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REPUBLIQUE DU BENIN

********
MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET
DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
************
UNIVERSITE D’ABOMEY-CALAVI
************
ECOLE POLYTECHNIQUE D’ABOMEY-CALAVI
************
DEPARTEMENT DU GENIE DE L’ENVIRONNEMENT
************

RAPPORT DE STAGE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME DE LICENCE


PROFESSIONNELLE

VULNERABILITE DES POPULATIONS ET DES INFRASTRUCTURES AUX


CHANGEMENTS CLIMATIQUES : CAS DE L’EROSION COTIERE A
COTONOU AU BENIN

Rédigé par :
Bona Ouré Isbath SANNI

Sous la Supervision de :

Prof. Madjidou OUMOROU Dr. Oscar TEKA


Maître de Conférences des Universités Enseignant- Chercheur à la FSA/UAC
Enseignant –Chercheur à l’EPAC/UAC

6ème Promotion

Année académique : 2012-2013


Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

DEDICACES

 A ma mère, Agnès KOGBETO et mon


père, Alidou SANNI, pour vos conseils,
prières, soutiens et dévouement durant
tout mon cursus, recevez-en ici la
consolation.

 A vous Reine et Emmanuel DAVID-


GNAHOUI, votre inlassable soutien tant
physique, spirituel que moral ne saurait
trouver ici une récompense digne de ce
nom.

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Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

Remerciements

Nous tenons du fond du cœur à remercier et à rendre grâce, à Dieu Tout Puissant qui nous a
gardé en vie jusqu’à ce jour, et nous a donné l’intelligence et la force nécessaire pour mener à
terme ce travail.
Nous tenons à adresser nos remerciements aux personnes qui nous ont apporté quelque
soutien ou contribution dans la réalisation de ce mémoire de fin du premier cycle.

Aux honorables Membres du jury pour avoir accepté malgré leurs multiples occupations
d’apprécier ce travail ;
Aux corps administratif et professoral de l’EPAC particulièrement ceux du Département
de Génie de l’Environnement.

Notre sincère gratitude va surtout à l’endroit des personnes à qui la qualité de ce travail devra
beaucoup.
Au Prof. Madjidou OUMOROU, Maître de conférences en écologie, agropastoralisme et
phytosociologie des Universités, Enseignant-Chercheur à l’EPAC/UAC pour avoir
accepté de superviser ce travail et de ce fait ;
Au Dr. Oscar TEKA, qui en dépit de ses multiples occupations, n’a ménagé aucun effort
pour la réussite de ce travail ;
Au Prof. Daniel CHOUGOUROU, Maître-assistant, Enseignant Chercheur à
l’EPAC/UAC, Chef du Département de Génie de l’Environnement ;
Aux statisticiens Hervé AKINOCHO et Achille MIGNONDO TCHIBOZO pour leurs
précieux apports scientifiques ;
Au Dr. Raoul LAIBI, pour son aide et son soutien sans faille.

Mes remerciements vont enfin à :

Mes sœurs Hydayatou et Issifath, mon frère Iskilou et mes cousins Ibrahim, Hadi et
Aminou, et mon amie Solvite pour leur amour et leur soutien quotidien ;
Tous les membres, sans exception, du Clan Reine et Emmanuel DAVID-GNAHOUI,
trop nombreux pour être cités ici, pour leur soutien familial, spirituel et moral ;
Tous mes camarades de promotion en particulier Faïçal, Madorelle, Sandrine,
Donalde, Yessirath et Vadel ;
Tous ceux qui de près ou de loin m’ont aidée de quelque manière, ceci n’est que votre
première récompense.

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Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

ASECNA : Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique et à


Madagascar
BID : Banque Islamique de Développement
CC : Changement Climatique
CCNUCC : Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements
Climatiques
CENAREST : Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique
DPLC : Direction de la Protection du Littoral et des Côtes
DST : Direction des Services Techniques
EPAC : Ecole Polytechnique d’Abomey-Calavi
FAST : Faculté des Sciences et Techniques

FLASH : Faculté des Lettres Arts et Sciences Humaines

FSA : Faculté des Sciences Agronomiques


GIEC : Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat
GREH : Laboratoire de Gestion des Risques et des Espaces Humides
IIED : International Institute for Environment and Economic
Development
IGN : Institut de Géographie National
MEHU : Ministère de l’Environnement de l’Habitat et de l’Urbanisme
PANA-BENIN : Programme d’Action National d’Adaptation aux Changements
Climatiques du Benin
PME : Petites et Moyennes Entreprises
PMI : Petites et Moyennes Industries
PNUE : Programme des Nations Unies pour l’Environnement
RGPH : Recensement Général de la Population et de l’Habitation
SMN : Service Météorologique National
UAC : Université d’Abomey-Calavi
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la
culture

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Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

LISTE DES FIGURES

Figure 1: Carte administrative de la commune de Cotonou ..................................................... 11

Figure 2:Variations annuelles de la pluviométrie moyenne à Cotonou de 2000 à 2012 .......... 13

Figure 3:Variations annuelles de la température minimale et maximale moyenne à Cotonou de


2000 à 2012 .............................................................................................................................. 14

Figure 4: Localisation du golfe du Bénin en Afrique de l'Ouest (Oyédé et al., 2005)............. 18

Figure 5:Vue générale du littoral, de part et d’autre du port de Cotonou (Dègbé et al., 2010).
.................................................................................................................................................. 19

Figure 6: Principales causes de l'érosion côtière d'après les répondants .................................. 24

Figure 7: Conséquences de l'érosion côtière sur les populations d'après les répondants ......... 25

Figure 8: Impact de l’érosion côtière sur la pêche d’après les enquêtées ................................ 26

Figure 9:Impact de l’érosion côtière sur la navigation d’après les répondants ........................ 27

Figure 10:Apport du pouvoir central dans la lutte contre l’érosion côtière ............................. 29

Figure 11:Evolution du segment côtier Akpakpa-Sèmè de 1963 à 2000 ................................. 34

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Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: Répartition de l’échantillon par quartiers enquêtés et par sexe .............................. 22

Tableau 2: Ancienneté dans le quartier .................................................................................... 22

Tableau 3: Principaux risques naturels perçus par les populations riveraines ......................... 23

Tableau 4: Dynamique de la ligne côtière selon les populations locales ................................. 25

LISTE DES PHOTOS

Photo 1: Action de lutte des populations riveraines (Dègbé et al., 2010) ............................... 28

Photo 2: Voies et habitations détruites à Finangnon (Akpakpa) .............................................. 36

Photo 3: Habitations détruites et conditions de vie de pêcheurs à Donaten ............................. 36

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Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

RESUME

Le littoral béninois est exposé aux risques d'érosion côtière depuis plusieurs années, en
raison d'une part, des changements climatiques que connaît la planète Terre et d'autre part,
d'une perturbation des espaces côtiers liée notamment à une importante activité anthropique.
Dans une perspective de gestion participative du littoral, l'opinion des résidants est essentielle
puisqu'ils sont les premiers touchés par le phénomène d'érosion. La présente étude s’est donc
intéressée à la perception des populations de l’érosion côtière et de ses possibles
conséquences dans la ville de Cotonou au Bénin. Des statistiques descriptives ont été
effectuées pour mieux comprendre la perception des populations côtières de même que les
conséquences de l’érosion sur lesdites populations et sur les infrastructures. Au total 120
ménages ont été enquêtés à l’aide d’un questionnaire structuré. Ensuite 12 personnes
ressources ont été enquêtées à travers une interview semi-structurée.

Des résultats il ressort que 100 % des répondants reconnaissent que la côte béninoise
est exposée au phénomène de l'érosion côtière. L’élévation du niveau marin (énoncée par 99%
des enquêtés) et les activités anthropiques tels que le prélèvement du sable marin (67%) et la
construction des ports de Cotonou et de Lomé (63%) constituent d’après les enquêtés les
principales causes de l’érosion côtière. Les populations côtières se sentent vulnérables à
l'érosion côtière car elle entraine non seulement la destruction de leurs habitats (88%) mais
aussi la perturbation des activités économiques liées à la côte. Jusque là, les populations ne
développent aucune mesure d’adaptation et n’ont d’autre choix que d’abandonner leurs
habitations (90% des enquêtées). La comparaison des résultats de l'enquête avec les données
scientifiques montrent que les résidants ont une bonne connaissance des causes de l'érosion.
Une sensibilisation sur la dynamique côtière et sur les potentiels risques encourues par les
résidants s’avère indispensable. Cette sensibilisation pourra renforcer la résilience des
résidants face à l'érosion côtière et donc réduire la vulnérabilité des communautés côtières.

Mots clés : Changements climatiques, risques climatiques, vulnérabilité, érosion côtière,


Cotonou, Bénin.

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Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

ABSTRACT

The Beninese coastline is exposed to the risks of coastal erosion for several years, this
result of climate change observed the planet Earth and the disturbance of coastal areas linked
in particular to significant anthropogenic activities. In a perspective of participatory coastal
erosion risk management, the opinion of coastal residents is essential since they are the first to
be affected by the phenomenon of erosion. The current study is therefore interested in the
assessment of local communities perception on coastal erosion and its possible consequences
in the city of Cotonou. Descriptive statistics have been carried out to better understand the
perception of coastal communities as well as the consequences of the erosion on coastal
inhabitants and infrastructures. A total of 120 households were investigated through
structured interviews by using questionnaires. Then 12 key informants were surveyed through
semi-structured interviews.

Results displayed that 100 per cent of respondents recognize that the coast of Benin is
exposed to the coastal erosion. The sea level rises (express by 99 % of informants population)
and anthropogenic activities such as the collection of marine sand (67 %) and the construction
of Cotonou and Lome ports (63 %) constitute, according to the informants, the main causes of
coastal erosion. The coastal communities feel vulnerable to coastal erosion because this
phenomenon not only results in the destruction of their habitats (88 %) but also to the
disruption of economic activities related to the coast. People have not developed adaptation
measures and have no other choice but to abandon their homes (90% of surveyed). The
comparison of the investigation results with the scientific data shows that coastal inhabitants
have a good knowledge of the coastal erosion causes. An awareness on coastal dynamics and
the potential risks incurred by residents to coastal risks is essential. This awareness would
surely strengthen the resilience of residents facing to coastal erosion and therefore reduce the
vulnerability of coastal communities.

Key words : Climate change, climate risk, vulnerability, coastal erosion, Cotonou, Benin.

