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A) - Définitions :
1. La science des matériaux
La Science et génie des matériaux étudie l'élaboration et la mise en
œuvre des matériaux, leurs propriétés et leur microstructure (jusqu'à
l'échelle atomique) et ceci, pour les matériaux aussi divers que
polymères, céramiques, métaux et alliages, matériaux optiques et
électroniques, composites et matériaux du vivant.
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2. Matériau
Le terme de matériau est utilisé pour désigner une substance quelconque,
d'origine naturelle ou artificielle, et employée par l'Homme pour fabriquer
des objets manufacturés, comme les matériaux de construction par exemple.
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3. Les grandes classes de matériaux
3.1 Métaux
• Du point de vue mécanique, ils se caractérisent par des propriétés telles que leur
module d'élasticité (généralement élevé, de l'ordre de plusieurs GPa), leur dureté,
leur ductilité, etc.
3.6 Semi-conducteurs
Figure 4. Cellule photovoltaïque en silicium
• La conduction électrique
• Si nous considérons le modèle quantique des bandes d'énergie, les électrons
occupent des niveaux d'énergie. Ces niveaux d'énergie sont discrets dans l'atome
et de par les interactions entre atomes dans un cristal, s'étendent à des bandes
d'énergie permises séparées par des bandes interdites. Dans les isolants, les
bandes d'énergie les plus faibles sont remplies. Du fait d'une grande bande
interdite (~ 5 eV), il n'y a pas de niveaux d'énergie accessibles et donc aucune
conduction. Dans les conducteurs, la dernière bande est partiellement occupée, il
existe donc beaucoup de niveaux d'énergie disponibles, d'où une bonne
conduction. Dans les semi-conducteurs, la dernière bande se trouve peu ou très
occupée et la bande interdite est faible (~ 1 eV). Il y aura donc une conduction
faible.
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• Type P : On introduit dans le réseau une impureté trivalente telle que le bore,
l'aluminium, le gallium ou encore l'indium. Il manque à cette dernière un électron
de valence pour assurer les quatre liaisons avec l'atome de silicium voisin. Une
faible énergie suffit à ce qu'une impureté capte l'électron d'un silicium voisin. Les
atomes trivalents, appelés accepteurs, deviennent ainsi des ions négatifs. Il y a
formation d'un trou peu lié et donc mobile. Ces trous, porteurs majoritaires,
assurent la conduction des semi-conducteurs dits de type P.
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• Conduction par électron et par trou
• Le trou est une lacune qui va être comblée par un électron voisin libéré par
l'agitation thermique et qui va à son tour laisser un trou. Aux électrons (masse
positive, charge négative) correspondent des trous (masse négative, charge
positive). Les trous et les électrons constituent les porteurs libres intrinsèques
dont le nombre est fonction de la température. Pour avoir une neutralité
électrique, on impose le même nombre de trous et d'électrons.
• Semi –conducteurs dopes
• Type N : On introduit dans la matrice des semi-conducteurs des atomes
d'impureté. Chacun de ses atomes apporte un électron de valence
supplémentaire. Cet électron est peu lié au noyau et passe aisément dans la bande
de conduction. La conduction dite de type N est assurée par les électrons. Les
électrons sont les porteurs majoritaires. La conductivité extrinsèque devient très
supérieure à celle du matériau pur, à cause du taux de dopage. Les atomes
donneurs deviennent des ions positifs après passage des électrons excédentaires
dans la bande de conduction.
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• 3.7 Matériaux composites
L'expression du besoin est parfois formalisé sous la forme d'un diagramme appelé
« bête à cornes ».
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3- Classement des fonctions et présentation
À partir de l'analyse fonctionnelle, il faut :
1. recenser les fonctions du produit ;
2. définir des critères d’appréciation chiffrables pour chaque fonction ;
3. classer les fonctions :
– fonctions de service au client (action) : apporte une valeur commerciale au
produit, ce sont les fonctions de service qui sont classées en
• fonctions principales (FP) ou fonctions de service utiles (FSU), qui sont la
raison d’être du produit,
• fonctions contraintes (FC) ou fonctions de service d'adaptation (FSA), elles
résultent de l'environnement du système, environnement au sens large :
endroit où le système fonctionne (résister à l'environnement, respecter
l'environnement, s'adapter aux infrastructures disponibles), personnes se
situant à côté (notions d'hygiène, de sécurité, d'esthétique), mais aussi
cadre légal, réglementaire et normatif (être aux normes),
• fonctions complémentaires (FC) : il s'agit de fonctions non demandées par
le client, mais qui sont proposées en plus,
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1- Introduction
Nous avons vu dans le chapitre précédent que pour choisir un matériau, il faut
d’abord s'intéresser aux fonctions que doit remplir le produit. Une fois ceci
fait, il faut indiquer un critère d'adéquation : le matériau permet-il au produit
de remplir la fonction ou pas ?
C'est à ce critère d'adéquation que nous nous intéressons maintenant. Comme
tout objectif, une fonction doit être « smart » :
a) spécifique (adaptée) ;
b) mesurable (quantitatif) ;
c) accessible (possible) ;
d) réalisable dans le temps imparti (délais de conception, d'approvisionnement,
de mise en œuvre, selon les moyens disponibles).
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2- Être lourd ou léger
La masse volumique est la masse d'une pièce divisée par son volume. Elle est désignée
par la lettre grecque ρ (rhô), et s'exprime en kilogramme par mètre cube.
Masse volumique ρ = m V (kg/m3).
On a :
• 1 g/cm3 = 1 kg/dm3 = 1 kg/L = 1 t/m3
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La masse volumique est importante pour déterminer :
a) le dimensionnement de la structure supportant le produit (coût) ;
b) l'inertie du produit, donc la puissance des actionneurs (moteurs, vérin,
ressorts,…) ;
c) le coût de transport, la capacité à être manutentionné ;
d) la vitesse de propagation des ondes mécaniques (résonance).
Conductivité ς
• G=ςSL
avec ς = 1/ρ en siemens par mètre (S⋅m-1)
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• On a donc des matériaux plus ou moins conducteurs selon la valeur de ρ ou ς :
ρ faible, ς élevé : matériau bon conducteur d'électricité ;
ρ élevé, ς faible : matériau isolant.
Loi de FOURIER
j = − λ × Δ T/ Δ x
j : densité de flux de chaleur (W⋅m-2) ;
Avec
• λ : conductivité thermique (W⋅m-1⋅K-1) ;
• ΔT/Δx : gradient de température (K⋅m-1).
•
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Matériau λ (W⋅m-1⋅K-1)
air 0,03
bois 0,15 à 0,36
plastique plein 0,4
eau 0,6
métal 20 à 418
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Exemple
• Un mur de briques fait 160 mm d'épaisseur environ. La brique a une conductivité
thermique λ = 0,84 W⋅m-1⋅K-1. S'il fait 20 °C à l'intérieur de la maison et 0 °C à
l'extérieur, le flux thermique (la perte de chaleur par mètre carré de mur) vaut
j = -0,84 × (0-20)/0,16 = 105 W⋅m-2.
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Un tuyau de cuivre de chauffage central fait 1 mm d'épaisseur. Il transporte de
l'eau à 60 °C, l'air de la pièce est à 20 °C, et la conductivité thermique du cuivre
vaut λ = 390 W⋅m-1⋅K-1. Le flux thermique vaut donc
j = -390 × (20-60)/0,001 = 1,56⋅107 W⋅m-2 = 15,6 MW⋅m-2.
Si le tuyau a un diamètre extérieur de ∅16 mm, la surface extérieure d'un tronçon
de un mètre vaut
• S = 2π × 0,008 × 1 = 5,03⋅10-2 m2
ce qui représente une perte par mètre de tuyau de
• P = j × S = 1,56⋅107 × 5,03⋅10-2 = 7,84⋅105 W/m = 784 kW/m.
La tuyauterie en cuivre contribue donc de manière non négligeable à chauffer la
pièce… et montre l’intérêt d'isoler les tuyaux.
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• Fonctions concernées
• Fonctions techniques Formabilité : mise en forme du matériau sans enlèvement de
matière ;
martelage, pliage, cintrage, estampage (déformation par une presse pour donner
la forme d'un moule), forgeage à chaud, laminage à froid ou à chaud (écrasement
entre des rouleaux pour former une tôle, une plaque, une barre), tréfilage à froid
ou à chaud (étirement à travers un trou appelé « filière » pour donner un fil) ;
• usinabilité : mise en forme par enlèvement de matière ;
fraisage (enlèvement par un outil tournant appelé « fraise »), tournage (on fait
tourner la pièce et un outil de coupe enlève la matière), tronçonnage.
• Notion d'état limite de service, cas d'un arbre dans un alésage : le jeu fonctionnel
permet à l'arbre de tourner (schéma en haut à droite), si la flexion de l'arbre est
trop importante (schéma en bas à droite), il frotte sur l'alésage (points rouges)
• ,
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• Figure 20 : Notion d'état limite de service, cas d'un arbre dans un alésage : le jeu fonctionnel
permet à l'arbre de tourner (schéma en haut à droite), si la flexion de l'arbre est trop
importante (schéma en bas à droite), il frotte sur l'alésage (points rouges)
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L'ELS est donc validé pour un allongement d'au plus 0,03 mm — le centième de millimètre, appelé
simplement « centième », est une unité couramment utilisée dans l’industrie mécanique, on note donc
« 0,03 » (sans unité, le mm étant implicite) mais on dit « trois centièmes ».
