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Le laboratoire vivant (Living lab) : une méthodologie reposant


sur une approche ouverte d’écosystèmes d’innovation
centrés humains, citoyens, usagers

Living lab : a methodology based on an open approach


to humans, citizens, users centered innovation ecosystems

Danielle LAFONTAINE
Chercheure au GRIDEQ-CRDT-UQAR et chercheure associée au CEFRIO
Danielle_lafontaine@uqar.qc.ca

Mots clefs: Laboratoire vivant, changement technologique, innovation, méthodologie, ontologie, culture,
territoires, villes, regions, action publique, Europe, USA, Québec

Keywords: Living Lab, technological change, innovation, methodology, ontology, culture, territories,
cities, regions, public action, Europe, USA, Québec

Classification JEL O31, B40, R52


 
Résumé :
Le texte concerne l’émergence du laboratoire vivant (Living lab), une idée récente ainsi que les
expérimentations qu’elle a pu inspirer, rares avant les années 2000 et plus importantes aujourd’hui, en
particulier en Europe. La question de ses origines intellectuelles, américaines et européennes, aux
croisements de champs de connaissances nombreux, est d’abord traitée. Puis, à la lumière des travaux
consultés ou réalisés dans le cadre d’une recherche-expérimentation ayant impliqué l’initiation de
laboratoires vivants au Québec, plusieurs principes et orientations reliés à l’approche et méthodologie du
laboratoire vivant sont discutés. Enfin, comme il sera ensuite montré, l’approche prend appui sur plusieurs
modèles de l’innovation (ouverte, usager, êtres humains/citoyens, sociale/sociétale, territoriale, à données
ouvertes), les facteurs clés et cibles n’étant pas les mêmes.

Abstract:
This paper focuses on Living lab, a recent idea as its experimentations rather rare before 2000 and more important
today. We first do so by revisiting its american and european origins at the end of 1990’s, many knowledge domains
involved. Then, within the light of two Living Labs intiation cases in Québec (Canada) and current Living Lab
practices, some key principles and orientations underlying the approach and methodology are discused, both related
to each other and to their experimentation which is considered indispensable for progress. As it will be showed, not
one but many innovation models or approaches are combinated (human/citizen/user centric or driven, open,
social/societal, territorial, open data).

Introduction
L’idée de laboratoire vivant (living lab) est récente ainsi que les expérimentations qu’elle a pu
inspirer, rares avant les années 2000 mais plus importantes aujourd’hui. C’est de cette
effervescence dont il sera d’abord question, puis de l’approche et de la méthodologie du

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laboratoire vivant tels qu’on peut les comprendre à partir de travaux de recherche liés à la mise
sur pied de laboratoires vivants dont au Québec ceux auxquels nous avons participé1.

Initiée par le CEFRIO au printemps 2010 et achevée en mars 2013, la recherche Des laboratoires
vivants pour des territoires innovants visait à estimer l’intérêt de la méthodologie du laboratoire
vivant pour la mise en œuvre de « réponses » innovantes face à divers problèmes vécus aux seins
des communautés locales ou régionales tant rurales qu’urbaines ou (péri) métropolitaines, ceci
sur la base de quelques expérimentations « en milieu réel ». Loin du design de recherche
hypothético-déductive classique, celui-ci fut « co-construit » chemin faisant par une équipe de
chercheurs et de partenaires qui y ont pris part, l’appropriation, l’adaptation et la création de
concepts ayant soutenu des expérimentations qui en retour allaient permettre de mieux en évaluer
la portée. Après un appel à projets auprès des Conseils régionaux, deux expériences de
laboratoires vivants - qui se poursuivent encore - ont débuté, l’une en Gaspésie, une vaste région
rurale très peu peuplée localisée à l’extrémité est du Québec et l’autre dans l’Agglomération de
Longueuil, un territoire aux dimensions limitées mais très densément peuplé situé en face de l’île
de Montréal, sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent. Le laboratoire vivant initié en Gaspésie
concerne le développement d’une plate-forme d’information régionale « alimentée par une
communauté de journalistes et par les citoyens de la Gaspésie » (http://www.graffici.ca/a-
propos/) ainsi que la production et diffusion d’un contenu « rassembleur, informateur, accessible
et de qualité pour l’ensemble de la communauté gaspésienne ». On incite aussi la population
gaspésienne à s’approprier les informations (certaines figurant dans des « dossiers » ou en
« archives » numérisées) et à débattre de questions qui la concerne (via notamment des
« blogues » introduits dans le design du portail web expérimenté depuis septembre 2011). Pour
continuer de progresser dans les directions choisies et dans le domaine en mutation des medias,
GRAFFICI qui est une entreprise médiatique collective et indépendante et ses partenaires,
doivent envisager et parvenir à déployer un nouveau modèle d’affaires inédit et innovant, la
« formule » que l’on s’efforce d’expérimenter pouvant constituer une innovation en mesure de
trouver preneurs ailleurs où des déficits communicationnels se posent en terme de couverture
médiatique et de rayonnement. Dans l’agglomération de Longueuil, le laboratoire vise le
développement « grâce aux TIC et aux actions soutenues », d’une « culture de participation
citoyenne durable des jeunes ». Un ensemble d’activités reliées ont déjà été réalisées ou sont en
train de l’être : productions étudiantes impliquant les arts et technologies au Centre 16-18,
sondage sur la participation des jeunes, rencontre d’échanges entre jeunes et élus (municipaux,
scolaires), « trousse » sur la participation citoyenne des jeunes pour les enseignants, conception
d’un portail destiné aux jeunes avec fonctions informatives, participatives, et interactives. Ces
expérimentations ayant débuté en janvier 2011 (et se poursuivant), il est encore tôt pour en
mesurer les retombées. Il demeure que l’application de certains principes reliés à l’approche et à
la méthodologie du laboratoire vivant – notamment ceux concernant l’intégration d’usagers et de
connaissances variées – ont eu des effets immédiats sur les activités menées, de même que la
manière dont elles ont été réalisées. Des effets sur des organisations impliquées ont aussi été
observés (usages des TI, collaboration entre les organisations, intégration d’activités, prises en
compte de caractéristiques du territoire). Documentées dès le départ, les activités menées ont
permis d’éclairer un ensemble de dimensions et processus.

En lien avec ces travaux et d’autres réalisés par des chercheurs associés à des Living Labs,
plusieurs principes et orientations qui caractérisent l’approche et la méthodologie du laboratoire
vivant seront dégagés et discutés. Comme il sera ensuite souligné, l’approche prend appui sur

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plusieurs modèles de l’innovation (ouverte, usager, êtres humains/citoyens, sociale/sociétale,
territoriale, à données ouvertes) les facteurs clés, les caractéristiques et les cibles de l’innovation
n’étant pas les mêmes. Plusieurs questions gravitant autour des « sources » de l’innovation
demeurent en débats, celles-ci concernant le rôle « moteur » des « agents » (humains, naturels,
techniques) et de la culture (cognition, connaissances). Loin d’une « recette » pouvant garantir la
compétitivité des territoires et l’épanouissement des humains, citoyens, usagers dans des
écosystèmes territoriaux durables, le laboratoire vivant (Living lab) met en relief la grande
complexité de ces objectifs, lesquels englobent les modèles de compréhension, de planification et
d’action publique ainsi que leur renouvellement volontaire possible. Associée aux travaux de
recherche sur les cités et régions « intelligentes » (« smart »), une part de la recherche sur les
Livings labs nous paraît aussi prolonger les théories des milieux innovateurs et approches
territoriales constitués depuis les années 1970 au sein des sciences et études régionales et du
développement territorial.

1- Living Lab : origines d’une notion


genèse d’un mouvement en quête d’outils
 
Selon Bergvall-Kareborn et al 2009a: « The concept of Living Labs originates from Professor
William Mitchell at MIT where it itinitially was used to observe the living patterns of users in a
smart/future home for a period of time». Déjà en 2005, Pierson et Lievens attribuaient à Mitchell
un des premiers usages de la « notion ». La même année, Eriksson, Niitamo et Kulkki
rattachaient également les idées initiales (« initial ideas ») du living lab au Media Lab du MIT et
à Mitchell tout en réclamant qu’on les relient à une approche européenne. Mais pour Kusiak
(université d’Iowa) (2007) au contraire : « concept… emerge in Europe and was adopted
here ».Origines américaines ou européennes d’une « même » idée ? Selon Schurmann et al.
(2012) : « the European Living Labs differ fundamentally from the American notion ».
Mentionnant les travaux d’Intille, Larson et al. (2005b) rattachés eux aussi au Media Lab du
MIT, ces chercheurs se disent d’avis que l’expression aurait aux USA désigné un environnement
de laboratoire construit pour ressembler autant que possible à une « vraie » demeure (« home »)
afin de pouvoir y observer (et y enregistrer) durant plusieurs jours ou semaines les activités de
participants volontaires. En Europe, liée aux politiques européennes d’innovation et de
développement des technologies de l’information et de la communication, la philosophie du
Living lab inciterait plutôt à une étude de l’usager « dans son habitat de tous les jours », celui-ci
étant par ailleurs appelé à participer, ceci aussi tôt que possible, aux processus d’innovation.
Cette insistance sur le rôle des usagers (rappelant les travaux sur l’innovation d’un autre
chercheur américain du MIT : von Hippel) n’est pourtant pas absente des travaux d’Intille (2002 ;
2006) qui la formule il est vrai dans une perspective de développement de capacités. « We want
sensor-driven pervasive technologies to empower people with information that helps them make
decisions, but we do not want to strip people of their sense of control over their environment »
(2006 dans « The goal : Smart People, Not Smart Homes »). Ceci est également le cas d’Abowd,
un chercheur rattaché lui à l’Institut de technologie de Georgie à Atlanta. À partir du milieu des
années 1990, lui-même et son équipe (le Future Computing Environnements Group)
entreprennent une série de recherches (Domisilica, Classroom of 2000, The Aware Home),
Abowd (1999) considérant l’environnement éducatif de la classe de l’an 2000 conçu et
expérimenté par les professeurs et les étudiants comme un « living laboratory ». Pour Kidd, Orr,
Abowd et al. (1999), des environnements familiers auxquels des dispositifs technologiques (et