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Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

TABLE DES MATIERES

DEDICACES ............................................................................................................................. ii
Remerciements .......................................................................................................................... iii
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS ............................................................................ iv
LISTE DES FIGURES ............................................................................................................... v
LISTE DES TABLEAUX ......................................................................................................... vi
LISTE DES PHOTOS ............................................................................................................... vi
RESUME .................................................................................................................................. vii
ABSTRACT ............................................................................................................................ viii
TABLE DES MATIERES ........................................................................................................ ix
1. INTRODUCTION GENERALE ..................................................................................... 1
1.1. Contexte et justification ........................................................................................... 1
1.2. Objectifs ................................................................................................................... 3
1.2.1. Objectif global .............................................................................................. 3
1.2.2. Objectifs spécifiques ..................................................................................... 3
1.3. Hypothèses de recherche .......................................................................................... 3
2. SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE ............................................................................... 4
2.1 Revue de littérature ........................................................................................................ 4
2.2 Définition de concepts ................................................................................................... 5
3. PRESENTATION DU MILIEU D’ETUDE ................................................................. 10
3.1. Présentation de la ville de Cotonou ....................................................................... 10
3.1.1. Situation géographique de la ville de Cotonou ........................................... 10
3.1.2. Caractéristiques physiques .......................................................................... 12
3.1.3. Climat .......................................................................................................... 12
3.1.4. Végétation ................................................................................................... 14
3.1.5. Démographie ............................................................................................... 15
3.1.6. Activités économiques ................................................................................ 15
3.2. Présentation du littoral béninois ............................................................................. 17
3.2.1. Localisation et caractéristiques physiques .................................................. 17
3.2.2. Erosion côtière ............................................................................................ 19
4. MATERIEL ET METHODES ...................................................................................... 20
4.1. Matériel .................................................................................................................. 20

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Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

4.2. Méthodes ................................................................................................................ 20


4.2.1. Recherche documentaire ............................................................................. 20
4.2.2. Collecte des données ................................................................................... 20
4.2.3. Traitement des données ............................................................................... 21
4.2.4. Présentation et qualité des données ............................................................. 21
5. RESULTATS................................................................................................................. 23
5.1. Résultats de l’enquête de la population ................................................................. 23
5.1.1. Principaux risques perçus par les populations riveraines ........................... 23
5.1.2. Les principales causes de l’érosion côtière ................................................. 24
5.1.3. Les conséquences de l’érosion côtière ........................................................ 24
5.1.4. Mesures d’adaptation des populations face à l'érosion côtière ................... 27
5.1.5. Apport du pouvoir central face à l’érosion côtière ..................................... 28
5.2. Résultats de l’enquête des personnes ressources ................................................... 29
5.2.1. Principaux risques naturels perçus par les autorités administratives .......... 29
5.2.2. Causes de l’érosion côtière ......................................................................... 30
5.2.3. Conséquences de l’érosion côtière .............................................................. 30
5.2.4. Mesures de lutte et stratégies permettant de réduire la vulnérabilité des
populations face à l'érosion côtière ................................................................................ 31
6. DISCUSSION ................................................................................................................ 32
6.1. Evaluation de la perception des risques côtiers ..................................................... 32
6.2. Relation entre les perceptions et les données scientifiques.................................... 32
6.3. Analyse des conséquences de l’érosion côtière ..................................................... 35
6.4 Analyse des impacts des changements climatiques et des stratégies de protection de la
côte ...................................................................................................................................... 37
CONCLUSION ET SUGGESTIONS ...................................................................................... 39
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ................................................................................. 40
ANNEXES ............................................................................................................................... 44
Annexe 1 : QUESTIONNAIRE DE RECHERCHE ..................................................... 44
Annexe 2 : QUESTIONNAIRE SEMI-STRUCTURE................................................. 48

x
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

1. INTRODUCTION GENERALE

1.1. Contexte et justification

Situés au contact de la lithosphère, de l'hydrosphère et de l'atmosphère, les espaces


côtiers occupent une position privilégiée qui, de tout temps, ont exercé un fort attrait sur les
hommes. On estime que plus de 2/3 de la population mondiale vivent juste à proximité des
côtes (Paskoff, 1981). La position des littoraux n'est pas fixe, dans certains cas, le continent
avance comme on peut le constater dans beaucoup de régions deltaïques, dans d'autres,
malheureusement plus fréquent, il recule sous l'effet dévastateur des vagues et courants,
communément connus sous le nom “ érosion côtière”. Cette dernière est un phénomène
naturel, d'observation courante essentiellement caractéristique de l'évolution superficielle de
la croûte terrestre sous l'effet de déplacement des sédiments par les vagues.

La recrudescence de l'érosion est généralement attribuée à l'augmentation de la


fréquence des tempêtes, à la hausse globale du niveau marin, au déficit sédimentaire
grandissant, et à la pression anthropique sur le littoral (Dolan et Walker, 2004; Bird, 1993;
Paskoff, 2001). Une étude de synthèse effectuée à l'échelle mondiale par Bird (1985) a montré
que 70% des plages et littoraux sont exposés à l'érosion, contre seulement 10 % des cas où ils
gagnent du terrain. Les 20 % restants montrant une relative stabilité.
Aucun pays côtier n’étant épargné, l’érosion côtière n'est donc pas un cas isolé au
Bénin. Les modifications des conditions environnementales causées par le réchauffement
climatique et les perturbations anthropiques seraient responsables de cet accroissement de
l'érosion côtière (Bernatchez et al., 2008). De plus, la concentration importante de la
population le long des littoraux suscite des questions quant à sa vulnérabilité et à celle des
infrastructures. Le littoral béninois occupe 10% du territoire national mais abrite plus de 30%
de la population (Oyédé et al., 2005). Le littoral qui est déjà un écosystème très fragile subit
une pression humaine trois fois plus forte en moyenne que le reste du territoire.

Il ressort des observations de (Dègbé et al., 2010) que les taux de recul de la ligne de
rivage sont relativement importants (pouvant atteindre 10 à 15 mètres par an et par endroits).
Les différentes mesures de protection du littoral mises en œuvre jusque là n’ont pas pu
inverser les tendances et d’autres mesures sont en cours. Les impacts du changement
climatique et la montée du niveau marin qui en résulte sont particulièrement importants pour
les communautés côtières du globe où les impacts dus aux inondations et à l’érosion risquent
de s’accentuer.

1
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

Les conséquences économiques et sociales de l'érosion côtière peuvent être importantes dans
de nombreux cas. Elle peut même provoquer le déplacement d'une collectivité tout entière.
Les conséquences économiques qui se manifestent dans la perte de terrains et de biens
durables (terrains, maisons,..) peuvent être assez graves, en particulier pour les pays où la
région côtière contribue à une partie importante du revenu national. (Boudjerda, 2010)

D’après l’IIED, le 3 septembre 2008, l’élévation du niveau de la mer a détruit des


centaines d’habitations, des hôtels, des routes et des récoltes, et menace d’engloutir une bonne
partie de la ville de Cotonou, capitale économique du Bénin. Il est urgent d’adopter des
mesures d’atténuation et de développer de nouvelles politiques pour éviter les pires effets des
changements climatiques (Willbanks et al., 2007).

La plupart des travaux sur l’érosion côtière sont essentiellement axés sur son
évolution, ses causes et ses conséquences. Etant donné qu’elle perturbe surtout les conditions
de vie, les infrastructures et les activités économiques des populations côtières nous avons
jugé nécessaire de cerner la perception de ces dernières exposées au quotidien aux effets
néfastes des changements climatiques intensifiés par l’érosion côtière. Nous allons également
analyser en quoi celles-ci sont vulnérables aux impacts actuels de ces deux phénomènes et
répertorier les mesures qu’elles développent pour lutter contre les phénomènes. C’est ce qui
justifie le thème intitulé : " Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux
changements climatiques : cas de l’érosion côtière dans la ville de Cotonou au Bénin".

Pour la commodité de notre réflexion, nous présenterons les objectifs et les hypothèses
dans la suite de l’introduction générale. Ensuite, nous aborderons la synthèse bibliographique
qui regroupe la revue de littérature et la définition de concepts.

Le point suivant fera état des caractéristiques physiques, biologiques et socio-


économiques du milieu d'étude, de même que la méthodologie de l’étude. Après avoir
présenté le matériel et les méthodes utilisés, nous exposerons les résultats des enquêtes
réalisées, la discussion avant d’aboutir à la conclusion et aux suggestions.

2
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

1.2. Objectifs

1.2.1. Objectif global

L’objectif global de la présente étude est de réduire la vulnérabilité des communautés


côtières à l’érosion côtière au Bénin.

1.2.2. Objectifs spécifiques

Il s’est agi spécifiquement :

a. d’évaluer la perception de l’érosion côtière par les populations locales dans la ville
de Cotonou ;
b. de déterminer les impacts socio-économiques de l’érosion côtière sur les conditions
d’existence des populations ;
c. de répertorier les stratégies d’adaptation et de mitigation adoptées par les
populations pour faire face à l’érosion côtière ;
d. de formuler des stratégies pour une meilleure adaptation des populations locales
aux effets néfastes de l’érosion côtière.

1.3. Hypothèses de recherche

Hypothèse 1 : Les communautés côtières du Bénin perçoivent l’érosion de la côte ;

Hypothèse 2 : L’érosion côtière a des impacts socio-économiques sur les conditions


d’existence des populations locales ;

Hypothèse 3 : Diverses stratégies sont adoptées par les populations pour lutter contre
l’érosion côtière.

3
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

2. SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

2.1 Revue de littérature

L'érosion côtière est un aléa affectant une grande partie de la population mondiale. Ce
phénomène, de plus en plus généralisé, s'accélère dans plusieurs régions du monde (Paskoff,
2001). Elle constitue l’un des problèmes environnementaux majeurs auxquels se trouvent
confrontés les pays côtiers de l’Afrique de l’Ouest en général, et le Bénin en particulier où le
recul annuel de la ligne côtière atteint 15 mètres par endroits (Dègbé et al., 2010).

L’érosion côtière est un phénomène naturel due à une pénurie en sédiments qui est de
plus en plus accentuée par les actions anthropiques, en particulier la construction de barrages
sur les fleuves, l'artificialisation des côtes, la déforestation, etc. (Boudjerda, 2010). L'élévation
attendue du niveau de la mer à la suite de changements climatiques aggravera probablement
ce phénomène (Paskoff, 2001). Au Bénin, l’érosion côtière découle de la combinaison de
phénomènes naturels et anthropiques. Situé dans le Golfe de Guinée, le Bénin est, de par sa
position géographique, naturellement très vulnérable à l'érosion côtière. En effet au Bénin, les
courants marins sont parallèles aux côtes, évoluant d’Ouest en Est (Baudoin, 2012). En
conséquence, les vagues emportent sur leur passage des sédiments de la côte pour aller les
déposer plus loin. En principe, ce phénomène ne pose pas de problème puisque les sédiments
sont arrachés à un endroit et d’autres y sont apportés par des vagues venant de l’Ouest.
Cependant, ce phénomène d’apport de sédiments peut être freiné par un aménagement
inapproprié des côtes, ce qui est le cas au Bénin selon les recherches de Dossou (in Bicknell et
al., 2009). L’érosion peut ensuite être accentuée par d’autres activités anthropiques, telles que
la destruction par les populations des mangroves ou des palmiers qui stabilisent les côtes, ou
encore l’extraction de sable. (Baudoin, 2012).

D’après une étude publiée en 2007 par l’International Institute for Environment and
Economic Development (IIED), l’érosion du littoral pourrait rayer de la carte les zones de
Donaten, Tokplegbe, Finagnon, Akpakpa-Dodomey et JAK, dans l’Est du Bénin, si rien n’est
fait pour freiner l’avancée des eaux. L’IIED a dressé une carte des routes, des systèmes
d’écoulement des eaux, des trottoirs et des plantations de cocotiers qui ont déjà commencé à
disparaître.