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• 4.
• À la limite de validation, on a
• ς = Re/s
• et par ailleurs
• ς = F/S0 ⇒ S0 = mg/ς
• donc
• S0 = mgs/R e
• Ainsi,
1/2
• r = (S0 / π )
1/2
• = (mgs /πRe )
8 1/2
= (1 000 × 9 , 81 × 4/ π × 10 )
-2
= 1,12 ⋅ 10 m = 11,2 mm
Allongement à la rupture
L'allongement à la rupture A est l'allongement relatif après rupture (après le
retrait élastique des deux morceaux d'éprouvette).
• Figure 38
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On voit que les aciers permettent de fabriquer
des pièces peu onéreuses (excellent rapport
performance/prix), de même que les bétons, grès
et calcaires (matériaux peu performants mais très
bon marché). Certains polymères ont une
résistance spécifique similaire aux aciers, mais
pour un coût plus élevé. Pour avoir des pièces
réellement plus légères, il faut avoir recours aux
matériaux composites ou à certains alliages non
ferreux (alliages de titane, de nickel,
d'aluminium), mais pour un coût plus élevé.
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• III Propriétés mécaniques des matériaux
• II - Autres essais mécaniques
Essai de dureté
L'essai de dureté est un essai qui caractérise la surface du matériau. C'est un essai
simple et rapide à mettre en œuvre, y compris dans des conditions de production.
Il ne permet pas de déterminer des caractéristiques fondamentales du matériau,
mais il permet de comparer plusieurs matériaux entre eux, et de suivre l'évolution
d'un matériau en cours de traitement.
L’essai consiste à créer une empreinte avec un objet sous une certaine charge. Le
degré de dureté obtenu est corrélé avec la limite élastique Re et la limite à la
rupture Rm.
Il existe plusieurs essais normalisés. Dans tous les cas :
l’objet doit être stable, la direction de pénétration doit être perpendiculaire à la
surface ;
la surface doit être plane sur la partie mesurée, et débarrassée de matériaux
étrangers, comme par exemple une couche d'oxyde.
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• Cela nécessite en général au moins un
décapage au papier de verre.
Essai de dureté VICKERS
• Essai VICKERS L'essai VICKERS consiste à mesurer
les dimensions d de l'empreinte laissée par un
pénétrateur pyramidal. La dureté VICKERS est
notée HV :
• H V = 0,189 × F/d2
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• On remarque que HV est homogène à une contrainte ς
(force divisée par une surface), HV est donc corrélé à la
contrainte nécessaire pour déformer le matériau, c'est-
à-dire à Re.
Avantages : l'essai est reproductible, on obtient des
résultats proches pour un même matériau ;
Inconvénients : il est long à mettre en œuvre :
polissage miroir d'une face (les rayures résiduelles ne
doivent pas gêner la mesure des dimensions), temps
de lecture (mesure des dimensions à la loupe graduée
et vis micrométrique).
Il est donc principalement utilisé en laboratoire.
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• Figure 39
Essai Vikers
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Essai BRINELL
• L'essai BRINELL est similaire à l'essai VICKERS,
mais le pénétrateur est une bille. La dureté HB
est calculée en fonction de la force, du
diamètre de le bille D et du diamètre de
l'empreinte d
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• Essai Brinell
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• Figure 40
Essai Brinell
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Essai ROCKWELL
L'essai ROCKWELL, quant à lui, consiste à mesurer une profondeur de pénétration,
le pénétrateur étant une bille. Ou plus précisément :
on effectue un préchargement avec une force F0 ;
on applique une force supplémentaire F1 puis on la relâche ;
on regarde la profondeur r que l’on a gagné.
• Il existe plusieurs essais ROCKWELL, les principaux étant les essais B et C. La dureté
ROCKWELL HR est calculée comme suit :
• H R B = 130 − 500 × r
• H R C = 100 − 500 × r
• Un degré ROCKWELL correspond donc à un enfoncement de 0,002 mm
Avantages : essai simple et rapide ;
inconvénients : dispersion des résultats importante.
• L'essai convient bien pour des duretés élevées, et est surtout pratiqué sur de
petites pièces.
• Il n’est pas possible de comparer les duretés obtenues avec des essais différents.
On peut toutefois donner des ordres de grandeur ;
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• Figure 41
Essai
Rockwell
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• Cristaux
• Organisation des atomes et forme extérieure ( voir figure 92)
Un cristal est un empilement d'atomes ou de molécules qui est :
régulier ;
infini (ou tout du moins très grand devant la dimension de l'atome
ou de la molécule).
L'organisation des atomes dans un cristal explique :
le fait que les faces des minéraux sont lisses, la taille des pierres
précieuses par clivage ;
la symétrie des formes des cristaux ;
la rigidité et la dureté de la structure : les atomes sont « carré » et
ne peuvent pas se placer n’importe où.
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• Dans une molécule, les atomes se partagent un ou
plusieurs électrons à deux ; c’est la liaison covalente.
Dans le cas d'un cristal métallique, les atomes se
partagent des électrons « à tous », chaque atome
met un ou plusieurs électrons « à disposition de la
communauté » ; c’est la liaison métallique. Ces
électrons « libres » peuvent circuler facilement d'un
atome à l'autre, ce qui explique que les métaux sont
d'excellents conducteurs électriques.
.
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Figure 92 Organisation des atomes et forme extérieure
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Figure 104c
Orthorhombique
(base rectangle)
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Parallélépipèdes
droits
Figure 105a
Hexagonal (base
losange à 120°)
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Figure 105b
Monoclinique
(base parallégramme
quelconque)
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• parallélépipèdes obliques
Figure 106a
Rhomboédrique
(tous les côtés
sont égaux)
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Parallélépipèdes
obliques
Figure 106b
Triclinique
(parallélépipède
quelconque)
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Par ailleurs, les réseaux peuvent être
• simples : un nœud à chaque sommet ;
• centrés : plus un nœud au centre ;
• à faces centrées : plus un nœud au centre de
chaque face ;
• Ce qui donne les 14 réseaux de BRAVAIS.
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Exemples :
• Cubique centré (cc) : fer α (ferrite), tungstène,
vanadium ;
• Cubique à faces centrées (cfc) : cuivre,
aluminium, fer γ (austénite), nickel, or, plomb…
tous les métaux ductiles ;
• Hexagonal : carbone graphite, titane.
• Dans le cadre du présent cours, nous ne nous
intéresserons qu'aux structures cubiques, qui
sont les structures les plus courantes pour les
métaux.
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Exemples :
• Cubique centré (cc) : fer α (ferrite), tungstène,
vanadium ;
• Cubique à faces centrées (cfc) : cuivre,
aluminium, fer γ (austénite), nickel, or, plomb…
tous les métaux ductiles ;
• Hexagonal : carbone graphite, titane.
• Dans le cadre du présent cours, nous ne nous
intéresserons qu'aux structures cubiques, qui
sont les structures les plus courantes pour les
métaux.
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Ordre chimique
• Un motif peut être formé de plusieurs atomes différents. Dans ce cas, on a
un ordre chimique dans le cristal (alternance régulières des différents
types d'atome).
• Structure CsCl/B2
• Par exemple, la structure ci-contre, dite « CsCl » , ressemble à une
structure cubique centrée. En fait, c’est une structure cubique simple. On
a une alternance d'atomes ou d'ion selon la grande diagonale.
• C'est le cas du chlorure de césium (CsCl)
• les ions Cl- occupent les sommets des cubes et les ions Cs+ occupent les
centres des cubes, ou vice versa, et de quelques alliages dits « ordonnés »,
comme l'aluminiure de fer FeAl par exemple
• les atomes Fe occupent les sommets des cubes et les atomes Al occupent
les centres des cubes, ou vice versa.
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Ordre chimique
• Un motif peut être formé de plusieurs atomes différents. Dans ce cas, on a
un ordre chimique dans le cristal (alternance régulières des différents
types d'atome).
• Structure CsC
• Par exemple, la structure ci-contre, dite « CsCl » , ressemble à une
structure cubique centrée. En fait, c’est une structure cubique simple. On
a une alternance d'atomes ou d'ion selon la grande diagonale.
• C'est le cas du chlorure de césium (CsCl)
• les ions Cl- occupent les sommets des cubes et les ions Cs+ occupent les
centres des cubes, ou vice versa, et de quelques alliages dits « ordonnés »,
comme l'aluminiure de fer FeAl par exemple
• les atomes Fe occupent les sommets des cubes et les atomes Al occupent
les centres des cubes, ou vice versa.
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Figure 107
Structure CsCl
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• La structure ci-contre, dite « NaCl » , est une
structure cubique à faces centrées (cfc) avec
alternance chimique le long des arêtes du
cube. C'est le cas du sel de table (chlorure de
sodium NaCl), du chlorure de potassium (KCl)
et de la galène (PbS).
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Figure 108 Structure NaCl
Relations géométriques
Réseau cubique centré
• Un réseau cubique centré a deux motifs par maille
• Une maille élémentaire d'un réseau cubique centré (cc)
contient deux motifs par maille, c'est-à-dire, dans le
cas d'un cristal monoatomique, deux atomes par
maille. En effet, les motifs situés aux sommets du cube
sont partagés avec les huit mailles voisines, on a donc :
• 8 sommets avec chacun 1/8 motif, 8 × 1/8 = 1 motif ;
• le motif central qui compte pleinement.
