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Les Cahiers du CEDIMES

Volume 16, Numéro 3/2021 (juillet / août / septembre 2021)

Dossier spécial :
La République Démocratique du Congo : vision économique
et sociale

« Les Cahiers du CEDIMES » sont publiés par

L’Institut CEDIMES
Campus de la Mondialisation et du Développement Durable
Site du Jardin d’Agronomie Tropicale de Paris
45bis, avenue de la Belle Gabrielle, 94736 Nogent sur Marne, France
www.cedimes.com

en partenariat avec
l’Université Valahia de Târgovişte
Bd. Regele Carol I, nr. 2, 130024
Târgovişte, Roumanie,
www.valahia.ro

Directeur de publication : Ion CUCUI, Université́ Valahia, Târgoviste, Roumanie

Rédacteur en chef : Marc RICHEVAUX

Rédacteur en chef invité : Désiré NZIBONERA BAYONGWA, Professeur associé, Docteur


en Développement socioéconomique et Gestion des PME, Directeur Général de l’Institut
Supérieur des Finances et de Commerce de Bagira-BUKAVU, en RD Congo

Rédacteurs en chef adjoints : Denis DHYVERT, Mihai MIEILA

Secrétariat de rédaction : Laura MARCU, Valentin RADU

Comité de Rédaction : Claude ALBAGLI, Djoher ABDERRAHMANE, Iskra


BALKANSKA, Hafedth BENABDENNEBI, Amel BERBER, Amel GUEHAIRIA, Séloua
JOUBERT, Éric PAMEN, Francesco SCALERA

Présidence du Conseil Scientifique : Maria NEGREPONTI-DELIVANIS

Copyright © juillet 2021 – Les cahiers du CEDIMES, France

Vol 16 n° 3/2021, ISSN : 2110-6045

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Comité́́ ́́ scientifique de ce numéro :
ALBAGLI Claude, Université́ ́ Gustave Eiffel (Paris), FRANCE, Président de l’Institut
CEDIMES
ABDERRAHMANE Djoher (Oran) ALGERIE
BEN ABDENNEBI Hafedh (Carthage) TUNISIE
BUIRETTE Olivier Sorbonne Nouvelle, Paris 3, FRANCE.
CAILLEAU Thierry (Angers) FRANCE
CHRISOSTOME Elie (Plattsburgh) ETATS-UNIS
CIUCA Valérius, Université de Iasi, ancien juge CJUE, ROUMANIE
CUCUI Ion, Université́ Valahia de Târgoviste, ROUMANIE, Vice-Président du CEDIMES
DHYVERT Denis, Président du CEDITER, FRANCE
EDDAKIR Abdellatif, École Supérieure de Technologie de Fès, MAROC
FAVIA Francesco (Vlore) ALBANIE
FEUBI PAMEN Eric Patrick, Université de Yaoundé II, CAMEROUN
FRATILA Camelia, Université́ Valahia de Târgoviste, ROUMANIE
GHAZOUANI Kamel, IHEC, Université de Tunis, TUNISIE
GRUMO Rosalina, Université Aldo Moro, Bari, ITALIE
GUEHAIRIA Amel (Alger) ALGERIE
GULSOY Tanses (Istanbul) TURQUIE
M’HAMDI Mohamed (Fès) MAROC
NARCISSE Fièvre (Port-au-Prince) HAÏTI
NASZALYI Philippe, Université d’Evry, FRANCE
NEGREPONTI DELIVANIS Maria, Université́ Macédonienne, GRECE, Vice-Présidente du
CEDIMES
OLSZEWSKI Léon (Wroclaw), POLOGNE
RICHEVAUX Marc, (LILLE) FRANCE
SCALERA Francesco, Université Aldo Moro, Bari, ITALIE
SOUAK Fatima, Université de Bejaia, ALGERIE
SU Zhan, Université UQUAM Laval, CANADA
TCHIKO Faouzi (Mascara), ALGERIE
TUGEN Kamil (Izmir), TURQUIE

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Sommaire

Présentation du rédacteur en chef invité…………………………………………………….6


Marc RICHEVAUX, rédacteur en chef des Cahiers du CEDIMES

Editorial………………………………………………………………………………………….8
Désiré NZIBONERA BAYONGWA, Directeur Général, Institut Supérieur des Finances et
de Commerce, Bagira, RD. Congo

Les limites de la compétence « ratione temporis » de la C.P.I. et les mécanismes de lutte


contre l’impunité́ en R. D. C…………………………………………………………………..9
Christian KABATI NTAMULENGA, Université́ de Développement Durable en Afrique
Centrale, Bukavu, RD. Congo

Analyse comparative des hauteurs mensuelles dans les stations de Bukavu et de Goma
en République Démocratique du Congo de 1953 à 2010…………………………………35
Donat MITIMA MISUKA, Université́ de Développement Durable en Afrique Centrale,
Bukavu, RDC

L’agriculture et la croissance économique en République Démocratique du Congo..45


Arnold BISIMWA NGABO, Jaques KAFIRONGO MANENO, Institut Supérieur
Pédagogique d’IDJWI, RD Congo Institut Supérieur d’Études Agronomiques et Vétérinaires
(ISEAV - MUSHWESHWE), Kabare, Sud-Kivu, RD Congo.

Mécanismes rationnels de produits agro-alimentaires pour la croissance économique


de gestion économique de la province du Sud-Kivu en République Démocratique du
Congo…………………………………………………………………………………………..78
Jacques KAFIRONGO MANENO, Section Agronomie - Générale, Institut Supérieur
d’études Agronomiques et Vétérinaires (ISEAV-MUSHWESHWE), Kabare, Sud-Kivu, RD
Congo.
Lambertine MUHANYA NZIGIRE Faculté de Sciences Sociales, Université de
Développement Durable en Afrique Centrale (UDDAC), Bukavu, Sud-Kivu, RD Congo.
Arnold BISIMWA NGABO Département des Sciences Commerciales et Administratives,
Institut Supérieur Pédagogique d’Idjwi (ISP - IDJWI), Idjwi, Sud-Kivu, RD Congo.
Richard MUSHAGALUSA CIDANDALI Faculté de Sciences Sociales, Université de
Développement Durable en Afrique Centrale (UDDAC), Bukavu, Sud-Kivu, RD Congo.

Problématique de l’enseignement en ligne en RD Congo dans le contexte du


coronavirus : cas de l’Institut Supérieur des Finances et de Commerce de Bukavu….100
Désiré BAYONGWA NZIBONERA, Directeur Général, Institut Supérieur des Finances et
de Commerce, Bagira, RD. Congo
Donat MITIMA MISUK, Professeur, Université de Développement Durable en Afrique
Centrale, Bukavu, RD. Congo

3
Analyse de la conception et de l’exécution du budget dans la chefferie Ntambuka
province du Sud Kuvu RD Congo (Analysis of the design and execution of the budget in
the Ntambuka chiefdom/south-Kivu province/RD. Congo)……………………………..108
Lambertine MUHANYA NZIGIRE, Richard MUSHAGALUSA CIDANDALI, Arnold
BISIMWA NGABO et Jacques KAFIRONGO MANENO. Section Agronomie - Générale
Institut Supérieur d’Etudes Agronomiques et Vétérinaires (ISEAV/MUSHWESHWE), Kabare,
Sud-Kivu, RD Congo.

Analyse des défis et stratégies de développement durable du photovoltaïque par les


Etats …………………………………………………………………………………………..129
Saoul NDUNGO MUGHUMALEWA, Isdr KITSIROMBO, RD. Congo

The State’s legal obligation in the promotion of adequate housing: A case study of the
self-help housing programme in South Africa……………………………………………144
Christian KABATI NTAMULENGA, PhD in Law. Researcher, Legal Consultant, Human
Rights Dean of the Faculty of Law/Université Libre des Pays des Grands Lacs
(ULPGL/Bukavu). Researcher associate at the CRIDHAC/Faculty of Law/University of
Kinshasa/ RD. Congo
Badienzle Isaiah MUTOMBO, Master Degree in Urban and Regional Planning
(Development Planning) Consultant at Centre for Affordable Housing Finance in Africa.
Lecturer at the Durban University of Technology (DUT)

Etude comparative des changeurs de monnaie dits cambistes et des institutions


financières de la ville de Bukavu (2019)…………………………………………………..160
Adam KIRUMBA NDANDA, assistant d’enseignements, Institut supérieur Pédagogique de
Kaziba (ISP/Kaziba), département d’informatique et Gestion, RD. Congo

Quid du phénomène « Kassoko » ou petits marchés « pirates » sur les revenus des
ménages en commune urbaine de Bagira (province du Sud-Kivu, République
Démocratique du Congo 2019)…………………………………………………………..173
Adam KIRUMBA NDANDA, assistant d’enseignements, Institut supérieur Pédagogique
(ISP/Kaziba, département d’informatique et Gestion, RD. Congo

L’entrepreneuriat féminin et son apport pour les ménages de la ville de Bulavu, Bagira
(province du Sud-Kivu, République Démocratique du Congo) : cas du centre de
formation féminin (CFF)/Panzi 2014-2019…………………………………………….187
Adam KIRUMBA NDANDA, assistant d’enseignements, Institut supérieur Pédagogique
(ISP/Kaziba, département d’informatique et Gestion, RD. Congo

Les conditions socioéconomiques des « Kaddhafi » de la ville de Bukavu province du


Sud-Kivu, République Démocratique du Congo……………………………………….197
Adam KIRUMBA NDANDA, assistant d’enseignements, Institut supérieur Pédagogique
(ISP/Kaziba, département d’informatique et Gestion, RD. Congo
ININGA AMISI David : assistant d’enseignements, Institut supérieur des arts et de métiers
(ISAM/Bukavu), département de Logistique et Gestion, RD. Congo

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Impact de l’utilisation des réseaux sociaux dans les ménages ; cas de WhatsApp dans
certains couples de la ville de BUKAVU…………………………………………………212
Désiré BAYONGWA NZIBONERA, Professeur en Gestion des petites et moyennes
entreprises, Institut Supérieur des Finances et de Commerce de Bagira/Bukavu, RD. Congo
Donat MITIMA MISUKA, Professeur à l’Institut Supérieur des Finances et de Commerce de
Bagira/Bukavu, RD. Congo
Gaspard TCHITO BIREKE, CIZA NFUNDIKO, Shadrack BAHATI NZIBONERA,
Master de l’Université de Développement Durable en Afrique Centrale, Bukavu, RD. Congo

Problématique de paiement des frais scolaires dans les écoles privées de la ville de
BUKAVU en RDC, après le confinement lié à la pandémie du COVID 19 : cas du
complexe scolaire « La lune de BAGIRA » à BUKAVU………………………………..221
Désiré BAYONGWA NZIBONERA, Professeur en Gestion des petites et moyennes
entreprises, Institut Supérieur des Finances et de Commerce de Bagira/Bukavu, RD. Congo
Gaspard TCHITO BIREKE, CIZA NFUNDIKO, Shadrack BAHATI NZIBONERA,
Master de l’Université de Développement Durable en Afrique Centrale, Bukavu, RD. Congo

Varia

Les effets de la corruption sur les investissements directs étrangers dans les pays de la
Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) : une analyse
empirique sur données de panel……………………………………………………………232
Ferdinand MOUSSAVOU Université du Mali

L’impact de la dette publique extérieure sur la croissance au Congo-Brazzaville….258


Auguste M’PIAYI Université Marien Ngouabi, Brazzaville, CONGO

La politique budgétaire en Algérie : état des lieux et perspectives……………………275


Nacer-Eddine MOUFFOK, Docteur, Maître de conférences « A », Université Abderrahmane
MIRA- Bejaia, Faculté des Sciences Economiques, Commerciales et des Sciences de Gestion
Département des Sciences Economiques, Bejaia, ALGERIE

Sacrés, rites et rituels face à la problématique COVID………………………………..288


Ludovic Mousso YAPO, Université Félix Houphouët Boigny Cocody-Abidjan, COTE
D’IVOIRE

La problématique de l’évangélisation dans le vicariat de Loango : entre zèle


missionnaire et colonisation……………………………………………………………….300
Davespoir NGOMA LOUAMBA, Doctorant en Sciences Historiques, GERMTIC, Université
Marien Ngouabi, Brazzaville, CONGO

Sur la licéité d’une obligation vaccinale anticovid …………………………………….305


Philippe SEGUR, Professeur de droit public, Université de Perpignan Via Domitia, FRANCE

Règles de présentation des articles………………………………………………..314

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PRESENTATION DU REDACTEUR EN CHEF INVITE

Marc RICHEVAUX
Rédacteur en chef des Cahiers du CEDIMES

marc.richevaux@yahoo.fr

NZIBONERA BAYONGWA Désiré́ , le rédacteur en chef invité de ce numéro consacré à


l’ECONOMIE DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO, n’est pas un inconnu
pour nos lecteurs, puisqu’en dehors de ses propres écrits, que nous avons publiés, il a déjà
coordonné des numéros des cahiers du CEDIMES consacrés à des Réflexions sur le
développement de l’Afrique centrale : cas des provinces congolaises des Nord et Sud Kivu
et du Cameroun (cahiers du CEDIMES 2/2020) et aux stratégies de développement dans
une Afrique des Grands Lacs confrontée à des problèmes multisectoriels (Cahiers du
CEDIMES 1/2019).

Il est né à Bukavu en République Démocratique du Congo. Après ses humanités en technique


commerciale et administrative à l'Institut Bwindi à Bukavu en RDC, ses études en Mangement
et Sciences économiques à l'Université́ ́ CEPROMAD de Bukavu (premier et deuxième cycles)
et ses études de Master en Politique de développement socio-économique à l'Académie des
sciences Africaines"ASCAF" au Burundi, en politique de développement socio-économique, et
à l'Institut Supérieur Pédagogique de Bukavu sous la supervision de l'Université́ ́ Pédagogique
Nationale de Kinshasa en Sciences économiques. Il poursuit ses études doctorales en
Développement socio-économique et gestion des petites entreprises à BREYER STATE
UNIVERSITY. Il soutient sa thèse en 2014 et obtient le titre de Docteur en développement
socio-économique et en gestion des petites et moyennes entreprises.

Il est facilitateur dans le programme doctoral d'enseignement ouvert et à Distance en RDC. Il


est Directeur Général de l'Institut Supérieur des Finances et de Commerce de Bagira en RDC.
Il est Professeur à temps partiel à l'Université́ ́ du cinquantenaire de Lwiro, à l’Université́ ́ du
CEPROMAD, à l'Institut supérieur de la pastorale familiale de Bukavu, Doyen de la faculté
d'économie à l'université de Kaziba en RDC. Financier au Programme de lutte contre le
VIH/SIDA au sein du Bureau Diocésain des Œuvres médicales de l'archidiocèse de Bukavu de
2002 à 2016, il est également Président du conseil d'administration et fondateur de l'association,
Action pour le développement communautaire du sud Kivu. Promoteur du Complexe scolaire
LA LUNE de Bagira, du centre de gestion scolaire et des petites et moyennes entreprises de
Bagira et de l'Institut Supérieur des finances et de commerce de Bagira actuellement Université
de Développement Durable en Afrique Centrale "UDDAC", Monsieur Désiré BAYONGWA
est aussi Fondateur de l'agence de protection de l'écosystème du lac Kivu, Tanganyika et
Mokoto, et Membre de l'équipe des chercheurs enseignants de l'Institut CEDIMES France.

Il est Professeur et exerce la fonction de Recteur de Université de Développement Durable en


Afrique Centrale "UDDAC". Ses domaines de recherche sont orientés vers la protection de
l'écosystème des lacs Kivu et Tanganyika dans la province du sud Kivu et Mokoto dans la
province du Nord Kivu en RDC.
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Et cette année, malgré un contexte difficile dû au covid 19 qui complique singulièrement, mais
sans les empêcher, les enseignements et coopérations internationales entre universités, il a réussi
à mettre en place et faire fonctionner dans son université, en coopération avec l’université de
Bari en Italie, le CEDIMES et le CEDITER, dans le cadre du Programme Des Grands Lacs, un
master intitulé « Politique de développement territorial et stratégies entrepreneuriales ». Tout
cela justifiait qu’il soit choisi comme rédacteur en chef invité du présent numéro.

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EDITORIAL

La RD Congo, ce pays aux dimensions continentales, est un géant endormi dont les défis
majeurs de développement économiques sont énormes. Du scandale géologique et minier
célèbre dans le monde entier aux ressources naturelles colossales, hydrauliques, forestières et
agricoles, ses atouts pour son take-off économique sont plus que disponibles pour ne citer que
ceux-là, Et pourtant, tous les indicateurs économiques sont au rouge : un budget national
insignifiant, inférieur à celui de tous les pays voisins moins dotés par la nature de ressources
économiques, l’IDH le plus bas de la planète, de même que le PIB/habitant.

D’autre part, les défis politiques liés à une gouvernance responsable constituent des freins
majeurs pour intégrer la RD Congo dans le concert des nations développées de ce 21 è siècle.

Le présent dossier consacré à certains aspects de l’économie et à la situation sociale de la RD


Congo, avec un regard particulier sur la province du Sud Kivu, n’a pas la prétention
d’appréhender tous les défis auxquels elle doit faire face mais plutôt de relever, dans certains
domaines, des pistes de solutions susceptibles d’aider les gouvernants.

8
LES LIMITES DE LA COMPETENCE « RATIONE TEMPORIS » DE LA
C.P.I. ET LES MECANISMES DE LUTTE CONTRE L’IMPUNITE EN R. D. C.

Christian KABATI NTAMULENGA


Ph.D. en Droit, Doyen de la Faculté de Droit ULPGL (Bukavu - RDC)
Enseignant à l’UDDAC (Bukavu - RDC)
Chercheur associé au CRIDHAC/Faculté de droit/UNIKIN (Kinshasa - RDC
Consultant et Expert international

ntamulenga@gmail.com

Résumé

La Cour pénale internationale (C.P.I.) fut l’aboutissement d’un long processus de mise en œuvre de la
justice pénale internationale pour réprimer les crimes les plus graves que l’être humain ou le
prétendument « homo sapiens » puisse commettre contre son semblable. C‘est un changement des
paradigmes dans la lutte contre l’impunité des actes d’une gravité inimaginable. Cependant ce progrès
semble s’estomper par une compétence restreinte ; le fait de limiter, par exemple, la compétence « ratione
temporis » de cette haute cour aux crimes commis uniquement après le premier juillet 2002 pourrait
conduire indubitablement à l’impunité des violations les plus graves des droits de l’homme et du droit
international humanitaire commises avant cette date, notamment en République démocratique du Congo
(R.D.C.). Ainsi cette étude va au–delà du cadre juridique de la C.P.I. en examinant d’autres mécanismes
juridiques tel que le système de la compétence universelle, la nécessité de créer un tribunal pénal
international « ad hoc » pour la R.D.C. et les chambres mixtes au niveau des juridictions nationales.
S’agissant de la nécessité d’appliquer une justice transitionnelle, elle propose au titre de mécanisme
extra-judiciaire la récréation d’une Commission Vérité et Réconciliation (C.V.R.), la création d’un fonds
spécial pour la réparation des dommages causés à toutes les victimes et la restructuration de la
Commission Nationale des Droits de l’homme (C.N.D.H.).
Hormis l’introduction et la conclusion, cet article sera développé en trois subdivisions à savoir la
compétence « ratione temporis » de la C.P.I. (I), l’impunité en République démocratique du Congo (II),
et enfin les mécanismes de lutte contre l’impunité en R.D.C. (III).

Mots–clés : impunité des crimes graves, les limites de la compétence « ratione tempori

Abstract

The International Criminal Court (I.C.C.) was the culmination of a long process of the establishment of
the international criminal justice system to punish the most serious crimes that human beings or alleged
"homo sapiens" can commit against their fellow human beings. It is a paradigm shift in the fight against
impunity for mass atrocity. However, this progress seems to be blurred by limited competence; limiting,
for example, the "ratione temporis" jurisdiction of this high court to crimes committed only after July 1,
2002 could undoubtedly lead to impunity for the most serious violations of human rights and international
humanitarian law committed before that date in particular in the Democratic Republic of Congo
(D.R.C.). Thus this study goes beyond the legal framework of the I.C.C. by examining other legal
mechanisms such as the universal jurisdiction system, the need to create an "ad hoc" international
criminal tribunal for the D.R.C. and the mixed chambers at the level of national courts. Regarding the
need to apply transitional justice, we suggest as an extra-judicial mechanism the creation of a Truth and
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Reconciliation Commission (T.R.C.), the creation of a special fund for the repair of the damage caused
to all victims and the restructuring of the National Commission for Human Rights (N.C.H.R.).
Apart from the introduction and the conclusion, this article will be developed in three subdivisions,
namely the "ratione temporis" jurisdiction of the I.C.C. (I), impunity in the Democratic Republic of the
Congo (II), and finally the mechanisms for combating impunity in the D.R.C. (III).

Key words : impunity for serious crimes, the limit of the jurisdiction « ratione temporis »

Classification JEL : K 33, K 14

Introduction

« Le devoir de nommer le mal devient complexe dans le cas de la RD Congo parce qu’il y a un
refus délibéré- à plusieurs niveaux- de reconnaitre publiquement les violations des droits de
l’homme. Le droit à la vie de nombreux Congolais a été nié sans interpeler la communauté
internationale comme si ces vies étaient différentes de celles perdues pendant l’holocauste des
juifs par les Nazis ou lors du génocide au Rwanda et au Darfour. Le « Plus jamais » est–il un
privilège d’un groupe particulier ? La situation en RD Congo en général, et dans la partie
orientale ainsi que dans la région du Kasaï en particulier, est une humiliation pour l’humanité. »

La Cour pénale internationale (C.P.I.) est la représentation symbolique d’une justice


internationale exprimant la volonté de condamnation quasi-universellement éprouvée par la
« communauté internationale » à l’égard des crimes les plus graves qu’une personne puisse
commettre. C ‘est un progrès notable dans la lutte contre l’impunité des actes d’une gravité
ahurissante. Cependant ce progrès semble s’estomper par une compétence restreinte ; pouvant
susciter les interrogations suivantes :

• La C.P.I. est-elle pourvue de la compétence requise pour poursuivre les graves crimes
perpétrés en R.D.C au cours des conflits armées de 1996 à 2002 ?
• Y a-t-il d’autres mécanismes susceptibles d’assurer efficacement la répression des
crimes internationaux commis au Congo au cours de la fourchette de temps précitée ?

le fait de limiter par exemple, la compétence « ratione temporis » de cette Cour aux crimes
commis uniquement après le 1er juillet 2002 pourrait conduire à l’impunité des violations les
plus graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises notamment
en République démocratique du Congo (R.D.C.) avant cette date. Pour une analyse approfondie
du sujet de cette étude, la méthode exégétique et la technique documentaire ont été largement
utilisées.

Hormis l’introduction et la conclusion, cet article sera développé en trois subdivisions à savoir
la compétence « ratione temporis » de la C.P.I. (I), l’impunité en République démocratique du
Congo (II), et enfin les mécanismes de lutte contre l’impunité en R.D.C. (III).

I. La compétence « ratione temporis » de la C.P.I.

Une Cour pénale internationale ne constitue pas une panacée, elle ne guérira pas, du jour au
lendemain, tous les malheurs de l’humanité “ Yáñez – Barnevo (Chef de la délégation espagnole
10
à la Conférence diplomatique de Rome)

Selon toute vraisemblance, la convention de Rome portant Statut de la C.P.I. vise à corriger les
faiblesses qui avaient pu être constatées dans le fonctionnement des tribunaux « ad hoc » en
garantissant une justice de qualité à travers notamment sa compétence plus large par rapport
aux premiers. Toutefois, une lecture attentive de certaines dispositions pertinentes du Statut
relatives à l’exercice de la juridiction de cette haute Cour dans le temps révèle une compétence
temporelle restreinte qui frise dans une certaine mesure l’impunité. Cette section sera
développée en deux points que sont : le fondement juridique (§1) et les limites de la compétence
« ratione temporis » de la C.P.I. (§2).

I.1. Fondement juridique.

Il nous parait judicieux, avant d’entrer dans le vif du sujet, de définir ce qu’on entend par le
terme compétence « ratione temporis ». Mais si l’art de définir le terme n’est pas aisé, on peut
tout de même s’accorder avec Raymond Guillien et Jean Vincent pour définir le terme
compétence tout court comme suit : « Pour une autorité publique ou une juridiction, l’aptitude
légale à accomplir un acte ou à instaurer et juger un procès ». Il découle de cette définition que
la compétence d’une juridiction est son aptitude légale à instruire et à juger un procès.

Ainsi la compétence temporelle est l’aptitude d’une juridiction pénale à connaître d’une
infraction en fonction de la circonstance du temps, par exemple le temps au cours duquel une
infraction a été commise.

Après cette définition, nous pouvons examiner à présent le fondement juridique de cette
compétence.

La compétence temporelle de la C.P.I. est prévue dans les différentes dispositions du Statut que
nous allons tenter d’analyser par rapport à la date de son entrée en vigueur et par rapport à la
ratification après l’entrée en vigueur.

La Convention portant Statut de la C.P.I. a été adoptée à Rome par 120 Etats, le 17 juillet 1998
et est entrée en vigueur le 1er juillet 2002 à l’issue du dépôt du soixantième instrument de
ratification par la R.D.C.

Nul n’est pénalement responsable en vertu de l’article 24 de cette convention pour un


comportement antérieur à sa mise en application. C’est la consécration du principe de non-
rétroactivité en matière pénale.

La Cour ne peut pas poursuivre les crimes commis avant le 1er juillet 2002, quoi qu’ils soient
prévus par son Statut. Ceci est le corollaire du principe de la légalité criminelle selon lequel une
personne n’est responsable pénalement en vertu du Statut que si son comportement constitue,
au moment où il se produit, un crime relevant de la compétence de la Cour (article 22).

La C.P.I. n’exerce donc sa compétence qu’à l’égard des crimes relevant de sa compétence
commis après l’entrée en vigueur de son acte constitutif.

Pour un Etat qui ratifie le Statut de la C.P.I. après le 1er juillet 2002, la Cour ne peut exercer sa
11
compétence à son égard que pour des crimes commis après la date de ratification (article 11
alinéa 2 du Statut).

La tentation est grande pour un Etat pour qui il existe une probabilité ou des indices sérieux que
ses dirigeants auraient commis des crimes relevant de la compétence de la Cour, de différer son
adhésion au Statut aussi longtemps qu’ils existeraient.

Cependant, un Etat qui a ratifié le Statut après le 1er juillet 2002 peut demander à la C.P.I. de
lui appliquer sa compétence depuis le 1er juillet 2002. (Article 11 alinéa 2, article 12, alinéa 3)

Il sied de déplorer aussi le régime « d’opt-out » pour le crime de guerre contenu dans les
dispositions transitoires du Statut (article 124), grâce auquel un Etat qui devient partie au Statut
peut déclarer que, pour une période de sept ans à partir de l’entrée en vigueur de celui-ci à son
égard il n’accepte pas la juridiction de la Cour. Cette disposition est une véritable limitation de
la compétence « ratione temporis » de cette Cour.

I.2. Limites de la compétence « ratione temporis »

Si le crime est aussi vieux que l’humanité, il convient de relever qu’au cours du siècle passé des
crimes graves ont été commis sur la surface du globe terrestre. Ces actes crapuleux sont rappelés
dans le préambule du Statut de la C.P.I. en ces termes :

« Ayant à l’esprit qu’au cours de ce siècle, des millions d’enfants, de femmes et d’hommes ont
été victimes d’atrocités qui défient l’imagination et heurtent profondément la conscience
humaine…. Des crimes d’une telle gravité menacent, la paix, la sécurité et le bien être au
monde ». Il s’agit de crime de génocide, des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre et
de crime d’agression. Ils sont proclamés imprescriptibles (Article 29 du Statut).

Curieusement la Cour n’a compétence qu’à l’égard des crimes relevant de sa compétence
commis après l’entrée en vigueur de son acte constitutif, le 1er juillet 2002 (article 11 du Statut).
Mais quel sera alors le sort des auteurs de ces atrocités qui se sont commises au cours du siècle
dernier ? De plus, cette instance pénale ne peut exercer sa compétence pour un nouvel Etat
partie au Statut qu’à l’égard des crimes commis après la ratification de cette convention par ce
dernier (article 11 du Statut).

Pire encore, un Etat qui devient partie au Statut peut refuser pour une période de sept ans à partir
de l’entrée en vigueur de celui-ci à son égard, la compétence de la Cour pour les crimes de
guerre c’est le régime dit d’« opt-out ».

Comment expliquer de telles dispositions dans le Statut de la C.P.I. qui a pour cheval de bataille
la lutte contre l’impunité ? Pour tenter de trouver les éléments de réponse à cette brûlante
question, il est nécessaire d’examiner notamment le mode de création de la Cour.

En effet, Le Statut de cette juridiction a été adopté par voie conventionnelle, ce qui situe le
processus dans une logique volontariste respectueuse de la souveraineté des États. Cette
constatation est lourde de conséquences : elle signifie que, sans le consentement des États, la
juridiction dont le Statut a été adoptée à Rome est dénuée d’autorité supranationale. Sachant
que les crimes de la compétence de cette Cour sont souvent commis par les agents de l’Etat
12
dans le cadre d’une politique délibérée. Le choix devient cornélien. Comme le dirait Chemillier
Gendrau « Nul n’imagine que le criminel, ou le criminel potentiel, souscrive à son propre
châtiment ». Dans le même ordre d’idées le professeur Ntirumenyerwa note qu’« un pays des
vainqueurs n’accepte pas la poursuite et la condamnation de ses soldats même si la victoire a
été obtenue par des actes inhumains ».

Les Etats au cours de la conférence de Rome se sont montrés extrêmement prudents. Dans une
matière aussi délicate que la justice pénale, il n’est point question de s’engager à la légère.
Certains ont carrément rejeté le projet de création d’une telle Cour et s’en sont érigés même en
opposant farouches (Etats-Unis d’Amérique, Chine, Inde, Quatar, Viet-Nam, Israël, Barhein)
En Revanche d’autres ont poursuivi le projet mais ont pris le soin de restreindre sa compétence
en encadrant strictement certaines dispositions du Statut.

Philippe Weckel voit dans cette restriction un moyen de faciliter l’adhésion au Statut de la C.P.I.
Malheureusement cette limitation a non seulement rogné la compétence de la Cour, mais aussi,
elle n’a pas dissuadé tous les opposants de la C.P.I. Notons aussi que cette restriction ne vient
pas seulement des États car le Conseil de sécurité peut aussi demander à la Cour de façon
renouvelée pendant une période de douze mois qui suivent la date à laquelle il a fait une telle
demande de n’engager aucune enquête, ni aucune poursuite (article 16 du Statut). Et donc
comme le note Serge Sur, le Conseil de sécurité peut dans certains cas se poser en obstacle
insurmontable.

Ces diverses restrictions dans les dispositions du Statut limite sensiblement la compétence de
la C.P.I., et tout particulièrement sa compétence temporelle. Elle prive partant à cette juridiction
les moyens d’atteindre ses objectifs, d’où l’impunité qui demeure à la une des manchettes des
journaux.

II. L’impunité en République démocratique du Congo.

« Aucun rapport ne peut vraiment décrire les horreurs vécues par la population civile au Zaïre,
aujourd’hui devenu République démocratique du Congo (RDC), où presque chaque individu a
une expérience de souffrance et de perte à relater. Dans certains cas, des victimes sont devenues
auteurs de crimes et certains responsables de crimes ont été eux-mêmes victimes de graves
violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire dans un cycle de violence
qui n’est pas encore terminé. » Navanethem Pillay (Haut-Commissaire des Nations Unies aux
droits de l’homme) in préface du Rapport du Projet Mapping concernant les violations les plus
graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises entre mars 1993
et juin 2003 sur le territoire de la République démocratique du Congo p1.

Il ne fait d’ombre d’aucun doute que des crimes graves ont été perpétrés au Congo-Kinshasa.
L’horloge du crime en République démocratique du Congo révèle qu’il y a eu violation de la
législation pénale tant nationale qu’internationale. Il n’est pas aisé de faire le bilan d’un conflit
qui est considéré comme le plus sanglant et meurtrier depuis la Seconde Guerre mondiale. A ce
sujet, les renseignements fournis dans le mémorandum que les évêques de la R.D.C. ont adressé
au Secrétaire général des Nations Unies le 14 février 2004 sont très révélateurs.

En voici un extrait : « 1. En cinq ans d’affrontements, le bilan de cette guerre injustifiée n’est
13
pas encore fait. Mais l’on sait que près de 3 millions des congolaises et congolais sont morts,
les uns fauchés par les balles, les autres emportés par la faim et les maladies que l’on aurait
soignées s’il n’y avait pas la guerre. A ce jour, notre pays bat le record des déplacés de guerre,
avec environ 1,5 millions de personnes qui vivent dans des conditions très précaires et qui sont
la preuve vivante de la prise en otage du peuple congolais par ceux qui ont conçu ou exécutent
le plan de la guerre. Que des familles détruites ! Que d’enfants arrachés à leurs familles,
soustraits à l’éducation, à l’humanité pour être enrôlés de force dans la guerre ! Des dizaines
des milliers d’enfants congolais apprennent ainsi à tuer leurs frères ! 2. Outre les pertes en vies
humaines, la guerre a engendré des fissures graves dans la nation. On a semé, à dessein, la haine
dans les cœurs des fils et des filles du pays, tentant ainsi de briser l’édifice construit en un siècle
d’histoire commune. Un pillage systématique des richesses du pays est organisé : exploitation
illégale de nos ressources minières, destruction de nos parcs et réserves naturelles, destructions
des infrastructures, notamment les infrastructures sociales comme les écoles, les hôpitaux, et
les églises. Qui pis est, dans un pays où le peuple est très attaché au sacré, les envahisseurs ont
profané des lieux de culte et ont commis d’autres abominations dans l’objectif de saper
l’autorité morale et de l’église et du pouvoir traditionnel, en vue de faire perdre au peuple ses
repères fondamentaux, 3. Cette guerre est la plus meurtrière que le continent africain ait connue.
D’aucuns la qualifient à juste titre, de première guerre mondiale africaine. Elle concerne aussi
les intérêts vitaux du continent. Pourtant, les richesses pour lesquelles on se bat en République
démocratique du Congo, certes propriété inaliénable du peuple congolais, appartiennent
également au patrimoine africain. L’exploitation rationnelle de ces richesses permettrait sans
nul doute de résoudre nombre des problèmes à travers le continent. Le coup porté contre la
République démocratique du Congo l’est inévitablement contre les peuples d’Afrique. Et donc
contre l’humanité entière ».

L’ampleur des conséquences de ces conflits sur le plan humain, économique et écologique est
extrêmement lourde et nécessite que la lumière soit faite, les responsabilités des uns et des autres
établies, les coupables sanctionnés et les torts réparés. A ce sujet l’on peut saluer l’arrêt de la
Cour internationale de Justice qui condamne l’Ouganda à la réparation du préjudice causé à la
République démocratique du Congo.

Analysant les conflits armés au Congo, Théodore Ngoy mentionne plusieurs conséquences,
parmi lesquelles l’on peut citer : l’exploitation illégale des ressources naturelles et d’autres
richesses de la R.D.C. en violation de la souveraineté de la R.D.C, les atteintes graves portées
à la faune et à la flore dans les territoires sous occupation, la violation des règles fondamentales
du droit international, la violation des règles du droit international humanitaire et la violation
des droits humains.

Pourtant les présumés auteurs de ces violations massives des droits humains n’ont jamais été
véritablement poursuivis. Pire, certains occupent même de poste de responsabilité. Ainsi, les
auteurs de ces crimes odieux demeures impunis ; car, comme le constate le Doyen Nyabirungu :
« La justice est devenu impossible dans nos rues et nos cités ». Dans le même ordre d’idée,
l’ancien ministre de la Justice et Garde des Sceaux Ngele Masudi avait tout bonnement avoué
que : « La justice en République démocratique du Congo est en situation endémique de crise ».

L’impunité bat son plein. « Ce phénomène résulte d’un faisceau de circonstance ou de situation
très diverse »

14
Au cours de cette section nous allons scruter essentiellement trois de ces causes à savoir le
facteur politique (§1), la faillite de l’appareil judiciaire (§2), et les limites de la compétence
« ratione temporis » de la C.P.I. et l’impunité des crimes en R.D.C. (§3).

II.1.Facteur politique conditionnant une justice transitionnelle

« On sacrifie la justice sur l’autel de la paix ; finalement on n’a ni paix, ni justice » Dr Denis
MUKWEGE

Le 18 février 2006, la Constitution de la troisième République en République démocratique du


Congo fut promulguée après une longue période très mouvementée et marquée par la quête du
pouvoir. A l’occasion de cette lutte aussi bien pour la conquête que pour le maintien du pouvoir,
des crimes particulièrement graves furent commis. Dès lors, la transition « d’un conflit interne
qui a provoqué de graves violations des droits de l’homme à une structure plus démocratique
fait inexorablement apparaître la question de savoir ce qu’il convient de faire avec les crimes
commis ». Car, « toute nouvelle démocratie ou toute société qui a subi une guerre civile doit
inévitablement régler les questions de son passé violent et autoritaire ».

Les discussions publiques sur le sujet de savoir s’il faut condamner ou pardonner des graves
violations des droits de l’homme prouvent clairement qu’il existe de nombreuses opinions
différentes à ce sujet. Mais de manière générale, il est vrai qu’un principal point de discorde
sort du lot, à savoir comment concilier le désir de vengeance avec les nombreux risques qu’une
approche pénale pourrait engendrer à une jeune démocratie ou une société qui retrouve la paix.

Les dilemmes que suscite la justice transitionnelle peuvent être groupés en deux corbeilles.

Certains pensent que : une nouvelle démocratie n’arrivera pas à se fixer solidement sans
réconciliation nationale, qui, pour certains, implique oubli et pardon, les poursuites pénales
menacent les chances de survie d’une jeune démocratie, il faut privilégier le réalisme politique
ou la raison d’Etat, à la nécessité autour d’une bonne justice. D’autres en revanche pensent que :
la survie d’une nouvelle démocratie dépend précisément d’une intervention judiciaire,
l’impunité entrave cette réconciliation, il y a nécessité d’agir vite.

Les personnes chargées de prendre les décisions en matière de traitement du passé dans une
jeune démocratie sont confrontées à de nombreux problèmes. Toutes les options offrent des
avantages et des inconvénients. En effet, de nombreux arguments sur les punitions ou l’amnistie
sont contradictoires. Il en est ainsi notamment pour la position qui soutient qu’une nouvelle
démocratie ne parviendra pas à se fixer solidement sans réconciliation. Pour certains la
réconciliation implique l’oubli et le pardon.

D’autres, au contraire affirment que l’impunité entrave cette réconciliation. Une même
absurdité assombrit la proposition selon laquelle les poursuites pénales menacent les chances
de survie d’une nouvelle démocratie. Elles entraîneraient trop de risques, telle une contre-
révolution militaire. Ils admettent cependant que : tout Etat a le désir de poursuivre, de quelque
manière que ce soit, les graves violations des droits humains reconnus sur le plan international.
Les opposants à l’amnistie soutiennent toutefois que la survie d’une nouvelle démocratie
dépend précisément d’une intervention judiciaire. En effet, elle garantirait la fin définitive des
risques que provoque la culture de l’impunité.
15
Réfléchissant sur l’équation entre la justice, la paix et la réconciliation nationale en R.D.C.,
l’ancien ministre de la justice Luzolo Bambi estime « qu’au-delà de toutes les considérations
respectables sur la sortie de la crise congolaise, la plupart des réflexions se focalisent sur les
facteurs qui déterminent la viabilité du nouvel Etat congolais à construire, la stabilité des
institutions…mais, il y a négligence d’un facteur qui a un poids. Il s’agit de la réponse au défi
que pose le bilan pénal de la guerre en République démocratique du Congo et ses perspectives
d’avenir…la solution à cette crise appelle donc un vrai débat et non une polémique de surface
ou des personnes ».

A notre avis, la justice n’est pas du tout incompatible avec la paix sociale retrouvée dans une
jeune démocratie. Bien au contraire, elle la consolide. Parce que si la paix est conditionnée par
la réconciliation, il nous semble qu’on ne peut avoir une vraie réconciliation sans justice. Mais
pour réussir celle-ci, cette justice ne doit pas être politisée mais visera uniquement à rétablir la
paix sociale. Car, comme le rappelle le professeur Akele : « Il y a nécessité pour avoir la
démocratie d’ajuster en permanence le droit pénal aux aspirations des citoyens d’aujourd’hui,
autrement c’est la consommation de la cassure ». Et au professeur Likulia de conclure que
« l’Etat de droit sans justice n’est que leurre ». Il estime qu’il faut élaborer un droit pénal de
compromis entre les valeurs culturelles universelles, nationales et locales, entre les modes
d’organisation sociale traditionnelle et moderne, autant qu’entre les aspirations de la majorité
des personnes et des minorités.

La justice parait dans tous les cas nécessaires parce qu’« il n’y a pas de paix sans réconciliation
nationale, pas de réconciliation nationale sans justice, pas de justice sans réparation, pas de
réparation sans vérité et pas vérité sans pardon ».

Bref, nonobstant toutes les pesanteurs liées aux réalités politiques congolaises, nous pensons
qu’une action pénale devrait être privilégiée tant par la justice nationale qu’internationale.

II.2. Faillite de l’appareil judiciaire.

« La justice est devenu impossible dans nos rues et nos cités » Doyen NYABIRUNGU mwene
SONGA

A plus d’un demi-siècle d’existence en tant qu’Etat souverain, le Congo se trouve encore
aujourd’hui rangé parmi les pays à la fleur de l’âge qui recherchent les voies les plus appropriées
pour asseoir leur stabilité dans la paix et la justice.

A propos de cette dernière, pour Me Matadi Nenga: « Au lendemain de l’indépendance déjà, la


justice a été mise à rude épreuve au point qu’elle a entamé un processus de déliquescence
continuellement varié tout au long de son parcours. De nos jours, beaucoup préfèrent
l’expression « effondrement de la justice congolaise » à l’euphémisme « les difficultés de la
justice au Congo ».

En effet, au fil des jours, s’est affermi dans le pays un avis selon lequel il y a une rupture de
communication entre la justice pénale congolaise telle qu’actuellement appliquée et les
justiciables auxquelles elle se destine. Celle–là, jugée inefficace de ceux-ci, ne répond plus à
l’attente de ces derniers et ne remplit plus parfaitement la mission qui doit être la sienne, celle
16
de pacification et de régulation des rapports sociaux.

Pareille opinion négative sur notre justice pénale est alarmante : « On imagine à quelle
catastrophe le pays serait conduit si les magistrats, gardiens de l’ordre légal, devenaient eux-
mêmes défaillants ». Justice déréglée, pervertie, galvaudée, dépravée, la justice congolaise bute
indubitablement contre les écueils redoutables qui en handicapent le fonctionnement, en
réduisent l’efficacité et qui justifient précisément un travail de réforme. Car, malgré
l’importance de la lutte contre l’impunité dans la reconstruction d’un Etat de droit en
République démocratique du Congo, le système judiciaire s’est effondré plus particulièrement
pendant la guerre et jusqu’à présent ne semble pas en mesure de répondre aux exigences d’une
justice moderne, indépendante et accessible à toute la population.

En 2007, il était déjà estimé que « L’appareil judiciaire congolais connaît une insuffisance grave
d’effectifs. Pour toute la R.D.C., le nombre total des magistrats est de 2053, soit 1678 magistrats
civils et 375 magistrats militaires. Par rapport à la population du pays, il se dégage qu’il y a un
magistrat pour plus de 29 225 habitants. L’intérieur du pays, particulièrement l’Est, souffre
d’une insuffisance grave d’effectifs de l’ensemble du personnel judiciaire à tel point que les
juridictions ne sont plus en mesure de siéger, ni les parquets d’instruire, et que les prisons qui
tiennent encore debout sont en train de fermer ».

Plus d’une décennie plus tard, la situation dépeinte dans ce tableau n’a pas beaucoup changé,
nonobstant le recrutement de plusieurs magistrats en 2009, les effectifs demeurent à ce jour,
faibles par rapport au sous-continent que constitue le territoire rd congolais.

En effet, la RDC compte environ 3097 magistrats en activité, parmi lesquels près de 400
magistrats militaires dont une majorité est en fonction dans les auditorats. Il en résulte un ratio
(pour une population de plus de 77 millions personnes en 2015) de 4 juges professionnels pour
100.000 habitants). Par ailleurs, la révision de la carte judiciaire sur la base du nouveau
découpage territorial va engendrer une inflation importante du nombre de juridictions et
renforcer les besoins en magistrat et personnel judiciaire. Enfin, la part des femmes magistrats
en activité dans les juridictions civiles et militaires avoisine le 18 % du corps de la magistrature
et donc ne traduit pas la volonté du gouvernement de promouvoir une égalité hommes-femmes
dans l’administration.

De façon générale, le système judiciaire est actuellement caractérisé par de nombreuses


défaillances. Parmi celles-ci on peut citer : la corruption liée, entre autres, à la modicité du
traitement des magistrats (varie entre de 1 à 2 % du budget national), l’absence quasi-totale
d’indépendance, l’ingérence du pouvoir politique et le manque d’esprit d’indépendance des
magistrats. A ce sujet, le propos du professeur Evariste Boshab sur le statut du juge africain
tombe à pic. Pour lui il s’agit « d’un véritable obligé du pouvoir exécutif dépourvu de
l’indépendance indispensable à l’exercice de son ministère ».

La justice congolaise traverse une véritable « crise sous différents aspects »

Fofé Djofia regroupe ces multiples écueils en deux grands ensembles, à savoir l’irréalisme de
la norme pénale et le déséquilibre du système pénal.

L’irréalisme de la norme pénale qui se traduit par une double distorsion : distorsion entre le
17
droit et les réalités socio-économiques d’une part et distorsion entre le droit et les réalités
géographico-économiques d’autre part. Quant au déséquilibré du système pénal, il s’observe à
deux niveaux : au niveau de la sanction pénale où prédomine la peine de servitude pénale avec
cette conséquence que la crise de cette peine entraîne la crise de tout le système et au niveau
des acteurs du drame pénal où se décèlent les penchants du système pour l’auteur de l’infraction
car la plupart des institutions pénales interviennent en faveur de celui-ci davantage qu’elles ne
jouent au bénéfice de la victime.

Il poursuit : ces deux ensembles de caractéristiques négatives génèrent des conséquences


multiples dont les majeurs au regard des rapports entre la justice et les justiciables sont
notamment l’incompréhension de celle-là par ceux-ci, le règne d’un sentiment de méfiance, de
rejet avec comme corollaire le développement d’une justice parallèle difficilement contrôlable,
le discrédit du système faisant ressurgir le phénomène de la vengeance privée.

L’effondrement du système judiciaire a fortement contribué à consacrer l’impunité de


nombreux crimes y compris les plus graves. Et même quand les juridictions judiciaires se
prononcent, de façon générale leurs décisions ne connaissent pratiquement une exécution qu’à
concurrence de 6%.

A ces problèmes typiquement internes, il faut ajouter la problématique de l’application des


normes internationales en matière des droits de l’homme dans les cours et tribunaux congolais.
Tout compte fait, une justice efficace est devenue illusoire au niveau national. Dès lors, il
convient d’examiner au niveau international dans quelle mesure la compétence de la C.P.I. peut
contribuer à la lutte contre l’impunité des crimes en R.D.C.

II.3. Limites de la compétence « ratione temporis » de la C.P.I.et l’impunité des crimes en


R.D.C.

Depuis 1960, la R.D.C. est sans doute une société éclatée et dysfonctionnelle. Fragmentée, elle
l’est car elle a été en conflit de manière quasi permanente. Pour devenir un pays normal et sain,
le Congo doit se réconcilier avec lui-même et avec son passé. Mais comment se réconcilier sans
justice ? Et comment rendre justice sans vérité ?

Les Zaïrois, actuellement Congolais, ont beaucoup souffert des violations massives des droits
humains durant l’époque coloniale qui continue jusqu’aujourd’hui. Pourtant, dès les
indépendances, on pouvait légitimement s’attendre à ce que les dirigeants des anciennes
colonies qui ont souffert de violations des droits de l’homme, s’érigent en défenseurs farouches
de la législation tant nationale qu’internationale relative à la protection des droits de l’homme
applicables aux territoires des pays qu’ils gouvernent. Malheureusement, ce n’était pas le cas.
Pour la plupart, ils ont dirigé dans un environnement criminogène en régnant sans partage ni
opposants. Malgré le processus de démocratisation lancé dans leurs pays, ils ne veulent pas se
plier aux exigences démocratiques et continuent à violer les droits de l’homme même les plus
élémentaires.

A propos de la problématique des droits de l’homme et des peuples en Afrique, le professeur


Ndeshyo constate, comme nous avons eu déjà à le signaler, que l’opinion générale est que les
Etats africains sont des violeurs impénitents des droits de l’homme. Hélas, le cas de la
République démocratique du Congo semble conforter cette opinion. Car, depuis l’assassinat de
18
Lumumba en 1961 jusqu‘à ce jour, plusieurs crimes graves ont été commis et continuent de se
commettre.

Tous ces crimes demeureront-ils impunis ? En effet, après avoir ratifié le Statut de la C.P.I., il
est curieux de constater que les décideurs politiques congolais traînent encore les pieds dans le
processus de la réforme de la législation nationale pour l’adapter à la convention de Rome afin
que la justice pénale congolaise soit compétente pour poursuivre certains crimes commis sur le
territoire national et à défaut de permettre à la C.P.I. de le faire en vertu du principe de la
complémentarité. A ce sujet, le renvoi devant le Bureau du Procureur près la C.P.I. par les
autorités congolaises de la situation de l’ensemble des violations des droits humains sur le
territoire national aux fins d’enquête et des poursuites des crimes qui y ont été perpétrés est à
saluer. Cependant même dans ce cas, le problème de l’impunité n’est pas totalement réglé, parce
que la C.P.I. n’est compétente que pour des crimes commis après l’entrée en vigueur de son
Statut. Elle ne pourra donc poursuivre que les crimes relevant de sa compétence commis après
le 1er Juillet 2002. Mais quel sera alors le sort de nombreux autres crimes commis avant cette
date ? L’espace d’impunité laissé parait tellement grand qu’il faille envisager d’autres
mécanismes ou solutions.

III : Les mécanismes de lutte contre l’impunité en R.D.C.

« Combattre l’impunité sous toutes ses formes, avec la dernière énergie, est une issue
indispensable pour l’avènement d’un Etat de droit en République démocratique du Congo »
Christian Kabati.

Aussi longtemps que les auteurs de violations massives des droits de l’homme resteront
impunis, l’Etat de droit que le peuple congolais appelle de tous ses vœux ne restera qu’un mythe.
Car combattre l’impunité sous toutes ses formes, avec la dernière énergie, est un préalable
nécessaire à l’avènement d’un Etat de droit en République démocratique du Congo.

Parmi les différents mécanismes judiciaires possibles pour lutter contre l’impunité, nous allons
examiner essentiellement deux, à savoir : la compétence universelle (§1) et la création d’un
tribunal pénal international pour le Congo (§2).

III.1. Compétence universelle

Alors qu’un certain nombre de justices nationales ont failli, l’avènement à l’époque de la
mondialisation d’une justice qui s’internationalise constitue un formidable espoir pour les
victimes de crimes odieux et les défenseurs des droits de l’homme.

A. Notion :

Le système de l’universalité du droit de punir (« judex deprehensionis »), dit aussi celui de
compétence universelle de loi pénale, est défini par Nyabirungu comme celui qui « donne au
juge du lieu d’arrestation le pouvoir de juger toutes les infractions quel que soit le lieu de leur
commission, sans égard à la nationalité du délinquant ou des victimes ».

En effet, l’idée d’attribuer une compétence universelle aux juridictions nationales pour
19
connaître certains crimes n’est pas nouvelle. L’histoire de ce système remonte à une époque très
ancienne (aux temps du Roi Justinien). Mais c’est dès le XIII è siècle que la répression
universelle est amorcée tout d’abord pour les vagabonds, étant donné qu’ils n’ont pas de
résidence fixe, l’élargissant ensuite aux bannis puis aux voleurs. Pour ces derniers, la
compétence du juge du lieu d’arrestation est établie en considérant que le voleur, en transportant
les objets volés, réalise un délit continu.

Au XVIè siècle, l’école espagnole proposa la compétence du juge du lieu d’arrestation pour tous
les malfaiteurs dangereux. Plus tard, Grotius distingua les infractions ordinaires qui ne touchent
que les particuliers, des infractions qui intéressent en quelque sorte la société humaine. Il a le
mérite d’avoir systématisé le principe de la compétence universelle. Celui-ci disait du
délinquant trouvé sur le territoire national : « aut dedere, aut punire».

Naturellement, il appartient en principe aux juridictions nationales de s’acquitter de la tâche de


juger les criminels ressortissants de leur pays. Cependant, on peut constater avec regret, à travers
de nombreux exemples, que trop souvent elles ne peuvent ou ne veulent tout simplement pas
entamer les poursuites nécessaires. A ce sujet, Patrick Baudouin s’interroge : A quoi sert de
brandir la référence à des valeurs universelles revendiquées par les sociétés civilisées du monde
entier si leur violation massive peut s’accomplir en toute tranquillité ?

Lorsqu’un intérêt de l’humanité est menacé par un comportement délictuel, sa répression


acquiert une importance majeure. Il faut désormais déterminer, comme le relève Ana Peyro, si
un tribunal national peut connaître d’une affaire qui n’a apparemment aucun lien de
rattachement avec son Etat. Est-il possible de juger un étranger ayant commis un crime à
l’étranger contre un étranger ?

La première hypothèse où la compétence universelle fit admise par le droit international est
celle de la piraterie (1815). Tandis qu’au XXè siècle, les secteurs où la compétence universelle
est reconnue se multiplient. Cette forme de compétence suppose une communauté d’intérêts
entre les Etats. Un certain nombre de conventions internationales existent sur quelques
problèmes qui portent gravement atteinte à l’ordre public international ; elles engagent les Etats
soit à poursuivre, soit à extrader les individus qui se rendraient coupables de certains
comportements déterminés. Examinons à présent le fondement juridique de cette compétence.

B. Fondement juridique de la compétence universelle

Parmi les conventions internationales qui peuvent fonder le juge national d’un Etat à poursuivre
certains crimes internationaux en vertu de la compétence universelle, nous pouvons citer
notamment la convention du 10 décembre 1984 contre la torture et autres peines ou traitements
cruels, inhumains ou dégradants et les Conventions de Genève du 12 août 1949 et leurs deux
protocoles additionnels du 08 juin 1977. Dans cette étude, nous allons nous limiter à l’analyse
des dispositions de ces dernières (Genève) qui consacrent la compétence extraterritoriale.

En effet, à l’article 49 de la première convention, on peut lire : « les Hautes Parties contractantes
s’engagent à prendre toute mesure législative nécessaire pour fixer les sanctions pénales
adéquates à appliquer aux personnes ayant commis, ou donné l’ordre de commettre, l’une ou
l’autre des infractions graves à la présente convention ». Cette disposition est encore reprise à
l’article 146.
20
Chaque partie contractante aura l’obligation de rechercher des personnes prévenues d’avoir
commis, ou d’avoir ordonné de commettre, l’une ou l’autre de ces infractions graves, et elle
devra les déférer à ses propres tribunaux, quelle que soit leur nationalité. Elle pourra aussi, si
elle le préfère, et selon les conditions prévues par sa propre législation, les remettre pour
jugement à une autre partie contractante intéressée à la poursuite pour autant que cette partie
contractante ait retenu contre lesdites personnes des charges suffisantes. Ces articles rappellent
avec éclat le principe « aut dedere aut persequi ». Les Etats parties à cette convention s’engagent
soit à poursuivre, soit à extrader les potentiels criminels de guerre.

Dans le même ordre d’idées, on peut citer la résolution 3074(XXVII) de l’Assemblée générale
de l’O.N.U. du 03 décembre 1973, sur les principes de la coopération internationale en ce qui
concerne le dépistage, le châtiment des individus coupables des crimes de guerre et de crimes
contre l’humanité, selon laquelle : « Les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité où
qu’ils aient été commis et quel que soit le moment où ils ont été commis, doivent faire l’objet
d’une enquête , et les individus contre lesquels il existe des preuves établissant qu’ils ont
commis des tels crimes doivent être recherchés, arrêtées, traduits en justice et, s’ils sont
reconnus coupables, châtiés ».

Parmi les différents Etats qui ont déjà eu à recourir à la compétence universelle pour une
répression des crimes grave, nous pouvons citer : l’Espagne (dans les affaire du Chilien Augusto
Pinochet, et de l’Argentin Ricardo Miguel Cavallo), la France (dans l’affaire Ely Ould Dah) ,
la Hollande ( affaire Nzapali « le Roi des bêtes » le 7 avril 2004, Cour de district de Rotterdam).
Mais c’est la Belgique qui a fait preuve d’une audace légendaire en cette matière. Le 08 juin
2001, la Cour d’assises de Bruxelles a condamné Vincent N., Alphonse M. et Julienne M. pour
crime de guerre sur pied de l’article 7 de la loi du 16 janvier 1993.

D’autres plaintes pour crime contre l’humanité, voire génocide ont été déposées en 2001 et en
2002 contre, entre autres, le Président ivoirien Laurent Gbagbo, le Président cubain Fidel Castro
ainsi que contre l’ancien Président Tchadien Hussein Habre, etc.

Pour Patrick Baudouin : « De Pinochet à Hussein Habré, la secousse est forte, le message clair,
l’enjeu décisif : il s’agit de combattre et vaincre, partout dans le monde, des siècles de culture
de l’impunité. La fatalité, la résignation, la soumission ne sont plus de mise. A l’époque de la
retransmission planétaire et immédiate de massacres révoltants, il devient intolérable de voir
s’échapper à la justice, à la différence du simple voleur de poule ou de bicyclette, les
responsables de ces actes de barbarie les plus abominables ».