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notamment des « sensors ») ont été ajoutés et intégrés (la classe, un bureau, une cuisine, une
maison), constituent des « living laboratory for ubiquitous computing research ». Ces travaux
(cités par Intille) visent à éclairer des relations nouvelles entre mondes physique et virtuel, mais
aussi entre « people and places » (Mankoff et al. 1998), des contextes inédits (d’augmented
reality) étant en train de prendre forme. Selon Abowd et Mynatt (2000 : 52) : « one challenge for
everyday computing is to enable people to be aware of how they are being sensed

Si en Amérique à la fin des années 1990 les systèmes technologiques et réalités ubiquitaires (à la
suite de Weiser 1991) retiennent l’attention, à la même époque en Europe, on s’intéresse à
l’intelligence ambiante (De Ruyter et Aarts (2004) qui en indiquent la première mention (en
néerlandais) dans Aarts et Apello 1999, des prototypes de maisons ou appartements intelligents
étant aussi expérimentés (dont Intelligent House à Duisburg, Philip Home Lab). Tout comme en
Amérique, on se préoccupe des relations entre humains et systèmes informatisés (interactions
user-systems USI), ces travaux insistant sur l’importance des contextes d’usages (de vie ou de
travail). En Europe, en 2000, dans LivingLab : A white paper, Markopoulos et Rauterberg (TU/e)
– qui citent à la fois des travaux européens et plusieurs d’Abowd, Kidd et al. - proposaient de
faire du LivingLab (alors en un seul mot) la structure de recherche centrale (« pivotal ») d’étude
des interactions user-system de la décade. Le LivingLab y demeure présenté comme « a building
that provide temporary residence…to experimental subjects… ». Équipé mais fonctionnant « as a
normal home », le « lieu » doit permettre aux chercheurs d’étudier des usages de technologies
nouvelles en contexte aussi « réaliste » que possible, les auteurs indiquant que contrairement au
laboratoire classique, les usagers peuvent se savoir observés et même pouvoir contrôler ces
observations. Plusieurs « cas » d’expérimentation en Amérique et en Europe – notamment ceux à
Georgia Tech et Living Tomorrow en Belgique – étaient sommairement présentés. Le Livre blanc
de Markopoulos et Rauterbeg réclamait aussi la mise sur pied d’un programme de recherche
autour du LivingLab.

Les premiers travaux américains et européens autour desquels « l’objet » living lab commence à
prendre forme, nous paraissent assez proches. Dans les deux cas, ceux-ci sont le fait d’équipes de
« porteurs » rattachées à des universités (ou collèges) offrant des programmes en informatique,
intelligence artificielle, sciences de l’information et de la communication. Aux USA, le MIT où a
été fondé le Media Lab au début des années 1980, jouit d’un très grand prestige à l’échelle
internationale. L’idée audacieuse d’un Media Lab combinant arts, sciences et technologies fut
proposée par Jerome B. Weisner (alors président du MIT) et Nicolas Negroponte (fondateur à la
fin des années 1960 du The Architecture Machine Group du MIT) (Negroponte, 2003). C’est sur
ces bases que prendrait forme au Media Lab (rattaché à l’École d’Architecture et City planning)
le programme Smart Cities (2003--) dirigé par W. J. Mitchell (1944-2010) durant plusieurs
années, Intille, Larson, Beaudin et d’autres chercheurs y pilotant le programme PlaceLab (et
N_House) « using a live-in laboratory for ubiguitous computing » (Intille et al. 2006b). Du côté
européens, plusieurs équipes aux assises universitaires (aux Pays-Bas, en Belgique, Suède,
Finlande), certaines comptant des chercheurs industriels (dont Philips, Nokia), participent à la
constitution/concrétisation de ce qui allait bientôt prendre la consistance d’un mouvement
revendiquant une méthodologie.

Sans partager le point de vue de Schurmann et al. (2012) sur une différence fondamentale entre
Living labs européens (environnements « réels »/participation des usagers) et notion américaine
(environnements construits pour y observer des usages), l’influence des politiques européennes

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qu’ils soulignent sur l’essor d’un mouvement européen des Living labs, nous paraît aussi
indéniable que marquante à plusieurs égards. Dès 2004, ISTAG (pour Information Society
Technologies Advisory Group, institué en 1999 par la Commission européenne (auquel participe
Aarts), après avoir discuté de scénarios d’intelligence ambiante (2001), évoquerait la constitution
souhaitable d’un European network of Experience and Application Research Centres, alors que la
« realisation of the ambient intelligence vision requires a new approach to user-centred design,
prototyping and validation » (p. 39). Rattachés à la Experience and Application research, les
Living labs – et quelques cas - sont mentionnés au titre d’approches émergentes, mais également
la nécessité de « Methods and Tools » (y compris pour l’étude du development lifecycles de ces
applications). Dans cette foulée, des politiques européennes (Média et société de l’information,
développement des régions, innovation) viendront soutenir la formation de groupes de travail
reliés et la tenue d’ateliers impliquant de nombreux chercheurs (AMI@work Community
Workshops (2004 (Schaffers, Pallot, Niitamo et al). ; Innovation Citizen-centric, Rome 2005 ;
Intro to LL approach (Ericksson) ; Research Metho LL (Niitamo) ; LL concepts (Schumacher),
EsoCE-Net (Santoro) ; Budapest 2005 : A European-Wide Network of LL for Human-centric
Systemic Innovation (Niitamo, Santoro, Eriksson, Schaffers et al.). Quelques textes comportant
des études sommaires de « cas » (Benchmark Cases, initiatives) – ex. Kenniswijk près
d’Eindhoven, Arabianranta en Finlande, Botnia en Suède, Living Tomorrow en Belgique -
viennent appuyer cette effervescence, discutant l’importance des méthodes (methods) et de
l’évaluation. Ballon et al. (2004, d’IBBT) s’employent eux à démarquer le Living lab
(« experimentation environnement in wich technology is given shape in real life contexts and in
wich (end) users are considered co-producers ») d’autres types de plateformes de test
(notamment industrielles). Niitamo et al. (2006, équipe finnoise-suédoise-allemande) le
caractérisant comme « emerging Public Private Partnership (PPP) concept in which firms, public
authorities and citizens work together to create, prototype, validate and test new services.
Business, markets and technologies in real-life contexts such as cities, city-region, rural areas
and collaborative virtual networks ».

Si durant les années 1980 (autour du Media Lab) et 1990, les premiers inspirateurs et « porteurs »
américains et européens de l’idée de living lab sont surtout rattachés (formations, lieux de
recherches, colloques, publications) à des disciplines ou champs de connaissances gravitant
autour de l’informatique (plusieurs champs toutefois) et des technologies de la communication,
l’architecture et design, la psychologie étant aussi conviés, au cours des années 2000, avec
l’entrée en scène de nombreux chercheurs européens soutenus par les institutions européennes,
l’économie (nombreux champs dont celui de l’innovation) et le management (business studies,
models, of organizations, of R&D, of knowledge, of resources/assets) gagnent en importance.
Une forte préoccupation quant à la compétitivité et aux capacités d’innovation européennes
marque le Manifeste d’Helsinki (EU Finish Presidency 2006) rendu public lors du lancement du
Réseau ENoLL (European Network of Living Labs) 2 et d’une première vague (first wave )
d’appel à projets pour la constitution d’une vingtaine de Living labs. La création d’un réseau
européen vise alors à permettre le développement de knowledge-intensive services, d’entreprises,
de marchés et de technologies afin de soutenir l’emploi et la croissance. Mais des objectifs de
développement régional sont aussi mis de l’avant : « The European Network of Living Labs also
has a strong regional growth and development impact by facilitating and fostering regional
innovation as interlinked with a European innovation system with a global reach » (p. 4). Or, si
la plateforme à créer doit soutenir de nouveaux modèles collaboratifs interrégionaux et
internationaux (cross-regional, cross-national) et des partenariats publics-privés-citoyens (PPCP),

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des common methodologies and tools devront également être développés. Le développement de
méthodologies ou méthodes et d’ « outils » communs aux Living Labs constituera l’objectif
central de plusieurs projets de recherche financés par divers programmes européens, ceux-ci
devant aussi permettre l’évaluation d’expériences de laboratoires qui à la faveur de vagues
d’appels (pour adhérer à ENoLL, 7 vagues entre 2006 et 2013) se multiplieront à travers l’Europe
(réseau aujourd’hui mondialisé). À travers ces projets de recherche (CORELABS 2006-2008,
CO-LLABS 2008-2010, APOLLON 2009-2012), tous liés à l’initiation de laboratoires et de
réseaux de laboratoires ciblant des domaines ou des types de territoires (ex. ruraux, projet C@R),
les « éléments », « composants », « principes » caractérisant l’approche et méthodologie du
Living lab allaient être interrogés.

