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Baccalauréat général

Session 2023

Épreuve : Philosophie

Durée de l’épreuve : 4 heures


Coefficient : 8

PROPOSITION DE CORRIGÉ

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Sujet 1
Le bonheur est-il affaire de raison ?

Au cours de l'histoire de l'humanité, l'idée du bonheur a pris de multiples variations


conceptuelles. Du stoïcisme des Grecs, au bonheur impossible selon Nietzsche, en passant par
la révolution chrétienne puis le sentiment de l'absurde chez les existentialistes, la notion de
bonheur s'est conjuguée avec la raison, la foi, l'histoire.
Comme déclarerait Descartes, pour être claire, une idée doit se circonscrire. L'évidence révèle
le sujet. Qu'est-ce que le Bonheur ? Comment s'est-il confronté à la Raison, voire au
rationalisme ? Le sujet est capital car il s'agit du sens, recherché par tous, donné à sa vie depuis
les penseurs au simple individu quel que soit sa culture. « Le bonheur n'est jamais choisi...en
vue d'autre chose que lui-même » affirme Aristote. Mais des choix sont possibles dans notre
libre arbitre.
C'est alors que la raison intervient suivant les courants de pensée et surtout à partir de Kant,
Descartes, Spinoza. Etudions le dialogue Recherche du bonheur à priori source de sensation et
Raison ou réflexion introspective, objective comme poussèrent à l'extrême les utilitarismes
comme James, Hobbes ou les positivistes comme Comte...

Abordons d'abord la notion et la possibilité ou non du bonheur. Nous prendrons le schème


optimiste de l'existence de cet état de l'âme ou de l'esprit mais aussi du cœur et du corps,
indissociables par notre vie et destinée. Ce bonheur, comme dirait Musset, « a ses raisons que
la raison ne connaît pas » Le parti est pris de l'orientation personnelle et non universelle de cette
idée du bonheur contrairement à la raison.
Être « en affaire » comme annonce la problématique signifie qu'un échange existerait entre le
rationnel et le sentiment. Les philosophes antiques, épicuristes, cyniques comme Diogène
mettent en avant la primauté plutôt de la sensation, de l'instinct. La raison ne vient que pour,
soit perturber, freiner, culpabiliser, soit au mieux limiter mais sans « mathématiser » le désir ou
l'ataraxie qui serait prédominant à la raison pour une bonne utilisation de cet outil spirituel.
Ne sois pas trop raisonnable provoquaient les hédonistes, Lucrèce voire les cyrénaïques et leur
conception jouissive du bonheur.
Epicure, pas toujours compris, dirige sa pensée vers l'état de plaisir instantané, prude mais plein.
Selon cette figure maîtresse dans cette orientation, c'est l'écoute de son désir naturel qui amène
au bonheur, à cet état heureux, de la jouissance de l'heure comme intègre la définition.
Les philosophes cyniques pousseront à l'extrême et seront déviés, détournés plus tard par les
partisans de Dionysos avec leurs bacchanales et excès jusqu'à l'ivresse. Nous retrouvons de tous
temps, aujourd'hui aussi cette conception jusqu'auboutisme chez les adeptes du refus de toute
limite...
Mais les excès surviennent, les accidents, hystéries et les philosophes cherchèrent très vite, par
nécessité morale comme biologique des circonscriptions à cette idée définie de ce Bonheur
sacré...La raison s'en mêla !