Figure 109
Un réseau cubique
centré a deux
motifs par maille
Considérons une arête du cube. Sa longueur
est le paramètre de maille a. Deux atomes
s'alignent sur cette arête, donc la distance
entre les centres des atomes est a (problème
des « piquets et des bouts de ficelle »).
• Considérons la grande diagonale du cube
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Figure 110
Relations
géométriques pour
un cristal
Monoatomique
Cubique centré
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Figure 111
Relations géométriques
dans un réseau CFC
Cubique Faces Centrées
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Sites interstitiels
• L'empilement des atomes laisse de l'espace vide. Cet
espace peut être occupé par de petits atomes, des atomes
de faible numéro atomique Z, typiquement C, H, N.
• Les endroits du cristal où les l'espace vide est maximal sont
appelés sites interstitiels. Pour les réseaux cubiques
centrés et cubiques à faces centrées, on distingue deux
types de sites interstitiels :
• les sites octaédriques : c’est le vide entre six atomes
formant un octaèdre, ce sont les sites les plus « spacieux » ;
• les sites tétraédriques : c’est le vide entre quatre atomes
formant un tétraèdre.
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Figure 112a
Sites interstitiels
dans un réseau
cubique centré
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Figure 112b
Sites interstitiels
dans un réseau
cubique à faces
centrées
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Dans un réseau cubique centré, le diamètre de
la plus grande sphère inscrite dans un site
octaédrique vaut a - 2r, donc le rayon RO de
cette sphère vaut :
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Déformation plastique et directions de
glissement
• La déformation plastique se fait par
« glissement » de « plans atomiques ». On
peut voir cela comme les cartes d'un jeu de
cartes qui glissent les unes sur les autres.
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Figure 113
Jeu des cartes de
analogie avec
le
glissement de
plans
atomiques
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PLAN ATOMIQUE
Un plan atomique est un ensemble des atomes situés
sur un plan géométrique. Entre le début et la fin du
glissement, la structure du cristal doit être la même ;
seule la forme extérieure a changé. La distance de
glissement minimale est donc la distance séparant
deux atomes sur la rangée atomique le long de laquelle
le plan glisse.
Le glissement va donc se faire essentiellement selon les
directions les plus denses : la distance minimale étant
plus courte, l'effort à fournir est moindre.
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Figure 114
Distance de glissement
selon la direction
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Figure 115
Nombre de
directions de
glissement facile
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Sur la figure 115 ci-dessus, nous voyons que :
sur la structure du haut, il n'y a que deux orientations
denses, de glissement facile ;
sur la structure du bas, il y en a trois.
La structure du bas se déforme donc plus facilement
que celle du haut.
Ainsi, certains réseaux sont de fait plus ductiles que
d'autres. Le réseau le plus ductile est le réseau cubique
à faces centrées : c’est celui qui présente le plus de
modes de glissement. Tous les métaux « mous » sont
de structure cfc : or, argent;, plomb, cuivre, étain,
aluminium, austénite, …
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N.B:
Outre la forme extérieure des gemmes comme ,
l'organisation atomique des cristaux permet de
comprendre la relation entre :
• masse volumique et la masse molaire atomique ;
• la dimension des atomes et la masse volumique ;
• la dimension des atomes et l'espace disponible
pour des impuretés et éléments d'alliage.
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VII. Défauts dans les cristaux
Introduction
Le cristal parfait est un empilement infini et régulier
d'atomes. Mais les cristaux possèdent des défauts. Par
rapport à la définition donnée ci-dessus :
• le cristal n’est pas infini mais possède des limites, des
faces ;
• l'empilement n’est pas parfaitement régulier.
• Ces défauts vont expliquer un grand nombre de
propriétés de la matière.
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• Les défauts : un phénomène inévitable
• Construire bien prend du temps, il est plus facile de mal faire ; un tas de brique est
plus facile à faire qu'un mur…
• Si les cristaux existent, c’est que cet état — le fait pour les atomes de s'assembler
selon un schéma régulier — est « favorable ». Nous l'avons vu avec le potentiel de
liaison, l'énergie est minimale si les atomes sont à une certaine distance les uns
des autres ; de même, cette énergie est minimale pour une organisation donnée.
Tout ceci dépend des atomes : certains « préfèrent » s'associer en molécules,
d'autres rester tous seuls (les gaz rares).
• Pour une température T donnée, l'enthalpie libre ΔG du cristal est minimale pour
une concentration c0 de défauts ponctuels
• Donc, un cristal représente un état d'énergie minimal. Créer un défaut, c’est aller
vers une configuration différente donc avec une énergie plus grande ; il faut donc
dépenser une quantité d'énergie ΔGf appelée « enthalpie de formation ». On a
typiquement
• ΔGf ≃ 1 eV ; l'électron-volt, eV, est une unité d'énergie utilisée pour les petites
valeurs: 1 eV = 1,6 × 10−19 J.
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• Pour créer n défauts distants, c'est-à-dire qui
n'interagissent pas entre eux, il faut dépenser
une énergie nΔGf. La variation d'énergie totale
du cristal, ou plus précisément sa variation
d'enthalpie libre ΔG, vaut :
• ΔG = nΔGf - TΔS.
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• Le terme TΔS, produit de la température absolue T (en kelvins, 0 °C
= 273,15 K) et de la variation d'entropie ΔS, mesure la diminution
d'énergie due au chaos : le cristal étant moins bien organisé, il
présente plus de possibilité d'adaptation, il y a plusieurs manières
de construire le même cristal donc la construction est plus facile et
nécessite moins d'énergie. L'entropie ΔS peut se calculer en
fonction du nombre n de défauts par la statistique[1].
• On a ainsi un terme qui augmente l'énergie, nΔGf, et un terme qui la
diminue, - TΔS(n). Pour une température T donnée, il existe donc
une valeur de n donnant l'énergie minimale, c'est-à-dire une
concentration de défaut « spontanée », « stable ». Plus la
température augmente, plus la concentration de défauts stables est
grande : un cristal à haute température a plus de défauts qu’à basse
température.
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Figure 116:
Pour une t° T donnée,
l’enthalpie libre ΔG du
Cristal est minimale
Pour une concentration
C0 de défauts
Ponctuels
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• Défauts ponctuels
• Les défauts ponctuels sont des défauts limités à un nœud du réseau. Il sont de dimension 0 :
le rayon atomique est très petit devant les dimensions du cristal.
• Lacunes
• Lacune : site vide du réseau
• Une lacune (vacancy) est un site du réseau ne contenant aucun motif, aucun atome.
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Figure 117:
Lacune : site
Vide du
réseau
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Solutions solides
• Solution solide de substitution (haut) et d'insertion (bas).
• Une solution solide est une situation dans laquelle un cristal contient des « atomes étrangers »,
c'est-à-dire des atomes d'éléments ne faisant pas partie du cristal parfait. Il peut s'agir d'impuretés
ou d'éléments d'alliage.
• On a deux types de solution solide :
• en substitution : l'atome étranger remplace une des atomes du cristal ;
• en insertion : l'atome étranger se glisse dans les espaces vides — les positions interstitielles — des
atomes du cristal.
• Le terme « solution » indique que la matière étrangère est dispersée dans le cristal.
• Notons qu'un atome propre du cristal peut se mettre en position interstitielle (on parle d'auto-
interstitiel). Il ne s'agit alors bien entendu pas de solution solide.
• En général :
• si l'atome étranger a un rayon atomique proche des atomes du cristal, il se met en substitution ;
• seuls les atomes petits devant les atomes du cristal (de l’ordre de 0,1 à 0,5 fois le rayon selon
l'organisation du cristal, cf. Le cristal parfait > Sites interstitiels) peuvent se mettre en insertion ; il
s'agit donc d'éléments légers (faible numéro atomique Z, cf. Les constituants de la matière >
Représentation et classification des éléments) : hydrogène (H), bore (B), carbone (C), azote(N)
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Figure 118 :
Solution solide de
substitution (haut),
d’insertion (bas)
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Figure 119a
Atomes interstitiels
octaédrique et
tétraédrique dans
un réseau cubique
centré
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Figure 119b
Atomes interstitiels
octaédrique et
tétraédrique dans
un réseau cubique
à faces centrées
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Défaut d'antiphase
Dans un cristal ordonné, un site est occupé par
un élément donné. Un défaut d'antiphase, c’est
lorsqu'un site est occupé par un atome d'un autre
élément.
Ce genre de défaut nécessite en général une
grande énergie de formation, en particulier dans
les cristaux ioniques où une charge se trouve
entourée de charges de même signe (répulsion).
Ce sont donc des défauts présents en très faible
concentration.
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Figure 120
Défaut d'antiphase
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Association de défauts
Les défauts ponctuels ne sont pas toujours isolés, ils
peuvent parfois s'associer.
Dans les cristaux ordonnés, on peut par exemple avoir :
l'association de lacunes de deux ou plusieurs éléments
différents, c’est un défaut de SCHOTTKY ;
l'association d'un atome auto-interstitiel et d'une
lacune du même élément, c’est un défaut de FRENKEL.
• Ces défauts permettent de respecter la stœchiométrie
du cristal, et dans le cas d'un cristal ionique, la
neutralité électrique.