4
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

À en croire les chercheurs, l’érosion du littoral pourrait faire péricliter les secteurs
béninois de l’industrie, de la pêche et du tourisme, et rayer de la carte les bâtiments, les ports
et l’aéroport, ainsi que d’autres infrastructures

Les modifications des conditions environnementales causées par le réchauffement


climatique et les perturbations anthropiques seraient responsables de cet accroissement de
l'érosion côtière (Bernatchez et al., 2008). Le GIEC prévoit une augmentation du niveau de la
mer de 26 à 82 centimètres (GIEC, 2007), ce qui aura comme effet d'augmenter la
vulnérabilité des communautés côtières à l'érosion (GIEC, 2007; Lemmen et al., 2008). Cette
vulnérabilité dépend, non seulement des conditions environnementales, mais aussi du niveau
de connaissances sur les risques naturels que possède une collectivité (Anderson-Berry,
2003). La résilience côtière est directement liée au niveau de vulnérabilité (Klein, 1998).

2.2 Définition de concepts

Les concepts clarifiés se rapportent aux changements climatiques, risques climatiques,


vulnérabilité et érosion côtière et zone côtière.

 Changement climatique

Un bouleversement climatique général est observé à l’échelle du globe. Ce


bouleversement climatique est appelé Changement Climatique. Il a d'abord été évoqué par
plusieurs auteurs, puis modélisé par Svante en 1896. Le terme réchauffement climatique
global (global warning) a été inventé par le climatologue Wallace dans la revue Science le 8
août 1975.

Le changement climatique correspond à une modification durable (de la décennie au


million d'années) des paramètres statistiques (paramètres moyens, variabilité) du climat global
de la Terre ou de ses divers climats régionaux. Il se caractérise par une hausse des
températures moyennes et entraîne principalement la fonte des calottes polaires et des glaciers
et donc, la montée des eaux. Ces changements peuvent être dus à des processus intrinsèques à
la terre, à des influences extérieures ou, plus récemment, aux activités humaines. Groupe
d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC, 2001).

Dans les travaux du GIEC (2007), le terme « changement climatique » fait référence à
tout changement dans le temps, qu'il soit dû à la variabilité naturelle ou aux activités
humaines. Au contraire, dans la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements

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Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

Climatiques, (CCNUCC), le terme « Changement Climatique » désigne des phénomènes


attribués directement ou indirectement à une activité humaine, altérant la composition de
l’atmosphère mondiale, et qui viennent s’ajouter à la variabilité naturelle du climat observés
au cours des périodes comparables. Le terme « variabilité climatique »quant à lui est utilisé
pour désigner les changements climatiques d'origine naturelle. Dans le cadre de notre
recherche, pour traiter des changements climatiques, nous considèrerons la première
définition du GIEC (2001).

 Risque climatique

D’après le PANA-BENIN, un risque est la probabilité et magnitude d’occurrence


d’une perturbation ou d’un stress dans une région en un temps donné. Selon le CR/PCeT
(Centre de Ressources pour les Plans Climats-Energie Territoriaux), un risque climatique est
défini par l’interaction de trois composantes que sont l’aléa climatique ; l’exposition des
populations, milieux et activités sur un territoire à cet aléa ; et leur vulnérabilité à cet aléa
climatique. L’exposition aux aléas climatiques correspond à l’ensemble des populations,
milieux et activités qui peuvent être affectés par les aléas climatiques. Elle est caractérisée par
une nature d’exposition et par un niveau d’exposition qui définissent l’enjeu de la politique
d’adaptation et l’approche à suivre par la collectivité (degré partenarial fort, approche
réglementaire, etc.). »

La vulnérabilité aux aléas climatiques caractérise le degré au niveau duquel un


système peut subir ou être affecté négativement par les effets des aléas climatiques, y compris
les phénomènes climatiques extrêmes, et par la variabilité climatique. La vulnérabilité d’un
territoire aux aléas climatiques dépend de multiples facteurs, dont l’aménagement du
territoire, l’occupation des sols, les activités économiques locales, l’existence
d’infrastructures de protection, la structure par âge et le niveau de vie des ménages, etc. Dans
cette logique, elle est en partie liée aux choix et stratégies politiques développées sur le
territoire.

La vulnérabilité aux aléas climatiques est plus spécifiquement étudiée à l’échelle d’un
secteur ou d’une activité. Rossiaud (2005) définit la notion de risque par la formule suivante:

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Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

Cela signifie que le risque est une fonction de l’aléa (A = événement pouvant causer
des dommages) s’exerçant en un lieu (s) et dans un temps (t). Il dépend des éléments soumis
au risque (E), quantifiés en termes physiques ou économiques. La vulnérabilité (V) et la
résilience (I) se rapportent aux éléments à risque. Ces paramètres définissent d’une part leur
sensibilité à la destruction, qui peut être structurelle, naturelle, économique ou autre, et
d’autre part la capacité de la société à se remettre de la catastrophe. On voit donc que la
résilience dépend beaucoup des réalités de la communauté avant l’événement, mais également
de sa capacité à faire face et à se relever. Plus simplement, on peut définir le risque comme «
l’occurrence d’un aléa sur une zone vulnérable » (Guillaume, 2005), ou dire que risque = alea
+ vulnérabilité (Maskrey, 1989).

 Vulnérabilité

D’après Brunet (1992) cité par Ogouwalé (2001), la vulnérabilité est le degré auquel
un système est susceptible d’être détérioré ou de subir des dommages sévères en raison du
changement climatique. C’est aussi la sensibilité d’un système ou son incapacité à faire face
aux effets défavorables des changements climatiques y compris la variabilité du climat et les
phénomènes extrêmes Ogounwalé (2001).

Le concept de vulnérabilité aux changements climatiques est devenu central dans la


littérature récente sur l’adaptation au climat (Baudoin, 2012 in Adger et al., 2001 ; GIEC,
2007 ; Leary et al., 2008 ; Magnan, 2009), et peut être étudié sous différents angles
d’approche, qui s’avèrent en fait complémentaires. On a l’approche sous un angle physique et
climatique en rapport avec les perturbations du climat et expliquant la vulnérabilité des
populations aux changements climatiques et l’approche sous l’angle des sciences humaines,
qui cherche à relier les causes de la vulnérabilité au contexte et aux conditions de vie des
populations dites vulnérables. Notre étude de la vulnérabilité des populations côtières du
Bénin s’inscrit davantage dans cette deuxième approche, qualifiée de contextuelle. Elle

7
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

permet de faire ressortir la complexité des causes de la vulnérabilité aux changements


climatiques qui dépendent également du contexte et des conditions de vie.

D’après le Programme d’Action National d’Adaptation aux Changements Climatiques


du Benin (PANA-BENIN), au point de vue socio-économique, est considéré comme
vulnérable dans un environnement donné le groupe social qui n’a pas la capacité d’accès aux
ressources nécessaires à la pleine satisfaction de ses besoins fondamentaux. Les effets
néfastes des changements climatiques, en soumettant les moyens d’existence à des contraintes
supplémentaires, accroissent la vulnérabilité du groupe concerné. Dans cette étude la
vulnérabilité fait donc référence à toute la gamme de facteurs qui exposent les populations
aux risques côtiers en général et à l’érosion côtière en particulier du fait des contraintes
climatiques. Le degré de vulnérabilité d’un individu d’un ménage ou d’un groupe est
déterminé par son exposition aux facteurs de risque et par son aptitude à affronter les
situations de crise.

 Erosion Côtière

L'érosion côtière est un cycle naturel de déplacement des sédiments causé par l'action
combinée de la mer et des facteurs climatiques tels que les niveaux d’eau, les glaces, les
tempêtes les précipitations et le gel-dégel.

Le recul du trait de côte ou « le déplacement vers l’intérieur des terres de la limite


entre le domaine marin et le domaine continental » est la conséquence d’une perte de
matériaux sous l’effet de l’érosion côtière, combinée parfois à des actions continentales.
L’érosion du littoral englobe à la fois :

 l’érosion naturelle induite par les forces marines


 mais également l’érosion générée ou accélérée par l’homme, particulièrement sur les
côtes sableuses (surfréquentation des cordons dunaires qui détruit la végétation et expose le
sable à l’action du vent, extraction de matériaux et ouvrages côtiers qui modifient les
échanges sédimentaire, …). (Mate, 1997)

 Zone côtière

Dans la plupart des cas, le terme de “ côte ” est défini comme l’interface entre la mer
et la terre ou l’endroit où se rencontrent la terre, l’eau et l’air. Par contre, le “ littoral ” est le
plus souvent défini comme la terre affectée par la proximité de la mer et la partie de la mer

8
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

affectée par la proximité de la terre, ou en d’autres mots la zone où les processus qui
dépendent de l’interaction entre la mer et la terre sont les plus intenses. (Abé, 2005)

La “ zone côtière ” est une notion qui est géographiquement plus large que le littoral,
dont les limites exigent une définition beaucoup moins stricte. Cette notion indique qu’il
existe une reconnaissance nationale ou infra-nationale de l’existence d’un environnement
transitoire entre l’océan et la terre. Cette notion est d’une importance primordiale pour la
gestion intégrée des régions littorales. De nombreux processus, qu’ils soient
environnementaux, démographiques, économiques ou sociaux, ont lieu à l’intérieur des
limites de la région littorale, mais leurs manifestations extrêmes sont le plus visibles sur le
littoral. (Abé, 2005). Cette compréhension fait ainsi ressortir un espace côtier submergé et un
espace côtier émergé qui se situent de part et d'autre du trait de côte (Klingebiel, 1989).

L'espace côtier submergé, qui s’étend de la côte vers le large est subdivisé en zones plus ou
moins parallèles au rivage et dont les critères de définition sont très variables selon les
préoccupations des utilisateurs de cet espace maritime. Les critères juridiques et de sécurité
militaire définissent "les eaux territoriales" et la zone économique exclusive; les critères
bioécologiques caractérisant les zones "supra, infra ou circalittorales sur le plateau continental
interne ou externe permettant de situer les types de peuplements naturels en fonction de la
bathymétrie; critères hydrodynamiques et sédimentologiques expriment les conditions
physiques de décroissance de l'énergie des houles et des courants vers le large. La limite de ce
domaine peut être située sur le plateau interne et dépend principalement de la pente générale
de la marge continentale.

L'espace côtier émergé où l'influence de la mer se fait sentir à des distances très diverses selon
les modalités suivantes: critères de proximité et d'exposition à l'action de la mer sur le
continent justifiant l'intérêt touristique d'une côte; influence climatique de la masse d'eau
marine; critères morphologiques et hydrologiques des plaines littorales édifiées par blocage
des eaux et des sédiments à la limite de deux domaines marin et continental; critères
économiques et démographiques prenant en compte les installations et les activités liées à la
mer (ports, pêcheries artisanales ou industrielles, aquaculture). Sa longueur est encore plus
variable et plus difficile à définir. Sur les côtes rocheuses, cette zone peut se limiter au rebord
supérieur. Sur les côtes basses à substrat sédimentaire et dans les plaines maritimes,
l'extension de la zone est très grande (plusieurs kilomètres) et peut être apparentée à la zone
d'influence de la marée. Parfois sur le continent, la zone d'influence des masses d'air
maritimes peut être considérée comme appartenant au domaine littoral.

9
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

3. PRESENTATION DU MILIEU D’ETUDE

3.1. Présentation de la ville de Cotonou

3.1.1. Situation géographique de la ville de Cotonou

La ville de Cotonou est la capitale économique du Bénin. Elle est située entre 6°20’ et
6°23’ de latitude Nord et 2°22’ et 2°30’ de longitude Est. Elle représente la seule Commune
du département du Littoral limitée au Nord par la Commune de Sô-Ava et le lac Nokoué, au
Sud par l’Océan Atlantique, à l’Est par la Commune de Sèmè-Kpodji et à l’Ouest par celle
d’Abomey-Calavi. Elle couvre une superficie de 79 km2, dont 70% sont situés à l’Ouest du
chenal appelé "lagune de Cotonou". Les quartiers de l’Est sont reliés à la partie Ouest par trois
ponts. A l’Ouest de Cotonou, se trouvent le Port Autonome et l’Aéroport International qui
font de la ville, la plus importante porte d’entrée et de sortie du Bénin, tandis que l’Est
dispose d’une zone industrielle. Elle comporte 144 quartiers regroupés en 13
Arrondissements.