Une opposition s'en trouve très vite donc par Platon, la pensée aristoticienne et leurs
catégorisations raisonnables des sciences, morales. Le Souverain Bien s'opposa ou « discuta »
avec le Souverain Plaisir, l'hédonisme pour le contrôler mais plus positivement le perdurer !
Le rationnel ! Ses armes, outils furent les notions de tempérance des stoïciens de Cicéron, Marc-
Aurèle à Montaigne, Spinoza à des niveaux d'exigences décalées mais proches par la loi
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rationnelle de la contrainte de vie, de collectivité, de maîtrise de soi. Le moyen âge poussa à
l'extrême et chercha donc pendant des siècles par l'Eglise, le pouvoir absolu frustrateur a
museler l'instinct de bonheur autre que spirituel, le déplaçant même dans l'au-delà, la
philosophie de l’ « heureux » devint procrastination !
Mais les modérés vinrent calmer cet autre excès inverse de frein dangereux et sans
épanouissement. A la notion subjective du bonheur fut mis en avant la raison objective.
Mais même cette orientation pris plusieurs chemins suivant les penseurs :
-de l'utilitarisme de Benthlam, James avec intrinsèquement la limite raisonnable posée de l'utile,
le collectif
-du kantisme et ses impératifs catégoriques
-de Montaigne et la sagesse harmonisant bonheur et tempérance pour mieux profiter
-de l'existentialisme et le choix personnel mais dans ce monde absurde du choix réfléchi après
la « nausée » des contradictions qui se présentent dans notre vie, dans nos cultures différentes.
L'objectif était donc de trouver des équilibres personnels mais aussi pour le vivre ensemble
comme souhaitait Kant.

Les relativistes affirment combien la vérité est duale. La psychologie freudienne vint
exposer l'inutilité d'écraser nos pulsions, notre inconscient. Ce fut une révolution philosophique.
Elle suivait celle de Descartes et son rationalisme sans tomber dans l'excès du positivisme. Le
climat s'éclaircit.
« La sagesse n'est autre chose que la science du Bonheur » affirmèrent Diderot, Rousseau,
Voltaire et Spinoza, Leibniz. La raison s'accorda alors avec une idée du bonheur possible.
Il ne fallait pas évincer, selon Kant, le Devoir de la philosophie du bonheur. La civilisation
grandissante, se démocratisant. Le bien commun s'invitait dans l'échange. Le respect,
l'acceptation d'un bonheur sans cesse à redéfinir selon les lois sociales mais aussi sanitaires,
psychologiques allaient poser pour longtemps une association entre raison et plaisir pour un
bonheur durable et pour tous même si cela fut évolutif. Selon les psychologues il fallait ne pas
nier la mort, la responsabilité dans cette nouvelle idée du bonheur.
Ainsi étaient repris les philosophies de Socrate, modéré mais associant vertu et désir simple. Le
modèle spinoziste cassait cette ataraxie stoïcienne mais gardait l'idée de mesure, de temporalité
de l'homme. La raison est là pour rappeler la limite pour notre bien plutôt que des freins inutiles
à travers notre destinée et notre collectif familial, social.

Donc, nous pouvons trouver la substance d'une autre voie. L'instinct ne réfute pas la raison.
L'histoire de la philosophie semble être un long chemin pour faire entendre les deux concepts.
L'homme est par nature un animal raisonnable, capable de penser, connaître. Les philosophes
des Lumières assènent cette nouvelle conception. Ils annoncent, parallèlement à la politique
contre absolutiste, démocratique la possibilité pour rationnel et passion calme de s'accorder, de
négocier. L'histoire du bonheur est indissociable de la grande histoire civilisationnelle. Saint
Just disait ; « le bonheur est une idée neuve en Europe » La morale chrétienne ne contredit pas
cela malgré des séparatismes au 18ème siècle. Un bonheur commun apparaît de concorde entre
esprit et désir, un élément de ce bonheur. La psychologie viendra rappeler la nécessaire union
pour la santé psychique, morale des êtres soumis aux vents comme les roseaux de Pascal...
La raison ne s'invite elle pas par cette histoire humaine et sa Mémoire qui deviendrait alors une
priorité pour la sagesse... ?

Sujet 2
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Vouloir la paix, est-ce vouloir la justice ?