Cependant, si le système de la compétence universelle peut permettre de sévir contre l’impunité


qui règne dans le monde et partant en R.D.C. où des crimes gravissimes ont été perpétrés, il
convient hélas, de remarquer qu’il s’est avéré gravement limité dans plus d’un cas.

C. Limites de la compétence universelle

L’exercice de la compétence extraterritoriale par le juge des Etats soulève de nombreuses


difficultés.

En effet, en l’absence d’extradition, c’est-à-dire de la présence du prévenu, le procès ne peut


21
pas se dérouler dans des bonnes conditions et par conséquent, perd son sens ; en outre, en cas
de condamnation à une peine, elle risque de ne jamais être appliquée. Par ailleurs, le juge peut
se retrouver en train d’empiéter sur le domaine des autorités politiques et diplomatiques. Au
fond, comme le relève Ana Peyro : « La compétence universelle se trouve dans la zone grise
des conflits de droit. D’un côté, le principe de la souveraineté des Etats persiste et demeure
difficile à entamer. D’autre part, la protection des droits de l’homme et la poursuite des
responsables des violations de ces droits se dresse comme une exception à la sacro-sainte
souveraineté ».

La condamnation de la Belgique par la Cour internationale de justice (C.I.J.) dans l’affaire


relative au mandat d’arrêt du 11 avril 2000 qui l’opposait à la R.D.C. poussa sans doute
l’ancienne métropole à réfléchir sur une compétence qui l’expose à se disputer avec une bonne
partie de la planète, puisque la majeure partie des dirigeants de ce monde peuvent, peu ou prou,
être accusés de crimes. Les deux plaintes qui furent déposées contre Ariel Sharon, à l’époque
premier Ministre de l’Etat d’Israël, le 1 er et le 18 juin 2001 à Bruxelles suscitèrent aussi une
vive tension entre cet Etat et la Belgique. Ainsi après la première révision du 10 février 1999,
la loi belge sur la compétence universelle fut à nouveau révisée en 2003. On sent le recul !

Il faut enfin relever que la crainte d’encombrement des tribunaux a entraîné que les juges et les
procureurs rejettent de plus en plus des plaintes déposées sur la base du principe de la
compétence universelle. Cette réaction se retrouve même au sein d’organes juridictionnels qui
avaient pourtant reconnu auparavant une telle compétence. C’est notamment le cas en Espagne
et en Belgique, où, à la suite de la recevabilité de certaines plaintes en vertu du principe précité,
il y a eu un afflux de requérants devant leurs juridictions, ce qui a entraîné une rigidité croissante
dans l’acceptation des plaintes. La Belgique n’a-t-elle pas revu sa législation en la matière ?

A la lumière des développements ci-dessus, il nous parait que le système de l’universalité du


droit de punir ne saurait être efficace pour réprimer tous les crimes graves commis en
République démocratique du Congo avant l’entrée en vigueur du Statut de la C.P.I. Pour éviter
l’impunité inacceptable qui résulterait des limites de ces deux mécanismes judiciaires, nous
pensons qu’il sied d’en envisager absolument un troisième.

III.2. Plaidoyer pour un tribunal pénal international pour le Congo

Au regard de tout ce qui précède, il est évident que les divers crimes graves qui ont été commis
au Congo ont troublé la paix et la sécurité internationales. Ceux-ci furent perpétrés sans doute
par des nationaux et des étrangers pour la plupart pendant les deux conflits armés (1996-97 et
1998-2002) qui ont sévi au pays avant 2002 et qui demeurent à ce jour pour les gros impunis.

Etant donné le mauvais précédent susceptible d’être laissé par l’impunité de ces atrocités et
atteintes graves à la législation tant nationale qu’internationale, il y a nécessité d’instaurer une
justice efficace que requiert le contexte congolais.

A. Contexte et justification

Au terme d’une longue période d’un régime autoritaire et des guerres qui sont parmi les plus
meurtrières de la seconde moitié du 20ème siècle, le bilan en termes de violations des droits de
l’homme commises en République démocratique du Congo est singulièrement très lourd.
22
Analysant le summum de l’horreur du génocide du Rwanda par rapport aux crimes perpétrés en
R.D.C. au cours de la guerre, Collette Braeckman estime que l’histoire des crimes ne s’est pas
arrêtée en 1994. Car depuis lors : « Loin des caméras, dans le silence des lacs, des montagnes
et des volcans, la guerre a poursuivi ses ravages, avec son cortège de massacres, des viols,
d’incendies, de fosses communes, jusqu’à faire trois millions de victimes. Trois millions de
morts, emportés par la faim, les maladies, la violence, condamnés aussi par l’oubli,
l’abandon… ».

Dans le livre blanc il est dit : « des crimes odieux et graves ont été enregistrés : crimes de
génocide, crimes contre l’humanité, crimes de guerre, mutilations, crucifixions, exécutions
sommaires et arbitraires, traitements cruels, viols et violences sexuelles, déportations, … »

Pour le professeur Sayeman Bula-Bula, il y a eu : « Un cortège d’infractions graves au droit


international humanitaire, telle que la prise en otage du barrage d’Inga […] ». Il poursuit en
indiquant que le peuple congolais sollicite « l’établissement d’un tribunal pénal international
sur le Congo. Ce dernier jugerait toutes les personnes, auteurs, coauteurs ou complices,
Africains et non Africains, ayant commis des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité,
comme l’extermination de plus de deux millions cinq cent mille congolais… »

Il y a eu sans doute une violence multiforme qui rend illusoire l’avènement aisé d’une société
harmonieuse et paisible. Parce que des crimes graves ainsi perpétrés portent à croire que ce sont
les instincts les plus bas de l’homme qui sont les plus flattés.

Seule la justice, pensons–nous, contribuera efficacement à arrêter la spirale des crimes et


permettra la réconciliation des peuples, la stabilisation durable des rapports humains et le retour
d’une paix véritable. Cependant il ne s’agit pas de n’importe quelle justice ni de la « pseudo
justice » du vainqueur. Il doit s’agir d’une vraie justice remplissant certains préalables ; d’une
justice capable d’établir toutes les responsabilités et de sanctionner, sans funestes
atermoiements ni esprit revanchard, les deux séries d’agents identifiés : Les auteurs musculaires
et les opérateurs à peine voilés ou les commanditaires qu’on peut qualifier d’auteurs
intellectuels, africains ou non africains.

Ainsi, face aux limites de la justice nationale (la compétence universelle y comprise) et de la
compétence de la C.P.I., pour une répression de ces crimes qui menacent la paix et la sécurité
internationales, l’action de la communauté internationale à travers le Conseil de sécurité de
l’O.N.U. dans l’instauration d’une justice adéquate et efficace au Congo s’avère indispensable.

B. Fondement juridique

Parmi les buts des Nations Unies, il y a notamment le maintien de la paix et de la sécurité
internationales et la promotion du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales
pour tous, sans discrimination de race, de sexe, de langue ou de religion (article 1 de la Charte).

Les crimes odieux commis au cours du siècle passé entre autres en ex-Yougoslavie et au
Rwanda menacèrent gravement l’ordre public international au point qu’ils suscitèrent une
réaction du Conseil de sécurité qui créa respectivement deux juridictions internationales « ad
hoc » pour ces deux Etats.
23
La nature des crimes qui justifia la création de ces deux tribunaux est quasiment identique à
celle de la R.D.C. Ainsi pour le professeur Ntumba Luaba: «Le principe de l’égalité souveraine
des Etats voudrait que la République démocratique du Congo soit traitée de la même façon que
ces deux Etats qui ont eu droit à ces juridiction ; surtout lorsque l’on sait que le nombre des
morts enregistrés dans les conflits qui les ont justifiées et sans commune mesure avec la tragédie
apocalyptique du Congo ».

En effet un expert indépendant de l’O.N.U. pour les droits de l’homme en R.D.C., M. Frédéric
Paure, a réfléchi sur la justice au Congo et a préconisé la création d’un tribunal pénal
international pour juger des crimes commis avant juillet 2002. Car des résolutions de la
Commission des droits de l’homme ont fait faire des enquêtes sur plusieurs séries de massacres
des populations antérieures à 1997. Tous ces crimes resteraient impunis si on s’en remettait à la
C.P.I. a-t-il soutenu. Ainsi lors de la présentation de son rapport sur la situation des droits de
l’homme au Congo-Kinshasa (à la 59é session de l’Assemblée générale des Nations Unies tenue
le 28 octobre 2003), il recommanda la création d’un tribunal pénal international pour la R.D.C.

Préoccupés par la crise politique et le conflit armé et ses conséquences néfastes à savoir : les
crimes contre l’humanité, les crimes de guerre et les violations massives des droits de l’hommes
commis depuis le 30 juin 1960 et ceux commis pendant les deux guerres de 1996 et de 1998,
les participants aux négociations politiques inter-congolaises de Sun City en République sud-
africaine qui se sont tenues du 25 février au 11 avril 2002, ont pris la résolution n° DIC/ CPR/05
relative à l’institution d’un tribunal pénal international . Cependant du début jusqu’à la fin de
l’exercice du Gouvernement de la récente Transition (2003-2006) il n’y a eu rien de tel. Bula-
Bula déplore cet état de chose car, il estime que les requêtes réintégrées du Congo à l’O.N.U.
en vue de la création, à l’instar des T.P.I.R., d’une instance judiciaire internationale pour le
Congo sont demeurées jusqu’ici sans suite. C’est ici que l’actuel plaidoyer du Dr Denis
MUKWEGE (Prix Nobel 2018) pour la création de cette juridiction vaut tout son pesant d’or.

Dans tous les cas, nous pensons qu’une résolution du Conseil de sécurité prise en vertu du
chapitre VII s’impose pour ne pas créer des précédents préjudiciables à la paix et à la sécurité
internationale. La création du tribunal pénal international pour le Congo est un devoir de
mémoire qui devra à tout prix être accompli afin que les victimes soient conséquemment
indemnisées et les coupables sévèrement châtiés.

La justice devait faire partie des préoccupations essentielles aussi bien du politique que du
scientifique, de l’érudit comme du commun des mortels, elle figure parmi les secteurs de la vie
nationale qui font l’objet de réflexions incessantes en vue de la recherche des formules, des
alternatives plus adéquates, plus efficientes, plus adaptées aux réalités géographiques,
économiques, sociales, culturelles et locales.

C. Compétence

La juridiction pénale à créer devra avoir une compétence plus large pouvant lui permettre
d’assurer une répression efficace des crimes perpétrés dans la région des Grands Lacs. Mais au-
delà de la répression il faudra qu’elle intègre l’approche victimo-centrique en vue de permettre
la réparation des préjudices infligés aux victimes.

24
Nous pensons que cette juridiction devrait être matériellement compétente de poursuivre les
crimes de génocide, les crimes contre l’humanité, les crimes de guerre, et les violations massives
du droit de l’homme (tel que le suggéra la résolution du Dialogue inter congolais précité). La
plupart de ces crimes ont déjà fait l’objet d’une jurisprudence devant le T.P.I.Y. et le T.R.I.R.
Mais aussi, ils ont été de façon générale bien définis dans le Statut de la C.P.I. Ils sont aussi
prévus par la législation pénale des différents Etats. A titre illustratif en R.D.C., l’influence de
la convention de Rome sur la loi n°13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation,
fonctionnement et compétence des juridictions de l’ordre judiciaire est évidente en matière de
répression des crimes prévus dans le Statut de la C.P.I. Nonobstant certaines imperfections, les
crimes internationaux sont aussi définis dans le Décret-loi n°24/2002 du 18 novembre portant
code de justice militaire.

Etant donné l’espace géographique dans lequel ont été commis les crimes et où se retrouvent la
plupart des victimes, il est fort probable que les principaux criminels seront identifiés parmi les
Rwandais, les Congolais, les Ougandais les Burundais, les Angolais, les Namibiens, les
Zimbabwéens... Dès lors, une instance pénale internationale pourra être mieux en mesure
d’atteindre, de façon quasiment égale, tous les criminels, peu importe leur nationalité.

Seule une instance judiciaire supranationale est capable d’atteindre les différents auteurs des
crimes déplorés et de les juger dans la sérénité, sans haine ni complaisance. Parce que, eu égard
au climat de méfiance qui règne entre les différents Etats en présence et à leur propre implication
dans cette criminalité, il serait illusoire de compter sur une franche collaboration judiciaire entre
eux.

Et donc comme le souligne le professeur Fofe Djofia la supranationalité des organes judiciaires
d’instruction, de poursuite et de jugement est le premier critère d’efficacité d’un tel tribunal.

La répression des crimes commis en R.D.C. après l’année 2002 ne pose pas problème étant
donné qu’elle peut être couverte par la compétence « ratione temporis » de la C.P.I. Mais c’est
pour réprimer les crimes perpétrés avant cette date qu’il y a nécessité de créer une juridiction
pouvant exercer une compétence rétroactive par rapport à ces crimes.

Poursuivant dans la même veine, madame le Rapporteur spécial de la Commission des droits
de l’homme de l’O.N.U., chargée de la République démocratique du Congo, Julia Motoc, après
avoir mis l’accent sur la nécessité de reconstruire le système judiciaire congolais afin de mettre
fin à l’impunité, a réfléchi sur un mécanisme judiciaire pour juger les violations massives des
droits de l’homme commises en R.D.C. entre 1999 et 2002 que la C.P.I. n’est pas compétente
de connaître, et a accordé sa préférence à une Cour spéciale pour le Congo qui pourra être basée
à Kinshasa et fonctionner selon un mécanisme mixte, associant des juges internationaux à des
juges congolais afin qu’aucun crime dans le pays ne reste impuni.

Une résolution du Dialogue inter-congolais tenu à Sun City en 2002 proposa la création d’un
tribunal pénal international « ad hoc » pour le Congo dont la compétence remonterait au 30 juin
1960. Cependant, nous pensons qu’il n’est pas évident que dans un futur proche les ressources
nécessaires soient disponibles pour couvrir les enquêtes requises pour cette fourchette de temps.
Par conséquent ce tribunal pourra se focaliser sur les crimes graves ou violations massives du
droit international humanitaire commises au cours de deux grandes guerres du Congo (1996-97
et 1998-2002), tandis que d’autre mécanisme tel que la Commission Vérité et Réconciliation
25
pourra s’occuper des crimes commis avant 1996. Ce mécanisme extra-judiciaire devra
s’appliquer sous les perspectives d’une justice restauratrice pouvant permettre à tous les
congolaises et congolais de se réconcilier avec eux-mêmes au niveau sociétal et global. Aussi
faudra-t-il associer les victimes, les coupables, ainsi que tous les membres de la communauté
pour rétablir le déséquilibre causé par la perpétration du crime. Ceci implique entre autres le
devoir de la mémoire qui consiste au dévoilement du passé et la reconnaissance publique et
partagée des blessures et des pertes subies.

Pour ce qui concerne la compétence personnelle, ce tribunal pourra poursuivre toute personne
(âgée de plus de 18 ans) qui fut impliquée directement ou indirectement dans la commission de
crimes odieux en R.D.C. et cela indépendamment des immunités ou règles de procédure
spéciale qui peuvent s’attacher à la qualité officielle d’une personne en vertu du droit interne
ou du droit international. (On peut se référer « mutatis mutandis » à la compétence « ratione
personae » telle que prévue dans le Statut de la C.P.I).

Mais au-delà des questions relatives à la compétence de cette juridiction internationale à créer,
il faut rendre plus efficace les organes judiciaires internes et les mettre en état de contribuer
significativement à cette lutte contre l’impunité par la répression effective des crimes commis
au pays. Là-dessus, il y a lieu de mener quelques actions concrètes dans l’immédiat, notamment
la création des chambres mixtes spécialisées dans les cours et tribunaux de la R .D.C. afin de
permettre au pouvoir judiciaire au niveau national et à la « communauté internationale » de
coopérer et de poursuivre en justice les auteurs d’atteintes graves aux droits de l’homme.

Par rapport au processus de création des chambres mixtes spécialisées, il y a nécessité d’adopter
une loi au niveau du Parlement de la R.D.C. A ce sujet le mode de création de la Cour pénale
spéciale de la République centrafricaine peut inspirer le législateur congolais quant à ce à plus
d’un titre. Quant au Tribunal pénal international ad hoc pour le Congo, le Gouvernement est
prié encore une fois de faire une demande formelle aux Nations unies afin d’obtenir l’institution
d’un Tribunal pénal spécial pour la R.D.C.

Par ailleurs, il faut veiller à la préservation des preuves. A ce sujet, Fofé Djofia propose la
création d’une Brigade spéciale de recherches et d’investigations en matière de génocide, des
crimes contre l’humanité et des crimes de guerre qu’il considère comme un message fort à
adresser à tous les opérateurs militaro–politiques passés, actuels et futurs qui doivent savoir
que ces crimes gravissimes, portant atteinte aux valeurs humanitaires essentielles, ne doivent
jamais rester impunis.

Eu égard à la fragilité des institutions politiques en R.D.C., l’approche de la justice


transitionnelle proposée par le Président Tshisekedi à son gouvernement parait recommandable
pour que certains auteurs des crimes soient entendus devant les mécanismes extra judicaires tel
que la Commission vérité et réconciliation (C.V.R.), où un réexamen des travaux antérieurs
s’impose.

A part la recréation de la C.V.R., nous proposons aussi la création d’un fonds spécial pour la
réparation des dommages causés à toutes les victimes des atrocités en R.D.C. et la
restructuration de l’actuelle Commission Nationale des Droits de l’Homme (C.N.D.H).

26
CONCLUSION

« Il est indispensable de rendre justice pour briser le cycle des violences et de l’instabilité en
RDC », Louise ARBOUR et Denis MUKWEGE Septembre 2020, Le Monde, Tribune.

En guise de conclusion de cet article, il sied de relever que la naissance du besoin de


cohabitation, depuis la nuit des temps a conduit les hommes à instaurer la justice et, plus
précisément, la justice pénale et sa réalisation effective en vue d’assurer la protection des
valeurs fondamentales à la survie de la collectivité à savoir la vie, la paix, la sécurité …

L’homme étant le patrimoine commun de l’humanité par excellence, il faut le protéger partout
au monde en temps de paix ou pendant le conflit armé. Du droit pénal ancien au droit pénal
moderne, et du droit pénal interne au droit international pénal tout en passant par diverses autres
branches du droit, aujourd’hui plus qu’hier, il appert que l’exercice de la justice répressive est
un impératif. Ceci est d’autant vrai au regard de la criminalité et de l’impunité révoltante qui
ont élu domicile sur le globe terrestre.

Hélas, en dépit de l’adoption et de l’entrée en vigueur du Statut de la C.P.I. et de la


stigmatisation des crimes contre la paix, des crimes contre l’humanité, des crime de génocide
et des crimes de guerre, qui sont qualifiés d’inadmissibles par et pour la race humaine; ils
continuent de se commettre dans certaines parties du monde par les dirigeants des Etats
belliqueux et leurs complices, qui considèrent la guerre comme un moyen de continuer la
politique irrédentiste. C’est le cas notamment de la R.D.C. où des crimes graves furent commis
mais qui demeurent impunis.

Le conflit en RD Congo a laissé plus de cinq millions de morts, d’innombrables orphelins et


des familles brisées de tous les côtés. De plus en plus, d’aucuns se réfèrent aux massacres en
RD Congo comme « l’holocauste de la honte » ou « un génocide silencieux », qui est négligé à
cause des intérêts économiques de certains membres du gouvernement congolais et de grandes
puissances occidentales. La population continue à déplorer l’extermination ciblée des jeunes,
les enlèvements et assassinats des prêtres, des religieuses, des journalistes, des opposants
politiques et de toute voix dissidente et viols systématiques perpétrés contre les femmes comme
arme de guerre.

La banalisation à laquelle pourrait conduire cette impunité est dangereuse parce qu’elle finit par
suggérer et représenter à la conscience individuelle et collective des comportements aussi
graves, cruels et barbares comme de simples détails de l’histoire à la faveur d’une sorte de
prostitution des mots, elle occulte la protection spéciale que le droit pénal assure à la personne
humaine contre les plus dramatiques des atteintes. Pourtant il n’y aura point de paix durable sur
cette terre aussi longtemps que les droits humains seront impunément violés en quelque lieu de
la planète.

Aussi longtemps que les règles du droit national et du droit international public seront violées
de façon systématique, systémique, répétitive et permanente, l’« Etat de droit » en R.D.C. va
demeurer un vœu pieu si pas un leurre.

La création de la C.P.I. après un demi-siècle de débats et de négociations diplomatiques houleux


entre les défenseurs et les détracteurs du projet de statut instituant une instance judiciaire
27
internationale permanente fut sans doute un progrès notable dans la lutte contre la criminalité à
grande échelle qui frappe le monde.

Dorénavant la « communauté internationale » dispose d’un organe à même de châtier mieux,


sévir contre tous les crimes barbares, nonobstant la couverture d’impunité que représente parfois
la qualité officielle des agents de l’Etat présumés coupables des crimes graves. C’est un coup
de semonce pour les criminels de tous bords.

Toutefois la compétence « ratione temporis »prévue dans le Statut de la C.P.I. limite celle-ci à
ne connaître que les crimes commis après son entrée en vigueur en juillet 2002, hypothèse dans
laquelle l’essentiel de ceux perpétrés avant cette date en R.D.C., notamment pendant les récents
conflits armées comptés parmi les plus meurtriers de la deuxième moitié du XX è siècle, ne
seront jamais punis étant donné le disfonctionnement de la justice nationale congolaise et les
limites de la compétence universelle.

D’où la création d’un tribunal pénal international « ad hoc » pour la R.D.C. par le Conseil de
sécurité de l’O.N.U. comme il l’a fait au mois de mai 2007 pour le Liban par sa résolution 1757
est plus qu’une nécessité. Dans tous les cas de figure, l’inaction ou la passivité de la
« communauté internationale » est coupable. L’ONU a vu venir mais n’a pas pu prévenir la
perpétration des crimes odieux en RDC, elle devrait à la limite s’impliquer activement pour que
ces crimes graves ne restent impunis. Le Conseil de sécurité de l’O.N.U. devrait donc éviter la
discrimination et appliquer le principe de l’égalité souveraine des Etats au Congo car la situation
des droits de l’homme qui y prévaut n’est pas moins grave que celle qui justifia la création du
tribunal pénal international « ad hoc » pour l’ex- Yougoslavie ou pour le Rwanda. Mais aussi
et enfin parce que les droits humains constituent le pilier de l’existence et de la coexistence
humaines. Ils sont universels, indissociables et interdépendants. Et ils sont au centre de tout ce
que l’Organisation des Nations Unies aspire à réaliser dans le cadre de sa mission mondiale de
paix, de sécurité et de développement. Ces droits sont somme toute sacrés et leurs violations
appellent inexorablement un châtiment exemplaire.

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III. Cours et thèses

• KASONGO MUIDINGE MALUILO, Cours de criminologie (inédit), 3e graduat, Faculté de


droit, Université de Kinshasa, 2004-2005.
• LUNDA - BULULU, Cours de vie internationale(inédit), 4e éd. 2e graduat/A, Facultés de droit
de l’Université de Lubumbashi et de l’Université de Kinshasa, 2003 – 2004. 3. MAMPUYA
KANUNK’ a-TSHIABO, A. Cours de Droit international public (inédit), 3ème graduat, Faculté
de droit, Université de Kinshasa, 1998-1999.
• SAYEMAN BULA-BULA, Cours de Droit international public (inédit), 3e graduat/A, Faculté
de droit, Université de Kinshasa, 2004-2005.
• FOFE DJOFIA MALEWA, Contribution à la recherche d’un système de justice pénale efficient
au Zaïre(inédite), thèse de doctorat, (inédite), T. 1, Université de Droit, d’Economie et de
Sciences d’Aix-Marseille, Aix-Marseille ,1990.

IV. Documents

• Charte des Nations Unies.


• Convention de Genève du 12 août 1949 et ses protocoles additionnels du 8 juin 1977.
• Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide du 9 décembre 1948.
• Statut de la Cour pénale internationale du 17 juillet 1998.
• Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février 2006, in Journal Officiel,
7e année, numéro spécial 20 juin 2006.
• Loi no 024/2002 du 18 novembre 2002 portant code de justice militaire, in Journal Officiel, 44e
année, numéro spécial, 20 mars 2003.
• Loi organique n°13/011-B of 11 April 2013 portant organisation, fonctionnement et
compétences des juridictions de l’ordre judiciaire in Journal Official N° Spécial 04 mai 2013.
• Loi belge du 16 juin 1993 relative à la répression des infractions graves aux conventions
internationales de Genève du 12 août 1949 et aux protocoles I et II du 8 juin 1977 additionnels
à ces conventions, Moniteur belge, 5 août 1993, pp. 17751-17755.
• Projet de lois portant modification de certaines dispositions du code de procédure pénale, du
code de l’organisation et compétence judiciaires, du code pénal militaire et du code judiciaire
militaire en application du Statut de la Cour Pénale Internationale de la COMMISSION
PERMANENTE POUR LA REFORME DU DROIT CONGOLAIS, Kinshasa, juillet 2003.

V. Sites Internet

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et 2002. (Consulté le 10 octobre 2007)
• http//gr.congo.net/site Situation actuelle de la justice en RDC SOS justice(Consulté le 5 juin
2007)
33
• http://www.historyplace.com/worldhistory/genocide/index.html. ‘The History Place Genocide
in 20th century’ (2000) (Consulté le 12 janvier 2012).
• http://www.icj-cij.org/docket/files/121/8126.pdf. Case concerning the Arrest Warrant of 11
April 2000, DRC v Belgium (ICJ, Judgment of 14 February 2002 para 62-71). (consulté le
12/09/2011))
• http://www.icj-cij.org/docket/files/116/10455.pdf. Case concerning armed activities on the
territory of the Congo DRC v Uganda Case (ICJ, 2005). (Consulté le: 13/12/2015).
• https://www.hrw.org/fr/news/2019/07/24/republique-centrafricaine-la-nouvelle-cour-devrait-
intensifier-ses-activites « République centrafricaine : La nouvelle Cour devrait intensifier ses
activités Les bailleurs de fonds et le gouvernement devraient renforcer leur soutien à la Cour
pénale spéciale » (consulté le 25 octobre 2020)
• https://www.agenceecofin.com/actualites/1809-80345-lue-appelle-a-la-creation-dun-tribunal-
penal-international-pour-la-rdc « L'UE appelle à la création d'un tribunal pénal international
pour la RDC » (consulté le 29 octobre 2020)

34
ANALYSE COMPARATIVE DES HAUTEURS MENSUELLES DANS
LES STATIONS DE BUKAVU ET DE GOMA EN RD CONGO DE 1953 A
2010.

Donat MITIMA MISUKA


Université de Développement Durable en Afrique Centrale, Bukavu, RDC

mitimamisuka@gmail.com

Résumé

Le changement climatique est à la une dans le monde scientifique qui demeure partagé sur cette question.
Toutefois, sans être dogmatique, il semble que l’Afrique intertropicale soit peu affectée par ces
changements comme certaines études l’ont démontré.
Le présent article s’inscrit dans la même ligne de conduite. L’analyse des hauteurs mensuelles des pluies
dans les deux stations tropicales de Bukavu et de Goma à l’Est de la RD Congo montre une faible
variabilité des moyennes mensuelles pendant les dernières trente années. C’est un indicateur certain de
l’absence de changement climatique notable même si des variabilités inter mensuelles apparaissent
durant certaines années.

Mots-clés : Changement climatique, hauteurs mensuelles, variabilité inter mensuelle, régime


pluviométrique

Abstract

Climate change is front page in the scientific world, which is fiercely divided on this issue. However,
without being dogmatic, it seems that tropical Africa is little affected by these changes as some studies
have shown.
This article follows the same line of action. Analysis of monthly rainfall amounts in the two tropical
stations of Bukavu and Goma in eastern DR Congo shows low variability in monthly averages over the
past thirty years. This is a sure indicator of the absence of notable climate change even if inter-monthly
variability appears in some years.

Keywords : Climate change, monthly heights, inter-monthly variability, rainfall regime

Classification JEL : Q 54

Introduction

Le changement climatique est à la une dans le monde scientifique qui demeure partagé sur cette
question. Est-il mesurable à l’échelle globale ou locale ? Quelles sont les critères qui définissent
ce changement ? Sont-ils applicables à toutes les zones climatiques de la planète ?

Il est pratiquement inutile d’insister sur l’importance des précipitations comme élément
climatique et facteur essentiel de la répartition de l’œkoumène terrestre. En effet, la pluie

35
conditionne directement ou indirectement les activités des hommes, la vie animale et végétale
du globe (SERGE, 1983). C’est l’élément climatique qui domine d’une façon tyrannique le
climat des régions intertropicales. C’est pour cela qu’il nous a semblé utile de faire une analyse
pluviométrique de notre région à travers les stations météorologiques de Bukavu dans la
province du Sud Kivu et de Goma dans la province du Nord Kivu.

Ces deux stations situées respectivement au Sud et au Nord du lac Kivu présentent de nombreux
points communs : situées presque sur le même méridien (28° 51 Longitude Est pour Bukavu et
29° 14 Longitude Est pour Goma) ; dans l’hémisphère Sud (Bukavu à 02°31 Lat. Sud et Goma
à 1°41 Lat. Sud). Enfin, les deux stations sont situées en altitude un peu au-dessus de 1460 m,
correspondant à l’altitude du lac Kivu (MITIMA, 1985).

La figure 1 montre les positions géographiques des stations de Bukavu et de Goma situées aux
deux extrémités du lac Kivu.

Figure 1 : Présentation des stations de Bukavu et de Goma en RD Congo

La présente étude sur les hauteurs mensuelles analyse les régimes pluviométriques, le rythme
de ces pluies et l’alternance saisonnière. Nous voulons aussi déterminer si elles peuvent
démontrer un éventuel changement climatique dans cette partie de la RD Congo.

I. METHODOLOGIE

Dans cet article, nous étudions en détails les hauteurs mensuelles des précipitations

36
enregistrées dans les stations météorologiques de Bukavu et de Goma, respectivement capitales
régionales du Sud et du Nord Kivu durant la période 1953-2010. Si la connaissance de la
hauteur annuelle de pluie en un lieu est importante, elle n’a de signification que si elle est
accompagnée du régime pluviométrique propre à ce lieu.

Après l’analyse des caractéristiques mensuelles, nous allons déterminer les régimes
pluviométriques pour connaître respectivement les mois humides et les mois secs, les divers
régimes moyens et probables et aborder le problème de leur régularité ou non dans chacune de
deux stations.

Enfin, dans la dernière partie, nous aborderons la répartition qualitative et comparative des
mois pluviométriques (position, durée et fréquence) au cours de ces 56 années d’observations.
Ce sera l’objet d’un second article faisant suite à celui-ci.

• Pour les caractéristiques statistiques des séries des hauteurs mensuelles des pluies pour
les deux stations, nous avons calculé les indicateurs de tendance centrale sous forme
des moyennes et ceux de dispersion sous forme d’écart type et de coefficient de
variation. Ces paramètres nous ont permis de comparer les diverses hauteurs
mensuelles des pluies que nous avons rassemblés dans un tableau comparatif.
• En ce qui concerne les régimes pluviométriques, nous avons d’abord défini les critères
de détermination des mois humides et des mois secs.

Ensuite nous avons représenté les régimes pluviométriques moyens sur des histogrammes des
hauteurs moyennes des précipitations. Nous essayerons de comparer les régimes probables
dans les deux stations.

Plusieurs méthodes, notamment le calcul des indices d’aridité, de l’indice empirique et du bilan
d’eau servent à connaître les mois humides et les mois secs d’une station météorologique. Le
calcul des principaux indices est basé sur les données pluviométriques. Les plus utilisés sont
ceux de GAUSSEN, DE MARTONNE, KOPPEN et MORAL.

Compte tenu de l’inadaptation de la plupart de ces indices aux stations de la Zone chaude
intertropicale, les géographes préfèrent utiliser celui de BIROT, pour sa simplicité. Pour lui,
un mois est sec si son indice E = P/4t. P= Précipitation mensuelle. t= température moyenne du
mois considéré.

Toutefois, pour les régions chaudes tropicales et équatoriales, les climatologues admettent une
hauteur mensuelle inférieure à 100 mm pour désigner un mois sec. Cette valeur tombe à 80 mm
à Bukavu et à Goma situées en altitude dans la région des Western valleys d’Afrique.

C’est ainsi que nous avons considéré les critères ci-dessous :

• Tous les mois dont P ≤ 80 mm sont des mois secs


• Tous les mois dont P ≤ 40 mm sont des mois très secs
• Tous les mois dont P ≥ 80 mm sont des mois humides

La somme des mois humides qui se suivent donnent la durée de la saison humide.

37
Les régimes pluviométriques moyens représentent la répartition dans l’année et la succession
des mois secs et des mois humides. Nous les avons concrétisés sur des histogrammes appropriés.
Pour mieux visualiser les deux saisons, nous les avons fait débuter au mois d’octobre car ces
mois correspondent au début de la saison humide.

Les régimes probables sont construits à partir des valeurs des quartiles et des déciles calculées
à l’aide du logiciel de traitement des données SPSS. Le régime pluviométrique ne s’exprime
plus en termes de moyennes mais en termes de probabilités c'est-à-dire les fréquences des
hauteurs mensuelles qui ont le plus de chance de se retrouver régulièrement. C’est ainsi que
sur les cinq courbes pluviométriques obtenues par cette méthode, les précipitations ont
successivement 10 (D1), 25 (Q1), 50 (Q2), 75 (Q3) et 90 (D9) chances sur 100 de ne pas être
atteintes ou dépassées.

Enfin, la régularité des régimes pluviométriques a été déterminée à partir du calcul de


coefficient de corrélation de Spearman

II. RESULTATS

II.1. Les caractéristiques statistiques des séries des hauteurs mensuelles des pluies

Les résultats des moyennes, des écarts types et des coefficients de variation des pluies
mensuelles de Bukavu et de Goma sont repris dans le Tableau N° 1 suivant:

Tableau N° 1 : Stations de Bukavu et de Goma: Comparaison des paramètres


statistiques des hauteurs mensuelles

Paramètre Station J F M A M Jn Jt At S O N D
MOYENNE BUKAVU 141,4 141 157 136 82,7 21,3 7,7 42,9 93,6 144 187 154
GOMA 90 88,1 115 128 105 53,6 29,6 61,8 98,1 132 152 102
ECART TYPE BUKAVU 45,8 67,7 63,4 58,6 44,9 25,4 15,4 60,4 53,3 46 52,1 47,8
GOMA 47,2 37,6 39,7 59,8 59,9 42,3 25,6 40 48,7 47,6 59,6 44,8
COEFF VAR BUKAVU 32,4 48 40 43 54,3 120 200 141 56,9 32 27,8 31
GOMA 52,4 42,8 34,6 46,7 57,3 79 86,4 64,7 49,6 36,1 35,8 43,7

Ces trois paramètres appellent pour les divers mois successifs les commentaires suivants :

MOIS DE JANVIER : Pour ce mois de Janvier, la moyenne de Bukavu (141,4 mm) est
supérieure à celle de Goma (90 mm) qui ne dépasse pas 100 mm. Toutefois, ce mois connaît
une plus grande variabilité pluviométrique à Goma car son écart-type (47) est supérieur à celui
de Bukavu. Cela est aussi trouvé par la distribution des précipitations de ce mois de Janvier par
rapport à la moyenne : 52,4% à Goma contre 32,4% à Bukavu.

MOIS DE FEVRIER : Aux deux stations les moyennes ne sont pas très différentes par rapport
à celles de Janvier : 141 mm et 88,1 mm. A Bukavu, l’écart-type augmente sensiblement (67,7)
tandis qu’il diminue à Goma (37,6). Ainsi à Goma, les précipitations de Février ne sont pas
trop variables.

38
MOIS DE MARS : Les deux moyennes augmentent toujours. C’est le deuxième maximum
atteint à Bukavu (158,6 mm). L’écart type de Bukavu est plus accentué qu’à Goma, car il
représente 40% de la moyenne, tandis qu’à Goma il équivaut à 34,6% de la moyenne. Donc la
variabilité des précipitations de ce mois est plus importante à Bukavu qu’à Goma. Remarquons
qu’à Goma depuis le mois de Janvier, le coefficient de variation baisse, ce qui indique que la
variabilité diminue alors que les totaux mensuels augmentent.

MOIS D’AVRIL : Les deux hauteurs mensuelles ne sont pas très différentes : 136,1 mm à
Bukavu et 128,4 mm à Goma mais c’est le troisième maximum de Goma. Par rapport au mois
précédent, le coefficient de variation a plus augmenté à Goma (12,1%) qu’à Bukavu (3%).

MOIS DE MAI : Les moyennes sont en baisse aux deux stations mais surtout à Bukavu. La
dispersion de la pluviométrie à Goma reste importante car son écart-type est de 60. A Bukavu,
l’écart-type est de 45, inférieur à celui d’Avril. Dons les oscillations pluviométriques y sont
moins grandes qu’au mois d’Avril.

MOIS DE JUIN : La moyenne de Goma est supérieure à celle de Bukavu : 53,6 mm contre 21,3
mm. Ceci est valable pour les trois prochains mois. Toutefois, l’écart-type, comme pour le mois
de Mai, est plus renforcé à Bukavu car il représente 119,9% de la moyenne et 79% seulement
à Goma.

MOIS DE JUILLET : Ce sont les mois les plus secs de l’année : 7,7 mm à Bukavu et 29,6 mm
à Goma. La variabilité des précipitations par rapport à la moyenne est très importante surtout à
Bukavu (199,7%). Les deux coefficients sont les plus élevés de toutes les hauteurs mensuelles.
A Goma, il est égal à 86,4% de la moyenne de ce mois.

MOIS D’AOUT : Les moyennes, les écart-types et les coefficients de dispersion de ce mois ne
reflètent pas les résultats obtenus au mois de Juillet. Les moyennes augmentent. La dispersion
des précipitations à Bukavu vaut plus du double de celle de Goma (140,8 % contre 64,7%). De
la même manière, l’écart –type de Bukavu (60,4) est plus que le double de celui de Goma
(25,6).

MOIS DE SEPTEMBRE : Les moyennes s’élèvent de nouveau : 93,6 mm pour Bukavu et 98,1
mm pour Goma. A Bukavu, le coefficient de variation est de 56,9%. Il est toujours supérieur à
celui de Goma (49,6%), comme constaté aux mois de Février, Mars, Juin, Juillet et Août.

MOIS D’OCTOBRE : La moyenne continue d’être de plus en plus importante car elle est
supérieure à 130 mm dans les deux stations. La variabilité pluviométrique est moins élevée
qu’en Septembre. Les coefficients de variation sont parmi les plus faibles de l’année, celui de
Goma (36,1%) étant supérieur à celui de Bukavu (32%).

MOIS DE NOVEMBRE : Les moyennes sont supérieures à 150 mm et constituent les maximas
absolus dans les deux stations : 187,1 mm à Bukavu et 151,8 mm à Goma. Les coefficients de
dispersion de Bukavu (27,8%) et de Goma (35,8%) sont les plus faibles de l’année, surtout à
Bukavu. Ce qui prouve que les hauteurs des pluies varient en sens inverse.

MOIS DE DECEMBRE : La moyenne de Bukavu (154,1 mm) reste supérieure à celle de


Goma. Le coefficient de variation par rapport à la moyenne est de 31% à Bukavu et 43,7% à
39
Goma. Cela traduit la grande variabilité dans la pluviosité de Goma, malgré l’importance des
hauteurs mensuelles respectives.

II.2. Les régimes pluviométriques moyens

Les régimes pluviométriques moyens de Bukavu et de Goma sont concrétisés sur les
histogrammes de la figure N° 2 qui suit. Pour mieux visualiser les deux saisons, nous les avons
fait débuter au mois de Septembre car ces mois correspondent au début de la saison humide.

Figure 2 : Les régimes pluviométriques moyens à la station de Bukavu de 1953 à 2005

Figure 3: Les régimes pluviométriques moyens à la station de Goma de 1953 à 2010

40
L’analyse des histogrammes nous permet de distinguer aux deux stations deux saisons
principales :

- A BUKAVU : La saison humide commence en Septembre et dure 9 mois (où la hauteur


mensuelle est supérieure à 80 mm) jusqu’au mois de Mai. Cette saison humide présente
deux maxima :
• un maximum principal de 187,1 mm qui a lieu au mois de Novembre
• un maximum secondaire de 158,6 mm qui a lieu en Mars.

Entre ces deux maxima, les mois de Décembre, Janvier et Février ont des hauteurs d’eau moins
soutenues mais leurs valeurs proches de 140 mm font qu’il s’agit des mois pluvieux.

Quant à la saison sèche, elle commence en Juin (53,6 mm) et dure 3 mois (où la hauteur
mensuelle est inférieure à 80 mm) jusqu’au mois d’août (61,8 mm). Cependant, le cœur de la
saison sèche se situe en Juillet qui enregistre un minimum absolu de 7,7 mm.

Soulignons que, selon les années, le mois de Mai représente un mois de transition entre la
saison humide et la saison sèche, et le mois de Septembre représente un mois de transition
entre la saison sèche et la saison humide. Ces deux mois de transition étant quand même des
mois humides : 82,7 mm pour Mai et 93,6 mm pour Septembre.

Le régime pluviométrique de Bukavu est simple.

- A GOMA : La saison humide commence comme à Bukavu en Septembre, mais elle


présente un aspect totalement différent. En effet, elle est coupée par une petite saison
qui sans être „sèche‟ connaît une diminution notable des précipitations en Janvier et
février où les totaux mensuels sont légèrement supérieurs à 80 mm : 90 mm en Janvier
et 88,1 mm en Février. Ces deux mois sont encadrés par deux mois très humides :
Décembre 101,7 mm et Mars 114,8 mm.

Cette période est cernée par 2 maximas pluviométriques : l’un en Novembre 151,8 mm précédé
par Octobre qui est aussi très pluvieux (131,6 mm). Il correspond d’ailleurs au deuxième
maximum de Goma. Le troisième maximum étant en Avril 128,4 mm, suivi d’un mois humide :
Mai (104,5 mm). Si le premier maximum à Goma a lieu en Novembre comme à Bukavu, le
deuxième n’a pas lieu en Mars comme à Bukavu mais plutôt en Octobre.

Quant à la saison sèche, elle dure 3 mois (ou les totaux sont inférieurs à 80 mm) en Juin, Juillet
et Août ; le minimum étant en Juillet avec 29,6 mm. Mais nous constatons que les 3 mois de
la saison sèche de Goma ont des totaux pluviométriques plus importants que les mois secs
correspondants de Bukavu :

BUKAVU GOMA
JUIN 21,3 mm 53,6 mm
JUILLET 7,7 mm 29,6 mm
AOUT 42,9 mm 61,8 mm

Enfin, il n’y a pas de mois de transition entre la fin de la saison des pluies et le début de la

41
saison sèche : Mai 104,5 mm ; Juin 53,6 mm. Par contre, le mois de Septembre 98,1 mm assure
la transition entre la fin de la saison sèche et le début de la saison humide.

Pour résumer tout ce qui précède, on peut donc dire que la pluviométrie de Bukavu et de Goma
se présente sous forme de deux saisons : une saison sèche de 3 mois et une saison humide de
9 mois qui présente un aspect bimodal plus accentué à Goma où il est beaucoup plus complexe.

A Goma, il présente bien 2 saisons, mais la saison humide comporte trois phases : 2 phases
d’exaltations pluviométriques de 3 mois entrecoupées d’une phase de sécheresse de 2 mois.
C’est qu’à Goma apparaissent deux saisons sèches : une sévère en Juin, Juillet et Août, l’autre
moins rigoureuse en Janvier- Février. Cependant, il ne faut pas en conclure que le régime
pluviométrique de Goma est un régime à quatre saisons.

II.3. Le régime probable

Ces régimes sont représentés sur les graphiques N° 4 (Bukavu) et N° 5 (Goma). Ils ne
s’expriment plus en termes de moyennes mais en termes de probabilités c.à.d. les fréquences
de pluies mensuelles qui ont les plus de chance de se retrouver régulièrement.

Par exemple, sur les 5 courbes pluviométriques les précipitations ont respectivement 10(D1),
25(Q1), 50(Q2), 75(Q3) et 90(D9) chance sur 100 de ne pas être atteintes ou dépassées. Ainsi,
pour le maximum de Novembre, il y a 10 chances sur 100 pour que les précipitations
n’atteignent ou ne dépassent pas 110,2 mm à Bukavu et 82 mm à Goma. Par conséquent, on a
90% de chances d’atteindre ou de dépasser 110,2 mm à Bukavu et 82 mm à Goma.

Considérons l’exemple de l’extrême mini du mois de Juillet.

A Bukavu, on a 90% de chances pour que les pluies n’atteignent pas ou ne dépassent pas 32
mm, tandis que qu’à Goma, cette probabilité arrive jusqu’à 68 mm, soit environ le double de
Bukavu.
Ces résultats montrent qu’à Bukavu la pluviosité de la saison humide est plus importante qu’à
Goma. C’est l’inverse durant la saison sèche.

Figure 4 : Station de Bukavu : régime probable

42
L’analyse des graphiques traduit aussi l’opposition déjà relevée ci-dessus : les deux maximas
sont plus tranchés à Bukavu et assez semblables à Goma.

D’autre part, les variations interquartiles sont plus marquées à Goma qu’à Bukavu, preuve de
sa grande variabilité pluviométrique. D’ailleurs durant les mois de Mai et de Juin, l’écart entre
D9 et D1 y est plus important qu’à Bukavu (qui enregistre cet écart maximal en Mars). Même
pendant la saison sèche, l’écart entre D9 et D1 est plus accentué à Goma qu’à Bukavu.

D’une manière générale, on constate que les régimes pluviométriques probables viennent
confirmer les régimes pluviométriques moyens de chacune des stations :

A Bukavu, comme l’indique la figure 4, l’aspect bimodal de la saison humide est bien confirmé :
le maxi principal ayant lieu toujours en Novembre et le maxi secondaire en Mai. Cependant, si
l’on considère que Q1 de ce deuxième maxi, il peut apparaitre en Février ou Mars, et si l’on
considère D1, il peut apparaitre en Avril. Ainsi le deuxième maxi peut avoir une certaine’’
dérive’’ sur les mois adjacents. Quant à la saison sèche, tous les quantiles montrent qu’elle est
très stable avec le minimum en Juillet.

Figure 5 : Station de Goma : Régime probable

A Goma, comme on peut le remarquer sur la figure 5 ci-dessus, la première phase d’exaltation
pluviométrique a lieu en Novembre, bien que Q1 et D1 montrent que le mois d’Octobre se
rapproche davantage de ce maxi que les autres mois de l’année. La deuxième phase d’exaltation
a toujours lieu en Avril. La première saison sèche a toujours lieu en Décembre, Janvier, Février,
le minimum s’effectuant toujours en Janvier-Février, sauf pour D9 qui a lieu en Décembre.

Quant à la deuxième saison sèche, elle se situe toujours en Juin, Juillet, Aout, le minimum
s’effectuant toujours en Juillet.

CONCLUSION

L’étude des hauteurs mensuelles dans les stations de Bukavu et de Goma montre que leur
rythme pluviométrique est très différent. En effet, bien qu’il y ait la succession d’une saison

43
humide et d’une saison sèche aux mêmes époques de l’année, ces deux saisons présentent à
chaque station des particularités spécifiques.

Pour la saison humide, à Bukavu, elle dure 8 mois, de Septembre à Avril, présente deux maxima,
l’un principal en Novembre, l’autre en Mars ; ces deux maxima étant séparés par trois mos de
moindre pluviosité. A Goma, la saison humide dure 9 mois de Septembre à Mai, présente 2
phases d’exaltations pluviométriques Novembre à Avril. Elles sont séparées par une véritable
saison sèche qui dure deux mois en Janvier et Février.

Pour la saison sèche : à Bukavu, elle dure 3 mois de Mai rigoureux, en Juin, Juillet et Aout. A
Goma, cette saison dure aussi trois mois en Juin, Juillet et Aout pendant lesquels les rares pluies
sont plus soutenues qu’à Bukavu. Cependant, on peut dire qu’à Bukavu, le mois de Mai est un
mois de transition entre les deux saisons alors qu’à Goma, il n’y a pas de mois de transition
entre la saison sèche et la saison humide. La transition saison humide/saison sèche se fait parfois
brusquement en Mai-Juin.

Ces résultats ne démontrent aucun début d’un changement climatique dans l’Est de la RD
Congo car d’autres études les confirment (ONUKUMBA, 2017 et BOLINGO, 2005). Les
publications sur la climatologie de notre région sont rares, dispersées ou vieilles. Les causes de
la bi-modalité des régimes pluviométriques de Bukavu et de Goma n’ont pas encore fait l’objet
d’une étude scientifique sérieuse.

BIBLIOGRAPHIE

• BOLINGO, A. 2005. Etude de la cyclicité climatique au Rwanda, Mémoire de Licence en


Géographie, ISP/Kigali.
• METTELSAT RD Congo, Archives des données météorologiques annuelles, Bureaux régionaux
de Bukavu et de Goma.
• MITIMA, D. 1985, Etude pluviométrique comparative aux stations de Bukavu et de Goma de
1953 à 1984, Mémoire de Licence en Géographie, ISP/Bukavu
• ONUKUMBA, A. 2017, Le climat de Bukavu, Mémoire de Master, UPN/Kinshasa .
• SERGE, F. 1983, La pluviométrie du Nord de la Cote d’Ivoire, Essai d’analyse des pluies
tropicales en savane Oust africaine, thèse, université de Paris Sorbonne.

44
L’AGRICULTURE ET LA CROISSANCE ECONOMIQUE EN REPUBLIQUE
DEMOCRATIQUE DU CONGO

Arnold BISIMWA NGABO


Institut Supérieur Pédagogique d’IDJWI
RD Congo

arnoldbisimwangabofred1@gmail.com

Jacques KAFIRONGO MANENO


Section Agronomie – Générale
Institut Supérieur d’Etudes Agronomiques et Vétérinaires (ISEAV - MUSHWESHWE)
Kabare, Sud-Kivu
RD Congo.

jacqueskafirongo@gmail.com

Résumé

Le développement de l'agriculture joue un rôle crucial dans la croissance économique et dans


l'élimination de la pauvreté et de l'insécurité alimentaire dans les pays moins avancés, c’est ainsi que
nous avons mené des recherches sur l’agriculture et la croissance économique en République
Démocratique du Congo dans l’objectif tester l’impact de l’agriculture sur la croissance économique en
RDC de 1983-2015. L’évaluation du modèle économétrique VECM faite par le logiciel Eviews8.1 a donné
deux effets distincts : il existe une relation positive significative de long terme et négative de court terme
entre l’agriculture et la croissance économique en RDC, le gouvernement congolais doit ainsi adopter
une politique agricole de sauvegarde et de relance de l’agriculture pour espérer à une croissance
économique.

Mots-clés : Agriculture, croissance, économique, RD Congo.

Abstract:

The development of agriculture plays a crucial role in economic growth and in the elimination of poverty
and food insecurity in the low developing countries. So, we conducted a research on agriculture and the
economic growth in the Democratic Republic of Congo in order to test the impact of agriculture on
economic growth in the DRC through the period of 1983 to 2015. The evaluation of the VECM
econometric model made by the software Eviews8.1 has given two distinct effects: there is a significant
positive long-term and negative short-term relationship between agriculture and economic growth in the
DRC. The Congolese government has to adopt an agricultural maintenance and reflation policy of
agriculture to hope for an economic growth.

Keywords: Agriculture, growth, economic, DR Congo

Classification JEL : Q 00

45
INTRODUCTION

PROBLEMATIQUE

La croissance agricole est la clé de l'expansion de l'ensemble de l'économie des pays en


développement. Le secteur agricole joue ainsi un rôle de secteur en amont dans l'économie de
ces pays. L'effet d'entraînement du secteur agricole permet la croissance de l’ensemble de
l’économie du pays1.

Dans beaucoup de pays, le PIB agricole évolue à la baisse alors que de façon caractéristique,
on atteint des taux de croissance élevés quand l'agriculture se développe rapidement (Mellor,
2000). La raison en est que les ressources utilisées pour la croissance agricole n'entrent que
marginalement en concurrence avec celles des autres secteurs de l’économie qui profitent
beaucoup du secteur agricole, mais en retour, l'agriculture ne bénéficie pratiquement pas du
développement de ces secteurs. Il se pose alors un problème de complémentarité entre les
secteurs économiques ou de l'échange intersectoriel1.

Il a toujours été prouvé que « Si les pays en voie de développement veulent vraiment arracher
l’ensemble de leur économie à l’ornière où elle s’enlise, c’est dans le secteur agricole et rural
qu’il importe surtout d’accélérer le processus du développement et non seulement dans le
secteur industriel et urbain quel qu’en soit les prestiges »2.

Pourtant il se fait remarquer que beaucoup de pays veulent s’industrialiser et se développer en


recourant à des secteurs autres que le secteur agricole, ce dernier étant source traditionnelle de
l’existence et incontournable pour la croissance économique sur tout dans les jeunes pays.

Ce secteur est de ce fait laissé aux seuls paysans qui, parfois, sont sans méthode, technique et
technologie pour labourer les terres et couvrir la demande ; et sont aussi dépourvus de tout
financement pour qu’ils réalisent des gros investissements afin de sauvegarder le secteur
agricole. Ainsi, le secteur agricole éprouve des difficultés face aux exigences de l’économie
moderne fluctuante ; on doit alors pousser l’agriculture pour une diversification de l’économie
afin de réhabiliter le système intérieur, car plus de 70% de la population mondiale vit de
l’agriculture (en milieu rural) et leur promotion serait impérative3.

L’on constate cependant que « Dans plusieurs pays du monde, l’augmentation de la population
est rapide que le développement économique, et le secteur agricole n’arrive pas à dégager des
ressources qui permettraient d’amorcer la croissance économique » (François CLERC, 1970).

La plupart des pays africains, quant à eux, sont restés tributaires des importations et des aides
alimentaires. Pourtant ils sont capables de produire pour leur consommation et réaliser des
exportations en profusion (des produits manufacturés) afin d’accroître leurs PIB.

1
Anata KOSSI (2012) : Agriculture et croissance économique dans les pays de l'UEMOA (Union
économique et monétaire ouest-africaine, Université de Lomé Togo - Master en économie du
développement
2
COOMBS (1968) : La crise mondiale de l’éducation, Paris, PUF
3
BARAMBESHA MANIRIHO E. (2007) : Evolution et structure du PIB de la république démocratique
du Congo de 1990 à 2005, Université Libre des Pays des Grands Lacs - Mémoire
46
Pour la RDC, le secteur agricole représente 37.4% dans le PIB, 74.4% de la population active
(de 27 300 000 personnes soit plus ou moins 48 % de la population totale) et fait intervenir plus
de 70% de la population totale qui le considère comme source de revenu et de subsistance. Elle
dispose 80 millions d’hectares de terres cultivables dont 97 % bénéficient d’une saison culturale
de plus de huit mois dans l’année, et 34 % du territoire national sont des terres agricoles dont
10 % seulement sont mises en valeur1.

Ceci laisse entendre que la RDC renferme des potentialités multiples et diversifiées (terres
arables, minerais, la faune et flore riches,…) ; malgré toutes ces potentialités, elle connait la
baisse successive du PIB, la famine galopante, l’augmentation des importations et la baisse des
exportations, la baisse de la production agricole, taux de chômage en croissance et la misère
chez la classe basse (paysanne) sous toutes ses formes, la disparité de certains produits de base
faisant le luxe du monde rural, l’instabilité des prix et le déséquilibre du cadre
macroéconomique.

Ceux-ci sont causés par l’insuffisance des investissements dans le secteur agricole, l’absence
de la politique douanière et fiscale de sauvegarde de l’agriculture nationale, l’effondrement des
prix des produits de base et le taux d’inflation en hausse perpétuelle, la dégradation de
l’environnement (infertilité des terres cultivées), la forte concurrence des entreprises locales
face aux étrangères, l’insuffisance de l’interventionnisme de l’État dans la redynamisation de
ce secteur par une politique agricole d’échelle, l’abandon du secteur agricole aux seuls paysans
sans capital, équipement et méthode pour mettre en valeur les terres, la dépréciation et
l’insuffisance de voies de communication, l’absence de l’industrie agricole et les inégalités
dans la répartition des richesses nationales.

Ces situations conduisent à la conjoncture économique, à la crise politique, aux guerres à


répétition et à la corruption.

Au plan empirique, la Banque mondiale conclut à partir d’un échantillon de 25 pays en


développement que la croissance du PIB due à l’agriculture est au moins deux fois plus efficace
dans la réduction de la pauvreté que la croissance du PIB due à d’autres secteurs2.

Pour MULUMEODERHWA MUNYAKAZI Fidèle, le secteur agricole ne contribue pas


significativement au PIB national et/ou à l’économie nationale congolaise que les autres
secteurs économiques de la RD Congo3. Il a donc oublié qu’une croissance agricole plus forte
est nécessaire pour stimuler la croissance économique en général, ce qui a ensuite causé la baisse
de la part du secteur agricole dans le produit intérieur brut (PIB).

La recherche de LUC SHINDANO révèle qu’entre la croissance économique et la production


agricole, il existe une relation bidirectionnelle donc une relation où l'une cause l'autre et vice

1
ANAPI (2O16) : Investir dans le secteur agricole en République Démocratique du Congo, cahier
sectoriel-Kinshasa
2
BANQUE CENTRALE DU CONGO (2013) : Rapport annuel de l’exercice 2012, Kinshasa
3
MULUMEODERHWA MUNYAKAZI Fidèle (2008) : La contribution du secteur agricole dans
l’économie nationale congolaise ; Faculté des sciences économiques et de gestion, U.E.A/R.D.C-
mémoire.
47
versa et aussi les dépenses en capital ont causé la production agricole en RDC 1.

