépend plus uniquement des caractéristiques
intrinsèques du conducteur mais également de cette influence subie de par la
présence de l’autre conducteur. L’étude de tels systèmes conduit inévitablement
à considérer l’équilibre électrostatique de l’ensemble des deux conducteurs.
18 CHAPITRE 2. ELECTROSTATIQUE

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(a) (b)

Figure 2.3 – Influence électrostatique entre conducteur.

Supposons que les deux conducteurs A et B soient initialement chargés avec


des charges respectives QA et QB et que les deux potentiels initiaux soient
respectivement VA et VB . Rapprochons ces deux conducteurs (sans qu’il n’y ait
contact), de manière à les placer dans une situation d’influence électrostatique.
L’influence électrostatique se traduit par :
1. la migration vers un nouvel état d’équilibre des charges situées sur les
surfaces des deux conducteurs. Les densités surfaciques de charges sont
donc modifiées ;
2. les charges totales respectives QA et QB des deux conducteurs restent
les mêmes s’il n’y a pas contact entre les conducteurs.
Des lignes de champ apparaissent dans l’espace situé entre les deux conducteurs.
Les lignes de champ s’appuyant sur un élément de surface dSA du conducteur
A coupent un élément de surface dSB du conducteur B. Si dqA et dqB sont les
charges portées respectivement par ces deux surfaces, on a systématiquement :

dqA + dqB = 0. (2.41)

Cette équation constitue le théorème des éléments correspondants. L’état d’équilibre


de deux conducteurs en influence se traduit par la relation :

QA = CAA VA + CAB VB , (2.42)

CAA est la capacité du conducteur A. CA B est le coefficient d’influence du


conducteur B sur le conducteur A.
2.4. ENERGIE ÉLECTROSTATIQUE 19

2.3.5 Condensateurs
On dit que deux conducteurs sont en état d’influence totale lorsque toutes les
lignes de champ électrique issues d’un des conducteurs atteignent systématiquement
la surface du second. Dans ce cas, on a :
QA + QB = 0, (2.43)
qui constitue le théorème de Faraday. Deux conducteurs en influence totale
forment un condensateur. Ces deux conducteurs sont appelés les armatures du
condensateur. Si on pose :
QA = −QB = Q, (2.44)
On a alors
Q = C(VA − VB ), (2.45)
C est la capacité du condensateur en farads (F ). Les différentes associations
types de condensateurs y sont également représentées. Un ensemble de n conden-
sateurs est appelé association en parallèle si les armatures de ces condensateurs
sont toutes reliées à une seule différence de potentiels. Une telle association est
équivalente à un condensateur qui aurait une capacité équivalente Ceq telle que :
n
X
Ceq = C1 + C2 + C3 + ... + Cn = Ci . (2.46)
i

Un ensemble de n condensateurs est appelé association en série si leurs ar-


matures sont toutes reliées deux à deux. Dans ce cas, ils possèdent tous la
même charge et cette association est équivalente à un condensateur de capacité
équivalente Ceq telle que :
n
1 1 1 1 1 X 1
= + + + ... + = . (2.47)
Ceq C1 C2 C3 Cn i
C i

2.4 Energie électrostatique


2.4.1 Énergie d’une charge placée dans un champ électrique
Soit une charge ponctuelle q placée en un point M de l’espace où règnent un
~
champ électrique E(M ) et un potentiel V (M ). On définit l’énergie potentielle
U de la charge placée dans ce champ électrique par l’énergie nécessaire pour
amener cette charge au point M depuis l’infini (où il ne règne aucun champ).
Cette énergie potentielle est aussi appelée énergie d’interaction de la charge avec
le champ électrique. Elle correspond au travail de la force électrostatique le long
d’un chemin (C) partant de l’infini et aboutissant à M . On a donc :
Z Z
U = F~e .dl ~ = −q E. ~
~ dl (2.48)
c c
20 CHAPITRE 2. ELECTROSTATIQUE

2.4.2 Expression de l’énergie en fonction du potentiel en


M
L’expression de l’énergie de la charge q est donc égale au produit de l’opposé
de cette charge par la circulation du champ électrique entre +∞ et M . Donc :

U = −q[V (+∞) − V (M )] = −qV (M ) (2.49)

2.4.3 Énergie potentielle mutuelle d’un ensemble de charges


Dans le cas d’un ensemble fini de charges ponctuelles, On définit l’énergie
potentielle mutuelle d’un ensemble de n charges placées dans l’espace par le
travail fourni pour amener, depuis l’infini, l’ensemble de ces charges dans leur
position, l’espace étant initialement vide (de toute charge et de tout champ
électrique). Cette énergie potentielle est notée Up et a pour expression :
n
1X
Up = qi Vi (2.50)
2 i

où qi sont les valeurs des charges supposées ponctuelles et Vi correspondent aux
potentiels créés aux points où se situent les qi par les (n−1) autres charges. Cette
énergie s’appelle également énergie de constitution d’une famille de charges. Elle
peut être positive ou négative et s’exprime en joules (J).
Dans le cas d’une distribution de charges continue, On considère une dis-
tribution de charges (linéique, surfacique ou volumique) placée dans l’espace
initialement vide de toute autre charge et de tout champ électrique. Pour une
distribution linéique, l’énergie potentielle de la distribution de charges est définie
par l’intégrale des énergies potentielles de chaque élément λdl soumis au poten-
tiel V créé autour de lui par l’ensemble de la distribution. Ainsi, on a donc :
Z
1
Up = V λdl. (2.51)
2 L

Pour une distribution surfacique de densité σ ou une distribution volumique de


densité ρ , le principe est exactement le même que pour la distribution linéique.
On a donc, pour une distribution surfacique :
Z Z
1
Up = V σdS, (2.52)
2 S

et pour une distribution volumique


Z Z Z
1
Up = V ρdτ, (2.53)
2 τ

où dτ représentation est le volume élémentaire.