Pendant la seconde guerre mondiale, les collaborateurs au régime des nazis acceptaient une
paix sans justice, une soi-disant sécurité sans égalité ou droit. Se pose par cet exemple la
possible antinomie entre justice et paix, sécurité et liberté. Il est d'abord primordial, devant
cette contradiction bizarre, inacceptable au premier abord de définir des points clés :
La définition de la paix :
La paix comme absence de conflit.
La paix comme harmonie sociale.
La paix comme justice sociale.
La définition de la justice :
La justice comme équité.
La justice comme punition et réparation.
La justice comme respect des droits fondamentaux.

Philosophes et courants de pensée :


Il est également pertinent d’examiner les conceptions de la paix et de la justice chez différents
auteurs classiques du programme de philosophie de terminale. Voici quelques-uns des
penseurs clés et leurs idées sur ces concepts :
Thomas Hobbes : Hobbes considère que la paix est obtenue par la création d’un État
souverain qui garantit la sécurité et met fin à l’état de guerre permanent. Pour lui, la justice
réside dans le respect des lois et des contrats, permettant ainsi d’assurer la paix civile.
John Locke :
Locke soutient que la paix découle de la reconnaissance et du respect des droits naturels de
chaque individu, notamment le droit à la vie, à la liberté et à la propriété. Selon lui, la justice
consiste à préserver ces droits fondamentaux et à assurer une gouvernance légitime pour
garantir la paix sociale.
Jean-Jacques Rousseau :
Rousseau considère que la paix véritable ne peut être atteinte que par la construction d’une
société juste et égalitaire. Pour lui, la justice repose sur le contrat social et la volonté générale,
où tous les membres de la société participent activement à la prise de décision et à la
réalisation du bien commun.
Emmanuel Kant :
Kant soutient que la paix durable repose sur le respect des principes moraux universels. Selon
lui, la justice est la condition préalable à la paix, car elle implique le respect des droits de
chaque individu et l’adoption de principes moraux fondés sur la rationalité.
Hannah Arendt :
Arendt met l’accent sur la nécessité d’une justice réparatrice. Elle affirme que pour atteindre
une véritable paix, il est essentiel de reconnaître les préjudices passés et de mettre en place
des processus de réparation, notamment en reconnaissant les droits des victimes et en
responsabilisant les coupables.
Martin Luther King Jr. :
King considère que la paix véritable ne peut être atteinte sans justice sociale. Il soutient que
l’injustice et les inégalités engendrent des tensions qui compromettent la paix. Pour lui, lutter
contre les injustices est une condition préalable à la construction d’une société pacifique.
Ces auteurs classiques et contemporains offrent des perspectives essentielles pour analyser la
relation entre la paix et la justice. Leurs idées, étudiées dans le cadre du programme de
philosophie de terminale, permettent d’approfondir notre compréhension de ces concepts et
d’envisager les défis éthiques et politiques associés à leur conciliation.
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Proposition de corrigé : Sujet : Vouloir la paix est-ce vouloir la justice ?

Introduction :
Le sujet proposé soulève une question profonde et complexe sur la relation entre la paix et la
justice. Il nous invite à réfléchir à la nature de ces deux idéaux et à examiner si la volonté de
paix implique nécessairement la volonté de justice. Pour répondre à cette problématique, nous
devrons explorer les différentes conceptions de la paix et de la justice, identifier leurs liens et
leurs tensions, ainsi que les difficultés inhérentes à leur conciliation.

I. Les différentes conceptions de la paix :


A. La paix comme absence de conflit :
Selon cette conception, la paix est avant tout l’absence de guerre et de violence. Elle est
synonyme d’harmonie, de tranquillité et de stabilité sociale. Cependant, cette approche
minimale de la paix soulève la question de savoir si elle peut réellement être atteinte sans la
recherche de la justice.
B. La paix comme justice sociale :
Certains courants philosophiques affirment que la paix authentique ne peut être réalisée que
par la justice sociale. Selon eux, l’éradication des inégalités, la protection des droits
fondamentaux et l’établissement d’une société équitable sont des conditions préalables à une
véritable paix. Cette conception met en évidence la relation étroite entre la paix et la justice.