L’agriculture contribue de nombreuses façons à promouvoir le développement économique, la


sécurité alimentaire et des moyens de subsistance durables en appuyant le développement rural,
en préservant l'intégrité de l'environnement et en créant des possibilités génératrices de revenus
et d'emplois. Cela se justifie aussi par le fait que les PMA ont des ressources agricoles et
naturelles relativement abondantes qui pourraient leur donner un avantage comparatif dans la
production de toute une série de denrées agricoles. Ces avantages pourraient être développés de
manière à exploiter les possibilités qui s'offrent sur les marchés internationaux et à générer ainsi
au niveau de l'ensemble de l'économie une large expansion.

L’objectif général recherché est de tester l’impact de l’agriculture sur la croissance économique
de la RDC de 1983 à 2015 en vue de montrer comment une croissance agricole peut relancer
l’économie congolaise.

Pour ce faire, notre recherche se fonde sur la question de savoir : Quel est l’impact de
l’agriculture sur la croissance économique en RDC ?

L’Hypothèse formulée est que l’agriculture aurait des impacts positifs significatifs sur la
croissance économique.

Le choix porté à ce sujet se justifie par une observation menée sur le secteur agricole de notre
pays, qui malgré tous ses atouts n’arrive pas à décoller.

Le résultat de ce travail nous permettra de contribuer à l’émergence du secteur agricole dans


notre pays et à concilier les théories aux réalités du terrain, et vont contribuer également à la
sensibilisation de la population sur l’importance de l’agriculture ; cette recherche constituera en
fin un cadre de référence à d’autres chercheurs qui voudront bien mener leurs études dans ce
domaine.

I. METHODOLOGIE

I.1. CADRE D’ETUDE

La République Démocratique du Congo est située au cœur de l'Afrique où elle figure parmi les
géants du continent (deuxième plus vaste pays d'Afrique), avec une superficie de 2 345 000
Km². Sa capitale politique est Kinshasa et sa capitale économique est ville de Lubumbashi.

Elle s’étend de l’océan Atlantique au plateau de l’est et correspond à la majeure partie du bassin
du fleuve Congo. Le nord du pays est l’un des plus grands domaines de forêt équatoriale au
monde, l’est du pays borde le grand rift est-africain, le domaine de montagnes, des collines, des
grands lacs mais aussi des volcans. Le sud et le centre, domaine des savanes arborées, forment
un haut plateau riche en minerais. À l’extrême ouest, une quarantaine de kilomètres ; au nord
de l'embouchure du fleuve Congo s’étale une côte sur l’océan Atlantique. Le pays partage ses

1
LUC SHINDANO (2010) : Investissement dans le secteur agricole et la croissance économique,
Université de Kinshasa RDC – Mémoire
48
frontières (frontières de 9.165 Km) avec l’enclave de Cabinda (Angola) et la République du
Congo à l’ouest, la République centrafricaine et le Soudan du Sud au nord, l’Ouganda, le
Rwanda, le Burundi et la Tanzanie à l’est, la Zambie et l’Angola au sud.

Elle compte 25 provinces plus la ville de Kinshasa et 6 principales villes à savoir : ville de
Lubumbashi (1,8 M hab.), ville de Mbuji-Mayi (1,7 M hab.), ville de Goma (1,1 M hab.), ville
de Kananga (1,1 M hab.), ville de Kisangani (0,9 M hab.), ville de Bukavu (0,8 M hab.).

Sa température moyenne annuelle est de 25 ° C à la côte Ouest, 24 à 25 °C dans le Nord de la


RDC, 10 ° C dans les provinces montagneuses de l’Est et de 20 ° C sur les hauts plateaux du
Katanga et une pluviométrie de 1000 mm/an.

Les sols congolais sont caractérisés par : les ferras sols, les sols sablo argileux avec tâches
argilo, les sols sablonneux, les sols volcaniques récents, les sols des plaines alluviales, les sols
des roches anciennes, l’Areno-ferrals, l’Hydro-kaolisols, le Ferri sols, etc.

La population congolaise est de plus de 75 millions d’habitants avec une densité de 31hab/km²
et une croissance démographique de +3,2 % (Banque mondiale, 2014). L’espérance de vie est
de 49 ans (PNUD, 2014) contre 59 ans en 1990 et le taux d’alphabétisation est de 67% [3].

La population active en RDC est de 27 300 000 personnes, soit plus ou moins 48 % de la
population totale en 2015 reparties de la manière suivante : secteur de l’agriculture 74,4 %,
secteur de l’industrie 7 % et le secteur des services 18 %. La Part des principaux secteurs
d’activités dans le PIB se structure comme suit : agriculture et forêts : 40 %, industrie et mines
: 28 % et services : 32 %.

La RDC a des relations d’échanges avec certains pays de l’Afrique, de l’Europe, de l’Amérique
et de l’Asie. Les principaux clients de la RDC sont : Chine (44 %), Belgique (16 %), Finlande
(10 %) et Etats-Unis (8 %) et ses principaux fournisseurs sont : Afrique du Sud (29 %), Belgique
(10 %) et Zambie (7 %). Elle est membre de la CEEAC, de la SADC, de la COMESA et de la
CEPGL. Elle pourrait se porter candidate au sein de l’EAC (East African Community).

Les grands mouvements d’échanges frontaliers sont tels que :

• Le débouché principal pour les producteurs du Bas-Congo, de Bandundu et de


l’Équateur est la région métropolitaine de Kinshasa, mais aussi les marchés de la
République du Congo, du Gabon, du Cameroun et de la République centrafricaine.
• Le marché principal pour les producteurs situés dans le sud du pays est le bassin minier
du Katanga, mais aussi la Zambie, l’Angola, le Zimbabwe, et même l’Afrique du Sud.
• Les débouchés extérieurs principaux des producteurs de deux Kivu et de l’Ituri sont les
pays de la région des Grands Lacs : l’Ouganda, le Burundi, le Rwanda, et les régions
situées à l’ouest en Tanzanie et au Kenya.

La RDC dispose de 80 millions d’hectares de terres arables et dont 10 % seulement sont


exploitées annuellement avec la forêt de 128.004.196 ha, du fleuve Congo dont la superficie est
de 4.500 km de longueur et de 125 millions d’hectares de pâturages. Les ressources en eau
renouvelable sont estimées à 1 283 km3, de cette quantité, environ 0,11km3 sont prélevés pour

49
l'agriculture1.

Sur un potentiel d’irrigation estimé à 4 millions d’hectares, seulement 13.500 hectares sont
irrigués, soit 3,2 % des superficies disponibles, selon l’état des lieux fait par l’ANAPI.

Sur l’ensemble des provinces 93.6% des ménages prétendent avoir accès à la terre pour cultiver,
dont 63.3% sont propriétaires.

La végétation congolaise se présente comme suit :

• Bas-Congo : Mangroves ; steppes, forêt, savane entrecoupée par des lambeaux de forêts
;
• Province Orientale : Forêt, savanes ;
• Bandundu : Forêt, savanes, galeries forestières ;
• Equateur : Forêt ombrophile sempervirente, savane secondaire, forêt caducifoliée ;
• Kasaï-Occidental : Forêt protophyte entrecoupée de savanes, savanes herbeuses,
arbustives, galeries forestières ;
• Nord-Kivu : Savanes, forêt sclérophylle claire à strate, arborescente, forêts ombrophiles
de montagne ;
• Equateur : Forêt équatoriale, forêt équatoriale à Gilberto Nedron ;
• Kasaï-Oriental : Forêt dense humide, forêt entrecoupée de savanes ;
• Sud-Kivu : Forêt équatoriale de basse altitude, forêt équatoriale de montagne, savane,
steppes, forêt des bambous en haute altitude ;
• Maniema : Forêt dense humide, savanes herbeuses et arbustives parsemées de galeries
forestières le long des cours d’eau ;
• Katanga : Forêts claires mêlées de bambous et savanes à acacias, steppes, forêts claires
mêlées de savanes et de steppes, forêts de divers types des régions montagneuses,
groupements herbeux marécageux, divers types de savanes, de galeries forestières et de
lambeaux de forêts trop ophites2.

La RD Congo développe plusieurs cultures, à savoir : Cultures vivrières (Manioc, maïs, riz,
arachide, bananes plantains, pomme de terre, igname, blé, sorgho, haricot, soja, niébé, taro,
patate douce, etc.) ; cultures maraîchères (Oignons, tomates, légumes, etc.) et les cultures
pérennes ou de rentes : Fibres, hévéa, millet, palmier à huile, quinquina, cacaoyer, tabac, coton,
pyrèthre, thé, canne à sucre, papaïne, sésame, urena, voandzou, jatropha, etc.).

Ces cultures sont regroupées en filières prioritaires, entre autres :

• Les filières industrialisées : café, cacao, thé, quinquina, hévéa, sucre, huile de palme
(filières végétales) ; bovin, porcin et aviculture (filières animales) ;
• Les filières avec un fort potentiel de développement industriel : maïs, manioc, riz, soja ;
• Les filières d’importance socio-économique pour les communautés de base : pêche,

1
www.wikipedia.com/economie de la RDC/ Jeudi, le 13 Juin 2017 à 21hoo.
2
ANAPI (2O16) : Investir dans le secteur agricole en République Démocratique du Congo, cahier
sectoriel-Kinshasa
50
pisciculture1.

La cuvette du Congo offre des conditions climatiques favorables à la culture du palmier à huile,
de l’hévéa, du café, du cacao, de la banane et du manioc ; les zones de savanes sont favorables
à la culture du coton, des céréales, des légumineuses à graines et à l’élevage ; alors que les zones
montagneuses avec un climat relativement tempéré se prêtent à des cultures d’altitude comme
le café, le thé, la pomme de terre, en plus de l’élevage.

En RDC, de nombreuses zones de production sont actuellement coupées de leurs marchés


potentiels par le délabrement des infrastructures de transport. Dans l’ensemble des provinces,
l’enclavement constitue un frein à l’écoulement des produits agricoles. Il n’y a pratiquement
pas de pistes rurales ; celles existantes sont dans un état de dégradation très avancé. Les surplus
de production pourrissent la plupart du temps dans les villages où ils sont bradés à des prix
dérisoires. Cette situation freine le développement des initiatives locales pour améliorer les
productions en milieu rural.

Les voies de communication constituent un véritable goulot d'étranglement pour l'économie


congolaise en général et pour le secteur agricole en particulier. Dans cet immense pays
(2.345.000 Km2), il n'existe que 145.213 Km de routes. La RDC ne compte que 1,4 % de routes
asphaltées. Ce réseau est inégalement réparti dans les différentes provinces du pays. Les régions
à vocation agricole comme le Bandundu, l'Equateur, la Province Orientale et le Kivu sont moins
dotées de routes si l'on tient compte de la moyenne par province.

Une étude de l'office des routes montre que la moyenne de routes agricoles est de l'ordre de 0,5
Km/1.000 Km2 alors qu'elle est de 1,4 Km/ 1.000 Km2 dans les régions moins agricoles. Le Bas
- Congo vient en tête avec une moyenne de 10,7 Km/ 1.000 Km2 suivi du Kivu avec 1,3 Km/
1.000 Km2 la moyenne nationale est de 0,9 Km/ 1.000 Km2.

Le réseau routier est classé en plusieurs catégories, ainsi sur les 145.000 Km de routes, on trouve
la répartition suivante : 87.000 Km de routes d'intérêt local, 17.000 Km de routes régionales
secondaires, 20.000 Km de routes régionales prioritaires ; 20.700 Km de routes nationales. Les
routes asphaltées représentent un pourcentage trop faible, leur total couvre à peine 2.374 Km.

Quant au réseau fluvial et lacustre, la RDC dispose de 23.000 Km de voies dont 16.000
seulement sont navigables. Selon une autre étude du Département de l'Agriculture, « le réseau
des voies navigables est de 17.285 de long dont 14.500 Km sont accessibles aux bateaux
jaugeant 300 tonnes et 2.785 Km à ceux de 800 tonnes » Le réseau hydrographique atteste
également d'un certain déséquilibre dans la répartition des voies navigables 2.

L’accès au crédit reste un défi majeur pour la population congolaise, surtout aux les ruraux.
Pour une population de plus de 65 millions habitants, il n’y a pas plus de 300 000 comptes
bancaires. Les activités des banques et des COOPEC concernent essentiellement la collecte
d’épargne et le crédit à très court terme, la seule institution accordant des crédits à moyen terme

1
MINISTERE DE L’AGRICULTURE ET DU DEVELOPPEMENT RURAL (2013) : Plan National
d’Investissement Agricole 2013- 2020
2
PNUD (2015) : Analyse du budget 2015 de la République Démocratique du Congo, note technique
51
est le Fonds de promotion de l’industrie (FPI)1.

L’insécurité alimentaire est singulièrement prononcée dans les zones rurales où vivent plus de
80% de la population avec moins d’un dollar par jour.

En utilisant les données de l’INS, on estime à 3 666 000 le nombre de personnes en insécurité
alimentaire sévère et un peu plus de 17 200 000 personnes en insécurité alimentaire modérée ;
de nombreux groupes vulnérables se sont formés (réfugiés, orphelins, enfants déscolarisés ou
enfants soldats) qui manquent de soins et de nourriture. Les causes de l’insécurité alimentaire
en RDC sont multiples et variées et sont fortement liées à l’état de pauvreté généralisée de la
population. Presque toutes les provinces souffrent d'un manque d’infrastructures de base et des
problèmes généraux du développement rural. L'éducation et les infrastructures sanitaires sont
insuffisantes et, dans la plupart des cas, inaccessibles. Les zones enclavées sont donc en général
très vulnérables aux chocs. Les facteurs politiques et les risques naturels contribuent aussi à la
vulnérabilité des ménages.

Tous ces risques se situent dans un contexte où l'agriculture est encore traditionnelle et contribue
presque aux deux tiers de la consommation alimentaire des ménages. Les activités durables sont
principalement l'agriculture, la pêche, le petit commerce et le travail journalier. Ces activités
sont limitées en raison du manque de financement et de possibilités de développement. Toutes
les autres activités génératrices de revenus sont précaires et restent à l’état traditionnel et
embryonnaire.

L’insuffisance des récoltes pourrait être corrélée aussi avec la mauvaise qualité des semences,
le faible rendement ou les techniques de production qui sont restés traditionnelles (seul, moins
de 1% des ménages en milieu rural dispose de charrue ou de tracteur).

Les dépenses alimentaires en RDC se répartissent comme suit :

• Dépense alimentaire sont de 54.9% : (Pain/blé 1.6%, autres céréales 0.4%, poisson
7.0% ; viande 3.5% ; autres tubercules 0.6% ; haricot/légumineuses 4.4% ; patate douce
1.5% ; manioc 16.6% ; igname 0.3% ; moulin 1.0% ; main d'œuvre 1.1% ; loyer 0.5%
; riz 6.4% ; maïs 8.7% ; banane plantain 1.5% ; arachides 2.3%) ;
• Dépense de santé 9.5% ; habillement 11.3% ; animaux de ferme 0.6% ; intrants
agricoles 0.6% ; équipement 1.8% ; constructions/Réparations (maison) 0.8% ;
taxes/Amendes1.6% ; remboursements de dettes 1.6% ; Funérailles 2.1% ; célébrations
3.0% ; éducation 8.0% ; dons 1.4%. [11]

Les ingrédients principaux de la cuisine congolaise sont : Le poisson, le haricot, viande, patate
douce, tomate, oignon, citrouille, riz, arachide et condiment à arachide, pomme de terre, foufou,
maïs, thé (de lait, de café, farine de soja, …) bananes plantains, colocases, légumes vertes et
manioc presque toujours accompagnés de sauces typiques de chaque région. À part les fruits
épluchés, on ne mange pas cru, car le climat est propice aux parasites. Les feuilles de manioc
(Pondu) sont consommées seules après cuisson.

Toutes les expériences et efforts mis en place par la RDC au cours de son histoire pour le

1
BANQUE CENTRALE DU CONGO (2013) : Rapport annuel de l’exercice 2012, Kinshasa
52
développement du secteur agricole se résument en plans, codes et traités sur le secteur, en voici
les plus marquants : Retroussons les manches (Salongo) 1966-1977, plan intérimaire de relance
agricole 1966-1972, fonds de relance économique (Plan Mobutu) 1978-1981, programme
agricole minimum (PAM) 1980-1981, programme intérimaire de réhabilitation 1983-1985,
conjoncture économique (Plan de relance agricole) 1982-1984, programme d’autosuffisance
alimentaire (PRAAL) 1987-1990, programme intérimaire de réhabilitation économique, plan
quinquennal de développement économique et social 1985-1990, programme d’autosuffisance
alimentaire (PRAAL) 1990, plan directeur du développement agricole et rural 1991-2000,
programme national de relance du secteur agricole et rural (PNSAR)1997-2001, programme
d’urgence d’autosuffisance alimentaire (PUAA) 2000-2003, programme triennal d’appui aux
producteurs du secteur agricole 2000-2003, actions prioritaires d’urgence (APU) 2002-2003,
document intérimaire de stratégie de réduction de pauvreté (DSRP) 2003, programme
multisectoriel d’urgence de reconstruction et de réhabilitation(PMURR) 2000-2006,
programme national d’urgence de renforcement des capacités (PNURC), programme indicatif
national (PIN) : pour la province du Kivu, programme d’appui à la réhabilitation du secteur
agricole et rural (PARSAR), projet de réhabilitation du secteur agricole dans les provinces du
Kasaï-Oriental, Kasaï- Occidental et Katanga (PRESAR), tables rondes, dont une en agriculture
et sécurité alimentaire mars 2004, le Plan National d’investissement Agricole (PNIA 2013-
2020) en 2013 et le Parc agro-industriel Pilote de BUKANGA LONZO, dans la Province de
Bandundu, inauguré en date du 15 juillet 2014 sous la gestion de la SOPAGRI. Et depuis 1980,
à adopter les politiques de stabilisation et d’ajustement structurel recommandées par le Fonds
monétaire international (FMI) et la Banque mondiale1.

Au-delà des plans agricoles empruntés par la RDC, on remarque aussi l’existence d’un cadre
légal qui régule le secteur bien que l’application y pose problème :

• Le Code Agricole (loi n°11/022 du 24 décembre 2011 portant principes fondamentaux


relatifs à l’agriculture) visant à : favoriser la mise en valeur durable des potentialités et
de l’espace agricole intégrant les aspects sociaux et environnementaux ; stimuler la
production agricole par l’instauration d’un régime douanier et fiscal particulier dans le
but d’atteindre, entre autres, l’autosuffisance alimentaire ; relancer les exportations des
produits agricoles afin de générer des ressources importantes pour les investissements
; promouvoir l’industrie locale de transformation des produits agricoles ; attirer de
nouvelles technologies d’énergie renouvelable ; impliquer la province, l’entité
territoriale décentralisée et l’exploitant agricole dans la promotion et la mise en œuvre
du développement agricole ;
• Le Code des Investissements (Cf. Loi n° 004/2002 du 21/02/2002) ayant comme
objectifs: Favoriser l’implantation des entreprises de génie civil chargées de
construction et entretien de routes et autoroutes ainsi que celles de transport en commun
des personnes et des marchandises, qu’il s’agisse du transport terrestre, fluvial ou aérien
; favoriser les investissements qui développeront l’agriculture et l’agro-industrie ;
favoriser les investissements lourds pour asseoir une base industrielle solide sur
laquelle reposera une croissance économique durable et favoriser les investissements
de valorisation des ressources naturelles nationales sur place afin d’en accroître la
valeur ajoutée et le volume exportable ;

1
Philippe LEBAILLYA, BAUDOUIN MICHELA et Roger NTOTOC. (2014) : Quel développement
agricole pour la RDC ? Kinshasa
53
• Le Décret n°13/049 du 06/10/2014 portant régime fiscal applicable aux entreprises
éligibles au Partenariat Stratégique sur la chaîne de valeur Code Agricole (loi n°11/022
du 24 décembre 2011 portant principes fondamentaux relatifs à l’agriculture) ; il existe
en plus de ceux-ci les codes douaniers dans le cadre de soutient des initiatives locales
et privées.

I.2 DEMARCHE D’INVESTIGATION

Ce travail porte sur : « L’agriculture et la croissance économique en RDC ». Le choix porté sur
la RDC comme milieu d’étude se justifie par le fait que l’agriculture est régie par des
orientations macroéconomiques définies par l’autorité politique du pays, et que le Congo est un
vaste étendu dont les richesses sont dispersées dans toutes les provinces.

Notre étude couvre la période de 1983-2015 (soit 33 ans) justifiée par des normes statistiques
qui prouvent que, plus le trend d’analyse est grand, plus les résultats deviennent fiables et la
somme des carrés des erreurs diminue.

Pour mener à bonne fin cette recherche, une approche méthodologique a été mise en place, à
savoir :

• Méthode historique : Elle nous a permis de faire une revue historique sur le secteur
agricole en RDC et sur sa situation économique en général, en interrogeant le passé
pour expliquer le présent et préparer l’avenir.
• Méthode économétrique : elle nous a permis de faire recours à la méthode
économétrique VECM et de vérifier nos hypothèses grâce au Logiciel Eviews8.1, en
suivant une démarche économétrique pour tester l’impact de nos variables
indépendantes sur la variable dépendante, pour dégager les résultats de notre modèle,
les interpréter et formuler des recommandations.
• Technique documentaire : Elle nous a permis de faire des documentations sur internet
et consulter les ouvrages et archives des institutions spécialisée ou à même de fournir
des informations sur le secteur agricole afin d’enrichir ce travail.

Nous avons utilisé des données quantitatives secondaires issues de la base des données de la
banque mondiale (WIDI), ces dernières feront objet d’une analyse et interprétation statistique.
Le traitement des données sera fait par le modèle économétrique VECM grâce au logiciel
Eviews8.1.

I.2.1 MODELISATION ECONOMETRIQUE

a) PRESENTATION DES VARIABLES

Notre variable dépendante ou endogène est la croissance économique mesurée par le Taux de
croissance du PIB noté TX-CROIS et exprimé en pourcentage.

Les variables indépendantes ou exogènes sont : Production agricole notée PRODAGR et


exprimée en USD, Production minière notée PROMIN et exprimée en USD, Production de
services notée PROSER et exprimée en USD et en fin le taux de change noté TACH et exprimé
en CDF par unité de USD.
54
Toutes les données sont annuelles et couvrent la période allant de 1983à 2015. Ces données
proviennent de la Banque Mondiale (WIDI).

b) PREDILECTION DES SIGNES

Variables Acronymes Nature Signes


TX-CROIS TX-CROIS Quantitative Variable endogène
Production agricole PRODAGR Quantitative Positif
Production minière PROMIN Quantitative Positif
Production des services PROSER Dichotomique Positif / Négatif
Taux de change TACH Quantitative Positif/Négatif

Nous avons estimé les modèles linéaires du TX-CROIS et des variables indépendantes par les
Moindres Carrés Ordinaires (MCO) et les Modèles à Correction d'Erreur (MCE) à partir du
logiciel Eviews8.1 mais au préalable les tests sur les données temporelles ont été effectués.

Aussi, se référant à Ahmed et Mortaza (2005) et Alfred (2007), nous utilisons un modèle
économétrique pour atteindre les résultats empiriques. Ce modèle examine la relation à court
terme et à long terme entre le taux de croissance du PIB et les variables indépendantes par
l’application de la Engle-Granger1 et la procédure de co-intégration de Johansen ainsi que le
modèle à correction d'erreur associée (ECM).

I.2.2 SPECIFICATION ET METHODE D’ESTIMATION DU MODELE

Le modèle linéaire général suivant, qui est une généralisation du modèle de régression simple
dans lequel figurent plusieurs variables explicatives nous a servi de modèle de base pour la
spécification de notre modèle.

Yt =  0 + 1 X1t +  2 X 2t + ... +  k X kt +  t (I)


pour t = 1,...,n

Avec :
Yt = variable à expliquer à la date t ;
X1t = variable explicative 1 à la date t ;
X2t = variable explicative 2 à la date t ;
Xkt= variable explicative k à la date t ;
 0,  1,…,  k = paramètres du modèle ;
 t = erreur de spécification (différence entre le modèle vrai et le modèle spécifié), cette erreur
est inconnue et restera inconnue ; n = nombre d’observations.

1
ENGLE, R. F. and C. W. J. Granger. (1987), « Co-integration and Error Correction: Representation,
Estimation and Testing », Econometrica, Vol. 55.
55
Nous venons de trouver que le modèle adapté à nos données est VECM. Ici c’est la régression
multiple.

TX-CROISt = ao+ a1PRODAGRt+a2PROMINt+a4PROSERt+a5TACH t+ иt (terme d’erreur au


seuil de 5%).

Avant de procéder à l’analyse des données en série temporelle, il est nécessaire de procéder à
deux tests préliminaires. En effet, pour éviter toute régression fallacieuse, il est impératif de
s’assurer de la stationnarité des variables et de l’absence de Co intégration entre les variables
prises deux à deux.

1. NOTION DE STATIONNARITE

Avant tout traitement d'une série chronologique, il convient d'en étudier les caractéristiques
stochastiques. Si ces caractéristiques c'est-à-dire son espérance mathématique et sa variance se
trouvent modifiées dans le temps, la série chronologique est considérée comme non stationnaire
; dans le cas d'un processus stochastique invariant, la série temporelle est alors stationnaire. La
covariance est indépendante du temps : signifie que la série chronologique est stationnaire. Ceci
implique que la série ne comporte ni tendance, ni saisonnalité et plus généralement aucun
n'évoluant avec le temps.

a) Tests de stationnarité : tests de Dickey-Fuller

Les tests de Dickey-Fuller permettent non seulement de détecter l'existence d'une tendance (test
de racine unitaire) mais aussi de déterminer la bonne manière de stationnariser une chronique.
En effet, nous distinguons deux types de processus non stationnaires :

En pratique les tests de racine unitaire reposent sur la modélisation d’une série par un processus
AR(p) :
p
Xt =  Yt − i +  t
p i
(IIa)
i =1

Le cas le plus simple est celui d’une marche aléatoire :


Yt = Yt −1 +  t (IIb)

C’est ainsi que dans la première étape, pour tester la racine unitaire de variables de séries
concernées de temps, nous avons utilisé le test de Dickey-Fuller Augmenté (ADF, 1981).

Ce test sera réalisé en niveaux et en différence première.

Le test ADF est une modification sur le test DF et les valeurs décalées des variables dépendantes
sont ajoutées dans l'estimation de l'équation (III) qui est formée comme suit :

Δ Zt = χ + (ρ – 1)Zt−1 + γ T + δΔZt−1 + e2t

56
Depuis, il est largement admis que les tests, DF et ADF ne considèrent pas les cas de
l’hétéroscédasticité et de la non-normalité souvent révélées dans les données brutes
économiques des variables de séries chronologiques.

Enfin, le ADF test de racine unitaire a été employés pour les résidus d’équations et estimées, à
savoir Lorsque les résidus sont intégrés d’ordre zéro, I (0), alors il peut être conclu que les deux
séries sont co – intégrée et donc une relation à long terme et stable valide sort entre eux. Ce qui
implique aussi l'existence d'une relation stable à long terme entre la politique agricole et
croissance économique. De même, la procédure de Johansen (1988) et Johansen et Juselius
d'essai de maximum de vraisemblance est une technique efficace pour tester la cointégration de
la relation entre les variables de séries chronologiques concernées. Cette procédure donne deux
ratios de vraisemblance (LR) des tests pour le nombre de vecteurs de co-intégration, à savoir,
le test de la trace et le test de valeur propre maximale 1 . Il s’agit de :

trace = −ni = r +1 Ln(1 −i )


k
(III°
Avec :
n = nombre d’observations, λi = iième valeur propre de la matrice M, k = nombre de variables,
r = rang de la matrice.

Cette statistique suit une loi de probabilité (similaire à χ2 )tabulée à l’aide de simulations par
Johansen et Juselius (1900). Ce test de Johansen fonctionne par exclusion hypothèses
alternatives :

• Rang de la matrice égal 0 (r = 0), soit H0 : r = 0 contre H1 : r > 0 ; si H0 est refusé, on


passe au test de suivant (si > à la valeur critique lue dans la table, on rejette H0) ;
• Rang de la matrice égal 1 (r = 1), soit H0 : r = 1 contre H1 : r > 1 ; si H0 est refusé on
passe au test suivant ;
• Rang de la matrice égal 2 (r = 2), soit H0 : r = 2 contre H1 : r > 2 ; si H0 : est refusé on
passe au test suivant, etc.

Si, après avoir refusé les différentes hypothèses H0 à la fin de la procédure, on teste H0 : r = k
–1 contre H1 : r = k et il n’existe pas de relation de Co intégration, car les variables sont toutes
I (0).

 max = −nLog (1 − r + 1) r = 0, 1, 2 …

Ce test s’effectue comme précédemment de manière séquentielle par exclusion hypothèses


alternatives.

En cas de divergence de deux tests (valeur propre maximum et trace), on privilégie le test de la
trace dont la puissance est la plus élevée.

Il s'agit notamment des récents tests de stationnarité et de co-intégration et, ce dans le brut

1
JOHANSEN, S. (1988), « Statistical Analysis of Co-Integration Vectors », Journal

57
d'éviter les risques d'une régression fallacieuse. Le non stationnarité se manifeste à travers deux
composantes : la présence de tendance déterministe et/ou de la tendance stochastique. A cet
égard, le test proposé par Dickey-Fuller prend en compte le trend (tendance déterministe) et la
racine unitaire (tendance stochastique).

En conséquence, la lecture des résultats du test se fait en deux étapes :

• la significativité ou non du trend : elle est appréciée à partir de la statistique calculée


ou la probabilité attachée à cette statistique (celle-ci est comparée à 5%)

• la présence ou non de racine unitaire : à cet effet, on teste l'hypothèse nulle H 0 contre
l'hypothèse alternative H1. Les hypothèses sont : H0 : Présence de racine unitaire. H1
: Absence de racine unitaire.

- Si on a ADF Test Statistic>Critical Value alors on accepte H 0 : la série X a une racine


unitaire.

- Si on a ADF Test Statistic = Critical value alors on accepte H1 : la série X n'a pas de racine
unitaire.

Pour déterminer la propriété de non-stationnarité de ces variables de séries chronologiques en


niveaux et en différence première ; au premier abord, le test ADF sera utilisé avec et sans
tendance temporelle. Le test DF est basé sur le modèle suivant :

= χ + (ρ – 1) + γT +

Mais généralement, les variables économiques ne réagissent pas le plus souvent instantanément
mais avec un certain délai d'ajustement. Ainsi, lorsque les séries chronologiques sont non-
stationnaires et co-intégrées, il convient d'estimer leurs relations au travers d'un modèle à
correction d'erreur.

2. TEST DE CO-INTEGRATION DE JOHANSEN

Le test de co-intégration a été mené sur des variables non stationnaires en niveau mais intégrée
dans le même ordre en différence première.

En effet, Engle et Granger ont montré que toutes les séries co-intégrées peuvent être
représentées par un modèle à correction d'erreur [13].

Deux séries Yt et Xt sont dites co-intégrées si les deux conditions suivantes sont vérifiées :

• Les deux séries sont affectées d'une tendance stochastique de même ordre d'intégration d :
YtI (d) et XtI (d) ;
• Une combinaison linéaire de ces séries permet de se ramener à une série d'ordre
d'intégration inférieur : a1Yt + a2XtI (d - b) avec d = b > 0.

[a1 a2] est appelé vecteur de co-intégration.

58
Il existe deux méthodes d'analyse des relations de co-intégration entre deux ou plusieurs
variables :

• La méthode en deux étapes d'Engle et Granger qui consiste à estimer un modèle de long
terme à partir des variables intégrées du même ordre dans le modèle et à étudier la
stationnarité des résidus du modèle. Dans ce cas, la relation de cointégration, si elle existe
est unique [13].
• La méthode de Johansen qui, comparativement à celui d’Engle et Granger, donne le
nombre de relations de cointégration existant entre les séries concernées, en cas de
situation de cointégration entre les séries.

Engle et Granger montrent que si deux variables sont co-intégrées, c’est-à-dire, s’il y a une
relation de long terme valable, alors il existe une relation de court terme correspondant. Ceci
est connu comme le théorème de représentation de La Granger.

En cas de relation de co-intégration entre les variables prises deux à deux, il est nécessaire
d’estimer un modèle à correction d’erreur destiné, comme son nom l’indique, à corriger le biais
d’estimation induit par la co-intégration.

Si le test de Co-intégration permet de détecter la présence d’une relation de long terme entre les
variables, il est aussi important de connaître l’évolution à court et moyen terme de cette relation.
L’outil nécessaire pour parvenir à une telle fin est le modèle à correction d’erreur dont l’objectif
est d’éliminer l’effet de vecteur de Co-intégration, d’une part, et de rechercher la liaison réelle
entre les variables, d’autre part.

Ainsi, le modèle d’identification des indicateurs avancés de la relation entre le TX-CROIS et


les variables indépendantes fait intervenir un mécanisme d’ajustement dynamique vers une
cible de long terme. Les relations entre les variables de l’équation (1) peuvent être représentées
à l’aide d’un modèle vectoriel à correction d’erreur sous la forme suivante :

p −i
X t =   t X t −i + X t −i +  t
i =1
Avec : X = (TX − CROIS , PRODAGR , PROMIN , PROSER ,TACHt)T

Soit le vecteur des variables où T désigne la transposée de X t, Xt −i : désigne la dynamique de


long terme. La matrice  permet de décrire les effets de long terme

A partir de la procédure de Johansen la matrice  peut être réécrite sous la forme  = 


T
où la matrice  est la force de rappel vers l’équilibre, il doit être significatif et
nécessairement compris entre -1 et 0. Elle mesure la vitesse d’ajustement aux équilibres de long
T
terme et  constitue le vecteur de Co intégration. Il s’agit donc de la matrice dont les éléments
sont les coefficients des relations de long terme des variables.

 t : Vecteur des erreurs ∼N (0, Σ) c'est-à-dire normalement distribuée ;

59
 : Opérateur de différence première ; et
 i et  désignent respectivement les matrices des coefficients de court terme et long terme.
D’où le modèle de Co-intégration normalisé

a) La relation de long terme

La fonction de croissance de long terme se présente comme suit :

TX-CROISt = f (PRODAGRt, PROMINt, PROSERt, TACH t)

L'équation ci-dessus indique que le niveau de la croissance du PIB de long terme est fonction
de l'effet conjugué de la production agricole, production minière, des services et du taux de
change.

- Forme économétrique de la relation de long terme :

TX-CROISt= ao+a1PRODAGRt+a2PROMINt+a4PROSERt+a5TACHt+ иt (terme d‟erreur au


seuil de 5%).

Les signes des coefficients ai découlant des hypothèses sont donc :

a1? 0 ; a2 ? 0 ; a3 ? 0 ; a4 ? 0 avec Ut = erreur aléatoire.

3. MODELE A CORRECTION D’ERREURS (VECM)

Un modèle de correction d'erreur appartient à une catégorie de modèles de séries temporelles


multiples les plus couramment utilisées pour les données où les variables sous-jacentes ont une
tendance stochastique à long terme, également connue sous le nom de co-integration. Les ECM
sont une approche théorique qui est utile pour estimer à la fois les effets à court terme et à long
terme d'une série temporelle sur une autre. Le terme correction d'erreur concerne le fait que
l'écart des dernières périodes d'un équilibre à long terme, l'erreur, influence sa dynamique à
court terme. Ainsi, les ECM estiment directement la vitesse à laquelle une variable dépendante
revient à l'équilibre après une modification d'autres variables.

Le modèle à correction d'erreur (ECM) est utilisé pour voir si l'économie se rapproche de
l'équilibre de long terme ou non et le court terme dynamique des variables de séries
chronologiques co-intégré. L'estimation VECM (Vectorestimates correction model) est
intérieurement cohérente si les variables de la série de deux temps sont co-intégrées du même
ordre ou s‟ils sont stationnaires (Greene, 2003).

La décomposition de la variance permet de déterminer dans quelle mesure les variables ont une
interaction entre elles, c'est-à-dire dans quelle direction le choc a-t-il le plus d'impact

Suite à tout ce qui précède, nous allons donc utiliser le Modèle à Correction d'Erreur (MCE)
pour estimer notre modèle.

a) La relation de court terme

60
La fonction de croissance de court terme se présente comme suit :

ÄTX-CROISt =g(ÄPRODAGRt, ÄPROMINt, ÄPROSERt, ÄTACHt , TX-CROISt-1,


PRODAGRt-1, PROMIN t-1, , PROSER t-1, TACH t-1)

Cette équation indique que le niveau de variation du TX-CROIS dépend de l'effet conjugué des
variations de la production agricole, de la production minière, de la production des services, du
taux de change et du résidu décalé d'un an de ces mêmes variables et du PIB de la relation de
long terme.

La forme économétrique du modèle de court terme est la suivante :

ÄLTX-CROISt = b0 +ÄPRODAGRt + ÄPROMINt + ÄPROSERt + ÄTACHt + TX-CROISt-


1 + PRODAGRt-1 + PROMIN t-1 + PROSERt-1 + TACH t-1 + Ut

TX-CROISt-1 est la force de rappel de l'équilibre et indique la vitesse à laquelle tout


déséquilibre entre les niveaux désirés et effectifs de la croissance du PIB est résorbé dans l'année
qui suit tout le choc. Son coefficient doit être significativement négatif.

4. TEST DE CAUSALITE DE GANGER

Elle repose sur la définition de Granger qui considère qu'une variable est causée par une autre
dès lors qu'il existe des informations dans le passé de l'une qui soient utiles dans la prévision de
l'autre, et qui ne sont pas déjà contenues dans son passé. Il y a causalité si la probabilité de la
variable est inférieure à 5% ; la causalité peut être unidirectionnelle ou bidirectionnelle.

5. TEST DE VALIDATION DU MODELE

• Test de normalité de résidus


Les tests de normalité qui nous ont permis de vérifier si des données réelles suivent une
loi normale ou non. Ce test permet de vérifier la normalité de la distribution statistique
des variables. Pour ce test nous posons les hypothèses suivantes : H0: Les résidus sont
distribués normalement H1: Les ne sont pas normaux
• Test d’autocorrélation des erreurs
Ce test nous a permis de vérifier si les erreurs sont corrélées : Ho : Erreurs non corrélées
ou si PROB ~ 5 /0 Hl : erreurs corrélées ou si PROB ~ 5 %
• Test d’hétéroscédasticité
L’idée générale de ces tests est de vérifier si le carré des résidus peut être expliqué par
les variables du modèle. Si c’est le cas, il y a hétéroscédasticité

6. STABILITE DU MODELE

Il consistera à déterminer la stabilité du modèle à court et à long terme selon que la courbe
testant la stabilité est dans son intervalle respectif ou non, le test de CUSUM et CUSUM SQ
nous servira pour cette fin.
H0 : admet la stabilité du modèle
H1 : n’admet pas la stabilité du modèle.
61
II. RESULTATS ET DISCUSSION

II.1. PRESENTATION DES RESULTATS

II.1.1. LA STATISTIQUE DESCRIPTIVE DES DONNEES

Dans cette partie, il s'agit pour nous d'évaluer le comportement de la variable dépendante et des
variables indépendantes en RDC afin de déceler la nature du lien qu'ils entretiennent au cours
de la période allant de 1983-2015.

TX_CROIS TACH PROSER PROMIN PRODAGR

Mean 1.189647 266.8440 4.94E+09 1.21E+10 3.57E+09

Median 2.675642 1.607232 3.65E+09 9.10E+09 3.07E+09

Maximum 9.046596 925.2263 1.44E+10 3.15E+10 6.66E+09

Minimum -13.46905 1.92E-11 1.33E+09 4.68E+09 1.92E+09

Std. Dev. 6.000415 354.9292 3.34E+09 7.05E+09 1.38E+09

Skewness -0.684208 0.886459 1.250920 1.277783 0.877449

Kurtosis 2.534176 2.226168 3.800650 3.694760 2.547606

Jarque-Bera 2.873139 5.145328 9.487832 9.643714 4.515949

Probability 0.237742 0.076332 0.008704 0.008052 0.104562

Sum 39.25834 8805.851 1.63E+11 4.00E+11 1.18E+11

Sum Sq. Dev. 1152.160 4031192. 3.57E+20 1.59E+21 6.06E+19

Observations 33 33 33 33 33
Source : Nos calculs sous Eviews8.1.

En effet, le tableau des statistiques descriptives ci-haut révèle que le taux de croissance s’élève
en moyenne à 1*106 avec un écart-type de 6.000415qui est largement grand et signifiant qu’il
y a une très forte dispersion des taux de change annuelle par rapport à leur moyenne. Cela est
d’ailleurs matérialisé par la valeur maximale (9.046596%) et minimale (-13.46905 %) où on
remarque un grand écart.

Le Skewness de l’indicateur du taux de change est de 1.002861. Le Kurtosis mesurant le degré


d’aplatissement de l’indicateur est de 2.871486. Or, nous savons que le Kurtosis d’une
augmentation normale est égal à 3. Si le Kurtosis est supérieur à 3 alors, l’augmentation est plus
pointue par rapport à la normale (elle est dite leptokurtique), avec Kurtosis inférieur à 3,
l’augmentation est plus aplatie par rapport à la normale (elle est dite platikurtique). Ainsi, cet
indicateur a une forme leptokurtique

62
De par le même tableau, sa lecture nous montre que le taux de change présente une moyenne
de 266.8440 avec un écart-type de 354.9992 qui est relativement grand et signifiant qu‟il y a
une forte dispersion des taux de change par rapport à leur moyenne durant la période sous-
revue. Cela est d‟ailleurs constaté par la valeur maximale (925.2262) et minimale (1.9245) où
on remarque un très grand écart. La médiane est de 1.6072.

En ce qui concerne la production des services, le tableau renseigne qu’il présente une moyenne
de 4.94*109avec un écart type de 3.34*109qui est relativement grand et signifiant qu’il y a une
forte dispersion de la production de service annuelle par rapport à sa moyenne durant la période
sous-revue. Cette situation est d’ailleurs matérialisée par la valeur maximale de 1.44*10 10et
minimale de 1.33*109où on remarque un écart très énorme. Le Skewness de cet indicateur est
de -0.684208et le Kurtosis mesurant le degré d’aplatissement de la production des services
durant la période sous-revue est de2.534176. D’où cet indicateur a une augmentation plus
aplatie par rapport à la normale.

Outre, l’analyse de ce tableau nous montre que l’Etat congolais a réalisé la production minière
enmoyenne de 1.21*1010 USD au cours de la période sous-étude avec un écart-type de 7.05*109
USD qui est grand et signifiant qu’il y a une très forte dispersion de la production minière par
rapport à leur moyenne. Cela est d’ailleurs matérialisé par la valeur maximale (3.15*10 10 USD)
et minimale (4.68*109) où on remarque un écart très fort. Le Skewness de cet indicateur est de
1.354280 et le Kurtosis mesurant le degré d’aplatissement de la production minière durant la
période sous-revue est de3.285002. D’où cet indicateur a une augmentation plus pointue par
rapport à la normale. Cette baisse est causée surtout par l’insécurité, l’exode rural, la faible
productivité dans le secteur minier suite àl’instabilité du prix des matières premières sur le plan
mondial et multiplicité des taxes qui découragent cultivateurs et investisseurs.

Enfin, l’analyse de ce tableau nous montre que l’Etat congolais a réalisé en moyenne une
production agricole de 3.57*109 USD au cours de la période sous-étude avec un écart-type de
1.38* 109 USD qui est relativement supérieur à la moyenne et signifiant qu’il y a une très forte
dispersion de la production agricole par rapport à leur moyenne. Cela est d’ailleurs matérialisé
par la valeur maximale (6.66*109 USD) et minimale (1.38*109 USD) où on remarque un écart
très fort. Le Skewness de 1.422721 cet indicateur est de et le Kurtosis mesurant le degré
d’aplatissement de la production agricole durant la période sous-revue est de 3.423214. D’où
cet indicateur a une augmentation pointue par rapport à la normale.

Globalement, les services en moyenne ont occupé une grande part dans l’économie congolaise,
la valeur maximale a été de la part de la production agricole.

II.1.2. EVOLUTION TENDENTIELLE DES VARIABLES SOUS ETUDE

Après avoir passé en revue une analyse des statistiques descriptives des différents paramètres
pris en compte par la présente étude, il convient désormais d’étudier l’évolution de chaque
indicateur pris àpart afin de vérifier son évolution dans le temps durant la période sous étude.

63
a) Evolution du taux de croissance en RDC
tx crois
10

-5

-10

-15
84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06 08 10 12 14

Source : Notre compilation à partir du WDI

Ce graphique nous donne une vue d’ensemble sur l’évolution de la croissance du PIB en RDC
sous notre période d’étude.

Il apparait sur ce graphique que le PIB de la RDC est caractérisé par deux grandes pointes, une
descendante progressive et anesthésique jusqu’en 1993 avec des taux de croissance négatifs et
l’autre faiblement ascendante quittant progressivement des taux négatifs vers les positifs sans
forte intensité. Précisons que la faiblesse ou diminution des indicateurs macroéconomiques
laisse que la RDC soit comptée parmi les pays pauvres du monde, malgré ses potentialités.

Dans les années 1976 à 1988, le PIB réel de la RDC a connu une certaine stabilité. Cette relative
stabilité est attribuable au programme de stabilisation et de libéralisation que le gouvernement
de la RDC avait commencé à mettre en place en septembre 1983. Par ailleurs, avec le soutien
du Fonds Monétaire International et de la Banque mondiale, le gouvernement a lancé au début
de 1987 un programme d'ajustement structurel qui visait à établir la base d’une croissance
économique soutenue. Aussi, ce programme a bénéficié de l'amélioration de termes de
l'échange, reflétant principalement une forte hausse des prix du cuivre au début des années 1987.

De 1988 à 1994, on observe une chute du PIB. Cette période est caractérisée par l'hyperinflation,
la dépréciation monétaire, l’accroissement de la dollarisation, la baisse de l'épargne et de la
détérioration de l'infrastructure économique. Par ailleurs, il sied de signaler que la conjoncture
économique de la RDC en 1992 a été fortement influencée par l’approfondissement des
déséquilibres macroéconomiques ainsi que des distorsions apparus dans l’économie, notamment
après les émeutes de septembre et d’octobre 1991.

Enfin, à partir de 2000 on observe une phase ascendante du PIB allant jusqu’à atteindre environ
15%. Cette situation est due au dynamisme de l’économie affiché dans les secteurs des mines,
de la construction, de l’agriculture et du commerce de gros et de détail.

64
b) Evolution du taux de change
TACH
1,000

800

600

400

200

0
84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06 08 10 12 14

Source : nos compilations sous Eviews8.1.

Par rapport à la moyenne de 266.8440 CDF/ 1$ USD, le taux de change a connu une chute
sensible depuis 1983-2001 suite au caractère nationaliste que se taillait l’économie congolaise
malgré les différentes conjonctures économiques qu’il y a eu.

Depuis 2002 jusqu’en 2015, le taux de change n’a cessé de galoper suite aux situations de guerre
qui ont réduit les exportations et une suite de dépréciation monétaire qui s’en est suivi suite à
une mauvaise politique monétaire et à une forte augmentation des importations qui a augmenté
la demande des devises.

c) Evolution de la production agricole


PRODAGR
7,000,000,000

6,000,000,000

5,000,000,000

4,000,000,000

3,000,000,000

2,000,000,000

1,000,000,000
84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06 08 10 12 14

Source : nos compilations sous Eviews8.1

La production revêt un caractère oscillant en suivant le mouvement de baisse et de hausse et de


baisse.

De 83 à 92 la production agricole a connu une baisse sensible par rapport à la moyenne, ce qui
est expliqué par les tendances politiques, les guerres et à la baisse de la part allouée au secteur
agricole dans le budget de l’Etat. L’observation globale du graphique ressort une baisse de la
production ce qui incité le recourt aux importations et a augmenté la corruption et la baisse du
PIB.

La croissance n’a jamais atteint parce que l’agriculture n’a pas été la préoccupation des autorités

65
politique c’est pourquoi la croissance économique n’a pas toujours atteint.

d) Evolution de la production minière


PROMIN
3.2E + 10

2.8E + 10

2.4E + 10

2.0E + 10

1.6E + 10

1.2E + 10

8.0E + 09

4.0E + 09
84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06 08 10 12 14

Source : nos compilations sous Eviews8.1.

Par rapport à la moyenne de 1.21*1010 la production minière a été faible de 83 à 2000 et instable
par ce qu’à cause de la guerre toute la production minière n’a pas été comptabilisée.

De 2000 à 2015, la production a suivi le mouvement de hausse et de baisse tout en se situant


près de la moyenne, la raison en est simple par ce que le secteur minier congolais est beaucoup
influencé par les activités informelles.

e) Evolution de la production des services en RDC


PROSER
1.6E + 10

1.4E + 10

1.2E + 10

1.0E + 10

8.0E + 09

6.0E + 09

4.0E + 09

2.0E + 09

0.0E + 00
84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06 08 10 12 14

Source : nos compilations sous Eviews8.1

Par rapport à la moyenne de 4.94*109 $ USD, nous voyons que depuis 1983 à 2000 la production
de service a été très faible suite à la baisse de la qualité de services et aux mesures de
souveraineté que se réclamait le pouvoir politique en place, cela étant causé par les guerres à
répétition qui a fait que le secteur de service est caractérisé par multiples abus (corruption,
fraude, détournement et favoritisme).

II.1.3 ANALYSE ECONOMETRIQUE

Le modèle à correction d’erreurs est applicable sous la réalisation de certaines conditions. Ce


qui nous pousse à une étude de certains tests économétriques notamment le test ADF, et puis le
test de cointégration applicable aux variables non stationnaires à niveau mais intégré dans le
même ordre.

66
1. TESTS DE STATIONNARITES DE NOS VARIABLES
L'analyse de la stationnarité nous permet de déterminer l'ordre d'intégration, si la variable est
stationnaire en niveau, c'est-à-dire son ordre d'intégration est zéro ; et si la variable admet une
stationnarité en différence, c'est-à-dire l'ordre d'intégration peut aller de 1 à n.

Variables ADF Critical Avec Avec trend Ordre


value intercepté
Statistique d’intégration
TX_CROIS -5.731458 -1.953381 OUI OUI I(1)
PRODAGR -7.982792 -3.562882 OUI OUI I(1)
PROMIN -9.783487 -3.215267 OUI OUI I(1)
PROSER -9.822556 -4.284580 OUI OUI I(1)
TACH -7.934792 -4.67580 OUI OUI I(1)
Source : Notre confection sous Eviews8.1.
Les résultats des tests de racine unitaire indiquent que les statistiques du test à niveau de Dickey-
Fuller Augmenté permettent d’accepter l‘hypothèse nulle de non stationnarité pour l’ensemble
de nos variables au seuil de 5 % : Taux de croissance (TX_CROIS), PRODAGR (Production
agricole), PROMIN (Production minière), PROSER (production des services) ainsi que le
TACH (le taux de change). Par ailleurs, toutes les variables sont stationnaires en différence
première.

2. TEST DE COINTEGRATION DES SERIES


La littérature récente démontre que le test de cointégration est applicable sur les variables non
stationnaires en niveau mais intégré dans le même ordre. A l’issu de notre recherche, plusieurs
variables sont non stationnaires à niveau. Elles sont entre autres intégrées dans le premier ordre
notamment : Taux de croissance (TX_CROIS), PRODAGR (Production agricole), PROMIN
(Production minière), PROSER (production des services) ainsi que le TACH (le taux de
change).

Hypothesized Eigenvalue Trace 0.05 Prob.**


No. of CE(s) Statistic Critical Value
None * 0.711398 70.5571 60.06141 0.0000
At most 1 * 0.560331 39.03316 40.17493 0.0891
At most 2 0.513880 23.55942 24.27596 0.0704
At most 3 0.287713 10.19915 12.32090 0.0607
At most 4 0.167464 3.681659 4.129906 0.0904
Source : Nos analyses sous Eviews8.1
Il y a cointégration car l’hypothèse nulle d’absence de cointégration a été rejetée ( 70,5571 >
60.061) au seuil de 5% ; L’hypothèse nulle selon laquelle il y a au plus une relation de
cointégration a été acceptée car on a 39.67597 < 40.17493 ; L’hypothèse nulle selon laquelle il
y a au plus une relation de cointégration a été aussi acceptée mais il y a qu’une seule relation de
cointégration car la première hypothèse nulle selon laquelle il y a au plus une relation de
cointégration a été acceptée.

67
Ainsi, le test de cointégration de Johannsen qui propose des estimateurs du maximum de
vraisemblance pour tester la cointégration des séries, effectue un test de rang de cointégration.

Comme le rang de cointégration pour nos séries est égal à 1, nous affirmons que nos séries sont
co-intégrées pour notre modèle, c’est-à-dire, en RDC, Taux de croissance (TX_CROIS),
PRODAGR (Production agricole), PROMIN (Production minière), PROSER (production des
services) TACH ainsi que le TACH (le taux de change) présentent une évolution similaire dans
le long terme.

3. ESTIMATION DU MODELE A CORRECTION D’ERREURS


DependentVariable : D(TX_CROIS)
Method: Least Squares

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.


C -47.86521 61.84975 -0.773895 0.4472
D(TACH) 0.110103 0.870517 0.126480 0.9005
D(PROMIN) 4.582994 27.76166 0.165084 0.8704
D(PROSER) -2.961582 17.24022 -0.171783 0.8652
D(PRODAGR) 0.513937 9.661828 0.053193 0.9581
TX_CROIS (-1) -0.244308 0.228074 -1.071177 0.0057
PRODAGR (-1) 1.271493 11.30212 0.200979 0.0026
PROMIN (-1) 4.289854 27.88158 -0.082128 0.0003
PROSER (-1) 2.334952 17.43287 0.133940 0.8947
TACH (-1) 0.077041 0.074344 1.036277 0.3113
R-squared 0.633024 Mean dependent var 0.213152
Adjusted R-squared 0.580739 S.D. dependent var 3.472203
S.E. of regression 3.609654 Akaike info criterion 5.655407
Sumsquaredresid 286.6513 Schwarz criterion 6.113450
Log likelihood -80.48652 Hannan-Quinn criter. 5.807236
F-statistic 0.742674 Durbin-Watson stat 1.863069
Prob(F-statistic) 0.007174
Source : Notre confection sous Eviews8.1.

L’estimation du modèle à correction d’erreur montre que l’intercepte, le coefficient de


correction d’erreur, la production agricole (PRODAGR) et la production minière (PROMIN)
sont les seules variables significatives de notre modèle. D’autres variables ne sont pas
significatives car présentant une p-value supérieure au seuil de 5%.

Le pouvoir explicatif du modèle est élevé avec un coefficient de détermination corrigé de


0,580739, ceci veut dire que 53.07 % des variations du taux de croissance sont expliquées par
les variables exogènes du modèle. Cependant, notre modèle est bien spécifié car la probabilité
de la statistique F de Fisher est inférieure à 5%.

Le coefficient de correction associé à la force de rappel est négatif et significatif (-0.244308). Il


existe donc bien un mécanisme à correction d’erreur : à LT, les déséquilibres se compensent.
Le retour à l’équilibre (force de rappel) en cas de perturbations des recettes fiscales en RDC

68
1
serade = 4,093 = 4 𝑎𝑛𝑠 , en d’autres termes, un choc constaté au cours d’une année
0,244308
est entièrement résorbé au bout de 4 ans.

Ainsi, à LT, l’augmentation de la production agricole, toutes choses restant égales par ailleurs,
de 1% entraine une augmentation de la croissance économique de 1,27 %. De plus, le modèle
nous renseigne également que l’augmentation de la production minière de 1 % entraine une
augmentation de la croissance économique de 4,28 %. D’où nous en inférons que la RDC
dépend beaucoup plus de la production minière que de la production agricole pour sa croissance
économique.

4. TEST DE CAUSALITE AU SENS DE GRANGER

NullHypothesis: Obs F-Statistic Prob.

PROMIN does not Granger Cause TX_CROIS 31 1.28059 0.0048


TX_CROIS does not Granger Cause PROMIN 2.82017 0.0779

PROSER does not Granger Cause TX_CROIS 31 1.04642 0.3655


TX_CROIS does not Granger Cause PROSER 3.01912 0.0662

PRODAGR does not Granger Cause TX_CROIS 31 1.70293 0.0018


TX_CROIS does not Granger Cause PRODAGR 2.45470 0.1056

TACH does not Granger Cause TX_CROIS 31 3.05460 0.0643


TX_CROIS does not Granger Cause TACH 14.0271 7.E-05

Source : Notre confection sous Eviews8.1


L’analyse présentée dans ce tableau, nous a permis de cerner le sens de causalité entre le taux
de croissance économique et les différents indicateurs retenus dans notre recherche. Le test de
causalité de Granger nous a permis d’arriver à cette fin en testant l’hypothèse de causalité entre
le taux de croissance et Ses indicateurs. Cette hypothèse ne sera acceptée que lorsque la
probabilité associée au seuil de confiance est inférieure à 5%.

Ainsi, nous observons qu’il n’existe pas de causalité entre la production des services (PROSER)
et la croissance économique ; alors qu’il existe une relation univoque (unidirectionnelle)
quittant la production minière (PROMIN) et la production agricole (PRODAGR) vers la
croissance économique. En outre, cette relation de causalité univoque quitte le taux de change
vers la croissance économique, autrement dit le taux de change cause la croissance économique
en RDC.

5. TEST DE DIAGNOSTIC SUR LES RESIDUS

Notre but est de tester la normalité de JARQUE-BERA et l'absence d'auto corrélation de


BREUSCH-PAGAN-GODFREY (1978).

69
5.1 RESULTAT DU TEST DE NORMALITE DE JARQUE BERA

7
Series: Residuals
6 Sample 1984 2015
Observations 32
5
Mean -2.99e-14
Median -0.266926
4 Maximum 6.155247
Minimum -6.077692
3 Std. Dev. 3.040858
Skewness 0.115296
2 Kurtosis 2.385865

Jarque-Bera 0.573780
1
Probability 0.750594

0
-7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7

Source : Notre confection sous Eviews8.1.


