Vous êtes sur la page 1sur 20

Université Gaston Berger – Revue de Géographie du Laboratoire Leidi (RGLL)

Revue de Géographie du Laboratoire Leïdi


«Dynamiques des territoires et développement» - ISSN 0851-2515

Université Gaston Berger. B.P. 234 Saint Louis du Sénégal


Tél: (00221) 33 961 18 84. E-mail: tourelabaly@yahoo.fr
Contact: M. Boubou Aldiouma SY UGB/(00221) 77 659 75 82
E-mail: boubou-aldiouma@ugb.edu.sn

Directeur: Pr Mamadou Moustapha SALL

Rédacteur en chef: Pr. Boubou Aldiouma SY

Rédacteur en chef adjoint: Pr. Mouhamadou Mawloud DIAKHATE


Secrétaire de rédaction: M. Labaly TOURE
Membres fondateurs: André D'ALMEIDA, Serigne Modou FALL, Oumar DIOP, Cheikh SARR,
Boubou Aldiouma SY, Mouhamadou Mawloud DIAKHATE, Sidy Mohamed SECK, Abdou
DIA, Cheikh Samba WADE, Ndiacé DIOP, Henri Mathieu LÔ, Papa Demba FALL

1. Comité scientifique et de lecture


1.1. Pour l’Afrique de l’Ouest
- Pr. Ndiawar SARR, Ancien Recteur UGB, président d'honneur
- Pr. Gora MBODJI sociologue, Directeur de l'UFR Lettres et Sciences Humaines (UGB)
- Pr. Mamadou Moustapha SALL géomorphologue, UCAD
- Pr. Alphonse YAPI-DIAHOU, géographe urbaniste, ENS, Abidjan
- Pr. Lat Soucabé MBOW géographe urbaniste, UCAD
- Pr. El Hadji Salif DIOP géomorphologue, UCAD
- Pr. Mamadou DIOUF historien, CODESRIA, Dakar
- Dr. Sidy Mohamed SECK (Docteur D’Etat), géographe ruraliste, UGB Saint Louis
- Dr. Patrick D'AQUINO géographe, CIRAD/SAR/ISRA, Saint Louis
- Pr Constant HOUNDENOU, Agroclimatologie, Univ. Abomey-Calavi, Bénin
- Pr. Alioune KANE, géographe, UCAD
- Pr. Amadou Tahirou DIAW, géographe (géomorphologie), LERG EPT/UCAD
- Pr. Oumar Diop, aménagiste, UGB, Sénégal
- Pr Géraud MAGRIN géographe CIRAD, France
- Pr Ibrahima Bouzou MOUSSA, géomorpholoque, UAM, Niger
- Pr Famagan-Oulé KONATE, géographe, Université de Bamako (Mali)
-Pr Souley WADE, géographe Université Cheikh Anta DIOP (Sénégal)
-Pr Papa Goumba LO, Université Cheikh Anta DIOP (Sénégal)

1
Université Gaston Berger – Revue de Géographie du Laboratoire Leidi (RGLL)

1.2. Pour la France


- Pr. Honoraire Jacques BETHEMONT hydrologue, Univ J. MONNET (UJM), Saint Etienne
- Pr. Honoraire Claude BATAILLON spécialiste des questions du Tiers-Monde, Université de
Toulouse le Mirail (UTLM).
- Pr. Marcel LEROUX climatologue, Laboratoire de Géographie Physique/climatologie et
changements climatiques CNRS-URM 5600, Université Jean Moulin (UJM) de Lyon
- Pr. Charlery de la MASSELlERE géographe aménagiste, UTLM/Institut Français de
Recherche en Afrique, Naïrobi
- Pr. Amick OSMONT géographe urbaniste, Laboratoire Théorie de Mutations urbaines
CNRS 7543, Université de Paris VIII.
- Pr. Jean Louis COLL géographe aménagiste, UTLM Toulouse.
- Pr. Jean Christian TULET géographe ruraliste, UTLM Toulouse.
- Pr. Jean L. PIERMAY géographe urbaniste, Université Louis Pasteur (ULP), strasbourg.
- Pr. Christine JACQUEMINET spécialiste des milieux sec/télédétection, UJM Saint Etienne.
- Dr. Bernard LACAZE ingénieur CNRS SIG / télédétection, UJM Saint Etienne.
- M. Bernard DUPUIS ingénieur CNRS SIG / infographe, UJM Saint Etienne.
- Pr. Thierry JOLIVEAU, géographe, SIG, Saint Etienne
- Pr. Michel LESOURD, géographe, Université de Rouen

2. Directives rédactionnelles
Le comité de rédaction demande aux auteurs le respect des normes qui suivent:
2.1. L'identification: le nom de l'auteur devra suivre le titre de l'article, avec mention de
sa qualité et de rattachement institutionnel
2.2. Les résumés seront en français - environs 500 à 700 mots - et en anglais.
2.3. Les mots clés doivent couvrir le champ thématique et le champ géographique
2.4. Le texte devra être saisi avec le logiciel Word (joindre une sortie de contrôle sur
papier en 02 exemplaires, qui accompagneront le CD).
Le nombre maximum de signes admis par article est de 22500, soit 15 pages, 60 signes
par ligne, page recto en interligne 1.5 Times New Roma.
2.5. Les tableaux et figures - la taille des croquis est définie par le module 25 x 18 cm
représentant une pleine page fractionnable par colonne de 6,5 cm, 13,5 cm toutes les
illustrations (6 maximum) seront accompagnées de légendes.
Exemple: DANCETTE C., POULAIN J.F. (1968). Influence de l'acacia albida sur les facteurs
pédologiques et les rendements des cultures. African soils; 3: 197-239.
2.6. Cartographie automatique
Les fichiers informatiques de dessin (cartes ou graphiques) réalisés avec les logiciels
adobe illustrator ou Aldus Adobe Freehand avec sélection sur couches, donnent à
l'impression les meilleurs résultats. II est préférable de les fournir en P.C.
Pour les figures réalisées sur d'autres logiciels (Draw, Mapinfo, ArcView, Corel Draw,
etc.) fournir des fichiers format Pict ou Dxf.

Tous les fichiers en pixels (Bitmap) sont exclus à l'exception de photos ou fonds gris
légers.
Nota bene
Nb 1. Les auteurs sont entièrement responsables du contenu de leurs contributions.
Nb 2. La Revue de Géographie du Laboratoire Leïdi paraît 2 fois dans l’année, décembre et juin.
Nb 3. Le nombre d’instructions pour accepter une contribution est de 2 au moins.
Nb 4. Un article publié dans la RGLL exige de ses auteurs une contribution financière de 10 000 f.

