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ETUDES TOGOLAISES
Revue Togolaise des Sciences
Publication semestrielle
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Vol 14, n°2 – Juillet – Décembre 2020 - ISSN 0531 - 2051
ETUDES TOGOLAISES
Revue publiée sous le haut patronage du Ministre de
l’Enseignement Supérieur et de la Recherche
Directeur de Publication : Prof. Kouami KOKOU
Rédacteur en chef : Dr. Sénamé Dodzi KOSSI
Responsables Administratifs et Financiers : M. Frédéric Adjagnon NADOR /
M. Wakilou BONFOH
Comité scientifique de lecture
- Pr. Messanvi GBEASSOR, Lomé – Togo
- Pr. Kouami KOKOU, Lomé – Togo
- Pr. Fidèle Messan NUBUKPO, Lomé – Togo
- Pr. Mireille PRINCE-DAVID, Lomé – Togo
- Pr. Kossi KOUMAGLO, Lomé – Togo
- Pr. Moustapha KASSE, Dakar – Sénégal
- Pr. Adolé GLITHO, Lomé –Togo
- Pr. Serge GLITHO, Lomé - Togo
- Pr. Kossi NAPO, Lomé – Togo
- Pr. Comla de SOUZA, Lomé – Togo
- Pr. Akuetey SANTOS, Lomé – Togo
- Pr. Nandedjo BIGOU-LARE, Lomé – Togo
- Pr. Taladidia THIOMBIANO, Ouagadougou – Burkina Faso
- Pr. Koffisa BEDJA, Lomé - Togo
- Pr. Mawuena GUMEDZOE, Lomé – Togo
- Pr. Koffi NDAKENA, Lomé – Togo
- Pr. Koffi AKPAGANA, Lomé – Togo
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- Pr. Komi TCHAKPELE, Lomé – Togo
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- Pr. Aimé GOGUE, Lomé –Togo
- Pr. Egnonto M. KOFFI-TESSIO, Lomé – Togo
- Pr. Gauthier BIAOU, Cotonou – Bénin
- Pr. Koffi AHADZI-NONOU, Lomé – Togo
- Pr. Badjow TCHAM, Lomé – Togo
- Pr. Edinam KOLA, Lomé – Togo
- Pr. Kokou Folly Lolowou HETCHELI, Lomé – Togo
- Pr. Pépévi KPAKPO (MC), Lomé – Togo
- Pr. Adzo Dzifa KOKOUTSÈ, Lomé – Togo
- Pr Adou YAO, Abidjan – Côte d’Ivoire
- Pr. Essohanam BATCHANA, Lomé-Togo
- Pr. Gbati NAPO (MC), Lomé– Togo
- Pr. Kaoum BOULAMA (MC), Niamey-Niger
- Prix du numéro : 2 500 Fcfa
- Abonnement : 4 500 Fcfa / An
Toute correspondance concernant la revue doit être adressée à :
Etudes Togolaise « Revue Togolaise des Sciences », BP 2240 LOME – TOGO ;
Tél. (228) 22 21 01 39 / (228) 22 21 39 94
Email: inrstogo@yahoo.fr
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Vol 14, n°2 – Juillet – Décembre 2020 - ISSN 0531 - 2051
SOMMAIRE
1. L’acculturation de la médecine traditionnelle africaine : cas des croyances et
pratiques des tradipraticiens de la ville de Lomé, Hata DEBATABA, université de
Lomé, Togo……………………………………………………………………………6
2. Logiques sociales et prostitution masculine en milieu urbain abidjanais : cas des
homosexuels de la commune de Yopougon (côte d’ivoire), Say Ahou Clémentine
TANOH, Université Félix Houphouët-Boigny (UFHB), Abidjan, Côte d’Ivoire,
Moussa KONÉ, Université Jean Lorougnon Guédé (UJLoG), Daloa, Côte
d’Ivoire…...……………………………………………………………………..……22
3. Les cours de répétition en mathématiques influent-ils sur le sentiment de compétence
des élèves dans cette matière ? Ibn Habib BAWA, Université de Lomé, Togo, Yvonne
KOUTOU, Université Norbert Zongo, Burkina Faso………………………....…......39
4. Facteurs explicatifs de l’échec des initiatives communautaires d’autopromotion
sanitaire au Togo : le cas de l’association des mutualistes de sante de Kodjoviakope
(Amusanko) à Lomé au Togo, Komivi ABOTCHI, Sociologue des organisations et de
développement, Gestionnaire Régional de Subventions FM/GAVI à la DRS Plateaux,
Togo…………………………….................................................................................50
5. Facteurs explicatifs du changement de parcours chez les étudiants à l’université de
Lomé, Yawo Adzéoda HOLU, Université de Lomé, Togo, Kossi Eli SENAYAH,
Université de Lomé, Togo, Mensan Azadzi DZAMAYOVO, Université de Lomé,