10
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

Figure 1: Carte administrative de la commune de Cotonou


Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

3.1.2. Caractéristiques physiques

a) Géologie-Relief

Cotonou appartient à la plaine côtière béninoise qui s'étend sur 150 km de long avec des
cordons littoraux larges de 4 à 6 km et atteint au plus 10 m d'altitude. Le relief du cordon
littoral est plat et caractérisé d’une part, par de légères dépressions longitudinales parallèles à
la côte et d’autre part, par des bas-fonds érodés par l’écoulement des eaux pluviales qui
communiquent avec le Lac Nokoué. Le site de Cotonou demeure jusqu’à nos jours fortement
marécageux (seulement 4mètres d’altitude par rapport à la mer). Ceci, malgré la « lagune de
Cotonou », chenal creusé en 1894 afin de créer une communication directe entre le lac et la
mer (Akomagni, 2006).

b) Sols

Les formations édaphiques prédominantes de la ville de Cotonou sont les sables


fluviomarins dont la forte perméabilité favorise l'infiltration rapide des eaux pluviales et usées
dans une nappe phréatique affleurante qui se sature rapidement. Elle possède des sols sableux
pauvres en matière organique avec une faible capacité d’échange, ce qui entraine les
inondations dans la ville de Cotonou pendant la saison pluvieuse. (Akomagni, 2006).

3.1.3. Climat

Le climat est de type subéquatorial avec une alternance de deux saisons pluvieuses
(Avril à Juillet et Octobre à Novembre) et deux saisons sèches (Décembre à Mars et Août).
Pendant la grande saison des pluies, la ville est menacée par de graves inondations (niveau
bas fortement influencé par les variations du niveau des plans d’eau ; niveau maximal des
crues : 1,5 m (IGN). Les données climatiques exploitées ici pour apprécier les différents
paramètres, sont celles fournies par le Service Météorologique National (SMN) de l’Agence
pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA) de
Cotonou. Les relevés traités sont ceux couvrant les années 2000 à 2012.

12
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

 Pluviométrie

Le Bénin, comme la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest est sujet à une variabilité
pluviométrique de plus en plus marquée. Cette variabilité se manifeste par une tendance
générale à la baisse de totaux pluviométriques annuels et la survenance des années
pluviométriques extrêmement sèches ou pluvieuses (Ogouwalé, 2004). La pluviométrie
moyenne annuelle est de 1131,7 mm environ (ASECNA, 2012). La pluviométrie varie entre
900mm et 1200mm suivant les années. Les différentes variations pluviométriques de la zone
d’étude sont illustrées par la figure 2.

180,0

160,0

140,0
Pluviométrie en mm

120,0

100,0

80,0

60,0

40,0

20,0

0,0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

Année

Figure 2:Variations annuelles de la pluviométrie moyenne à Cotonou de 2000 à 2012

 Température

En 2012, les températures moyennes mensuelles à Cotonou-Aéroport varient de 23,92


°C en août à 29,86 °C en mars. Pour la période 2000-2012, les moyennes annuelles des
minima et des maxima (figure 3) de la température à Cotonou sont respectivement de
25 ,10°C et 27 ,93°C (ASECNA, 2012) avec une température annuelle d’environ 26,52°C.

13
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

29,00

28,00

27,00 Température minimale


annuelle
26,00 Température maximale
annuelle

25,00

24,00
1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014

Figure 3:Variations annuelles de la température minimale et maximale moyenne à Cotonou de


2000 à 2012

 Humidité relative

Pour la période 2000-2012, les moyennes annuelles des minima et des maxima de
l'humidité relative à Cotonou sont respectivement de 69,3 % et 92,3 % (ASECNA, 2012). Les
maxima absolus atteints sont environ 96 %, et sont enregistrés au cours des mois pluvieux.
Les minima absolus avoisinent 45 % et correspondent à la grande saison sèche.

3.1.4. Végétation

Les formations végétales sont pratiquement inexistantes à Cotonou ; cependant on


peut distinguer :

 quelques plantations de cocotiers en bordure de la côte;


 une zone à végétation rare et clairsemée formée essentiellement d’halophytes sur le
cordon littoral. (Akomagni, 2006)
 un peu partout dans la ville, une végétation formée des essences de reboisement telles
que Eucalyptus camaldulensis, Azadiracta indica (neems), Terminalia cattapa
(colatiers). Mais il subsiste encore une végétation primitive constituée essentiellement
d'espèces marécageuses dont Typha australis est souvent l'espèce dominante.

(Tchakpa, 2011)

14
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

3.1.5. Démographie

Sur le plan démographique, la ville de Cotonou tire sa population essentiellement des


régions voisines ou banlieues (Sèmè-Kpodji et Abomey-Calavi). Elle a connu un
accroissement de 8,26% entre les recensements de 1961 et 1979. Cet accroissement s'est
beaucoup ralenti ces dix dernières années (3,89% entre 1979 et 1992 et 2,07% entre 1992 et
2002).
La population de Cotonou s'élève à 658.572 habitants en 2002 suivant les résultats du
Recensement Général de la Population et de l'Habitation de 2002.Suivant les résultats
provisoires du quatrième Recensement Général de la Population et de l’Habitation
(RGPH4),le département du Littoral, notamment Cotonou a vu son poids démographique
passer de 9,8% de la population totale en 2002 à 6,7% en 2013 au profit des (Communes
comme Abomey Calavi, Ouidah et Sèmè-Kpodji) qui sont devenues de véritables cités
dortoirs. A partir du noyau originel des Toffins, la ville de Cotonou s’est progressivement
enrichie de toutes les ethnies du Bénin. Ainsi, les principaux groupes socio-culturels
rencontrés à Cotonou sont :
 Le groupe Fon et apparentés (Fon, Goun, Mahi, Toffins…). Ils représentent 56,7% de
la population de la ville.
 Le groupe Adja et apparentés (Mina, Adja, Xwla…) représentant 18,3% de la
population.
 Le groupe Yorouba : Il est constitué des Yorouba, des Nagots, des Idaasha et
représente 11,5% de la population.
 Les autres groupes sont les Bariba, les Dendi, les Yoa Lokpa, les Otamari, les
Peulh,…
3.1.6. Activités économiques

L’essentiel des activités économiques dans la ville de Cotonou est exercé dans les
principaux secteurs du commerce, de l’agriculture urbaine, des PME et PMI, et divers trafics.

 Commerce

Cotonou dispose d’importantes infrastructures de dynamisation des activités


commerciales telles que le marché international de Dantokpa, la zone commerciale de
Ganhi et 24 marchés secondaires avec un système bancaire fiable. Les activités
commerciales sont orientées aussi bien vers la consommation intérieure que vers

15
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

l’importation et l’exportation. Signalons aussi l’existence d’un port, d’un aéroport et


d’une chambre du commerce.

 Agriculture

La ville de Cotonou dispose des bas-fonds et des marécages qui sont propices aux
cultures maraîchères. Les activités agricoles sont donc réduites au maraîchage. Les
emblavures et les productions des principales familles de produits que sont les céréales, les
tubercules et les légumineuses sont les plus basses de toutes les communes du Bénin. Leur
évolution, notamment pour les céréales et pour les tubercules est nulle. La production de ces
différentes cultures maraîchères reste influencée par des variations sans cesse de la
pluviométrie qui fait inonder parfois les sites maraîchers sans oublier la cherté des coûts des
intrants et l’insuffisance du personnel d’encadrement.

 Emploi

L’étude de la population active et de la structure de l’emploi montre que la population


active de Cotonou est occupée en majorité dans le secteur informel. Ce secteur utilise 82,8%
des actifs occupés et le secteur formel ne représente que 17,2% réparti de façon inégale entre
le secteur public (7%) et le secteur privé (10,2%).

 Tourisme et hôtellerie

Cotonou offre tout ce dont le touriste peut rêver ou qu’il peut exiger : aéroport, climat de
paix et de sécurité, hôtels, restaurants, maquis, dancing bars adaptés au goût et à la bourse de
chacun, plages aux sables fins parsemées de cocotiers et bien aménagées pour la distraction,
lacs aux eaux dormantes regorgeant de poissons variés, centre de promotion artisanal et
d’autres points d’exposition et de vente d’objets d’art, marchés toujours débordant
d’animation, places publiques et monuments…
La ville est également à la porte d’entrée du village lacustre de Ganvié, la Venise
africaine située à une vingtaine de kilomètres.

 Pêche

La pêche est relativement développée et mobilise beaucoup de personnes, des nationaux


comme des étrangers. Dans les nombreux plans d’eau (lacs et lagunes), la pêche se pratique
sous plusieurs formes. Il s’agit essentiellement de la pêche continentale et de la pêche
maritime. La pêche maritime se pratique sous deux formes avec des techniques et des

16
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

technologies appropriées. La première forme qui est la pêche industrielle se fait au moyen des
bateaux tels que les charcutiers pour les poissons et les crevettiers pour les crevettes. La
deuxième forme qui est la pêche artisanale se pratique au moyen des barques motorisées ou
non avec des filets longeant la côte.
La pêche continentale s’effectue dans les eaux fluviales et le lac Nokoué au moyen des
barques.

3.2. Présentation du littoral béninois

3.2.1. Localisation et caractéristiques physiques

Le littoral du Bénin est située dans le golfe de Guinée, le long de l'Océan Atlantique
en Afrique de l’Ouest et s'étend entre 1°35 et 7°30 de longitude Est de l'Ouest du Togo à l'Est
du Nigeria et entre 6°20 et 7°30 latitude Nord (Teka et Vogt, 2010). Il couvre une superficie
d'environ 12000 kilomètres carrés, correspondant à environ 10,5% de la surface nationale. Le
climat de la région est très typique avec deux saisons pluvieuses et deux saisons sèches
(Adam et Boko, 1993). Les fluctuations des précipitations annuelles varient entre 820 mm et
1300 mm et l’amplitude thermique journalière est faible avec environ 3°C (Afouda et
Houanye, 2004). Les types de sol les plus importants sont les sols sableux, les sols secs et les
sols ferralitiques (Adam et Boko, 1993). Le littoral est principalement peuplé de Yoruba,
Houeda, Xwla, Toffinou, Wéménou, Fon et Gun ainsi que les groupes ethniques qui ont été
traditionnellement les propriétaires et les utilisateurs de la terre (Teka et Vogt, 2010).

17
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

Figure 4: Localisation du golfe du Bénin en Afrique de l'Ouest (Oyédé et al., 2005)


Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

3.2.2. Erosion côtière

Le littoral béninois s’inscrit dans l’ensemble côtier ouest-africain caractérisé par :


 un étroit cordon de sables grossiers et moyens,
 un fort transit littoral, ce qui en fait une côte essentiellement fragile.
Sur la côte, le phénomène d’érosion côtière entraîne la dégradation des écosystèmes.
Les causes essentielles à la base de l’érosion côtière au Bénin peuvent être énumérées comme
suit :
 remontée générale du niveau de la mer ;

 construction de ports, de barrages hydroélectriques sur les fleuves et d’ouvrages de


protection de la côte ;

 mise à l’affleurement du ‘’beach-rock’’ à la suite de l’érosion des fonds.