2
Revue de Géographie du Laboratoire Leïdi – ISSN0851-2515 – N°09, décembre 2011

Editorial
La Revue de Géographie du Laboratoire Leïdi «dynamiques des territoires et développement»
souhaite à tous ses contributeurs une bonne et heureuse année 2012. Notre Revue parait
désormais en ligne; nous vous demandons de soutenir cette perspective pour être davantage en
phase avec le rythme actuel de nos productions scientifique.

Le N°09 parait avec 19 contributions dans les domaines de l’environnement et de la société


dans l’espace. La direction de la RGLL remercie les auteurs des articles et ouvre en même
temps un appel à contribution pour le N°10 de décembre 2012.

Sommaire
1. Expédit Wilfrid VISSIN; Luc O. SINTONDJI et HOUNDENOU Constant.
Changement climatique et déficit en eau dans le bassin du Zou à Atchérigbé, pp. 01-13.

2. WATANG ZIEBA Félix. Les paysans de l’Extrême-Nord Cameroun face aux


changements climatiques: entre émigration et adaptation, pp. 14-26.

3. BODIAN Ansoumana; DACOSTA Honoré et DEZETTER Alain. Analyse de la


variabilité des précipitations dans le haut bassin du fleuve Sénégal, pp. 27-43.

4. Cheikh MBOW; Awa DIOUF, Ole MERTZ; Ibrahim Bouzou MOUSSA; Abdou
MAIGA et Aliou KA. Variabilité climatique et dynamique des ressources forestières dans le
Sahel, pp.44-56.

5. KLASSOU Komi Selom. Le barrage hydroélectrique de Nangbeto (Togo-Bénin), vingt


cinq ans après sa mise en eau, pp. 57-74

6. Pascal SAGNA; Yaya Mansour DIEDHIOU; Cheikh Samsidine BADIANE et Cheikh


Bourama DJIBA.. Impacts de l’hivernage 2007 sur les cultures en moyenne et haute
Casamance: cas des communautés rurales de Bona et de SaréBidji, pp. 75-89.

7. Boubou Aldiouma SY; Ignacio Alonso BILBAO et Amadou Abou SY. Résultats des
mesures et des observations in situ du mouvement des débits solides éoliens à la station de
Gadga dans le Gandiolais au Sénégal, pp. 90-104

8. COULIBALY Kélémory. Le désordre dans les constructions à Abidjan, pp. 105-123.

9. SY Oumar. Dynamique de la transhumance et perspectives d’un développement intégré


dans les régions agro-sylvo-pastorales du Ferlo (Sénégal), pp. 124-139.

10. Edinam KOLA. Aménagement hydro-agricole et mutations spatio-démographiques à


Amou-Oblo dans la vallée de l’Amou (Sud-Togo), pp. 140-156.

11. Famagan-Oulé KONATE. Problématique de l’approvisionnement en eau potable des


populations de la ville de Fana dans la région de Koulikoro au Mali, pp. 157-171.

1
Revue de Géographie du Laboratoire Leïdi – ISSN0851-2515 – N°09, décembre 2011

12. Joseph P. ASSI KAUDJHIS. Application du Système d’Information Géographique (SIG)


dans l’évaluation du potentiel piscicole paysan de la Côte d’Ivoire, cas de la Région du
Centre-Est, pp. 172-192.

13. Djibril DIOP. L’accès à l’eau potable dans la métropole dakaroise enjeux et perspectives,
pp. 193-210.

14. Follygan HETCHELI. Réflexion sur l’extraction de sable et ses impacts dans les zones
rurales proches de Lomé au Togo, pp. 211-225.

15. Koffi JULIUS. Le diagnostic de la production et de la commercialisation des vivriers


dans le département de Tanda, Nord-Est de la Côte d’Ivoire, pp. 226-241.

16. Joseph Adam AKPAKI. Marché à bétail autogéré et développement de la commune de


Gogounou au Bénin, pp. 242-263.

17. MOUSSA Diakité. La problématique de la politique d’autosuffisance en riz en Côte


d’Ivoire, pp. 264-282.

18. Koudzo SOKEMAWU. Les incidences de la dermatophilose contagieuse bovine sur la


productivité des bovins dans la Région des Savanes du Togo, pp. 283-299.

19. Grah Félix BECHI. Le milieu face a la dynamique urbaine a Bingerville en Côte-D’ivoire,
pp. 300-321.

2
Revue de Géographie du Laboratoire Leïdi – ISSN0851-2515 – N°09, décembre 2011

Problématique de l’approvisionnement en eau potable des populations de la


ville de Fana dans la région de Koulikoro au Mali
M. Famagan-Oulé KONATE1

Résumé
Pôles d’attraction puissants, les villes, en général et celles du Mali en particulier, attirent de
plus en plus de populations, en provenance du milieu rural à la recherche d’éléments vitaux :
opportunités de travail, échanges de biens ou d’informations, loisirs, etc.

Cependant, la gestion de ces villes reste un défi dans de nombreux domaines: assainissement,
chômage des jeunes, aménagement des voies. A cette liste, s’ajoutent les difficultés
d’approvisionnement en eau potable pour un nombre sans cesse croissant de population
urbaine.

Les statistiques collectées dans cette recherche concernent Fana, une ville secondaire de la
région de Koulikoro au Mali. Elles permettent d’analyser la problématique
d’approvisionnement en eau potable des populations de cette ville.

Mots clés: Problématique, approvisionnement, eau potable, source, Contraintes de gestion

1. Introduction
Il se produit actuellement dans le monde entier un important phénomène de transition
concernant les villes; une évolution inédite dans l’histoire de l’humanité. Au cours de la
prochaine décennie, plus de la moitié de la population mondiale, soit 3,3 milliards de
personnes vivront dans les zones urbaines. C’est dans les pays en développement que le
phénomène est plus prononcé avec des populations urbaines, qui s’accroissent de 3,5 % /an,
contre 1 % dans les régions les plus avancées (DORIER, 1993).

Les villes présentent de nombreux avantages et la Banque mondiale (Rapport 2009) estime
que dans les pays en développement, jusqu’à 80 % de la croissance économique future aura
lieu dans les villes et agglomérations urbaines. En effet l’urbanisation offre de meilleurs
services de santé, d’éducation, etc.

Les nombreux défis, qui se posent aux villes africaines ont été largement développés par
GAPSI (1991). Les nuisances environnementales (pollution atmosphérique, pollution des
eaux souterraines et de surface) et le manque d’accès à l’eau salubre ont été largement
analysés par BOUGUERRA (2003).