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Figure 121a
Défaut de SCHOTTKY
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Figure 121b
Défaut de FRENKEL
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Figure 122
Amas de défauts dans
la wüstite (FeO)
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Voir les défauts ponctuels
• Du fait de leur petite taille, il n'était pas possible, jusqu'à récemment, de voir ces
défauts. On peut par contre facilement voir leurs conséquences (voir ci-après),
c’est ainsi qu'on les a découvert et théorisé.
• L'expérience la plus simple consiste à chauffer un barreau métallique et à le
tremper dans l'eau. Le nombre de lacunes augmente avec la température, et le
refroidissement rapide empêche l'élimination des lacunes, on a des lacunes
« piégées » hors équilibre. On peut ainsi mesurer que le barreau chauffé puis
trempé est légèrement plus long que le même barreau ayant subi un
refroidissement lent, donc à l'équilibre (avec moins de lacunes).
• Par exemple, le fait d’avoir des atomes de taille différente des atomes du cristal, ou
bien d’avoir des atomes mal placés, induit des déformations du réseau que l’on
peut constater par radiocristallographie. Par ailleurs, en déformant le cristal par
traction ou compression, on peut provoquer des sauts d'atomes interstitiels d'un
site à un site voisin. En faisant alterner traction et compression, par des ultrasons,
on provoque donc des sauts mais avec un certain retard sur l'onde dû à l'effort que
doit fournir l'atome interstitiel pour écarter ses voisins (frottement interne). Le
retard de la déformation sur la sollicitation est ainsi mesurable (effet SNOEK), et
cette hystérésis donne des informations sur les atomes interstitiels.
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Introduction
• Définition : Les métaux sont des matériaux présentant
à la fois une bonne résistance mécanique et une facilité
de mise en forme. Ils sont de fait très utilisés
industriellement. Ils ont fait irruption dans les ménages
avec l'électroménager, mais les tôles minces des
appareils sont de plus en plus remplacées par des
matières plastiques. Ils restent indispensables en tant
que conducteurs d'électricité ou de chaleur (radiateurs,
échangeurs).
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Propriétés générales des métaux
• Comme nous l'avons vu dans la leçon Choix d'un matériau,
les métaux sont, par rapport aux autres matériaux :
rigides ;
en général ductiles et malléables, ils peuvent être mis en
forme à froid ou à chaud par martelage, pliage, cintrage,
roulage, laminage, forgeage ;
excellents conducteurs d'électricité ;
excellents conducteurs de chaleur ;
lorsqu’ils sont polis, ils réfléchissent la lumière (éclat
métallique) ;
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leur impact environnemental peut être considéré comme modéré du fait
de leur recyclabilité, bien que leur élaboration primaire nécessite une
grande quantité d'énergie et génère des rejets polluants — extraction des
minerais, opérations de réduction ;
ils ont souvent tendance à se dégrader lentement sous l'effet de
l'environnement (corrosion).
Ils ont une structure cristalline. Les cristallites ont une taille allant du
nanomètre à plusieurs millimètres, mais en général de l’ordre du
micromètre.
Les métaux purs sont des cristaux formés d'un seul type d'atomes,
appartenant à la partie centrale du tableau périodique des éléments (voir
Les constituants de la matière > Représentation et classification des
éléments). Ils forment des solutions solides appelées alliages.
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leur impact environnemental peut être considéré comme modéré du fait
de leur recyclabilité, bien que leur élaboration primaire nécessite une
grande quantité d'énergie et génère des rejets polluants — extraction des
minerais, opérations de réduction ;
ils ont souvent tendance à se dégrader lentement sous l'effet de
l'environnement (corrosion).
Ils ont une structure cristalline. Les cristallites ont une taille allant du
nanomètre à plusieurs millimètres, mais en général de l’ordre du
micromètre.
Les métaux purs sont des cristaux formés d'un seul type d'atomes,
appartenant à la partie centrale du tableau périodique des éléments (voir
Les constituants de la matière > Représentation et classification des
éléments). Ils forment des solutions solides appelées alliages.
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Propriétés générales
Masse volumique Densité Solidus
Alliage
ρ (kg/m3) d Tf (°C)
Acier austénitique 8 700 8,7 1 148 à 1 535
Acier doux 7 900 7,9 1 148 à 1 535
Acier trempé 7 900 7,9 1 148 à 1 535
Fonte 7 200 7,2 1 148 à 1 153
Cuivre 8 960 9,0 1 084
Bronzes 8 700 à 8 900 8,7 à 8,9 950 à 1 084
Laitons 8 600 8,6 835 à 1 084
Aluminium 2 700 2,7 660
Magnésium 1 738 1,7 650
Zinc 7 140 7,1 420
Nickel 8 908 8,9 1 455
Titane 4 508 4,5 1 668
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Propriétés mécaniques des familles d'alliages
Module de Limite Résistance à la Allongement à
Alliage Young élastique traction la rupture
E (GPa) Re (MPa) Rm (MPa) A%
Acier
190 100 à 200 400 à 1 000 10 à 45
austénitique
Acier doux 210 200 à 400 300 à 1 000 3 à 22
Acier trempé 210 400 à 1 000 < 1 800 0 à 20
Cuivre 112 7 à 25 20 à 35 6 à 45
Bronzes 60 à 110 300 à 700 3 à 50
Laitons 100 250 à 500 270 à 600 2 à 60
Alliage
70 2 à 520 6 à 570 1 à 35
d'aluminium
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Figure 150
Graphique
de choix pour
les métaux :
prix au
kilogramme
en fonction
de la limite
élastique
spécifique
(Re/ρ), avec
droites iso-prix
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Élaboration des métaux
• À l'état naturel, les métaux sont présents principalement sous forme oxydée, dans
des roches appelées « minerai » Le terme « oxydé » est à prendre au sens large :
l'atome métallique a cédé un ou plusieurs électrons pour le partager avec d'autres
atomes du cristal ; ces autres atomes peuvent être
• de l'oxygène, et l’on a effectivement des oxydes métalliques, par exemple oxyde de
fer (hématite), oxyde d'aluminium (bauxite), oxyde de cuivre (cuprite) ;
• du soufre, par exemple sulfure de fer (pyrite), sulfure de fer et de cuivre
(chalcopyrite) ;
• d'autres atomes, comme par exemple l'arsenic avec le nickel (nickéline).
• On a de multiples combinaisons possibles.
• La métallurgie consiste d’abords à extraire le minerai de la terre (mines) puis à le
séparer des autres roches. Une fois le minerai isolé, il faut
• éliminer les principales impuretés ;
• le réduire, c'est-à-dire le désoxyder.
• Ces opérations sont gourmandes en énergie et nécessitent parfois l’utilisation de
produits toxiques.
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Les principaux modes opératoires sont :
• pyrométallurgie (utilisation de la chaleur) : on met le minerai mélangé
avec un fondant en contact avec un gaz réactif :
– gaz réducteur (en général monoxyde de carbone, CO) pour réduire le
métal,
– gaz oxydant (en général air ou dioxygène pur) pour oxyder les
impuretés et les piéger dans un laitier (roche fondue qui surnage et
que l’on déverse) ;
• hydrométallurgie (dissolution dans une solution aqueuse) :
– lixivation : le métal ou les impuretés sont dissoutes dans un acide ou
une base,
– électrolyse : on fait passer un courant électrique dans la solution pour
amener les ions de métal dissous sur une électrode où ils se réduisent.
• .