La première cause citée ci-dessus concerne l’ensemble du littoral, mais n’explique pas
la forte érosion constatée dans certaines zones. L’ampleur du phénomène dans ces zones
s’explique par des conditions hydrodynamiques particulières et, notamment, par la diminution
ou la suppression des apports sédimentaires venant de l’Ouest.

Figure 5:Vue générale du littoral, de part et d’autre du port de Cotonou (Dègbé et al., 2010).

19
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

4. MATERIEL ET METHODES

4.1. Matériel

Comme matériel utilisé pour la collecte des données on distingue :


 une fiche d’enquête adressée aux populations
 une fiche d’enquête adressée aux personnes ressources ;
 Un appareil photo numérique pour la prise des vues ;
 une carte de la ville de Cotonou pour l’identification des quartiers sillonnés ;
 une moto pour le déplacement ;
 un cahier de note et un stylo.

4.2. Méthodes

La stratégie adoptée afin de parvenir à l’atteinte des objectifs fixés se résume à :


 la recherche documentaire,
 la collecte des données sur le terrain ;
 le traitement des données.

4.2.1. Recherche documentaire

Elle a consisté en une collecte d’information à travers les ouvrages, les revues
scientifiques, les travaux de recherche et les rapports qui ont trait à notre sujet, afin d’avoir
une idée sur les études déjà menées dans le même sens.

4.2.2. Collecte des données

Pour bien mener cette étude, deux types de questionnaire ont été élaborés et soumis
aux différents groupes cibles :
 Un questionnaire de type structuré adressé à la population (120 entretiens structurés) ;
 Un questionnaire semi-structuré adressé aux personnes ressources des différents
services dont les activités se rapportent à la lutte contre l’érosion côtière (12 entretiens
semi-structurés).

Nous avons retenu d’enquêter des personnes âgées de 18 ans et plus. Ces enquêtes ont
été réalisées dans les mois de Juin et Juillet 2013. Les entretiens structurés concernent les
populations côtières les plus vulnérables installées le long de la côte. Les personnes enquêtées

20
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

ont donc été choisies en fonction de l'âge ainsi que de l'emplacement du lieu d'habitation. Par
rapport au mode de sélection des résidants vu que nous n’avons pas eu accès à une base de
sondage nous avons dans chaque quartier à enquêté, pris un carrefour comme point de départ
de la collecte. Ensuite nous avons choisi une direction donné, dans laquelle nous enquêtons
une maison sur deux jusqu’à obtention du nombre de personnes voulues. Les différents
thèmes abordés par notre questionnaire portaient sur l'érosion côtière, ses causes et ses
conséquences ainsi que sur les changements environnementaux pouvant favoriser la fréquence
ou l'intensité des aléas côtiers. Les répondants, étaient aussi questionnés sur les différentes
actions qu'ils privilégient pour se protéger ou s'adapter au phénomène d'érosion et sur les
interventions que les autorités ont mises en place pour freiner le problème d’érosion. Notre
étude s’est effectué dans les quartiers de Enagnon, PK10,Finangnon, Zone des Ambassades,
Fidjrossè Placodji, quartier Jak et Donatin, Ekpè et Djeffa plage mais aussi au port de pêche
car certaines populations ont été délogées par l’Etat pour faciliter l’installation des épis.

4.2.3. Traitement des données

Le traitement a été fait en plusieurs étapes. La première a consisté à l’élaboration d’un


masque de saisie sur le logiciel CSPro 5.01 pour la saisie des données. Après cette saisie, les
données ont été exportées vers le logiciel statistique STATA pour l’apurement et la
tabulation. Le tableur Excel a également été utilisé pour faire les graphiques de présentation
des données.

4.2.4. Présentation et qualité des données

Cette partie nous permet de faire un bilan de la base de données qui a servi à notre
analyse. Ce bilan de qualité se fait généralement sur les variables sociodémographiques tel
que l’âge, le sexe mais aussi sur toutes les autres variables de la base de données entrant dans
l’analyse. Il faut dire que la qualité des données était très bonne. En effet, nous avons eu un
taux de données manquantes nul. Cela est surement dû à la petite taille de l’échantillon. De
plus, très peu d’enquêtés ont refusé de répondre à telle ou telle question.

L’enquête sur la Vulnérabilité des populations aux risques climatiques : cas de


l’érosion côtière dans la ville de Cotonou s’est déroulée au cours des mois de juin et juillet
2013. Pour notre collecte des données, nous avons visité 11 quartiers de Cotonou
majoritairement ceux situés à l’Est du port autonome de Cotonou. L’enquête a couvert 120
personnes dont l’âge moyen est de 39 ans environ avec des extrêmes de 20 ans pour le plus

21
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

jeune enquêté et 80 ans pour le plus âgé. L’échantillon couvre 84,2% d’hommes contre 15,8%
de femmes. La non-parité homme/femme est du fait qu’aux heures de la journée ou l’enquête
se déroule, la plupart des femmes sont engagées dans des activités commerciales et ne sont
présentes à la maison. Nous avons pris environ 10 personnes par quartier. Notre échantillon
d’étude n’est donc pas représentatif de la population enquêtée.

Tableau 1: Répartition de l’échantillon par quartiers enquêtés et par sexe

Variable Modalité Effectif Pourcentage %


DJEFFA 6 5,0
DONATIN 10 8, 3
EKPE PLAGE 9 7 ,5
ENAGNON 10 8, 3
FIFADJI HOUTO 15 12,5
Quartiers enquêtés FINANGNON 15 12,5
FIDJROSSE 10 8, 3
QUARTIER JAK 10 8, 3
PK10 10 8, 3
PLACODJI 10 8, 3
ZONE/AMBASSADES 15 12,5
TOTAL 120 100 ,0
MASCULIN 101 84,2
Sexe FEMININ 19 15,8
TOTAL 120 100 ,0
Source : Donn es d’enquête (SANNI, 2013)

La durée de résidence de nos enquêtés dans ces quartiers de Cotonou est variable. La
plupart des enquêtés (77,5%) ont plus de 5 ans de résidence dans ces quartiers. La grande
majorité de ces derniers affirment être née dans lesdits quartiers. De ces deux informations,
nous pouvons dire que plus de la moitié de nos enquêté ont une bonne connaissance de leur
quartier pour se prononcer sur les risques côtiers en général et sur les causes et conséquences
de l’érosion côtière en particulier.

Tableau 2: Ancienneté dans le quartier

Ancienneté dans le Fréquence Pourcentage %


quartier
Moins de 1an 5 4,2
1 à 5 ans 22 18,3
Plus de 5ans 93
77,5
Total 120 100,0
Source : Donn es d’enquête (SANNI, 2013)

22
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

5. RESULTATS

5.1. Résultats de l’enquête de la population

5.1.1. Principaux risques perçus par les populations riveraines

Le littoral béninois est soumis à une grande variété de risques, au rang desquelles nous
avons l’érosion côtière, l’inondation côtière, les risques de tempêtes, et le changement de la
température ambiante et de l'humidité. Pour mesurer la perception des populations riveraines
sur ces risques, il a été cité un certain nombre de risques et demandé aux interviewés de dire
si oui ou non la côte y était soumise. Il en ressort que les principaux risques identifiés par les
habitants de la côte sont l'érosion côtière, l’inondation côtière, les tempêtes et le changement
de la température ambiante et de l'humidité. Les populations sont exposées quotidiennement
à ces risques.

Parmi ces risques, le phénomène le plus visible et le plus redouté est l’érosion côtière
qui est très consciemment perçue et décrite par les populations. Ainsi 100% des interviewés
perçoivent l’érosion côtière comme un risque, suivi par le changement de la température
ambiante et de l’humidité avec 66% des interviewés, l’inondation côtière avec 58%, et 45%
pour le risque de tempêtes. Il faut dire que 92% des répondants qui représente les populations
installées à l’est de l’épi de Siafato jusqu’à Djeffa plage sont affectés par l'érosion côtière
mais à des degrés différents. Selon la zone dans laquelle ils se trouvent, certains résidants
remarquent une accélération du phénomène d'érosion et observent une perte de terrain alors
que d’autres sont faiblement affectés par l'érosion. Le changement de la température ambiante
et de l’humidité (avancé par 66%) est également un risque jugé comme prépondérant par les
personnes interrogées. Un total de 92 répondants soit 77% affirment que l’érosion côtière est
un phénomène naturel accentué par l’action de l’homme alors que 23% de la population
pensent que l’homme est le seul responsable de ce phénomène.

Tableau 3: Principaux risques naturels perçus par les populations riveraines

Types de risques naturels Exposé (%) Non exposé (%)


Erosion côtière 92 8

Inondation côtière 58 42

Risque de tempêtes 45 55
66 34
Changement de la température ambiante et de l'humidité

Source : Donn es d’enquête (SANNI, 2013)

23
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

5.1.2. Les principales causes de l’érosion côtière

Au delà des risques perçus par les populations, nous nous sommes aussi intéressés aux
perceptions des causes de l’érosion côtière. D’après les populations et pour toutes les zones
parcourues la cause principale de l'érosion demeure l’avancée de la mer avec 99% de
réponses positives. Viennent ensuite le prélèvement du sable marin (67%), la construction des
ports de Cotonou et de Lomé (63%) et la perte de la végétation (32%). Du point de vue des
populations l'érosion du littoral est principalement due à la hausse du niveau marin et aux
modifications faites par les activités humaines.

La modification de l’habitat naturel (10%) et les constructions le long de la côte (17%)


bien que considérés et pris en compte, n’apparaissent pas comme des causes premières de
l’érosion. Nous pouvons conclure que la population locale a une certaine maîtrise des causes
de l’érosion et que plus de la majorité de la population locale a été en mesure d’identifier au
moins une cause naturelle de l’érosion côtière qui est l’élévation du niveau de la mer et une
cause anthropique qui est la construction des ports.

Causes de l'érosion côtière

Perte de la végétation 32 62 7

Construction des ports (Cotonou,Lomé) 63 33 3 Oui


Non
Prélèvement du sable marin 67 32 1
Ne sait pas

Avancée de la mer 99 10

0% 25% 50% 75% 100%


Fréquence en (%)

Figure 6: Principales causes de l'érosion côtière d'après les répondants

5.1.3. Les conséquences de l’érosion côtière

 Conséquences sur les populations

L’érosion côtière impacte à différents niveaux sur la vie des communautés riveraines
de la côte. Elle peut affecter aussi bien le milieu de vie que les activités humaines. Pour ce qui
est des populations interviewées, l’érosion côtière se manifeste par la disparition progressive

24
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

des terres selon 94% des répondants ce qui entraine la destruction de leurs habitats selon 88%
des répondants. De ces deux impacts de premier ordre découlent de nombreux autres impacts
sur les activités économiques et sur le mode de vie des populations côtières. Pour 17% des
personnes interrogées l’érosion entraine aussi une chute de la valeur du foncier dans les
quartiers où le phénomène de l’érosion est accentué. Elle engendre aussi d’autres risques tels
que les inondations (identifiés par 53% des résidants comme une conséquence de l’érosion
côtière). Les habitants ont estimé à environ 15 m la distance moyenne de terre érodée par an.
Le tableau 4 présente la distance de terre érodée depuis leur installation dans la zone. On peut
remarquer que la majorité des populations estiment à plus de 30 m la distance de terre
perdue depuis leur installation.