Togo………………………………………………………….….…………...……....61
6. Les alternances linguistiques entre le français et les langues africaines : cas de
nawdm, kabiyè, éwé au Togo, Bakouya GUEDELA, Université de Lomé, Togo.......72
7. Lutte contre le travail des enfants en Côte d’Ivoire : la place des jeunes filles
domestiques dans l’agenda mediatique et l’impact sur leur sante, Kouadio Joël-Henri
Gilles ALOKO-N’GUESSAN, Université Félix Houphouët-Boigny (Côte
d’Ivoire)........................................................................................................................83
8. Relations extraconjugales et infidélité féminine au Cameroun : fondements et
pratiques d’un phénomène social en perpétuelle croissance, Djou Josiane TOUSSÉ,
Université de Yaoundé II Soa, Cameroun...................................................................100
9. Ddynamique du « vivre-ensemble » et brassage socioculturel á Lomé, Djifa Yaovi
TSIGBE, Université de Lomé, Togo…………………………………………...…...115
10. L’oralité en Afrique face à l’épreuve de la temporalité, Mawusse Kpakpo AKUE
ADOTEVI, Université de Lomé, Togo…………………………………………......132
11. Occupation du domaine forestier public ivoirien et construction sociale du
nationalisme foncier chez les populations de Bossematie à l’Est de la Côte d’Ivoire,
Jean Louis NIAMKE, Université Félix Houphouët-Boigny, Côte d’Ivoire, TANOH
Adjei Pascal, Université Félix Houphouët-Boigny, Côte d’Ivoire………...…...…...142
12. Analyse du quatrième objectif de développement durable dans l’enseignement de
base au sein des écoles publiques en République Démocratique du Congo, Anne-Marie
KAYIND CHEY, Chercheure Indépendante, Province du Haut-Katanga, République
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17. Facteurs explicatifs de la recherche des soins chez les religieux à Lomé, Mayipo
DJORE TOROUKA, Université de Lomé, Togon Mafobatchie NANTOB,
Université de Lomé, Togo………..……………………………………………...…234
18. Inondations et gestion des eaux pluviales dans la zone littorale est de Lomé, Koko
Zébéto HOUEDAKOR, Université de Lomé, Togo, Dangnisso BAWA, Université
de Lomé, Togo, Djiwonou Koffi ADJALO, Université de Lomé, Togo, Bidjo AFO,
Université de Lomé, Togo…………………………………………………...……...244
30. Antagonismes sur les routes de kara (Togo) : le reflet d’un malaise social face à la
polarisation urbaine, Yentougle MOUTORE, Université de Kara, Togo, Eralakaza
OURO BITASSE, Université de Kara, Togo, Abasse TCHAGBELE, Université de
Kara, Togo………………………………………………………………………......412
31. Problématiques des innovations dans les mobilités quotidiennes des métropoles
capitales d’Afrique de l’ouest : étude comparée entre Niamey et Lomé, Moubarak
WOURO –SAMA, Université Abdou Moumouni, Niger, Edinam KOLA, Université
de Lomé, Togo, Abdou BONTIANTI, Université Abdou Moumouni, Niger
……...…………………………………………………………………………….....424
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Résumé
La réorientation des étudiants demeure un sujet brûlant et une préoccupation à l’UL
car elle rallonge la carrière universitaire de ces derniers. Plusieurs théories psycho-
éducatives ont démontré les difficultés d’intégration des étudiants ; ce qui pousse
certains étudiants à passer par un changement de parcours (la réorientation). On
distingue trois sphères d’intégration chez les étudiants : l’intégration sociale,
institutionnelle et universitaire auxquelles s’ajoute celle vocationnelle qui
détermine la vocation de l’étudiant dans le parcours choisi. L’objectif de cet article
est de déterminer les facteurs explicatifs de la réorientation des étudiants en
renseignant les indicateurs d’intégration académique et vocationnelle dans la