L’eau est considérée comme source de vie (LINGANE, 1992), mais sa gestion reste un des
défis majeurs pour l’humanité et la communauté internationale y consacre une partie
importante de ses moyens (Nations Unies, 2003 et JOUVE, 2003).

1
Maître de Conférences, département de Géographie, Université de Bamako Mali

157
Revue de Géographie du Laboratoire Leïdi – ISSN0851-2515 – N°09, décembre 2011

Les différentes sources d’eau utilisées par les populations maliennes ont été largement
décrites dans les conclusions de l’enquête légère intégrée auprès des ménages (Ministère de
l’Economie, de l’Industrie et du Commerce, 2007).
Ainsi le pourcentage de ménages ayant accès à l’eau potable était de 66,4 % (COULIBALY,
1996). On observe des disparités régionales d’accès des populations à l’eau potable : Bamako,
la capitale malienne, présentait un taux d’accès de 88 % contre 45,7 % en moyenne pour les
autres villes du Mali (MEA, 2006). De ce constat, il se dégage que l’on est encore loin des
Objectifs du Millénaire pour le Développement (ODM), qui prévoient de réduire de moitié la
proportion de la population qui n’a pas accès à l’eau potable.
Qu’en est-il de l’accès à l’eau salubre pour les populations de la ville de Fana, région de
Koulikoro? Fana, chef-lieu de la commune rurale de Guegnékan (Carte 1), région de
Koulikoro2, est située à une centaine de Kilomètres à l’est de la capitale sur la route nationale
n°6, qui relie Bamako à Ségou. En 2009, cette ville comptait 19 988 habitants répartis entre
2165 concessions, soit 9,2 personnes par concession (Ministère du Plan, 2009). Sa commune
constitue le deuxième bassin de production du coton au Mali après Koutiala dans la région de
Sikasso. Les seules ressources en eau de surface sont constituées de trois rivières temporaires,
qui traversent la ville, et qui tarissent dès le mois de décembre. Les eaux souterraines sont peu
abondantes, car le socle est constitué de roche cristalline peu fissurée.
Les principaux questionnements de cette vaste problématique se présentent de la manière
suivante:
- qui sont ces populations de Fana?
- quels sont les éléments du code de l’eau et de la politique nationale d’approvisionnement en
eau potable ?
- quelles sont les caractéristiques des sources d’approvisionnement en eau potable de la ville
de Fana?
- quels sont les volumes d’eau utilisée quotidiennement, leur coût et leur qualité?
- et quelles sont les contraintes d’approvisionnement en eau potable des populations de la ville
de Fana?
La première partie de cette recherche se penche sur l’approche méthodologique, en traitant
des questions de sondage, de la taille des échantillons, et des fractions de sondage. La
deuxième rubrique traite des résultats et la dernière section est consacrée à la discussion de
ces derniers.

2. L’approche méthodologique
L’approche méthodologique s’est appuyée sur la réalisation d’une enquête quantitative, et la
liste des concessions des quartiers, établie lors du recensement général de la population et de
l’habitat de 1998 (Ministère du plan, 2001), constitue la base de sondage. La concession est
l’unité de sondage et le ménage, l’unité d’enquête.

2
La République du Mali est divisée en huit régions administratives : Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti,
Tombouctou, Gao et Kidal auxquelles, il faut ajouter le district de Bamako.

158
Revue de Géographie du Laboratoire Leïdi – ISSN0851-2515 – N°09, décembre 2011

Source: extrait du schéma d’aménagement de la ville de Fana (2011)

Figure 1. Infrastructures de ravitaillement en eau de la ville de Fana (Y. COULIBALY)


En vue de constituer un échantillon aléatoire représentatif, un sondage à trois degrés est
réalisé:
- recensement, au premier degré, de l’ensemble des quatre quartiers, qui composent la ville de
Fana: Guegniéka, Fana-coura, Badialan et Banankabougou;
- tirage, au hasard au deuxième degré, de 25 concessions par quartier retenu au premier degré
selon un pas de sondage et un point de départ aléatoire ;
- tirage, au hasard au dernier degré, d’un ménage par concession sélectionnée au deuxième
degré.
Le chef de ménage ou son remplaçant est soumis à un questionnaire pré-établi. La taille de
l’échantillon "Chef de ménage" s’élève à 100 personnes et la fraction globale de sondage est
égale à 100 / 19 988 égale sensiblement à 1/200.
Nous avons aussi réalisé des entretiens informels avec les chefs des différents quartiers
retenus pour l’enquête, mais aussi avec le Maire et certains autres élus communaux, en vue de
recueillir leurs opinions sur les problèmes relatifs à l’approvisionnement correct des
populations de la ville de Fana en eau potable.
L’exploitation des données de l’enquête quantitative et l’analyse de contenus des discours ont
donné des résultats, qui seront présentés et discutés dans les sections suivantes.

159
Revue de Géographie du Laboratoire Leïdi – ISSN0851-2515 – N°09, décembre 2011

3. Résultats
Les résultats présentés portent sur les caractéristiques sociodémographiques, les sources
d’approvisionnement en eau, la consommation d’eau et les contraintes d’accès des
populations à l’eau salubre.
3.1. Caractéristiques sociodémographiques de la population enquêtée de la ville de Fana
Les résultats sur les caractéristiques sociodémographiques portent sur l’âge, le sexe, la
situation matrimoniale, le niveau d’instruction et les principales activités exercées par cette
population. En ce qui concerne la variable âge des enquêtées, nous constatons que la grande
majorité des chefs de ménages ou leur remplaçants (94 %) se situe dans la tranche d’âge de 20
à 59 ans, contre 4 % d’ente eux dans celle des 60 ans et plus (Tableau 1 a).