Conséquences de l'érosion côtière

Chute de la valeur du foncier 17 83

Inondations 53 47
Oui

88 12 Non
Destruction des habitats

Disparition progressive des terres 94 6

0% 25% 50% 75% 100%


Fréquence en (%)

Figure 7: Conséquences de l'érosion côtière sur les populations d'après les répondants

Tableau 4: Dynamique de la ligne côtière selon les populations locales

Erosion côtière depuis l'installation des populations Total


Ancienneté
dans la zone
dans le quartier 1 à 15 m 16 à 30 m Plus de 30 m
Moins de 1 an 3,3 0,8 0,0 4,2

1 à 5 ans 10,8 3,3 4,2 18,3

Plus de 5 ans 10,0 2,5 65,0 77,5

Total 24,2 6,7 69,2 100

25
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

 Conséquences de l'érosion côtière sur les activités menées sur la plage

La navigation et la pêche ressortent être les activités les plus touchées par l’érosion
côtière. Selon les populations l’érosion perturbe énormément la navigation en rendant
l’accostage difficile voire impossible surtout dans les zones fortement érodées (72% des
réponses). Les tempêtes aussi impactent sur la navigation d’après 27% des répondants.
L’impact de l’érosion sur la pêche côtière principale activité économique pratiquée par les
résidants locaux est ressenti par 43% des répondants. En effet, selon la perception des
habitants locaux l’érosion côtière entrainent surtout l’éloignement des bancs de poissons (94%
des réponses) mais aussi la réduction des réserves en poissons (73% des réponses), et aussi la
disparition de certaines espèces de poissons (47% des réponses). En ce qui concerne les loisirs

toutes les personnes interrogées affirment que le phénomène de l’érosion côtière


entrainera une perte de l’usage récréatif des plages si aucune mesure de lutte contre ledit
phénomène n’est prise.

Impact de l’érosion côtière sur la pêche

Disparitions des bancs de poissons 47%

Réduction des réserves de poissons 73%

Eloignement des bancs de poissons 94%

0% 20% 40% 60% 80% 100%


Fréquence en %

Figure 8: Impact de l’érosion côtière sur la pêche d’après les enquêtées

26
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

Impact sur la
navigation

tempetes 27 73

Oui
Non
Accostage
72 28
difficile

0 20 40 60 80 100 120
Fréquence en %

Figure 9:Impact de l’érosion côtière sur la navigation d’après les répondants

5.1.4. Mesures d’adaptation des populations face à l'érosion côtière

A ce jour, aucune action n’est privilégiée par les résidants pour se protéger et
s'adapter aux aléas côtiers. Seuls quelques riverains luttent contre l’érosion côtière en posant
des digues de sacs remplis de sable (7% des réponses). La plupart des communautés côtières
sont donc impuissantes face à l’érosion côtière et finissent par abandonner leurs maisons et
s’installer juste un peu plus loin de la mer car ils n’ont pas les moyens de quitter
définitivement la zone côtière (93% des réponses).

Les actions préconisées par les répondants pour se protéger et s'adapter à l'érosion
côtière sont surtout les épis rocheux et la majorité des répondants croit d’ailleurs que la
réalisation des épis le long de la côte est la meilleure solution pour contrer l'érosion côtière.

27
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

Photo 1: Action de lutte des populations riveraines (Dègbé et al., 2010)

5.1.5. Apport du pouvoir central face à l’érosion côtière

Pour toutes les zones sillonnées, plus de la moitié des répondants trouvent que c’est le
gouvernement qui est responsable des coûts associés aux actions entreprises contre l'érosion
côtière. Ils affirment que les autorités ont mis en place des mesures de lutte contre l’érosion
côtière dans la ville de Cotonou. Parmi ces mesures, les populations riveraines ont cité
l’interdiction du prélèvement du sable marin (96%), la construction des épis (68%), le retrait
des populations vivant près des côtes (49%) et la mise en place des lois interdisant
l’installation des populations le long des côtes (5%). Lorsqu’il leur a été demandé si les
mesures de protection contre l’érosion côtière sont efficaces, 28% des répondants ont répondu
par l’affirmative, 48% ont dit non et 24% ignorent ce qu’il en est.

28
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

Apport du pouvoir central

Mise en place des lois 5 95


interdisant l'installation le long…

Retrait des populations vivant 49 51


près de la côte Oui

68 32 NON
Réalisation des épis

Interdiction de prélever le sable 96 4


marin

0% 20% 40% 60% 80% 100%


Fréquence en (%)

Figure 10:Apport du pouvoir central dans la lutte contre l’érosion côtière

5.2. Résultats de l’enquête des personnes ressources

5.2.1. Principaux risques naturels perçus par les autorités administratives

Après avoir répertorié les perceptions de la population locale sur les risques côtiers
nous nous sommes intéressés à celles des autorités administratives des services de l’Etat.
L’enquête se présentait sous la forme d’un questionnaire semi-structuré abordant les
perceptions des autorités administratives sur les causes et conséquences de l’érosion de même
que les thèmes plus particuliers portant sur les actions et ou stratégies que leur organisme
développent pour réduire la vulnérabilité des populations. Les questionnaires ont été remplis
par les différents participants à cette étude lors d’interviews réalisées entre les mois de juillet
et d’aout 2013. L’ensemble des résultats a été traité et synthétisé. Cette partie fait état des
réponses obtenues par l’ensemble des interviewés (acteurs, gestionnaires, techniciens,
scientifiques).

Nous avons recueilli les informations à la DST, à la mairie de Cotonou, au Ministère


de l’Environnement, à la DPLC, à BOSKALIS et au port de pêche. Au total, 12 personnes ont
été interviewées (2 personnes par structure). Chaque thématique a été abordée par les
répondants. Au moins 75 % des personnes interviewées ont répondues à l’ensemble du
questionnaire.
On peut donc conclure ici à l’excellente représentativité des résultats obtenus au cours
de l’enquête.

29
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

Les risques identifiés comme présents sur la côte béninoise par les autorités
administratives sont : l’érosion côtière (100% des réponses), l’inondation côtière, la pollution
des eaux marines, l’élévation du niveau de la mer, le risque de salinité des eaux douces.

5.2.2. Causes de l’érosion côtière

Les enquêtés ont identifiés certaines causes du risque d’érosion côtière cité ci-dessus.
Nous présentons ci-dessous les différentes causes selon les enquêtés. Ainsi selon tous les
enquêtés, ce sont les actions combinées des agents naturels et anthropiques qui favorisent
l’érosion et le recul des côtes. Les facteurs naturels sont liés à l’élévation du niveau de la mer,
à la forme géomorphologique de la côte spécifique à l’ensemble du golfe de Guinée et au
transit littoral qui fait déplacer les sédiments d’Ouest en Est (Togo vers le Bénin). Les causes
anthropiques quant à elles sont liées à la construction du port de Cotonou et des barrages sur
les fleuves qui bloquent le transit du littoral. Certains ont ajoutés aux causes anthropiques
l’exploitation du sable marin. Selon eux la bande de terre érodée par an est comprise entre 6
et 10 m.

5.2.3. Conséquences de l’érosion côtière

Tout comme les populations les autorités ont aussi reconnues que l’érosion côtière a
de nombreux impact sur la vie des populations, sur les infrastructures et sur les activités
menées dans le domaine côtier. Ainsi les impacts sur les populations sont les suivants : perte
des terres, destruction des habitations, déplacement involontaire des populations, exacerbation
de la paupérisation de certaines couches vulnérables du fait de la perte de leurs biens
(habitats) et de leur incapacité à les renouveler.
Par rapport aux impacts sur les infrastructures, ils identifient la destruction des
infrastructures, la fermeture voire la disparition des voies. Les activités menées sur la plage
sont aussi influencé négativement par l’érosion côtière. En effet la destruction des
écosystèmes entraine sur la pêche un appauvrissement des ressources halieutiques et donc
une réduction de l’activité. Certains ajoutent que les mouvements de sable perturbent les
zones de pêche en les recouvrant et que l’érosion de la côte favorise l’éloignement des bancs
de poissons. La plupart n’ont pas voulu se prononcer sur l’impact de l’érosion côtière sur la
navigation, ils disent qu’ils n’en savent rien.
Quant aux loisirs l’érosion côtière entraine une restriction des espaces de loisirs et la
destruction des hôtels. Elle entraîne donc progressivement la perte de l’usage récréatif des
plages.

30
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

5.2.4. Mesures de lutte et stratégies permettant de réduire la vulnérabilité


des populations face à l'érosion côtière

Parmi les structures visitées seules BOSKALIS et la DPLC ont mis en place des
mesures de lutte contre l’érosion côtière toutes les autorités des autres structures disent que le
phénomène de l’érosion côtière n’est pas de leur ressort mais plutôt celui de l’Etat.
BOSKALIS est la structure chargé de réaliser les épis le long de la côte à l’Est du port de
Cotonou et ses techniciens affirment que la construction des 7 épis contribuera à sauver les
espaces menacés de disparition à Cotonou. L’installation des épis maritimes a démarré et nous
avons pu constater lors de nos travaux de terrain l’installation de l’épi 6 à Sèmè-Kpodji. Ils
expliquent que les épis qui sont des ouvrages actifs ont pour caractéristiques de créer
l’engraissement en amont et l’érosion en aval c’est la raison pour laquelle les épis seront
réalisés le long de la côte sur 7 km environ. Ils jugent ces mesures partiellement efficaces car
elles ne permettent que de reporter le phénomène plus à l’Est (donc vers le Nigéria). De plus
ils sensibilisent les populations sur les dangers qu’ils courent à rester près de la côte lors de la
réalisation des épis. La DPLC quant à elle a essayé de mesurer l’impact économique de
l’érosion côtière et l’estime à plusieurs centaines de milliards.

31
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

6. DISCUSSION

6.1. Evaluation de la perception des risques côtiers

Les principaux risques identifiés par les habitants de la côte sont l'érosion côtière,
l’inondation côtière, les tempêtes et le changement de la température ambiante et de
l'humidité. Les autorités administratives quant à elles citent l’érosion côtière, l’inondation
côtière, la pollution des eaux marines, élévation du niveau de la mer, risque de salinité des
eaux douces.
Par contre, ceux identifiés par les travaux de Teka et Vogt (2010) réalisés sur la côte
béninoise sont le changement climatique, l'érosion côtière, élévation du niveau marin et la
pollution de l'eau. Les recherches sur l’évolution de la zone côtière de (Oyédé et al., 2005)
révèlent que l’élévation globale du niveau marin et les actions anthropiques conduisent à
l’installation d’un déséquilibre de l’écosystème côtier dont les principales conséquences au
Bénin sont : l’érosion côtière, les inondations temporaires, la désalinisation des eaux
lagunaires et les orages qui affectent les populations riveraines.
De tous les risques répertoriés l’érosion côtière se révèle être le plus récurrent. En effet,
d’après les recherches de Dègbé et al., ( 2010) sur la côte béninoise, le principal facteur de
dégradation des écosystèmes réside dans le phénomène d’érosion. Les populations enquêtées
ont une bonne perception du risque d’érosion côtière parce qu’elles sont exposées aux effets
néfastes qu’engendrent ce phénomène. Il va sans dire que lorsqu’un individu perçoit le risque
comme la source de pertes potentielles il développe une attitude d'aversion au risque.
L'aversion est le comportement qui traduit la volonté d'éviter le risque, c'est à dire de réduire
les probabilités de conséquences défavorables (Breysse, 2009). Cette aversion peut être
d’autant plus grande qu’elle menace l’une des réalisations sociales les plus importantes de la
vie d’un Béninois à savoir sa maison ou ses terres. La construction d’une maison est non
seulement un investissement lourd mais revêt aussi au Bénin un caractère d’accomplissement
social.