logique de la psycho-sociologie de l’éducation. Une approche méthodologique
mixte est adoptée. La méthode d’échantillonnage « tout venant » a été utilisée pour
retenir 370 étudiants à qui un questionnaire a été administré avant l’entretien avec
le conseiller d’orientation en vue du changement de parcours à la rentrée
académique 2018-2019. Un entretien individuel a permis d’écouter directement
certains de ces étudiants afin d’explorer au mieux les facteurs qui motivent leur
réorientation. Les résultats révèlent que malgré l’appréciation positive portée sur
les relations enseignant/étudiant et sur la manière de dispenser les cours (96,50%),
en moyenne, 7,6% des étudiants se réorientent chaque année. Le facteur principal
du changement semble provenir d’un mauvais choix de parcours. Tout ceci pose le
problème d’intégration académique, vocationnelle et même motivationnelle de ces
étudiants.
Mots clés : Université de Lomé - étudiants en licence – réorientation - intégration
académique - intégration vocationnelle - crise motivationnelle.
Abstract
The reorientation of students remains a hot topic and a concern at the University of
Lomé because it lengthens their university course. Several psycho-educational
theories have demonstrated the difficulties of integrating students; which pushes
many students to go through a change of course (reorientation). We distinguish
three spheres of integration among students: social, institutional and university
integration, to which is added vocational vocation which determines the vocation
of the student in the chosen path. The objective of this article is to determine the
explanatory factors of the reorientation of our subjects by informing the indicators
of academic and vocational integration in the logic of the psycho-sociology of
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En effet, l’on constate qu’aussitôt après l’inscription définitive, nombreux sont ces
nouveaux bacheliers qui demandent à changer de parcours. Le tableau suivant
montre l’ampleur du phénomène de 2010 à 2018 :
Tableau 2 : Effectif des bacheliers réorientés par année après leur inscription
Année académique Effectif des réorientés par année Pourcentage
2010-2011 846 8,65%
2011-2012 869 8,88%
2012-2013 594 6,07%
2013-2014 492 5,03%
2014-2015 867 8,86%
2015-2016 1497 15,30%
2016-2017 1278 13,06%
2017-2018 1497 15,30%
2018-2019 1842 18,8%
Sources : Division de la scolarité/ rapport de la section information et orientation (DAAS-
UL) de 2010 à 2019.
Le tableau ci-dessus montre l’effectif des nouveaux étudiants réorientés par année
après avoir suivi au moins 4 semaines de cours dans un parcours de licence à l’UL.
Pour une période de 9 ans (2010 à 2019), la SIO/DAAS a recensé un effectif total
de 9782 nouveaux étudiants réorientés pour des motifs différents. Ce tableau
montre que le phénomène évolue d’année en année allant de 846 réorientés en
2010-2011 à 1842 en 2018-2019.
La présente recherche s’inscrit dans une double problématique. Il s’agit
essentiellement de la problématique des échecs universitaires et de la
problématique d’orientation et d’intégration universitaire.
Dès les années 1970 -1980, la problématique de l’échec universitaire émerge en
même temps qu’affluent les premiers travaux portant sur les déterminants de la
réussite étudiante (M. Duru-Bellat, 1995 ; M-F. Fave-Bonnet et N. Clerc, 2001),
notamment en première année, là où l’échec se révèle être le plus important,
l’hétérogénéité des « nouveaux étudiants » se heurtant aux exigences du milieu
universitaire non préparé à accueillir un tel public (T. Blöss et V.Erlich, 2000 ; M.