Tableau 1. Répartition de la population selon certaines caractéristiques démographiques

Caractéristiques Effectifs Pourcentage


a. Age
20-39 ans 41 41,0
40-59 ans 55 55,0
60 ans et plus 4 4,0
Total 100 100,0
b. sexe
Masculin 45 45,0
Féminin 55 55,0
Total 100 100,0
c. Situation. matrimoniale
Célibataire 19 19,0
Marié 71 71,0
Divorcé et veuf 10 10,0
Total 100 100,0
d. Niveau d’instruction
Illettré 33 33,0
Primaire 42 42,0
Alphabétisé 15 15,0
Secondaire et plus 10 10,0
Total 100 100,0
e. Activité exercée
Travaux domestiques 42 42,0
Agriculture et élevage 15 15,0
Travailleur à la tache 12 12,0
Commerce de détail 10 10,0
Fonctionnaire de l’Etat 7 7,0
Fonctionnaire de la CMDT 7 7,0
Transport 4 4,0
Artisans 3 3,0
Total 100 100,0

160
Revue de Géographie du Laboratoire Leïdi – ISSN0851-2515 – N°09, décembre 2011

Pour ce qui est du sexe, nous remarquons que 55 % des questionnés sont des femmes
(Tableau 1 b). Dans cette étude, ont été considérés comme mariés tous les hommes et femmes
en union formelle ou non. Par rapport à cette définition, on observe que la plupart des chefs de
ménage (71 %) vit en union (Tableau 1 c). Il ressort de l’enquête qu’un peu plus du tiers de
l’échantillon, soit 33,3 %, ne sait ni lire, ni écrire (Tableau 1 d).

Si l’on s’intéresse maintenant à l’activité exercée par les actifs de l’échantillon, ils étaient : 42
(activités domestiques), 15 % (agriculture) et 12 % à l’élevage et au travail de manœuvre
(Tableau 1 e). Dans la ville de Fana, 42 % des femmes n’exercent aucun emploi rémunéré.
Ces caractéristiques socio démographiques établies, il reste à aborder les sources
d’approvisionnement de ces populations en eau potable.

3.2. Des sources d’approvisionnement en eau potable variées


Les eaux souterraines constituent la principale source d’alimentation des populations
maliennes en eau potable. C’est le cas de la ville de Fana, qui compte six bornes fontaines3,
sept pompes manuelles, trois puits à grand diamètre et de nombreux puits ordinaires, tous
munis de margelle (figure 2).

Effectifs des sources


3
3

2,5
2 2 2 2
2

1,5 Borne fontaine


1 1 1 1 1 Pompe manuelle
1
Puits à grand diamètre
0,5
0 0
0
Guéniéka Fana coura Badialan Bananka-bougou
Quartier de

Source: Enquête ville de Fana (avril, 2009), échantillon de 100 ménages

Figure 2. Répartition des infrastructures hydrauliques par quartier dans la ville de Fana

L’étude révèle que les pompes et les puits à grand diamètre, du fait de leur gratuité,
constituent la première source d’approvisionnement en eau des populations, soit 66 % des
ménages. Ils sont suivis par les puits (ordinaires ou non) pour 29 % des ménages. On
dénombre seulement un ménage sur 20, qui achète l’eau au niveau des bornes fontaines ou,
qui s’approvisionne gratuitement au niveau des pompes (figure 3).

3
Un nouveau forage, plus prometteur, financé par l’Agence Française pour le Développement (AFD), est en
cours de réalisation.

161
Revue de Géographie du Laboratoire Leïdi – ISSN0851-2515 – N°09, décembre 2011

5%
29% Puits ordinaire ou à
grand diamètre
Pompe manuelle et
puits à grand diamètre
Pompe manuelle et
66% borne fontaine

Source: Enquête ville de Fana (avril, 2009), échantillon de 100 ménages.

Figure 3. Répartition de la population selon sa modalité d’approvisionnement en eau


potable
Les caractéristiques des sources d’approvisionnement en eau des populations de Fana nous
permettent maintenant de présenter les volumes d’eau consommée quotidiennement, leur coût
et leur qualité, mais aussi les difficultés d’accès des populations à l’eau potable.
3.3. Consommation, qualité de l’eau, coût et contraintes d’approvisionnement
La plupart des ménages estime sa consommation d’eau, en provenance de sources extérieures,
en nombre de seaux, ou de baignoires, voire de barriques ou de bidons de 20 litres. Nous
avons converti ensuite ces différentes mesures en litre. Cette estimation reste très
approximative, en l’absence d’un compteur d’eau.
A la question: qui s’occupe de la corvée d’eau ? L’étude indique que dans une première
catégorie des ménages (75 %), ce sont les femmes et leurs enfants, qui sont chargés de cette
corvée. Dans une seconde catégorie de ménages (25 %), ce sont les revendeurs, tous des
hommes, équipés de bidons de 20 litres et de pousse-pousse, qui les approvisionnent (fig. 4).

15%

Femmes
Revendeurs d'eau
25%
60% Enfants

Source: Enquête ville de Fana (avril, 2009), échantillon de 100 ménages

Figure 4. Identité de la personne chargée de la corvée d’eau

La durée de cette recherche d’eau à l’extérieur varie selon les saisons et les périodes. Pendant
la saison des pluies, 6 ménages sur 10 arrivent à s’approvisionnent en eau au bout de 30
minutes, et ce temps passe à 2 heures et plus durant la période chaude de la saison sèche.

162
Revue de Géographie du Laboratoire Leïdi – ISSN0851-2515 – N°09, décembre 2011

Les moyens pour transporter l’eau de l’extérieur vers le domicile sont très variés. Pour les
ménages dont les membres assurent l’approvisionnement en eau salubre (40 % des cas), l’eau
versée dans des récipients (des seaux pour les enfants et les baignoires pour les femmes) est
transportée sur la tête. Dans 52,5 % de situations, les ménages utilisent des pousse-pousse à
traction humaine, et ce sont des bidons de 20 litres qui y sont stockés. Et seulement 7,5 %
d’entre eux ont recours à la charrette.
Les moyens de stockage d’eau sont également très diversifiés. Il s’agit de jarres et de
barriques pour 53,5 % des ménages, de jarres et de baignoires pour 33,8 % d’entre eux, et
enfin de jarres et de bidons de 20 litres pour 12,7 % des ménages.
Pour rendre l’eau potable, les populations de la ville de Fana la traite avec du chlore, qui
détruit les microbes. Cette étude révèle que 75,9 % des puits sont traités à l’eau de javel
(produit renfermant du chlore) ou parfois au permanganate de potassium (Tableau 2 a). La
grande majorité des ménages (71,4 %) affirme que ces puits sont traités selon une fréquence
d’une à trois fois par mois (Tableau 2 b).
Tableau 2. Fréquence de traitement des puits (ordinaire ou à grand diamètre)
Traitement du puits et sa fréquence Effectifs Pourcentage
a. Traitement
Oui 22 75,9
Non 7 24,1
Total 29 100,0
Fréquence de traitement des puits par mois
1 à 3 fois 16 71,4
4 à 6 fois 5 23,8
7 fois et plus 1 4,8
Total 22 100,0
L’eau tirée des puits à grand diamètre ou des pompes manuelles par les membres d’un
ménage n’est pas payée, mais celle des bornes fontaines l’est. Un comité de gestion municipal
en a la charge. Le bidon de 20 litres coûte 10 FCFA et une barrique de 200 litres 100 FCFA
pendant la saison des pluies et la période froide de la saison sèche. Pendant la saison chaude,
ces prix passent à 20 FCFA et 200 FCFA.
L’enquête fait ressortir aussi que 54, % des ménages dépensent en moyenne 100 FCFA par
jour pour se procurer de l’eau à partir de la borne fontaine, contre : 75 FCFA, et plus de 150
FCFA par jour, respectivement pour 21 et 25 % des ménages. Pour ce qui est des contraintes,
l’étude a révélé que 95 % des enquêtés ont affirmé être confrontés à des difficultés
d’approvisionnement en eau potable. Les éléments présentés ci-dessus nous conduisent dans
la section suivante à leur analyse et discussion.