•
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Les métaux sont facilement recyclables : il suffit
de les refondre, et cela peut se faire
indéfiniment, il n'y a pas d'altération des
propriétés. Le principal problème est celui du tri,
qui peut être résolu par une conception
astucieuse ; il faut également procéder à une
élimination des impuretés et éléments d'alliage,
pour repartir d'un métal « pur », avant de
rajouter les éléments d'alliages pour obtenir une
nuance précise
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• La composition du métal ou de l'alliage conditionne de manière
importante ses propriétés. Notons en particulier :
• plus un métal est pur, mieux il conduit l'électricité, mais plus il est mou
(limite élastique Re basse) ;
• certaines impuretés provoquent une fragilité (par exemple phosphore et
soufre dans l'acier) ; on peut les mettre de manière volontaire pour
faciliter l'enlèvement de matière : amélioration de l'usinabilité, métaux
dits « de décolletage » ;
• les éléments d'alliages sont là pour modifier les propriétés du métal de
base : augmentation de la résistance mécanique (R<e), amélioration de la
ductilité (A%), meilleure résistance ) la corrosion, …
• Décolletage
• usinage rapide et en grande série de pièces par tournage : plusieurs pièces
sont taillées dans une barre, puis cette barre est tronçonnée
•
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• Mise en œuvre
• Les principales opérations permettant d'obtenir la pièce
définitive sont :
• la fonderie : coulée en moule, pour obtenir un brut plus ou
moins proche de la pièce définitive,
– moulage par gravité : on fait couler « naturellement » le métal
fondu dans le moule,
– moulage sous pression : le métal est poussé dans le moule par
un vérin (haute pression) ou une pression d'air (basse pression),
ce procédé est adapté aux grandes cadences (basse pression) et
très grandes cadences (haute pression),
– moulage par centrifugation : le moule tourne, ce qui assure une
répartition du métal sur l'extérieur et permet de réaliser des
pièces creuses sans noyau (pièce intérieure du moule),
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– moulage en sable (toujours par gravité) : on utilise du
sable avec un liant, et l’on refabrique le moule en
laissant l'empreinte d'un modèle à chaque coulée ; ce
procédé est adapté aux petites séries,
– moulage métallique (par gravité ou sous pression) : le
moule est en métal et réutilisé ;
• le frittage, ou métallurgie des poudres : de la
poudre de métal est comprimée dans un moule
puis chauffée afin que les grains se soudent, sans
passer par une étape de fusion ; ce procédé est
adapté aux grandes séries (investissement et
développement important, faible coût marginal) ;
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• la déformation, à chaud ou à froid : déformation d'un lingot pour obtenir
un semi-produit — une plaque (tôle), une barre, un tube, un fil —, puis
éventuellement déformation de ce semi-produit (pliage, cintrage) ;
– laminage : on écrase le lingot entre des rouleaux pour obtenir une plaque, une
tôle, ou bien une barre, un profilé (fer U, fer C, fer I, fer H, …),
– tréfilage : on fait passer la barre dans un trou, ou filière, pour l'étirer sous
forme de barre, de tuyau ou de fil,
– matriçage, estampage : forgeage, écrasement de la matière dans un
« moule », adapté aux grandes séries,
• l'usinage : enlèvement de matière permettant d'obtenir des dimensions
très précises :
– tournage : le brut est un cylindre que l’on fait tourner, l'outil avance pour
enlever de la matière, ce qui permet de créer des pièces de révolution(
cylindres, cônes, sphères),
– fraisage : l'outil, la fraise, tourne et avance en enlevant de la matière
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• La méthode utilisée conditionne de manière importante les
propriétés de la pièce. En effet, une pièce coulée en moule
présente en général une certaine porosité (présence de gaz dans la
coulée), la taille et la forme des cristaux formés dépendent des
conditions de refroidissement. Mais si le lingot est écrasé (forgeage,
laminage), alors cela élimine la porosité et déforme les cristaux (ils
sécrasent, s'allongent), et par ailleurs cela crée un écrouissage donc
un durcissement
• La vitesse de refroidissement est capitale : un refroidissement lent
donne une structure à l'équilibre, c'est-à-dire qui ne tend pas à se
modifier dans le temps, tandis qu'un refroidissement rapide
(trempe) peut créer une structure métastable. La structure
métastable ne va pas évoluer spontanément (la durée de
transformation est trop longue à température ambiante), mais a
des propriétés mécaniques notablement différentes de la structure
stable.
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Figure 151 Laminage
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• Le laminage est un procédé de fabrication par
déformation plastique. Il concerne différents matériaux
comme du métal ou tout autre matériau sous forme
pâteuse comme le papier ou les pâtes alimentaires.
Cette déformation est obtenue par compression
continue au passage entre deux cylindres contrarotatifs
(tournant en sens inverse l'un de l'autre) appelés
« laminoir » .
• Un laminoir est une installation industrielle ayant pour
but la réduction d'épaisseur d'un matériau
(généralement du métal). Il permet également la
production de barres profilées (produits longs) .
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Collage, soudage
• On peut aussi lier les pièces par collage, brasage ou
soudage ; la liaison n'est alors plus démontable sans
dommage. Le collage consiste à utiliser un polymère, la
colle, provoquant une forte adhérence avec les deux
pièces. Un collage fort est en général obtenu avec une
colle cyano-acrylate (marques commerciales
Superglue, Loctite).
• Le brasage consiste à faire fondre un métal d'apport.
Ce métal d'apport fond à plus basse température que
les pièces à lier. On utilise typiquement de l'étain
(brasage dit « tendre ») ou un alliage à base de cuivre.
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Le soudage consiste à utiliser un métal d'apport qui
fond à une température similaire à celle des pièces
à assembler ; les pièces à assembler et le métal
d'apport doivent être faits du même métal, ou de
nuances compatibles. On fait donc fondre le métal
d'apport mais aussi les pièces au niveau du cordon
de soudure. La soudure obtenue est plus résistante
qu'une brasure, elle a dans l'idéal la même
résistance que les métaux des pièces. Cependant,
ce procédé provoque une déformation importante
des pièces (fusion + solidification) et ne permet de
lier que des pièces de métaux similaires
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Dilatation
• Méthodes mises en œuvre pour éviter les problèmes dus à la dilatation de tuyaux
• Les métaux n'ont pas un coefficient de dilatation linéaire très élevé. Toutefois, du
fait de leur bonne tenue mécanique, ils sont souvent utilisés sur de grandes plages
de température et pour des pièces de grandes dimensions. Il en résulte parfois des
variations importantes de dimensions.
• Cela peut être utilisé à dessein pour réaliser un assemblage par frettage :
• la pièce extérieure, la frette, est chauffée donc se dilate, elle est mise en place,
puis elle se serre sur la pièce intérieure (pièce frettée) en refroidissant ;
• ou bien la pièce intérieure, la pièce frettée, est refroidie (par exemple à l'azote
liquide, à −196 °C) donc se contracte, elle est introduite dans la frette, puis elle se
serre dans la frette en se réchauffant.
• On a donc un blocage par adhérence.
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Par contre, la dilatation peut poser des problèmes en service :
• en faisant varier le jeu (risque de serrage ou de desserrage) ;
• en créant des contraintes pouvant engendrer une déformation voire
une rupture.
• Dans le cas de tuyauteries par exemple, on laisse les coudes
s'étendre (on fixe au mur en amont ou en aval du coude, pas des
deux côtés) ou bien on crée des cols de cygne ; sur les portions
linéaires, on peut devoir faire des lyres ou des enroulements de
dilatation. Pour les autres types de structure, on peut devoir utiliser
des joints de dilatation (liaison glissière) ou des supports à réaction
variable (boîtes à ressort).
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VIII. La Corrosion
La corrosion est la dégradation des métaux sous
l'effet chimique de l'environnement,
éventuellement combinée à des sollicitations
mécaniques, ainsi que les moyens de s'en
protéger.
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Introduction
• À l'état naturel, les métaux existent sous forme d'oxyde
(minerai), la métallurgie primaire consistant justement à
faire la transformation oxyde → métal (réduction). Les
métaux ont donc une tendance à retourner à leur état
naturel, celui d'oxyde. La corrosion est en quelque sorte ce
retour, une transformation métal → oxyde (oxydation).
• La corrosion est un problème majeur, puisque l’on estime
que 5 t d'acier disparaissent chaque seconde dans le
monde (une très fine couche, mais sur tous les objets,
appareils et structures en acier qui existent de par le
monde…). Un problème économique, donc, mais aussi de
sécurité et de protection environnementale :
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• risque d'accident par rupture de pièce de
structure, d'un réservoir sous pression ;
• risque environnemental et sur la santé :
produit toxique qui risque de se répandre hors
d'une cuve percée, mais aussi quelle est la
toxicité de l'oxyde de métal ainsi formé ?
Quelle est la toxicité des moyens de lutte
contre la corrosion mis en œuvre ?
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Figure 169
La corrosion des
métaux : le métal
retourne à sa forme
naturelle, l'état oxydé
(minerai)
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• La forme stable du métal dépend de l'environnement. Le résultat n’est pas
le même selon que l’on se place à l'air, dans de l'eau « pure », dans de
l'eau de mer, dans un acide, à haute température dans une atmosphère
sèche ou avec des dépôts de sels fondus, …
• Il faut donc considérer le couple métal + environnement, ainsi que
l'interface entre les deux : la principale protection contre la corrosion se
trouve dans la conception.
• La protection contre la corrosion peut jouer sur cinq facteurs :
• matériau : choix du matériau résistant à l'environnement ;
• environnement : maîtrise de l’environnement ;
• interface matériau/environnement : forme et état de surface, traitement
de surface ;
• réaction chimique : modification des conditions thermodynamiques et
cinétiques ;
• maintenance : suivi et remplacement de la pièce avant rupture.
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Figure 170
Approche systémique
de la corrosion :
elle met en œuvre le
matériau, son
environnement,
et l'interface entre
les deux
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• Corrosion aqueuse
• Corrosion généralisée
• L'eau contient du dioxygène dissous (ce qui permet aux poissons de
"respirer"). Le métal M peut donc s'oxyder par réaction avec ce
dioxygène :
• 2M + O2 → 2MO L'écriture ci-dessus est une écriture générique,
chaque métal réagissant avec des proportions différentes, par
exemple :
• 4Cr + 3O2 → 2Cr2O3 ; 4Fe + 3O2 → 2Fe2O3 ;4Al + 3O2 → 2Al2O3
4Cu + O2 → 2Cu2O ; 2Mg + O2 → 2MgO ; 2Zn + O2 → 2ZnO
Par ailleurs, le métal peut aussi réagir avec l'eau, produisant un
dégagement de dihydrogène :
• M + H2O → MO + H2 Ce phénomène est aggravé par la présence
d'ions chlorure, notamment par la présence de sel dans l'eau (eau
de mer, salage des routes).
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• L'oxydation du métal peut former
• une couche d'oxyde protectrice (adhérente, compacte) : cette couche isole
le métal de l'environnement et ralentit considérablement la corrosion,
c’est la passivation ; c’est le cas du cuivre, de l'aluminium et des inox ;
• une couche poreuse et/ou peu adhérente, donc non protectrice, c’est le
cas de la rouille.
• Il peut aussi se former un hydroxyde métallique
• M + 2H2O → M(OH)2 + H2 Les ions métalliques se dissolvent dans l'eau,
notamment dans l'eau acide
• MO + 2H+acide → M2+dissout + H2O M(OH)2 + 2H+acide → M2+dissout + 2H2O
Donc en milieu acide, la corrosion est accélérée. On remarque par exemple
que les pièces métalliques du placard de cuisine contenant la bouteille de
vinaigre rouillent plus vite que les autres.