2.4. ENERGIE ÉLECTROSTATIQUE 21

2.4.4 Energie potentielle de conducteurs chargés


Soit un conducteur isolé en équilibre électrostatique chargé avec une charge
Q. Soit V le potentiel de ce conducteur et C sa capacité. L’énergie potentielle
emmagasinée dans le conducteur a pour expression :

1 1 1 Q2
Up = V Q = CV 2 = . (2.54)
2 2 2 C
Dans le cas d’un condensateur, c’est-à-dire pour un ensemble formé de deux
conducteurs en influence totale, l’énergie potentielle emmagasinée possède la
même expression :

1 1 1 Q2
Up = (VA − VB )Q = C(VA − VB )2 = , (2.55)
2 2 2 C
où Q est la charge positive présente sur l’armature A du condensateur. Par voie
de conséquence, une charge −Q est donc obligatoirement présente sur l’arma-
ture B. VA et VB représentent les potentiels respectifs des armatures chargées
positivement et négativement. Dans un condensateur, l’énergie potentielle est
localisée dans la région de l’espace où règne le champ électrique. Pour un conduc-
teur isolé, elle est localisée dans l’espace entourant le conducteur (en théorie,
de son voisinage à l’infini). Soit dτ un élément de volume d’une région où une
énergie potentielle est localisée. On définit la densité volumique d’énergie po-
tentielle électrostatique par la quantité d’énergie stockée par unité de volume :
dU
% = . (2.56)

Soit E le module du champ électrique régnant dans cette région dans l’élément
de volume dτ . On montre que
dU 1
%= = ε0 E 2 . (2.57)
dτ 2

2.4.5 Exercices d’application


~ = ~er2
1) On considère le champ électrique à symétrie sphérique donné par E r
. Montrer que ce champ dérive d’un potentiel V = − 1r par la relation E ~ =
−−→ →

~ et E
−grad V (r). Calculer div E ~.
Chapitre

Le courant électrique dans


3 les milieux conducteurs

3.1 Les charges mobiles


Les charges étudiées en électrostatique sont des charges immobiles. Qu’elles
soient liées à l’atome ou qu’elles soient libres, l’équilibre électrostatique implique
qu’elles restent fixes. Quand on veut étudier les charges mobiles, on doit intro-
duire un autre champ, le champ magnétique β~ et aussi une densité de courant
~j rendant compte du déplacement des charges. Relier cette densité de courant
~j en un point d’un conducteur, au champ électrique E ~ en ce point, constitue le
but de l’électrocinétique.

3.2 Le courant électrique


3.2.1 Vecteur densité de courant
On peut se limiter, pour le moment, à un seul type de porteurs, les électrons
par exemple. Sous l’action d’un champ électrique E, ~ chaque électron acquiert
une vitesse. En désignant par ~v , la vitesse moyenne de l’ensemble des électrons
(on dit aussi vitesse d’entraı̂nement ou de dérive), et par ρ la charge volumique
du milieu, on définit le vecteur de courant en tout point du milieu par :

~j = ρ~v , (3.1)

qui peut encore s’écrire

~j = −ne~v , (3.2)

où ρ = −ne, n est le nombre d’électrons par unité de volume et e la charge


élémentaire de l’électron.

22
3.3. EQUATION DE CONTINUITÉ 23

3.2.2 L’intensité du courant électrique


Soit Φ le flux du vecteur densité de courant ~j à travers une surface (S)
orientée (s’appuyant sur un contour (C) orienté). Le flux élémentaire

~
dΦ = ~j.dS = ~
ρ~v .dS, (3.3)

représente la charge contenue dans le volume du cylindre de longueur v s’ap-


puyant sur dS ; c’est aussi la charge qui traverse dS pendant l’unité de temps.
On peut donc écrire :
Z Z
~ = dQ = I.
~j.dS (3.4)
S dt

On peut donc définir l’intensité du courant électrique traversant une surface S


comme le flux du vecteur densité de courants ~j à travers cette surface. Elle est
laquelle s’exprimée en ampère (A) : 1A = 1C/s.

3.3 Equation de continuité


Soit S une surface fermée entourant un volume τ d’un conducteur. Supposons
que la charge volumique ρ soit une fonction de temps. Pendant un intervalle de
temps dt, la variation de charge qui en résulte dans un volume élémentaire dτ ,
s’écrit :

3.4 Conductivité électrique : Loi d’Ohm locale


Il s’agit d’exprimer la densité de courant ~j dans un conducteur, en fonction
du champ appliqué E, ~ en partant tout simplement du principe fondamental de
la dynamique appliqué à une particule de charge q et de masse m. On suppose la
variation de E ~ au cours du temps nulle ou faible en chaque point du conducteur
(régime stationnaire ou quasi stationnaire).

