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Université Mohammed Premier

Ecole Nationale des Sciences Appliquées


Oujda

Filière: Génie Civil (S3)

Cours de l’hydrologie générale

Chap. 2: Le bassin versant

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2021/2022
Pr. Said BENGAMRA
I. Définitions
Le bassin versant (BV) ou le bassin hydrologique représente l’unité
géographique sur laquelle se base l’analyse du cycle hydrologique
et ces effets.

Il est définie comme la totalité de la surface topographique drainée


par un cours d’eau principale (Oued) et ses affluents (tributaires).

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Le BV est une zone dont les eaux de ruissellement de surface
s’écoulent et se rassemblent vers un point unique appelé l’exutoire.

Exutoire: point à partir duquel nous pouvons tracer le départ et


l’arrivée de la ligne de partage des eaux de surface.

Ligne de partage
des eaux

3
Exutoire
Ligne de partage des eaux de surface: elle correspond à la ligne de
crête et ne traverse aucun cours d’eau, sauf au niveau de l’exutoire.

On parle alors du BV topographique.

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Le BV réel (hydrogéologique): Dans le cas d'une région où le sous-
sol est perméable, il se peut qu'une partie des eaux tombées à
l'intérieur du bassin topographique s'infiltre puis sort
souterrainement du bassin ou à l'inverse les eaux entrent
souterrainement dans le bassin.

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II. Caractéristiques morphométriques des BV
II.1. La surface

Superficie du BV = Aire (ha, km²) délimitée par la ligne de partage des eaux

Le BV étant l'aire de réception des précipitations et d'alimentation


des cours d'eau, les volumes de ruissellement vont être reliés à sa
surface.

+ Surface BV est grande ,

+ la pluie captée est grande,

+ le volume des crues est important

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II. Caractéristiques morphométriques des BV
II.1. La surface

La surface du BV peut être mesurée par superposition d'une grille


dessinée sur papier transparent, par l'utilisation d'un planimètre ou,
mieux, par des techniques de digitalisation (logiciels de SIG ou
Autocad).

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II.2. La forme

La forme d'un BV (allongée ou ramassée) influence l'allure de l'hydrogramme


de crue au niveau de l'exutoire et le temps de concentration.

Hydrogramme de crue

Temps de concentration tc des


eaux sur un BV se définit comme
le maximum de durée nécessaire
à une goutte d'eau pour parcourir
la distance entre le point le plus
éloigné du bassin et son exutoire.
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II.2. La forme
La forme allongée favorise les faibles débits de pointe de crue, et des temps
de concentration importants d'acheminement de l'eau à l'exutoire (BV2) .

Par contre, un BV en forme d'éventail (bv1), présentant un temps de


concentration plus court (tc1), et aura un débit de pointe élevé.
Q (m3)

forme circulaire 3 heures


Q (m3)

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forme allongée 5 heures
II.2. La forme

Elle est déterminée par l'indice de compacité de Gravelius (1914) KG :


(KG= Périmètre du BV/ Périmètre du cercle de même surface du BV)

P P
KG   0,28 A : surface du BV (km²),
2 A A P : périmètre du BV (km).

Cet indice se détermine à partir d'une carte topographique en mesurant


le périmètre et la surface du BV.

KG  1 BV de forme circulaire (ramassée)


KG > 1 (1,12) BV de forme allongée

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II.3. Le relief

Le relief a une grande influence sur l'écoulement, car de nombreux


paramètres hydrométéorologiques varient avec l'altitude
(précipitations, températures, etc.) et la morphologie du bassin
(vitesse de ruissellement).

La pente influe sur la vitesse d'écoulement. Ainsi, une pente forte


correspond à un tc court et une vitesse forte des eaux de
ruissellement et vice-ver-ça.

Le relief se détermine au moyen d’indices suivants a, b, c, d, et e:

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II.3. Le relief
a. La courbe hypsométrique

Elle représente le profil en long du BV et sa pente moyenne.

Elle est obtenue à partir des cartes topographiques et des MNT et fournit
une vue synthétique de la pente du bassin .

Elle représente la répartition des surfaces élémentaires du BV en fonction


des altitudes correspondantes.