Vasconcellos, 2006 ; S. Beaud, 2008).
Le postulat selon lequel les relations sociales déterminent la réussite scolaire et
professionnelle constitue aussi de nos jours une réalité dans l’enseignement
supérieur. En effet les relations élèves/enseignants influencent le parcours
universitaire des étudiants. Ainsi, le modèle théorique d’intégration académique ou
d’intégration des étudiants cher à la psychosociologie (S. Larose et R. Roy, 1993)
semble d’actualité pour expliquer la question du changement de parcours des
étudiants dans les universités togolaises. Il s’agit de vérifier si la relation
étudiants/enseignants à l’UL constitue-t-elle un facteur déterminant dans le
changement de parcours ou encore dans la réorientation des étudiants à l’UL.
V. Duclos (2011) distingue trois sphères d’intégration chez les étudiants :
l’intégration sociale, l’intégration institutionnelle et l’intégration universitaire (ou
scolaire). L’intégration sociale désigne « l’appartenance à un réseau remplissant
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des fonctions sociales, scolaires ou d’aide affective » (Duclos, 2011, p. 86). Elle
s’établit en fonction de la capacité du réseau social (K. E. Senayah, S. Y. Akakpo-
Numado, 2017) à répondre aux besoins sociaux de l’étudiant et à définir une culture
commune à laquelle il peut se rattacher (S. Larose et R. Roy, 1993). L’intégration
institutionnelle correspond à l’intériorisation et au respect des valeurs et normes de
l’institution universitaire par l’étudiant. Elle s’établit en fonction de la capacité de
l’étudiant à vivre en harmonie avec l’institution universitaire et s’adapter aux
changements qui pourraient subvenir grâce à la variation des lois institutionnelles.
Quant à l’intégration universitaire, elle correspond aux schèmes de relation que
développent les étudiants à l’université, au suivi des exigences universitaires et au
sentiment d’appartenance à l’institution universitaire. A ces trois types
d’intégration vient s’ajouter l’intégration vocationnelle qui détermine la vocation
de l’étudiant dans le parcours choisi. C’est ces deux derniers types d’intégration
(intégration universitaire et intégration vocationnelle) qui font objet de cet article.
Les nouveaux bacheliers et les étudiants ne sont pas épargnés par les problèmes
d’orientation. Il leur manque souvent assez d’informations sur les offres de
formations universitaires et de l’enseignement supérieur, de même que les
débouchés. Ce manque occasionne souvent des « erreurs d’orientation » (C.
Carrein, 2011). Aussi, nombreux sont les études qui ont su révéler même confrontés
aux difficultés d’orientation, les apprenants n’osent pas s’approcher des services
d’orientation pour bénéficier de l’aide auprès des conseillers d’orientation. Les
études de L. Nota, S. Soresi, S. Solberg et L. Ferrari (2004) ont bien ressorti les
difficultés décisionnelles dont sont sujet les étudiants. En effet beaucoup
d’étudiants affichent de l’indécision vis-à-vis du choix à opérer lorsqu’il lors de
leur entrée à l’Université / enseignement supérieur (Y. A. Holu, 2016).
Le mauvais choix de parcours des étudiants s’accompagne souvent d’un manque
de motivation conduisant ainsi ces derniers à une réorientation ou au décrochage
(Y. A. Holu, 2016).En effet, ce manque de motivation s’explique par le manque de
dynamisme qui devrait trouver son origine dans la perception que l’étudiant aurait
de lui-même et de son environnement.
La question principale de la recherche est : quels sont les facteurs qui concourent
au changement de parcours (à se réorienter) chez les étudiants de licence ? Selon la
littérature, il est émis l’hypothèse selon laquelle le changement de parcours des
étudiants à l’UL dépend plus de leur niveau d’intégration universitaire,
vocationnelle et de leur degré de motivation dans le parcours.