Le graphique obtenu du test de normalité des résidus de JARQUE-BERA affiche une statistique
avec une probabilité supérieure à 5%. (0,750.05). Cela prouve que les résidus sont
normalement distribués. Quant à l'analyse de la statistique de Skewness, elle est positive (0.1152
>0) et cela traduit que la distribution est décalée vers la droite. Le Kurtosis montre que la
distribution est aplatie qu’à la normale ; cela transparaît à travers sa statistique supérieure à 3
(2.3858653). En bref, avec ce test, notre modèle est bon et par conséquent, il peut servir pour
des fins de prévision.

5.2° TEST D’AUTOCORRELATION DES RESIDUS


F-statistic 2.130923 Prob. F(9,22) 0.0714
Obs*R-squared 14.90362 Prob. Chi-Square(9) 0.0936
Scaledexplained SS 4.881217 Prob. Chi-Square(9) 0.8445
Source : analyses sous Eviews8.1.
De ce tableau, nous constatons que la statistique de BREUSCH-PAGAN-GODFREY rapporte
une valeur de 14.90 avec une probabilité supérieure à 5% (0,0936 0.05). Ainsi donc, ces
statistiques nous permettent de rejeter l’hypothèse d’absence d’autocorrélation des erreurs.
D’où, nous concluons donc qu’il y a homoscédasticité au sein de notre modèle.

6. TEST DE STABILITE

Pour analyser la stabilité de notre MCE, nous avons fait recours aux tests des résidus récursifs,
CUSUM et CUSUM of SQUARES TESTS. Ces derniers ont été établis par Brown et Evans
(1975). Le CUSUM TEST se distingue du CUSUM of SQUARES TEST par le fait que le
premier teste la présence ou non de l'instabilité systématique et le second quant à lui teste la
présence ou non de l'instabilité aléatoire. Ci-après, nous présentons les résultats obtenus de ces
tests.

70
1. Test de stabilité structurelle
15

10

-5

-10

-15
94 96 98 00 02 04 06 08 10 12 14

CUS UM 5% S ignific anc e

Source : Notre confection sous Eviews8.1.

2. Test de stabilité conjoncturelle


1.4

1.2

1.0

0.8

0.6

0.4

0.2

0.0

-0.2

-0.4
94 96 98 00 02 04 06 08 10 12 14

CUS UM of S quares 5% S ignific anc e

Source : Notre confection sous Eviews8.1.


A l’issue de la première figure ci-dessus, explicative du test de CUSUM, il se remarque que sa
statistique est contenue dans son intervalle respectif pour la période considérée. Ainsi, nous
pouvons donc conclure qu’à court terme, le modèle établit est stable. Nous rejetons alors
l’hypothèse nulle de l’existence d’un changement structurel à court terme.

Par ailleurs, L'observation de la seconde figure issue du test CUSUM of SQUARES nous
montre une stabilité systématique et aléatoire de notre modèle au cours de notre période de
travail. Autrement dit, quoi que les perturbations économiques n'aient pas été absentes à long
terme pour le cas de la RDC, les variables déterminants de la politique agricole que nous avons
introduites dans notre modèle n’ont pas connu à long terme des changements brusques et
brutaux pouvant mettre en cause la croissance économique. Nous rejetons l’hypothèse nulle de
l’existence d’un changement conjoncturel à long terme.

7. EQUATION DE LA DROITE ESTIMEE (MCO SPECIFIE)

Notre équation estimée a révélé que : R2= 0.58739. Ce qui veut dire que la variable endogène
TXCROISSECO est expliquée à 58.74% et d’autres variables qui n’ont pas été considérées ou
71
terme d’erreur représentent 41.26% ; ∫ ou r= 0.7664soit compris entre -1 et 1, donc il y a une
forte corrélation entre le taux de croissance économique et les variables indépendantes, ce qui
signifie que ∫ est symétrique.

II.2. DISCUSSION DES RESULTATS

Comparativement à la recherche menée par LUC SHINDANO qui portait sur l’investissement
dans le secteur agricole et la croissance économique en RDC, la quelle étude nous a fortement
inspirée de par sa quintessence, et qui a confirmé qu'il existe une relation bidirectionnelle entre
la croissance économique et la production agricole, donc une relation où l'une cause l'autre et
vice versa et aussi les dépenses en capital ont causé la production agricole. Sa recherche soutient
aussi que l’agriculture a joué un rôle dans la croissance économique, mais ce rôle est déterminé
par les niveaux des dépenses en capital que le gouvernement accorde dans ce secteur afin
d'augmenter le niveau de production agricole, qui ne permettent pas à l'agriculture d'être le
secteur déclencheur du développement en RDC, pays à vocation agricole où sa population meurt
de faim, pas d'emplois ; nous avons trouvé en utilisant le test empirique de la relation entre
l’agriculture et la croissance économique en République Démocratique du Congo sur des
données annuelles couvrant la période de 1983-2015, mettant en relation et testant l’impact
entre d’un côté la production agricole, la production minière, la production des services et le
taux de change, et de l’autre côté le taux de croissance du PIB ce qui suit :

Le test ADF a ressorti que toutes les variables n’étaient pas stationnaires, d’où le recourt au
VECM.
Le test de cointégration révèle qu’il y a cointégration car l’hypothèse nulle d’absence de
cointégration a été rejetée (70,5571 > 60.061) au seuil de 5% ; nous affirmons que nos séries
sont co-intégrées pour notre modèle, c’est-à-dire, en RDC, Taux de croissance (TX_CROIS),
PRODAGR (Production agricole), PROMIN (Production minière), PROSER (production des
services) TACH ainsi que le TACH (le taux de change) présentent une évolution similaire dans
le long terme.

L’estimation du modèle à correction d’erreur montre que l’intercepte, le coefficient de


correction d’erreur, la production agricole (PRODAGR) et la production minière (PROMIN)
sont les seules variables significatives de notre modèle. D’autres variables ne sont pas
significatives car présentant une p-value supérieure au seuil de 5%.

Le coefficient de correction associé à la force de rappel est négatif et significatif (-0.244308). Il


existe donc bien un mécanisme à correction d’erreur : à LT, les déséquilibres se compensent.
Le retour à l’équilibre (force de rappel) en cas de perturbations des recettes fiscales en RDC
1
sera de = 4,093 = 4 𝑎𝑛𝑠 , en d’autres termes, un choc constaté au cours d’une année
0,244308
est entièrement résorbé au bout de 4 ans.

Ainsi, à LT, l’augmentation de la production agricole de 1%, toutes choses restant égales par
ailleurs, entraine une augmentation de la croissance économique de 1,27 %. De plus, le modèle
nous renseigne également que l’augmentation de la production minière de 1 % entraine une
augmentation de la croissance économique de 4,28 %. D’où nous en inférons que la RDC
dépend beaucoup plus de la production minière que de la production agricole pour sa croissance
économique.

72
Par le test de causalité de GRANGER, nous observons qu’il n’existe pas de causalité entre la
production des services (PROSER) et la croissance économique ; alors qu’il existe une relation
univoque (unidirectionnelle) de la production minière (PROMIN) et la production agricole
(PRODAGR) vers la croissance économique. En outre, cette relation de causalité univoque va
du taux de change vers la croissance économique, autrement dit le taux de change cause la
croissance économique en RDC.

La recherche menée par Anata KOSSI (2012) a montré que l'agriculture avait un impact positif
non significatif sur la croissance économique au Mali, ce qui trouvait explication dans la
structure de ces exportations à l'état brut, ses exportations agricoles ne valent seulement que 8%
contre 76% pour les métaux précieux, et pour notre recherche la production agricole est le pivot
de la croissance économique.

La recherche de Rodrigue Tremblay (1990) montre que les exportations et les importations
contribuent à élever la productivité de l'ensemble de l'économie et à entretenir la croissance
économique. La croissance par les exportations ne semble pouvoir se poursuivre à long terme
qu'à la condition que l'économie soit suffisamment diversifiée pour le cas de notre recherche,
les exportations agricoles sont sources de croissance économique grâce à la valorisation de la
monnaie locale et à la stabilisation du taux de change. L'accroissement de la part des
exportations agricoles dans le PIB s'accompagne d'une entrée de devise pour le financement de
la croissance et d'achat des biens équipement à l'étranger pour l'accroissement et l'amélioration
des capacités de production.

Ces résultats convergent avec les nôtres selon lesquels le taux de change influence positivement
la croissance économique. Dans ce contexte, la recherche menée par Oumar Fakaba Sissoko
(2008) montre que l'accroissement du pouvoir d'achat est susceptible d'entraîner une
augmentation de la demande sur les biens non échangeables et par conséquent, une
augmentation du prix relatif de cette dernière catégorie de biens (effet dépense du syndrome
hollandais).

La recherche de MULUMEODERHWA MUNYAKAZI Fidèle sur la contribution du secteur


agricole dans l’économie nationale congolaise a infirmé l’hypothèse selon laquelle le secteur
agricole contribue significativement au PIB national et/ou à l’économie nationale congolaise
que les autres secteurs économiques de la RD Congo.

Ces résultats sont similaires aux nôtres qui affirment réellement que la production agricole
influence la croissance économique en RDC et que la production minière, de service et le taux
de change influencent le taux de croissance du PIB. Ce qui veut dire qu’au-delà de la production
agricole il existe d’autres secteurs qui favorisent la croissance économique, mais prendre le
secteur agricole comme moteur de croissance est un atout de succès, car l’agriculture produit
des effets d’entraînements incommensurables bénéfiques à tous les autres secteurs et la source
de subsistance qu’elle garantit lui donne un rôle incontournable pour atteindre le développement
économique.

73
CONCLUSION

Nous voici au bout de notre étude qui porte sur : « L’impact de l’agriculture sur la croissance
économique en République Démocratique du Congo »et ayant comme objectif de tester l’impact
de l’agriculture sur la croissance économique de la RDC de 1983-2015.

Cette recherche a voulu répondre à la question de savoir : Quel est l’impact de l’agriculture sur
la croissance économique en RDC ?

Notre hypothèse formulée était que l’agriculture aurait des impacts significatifs sur la croissance
économique. Un modèle économétrique fondé sur le VECM a été fait pour tester l’impact de
l’agriculture sur la croissance économique pendant la période sous étude, nous avons
sélectionné 4 variables indépendantes qui sont : La production agricole, la production minière,
la production minière et le taux de change, et le taux de croissance du PIB comme variable
dépendante.

Nous avons abouti aux résultats selon lesquels :

• Le test de cointégration révèle qu’il y a cointégration car l’hypothèse nulle d’absence de


cointégration a été rejetée (70,5571 > 60.061) au seuil de 5% ; ce qui nous a poussés à
affirmer que nos séries sont co-intégrées pour notre modèle, c’est-à-dire, en RDC, Taux
de croissance (TX_CROIS), PRODAGR (Production agricole), PROMIN (Production
minière), PROSER (production des services) TACH ainsi que le TACH (le taux de
change) présentent une évolution similaire dans le long terme.
• L’estimation du modèle à correction d’erreur montre que l’intercepte, le coefficient de
correction d’erreur, la production agricole (PRODAGR) et la production minière
(PROMIN) sont les seules variables significatives de notre modèle. D’autres variables
ne sont pas significatives car présentant une p-value supérieure au seuil de 5%.

Le pouvoir explicatif du modèle est élevé avec un coefficient de détermination corrigé de


0,580739, ceci veut dire que 58.07 % des variations du taux de croissance sont expliquées par
les variables exogènes du modèle. Cependant, notre modèle est bien spécifié car la probabilité
de la statistique F de Fisher est inférieure à 5%.

Le coefficient de correction associé à la force de rappel est négatif et significatif (-0.244308). Il


existe donc bien un mécanisme à correction d’erreur : à LT, les déséquilibres se compensent.
Le retour à l’équilibre (force de rappel) en cas de perturbations des recettes fiscales en RDC
1
sera de de = 4,093 = 4 𝑎𝑛𝑠, en d’autres termes, un choc constaté au cours d’une année
0,244308
est entièrement résorbé aubout de 4 ans.

Ainsi, à LT, l’augmentation de la production agricole, toutes choses restant égales par ailleurs,
de 1% entraîne une augmentation de la croissance économique de 1,27 %. De plus, le modèle
nous renseigne également que l’augmentation de la production minière de 1 % entraine une
augmentation de la croissance économique de 4,28 %. D’où nous en inférons que la RDC a
dépendu beaucoup plus de la production minière que de la production agricole pour sa
croissance économique.

74
Par le test de causalité de GRANGER, nous avons trouvé qu’il n’existe pas de causalité entre
la production des services (PROSER) et la croissance économique ; alors qu’il existe une
relation univoque (unidirectionnelle) quittant la production minière (PROMIN) et la production
agricole (PRODAGR) vers la croissance économique. En outre, cette relation de causalité
univoque quitte le taux de change vers la croissance économique, autrement dit le taux de
change cause la croissance économique en RDC.

Le graphique obtenu du test de normalité des résidus de JARQUE-BERA affiche une statistique
avec une probabilité supérieure à 5%. (0,75 > 0.05). Cela prouve que les résidus sont
normalement distribués. Quant à l'analyse de la statistique de Skewness, elle est positive (0.1152
> 0) et cela traduit que la distribution est décalée vers la droite. Le Kurtosis montre que la
distribution est aplatie qu’à la normale ; cela transparaît à travers sa statistique supérieure à 3
(2.385865 < 3). En bref, avec ce test, notre modèle est bon et par conséquent, il peut servir pour
des fins de prévision.

Le test d’autocorrélation des résidus indique que la statistique de BREUSCH-PAGAN-


GODFREY rapporte une valeur de 14.90 avec une probabilité supérieure à 5% (0,0936 0.05).
Ainsi donc, ces statistiques nous permettent de rejeter hypothèse d’absence d’autocorrélation des
erreurs. D’où, nousconcluons qu’il y a homoscédasticité au sein de notre modèle.

Le test de stabilité de CUSUM révèle qu’à court terme et à long terme le modèle établit est
stable ; autrement dit, quoique les perturbations économiques n'aient pas été absentes à long
terme pour le cas de la RDC, les variables que nous avons introduites dans notre modèle n’ont
pas connu à long terme des changements brusques et brutaux pouvant mettre en cause la
croissance économique.

Au vu de ces résultats, nous affirmons que l’agriculture a eu un impact significatif sur la


croissance économique en RDC de 1983 à 2015 et que toutes les hypothèses ont été vérifiées,
d’où que l’objectif de notre travail a été atteint.

Nous ne prétendons pas avoir abordé tous les aspects relatifs à cette thématique, néanmoins les
quelques aspects lapidaires donnent une base importante. D’autres chercheurs pourront aborder
dans le même sens que nous en insistant sur des dimensions comme l’impact de l’agriculture sur
la croissance économique de la RDC : Période précoloniale et post coloniale.

Dans le cadre d’application de nos résultats, nous suggérons ce qui suit :

* Au gouvernement congolais :
- De prendre en main le secteur agricole en augmentant la part des dépenses publiques y
allouées et en réhabilitant les routes d’intérêt national pour interconnecter les provinces et créer
les routes de desserte agricole dans le cadre de l’assistance à la classe paysanne et de faciliter la
libre circulation des produits sur le territoire national, ce qui assure la sécurité alimentaire de
toute la population ;
- De maîtriser les phénomènes inflationnistes source de la crise économique au Congo ;
- De mettre en valeur les superficies en jachères en encourageant les initiatives privées ;
- De revoir le code des investissements, des impôts pour voir dans quelle mesure on peut

75
stimuler les investissements locaux et attirer les investisseurs étrangers à investir en RDC, car
les rentabilités reçues des investissements seront réinvesties pour offrir des gammes de produits
les plus élaborées et incluant une technologie qui permette la désirabilité perpétuelle des
produits ;
- Assurer la sécurité de la population et de ses biens en limitant les situations de guerre, de
violence et d’insécurité ;
- D’instaurer les mécanismes du protectionnisme éducateur ou des industries naissantes en
mettant en place des mesures d’accompagnement du secteur agricole qui ne nuisent pas aux
affaires et en adaptant le code des impôts, le code douanier et des investissements aux réalités
du pays dans le cadre de promouvoir l’agriculture. Cet état de choses va augmenter la qualité
des services au pays du fait que tout le monde sera en bonne santé et capable de rentabiliser ses
affaires, ce qui limitera la corruption et le banditisme.
- D’ouvrir l’économie nationale aux marchés extérieurs en adoptant un mécanisme
d’exportation desproduits locaux manufacturés et transformés au pays, ce qui créera une valeur
ajoutée importante et l’emploi ;
- D’augmenter les transferts de revenus aux ménages et baisser les taux de change pour
accroître la demande, stimuler les investissements et adopter une politique monétaire de nature
à stabiliser les prix pour réduire l’inflation.
- D’introduire le machinisme dans l’agriculture congolaise pour la rendre plus productive ;
- De créer des banques agricoles publiques pouvant soutenir l’agriculture ;
- Baisser les impôts exercés sur les investissements et subventionner ces derniers selon le
degré d’importance surtout dans les 5 premières années de leur réalisation :
- De gérer bien le secteur minier, surtout en traitant les produits au pays avant leurs
exportation, car ce secteur a toujours produit des conséquences néfastes qui affectent l’économie
entière du pays :
- D’élaborer un modèle de distribution des services et améliorer la qualité de ce dernier
surtout en appliquant les principes de management des services.

* Aux intervenants et/ou investisseurs :


- D’utiliser leurs épargnes pour investir au pays afin de relever les défis auxquels se heurte
la RDC, car les actions privées bien coordonnées ont été source de croissance de nombreux pays
occidentaux ;
- D’avoir une culture de consommer local pour permettre aux industries et entreprises
locales d’émerger et d’augmenter leur technologie.
- De rendre formel toutes leurs activités pour que ces dernières profitent à la croissance du
pays.

REMERCIEMENTS

Nous rendons grâce à l’Eternel Tout Puissant, le Dieu créateur de l’univers visible et invisible
pour nous avoir permis d’arriver au bout de cette recherche.

Nos remerciements s’adressent à la famille ZABADAY NGABO Louis, à la famille PASCAL


LUBAMBO, à la famille KAFIRONGO MANENO Jacques, à l’institut CEDIMES, au
Professeur Ordinaire KANINGINI MWENYIMALI Boniface, au Professeur MASOKA
WAMTU Bibiche, au Professeur KASIGWA Christophe et au Frère WALTER DEVRESSE

76
pour leurs soutien rendu toujours disponible au cours de nos recherches.

REFERENCES

[1] Anata KOSSI (2012) : Agriculture et croissance économique dans les pays de l'UEMOA (Union
économique et monétaire ouest-africaine, Université de Lomé Togo - Master en économie du
développement.
[2] COOMBS (1968) : La crise mondiale de l’éducation, Paris, PUF.
[3] BARAMBESHA MANIRIHO E. (2007) : Evolution et structure du PIB de la république
démocratique du Congo de 1990 à 2005, Université Libre des Pays des Grands Lacs - Mémoire.
[4] ANAPI (2O16) : Investir dans le secteur agricole en République Démocratique du Congo,
cahier sectoriel-Kinshasa.
[5] BANQUE CENTRALE DU CONGO (2013) : Rapport annuel de l’exercice 2012, Kinshasa.
[6] MULUMEODERHWA MUNYAKAZI Fidèle (2008) : La contribution du secteur agricole
dans l’économie nationale congolaise ; Faculté des sciences économiques et de gestion, U.E.A/R.D.C-
mémoire.
[7] LUC SHINDANO (2010) : Investissement dans le secteur agricole et la croissance
économique, Université de Kinshasa RDC – Mémoire.
[8] www.wikipedia.com/economie de la RDC/ Jeudi, le 13 Juin 2017 à 21hoo.
[9] MINISTERE DE L‟AGRICULTURE ET DU DEVELOPPEMENT RURAL (2013) :
Plan National d’Investissement Agricole 2013- 2020.
[10] PNUD (2015) : Analyse du budget 2015 de la République Démocratique du Congo, note
technique.
[11] Félicien HOUNKANRIN (2011) : Analyse de l'impact des investissements publics dans le
secteur agricole sur la croissance économique au Bénin, Université d'Abomey-Calavi (Bénin) – Mémoire.
[12] Philippe LEBAILLYA, BAUDOUIN MICHELA et Roger NTOTOC. (2014) : Quel
développement agricole pour la RDC ? Kinshasa.
[13] ENGLE, R. F. and C. W. J. Granger. (1987), « Co-integration and Error Correction:
Representation, Estimation and Testing », Econometrica, Vol. 55.
[14] JOHANSEN, S. (1988), « Statistical Analysis of Co-Integration Vectors », Journal

77
MECANISMES RATIONNELS DES PRODUITS AGRO- ALIMENTAIRES
POUR LA CROISSANCE ECONOMIQUES DE GESTION ÉCONOMIQUE DE
LA PROVINCE DU SUD- KIVU EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU
CONGO

[ECONOMICAL MECANISM OF RATIONAL AGROBUSINESS PRODUCTS


FOR THE ECONOMICAL GROWTH IN THE SOUTH – KIVU PROVINCE IN
DEMOCRATIC REPUBLIC OF CONGO]

Jacques KAFIRONGO MANENO


Section Agronomie – Générale
Institut Supérieur d’études Agronomiques et Vétérinaires (ISEAV - MUSHWESHWE)
Kabare, Sud-Kivu, RD Congo

jacqueskafirongo@gmail.com

Lambertine MUHANYA NZIGIRE


Faculté de Sciences Sociales,
Université de Développement Durable en Afrique Centrale (UDDAC - BUKAVU),
Bukavu, Sud-Kivu, RD Congo

nzilambertine@gmail.com

Arnold BISIMWA NGABO


Département des Sciences Commerciales et Administratives,
Institut Supérieur Pédagogique d’Idjwi (ISP - IDJWI),
Idjwi, Sud-Kivu, RD Congo

Bisimwangabofred1@gmail.com

Richard MUSHAGALUSA CIDANDALI


Faculté de Sciences Sociales,
Université de Développement Durable en Afrique Centrale (UDDAC - BUKAVU)
Bukavu, Sud-Kivu, RD Congo

chidasmusha@gmail.com

Résumé :

Ce travail dont le sujet est « Mécanismes économiques de gestion rationnelle des produits agro-
alimentaires pour la croissance économique du Sud-Kivu de 2007-2014 » veut mettre en place les
mécanismes économiques de gestion rationnelle des produits agro-alimentaires pour atteindre la
croissance économique générale dans la province du Sud-Kivu. Il veut aussi mettre au clair la place du
secteur agricole dans le développement de la Province du Sud-Kivu et dans l’amélioration des conditions
78
socio- économiques des ménages tout en montrant la part de l’Etat dans le développement du secteur
agricole et éclairant ainsi les investisseurs sur les mécanismes d’investir dans le secteur agricole sans
trop de risques et de façon rentable.
Après traitement des variables sous Eviews3.1 grâce au Modèle des moindres carrés ordinaires, nos
résultats révèlent que pour espérer à une croissance économique générale de la Province du Sud-Kivu
grâce aux produits agro-alimentaires, il faut augmenter la demande en produits agricoles, augmenter
l’indice des prix (prix social), augmenter les investissements agricoles et la production agricole, et
diminuer le taux d’inflation, diminuer les importations et rendre visible l’interventionnisme de l’Etat
dans le secteur agricole.

Mots clefs : Mécanisme, Gestion, Rationalité, Agriculture, croissance, Economie.

Abstract :

This work, whose subject is "Economic mechanisms for the rational management of agro-food products
for the economic growth of South-Kivu from 2007-2014" intends to put in place the economic mechanisms
of rational management of agro-food products to achieve the general economic growth in the province
of South-Kivu. It also aims at clarifying the role of the agricultural sector in the development of the South-
Kivu Province and in improving the socio-economic conditions of households in showing the role of the
State in the development of the agricultural sector and give clear information to investors on the
mechanisms to invest in the agricultural sector without too much risk and in a profitable way.
After processing the variables using the Eviews3.1 using the Ordinary Least Squares Model, our results
reveal that to hope for general economic growth in the Province of South Kivu thanks to agro-food
products, it is necessary to increase the demand of agricultural products, to increase the price index
(social price), to increase agricultural investment and agricultural production, and to reduce the rate of
inflation, to reduce imports and to make visible the interventionism of the State in the agricultural sector.

Key words : Mechanism, Management, Rationality, Agriculture, Growth, Economic.

Classification JEL : Q 10

INTRODUCTION

Le secteur agricole emploie 40 à 90% de la population active et elle est sa seule source de
subsistance et de revenu pour plus de la moitié des pays moins avancés mais le marché
international fixe le prix et émet des lois tarifaires qui ne permettent pas à ces pays de se
développer.

L’agriculture est un secteur d’activité dans plusieurs régions du monde. Ce secteur agricole
pratiqué en grande partie dans le monde rural fait intervenir des milliers des paysans qui le
considèrent comme le seul moyen de vivre. Ces paysans agriculteurs n’arrivent pas à améliorer
leurs conditions de vie, malgré les productions abondantes qu’ils réalisent, cela étant liée à la
faible demande qui rend le prix très bas, à l’insuffisance de voies de communication, au
désintéressement du pouvoir public d’investir dans le secteur agricole, à l’insécurité, au non accès
des paysans dans les grands centres commerciaux, au non accès au crédit, au non accès aux
intrants agricoles et la famine galopante au niveau mondiale.

Le recours aux importations devient l’arme des habitants des villes pour combattre l’insécurité
alimentaire ; ce qui entrave la situation socio-économique du pays.
79
Les archives de la FAO1 montrent que le secteur agricole est au cœur de l’économie des pays
moins avancés (PMA) ; il représente 30 à 60% du PIB dans les deux tiers d’entre eux.

Le français Henri MENDRAS2 se désole de la disparition du monde rural après ses études qui
ont montré la disparition de certains produits non valorisés sur le marché international et qui
font la fierté de l’économie paysanne.

Le monde a besoin du secteur agricole pour dessiner son avenir, ce dernier a été le point de
départ de beaucoup de pays développés.

En République Démocratique du Congo, le secteur agricole est une priorité malgré tout
négligée ; ce secteur occupe plus de 70% de la population et contribue au Produit Intérieur Brut
(PIB) à plus de 42%3. Ce pays possède 80 millions d’hectares de terres arables, mais la
population demeure dans la misère, le PIB souffre de la décroissance, la crise économique
pointe à horizon du pays, ainsi la population prend option de recourir aux importations
accélérées pour vivre ; ce qui affecte, à long terme, l’économie générale du pays. Seule le
recours au secteur agricole relèvera le pays et sera instrument de croissance économique
générale, car les insécurités sont en grande partie causé par la famine et les besoins alimentaires
insatisfaits.

L’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme


Alimentaire Mondial (PAM) signalent que la situation alimentaire en République Démocratique
Congo est précaire, l’indice global de la famine y est de 63%, associé à l’impact des conflits et
à l’instabilité politique ; la famine n’est pas seulement absence de la nourriture sur le marché,
mais aussi le manque des moyens pour y accéder.

La Province du Sud-Kivu, quant à elle, dispose 4 millions d’hectares de terres arables, seuls
10% sont exploités ; ce qui montre le faible taux des investissements privés et publics.

Selon l’ANAPI4, la Province du Sud-Kivu est l’un de plus grands importateurs des produits
agro-alimentaires, malgré les productions qui pourrissent dans ses territoires sans accéder au
marché.

Pour l’institut International de l’agriculture Tropicale à Bukavu, la promotion de l’agriculture


doit partir de la diminution des importations, cette dernière valorise la force des paysans locaux.
Il se remarque les problèmes relatifs à la voie de communication, à la gestion des produits
agricoles par des stratégies modernes, la non organisation du marché, les difficultés liées à la
détermination du coût de revient et du prix de vente, la non-participation de l’Etat dans la vie
économique des intervenants et les investissements en recule qui justifient l’augmentation des
importations ; ceux-ci mettent en recule les activités agricoles pourtant c’est la base du

1
FAO, Rôle de l’agriculture dans l’économie, 3èmeconférence des Nations Unies,
www.fao.org/decrep/003/90491/01.ht
2
HENRI MENDRAS, La fin des paysans, Paris, SEDEIS, 1967
3
Le secteur agricole et rural : une priorité négligée en République Démocratique du Congo,
www.fao.org/3/a-i4159f.pdf
4
ANAPI, Faits et chiffres, 1erfévrier 2016
80
développement. C’est ainsi que ADAM SMITH, à ce sujet, a souligné que « la distribution des
ressources est déterminée par la manière dont les entreprises opérant sur le marché des produits
réagissent aux conditions de la demande et du coût »1.

Les familles des agriculteurs et des vendeurs jusqu’aujourd’hui demeurent dans la misère et les
difficultés de vivre malgré leurs productions, ils essayent de repartir les petites tâches
économiques entre leurs enfants et vivre du salaire de misère du mari trouvé par exercice des
travaux manuels ; ce qui conditionne aux producteurs de consommer le revenu futur avant
même la récolte pour faire face aux situations urgentes qui se présentent. Comme conséquence,
lors de la vente ils demeurent dans une insatisfaction perpétuelle sans aide de tout genre à leur
faveur.

Signalons aussi que le secteur agricole de la Province du Sud-Kivu reste en difficultés


complexes de financement, difficultés qui impactent négativement sa croissance économique.
Les difficultés les plus directement observables sont :

• Absence des équipements agricoles adéquats pour exploiter les terres et faciliter la bonne
conservation des produits agricoles ;
• Insuffisance des marchés organisés et non protectionnisme des produits agricoles locaux
face à la concurrence des produits extérieurs qui, parfois, subventionnés dans leurs pays
d’origine ;
• L’insuffisance des banques agricoles pour donner des crédits agricoles et permettre aux
producteurs d’investir davantage dans ce secteur sans risque de faire la vente aux enchères ;
• La négligence soumise aux vendeurs des produits agricoles de la part des militaires
soutenus par les autorités provinciales et le prix de misère pour les produits à livrer.
• L’insuffisance des organismes œuvrant dans le secteur agricole, des industries
manufacturières et des parcs agropastoraux ;
• L’absence de tout financement gouvernemental aux cultivateurs pour encourager certaines
initiatives privées et moderniser l’agriculture ;
• L’insuffisance des études agronomiques et chimiques sur certaines mosaïques qui veulent
conduire le secteur agricole au déclin et à la famine accentuée ;
• L’insuffisance des investissements privés dans ce secteur associée à la crainte des risques
à courir et aux charges fiscales multiples que le gouvernement lance à ces investissements
sans compter le bien-être de la population bénéficiaire ;
• La non création de voies de communication et la réhabilitation des existantes pour
permettre à ce que tous les produits locaux accèdent dans les milieux urbains et dans les
grands centres commerciaux.

Au regard de ce qui précède, quels sont les mécanismes économiques à mettre en place pour
une gestion rationnelle des produits agro-alimentaires afin d’aboutir au développement socio-
économique général de la Province du Sud-Kivu ? L’Etat intervient-il dans la redynamisation
des productions agro- alimentaires ?

Les mécanismes économiques de développement socio-économique de la Province du Sud-


Kivu seraient : l’augmentation des investissements agricoles publics et privés ; le financement

1
ADAM SMITH, Recherche sur la nation et les causes de la richesse des nations, tome IV, 1776
81
des activités privées cadrant avec la production agricole ; l’augmentation du revenu des
agriculteurs pour inciter àproduire en grande quantité ; la stabilité du prix et la garantie de bon
marché potentiel ; la création des coopératives agricoles à taux d’intérêt réduit et des voies de
communication aménagées ; l’augmentation de la demande par la création des entreprises
manufacturières, des usines et la distribution des salaires décents aux travailleurs et
fonctionnaires ; l’augmentation de la capacité d’offre par l’adoption des techniques modernes de
production et la réduction du taux d’importation etl’instauration du protectionnisme pour assurer
le bien-être de toute la population.

Cette étude s’est assignée comme objectif ce qui suit :

• Mettre en place les mécanismes économiques de gestion des produits agricoles pour
atteindre la croissance économique général de la Province du Sud-Kivu et permettre à
l'Etat de bien jouer son rôle dans le développement du secteur agricole en mettant un
accent particulier sur la consommation équilibrée des ménages et la rentabilité des
activités des vendeurs et producteurs de la Province du Sud- Kivu ;
• Permettre aux autres décideurs politico- administratifs et socio-économiques de prendre
les mesures modernes de développement du secteur agricole, montrer l’importance de
la politique monétaire sur la rentabilité des activités agricoles (vitesse de circulation
monétaire) ;
• Expliquer les causes de l’instabilité du prix, l’insuffisance en produits agricoles dans la
ville deBukavu et montrer la place de ce secteur dans le développement de toute entité
sous développée.
• Fournir aux chercheurs un cadre d’orientation et de planification de l’économie du Sud-
Kivu dans les années futures grâce au secteur agricole.

I. MATERIEL ET METHODES

I.1 ETUDE DU MILIEU

Notre étude a été menée dans la province du Sud-Kivu, une de vingt-six provinces que compte
la République Démocratique du Congo dont la description correspond plus ou moins aux
coordonnées suivantes :

La province du Sud-Kivu a une superficie de 69.130 Km2 et sa population s’élevait à 3.028.000


habitants en 1997, elle est estimée actuellement à 3.500.000 habitants, soit une densité moyenne
de 50,6 habitants par Km2 (70% de cette population vit au village).

Elle est située à l’Est de la République Démocratique du Congo, approximativement entre 1°36‟
de latitude sud et 5° de latitude sud d’une part et 26°47‟ de longitude Est et 29°20‟ de longitude
Est d’autre part. Elle est limitée à l’Est par la République du Rwanda dont elle est séparée par
la rivière Ruzizi et le lac Kivu, le Burundi, la Tanzanie, séparés du Sud-Kivu par le lac
Tanganyika.

La Province du Sud-Kivu est limitée au Sud-Est par la province du Katanga, au Sud, à l’Ouest
et au Nord-Ouest par la Province du Maniema et au Nord par la Province du Nord-Kivu.

82
En rapport avec le relief, la frontière orientale de la Province du Sud-Kivu correspond au Rift
Valley Occidental ; dans ce fossé d’effondrement logent les lacs Kivu et Tanganyika. Quant
aux terrains qu’on y trouve, ils peuvent être groupés en deux ensembles principaux : les terrains
du socle et les terrains volcaniques, auxquels il faut ajouter un troisième ensemble : les terrains
de couverture que l’on trouve au fond des lacs Kivu, Tanganyika, ainsi que dans la plaine de la
Ruzizi.

Les facteurs principaux qui déterminent les climats de la Province du Sud-Kivu sont la latitude
et l’altitude. Le Kivu montagneux, c’est-à-dire l’Est de la province jouit d’un climat de
montagne aux températures douces où la saison sèche dure trois à quatre mois, de juin à
septembre.

L’hydrographie de la Province du Sud-Kivu est abondante. On y rencontre deux lacs de


montagne ; le lac Kivu (1.470 m). Il est le plus profond de l’Afrique et le deuxième du monde
après le lac Baïkal (1.741 m) et le lac Tanganyika (773 m) et qui sont reliés par la rivière Ruzizi.
Le lac Tanganyika est très poissonneux. Quant au lac Kivu, il est très peu poissonneux suite à
la présence des gaz carbonique et méthane. Les cours d’eau de la Province du Sud-Kivu
appartiennent au bassin hydrographique du fleuve Congo. La plupart de ces cours d’eau prennent
leur source dans les montagnes de l’Est coulent pour la plupart vers l’Ouest où ils débouchent
dans le fleuve Lualaba, d’autres se jettent dans les lacs.

Les territoires de Kabare, Walungu, Kalehe, Idjwi et la ville de Bukavu connaissent deux
saisons : la saison sèche, qui dure trois mois de Juin à Septembre, et la saison de pluie qui dure
neuf mois. La saison sèche connaît une température élevée et une rareté de pluies durant toute
cette période. C’est à ce moment qu’on cultive les endroits marécageux. La saison de pluie,
quant à elle, connaît une forte précipitation mais ce dernier temps avec l’abattage désordonné
des arbres, la destruction de l’environnement et la surpopulation fait que la pluie devient de plus
en plus rare.

Dans les territoires forestiers comme Fizi, Mwenga et Shabunda situés à l’entrée de la forêt
équatoriale, il pleut abondamment toute l’année.

Quant au territoire d’Uvira, à part les hauts plateaux, la pluie commence à s’y faire aussi rare et
la température augmente de plus en plus à cause de la concentration de la population entraînant
la destruction de l’environnement.

A Kabare, Idjwi et Walungu, le sol est argileux et de plus en plus pauvre à cause des érosions
et de la surpopulation. C’est ainsi qu’il y a beaucoup de conflits de terre dans ce territoire et
l’élevage diminue sensiblement par manque de pâturages, A Idjwi, le sol est encore riche pour
l’agriculture mais le problème de surpopulation rend de plus en plus les espaces cultivables
rares, le sol y est aussi argileux. A Kalehe, il y a aussi un sol argileux et riche à cause surtout
de sa proximité avec la forêt. On y rencontre quelques gisements d’or. Les territoires de
Shabunda, Mwenga et Fizi ont un sol sablonneux très riche pour l’agriculture et contenant
d’importantes richesses minières (or, cassitérite, Coltan, etc…). Le territoire d’Uvira a aussi un
sol sablonneux favorable à la culture du Riz et du Coton. Ses hauts plateaux avec son climat très
doux sont plutôt favorables à l’élevage.

83
PHASES DE PRODUCTION AGRICOLE AU SUD- KIVU

Première phase : Achat des matériels pour labourer les terres. Dans cette phase, les agriculteurs
utilisent soit les revenus qui leur sont donnés par les membres de famille ou amis, soit des
salaires qu’ils ont reçus sous forme de revenu. A défaut, dans les familles des paysans, certains
biens sont vendus tels que bananes et productions antérieures pour acquérir les matériels.

Deuxième phase : C’est la phase culturale dans laquelle les intervenants sont le père, la maman
et les enfants membres de familles qui mobilisent leurs efforts pour cultiver en vue d’espérer une
prochaine amélioration de la condition de vie et une survie. Ces terres sont soit leurs domaines
propres, soit des terres louées pour la production partagée et cela se fait sur demande avec un
bidon de boisson locale et un coq. L’exploitant peut engager d’autres personnes telles que les
journaliers payés avec une petite somme d’argent ou rémunérés par les produits qu’ils ramassent
dans le terrain qu’ils cultivent.

Troisième phase : C’est l’ensemencement réalisé par l’exploitant. Ce système se réalise par
l’exploitant en prenant des produits qui étaient soit produits dans l’exercice passé et qui étaient
stockés dans une cruche ou bidon, soit en vendant certains biens ou certaines bêtes pour acheter
la semence. Durant cette période, la famille se trouve saturée par les besoins de scolarité et de
ce fait, elle fait recours aux commerçants qui les prêtent avec consigne de leur vendre la
production lors de la récolte ; mais il se remarque souvent que le prix deviendra fixé par les
commerçants pour matérialiser la loi de l’excellence « la main qui donne domine celle qui
reçoit ».

Quatrième phase : C’est la phase de sarclage. Nombre de produits sont sarclés deux fois au
moins avant la récolte pour permettre aux plantes de bien produire. Tout ceci se fait par le même
propriétaire exploitant le terrain parfois avec aide de ses appartenances religieuses, ethniques,
affinités familiales en cas de maladie ou d’incapacité de ce dernier.

Cinquième phase : C’est la phase de récolte. C’est l’étape finale de production où les
producteurs préparent le vendage et moissonnent les récoltes. Il arrive qu’après production, la
demande chute et ici on parle « Kihombo ».

Deux tendances sont dans la philosophie du producteur :


• La demande diminue, il y a achat à bas prix, on laisse de produire ;
• Vente de toute sa production pour satisfaire ses besoins sans rester avec le stock de sécurité,
il va encore tomber dans la difficulté de manger et la tendance est de contracter un emprunt
chez le commerçant pour manger.

I.2 MATERIEL

La récolte, le traitement et l’analyse des données ont été réalisés en suivant une procédure bien
définie avec le matériel ci-après :

• Une observation directe du milieu d’étude pendant une longue période et un sondage
d’opinion mené auprès des producteurs, des vendeurs, des consommateurs et des
84
investisseurs du Sud-Kivu ;
• Des interviews menées auprès des autorités de la province du Sud-Kivu et des entreprises
vendant les produits agricoles ;
• Une descente régulière dans les grands marchés du Sud-Kivu pour se rendre compte de
la réalité du terrain ;
• Un déplacement à la Banque Centrale pour recueillir des données chiffrées et des
explications complémentaires sur l’instabilité économique au Sud-Kivu pendant la
période sous étude (2007-2014).

I.3 METHODE

Nous avons traité des données macros trouvées à la Banque Centrale et d’autres données
récoltées à l’inspection Provinciale de l’agriculture, Pêche et Élevage et mener des recherches
tout en nous comparant à d’autres Etats qui émergent dans l’économie mondiale grâce au seul
secteur agricole ; cequi prouve que cette étude de terrain a été conduite en plusieurs étapes :

• La méthode diachronique nous a permis de connaître l’évolution du secteur agricole à


travers les différentes phases et périodes pour préparer son évolution au cours des
périodes prochaines et définir des stratégies pour son développement ;
• La méthode statistique nous as permis de faire recours à l’outil économétrique pour
traiter les données ;
• La technique documentaire nous a permis de faire aux diverses documentations ;
• La technique d’interview nous a permis d’être en contact direct avec les intervenants
dans le secteur agricole.

Les variables sous étude ont été :

• La variable endogène, la variable retenue ici est le taux de croissance économique général
; ce qui vérifie la théorie de plein emploi de KEYNES1 ;
• Les variables exogènes, nous avons retenu six variables à savoir :
o L’investissement agricole qui est le fait que les individus possédant le revenu
important ou le gouvernement consacrent une partie de leurs richesses pour
l’exploitation des terres, la culture de certains produits agricoles soit en créant
des industries, des sociétés de ventes ou en finançant les agriculteurs afin
qu’après la récolte ils puissent vendre les produits à un prix abordable dans le
but d’accroître le niveau de vie des intervenants ;
o Les importations qui consistent à faire entrer dans un pays les marchandises,
les produits et autres biens venant d’un pays étranger ;
o La production agricole, qui est une combinaison des facteurs de production
pour satisfaire la consommation alimentaire des êtres vivants ou résoudre les
besoins économiques des intervenants par le système de marché ;
o La demande en produits agricoles qui est l’ensemble des personnes disposant
une capacité d’acquisition des biens et qui manifestent un besoin de
consommation d’une quantité donnée des biens au cours d’un temps défini ;

1
JOHN MAYNARD KEYNES, Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, Paris, 1942, p.
407
85
o L’indice des prix qui est le rapport entre l’évolution de deux prix pris à des
périodes différentes multiplié par cent, pour donner des informations sur la
valeur des biens sur le marché et le pouvoir d’achat.
o Et le taux d’inflation qui est le niveau atteint par la hausse généralisée du prix
des biens sur le marché.

Le traitement de nos variables par le recours au modèle économétrique MCO (Moindres carrés
ordinaires) grâce au logiciel Eviws3.1.

I.3.1 PRESENTATION DU MODELE DE TRAITEMENT DES VARIABLES

Dans le traitement des données, nous avons choisi le modèle économétrique de régression
multiple qui va en soi analyser l’influence des variables indépendantes sur la variable
dépendante dont voici la forme :

Yi= ao + a1x1i+ a2x2i+ a3x3i +a4x4i + a5x5i+ a6x6i + Ui. Ceci se traduit par [7]:

Croissance économique = ƒ (production, demande, indice des prix, investissements agricoles,


taux d’inflation, balance commerciale) + 0.05 (terme d’erreur). Lors de l’interprétation Ȳ = XᾹ

Ainsi, la méthodologie de traitement et d’analyse des données a été économétrique. Il est à noter
que l'estimation économétrique du modèle a été faite par la méthode des moindres carrés
ordinaires (MCO) à l'aide du logiciel Eviews 7.

Aussi, se référant à AHMED et MORTAZA1, nous utilisons un modèle économétrique pour


atteindre les résultats empiriques. Ce modèle examine la relation à court terme et à long terme
entre les variables sous-étude par l’application de la ENGLE-GRANGERAHMED2 et la
procédure de co- intégration de JOHANSEN ainsi que le modèle à correction d'erreur associée
(ECM).

Le test ADF sera réalisé en niveaux (c’est-à-dire log de la variable dépendante et log des
variables indépendantes) et en différence première.

Si les deux séries sont intégrées de même ordre, alors l'estimation de la relation de co-intégration
suivant sera prise en compte :

𝑇𝑋𝐶𝑅𝑂𝐼𝑆𝑆𝐸𝐶𝑂𝑡∗ = 𝛼11 + 𝛽11 𝑃𝑅𝑂𝐷𝐴𝐺𝑅𝑡∗ +…. +𝛽16 IMPORTi+ 𝜀𝑡 (Ia)


𝑉𝐼𝑡∗ = 𝛼21 +𝛽21 𝑇𝑋𝐶𝑅𝑂𝐼𝑆𝑆𝐸𝐶𝑂𝑡∗ + 𝜇𝑡 (Ib)

Pour mesurer la non stationnarité, le test DF est basé sur le modèle suivant :
𝛥 𝑍𝑡 = χ+(ρ – 1)𝑍𝑡−1 + γT + 𝑒1𝑡 (II)

1
AHMED et MORTAZA, inflation and economic growth in Bangladesh, 1981-2005, ides.repec.org,
2005
2
ENGLE, R. F. and C. W. J. Granger. (1987), Co-integration and Error Correction: Representation,
Estimation and Testing, Econometrica, Vol. 55, pp. 1-87
86
De même, la procédure de JOHANSEN et JUSELIUS d'essai de maximum de vraisemblance
est une technique efficace pour tester la cointégration de la relation entre les variables de séries
chronologiques concernées [10].

II. PRESENTATION ET DISCUSSION DES RESULTATS

II.1 PRESENTATION DES RESULTATS

a) TEST DE STATIONNARITE DE DICKEY FULLER AUGMENTE

▪ La stationnarité de la variable LTXCROISSECO

ADF Test Statistic -5.746109 1% Critical Value* -4.3082


5% Critical Value -3.5731
10% Critical Value -3.2203
*MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit root.

LTXCROISSECO est stationnaire, parce qu’ADF calculé est inférieur à ADF théorique.

▪ La stationnarité de la variable LDEMANDE

ADF Test Statistic -5.081332 1% Critical Value* -4.3226


5% Critical Value -3.5796
10% Critical Value -3.2239

LDEMANDE est stationnaire, parce qu’ADF calculé est inférieur à ADF théorique.

▪ La stationnarité de la variable LINDICPRIX

ADF Test Statistic -5.332947 1% Critical Value* -4.3082


5% Critical Value -3.5731
10% Critical Value -3.2203
MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit root

La variable LINDICPRIX est également stationnaire.

▪ La stationnarité de la variable LINVAGRICOL.

ADF Test Statistic -3.702587 1% Critical Value* -4.3082


5% Critical Value -3.5731
10% Critical Value -3.2203
MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit root

87
La variable LINVAGRICOL est aussi stationnaire.

▪ La stationnarité de la variable TXINFLAT

ADF Test Statistic -3.834422 1% Critical Value* -4.3082


5% Critical Value -3.5731
10% Critical Value -3.2203
MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit root

La Variable TXINFLAT est stationnaire.

▪ La stationnarité de la variable LIMPORTATIONS

ADF Test Statistic -5.085174 1% Critical Value* -4.3082


5% Critical Value -3.5731
10% Critical Value -3.2203
MacKinnon critical values for rejection of hypothesis of a unit root

La variable LIMPORTATIONS est stationnaire.

▪ La stationnarité de la variable LPRODUCT

ADF Test Statistic -3.335093 1% Critical Value* -4.3082


5% Critical Value -3.5731
10% Critical Value -3.2203

La variable LPRODUCT n’est pas stationnaire étant donné qu’ADF calculé est supérieur à ADF
théorique au seuil de 5%.

b) TEST DE COINTÉGRATION DE JOHANSEN

Sample : 2007 :1 2014 :4


Included observations : 29
Test assumption: No deterministic trend in the data

Series: LTXCROISSECO LDEMANDE LINDICPRIX LINVAGRICOL LTXINFLAT LIMPORTATIONS


LPRODUCT
Lagsinterval: 1 to 1
Likelihood 5 Percent 1 Percent Hypothesized
Eigenvalue Ratio Critical Value Critical Value No. of CE(s)
0.880176 139.5138 109.99 119.80 None **

88
0.674014 77.98367 82.49 90.45 At most 1
0.475317 45.47757 59.46 66.52 At most 2
0.330052 26.77370 39.89 45.58 At most 3
0.276123 15.15758 24.31 29.75 At most 4
0.180753 5.786687 12.53 16.31 At most 5
0.000171 0.004955 3.84 6.51 At most 6

*(**) denotes rejection of the hypothesis at 5% (1%) significance level.

L.R. test indicates 1 cointegrating equation(s) at 5% significance level.

Les variables LTXCROISSECO, LDEMANDE, LINDICPRIX, LINVAGRICOL,


LTXINFLAT et LIMPORTATIONS sont cointégrées au seuil de 5%. Les logs du taux de
croissance, de la demande, de l’indice des prix, de l’investissement agricole, du taux d’inflation
et les importations suivent des évolutions parallèles sur la période 2007 et 2014 et probablement
pour le long terme, d’où une relation d’équilibre de long terme.

c) ÉQUATION DE LA DROITE ESTIMÉE

Dependent Variable: LTXCROISSECO


Method: Least Squares
Date: 06/30/16 Time: 13:25
Sample(adjusted): 2007:2 2014:4
Included observations: 31 after adjusting endpoints
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
C -13.19966 6.401872 -2.061844 0.0502
LDEMANDE 0.458293 0.233403 1.963526 0.0613
LINDICPRIX 1.062345 0.941077 1.128861 0.2701
LINVAGRICOL 0.005420 0.012578 0.430940 0.6704
LTXINFLAT -0.074043 0.028901 -2.561912 0.0171
LIMPORTATIONS -0.013053 0.116774 -0.111780 0.9119
LPRODUCT 0.204707 0.116746 1.753438 0.0923
R-squared 0.882153 Meandependent var 1.911347
Adjusted R-squared 0.852691 S.D. dependent var 0.236098
S.E. of regression 0.090617 Akaike info criterion -1.768678
Sumsquaredresid 0.197073 Schwarz criterion -1.444875
Log likelihood 34.41451 F-statistic 29.94222
Durbin-Watson stat 1.208043 Prob(F-statistic) 0.000000

Ŷt=-13.19966+0.458293DEMANDEt+1.062345INDICPRIXt+0.005420INVAGRICOLt-
0.074043TXINFLATt--0.013053IMPORTATIONSt+0.204707PRODUCTt
R2= 0.882153
89
La variable endogène TXCROISSECO est expliquée à 88,21% et d’autres variables qui n’ont
pas été considérées ou terme d’erreur représentent 11.79% ; r = 0.93923 soit compris entre -1
et 1, donc il y a une forte corrélation entre le taux de croissance économique et les variables
indépendantes.

Test de Student : seul le taux d’inflation a une influence explicative sur la variable endogène,
car son t en valeur absolu est supérieur à 2.

Test de Fisher : la probabilité associée à F est inférieur à 0.05, le modèle est globalement bon.

Les variables LDEMANDE, LINDICPRIX, LINVAGRICOL et LPRODUCT influencent le


TAUX DE CROISSECO positivement pour dire que quand on les augmente, le taux de
croissance économique augmente et seules LTXINFLAT et LIMPORTATIONS influencent
négativement le taux de croissance économique.

d) CORRECTION D’ERREURS

Dependent Variable: D(LTXCROISSECO)


Method: Least Squares
Date: 06/30/16 Time: 14:43
Sample(adjusted): 2007:3 2014:4
Included observations: 30 after adjusting endpoints
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
C -2.137148 8.993068 -0.237644 0.8152
D(LDEMANDE) 0.543802 0.249645 2.178299 0.0447
D(LINDICPRIX) 0.233819 1.024892 0.228140 0.8224
D(INVAGRICOL) 3.63E-15 5.71E-15 0.635534 0.5341
D(LTXINFLAT) -0.039891 0.032347 -1.233216 0.2353
D(LIMPORTATIONS) 0.010002 0.108299 0.092355 0.9276
D(LPRODUCT) 0.248405 0.221193 1.123023 0.2780
LTXCROISSECO(-1) -0.531152 0.195677 -2.714438 0.0153
LDEMANDE(-1) -0.012813 0.409749 -0.031270 0.9754
LINDICPRIX(-1) 0.469770 1.145170 0.410219 0.6871
LINVAGRICOL(-1) -0.003241 0.011615 -0.279029 0.7838
LTXINFLAT(-1) -0.042946 0.041100 -1.044894 0.3116
LIMPORTATIONS(-1) -0.149626 0.145169 -1.030702 0.3180
LPRODUCT(-1) 0.278628 0.126878 2.196039 0.0432
R-squared 0.748869 Meandependent var 0.032169
Adjusted R-squared 0.544824 S.D. dependent var 0.106265
S.E. of regression 0.071694 Akaike info criterion -2.128102

90
Sumsquaredresid 0.082240 Schwarz criterion -1.474210
Log likelihood 45.92152 F-statistic 3.670128
Durbin-Watson stat 2.517536 Prob(F-statistic) 0.007950

Nous constatons que le coefficient associé à la force de rappel est négatif (-0.531152) et
significativement différent de zéro au seuil statistique de 5% (son t de Student est supérieur à
1.96, en valeur absolue).

En effet, il existe donc bien un mécanisme à correction d’erreur : à long terme les déséquilibres
entre la variable taux de croissance et les variables demande, indice des prix, investissement
agricole, taux d’inflation, importations et production se compensent de sorte que ces séries ont
des évolutions similaires.

e) TEST NORMALITE DES ERREURS DE JACQUES BERA (test statistique) (page


suivante)

91
TXCROISS LTXCROISS DEMANDE LDEMAND INDICPRIX LINDICPRI INVAGRICO LINVAGRI TXINFLA LTXINFLA IMPORT LIMPORT PRODUCT
ECO ECO E X L COL T T ATIONS ATIONS
Mean 6.944355 1.911347 6770435. 15.71751 100.0632 4.605560 6.25E+12 29.06713 18.54000 2.197701 9.69E+08 20.66263 9967534.
Median 6.925000 1.935138 6913600. 15.74900 100.0200 4.605370 6.54E+12 29.50972 13.00000 2.564949 9.37E+08 20.65862 11320750
10.50000 2.351375 8779600. 15.98794 104.5100 4.649283 1.08E+13 30.00593 100.0000 4.605170 1.32E+09 20.99801 14049000
Maximum
4.000000 1.386294 5013121. 15.42757 96.04000 4.564765 9.00E+09 22.92049 1.060000 0.058269 5.86E+08 20.18904 5248976.
Minimum
Std. Dev. 1.617633 0.236098 978979.0 0.149642 2.235694 0.022386 3.13E+12 1.464126 22.67411 1.325731 2.31E+08 0.252192 2760689.
Skewness 0.336022 -0.158772 -0.189069 -0.485853 -0.127537 -0.179638 -0.418069 -3.049897 2.127237 -0.128547 -0.122566 -0.394233 -0.473065
Kurtosis 2.517766 2.494089 2.505863 2.504964 2.594500 2.608942 2.303663 12.28787 7.569191 1.872668 1.734541 1.906477 1.641235

Jacque- 0.883751 0.460841 0.500082 1.536144 0.296428 0.364258 1.529348 159.4848 50.34665 1.726925 2.146072 2.347564 3.540980
Bera
Proba 0.642830 0.794200 0.778769 0.463907 0.862247 0.833494 0.465486 0.000000 0.000000 0.421699 0.341969 0.309195 0.170250

Obs. 31 31 31 31 31 31 31 31 31 31 31 31 31

Toutes les variables respectent la normalité des erreurs de JACQUES BERA à 5% sauf les investissements agricoles et le taux
d’inflation ne respectent pas hypothèse de normalité des erreurs car le T statistique de JACQUES BERA >5.99% et leurs Pr <5%.

Nous voyons que la moyenne est 69.44% expliqué par l’évolution progressive de l’activité économiques dans ces années dernières.

92
L’analyse économique des produits agricoles au Sud-Kivu nous montre que le marché permet
d’orienter les producteurs et les consommateurs. C’est ainsi que pour organiser la demande, on
doit savoir le nombre d’acheteurs potentiels, le revenu actuel des ménages et l’état de la
concurrence sur le marché.

La tendance du producteur ou vendeur est d'estimer le prix en fonction des temps perdus et des
besoins qu’il a à satisfaire. Le prix de vente est défini d’avance, la réalité du marché impose un
autre prix désavantageux et la perte a une plus grande probabilité d’intervenir que le profit.

Lors de l’inventaire des produits agro- alimentaires, les vendeurs ne prennent pas en compte
toutes les charges probables dans la formation du coût de revient car une fois prises en compte,
le prix de vente va déplaire les consommateurs et le marché n’aura plus lieu.

Signalons que la fixation du prix de vente doit comprendre une phase prospective du marché
avant même la décision d’approvisionnement du commerçant, pour lui permettre de s’informer
de la réalité du marché (niveau de concurrence, niveau de prix, quantité demandée, etc.). La
logique du prix doit se centrer sur hypothèse qu’on doit gagner plus que ce qu’on a investi ;
celui-ci doit cependant être fixé en fonction des charges, des profits voulus, des quantités à
écouler journellement et du prix des concurrents.

Les consommateurs, quant à eux, sont de nature complexes et leurs aspirations dépendent de
plusieurs facteurs à savoir :

• Le niveau de salaire du responsable de famille ou du bailleur de fonds ;


• Le niveau d’instruction des familles, les exigences médicales et diététiques ainsi que le
nombre de personnes par famille et les manifestations d’ordre social ou culturel ;
• La qualité des produits et le niveau de prix, comme par exemple une maman qui passe
et rencontre les tomates à prix de solde, même si elle n’avait pas l’intention d’acheter,
elle va acheter ;
• Des facteurs psychologiques : connaissance du produit comme médicament ou élément
de rajeunissement de la beauté. Ainsi, les consommateurs veulent acquérir les biens au
prix promotionnel voir gratuit. Ici, la discussion du prix est intense et fâchant car nul
ne veut céder à la pression de l’autre.