4. Discussion
La discussion va porter sur les points suivants:
- les caractéristiques socio démographiques de la population enquêtée;
- le code de l’eau et la politique nationale d’approvisionnement en eau;
- les différentes sources d’approvisionnement;
- la consommation d’eau, le coût et la qualité de la ressource;
- les contraintes d’accès des populations à l’eau potable.

163
Revue de Géographie du Laboratoire Leïdi – ISSN0851-2515 – N°09, décembre 2011

4.1. Des caractéristiques sociodémographiques variées


Les caractéristiques analysées et discutées sont relatives à l’âge, au sexe, à la situation
matrimoniale, au niveau d’instruction et à l’activité professionnelle.
En ce qui concerne l’âge, nous estimons que la faible représentation des vieux dans
l’échantillon (4, %, tableau 1 a) semble être le corollaire de la médiocrité de l’espérance de
vie à la naissance au Mali, qui était de 50 ans, en 1998, selon les résultats du recensement
général de la population et de l’habitat (Ministère du Plan, 2001). Mais en revanche, la
surreprésentation féminine (55 %) est un biais d’observation, car ce sont les femmes, qui sont
les plus concernées par la problématique d’eau, et il nous a semblé opportun d’augmenter leur
nombre au moment du passage du questionnaire (tableau 1 b).
Pour ce qui est de la nuptialité, on note que dans la plupart des sociétés africaines, le mariage
est une institution quasi universelle, car il constitue le cadre normatif des rapports sexuels et
on observe que la plupart des chefs de ménage (71 %) vit en union (tableau 1 c). Cela
constitue une évidence dans le contexte malien, où le mariage est considéré comme un
passage obligé pour assumer certaines fonctions sociales, entre autres celle de diriger un
ménage. Ce fait a déjà été souligné dans les conclusions de l’Enquête Démographique et de
Santé (EDS, 1995-96): «Parmi les hommes de 15-59 ans, on compte 32 % de célibataires. A
l’opposé, 66 % des hommes sont en union, etc. La grande majorité des femmes interrogées
étaient en union au moment de l’enquête (85 %). Le célibat concerne 13 % de femmes de 15-
49 ans» (COULIBALY et al, 1996)
Quant au niveau d’instruction de la population malienne, il reste l’un des plus faibles au
monde (EDS, 1995-96). Cette situation est largement confirmée par les résultats de cette
enquête, car on constate qu’un peu plus du tiers de l’échantillon, soit 33,3 %, ne sait ni lire, ni
écrire (tableau 1 d). A ce propos, COULIBALY et al. (1996) avait déjà indiqué que : " Le taux
net de scolarisation était de 38 %, dont 44 % pour les garçons, contre 33 % pour les filles ".
Malgré d’importants progrès dans le secteur de l’éducation, de nombreux enfants maliens
n’ont pas encore accès à l’école.
Par rapport à l’activité, on remarque que 42 % des femmes ne se considèrent pas comme des
travailleuses. Cependant, elles exécutent des tâches domestiques importantes comme faire la
cuisine, s’occuper des enfants, faire la lessive, etc. Il s’agit là de travail non rétribué et c’est
pourquoi, elles se disent inoccupées.
Ces caractéristiques démographiques, une fois établies, l’on est en droit de se poser la
question suivante: quels sont les cadres législatif et juridique de la gestion de la ressource
«Eau» au Mali ?
4.2. Le code de l’eau et la politique nationale d’approvisionnement en eau
Dans le souci de satisfaire les besoins en eau potable des populations et du cheptel, le
gouvernement malien a adopté le code de l’eau par le décret n° 02-06 /PRM du 31 janvier
2002. Celui-ci énonce les principes d’une gestion globale, durable et intégrée de la ressource
«Eau» au Mali. Ce code fixe les règles de protection, d’exploitation et d’utilisation de cette
ressource. Il aborde également la domanialité de l’eau, en consacrant l’eau comme un bien
public et en définissant le rôle de l’Etat et celui des collectivités décentralisées.

164
Revue de Géographie du Laboratoire Leïdi – ISSN0851-2515 – N°09, décembre 2011

Face à la gravité du défi d’approvisionnement des populations en eau, en quantité et en


qualité, et dans le contexte de la décentralisation, le gouvernement a élaboré une politique
nationale de l’eau en 2006. Son objectif est de contribuer à lutter contre la pauvreté et de
promouvoir le développement durable, en apportant des solutions appropriées aux problèmes
d’accès à l’eau. Elle est fondée sur le concept de la gestion intégrée des ressources en eau
(GIRE), à travers un plan d’action national de gestion intégrée des ressources en eau
(PAGIRE)4.

Cette nouvelle approche est d’assurer l’implication de l’ensemble des acteurs du secteur de
l’eau dans un cadre de gestion qui concilie au mieux les intérêts de tous les intervenants, tout
en préservant l’environnement et les besoins des générations futures. La réalisation des
systèmes d’adduction d’eau est désormais étroitement combinée à un volet assainissement,
dont l’ensemble constitue la stratégie nationale d’approvisionnement en eau potable. Celle-ci
s’inscrit fortement dans les axes prioritaires du cadre stratégique de lutte contre la pauvreté.

Différentes structures interviennent dans la question de l’eau. L’ensemble du secteur de l’eau


est placé sous la tutelle du Ministère des Mines et de l’Energie. La Direction Nationale de
l’Hydraulique et ses démembrements (Direction Régionale de l’Hydraulique) assure la mise
en œuvre du plan d’action d’accès à l’eau potable par la réalisation des équipements dans les
centres ruraux et semi urbains. La Société Anonyme: Energie Du Mali (EDM SA) s’occupe
des centres urbains. Pour la ville de Fana, l’EDM SA a légué la gestion des bornes fontaines
et des pompes manuelles à la mairie. Les autres intervenants dans le secteur de l’eau sont les
communes et les Associations d’Usagers de l’Eau (AUE).