2- Living lab : approche, méthodologie, espace d’expérimentation


Au sujet de ce qu’est un laboratoire vivant, celui-ci pourra être présenté sous l’angle :

1) d’une « approche » (Eriksson et al 2005 : « LL approach to user-centric ICT innovation » ;


Mulder et al. 2008 : « the Living Labs approach lacked a standardized reference methodology » ;
Bergvall-Kareborn et Stahlbrost 2009 : « LL as open and citizen-centric approach for
innovation » ; Genoud et al. 2009 : « approche multidisciplinaire, centrée utilisateurs…vision
systémique » ; APOLLON 2010 : « one of the main strenghs of the LL approach its is ability to
merge research and innovation processes with the real-life contexte » et « needed..common
ecosystem approach » ;
2) d’une « méthodologie » (Eriksson et al. 2006 : « LL as a multi-contextual R&D
Methodology » ; Mulder et Stappers 2009 : « the Living Labs concept is a methodology to deal
with user-driven open innovation as well as a way to organise the collaborative experimentation
and co-creation with real users in a real life environment ») ; Europ Comm 2009 : « LL
Methodology, activities, achievements » ;
3) d’un milieu (Bergvall-Kareborn et al. 2009 : « A Living Lab is a user-centric innovation
milieu built on every-day practice and research, with an approach… aiming to create sustainable
values ») ; « un « espace d’interaction » (Westerlund et Leminen 2011 : « We define living labs
as physical regions or virtual realities, or interaction spaces, in which stakeholders form public-
private-people partnerships » ) ; un « écosystème » (Mulder et Stappers 2009 : « Living Labs –
also referred to as flexible ecosystems – can provide a demand-driven ‘concurrent innovation » ;
Genoud et al. 2009 » «voir un LL comme un écosystème d’innovation ouverte associant
activement toutes les parties prenantes dans les processus » ; Schaffers, Komninos. Pallot et al.
2011 : « LL…open innovation environments for establishing…urban and regional innovation
ecosystems ».

Ce qu’il faut entendre au juste par « approche » n’est pas clair, un grand nombre de champs de
savoirs sous-tendant des conceptualisations variées où des théories sont rarement désignées et
discutées, certaines (comme celles de von Hippel et de Chesbrough – traitées plus loin-
concernant l’innovation ayant été amalgamées à des orientations générales, bien qu’on s’efforce
de les préciser (Mulvena 2010 ; Almirall 2012). Il en va de même de la « méthodologie ». Les
questionnements à caractère ontologique et épistémologique (comme dans Pierson et Lievens
2005) sont encore très rares, le souci de soutenir les expérimentations grâce à des « outils » (de
mise en œuvre mais aussi de suivi et d’évaluation) utilisables occupant une très grande place.

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2.1 Approche.

Concernant l’approche du laboratoire vivant, les « principes » auxquels on l’associe n’en


présentent pas moins un grand intérêt, ceux-ci englobant des questions difficiles mais
importantes, que des expérimentations en « contexte réels » et les réflexions et les analyses
qu’elles suscitent, viennent éclairer.

(USAGER-HUMAIN-CITOYEN) Le principe le plus discuté (influence des travaux de Von


Hippel discutés plus loin, mais d’autres courants dont le participatory design) concerne le rôle de
l’usager, humain, citoyen (human, citizen, user ) vers lequel sont centrés (centered) des processus
(de co-création, d’exploration, etc.) que celui-ci devrait être encouragé à « piloter » (driven) le
plus possible, et ce durant toutes les « phases » allant de la conception de services,
d’infrastructures, de produits, etc., à leur mise en forme ou design, à leur « test », mise en œuvre
et évaluation. Pour certains chercheurs et notamment Leurs et Mulder (2009), c’est la référence à
l’être humain (porteur de capacités cognitives, d’attentes ou d’aspirations et de valeurs) qui serait
centrale, celui-ci étant par ailleurs un être social, agissant dans des contextes sociaux lourds de
défis collectifs, comme le rappelle de son côté le terme « citoyen » (« citizen ») appelant à des
« solutions » et à des innovations. Cette question (cet axe) rejoint celle de l’agencéité, du rôle
« moteur » des « acteurs » individuels (ou individués) et collectifs humains (Gumuchian et al.
2003), question d’autant plus importante qu’apparaissent (certains produits par des laboratoires
vivants) des agents techniques dotées de capacités sans précédents de « réponses » possiblement
plus « responsive » sinon plus « responsables ». C’est sur ce terrain d’une immense portée
anthropologique et culturelle que se développe le mouvement des Livings Labs.

(INNOVATION OUVERTE) Un deuxième principe (influence de Chesbrough, travaux discutés


plus loin) a trait au caractère voulu «ouvert » non seulement de « l’innovation », mais des
organisations, des systèmes (y compris sociétaux), et des processus et démarches de création et
de diffusion de connaissances (Holst 2007). Les croisements (démarcation, débats, synthèse ou
« hybridation ») d’expertises variées aussi bien formelles (en référence à des connaissances
scientifiques rattachées à de nombreux domaines ou champs de connaissances),
qu’expérientielles (en référence à des acquis et à des observations liés à des expériences), sont
particulièrement visés - cette idée de croiser des savoirs – même « éloignés »- ayant soutenu la
création du Média Lab - . Le caractère « ouvert » s’applique aussi aux organisations variées
(« partenaires, publiques, privées, et « people » - «  population  »  ou  organismes  non  étatiques  
et  non  privés-­‐  ou PPPP) desquelles proviennent les participants. Tout en pouvant être initié ou
même « hébergé » ou soutenu particulièrement par une organisation (rattachée le plus souvent à
l’enseignement supérieur, à une instance publique, à une entreprise), le laboratoire vivant
rassemblera des participants provenant de différents milieux ou organisations, tendant à
constituer un « écosystème » à doter d’une identité spécifique et prenant appui sur des ressources
numériques et matérielles, tout en ayant en retour des effets sur son environnement. Une
« négociation » du principe d’ouverture (et de fermeture) (à de nouveaux participants, de
nouveaux buts, etc.) restera toujours nécessaire, touchant aussi la question de la propriété
intellectuelle et de la répartition de la valeur (autre « principe ») ou des avantages reliés à
l’innovation. Sans nier la charge normative et politique du principe d’ouverture, c’est aussi son
rapport essentiel à la créativité et à l’innovation qui est postulé.  

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(CONTEXTE RÉEL, DE VIE, QUOTIDIEN) Un troisième principe (influence des premiers
travaux américains d’Abowd et al. (1999) puis Intille, Larson, Michell et al. et européens d’Aarts,
Markopoulos et al.) a trait à la nécessité que l’expérimentation se déroule en contexte « réel », de
vie réelle (« real life »), ou « quotidienne », là ou l’on habite, travaille, se divertie. Voulu dès ce
moment distinct des laboratoires scientifiques universitaires (ou de recherche industrielle dans les
grandes entreprises), ce contexte pris des formes variées : laboratoires universitaires de création
et d’expérimentation non conventionnels, classe d’enseignement, pièce ou domicile entier
branchés et plus ou moins reconstitués. Toute aussi importante aujourd’hui, cette préoccupation
pour la « vie réelle » - les usagers « vivants », leurs habitats, leurs pratiques, leurs besoins –
« réels » - en englobe d’autres autour de défis (économiques, sociaux, environnementaux et
autres) auxquels sont au quotidien confrontés les vivants dans leurs milieux, lesquels appellent à
des « solutions » innovantes, certaines supposant de nouveaux rapports à des systèmes ou agents
artificiels, non humains, non vivants, mais actifs.

(VALEUR) Un quatrième principe concerne l’importance de la « valeur » et au premier titre


celle des réalisations et des innovations générées au sein du laboratoire vivant et partant aussi la
sienne et celle de l’approche et de la méthodologie spécifiques censées le soutenir. Pour les
entreprises impliquées, la création et captation de la valeur économique ou marchande restent
centrales à leur survie, compétitivité et essor. Cette « valeur » des réalisation et innovations peut
être marchande ou non. Elle peut être envisagée du point de vue de la satisfaction de besoins, en
fonction d’usages, d’aspirations (ex. améliorations des conditions de vie, de travail, etc.), de la
résolutions de problèmes, de transformations sociales ou de comportements. Elle reste aussi
centrale pour les participants et les usagers, humains, citoyens qui prennent part à sa création au
sein des laboratoires vivants, la reconnaissance et rétribution de cette participation étant en cause.
Croisant la question de la propriété intellectuelle, elle concerne également le financement ou
modèle d’affaires du laboratoire vivant et de ses activités (nécessitant « intrants ») et à vrai dire
l’ensemble des circuits (ou chaînes) d’échanges entourant la création et la diffusion de
l’innovation. Ancienne, la question de la valeur repose au fondement même de l’économie
politique qui à partir du XVIII siècle ne cessera de chercher à clarifier l’énigme de la richesse des
nations. Si, avec les Living labs, on parle aujourd’hui plus volontiers de compétitivité et
d’innovation, la question de la valeur s’y trouve régulièrement posée, les processus entourant sa
création, sa réalisation et sa répartition devant y être compris autant que mis en œuvre.