3.4.1 Premiere approche

d~v ~
m = q E, (3.5)
dt
qui donne apres intégration
q ~
~v = Et + ~v0 . (3.6)
m

On observe que cette vitesse (et par conséquent ~j) tend vers l’infini au cours
du temps, ce qui ne peut être satisfaisant. La solution consiste à envisager les
24CHAPITRE 3. LE COURANT ÉLECTRIQUE DANS LES MILIEUX CONDUCTEURS

chocs multiples que subit la charge q dans son mouvement, notamment sur les
atomes du réseau cristallin. Tout d’abord, la vitesse initiale ~v0 étant aléatoire,
sa valeur moyenne est nulle. En désignant par T le temps moyen séparant deux
chocs successifs, la vitesse de dérive s’écrit :
q ~
~v =< ~v > = ET . (3.7)
m
On en déduit
2
~j = ρ~v = nq T E, ~ (3.8)
m
où ρ = nq et n le nombre de charges par unité de volume. La relation (3.8)
devient
~j = σ E, ~ (3.9)
avec
nq 2 T
σ = , (3.10)
m
l’expression de la conductivité électrique du matériau, elle s’exprime en siemens
par mètre (s/m). La loi ~j = σ E ~ constitue la loi d’Ohm dans sa forme locale,
valable en tout point du conducteur.

3.4.2 Deuxieme approche


Il consiste à introduire l’effet des chocs par l’intermédiaire d’une force de
frottement opposée à la vitesse de dérive et de la forme
m~v
f~ = , − (3.11)
T
Dans ce cas, le principe fondamental de la dynamique s’écrit
d~v m~v ~
m + = q E, (3.12)
dt T
dont la solution est
qT ~ t
~v = E + e− T ~v0 , (3.13)
m
Au bout d’un temps suffisant, la charge relaxe vers le régime permanent, où l’on
a
qT ~
~v = E, (3.14)
m
expression trouvée précédemment.
On définit le libre parcours moyen de la charge q comme étant
qT 2
l = vT = E. (3.15)
m
La loi d’Ohm a des limites de validité : énergie électrique de l’ordre de l’énergie
thermique, effets non linéaires, etc. Elle reste cependant valable en régime si-
nusoı̈dal jusqu’à des fréquences très élevées, de l’ordre de 1012 Hz.
3.5. RÉSISTANCE ÉLECTRIQUE : LOI D’OHM MACROSCOPIQUE 25

3.4.3 La mobilité des porteurs


La mobilité µ est définie par la relation

~v = ~
µE. (3.16)

puisque
qT ~
~v = E, (3.17)
m
on en déduit
qT σ
µ= = . (3.18)
m nq
La mobilité définie ainsi est une grandeur algébrique, qui a le même signe de la
charge q. Elle s’exprime en m2 V −1 s−1 .

3.4.4 Résistivité électrique


La résistivité ρ est définie comme l’inverse de la conductivité :
1 1
ρ= = . (3.19)
σ n | qµ |

Elle s’exprime en Ohm.mètre (Ωm).


Dans les conducteurs n est indépendant de la température, mais comme µ
décroı̂t quand la température augmente, σ diminue également, et par conséquent
ρ augmente. La loi de variation de ρ avec la température est

ρ = ρ0 (1 + αt), (3.20)

avec α = 1
273 degré−1 et ρ0 la résistivité à t = 0 degré Celsius.

3.5 Résistance électrique : Loi d’Ohm macrosco-


pique
Considérons un conducteur limité par deux sections (SA ) et (SB ), portées
respectivement aux potentiels VA et VB , grâce à un générateur (G) fermant le
circuit. On peut écrire :
Z Z ~j
VA − VB = E ~
~ · dl = ~
· dl. (3.21)
AB AB σ

En régime stationnaire on peut définir la densité de courant en un point comme


I
j = , (3.22)
S
26CHAPITRE 3. LE COURANT ÉLECTRIQUE DANS LES MILIEUX CONDUCTEURS

où I est l’intensité du courant et S l’aire de la section droite du conducteur en


ce point. Ce qui permet donc d’écrire l’expression (3.21) comme :
Z
I dl
VA − VB = . (3.23)
σ AB S
ou encore
VA − VB = RI, (3.24)
qui constitue la loi d’Ohm macroscopique, avec R la résistance du conducteur
donnée par
Z
1 dl
R = (3.25)
σ AB S
Dans le cas d’un conducteur cylindrique, la section S est constante, on a
Z
1 l
R= dl = (3.26)
σS AB σS
ou encore
l
R = ρ (3.27)
S

3.6 Association des résistances


Pour des raisons de commodité, il convient d’adopter les conventions sui-
vantes pour définir les signes des courants et des d.d.p. :
— Si VA > VB , I entre par A et sort par B et la loi d’Ohm s’écrit :
VAB = VA − VB = RI (3.28)
— Si VA < VB , I entre par B et sort par A, il convient donc d’écrire la loi
d’Ohm telle que :
VAB = VA − VB = −RI (3.29)

3.6.1 Résistances en série

VA − VB = R1 I + R2 I + ... + Rn I = (R1 + R2 + ... + Rn )I, (3.30)


qui peut encore s’écrire
VA − VB = Req I, (3.31)
avec
n
X
Req = (R1 + R2 + ... + Rn ) = Ri , (3.32)
i=1

la résistance équivalente
3.7. RÔLE DU GÉNÉRATEUR : FORCE ÉLECTROMOTRICE 27

3.6.2 Résistances en parallèle

VA − VB = R1 I1 = R2 I2 = ... = Rn In , (3.33)

et

VA − VB = R(I1 + I2 + ... + In ), (3.34)

En comparant (3.33) et (3.34), on obtient


R I1
= , (3.35)
R1 I1 + I2 + ... + In

R I2
= , (3.36)
R2 I1 + I2 + ... + In

...................