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II.3. Le relief
a. La courbe hypsométrique

Exemple

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II.3. Le relief

a. La courbe hypsométrique: Les altitudes caractéristiques

L'altitude maximale représente le point le plus élevé du bassin;


L'altitude minimale représente le point le plus bas, généralement à
l'exutoire.
L'altitude moyenne se déduit directement de la courbe
hypsométrique ou se calcule :

Hmoy : altitude moyenne du bassin (m) ;


Ai . hi
H moy  
Ai : aire comprise entre deux courbes de niveau (km2) ;
hi : altitude moyenne entre deux courbes de niveau (m) ;
A A : superficie totale du bassin versant (km2).

L'altitude médiane correspond à l'altitude lue au point 50% de la


surface totale du bassin, sur la courbe hypsométrique.

Cette grandeur se rapproche de l'altitude moyenne dans le cas où la courbe


hypsométrique du bassin concerné présente une pente régulière. 14
II.3. Le relief
b. Le rectangle équivalent
La notion de rectangle équivalent ou rectangle de Gravelius, introduite
par Roche (1963), permet de comparer facilement les BV entre eux, en ce
qui concerne l'influence de leurs caractéristiques sur l'écoulement.

Le BV rectangulaire résulte d'une transformation géométrique du BV


réel dans laquelle on conserve la même superficie, le même périmètre
(même KG).

La climatologie, la répartition des sols, la couverture végétale et la


densité de drainage restent inchangées entre les courbes de niveau.

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II.3. Le relief
b. Le rectangle équivalent

Le périmètre du rectangle équivalent vaut : P  2 ( L; l )


La surface: A ; L  l
P
Le coefficient de compacité : K G 
2 A

En combinant ces trois relations, on obtient :

 2 
 1,12  
KG  A 
L  1  1    
1,12   KG   K G  1,12
 

 2 
 1,12  
KG  A 
l  1  1    
1,12   KG   P
  l  L
2 16
II.3. Le relief
c. L'indice de pente ip (indice de Roche)

Cet indice se calcule à partir du rectangle équivalent.


Il est égal à la somme des racines carrées des pentes moyennes de chacun
des éléments pondérés par la surface intéressée :

n
1 d
i p   ( xi. )
L i 1 xi

ip: indice de pente (%),


L: longueur du rectangle (m),
xi: distance qui sépare 2 courbes sur le rectangle (m),
d: dénivelée entre 2 courbes de niveau successives (m),
d/xi: pente moyenne d'un élément de surface (%). 17
II.3. Le relief
d. Indice de pente globale Ig
Dut
Un indice de pente encore plus simple : Ig 
L
Dut : dénivelée utile h5 % - h95 %, définie sur la courbe hypsométrique ;
L : longueur du rectangle équivalent.

Cet indice est facile à calculer et très utilisé. Il sert de base à une des
classifications IRD (Ex. O.R.S.T.O.M.) pour des bassins versants dont la
surface est de l'ordre de 25 km2 :

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II.3. Le relief
e. La dénivelée spécifique

Dut l
DS  I g A L  l  Dut (Dut = H5% - H95 %)
L L
Elle donne lieu à une deuxième classification de l’ IRD (Ex.
O.R.S.T.O.M.), indépendante des surfaces des bassins :

ORSTOM: Office de la recherche scientifique et technique outre-mer, organisme aujourd'hui


remplacé par l'IRD (Institut de recherche pour le développement)

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Paramètres Méthode de mesure
Planimétrage
Caractéristiques morphométriques d’un BV La surface MNT

Digitalisation

Curvimétrage

Dans le plan Le périmètre MNT

Réctangle
équivalent

L/l: Rectangle
équivalent

MNT
La forme
KG de Gravelius

Courbe aire-
distance

Planimétrage
Courbe
hypsométrique
Maillage

Dénivelé Formule
Le relief
Indice de pente Formule

Indice de Pente 20
Formule
global
III. Caractéristiques du réseau hydrographique

Le réseau hydrographique (RH): l'ensemble des cours d'eau


naturels ou artificiels, permanents ou temporaires, qui participent
à l'écoulement des eaux de surface.

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III. Caractéristiques du réseau hydrographique
III.1. La topologie : structure (forme) du réseau

La topologie c’est l'étude des propriétés géométriques du RH, elle


est utile dans la description du réseau hydrographique et
notamment pour sa classification.

Le RH peut prendre plusieurs


formes géométriques en fct de:

- Géologie;
- Topographie;
- Climat;
- Aménagements.