Les indicateurs explorés sont: les caractéristiques sociodémographiques des
étudiants réorientés (Age, sexe, catégorie socioprofessionnelle des parents) ;
l’appréciation de la communication didactique par les étudiants ; l’appréciation de
l’état de la relation enseignants/étudiants ; le comportement des enseignants et leur
manière d'enseigner ;le choix du parcours par l’étudiant ; les problèmes familiaux ;
les moyens financiers et l’insuffisance de travail dans l’ancien parcours.
L’objectif poursuivi par l’étude est de déterminer les facteurs explicatifs du
changement de parcours des étudiants à l’UL. Il s’agira de renseigner les
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La majorité absolue des étudiants apprécie positivement les cours dispensés par les
enseignants ; ce qui veut dire que le désir du changement parcours n’est pas
déterminé par la nature des cours dispensés, ni par les méthodes d’enseignement.
De même, la majorité absolue des étudiants réorientés apprécie leur relation avec
les enseignants de leur parcours, ce qui est illustré par les données du tableau
suivant :
Tableau N°4 : Appréciation des relations étudiants/enseignants
Relation Étudiant/ Enseignant Effectifs Pourcentage
Très mauvaise 1 0,3
Mauvaise 1 0,3
Médiocre 20 5,4
Acceptable 197 53,2
Bonne 129 34,9
Très bonne 22 25,9
Total 370 100
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Les résultats issus des entretiens quantifiés attestent les données du questionnaire
selon lesquelles le changement des parcours est lié au mauvais choix, à
l’insuffisance de travail (échec) et à l’indisponibilité des moyens financiers. À ceci
s’ajoute les problèmes que rencontrent les étudiants dans leur famille respective.
Il ressort des résultats que le mauvais choix de parcours par les apprenants après
l’obtention du baccalauréat agit sur leur degré d’intégration dans le parcours, leurs
rendements dans les parcours et sur leur motivation au travail. Suite aux échecs et
à la démotivation, beaucoup d’étudiants optent pour le changement de parcours
pour pouvoir se rattraper. N’ayant pas fait dès leur entrée à l’université des choix
basés sur leur vocation et leurs capacités (intellectuelles et financières), beaucoup
d’étudiants dès l’entame du cursus universitaire commencent à avoir des difficultés
d’intégration académique et ont du mal à finir le parcours. Certains optent pour le
changement de domaines, d’autres décident de changer de spécialité, d’autres
encore changent complètement de parcours.
Les propos suivant d’un étudiant de la Faculté des Sciences Economique et de
Gestion (FASEG) illustre cette situation :
J’avais choisi l’économie politique. Je ne m’étais pas bien renseigné parce que je
croyais qu’en en économie il y a beaucoup de calcul comme on le faisait en série
C. Or je me suis rendus compte là-bas c’est la littérature et les analyses
économiques qui dominent. Franchement, je ne peux plus continuer. Cela fait
quatre ans que je me suis inscrit mais j’ai encore beaucoup d’Unités
d’enseignement à valider. Je veux changer de spécialité pour faire plutôt la gestion
comptabilité contrôle audit parce que je suis plus à l’aise dans les calculs (un
étudiant âgé de 21ans en FASEG, réorienté, octobre 2018).
Ces propos de l’étudiant montrent à suffisance que le manque d’information sur un
parcours ou une spécialité conduit certains étudiants à faire un mauvais choix.
Un autre étudiant déclare :
Après mon Bac, j’ai choisi le droit, mais ça fait trois ans, je n’ai validé que 22
crédit. Je croix que je n’ai pas fait un bon choix. Je suis plus doué dans les langues.
Je vous en prie, inscrivez-moi au département d’anglais. Cela sera mieux pour moi
(une réorientée âgée de 20 ans à la faculté de Droit, octobre 2018).
Cette déclaration de l’étudiant confirme que les difficultés d’apprentissage et
l’insuffisance de travail constituent également des facteurs de changement de
parcours par les étudiants.