(COMMUNICATION-INFORMATION-TECHNOLOGIES-TIC) Un cinquième principe


concerne l’importance des processus de communication et d’information et des systèmes
technologiques (et technologies ou TIC), ainsi que de leurs usages ou développements au sein des
laboratoires vivants. Cette importance des technologies est saisie depuis les toutes premières
réflexions des années 1980 (à Media Lab), alors que des technologies « nouvelles » et internet
prenaient formes. Par la suite les premières publications sur les Living laboratories ou LivingLab
de la fin des années 1990 (Kidd et al. 1999 ; Abowd et al. 1999) sont centrées sur les interactions
entre humains et systèmes techniques, la « connectivité » et la création de nouveaux
environnements ou réalités « augmentés » supposant des liens entre univers physiques (et même
« quotidiens », de « la vie de tout les jours » et virtuels ou numériques supports. Cette importance
des « computing technology » donnant accès à des contenus (Niitamo et al. 2006), des
« computing platform » (Kusiak, 2007) et « d’infrastructures » technologiques (Mulder et al.
2008) est aussi reconnue pour l’existence même des Living labs. L’échange d’informations et la
communication entre les participants étant essentielles, de nombreux aspects des technologies

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sont en cause : matériel informatique et organisation de systèmes ou de réseaux, programmes et,
logiciels, systèmes d’informations. D’autre part la réflexion sur l’innovation intègre de son côté
(depuis A. Schumpeter) l’importance de sa diffusion. Pour « être » celle-ci doit « trouver
preneurs » ou s’intégrer à des contextes, devenir connue et reconnue cette diffusion et intégration
de l’innovation impliquant des processus de communication et d’information. Dans le cas des
laboratoires vivants, la question de la diffusion devra être envisagée et traitée sitôt la démarche
amorcée. Celle-ci touche aussi la construction d’une identité et d’une « notoriété » du laboratoire,
son action – comme c’est le cas d’autres formes d’action collective et institutionnelle – étant
sujette à interprétations, notamment celles proposées par les médias et les chercheurs. Cette
construction identitaire du laboratoire impliquera le plus souvent la création technique et
symbolique d’un site internet, « lieu » de mémoire (d’activités passées ou présentes documentées,
d’objectifs poursuivis énoncées), de mise en visibilité et de promotion.

(TERRITOIRES) Un sixième principe- non sans rapport avec la question du contexte - a trait
aux « territoires » auxquels on reconnaît que sont reliés de nombreux laboratoires vivants
« opérant sur cette base ». On vise de la sorte les laboratoires singuliers ou opérant en réseaux
auxquels ont été assignés des objectifs de développement régional, rural (réseau
Collaboration@Rural), ou « urbains » (réseau de « Smart City »), et/ou des aires d’intervention
qui sont celles de cités, d’agglomérations, de régions, voire de nations. L’idée voulant que les
modes d’organisation d’une vie sociale « locale » et d’une économie globalisée soient « ancrés »
à des territoires s’y montre présente, corroborant celle, discutée ailleurs, d’un « tournant
territorial » (Storper 1995, 1997 ; Pecqueur 2005), sans être beaucoup problématisée toutefois.
Les régions, plus centrales au départ avec création d’ENoLL, cotoient désormais les villes et
cités-régions « intelligentes » (« smart »), comme milieu de vie (de bien-être, participation, accès,
contrôle), ou écosystèmes urbains ou régionaux soutenables, en rapports avec des scènes
économiques et culturelles mondiales où chercher s’imposer, des perspectives de
« complémentarités », de « coopération » ou de « partage » étant aussi présentes. Omniprésent, le
territoire - et plus généralement l’espace - demeure peu conceptualisé, malgré l’importance prise
par les échanges reposant sur les infrastructures numériques qui supportent désormais de très
nombreuses « communautés » de pratiques ou d’intérêts. Les territoires physiques ou
institutionnels qui existent toujours - renvoyant à des collectivités territoriales et à des instances
politico-territoriales à niveaux multiples - ne sont donc plus les seuls possibles. Il peut s’agir
également d’espaces ou de territoires présentant un caractère relationnel, virtuel ou numérique,
ceux-ci pouvant avoir un caractère émergent, une consistance physique, institutionnelle ou
relationnelle plus ou moins marquée, les laboratoires mettant en évidence ces phénomènes que
des travaux devront éclairer, notamment aux plans de leurs effets sur les organisations et
systèmes sociétaux.

Rôle, capacités cognitives et créatrices (et statut) de l’humain – usager, citoyen, être social – face
à d’autres agents (techniques), collaborations inter-organisationnelles et croisements d’expertises,
constitution de contextes de vie, de travail et de loisirs satisfaisants, traitement innovant de
« problèmes » et production de valeur, interactions entre univers physiques et virtuels
augmentés : si les « principes » auxquels on peut associer l’approche du laboratoire vivant
rejoignent un ensemble de questions cruciales pour de nombreux champs de connaissances, ils
concernent aussi directement le devenir du monde et ses transformations.

2.2 Méthodologie.

  9  
Sans être entièrement étrangère à la méthode scientifique « au sens le plus élevé et le plus général
du terme » (Grawitz 1976 : 331) ou à une méthodologie générale des sciences naturelles et
sociales impliquant à la fois réflexivité et observation (Pirès 1997), la méthodologie du
laboratoire vivant que plusieurs initiatives s’efforcent de clarifier, nous paraît s’en distinguer.
Ainsi, alors que la méthode fait référence à l’« ensemble des opérations intellectuelles par
lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu’elle poursuit, les démontre, les
vérifie », (Grawitz : 332), la méthodologie du laboratoire vivant vise d’abord à soutenir un
ensemble de processus et d’activités (actions, créations) impliquant des connaissances et grâce
auxquels des acteurs pourront concevoir et expérimenter des solutions à apporter à des
« problèmes » impliquant divers domaines de préoccupations et d’intervention. À la tension
réflexivité/observation s’en ajoute donc une autre réflexivité/action. Ce faisant, on ne cherche ni
principalement ni seulement à comprendre comment « les choses sont » (monde existant présent
dont certains aspects, notamment « contextuels » doivent néanmoins être caractérisés), mais à
découvrir, explorer, tester, comment celles-ci pourraient être « modelées » (mondes ou contextes
possibles ou émergents, désirés pour atteindre certains buts, résoudre des problèmes), cet aspect
rapprochant selon nous la méthodologie du laboratoire vivant des « sciences de l’artificiel » (H.
A. Simon 1969, 1982), les travaux de Simon étant mentionnés par quelques chercheurs (dont
Serra et des chercheurs plus proches de courants en design). D’autres exigences marquent encore
le développement de la méthodologie du laboratoire vivant. Ainsi avec l’entrée en scène
d’ENoLL (et même un peu avant avec ISTAG 2004) et l’obtention d’un financement public
important des autorités européennes pour soutenir l’expérimentation de Living labs dans
plusieurs régions aux caractéristiques variées, un questionnement sur la valeur (efficience,
benchmarking, performance mais aussi effets ou retombées au niveau de territoires) de cette
approche et méthodologie était soulevé, les « réponses » nécessitant des observations de pratiques
à stimuler, leurs analyses et leurs effets à travers le temps et l’espace. La question des
connaissances –et celle de leur augmentation possible, de connaissances nouvelles – demeure
donc elle aussi centrale. Il est à noter qu’au sein d’un laboratoire ou de réseaux de laboratoire, des
opérations de recherche classiques (ex. sondages, enquêtes, entretiens individuels ou de groupes)
ou impliquant des outils numériques, et de recherche-développement (de type banc de test)
pourront êtres déployées en fonction de « phases » et d’activités.

Du côté d’ENoLL, dès sa formation (2006), c’est à travers l’initiation et l’accompagnement


d’expériences de Living Labs et le partage de réflexions (projets en équipes CORELABS, C@R,
CO-LLABS, APOLLON) que le développement de l’approche et de la méthodologie était
abordé, la première ayant à être démarquée d’autres approches (de développement industriel ou
technologique notamment), en même temps qu’établie comme une approche possible de soutien à
l’innovation, et la seconde lui servir d’appui. L’idée d’une approche (ou d’un « cadre ») et d’une
méthodologie partagées (« common ») n’est pas sans soulever plusieurs questions sinon
inquiétudes, l’évaluation des expériences les réclamant jusqu’à un certain point, alors que leur
caractère émergent nécessitent d’éviter leur « clôture ». Face à ces difficultés, une initiative qui a
beaucoup compté (car elle a soutenu des pratiques, y compris les nôtres - et les évaluations de
laboratoires reliées aux grands projets en équipe indiqués ci-haut) demeure la production – à la
suite d’une enquête (focus groups) auprès de chercheurs associés à des laboratoires - d’un cube à
six faces (modèles du cube de Rubik), représentant des aspects estimés « essentiels » du Living
Lab (Mulder et al. 2008)3. Le « cube d’harmonisation» comporte six face4: participation des
usagers (« user involvment »), gouvernance (« governance »), infrastructures (« infrastructure »),