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III. Caractéristiques du réseau hydrographique

III.2. La topologie : classification et ordre des cours d'eau

La classification est facilitée par un système de numérotation des


tronçons de cours d'eau (rivière principale et affluents).

Il existe plusieurs types de classifications des tronçons des cours


d'eau, dont la classification de Strahler (1957) qui est la plus
utilisée.

Cette classification permet de décrire le développement du réseau


de drainage d'un bassin de l'amont vers l'aval. Elle reflète la
ramification d’un réseau de drainage et se base sur les règles
suivantes :

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III. Caractéristiques du réseau hydrographique

III.2. La topologie : classification et ordre des cours d'eau

Tout cours d'eau dépourvu de


tributaires est d'ordre un.

Le cours d'eau formé par la


confluence de deux cours d'eau
d'ordre différent prend l'ordre du plus
élevé des deux.

Le cours d'eau formé par la


confluence de deux cours d'eau du
même ordre est augmenté de un.

Ce BV est d’ordre 4.

Un bassin versant a l'ordre du plus élevé de ses cours d'eau, soit


l'ordre du cours d'eau principal à l'exutoire. 24
III. Caractéristiques du réseau hydrographique
III.1. La topologie : classification et ordre des cours d'eau

Problème : définition de l'ordre 1 dépend de l'échelle à laquelle on travaille


sur une carte.

On peut cependant établir une correspondance entre l'échelle et l'ordre réel


(révélé par photographie aérienne)

Ordre réel Ordre lu sur Echelle de la


la carte carte
2 1 1/20 000
3 1 1/50 000
4 1 1/100 000
5 1 1/200 000

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III.2. Les longueurs et les pentes caractéristiques du réseau
a) Les longueurs caractéristiques

Un BV se caractérise principalement par deux types de longueurs :

La longueur du cours d'eau principal (Lcp) est la distance curviligne depuis


l'exutoire jusqu'à la ligne de partage des eaux en amont.

La longueur d'un bassin versant (LCA) est la distance curviligne mesurée le


long du cours d'eau principal depuis l'exutoire jusqu'à le centre de gravité
du bassin.

Lcp

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III.2. Les longueurs et les pentes caractéristiques du réseau
b) Profil longitudinal du cours d'eau

C’est une représentation graphique de la variation altimétrique du fond du


cours d'eau en fonction de la distance à l'exutoire.

Cette représentation devient intéressante lorsque l'on reporte les cours


d'eau secondaires d'un bassin versant qu'il est alors facile de comparer
entre eux et au cours d'eau principal.

Le profil en long d'un cours d'eau permet de définir sa pente moyenne.

Saidi et al., 2006

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III.2. Longueurs et pentes caractéristiques du réseau
c) Pente moyenne d'un cours d'eau

• La pente moyenne du cours d'eau détermine la vitesse d’écoulement de


l'eau à l'exutoire, et donc le temps de concentration.

• Une pente forte favorise et accélère l'écoulement superficiel, tandis qu'une


pente douce ou nulle donne à l'eau le temps de s'infiltrer dans le sol.

• Le calcul des pentes moyennes de cours d'eau s'effectue à partir de son


profil longitudinal.

H max
Pmoy 
Lcp
Pmoy : pente moyenne du cours d'eau (m/km) ;
Hmax: dénivellation maximale de la rivière (m)
Lcp : longueur du cours d'eau principal ((Km). 28
III.3. Degré de développement du réseau
a) Densité de drainage (Horton)

La densité de drainage représente la fréquence des talwegs.

Dd 
 Li Dd : densité de drainage (km/km2) ;
Li : longueur d’un cour d'eau (km) ;
A A : surface du bassin versant (km2).

La Dd dépend de la géologie, la topographie du BV et, dans une certaine


mesure, des conditions climatologiques et anthropiques.

Un réseau dense aura une Dd grande et des ordres élevés, il est susceptible
de favoriser un drainage rapide du BV.

Dd varient de 3 à 4 pour des régions où le RH n’est pas développé ;

Dd dépassent 1000 pour certaines zones où le RH est très ramifié avec peu
d'infiltration.
29
III.3. Degré de développement du réseau

b) Densité hydrographique

La densité hydrographique représente la fréquence des talwegs, c-à-d le


nombre de cours d’eau par unité de surface.

Dh 
 N i
Dh : densité hydrographique (km2) ;
Ni : nombre de cours d'eau ;
A A : superficie du bassin (km2).