II. 2. DISCUSSION DES RESULTATS

Léandre KABULOKABE NGELE démontre que, pour rendre l’économie moins vulnérable et
plus prospère, on doit adopter une structure économique axée sur l’agriculture pour aboutir au
démarrage économique grâce aux productions agricoles croissantes et pour procéder à
l’industrialisation. Pour atteindre la croissance économique, on doit augmenter la productivité
et prendre la demande agricole comme moteur de la modernisation agricole [13].

Ainsi, pour nous, le test de stationnarité de DICKEY montre que toutes les variables sont
stationnaires à 5% car elles gardent la même tendance au long de la période considérée et seul
LPRODUCT n’est pas stationnaire [14].

Le test de JOHANSEN montre que les variables LTXCROISSECO, LDEMANDE,


93
LINDICPRIX, LINVAGRICOL, LTXINFLAT et LIMPORTATIONS sont cointégrées au seuil
de 5%. Les logarithmes du taux de croissance, de la demande, de l’indice des prix, de
l’investissement agricole, du taux d’inflation et les importations suivent des évolutions
parallèles sur toute la période d’étude (2007 et 2014), mais il existe une relation long terme
entre les variables.

Luc SHINDANO, qui a travaillé sur l’investissement dans le secteur agricole et croissance
économique en R.D.C, dans l’objectif de déterminer l’impact de l’agriculture sur la croissance
économique, a utilisé le modèle économétrique VAR et ses données étaient en série
chronologique non stationnaire [15]. Il a prouvé que la dépense en capital et la production
agricole ont une relation réciproque et que le secteur agricole est confronté à plusieurs
difficultés qui ne rendent pas visible son impact sur la croissance économique. C’est ainsi qu’il
propose la bonne politique agricole de la part de l’État et l’élaboration du code agricole qui
incite les investisseurs à investir, à mettre les espaces agricoles en valeurs et à réhabiliter les
infrastructures agricoles.

Pour notre part, il ressort de l’équation de la droite estimée que la variable endogène
TXCROISSECO est expliquée à 88,21% ; ce qui veut dire que le modèle est globalement bon,
et les variables LDEMANDE, LINDICPRIX, LINVAGRICOL et LPRODUCT influencent le
TAUX DE CROISSECO positivement, pour dire que quand on les augmente, le taux de
croissance économique augmente et seules LTXINFLAT et LIMPORTATIONS influencent
négativement le taux de croissance économique.

Le modèle de correction d’erreur montre que le coefficient associé à la force de rappel est
négatif (- 0.531152) et significativement différent de zéro au seuil statistique de 5% (son t de
Student est supérieur à 1.96, en valeur absolue). En effet, il existe donc bien un mécanisme à
correction d’erreur : à long terme, les déséquilibres entre la variable taux de croissance et les
variables demande, indice des prix, investissement agricole, taux d’inflation, importations et
production se compensent de sorte que ces séries aient des évolutions similaires.

Le test de JACQUES BERA indique que toutes les variables respectent la normalité des erreurs
de JACQUES BERA à 5% sauf les investissements agricoles et le taux d’inflation qui ne
respectent pas l’hypothèse de normalité des erreurs, car le T statistique de JACQUES BERA
est > 5.99% et leur Pr est < 5% [16].

CONCLUSION

Nous voici au bout de notre travail qui a porté sur les : « Mécanismes économiques de gestion
rationnelle des produits agro-alimentaires pour la croissance économique du Sud-Kivu en
République Démocratique du Congo » de 2007-2014.

Cette recherche a voulu mettre en place les mécanismes économiques de gestion rationnelle des
produits agro-alimentaires pour la croissance économique générale du Sud-Kivu et pour le
relèvement du secteur agricole et la promotion social au Sud-Kivu.

Nous avons recouru aux méthodes et techniques suivantes : la méthode diachronique,


fonctionnelle, juridique, statistique (MCO sous eviews7), la technique documentaire et
94
d’interview.

Nous avons abouti aux résultats selon lesquels :

• Le test de stationnarité de DICKEY Fuller montre que toutes les variables sont
stationnaires, car elles gardent la même tendance au long de la période considérée et
seul LPRODUCT n’est pas stationnaire
• Le test de JOHANSEN montre que les variables LTXCROISSECO, LDEMANDE,
LINDICPRIX, LINVAGRICOL, LTXINFLAT et LIMPORTATIONS sont
cointégrées au seuil de 5%. Les logs du taux de croissance, de la demande, de l’indice
des prix, de l’investissement agricole, du taux d’inflation et les importations suivent des
évolutions parallèles sur la période 2007 et 2014, mais il existe une relation long terme
entre les variables.
• L’équation de la droite estimée montre que la variable endogène TXCROISSECO est
expliquée à 88,21% ce qui veut dire que le modèle est globalement bon, et les variables
LDEMANDE, LINDICPRIX, LINVAGRICOL et LPRODUCT influencent le TAUX
DE CROISSECO positivement, pour dire que quand on les augmente le taux de
croissance économique augmente et seules LTXINFLAT et LIMPORTATIONS
influencent négativement le taux de croissance économique.
• Le modèle de correction d’erreur montre que le coefficient associé à la force de rappel
est négatif (- 0.531152) et significativement différent de zéro au seuil statistique de 5%
(son T de Student est supérieur à 1.96, en valeur absolue). En effet, il existe donc bien
un mécanisme à correction d’erreur : à long terme, les déséquilibres entre la variable
taux de croissance et les variables demande, indice des prix, investissement agricole,
taux d’inflation, importations et production se compensent de sorte que ces séries ont
des évolutions similaires.
• Le test de JACQUES BERA indique que toutes les variables respectent la normalité
des erreurs de Jacques Bera à 5% sauf les investissements agricoles et le taux
d‟inflation qui ne respectent pas hypothèse de normalité des erreurs, car la statistique
JACQUES BERA est >5.99% et leur Pr est <5%.

Au vu de ces résultats nous affirmons que pour espérer à une croissance économique générale
du Sud-Kivu grâce aux produits agro-alimentaires, il faut augmenter la demande en produits
agricoles, l’indice des prix (prix social), les investissements agricoles et la production agricole,
et diminuer le taux d’inflation et les importations.

Nous voyons aussi que l’interventionnisme de l’Etat dans le cadre de la relance économique du
secteur agricole est faible ; ce qui affecte la politique monétaire expliqué par les importations
excessives et les investissements agricoles publics et privés faibles. Ceci étant, nous formulons
les recommandations ci- après :

• A l’Etat Congolais de :
o Subventionner et financer des initiatives agricoles privées, sécuriser les
vendeurs et leurs produits contre les tracasseries militaires et en allégeant les
charges fiscales, lutter contre les marchés noirs (illicites/qui échappent au
contrôle de l’Etat), en garantissant à tous les vendeurs un marché et en
instaurant le protectionnisme (faire en sorte que les étrangers vendent à un prix

95
supérieur à celui des nationaux) ;
o Mettre en place une bonne politique fiscale et monétaire pour la gestion du
secteur agricole et aménager les voies de communication ;
o Hausser la demande par la création d’entreprises et des institutions
philanthropiques pouvant consommer les produits agricoles, et songer à
l’industrialisation du secteur agricole ;
o Mettre en place les mécanismes de réduction du coût de revient « méthode Just
on time » à telle enseigne que les coûts fixes soient couverts par les quantités
énormes vendues et par le niveau du prix de vente ;
o Amener les ménages à comprendre l’importance et diverses utilités des
produits agricoles ;
o Orienter les investissements publics vers le secteur agricole et répartir
équitablement le salaire entre les couches sociales.
o Créer le centre de stockage des produits agricoles pour redistribuer ces derniers
lors de la période culturale ou lorsque le prix sera rentable ;
o Créer une commission qui fixe le prix (cours du marché) des productions
agricoles qu’appliqueront les vendeurs (long du marché) dans la province du
Sud-Kivu.
• Aux vendeurs et consommateurs de :
o Appliquer les stratégies marketing modernes de commercialisation et ne vendre
qu’une quantité susceptible d’être vendue au cours d’un horizon temporel
donné ;
o Créer une association des vendeurs ou le cartel de vente par catégories de
produits pour contrôler le fonctionnement du marché et la fixation du prix de
vente ;
o Instaurer la commission des consommateurs pour la sauvegarde des intérêts des
clients.
• *Création d’une mutuelle des producteurs (la caisse de prévoyance sociale).

Remerciements.

Nos remerciements s’adressent particulièrement aux Professeurs Boniface KANINGINI


MWENYIMALI, Paulin BAPOLISI, Augustin MUTABAZI, à l’Institut CEDIMES, au
Docteur BRUNO HAMAR et à l’assistant MUKAMBA MULUNGULA Alain pour les
encadrements scientifiques dont nous avons bénéficié de leur part, sans oublier nos familles
respectives en général, pour leurs encouragements dans cette lutte qui n’a pas été facile.

REFERENCES

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96
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[18] BARRO R. Economic Growth in a Cross – Section of Countries, Quarterly Journal of
Economics, (1991), pp.407 – 43.

97
ANNEXE

Données récoltées à la Banque Centrale et à l’Inspection Provinciale de l’agriculture pêche et élevage en série
chronologique trimestrielle de 2007 à 2014.
INDIC INVAGRI TXINF TXCROIS
PRODUCT LOG DEMANDE LOG PRIX LOG COL LOG LAT LOG IMPORTATIONS LOG ECO LOG
7543000 6.877544 5013121 6.700108 100.2 2.000868 6,39E+09 9.805486 109 2.037427 563309704 8.750747 3.4 0.531479
6700090 6.826081 5021024 6.700792 100 2 6,545E+09 9.815915 100 2 586121140 8.767987 4 0.602060
7042114 6.847703 5048945 6.703201 98.9 1.995196 6,601E+09 9.819580 78 1.892095 600478645 8.7784976 4.5 0.653213
5658470 6.752699 5402000 6.732555 99.1 1.996074 6,845E+09 9.835403 38 1.579784 651125897 8.8136650 5.2 0.716003
5248976 6.720075 5428764 6.734701 100.3 2.001301 6,914E+09 9.839722 36 1.556303 670002450 8.8260764 5.3 0.724276
5639450 6.751237 5702001 6.756027 100.2 2.000868 7,242E+09 9.859860 32 1.505150 704578001 8.8479291 4.8 0.681241
5945371 6.774179 5942510 6.773967 100.02 2.000087 8,742E+09 9.941617 37 1.568202 731520002 8.8642262 5.5 0.740363
6472439 6.811068 6142311 6.788332 100.06 2.000260 8,891E+09 9.948969 42 1.623249 781532789 8.8929472 5.6 0.748188
6697645 6.825922 6432540 6.808383 100.3 2.001301 8,971E+09 9.952865 25 1.397940 874400000 8.9417102 5.5 0.740363
7044768 6.847867 6842230 6.835198 100.1 2.000434 9E+09 9.954263 20.3 1.307496 870400000 8.939719 5.7 0.755875
7144700 6.853984 6897549 6.838695 100.02 2.000087 9,7E+09 9.986794 18 1.255273 815400000 8.911371 5.8 0.763428
7608525 6.881301 6994579 6.844762 100 2 9,9E+10 10.995637 16 1.204111 937400000 8.971925 6.2 0.792392
10800250 7.033434 7056075 6.848563 96.04 1.982452 1,075E+10 10.031441 13 1.113943 1081125000 9.033876 7.3 0.863322
10822250 7.034318 7000075 6.845103 96.05 1.982497 1,075E+10 10.031409 10 1 1076000000 9.031813 7 0.845098
10810250 7.033836 7110000 6.851870 96.08 1.982633 1,075E+10 10.031473 8 0.903090 630000000 8.799341 6.925 0.840420
10812250 7.033916 7058150 6.848691 96.07 1.982588 1,075E+10 10.031442 9 0.954243 1087500000 9.036429 7.5 0.875061
11320750 7.053875 7439250 6.871529 99.2 1.996512 4,752E+09 9.676872 10 1 1132575000 9.054067 6.9 0.838849
11330750 7.054259 6339250 6.802038 99 1.995635 4,751E+09 9.676776 13 1.113943 1130000000 9.053078 6.7 0.826075
11325000 7.054038 8539500 6.931432 98.2 1.992111 4,752E+09 9.676876 15 1.176091 1122575000 9.050215 6 0.778151
11326500 7.054096 7439000 6.871515 100.4 2.001734 4,753E+09 9.676964 14 1.146128 1145150000 9.058862 8 0.903090

98
11760000 7.070407 7512950 6.875811 100 2 8,503E+09 9.929547 2.5 0.397940 1177000000 9.070776 7.2 0.857332
11780000 7.071145 7412950 6.869991 99 1.995635 8,502E+09 9.929521 3 0.477121 1175000000 9.070038 7 0.845098
11765000 7.070592 7615900 6.881721 103 2.012837 8,502E+09 9.929534 2.8 0.447158 1150000000 9.060698 6.9 0.838849
11775000 7.070961 7510000 6.875640 98 1.991226 8,503E+09 9.929585 3.7 0.568202 1206000000 9.081347 7.7 0.886491
12494000 7.096702 6910000 6.839478 101.97 2.008472 6,453E+09 9.809731 1.7 0.230449 874400000 8.941710 8.5 0.929418
12490000 7.096562 6000800 6.778209 101.52 2.006552 6,452E+09 9.809697 1.7 0.230449 870400000 8.939719 8 0.903090
12485000 7.096389 7822800 6.893362 102 2.0086 6,453E+09 9.809728 1,8 0.255273 815400000 8.911370 7.5 0.875061
12507000 7.097153 6913600 6.839704 102.39 2.010258 6,453E+09 9.809767 2 0.30103 937400000 8.971925 10 1
13049000 7.115577 7778000 6.890868 103.51 2.014982 2,503E+09 9.398411 1.26 0.100371 1304900000 9.115577 9.45 0.975432
13040000 7.115278 6778000 6.831102 103 2.012837 2,502E+09 9.398211 1.16 0.064458 1298500000 9.113442 9 0.954243
12049000 7.080951 8779600 6.943475 103.02 2.012922 2,503E+09 9.398475 1.56 0.193125 1300000000 9.113943 9.1 0.959041
14049000 7.147645 7779600 6.890957 104.51 2.019158 2,503E+09 9.398538 1.06 0.025306 1316200000 9.119321 10.5 1.021189

99
PROBLÉMATIQUE DE L’ENSEIGNEMENT EN LIGNE EN RD
CONGO DANS LE CONTEXTE DU CORONAVIRUS : CAS DE
L’INSTITUT SUPÉRIEUR DES FINANCES ET DE COMMERCE DE
BUKAVU.

NZIBONERA BAYONGWA Désiré,


Professeur associé, Docteur en Développement socioéconomique et Gestion des PME
Directeur Général, Institut Supérieur des Finances et de Commerce, Bagira-BUKAVU
RDC

nzibade2@gmail.com

MITIMA MISUKA Donat


Université́ de Développement Durable en Afrique Centrale, Bukavu, RDC

mitimamisuka@gmail.com

Résumé

Une nouvelle pandémie mondiale dénommée covid-19 frappe l’ensemble de pays du globe. L’une des
mesures est le confinement de presque la moitié de la population de la planète. Cette situation a
complétement dérèglé le fonctionnement des institutions scolaires à tous les niveaux.
Le faible accès aux TIC dans la plupart de nations en développement, a des effets sur les nouveaux modes
d’enseignement qui sont progressivement mis en place partout dans le monde. En République
Démocratique du Congo, suivant le milieu, une nouvelle pédagogie en ligne a été mise en place. Elle
utilise la radio, le téléphone portable et la télévision selon le degré d’accessibilité des apprenants à ces
instruments de communication. Les plus connus de ces types d’enseignement sont la classe télévisée
organisée par la Radio Télévision Nationale du Congo, qui transmet par voie de l’internet des leçons et
de nombreux documents et le programme Okapi enseignement lancé par la radio Okapi d’audience
nationale. De nombreuses autres stations de radio provinciales organisent la radio enseignement
appuyée par l’UNICEF.

Mots clé : enseignement en ligne, coronavirus, TIC, pauvreté

Abstract

A new global pandemic known as covid-19 is hitting all countries around the world. One of the measures
is the containment of almost half of the planet's population. This situation has completely disrupted the
functioning of educational institutions at all levels. Poor access to ICTs in most developing nations is
having an impact on new modes of education that are gradually being introduced all over the world. In
the Democratic Republic of Congo, depending on the environment, a new online pedagogy has been set
up. She uses the radio, cell phone and television according to the learners' degree of accessibility to these
communication tools. The best known of these types of education are the television class organized by
Radio Télévision Nationale du Congo, which transmits lessons and numerous documents via the Internet,
and the Okapi teaching program launched by the Okapi radio for national audiences. . Many other
provincial radio stations organize the educational radio station supported by UNICEF.

100
Key words: e learning, covid-19, ICT, poorly

Classification JEL A 29

INTRODUCTION

Une nouvelle pandémie mondiale dénommée covid-19 dont l’origine et la médication sont
controversées dans le monde scientifique frappe, à des degrés différents mais toujours mortels,
l’ensemble de pays du globe. Depuis le mois de Mars 2020, tous les secteurs des activités
économiques, sociales, politiques et culturels sont en léthargie. L’impact de la maladie est
douloureusement ressenti à cause du lourd bilan de victimes et des rares survivants. Les effets
sur les économies des pays sont aussi importants. C’est ainsi que le taux de chômage a, par
exemple, explosé en Europe et aux États-Unis notamment pour ne citer que cela.

Le système éducatif est également paralysé dans tous les pays suite au train de mesures prises
par les gouvernements pour protéger leurs populations et réduire, avec plus ou moins de succès,
la propagation de cette pandémie mortelle. L’une des mesures est le confinement de presque la
moitié de la population de la planète. Cette situation a complétement dérèglé le fonctionnement
des institutions scolaires à tous les niveaux.

Dès lors, il se pose un grand problème de poursuivre les apprentissages traditionnels au sein des
établissements d’enseignement. Le faible accès aux TIC dans la plupart de nations en
développement, contrairement aux nations développées, a des effets sur les nouveaux modes
d’enseignement qui sont progressivement mis en place partout dans le monde. La panacée
semble être l’enseignement ouvert et à distance ou enseignement en ligne préconisé pour éviter
la discontinuité dans les apprentissages.

En République Démocratique du Congo, suivant le milieu, une nouvelle pédagogie en ligne a


été mise en place. Elle utilise la radio, le téléphone portable et la télévision selon le degré
d’accessibilité des apprenants à ces instruments de communication. Les plus connus de ces types
d’enseignement sont la classe télévisée organisée par la Radio Télévision Nationale du Congo,
la Vodaéduc qui transmet par voie de l’internet des leçons et de nombreux documents et le
programme Okapi enseignement lancé par la radio Okapi d’audience nationale. De nombreuses
autres stations de radio provinciales organisent la radio enseignement appuyée par l’UNICEF.

Le but du présent article est de relever et de décrire les différents éléments de perception des
étudiants dans les institutions d’enseignement supérieur et universitaire en RD Congo,
spécialement à l’institut Supérieur des Finances et de Commerce de Bagira à Bukavu.

Ce dernier est de gestion privée et agréée au fonctionnement par un arrêté du Ministère de


l’enseignement Supérieur et Universitaire de la RD Congo depuis 1991. Il organise deux cycles
d’études qui se clôturent par l’octroi d’un diplôme de Graduat à l’issue de trois années d’études et un
diplôme de Licence deux ans après. Les options suivies actuellement par les étudiants sont le
tronc commun correspondant à la première année de Graduat, la gestion scolaire, les douanes
et accises, la gestion des ressources humaines, les sciences commerciales et administratives, la
gestion de l’environnement, la gestion des programmes de santé publique et la mécatronique.

101
La question de départ pour cette recherche étant : « Quelle est la perception des étudiants de
l’institut Supérieur des Finances et de Commerce de Bagira-Bukavu sur l’enseignement en ligne
dans le contexte du covid-19 ? »

L’Hypothèse a été formulée de la manière suivante : la perception des étudiants de l’ISFC de


Bagira- Bukavu sur l’enseignement en ligne et dans le contexte du coronavirus serait mauvaise à
cause de la pauvreté.

MÉTHODOLOGIE

Trois techniques de récolte des données ont été utilisées. Il s’agit de la technique documentaire
comme l’indique la bibliographie, de la technique du questionnaire et celle de l’échantillonnage.

En plus de la bibliographie de référence, divers symposiums sur l’enseignement ouvert et à


distance avec le personnel scientifique et académique ont été organisés et les rapports de
synthèse ont été consultés pour confectionner cet article.

Un questionnaire composé d’une vingtaine de questions a été distribué à 93 étudiants répartis


dans toutes les promotions et options organisées à l’institut Supérieur des Finances et de
Commerce de Bagira/Bukavu. Il se subdivise en quatre parties : l’identification des étudiants
enquêtés tenant compte des variables telles que la promotion, l’option, l’âge et le sexe ; leurs
attentes par rapport à ce type d’enseignement, les possibilités de l’organiser ou non au sein de
l’institut Supérieur des Finances et de Commerce de Bukavu et les recommandations éventuelles
en vue du démarrage immédiat ou dans le futur de ce nouveau type d’enseignement.

Des tableaux et des graphiques accompagnés des commentaires appropriés synthétisent les
principaux résultats obtenus.

En ce qui concerne la taille de l’échantillonnage, nous avons appliqué la formule de LYNCH.


Elle se présente de la manière suivante :
avec N= population d’étude, p= Prévalence de la situation étudiée dans la population, Z2 est le
coefficient correspondant au degré de fidélité à 95% (une constance équivalente à 1,96), d2
correspond à la marge d’erreur de 5% c’est-à-dire 0,05.

Si p est inconnue, comme c’est le cas dans cette étude, on considère p= 50% soit 0,5% Ainsi,
notre étude portera donc sur 93 étudiants de l’institut Supérieur des Finances et de Commerce de
Bukavu choisis dans toutes les promotions tout genre confondu.

RÉSULTATS ET DISCUSSIONS

1. L’identification des enquêtés

Nous avons utilisé une approche quantitative pour l’analyse des données recueillies auprès d’un
échantillon d’une centaine d’étudiants congolais et rwandais (93) dont le profil se présente de

102
la manière suivante : leur moyenne d’âge est élevée (28 ans) et d’un niveau intellectuel
appréciable car tous ont terminé les humanités secondaires (100%). Une faible proportion
possède le diplôme de Graduat correspondant, dans d’autres pays, au diplôme de Licence, soit
3% d’entre eux. Compte tenu de ce niveau, le degré de compréhension du questionnaire et du
sujet traité est bon et, donc, les données recueillies sont valables.

Sur le plan matrimonial, 93% des étudiants sont célibataires, 5% sont mariés et le reste est
composé de veuves et des divorcés.

En ce qui concerne les promotions et leurs options, nous avons obtenu les résultats suivants
exprimés en pourcentages :

1ers 2èmes Graduat 3èmes Graduat 1ères Licence 2èmes Licence TOTAL
Graduat (toutes (toutes (toutes (toutes
(tronc options) options) options) options)
commun)
63 21 13 1 2 100%

Cette répartition des étudiants respecte la structure d’une pyramide scolaire et/ou pyramidale
privilégiant les promotions de recrutement sauf au niveau de la Licence où les étudiants sont
plus nombreux dans le degré terminal.

En ce qui concerne le genre et la profession, les garçons sont plus nombreux (64,8%) que les
filles. La structure professionnelle des enquêtés est composée par une majorité d’étudiants dont
les parents sont agriculteurs (76,1 %) aux revenus fort modestes. Le reste comprend des parents
et des étudiants qui œuvrent dans la fonction publique (18,3%), le petit commerce (2,9 %) et la
débrouillardise (1%) si pas le chômage avéré (1,7%).

Comme les rémunérations mensuelles des fonctionnaires congolais sont, en moyenne,


inférieures à l’équivalent de 100 dollars américains et en plus de la modestie des revenus
agricoles, il est aisé de comprendre la perception négative que pourraient avoir les étudiants de
l’Institut Supérieur des Finances et de Commerce de Bukavu face à l’enseignement en ligne dans
ce terrible contexte de covid- 19.

2. Les résultats du questionnaire

Les attentes des étudiants en rapport avec l’enseignement en ligne sont quantifiées dans le
tableau qui suit :

103
Tableau 1 : Les attentes des étudiants de l'Institut Supérieur des Finances et de Commerce en
rapport avec l'enseignement en ligne.

N° Variables Oui Fréq. Non Fréq.


En % En %
1. Connaissance des TIC 37 39,7 56 60,3
2. Capacités de manipuler les TIC 16 17,2 77 82,8

3. Favorise un bon développement intellectuel 52 55,9 41 44,1


4. Adaptation au monde moderne 90+3 88 94,6 5 5,4
5. Aide à sauver l’actuelle année académique 92 98,9 1 1,1
interrompue à cause du coronavirus 91+2
6. Permet de manier aisément l’outil informatique 54 58,1 39 41,9
7. Favorise les recherches personnelles 90 90 96,8 3 3,2

Les possibilités d’organiser l’enseignement en ligne à l’ISF/Bukavu

Selon vous est-il possible d’organiser l’EOD au sein de l’ISFC ?


OUI : 31 réponses. NON : 62

Si oui, pourquoi ?

LES RAISONS AVANCEES PAR LES ETUDIANTS FAVORABLES A Nb. Fréq.


CET ENSEIGNEMENT cit. En %
DG souple et instruit dans le business 9 29,0
Pour éviter une année blanche, sinon l’EOD est inutile 38
Mais pas durant cette année académique et pas dans chaque promotion 25 80,6
Pour les étudiants en Maitrise pas les autres 2 6,4
Existence d’une connexion Internet à l’ISFC/Bukavu 16 51,6
Les autorités de l’ISFC maitrisent cette affaire et sont expérimentées 3 9,7

Si non, pourquoi ? 62 NON

REPONSES AVANCEES PAR LES ETUDIANTS QUI ONT REJETTE Nb. Fréq.
CET ENSEIGNEMENT Cit. En %
réservé aux enfants des riches car il est exigeant 8 12,9
enseignement couteux pour l’achat des mégas 13 21,0
pauvreté généralisée dans notre milieu avec des revenus réduits 22 35,5
manque de connexion Internet 9 14,5
incapacité de nombreux étudiants d’utiliser les moteurs de recherche 10 16,1
comme Google
la majorité des étudiants manquent de téléphones Android et d’ordinateurs 13 21,0
pas de connexion Internet dans nos villages 8 12,9
réservé aux pays développés 3 4,8
enseignement compliqué et matière non assimilable car professeur non 2 3,2

104
visible
manque d’outillage d’où risque de conflits entre étudiants nantis et 5 8,1
étudiants pauvres

Les recommandations faites par les étudiants pour un bon démarrage de l’EOD à l’IFC

• Avoir un accès facile des enseignants à la connexion Internet stable et moins coûteuse
• Former beaucoup d’étudiants en matière de l’EOD
• Nous acheter des mégas pour suivre les cours
• Former les Masters et les Assistants pour l’EOD
• Faire un bon suivi de cet enseignement quand il démarrera
• Tenir compte de la situation actuelle du coronavirus pour démarrer l’EOD
• Nous donner une période de préparation avant sa mise en application.
• Préparer cet enseignement dès la 4 e H/FP
• Initier progressivement les étudiants d’année en année en passant du présentiel, au semi-
présentiel et à l’EOD.
• Se renseigner auprès des autres institutions pour connaître ce qu’elles ont réalisé
• Sensibiliser tous les étudiants
• Organiser une formation en Informatique pour les professeurs et les étudiants
• Installer une bonne connexion Internet à l’ISFC
• Disponibiliser une bibliothèque de qualité
• Stabiliser l’énergie électrique
• Démarrer l’année prochaine et bien préparer l’EOD cette année
• Assurer la permanence des enseignants et des étudiants
• Mener des recherches dans les magasins où l’on peut acheter à crédit des ordinateurs à
un prix abordable
• Insérer les frais de l’achat d’un ordinateur dans les frais académiques à cause de la
vulnérabilité économique des étudiants
• Disponibilité des machines

Conclusion bibliographique

• UNESCO (2015) L’enseignement ouvert et à distance dans le monde


• ISFC (2020) Rapport sur les symposiums de l’enseignement en ligne
• ZÉNON M (2017) Conférence sur l’enseignement ouvert et à distance en RD Congo, Salle
Saint LUC de Bukavu

105
QUESTIONNAIRE D’ENQUÊTE SUR LA PROBLÉMATIQUE DE
L’ENSEIGNEMENT EN LIGNE EN RD CONGO DANS LE CONTEXTE DU CORONA
VIRUS : CAS DE L’ISFC/BUKAVU

I. IDENTIFICATION DES ENQUÊTES


• Promotion :
• Option :
• Age :
• Sexe :
• Profession des parents ou de l’étudiant,
• Situation matrimoniale

II. LES ATTENTES EN RAPPORT AVEC L‟ENSEIGNEMENT EN LIGNE


• Connaissez-vous les TIC ?
• Êtes-vous capable de les utiliser ?
• Selon vous, cet enseignement favorise-t –il un bon développement intellectuel et
technologique ?
• Est-il adapté au monde moderne ?
• Il vous aidera à sauver votre année académique actuelle interrompu à cause du
coronavirus
• Cet enseignement vous permettra de manier aisément l’outil informatique ?
• Il vous poussera à faire davantage des recherches personnelles
• Ce type d’enseignement vous permet de gagner du temps

III. POSSIBILITÉS D’ORGANISER L’EOD A L’ISFC DONNEZ VOS RAISONS


Selon vous est-il possible d’organiser l’EOD au sein de l’ISFC ?
• Si oui, pourquoi ?
o DG souple et instruit dans le business
o Pour éviter une année blanche si non, l’EOD est inutile
o Mais pas durant cette année académique et pas dans chaque promotion car
les étudiants n’étaient pas préparés depuis la rentrée
o Pour les étudiants en Maitrise pas les autres Existence d’une connexion
Internet à l’ISFC/Bukavu
o Les autorités de l’ISFC maitrisent cette affaire et sont expérimentées

• Si non, pourquoi ?
o C’est pour les enfants riches car il est exigeant
o C’est un enseignement couteux pour l’achat des mégas
o la pauvreté est généralisée dans notre milieu, les revenus sont réduits
o par manque de connexion Internet
o car de nombreux étudiants sont incapables d’utiliser les moteurs de
recherche comme Google
o car la majorité des étudiants manquent de téléphones Android et
d’ordinateurs
o car pas de connexion Internet dans nos villages
106
o car c’est pour les pays développés
o car c’est un enseignement compliqué, la matière ne sera pas comprise car
nous ne voyons pas le professeur pour lui poser des questions.
o par manque d’outillage d’où risque de conflits entre étudiants outillés et
étudiants non outillés
o car nombreux étudiants sont pris en charge, d’autres sont endettés jusqu’à
la fin de l’année académique
o car l’SFC n’a pas tous les moyens nécessaires pour démarrer ce type
d’enseignement : finances, technologie et personnel académique formé
o car pas de préparation suffisante des autorités et des étudiants et des
enseignants

IV. IV. QUELLES RECOMMANDATIONS FAITES-VOUS POUR UN BON


DÉMARRAGE DE L’EOD A L’ISFC ?
• Avoir un accès facile des enseignants à la connexion Internet stable et moins
coûteuse
• Former beaucoup d’étudiants en matière de l’EOD
• Nous acheter des mégas pour suivre les cours
• Former les Masters et les Assistants pour l’EOD
• Faire un bon suivi de cet enseignement quand il démarrera
• Tenir compte de la situation actuelle du coronavirus pour démarrer l’EOD
• Nous donner une période de préparation avant sa mise en application.
• Préparer cet enseignement dès la 4e H/FP
• Initier progressivement les étudiants d’année en année en passant du présentiel, au
semi- présentiel et à l’EOD.
• Se renseigner auprès des autres institutions pour connaitre ce qu’elles ont réalisé
• Sensibiliser tous les étudiants
• Organiser une formation en Informatique pour les professeurs et les étudiants
• Installer une bonne connexion Internet à l’ISFC
• Disponibiliser une bibliothèque de qualité
• Stabiliser l’énergie électrique
• Démarrer l’année prochaine et bien préparer l’EOD cette année
• Assurer la permanence des enseignants et des étudiants
• Mener des recherches dans les magasins où l’on peut acheter à crédit des
ordinateurs à un prix abordable
• Insérer les frais de l’achat d’un ordinateur dans les frais académiques à cause de la
vulnérabilité économique des étudiants
• Disponibiliser des machines

Prof Donat MITIMA MISUKA

107
ANALYSE DE LA CONCEPTION ET DE L’EXECUTION DU BUDGET DANS
LA CHEFFERIE NTAMBUKA/ PROVINCE DU SUD-KIVU/ RD CONGO
[ANALYSIS OF THE DESIGN AND EXECUTION OF THE BUDGET IN THE
NTAMBUKA CHIEFDOM/SOUTH-KIVU PROVINCE/RD. CONGO]

Lambertine MUHANYA NZIGIRE,


Faculté de Sciences Sociales,
Université de Développement Durable en Afrique Centrale (UDDAC - BUKAVU)
Bukavu, Sud-Kivu, RD Congo

nzilambertine@gmail.com

Richard MUSHAGALUSA CIDANDALI,


Faculté de Sciences Sociales,
Université de Développement Durable en Afrique Centrale (UDDAC - BUKAVU)
Bukavu, Sud-Kivu, RD Congo

chidasmusha@gmail.com

Arnold BISIMWA NGABO


Département des Sciences Commerciales et Administratives,
Institut Supérieur Pédagogique d’Idjwi (ISP – IDJWI), Idjwi, Sud-Kivu, RD Congo

Arnoldbisimwangabofred1@gmail.com

Jacques KAFIRONGO MANENO


Section Agronomie - Générale
Institut Supérieur d’Etudes Agronomiques et Vétérinaires (ISEAV/MUSHWESHWE)
Kabare, Sud-Kivu, RD Congo

jacqueskafirongo@gmail.com

Résumé

Cette recherche qui portait sur « L’analyse de la conception et de l’exécution du budget dans la chefferie
NTABUKA » avait comme objectif d’analyser la conception et l’exécution du budget de la chefferie
Ntambuka de 2012 à 2015.
L’analyse de nos données s’est faite par la méthode statistique grâce au logiciel MSExcel10, modèle
standard de traitement de données quantitatives.
Nos résultats révèlent que durant la période sous étude, le budget de la chefferie NTABUKA a été
déséquilibré. Ce déséquilibre s’observe entre les recettes et les dépenses tant dans les prévisions que dans
les réalisations, et les prévisions ne sont jamais réalisées, d’où l’existence d’une mauvaise conception et
d’une mauvaise exécution des budgets dans la chefferie NTAMBUKA. La chefferie NTAMBUKA devra
éviter toute sous-estimation ou surestimation des dépenses ou des recettes lors de l’élaboration de son
budget pour que son budget soit équilibré. Ceci sera possible par l’identification de toutes ses dépenses
possibles qui lui est autorisée par la loi (en identifiant les besoins réels de la population) et

108
l’identification de toutes les ressources de la chefferie à imposer. La chefferie doit fixer le montant de la
taxe en tenant compte de la capacité contributive de sa population et la situation socioéconomique du
milieu, respecter les procédures d’élaboration des budgets généralement admis pour les entités
territoriales décentralisées, former les taxateurs sur les techniques de mobilisation des recettes et motiver
ces derniers par un salaire adéquat.

Mots clés : Analyse, conception, exécution, budget, chefferie, Ntambuka.

Abstract :

This research which concerned the analysis of the design and the execution of the budget of the Ntambuka
chiefdom of 2015. The analysis of our data was made by the statistical method thanks to the software
MSExcel10, standard model of processing of quantitative data. Our results reveal that during the period
under study, the budget of the Ntambuka chiefdom was unbalanced. This imbalance can be observed
between income and expenditure in the forecasts than in the realizations, and the forecasts are never
realized, hence the existence of poor design and poor execution of dudgets in the Ntambuka chiefdom.
Natmbuka chiefdom sould avoid any underestimation or overestimation of expenditure or revenue when
drawing up its budget so that its budget is balanced. This will be possible by identifying all of its possible
expenses authorized by law (by identifying the real needs of the population) and identifying of all the
resources of the chiefdom to be imposed. The chiefdom must set the amount of the tax taking into account
the contributory capacity of its population and the socioeconomic situation of the area, respect the budget
preparation procedures generally accepted for decentralized territorial entities, train taxers on
mobilization techniques income and motivate them with an adequate salary.

Keywords : Analysis, design, execution, budget, chiefdom, Ntambuka.

Classification JEL H 72

I. INTRODUCTION

Un budget est un état prévisionnel des dépenses et des recettes d’une entreprise, d’un Etat, d’une
collectivité territoriale, d’une institution, d’une association, de tout agent économique ou d’un
particulier. Pour un agent économique, le budget est un document récapitulatif des recettes et
des dépenses personnelles chiffrées pouvant se réaliser au cours de l’année à venir et faisant
objet de la comptabilisation1.

Le budget de l’Etat est l’acte par lequel sont prévues et autorisées les recettes et les dépenses de
l’Etat pour une année civile.

La conception du budget va permettre de prévoir pour l’année à venir, les dépenses et les
recettes d’une personne ou d’un organisme public. Cette prévision est un préalable à toute
possibilité d’autorisation. Le budget constitue également un garde-fou du fait qu’il détermine
les limites à ne pas dépasser dans les dépenses et les minima qu’il faut atteindre dans les recettes.

Dans tous les pays du monde, le budget de l’Etat oriente les actions du gouvernement et donne

1
Jean MAYER, 1969, « Le contrôle de gestion », Paris, 1969

109
une idée sur l’économie et la qualité de gestion du pays. Suite à la conjoncture économique qui
menace presque tous les pays du monde, beaucoup de pays se heurte à des écarts constants entre
les prévisions et les réalisions, et se voient réaliser même les dépenses qui n’étaient pas prévues
en laissant certaines dépenses prévues dans le budget. Pour les pays dont l’économie dépend
des importations, les recettes de l’Etat se trouve beaucoup influencées par la politique
internationale.

En RDC, le budget national connaît un déséquilibre perpétuel qui serait causé soit par la sous-
estimation et la surestimation de certaines rubriques budgétaire lors de la conception et de
l’exécution, soit par des contraintes majeures brusques non contrôlées par l’autorité politique
ou monétaire.

En 2017, la RDC a enregistré un déficit budgétaire de 4 milliards (passage du budget de 8


milliards à 4 milliards), cela serait liée à la perturbation des cours de matières premières d’une
part et d’autre part à l’inefficacité des mesures d’accompagnement de l’exécution budgétaire et
de contre choc (Agence National pour la Promotion de l’industrie, 2017). Mais ça traduit aussi
que l’Etat n’a pas joué convenablement son rôle dans la régulation de l’économie.

Quant au Sud-Kivu particulièrement à la chefferie Ntambuka, il se remarque dans la pratique


que toutes les réglementations ne sont pas tenues en compte lors de la conception et d’exécution
du budget, cela s’observe part les écarts constants entre les prévisions et les réalisations et les
problèmes des désaffectations et de détournement dans l’exécution du budget. Ce dernier
semble alors ne pas servir pour les causes d’intérêt général et la population en reste victime.

L’autorité ayant en charge l’élaboration et l’exécution du budget dans la chefferie Ntambuka ne


cesse de fournir des efforts pour surmonter les multiples problèmes rencontrés lors de son
exécution et revendiquer pour que le gouvernement provincial respecte les textes légaux en
matière de rétrocession, mais cela reste sans trop de succès.

Dans sa recherche sur la problématique de la gestion du budget à l’assemblée provinciale du


Nord- Kivu, Patrick KAMBALE YANGU trouve que toutes les dépenses dans les prévisions
budgétaires étaient supérieures aux dotations réelles, ce qui entraînait un déséquilibre
budgétaire.

Pour TSHIMANGA MWEPU Guillaume, le budget de la province du Sud-Kivu trouve


beaucoup de difficultés, certaines sont liées à une mauvaise planification et à la non maîtrise
des ressources et des dépenses possibles de toute la province, ce qui débouche à la surestimation
ou sous-estimation de certaines rubriques budgétaires.

Eu égard de ce qui précède notre recherche se fonde sur la question suivante : « La chefferie
Ntambuka respecte-t-elle la procédure exigée dans la conception et l’exécution de son
budget ? »

Notre hypothèse est que : La chefferie Ntambuka respecterait la conception et l’exécution de


son budget notamment dans l’application strict des textes légaux en la matière.

L’objectif de ce travail consiste à analyser la conception et l’exécution du budget de la chefferie


Ntambuka de 2012 à 2015.
110
II. MATERIELS ET METHODES

II.1 MATERIELS

Cette étude a été conduite depuis le mois de septembre 2017 jusqu’au mois d’août 2018.

La chefferie NTAMBUKA est située dans le territoire insulaire d’Idjwi, Province du Sud-Kivu
en République Démocratique du Congo. Elle est limitée : Au Nord par la chefferie
NTAMBUKA, à l’Est par la République du Rwanda, Sud par la République du Rwanda, à
l’Ouest par le territoire de KABARE et KALEHE. Entourée par les eaux de lac Kivu, au sud par
la ville de BUKAVU. Elle s’étend sur une superficie de 186 km2 abritant une population de 113
225 âmes, ce qui fait une densité de 608.73 habitants/km2. Cette population vit essentiellement
de l’agriculture, l’élevage, la pèche et du petit commerce. Comme langue parlée, nous citons le
KIHAVU sa langue locale mais aussi le kiswahili et le français (Manuel de rapport annuel de
la chefferie Ntambuka, 2007).

La chefferie NTAMBUKA a été créée les 28/09/1974 et est subdivisée en 3 groupements


(Groupement Mugote, groupement Mpene, groupement Nyakalengwa) et en 50 villages tous
fonctionnant avec le budget de la chefferie.

La chefferie NTAMBUKA est montagneuse et tempérée avec deux saisons à savoir : celle de
pluie qui dure 8 mois et deux semaines et la saison sèche qui dure 3 mois. Nous avons une
saison d’une période de deux semaines qui s’interpose dans la saison de pluie au mois de février.

La chefferie NTAMBUKA est un milieu à vocation agricole. Cette chefferie présente plus de
85% de la population qui pratique l’agriculture. Cela étant 60% des recettes économiques
proviennent de l’agriculture, car c’est avec elle que les parents trouvent les moyens de payer
les frais scolaires et nourrissent leurs enfants, paient les habits et réalisent beaucoup de projets.
C’est l’agriculture qui est laforce principale de toutes les autres activités comme le commerce,
l’élevage, etc.

Les principales cultures :

1. Cultures vivrières.

• Le manioc : plus cultivé et pratiqué à Idjwi, cette culture permettrait aux habitants de
réaliser quelques projets si les innombrables taxes ne pesaient pas beaucoup sur les
agriculteurs. Notons cependant que les maniocs sont parmi les cultures qui appauvrissent
le sol.
• Le haricot : c’est une culture chérie de la population d’Idjwi comme les maniocs. Il est se
produit tant sur le sol sablonneux que sur le sol argileux. Le haricot est mis sur le marché
mais en grande partie se consomme par les familles productrices.
• L’arachide : cette culture n’est pas adaptée partout en chefferie NTAMBUKA elle
particulièrement observée surtout à MPENE et à NYAKALENGWA suite au sol argileux
qui parsème plusieurs endroits de ces coins de la chefferie.

111
• La patate douce : elle est produite surtout sur l’étendue de la chefferie NTAMBUKA car
c’est une culture qui ne choisit pas le sol.
• L’ananas : c’est une culture plus pratique dans la chefferie NTAMBUKA particulièrement
dans le groupement MUGOTE. Idjwi fournit des ananas aux deux villes : Bukavu et Goma
et au Rwanda (Cyangugu, Kibuye).

2. Cultures industrielles.

• Le café : il est cultivé et produit sur tout dans la partie Est de la chefferie (MUGOTE,
NYAKALEGWA) qui a un sol sablonneux où il évolue sans perturbation due aux
conditions climatiques et pédologiques. A l’ouest, il est cultivé à MPENE plus
précisément dans la plantation NYAKALEGWA (BISENGIMANA) mais il ne produit
pas très bien suite aux conditions surtout pédologiques. La vente du café se fait à l’usine
qui est situé à Idjwi sud MUGOTE village hala et au RWANDA.
• Le quinquina : est une culture qui coûte chère et qui peut élever la situation économique
de la chefferie. Mais elle est abandonnée suite à la longueur de temps qu’exige cette
culture pour récolter (5 à 7ans). En effet, 7ans constituent le chômage pour les
agriculteurs de cette dernière alors qu’ils n’ont que l’agriculture comme activité
principale. Quelle que soit sa valeur et pour la raison évoquée, on l’a abandonné
progressivement au profit de la culture du café.
• L’élevage domestique seul est pratiqué dans la chefferie NTAMBUKA, il est constitué
des volailles, des moutons, chèvres, porcs et vaches.

La pêche est aussi une activité génératrice de revenu, elle est pratiquée par les hommes en
grande partie et couvre 6% de la population.

Le commerce à Idjwi consiste à la vente des produits locaux récoltés dans les champs et d’autres
produits importés au Rwanda, à Bukavu et à Goma ; ces produits sont constitués de haricots,
laits, chèvres, oignons, riz, tôles, farine de maïs, arachides, tomates huile végétale, pomme de
terre, les ustensiles, équipements nécessaires à l’agriculture et d’autres objets de ménage
(matelas, couvertures, etc.).

Le transport maritime, moyen d’ouverture de l’île à d’autres milieux environnants, constitue


une activité commerciale dans la chefferie Ntambuka, il s’exerce par des pirogues motorisées
et des grands bateaux effectuant des voyages chaque jour avec comme direction Goma, Bukavu
et Rwanda.

La moto, le vélo et les voitures sont de moyens de circulation au sein de la Chefferie.

II.1.1. GESTION ADMINISTRATIVE DE LA CHEFFERIE NTAMBUKA

La chefferie NTAMBUKA est gérée administrativement par le Bureau de la chefferie


administré par le Chef coutumier Sa Majesté Mwami NTAMBUKA MIHIGO II Roger. Le
fonctionnement de la chefferie se présente comme suit :

- Le chef de la chefferie : Il est le garant de la politique dans son milieu et en même temps,
il représente la coutume dans son entité administrative. En cas d’empêchement, ses fonctions

112
sont assumées par son intérimaire par délégation du pouvoir.
- Le secrétaire administratif : C’est lui le coordinateur de l’administration ; il attend les
ordres de son chef, qu’il exécute comme subalterne et adresse les rapports y relatifs. Il a aussi
des subalternes auxquels il donne des ordres et qui les exécutent sans attendre des injonctions
du chef de la chefferie. Il centralise ainsi toutes les activités administratives et les documents y
afférents, les dresse et les arrange de manière administrative.
- Le dactylographe : Il joue le rôle du secrétaire en dactylographiant les documents qui
lui sont donnés par le secrétaire administratif. Ce dernier les retourne au secrétariat où ils
doivent être revus avant que le chef ne puisse les vérifier et y apposer sa signature.
- Le commis classeur : Il est là pour recevoir les lettres, les classer dans les fardes dont la
farde à lettres reçues et celles expédiées. Il doit savoir le numéro et indice de toute lettre
expédiée et chaque lettre reçue. Normalement, il travaille en communication avec le secrétaire
administratif et le dactylographe.
- Le comptable : Il ne fait que centraliser les recettes de la chefferie c’est-à-dire celles
provenant de différentes taxes. Il les comptabilise et donne rapport au secrétaire administratif
qui doit savoir à quelles dépenses ces recettes seront affectées selon la prévision budgétaire.
C’est avec lui que les comptes sont balancés et il doit participer au vote du budget.
- Le caissier : Il garde la caisse de la chefferie il doit exécuter et engager les dépenses
autorisées par le pouvoir supérieur. Il est toujours au bureau et en communication avec le
comptable.
- Le Tribunal principal (TP) : Le TP fonctionne en collaboration avec le secrétaire
administratif car tout document en provenance du TP doit passer chez le secrétaire administratif
avant de passer à la dactylographie.
- L’Etat Civil : Fonctionne en collaboration avec le secrétaire il délivre les documents
comme : extraits de naissance, de mariage, fiches de recensement, attestation de perte de pièces,
l’Etat civil doit connaître la situation démographique de la chefferie. Les groupements n’ont pas
leur autonomie de gestion par rapport à l’administration de la chefferie. Signalons que les chefs
de groupement ne reçoivent que les ordres du chef de chefferie et non du secrétaire administratif.
- Les chefs de groupement : Ils reçoivent les ordres du chef de chefferie, ils ont une
organisation qui dépend de celle de la chefferie. Ils donnent leurs rapports à la hiérarchie et font
des injonctions aux chefs des villages.
- Les chefs de village (localités) : ce sont eux qui dirigent car ils sont en contact direct
avec la population. Ils récoltent les données et les transmettent aux chefs de groupement qui, à
leur tour, font rapport à la chefferie. C’est avec eux que la population doit travailler dans le
cadre de développement socio-économique.

II.1.2. DE L’ELABORATION DU BUDGET DANS LA CHEFFERIE NTAMBUKA

Chaque année pour la chefferie NTAMBUKA, la chefferie prend un arrête nommant les
membres de commission chargée de la préparation et l’élaboration des prévisions budgétaires
de la chefferie.

Pour l’exercice 2014, elle fut constituée de la manière suivante :


• Président : le chef de la chefferie ou le Roi
• Vice-président : le chef de la chefferie Ad-intérim Coordinateur technique : le
secrétaire de la chefferie
• Secrétaire : le mandataire de la chefferie

113
Membres :
• le chef des groupements
• les chefs des villages
• Secrétaire dactylographe
• Vérificateur au Bureau du receveur
• Quelques agents de l’autorité urbaine pris au choix.

Les chefs de services urbains sont priés de se présenter devant cette commission, sur invitation,
pour défendre les prévisions de leur service.

La commission ainsi instituée centralise les données des recettes et des dépenses à aller défendre
devant la commission provinciale mise sur place par le Gouverneur de province.

Après échanges, le budget est accepté et sanctionné par l’arrêté de l’autorité provinciale ainsi le
budget entre dans la phase d’exécution.

Dans le cas où la commission provinciale juge non recevable le budget de l’entité, il convient
de signaler que celui-ci peut être renvoyé pour aménagement a l’entité Territoriale
Décentralisée pour sa révision ou amendement.

II.1.3. CALENDRIER DES TRAVAUX D’ELABORATION DU PROGET DU BUDGET

De façon schématique, le calendrier du cycle de l’élaboration du budget se présente comme suit :

• Du 02 au 31 mai : Rédaction de la circulaire sur l’élaboration du budget.


• Du 1er au 17 juin : Adoption et signature de la circulaire sur l’élaboration du budget.
• Du 20 au 21 juin : Transmission de la circulaire aux Gestionnaires de crédit.
• Du 22 juin au 07 juillet : Tenue des ateliers de préfiguration du budget.
• Du 10 juillet au 06 août : Préparation des plafonds indicatifs des dépenses,
communication de plafonds, élaboration des portes de dépenses.
• Du 08 au 09 août : Dépôt des prévisions budgétaire au Ministre du Budget (DPSB)
• Du 10 au 25 août : Conférence budgétaire, analyse de défenses des prévisions des recettes
et des dépenses.
• Du 26 au 31 août : Communication des enveloppes aux Gestionnaires de crédits
• Du 1er au 27 septembre : Ventilation ajustée de crédit par les Institution et ministères,
• Finalisation d’examen et adoption du projet du budget par le Gouvernement, impression
des documents budgétaires.
• Le 23 octobre : dépôt officiel du projet budgétaire à l’assemblée nationale et au Sénat.
• Octobre-novembre : examen et adoption du budget.
• Décembre : promulgation de la loi budgétaire par le président de la République. Suivra,
en fin sa publication dans le journal officiel. (Circulaire n° 001/CAB/MIN/BUDGET/06
du 19/06/2006).

D’une manière générale, pour ce qui est de la chefferie NTAMBUKA, les prévisions
Budgétaires sont élaborées par les collectivités (chefferie comme secteur), sont orientées au
chef-lieu de la province où se trouve le Division provinciale de la décentralisation ainsi que le
ministère provincial du Budget qui ont dès leur attribution la charge de collecter toutes ces
114
prévisions et de le consolider avec celle de la province.

Il est à noter que la chefferie NTAMBUKA étant une entité territoriale décentralisée dispose de
son Budget propre, mais l’exécution doit être présenté dans une commission mise en place par
le ministre provincial du Budget, qui apporte sils le font des amendements et présente.

11.1.4. EXECUTION DES PREVISIONS BUDGETAIRES

Conformément à la loi financière n° 83/003 du 23/02/1983, la période de l’exécution du budget


de l’Etat coïncide avec l’année civile et les procédures d’exécution tant en ce qui concerne la
phase administrative que la phase comptable sont définies par le règlement général sur la
comptabilité publique (R.G.C.P.). Ce règlement général fixe l’exécution du budget de l’Etat en
quatre phases à savoir : l’engagement, la liquidation, l’ordonnancement et le paiement
(BAGALWA BISIMWA, 1991).

L’engagement : Elle est la conséquence d’une décision prise par une autorité administrative de
faire une opération qui comporte une dépense pour l’Etat. L’engagement consiste à décider de
chaque dépense

L’engagement par définition est un processus par lequel le gestionnaire ou sous-gestionnaire


(Entité Territoriale Décentralisée) rend débiteur d’une dépense ou créance.

La liquidation : consiste à déterminer le montant de la dépense déjà engagée. Il s’agit de


constater la dette de l’Etat et de fixer les montants exacts en argent.

C’est l’opération qui a pour objet de régler le compte financier. Elle est effectuée au niveau de
la chefferie pour contrôle des dépenses engagées, dont les attributions primordiales sont les
suivantes :

• La vérification porte sur la disponibilité des crédits, la légalité ou la régularité et


l’opportunité de la dépense.
• Le contrat et la réception des fournitures, des travaux ou des services.
• La tenue des archives des pièces comptables visées.
• L’établissement des relevées et statistique mensuelles des dépenses engagées.
• La coordination de la commission des prévisions budgétaires.

Le bureau de liquidation doit se montrer très attentif lors de la vérification portant sur la légalité
et l’exactitude du montant de la dépense. Il doit se rassurer si la dépense n’est pas éteinte en
partie ou en totalité par les paiements antérieurs. Il lui revient de veiller sur l’exactitude de la
codification d’imputations par article et littéral et sur les opérations mathématiques portées en
déduction sur la fiche intercalaire qu’il doit généralement paragraphe.

L’ordonnancement : c’est l’ordre de payer donné par une autorité administrative appelée
« l’ordonnateur ».

C’est donc une phase qui ordonne l’exécution du montant. Cet ordre est adressé au comptable
payeur.

115
Toute dépense régulièrement engagée et liquidée fera objet d’un ordonnancement.
L’ordonnancement est la procédure donnant l’ordre de payer une dépense. Cet ordre est donné
par l’ordonnateur délégué urbain après vérification si d’éventuelles erreurs ne seraient passées
inaperçu au niveau de l’engagement et du visa de la liquidation. L’ordre de paiement se fait de
différentes sortes à savoir :

• Ordonnancement de paiement ou ordre de paiement si la dépense doit être payée par la


banque.
• Le mandat de paiement si le payement s’effectue au près d’un comptable.
• Ordonnance transférée au cas où le bénéficiaire est titulaire d’un compte dans une banque.
• Pour jouer harmonieusement son rôle, l’ordonnateur délégué urbain doit assumer les
attributions ci- après :
o La relation avec le banquier de l’entité territoriale décentralisée.
o Gestion des comptes de l’entité.
o Élaboration de la situation financière journalière.
o Établissement des titres de paiement.
o La tenue du livre de transfert et puis la tenue et l’établissement de registre des
dépenses ordonnancées.

En plus de l’engagement, de la liquidation, de l’ordonnancement, il faut ajouter le paiement.

Le paiement : c’est le versement de l’argent entre la main du créancier de l’Etat. Ce paiement


est fait par le receveur- comptable qui s’occupe de :
• La tenue du livre de caisse.
• Le retrait des quittances.
• L’affectation des quittances et la tenue du répertoire.
• Le suivi du mouvement de la perception des recettes.
• L’établissent de statistique mensuelle des recettes et des dépenses.
• Le respect strict de la nomenclature des taxes contenues dans les prévisions budgétaires.

Comme nous pouvons le constater, l’exécution du budget se fait d’après la chaine des dépenses
constituées des membres du comité de gestion pour accomplir les quatre phases de la dépense
publique ci-haut dégagées.

II.1.5. ADAPTATION DE LA LOI FINANCIERE A LA POLITIQUE DE DECENTRALISATION.

La loi financière n° 83/009/ du 23 février 1983, telle que modifiée et complétée par
l’ordonnance loi n° 87/004 du 10 janvier 1987, consacre l’autorité financière des entités
décentralisées, conformément àl’esprit de l’ordonnance-loi n°82/006 du 25février 1982 portant
organisation territoriale, politique etadministrative de la République du zaïre.

En effet, la nouvelle loi apporte les modifications suivantes :

• La séparation nette entre finances de l’Etat et celles de l’entité décentralisée ;


• La création d’un fonds de péréquation destiné a corrigé les déséquilibres de
développement entre les entités et à matérialiser ainsi la nécessaire solidarité ;
116
• La soumission des organes des entités administratives décentralisées au contrôle des
organes centraux de l’Etat, qui reste le garant de l’unité nationale et l’intérêt général.

Selon l’article 16 de la loi financière, les ressources des entités décentralisées proviennent
notamment :

• Des taxes sur les matières locales non imposées par l’Etat ;
• Des recettes administratives rattachées aux actes générateurs dont la décision relève de leur
compétence ;
• Des produits de contributions réelles sur les véhicules et la contribution foncière tant des
personnes physiques que morales ;
• De la contribution personnelle minimum.