En dépit de l’abondance des structures et des stratégies, le secteur de l’eau est confronté à de
nombreux défis:
- la pauvreté des communes à financer leur participation dans l’installation des équipements
hydrauliques;
- le manque de suivi du réseau existant, qui est très insuffisant au regard des besoins
immédiats et futurs des populations;
- la problématique de l’approvisionnement en eau des quartiers périphériques des centres
urbains.
Comment se traduit, pour la ville de Fana et sa population, le plan national d’accès à l’eau
potable ? Et quelles sont leurs sources d’approvisionnement en eau salubre ?
4.3. Des sources d’approvisionnement en eau potable très insuffisantes
Selon la Direction Nationale de l’Hydraulique, les eaux souterraines de la région de
Koulikoro se répartissent en :
- nappes alluviales, d’une profondeur de 5 à 15 m, qui constituent l’unique réservoir d’eau
pour les puits traditionnels ;
- nappes de fracturation, dont la profondeur varie de 20 à 40 m, souvent inaccessible par les
outils traditionnels utilisés par les puisatiers locaux.

4
Ce programme bénéficie de l’appui de nombreux partenaires, entre autres l’Association Internationale pour le
Développement (IDA), le gouvernement canadien, la Banque mondiale etc.

165
Revue de Géographie du Laboratoire Leïdi – ISSN0851-2515 – N°09, décembre 2011

Le captage des eaux souterraines se fait par deux procédés selon la nature des sols et le
comportement de la nappe: creusement d’un puits ou mise en place d’un forage. Le puits,
qu’il soit traditionnel ou non, est un ouvrage «ouvert», qui permet un puisage manuel de l’eau
à l’aide d’une puisette à laquelle est attachée une corde. Son utilisation est facile, mais les
mauvaises conservations de la puisette peuvent être à l’origine de la pollution de la nappe. Les
puits traditionnels sont l’œuvre des puisatiers, et son coût moyen varie entre 100 000 et 150
000 FCFA. Dans la ville de Fana, tous ces puits sont munis de margelle. Quant aux puits à
grand diamètre, ils sont le plus souvent creusés à l’aide de machine.

Par contre, la technique de forage est utilisée pour capter les nappes profondes. Le forage est
un « ouvrage fermé » donc à l’abri des pollutions, et il consiste à la pose des conduites
jusqu’au réservoir souterrain. Ce captage d’eau peut aboutir à des bornes fontaines ou à des
pompes manuelles.

Le premier système de captage conduit à une adduction d’eau potable constituée d’un système
de stockage d’eau (château) avec des panneaux solaires et, qui va alimenter les bornes
fontaines par un réseau collectif de distribution. Le coût de ces installations est élevé, selon un
agent de l’hydraulique (SANGARE B.), il avoisine les 10 000 000 de FCFA sur lesquels la
participation des bénéficiaires peut atteindre les 2 000 000 de FCFA. Le second système de
captage aboutit à une pompe, qui est actionnée manuellement mais, qui fréquemment tombe
en panne, du fait de sa forte fréquentation.

Ces équipements hydrauliques ne sont pas bien répartis entre les différents quartiers de la
ville. En effet le quartier de Fana-coura dispose de trois bornes fontaines, de deux de pompes
manuelles et d’un puits à diamètre, et le quartier de Badialan, deux pompes manuelles, une
borne fontaine et un puits à grand diamètre. Par contre, le quartier de Banankabougou ne
dispose pas de puits à grand diamètre, et celui de Guegnéka, aucune borne fontaine.

Si l’on rapporte ces points d’eau (ensemble des bornes fontaines, des pompes manuelles et des
puits à grand diamètre) à la population, on obtient un ratio de 0,08 point d’eau pour 100
habitants. Un agent de la Direction Nationale de l’Hydraulique, (BARRY, Y.), interrogé sur la
question affirme que: « la plupart des acteurs de l’eau estime qu’il faut 1 point d’eau potable
pour 400 habitants et 28 litres d’eau par habitant et par jour. Sur cette base, on est loin du
compte dans la ville de Fana ». Ces données sont bien en deçà des moyennes nationales de
consommation d’eau en milieu urbain, où l’eau de boisson de près de trois ménages sur quatre
(73,3 %) provient des robinets publics ou privés, 17,5 % des ménages consomment l’eau des
puits aménagés, et 4,7 % des ménages s’approvisionnent à l’eau des forages (Ministère de
l’Economie, de l’Industrie et du Commerce, 2007).

De ces différents constats, il se dégage que la ville de Fana, en pleine croissance


démographique et spatiale, ne dispose pas assez d’infrastructures d’approvisionnement en eau
potable. Avec un taux d’accroissement naturel de 2,5 % par an, la population de Fana va
doubler5 tous les 28 ans. Si rien n’est entrepris pour améliorer son taux d’accès à l’eau
potable, la pénurie d’eau, qui se dessine aura des conséquences néfastes sur les conditions de
vie et de travail des habitants de cette localité, car ne dit- on pas que l’eau est source de vie?

5
Le temps de doublement ‘une population est donnée par la formule T= Ln 2 /Ln (1 + r) où :
- Ln représente le logarithme népérien ;
- R représente le taux d’accroissement naturel de la population

166
Revue de Géographie du Laboratoire Leïdi – ISSN0851-2515 – N°09, décembre 2011

Les caractéristiques des sources d’approvisionnement en eau des populations de Fana


permettent d’analyser les volumes d’eau consommée quotidiennement, d’évaluer leur coût et
leur qualité.

4.4. Faible consommation et moindre qualité de l’eau


Par rapport à l’utilisation de l’eau, on constate qu’elle est essentielle pour la vie, ce fait a été
déjà fortement souligné dans le rapport des Nations Unies (2003) : «We are all aware of its
necessity, for drinking, for producing food, for washing –in essence for maintaining our
health and dignity. Water is also required for producing many industrial products, for
generating power, and for moving people and goods”.
Il a été établi également que la consommation d’eau du ménage dépend de sa taille, de la
disponibilité de la ressource, mais aussi de son accessibilité (BALLO, 1989 et 1992). L’eau en
provenance des bornes fontaines ou de pompes manuelles est principalement destinée comme
eau de boisson, et celle d’autres sources, à des usages divers comme le bain, la lessive, la
cuisine, etc.