R In
= . (3.37)
Rn I1 + I2 + ... + In
Additionnons membre à membre (3.36), (3.37) et (3.37), on obtient
R R R
+ + .... + = 1. (3.38)
R1 R2 Rn
Si on note R = Re q, alors à partir de (3.38), on deduit
n
1 1 1 1 X 1
= + + .... + = , (3.39)
Req R1 R2 Rn i=1
Ri

la résistance équivalente.

3.7 Rôle du générateur : Force électromotrice


Soit un générateur (G), appliquant une d.d.p. VA − VB > 0 aux bornes d’un
conducteur AB. En régime stationnaire ou quasi stationnaire, on a div~j = 0 en
tous les points du circuit, y compris dans le générateur, et les lignes de champ
sont des courbes fermées. Si le conducteur était fermé sur lui-même, on aurait :
I
E ~ = 0,
~ · dl (3.40)

puisque
~ −−→
E = −grad V, (3.41)
28CHAPITRE 3. LE COURANT ÉLECTRIQUE DANS LES MILIEUX CONDUCTEURS

A l’aide de (3.9), l’expression (3.40) prend la forme


I ~
j ~
· dl = 0, (3.42)
σ
ce qui implique que ~j = 0.
Par conséquent, si le générateur établit un champ E ~ entre A et B dans
le conducteur, c’est qu’il est lui-même le siège d’un champ E ~ m dit champ
électromoteur (non électrostatique), qui transporte les charges (supposées posi-
tives pour simplifier) de VB à VA > VB , leur faisant ainsi remonter le potentiel,
alors que le champ électrostatique E ~ les transporte de VA et VB dans le conduc-
teur. C’est la circulation de ce champ E ~ m dans le générateur qui assure la d.d.p.
VA − VB . Cette circulation est appelée force électromotrice ε du générateur
(f.é.m.), bien qu’elle ait les dimensions d’un potentiel. On a :
Z
ε= E ~ = VA − VB .
~ m · dl (3.43)
AB

Le champ Em peut avoir des origines chimiques (piles et accumulateurs) ou


magnétiques (f.é.m. induite).
— Générateur en circuit ouvert : La borne au potentiel le plus élevé constitue
la borne positive, et l’autre borne, la borne négative. On a simplement :
ε = VA − VB > 0. (3.44)
— Générateur en circuit fermé : En se référant à la loi d’Ohm, on a
ε = VA − VB = (R + r)I. (3.45)
Si le générateur a une résistance r non négligeable, celle-ci prélève sur ε
la chute de tension (ou chute ohmique) rI avant de délivrer VA − VB aux
bornes A et B. On a donc
ε − rI = VA − VB = RI. (3.46)

ε
I = (3.47)
R+r
— Tronçon de circuit comportant un générateur
VA − VB = rI − ε. (3.48)
— Cas d’un récepteur Alors que pour un générateur, le courant sort du pôle
positif et rentre par le pôle négatif, pour un récepteur, le courant suit le
chemin inverse : il sort par le pôle négatif. Dans ce cas, la f.é.m. qui est
toujours positive, est appelée force contre-électromotrice. Dans un circuit
complexe, comprenant des générateurs et des récepteurs, il peut arriver
que le courant d’un générateur sorte par le pôle négatif. Dans ce cas, ce
générateur se comporte comme un récepteur : il se charge.
— Tronçon de circuit comportant un récepteur
VA − VB = rI + ε0 . (3.49)
3.8. LES LOIS DE KIRCHHOFF 29

3.8 Les lois de Kirchhoff


3.8.1 Première loi : Loi des noeuds
En un noeud d’un circuit, la somme algébrique des courants est nulle.
n
X
Ii = 0. (3.50)
i

3.8.2 Deuxième loi : Loi des mailles


Pour une maille d’un circuit, la somme algébrique des f.é.m. est égale à la
somme algébrique des produits RI.
n
X n
X
εi − Ri Ii = 0. (3.51)
i i

Convention adoptée : on choisit un sens positif de courant a priori. Les courants


qui vont dans ce sens sont pris positifs, les autres sont pris négatifs. Les f.é.m.
sont considérées comme positives lorsque le courant sort par la borne (+) et
négatives dans le cas contraire.
Exemple : On considère le circuit représenté par la figure ci-dessous. Déterminer
les courants I1 , I2 , I3 , respectivement dans les branches AB, CD, EF.
On choisit arbitrairement le sens du courant.
La loi des noeuds en C donne :
I3 + I1 − I2 = 0. (3.52)
La loi des mailles appliquée à la maille CDBAC ;
−ε2 − R2 I2 + ε1 = 0. (3.53)
La loi des mailles appliquée à la maille CDFEC ;
ε2 + R2 I2 + ε3 = 0. (3.54)