Il y a lieu de noter que les mécanismes de rétrocession des recettes recouvrées par le trésor pour
le compte des entités décentralisées ont déjà été mis au point.

Face à la prolifération des taxes parafiscales qui frappent des assiettes très éparpillées, et en vue
d’assurer le meilleur rendement de recettes des entités décentralisées de manière à leur
permettre de ses procurer les ressources nécessaires pour leur développement, le conseil
Exécutif a fait mener une étude sur les finances publiques régionales et locales.

Cette étude a abouti à la mise en œuvre d’une réforme fiscale et parafiscale rendue nécessaire
pour mettre fin à la prolifération des taxes fiscales et parafiscales au niveau local, tout en assurant
aux entités décentralisées les ressources requises pour leur développement.

II.1.6. LA GESTION DU BUDGET DANS LA CHEFFERIE NTAMBUKA

La gestion du budget, tant en dépenses qu’en recettes, comprend un cycle continu d’activités,
allant depuis sa préparation, son exécution et son contrôle, jusqu’à la rédaction finale des
comptes.

Dans la réalité, les divers éléments du cycle sont concomitants ; pendant que le budget est
préparé, les dépenses sont contrôlées. Le cycle total est défis, morcelé et compliqué. La
procédure budgétaire obéit à des règles juridiques et techniques qui affectant chacune des phases
du cycle ; elle recourt, d’autre part à des modes de classification qui conditionnent son
élaboration et son analyse et qui confèrent sa forme au budget. L’ensemble du processus s’appuie
sur des organes dont les attributions et l’agencement mutuel constituent la structure politico-
administrative du budget.

Enfin, la gestion du budget est étroitement liée, sur le plan financier, à la gestion du trésor, dont
le rôle est précisément de rendre son exécution possible. L’élaboration du budget de l’Etat est le
processus politico-administratif de la détermination des dépenses et des recettes publiques.

Sur le plan administratif, le budget constitue un état de prévision détaillé de toutes les dépenses
autorisées et de toutes les recettes attendues au cours d’une période fixée, généralement une
année.

117
Au point de vue financier, il est un moyen d’assurer une relation entre les dépenses et les recettes
publiques, laissant un surplus ou une définition éventuelle.

Reflétant le rôle économique de l’Etat, le budget doit tendre à coordonner les actions à court et
à long terme de stabilisation et de croissance.

C’est-à-dire que les recettes perçues du budget doivent permettre à la réalisation de certaines
actions d’intérêt communautaire, spécialement dans un pays en voie de développement où les
besoins de l’administration et de l’infrastructure sont élevés, le budget occupe une place
primordiale et ne peut rester neutre. C’est à travers lui en effet, que les pouvoir publics pourront
le mieux atteindre leurs objectifs économiques et sociaux, mobiliser les ressources, orienter les
activités, pallier les fluctuations de la conjoncture interne et externe, bref, agir sur l’économie
par le biais des finances publiques.

Ces fonctions multiples du budget impliquent la nécessité d’une planification des dépenses sur
plusieurs années, de façon à consacrer les ressources de l’Etat aux objectifs prioritaires et à
ajuster les dépenses aux possibilités et aux besoins du pays. Elles impliquent également un
contrôle des dépenses, tant pour garantir leur cohérence que pour maintenir leur volume dans
les limites comptables avec les moyens de financement. Elles requièrent enfin une organisation
capable, grâce à des méthodes d’information et décision appropriées, de coordonner les divers
aspects de l’action budgétaire gouvernementale et de les harmoniser avec les politiques
économiques, commerciales, monétaires et de change.

II.1.7. PRINCIPE D’ELABORATION DU BUDGET DE LA CHEFFERIE NTAMBUKA

Le travail d’élaboration du budget incombe au gouvernement et plus spécialement au Ministre


ayant les finances dans ses attributions qui en a l’initiative et la responsabilité au sein du
gouvernement. Le rôle prépondérant du Ministre des finances dans l’élaboration du budget
s’affirme également au stade de son exécution et souligne sa nécessaire autorité en matière
financière (DUVERGER M., 1968).

Il convient de souligner qu’avec la décentralisation, le processus d’élaboration du budget des


entités décentralisées est laissé aux entités elles-mêmes, leur budget est ensuite approuvé par le
gouverneur de région.

En ce qui concerne la chefferie NTAMBUKA en matière d’élaboration du budget, ce dernier


est traité par différents centres des décisions c’est-à-dire que chaque service élabore son projet
de budget, ce dernier sera approuvé par le mandataire du budget de cette entité.

Apres approbation des budgets des différents services, le mandataire du budget en fait un budget
unique pour toute la chefferie.

En effet, sa préparation est souvent faite par des personnes ne possédant pas des notions précises
en matière d’élaboration d’un budget. D’où l’on rencontre toujours un budget sous-estimé, soit on
ne parvient pas à attendre les prévisions budgétaires de l’année réelle.

Pour pallier à cet état de chose, il convient de mettre des hommes compétents dans la préparation
de ce budget. Car, dit-on l’homme qu’il faut à la place qu’il faut.
118
II.2. METHODES.

Le support pour tout travail scientifique est avant tout les livres, les articles publiés, les revues
scientifiques, etc. De nos jours avec l’évolution technologique les medias, l’internet, les réseaux
sociaux, les différentes publications sont venues appuyer les travaux de cherche et aider le
chercheur à approfondir ses recherches. L’outil informatique qu’est l’ordinateur est devenu un
matériel important dans l’élaboration des travaux de mémoire.

Nous nous sommes servi des stylos, papiers et la latte pour cueillir nos données.

Il sied de signaler que cette étude n’a pas fait l’objet d’un questionnaire d’enquête auprès de la
population ni de l’administration ; c’est ainsi que nous avons consulté les prévisions budgétaires
et les rapports annuels de l’exécution budgétaire de la chefferie Ntambuka qui étaient
disponibles dans les bureaux de la chefferie et on a fait des interviews libres pour avoir des
explications supplémentaires sur la réalité des budgets de la chefferie.

Les personnes interviewées étaient constituées des agents de la chefferie Ntambuka, de


l’ordonnateur du budget, du gestionnaire, du mandataire du budget, du Receveur-comptable et
quelques fonctionnaires œuvrant à la chefferie Ntambuka afin de saisir la réalité de la gestion
budgétaire au sein de cette organisation. Nous avons également interviewer certains taxateurs,
cultivateurs et commerçants pour mieux comprendre le montant de chaque rubrique budgétaire.

Nous avons observé les données sur les budgets de la chefferie Ntambuka couvrant la période
de 5 ans soit de 2012 à 2016 dans le seul but d’analyser la conception et l’exécution des budgets
dans cette entité.

Après avoir récolté ces données, nous les avons saisies sous EXCEL pour nous permettre d’y
faire les interprétations du budget de la chefferie Ntambuka.

Nous avons aussi recouru au logiciel standard de traitement des données quantitatives
MSExcel10.

Ce logiciel nous a permis de présenter nos données sous la forme statistique pour faire nos
analyses et de produire des graphiques décrivant l’évolution du budget de la chefferie Ntambuka
dans la période sous étude.

Dans le cadre de ce travail, nous avons fait recours à la méthode statistique qui nous a permis
de traiter les données quantitatives récoltées sous formes des tableaux et des graphiques afin de
faire de bonnes analyses économiques et statistiques.

II.2.1. PRÉSENTATION ET TRAITEMENT DES VARIABLES.

Les tests statistiques permettent aussi d’évaluer la fiabilité d’un instrument de mesure selon ses
différentes caractéristiques.

Cependant toutes ces statistiques reposent sur une théorie dite classique de la mesure, selon
laquelle toute observation x est composée d’un résultat et d’une composante des données
119
aléatoires telles que : X1= s1+ei (André Pierre CONTANDRIOPOULOS, 1990).

Pour nos données, nous voulons établir le rapport entre la conception des budgets représentée
par les prévisions des budgets et l’exécution des budgets représentée par les réalisations pour
dégager les écarts et leur donner des significations économiques afin de proposer des stratégies
pour contourner les erreurs identifiées dans les budgets et qui entrave le bon fonctionnement de
la chefferie Ntambuka.

III. PRESENTATION ET DISCUSSION DES RESULTATS

III.1. PRESENTATION DES RESULTATS

III.1.1 TABLEAU SYNTHÉTIQUE DES BUDGETS DE LA CHEFFERIE NTAMBUKA DE


2012 à 2016 (en CDF

Année Prévision des Prévision des Réalisation des Réalisation


dépenses recettes dépenses des recettes
2012 81 367 800 189 854970 47 925 000 141 929 050
2013 80 578 500 90 944 340 61 985 870 45 669 720
2014 129 858 000 62 104 740 91 094 500 35 160 230
2015 65 514 000 87 791 310 37 905 100 60 839 680
2016 49 891 500 79 905 960 38 766 030 49 443 680
Total 407 209 800 510 601 320 277 676 500 333 042 360
Moyenne 81 441 960 102 120 264 55 535 300 66 608 472
Source : nos compilations sous EXCEL10 sur base des budgets de la Chefferie NTABUKA.

De l’analyse du tableau ci-dessus, il ressort ce qui suit :

- Prévisions des dépenses :

De 2012 à 2013 les prévisions des dépenses ont évoluées à la baisse, passant de 81 367 800 à
80 578 500 soit un écart négatif de 789 300. Et on trouve qu’en 2014 il y a eu augmentation
importante de 49 279 500 CDF par rapport à l’année 2013.

À partir du budget détaillé, nous voyons que la prime des fonctions spéciales a été revue à la
baisse passant de 1 872 800 à 200 000, cela veut dire que la situation socio-économique des
travailleurs n’a pas été valorisée et cela aurait des retombées sur les recettes à percevoir. Le
montant destiné aux efforts spéciaux de l’encaissement des recettes et engagement des dépenses,
les indemnités kilométriques, des rencontres locales, des honoraires et cachets, de fonds secret
de recherche, les indemnités des réparations et beaucoup d’autres rubriques ont été revue à la
baisse. Cette baisse des dépenses est due soit à la surestimation des dépenses en 2012 ou à des
incertitudes liées à la mobilisation des recettes à cause de la conjoncture économique qui se
prévaut partout au pays et/ou que l’autorité locale n’a pas tenu compte de tous les besoins de
120
son entité, cela aussi prouve que les autorités locales de base (Chef de villages, de quartiers,...)
ne sont pas consultées lors de l’élaboration du budget pour exprimer les besoins réels de leurs
entités, aussi le manque de suivi de l’autorité provincial ayant en charge le budget.

De 2014 à 2016, les prévisions de dépenses ont évolué à la baisse sensible passant de
129 858 000 à 49 891 500 en 2016 soit un écart global de 79 966 500 CDF. Cela montre qu’il
y a une grande volatilité des montants dans les budgets qui laisserait croire que l’autorité locale
ne maîtrise pas la catégorie des dépenses qu’elle doit prendre en charge, soit qu’elle abandonne
certaines de ses dépenses à engager, et quand les dépenses ne sont pas engagées, on ne s’attend
pas au développement de l’entité décentralisée moins encore à la bonne qualité et quantité des
infrastructures publiques locales.

- Prévisions des recettes :

L’année 2012 est l’année où le montant des prévisions des recettes a été énorme parce que la
province du Sud-Kivu a donné autorisation à la chefferie NTABUKA de percevoir certaines
taxes qui étaient jadis perçues en province c’est le cas des taxes sur accostage et décollage
des boats et bateaux, des taxes sur le sable, … le système des rétrocessions a été rendu effectif
et régulier et suite aux élections de 2011, il a eu une stabilité économique et les transactions au
niveau des ménages des producteurs et des entreprises commerciales locales ont été intenses,
cela peut s’observer dans le tableau des écarts des fortes augmentations des rubriques comme :
l’urbanisme, agriculture et élevage, culture et arts, des rétrocession (avec un écart positif de
33 527 140), de liberté et dons et beaucoup d’autres recettes accessoires se sont créées. On ne
peut pas manquer de dire aussi que la population a été victime en ces temps-là de surtaxation,
voyant même le total des recettes à percevoir croître par rapport à la capacité contributive des
paysans d’Idjwi.

La dernière observation est que lors de l’élaboration du budget il y a eu surestimation dans la


prévision des recettes, s’en étant rendu compte trop tard, sur la base des recettes mobilisées, la
chefferie NTAMBU a dû réduire automatiquement ses prévisions des recettes pour saisir la
réalité locale ; c’est ainsi que de 2013 à 2016 il ne cesse d’y avoir une baisse, cela étant dû aussi
à la dégradation de certaines ressources de base ciblées comme matière imposable suite à la
mosaïque qui a envahi toutes les variétés des plantes sans oublier les bananiers, le café et le
manioc et à la conjoncture économique liée à la politique monétaire qui a rendu très fluctuant
le taux de change. De 2012 à 2016 le montant des prévisions des recettes a connu une baisse de
109 949 010 suite à la baisse du montant de beaucoup de rubriques comme : agriculture et
élevage, tourisme et hôtellerie, administration de la chefferie, tribunal coutumier suite à
l’instauration du tribunal de paix à Idjwi et à l’évolution de la notion du droit et dela justice
sociale, les libéralités et dons.

- Réalisation des dépenses :

De 2012 à 2013, il y a eu une augmentation des dépenses de 14 060 870 pourtant les prévisions
des dépenses ont évoluées à la baisse et les recettes même. L’augmentation des dépenses se
justifie une des réserves réalisées en 2012.

En 2014 il y a une augmentation des dépenses réalisées de 29 108 630 bien que les recettes aient
été faibles, le surplus des dépenses a été couvert par des réserves qui été réalisées en 2012.
121
De 2014, s’est ensuit une baisse en dépense jusqu’en 2016, l’écart négatif global est de
52 328 470, toutes les prévisions en dépenses ont évolué à la baisse sans qu’il n’y ait jamais
équilibre entre prévisions et réalisations.

- Réalisation des recettes :

De 2012 à 2014, les recettes ont évolué à la baisse sensible avec un écart négatif global de
106 768 880 et en 2015 une hausse de 25 679 450 par rapport à 2014 où on a encaissé seulement
35 160 230, et en 2016 une baisse de 11 396 000. Cette fluctuation est causée par la non maîtrise
exacte de sources de recettes et par le fait qu’on a consacré moins d’effort à la mobilisation des
recettes. Cela s’observe par la proportion faible des dépenses liées à la mobilisation des fonds
et à la rémunération des agents de l’administration pour un suivi efficace. La conjoncture
économique et la mosaïque et le huile bactériens sont aussi à la base de cette fluctuation.

En moyenne au cours de 6 ans il y a eu écart entre les prévisions (dépenses et recettes) ce qui
traduit une mauvaise conception des budgets dans la chefferie NTAMBUKA et un écart entre
les réalisations, ce qui traduit une mauvaise exécution des budgets et la non implication du
gouvernement provincial dans le suivi lors de la conception et exécution des budgets et un
manque de connaissances des procédures d’élaboration des budgets et on dirait une mauvaise
fois de la part des autorités locales.

III.1.2. ANALYSE DE LA CONCEPTION DU BUDGET DANS LA CHEFFERIE NTAMBUKA


DE 2012 A 2016.

300
Millions

250
200
150 Prévision des
recettes
100 Prévision des
50 dépenses

0
1 2 3 4 5

Source : Nos compilations sous Excel10 – en abscisse, année 1 = 2012.

Ce graphique nous montre que de 2012 à 2013, les prévisions des dépenses ont gardé une même
tendance et que, après, ça a augmenté jusqu’en 2013 pour suivre ensuite une pente décroissante
jusqu’en 2015. On constate en suite que, bien que les prévisions des dépenses aient étés très
grandes que celles des recettes, de 2013 à 2014, le montant des prévisions des recettes a été
décroissant et de 2013 à 2016 les dépenses ont gardé la même tendance que les recettes, mais
ce qui intéresse ici c’est le déséquilibre entre les prévisions des recettes et des dépenses et on
s’interroge sur les causes et l’intention pourtant au départ toutes les réalités possibles sont
appréhendables.

122
III.1.3. ANALYSE DE L’EXÉCUTION DU BUDGET DANS LA CHEFFERIE NTAMBUKA DE
2012-2016

Millions 200

150
Réalisation des
100 recettes

50 Réalisation des
dépenses
0
1 2 3 4 5
Source : Nos compilations sous Excel10 - en abscisse, année 1 = 2012.

En 2012 les recettes réalisées ont été abondantes et la courbe devient décroissante jusqu’en
2013, et dès lors, quand les recettes ont commencé à augmenter, les dépenses ont suivi le même
mouvement, mais avec une croissance un peu plus rapide que les recettes jusqu’en 2014. De
2014 à 2015, les dépenses ont été plus décroissantes que les recettes, mais avec des évolutions
similaires, et de 2015 à 2016, les recettes ont continué à baisser tandis que la courbe des
dépenses est devenue aplatie. Le déséquilibre des deux courbes frappe encore notre attention, il
y a dispersion entre les recettes et les dépenses, on ne sait pas affirmer l’affectation de cet écart,
les premières impressions renvoient au détournement.

III.1.4. ANALYSE DES PRÉVISIONS ET DES RÉALISATIONS DU BUDGET DANS LA


CHEFFERIE NTAMBUKA

a) Dépenses

800
Millions

600
Réalisation des
400 dépenses

200 Prévision des


dépenses
0
1 2 3 4 5 6 7
Source : Nos compilations sous Excel10 - en abscisse, année 1 = 2010

Bien que les dépenses prévues aient été inférieures aux dépenses réalisées, on apprécie les
évolutions similaires qui caractérisent ces courbes et on voit un intérêt des autorités locales dans
le bien-être socio-économique de sa population, bien que les traces palpables ne soient pas
perceptibles dans l’entité et les infrastructures publiques locales sont en état de délabrement. Le
travail à faire est encore énorme, que ça soit dans la mobilisation des recettes que dans la
réalisation des dépenses, avec une affectation saine et épargnant des détournements comme s’en
est l’impression.

123
b) Recettes

Millions 1000
800
Réalisation des
600
recettes
400
Prévision des
200 recettes
0
1 2 3 4 5 6 7
Source : Nos compilations sous Excel10 - en abscisse, année 1 = 2010

Ce graphique nous montre que les réalisations des recettes ont été plus grandes que les
prévisions de ces dernières, mais la courbe des prévisions et celle des réalisations suivent la
même tendance. De 2012 à 2014, bien que les recettes prévues soient plus réduites que les
réalisations, les budgets ont suivi un mouvement de décroissance avec beaucoup de fluctuations.
De 2014 à 2015, on voit augmenter les prévisions des recettes et les réalisations des recettes
plus que proportionnelle.

De 2015 à 2016, on observe une pente négative qui signifie que les recettes ont sensiblement
baissées en prévision qu’en réalisation. Notre attention se focalise sur l’écart entre les prévisions
et les réalisations, ce qui montre qu’il y a eu une sous-estimation du montant des recettes lors
des prévisions.

III.2. DISCUSSION DES RESULTATS

La recherche menée par Patrick KAMBALE YANGU portait sur la problématique de la gestion
du budget à l’assemblée provinciale du Nord-Kivu, la quelle recherche nous a fortement inspirés
et qui a abouti aux résultats selon lequel les dépenses prévues dans le budget s’élevaient
supérieures aux dotations réelles, ce qui entraînait un déséquilibre budgétaire.

Ses résultats ne sont pas loin des nôtres qui viennent confirmer que durant la période sous étude,
le budget de la chefferie NTABUKA a été déséquilibré, contrairement au principe d’équilibre
du budget soutenu par les classiques pour qui le budget doit toujours être équilibré sans moins
perçu ni trop perçu, car les dépenses de l’Etat doivent être égales à ses recettes. Ce déséquilibre
s’observe entre les recettes et les dépenses autant dans les prévisions que dans les réalisations, et
les prévisions ne sont jamais réalisées, d’où l’existence d’une mauvaise conception et exécution
des budgets dans la chefferie NTAMBUKA.

La recherche menée par TSHIMANGA MWEPU Guillaume, qui portait sur la gestion du
budget dans la province du SUD-KIVU, a confirmé que le budget de la province du Sud-Kivu
rencontre beaucoup de difficultés, dont certaines sont liées à une mauvaise planification et à la
non maîtrise des ressources et des dépenses possibles de toute la province, ce qui débouche à la
surestimation ou la sous- estimation de certaines rubriques budgétaires.

124
IV. RECOMMANDATIONS ET SUGGESTIONS

Pour qu’il y est bonne conception et exécution des budgets dans la chefferie NTAMBUKA nous
suggérons ce qui suit :

1) Au plan national de :

• Mettre à jour la nomenclature des taxes autorisées avant le vote du budget en session
d’octobre de chaque année ;
• Adapter cette nomenclature aux besoins (problèmes) et réalités de la population ou de
l’entité concernée. Cette adaptation doit être précédée d’une étude minutieuse des
ressources disponibles et des besoins réels ;
• Assurer un contrôle du budget et réprimander toutes les défaillances qui en découlent mais
aussi encourager les meilleurs résultats ;
• Prendre des mesures nécessaires pour lutter contre l’inflation et stabiliser le taux de change
sur le marché des biens et services ;
• Assurer une rétrocession permanente et allouer des fonds de péréquation aux entités
administratives décentralisées ;

2) Au plan local de :

• Procéder au recensement de tous les opérateurs économiques concernés par le budget avant
la conception du budget de l’exercice suivant ;
• Présenter un budget réel et réalisable dans lequel tout le monde tire son profit (opérateurs
économiques, fonctionnaires et toute la population en général) ;
• Recycler les intervenants dans le budget pour permettre une action efficace ;
• Assurer un suivi et un contrôle quotidien pour permettre la réalisation satisfaisante du
budget.
• Présenter au début de chaque année un plan d’actions et de gestion ;
• Mener une analyse rétrospective des budgets antérieurs et tirer les conséquences des écarts
en y apportant des remèdes ;
• La rétrocession devra être versée régulièrement à cette entité par le trésor public afin de
permettre à celle-ci de normaliser son programme d’actions.

Nous ne prétendons pas avoir détaillé tous les problèmes de gestion de cette entité et nous ne
prétendons pas nos plus avoir abordé tous les éléments de solutions à ces problèmes. Nous
demandons donc aux futurs chercheurs d’aborder et d’approfondir un aspect qui n’a pu être
soulevé.

CONCLUSION

Nous voici au bout nos recherches qui ont porté sur une « analyse de la conception et de
l’exécution du budget dans la chefferie NTAMBUKA 2012-2016 » et dont l’objectif global était
d’analyser la conception et l’exécution du budget de la chefferie Ntambuka de 2012 à 2016.

125
La question de recherche posée a été la suivante : La chefferie Ntambuka respecte-t-elle la
procédure exigée dans la conception et l’exécution de son budget ?

Nos hypothèses formulées étaient que la chefferie Ntambuka respectait la conception et


l’exécution de son budget notamment dans l’application stricte des textes légaux en la matière.
Cela lui permettrait d’exécuter efficacement son budget et alors atteindre ses objectifs assignés.

Nous avons recouru à la méthode et techniques suivantes : la méthode statistique, la technique


d’observation, la technique documentaire et la technique d’interview libre. Nous avons traité
nos données à partir de MSEXCEL2010, pour essayer de faire des analyses et produire des
graphiques pour mettre au clair la réalité des budgets dans notre milieu d’étude.

Après analyse et traitement des données nous avons abouti aux résultats suivants :

De 2012 à 2013 les prévisions des dépenses ont évoluées à la baisse, passant de 81 367 800
à80 578 500 soit un écart négatif de 789 300. Et on trouve qu’en 2014 il y eu augmentation
importante de 49 279 500 CDF par rapport à l’année 2013.

À partir du budget détaillé, nous voyons que la prime des fonctions spéciales a été revue à la
baisse passant de 1 872 800 à 200 000, cela veut dire que la situation socio-économique des
travailleurs n’a pas été valorisée et cela aurait des retombées sur les recettes à percevoir. Le
montant destiné aux efforts spéciaux de l’encaissement des recettes et engagement des dépenses,
les indemnités kilométriques, des rencontres locales, des honoraires et cachets, de fonds secret
de recherche, les indemnités des réparations et beaucoup d’autres rubriques ont été revue à la
baisse. Cette baisse des dépenses est due soit à la surestimation des dépenses en 2012 ou à des
incertitudes liées à la mobilisation des recettes à cause de la conjoncture économique qui
prévaut partout dans le pays et/ou que l’autorité locale n’a pas tenu compte de tous les besoins
de son entité, cela aussi prouve que les autorités locales de base (Chef de villages, Quartiers,...)
ne sont pas consultées lors de l’élaboration du budget pour exprimer les besoins réels de leurs
entités, aussi le manque de suivi de l’autorité provinciale ayant en charge le budget.

De 2014 à 2016, les prévisions de dépenses ont évolué à la baisse sensible quittant de
129 858 000 à 49 891 500 en 2016 soit un écart global de 79 966 500 CDF. Cela montre qu’il
y a une grande volatilité des montants dans les budgets qui laisserait croire que l’autorité locale
ne maîtrise pas la catégorie des dépenses qu’elle doit prendre en charge ou qu’elle abandonne
certaines de ses dépenses à engager, et, quand les dépenses ne sont pas engagées, on ne s’attend
pas au développement de l’entité décentralisée, moins encore à la bonne qualité et quantité des
infrastructures publiques locales.

- Prévisions des recettes :

L’année 2012 est l’année où le montant des prévisions des recettes a été énorme parce que la
province du Sud-Kivu a donné autorisation à la chefferie NTAMBUKA de percevoir certaines
taxes qui étaient jadis perçues en province c’est le cas des taxes sur accostage et décollage
des boats et bateaux, des taxes sur le sable, … le système des rétrocessions a été rendu effectif
et régulier et suite aux élections de 2011, il a eu une stabilité économique et les transactions au
niveau des ménages des producteurs et des entreprises commerciales locales ont été intenses,
cela peut s’observer dans le tableau des écarts des fortes augmentations des rubriques comme :
126
l’urbanisme, l’agriculture et l’élevage, la culture et les arts, des rétrocession (avec un écart positif
de 33 527 140 ), de liberté et dons et beaucoup d’autres recettes accessoires qui se sont créées.
On ne peut pas manquer de dire aussi que la population a été victime en ces temps-là d’une
surtaxation, voyant même le total des recettes à percevoir supérieure à la capacité contributive
des paysans d’Idjwi.

La dernière observation est que, lors de l’élaboration du budget, il y a eu surestimation dans la


prévision des recettes, s’en étant rendu compte trop tard, sur la base des recettes mobilisées, la
chefferie NTAMBUKA a dû réduire automatiquement ses prévisions des recettes pour saisir la
réalité locale ; c’est ainsi que de 2013 à 2016 il ne cesse d’y avoir une baisse, cela étant dû aussi
à la dégradation de certaines ressources de base ciblées comme la matière imposable, suite à la
mosaïque qui a envahi toutes les variétés des plantes sans oublier les bananiers, le café et le
manioc et à la conjoncture économique liée à la politique monétaire qui a rendu très fluctuant
le taux de change. De 2012 à 2016 le montant des prévisions des recettes a connu une baisse de
109 949 010 suite à la baisse du montant de beaucoup de rubriques comme : agriculture et
élevage, tourisme et hôtellerie, administration de la chefferie, tribunal coutumier, suite à
l’instauration du tribunal de paix à Idjwi et à l’évolution de la notion du droit et de la justice
sociale, les libéralités et dons.

- Réalisation des dépenses :

De 2012 à 2013, il y a eu une augmentation des dépenses de 14 060 870, pourtant les prévisions
des dépenses ont évolué à la baisse et les recettes de même. L’augmentation des dépenses se
justifie par des réserves réalisées en 2012.

En 2014, il y a une augmentation des dépenses réalisées de 29 108 630 bien que les recettes
aient été faibles, le surplus des dépenses a été couvert par des réserves qui été réalisées en 2012.

De 2014, s’ensuit une baisse en dépense jusqu’en 2016, l’écart négatif global est de 52 328 470,
et toutes les prévisions en dépenses ont évolué à la baisse sans jamais équilibre entre prévisions
et réalisations.

- Réalisation des recettes :

De 2012 à 2014, les recettes ont évolué sensiblement à la baisse avec un écart négatif global de
106 768 880 et en 2015 une hausse de 25 679 450 par rapport à 2014 où on a encaissé seulement
35 160 230, et en 2016 une baisse de 11 396 000. Cette fluctuation est causée par la non maîtrise
exacte de sources de recettes et par le fait qu’on a consacré moins d’effort à la mobilisation des
recettes cela s’observe par la proportion faible des dépenses liées à la mobilisation des fonds et à
la rémunération des agents de l’administration pour un suivi efficace. La conjoncture
économique et la mosaïque et le huile bactériens sont aussi à la base de cette fluctuation.

En moyenne, au cours des 6 années, il y a eu écart entre les prévisions (dépenses et recettes) ce
qui traduit une mauvaise conception des budgets dans la chefferie NTAMBUKA et un écart
avec les réalisations, ce qui traduit une mauvaise exécution des budgets et la non implication
du gouvernement provincial dans le suivi lors de la conception et de l »exécution des budgets
et un manque de connaissances des procédures d’élaboration des budgets et on dirait une
mauvaise fois de la part des autorités locales.
127
Au vu de ces résultats, nous infirmons nos hypothèses en disant que durant la période sous
étude, le budget de la chefferie NTAMBUKA a été déséquilibré, contrairement au principe
d’équilibre du budget soutenue par les classiques pour qui le budget doit toujours être équilibré
ni moins perçu ni trop perçu, car les dépenses de l’Etat doivent être égales à ses recettes. Ce
déséquilibre s’observe entre les recettes et les dépenses dans les prévisions que dans les
réalisations, et les prévisions ne sont jamais réalisées, d’où l’existence d’une mauvaise
conception et exécution des budgets dans la chefferie NTAMBUKA. Notre hypothèse a été
vérifiée et l’objectif du travail a été atteint.

Nous ne prétendons pas avoir abordé tous les aspects relatifs à la conception et exécution des
budgets dans la chefferie Ntambuka, néanmoins les quelques aspects lapidaires donnent une
base importante. Nous ouvrons le champ à d’autres chercheurs qui pourront approfondir nos
recherches en insistant sur des dimensions comme : l’impact du budget de la chefferie
NTAMBUKA sur la situation socio- économique de sa population.

REMERCIEMENTS

Nos remerciements s’adressent à l’institut CEDIMES, aux professeurs KANINGINI


MWENYIMALI Boniface, MUTABAZI NGABOYEKA Augustin, MASOKA WAMTU
Bibiche, BAPOLISI BAHUGA Paulin, à Pascal LUBAMBO, à la famille ZABADAY NGABO
Louis et à la famille KAFIRONGO pour leurs sages conseils.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

I. OUVRAGES ET ARTICLES.

• Jean MAYER, 1969, Le contrôle de gestion, Paris, 1969


• Albert BRIMO, les méthodes des sciences sociales, éd du mont chrétien, paris, 1972
• A. CRUTZEN et J. CUYPERS : Economie de l’entreprise, éd wesmall Charlier, Belgique, 1970
• Alain Ch. Martinel SALEM et alii, Lexique de gestion, 5eme éd Dolloz, Paris 2000
• Chr VAN LIERDE, Notion de législation sociales, de finances publiques et de droit fiscal, CPR,
Kinshasa,1983
• Dictionnaire Petit Larousse illustré, 2000
• Maurice DUVERGER, Institution financières, paris,1960
• Michel LEROY, Initiations contrôle de gestion, paris, 1988
• Pierre CELERIER, Géopolitique et géostratégie, paris, 1953
• Jean Paul CLEMENT, La participation de l’entreprise, Paris, 1983
• William W. PYLE et alii, Initiation à la comptabilité financière et administrative, Etats-Unis,
1980.

II. RAPPORT ET TEXTES LEGAUX.


• Rapports annuels de la chefferie Ntambuka de 2012 à 2016
• Prévision budgétaire de la chefferie Ntambuka de 2012 à 2016
• Ordonnance-loi 84-153 du 4 juillet 1996
• Loi financière n° $

128
ANALYSE DES DEFIS ET STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT DURABLE
DU PHOTOVOLTAÏQUE PAR LES ETATS

Saoul NDUNGO MUGHUMALEWA, Isdr KITSOMBIRO


RD Congo

elimundungo@gmail.com

Résumé

L'énergie constitue un moteur pour le développement économique. Elle est nécessaire pour la création
et le maintien des industries. Elle facilite le commerce, les services et simplifie les systèmes de
communication et de transport. Cette étude est centréE sur l’analyse des défis et stratégies de
développement durable du photovoltaïque par les Etats. Lors de l’analyse, il a été constaté que le succès
de production photovoltaïque demeure limité par une combinaison de plusieurs facteurs tels que les
obstacles politiques, financiers, technologiques, etc. Pour pallier au problème de l’entrave du
photovoltaïque, il a été proposé aux Etats de s4engager tant politiquement, juridiquement que
financièrement dans la promotion des énergies renouvelables en général et du photovoltaïque en
particulier en vue du développement durable de l4humanité.

Mots clés : Photovoltaïque – Etat – Energies Renouvelables – développement durable

Abstract

Energy is an engine for economic development. It is necessary for the creation and maintenance of
industries. It facilitates trade, services and simplifies communication and transport systems. This study
focuses on the analysis of the challenges and strategies for sustainable development of photovoltaic by
States. During the analysis, it was found that the success of photovoltaic production remains limited by
a combination of several factors such as political, financial, technological obstacles, etc. To overcome
the problem of the hindrance of photovoltaic, it has been proposed to the States to engage both politically,
legally and financially in the promotion of renewable energies in general and photovoltaic in particular
with a view to the sustainable development of humanity.

Key words: Photovoltaic - State - Renewable Energies - sustainable development

Classification JEL: Q42

INTRODUCTION

Il est une évidence que l’accès à l'énergie est une préoccupation centrale dans la problématique du
développement. A l'heure actuelle, un très grand nombre de personnes n'a toujours pas accès
aux formes « modernes » d'énergie. La demande est majoritairement couverte par des
combustibles traditionnels qui, en plus d'être très peu efficaces, posent de graves problèmes de
santé et de pollution atmosphérique (QUOILIN S, 2008). En effet, l’évolution industrielle des
siècles passés a connu une émergence de grande envergure avec la découverte du pétrole et
d’autres sources d’énergies notamment nucléaire, hydroélectrique, solaire, biogaz
129
(SACADURA F, 1993), ….

De tous ces atouts énergétiques, le pétrole se montre à la première position avec tous les sous-
produits de son raffinage. A cette grande superstar, s’ajoutent la source nucléaire et l’énergie
hydroélectrique. Si la production, l’utilisation et la commercialisation de ces différentes sources
d’énergie ont joué un grand rôle dans la croissance économique des Etats développés, elles ne
resteront pas toujours disponibles (MERLIN Patrice, 1999). Les gisements de ces ressources
géologiques sont épuisables et donc non renouvelables à l’échelle de l’homme, car ne pouvant se
reconstituer qu’après des milliers, voire des milliards d’années (P, 2012). Ainsi, parmi les
problèmes environnementaux que connaît actuellement l’humanité figurent les polluants
émanant de l’usage des combustibles fossiles comme sources d’énergie. D’où, les milliers de
tonnes de gaz carbonique (CO2 et CO) quotidiennement dégagées de la combustion des
hydrocarbures fossiles, à l’instar de la marée noire de 2010 de Louisiane aux USA
(KOUONEDJI, 2017) et la catastrophe nucléaire de Tchernobyl du 29 avril 1986 en Ukraine
(KOUONEDJI, 2017), qui sont autant d’exemples d’alertes qui plaident en faveur du recours à
des sources d’énergies moins polluantes. Dans cette optique, la plupart des scientifiques
proposent les énergies renouvelables, qui se révèlent des substituts adéquats aux énergies
fossiles (Sargent, 2017).

Actuellement, si la mise en œuvre de nombreux projets d’implantation d’équipements éoliens, des


panneaux solaires, des centrales hydro - électriques, etc…, génère des espoirs et suscite les
enjeux, les perspectives autour de l’utilisation de ces formes d’énergies se montrent encore
moins connues. Pourtant, il est indéniable que l’homme devient progressivement prisonnier du
processus qu’il a lui-même déclenché sans but (RIFKIN, 2010). En dépit du fait que l’humanité
s’oriente de plus en plus vers les énergies renouvelables à l’instar de la production photovoltaïque,
dont par exemple les investissements mondiaux dans les énergies renouvelables ont atteint un
niveau record de 286 milliards de dollars (256 milliards d’euros), ce qui constitue un fait notable.
Ce montant est plus de deux fois supérieur aux dépenses consacrées aux nouvelles installations
utilisant le charbon et le gaz (130 milliards de dollars), et pour la première année, les
investissements des pays émergents et en développement ont dépassé ceux des pays avancés
(156 milliards contre 130 milliards). Il faut noter qu’à elle seule, la Chine a engagé 103 milliards
de dollars, soit 36 % du total mondial, ce qui représente une hausse de 17 % de son effort annuel.
Les investissements ont également fortement augmenté au Chili, en Inde, au Mexique, en
Afrique du Sud et, à un moindre degré, au Honduras, au Maroc, aux Philippines, au Pakistan et
en Uruguay (QUOILIN S, 2008).

Malgré ces avancées, il est actuellement regrettable qu’à l’inverse, nombreux sont les Etats qui
ne s’impliquent pas encore suffisamment dans cette nouvelle dynamique. Ces pays, surtout
développés, ont réduit leur effort de 8 %. Ce recul a surtout été le fait de l’Europe (49 milliards
de dollars, - 21 %), en citant, par exemple, la République Française. Après une forte croissance
depuis 2007, de nombreuses entreprises de production photovoltaïque ont connu des difficultés.
Certaines ont choisi de fusionner avec des partenaires étrangers. D'autres ont maintenu leurs
chaines de production en France en misant sur la qualité de leur matériel. A titre illustratif,
l’année 2016 a été mauvaise pour le secteur, avec une baisse de 35% du nombre de
raccordements d’installations photovoltaïques au réseau public (PROVOST P, 2012).

Dès lors, il se montre opportun de faire un état des lieux sur l’énergie photovoltaïque dans le monde,
d’examiner les défis liés à la production photovoltaïque et déterminer les pistes de solutions
130
pour un développement durable de l’énergie photovoltaïque par les Etats.

Une question de recherche étant motivée par une vérification assidue de l’hypothèse, à travers
cette étude, l’hypothèse principale consiste à croire que le photovoltaïque serait entravé par les
Etats par manque de politique autour d’une agence internationale de coordination. Pour faire
face au défi du développement du photovoltaïque, il est impérieux que les Nations Unies créent
et opérationnalisent une organisation internationale spécialisée dans la définition des stratégies
de la promotion du photovoltaïque dans le monde.

Pour aborder ce thème, nous avons fait recourt à la méthode structuro-fonctionnaliste soutenue
par la technique documentaire. Cette méthode nous a permis de comprendre le mode de
fonctionnement du système solaire dans différents Pays, d’examiner les facteurs qui entravent
le progrès du photovoltaïque et définir les stratégies à mettre en œuvre pour son développement
durable.

I. ETAT DE LIEUX SUR L’ENERGIE PHOTOVOLTAÏQUE DANS LE


MONDE

I.1 Dans les pays riches

L’accès à l’énergie est un facteur essentiel du développement économique et social. Il permet le


développement individuel à travers l’amélioration des conditions des ménages, éducatives et
sanitaires, le développement de l’activité économique via la mécanisation et la modernisation
des communications.

L'Agence internationale de l'énergie estime la production mondiale d'électricité solaire


photovoltaïque en 2016 à 375 TWh, soit 1,8 % de la production totale d'électricité.

En 2014, la production mondiale d'électricité solaire photovoltaïque atteignait 189,7 TWh, soit
0,8 % de la production totale d'électricité, alors qu’en 2012, la production mondiale d'électricité
solaire atteignait 104,5 TWh, dont 100,4 TWh de photovoltaïque et 4,1 TWh de solaire
thermodynamique. Sa contribution à la production d'électricité mondiale était de 0,5 % et sa
part dans la production d’électricité renouvelable de 2,2 %. L'essentiel de la production provient
de l'Europe de l'Ouest, soit 65,3 % ; les deux autres grandes régions de production sont
l'Amérique du Nord (14,6 %) et l'Asie de l'Est et du Sud-Est (13,4 %) ; l'Europe Centrale
commence à percer (3,3 %). La croissance de la filière solaire a été de 70 % en 2012 (84 % en
2011), et de 50,6 % par an en moyenne depuis 2002. Dans les régions développées, ce
développement se fait par connexion des centrales au réseau électrique ; dans les régions en
développement, elle répond davantage à des besoins décentralisés : électrification rurale,
télécommunications, pompes d'irrigation, etc. ; mais l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient ont
annoncé des projets de grande ampleur : 25 GW en Arabie saoudite, 7 GW en Algérie ; le Maroc
et l'Iran ont également annoncé des projets importants dans le solaire thermodynamique.

131
- Production d'électricité solaire photovoltaïque (TWh) (Obsery'Er, 2013)
Pays 201 2011 201 2013 2014 % 2014 2016p
0 2 *
Chine 0,7 2,6 6,4 15,5 29,2 15,4 % 66,2
États-Unis 3,1 5,3 9,2 14,9 21,9 11,6 % 52,8
Japon 3,8 5,2 7,0 14,3 24,5 12,9 % 49,5
Allemagne 11,7 19,6 26,4 31,0 36,1 19,0 % 38,2
Italie 1,9 10,8 18,9 21,6 22,3 11,8 % 22,5
Inde 0,1 0,8 2,1 3,4 4,9 2,6 % 11,9
Royaume-Uni 0,04 0,2 1,4 2,0 4,0 2,1 % 10,3
France 0,6 2,1 4,0 4,7 5,9 3,1 % 8,8
Espagne 6,4 7,4 8,2 8,3 8,2 4,3 % 7,9
Australie 0,4 1,5 2,6 3,8 4,9 2,6 % 7,2
Corée du Sud 0,8 0,9 1,1 1,6 2,6 1,3 % 5,2
Grèce 0,2 0,6 1,7 3,6 3,8 2,0 % 3,9
Belgique 0,6 1,2 2,1 2,6 2,9 1,5 % 2,9
République
0,6 2,2 2,1 2,0 2,1 1,1 % 2,1
tchèque
Monde 32,4 63,3 98,8 140,4 189,7 100 % 333,1
Estimations 2016 : EurObserv'ER pour l'Europe (heat, 2015), EIA pour les États-Unis, BP pour
le reste du monde (heat, 2015).

- Principaux fabricants de modules

Les dix plus grands fabricants de modules photovoltaïques se partageaient en


2015 plus de la moitié du marché mondial (heat, 2015) :

Principaux fabricants de modules photovoltaïques en 2015


Capacité Capacité Livraison CA Prod.
Pays de prod. de prod. de modules 2015 2014 Compagni
2015 2014 2015 (M€) (MWc) es
(MWc) (MWc) (MWc)
Chine 5 000 4 000 5 740 2 762 3 660 Trina Solar
Chine 4 000 2 000 4 512 2 258 2 944 Jinko Solar
Chine/ Canadian
4 330 2 400 4 384 3 156 3 105
Canada Solar
Chine 3 500 1 800 3 673 1 900 2 407 JA Solar
Corée du
Hanwha Q-
Sud / 3 500 1 500 3 306 1 280
Cells
Allemagne
États-Unis 2 800 <2 000 2 900 3 265 1 500 First Solar
Yingli
Chine 2 450 2 450 2 400 1 371 3 361
Green
Energy
Chine 1 700 nd 1 600 1 167 1 970 Renesola

132
États-Unis 1 400 1 000 969 2 370 1 254 Sunpower
Allemagne 1 500 nd 1 159 763 SolarWord
Total 30 180 >20 000 30 643 20 650 23 733 10

Parmi les entreprises ayant figuré dans ce classement au cours des années précédentes, on peut
noter : le Japonais Sharp, qui produit également aux États-Unis ; sa capacité de production
atteignait 2 200 MWc et sa production 1 900 MWc en 2014 ; le Taïwanais Motech (Carlos,
2016), avec une production de 1 632 MWc en 2014 et le Chinois Suntech Power, qui produit
en Chine, Allemagne, Japon, États-Unis ; sa capacité de production atteignait 2 000 MWc en
2013 ; après sa faillite en 2013, il a été racheté par Shunfeng en 2014 (Carlos, 2016).

- Puissance installée mondiale en photovoltaïque

A la fin de 2016, la puissance installée mondiale en photovoltaïque dépassait 302 GWc. La


puissance installée dans l'année est estimée à 75 GWc, en progression de 50 % par rapport aux
50 GWc installés en 2015 ; la Chine à elle seule a installé 34,45 GWc contre 15,2 GWc en 2015,
les États-Unis 14,7 GWc contre 7,3 GWc en 2015 et le Japon 8,6 GWc contre 11 GWc.

Les trois pays les plus équipés en Wc par habitant sont en 2016 l'Allemagne : 511 Wc/hab, le
Japon : 336 Wc/hab et l'Italie : 322 Wc/hab.

Marché solaire PV en 2014 - 2016 : les pays leaders (GWc installés dans l'année)
Pays 2014 % 201 % 201 %
2014 5 2015 6 2016
Chine 10,6 27 % 15,2 34 % 34,5 46 %
États-Unis 6,2 16 % 7,3 15 % 14,7 20 %
Japon 9,7 25 % 11 22 % 8,6 11 %
Inde 0,6 1,6 % 2 4% 4 5%
Royaume-Uni 2,3 6% 3,5 7% 2 3%
Allemagne 1,9 5% 1,5 3% 1,5 2%
Corée du Sud 0,9 2,3 % 1 2% 0,9 1%
Australie 0,9 2,3 % 0,9 2% 0,8 1%
Philippines nd Nd nd nd 0,8 1%
Chili nd Nd nd nd 0,7 1%
France 0,9 2,3 % 0,9 2% nd %
Canada nd nd 0,6 1% nd %
Afrique du Sud 0,8 2,1 % nd nd nd %
Reste du 3,9 10 % 6,1 12 % 6,5 9%
monde
Monde 38,7 100 % 50 100 % 75 100 %

Les trois premiers pays totalisent plus des trois quarts des installations de 2016. Le marché de
l’énergie solaire a progressé de 8 % en 2014 ; il est resté dominé par la Chine, le Japon et les
États-Unis, tandis que l'Europe déclinait de 36 % à 7 GWc, soit 18 % du marché, contre 11
GWc en 2013 (Obsery'Er, 2013).

133
I.2. Dans les pays pauvres

Malgré les importantes ressources énergétiques dont disposent les pays en voie de
développement, notamment l’Afrique subsaharienne en tête, les problèmes d’accès à
l’électricité touchent directement entre 580 et 650 millions de personnes, soit environ 70% de
la population. En effet, le manque d’infrastructures, l’instabilité politique, le manque de
réglementations, le surcoût à l’investissement des Énergies Renouvelables (EnR), sont autant
de freins qui subsistent pour délivrer l’électricité à l’ensemble de la population (Aibar, 2014).
Confronté à l’enchérissement et la raréfaction des ressources fossiles et dans un contexte de
changement climatique, le développement des EnR constitue cependant une chance pour que
l’énergie ne soit plus un obstacle mais un levier du développement.

- Un accès limité à toutes les échelles

A l’image de ces ressources hétérogènes, les capacités d’exploitation le sont tout autant. Tandis
que 75% de l’énergie consommée par l’ensemble du continent est répartie entre Afrique du
Nord et Afrique du Sud ; en Afrique subsaharienne environ, 77% de la population n’a pas accès
à l’électricité et 89% de la population consomme de la biomasse traditionnelle pour cuire ses
aliments et se chauffer (World energy, 2016). Cette fracture énergétique mondiale et régionale
concerne également les zones rurales et urbaines ainsi que les quartiers d’affaires et banlieues
populaires. En effet, l’urbanisation galopante ne garantit pas de meilleures conditions de vie :
on estime que plus de 160 millions de personnes vivent dans des bidonvilles où les
infrastructures énergétiques sont souvent précaires. Ainsi, la demande énergétique étant
démultipliée, la question démographique et migratoire rend d’autant plus complexe l’enjeu de
l’accès à l’énergie.

- Une demande énergétique croissante

Avec plus de 1 milliard d’habitants, l’Afrique est le second continent le plus peuplé après l’Asie,
mais a un taux de croissance démographique près de deux fois supérieur (2,5% par an). La
population du continent devrait atteindre 2 milliards en 2050 (Saoul Ndungo M, 2017).
Aujourd’hui, les investissements annuels dans le développement de services énergétiques de
base s’élèvent à moins de 10 milliards de dollars par an. À investissements constants, en 2030,
1 milliard de personnes n’auront toujours pas l’électricité. Le nombre d’exclus de ces services
augmentera en Afrique subsaharienne du fait de la croissance démographique : 650 millions de
personnes sans électricité, 900 millions sans moyen de cuisson durable. Face à la volatilité des
prix de l’énergie, les EnR offre un réel avantage malgré un investissement de départ important.
Or, pour faire face à cette demande croissante, il faudra mobiliser 1 000 milliards de dollars. Si
cette somme peut paraître colossale, elle ne représente cependant que 3% de l’investissement
en infrastructures énergétiques devant être réalisé sur la période 2010 - 2030 pour atteindre
l’objectif de l’accès à l’énergie durable d’ici 2030 (Obsery'Er, 2013).

- Un continent à fort potentiel en Energie Renouvelable

Malgré les nombreuses sources d’énergie renouvelable que possède l’Afrique, seule une infime
partie de ce potentiel est exploitée. Ainsi, moins de 1% des capacités géothermiques de la Vallée
du Rift est exploité (sur un potentiel de l’ordre de 9 000 MW, seules 54 MW sont extraites).

134
Dans le domaine de l’hydraulique, l’énergie la mieux exploitée sur le continent, l’Afrique recèle
10% des réserves mondiales économiquement exploitables (1100 TWh), mais le continent n’a
exploité que 8% de ce potentiel. En Afrique de l’Ouest, seuls 16% des 25 000 MW estimés sont
exploités.

Avec un potentiel de flux solaire moyen d’environ 5 à 6 KWh/m2/jour., contre seulement 3


kWh/m2/jour en zone tempérée européenne, l’Afrique de l’Ouest fait partie des régions les plus
ensoleillées de la terre, des régions tropicales aux désertiques, le soleil est présent quasiment
toute l’année et brille en moyenne durant 3 000 heures par an dans les Etats de l’UEMOA. Dans
l’espace CEDEAO, la part du solaire dans le mix énergétique est estimée à moins de 1% de
cette ressource pourtant disponible. Pour ce qui est du potentiel éolien en Afrique, il reste assez
mal connu. Un potentiel sur la façade atlantique (nord du Sénégal) avec des vents constants
situés entre 5,5 à 7 mètres par seconde a néanmoins été identifié. La biomasse, le biocarburant,
le biogaz sont des sources d’énergie pour lesquelles il est difficile d’avoir des statistiques fiables
en Afrique (notamment le bois-énergie). En absence de bases de données, la planification des
reboisements reste difficile à mettre en place.

- Des ressources disponibles mais non exploitées

Essentiel au développement, l’accès à l’énergie conditionne les besoins de base (accès à l’eau,
la productivité agricole, la santé, éducation…). Alors que l’Afrique abrite 15% de la population
de la planète, elle ne produit que 3,6 % des émissions mondiales annuelles de dioxyde de
carbone car le continent consomme très peu d’énergie. La consommation énergétique moyenne
est de 0.5 tonnes équivalent pétrole par habitant contre 1.2 en moyenne mondiale et son taux
d’électrification est le plus faible au monde.

Cette situation, à la fois cause et conséquence du faible développement, est paradoxale car
l’Afrique est riche en ressources énergétiques. Selon une étude de la FAO, le continent
concentre ainsi 21% des stocks de carbone de la biomasse forestière et 30% de la consommation
mondiale de bois à des fins énergétiques. Principalement destinées à l’exportation, on retrouve
également 8% des réserves pétrolières mondiales ainsi que 8% du gaz (principalement en
Afrique du Nord et dans les pays riverains du Golfe de Guinée) et 4% du charbon (la quasi-
totalité du potentiel de charbon se trouvant en Afrique Australe). En termes d’énergies
renouvelables, le continent renferme une richesse énergétique encore plus importante avec des
capacités géothermiques concentrées essentiellement en Afrique de l’Est et des bassins
hydrauliques en Afrique centrale. Les pays sahéliens bénéficient quant à eux d’un des plus forts
rayonnements solaires de la planète.

II. ANALYSE DES DEFIS DU PHOTOVOLTAÏQUE

En dépit des efforts non négligeables fournis de part et d'autre pour la production
photovoltaïque, ces dernières représentent moins de 20% de la production mondiale d'énergie.
Au regard de ce constat, c'est tout à fait logique de se demander pourquoi, avec tant d'avantages,
le photovoltaïque n’est que peu exploité dans le monde. Dans cette analyse, nous avons constaté
que le photovoltaïque se bute aux problèmes politico-juridiques, financiers, techniques et
environnementaux, qui s’observent autant dans les pays en voie de développement que dans les
pays développés.
135
II.1. Les obstacles politiques

L’expérience montre que, dans le monde entier, l'introduction et le succès des énergies
renouvelables dans un Etat, quelles qu'elles soient, dépendent en grande partie des politiques
gouvernementales (volonté politique et lois). Les cadres politique et juridique sont importants
par leur capacité à créer un environnement favorable tant pour la prise de mesures juridiques
contraignantes que pour mobiliser des ressources et encourager les investissements du secteur
privé. La plupart des premières initiatives politiques sur les énergies renouvelables dans le
monde ont été motivées par les crises pétrolières des années 1970. Malheureusement, dès que
la crise pétrolière s'est apaisée, l'aide gouvernementale aux renouvelables telle que la production
photovoltaïque a diminué dans la plupart des cas. La plus grande partie du soutien actuel se
résume à de grands discours : il existe peu d'objectifs quantitatifs d'énergie renouvelable dans
un contexte juridique international très peu contraignant. En plus, très peu de mesures
encouragent l'augmentation des coupes budgétaires et l'investissement dans la recherche-
développement en matière d'énergies renouvelables. De ce fait, les intérêts des fournisseurs
d'énergie traditionnelle peuvent contribuer à l'inertie des instances politiques et juridiques
entravant le développement de l'utilisation des EnR. A ce propos, le Réseau « Sortir du
nucléaire » dénonce les manœuvres des autorités françaises qui tentent de dévoyer les missions
de la toute nouvelle IRENA, dans le but de favoriser l'industrie nucléaire au détriment des
énergies renouvelables.

a. Les obstacles dans les pays industrialisés


L'essor des EnR demeure entravé parce que la plupart des pays développés manquent
de véritable volonté politique à leur égard. L'évidence est que, dans certains cas, il existe
peu ou pas de mesures juridiques contraignantes en faveur des EnR. Du moins, les
décideurs hésitent à introduire ces mesures. Sans chercher à passer sous silence les
remarquables efforts de l'UE, reconnaissons que les mesures politiques et juridiques
dans la plupart des pays développés favorisent une forte subvention des énergies de
sources fossile et nucléaire. Cet état de chose ne favorise pas l'essor des EnR qui
continuent de recevoir une faible dotation budgétaire. Parallèlement, la dépendance aux
sources d'énergie fossile et nucléaire s'accroît. Par exemple, 85,7% de l'énergie provient
du nucléaire en France.

b. Les obstacles dans les pays pauvres


Certains gouvernements des pays pauvres, notamment d'Afrique, souffrent d'instabilité
politique et n'ont pas de politique bien définie sur les énergies renouvelables. De ce fait,
le développement des pays pauvres suit son propre cours, sans beaucoup tenir compte
des programmes énergétiques nationaux qui n'existent que rarement ou sont dépassés
et inadaptés. Les carences du soutien politico-juridiques aux renouvelables sont aussi
illustrées par les faibles dotations budgétaires que l'on peut voir dans la plupart des
pays. L'accent est mis sur le secteur du pétrole et de l'électricité, (qui ne desservent
qu'une petite partie de la population des pays pauvres), aux dépens des renouvelables
qui peuvent aider à atteindre un consortium regroupant Total, Areva, GDF Suez et EDF.
Bien plus, dans le cadre des négociations internationales sur le climat, la France tente
de faire prendre en compte le nucléaire avec les énergies renouvelables en promouvant
le concept fameux d'énergies « non carbonées » (Monro, 2016). En Éthiopie par
exemple, les investissements dans le secteur pétrolier ont quadruplé et les
136
investissements dans l'électricité ont pratiquement triplé entre 1990 et 2000. En
revanche, les dépenses en faveur des énergies traditionnelles et alternatives ont
constamment diminué, passant d'environ 1 % du total des investissements en 1990 à
0,1 % en 2000.

c. Les obstacles financiers


Le principal obstacle reste l'idée que se fait l'utilisateur des coûts initiaux de la
production photovoltaïque : les produits énergétiques traditionnels bénéficient de
subventions. Or, les énergies renouvelables sont financées dans une large mesure par le
consommateur qui doit payer les équipements nécessaires pour leur production. A cela
s'ajoutent les faibles dotations budgétaires et la faiblesse de financements pour la
recherche-développement et le transfert de technologies dans les organisations ou
entreprises de production photovoltaïque.

Il ressort d'analyses réalisées conjointement par l'OCDE et l'AIE que l'élimination des
subventions aux énergies fossiles dans les économies émergentes et les pays en
développement pourrait faire baisser les émissions mondiales de gaz à effet de serre de
10 % d'ici à 2050 (Pieret, 2016).

d. Les obstacles financiers dans les pays en développement


Les obstacles financiers au développement de la production photovoltaïque s’observent
surtout dans les pays en développement. Car, le financement joue un rôle essentiel dans
la réussite du développement. Ce financement n'est pas souvent disponible dans ces
pays. En fait, des études ont montré que le principal obstacle à la mise en œuvre des
projets ne tient le plus souvent pas compte de leur faisabilité technique, mais plutôt de
l'absence de financement. Ce problème est aggravé par la concurrence à laquelle se
livrent les projets pour accéder à des moyens financiers déjà très limités et par des
conditions macroéconomiques défavorables. L'environnement politique défavorable,
avec un soutien minimal aux renouvelables au niveau des agences publiques, fait
supporter au secteur privé la responsabilité d'assurer le financement de ces énergies.