Somme toute, les résultats de cet article confirment l’hypothèse selon laquelle le
changement de parcours des étudiants à l’UL dépend plus de leur niveau
d’intégration universitaire, vocationnelle et motivationnelle. D’abord, l’inscription
de ces étudiants dans leur parcours n’est pas basée sur leur vocation et leur vision
professionnelle, ce qui entraîne le mauvais choix. Ensuite, le manque de rationalité
dans le choix des parcours rend difficile l’intégration académique de ces étudiants.
Enfin, le manque d’appuis financiers couplé au mauvais choix conduit à la
démotivation de l’étudiant. Tous ces éléments combinés permettent de comprendre
les raisons qui poussent les étudiants à se réorienter.
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3. Discussion
Les résultats de l’enquête montrent que le mauvais choix des élèves couplé avec
l’insuffisance de travail et le manque de moyens financiers constituent le facteur le
plus déterminant dans le changement de parcours chez la plupart des étudiants à
l’UL.
Nos résultats sont similaires à ceux trouvés par K. Y. Gbati (2003) dont l’étude
porte spécifiquement sur les étudiants de la Faculté de Droit lorsqu’il trouve que
l’échec dans ce parcours est lié au mauvais choix.
En effet, il est tout à fait évident que le mauvais choix de parcours peut entraîner
des déperditions universitaires (redoublement et abandon) auprès des étudiants. Ces
déperditions sont plus expressives surtout lorsque l’étudiant n’a pas les moyens
pour se procurer des documents, des supports de cours ou encore pour assister
régulièrement aux différents enseignements liés à son parcours. Par conséquent, la
plupart des étudiants se décourage et démissionne avant la fin de leur parcours. Soit
l’étudiant décide d’abandonner les études universitaires ; soit, il décide de changer
de parcours ou décide de se réorienter.
Tout ceci pose un problème d’intégration académique et vocationnelle et même
motivationnelle auprès des étudiants qui éprouvent le désir de changer de parcours.
En effet, il est constaté que lorsque l’étudiant effectue un mauvais de parcours, il
se confronte aux difficultés d’intégration académique, car ses sentiments
d’appartenir à ce parcours est faible (S. Larose et R. Roy, 1993). Ce faible sentiment
d’appartenance au parcours agit sur la motivation de l’apprenant, ce qui entraîne le
découragement, la perte de vision et par conséquent l’abandon du parcours au
détriment d’un autre. La capacité des étudiants à s’adapter aux exigences d’un
parcours est souvent déterminée par les représentations ou les aspirations de ces
derniers vis-à-vis de ce parcours. Or, si l’étudiant est mal orienté dès son entrée à
l’université, il perd ses capacités d’adaptation, et la démotivation s’ensuit.
Les résultats de la présente enquête sont quand même à nuancer lorsqu’on se met
dans la perspective du choix rationnel des acteurs défendu par R. Boudon (1973).
Selon cet auteur, l’individu est conscient des choix qu’il effectue parce que ce choix
est rationnel. L’étudiant qui choisit un parcours universitaire l’a fait préalablement
en fonction de sa propre perception des intérêts et des ressources dont il dispose. Si
l’étudiant décide de changer de parcours, ce n’est pas nécessairement à cause du
mauvais choix ou du changement, mais plutôt à cause du changement de vision et
de perception, car selon Boudon, les acteurs font toujours les choix en fonction des
intérêts. Ceci veut dire que dans la perspective bourdienne, le changement de
parcours peut être lié au changement de vision de l’étudiant.
Même si les résultats de l’article sont nuancés dans la perspective de Bourdieu, leur
intérêt réside dans le lien établi entre le mauvais choix, l’insuffisance du travail, le
manque de moyens financiers et le changement de parcours des étudiants. Ceci est
compris si l’on se met dans la position de F. Dubet et D. Martuceli (1996) qui
pensent que le produit de l’activité d’un individu émane de l’ensemble des
expériences qu’il a vécu. Cela veut dire que l’étudiant peut éprouver de changer de
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