  10  
méthodes et outils (« methods and tools »), création de services (« services creation ») et résultats
innovants (« innovation outcomes »). En 2008, le projet CO-LLABS mettant fortement l’accent
sur l’innovation au sein des PME, une septième dimension « développement de la PME » était
ajoutée aux six autres, cet ensemble soutenant l’évaluation d’une dizaine d’expériences
d’initiation de laboratoires. Dans un effort pour intégrer les aspects organisationnels, contextuels
et technologiques, tout en tenant compte aussi du temps, chacune des faces était envisagée selon
9 sous-dimensions (soit 54 aspects en tout). Selon Genoud, Schweitzer et al. (2009), le cube
constitue pas un outil pleinement élaboré et utilisable : « à chaque facette du cube ne correspond
qu’un intitulé en anglais, parfois sybillin » (p. 25). Ni par plusieurs chercheurs associés à
ENoLL, ni dans le cadre de notre démarche d’expérimentation au Québec, le « cube » n’a été
abandonné. On retrouve sa mention dans différents rapports européens d’évaluation
d’expériences de laboratoires, ces travaux intégrant les six « faces » du cube. Dans APPOLON
2010, au sujet de la démarche CO-LLABS, celle-ci est qualifiée de : «Among the most
comprehensive investigation into the Living labs methodologies ». Une des principales faiblesses
(« weeknesses ») concerne les questions posées (relatives à divers aspects des laboratoires ciblés
par le cube) et les analyses des réponses, celles-ci pouvant conduite à « Different interpretation
and understanding of requested information ». Si la formulation des questions afin quelle ne
soient ni ambigües ni biaisés, demeure toujours difficile, la collecte et l’analyse de « données »
(croisant des « indicateurs » observables) sur ou pour des laboratoires vivants soulèvent d’autres
difficultés auxquelles est confronté l’ensemble des sciences et des approches dont on réclame
l’évaluation des résultats.

À cette représentation cubique du laboratoire allait s’en ajouter une autre envisageant celui-ci (et
les réseaux de laboratoires) sous l’angle d’un ensemble de processus associés à un démarrage et
diverses phases devant aboutir à l’innovation. La référence à une « spiral method for sofware
development » figurant dans ISTAG 2004, dès 2005 Pierson et Lieven. Cette idée de « phases »
était présente dans les premiers travaux (2006, 2007) sur la méthodologie du laboratoire vivant -
bien que les formulations aient varié - et on les retrouvent encore dans des travaux évaluatifs
récents combinant ainsi les dimensions du cube et la prise en compte de « phases » (CO-
LLABS 2009). De son côté Stahlbröst (2008, Thèse à l’Université de Lulea) proposait, à partir de
l’expérience du laboratoire de Botnie, une méthodologie (appelée FormIT) de support aux
activités du Living lab intégrant l’idée d’un design cycle (phases, itération), laquelle soutiendrait
l’initiation et l’évaluation de laboratoires nordiques. En 2012, son Living lab Methodology
Handbook (co-auteure Holst) propose une représentation du FormIT process sous la forme d’une
spirale intégrant plusieurs cycles (de conceptualisation puis de prototypage, d’innovation et enfin
de commercialisation). Comme le soutiennent Shuurman et al. (2012) qui réfèrent eux aussi à la
notion de cycle (mais selon une perspective de knowledge-brokering, sur la base des travaux
d’Hargadon et Sutton, Harvard Business Review 2000), les conceptualisations du Living lab
demeurent multiples.

Au Québec, nos efforts d’initiation (entre 2010 et 2013) de deux Laboratoires vivants dans le but
d’en évaluer l’intérêt pour le soutien à l’innovation dans deux régions ont vite été confrontés à ce
caractère multiple des conceptualisations en même temps qu’à nombre de questions à traiter
concernant des façons de soutenir des processus organisationnels autant que d’innovation, tout en
les observant, en effectuant leur « suivi » et dégageant des effets sur ou pour des territoires. Or,
du fait de cette multiplicité, la voie du pastiche (Fulgencio et al 2012 au sens ici de « collage »
plus que de copie) était impraticable, le rapprochement vers « l’idée » du laboratoire vivant

  11  
nécessitant nombre de choix, comme leur articulation dans une démarche devant pouvoir
s’énoncer pour soi et devant les autres. En lien avec ce souci, des activités de « transferts » -
aussi très importantes du côté d’ENoLL - ont été réalisées : transferts de connaissances de toute
nature entre participants rattachés à des organisations variées, transferts « d’outils » - une
« trousse » ayant d’ailleurs été créée, transferts prenant la forme de publications et de
participations à des colloques scientifiques et grand public. Cette question du transfert en
englobe une autre qui concerne l’information et la communication au sein, entre et sur les
laboratoires, à celles-ci étant lié non seulement le fonctionnement possible du laboratoire, mais la
diffusion des idées ou pratiques innovantes ou de l’innovation générée. À ces processus qui
doivent être soutenus et observés sont liées la valorisation, l’acceptation et l’intégration de
l’innovation (dans des systèmes, des organisations ou des communautés).

Tel qu’illustré dans un schéma produit dans le cadre de notre recherche au CEFRIO, la
méthodologie du laboratoire vivant rassemble ainsi un ensemble d’axes ou d’orientations
(réflexivité/action, connaissances nouvelles, observation, mesure de la valeur, transfert, prise en
comte du temps et de l’espace), incorporer à des pratiques. Sur un plan plus général, au même
titre que les sciences naturelles et sociales, la méthodologie spécifique que l’on s’efforce de
construire en lien à la fois l’approche et des expérimentations, ne peut rester étrangère à « une
période de transition majeure où la conception classique de la science, dominante depuis
plusieurs siècles, est mise en question et donne place à des efforts renouvelés de reconstruction et
de dédogmatisation » (Pires : 3). Entre une exigence de règles de méthodes fixes et universelles
et une exigence d’adaptation face aux évolutions, problèmes et complexités du « monde réel »,
plusieurs avenues de recherche se sont depuis quelques décennies constituées, la méthodes dites
« qualitatives » gagnant en importance, des méthodes dites « quantitatives » étant aussi utilisées.
Cette distinction en deux « voies » est contestée au nom d’une « méthodologie scientifique »
(Laperrière 1997:365) qui « tente de trouver des moyens de résoudre, de façon systématique et
crédible, les problèmes que lui pose la juste appréhension du monde ». À travers ces efforts de
renouvellement et débats pointerait une « nouvelle définition de la rigueur » (Laperrière: 367),
tous les résultats de recherche étant nécessairement partiels, en même temps que rattachés à une
perspective particulière qu’il importerait de préciser le plus possible.

(INSERER FIGURE 1 )

3- Living lab : conjuguer plusieurs modèles d’innovation

Objet de travaux de recherche et d’expérimentations qui se poursuivent, l’approche du


Laboratoire vivant (Living lab), d’innovation ou d’usages, prend appui non pas sur un seul, mais
sur plusieurs modèles de l’innovation.   Ces modèles ont pour caractéristique de tendre à se
démarquer d’un modèle « linéaire » dont diverses lacunes sont soulignées.

Le modèle linéaire de l’innovation renvoie à une lignée de travaux qui des années 1950 aux
années 2000 ont eu une influence profonde sur la conception et la mesure de l’innovation, de
même que les politiques scientifiques et technologiques mises en œuvre un peu partout dans le
monde. Attribué parfois à Vannevar Bush (1890-1974) (Science, the Endless frontier, 1945) chez
qui ont en trouve des rudiments, le modèle linéaire de l’innovation renvoie principalement aux
travaux de W. Rupert Maclaurin (1907-1959), professeur au MIT, lequel durant les années 1940

  12  
et 1950 (Godin 2008) s’est intéressé à l’innovation technologique et à sa mesure, à partir de
travaux pionniers de J.A. Schumpeter (1883-1950) Le modèle linéaire propose une représentation
de l’innovation sous l’angle d’un « continuum » allant de la recherche fondamentale---à la
recherche appliquée---au développement de produit---à sa commercialisation ou diffusion. Repris
durant les années 1960 par des agences publiques (dont le National Science Foundation NSF
américain) et des organismes internationaux (dont l’OCDE/OECD 1962), ces travaux, avec
d’autres qu’ils ont inspirés, ont servi durant plusieurs décades de point d’appui central aux
politiques publiques de soutien à la science et à l’innovation à travers le monde. Dès 1962, le
Manuel de Frascati de l’OCDE – adopté par les pays membres en 1963 et réédité plusieurs fois,
propose une méthodologie de classification et de mesure des activités scientifiques et techniques
et de leurs résultats à l’échelle nationale. Plusieurs familles de manuels sur l’innovation seront au
fil du temps proposé par cet organisme, dont à partir des années 1992 le Manuel d’Oslo (réédité
en 1997 et en 2005)5.
 