• La corrosion décrite ici touche la totalité de la surface d'une pièce. On
parle de corrosion généralisée.
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• Corrosion galvanique
• Lorsque l’on met deux métaux différents en contact, il se produit un phénomène
de pile électrique :
• un des métaux sert de support à une décomposition de l'eau grâce à l'apport
d'électrons (électrolyse) ; il « pompe des électrons » pour pouvoir réaliser cette
réaction ;
• l'autre métal s'oxyde pour pouvoir fournir ces électrons.
• On parle de corrosion galvanique ou de pile de corrosion ; c’est une corrosion très
rapide. On peut voir cela de la manière suivante : la corrosion est une oxydation,
c'est-à-dire une perte d'électrons ; un métal « fournit des électrons » et empêche
l'autre métal d’en perdre, donc de s'oxyder.
• Le métal qui ne se corrode pas est appelé « métal noble » ; il est totalement
protégé de la corrosion par le métal moins noble. On peut faire des essais deux à
deux et déterminer un classement, appelé série galvanique, du métal le plus noble
vers le moins noble :
• ,…
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Au > Ag > Ti > acier inox > bronzes, laitons > Cr > Ni > Cu > acier, fonte > Pb >
Sn > Al > Zn > Mg Ce classement est donné pour de l'eau pure peu aérée. Il
dépend des conditions : composition de l'eau, température, … La série
galvanique est différente dans l'eau salée, dans tel ou tel acide, pour telle
température
• Ainsi, si on met une vis en acier dans de l'aluminium, l'aluminium va se
corroder rapidement : l'aluminium est réputé inoxydable car il forme une
couche d'oxyde protectrice, mais c’est un des métaux les moins noble et
est donc très sensible à la corrosion galvanique. Par contre, si on utilise
une vis d'acier galvanisé, c'est-à-dire recouvert de zinc, alors l'aluminium
est en contact avec le zinc : la couche de zinc sur la vis va s'oxyder très
vite, mais l'aluminium sera protégé.
• Notons qu'un métal noble est protégé naturellement contre la corrosion
(or, argent) ; mais un métal peu noble, comme l'aluminium, peut lui aussi
être protégé, par sa couche d'oxyde (passivation).
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Figure 171
Principe de la
corrosion
galvanique
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• Corrosion localisée
• Mais on peut aussi avoir une pile de corrosion lorsque l’on n'a qu'une seule pièce :
• en raison de variations dans le métal : précipités, inclusions, soudure, …
• en raison de la variation du milieu, on parle de pile de concentration :
– pile d'aération différentielle, par exemple dans la terre (plus on s'enfonce,
moins il y a d'air),
– effet de confinement, de crevasse : jeu dans un assemblage, coude dans une
tuyauterie ; les échanges sont limités entre la partie confinée et le reste du
milieu, la composition chimique évolue différemment dans la partie confinée ;
on parle de corrosion caverneuse.
• On a donc une corrosion qui touche en priorité les interfaces entre les pièces
(soudures, vissage, emmanchements, …). La corrosion est ici localisée. La
conception joue un rôle primordial : une bonne conception, en évitant de
multiplier les interfaces ou en concevant bien celles-ci, permet de limiter
considérablement les risques de dégradation et de rupture.
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Figure 172
Rouille d’un
assemblage
en acier ;
noter la
corrosion
aux interfaces
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Dans un alliage, on peut avoir de la ségrégation intergranulaire : les
éléments d'alliage migrent et viennent se concentrer en priorité
dans les joints de grain (là où il y a plus de place). Par ailleurs, si
l'alliage présente des précipités, ceux-ci se forment également en
priorité aux joints de grain. On peut ainsi avoir une corrosion
localisée sur les joints de grains, dite corrosion intergranulaire. Cela
provoque un déchaussement des joints de grain.
• C'est le cas par exemple des aciers inoxydables : la précipitation de
carbures de chrome laisse des zones pauvre en chrome, ce qui
provoque une corrosion intergranulaire, qui ne se produit pas sur
un acier non allié. On cherche à éviter la formation de ces carbures
en diminuant la teneur en carbone et en ajoutant du molybdène
pour piéger le carbone (les précipités de carbure de molybdène ne
provoquent pas de corrosion galvanique).
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Un cas typique est la sensibilisation des aciers chrome-nickel 18/10,
comme le X5CrNi 18-10 (1.4301, AISI 304), ou encore du X5CrNiMo
17-12-2 (1.4401) : une exposition entre 400 et 800 °C provoque une
« sensibilisation », c'est-à-dire la formation de carbures de chrome,
entraînant un corrosion intergranulaire. Ceci peut survenir, entres
autres, dans les zones de soudure, ou bien dans les appareils
fonctionnant à chaud. L'acier X2CrNiMo 17-12-2 (1.4404, AISI 316L)
est protégé contre cette sensibilisation du fait de sa faible teneur en
carbone et de la présence de molybdène
repassivation.
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Figure 176
Reformation de la
couche passive en
cas de dégradation
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• Protection par maîtrise de l’environnement conception (design) : éviter l’effet de
confinement (forme des pièces), faciliter l'écoulement, homogénéiser le milieu ;
• en circuit fermé : on peut choisir le liquide utilisé, par exemple de l'eau ultra-pure
(centrale nucléaire), ou bien on peut ajouter un produit appelé inhibiteur de
corrosion ;
• béton « naturellement » basique : l'acidité aggrave la corrosion, or, le béton
contient de la chaux qui est basique et donc empêche l'acidité, ce qui protège les
fers à béton ; notons que, la rouille provoquant un gonflement, les fers sont laissés
à rouiller avant d’être utilisés.
• Protection par modification de l’interface conception initiale : éviter les effets de
confinement, éviter l'accumulation d'eau (pente pour permettre l'écoulement) ;
• barrière : peinture ; elle a une durée de vie limitée en raison de sa fragilité
(rayures) et de la diffusion d'ions à travers la peinture ;
• couche de conversion : le métal est modifié par réaction chimique, par exemple
phosphatation.
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• Protection par modification des conditions de réaction L'oxydation
d'un métal fournit des électrons, qui doivent être consommés par
une autre réaction chimique. Si l’on fournit des électrons d'une
autre manière, on empêche le métal de se corroder : il ne peut plus
libérer ses électrons puisqu’il y en a déjà trop, donc il ne s'oxyde
pas. On parle de protection cathodique. Ces électrons peuvent être
fournis par une pièce qui elle-même se corrode ; cette pièce est
appelée « anode sacrificielle » ou « anode soluble ». On peut aussi
fournir des électrons en imposant un courant avec une électrode
plongée dans le liquide. Les méthodes utilisées sont :
• anode sacrificielle (Zn, Mg, Al) : simple et bon marché, mais
provoque des rejets environnementaux (métaux dissous) ;
• peinture anti-rouille (charge de Zn) : durée de vie limitée ;
• courant imposé : nécessite une infrastructure (générateur de
courant) et une maintenance.
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Figure 177
Protection par
anode
sacrificielle
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Figure 178
Protection par
courant
imposé
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Figure 179
Anode
sacrificielle
sur une
coque de
bateau
COURS DES SCIENCES DES MATERIAUX
Figure 180
Générateur
de courant
pour
protection
cathodique
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• Maintenance prévision d’une surépaisseur et remplacement programmé ;
« tourner les tuyaux » : la condensation dans une conduite d'air comprimé
provoque de la corrosion dans la partie basse, on peut simplement tourner le
tuyau d'un quart de tour à chaque maintenance afin de répartir la corrosion ;
• suivi du potentiel électrique de la pièce : la tension électrique que prend la pièce
par rapport à une électrode normalisée et le courant qui circule renseignent sur la
vitesse de corrosion ;
• inspection de la pièce ;
• suivi d’un témoin : on place une petite plaque de même nature et on suit la
corrosion sur cette plaque, ce qui permet d’éviter le démontage du dispositif.
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Figure 183
Exemple de rupture
de la couche d'oxyde
sur du FeAl ;
micrographie
électronique
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• Protection contre la corrosion à chaud
• protection par choix du matériau : choix d'un alliage réfractaire, en général un
alliage formateur d’une couche d’oxyde résistante, p.ex. contenant de l’aluminium
(→ Al2O3), du titane (→ TiO2) ou bien du nickel (→ NiO) ; par exemple des
superalliages à base nickel (Inconels), alliage de titane (TiAl6V4/TA6V), aciers
spéciaux ;
• protection par maîtrise de l’environnement : filtrage de l’air (sel), contrôle de la
composition des carburants ;
• protection par modification de l’interface : dépôt d'une couche de céramique.
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Stratégies d'inspection
• Les installations à surveiller et à maintenir sont parfois très grandes (complexe
pétrochimique, centrale nucléaire, …). Il faut donc établir des priorités : quels
organes contrôler et avec quelle fréquence ?
Pour cela, on détermine une criticité :
• criticité = probabilité qu'une dégradation survienne × gravité des conséquences de
la dégradation. Cette démarche, similaire à l'AMDEC (analyse des modes de
défaillance et évaluation de leur criticité), est la base de la démarche
« d'inspection basée sur la criticité » (IBC), ou risk based inspection (RBI). On peut
évaluer la criticité à l'aide d'une matrice comme ci-contre : plus le rouge est foncé,
plus le risque est important. Nous présentons ci-après la démarche proposée par
l'American Petroleum Institute (API).