Pour les ménages, les longues durées pour la quête de l’eau témoignent d’une situation de
crise surtout pendant la période chaude de la saison sèche. A cette époque de l’année, à
proximité des points d’eau, on constate une longue rangée de seaux, de baignoires, de
tonneaux, de bidons de 20 litres et d’autres récipients de toute sorte, que les propriétaires
surveillent la progression vers le point de desserte. A ce propos une ménagère (KANTE, M.)
s’exprime en ces termes: « Il n’est pas rare que l’on se lève à 3 heures 30 avec le premier
appel du muezzin pour courir vers la borne fontaine pour placer nos ustensiles dans le rang.
A 7 heures, les enfants me rejoignent, et on rentre vers 7 heures 30 pour les mettre en route
vers l’école. Le seau d’eau est utilisé d’abord pour rincer le mil pilé débarrassé du son. Cette
même eau est ensuite réutilisée pour laver les ustensiles de cuisine».
Souvent ces points d’eau se transforment en champ de bataille. A ce sujet, une autre femme
(DIALLO, F.) ajoute : «Certaines femmes attendaient depuis 2 heures pour être servies. Une
dame arriva sur le champ, à l’improviste, et alla déposer sa baignoire sous le robinet. Celle
à qui était le tour fit quelques remarques, et ce fut la cohue et l’une des femmes a été
blessée».
Une autre conséquence de la pénurie d’eau est le retard fréquent des scolaires en classe, en
l’occurrence les filles, car les mamans préfèrent laisser partir le garçon en classe et garder la
fille auprès d’elle pour la corvée d’eau. Cette discrimination expliquerait, en grande partie, la
déperdition scolaire des filles.
En partant du principe que chaque ménage fait un minimum de deux corvées par jour, alors
nous déduisons que la recherche d’eau potable absorbe énormément de temps dans le
chronogramme des activités quotidiennes des femmes. Et l’on comprend aisément pourquoi
elles arrivent difficilement à mener les activités génératrices de revenus, seuls gages de
l’amélioration de leur autonomie financière.
Pour ce qui est de la qualité de l’eau utilisée pour la boisson, cette étude n’a pas permis de
tester cette variable. Mais il a été établi que les puits ordinaires constituent des sources peu
saines, car elles captent les nappes superficielles exposées à différents types de pollution.

167
Revue de Géographie du Laboratoire Leïdi – ISSN0851-2515 – N°09, décembre 2011

Dans le cadre d’une étude (CRDI6 et ENI7 cité par COULIBALY S, 2002) sur la pollution de
la nappe phréatique, pendant la saison des pluies, dans certains quartiers de Bamako,
notamment Banconi et Bozola, les résultats ont été les suivants :
1. germes totaux par litre :
- quartier Banconi --------- 833, 3
-quartier Bozola------------24 700 000
2. E-Col par litre :
- quartier Banconi------------25 556
- quartier Bozola------------48 756 667
Donc tous les puits analysés étaient pollués.
Selon une autre étude sur les problèmes liés à l’alimentation en eau potable et à la gestion des
points d’eau dans l’agglomération de Bamako, KEITA A. (2008) cite que : «La majeure
partie des eaux renferme des nitrates, ce qui est un signe de pollution chimique. Les teneurs
en nitrate varient de 0 à 53, 7 mg par litre. On a noté la présence de phosphate dans certaines
eaux avec des teneurs entre 0, 23 et 2, 41 mg par litre, contre des normes, qui oscillent entre
4 et 8, 5 mg par litre ».
Par ailleurs, dans un puits de la commune rurale de N’Gabacoro Droit de la région de
Koulikoro, les analyses ont donné :
- pollution chimique :
- DBO 8: 12 mg par litre ;
- DCO : 48 mg par litre ;
- pH : 5, 10 ;
- Conductivité: 200 micros secondes par centimètre ;
- Dureté : 32 mg par litre de carbonate de calcium (Ca Co3) ;
- pollution bactériologique : coliformes totaux > 200 colonies par 100 ml (MEA, 2006).

La norme du pH pour l’Organisation Mondiale de la Santé se situant entre 6,5 et 9,5, donc
l’eau de ce puits est acide. Sa minéralisation est aussi élevée, de même que sa dureté. L’eau
de ce puits, aussi contaminée par des coliformes fécaux et totaux, est impropre à la
consommation humaine. La consommation d’une telle eau a pour corollaire l’incidence de
maladies diverses (cholera, diarrhée, etc.). Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS),
80 à 85 % des affections dans les pays en développement, dont le Mali sont d’origine
hydrique (MEA, 2006).

Pour rendre l’eau potable, les enquêtés de la ville de Fana la traitent avec du chlore, qui
détruit les microbes. Dans la réalité, ces puits sont rarement traités, mais il s’agit pour
l’enquêté de se donner bonne conscience devant un inconnu (l’enquêteur), qui l’interroge sur
le sujet, et de la même occasion exprimer fortement, qu’il est au courant de la question.

6
CRDI : Centre de Recherche et Développement International
7
ENI : Ecole Nationale d’Ingénieurs
8
DBO signifie la demande biologique en oxygène et le DCO est la demande chimique en oxygène.