3.1 L’innovation ouverte et l’innovation centrée usager : vers un « nouveau paradigme » ?
 
L’innovation « ouverte » est fortement tributaire des travaux de H. Chesbrough qui dans son
ouvrage de 2003 la distinguait de l’innovation « fermée » (closed) et d’un modèle
« traditionnel », développé après la seconde guerre mondiale, suivant lequel la recherche et le
développement de nouveaux produits auraient été effectués au sein même des frontières des
entreprises. L’innovation axée ou centrée « usagers » est quant à elle fortement tributaire des
travaux de E. von Hippel (1976, 1988) qui dans Democratizing Innovation (2005 :1) parle d’un :
« manufacturer-centric innovation developments systems that have been the mainstay of
commerce for hundreds of years ». Même si l’approche a été appliquée à différents types
d’organisations, l’innovation ouverte est avant tout centrée sur l’entreprise considérée comme
source centrale d’innovation. Tout en ayant des capacités internes de R&D, celle-ci peut recourir
à des capacités externes pour effectuer de la R&D, produire des connaissances, réaliser une
innovation estimée reliée à son modèle d’affaires (business model, un facteur clé), connaissances
qu’elle pourra acquérir, distribuer ou commercialiser vers des marchés (demande). La grande
préoccupation demeure ici la survie, la compétitivité et l’essor de la firme, ainsi que la création et
la captation de la valeur d’échange. L’innovation axée sur l’usager souligne quant à elle le rôle
central possible d’usagers qui ont des besoins (des demandes) et ont des connaissances et des
capacités de réaliser eux-mêmes une innovation qui peut être ou non distribuée ou diffusée à
d’autres usagers (via plateformes, toolkits etc.), ou à des firmes et commercialisée par une firme
ou par eux-mêmes. La grande préoccupation est celle de la satisfaction de besoins et de la
création de valeur (d’usages, d’échange). Von Hippel, évoque un mouvement de démocratisation
de l’innovation. En rapport avec chacun de ces modèles, Chesbrough (2006) et von Hippel font
chacun référence à l’émergence d’un « nouveau paradigme »6.

Les références à l’innovation ouverte et l’innovation centrée usager et à des publications de


Chesbrough et de von Hippel, sont omniprésentes dans les travaux des chercheurs européens
associés à ENoLL et à des laboratoires vivants. Almirall (2008) associe directement les
laboratoires vivants à l’innovation ouverte. Santoro et Conte (2009) traitent d’innovation ouverte
en régions fonctionnelles (Open innovation in Functionnal Regions), Serra (2009) de système
d’innovation ouverte, Westerlund et Leminen (2011) d’innovation ouverte en entreprises. Mais
d’autres chercheurs intègrent à la fois l’innovation ouverte et l’innovation centrée usager, dont
Bergvall-Kåreborn et al, 2009 qui évoquent (nous soulignons) : « A new trend of user

  13  
involvement in open innovation processes ». Dès 2007 cette double référence oriente les travaux
évaluatifs de CORELABS sur les laboratoires vivants (« Networked Systems for Open user-
driven research, developement and innovation »). Celle-ci figure également dans les travaux de
la Commission européenne (2009) sur les laboratoires vivants (Living labs for user-driven open
innovation).
 
3.2 L’innovation centrée sur les êtres humains, les citoyens

L’innovation centrée sur les être humains (human centric ou centered) met pour sa part l’accent
sur le rôle estimé central des êtres humains, des citoyens, lesquels doivent être considérés comme
source d’innovation plutôt que comme consommateurs ou utilisateurs « dans le sens étroit ou
comme objet d’activités de R&D »7, soulignaient dès 2005 une équipe de chercheurs associés aux
premiers laboratoires vivants européens. Au moment du lancement d’ENoLL, sous une
Présidence européenne finnoise, l’accent fut mis sur la co-création de l’innovation à travers des
parenariats public, privé et civique (co-creation of innovation in public, private and civic
partnership » (EU Finnish 2006). En 2008, l’ouvrage collectif très important sur les laboratoires
vivants, dirigé par Schumacher et Niitano, les associait à une approche à la fois human centric et
régionale (European Living Labs – a new approach for human centric regional innovation).

Cette perspective que Leurs et Mulder (2009) qualifient d’humainement centrée (human-
centered) est liée surtout à des courants qui se sont développés du côté du design8 (user  centered
design process (Rubin 1984)9 ou human centred design ), de l’ergonomie (Human factors and
Ergonomic study ou HFES), des études des interactions entre humains et technologies (human-
computer interaction HCI, Shneiderman 1987), plusieurs autres disciplines ou champs d’études y
contribuant (sciences informatiques, génie, sciences cognitives, psychologie, communication,
sciences de l’éducation, sciences humaines et sociales, arts et autres). Tout en insistant sur
l’importance de bien saisir ce qui caractérisent les contextes spécifiques ou des êtres humains (ou
« opérateurs ») sont appelés à agir, contextes qui peuvent influencer leur santé, leur sécurité et
leur action, ce modèle s’intéresse aux différentes étapes, ou « cycle de vie » d’interaction
humains/systèmes (life cycle) à travers lesquelles ceux-ci peuvent envisager des problèmes et des
solutions « utilisables » (usability, Dumas 1988). On tend à intégrer la créativité et la production
de signification auxquelles serait liée l’innovation. On s’intéresse à l’expérience et aux capacités
sensori-motries et cognitives (symboliques ou culturelles, de production d’informations et de
connaissances) des « usagers » (ou utilisateurs). Porteurs d’aspirations et de besoin, ces
« usagers » sont aussi rattachés à des cadres collectifs et considérés à ce titre comme des acteurs
sociaux ou des citoyens (« users in their role as citizens », Santoro et Conte 2009).  
 
L’innovation centrée sur les êtres humains et les citoyens peut également mettre l’accent sur les
groupements(société, communautés) qu’ils forment et pour lesquels des innovations sont
recherchées ou qu’ils pourraient constituer (« communautés », « écosystèmes »), ce qui la
rapproche de l’innovation sociale ou sociétale. Hirvikoski (2011) traite dans cette perspective de
Laboratoires vivants (Senior Lab à Cornella et FinalSpurt à Helsinki et Caring TV à Espoo) où l’
« innovation, value creation and service co-design is driven by senior citizens. They all empower
seniors and other stakeholders by co-creating shared value ». Références sont faites à une
innovation ouverte, humainement centrée impliquant les citoyens dans des changements
sociétaux majeurs (open, human-centric…engaging citizens for major societal challenges et plus
loin large scale user/citizen/consumer behaviour transformation).

  14  
 
3.3 L’innovation sociale ou sociétale

Des recherches et expérimentations sur les laboratoires vivants font référence à l’innovation
sociale ou sociétale. Celle-ci occupe une place centrale dans les travaux de Schaffers, Merz,
Guzman (2008) sur un réseau de laboratoires vivants ruraux10. En 2009, une équipe suisse liait le
laboratoire vivant à la maîtrise du changement et à la promotion de l’innovation technologique et
sociale (Genoud et al 2009). Aldea-Partanen (2011) l’associe à de nouvelles façons d’envisager et
de réaliser l’offre de services aux jeunes dans des régions éloignées de Finlande. Hirvikoski
(2011) la relie à plusieurs laboratoires vivants centrés sur la problématique d’un vieillissement
actif et en santé.

L’innovation sociale peut être envisagée de plusieurs façons. Celle-ci peut être associée à des
mesures (produits, services, infrastructures, technologies, etc.), à l’usage de méthodologies
adaptées à des groupes d’acteurs partageant des caractéristiques (jeunes, personnes âgées).
L’innovation sociale peut également viser des transformations de champs (approches, pratiques,
régulation, etc.), d’intervention publique (santé, éducation, ressources naturelles et énergétiques,
environnement, entrepreneuriat, etc.). Ces transformations touchant le système social (ou des
sous-systèmes), on pourra les considérer comme des innovations « sociétales ». Par ce terme, on
peut aussi viser des défis (ou des « problèmes ») collectifs ou partagées par des ensembles
d’acteurs et auxquels des innovations pourraient apporter des solutions (Oliveira 2011) (ex.
changements climatique, éco-efficience appliquée à différents domaines, dont au transport et au
tourisme, changements démographiques, gestion des ressources naturelles, énergétiques, de l’eau,
sécurité alimentaire, gestion des déchets, imputabilité des administrations publiques,
communication publique et médias, inclusion sociale, mobilité, sécurité)11, des défis propres à
des collectivités ou communautés (vitalité, (re)dynamisation, responsabilisation), voire la
constitution de systèmes socio-techniques d’innovation (« social-technical systems of
innovation », Schaffers et al. 2010). Ces auteurs écrivent : « rural living labs are mechanisms for
redefining and reconstructing rural activities –economic and social ». L’innovation « sociétale »
peut également faire référence au fait que ce sont toutes les composantes de la société ou toute la
société qui sont concernées ou englober la conception ou la transformation d’une vision ou d’un
modèle de société vers un modèle de société ou de développement nouveau ou renouvelé12.

3.4 L’innovation territoriale

Difficilement réductible à quelques termes13, l’innovation territoriale est tributaire de plusieurs


courants reliés (Lafontaine 2005) qui depuis les années 1970, autour en particulier de travaux de
J. Friedmann et de P. Aydalot) ont mis l’accent sur l’importance de la « vie territoriale » (et un
«paradigm shif in regional planning ») (Friedmann et Weaver 1979, Friedmann s’étant intéressé
au développement tant régional que métropolitain et urbain dans une perspective « endogène » et
« ressources », « assets-based ») et sur celle des « milieux innovateurs » (Aydalot 1986 travaux
poursuivis au GREMI avec Maillat, Camagni et de nombreux autres chercheurs). Une bonne
partie de ces travaux cherche à clarifier le rôle des territoires pour le développement socio-
économique, mettant l’accent sur le caractère territorial ou territorialisé (« spatio-temporel ») des
pratiques et dynamiques sociales et économiques. D’autres facteurs sont également considérés
cruciaux : les « externalités » (ou « avantages ») liées à la localisation dont les entreprises
peuvent bénéficier, la « proximité » (géographique et autres : organisationnelle, institutionnelle,

  15  
culturelle, cognitive, de relations plus ou moins distantes et d’échelles variables, proximités
« temporaires ») des acteurs (Rallet et Torre 2007 ; Gumuchian et al. 2003). On pointe aussi le
rôle des « apprentissages collectifs » (learning) (Capello et Faggian 2005), des technologies les
institutions, la   « gouvernance » et les coordinations, mais également les « ressources »
(« naturelles », « culturelles » et autres, existantes, latentes ou construites) spécifiques à des
territoires (Lamara 2009 ; Peyrache-Gadeau et Pecqueur 2004) où que seraient les territoires
(Lacour 2000). Au cœur de ces travaux, on retrouve plusieurs débats autour des « régions
gagnantes » (Benko et Lipietz 1992) ou « qui perdent » (Côté et Proulx 1995), de la
spécialisation (en « clusters », en « systèmes productifs », pôles ou créneaux de compétitivité)
versus la diversification des activités sur les territoires14.
 