3.9 Loi de Joule


3.9.1 Formulation locale
Reprenons l’équation du mouvement d’une charge q d’un conducteur sous
~
l’action d’un champ appliqué E
d~v m~v ~
m + = q E. (3.55)
dt T
Multiplions scalairement par ~v ,la précédente expression pour avoir
d~v m 2 ~ · ~v .
m ~v · + ~v = qE (3.56)
dt T
30CHAPITRE 3. LE COURANT ÉLECTRIQUE DANS LES MILIEUX CONDUCTEURS

Puisque
~
E ~ · dl
~ · ~v = E = −
dV
, (3.57)
dt dt
V étant le potentiel. On obtient ainsi apres substitution de l’expression (3.57)
dans (3.56) ce qui suit
 
d 1 2 m
mv + qV = − v2 . (3.58)
dt 2 T
L’expression entre crochets n’est autre que l’énergie totale de la charge q, com-
posée de l’énergie cinétique 12 mv 2 et de l’énergie potentielle qV . Par conséquent,
2
la puissance dissipée par frottement par la charge q est mv T . On en déduit que
la puissance dissipée par unité de volume est :
nmv 2
p = (3.59)
T
j
où n est le nombre de porteurs par unité de volume. Etant donné que v = nq
2
nq T
et σ = m , (3.59) devient

j2
p= = σE 2 . (3.60)
σ
Cette loi constitue la loi de Joule relative à l’unité de volume du conducteur (loi
de Joule locale). Elle peut aussi s’ecrire comme

p ~
= ~j · E. (3.61)

3.9.2 Expression macroscopique


Pour un conducteur AB, de résistance R, occupant le volume (D), traversé
par un courant I, on a :
Z Z ~j
VA − VB = ~ ~
E · dl = ~
· dl, (3.62)
AB AB σ

et
Z Z
I = ~
~j · dS, (3.63)
S

Ainsi donc
Z Z Z Z Z Z
(VA − VB )I = ~ =
~j · Edτ pdτ = P, (3.64)
D D

Ainsi, quelle que soit la forme du conducteur, on retrouve l’expression bien


connue de la loi de Joule :
P = (VA − VB )I = RI 2 , (3.65)
Chapitre

4 MAGNETOSTATIQUE

4.1 Introduction
Un courant électrique crée un champ magnétique, et un fil parcouru par
un courant placé dans un champ magnétique subit une force dite de Laplace.
Historiquement ces notions se sont imposées progressivement, la référence à la
matière aimantée compliquant l’interprétation des phénomènes. Tout ou presque
débute en 1819 avec Hans-Christian Oersted, physicien danois, qui observe le
déplacement d’une aiguille aimantée à proximité d’un fil conducteur parcouru
par un courant électrique. En 1820, Jean-Baptiste Biot et Félix Savart étudient
les propriétés de la force subie par l’un des pôles magnétiques de l’aiguille ai-
mantée et Pierre-Simon de Laplace traduit cette loi par une formule qui porte
le nom de Biot et Savart. André-Marie Ampère (1775-1836), considéré comme
le fondateur de l’électromagnétisme, déduit de cette étude la notion et les pro-
priétés du champ magnétostatique créé par des courants. Le choix du nom de
ce physicien français, pour l’unité d’intensité électrique dans le système inter-
national d’unités, est une reconnaissance de ses travaux en électricité. Au lieu
de suivre l’ordre historique, et partir des lois de Biot et de Laplace, nous al-
lons commencer par étudier l’action d’un champ magnétique sur une charge
électrique en mouvement. Cette force, découverte par Lorentz, à la fin du dix
neuvième siècle va nous permettre de retrouver la force de Laplace. Puis nous
donnerons, avec démonstration, la loi de Biot à partir de laquelle on calcule les
champs magnétiques créés par différents circuits électriques.

4.2 Force de Lorentz


La force agissant sur une charge ponctuelle q dépend généralement non seule-
ment de la position de cette charge mais également de sa vitesse ~v . Cette force
F~ est décomposée en deux composantes, la composante électrique F~e (qui ne

31
32 CHAPITRE 4. MAGNETOSTATIQUE

dépend pas de la vitesse de la charge) et la composante magnétique F~m (qui


dépend de la vitesse de la charge). Toutes les propriétés de la force magnétique
peuvent être décrites par l’introduction de la notion du champ magnétique noté
usuellement β~ qui s’exprime en tesla (T). La force magnétique est donc décrite
par :

F~m = ~
q~v ∧ β. (4.1)

La force résultante agissant sur la particule chargée q résulte donc à la fois de


l’interaction électrostatique et de l’interaction magnétique ; elle est appelée force
de Lorentz et s’écrit :
 
F~ = q E ~ + ~v ∧ β~ . (4.2)

Cette définition est universelle, elle s’applique aussi bien pour les champs sta-
tionnaires que pour les champs dépendant du temps et quelle que soit la vitesse
~v . L’expression de la force de Lorentz peut être considérée comme la définition
du champ électrique E ~ et de l’induction magnétique β.~ L’induction magnétique
contrairement au champ électrique n’exerce aucune force sur une charge immo-
bile.