Avec des taux de pauvreté de 50 à 70 % au niveau national, les énergies renouvelables


les plus sophistiquées ne sont pas abordables pour la majorité de la population africaine
par exemple. C'est particulièrement vrai pour les renouvelables qui dépendent de
composants importés nécessitant des dispositifs financiers et/ou un subventionnement
important. Et l'on sait bien que les subventions ne durent pas longtemps.

Selon Danyel Reiche, les coûts initiaux des EnR sont élevés dans les pays en
développement et l'une des causes est la surtaxation imposée sur les importations aux
énergies renouvelables (Reiche, 2014,). Dans les cas où des mécanismes de
financement sont appliqués, le plus grand soin doit être apporté à leur conception, de
façon à atteindre les plus pauvres. Ainsi, le projet photovoltaïque du PNUD/FEM au
Zimbabwe a profité essentiellement aux ménages ruraux les plus aisés, dans la mesure
où plus de 80 % de la population rurale ne pouvait se permettre d'acquérir le système
photovoltaïque le plus petit, même à des tarifs subventionnés. La rigueur des exigences
pour les demandes de prêt a exclu la majorité de la population rurale. Une autre étude
sur la viabilité du photovoltaïque au Manicaland, au Zimbabwe montre que 65 % de la
population rurale n'avait pas les moyens de payer les frais de service, qui représentaient
137
le coût le plus bas possible pour fournir de l'électricité photovoltaïque, et 91,5 %
n'étaient pas en mesure de payer le crédit correspondant (CHILDIAK M, 2008,). La
production et/ou le montage au niveau local a souvent été proposé comme une voie
intéressante pour abaisser le coût des renouvelables. Leur viabilité n'a, toutefois, jamais
été démontrée, même si des succès embryonnaires ont été enregistrés pour certaines
technologies renouvelables non avancées. Dans le cadre des conditions
macroéconomiques actuelles dans les pays en développement, notamment en Afrique,
les coûts d'investissement pour la fabrication d'équipements renouvelables sophistiqués
peuvent être prohibitifs.

Pour le moment, les investissements dans les énergies renouvelables sont très coûteux.
Compte tenu des financements nécessaires aux infrastructures, une part des
investissements doit être assurée par le secteur privé. Les pays en développement ne
peuvent accéder aux énergies renouvelables sans les programmes internationaux et les
interventions des institutions nationales et internationales. Les investissements
énergétiques nationaux ou extérieurs demeurent un défi à relever. Qu'en est-il des pays
développés ?

e. Les obstacles financiers dans les pays développés


La capacité de production électrique excédentaire de nombreux pays de l'OCDE, à court
ou moyen terme, constitue un obstacle de taille. Cette surcapacité fait qu'il soit moins
coûteux de continuer à utiliser du charbon ou du gaz dans les centrales existantes que
de construire, financer et amortir des centrales électriques renouvelables neuves. Il en
résulte que même dans le cas où une nouvelle technologie est capable d'être compétitive
par rapport à des centrales neuves au charbon ou au gaz, l'investissement ne sera pas
fait. À moins de parvenir à une situation où le prix de l'électricité reflète enfin le coût
d'investissement dans une capacité de production neuve plutôt que le coût marginal de
la capacité existante, il restera nécessaire de soutenir les renouvelables pour égaliser les
chances. Les pays industrialisés détiennent à eux seuls les moyens financiers
nécessaires pour développer les Energies Renouvelables et satisfaire tous besoin
énergétique de la planète. En dehors du domaine financier, quels sont les autres
obstacles qui entravent le développement des EnR?

II.2. Les obstacles technologiques

Le principal obstacle technologique à l'essor de production photovoltaïque est d'abord et avant


tout le manque de maturité technologique : les filières des EnR, telles que les usines de
fabrication des panneaux, batteries, etc… n'évoluent pas toutes au même rythme et n'ont pas
atteint le même degré de maturité technique. Dans leur grand ensemble, leur exploitation
industrielle demeure un objectif. La totale absence de réseaux de distribution pour les énergies
renouvelables d'échelle industrielle en est explicite. A cela s'ajoutent d'autres obstacles
technologiques propres à la situation économique de chaque Etat.

a. Les obstacles technologiques dans les pays industrialisés


La plupart des technologies disponibles actuellement, pour l'exploitation des sources
d'énergie renouvelable sont conçues dans les pays industrialisés. L'essor des énergies
renouvelables est entravé dans les pays industrialisés par des difficultés technologiques
liées à l'incapacité d'exploitation industrielle des EnR. Cette incapacité est causée par
138
les coupes sombres dans les budgets nationaux en faveur de la recherche -
développement en matière d'énergies renouvelables.

Le manque de maturité technologique fait que plusieurs techniques d'exploitation des


Energies Renouvelables trainent à une phase expérimentale. C'est le cas par exemple
de la production durable de biocarburants. Cet état de chose ne favorise pas assez la
croissance de la part de production photovoltaïque sur le marché de l'énergie.

b. Les obstacles technologiques dans les pays en développement


Les pays en développement ont peu de capacités de production d'équipements et peu
de technologies permettant de faire la recherche-développement dans le domaine des
ER. L'introduction de technologies inconnues jusqu'ici, comme les énergies
renouvelables, exige le développement des compétences techniques appropriées.
L'importance d'un savoir-faire technique a été reconnue dans ces pays, où l’on déplore
l’insuffisance du personnel qualifié. Aux limites de l'expertise technique s'ajoutent la
faible industrialisation de ces pays. Cette combinaison de facteurs constitue de
véritables obstacles au développement des EnR. Ainsi, les pays du sud ne disposent pas
de moyens technologiques pouvant leur permettre d'exploiter les EnR pourtant
disponibles en quantité très abondante sur leur territoire. Des efforts non négligeables
sont déjà fournis, de part et d'autre, pour la promotion de ces sources d'énergie. Mais,
le développement énergétique durable n'est malheureusement pas encore à notre portée.

II.3. Les obstacles d’ordre environnemental

L'électrification solaire comporte également des problèmes environnementaux, notamment en


termes de gestion des déchets avec les batteries et les tubes fluorescents qui doivent être changés
au cours de la durée de vie du système. Étant donné qu'aucun système de traitement des déchets
n'existe dans plusieurs pays, si rien n'est prévu pour les traiter (sur place ou à l'étranger), ils
risquent d'être jetés dans la nature et de polluer l'environnement. Il en va de même pour les
accumulateurs utilisés pour les chargeurs solaires : ce sont généralement des accumulateurs au
nickel-cadmium qui, malgré de nombreux avantages (charge simple et rapide, grande durée de
vie, faible coût...), s'auto-déchargent rapidement et le cadmium constitue un polluant. Quant
aux modules, leur recyclage pose également problème : même s'ils étaient envoyés dans des
pays avec des capacités de traitement des déchets, aucune filière spéciale n'existe aujourd'hui
pour les recycler et on ne sait aujourd'hui recycler que 20% des modules, étant donné qu'il est
difficile de séparer les différents matériaux (silicium, verre, aluminium) (BOULANGER V,
2006).

III. STRATEGIES POUR LA PROMOTION DE L’ENERGIE


PHOTOVOLTAÏQUE PAR LES ETATS

Une stratégie c’est l’art de combiner les actions dans un but déterminé (Saoul Ndungo, 2014).
Les stratégies que nous proposons sont une combinaison de plusieurs facteurs tels que
l’engagement des Etats sur le plan politique, juridique, financier et technologique.

139
III.1 L’engagement des Etats sur le plan politique

Les sources d'énergies renouvelables sont diversifiées et disponibles en abondance un peu


partout sur la planète. Elles répondent aussi bien aux préoccupations collectives qu'individuelles
des Etats ; soient-elles développées ou en développement. Nos études ont révélé que la
croissance de l'exploitation des EnR est partout entravée par nombreux facteurs de diverses
natures. Ainsi, pour y faire face, les Etats doivent définir des politiques cohérentes et renforcer
la dose d’une volonté politique manifeste à travers, par exemple, le rachat de l'énergie. Ce rachat
de l'énergie est un exemple typique de la politique publique en faveur des énergies
renouvelables. Elle s'illustre comme un moyen de rééquilibrer le marché. C’est le cas de la
France où la situation a évolué et les surcoûts imposés à l’électricité de France et aux
Distributeurs Non Nationalisés dans le rachat de l'énergie font, depuis la loi du 3 janvier 2003
(Saoul Ndungo, 2014,), « l'objet d'une compensation intégrale, non plus par un fonds du service
public de la production d'électricité alimenté par des contributions dues par les producteurs,
fournisseurs et distributeurs mentionnés dans la loi, mais par des contributions dues par les
consommateurs finaux d'électricité installés sur le territoire national, dont le montant est calculé,
dans la limite d'un plafond, au prorata de la quantité d'électricité consommée, et arrêté par le
ministre chargé de l'énergie sur proposition de la Commission de régulation de l'énergie (Carlos,
2016) ». Le financement ne vient en effet plus de producteurs fournisseurs et distributeurs mais
directement des consommateurs au moyen de la Contribution au Service Public de l'électricité
(CSPE).

Afin de promouvoir les énergies renouvelables, l'État doit donc s’engager dans une politique
d'obligation de rachat des énergies renouvelables. Il doit vouloir son essor en allant jusqu'aux
confins de l'aide illégale d'État. Cette aide aux énergies renouvelables va s'amenuiser par la
suite, s'expliquer par la volonté de répondre aux nouvelles préoccupations environnementales
et aux objectifs fixés. Néanmoins, il s'agira d'aider une forme d'énergie au détriment d'une autre,
et c'est ce qui peut être constitutif d'une aide illégale mais cela va produire des effets.

1. Sur le plan juridique

La consécration du droit à l'énergie « Énergie pour Tous (UNCCD, 2004) » est faite à travers
plusieurs instruments de portée, tant obligatoire que non obligatoire. En effet, au rang des textes
de portée non obligatoire, nous pouvons retenir la Déclaration de Stockholm de 1972 dont le
principe 1 déclare que « L'homme a un droit fondamental à la liberté, à l'égalité et à des
conditions de vie satisfaisantes, dans un environnement dont la qualité lui permette de vivre
dans la dignité et le bien-être ». En plus, la déclaration universelle des droits de l'homme protège
ce droit à l'énergie à travers « le droit à la vie » (art. 3) et « le droit à la santé » (art. 25), puis le
Pacte international sur les droits civils et politiques qui protège « le droit à la sécurité » (art. 9),
et le Pacte sur les droits économiques et sociaux qui protège aussi « le droit à la santé » (art.
12). Bien que non obligatoires, ces textes ont joué un rôle important pour promouvoir le droit à
l'énergie. D'autres textes obligatoires sont venus renforcer la protection de ce droit nouveau, en
l'occurrence, la Convention sur les droits de l'enfant (20 novembre 1989) qui impose aux États
de protéger la santé des enfants. Ce n'est pas évident d'assumer cette obligation sans ressources
énergétique.

Le droit à l'énergie est reconnu par la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples de
140
1981 dans l'article 24 sous l'angle du droit des peuples et par le Protocole additionnel à la
Convention américaine relative aux droits de l'homme, traitant des droits économiques, sociaux
et culturels, adopté à San Salvador en 1988.

Comme le dirait l'autre : « Le droit à l'énergie fait partie des services d'intérêt général où les
pouvoirs publics ont généralement un triple rôle : législateur (réglementation), rôle de tutelle et
d'opérateur ». Comment peut-il être mis en œuvre pour l'éradication de la pauvreté énergétique ?

Des clés juridiques doivent être également mises à la disposition de la population tant au niveau
national que dans les collectivités locales pour participer à la valorisation de ces énergies
renouvelables.

Les collectivités locales, mais également les établissements publics de coopération


intercommunale auront, par exemple, la possibilité de mettre à disposition leur domaine public
pour l'installation de panneaux photovoltaïques.

2. Sur le plan financier

Les systèmes de prix fixes pour les EnR sont diversifiés. Dans cette catégorie se retrouvent les
subventions à l'investissement, les tarifs d'achat fixes, les primes fixes et les crédits d'impôt.

a. Les subventions à l'investissement


Les subventions à l'investissement sont des aides financières généralement allouées en
fonction de la capacité nominale (en kilowatt, kW) de la capacité à installer. Ce type
d'aide a donc tendance à être abandonné au niveau mondial (Green Peace, 2017) même
s'il peut être efficace en cas de combinaison avec d'autres types d'incitations financières.

b. Les tarifs d'achat fixes


Les tarifs d'achat fixes, largement adoptés en Europe, se sont avérés très efficaces pour
l'expansion de l'énergie éolienne en Allemagne, en Espagne et au Danemark. Les
opérateurs se voient payer un tarif fixe pour chaque kWh d'électricité qu'ils injectent
dans le réseau. En Allemagne, le prix payé varie selon la maturité relative de la
technologie utilisée et est ajusté chaque année à la baisse des coûts. Les coûts
supplémentaires du système sont payés par les contribuables ou les consommateurs
d'électricité. Ce système dit « tarif d’achat fixe » pourrait être expérimenté par les autres
Etats afin d’encourager la population à recourir aux ER.

c. Les systèmes de primes fixes


Les systèmes de primes fixes, parfois appelé mécanismes de « bonus
environnemental », fonctionnent en ajoutant une prime fixe au prix de base de
l'électricité. Du point de vue d'un investisseur, le prix total reçu par kWh est moins
prévisible que dans le cas d'un tarif d'achat fixe, parce qu'il dépend d'un prix de
l'électricité toujours fluctuant. Du point de vue du marché, une prime fixe est considérée
comme étant plus facile à intégrer au marché général de l'électricité parce que les
acteurs impliqués vont réagir aux fluctuations du marché. L'Espagne est le plus
important des pays ayant adopté un système de prime fixe.

141
d. Les crédits d'impôt
Les systèmes de crédit d'impôt, utilisés aux Etats-Unis et au Canada par exemple, font
bénéficier d'un crédit sur les impôts à payer pour chaque kWh produit. Aux Etats-Unis,
le marché a été porté au niveau fédéral par un Crédit d'impôt à la production (PTC)
d'environ 1,8 cents par kWh ajusté annuellement en fonction de l'inflation.

Conclusion

Toute activité implique une dépense d'énergie et, dans le domaine économique et industriel,
toute croissance va de pair avec un accroissement de l'énergie utilisée.

Les besoins énergétiques ne cessent d’augmenter depuis le début de l'ère industrielle. En fait,
l'énergie permet de se chauffer, se déplacer, se nourrir, s'éclairer, conserver les aliments et
médicaments... Or, son approvisionnement est actuellement fondé sur des sources
majoritairement fossiles, donc limitées et la croissance de plus en plus forte de cet
approvisionnement n'est pas sans conséquences.

Cette analyse, essentiellement tournée vers le photovoltaïque, part d’une question de curiosité
qui est de connaitre les défis et les stratégies liés à la production photovoltaïque. Pour y
répondre, nous avons recouru à l’approche analytique qui nous a permis de comprendre le mode
de fonctionnement du système solaire dans le monde, en général et, en particulier, le système
dans les pays en voie de développement ; et d’examiner les facteurs qui entravent le progrès du
photovoltaïque par les Etats et les stratégies à mettre en œuvre pour son développement. Cette
approche méthodologique a été appuyée par la technique documentaire.

Apres analyse, nous avons remarqué que le succès de production photovoltaïque demeure limité
par une combinaison de plusieurs obstacles : politiques, financiers, technologiques, etc. Ce
résultat infirme ainsi notre première hypothèse qui consistait à croire que le photovoltaïque
serait entravé par l’Etat faute d’absence d’une mise en place d’une structure internationale
pouvant juguler la question de promotion de l’énergie solaire. Cette hypothèse est contrariée
par les idées de Mme Christine Lins, Secrétaire Exécutive de REN21 pour qui « l’un des
principaux obstacles au développement des filières vertes reste le déséquilibre entre les
subventions accordées par les Etats aux énergies fossiles et celles allouées aux renouvelables ».
Pour elle, le problème est d’ordre financier et non d’absence d’une organisation fédératrice des
actions des Etats. Pour pallier au défi de développement du photovoltaïque, il a été recommandé
aux Etats de s’engager politiquement, juridiquement et financièrement dans la promotion des
énergies renouvelables, en général, et du photovoltaïque en particulier, en vue du
développement durable. Ce résultat infirme ainsi la deuxième hypothèse de cette analyse selon
laquelle l’Organisation des Nations Unies devait mettre en place une structure internationale
devant coordonner les efforts de l’Etat. Contrairement à la première hypothèse, la deuxième
corrobore l’analyse du Professeur Abdoulhalim Hassani ZAIDOU qui, dans son ouvrage intitulé
« projet de perfectionnement et vente des cellules photovoltaïques aux Comores », pense que
« sans l’implication de la communauté internationale à travers le lancement d’une agence des
Nations Unies pour l’énergie solaire, les stratégies des Etats seront éphémères ». Sans prétention
d'avoir parcouru tous les contours du thème traité, nous pensons tout de même avoir contribué
à la relance de l’énergie photovoltaïque dans le monde.
142
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143
THE STATE’S LEGAL OBLIGATION IN THE PROMOTION OF ADEQUATE
HOUSING: A CASE STUDY OF THE SELF-HELP HOUSING PROGRAMME
IN SOUTH AFRICA

Chris KABATI NTAMULENGA


PhD in Law. Researcher, Legal Consultant, Human Rights Activist and Dean of the Faculty of
Law/Université Libre des Pays des Grands Lacs (ULPGL/Bukavu)
Teacher in law at several universities in the Democratic Republic of the Congo including the
Université de Développement Durable en Afrique Centrale (UDDAC) and the ULPGL
Researcher associate at the CRIDHAC/Faculty of Law/University of Kinshasa/DRC

chriskabati@gmail.com

Badienzle Isaiah MUTOMBO


Development Economist with a Master Degree in Urban and Regional Planning (Develpment
Planning) and Consultant at Centre for Affordable Housing Finance in Africa
Lecturer at the Durban University of Technology (DUT), Durban, KwaZulu Natal, South
Africa.

isaiahmutombo@gmail.com

“Housing, Land, and Property (HLP) rights crises are present in all conflicts and
post-conflict settings, and their management by those engaged in peace efforts can often be
decisive in determining the extent to which peace is sustained” (Scott Leckie and Chris Huggins,
Conflict and Housing, Land, and Property Rights A handbook on Issues, Frameworks, and
Solutions, 2011, Cambridge University Press, p.1)

Abstract

One of the major roles of the State is to secure citizens’ welfare by providing an institutional and legal
framework which promotes and protects human rights, notably the right to food and adequate housing.
This paper looks at the State’s legal obligation to promote the provision of adequate housing by means
of a case study of the self-help housing programme in South Africa.
Section 26 of the Constitution of the Republic of South Africa provides that citizens have a right to have
access to ‘adequate housing’ and obliges the State to ‘take reasonable legislative and other measures,
within its available resources, to achieve the progressive realization of this right’.
In order to fulfill these constitutional imperatives, South Africa’s self-help housing program needs to be
in line with the United Nations Committee on Economic, Social and Cultural Rights (UNCESCR) criteria
for adequate housing.
The accelerated recent urbanization trend illustrates that South Africa’s citizens are willing to go the
self-help housing route. However, regardless of its long history, the programme has not been effective. It
has reached only a small proportion of those in need of housing, despite active support from international
and local organizations which could increase its effectiveness. The State has assumed direct control over
self-help housing beneficiaries, instead of handing over control to them and creating enabling conditions
under which they can operate.

Key words : State’s legal obligation, right to adequate housing, self-help housing programme

144
Résumé

L’un des principaux rôles de l’État est de garantir le bien-être des citoyens en fournissant un cadre
institutionnel et juridique qui promeut et protège les droits de l’homme, notamment le droit à
l’alimentation et à un logement décent. Le présent article examine l’obligation légale de l’État de
promouvoir le droit d’accès au logement décent au moyen de l’étude de cas du programme de logement
autonome en Afrique du Sud.
L'article 26 de la Constitution de la République Sud-africaine prévoit que les citoyens ont le droit d'avoir
accès à un ‘’logement décent'' et oblige l'État à "prendre des mesures législatives et autres raisonnables,
dans la limite de ses ressources disponibles, pour parvenir à la réalisation progressive de ce droit’’.
Afin de répondre à ces impératifs constitutionnels, le programme d’auto-assistance en matière de
logement au Sud Afrique doit être conforme aux critères du Comité des droits économiques, sociaux et
culturels des Nations Unies (CESCR) en matière de logement décent.
La tendance récente à l’urbanisation accélérée montre que les citoyens sud-africains sont disposés à
opter pour la voie du logement autonome. Cependant, quelle que soit sa longue histoire, le programme
n'a pas été efficace. Il n'a atteint qu'une faible proportion de ceux qui ont besoin d'un logement, malgré
le soutien actif des organisations internationales et locales qui pourraient accroître son efficacité. L'État
a exercé un contrôle direct sur les bénéficiaires de logements autonomes, au lieu de leur céder le contrôle
et de créer des conditions favorables dans lesquelles ils peuvent fonctionner.

Mots–clés : Obligation étatique, droit au logement décent, programme de logement autonome

Classification JEL H 00

I INTRODUCTION AND BACKGROUND

I.1 INTRODUCTION

One of major roles of the State is to secure citizens’ welfare by providing an institutional and
legal framework which promotes and protects human rights, notably the right to basic needs. 1
These basic needs characterize human beings’ living conditions.2One of the most important of
these needs is access to adequate housing. In South Africa access to housing poses a problem
in general due to limited resources and the high level of demand. Self-help housing offers an
opportunity to close the gap. This study is a desk top research exercise; it has utilized the socio-
legal studies methodology, which is complementary to doctrinal research or the ‘black-letter
law’ approach3. This paper examines the legal obligation of the State to promote adequate self-
help housing practice in South Africa.

This research paper is divided into the following sections:

• Introduction and background

1
S. J., HACKER, 2006 ,“ The Welfare state”, in (eds.) R.A.W. , Rhodes, Sarah A.,Binder, Bert A.,
Rockman, The Oxford handbook of Political Institutions, 385- 406.
2
C., KABATI & O. OYEYEMI, 2012 “Impact of the African court of justice on the promotion of
human rights”, (un published paper in monograph by the institute for Security studies)unpublished.
3
M., MCCONVILLE & W., HONG CHUI, (1988) “Introduction and Overvie”’ in M McConville & W
Hong Chui Research methods for law 3-4.
145
• Literature review;
• Result and finding of research;
• Conclusion & Recommendation.

I.2 BACKGROUND TO THE STUDY

The State’s obligation to respond to citizens’ housing demands is hindered by historical housing
backlogs.1 Land claims, land redistribution, and land restitution are at the core of the housing
debate.2 The fundamental rights set out in South Africa’s Constitution and the Millennium
Development Goals oblige the State to provide answers to housing demands. 3Section 26 of
South Africa’s Constitution makes the following provisions :“ (1) everyone has the right to have
access to adequate housing. (2) The state must take reasonable legislative and other measures,
within its available resources, to achieve the progressive realization of this right”. The
obligation to promote adequate housing constitutes a positive duty on the State to advance the
right to housing.4

As Manisuli Ssenyonjo points out:

It is important to recall that the right to adequate housing, like other human rights,
impose three types or levels of obligations on SADC Member States:(a) the
obligation to respect; (b) the obligation to protect; and (c) the obligation to fulfill
[…] The first obligation to respect requires States to refrain from interfering,
directly or indirectly, with the enjoyment of the right to adequate housing by for
example abstaining from forced evictions. The second obligation to protect requires
States to take steps to prevent third parties (who instruct or carry out forced
evictions) from interfering in the right to adequate housing by protecting the tenure
of existing housing against interference or forced evictions by third parties and to
enforce such measures. Lastly, the obligation to fulfil requires states to take
appropriate legislative, administrative, judicial, budgetary, promotional and other

1
South African Human Rights Commission, 2002, The Right of Access to Adequate Housing, 5th
Economic and Social Rights Report Series 2002/2003 Financial Year, 5th Report, 1
2
See Mike Campbell (Pvt)Ltd v Minister of National Security Responsible for Land, Land Reform and
Resettlement, Judgement No SC 49/07, Supreme Court of Zimbabwe, 22 January 2008 and Government
of the Republic of South Africa and Others v Grootboom and Others 2000(11) BCLR1169(cc). For a
detailed list of some important cases on Property, Land and Housing Rights, see, B., CHIGARA (ed)
2012, Re-conceiving Property Rights in the New Millenium Towards a New Sustainable Land Relations
Policy, ix-xii see also MUNYARADZI SARUCHERA & SIBONGILE MANZANA, 2012, “Land and
resource rights, tenure arrangements and reform in community-based natural resource management in the
Southern African Development Community” in (ed)B.CHIGARA Re-conceiving Property Rights in the
New Millennium Toward a new Sustainable land Relations Policy Land, 73-76.
3
See, Goal 7, Target 7d of the Millennium Development Goals which aims by 2020, to have achieved a
significant improvement in the lives of at least 100 million slum-dwellers; The Millennium Development
Goals and targets come from the Millennium Declaration, signed by 189 countries, including 147 heads
of State and Government, in September 2000 (http://www.un.org/millennium/declaration/ares552e.htm).
See http://mdgs.un.org/unsd/mdg/host.aspx?Content=indicators/officiallist.htm consulted on 16/05/2013
4
See Government of the Republic of South Africa and Others v Grootboom and Others 2000(11)
BCLR1169(cc)[24], T. KATE, 2011. A resource guide to housing in South Africa 1994-2010: legislation
policy programme and practice, 42.
146
measures aimed at the full realization of the right to adequate housing by facilitating
the opportunity of everyone to find affordable housing and to provide necessary
housing to particularly vulnerable individuals and groups. 1

This requires that the State puts conducive conditions in place to promote adequate housing and
the self-help housing program.

I.3 THE PROBLEM STATEMENT

The State has a legal obligation to promote adequate housing by means of measures to make
housing accessible, address the housing backlog, confront evictions, address disparities in the
type of housing provided, and overcome inequality. 2Apartheid dispossessed the majority of
South Africans of their land, thereby denying them the right to housing.3The constitutional right
to housing is hindered by many interpretations and applications. 4The international experience
has shown that there are different forms of state intervention in response to backlogs or
inadequacies in housing. Three forms of State intervention can be identified: 1) as a providence
state, the State aims to provide everything;2) as a participant state, the State provides shelter or
housing; and 3) as a regulator state, the State lays down rules and regulations to guide the
housing process.5 The type of intervention adopted impacts on the promotion of adequate
housing to different degrees under changing living conditions.

As in other countries, South Africa has witnessed an influx of people from the rural areas who
move to the urban areas in search of better living opportunities. Accommodation in the urban
areas is expensive. Self-help housing presents itself as a viable solution to this situation. South
Africa’s self-help housing program takes many forms, including people occupying land and
building shelters, in other words, slums; buying a piece of land and building houses; or being
funded and assisted to build houses 6

II LITERATURE REVIEW

This section reviews the literature on the State’s legal obligation to promote adequate housing
and a self-help housing program. It focuses on the legal understanding of the promotion of
adequate housing, the background to self-help housing in South Africa and elsewhere, the
complexities of providing adequate housing and, finally, practices in this regard.

1
MANISULI SSENYONJO, 2012, “Land ownership and economic, social and cultural rights in the
southern African development community”, in Re-conceiving property rights in the new millennium.
Towards a new sustainable land relations policy Ben Chigara(eds),16-17.
2
Government of the Republic of South Africa and Others v Grootboom and Others (note 5 above).
3
South African Human Rights Commission see (note 3 above).
4
See, Government of the Republic of South Africa and Others v Grootboom and Others (note 5 above),
The Housing Act, 1997 (Act No 107 of 1997 as amended in 1999 and 2001), Social Housing Act, 2008
(Act No. 16 of 2008), National Housing Code of 2009.
5
L. J. NTEMA 2011. Self-help housing in South Africa: paradigms, policy and practice. Doctor of
Philosophy Degree in the Faculty of the Economic and Management Sciences (Centre for Development
Support) University of the Free State, 18; Chang, 2001, Globalization economic development and the
role of the State, 36-37.
6
L. J. NTEMA, (note 4 above)
147
II.1 LEGAL UNDERSTANDING OF PROMOTING ADEQUATE HOUSING

According to Gillian promoting adequate housing refers to “Increasing understanding of


housing rights includes activities to ensure that NGOs, Community-based organizations,
government agencies, development partners and the general public have a better understanding
of housing rights; persuading the government authorities to realize their obligations; and
working with communities or specific marginalized groups to exercise housing rights
directly”.1This emphasizes that, in self-help housing, people work in communities such as
Community-based organizations, etc in order to improve and promote their right to adequate
housing.

The legal understanding of promoting adequate housing is understood to refer to seven criteria
advocated at international level by the United Nations Committee on Economic, Social and
Cultural Rights (UNCESCR).2 These criteria are: legal security of tenure, affordability,
availability of services, habitability, accessibility, location and cultural acceptability. The
fulfilment of these criteria empowers people to defend and promote self-help housing rights.
South Africa is in line with the international instrument as committed to ensure adequate shelter
for all and making sustainable human settlements safer, healthier and more liveable, equitable
and productive.3

To understand housing rights, the Community Law Centre states that, firstly housing "entails
more than bricks and mortar".4 It requires land, appropriate services such as the provision of
water and the removal of sewage and the financing of all of these, including the building of the
house itself. For a person to have "access to" adequate housing, all of these conditions must be
met: "there must be land, there must be services, and there must be a dwelling." In addition,
according to Jabir et al a house with the basic amenities of water, sanitation and domestic
energy, offering a sense of privacy, safety and dignity, is the right of every individual in society. 5

Furthermore, King6 philosophies housing concept stating that housing is a familiar space, full
of familiar things. He sees it as the place where people seek to avoid the exceptional and the
surprising. King argues that Housing, it is both needless and essential to say, is something we
live in. It does not consist of policy documents, strategic plans or best value inspections. He
thus based his definition addressing housing policy as something completing different from the
activity of housing and needs to be kept separate.

Turner, who has made important contributions to housing discourse, defines housing as a

1
G., NEVINS, 2010. The Haki Zetu Our Rights: the right to adequate housing, 41.
2
See Article 11 of the International Covenant on Economic, Social and Cultural Rights (ICESCR) of
1966 ; UN Doc.E/1991/23. (1991) UNCESCR. General Comment No. 4. The Human Right to Adequate
Housing.
3
South Africa Human Right Commission
4
COMMUNITY LAW CENTRE, 2005. Promotion and protection of economic, social and cultural rights
enshrined in the Bill of Rights and other African and International Human Rights instruments.
5
JABIR et al .2012 .“A Comparative Analysis of Housing Shortage and Levels of Deprivation in India”.
European Journal of Social Sciences, Volume 27. Issue 2, p 194
6
P., KING (2005) The common place. The ordinary experience of housing,
148
process rather than a product.1 While king2 argues that there are three qualities of housing: first
housing need is permanent, as we must always have suitable dwelling. Second, our housing
need is predictable, thereby allowing for a more regular pattern of provision. Interestingly this
second quality of housing needs change slowly to the extent that changes can be readily
accommodated.

To illustrate this definition and qualities of housing, Adebayo refers to the successful dweller
transformation of informal settlements in Latin America into lower middle-class
neighbourhoods.3 This demonstrates the possibilities and benefits of achieving housing
incrementally, rather than instantaneously. The third quality of housing becomes apparent:
housing, become of its permanence and its predictability, is more readily understandable in that
we know we need it, that we will always need it, and to what standard we require it. 4

The UNCESCR has devoted attention to defining the concept of adequate housing, a phrase
used in South Africa’s Constitution. Gillian points to the UNCESCR’s general comment
number 4, paragraph 8, on the seven criteria to clarify what adequate housing means. 5Legal
security of tenure is fundamental to the right of access to adequate housing; availability of
services refers to materials and facilities, including safe water and sanitation, and infrastructure
such as roads and electricity; affordability requires that the State ensures that housing costs
match recipients’ income level and that the costs of low-cost housing, housing materials or
rented accommodation should not prevent people from satisfying other basic needs; habitability
includes safe construction, enough space, lighting, protection from the weather, ventilation and
privacy; accessibility implies that disadvantaged or marginalized groups must be given full and
sustainable access to adequate housing; and location means that there must be access to health
centres, schools, employment, emergency services and other services. Housing should not be
located in dangerous or unhealthy places. Cultural adequacy implies that the way houses are
constructed should take cultural needs into account. All things being equal, if one of these
criteria is absent, the housing provided is not adequate.

South Africa human rights commission 6, emphasis is referred to adequate housing requirement:
available land, appropriate services, including of housing itself. Access to adequate housing
also suggests that it is not only the state who is responsible for the provision of houses, but that
other agents within our society, including individuals themselves, must be enabled by legislative
and other measures to provide housing. In contrast, Manisuli Ssenyonjo 7points out several
human rights such adequate housing, adequate food, work, water and sanitation that are affected
by access to land. He also indicates that inequitable land ownership patterns and landlessness
give rise to a host of interrelated human rights violations including hunger and inadequate food,

1
J.F.C., TURNER (1976) Housing by People: Towards Autonomy in Building Environments. Marion
Boyars
Publishers, London. Quoted by ADEBAYO, P. W. 2011. “Post-apartheid Housing Policy and a
Somewhat Altered State Role: Does Incremental Housing Still Have a Place in South Africa?” The Built
& Human Environment Review, Volume 4, Special Issue 2, 6.
2
P.,KING, (note above)
3
Idem.
4
P. KING (note above) 68
5
G. NEVINS (note above) 20.
6
South Africa Human Rights Commission (note above)
7
MANISULI SSENYONJO (note above) 3
149
inadequate housing, poor health, and extreme poverty. Manisuli Ssenyonjo thus based his
argument on addressing a clear relationship between access to land and the enjoyment of
economic, social and cultural rights.1

From the above contrast, International covenant on economic, social and cultural rights
(ICESCR) places a duty on State parties to progressively recognize or realize, within its
available resources, the right of everybody to adequate housing. 2 Yet, The notion of provide
property rights is viewed as the ideal tenure system, and as a result, land tenure arrangements
have remained fixed and this extent, private property is too exclusive and insensitive to the
changing social, economic and environmental realities of the region(SADC). 3 It follows that, in
the context of African communal tenure, there is a degree of community control over who is
entitled to accessing resources and thereby qualified for allocation of land for residence and
cropping, as rights to common property resources under the group’s control. 4 Therefore,
Saruchera and Sibongile have focused their arguments on the main tenure systems currently
obtaining in southern Africa are communal property, state property and private or free hold.

II.2 BACKGROUND TO SELF-HELP HOUSING IN SOUTH AFRICA

Self-help housing originated in Sweden in the 1940s.Ntema notes that self-help housing dates,
particularly in developing countries, from the 1930s and 1940s when US-agencies like the
Housing and Home Finance Administration and later the International Cooperation
Administration introduced pilot projects in specific Latin American countries. 5

While many scholars have contributed to the debate on self-help housing in different countries,
the most prominent of these scholars is Turner, who put forward his theories on self-help
housing in the 1960s.6 According to Turner, any housing programme may be capable of
successful delivery, provided it allows dweller control. 7 Therefore, he argues that “the best
results are obtained by the user who is in full control of the design, construction and
management (dweller control) of his/her own home”. In this regard, the cost of self-help housing
becomes less than a house built by a developer or contractor.

In South Africa, the People's Housing Process is an official self-help housing mechanism which
allows groups of people to work together to pool their resources and contribute their labour to
build homes.8Self-help housing is defined as a housing process that allows poor communities
to act as key decision makers in project planning, design, management and implementation.9
However, Ntema points out that, from the perspective of the promotion of self-help housing,
the State intervenes to fund the project, to empower people with management skills and monitor

1
Ibidem
2
South Africa Human Right Commission (note above)
3
SARUCHERA & SIBONGILE (note above) 76
4
Idem
5
NTEMA L. J. (note above) 21.
6
J.F.C., TURNER, (note above)
7
Idem 23.
8
K., LANDMAN & M., NAPIER, 2009. “Waiting for a house or building your own? Reconsidering
state provision, aided and…”. Habitat International (30)4.
9
L. J. NTEMA (note above) 6.
150
the implementation of the project.1

State-provided housing entails a direct role for the State as developer, financier and/or
contractor in the housing development process. 2This model has been criticized for a number of
reasons. The first is the ensuing lack of social and economic opportunities, the second is the
lack of adequate and affordable land, and the third is the lack of maintenance. Taken together,
these factors increase inequality and the growth in housing demand by different classes, which
push people into informal settlements.

In South Africa, self-help housing can be characterized as a formal model that is regulated or
as an informal model that is unregulated. It can be identified in both rural and urban areas, when
people respond to a lack of State intervention at a particular time.

In general, self-help housing is described as an adequate and direct response to the inability of
the State to deliver. In South Africa, self-help housing has long history. During the colonial
period, self-help housing was adopted by the African community to reduce the costs of
construction.3Different organizations became involved in this process in order to improve living
conditions and empower people to take charge of their own lives.

II.3 INTERNATIONAL SELF HELP HOUSING

Many advocacies have contributed as pointed earlier to the debate on self-help housing in
different countries. Latin America and Asiatic countries have pushed the bar far toward
understanding of self-help housing debate and practices. Self-help housing occurs at a massive
scale, as a consequence of population growth and simultaneous urban growth which pushes
people running after better living conditions. Thus follows expansion informal settlement as
mode of self -help housing.

Informal settlement as mode from which people use self-help housing, present different figures
from continent to continent, with around 28% in South-East Asia, 78% in Sub-Saharan Africa
and 39% in Latin America.4According to Peter et al,5in Latin America, governments intervene
in two angles: first angle is to gradually provide essential infrastructure in an attempt to ensure
that beneficiaries of self-help housing are more fully integrated into the city as working-class
neighbourhoods. And the second angle underlines the illegal nature of land capture to be
addressed by transferring full title to residents who were, in effect, affected by no developed
site. In Mexico, Jan and Otto6 point out that at the beginning, the local governments provided
land and land-titles, basic services, or even building support; later, a few state governments

1
Ibidem.
2
Idem.
3
K. LANDMAN, K. & M. NAPIER, (note above) 2.
4
DEVISARI TUNAS & ANDREA PERESTHU, 2010, The self-help housing in Indonesia: The only
option for the poor? Habitat International, 316.
5
P. WARD et al, 2011, Self-help housing policies for second generation inheritance and succession of
“The House that Mum & Dad Built”. Habitat International 35, 467.
6
J. BREDENOORD & O., VERKOREN, 2010 Between self-help e and institutional housing: A bird's
eye view of Mexico's housing production for low and (lower) middle–income groups. Habitat
International 34, 360
151
stepped in self-help housing process, as well as a series of NGOs. Jan and Otto 1 argue that
considerable success in developing efficient and low costs policies of land regularization from
first generation owners in irregular settlement benefited from one or other of those programs as
key factor.

In contrast, Self-help housing in Indonesia is related to being mostly a self-initiated and self-
constructed urban settlement, with sometimes low housing qualities and always no security of
tenure.2 The issue in Indonesia as in other Asian countries is of a housing backlog, its population
living in informal settlements and slum-like conditions (Bredenoord et. al, 2014). In these low-
cost self-management residential areas, Devisari and Andrea argue and emphasis that the
residents rely mainly on their own efforts and their social networks. These low-income
Indonesian as other Asian get also supports from international development agencies in the co-
productive or self-help for slum upgrading or site and service interventions (Galuszka, 2021).
Devisari and Andrea thus, stressed that against all odds Indonesian makes a substantial
contribution towards accommodating the urban underclass.

The practices of self-help housing of dwellers in Mexico moved towards a gradual upgrading
of dwellings, following a step-by-step approach depending on the household's financial
situation, dwellings were improved and expanded, using better building-materials.3
Angel,4pointed out that Inheritance and succession in Latin America and in Mexico, Societies
have different traditions and laws property holding, gender, inheritance and succession toward
success of self-help housing. In Indonesian City, Devisari and Andrea5 advocate Ford model of
the Indonesian City, as a refined version of the South East Asian city model, has four
characteristics: The first is the inner-city kampong; the second is the mid-city kampong, the
rural kampong and the temporary squatter kampong. These characteristics lead thus Devisari
and Andrea, to state that the profile of the inhabitants changes from time to time along with the
city's social transformation.

In self-help housing discourse Devisari and Andrea6, argue that Indonesia is in a situation of
very low-income for majority of Indonesians. While Jan and Otto7 advocate land problem tying
Mexico to future urban housing market growth. In sum, an effective and expeditious titling and
inheritance programs are an important policy issue, not only to provide security for the
beneficiaries but also for the maintenance of the housing stock itself.8

II.4 COMPLEXITIES OF PROMOTING ADEQUATE HOUSING

The problem of evictions is compounded by the lack of security of tenure, which is an


indispensable pillar of the right to adequate housing.9 Homeowners become reluctant to invest

1
J. BREDENOORD & O., VERKOREN, (note above) 362.
2
DEVISARI TUNAS & ANDREA PERESTHU,(note above) 315.
3
J. BREDENOORD & O., VERKOREN, (note above) 360.
4
J. ANGEL 2008, Inheritance in contemporary America: The social dimensions of giving across
generations, Johns Hopkins University Press. cited in P., WARD et all, (note above) 474.
5
DEVISARI TUNAS & ANDREA PERESTHU, (note above) 316.
6
DEVISARI TUNAS & ANDREA PERESTHU, (note above) 318.
7
J. BREDENOORD & O., VERKOREN, (note above) 363-364.
8
P. WARD, et all (note above) 484
9
COMMUNITY LAW CENTRE (note above) 7.
152
in their homes if they face the possibility of eviction at some point.

The UNCESCR has emphasized the need to adopt strategies to define the objectives of the
housing sector. Gillian identifies such strategies as the identification of the available resources;
identification of most effective way of allocating or utilizing resources for better outcomes; and
finally, accountability in the process as well as timeframes for effective implementation. 1 In this
regard, South Africa presents a scenario where the resources are available, but the utilization of
these resources for better outcomes is missing. In addition, efficient utilization of timeframes to
respond to needs has yet to be achieved. Furthermore, there has been a failure to implement
appropriate measures at each step of the housing process. These strategies can only produce
better outcomes if beneficiaries are consulted and participate in the process. South Africa has
yet to respond adequately to all these complexities in its self-help housing programme.

Article 17 of the Universal Declaration of Human Rights (UDHR) declares and provides simply
the right to property that shall be guaranteed leaving States with a margin of discretion in
determining the scope of the right to property 2 According to Ssenyonjo, implication of such
article of UDHR is that states have a potentially wide margin of discretion to define public need
and general interest of the community in a particular national context. Yet the discretion in
SADC context is perceived not responding towards public needs and interests while SADC
social charter protects the individual right to receive sufficient resources.

The International Covenant on Economic, Social and Cultural Rights (ICESCR) states that if a
State is unable to meet its minimum obligations due to a lack of resources, it must at least be
able to demonstrate that every effort has been made to use all resources to satisfy those
minimum obligations.3Once again, the efficient allocation of resources comes to the fore. The
better the resources are used and the higher the levels of accountability, the higher the odds that
the needs of the people affected will be met. Given its limited resources, the State has an
obligation to delineate its core minimum obligation to take some measures towards the
realization of the right of access to adequate housing. Again, positive action and accountability
in the realization of adequate housing are advocated on the part of the State. The above ideas
are supported by Kate, with reference to the legal obligation of the State to take reasonable
legislative and other measures, within its available resources, to achieve the progressive
realization of this right.4In South Africa, efforts have been made to fulfil these requirements.

Above all, realization of the right of access to adequate housing faces difficulty based on
housing policy for not having to be contemporary. King,5states housing policy is always related
to the current time and context. In this regard, king says that it is because policy and the study
of housing policy, chases the immediate. Kind concludes that often housing is seen in terms of
policy making and implementation.

1
G. NEVINS, (note above).
2
MANISULI SSENYONJO (note above) 5-6.
3
UN Doc. E/CN.4/Sub.2/1993/15. paragraphs. 54-57; PADRAIC KENNA, Housing Rights and Human
Rights: Feantsa , Faculty of Law , National University of Ireland available at
http://ir.library.nuigalway.ie/xmlui/bitstream/handle/10379/1762/Housing%20rights%20and%20human
%20rights.pdf?sequence=1 (accessed:06/04/2012).
4
T. KATE, (note above) 27.
5
P. KING, (note above) 66.
153
II.5 PRACTICES IN PROMOTING ADEQUATE HOUSING

In many developing countries, the main housing practice has been through self-help, driven by
people who have moved from rural to urban areas. Bredenoord and Lindertnote conclude that
the philosophy of self-help proponents envisages the State’s role as the creation of the
conditions that enables the urban poor to build their own houses incrementally. 1Gillian points
out that State planning processes are usually complex and busy, officials may have little time
to undertake adequate research and consultation concerning housing projects.2 She goes on to
say that Community-based Organizations and NGOs can help the authorities by providing well-
researched information about problems in the delivery of adequate housing and ideas about
what might work better. King, 3argue the principal subject of housing research is housing policy,
and instead proposes a focus on housing as an activity undertaken by households and
individuals. He goes also on to say that the debate government, community-based organizations
and NGO’s is partly a question of scale, about whether housing should be seen as the preserve
of government, planning agencies and large corporate landlords, or as an activity we all take
part in as individuals and households. Furthermore, (Galuszka, 2021) substantiates that self-
help approach has been earmarked mostly for slum upgrading or site and service interventions
supported by international development agencies, while in the context of an active civil society,
people’s organisations emerge as an important. He goes on to say that self-help approach,
represents a substitute to the conventional logic of informal spatial structures being merged and
‘incorporated’ into the city (Galuszka, 2021).

South Africa’s Constitution lays down the right to ‘adequate shelter’ for all South African
citizens within the means of the Municipalities to fund and deliver such housing opportunities. 4
In practice South Africa as a State intervenes in terms of programmes and mechanisms to
encourage self-help housing by increasing affordability.5The State intervenes to allow
individual or collective initiatives by households to house themselves, and supports such
initiatives by providing inexpensive land, security of tenure, and basic services such as water,
sewerage and electricity.6

There are three forms of housing provision: The first is houses that are built by a professional
contractor, the second is houses built by the state (RDP) and the third is houses built by people
themselves.7

In 1998 the People’s Housing Partnership Trust produced policy guidelines that advocate
“greater choice” and “increased input” by participants in the application and use of their
subsidies.8 As people gather around a common value of having a house, they emphasize the

1
J. BREDENOORD& P. V. LINDERT, 2010. “Pro-poor housing policies: rethinking the potential of
assisted self- help housing”. Habitat International, volume 34, Issue 3, pp 278-287.
2
G. NEVINS (note above) 74.
3
P. KING, (note above) 58.
4
K. LANDMAN & M., NAPIER, (note above)1.
5
Idem 3.
6
L. J. NTEMA (note above)31.
7
Ibidem
8
L. J.NTEMA & L. MARAIS 2009. ‘’Institutionalized self-help housing and state interference: case
studies from the Free State’’. The Southern African Housing Foundation international conference,
exhibition & housing awards.11-14 October.
154
value of a house in terms of its function, rather than the type of material used to build it. Ntema
observes that it is important to ensure that there is a close relationship and match between
buildings, their users and the lives of the people using them.1 According to Marais et al, the fact
that housing will be upgraded over time ensures that the physical characteristics of the house
will most likely improve, should people be given the “freedom to build”.2

People organize themselves around Community-based organizations and NGO’s to respond to


their housing needs and changes in their living conditions. It has been demonstrated that the
most effective way to improve lives is for people to organize and empower themselves. To
Gillian, self-help activities aim at claiming rights directly, without relying on the government.3
In South Africa, the history and approach to planning and township establishment, the
duplication of housing institutions and funding mechanisms, the plethora of legislation dealing
with housing, land, services and the lack of unidentified land are constraints to solving the
housing crisis.4One of the hindrances is sections 10A and 10B of the Housing Amendment Act
4 of 2001, which restrict the voluntary and involuntary sale of state-subsidized housing, making
it difficult to implement and promote self-help housing. In addition, beneficiaries are not
involved in the planning and sustainability of housing programmes. Furthermore, the lack of
information and inadequate communication between the State and beneficiaries affect the
promotion of adequate self-help housing in South Africa. Moreover, in many settlements across
South Africa, dwellers have attempted to consolidate their dwellings through self-help
construction, relying on their limited finances and technical know-how (Ojo-Aromokudu, and
Loggia, 2017). They go on to say that areas of concern demand a more regulatory framework
to create an enabling environment for more sustainable self-help consolidation.

According to Adebayo5 the promotion of adequate housing proceeds from a market perspective,
which is an inappropriate provider paradigm to satisfy the enormous demand for housing on the
part of the poor as well as the market to meet their needs. 6 While, Harris,7supports Housing
markets as much more dynamic because of interventions such as housing markets renewal and
city region. He goes on to say private sector, are not driven by the need to promote community
cohesion and mixed neighbourhoods. Rather, the overriding objective is to maximize profit.
Whereas Turner suggests that government should stop providing housing and rather start
supporting households to achieve housing through self-help.8 On the other hand, Marais et al
argue that the state control over self-help beneficiaries has been central to the development and
practice of a more direct policy on self-help in South Africa. 9 The state should let the
beneficiaries control themselves and help them by enabling the conditions under which they
have to operate.

Regarding the practical implications of self-help housing, Marais et al (2008) turn to Turner’s

1
L. J. NTEMA (note above) 25
2
L. MARAIS et al. 2008. “State control in self-help housing: evidence from South Africa”. Paper
presented at the European Housing Network Research Conference, Ireland, 6-9 July.
3
G. NEVINS (note above) 70.
4
COMMUNITY LAW CENTRE, (note above) 4.
5
P. W. ADEBAYO (note above).
6
idem.
7
H., BEIKER (2012) Race, Housing and community: Perspectives on policy and practice, 73
8
J.F.C. TURNER (1976) (note above).
9
L. MARAIS et al. 2008 (note above).
155
work, which suggests that governments should not provide those aspects of housing which
people can provide for themselves. 1 To call on government, King2 is of the view that
government housing policies are about production and consumption, and are based on a material
conception of housing, which sees things rather than activities and meanings. The government
should only provide basic services and the beneficiaries should be responsible for building the
houses.

In practice, one can advocate that housing as right lies in the State’s legal obligation to promote
the right to access to adequate housing as stipulated by the Constitution in section 26 of the Bill
of Rights. The state cannot fall back on any excuses, as it is required to act positively within the
confines of its limited resources. While one can consider a house as a commodity or product,
the notion of the market implies the maximization of profit at minimal cost. Beneficiaries who
are considered ‘customers” (the poor), are neglected in the interests of making profit.

III RESULTS AND FINDINGS OF RESEARCH

The State’s legal obligation to promote adequate housing in the case of self-help housing
presents some interesting perspectives. The obligation to promote adequate housing requires
the State to take action in furthering or advancing the right to housing. In practice, this obligation
rests on the seven criteria advocated by UNCESCR to give meaning to adequate housing. These
criteria include legal security of tenure, affordability, availability of services, habitability,
accessibility, location and cultural acceptability. Incompatibility occurs when the state does not
promote even one of these seven criteria. The best scenario for South Africa, in terms of
available resources, is to promote self-help housing. However, the implementation of legislative
measures poses a problem.

IV. CONCLUSIONS AND RECOMMENDATIONS

IV.1 CONCLUSIONS

This paper has examined the State’s legal obligation to promote adequate housing in a case
study of the self-help housing program. The results reveal that the practices of the self-help
housing program have not been effective, regardless of its long history. Despite support from
international and local organizations stated in previous section, self-help housing remains a
small percentage of housing in South Africa.

In order to promote the right to adequate housing through self-help housing, changes in the rules
and regulations that affect the way in which policy mandates are interpreted and implemented
by the State are necessary. The self-help housing program appears to be the most viable
alternative in terms of responding to the need for adequate housing.

1
Ibidem
2
KING, (note above) 2.
156
IV.2 IMPLICATIONS FOR PRACTICE AND FURTHER RESEARCH

The practice of self-help housing will impact on the living conditions of the beneficiaries. In
the worst-case scenario, without self-help practice, the standard of living of those in need will
not improve, given the ever-increasing growth of the urban areas as well as population growth.
Self-help housing practice needs to be in line with the UNCESCR criteria for adequate housing.
Turner’s view that governments should not provide assistance beyond what people themselves
are able to provide should be borne in mind.

Further research could focus on an increase in the provision of financial resources to those in
need; an examination of land resources and how these could be made available; and research
into training in self-help management and creating awareness.

IV.3 RECOMMANDATION

Self-help housing practices need to be promoted. First of all, planning process needs to be in
place. Planning is considered as a process of dialogue between different systems of meaning in
the search for areas of consensus, and should not be regarded as a technical procedure but as
consensus building through communication.1 Then comes community-based organizations,
associations and Ngo’s in housing discourse. Housing associations must demonstrate, when
carrying out all their functions, their commitment to equal opportunity. They must work towards
the elimination of discrimination and demonstrate an equitable approach to the rights and
responsibilities of all individuals.2 Secondly, the national department of housing must consider
adopting a communicative action approach, which encourages the involvement of all
beneficiaries and those affected in its planning in order to promote different and diversity while
achieving integration.3 In practices, self-help housing requires careful planning, large amounts
of capital, political consensus and dedication to design a low-cost public housing programme
as well as a whole arsenal of skills to manage the different players and stakeholders, each with
their own agenda and interests. 4

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1
South African Human Rights Commission see (note 4 above) 53.
2
H. BEIKER, (note 70 above) 41.
3
South Africa Human Right Commission (note above) 53
4
DEVISARI TUNAS & ANDREA PERESTHU, (note above) 316
157
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159
ETUDE COMPARATIVE DES CHANGEURS DE MONNAIE DITS
CAMBISTES ET DES INSTITUTIONS FINANCIERES DE LA VILLE DE
BUKAVU (2019)

Adam KIRUMBA NDANDA


Assistant d’enseignements, Institut supérieur Pédagogique de Kaziba (ISP/Kaziba)
Département d’informatique et Gestion, Sud Kivu, R.D.C.

kirumbanda@gmail.com

Résumé

Le monde repose sur l’économie, l’évolution de tout pays est liée au niveau du pouvoir d’achat de sa
monnaie, c’est la solvabilité des populations.
Tout problème affectant la monnaie touchera sans aucun doute tous les autres secteurs économiques du
pays. De même, toute inflation entraine une dépréciation de la monnaie qui s’étendra à une crise
politique, économique et même sociale dans des institutions de la nation.
Ceci se justifie dans la mesure où il y a toujours des remous lorsque « rien n’avance » dans la vie
économique.
Le cas de la République Démocratique du Congo en proie d’une de ces crises les plus meurtrières de la
planète nous donne lumière : le désavouement de la monnaie Zaïroise à l’époque sur le marché monétaire
international au cours des années 1970 en constitue la genèse.
Dans ce travail, nous nous attarderons plus à dégager les quelques problèmes monétaires que connait
la ville de Bukavu et essayer d’y proposer des pistes de solution, compte tenu de la prolifération des
petits marchés des vendeurs de monnaie qui œuvrent tout au long des chaussées de la ville et nous
décrirons la manière de faire des quelques institutions financières de la place.
Notre attention sera donc portée sur la recrudescence des problèmes monétaires que connait la ville de
Bukavu et qui se justifie par la multiplication des changeurs de monnaie et même des marchés officieux
de la monnaie, l’échec de la gouvernance se traduisant par l’abandon du contrôle du change de
monnaies.
Nous tâcherons de tirer une réflexion portant essentiellement sur les effets de la crise monétaire et les
exigences économiques dans la ville de Bukavu. Cette réflexion s’interrogera aussi sur le comportement
des opérateurs économiques face à la crise (inflation ou déflation) qui est l’un des grands phénomènes
qui détruit la valeur monétaire et des mesures de correction y afférentes. En même temps, tenant compte
des informations à notre disposition, ces réflexions se limitent au niveau des interviews et enquêtes
menées dans différentes institutions financières de la ville, des institutions économiques et mêmes des
associations cambiaires.
Cette étude illuminera nos lecteurs sur des questions de l’état des organisations bancaires et institutions
financières.
Une population des 407 Cambistes a été identifiée à cet effet sur différents marchés de change de monnaie
dans la ville de Bukavu.
Les quelques questions auxquelles nous allons tenter de donner réponses dans cette étude seront axées
sur la catégorie d’institutions financières auxquelles la mission de change de monnaie est dévolue, les
quelques problèmes monétaires et les obstacles que constitue la prolifération des marchés de changeurs
de monnaie au développement économique de la ville de Bukavu.
L’identification des sites des cambistes et leurs statistiques ainsi que le calcul de leurs marges
bénéficiaires seront pris en compte, ainsi que les mesures préconisées pour palier à cette crise.
En République Démocratique du Congo en général et dans la ville de Bukavu en particulier, le cambiste

160
est une autre catégorie d’opérateurs économiques œuvrant à sa guise dans le secteur non formel et à
découvert sur les voies publiques de la ville.
De notre observation, nous avons relevé certains problèmes économiques liés au change de monnaie qui
crée la crise même. Dans cette perspective, la Banque Centrale du Congo est appelée à jouer le rôle
essentiel qui lui dévolu, à savoir le monopole du contrôle monétaire des institutions financières bancaires
et non bancaires sur toute l’étendue de la province du Sud-Kivu.
Ces dernières, si elles sont désireuses d’effectuer des opérations financières, doivent solliciter auprès de
la Banque Centrale du Congo une autorisation préalable pour éviter des abus financiers et surtout veiller
à une gestion saine de la monnaie.
Plusieurs réformes ont été envisagées pour sanctionner la non observance des recommandations (loi
n°005 du 07 mai 2002 relative à la constitution, à l’organisation et au fonctionnement de la Banque
Centrale du Congo).
La plupart des Cambistes sont dans l’informel, ce qui donne lieu à une évasion fiscale et au mépris de la
loi qui sape la légitimité de l’Etat.
Les résultats auxquels nous avons abouti dans ce travail font état de :
• Il y a bien un rapport entre les institutions financières et le Cambisme sur le plan fonctionnel et
financier dans la ville de Bukavu.
• Les Cambistes fonctionnent avec des capitaux prêtés par les tiers.
• Le Cambisme a un certain impact socioéconomique sur la vie des populations de la ville de
Bukavu.
• Les Bradeurs affirment qu’il y a insuffisance si pas absence de devises dans toutes les
institutions financières bancaires et non bancaires de la ville de Bukavu.