Du côté des Laboratoires vivants associés à ENoLL, de nombreuses recherches et
expérimentations associent, plus ou moins explicitement, innovation et territoire, les noms de
nombreux laboratoires faisant d’ailleurs référence à des lieux (de région, municipalité, quartier,
pays http://www.openlivinglabs.eu/livinglabs). Que ceci soit le cas ou non, de nombreux
laboratoires intègrent parmi leurs objectifs, des visées spatialement marquées de soutien au
développement (économique, régional, rural, local, PME, compétitivité, socio-culturel) et à
l’innovation (ouverte, usager, sociale). Jesse Marsh (2008, 2010) relie quant à lui innovation
territoriale et développement régional, expliquant comment les laboratoires vivants peuvent les
soutenir en mettant l’accent sur la participation des acteurs des « communautés » à des projets.
Dans sa présentation de 2010, la notion de « territorial living lab » (Laboratoire vivant territorial)
est proposée, soit qui: « … integrally applies the LL approach to a territory and its citizens, its
model of governance and its strategic plans for the future: in essence, it can be conceived of as a
new model for regional development » (souligné par l’auteur). Le réseau de laboratoires vivants
MEDLAB (8 pays) expérimente l’approche ainsi définie. Plus récemment, un atelier présidé par
Molinari (2012)15 avait comme objet la transformation de régions en laboratoires d’innovation.
Molinari (2012) présente les résultats préliminaires de la formation de deux réseaux de
laboratoires vivants (living labs) transfrontaliers (Italie et France) dans les domaines de l’énergie
intelligente (smart energy) et de la mobilité intelligente (intelligent mobility). Selon Marsh (2008)
la recherche d’une plus grande compétitivité et de durabilité au plan social et environnemental
(environnemental and social sustainability) implique la prise en compte des dimensions spatiales
ou territoriales des dynamiques socio-économiques et des aspects géographiques, culturels,
sociaux et institutionnels des territoires, lesquels ont un « tissu » spécifique (fabric of the
territory). Ces derniers ont des « potentiels » liés à un capital territorial (territorial capital) et à
des infrastructures (TIC et autres) qu’il faut parvenir à valoriser de manière innovante pour
assurer leur développement durable (sustainable development). Au sein des territoires, des
« demandes » de produits ou services innovants pourraient être envisagées et articulées avec les
capitaux territoriaux existants et des stratégies d’innovation à mettre en œuvre avec le concours
des laboratoires, une « gouvernance » territoriale intégrée des processus d’innovation
(Intergrated model for governance of Innovation processes) étant par ailleurs considérée
nécessaire, pouvant impliquer plusieurs politiques publiques. Selon Marsh qui en a observé
plusieurs (notamment en Italie), le rôle des laboratoires vivants comme outil de développement
régional serait significatif (role as regional development tools is signifiant), misant sur une
perspective « transversale » plutôt que « sectorielle », ceci bien qu’une évaluation précises des
retombées (evaluate the outcomes), fonctions d’objectifs, doive être faite. Le contexte régional, la
région et le développement régional sont aussi au centre des préoccupations de Santoro et Conte
(2009). Or, selon eux, la communauté des usagers d’un laboratoire vivant prend forme sur un

  16  
territoire qui compte déjà diverses organisations, institutions et groupements, dont possiblement
un ou des « clusters », le défi étant d’y trouver place, tout en soutenant la cohésion d’ensemble.
Les laboratoires vivants pourraient ainsi s’insérer dans le développement de clusters pouvant y
jouer divers rôles (conception de modèles organisationnels, établissement de plateformes
informatiques permettant le suivi de processus, rassemblement de ressources professionnelles
compétentes, fourniture de services professionnels, réunion d’usagers pour les faire participer à
des processus créatifs de recherche de solutions et les tester, etc.). Ceux-ci pourraient ainsi palier
à plusieurs difficultés auxquelles font face plusieurs régions (manques de connaissances,
notamment sur les technologies, ou de ressources professionnelles, manque de mécanismes et
processus pour valider des opportunités de développement de produits, services ou infrastructures
innovants, ou pour intégrer les usagers dans les différentes phases de celui-ci).

En 2011, Schaffers et al. (voir aussi Fireball 2012) envisagent pour leur part les laboratoires
vivanr dans l’optique du développement d’écosystèmes urbains et régionaux ou « territoriaux »
d’innovation (urban and regional innovation ecosystems, territorial innovation systems) dont la
mise en œuvre nécessiterait des partenariats ou environnements « intelligents » (« smart ») et
coopératifs nouveaux. Plusieurs modèles spatiaux (ou socio-spatiaux) possibles sont envisagés :
cyber « cities from cyber space » ; digital « cities from digital representation of cities, virtual
cities, second life cities, sitmulation citie » ; intelligent « cities from collective intelligence of
citizen, crowdsourcing, collaborative learning etc »; smart « cities from smart phone, mobile
device, sensors, etc ». Tout en affirmant l’importance des « systèmes d’innovation territoriaux » à
mettre en œuvre, ces auteurs évoquent celle des « niveaux » territoriaux à travers lesquels des
collaborations pourraient être réalisées.

3.5 L’innovation basée sur les données ouvertes

Un mouvement du logiciel libre ou open source a pris forme durant les années 1990 dans la
foulée du développement du noyau LINUX, crée en 1991 par Linus Benedict Torvalds, un
informaticien américano-finlandais auquel Eric S. Raymond (The Cathedral and the Bazaar :
Musings on Linux and Open Source by an Accidental Revolutionary 1999) attribue la création
d’un modèle alors inédit. Distingué de modèle « cathédral », le modèle du « bazar » en est un ou
le code du logiciel est développé par internet, permettant de le tester, de l’expérimenter et
d’identifier d’éventuels problèmes (« bugs ») plus rapidement. Le logiciel open source, offrant
une liberté d’accès au fonctionnement, ou code source, d’un logiciel, est à distinguer du logiciel
libre et gratuit (free software). Ce mouvement croise celui, distinct toutefois, du « Open Data »
préconisant une ouverture large des données, dont les données publiques. Les autorités publiques
(gouvernements, agences) de plusieurs pays soutiennent maintenant diverses initiatives d’esprit
open source : offre d’outils à code ouvert gratuits de traitement ou analyse de données (à des
organismes gouvernementaux, des entreprises et le milieu universitaire en vue de stimuler des
applications, des tests de ces outils et leur développement et travaux de recherche), ouverture et
partage de données publiques. Aux USA, Data.gov (sous-titré : « Empowering the people ») (
http://www.data.gov/) est lié à une initiative lancée par l’administration Obama en 2009. Sur le
site de Data.gov, on peut lire que Data.gov pave la voie à la démocratisation des données du
secteur public et à l’innovation (Data.gov is leading the way in democratizing public sector data
and driving innovation). On souligne également que le « mouvement s’est étendu à des villes et
comtés, des états/régions, des pays, une carte interactive menant à ceux-ci étant accessible
(http://www.data.gov/opendatasites, consulté février 2013). Depuis le 24 décembre 2012, la

  17  
Commission européenne a aussi son portail : le Concentrateur Open Data qui a « pour but
d’encourager l’utilisation de données publiques, la transparence et l’innovation » (Stratégie
d’open data de la Commission européenne) (http://open-data.europa.eu/open-data/fr). Le portail
favorise et développe le rassemblement de données sur l'Europe.

Du côté d’ENoLL, en 2010 (conférence LIFT en juillet à Marseille), Jarmo Eskelinen (alors vice-
président du réseau et associé au Living Lab Forum Virium d’Helsinki), soulignait l’intérêt des
données de source publiques (Open public data) comme ressources pour l’innovation pilotée par
l’usager (resource for user driven innovation). ENoLL s’inscrit également dans un mouvement
d’Open Data for Development (données ouvertes pour le développement),
http://openforchange.info/oddc12). Plusieurs projets européens coordonnés par des chercheurs
associés à ENoLL et à des laboratoires impliquent des citoyens, des développeurs et des autorités
publiques en vue de la construction d’infrastructures de communication gérées par la base et
d’applications « civiques » incluant un accès ouvert à la large bande et à des réseaux de capteurs
(sensors), à des données ouvertes (Open data) et au crowdsourcing.16 Le projet Common4 Europe
a été lancé en mars 2012, inspiré par Code for America, une organisation mise sur pied en 2011(
http://codeforamerica.org/).Common4 Europe, avec Open Cities, coordonné E. Almirall
(chercheur associé à ENoLL) est centré sur quatre thèmes : les données ouvertes (open data), le
crowdsourcing, les laboratoires urbains (urban labs) et les services à large bande à haute vitesse.
Intégrant huit villes européennes (de Manchester à Istambul), le projet CitySDK (pour Service
Development Kit http://www.citysdk.eu/european-network-of-living-labs/), co-financé par
l’Union Européenne (2009-2014), a fait l’objet d’une couverture (The Economist, 27 oct 2012)17,
où l’on souligne l’importance de la mise à la disposition de données pour la création de services
urbains numériques nouveaux (et d’applications), notamment dans les domaines de la
participation intelligente, de la mobilité intelligente et du tourisme intelligent.