4.3 Force magnétique entre fils rectilignes infi-


nis et loi de Laplace
4.3.1 Expérience d’Ampère
Considérons deux fils conducteurs rectilignes infinis (par fils infinis nous en-
tendons des fils longs devant la distance les séparant) parcourus respectivement
par les courants électriques constants In et Ip (fig. 2) et étudions leur interac-
tion en fonction de l’orientation relative des fils, de leur distance et de l’intensité
des courants qui y circulent (nous reprenons ici l’une des expériences réalisées
par Ampère, toutefois nous la discuterons en prenant certaines libertés avec
la méthode et les raisonnements d’Ampère). Si les deux fils sont parallèles, il
existe en chaque point des fils une force qui leur est perpendiculaire, cette force
disparaissant lorsque les fils sont perpendiculaires.
En faisant varier le sens du courant dans chacun de ces fils, on peut constater
que cette force est attractive si les fils sont parcourus par des courants de même
sens, et répulsive dans le cas contraire. Son intensité est la même en tout point
des fils. Lorsqu’on déplace l’un des fils parallèlement à l’autre ou autour de lui, la
distance entre les deux fils restant constante, cette intensité n’est pas modifiée.
De plus, en faisant varier les valeurs des courants Ia et Ib et leur distance r, on
constate que le module de la force est simplement proportionnel à

Ia Ib
F ∼ . (4.3)
r
4.4. EXPRESSIONS DU CHAMP MAGNÉTIQUE 33

4.3.2 Loi de Laplace


Cette force entre fils infinis, et plus généralement toute force magnétique,
peut être décrite en introduisant le champ magnétique β, ~ grandeur vectorielle
qui caractérise la modification de l’espace créée par la présence des courants à
l’image du champ électrique qui caractérise la présence de charges électriques.
Cette notion de champ magnétique, comme celle de champ électrique n’était
pas connue par Ampère et fut conceptualisée plusieurs années plus tard par
Faraday qui lui attribua le statut de modification de l’espace due au courant
circulant dans le fil. Dans ce formalisme, chaque fil parcouru par un courant
crée un champ magnétique, défini en chaque point de l’espace, et la force subie
par le second fil résulte de l’action de ce champ sur le courant qu’il transporte.
L’introduction de ce champ magnétique permet de donner une expression simple
de la force magnétique. Considérons l’élément de longueur d~l d’un fil parcouru
par un courant I et soumis à un champ magnétique β ~ (fig. 3). La force dF~ subie
par cet élément a pour expression :
dF~ = Id~l ∧ β.
~ (4.4)

Cette force est perpendiculaire au plan formé par le champ β ~ et l’élément de


courant considéré. Son sens est donné par la règle du bonhomme d’Ampère. Le
bonhomme d’Ampère, parcouru par le courant I, des pieds vers la tête, a la
force à sa gauche lorsqu’il regarde les lignes de champ.
Etablir l’expression de la force de Laplace à partir de la force de Lorentz.
Soit un fil parcouru par un fil
dq = nedV. (4.5)

dF~ = ~
nedV ~v ∧ β. (4.6)

dF~ = ~
dV J~ ∧ β. (4.7)

dF~ = Id~l ∧ β.
~ (4.8)

4.4 Expressions du champ magnétique


4.4.1 Champ magnétique créé par une charge en mouve-
ment
Le champ magnétique créé en un point M par une particule de charge q
située en un point P et animée d’une vitesse ~v dans un référentiel galiléen est
µ0 q~v ∧ ~l
β~ = (4.9)
4π k~lk3
34 CHAPITRE 4. MAGNETOSTATIQUE

où ~l = P~M and µ0 = 1/ε0 c2 , ce facteur est la perméabilité du vide : il décrit


la capacité du vide à laisser passer le champ magnétique. Sa valeur dans le
système d’unités international MKSA est : µ0 = 4π × 10−7 H/m (H = Henry)
(1Henry = 1V A−1 s). Lorsque le milieu considéré n’est pas le vide, on remplace
µ0 par µ = µr µ0 où µr est la perméabilité magnétique relative de ce milieu,
µ étant sa perméabilité absolue. On notera que la perméabilité magnétique de
l’air est très voisine de celle du vide.
De même que pour le champ électrostatique, le principe de superposition
s’applique au champ magnétique. Si on considère N particules alors le champ
magnétique créé en un point P quelconque de l’espace sera la somme vectorielle
des champs créés par chaque particule.
N
X
β~ = β~i (M ) (4.10)
i=1

4.4.2 Champ magnétique créé par un ensemble de charges


en mouvement
Considérons N particules de charges qi situés en des points Pi et de vitesse
~vi . En vertu du principe de superposition, le champ magnétique créé en un point
M est la somme vectorielle des champs créés par chaque particule et vaut
N
µ0 X qi~vi ∧ ~li
β~ = (4.11)
4π i=1 k~li k3
Si le nombre de particules est très grand dans un volume V donné et qu’on
s’intéresse à des échelles spatiales bien plus grandes que la distance entre ces
particules, il est avantageux d’utiliser une description continue. Il faut donc
définir des distributions continues comme nous l’avons fait en électrostatique.
Le passage à la limite continue consiste à assimiler tout volume élémentaire dV ,
situé autour d’un point P quelconque de la distribution de charges en mouve-
ment, à une charge dq animée d’une vitesse moyenne ~v . Le champ magnétique
résultant s’écrit alors
dq~v ∧ ~l
Z
µ0
β~ = . (4.12)
4π V k~lk3
D’une manière générale pour p différentes espèces de particules (électron, ion,...)
de charge qp , de densité np animées d’une vitesse ~vp , on a
m
X
dq = np qp~vp dV. (4.13)
p=1