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• La démarche globale est la suivante :
• Examiner les unités de production d'une usine pour identifier les zones à haut
risque.
• Estimer le risque par une valeur chiffrée, la criticité, pour chaque équipement,
suivant une méthodologie cohérente.
• Établir des priorités sur ces équipements, priorité fondée sur cette criticité.
• Développer un programme d'inspection avec pour but la réduction du risque.
• Gérer le risque de défaillance des équipements de manière systématique.
• Proposer des modifications mécaniques, de procédé ou des opérations afin de
réduire les risques.
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• La probabilité est donnée par une note de 1 à 5, et est obtenue en considérant six
facteurs :
• Équipement : nombre de composants de l'installation susceptibles de défaillir (plus
on a d'équipement, plus un problème risque de survenir).
• Dégâts : mécanismes d'endommagement dans l'environnement (corrosion,
fatigue, températures extrêmes, …).
• Inspection : pertinence des inspections, par analyse de la manière dont sont
gérées les inspections.
• État dans lequel se trouve l'appareil (présence ou absence de maintenance),
évalué par inspection visuelle.
• Conception mécanique : la conception répond-elle aux normes, a-t-elle été faite
selon l'état de l'art, est-elle unique et innovante ?
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La gravité est donnée par une note de 1 à 5, et prend en compte deux types
d'accidents :
Incendie et explosion ;
toxicité.
• Pour le risque d'incendie et d'explosion, l'évaluation porte sur sept critères :
• Chimique : inflammabilité, point d'éclair des produits.
• Quantité : quantité de produit qui peut être libéré (quantité stockée).
• État physique : capacité à s'évaporer ou à se sublimer à pression atmosphérique, en
fonction de la température du procédé industriel et des propriétés des produits.
• Auto-inflammation : cas des produits qui seraient libérés à une température supérieure
à leur point d'éclair.
• Pression : permet d'estimer la vitesse de fuite d'un produit.
• Prévision : mesures mises en place pour détecter et combattre un sinistre —
détecteurs, arrêt rapide de l'installation, inertage de l'atmosphère, isolement des zones,
structures à l'épreuve du feu, réserves d'eau, rideaux d'eau et extincteurs
automatiques, …
• Dégâts potentiels : degré d'exposition des installations, valeur des équipements à
proximité des zones à risque.
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Pour le risque toxique, quatre facteurs sont considérés :
• Quantité et toxicité : toxicité du produit et quantité pouvant être libérée en cas de
sinistre.
• Dispersion : essentiellement estimé par la possibilité que le produit se mette en
ébullition.
• Prévision : mesures mises en place pour détecter et combattre un sinistre —
détecteurs, arrêt rapide de l'installation, bacs de rétention, isolement des zones,
rideaux d'eau, …
• Population : nombre de personnes pouvant être affectées.
Figure 184 Matrice de criticité
Gravité
1 2 3 4 5
5
4
Probabilit
3
é
2
1
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IX Les Céramiques
Introduction
• Les céramistes disent par autodérision qu’ils pratiquent le plus vieux
métier du monde : les poteries font partie des plus anciennes traces
d'activité humaine. Historiquement, les céramiques, terres cuites, ont été
utilisées :
• pour la facilité de mise en œuvre : façonnage de la terre glaise (poterie) et
cuisson ;
• pour leur dureté, leur résistance à l'abrasion : carrelage et mosaïques de
sol ;
• pour leur résistance mécanique en compression : briques ;
• pour leur résistance aux températures élevées : fours, pots de cuisson ;
• pour leur couleur : émaux ;
• pour leur résistance chimique : tuiles.
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• Leur usage a été limité par leur fragilité, leur faible
résistance aux chocs (faible résilience, faible ténacité).
• Dans l’industrie moderne, les céramiques prennent de
plus en plus d'importance, soit pour des applications
spécifiques, soit en remplacement d'autres matériaux.
On a vu un engouement pour les céramiques à usage
mécanique au début des années 1980 avec le projet de
« moteur céramique », qui n'a jamais abouti et a
débouché au contraire sur un scepticisme. L'effort de
recherche sur ce projet a toutefois permis un grand
développement des applications mécaniques des
céramiques.
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Figure 185
Poterie datant
du Néolithique
(entre -5000 et
-3000),Chine
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Figure 186
Poterie
Songye (RDC)
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Figure 187
Poterie RDC
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Figure 188
Vase Mangbetu
en terre cuite
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• Définition et classement
• On peut définir les céramiques comme étant des matériaux
inorganiques, non métalliques, nécessitant de hautes températures
lors de leur fabrication. Il s'agit en général d'oxydes métalliques, et
plus généralement de métaux oxydés[, mais pas uniquement. Les
céramiques ont en général une structure cristalline, parfois associée
à une phase amorphe. Lorsque la majorité est amorphe, on parle de
vitrocéramique ; lorsque la totalité est amorphe, on parle de verre.
• On peut classer les céramiques selon leur application :
• céramiques traditionnelles, à usage alimentaire, pour le bâtiment
ou l'ornementation : poterie, vaisselle, faïence, porcelaine,
carrelage, briques, tuiles ;
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• céramiques techniques ou industrielles :
– céramiques électroniques (faibles courants), ou
céramiques fonctionnelles :
• céramiques diélectriques (isolantes),
• céramiques piézoélectriques, la piézoélectricité est la
propriété que possèdent certains corps de se polariser
électriquement sous l’action d’une contrainte mécanique et
réciproquement de se déformer lorsqu’on leur applique un
champ électrique. Les deux effets sont indissociables. Le
premier est appelé effet piézoélectrique direct ; le second
effet piézoélectrique inverse.
• céramiques conductrices,
• céramiques magnétiques,
• céramiques supraconductrices,
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• pour applications électrotechniques (fortes puissances),
• céramiques réfractaires, pour applications thermiques,
• pour les applications mécaniques : céramiques structurales,
• pour l'usinage : abrasif (polissage), outils de coupe
(plaquette de carbure),
• supports de catalyseur, pour l’industrie chimique et les pots
catalytiques,
• pour les applications optiques : transparence, émission de
lumière,
• pour le nucléaire : combustible nucléaire.
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• On peut aussi classer les céramiques selon
leur mode d'élaboration et la forme finale :
• produits façonnés : pièce livrée sous sa forme
définitive,
– pièces fritée sous pression atmosphérique,
– pièce frittée sous pression (HIP, hot isostatic
pressing),
– pièce électrofondue ;
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• Frittage
• Le frittage est un procédé de fabrication de
pièces consistant à chauffer une poudre sans
la mener jusqu’à la fusion. Sous l'effet de la
chaleur, les grains se soudent entre eux, ce qui
forme la cohésion de la pièce. Le cas le plus
connu est celui de la cuisson des poteries
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Figure 189 UNE PIECE DE METAL FRITTE
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• produits non façonnés (PNF) :
– produit livré sous la forme de mortier destiné à être coulé ou projeté
puis « cuit » sur place,
– projection thermique de céramique pour revêtir un pièce.
• On peut enfin les classer selon leur composition chimique :
• monolithiques :
– oxydes :
• produits siliceux (SiO2),
• produits alumineux, avec 30 à 100 % d'alumine (Al2O3) :
– aluminosilicates (argile, mullite),
– alumine-zircone-silice (AZS),
– alumine-oxyde de chrome-silice (ACS),
– alumine-oxyde de chrome-zircone-silice (ACZS),
– haute teneur en alumine,
• produits basiques, à base de magnésie (MgO),
• produits spéciaux : zircone (ZrO2), Y-TZP (yttrium stabilized tetragonal zirconia
polycristals) ;
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– non-oxydes :
• carbures,
• nitrures,
• borures ;
• composites : matrice céramique à renfort
céramique, par exemple par de la zircone
(ZTA, zirconia toughened alumina, Mg-PSZ,
magnesia partially stabilized zirconia), ou
matrice céramique à renfort métallique
(cermet).
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• Modes de fabrication
• La fabrication des céramiques part d'une poudre. Pour les céramiques
traditionnelles, il s'agit de matières premières naturelles (terre glaise, argile,
kaolin). Pour les céramiques techniques, ce sont des poudres micrométriques
obtenues par synthèse chimique ; on parle souvent de « céramiques fines ».
• Dans la plupart des cas, on met en forme cette poudre avant de la « cuire » :
• soit on travaille la poudre sous forme de pâte, en y ajoutant un peu d'eau ou un
liant organique qui sera éliminé lors de la cuisson ; cette pâte peut être travaillée à
la main (poterie traditionnelle) ou injectée dans un moule ;
• soit on la travaille sous forme de barbotine, c'est-à-dire d'une suspension dans
l'eau, en ajoutant beaucoup d'eau et un défloculant (silicate de sodium) ; ce
liquide est versé dans un moule absorbant l'eau (par exemple en plâtre) et forme
une couche mince sur les parois que l’on peut démouler près séchage ;
• soit on remplit un moule de poudre sèche.
• Cet objet est appelé « ébauche ».
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• Soudure de deux grains lors du frittage
• La cuisson est appelée frittage (sintering). Au cours de cette
opération, les grains se soudent entre eux, sans qu’il y ait
un passage par une phase fondue. Le frittage « simple »
laisse un grande porosité : on conserve les espaces entre
les grains.