Les différentes perspectives sur l’innovation que nous venons d’exposer renvoient à des
compréhensions distinctes des facteurs en cause et à des énoncés d’objectifs variés dont la
clarification et l’intégration reste à l’ordre du jour pour un ensemble de domaines scientifiques et
de pratiques, y compris pour l’action publique (Moulaert et Sekia 2003; West et Bogers 2010 ;
Gianodis 2010).

Discussion

Ce texte a concerné l’émergence du Laboratoire vivant (Living lab), une « idée » récente ainsi
que les expérimentations de « réels » laboratoires vivants, d’usages ou d’innovation qu’elle a pu
inspirer, rares avant les années 2000. Aujourd’hui pourtant le réseau ENoLL lancée en 2006 en
Europe et maintenant constitué en fédération internationale compte plus de 300 laboratoires alors
que de nombreux autres prennent forme, certains croisant des cités ou régions que l’on s’efforce
de rendre (plus) « intelligentes » (Fireball 2012) ou d’autres « lieux » ou dispositifs de soutien au
développement et à l’innovation existants ou émergents. Un « succès » ? Certainement. Les
soutiens publics européens obtenus – qui ont à la fois favorisé l’initiation de laboratoires et la
recherche évaluative les concernant – ont certainement aussi compté. Dès le départ, des
chercheurs reliés à des institutions universitaires, certaines très prestigieuses, et à des
laboratoires, ont publié et diffusé des travaux, ceux-ci étant le plus souvent réalisés en équipe.
Des réalisations donc, alimentées par un engouement qui semble se maintenir et tenir davantage

  18  
d’un mouvement social et scientifique constitué à la faveur de transformations dont plusieurs
cherchent à se saisir. Ces transformations nous paraissent moins d’abord technologiques que
culturelles, les premières fournissant pourtant des bases radicalement nouvelles et des « outils »
désormais possibles, et les secondes, l’impulsion de leur « appropriation » pour en « faire quelque
chose ». Ce sont là des transformations qui concernent à la fois les manières de produire,
d’échanger, de réguler (« la gouvernance »), d’être soigné, de circuler, de se nourrir et de se
divertir, etc.

Si, comme nous l’avons indiqué, les « principes » auxquels on peut associer l’approche du
laboratoire vivant rejoignent un ensemble de questions scientifiques et sociétales cruciales, ceux-
ci, avec la méthodologie que l’on s’efforce de développer, permettent de les aborder en
combinant réflexivité continue (et « transferts ») et expérimentation, portant attention à des
processus reliés et surtout aux activités « réellement » accomplies par lesquelles des « réponses »
peuvent être apportées, des besoins satisfaits, des solutions imaginées, testées et proposées. Ce
faisant, c’est le postulat même de la constructibilité possible du monde qui s’en trouve mis à
l’épreuve « réellement », et avec lui, la puissance d’agir d’une culture de la contribution (Proulx
2011)

Pourtant, les Laboratoires vivants sont loin de prendre forme en apesanteur sociale et politique :
« immersion » des participants dans des contextes et réseaux « réels » et des rapports d’échange
et de pouvoirs, accès aux ressources, définition et accaparation de la valeur, contrôle
d’orientations, réalisation de tâches, etc.). Les constituer « réellement » à travers l’espace et le
temps demeure à la fois très difficile et chargé d’enjeux. Car ce faisant, les acteurs humains,
citoyens, usagers des Living labs et de Cités et régions voulues plus « intelligentes » et mieux
régulées, prennent aussi part à constitution de formes d’organisations sociétales et spatiales
nouvelles au devenir incertain, notamment au plan de l’établissement de systèmes institutionnels
interreliés. À moins que ne soit ainsi hâtée leur dissolution possible (Freitag 1971, 2002) ceci
sous l’influence « d’idées » concernant la puissance d’une technicité qui, comme le rappelait avec
insistance Simondon (1969), relève de la culture, à l’instar d’autres « variables
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mais dont la compréhension doit progresser pour espérer mieux soutenir l’innovation.

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1  Crédits: notre recherche s’inscrit dans le projet du CEFRIO (Centre  facilitant  la  recherche  et  l'innovation  dans  les  
organisations   http://www.cefrio.qc.ca/) « Des laboratoires vivants pour des territoires innovants » (2010-2013).
Placé sous la responsabilité de V. Tanguay, secondé par G. Bertrand, celui-ci a impliqué de nombreux autres
chercheurs (Demers F, Lagacé M, Boire M) et collaborateurs et participants associés aux Laboratoires vivants de
Longueuil et de Gaspésie. Un financement du MDÉIE (Ministère du développement économique, de l’innovation et
de l’exportation) a été obtenu.  
2
http://www.openlivinglabs.eu/aboutus# (dernière consultation 31 mai 2013).
3
Dans CORELABS (2007), une reference (7) fait mention d’une communication sur le même sujet de Mulder et al.
2007.
4
Termes en français selon la traduction de Genoud et al. (2009). Ceux en anglais de Mulder et al. 2008 figurent entre
parenthèses.    
5
Selon un document du Réseau rural français: « Dans le Manuel d’Oslo, l’innovation technologique est
essentiellement considérée dans la sphère de l’entreprise et du marché. Dans une telle approche, aucune place n’est
faite pour d’autres formes ou d’autres lieux d’innovations susceptibles d’être mises en oeuvre par des acteurs
publics, para-publics, voire privés mais relevant du secteur de l’économie mixte par exemple ».
6
Dans « A customer active paradigm… » (1977), il écrit : « It is hypothesized that the customer-active paradigm
offers a better fit to industrial product idea generation practice than does the manufacturer-active paradigm ».
7
Selon Niitamo et al. (2005) : « The human-centric approach in Living Labs conceives of human beings, citizens and
the civic society as a source of innovation and not just as users or consumers in a narrow sense being an object for
R&D activities ».
8
Orientations intégrées à ISO 13407 (1999), révisées par ISO 9241-210 (2010), http://www.iso.org.
9
Rubin (1984) insiste sur l’importance de considérer les usagers dès les premiers moments de la conception, de
« test » et mesures empiriques des usages. La notion de « tâche » (task) est introduite, mettant l’accent sur des
activités réalisées.
10
De nombreuses publications et rapports sont liés au projet C@R qui a impliqué de nombreux laboratoires dans
plusieurs pays (Europe et Afrique du sud) et participants. Voir également Schaffers et al 2010 ; Herselman et al
2010.
11
ENoLL soutient la formation de réseaux thématiques (efficience énergétique, bien-être et santé, villes intelligentes,
innovation sociale, gouvernement en ligne, média créatifs, tourisme et culture, développement régional, territorial et
rural, mobilité durable, développement industriel et logistique, sécurité).
12  Les travaux du CRISES (Centre de recherche sur les innovations sociales, Montréal) (Klein, et al. 2010) et de C.
Bouchard ont inspiré le RQIS (Réseau québécois en innovation sociale) dans l’élaboration d’une définition de l’IS:
« Toute approche, pratique, intervention ou encore tout produit ou service novateur ayant trouvé preneur au niveau
des institutions, des organisations ou des communautés et dont la mise en oeuvre résout un problème, répond à un
besoin ou à une aspiration ». http://ptc.uquebec.ca/rqis/node/115.
13
Ce qui n’empêche pas des efforts et ce sens comme ceux du Réseau rural Français (2011). On précise ne pas avoir
« abouti à ce jour à une définition commune normée, directement opérationnelle pour une analyse des
programmes ». Le Dossier rend compte d’initiatives pour cerner l’innovation rurale (dont celles soutenues par le
programme LEADER+, les Pôles d’excellence rurale et RURALTIC, les Trophées européens d’innovation
Territoriale (lancés en 2008).

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14  Au Québec ces débats sont nourris par les contributions de nombreux chercheurs et équipes de recherche (Revue
d’économie régionale et urbaine 2012 (4), La science régionale au Québec.
15
Molinari présidait l’Atelier « How to transform a Region into a Broad-Reaching Laboratory for Innovation and
Improve the Innovative Capacity of Cross- Border Production Systems » (ENoLL, École d’Été d’Helsinki, 23 août
2012).
16  Selon Merriam-Webster, le terme serait apparu en 2006 pour désigner : « the practice of obtaining needed
services, ideas, or content by soliciting contributions from a large group of people and especially from the online
community rather than from traditional employees or suppliers ».
17
Le texte débute par ceci : « Cities are turning into vast data factories ». On peut lire : « The European Union is
sponsoring a project called CitySDK, involving eight cities from Manchester to Istanbul, to give developers data and
tools to create digital urban services. One pilot, in Helsinki, is meant to make it easier for citizens to report
problems. Another, in Amsterdam, will use real-time traffic data to allow people to find the best way around townand
avoid traffic jams. A third, in Lisbon, will guide tourists ».

FIGURE 1

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