Ici, la somme porte sur le nombre d’espèces différentes et non sur le nombre de
particules. Ainsi, la densité de courant s’écrit
m
X
J~ = np qp~vp . (4.14)
p=1
4.4. EXPRESSIONS DU CHAMP MAGNÉTIQUE 35

Le champ magnétique créé par une distribution volumique de charges quel-


conque est donc

µ0
Z ~ )dV ∧ ~l
J(P
~
β(M ) = . (4.15)
4π V k~lk3

~
ou β(M ) exprime le champ magnétique créé au point M par les vecteurs densité
~ ) localisés aux points P à l’intérieur du volume dV . L’expression
de courants J(P
(4.15) constitue la loi de Biot-Savart pour le champ magnétique β. ~

4.4.3 Champ créé par un circuit électrique (formule de


Biot et Savart)
Lorsqu’un courant d’intensité I parcours un fil electrique, il est donc possible
de calculer l’induction magnétique β créée par ce courant. A partir de l’expres-
sion (4.12), on peut donc écrire le champ magnétique élémentaire créée par une
charge élémentaire dq se déplacant a la vitesse ~v comme

µ0 dq~v ∧ ~l
dβ~ = . (4.16)
4π k~lk3

Considérons l’élément du circuit d~lp , tel que

d~lp
dq~v = dq = Id~lp . (4.17)
dt
En substituant cette expression dans (4.16), on obtient

µ0 Id~lp ∧ ~l
dβ~ = , (4.18)
4π k~lk3

ou encore

µ0 Id~lp ∧ ~u
dβ~ = , (4.19)
4π k~lk2

où ~u est un vecteur unitaire pointant de l’élément de courant vers le point où
on calcule le champ qu’il produit. En intégrant (4.19) le long d’un circuit Γ, le
champ magnétique créé par un circuit parcouru par un courant permanent I en
un point M quelconque de l’espace est donné par

d~lp ∧ ~u
Z
µ0 I
β~ = , (4.20)
4π Γ k~lk2

c’est donc la loi de Biot-Savart


36 CHAPITRE 4. MAGNETOSTATIQUE

4.4.4 Champ créé par un fil infini parcouru par un courant


I
4.4.5 Champ créé par une spire circulaire parcourue par
un courant I

4.5 Actions d’un champ magnétique sur des conduc-


teurs parcourus par un courant
Considérons un conducteur filiforme parcouru par un courant I et placé dans
un champ magnétique. Soit dl~ un élément de ce conducteur situé en un point
M. Cet élément subit une force élémentaire dite de Laplace dont l’expression
est :
dF~ = Id~l ∧ β.
~ (4.21)
La direction et le sens de la force dF~ résultent des propriétés du produit vectoriel.
Cette force élémentaire est donc toujours orthogonale à dl ~ et au vecteur champ
magnétique. On peut également utiliser la règle du tire-bouchon en le faisant
tourner de dl~ vers β.
~ La progression du tire-bouchon indique alors le sens de
la force. La force totale agissant sur un conducteur ou un circuit complet (C)
s’obtient en intégrant les forces élémentaires de Laplace qui agissent sur chaque
~ du conducteur ou du circuit :
élément dl
Z
F~ = I d~l ∧ β.
~ (4.22)
C

4.5.1 Moment magnétique


On considère un circuit filiforme de contour (L) parcouru par un courant
I. Soit (S) une surface s’appuyant sur ce contour (L). On définit le moment
magnétique du circuit par l’expression :
Z
~
M = I ~
dS. (4.23)
S
Dans cette expression, le point O désigne n’importe quelle origine choisie arbi-
trairement dans l’espace.
Pour un circuit plan, le moment magnétique est orthogonal à la surface
s’appuyant sur le contour du circuit et orienté dans le sens direct du parcours.
Dans ce cas particulier, on a
~
M ~
= I S. (4.24)

4.5.2 Action d’un champ magnétique uniforme sur un cir-


cuit plan
Un circuit plan parcouru par un courant I, de moment magnétique M ~ et
placé dans un champ magnétique uniforme β~ est soumis à un couple de moment
4.6. ÉNERGIE ÉLECTROMAGNÉTIQUE ET TRAVAIL DES FORCES ÉLECTROMAGNÉTIQUES37

~Γ tel que :
~Γ = M ~
~ ∧ β. (4.25)

Le vecteur ~Γ est porté par l’axe orthogonal au plan (M, ~ Le couple de moment
~ β).
~Γ a donc tendance à faire pivoter le circuit plan autour de son axe. D’une manière
générale, le moment du couple ~Γ tend à ramener le moment magnétique M ~ dans
l’alignement du champ magnétique β. ~

4.6 Énergie électromagnétique et Travail des forces


électromagnétiques
L’énergie potentielle d’interaction d’un circuit filiforme rigide parcouru par
un courant I, avec un champ magnétique β~ est définie comme le travail à fournir
pour amener ce circuit d’une position située en l’infini (où il ne règne aucun
champ magnétique) à sa position actuelle. Soit Φ le flux du champ magnétique
au travers de la surface S~ qui s’appuie sur le contour du circuit (le vecteur surface
étant orienté dans le sens de la rotation directe du courant sur le contour). En
supposant que le circuit est plan et que le champ magnétique est uniforme au
travers de toute sa surface, on a :
W = −IΦ = −I β~ · S.
~ (4.26)