En générale, les régions à haute Dd et à haute Dh présentent des formations


géologiques imperméables, un couvert végétal restreint et un relief fort.

L'opposé, c-à-d faible Dd et faible Dh, se rencontrent dans les régions à


substratum très perméable, à couvert végétal important et à relief faible.

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III.4. L'endoréisme

L'endoréisme est un phénomène rencontré dans certains BV qui ne


possèdent aucun exutoire, on les nomes bassins intérieurs ou
encore bassins fermés.

Toute eau qui tombe sur ce type de bassins y demeure, à l’exception


de flux d’évapotranspiration, ainsi que d’infiltration. Cette eau
s’accumule dans un lac, une mare ou une accumulation souterraine
qui occupe le point le plus bas du BV.

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III.5. Caractéristiques agro-pédo-géologiques

a. La couverture végétale du sol

Le couvert végétal retient, selon sa densité, sa nature et l'importance de la


précipitation, une proportion variable de l'eau atmosphérique. Cette eau
d'interception est en partie soustraite à l'écoulement.

La forêt exerce une action limitatrice importante sur le ruissellement


superficiel. Elle régularise le débit des cours d'eau et amortit les crues de
faibles et moyennes amplitudes et par conséquent réduit l’érosion des sols.

Vu l'importance du rôle joué par la forêt, on traduit sa présence de par un


indice de couverture forestière K :

Surface des forêts


K  100
Surface totale du bassin
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III.5. Caractéristiques agro-pédo-géologiques

b. La nature du sol

La nature du sol intervient sur la rapidité de montée des crues et sur


leur volume.

En effet, le taux d'infiltration, le taux d'humidité, la capacité de


rétention, les pertes initiales, le coefficient de ruissellement (Cr) sont
fonction du type de sol et de son épaisseur.

Pour étudier ce type de réactions, il faut une carte pédologique


détaillée dans les études de prédétermination des crues.

Hauteur d ' eau ruissélée( mm)


Cr   100
Hauteur d ' eau précipitée( mm)
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III.5. Caractéristiques agro-pédo-géologiques

c. La géologie du BV

L'étude géologique d'un BV a pour objet de déterminer la perméabilité


de chaque affleurement. Celle-ci intervient sur la vitesse de montée des
crues, sur leur volume et sur le soutien apporté aux débits d'étiage par
les nappes souterraines.

Un BV à substratum imperméable
présente des crues plus rapides et
plus violentes qu'un bassin à
substratum perméable, soumis à
une même averse.

Un BV à substratum perméable
retient l'eau plus aisément, et en
période de sécheresse, un débit de
base sera ainsi assuré plus 34
longtemps par les sources.
III.5 Les caractéristiques agro-pédo-géologiques

c. La géologie du BV

La géologie influe indirectement sur l’évapotranspiration par l’effet thermique


dû à la couleur des sols et par le développement de la végétation en fonction
des sols (albédo)

L’ORSTOM a proposé une classification en 5 groupes définis:

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Paramètres Moyens de détermination

Caractéristiques du réseau hydrographique Hiérarchisation Carte topographique

Forme Carte topo, MNT

Densité de drainage Formule empirique

Densité hydrographique Formule empirique

Profil longitudinal Carte topo et calculs

Endoréisme Carte topographique

Profils en long Carte topographique

Cartes pédologique et
Nature de sol
géologique 36
Bibliographie

Anctil F., Rousselle J., Lauzon N., 2005. Hydrologie - Cheminement de l’eau. Presse Ecole
Polytechnique de Montréal, Quebec.317 p.
Cosandey C., Bigot S., Dacharry M. Gille E., Laganier R., Salvador P.G., 2003. Les eaux
courantes- Géographie et environnement. Edition Belin, Paris. 240 p.
Musy A., 2013. Site web: http://hydram.epfl.ch
Ouarda, T. B. M. J., Gingras, H., Bobée B., Lemonier M,., 2001. Synthèse des méthodes
simples de régionalisation. Institut National de la Recherche Scientifique INRS-Eau – Québec.
64 p.
Réméniéras G, 1999. L’hydrologie de l’ingénieur. Edition Eyrolles, Paris.453 p.

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http://grern.hautetfort.com/media/02/01/ce0f920b2f4077f1f710c5a5c10acd06.pdf
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