II. Les différentes conceptions de la justice :


A. La justice comme équité :
Selon cette conception, la justice consiste à traiter les individus de manière équitable et
impartiale. Elle repose sur le respect des droits individuels, l’égalité des chances et la
répartition équitable des ressources. La volonté de justice implique donc l’aspiration à une
société pacifique, où chacun est traité avec dignité et égalité.
B. La justice comme punition et réparation :
Certains courants mettent l’accent sur la dimension punitive et réparatrice de la justice. Selon
eux, la justice consiste à punir les transgressions et à réparer les préjudices subis. Cette
conception soulève des questions sur le lien entre la justice punitive et la réalisation d’une
paix durable.

III. Les liens et les tensions entre la paix et la justice :


A. La complémentarité de la paix et de la justice :
La paix et la justice peuvent être perçues comme étant étroitement liées et mutuellement
renforcées. En effet, une paix durable ne peut être atteinte sans une recherche active de la
justice, et la justice sociale est souvent un prérequis pour une véritable paix.
B. Les tensions entre la paix et la justice :
Cependant, il peut y avoir des tensions entre ces deux idéaux. Parfois, la recherche de la paix
peut conduire à des compromis sur le plan de la justice, et inversement, la poursuite de la
justice peut générer des conflits. Il est donc nécessaire de trouver un équilibre délicat entre ces
deux aspirations pour construire une société juste et pacifique.

Conclusion :
En conclusion, le sujet "Vouloir la paix est-ce vouloir la justice ?" soulève des
questionnements essentiels sur la relation entre ces deux idéaux. C'est toute l'histoire comme
l'actualité qui nous questionnent. Mais la notion de justice, d'égalité, de droit depuis les
révolutions française, anglaise et américaine n'est-elle pas la base pour éviter le conflit ?
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Sujet 3
Expliquer le texte suivant :

Dans sa culture ethnologique, Lévi Strauss s'interroge sur notre manière de vivre ici comme
dans les cultures d'autres contrées.
A travers ses études il s'intéresse donc à la dichotomie entre raison et instinct dans nos
pratiques quotidiennes, ici le bricolage...
Il différencie donc l'entrepreneur, l'ingénieur avec ses pratiques réfléchies, méthodiques, ses
procédures et le bricoleur « du dimanche » selon l'acception courante et familière et son mode
d'emploi, son utilitarisme, sa pratique instinctive et adaptée à sa vie, sa maison, son besoin.
L'instrument, pour ce dernier, est presque aléatoire, improvisé. C'est ainsi toute la primauté
sur l'improvisation qui réussit par son accord avec l'attente différente selon les individus et
familles. L'auteur y voit une pratique « indigène » comme dans ses autres écrits. Pas étonnant
que le titre soir la pense sauvage !!! Quoique civilisé il met en évidence le propre à l'espèce
humaine de s'adapter, inventer, de jauger l'opportunité (ça peut servir.)
Ainsi, dans cette étude et réflexion le mode d'emploi cède la place à l'instinct comme chez les
animaux évolués ou les premiers hommes des cavernes. C'est une leçon d'humilité que révèle
Levi Strauss.
Il distingue opérateur et ingénieur, tacitement, improvisateur et créateur technicien respectant
un protocole. Nul besoin de bureau d'étude pour le particulier amateur. La raison est là, la
« débrouillardise » le volontarisme, l'instinct plutôt jugé chez les indigènes de contrées
lointaines est aussi, sans mode d'emploi, d'évidence pour l'auteur et philosophe, une pratique
usuelle.
Levi Strauss oppose ou réconcilie plutôt le concret et le virtuel, l'immédiat, l'opportunité, la
réactivité et le méthodique, professionnel, le théoricien.

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