6.2. Relation entre les perceptions et les données scientifiques

Selon les perceptions des populations, l’érosion est un phénomène naturel accentué par
l’action de l’homme. De plus, ces populations affirment que la zone située à l’Est du port de
Cotonou est la plus affectée par l'érosion et par la perte de terrain. . D’après Mounganga
(2010), l’érosion côtière est un phénomène naturel qui s’accompagne de départ ou retrait plus

32
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

ou moins important de sédiment d’une section du littoral vers une autre, elle est aujourd’hui
intensifiée par l’action de l’homme sur les territoires littoraux.
Les travaux de Oyédé et al., (2007) révèle que dans l’ensemble, le recul de la mer
s’observe à l’Ouest du Port de Cotonou alors qu’à l’Est on note une érosion remarquable
permanente liée à un déficit de sable drainé par la dérive littorale et dont la répartition se
trouve perturbée par l’épi d’arrêt de la jetée ouest du Port de Cotonou.
De plus les habitants locaux savent que l’érosion côtière est due à des facteurs naturels
et anthropiques. Au Bénin, l’érosion côtière découle de la combinaison de phénomènes
naturels et anthropiques ». (Baudoin, 2012). En effet, l’utilisation et l’exploitation d’espaces
aussi fragiles que les littoraux conduisent presque nécessairement à leur dégradation. Si l’on
oppose généralement les causes naturelles de l’érosion aux facteurs anthropiques, c’est parce
que les interventions humaines, naturellement perturbatrices, viennent s’ajouter aux actions
des agents physiques (Clus-auby, 2007) ; qu’elles amplifient et aggravent les dommages.
Selon les populations la cause principale de l’érosion est l’avancée de la mer suivi par
le prélèvement du sable marin, la construction des ports de Cotonou et de Lomé et la perte de
la végétation et d’après les travaux de Dègbé et al.,2010) les causes naturelles sont les
suivantes :
 Le littoral béninois est caractérisé par l’existence d’un cordon littoral fait de
sédiments meubles (sables grossiers et fins) et d’un fort transit littoral créé par
l’obliquité des crêtes des vagues sur le littoral ;
 la remontée générale du niveau de la mer due à la fonte des glaciers du quaternaire.
Les causes anthropiques quant à elles regroupent :
 La diminution des apports sédimentaires en provenance du Togo suite aux travaux de
protection entrepris sur le littoral de ce pays ;
 Les perturbations hydrologiques et sédimentologiques créées par le barrage de
Nangbeto ;
 Le blocage du transit littoral par les ouvrages portuaires de Cotonou et la stabilisation
du littoral entre le port et l’hôtel PLM a l’Est de Cotonou ; c’est le dernier ouvrage du
dispositif de protection mis en place en même temps que les ouvrages portuaires qui
est appelé ≪ épi Est ≫ ;
 Les carrières de sable ouvertes le long du littoral, mais qui sont fermées depuis juin
2009.

Nous remarquons que certaines causes identifiées par les populations se retrouvent
dans celles de nombreux chercheurs. De plus les habitants ont estimé à environ 15 m la

33
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

distance de terre érodée par an et la majorité des populations estiment à plus de 30 m la


distance de terre perdue depuis leur installation. Les observations de (Dègbé et al., 2010)
prouve que les taux de recul de la ligne de rivage sont relativement importants (pouvant
atteindre 10 à 15 mètres par an par endroits). Selon les recherches de (Kaki et al., 2011) sur
l’évolution de la côte béninoise entre 1963 et 2005 révèlent que la zone juste à côté de l'Est du
port de mer montre une érosion intense.

Entre 1963 et 1981 (Figure 11 ) :

- La distance entre les deux lignes de la côte, dans la zone d'origine, était de 380 mètres en 18
ans, avec une vitesse d'érosion de 21 m / an. La surface cinématique était de 145 ha.

Entre 1981 et 1995 (Figure 11 ):

- Dans la zone source, une bande de plage avec une largeur maximale de 135 mètres a été
coulé par la mer en 14 ans, à une vitesse d'érosion de 10 m / an. La surface cinématique était
32,75 hectares.

Entre 1995 et 2000 (Figure 11) :

- Dans la zone source, une bande de terre de 55 mètres a été coulé en cinq ans, ce qui signifie
que la vitesse d'érosion est de 11 m / an. La surface cinématique est de 17,75 ha.

On en conclu qu’à l’Est immédiat de l’épi Est, on a perdu plus de 650 m de largeur de
bande de terre depuis 1963, soit un taux moyen d’érosion de plus de 15 m/an.

Source : Kaki et al., 2011


Figure 11:Evolution du segment côtier Akpakpa-Sèmè de 1963 à 2000

34
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

La comparaison entre les données scientifiques sur la dynamique côtière et les


perceptions des communautés côtières permet de constater qu'il existe une bonne concordance
des perceptions des résidants à l'égard des facteurs et des causes de l'érosion côtière. De plus
les nombreuses bandes de terre emportées depuis les années 1963 confirment les estimations
sur l’évolution de la côte faite par les populations. Les conséquences possibles de cette perte
de terre sont mieux expliquées ci-dessous dans l’analyse des conséquences de l’érosion au
niveau local.

6.3. Analyse des conséquences de l’érosion côtière

Les conséquences sur les populations sont multiples et découlent fondamentalement de


la disparition progressive des terres et de la destruction de leurs habitats. En effet les bandes
de terre emportée depuis les années 1963 représentent de grandes pertes économiques non
seulement pour les populations mais aussi pour l’Etat. Les conséquences sont aussi
importantes sur les activités économiques des résidants locaux. Cet état de chose freine le
développement économique du pays.

Dègbé (2010) dans sa publication sur l’érosion du golfe de Guinée affirme que «
l’érosion touche de manière très sévère le littoral de Cotonou. Des hôtels et des habitats ont
été engloutis par la mer. Un quartier résidentiel est aujourd’hui menacé.»

A Cotonou, plus de 400 mètres de terre, par endroits, ont déjà été avalés par la mer qui
a ainsi englouti des maisons, et emporté des infrastructures hôtelières tel que l’Hotel Palm
Beach (PANA-Bénin, 2008)
Les impacts de l’érosion côtière sont particulièrement visibles dans la zone située à
l’Est de l’épi où plusieurs infrastructures touristiques routières et habitats en dur ont été
détruits. De nombreux pêcheurs, installés sur les côtes de Cotonou, dans certains quartiers
populaires tels qu’Akpakpa, ont perdu leur habitat et parfois leurs outils de travail (bateaux,
filets de pêches, etc.) selon Baudoin (2010).

Les populations ont aussi cités les désagréments de l’érosion sur les activités menées
sur la plage notamment la pêche (perturbation et réduction de l’activité) et les loisirs.

L’érosion affecte les activités de pêche. De nos résultats, on note que les conséquences
consécutives sont entre autres la perturbation voire la perte de la pêche maritime
traditionnelle, la perte d’emploi de pêcheur et d’emploi liés à la pêche (réparateur de filets et

35
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

de pirogues), la dislocation des communautés de pêche et l’accroissement de la pauvreté. Face


à cet état de chose la protection de toute la zone côtière s’avère primordiale. Dans le même
ordre d’idée, les études menées par l’UNESCO (2012) sur les options d’adaptation en zones
côtières stipulent que : “la protection et la conservation des écosystèmes marins et côtiers, en
particulier à l’égard des impacts d’érosion, sont nécessaires pour de nombreuses raisons car :
• ils servent d’habitat aux ressources halieutiques,

• ils garantissent la durabilité de ces ressources à des niveaux qui favorisent la poursuite du
maintien de leur disponibilité,

• ils contribuent à la réduction de l’extrême pauvreté des communautés de pêche par


l’amélioration des échanges, des emplois créés et de la disponibilité alimentaire.”

Photo 2:Voies et habitations détruites à Finangnon (Cotonou, Akpakpa)

Photo 3:Habitations détruites et conditions de vie de pêcheurs à Donatin

36
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

6.4 Analyse des impacts des changements climatiques et des


stratégies de protection de la côte

Les zones côtières du Bénin sont affectées par l’érosion. Ce problème s’accentuera très
certainement si le niveau des mers s’élève, or ceci est un impact prévu du réchauffement
planétaire (Baudoin, 2012). Les deux paramètres considérés au niveau des impacts d'une
élévation du niveau marin sont l'inondation et l'érosion côtière (Abé, 2005). En rapport avec
les changements climatiques, les estimations prospectives et les conséquences les plus
significatives liées à l’évolution du système côtier, vont nécessairement accroître le risque sur
le littoral (Mounganga, 2010). En effet, les divers scénarios les plus récents développés à
l’initiative du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) et du Groupe
Intergouvernemental d’Experts sur l’Évolution du Climat (GIEC), concluent à une hausse
moyenne du niveau marin (tableau ci-dessous).

Tableau 1 : Hypothèse d’élévation du niveau de la mer du PNUE et du GIEC

2025 2100
Hypothèse basse + 13 à + 26 cm + 56 à + 144 cm
Hypothèse haute + 21 à + 55 cm + 345 à + 368 cm

Pour sa part, le PANA prévoit que le niveau de la mer pourrait s’élever de 30


centimètres, et provoquer un recul du littoral de 50 mètres d’ici 2025 (MEHU, 2008).
De ce fait, la protection des côtes contre l’érosion devrait continuer à être une priorité des
autorités en charge de ce volet, en qualité de mesures préventives et adaptatives aux CC en
cours actuellement. Nous rappelons que la DPLC (Direction de la Protection du Littoral et des
Côtes) et l’entreprise BOSKALIS International sont chargées de la construction
d’infrastructures maritimes coûteuses (épis maritimes), avec l’appui de bailleurs de fonds
internationaux (BID), afin de limiter l’érosion dans certains secteurs de la ville, et de réduire
les déplacements de sédiments en brisant la force des vagues. Cependant, les épis ne résolvent
que partiellement le problème de l’érosion côtière car ils reportent le phénomène plus à l’Est.
De plus, les plages du coté de Ouidah et Grand-Popo qui sont fortement érodées ne
bénéficient encore d’aucune mesure de protection. Mais il faut noter que la construction
d’épis constitue une solution de type « curatif », qui ne s’attaque pas aux racines mêmes du

37
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

problème d’érosion qui affecte toute la côte béninoise (Dossou et al ., in Bicknell et al.,
2009).