168
Revue de Géographie du Laboratoire Leïdi – ISSN0851-2515 – N°09, décembre 2011

Si l’eau de la plupart des puits traditionnels n’est pas consommée, du fait de sa souillure, dans
certains cas, celle tirée des puits à grand diamètre est bue, dont la qualité peut être douteuse à
la vue de l’affluence de la population autour de ces points d’eau, et de la fréquence faible de
leur traitement par mois (1 à 3 fois).
Les pénuries d’eau pendant la saison sèche décrites plus haut constituent des signes
révélateurs des contraintes d’approvisionnement en eau potable de la ville de Fana.
4.5. Contraintes d’approvisionnement en eau potable des populations de la ville de Fana
sont d’ordre naturel et humain
La première contrainte d’approvisionnement des populations en eau potable est que les
ouvrages fermés de la ville de Fana ne sont pas des forages à gros débit (on est souvent sur
socle cristallin peu fissuré, donc peu d’eau), ce qui accentue le caractère de la pénurie d’eau
surtout pendant la saison sèche chaude.
Par ailleurs, sur les 15 pompes manuelles initialement installées, seulement 7 sont
actuellement fonctionnelles, ce qui pose le problème d’entretien de ces équipements qui sont
le plus souvent d’un âge avancé (une quinzaine d’années). Lorsque ces pompes tombent en
panne, l’artisan réparateur n’est pas toujours disponible, et la mairie manque cruellement de
moyens pour les réparer. Assez souvent à la faiblesse du débit, s’ajoutent les coupures d’eau.
Notons également que dans la ville de Fana, 50 % des puits tarissent pendant 3 à 5 mois
durant la saison sèche.
D’un autre côté, la pauvreté de certains ménages les handicape dans l’accès aux sources d’eau
payante, que constituent les bornes fontaines. De surcroît, l’urbanisation sauvage et
l’augmentation de la surface du bâti ne permettent pas une recharge correcte de la nappe
phréatique, problème accentué par la péjoration climatique.
La gestion des points d’eau potable, rappelons-le, est de la responsabilité d’un comité de
gestion municipal. On observe assez souvent un dysfonctionnement entre le comité de gestion
et les associations des usagers de l’eau chargées de la vente d’eau au niveau des bornes
fontaines, avec comme corollaire une crise financière des caisses, et l’impossibilité de faire
face aux dépenses courantes d’entretien des équipements. Une autre cause des difficultés
d’approvisionnement est l’éloignement des bornes fontaines. Ainsi certains ménages
parcourent 1 km, voire plus pour accéder à une borne fontaine.
Selon les Nations Unies (2003), les pénuries d’eau pourraient tripler avec le réchauffement
climatique: «D’ici moins de 25 ans, les deux tiers des habitants de la planète résideraient dans
les pays connaissant de graves problèmes d’approvisionnement en eau, spécialement en
Afrique», fait déjà souligné par MAINGUET (1995). Au terme de cette étude, que pouvons –
nous conclure?
Conclusion
Cette étude a porté sur la problématique de l’approvisionnement en eau potable des
populations de la ville de Fana. L’objectif de cette recherche était de dresser le profil
démographique des enquêtés, et d’analyser le code de l’eau et la politique nationale
d’approvisionnement en eau de la République du Mali. Il était aussi question de déterminer
les sources d’approvisionnement des populations en eau salubre, afin de dégager la nature des
dysfonctionnements, qui conduisent aux pénuries d’eau. Le dernier objectif de cette recherche
était d’analyser les difficultés d’approvisionnement en eau de la ville de Fana.

169
Revue de Géographie du Laboratoire Leïdi – ISSN0851-2515 – N°09, décembre 2011

En ce qui concerne le profil démographique des enquêtés, l’étude a révélé que les personnes
âgées de moins de 40 – 49 ans étaient les plus nombreuses (55 %), et que l’échantillon était
composé majoritairement de femmes (55 %), et les individus mariés représentaient 71 % des
questionnés, et le taux d’illettrisme était estimé à 33 %.
Pour ce qui est de la gestion de l’eau au Mali, le code de l’eau et la politique nationale
d’approvisionnement en eau constituent les cadres règlementaire et juridique.
Quant aux sources d’approvisionnement, elles sont variées et diverses, notamment les puits
traditionnels ou à grand diamètre, les pompes manuelles et les bornes fontaines. Ces
équipements sont nettement insuffisants pour répondre aux besoins hydriques d’une
population sans cesse croissante.
La qualité médiocre de l’eau consommée serait à l’origine de la dégradation de la santé
familiale, entre autres les maladies diarrhéiques, le trachome et certaines dermatoses.
Les difficultés d’approvisionnement en eau salubre des habitants de la ville de Fana
s’expliquent en grande partie par l’urbanisation sauvage, qui diminue la capacité de recharge
de la nappe phréatique et les changements climatiques. A tout cela s’ajoutent la mauvaise
gestion des équipements et leur débit qui est très souvent faible.
De ces différents constats, nous suggérons:
- une extension du réseau d’adduction à partir de nouvelles prospections;
- une facilitation des branchements individuels;
- un accroissement significatif des bornes fontaines avec une bonne répartition spatiale;
- une sensibilisation des populations sur la qualité des eaux;
- et une redynamisation des structures de tutelle et de gestion de la ressource eau dans la ville
de Fana, afin de soulager le calvaire des femmes, ce qui va leur permettre de vaguer à d’autres
activités génératrices de revenus, gage de leur autonomie financière.

Bibliographie
BALLO A et al. (198). L’eau à Bamako, Ed PULIM, Limoges, pp. 42-60.
BALLO A et al. (1992). L’hydraulique villageoise, Ed PULIM, Limoges, 102 p.
BANQUE MONDIALE, Urbanisation à la une ! (Rapport 2009) pp.110-115.
BOUGUERRA M. L., (2003). La bataille de l’eau pour un bien commun de l’humanité,
Collection Enjeux planète, Paris, pp. 45-50.
COULIBALY S., et al. (1996). Enquête Démographique et de Santé Mali, Calverton,
Maryland USA, DNSI/ Macro International Inc., 375 p.
COULIBALY, S., (2002). La problématique de la gestion des eaux usées en commune II,
Mémoire de maîtrise, Flash, DER Géographie, Bamako, 40 p.
DORIER-A. E., (193). Ville et environnement, Thèse de géographie, Université Paris X, pp.
78-90.
GAPSI, E., (1991). Le défi urbain en Afrique,. Harmattan, Paris GUY N., « L’homme et l’eau
dans le domine tropical », Collection géographie, Ed Masson, Paris, pp. 62-81.
KEITA, A., (2008). Les problèmes liés à l’alimentation en eau potable et la gestion des
points d’eau dans le quartier de Banconi dans le district de Bamako, Mémoire de Maîtrise,
DER géographie, FLASH, Bamako, 56 p.

170
Revue de Géographie du Laboratoire Leïdi – ISSN0851-2515 – N°09, décembre 2011

(1995). L’homme et la sécheresse, Collection géographie, Masson, Paris, pp. 120-131.


MINISTERE DE L’ECONOMIE, DE L’INDUSTRIE ET DU COMMERCE, Enquête légère
intégrée auprès des ménages (ELIM, 2006) : Volume 2 Tendances et déterminants de la
pauvreté au Mali (2001 – 2006), DNSI, Bamako, 2007, 38 P.
MINISTERE DE L’ENVIRONNEMENT ET DE L’ASSAINISSEMENT (2006). Rapport
définitif sur l’état de l’environnement au Mali, DNACPN, Bamako. 94 p.
MINISTERE DU PLAN (2001). Recensement général de la population et de l’habitat, DNSI.
MINISTERE DU PLAN (2009). Recensement général de la population et de l’habitat,
INSAT, résultats provisoires, Bamako.
NATIONS UNIES (2003). Water for people water for life, World Water Developpement
report, assessment programme, UNESCO, 576 p
ZAKARIA L.(192). L’eau, 1ère Edition, ACCT, Paris, pp. 20-32.

171

Vous aimerez peut-être aussi