4.6.1 Théorème de Maxwell


On considère un circuit (L) parcouru par un courant I placé dans un champ
~ On suppose que le circuit effectue un déplacement élémentaire en
magnétique β.
passant d’une position A à une position B. Le travail dW des forces magnétiques
qui agissent sur le circuit a pour expression
dW = IdΦ. (4.27)
Où dΦ représente la variation élémentaire de flux subie par le circuit au cours
de ce déplacement. On parle souvent de flux coupé par le circuit lors de son
déplacement.
Si on suppose qu’un circuit rigide parcouru par un courant I se déplace dans
un champ magnétique β ~ et passe d’une position 1 à une position 2, on énonce le
théorème de Maxwell comme suit : ”Le travail des forces magnétiques agissant
sur un circuit au cours d’un déplacement fini est égal au produit de l’intensité
I du courant par la variation de flux à travers le circuit”. Soit :
W = I(Φ2 − Φ1 ). (4.28)

4.6.2 Règle du flux maximal


Un circuit rigide parcouru par un courant I et placé dans un champ magnétique
β~ est en équilibre stable lorsque le flux magnétique qui le traverse est maximal.
38 CHAPITRE 4. MAGNETOSTATIQUE

Par voie de conséquence, un circuit parcouru par un courant I, placé dans un


champ magnétique et abandonné à lui-même évolue spontanément vers un état
d’équilibre caractérisé par un flux maximal. Ainsi, un circuit plan placé dans
un champ magnétique uniforme et parcouru par un courant I a tendance à
s’orienter spontanément de sorte que les vecteurs β~ et S
~ soient parallèles.

4.6.3 Application au calcul des forces magnétiques


On suppose qu’un circuit rigide parcouru par un courant I et placé dans
un champ magnétique β~ subit une translation élémentaire dl. ~ Au cours de ce
déplacement, les forces magnétiques F~ agissant sur le circuit effectuent un travail
dW tel que
~
dW = F~ · dl = IdΦ. (4.29)
En généralisant cette expression, on peut déterminer les composantes (dans un
repère Oxyz quelconque) de la force résultante agissant sur un circuit quelconque
à partir de l’expression du flux au travers de la surface s’appuyant sur le contour
du circuit. Ainsi
∂Φ
Fx = I , (4.30a)
∂x
∂Φ
Fy = I , (4.30b)
∂y
∂Φ
Fz = I . (4.30c)
∂z
De la même manière, un circuit rigide parcouru par un courant I et placé dans un
champ magnétique β~ subit un couple de moment ~Γ. Ce couple est responsable de
déplacements angulaires, toujours dans un repère Oxyz quelconque. En appelant
dα, dβ et dγ les déplacements angulaires élémentaires du circuit autour des axes
Ox, Oy et Oz, les composantes du couple de moment ~Γ, c’est à dire (Γx , Γy , Γz )
effectuent un travail dW tel que :
dW = Γx dα = IdΦ, (4.31a)
dW = Γy dβ = IdΦ, (4.31b)
dW = Γz dγ = IdΦ. (4.31c)
Cela permet de déterminer les composantes du couple résultant agissant sur un
circuit à partir de l’expression du flux au travers de la surface qui s’appuie sur
son contour :
∂Φ
Γx = I , (4.32a)
∂α
∂Φ
Γy = I , (4.32b)
∂β
∂Φ
Γz = I , (4.32c)
∂γ
Où dα, dβ et dγ sont les angles de rotation autour des axes Ox, Oy et Oz.
4.6. ÉNERGIE ÉLECTROMAGNÉTIQUE ET TRAVAIL DES FORCES ÉLECTROMAGNÉTIQUES39

4.6.4 Inductance mutuelle de deux circuits


Considérons deux circuits A et B parcourus respectivement par des courants
IA et IB et placés au voisinage l’un de l’autre. On note ΦAB le flux au travers de
la surface du conducteur A du champ magnétique créé par le conducteur B. De
même, on note ΦBA le flux au travers de la surface du conducteur B du champ
magnétique créé par le conducteur A. On a

ΦAB = M IA , (4.33a)
ΦBA = M IB , (4.33b)

Où M est l’inductance mutuelle des deux circuits. Cette grandeur s’exprime en
henrys (H). La formule de Neumann permet de calculer directement l’induc-
tance mutuelle de deux circuits à partir de leur conformation géométrique :
Z Z ~ ~B
µ0 dlA · dl
M = . (4.34)
4π r

4.6.5 Inductance propre d’un circuit


Un circuit isolé rigide parcouru par un courant I crée un champ magnétique
dβ à son voisinage. Ce circuit subit évidemment l’influence de ce champ magnétique
(son propre champ) et si Φ est le flux du champ magnétique créé par ce circuit
au travers de sa propre surface, on a :

Φ = LI. (4.35)

Où L représente l’inductance propre du circuit, parfois appelée auto-inductance


ou self (de l’anglais self-inductance). L s’exprime en henrys (H).

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