• Le frittage sous pression (HIP, hot isostatic pressing)
consiste à mettre la poudre sous pression (environ
1 000 bar, 100 MPa) pour que la porosité se referme. On
utilise un gaz inerte, en général de l'argon. On a une
diminution des dimensions de 10 à 15 % linéaires (25 à
40 % volumique). Lorsque l’on a un mélange de poudres de
compositions différentes, on a parfois des réactions
chimiques lors du frittage (frittage réactif).
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Figure 190
Empilement
compact de grains
sphériques,
laissant environ
26 % d'espace vide
(porosité)
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Figure 192
Principe de la
piézoélectricité
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Figure 193
cristal piézoélectrique
capteur
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Figure 195 microphone piézoélectrique
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• Céramiques conductrices
• Certaines céramiques sont semi-conductrices. On peut ainsi faire des
composants qui sont isolants ou conducteurs selon les conditions :
• isolants lorsque la tension appliquée est faible, conducteurs lorsque l’on
dépasse une « tension de claquage », par exemple pour protéger des
circuits contre une surtension (oxyde de zinc ZnO) ;
• dont la résistance varie avec la température, ce qui permet de mesurer
celle-ci (titanate de baryum BaTiO3, manganite de nickel NiMn2O4).
• Mentionnons ici les céramiques supraconductrices qui n'ont pas à
proprement parlé d'application en électronique (pour l'instant).
Lorsqu'elles sont refroidies, leur résistance électrique devient nulle ; au-
delà d'une certaine température, elles retrouvent une résistance
électrique. Cela permet par exemple de réaliser des électroaimants très
puissants utilisé dans la résonance magnétique nucléaire (RMN, IRM).
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• Ces céramiques ont permis d’avoir des
supraconducteurs à « haute température
critique », c'est-à-dire que la température de
transition est supérieure à la température de
l'azote liquide, −196 °C… Les premières
céramiques à haute température critique ont
été découvertes en 1986. Ce sont
essentiellement des cuprates comme l'oxyde
mixte de baryum de cuivre et d'yttrium (YBCO,
de formule YBa2Cu3O7).
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• Céramiques magnétiques
• Ferrites (oxyde de fer) utilisées pour réduire les parasites électromagnétiques
• Les oxydes de fer, ou ferrites, sont utilisées pour leur propriétés magnétiques :
• ferrites doux (perméabilité magnétique élevée, on peut retourner facilement le
champ magnétique résiduel) :
– dans les inductances,
– dans les transformateurs,
– dans les circulateurs : composant permettant d'orienter le signal émis ou reçu par une
antenne, et ainsi d’avoir une antenne servant simultanément à l'émission et à la réception ;
• ferrites durs (le champs magnétique résiduel peut difficilement s'annuler) :
– aimants permanents de moteurs électriques, de fermetures magnétiques,
– matériau absorbant les micro-ondes.
• Certaines céramiques (par exemple les oxydes mixtes de zirconium, étain et titane
(Zr,Sn)TiO4) permettent de faire des résonateurs de petites dimensions pour la
détection d'ondes hyperfréquence, par exemple réception de télévision par
satellite ou pour les téléphones portables.
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Figure 196
Transformateurs
utilisés en électronique ;
les céramiques sont
utilisées pour le noyau
cylindrique
ou torique
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Figure 197 Ferrites (oxyde de fer) utilisées pour réduire les parasites électromagnétiques
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• Céramiques réfractaires
• Les réfractaires, c'est-à-dire les matériaux résistant à plus de 600 °C, sont le
deuxième domaine le plus important des céramiques.
• La première application est l'isolation thermique, la protection de pièces contre la
chaleur. Ce sont les garnissages de fours et réacteurs, hauts-fourneaux, … pour les
industries métallurgiques, cimentières, verrières, pétrochimiques, … On utilisait
historiquement les argiles (aluminosilicates) et dolomies (carbonate de calcium et
de magnésium CaMg(CO3)2) extraites de la terre (briques réfractaires en terre
cuite). On utilise maintenant principalement des produits de synthèse,
essentiellement de l'alumine (Al2O3), du carbure de silicium (SiC), de la manésie
(MgO) et du zircon (ZrSiO4).
• Les réfractaires isolants sont livrés sous forme de briques ou de tuiles à assembler,
ou sous forme de mortier à couler ou projeter. Il s'agit également de pièces
statiques comme des brûleurs à gaz — les pièces en mouvement sont elles
étudiées dans la partie Céramiques structurales et applications mécaniques.
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• On peut aussi utiliser les céramiques comme conducteur de chaleur, par
exemple dans un échangeur thermique. Le carbure de silicium (SiC) par
exemple présente une bonne conductivité thermique (λ = 125 W⋅m-1⋅K-1,
meilleur conducteur que le fer et le nickel, moins bon que l'aluminium et
le cuivre), on en fait donc des tubes et plaques d'échangeur.
• Outre la tenue en température, les céramiques réfractaires doivent
résister à leur environnement ; en effet, à haute température, tous les
produits deviennent réactifs, de nombreuses réactions chimiques sont
thermiquement activées et la diffusion d'éléments en phase solide, point
capital des réactions en phase solide, est également activée. On a des
phénomènes similaire à ceux décrits dans le chapitre sur la corrosion à
chaud des métaux. On pense bien sûr à l'environnement gazeux — gaz de
combustion, mais même le dioxygène de l'air est agressif à haute
température —, mais aussi les matériaux fondu : sels fondus (provenant
de l'air ou du combustible), eau liquide sous pression, verre (industrie
verrière), métal (métallurgie).
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Figure 198
Fourneau électrique
garni de briques
réfractaires et
d'un joint de fibres
céramiques
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Figure 199
Fourneau pour tester
la résistance au feu des
colonnes de structure ;
on voit le garnissage
réfractaire
COURS DES SCIENCS DES MATERIAUX
• Céramiques électrotechniques
• L'électrotechnique représente une des principale
utilisation des céramiques en volume. Les
céramiques sont utilisées comme isolants
électriques, et ont permis le développement de
l'électrotechnique de puissance. On utilise
essentiellement de la stéatite (talc, pierre à
savon) et de l'alumine.
• Les céramiques sont concurrencées :
• par les polymères aux basses tensions ;
• par les verres aux hautes tensions.
COURS DES SCIENCS DES MATERIAUX
Figure 200
Isolateur électrique
COURS DES SCIENCES DES MATERIAUX
Figure 201
Isolateur utilisé
pour tendre
des câbles
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• Céramiques structurales et applications
mécaniques
• Du fait de leur fragilité, on ne peut pas utiliser les céramiques dans les applications soumises aux
chocs. Leur point fort se situe dans :
• la grande rigidité spécifique E / ρ {\displaystyle {\sqrt {\mathrm {E} /\rho }}} [1], qui permet d’avoir
des pièces se déformant peu élastiquement et très légères (donc baisse du coût de manutention et
de fonctionnement) ;
• la grande dureté, pour les applications de contact (frottement) ; on peut avoir un état de surface
très bien maîtrisé et stable dans le temps ;
• la stabilité en température, en particulier résistance au fluage, pour les applications haute
température.
• On utilise principalement :
• alumine (Al2O3) : c’est la principale céramique utilisée ;
• les nitrures de silicium (Si3N4) : la maîtrise du procédé de frittage (HIP) permet de former des grains
allongés au sein des grains « classiques », grains allongés qui jouent le rôle de « fibres de
renforcement » ;
• carbure de silicium (SiC) ;
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• Applications optiques
• Les oxydes métalliques ont été utilisés très tôt pour colorer les poteries. De nos jours, ils
permettent d’avoir des encres stables à haute température (marquage de pièces par exemple).
• On peut aussi exploiter l'émission de lumière. Les oxydes de terres rares sont utilisés pour les
lampes à fluorescence (tubes de néon, ampoules fluocompactes dite « à basse consommation »,
diodes) et pour les luminophores des téléviseurs. Cela permet d’avoir diverses couleurs, et pour les
éclairages d'ambiance, d’avoir une lumière « chaude ». Ce sont aussi des manchons imprégnés
d'oxydes de terres rares (manchon Auer) qui émettent la lumière blanche des lampes à gaz utilisées
en camping ou d'anciens bec de gaz (éclairage public).
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• Pour les diodes, on utilise par exemple du carbure de
silicium (SiC) pour le bleu ou le nitrure d'aluminium
(AlN) pour des ultraviolets. Pour les luminophores
rouges des tubes cathodiques, on utilise de l'oxyde
d'yttrium (Y2O3).
• Les céramiques permettent également de faire des
fenêtres transparentes dans de larges domaines, des
infrarouges aux micro-ondes. Notons l'oxyde d'indium
dopé au titane (ITO, induim tin oxide), un composé
conducteur et transparent utilisé pour les écrans de
télévision à cristaux liquides, et les plaques
vitrocéramiques transparentes aux infrarouges
(plaques de cuisson).
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Figure 206 Plaque de cuisson vitrocéramique, laissant passer les infrarouges mais
conduisant mal la chaleur
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• Combustible nucléaire
• Le combustible nucléaire se présente sous
forme céramique : oxyde d'uranium (UO2) ou
mélange d'oxydes d'uranium et de plutonium
(mox, UO2 et PuO2). La forme d'oxyde a été
choisie en raison de son inertie chimique, y
compris à haute température et en contact
avec de l'eau.