Parmi les attributions et fonctions de la DPLC il est prévu des sensibilisations des
populations riveraines du littoral en matière de protection de leur cadre de vie et des
sensibilisations sur les effets sur le littoral, des catastrophes naturelles et des activités
humaines. En effet, UNESCO déclare qu’il est nécessaire de développer la sensibilisation et
l’information des populations pour qu’elles puissent comprendre les phénomènes en cours et
mieux mettre en œuvre les politiques locales (de protection, de meilleure gestion,
d’occupation des sols, etc.) UNESCO (2012). Mais nos entretiens avec les autorités de la
DPLC ont permis de conclure que la DPLC n’a pas encore commencé la sensibilisation des
populations dans ses actions, même si cela est dans leur programme d’actions. En effet, le
PANA établit une relation entre l’érosion côtière et l’adaptation aux CC au Bénin : des
stratégies d’adaptation sont envisagées, en tant que dernier projet du programme portant sur le
secteur côtier. Parmi les stratégies envisagées ils priorisent la sensibilisation des populations
riveraines, le renforcement des capacités en matière de lutte contre l'érosion côtière, le
rétablissement des équilibres écologiques et socio-économiques des populations riveraines
PANA-Bénin (2008).

Il faut noter que les différents acteurs de protection des côtes au Bénin ne travaillent
pas suffisamment en synergie ce qui réduit l’efficacité de leurs actions individuelles.

38
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

CONCLUSION ET SUGGESTIONS

L'étude conclut que les habitants du littoral sont conscients des risques qui pèsent sur leur
espace de vie. La variabilité de la perception des habitants locaux s'explique par leur
emplacement le long de la côte, mais surtout par les causes de l’érosion côtière dont la
combinaison des facteurs naturels et anthropiques affectent leurs conditions de vie et
perturbent leurs activités économiques. Malgré une bonne connaissance des aléas et des
causes d'érosion, les moyens d'adaptation des habitants de la côte sont quasi inexistants. Et
pour la majorité des répondants, c’est le gouvernement qui devrait agir pour améliorer la
protection des hommes et des biens face à la multiplication des risques naturels. Ainsi, les
différents acteurs de protection des côtes au Bénin doivent travailler en synergie pour
accroitre l’efficacité de leurs actions.
L'intégration des données scientifiques sur la dynamique côtière permet de mieux
comprendre la perception des résidants et de constater que les répondants ont une bonne
connaissance des causes de l'érosion côtière. De plus leurs connaissances aideront à préciser
les seuils à partir desquels les phénomènes naturels ont des effets sur le littoral et sont
susceptibles d'affecter les communautés côtières. Afin de réduire la vulnérabilité des
communautés côtière aux risques climatiques nous suggérons:
 l’intégration du savoir des communautés côtières dans les études scientifiques ;
 l’interdiction de l’occupation des zones à risques ;
 la mise en place d’un plan commun d’action de gestion de la zone côtière impliquant
la participation des communautés locales dans l’optique du développement durable de
la sous région;
 la sensibilisation et l’information des populations aux différents risques côtiers pour
qu’elles puissent comprendre les phénomènes en cours et mieux mettre en œuvre les
politiques locales;
 intensifier la communication sur le phénomène du changement climatique à travers
des sensibilisations pour une meilleure prise de conscience.

39
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

OUVRAGES
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Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

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Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

ANNEXES

Annexe 1 : QUESTIONNAIRE DE RECHERCHE


Mesdames / Messieurs,
Dans le but de finaliser nos recherches sur le thème : «Vulnérabilité des populations
aux changements climatiques : cas de l’érosion côtière dans la ville de Cotonou au
Bénin», permettez nous de soumettre à votre humble appréciation ce questionnaire
strictement anonyme et personnel. Les résultats ne seront exploités que dans le seul cadre de
la rédaction de notre mémoire de fin de formation pour l’obtention du diplôme du cycle I de
l’Ecole Polytechnicienne d’Abomey Calavi (EPAC), dans la filière Génie de l’environnement
et d’une éventuelle publication.

De votre franche collaboration dépend la justesse de nos propositions pour la


résolution des problèmes liés à notre thème de recherche.

Merci d’avance.
Date de l’enquête :
Fiche n°:
Identification :
Nom de l’enquêté
Prénom(s) de l’enquêté
Age
Sexe
Quartier
Téléphone
E-mail
Profession

Objectif spécifique n°1 : Evaluer les perceptions de l’érosion côtière par les populations
locales dans la ville de Cotonou.
Q1.1 : D’après vous, quels sont les principaux risques auxquels la côte est exposée ?
(plusieurs réponses sont admises)

A. Risques naturels

TYPES OUI NON


DE RISQUES NATURELS
Erosion côtière 1 0

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Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

Inondation côtière 1 0
Risque de tempêtes 1 0
Changement de la température ambiante 1 0
et de l'humidité

B. Risques humains
RISQUES HUMAINS OUI NON
Perte en vie humaine 1 0
Perte de l’usage récréatif des plages 1 0

Q1.2 : l’érosion côtière est-elle OUI NON


a- un phénomène naturel ? 1 0
b- un phénomène causé par l’homme ? 1 0

Q1.3 : Quels sont selon vous les causes de l’érosion côtière dans votre zone?
CAUSES OUI NON Ne sait pas
Avancée de la mer 1 0 9
Prélèvement du sable marin 1 0 9
Perte de la végétation 1 0 9
Modification de l’habitat naturel 1 0 9
Construction le long des côtes 1 0 9
Construction des ports (Cotonou, Lomé) 1 0 9
Autre à 8
préciser______________________________________________________

Q1.4 : Depuis quand habitez-vous le quartier Moins de 1 an 1


? 1 à 5 ans 2
Plus de 5 ans 3

Q1.5 : Comment l’érosion de la côte a-t-elle 1 à 15m 1


évolué depuis votre installation dans la zone? 1 5 à 30m 2
+ de 30m 3

Objectif spécifique n°2 : Répertorier les stratégies adoptées par les populations pour faire
face à l’érosion côtière
45
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

Q2.1 : Quels sont les conséquences de l’érosion côtière dans votre zone ?

IMPACT SUR
Populations humaines Infrastructures
Conséquences de l’érosion côtière
Oui Non Oui Non

Disparition progressive des terres 1 0 1 0

Destruction des habitats 1 0 1 0

Inondations 1 0 1 0

Chute de la valeur du foncier 1 0 1 0

Autre à
8
préciser________________________________________________

Q2.2 : L’érosion côtière a-t-elle un impact sur les différentes activités menées sur la plage?
TYPES OUI NON
D’ACTIVITES
a) Pêche côtière 1 0
réduction des réserves en poissons 1
disparition de certaines espèces de poissons 2
b) Quel impact
Eloignement des bans de poissons 3
sur la pêche ?
Autre à 8
préciser_____________________________________________________
c)Port/ 1 0
navigation
d) Quel impact Accostage de plus en plus difficile 1
sur la
navigation ?
Risque de tempête 2
Autre à 8
préciser_____________________________________________________
e)Loisirs 1 0
f) Quel impact Perte de l’usage récréatif des plages 1
sur les loisirs ?
Autre à 8
préciser_____________________________________________________

46
Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

Q2.3 : Quelles sont les principales mesures et interventions que vous utilisez pour lutter
contre l’érosion côtière dans votre zone? (plusieurs réponses sont admises)
Mesures Oui Non
Abandon des maisons 1 0
Autre à 8
préciser__________________________________________________

Objectif spécifique n°3 : Répertorier les mesures de lutte contre l’érosion côtière mises en
place par les autorités politico-administratives (marquer par des croix, le néant est marqué par
un point d’interrogation)
Q3.1 : Est-ce que les autorités politico-administratives Oui 1
ont mis en place des mesures de lutte contre l’érosion Non 0
côtière dans votre zone ? Ne sait pas 9

Q3.2 Si oui quelles sont ces mesures ?


Mesures Oui Non
Interdiction de prélever le sable marin 1 0
Mise en place de lois interdisant l’installation le long 1 0
des côtes
Retrait des populations vivant près des côtes 1 0
Epis 1 0
Digues côtières 1 0
Autre à préciser________________________________________________ 8

Q3.3 : D’après vous ces mesures de protection sont- Oui 1


elles efficaces face à l’érosion dans votre zone ? Non 0
Ne sait pas 9

Objectif spécifique n°4 : Formuler des stratégies pour une meilleure adaptation des
populations locales aux effets néfastes de l’érosion côtière dans la ville de Cotonou.

Q4.1 : Proposez- nous des moyens de lutte efficace contre l’érosion côtière ?
Mesures Oui Non
Mise en place de lois interdisant l’installation le long 1 0
des côtes
Retrait des populations vivant près des côtes 1 0

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Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

Epis 1 0
Digues côtières 1 0
Autre à préciser________________________________________________ 8

Q4.2 Quelles sont vos remarques finales ?


Remarques : -------------------------------------------------------------------------------------------------
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Merci pour votre coopération.

Annexe 2 : QUESTIONNAIRE SEMI-STRUCTURE


Mesdames / Messieurs,

Dans le but de finaliser nos recherches sur le thème : «Vulnérabilité des populations
aux changements climatiques : cas de l’érosion côtière dans la ville de Cotonou au
Bénin», permettez nous de soumettre à votre humble appréciation ce questionnaire
strictement personnel. Les résultats ne seront exploités que dans le seul cadre de la rédaction
de notre mémoire de fin de formation pour l’obtention du diplôme du cycle I de l’Ecole
Polytechnicienne d’Abomey Calavi (EPAC), dans la filière Génie de l’environnement et
d’une éventuelle publication.

De votre franche collaboration dépend la justesse de nos propositions pour la


résolution des problèmes liés à notre thème de recherche.

Merci d’avance.
Date :
Fiche n°:
Structure :
Identification :
Nom
Prénom(s)
Age
Sexe
Téléphone
E-mail

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Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

Profession

Objectif spécifique n°1 : Evaluer les perceptions de l’érosion côtière par les autorités
politico-administratives dans la ville de Cotonou.
Q1.1 : D’après vous, quels sont les principaux risques auxquels la côte béninoise est exposée?
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………

Q1.2 : Quelles sont selon vous les causes de l’érosion côtière dans la ville de Cotonou?
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………

Q1.3 : Comment évolue l’érosion de la côte chaque année?


…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………

Objectif spécifique n°2 : Répertorier les impacts de l’érosion côtière sur les populations les
infrastructures et les différentes activités menées sur la plage
Q2.1 : Quels sont les conséquences de l’érosion côtière sur les populations et les
infrastructures?
 Sur les populations
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
 Sur les infrastructures
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
Q2.2 : Quelle est l’impact de l’érosion côtière sur les différentes activités menées sur la
plage?
 Quel impact sur la pêche côtière?
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
 Quel impact sur la navigation ?
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Vulnérabilité des populations et des infrastructures aux changements climatiques : Cas de l’érosion côtière à Cotonou au Bénin

…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
 Quel impact sur les loisirs ?

…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
Objectif spécifique n°3 : Répertorier les mesures de lutte contre l’érosion côtière mises en
place par les autorités politico-administratives
Q3.1 : Quelles sont les principales mesures et interventions que vous avez mis en place pour
lutter contre l’érosion côtière à Cotonou?
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
Q3.2 : D’après vous ces mesures de protection sont-elles efficaces?
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
Objectif spécifique n°4 : Formuler des stratégies pour une meilleure adaptation des
populations locales aux effets néfastes de l’érosion côtière dans la ville de Cotonou.
Q4.1 : en quoi les populations côtières sont-elles vulnérables a ce phénomène?

…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………

Q4.2 Quelles sont les stratégies actuelles qui permettent de réduire leur vulnérabilité ?

Quelles sont vos remarques finales ?


Remarques : -------------------------------------------------------------------------------------------------
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Merci pour votre coopération.

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