Dans ce contexte, les Cambistes font leur loi monétaire avec une masse monétaire incontrôlée en
circulation.

Mots-clés : Cambiste, Change, monnaie, institutions financières

Abstract

The world lays on the economic, the assessment of all contries is linked to the value of
evaluation purchasing- power of its economy.
All problem affecting the economy will touch all the other economic sectors of the country. At
the same time, all inflation entails a depreciation of the money which creates a political,
economic and even social crisis in the institutions of nation.
This justifies itself in the measure where there is always shoks when nothing advances in the
economic life.
The case of the Democratic Republic of Congo in snatch of one of crisis the most deadly of the
planet gives us light : the disclaim of the Zairian money of the epoc in the international
monetary market during the years 1970 in constituting the beginning.
In this work we will wait further to release some monetary problems that the town of Bukavu
knows and try to propose there some grounds of solution taking into account the proliferation
of small markets of money sellers all along the sides of the highway of the town as well as to
discribe the manner in the affair of some financial institutions of the place.
Our attention will be therefore focused on the fresh outbreak of monetary problems in the town
of Bukavu and which justifies itself by the multiplication of money Changers and even of
officious markets of the money, the failure of the governing is interpreted by the abandonment
of the control of the change of money.
We will spot to draw a reflection everywhere essentially on the effect of the monetary crisis and
the economic exigencies in the town of Bukavu.
161
This reflection will ask also about the behaviour of economic operators facing the crisis
(inflation or deflation) which is one of the great phenomena which destroys the money value
and measures of correction refered to. At the same time taking into account information at our
disposal, these reflections limit themselves at the level of interviews and inquiries conducted in
different financial institutions of the town, economic institutions and even of Cambists
associations.
A population of 407 Cambists was identified in different markets of change of money town of
Bukavu.
Some questions to which we are going to try to give answers in this study will be centered on
the category of financial institution of which the mission of money change is devolved, some
monetary problems and the obstacles that constitute the proliferation of markets of money
Changers to the economic development of the town of Bukavu.
The identification of sites of Cambists and their statistics as well as the calculation of their
profit margins will be taken into account. Lastly, the measures recommended to level in this
crisis.
In the Democratic Republic of Congo in general and in the town of Bukavu in particular, the
Cambist is an other category of economic operators working in the sector not formal openly on
the public ways of the town of Bukavu.
From our observation, we made out some economic problems linked to the change of money
which even creates the crisis. In this prospect the Central Bank of Congo is called to play the
role devolved to it which is monopoly of monetary banking, of control of financial institutions
banking and non-banking all over the province of south Kivu. These last desirous to execute
financial operations should solicit from the Central Bank of Congo an autorisation beforehand
to avoid financial abuse and specially to keep an eye to a clear management of the money.
Several reforms were looked and sanctioned the non-observances of the recommendations (the
law n° 005 of the May 2002 relative to the constitution, to the organization and to the
functioning of the Central Bank of Congo).
In this context, the Cambists make their own monetary law with a monetary mass uncontrolled
and in circulation.

Key words : Cambists, change, money, financial institutions.

Classification JEL F 31

INTRODUCTION

L’origine des marchés noirs de change de monnaie en République Démocratique du Congo en


général et particulièrement dans la ville de Bukavu se justifie par :

• La crise politique et institutionnelle de 1990


• La prolifération du secteur informel, la hausse de la demande des devises
• L’inflation galopante de 1993
• L’échec de la réforme monétaire de la même année (gouvernement de Monsieur Faustin
BIRINDWA)
• Recours à la planche à billets
• La dégradation continue de la monnaie Zaïroise de l’époque
162
• La destruction des plusieurs unités de production et le départ massif des investisseurs
(chômage et création d’emplois)
• Manque des devises au sein des banques.

Ces raisons ont manifestement contribué à l’expansion du cambisme par la création du Bureau
des Cambistes de Bukavu, initiative de Monsieur Ghilain MWAMBALI.

En juillet 1994 avec l’afflux des réfugiés Rwandais dans la province du Sud-Kivu suite au
génocide, l’activité cambiaire devient une réalité, un quasi emploi. Soucieux d’organiser l’offre
et la demande en devises, en 1995 le Bureau des Cambistes de Bukavu devient une mutuelle
des cambistes de Bukavu (MUCABU). Puis la MUCABU est devenu l’Association des
Cambistes de Bukavu(ASSOCABU) n°JUST.G.S 112/S-/674 du 11 mars 1998, de nos jours
dédoublée par la FCCO (Fédération des Changeurs du Congo).

L’identification des Cambistes, leur nombre, leurs sites légaux ou même la marge bénéficiaire
appliquée est un casse-tête et exige beaucoup de recherche.

La monnaie occupe une place prééminente dans la théorie des finances. Par conséquent la
réglementation de ses relations avec d’autres monnaies doit être d’une importance non
négligeable.

Qu’à cela ne tienne, peu de chercheur se sont lancés sur cette voie et se sont intéressés à la
réglementation des activités des Cambistes dans la ville de Bukavu.

Outre les quelques commentaires et rapports de la Banque du Congo ayant lien avec la
réglementation, nous n’avons trouvé aucune publication ou travail consistant qui se rapporte à
notre sujet dans les milieux scientifiques de la ville.

Presque tous s’intéressent aux conséquences du marché de change comme l’inflation, le


transfert des capitaux.

Toutefois certains travaux ont essayé de parler superficiellement de relations entre les
institutions financières dans la ville de Bukavu et les Bradeurs, cependant pas au grand public.

En 2003, Jules CHIKURU BINIOKO, étudiant de son état, a abordé dans son mémoire de fin
d’étude la problématique sur la réglementation du change face aux institutions financières de la
ville de Bukavu. Les résultats auxquels il a abouti font état de l’existence effective des textes
régissant cette activité qui ne sont pas suivis d’effet. La négligence notoire de la Banque
Centrale du Congo rend les Bradeurs incontrôlés et le secteur est abandonné aux mains de
quelques individus sans qualités ni compétence.

En 2010, Olivier BAHATI BABWINE, étudiant, aborde directement le problème de Bradage


sur les marchés de change de monnaies et dénonce l’absence des devises dans des Banques et
autres institutions financières de la ville de Bukavu, sauf chez les Cambistes. Il a abouti au
résultat selon lequel les Cambistes disposent facilement des devises au détriment des Banques
pour la simple raison que le marché parallèle vend et achète les devises à un prix plus élevé que
le marché légal.

163
Voici la répartition des Bradeurs par marché et par commune dans la ville de Bukavu :

Tableau 1 : répartition par marché et par commune des Cambistes dans la ville de Bukavu
COMMUNES IBANDA KADUTU BAGIRA
MARCHES • RUZI 1 : 21
er
• Industrielle : • Beach
• Place 20 Bralima : 11
Mulamba : 25 • Nyamugo : • Bagira
• Mobil : 10 25 Commune :
• Nyawera : • SoKo : 26 13
15 • Pas à pas : 10
• Mairie : 17 • Cimpunda : 9
• UtexAfrica : 15 • Major
• Feu rouge : 25 Vangu : 15
• HotelMetropol : • Anglican
15 essance : 30
• Place de • Rumama : 07
l’indépendance : • Carrefour :
20 20
• Essence : 27 • Pont
kibonge : 06
• Beach
Muhanzi : 15
• Ancienne
coopera : 10

TOTAL 190 193 24


Sources : Bureaux provinciaux de l’AssocaBu et de la FCCO

Les problèmes monétaires que connaît la ville de Bukavu sont multiples, mais nous tâcherons
de spécifier ceux qui sont liés aux mécanismes de fixation du prix des devises à la vente ou à
l’achat, à leur approvisionnement et la finalité.

La prolifération des marchés parallèles apparaît comme un obstacle au développement de la


ville de Bukavu dans la mesure où le change de monnaie influence directement la hausse ou la
baisse des prix des autres biens et services même si cela n’est pas une cause d’inflation.

La grande responsabilité du Cambiste réside dans la survie de masses et se situe à la fixation du


prix des devises et celui de la monnaie locale. L’autorité ne manifestant pas le souci de contrôle,
très souvent dans le change des devises contre les francs congolais, tous les prix et paiements
vont suivre la tendance du change.

Il est donc clair que la perte du pouvoir d’achat du franc Congolais (dépréciation) entraine d’une
manière automatique une hausse du prix des biens et même celui des services ; le contraire n’est
pas à nier.

164
I. PROCEDES ET OUTILS

I.1 Présentation du cadre de travail

Bukavu est le chef-lieu de la province du Sud-Kivu une des vingt-six provinces de la République
Démocratique du Congo.

Située à l’Est du Congo démocratique, Bukavu est une des principales villes du pays.

Avec une topographie accidentée, la ville de Bukavu s’étend sur une superficie totale de plus
ou moins 60km². Elle est située à 2°31 latitude sud ; 28°51 longitude Est et à 1 635m d’altitude
moyenne. Elle est limitée par la rivière Ruzizi à l’Est, frontière naturelle avec le Rwanda voisin.
À l’Ouest et au Sud, la ville est limitée par le territoire de Kabare et enfin au Nord par le lac
Kivu.

Sur le plan démographique, il est difficile de donner avec précision, le chiffre exact de la
population ; d’en établir la densité et la répartition faute d’un recensement fiable. Mais les
responsables urbains estiment, en tenant compte de nombreuses migrations de la population,
que la population de la ville de Bukavu serait au cours de l’année 2019 d’à peu près 1 070 019
habitants à une densité presque de 17 833 habitants par km². (Sources : Division provinciale de
la santé, 2019 ; collectées et traitées par l’INS/Bukavu.)

Ces chiffres expriment des graves déplacements des populations rurales vers la ville de Bukavu
créant ainsi un exode rural avec des conséquences négatives sur l’habitat, sur la sécurité, même
sur l’offre et la demande des biens et services. Bref, sur tout le tissu économique. les frais des
loyers revus à la hausse, les constructions de fortune érigées d’une manière anarchique, les rues
bondées à craquer… La vie pénible est au rendez-vous.

Le secteur informel est prédominant dans la ville de Bukavu ; c’est un secteur non structuré,
non officiel. Ce secteur englobe presque toutes les gammes d’activités économiques, les unes
se trouvant en même temps dans les secteurs classiques (primaire, secondaire et tertiaire). C’est
dans ceux-ci que nous trouvons la production artisanale des produits miniers, du savon, de
l’huile végétale, des petits métiers de production des biens et des services ainsi que le petit
commerce.

La forte démographie de la population à Bukavu et ses incidences nous amènent à ajouter que
le peu d’emploi qui peut être disponible dans le secteur secondaire exige de très difficiles, si
pas impossibles, conditions de recrutement à la vue des chercheurs d’emploi. Ainsi presque tous
les ménages ont recours au secteur informel de la création des emplois. C’est le secteur des
activités des Cambistes.

I.2 Des procédés de recherche

i. Des procédés

• La méthode descriptive pour nous avoir aidés à appréhender les quelques problèmes
liés au fonctionnement des Changeurs de monnaie.
165
• La méthode structuro-fonctionnelle nous a permis de comprendre que la multiplication
des marchés parallèles de change de monnaie est incontrôlée au détriment du
consommateur.

ii. Des outils

• L’observation nous a permis de remarquer que les devises étaient plus disponibles sur
le marché parallèle que dans les institutions financières et ce premier étant incontrôlé.
• La documentation est une technique qui nous a permis de consulter certains ouvrages
et textes relatifs aux activités des Cambistes. Elle nous a en outre permis de consulter
les textes légaux qui règlementent le fonctionnement des institutions financières en
République Démocratique du Congo.
• La technique d’interview nous a engagés sur la voie de rapport oral avec les Cambistes
afin de trouver les informations nécessaires à l’élaboration de ce travail.

II. DISCUSSION DES RESULTATS

II.1 Présentation des résultats

Les enquêtes menées dans cette étude ont fait mention de quatre résultats, à savoir :

• Résultat 1 : il y a toujours un rapport entre les institutions financières et le Cambisme


• Résultat 2 : Les Cambistes fonctionnent avec des capitaux prêtés par les tiers
• Résultat 3 : le Cambisme a un certain impact socioéconomique sur la vie des
populations de la ville de Bukavu
• Résultat 4 : Les Bradeurs affirment qu’il y a insuffisance, si pas absence, des devises
dans toutes les institutions financières bancaires et non bancaires de la ville de Bukavu.

Figure 1 : synthèse des résultats obtenus


100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
résultat1 résultat2 résultat3 résultat4
Source : conçu par l’auteur sur base des Cambistes enquêtés sur les marchés

166
II.2 Discussion des résultats

Résultat 1 : Rapport entre les institutions financières et les Bradeurs de monnaie

Il y a toujours un rapport entre Cambistes et autres institutions financières (Banque Centrale du


Congo et les Banques commerciales, les Coopératives d’épargne et de crédits, les caisses
d’épargne…).

Les Cambistes, comme auxiliaires des Banques, participent, dès les années 1997 à nos jours,
aux réunions de fixing du taux de change qui regroupaient les Banques commerciales, les
sociétés coopératives, la FEC (Fédération des Entrepreneurs du Congo) et la Banque Centrale
pour la fixation du taux légal de change et le contrôle de la parité monétaire applicable sur
l’ensemble de la ville de Bukavu et même ses périphéries.

Sur les 407 Cambistes présents dans la ville de Bukavu, 390, soient 95,8%, ont prétendu
reconnaitre les rapports qui existeraient entre leurs activités et les institutions financières. Ils
reconnaissent aussi le rôle de la Banque Centrale du Congo.

La Banque Centrale du Congo n’a plus main mise sur les Cambistes. Elle est incapable de
s’informer sur la masse monétaire en circulation détenue par ceux-ci et en circulation ; ainsi les
Cambistes fonctionnent en électrons libres. Faute d’une bonne politique monétaire en
application, ces Cambistes collaborent plus franchement avec d’autres institutions financières
qu’avec la Banque Centrale du Congo, pourtant centralisatrice de toutes les données monétaires
et financières de la province.

Il s’observe sur le marché de la monnaie un désordre indescriptible, non seulement les


institutions financières sont habilitées à acheter ou vendre les devises mais aussi existe le plus
grand pôle marchand de la ville de Bukavu (grand marché de Kadutu) qui s’improvise en grand
acheteur des devises à un taux non contrôlé par le pouvoir monétaire en place.

Résultat 2 : source des capitaux utilisés sur les marchés parallèles de monnaie à Bukavu

Nos enquêtes nous ont démontré que les capitaux avec lesquels fonctionnent les Cambistes
proviennent des diverses sources : familles, commission (du croire), grands opérateurs
économiques, des fonctionnaires, de l’armée, de la police nationale et autres sources pour
faciliter les opérations de change de monnaie qui génèrent les dollars américains.

60% des fonds, déclarés investis par les Cambistes, proviennent des grands opérateurs
économiques, 25% des affaires personnelles, 10% des familles et 5% des commissions.

55,7% de la population de Cambistes prétendent tirer leurs capitaux des différents partenaires
ci-haut cités.

Résultat 3 : Le Cambisme a un certain impact socioéconomique sur la vie des populations de


la ville de Bukavu

Érigé en emploi, le Cambisme est un métier de la rue non structuré. Pas mal d’institutions ont
167
du mal à se s’acclimater à l’instabilité financière et économique. D’une manière normative, les
autorités devraient regrouper les Cambistes en bureaux de change pour le suivi de leurs activités
et les contrôler de manière à ne pas porter atteinte aux mesures de gestion du change comme
signalé supra.

Compte tenu de la dépendance des Banques de deuxième degré aux Cambistes et le manque de
confiance en la Banque Centrale du Congo, il s’observe un désordre sur le marché de change
quant au taux d’intérêt sur les crédits, aux prix d’achat et de vente des devises.

L’interview accordée par les Cambistes nous a fait remarquer une série de problèmes :

• Le manque de la monnaie divisionnaire en devises


• Le manque de confiance pour certaines coupures (date d’émission…)
• Tracasserie de la part des policiers lorsqu’il y a changement de cours de change
• Pertes considérables dues aux erreurs de calcul ou au vol que sont victimes les Bradeurs
car n’ayant des comptes dans des banques.
• Prêts non remboursés suite à l’insolvabilité des partenaires et méconnaissance de la loi
sur les gages et le hypothèques comme garanties.

Le Cambisme est artisanal dans la ville de Bukavu : les techniques et méthodes de travail des
Bradeurs ne sont nullement scientifiques mais plutôt issues d’une souplesse et d’une rapidité
face à un client éventuel.

La confiance que ce dernier lui accorde garantit le marché ainsi que la preuve de son savoir-
faire. Au fil du temps les habitudes les lient, Cambiste et client, pour les opérations futures.

Le domaine du marché revêt un caractère important surtout au moment que le Cambiste doit
gérer seul : la loi économique de l’offre et de la demande de la monnaie.

La monnaie constitue la ficelle, on peut la pousser mais on ne peut pas facilement la tirer.

Le marché parallèle de change dans la ville de Bukavu est la conséquence de la démission des
banques de leur rôle régalien, celui de conserver la monnaie sous toutes ses formes. Compte
tenu de l’immensité que présente le marché de change parallèle, il est opportun que l’on puisse
le doter d’un cadre idéal lui permettant une bonne évolution mais aussi ce cadre doit être à
mesure d’être profitable pour toutes les couches de la population.

Etant donné que la monnaie constitue le poumon de l’économie, elle ne doit pas être laissée
dans les mains des couches incontrôlées. C’est pour cette raison que sa sauvegarde et sa gestion
doivent nécessairement être la maîtrise du pouvoir.

Pour mettre fin à la dépendance en devises que connaissent nos institutions financières, entre
autres la Banque Centrale du Congo, il serait souhaitable que l’on parvienne à règlementer les
gages monétaires (réserve en étalons) et que l’autorité monétaire joue le rôle de sa sauvegarde.

C’est par une production considérable des garanties monétaires que l’on parviendra à attribuer
à la monnaie locale une certaine valeur extrinsèque et se passer des devises, du moins pour la
conservation du pouvoir d’achat. Les hommes politiques sont les premiers metteurs en scène
168
dans ce domaine.

Le marché de change parallèle doit être géré par l’Etat car il fait partie de la vie économique
complétant le circuit formel.

La vente de la monnaie impacte certainement sur différents aspects de la vie sociale et


économique. Ses effets peuvent être perçus dans :

• L’emploi et le revenu
• Les prix des biens et services
• Les recettes du trésor public.

Le mécanisme de récolte des devises, le plus souvent en dollars américains, se fa par le


versement du demandeur de celle-ci, la monnaie locale (CDF) à un Changeur qui a la confiance
et qui va faire les achats selon les conditions du marché pour qu’il recouvre son ducroire
éventuel ou autres commissions ainsi que les dollars achetés.

70% de la population des Bradeurs de monnaie croient qu’ils ont une influence sociale et
économique sur la vie des populations de la ville de Bukavu.

Résultat 4 : insuffisance des réserves de change dans les institutions bancaires dans la ville de
Bukavu

La Banque Centrale du Congo cherche à placer des réserves d’or à la Banque (étalon or, l’étalon
argent n’ayant plus de cours légale). Celles-ci se servent des moyens de paiement internationaux
pour stabiliser l’économie (balance de paiement).

La BCC achèterait, vendrait ou recevrait en dépôt des devises étrangères au grand comptant et
tiendrait des Comptes des devises dans des Banques commerciales.

« Sans bonne politique monétaire, pas de bonne monnaie » dit-on.

C’est la politique monétaire qui trace la voie de l’utilisation de la monnaie. Elle est inséparable
de la politique économique. Comme tous les opérateurs économiques sont animés de l’esprit du
lucre, ils sont guidés par un certain réflexe économique : gérer l’inflation ou la déflation (cas
très rare ou inexistant en République Démocratique du Congo) ou, à plus haut degré, les prix.

La modification du taux de change se fait sentir comme la modification des prix de tous les
autres biens et services (la monnaie étant une marchandise) : sur la hausse ou la baisse des prix.

Les opérateurs économiques ajustent les prix compte tenu de la conjoncture et des informations
à leur disposition. Il en est de même pour les Bradeurs de monnaies car la monnaie est une
marchandise, avons-nous dit.

Dans ces lignes, nous avons l’intention d’éclairer nos lecteurs éventuels sur les institutions et
agents qui sont sensés intervenir sur le marché de change de la ville de Bukavu.L’art.2 de la loi
n°003/2002 relative à l’activité et au contrôle des établissements de crédits stipule qu’il existe
cinq catégories d’établissement de crédits à savoir les Banques, les coopératives d’épargne et
169
de crédits, les caisses d’épargne, les institutions financières spécialisées et les sociétés
financières. L’art.9 de la même loi souligne que tous les établissements de crédits peuvent
exercer ces opérations de change dans leurs activités quotidiennes. A ces établissements de
crédits viennent s’ajouter les bureaux de change ainsi que les messageries financières (Airtel
money, Orange money, Mpesa, …) qui, selon la nouvelle réglementation de change, peuvent
aussi effectuer des opérations de change sur les devises ou les francs Congolais.

La Banque Centrale du Congo a pour objectif principal de maintenir la stabilité monétaire. Ce


maintien de la stabilité s’observe une bonne politique de crédits et de change favorables au
développement équilibré de l’économie. Son action s’inscrit dans le cadre de la politique
économique des gouvernements par l’entremise du ministère des finances.

La Banque Centrale du Congo exerce toutes les fonctions des Banques Centrales et bénéficie
de droits et prérogatives qui lui sont généralement rattachées par la loi :

• Réglementer et contrôler le système bancaire


• Remplir les fonctions de caissier et de banquier de l’Etat
• Jouer le rôle de conseiller du gouvernement en matière monétaire (Jangala C.,
ISP/Bukavu). Bref, toute la vie financière et monétaire est réglementée par elle.

Cette définition de la mission de la Banque Centrale ne se dérobe pas de l’esprit des art.3 et 6
de la loi n°005/2002 du 05/05/2002 relatives à la constitution, à l’organisation et au
fonctionnement de la Banque Centrale du Congo (la Banque Centrale est chargée de définir et
de mettre en œuvre la politique monétaire du pays dont l’objectif principal est d’assurer la
stabilité du niveau général des prix (…) sans préjudice de l’objectif principal de la stabilité du
niveau des prix, la Banque Centrale soutient la politique économique générale des
gouvernements).

Les Banques commerciales du Congo sont des sociétés de droit privé congolais sous tutelle de
la Banque Centrale du Congo et exécutent les activités de dépôts, de crédits et de transfert des
fonds. Elles pratiquent également les opérations de change de monnaie conformément à la loi.
Les institutions financières non bancaires constituent la lignée des coopératives d’épargne et de
crédits ainsi que les caisses d’épargne. Ces institutions ont comme compétences :

• L’épargne et le crédit
• Conseiller financièrement les membres
• L’union des membres pour faire face aux multiples problèmes économiques.

Dans l’exercice de leurs activités, la loi leur reconnaît le droit d’exercer les opérations de change
de monnaies. Les fonds récoltés par ces institutions sont redonnés au public désireux sous forme
de prêt moyennant un intérêt aux personnes physiques ou morales capables présentant de
garantie nécessaire de remboursement.

Peuvent également en être membre les fonctionnaires et autres personnels des entreprises où ils
sont salariés.

Seules les caisses d’épargne ne sont pas reprises sur la liste des institutions « capables »

170
d’effectuer les opérations de change de monnaie mais toutefois convertissent les devises en
paiement.

Ce qui surprend est que, au cours de ces cinq dernières années, les fonds placés dans ces
institutions non bancaires se volatilisent très souvent par « magie », au grand mépris de la
Banque Centrale créant un manque de confiance et la perte des richesses des clients envers
celles-ci.

Toute la population des Bradeurs de la ville de Bukavu, les 100% donc, confirme que les devises
se trouvent plus facilement sur les marchés noirs que dans des Banque dans la ville de Bukavu.

III. CONCLUSION ET SUGGESTIONS

La détention de monnaie étrangère en République Démocratique du Congo est libre depuis la


promulgation de la nouvelle réglementation de change. Ainsi les voyageurs sont bien libres d’en
disposer comme ils le veulent à l’entrée ou à la sortie du territoire Congolais. Une exception se
soulève quand il s’agit d’une somme supérieure à 10 000 dollars américains (Dix mille USD),
qui doivent faire l’objet d’un transfert inter banques (art.1).

Cette libéralisation du marché de change est effective dans la ville de Bukavu et la controverse
est qu’aucune déclaration officielle des fonds n’a été faite jusqu’à nos jours (interview qui nous
a été accordée par le Directeur provincial de la BCC/Bukavu).

Les déclarations des fonds seraient un outil efficace dans le redressement de la situation des
marchés de change car elles permettraient à la Banque Centrale de contrôler la masse de devises
qui sort ou qui entre sur le territoire Congolais en passant par diverses importations et
exportations. Malheureusement, celles-ci s’effectuent d’une manière anarchique, abusive en
dehors du circuit bancaire réglementé rendant ainsi très difficile l’étude de la balance de
paiement. Cette manière de faire valorise la prolifération de l’informel en défaveur des recettes
publiques.

La plupart de ce mouvement des capitaux échappe aux institutions financières.

Il a été constaté que le marché de change des devises est dominé par les dollars américains qui
sont généralement échangés contre les Francs Congolais dans une portion très élevée (plus de
70% des transactions de la ville de Bukavu). Les dollars circulent même plus que les Francs
Congolais dans les transactions internes et même externes.

Les activités des Bradeurs a des avantages dans le circuit économique de la ville de Bukavu :

• Fournissent des devises aux institutions qui en ont besoin


• N’importe quel consommateur peut disposer les devises en cas de nécessité
• Pour les hommes d’affaires, ces marchés noirs leur facilitent les importations ou les
exportations

Les quelques inconvénients qui peuvent exister sont de l’ordre suivant :


• La spéculation sur un marché monétaire incontrôlé
171
• L’abandon par les pouvoirs publics d’un si grand domaine stratégique pour l’économie
nationale au contrôle des opérateurs sans qualité ni compétences.

Nous suggérons donc aux décideurs de se faire présents dans ce domaine en initiant des bonnes
politiques de change et de développement économique.

Le Cambisme en République Démocratique du Congo étant un métier désorganisé, sans


assurance ; à l’Etat Congolais de le transformer réellement comme prévu par la loi (art.8 alinéa
2, réglementation du change en République Démocratique du Congo, fév. 2003).

La restauration de l’autorité de l’Etat pourra transformer ce Cambisme de la rue en bureaux de


change toujours déclaré par quelques citoyens lucides. La Banque Centrale du Congo voudrait
l’ouverture des bureaux de change, la réglementation des marchés et la détermination des
conditions d’agrément des Bradeurs pour un exercice légal.

BIBLIOGRAPHIE

• BEZIADE B .la monnaie, paris, éd. Masson, 1970


• Jules CHIKURU BINIOKO, la réglementation du Change face aux institutions financières de
Bukavu, mémoire ISP/BKV 2003-2004, SCA, inédit
• Kaldor, le fléau du monétarisme, paris, economica, 1985
• LIKASA Mwalasa, évolution de la monnaie, kin 2010
• Mauris André, Flamme et alii, commentaires pratiques de la règlementation des marchés
publics, 3e édition, Bruxelles, 1995.
• Olivier BAHATI BABWINE, problèmes économiques de la ville de Bukavu face aux marchés
parallèles de la monnaie, mémoire ISP/BKV, SCA 2003-2004, inédit.
• Rapport annuel BCC 2018
• Rapport ASSOCABU 2018-2019
• Regi BENICI et Mc Nochi, histoire économique contemporaine, paris 1977
• Règlementation de change en République Démocratique du Congo ; BCC fév. 2002
• SEANS, A, monnaie et finances, éd.de Bock, Bruxelles 1987

172
QUID DU PHENOMENE « KASOKO » OU PETITS MARCHES « PIRATES »
SUR LES REVENUS DES MENAGES EN COMMUNE URBAINE DE
BAGIRA (PROVINCE DU SUD-KIVU, REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU
CONGO2019)

Adam KIRUMBA NDANDA


Assistant d’enseignements, Institut supérieur Pédagogique de Kaziba (ISP/Kaziba)
Département d’informatique et Gestion, Sud Kivu, R.D.C.

kirumbanda@gmail.com

Résumé

Les « kasoko » (langue Swahili) sont des petits marchés surtout vespéraux dans le circuit informel, qui
facilitent les achats ou les ventes pour la survie des ménages d’une population ayant un maigre revenu.
Cette recherche du type empirique relevant de l’économie informelle décrit l’impact de l’activité des
petits marchands sur les conditions socio-économiques des ménages dans la ville de Bukavu au cours de
l’année 2019.
Nous nous intéressons à ce sujet car c’est une situation que les autorités taisent et en guise
d’interpellation pour qu’elles se préoccupent de la situation des gagnepetits dans le cadre de la lutte
contre la pauvreté.
Sur le plan scientifique, cet article pourra servir de référence à tout chercheur qui voudra bien élargir
ses études en ce domaine de lutte contre la pauvreté.
Le secteur informel, comme l’environnement, demeurent des sujets conjoncturels d’une portée
économique importante en République Démocratique du Congo en général, et dans la commune de
Bagira en particulier, ceci compte tenu de leur dynamisme et de leur mécanisme de fonctionnement mal
connus et surtout peu maîtrisés.
Notre méthode de recherche a consisté principalement dans une enquête réalisée par observation directe
facilitée parl’intervention des certaines autorités communales et celle des intervenants sur ces marchés.
Sur le plan spécifique, cet article analyse le niveau de pauvreté qui crée une résistance pour la survie
par la création des petits emplois de masse qui semble être mal connue par les pouvoirs publics.
Au niveau personnel, nous avons mené cette réflexion car nous sommes tous concernés pour ne pas dire
victimes de la pauvreté dans laquelle vivent nos communautés, en l’absence criante de l’emploi qui
entraine une certaine pauvreté en République Démocratique du Congo en général et dans la Commune
urbaine de Bagira en particulier.
Du quartier « CIRIRI » aux quartiers « Lumumba » et « Nyakavogo » en Commune de Bagira, 70 petits
marchés informels ont été identifiés pour cette années 2019 (travail de terrain d’identification effectué
par l’auteur). Une moyenne de 110 petits marchands a été répertoriée sur chacun de ces marchés, soit à
peu près 7 700 petits marchands dans leur globalité (Idem).
De cette population des petits marchands de la Commune urbaine de Bagira ; nous avons focalisé notre
étude sur un échantillon de 700 petits marchands constituant ainsi presque le 10 e de la population de
notre cible.
L’étude renseigne sur le mode d’approvisionnement de ces opérateurs économiques surtout en denrées
alimentaires de première nécessité, sur leur distribution, sur leur modalité de paiement et a abouti
notamment aux résultats suivants :
• Ces petits business permettent les petits marchands la survie et des petites épargnes.
• La plupart des intervenants dans ce domaine sont des femmes et les enfants.
• Ces activités commerciales sont surtout nocturnes.

173
Mots-clés : Phénomène, petits marchés « pirates », conditions socioéconomiques

Abstract

The « kasoko » (in swahili language) are small markets especially in the evenings in the informel function
which facilitates the population having a meagre income to do shopping or sales the servival of families.
This research of the type on the ground dependent on the informal economy describes the impact of the
activity of small merchants, on the socio-economic conditions of families in the town of Bukavu during
the year 2019.
We are interested in this subject because it is a situation which the authorities pretend not to see and
needs reminding them so that they take heed of the situation of the earning a little of the poor people in
the frame of the struggle against the poverty.
The informal sector as the environment remains one of the juncture subjects of an important economic
bringing in the Democratic Republic of Congo in general in the township of Bagira in particular.
And this in taking in to account their dynamism and their mechanism of functioning badly known and
especially little mastered.
Our method of research consisted mainly in an inquiry archived by direct observation facilitated by the
intervention of some communal authorities and that of certain intervening in these markets.
On the specific plan, this article analyses the level of poverty which creates a resistance on the survival
by the creation of small mass employments which seen to be badly known by the public powers.
On personal level, we have this some thinking for we are all concerned for not to say victims of the
poverty in which our communities live.
The cracking absence of the employment which entails a certain poverty in the Democratic Republic of
Congo in general and in the commune of Bagira in particular.
From the quarter « Ciriri » to the quarters « Lumumba » and « Nyakavogo » in the Bagira commune, 70
informal small markets were identified in this year 2019 (work of identification carried on the ground by
the author) ; more or less 110 small merchants were counted in each of these markets there are nearly a
population of 7 700 small merchants in their total.
Of this population of the small merchants of the urban township of Bagira, we focalized our study on a
sample of 700 small merchants constituting so almost the 10% of the population focused.
The study inquiries about the method of supply of these economic operators especially in mild food of
primary need, about their distribution, about their method of payment and it ended in the following
results :
• These small trades enable the small merchants the survival and small savings.
• Most of intervening in this field are women and children
• These commercial activities are especially nocturnal.

Keywords : phenomena, small markets « pirates »,socio-economic conditions

Classification JEL D 1

INTRODUCTION

Pour mieux vivre en société, l’homme aspire à fournir un effort supplémentaire lui permettant
de réunir des moyens susceptibles de définir sa vie effective en toute stabilité et assurance. Son
combat de tous les jours porte sur la volonté de posséder, de jouir d’une certaine influence sur
la société et gagner l’estime de soi dans le cadre économique et social. Sa vie est règlementée
par une politique qui édicte des lois suscitant une harmonie et un équilibre dans le prescrit social

174
du quotidien. L’aspect économique demeure le déterminant légitimant la production à travers
les activités.

Une planification réaliste, efficace, est à ce titre évidente, voire indéniable, pour la réalisation
d’une certaine indépendance poussant l’humain à l’activité et à la stabilité qui vainc la peur de
l’incertitude du lendemain. Il est vrai que le travail est une activité spécifique de l’homme qui
trouve sa signification et sa vraie valeur dans la réalisation d’un revenu plus ou moins décent
créant ainsi la solvabilité même de l’individu (G.B Muheme).

Premier et grand pourvoyeur d’emploi, l’Etat Congolais devrait offrir des opportunités et des
facilités à ses populations de diverses manières dans le formel tout comme dans l’informel. En
effet, le travail est pour l’homme dans sa réalisation ; dans l’amélioration des conditions de sa
vie dans la société, un des piliers soutenant le sens de celle-ci.

Le travail permet donc à l’homme de se réaliser et c’est dans cet univers qu’il retrouve son statut
et son identité. Dans le cas échéant, il vivra dans un traumatisme indescriptible le déformant à
tout prix dans une perversion sadique (T. Nerdt et S. Marysse 1996).

Pourtant, chaque pays au monde définit un produit intérieur permettant à chaque habitant de
vivre, pas dans une grande aisance mais dans les limites de l’imaginable vital en se sentant
stable.

La République Démocratique du Congo est l’un des pays ayant une économie calamiteuse. « En
dépit de ses immenses ressources humaines et naturelles, la République Démocratique du
Congo est par controverse classée parmi les pays les plus pauvres au monde. Certains
indicateurs l’alignent parmi les pays les plus misérables de l’Afrique subsaharienne. Près des
80% de sa population survivent à la limite de l’indignité humaine avec moins de 0,2 dollar
américain par personne et par jour » (Ministère du plan : Document de stratégies de réduction
de la pauvreté, DSRP 2004).

Dans la commune de Bagira, des petits marchés prolifèrent ces dernières années des lieux
publics très fréquentés. Ils sont peuplés des vendeurs et vendeuses des couches socialement
démunies. Et, il y a toujours à vendre devant une maison située à un endroit fréquenté.

D’autres vendeurs et vendeuses sont ambulants dans l’objectif de maximiser leurs recettes, de
combattre la concurrence et aussi de se rapprocher des consommateurs.

Bien qu’il y ait des marchés, des boutiques, voire des kiosques pouvant ravitailler les ménages ;
des petits marchés des avenues ne cessent de se créer et s’improviser le long de presque toutes
les voies publiques. Nous dispensons à nos lecteurs éventuels la peine de mettre à leur
disposition la très longue liste de ces marchés « pirates » dans la commune urbaine de Bagira.

Quels seraient les mobiles qui justifient cette présence marchande dans tous les coins et recoins
de la Commune ? Cette Commune étant la sphère principale de notre étude - vu le primat de
l’informel dans l’économie congolaise- vit de celui-ci. La population se débrouille grâce à ce
secteur en dépit de l’existence des quelques parents fonctionnaires rémunérés modiquement par
l’Etat Congolais.

175
A ce sujet nous nous sommes posés les quelques questions qui suivent :

• Quelle est l’importance du petit commerce informel pour les ménages dans le circuit
économique de la commune de Bagira ?
• Quel en est l’apport dans la recherche du bien-être collectif dans cette commune ?
• Quelle en sont les acteurs en même temps ?

Dans les lignes qui vont suivre, les témoignages des petits vendeurs nous renseignent sur les
preuves d’une activité lucrative qui subvient tant bien que mal aux besoins primaires des
ménages de la Commune de Bagira.

Il importe de souligner que les activités marchandes exercées dans les villes des pays sous-
équipés sont généralement des micros activités avec deux caractères : la précarité de l’activité
et son instabilité. Toutefois, elles constituent un grand moyen de survie pour les acteurs
impliqués. Ces activités se font dans un contexte de pauvreté aigue pour résoudre l’impasse de
l’économie familiale. Très souvent les offres d’emploi étant inferieures aux demandes, il existe
quelques cas où sont utilisés les travailleurs avec un précaire paiement, les patrons étant
confondus aux ouvriers (T.Nerdt et alii : op.cit.).

Ainsi nous assistons à un chômage déguisé.

Au niveau des ménages, les femmes supportent une part disproportionnée du fardeau de la
pauvreté en destinant la majeure partie de leur effort à la famille et acceptent de s’occuper des
personnes dépendantes de cette dernière.

La pauvreté est un cyclone dévastateur.

Dans la commune de Bagira, au Sud-Kivu, à l’est de la République Démocratique du Congo,


les hommes et surtout les femmes sont déployées dans des petits marchés « pirates » pour la
lutte contre la pauvreté, donc pour la survie. Ils prennent le risque de s’engager dans l’informel.
Et le cas échéant, les enfants sont constamment sollicités pour maximiser le revenu et donner
un coup de main au parent qui en a l’initiative. Les enfants sont déployés à longueur de journée
sur les avenues et d’autres voies publiques pour la vente des beignets, des petits pains, du
poissons et d’autres choses, la vente des clous au détail, des planches et même du carburant
dans des bidons le long des chaussées… (ce petit commerce du carburant regorge beaucoup
plus d’hommes que des femmes :KirumbaNdanda, Mémoire 2017).

Cette économie de misère et sa logique ne mettent pas ces enfants et leurs parents à l’abri des
besoins.

Cette réponse populaire à la crise que traverse en général la République Démocratique du Congo
et en particulier la Commune urbaine de Bagira est un moyen de réaliser une certaine
redistribution des revenus dans les économies extraverties pareille à la nôtre, présentant des
contraintes soit budgétaires soit physiques, ralentissant ainsi les échanges commerciaux.

Par contrainte budgétaire, nous comprenons la solvabilité du consommateur et la contrainte


physique exprime la présence ou l’absence des biens ou des services sur le marché.

176
Il est évident que cette situation inquiétante présente une image sombre et lugubre de notre
économie. Les conséquences des guerres à répétition ternissent la vie sociale et économique de
la République Démocratique du Congo ; la commune de Bagira n’y est pas épargnée.

Elle a été construite par les colons Belges pour les agents et fonctionnaires indigènes de l’Etat
Congolais après 1960, elle va connaitre une importante impulsion démographique plus tard
après l’indépendance (MPENDA Gatana, Ceruki 1979).

Ses habitants, en majeure partie fonctionnaires, ne sont pas affranchis du contexte conjoncturel
de son économie. De ce fait là, ils ont recours à d’autres moyens de survie pour assurer
l’équilibre de la vie familiale.

L’ampleur du secteur informel et sa complexité s’expliquent à la fois par des politiques de


développement mal orientées et très limitées mises en œuvre par les autorités politiques au cours
des dernières décennies, l’affaiblissement des institutions économiques et le mépris des textes
réglementaires (Guy Verhaegen 1975), pour ne citer que cela.

Dans la Commune de Bagira plus spécialement, à l’instar de toute la République Démocratique


du Congo, ces activités sont la conséquence immédiate des migrations des populations, de
l’urbanisation liée à l’exode rural, des difficultés des pouvoirs publics à réguler les activités
économiques, de la montée de la pauvreté mais aussi et surtout de la baisse sensible des emplois.

Il est impérieux de relever que le progrès scientifique est l’œuvre de recensement, de critique et
d’ajout aux recherches préexistantes.

Pour le cas de cet article, le petit commerce informel n’est pas une activité récente dans la
province du Sud-Kivu et même dans la commune de Bagira, il y a presque une décennie que
ces activités ont commencé timidement jusqu’à atteindre de l’ampleur optimale de nos jours.

Le domaine de la lutte contre le chômage et la pauvreté dans la Commune de Bagira a été


précédemment abordé par Francine BUGEME SEDI, de l’Institut Supérieur de Développement
Rural (ISDR) Bukavu 2003, qui avait souligné en son temps, après analyse de la situation socio-
économique des petits vendeurs, que le manque d’encadrement dans ce domaine serait à la base
d’une éventuelle désarticulation économique pour la femme désœuvrée et démunie, ne sachant
pas quoi faire face à une multitude de difficultés qui la harcellent.

Elle note par ailleurs que l’esprit de solidarité dans les structures associatives est une valeur
cardinale qu’il sied de capitaliser afin d’en faire une force capable de faire face aux contraintes
dans la lutte pour la survie.

BARHONYI BISIMWA, au cours de l’année 2009, dans son mémoire voulant bien saisir les
causes et l’origine de la présence massive des femmes dans les petites activités commerciales
dans la commune de Bagira et les stratégies envisagées pour accroître leur revenu, indique que
la souplesse de celles-ci par rapport aux hommes dans le domaine commercial est démontrée et
justifierait leur grande représentation dans ce circuit. Il suggère en effet que le regroupement de
ces femmes en Associations serait une stratégie plausible pour pouvoir impulser cette
dynamique à une échelle plus ou moins grande qui induirait à l’autonomisation probable de la
femme.
177
Justin AKILI NTABOBA, quant à lui, révèle dans son travail de fin d’études que c’est par souci
de suppléer aux besoins familiaux qui reposent sur les épaules des femmes meurtries par la
pauvreté qu’elles sont majoritaires dans le petit commerce surtout sur des petits marchés
« pirates ».

Il suggère en outre que la création d’un centre d’encadrement au profit de ces femmes serait
prise comme solution aux problèmes des femmes exerçant le petit commerce en leur octroyant
des micro-crédits et mettre à leur disposition une éducation financière.

La prolifération des petits marchés « pirates » dans la commune de Bagira aurait une certaine
portée sociale et économique qui influence le vécu quotidien des ménages dans cette commune.
Ceci répondrait aux besoins primaires des ménages de tous ceux qui s’y activent.

Ne pouvant pas impulser une autonomisation effective, le commerce informel assure dans une
moindre mesure la subsistance des ménages eu égard au contexte de la précarité qui caractérise
cette activité informelle.

I. METHODES DE RECHERCHE

I.1. Présentation de la Commune urbaine de Bagira

Bagira est l’une des trois communes qui constituent la ville de Bukavu, province du Sud-Kivu,
à l’Est de la République Démocratique du Congo. Située à l’Ouest du lac Kivu, la Commune
urbaine de Bagira se situe à 1500 m d’altitude. Avec une topographie accidentée, elle s’étend
sur une superficie totale de plus ou moins 23,340 km².

Elle est située à 2° de latitude sud ; 28°31 de longitude Est. Elle est limitée au sud par les
communes urbaines d’Ibanda et de Kadutu, à l’Est par le lac Kivu et une partie de la Commune
urbaine de kadutu. À l’Ouest, la rivière Nyankakungule et le territoire de Kabare et enfin au
Nord par la rivière Nyamuhinga.

Sur le plan démographique, il est difficile de donner avec précision, le chiffre de la population ;
d’en établir la densité et même la répartition faute d’un recensement fiable. Mais les
responsables urbains estiment, en tenant compte de nombreuses migrations de la population,
que la population de la Commune de Bagira serait d’à peu près 488 305 habitants à une densité
presque de 20 921 habitants par le km². (Sources : Division provinciale de l’intérieur et sécurité
Sud-Kivu 2019).

Ces chiffres démontrent des graves déplacements des populations rurales vers la ville de Bukavu
créant ainsi un exode rural avec des conséquences négatives sur l’habitat, sur la sécurité, même
sur l’offre ou la demande des biens et services, bref, sur tout le tissu économique.

Concerné par ces déplacements des populations, le secteur informel est prédominant dans la
Commune de Bagira. C’est ici que nous trouvons la production artisanale des divers produits :
minier, du savon, de l’huile végétale, des petits métiers de production des biens et des services
ainsi que le petit commerce.
178
La forte démographie de la population dans cette Commune et ses incidences nous amènent à
ajouter que le trop peu d’emploi qui peut être disponible dans le secteur secondaire (services)
exige de très difficiles conditions de recrutement, si pas impossibles, au vu des chercheurs
d’emploi.

Il n’y a pas de terres arables dans toute la ville de Bukavu, moins encore dans la commune de
Bagira. Et même s’il y en avait, l’exploitation du secteur primaire (les terres), ne serait pas une
voie de sortie de la pauvreté. L’activité économique fait face à une multitude de besoins et la
monnaie en est le seul intermédiaire. Pour dire que la monnaie est le seul bien intermédiaire
dans les échanges.

Ainsi presque tous les ménages ont recours au secteur informel et la création des petits emplois.
C’est le secteur des activités des petits marchés « pirates ».

Le choix de cette étude a été motivé par la présence de plusieurs petits marchés informels dans
tous les coins, avenues et rues de la Commune de Bagira. Ils ont été identifiés par l’auteur
(2019) pour raison de cette cause ; du moins pour les petits marchands potentiels sédentaires
qui y sont logés en permanence.

Il existe en retrait des marchands ambulants revendant en état et à la criée des produits qui n’ont
pas été la cible de ce travail, ambulants parce qu’ils n’ont pas des étalages dans les dits marchés.
En outre, l’année 2019 a connu une grande présence des petits marchés le long des chaussées
et avenues dans la Commune de Bagira. Cette activité regorge plus des femmes que d’hommes
(constat de l’auteur sur le terrain).

I.2. Des méthodes

Les méthodes qui suivent ont concouru à la réalisation de ce travail :

• La méthode historique : Elle aide le Chercheur à situer et à relater les faits et les
évènements en se basant sur les plus pertinents, pour pouvoir retracer l’histoire de la
commune de Bagira et ainsi constituer une petite ébauche des petits marchés informels.
• La méthode analytique : Elle consiste à décomposer le tout en ses parties pour l’étude.
Elle nous a permis d’analyser les facteurs qui sont à la base de l’émergence de ce
phénomène dans la commune de Bagira en particulier, de comprendre la motivation de
chacun des intervenants dans ce domaine.
• La méthode comparative : Elle consiste dans l’analyse des ressemblances et des
différences. Elle nous a aidés à comparer le commerce informel dans ses dimensions et
les facteurs qui en constituent la trame. En outre, elle nous a permis de comparer le
commerce informel et formel en vue de pouvoir en déceler l’apport pour les ménages
de chaque intervenant.

I.3. Des techniques

Pour bien mener nos recherches et appuyer nos méthodes, nous avons requis l’usage des
techniques, principalement :

179
• L’interview directe : Il s’agit ici de tout rapport oral entre deux personnes visant à
obtenir certaines informations. Celle-ci nous a facilité la récolte des informations
relatives à la thématique de ce travail auprès des vendeurs et vendeuses dans des petits
marchés aussi bien que des autorités communales et autres intervenants.
• L’observation : Elle nous a permis de déceler les faits remarquables de notre enquête et
d’en établir les hypothèses sur les relations entre les petits marchés « pirates », les
ménages et la pauvreté. Elle nous a donc permis de considérer avec attention le
phénomène dont il est question dans cette publication. Grâce à elle nous avons pu
formuler les questions orales à soumettre aux différents intervenants sur les petits
marchés informels.
• La documentation : C’est la recherche par des écrits relatifs au sujet du problème posé.
Elle nous a facilité la consultation de certains écrits relatifs à notre réflexion dans le but
de recueillir des informations utiles pour l’élaboration de ce travail.
• L’échantillonnage : C’est le choix du nombre des sujets à enquêter représentant la
population ciblée pour une étude. Il est intervenu dans la prise d’une portion
représentative de la masse qui a des activités dans ces petits marchés et en constituer le
socle de ce travail. Le tirage d’un échantillon de 700 sujets a fait l’objet de cette étude,
les 10% de la population ciblée.

II. DISCUSSION DES RESULTATS

II.1 Présentation des résultats

Cette étude descriptive a abouti aux trois résultats qui sont :

• Résultat 1 : La rentabilité de ces petits business permet la survie et les petites épargnes
aux petits marchands.
• Résultat 2 : La plupart des intervenants sont des femmes et des enfants.
• Résultat 3 : Ces activités commerciales sont surtout nocturnes.

L’analyse de ces résultats démontre que 100% des petits vendeurs sur les marchés « pirates »
de la commune urbaine de Bagira reconnaissent que cette activité leur est rentable et les met à
l’abri des besoins physiologiques. 50% de l’échantillon tiré dénoncent le travail des enfants
dans cette activité et 71% ont constaté les activités vespérales sur ces petits marchés.

Figure 1 : Synthèse des résultats obtenus


Légende
100
1 : 100% des enquêtés affirment que les petites affaires
75 sur les marchés pirates leur permettent la survie
2 : 50% des petits marchands dénoncent le travail des
50 enfants sur ces marchés
3 : 70% des enquêtés font ce commerce le soir
25

0
1 2 3
Source : conçu par l’auteur sur base du guide du protocole d’enquête
180
II.2. Discussion des résultats

Résultat 1 : La rentabilité des petits marchés « pirates » dans la commune de Bagira

100% des acteurs sur les petits marchés reconnaissent que leurs activités sont rentables et leur
mettent à l’abri des quelques besoins physiologiques.

Si nous avons choisi de parler du petit commerce sur les petits marchés « pirates », c’est pour
la simple raison que, par observation attentive, nous avons constaté que les animateurs dans ce
domaine résolvent tant bien que mal certains de leurs petits problèmes d’ordre social et
économique que ne le feraient d’autres individus qui œuvrent dans d’autres secteurs. Nous
allons citer une majorité d’enseignants, d’infirmiers, des fonctionnaires de l’Etat et la liste n’est
pas exhaustive dans le contexte de notre pays, la République Démocratique du Congo, y
compris la Commune urbaine de Bagira.

Nous pouvons énumérer des besoins tels que :

• La lutte contre l’insuffisance alimentaire


• L’incapacité d’avoir un logement plus ou moins habitable
• L’incapacité d’avoir accès aux soins médicaux
• L’incapacité d’avoir un habillement plus ou moins décent
• L’incapacité de faire instruire ses enfants même à l’éducation de base
• Le non accès à l’eau potable, à l’électricité…

Cette situation frise une pauvreté qui ne dit pas son nom, même si elle est vécue de différentes
manières dans chaque communauté de la commune de Bagira.

La prédominance du secteur informel dans la commune de Bagira constituant le pôle où nous


trouvons les petits vendeurs d’huile de palme, d’huile végétale, du savon, des fretins frais sur
étalages (sambaza), des fretins secs, de la banane, des pommes de terre ou de la patate douce et
beaucoup d’autres camelotes, se justifie par la grande pauvreté qui caractérise ces
communautés.

La surcharge de la femme ménagère encourage celle-ci à être plus active dans le petit commerce.
Elle se démène à longueur de journée pour un gain qui dépasse légèrement trois dollars
américains pour son panier (entretien avec Maman BULAMBO ZAWADI de son état vendeuse
des fretins frais sur l’un des petits marchés de la Commune urbaine de Bagira).

Selon ces femmes ménagères, elles peuvent gagner tous les jours au moins trois dollars US pour
les dix dollars US investis journalièrement et cela leur facilite des dépenses conjugales et, de la
même manière, le jour suivant.

Cependant, elles confirment que ce serait insensé pour elles d’oublier l’épargne. Elles se
regroupent à dix femmes au moins pour une contribution de mille francs congolais (équivalents
à près de 1$ USD) par jour, ce qui ferait les dix mille francs à remettre à chaque membre du

181
groupe le jour. Cette forme d’épargne leur permet d’affronter les difficultés de scolarité de leurs
enfants, des soins ou même du transport pour le conjoint qui va aussi se « débrouiller » en ville.

Une autre catégorie des petits vendeurs informels des produits non périssables affirme qu’elle
peut sans peine affronter les petits problèmes quotidiens des gagnepetits suite à une épargne à
la carte d’un dépôt de mille francs congolais chaque jour et, à trente jours, ces petits vendeurs
peuvent être capables même de payer avec ce revenu le loyer ou la scolarité de leurs enfants et
autres dépenses.

Ces petits commerçants s’approvisionnent partout où ils peuvent trouver des fournisseurs
mêmes occasionnels, soit à l’intérieur de la commune ou dans d’autres territoires et communes
voisines. La prospection leur est spontanée et confondue à l’approvisionnement en
marchandises, lequel s’effectue au grand comptant.

Les produits périssables perdent facilement leur valeur marchande au fil du temps. Pour ainsi
dire, plus le temps passe, plus le prix des denrées, surtout celui des denrées alimentaires, baisse.

Les produits non périssables et peu demandés sur le marché résistent à l’érosion du prix étant
facilement stockables. Dans ce contexte, le vendeur pourra définir le genre de règlement à
appliquer selon les règles du petit commerce.

Dans la ville de Bukavu plus spécifiquement, à l’instar de toute la République Démocratique


du Congo dont la Commune urbaine de Bagira, ces activités sont la conséquence immédiate que
viennent accentuer les grandes migrations, les urbanisations liées à l’exode rural, les difficultés
des pouvoirs publics à réguler les activités économiques, la montée de la pauvreté mais et
surtout la baisse sensible des emplois.

Le secteur informel constitue à plus d’un égard, un phénomène induit par la spécificité des
grandes inégalités sociales entre les membres de la communauté de la Commune urbaine de
Bagira.

Résultat 2 : le travail des femmes et des enfants

50% de l’échantillon étudié dénoncent le travail des enfants en pratique dans ce secteur et
l’insalubrité sur ces sites que causent les petits vendeurs et vendeuses. De nos enquêtes, nous
avons constaté que 5% des enfants marchands sur ces marchés ont leurs propres capitaux et
seuls 3% travaillent pour le compte du parent vendeur ou vendeuse

Par ailleurs, le lourd fardeau qui pèse sur les épaules de la femme citadine, tout comme sur
celles de la femme rurale, féminise la pauvreté. Ceci pour signifier qu’il reste à la responsabilité
de la femme toutes les charges du ménage qui la fragilisent davantage.

L’ampleur du secteur informel et sa complexité s’expliquent à la fois par les limites des
politiques de développement mises en œuvre dans tous les milieux au cours des dernières
décennies, l’affaiblissement des institutions et le manque de projets de sociétés pour les
dirigeants.

Cette économie de misère et sa logique prédatrice ne mettent pas la majorité de ménages à l’abri
182
des quelques besoins. Cette réponse populaire à la crise que traverse le pays est un moyen de
réaliser une certaine redistribution des revenus dans les économies extraverties, à l’image de
celles de la République Démocratique du Congo.

La féminisation de la pauvreté décrit donc une structure émergente de la pauvreté dans laquelle
les femmes sont plus vulnérables que les hommes dans la communauté Congolaise. La
discrimination, ou bien dire, l’exploitation de la femme par la société témoigne de sa
vulnérabilité.

Toutefois, il demeure qu’en réalité les femmes ont actuellement acquis un statut quasi supérieur
avec beaucoup plus de pouvoir par rapport aux hommes dans nos sociétés urbaines. Cela se
justifie par le fait que les problèmes consécutifs à la pauvreté leur sont transférés par les époux
la plupart inactifs, irresponsables, démunis et même dépendants.

Cela se manifeste par certains indicateurs tels que :

• Le développement du travail des enfants.


• La perte de l’autorité maritale et parentale.
• La prostitution galopante comme moyen de survie même chez les femmes mariées…

La présence des petits marchés « pirates » dans la commune de Bagira dans sa globalité a une
certaine influence sur la vie économique et même sociale des ménages de cette commune.
D’autres paramètres peuvent concourir au bien-être collectif tel les écoles de proximité ou
d’autres infrastructures, si celles-ci sont bien tenues, pour ne citer que cela.

Seulement, nous confirmons dans ces pages que, d’une manière spécifique, la présence des
petits marchés « pirates » dans la commune de Bagira contribue tant soit peu au bien-être
collectif de cette commune, en dépit des quelques dangers que présente cette activité.

A titre de rappel, le présent article a pour objectif général, de cerner la portée socio-économique
des activités des petits marchés dits « kasoko » sur les ménages de la commune de Bagira.

Dangers environnementaux des petits marchés informels dans la commune urbaine de Bagira

Cette étude nous permet non seulement d’identifier la portée socio-économique des petits
marchés dits « kasoko » sur les ménages de la commune de Bagira mais aussi d’identifier les
méfaits que peuvent causer cette activité.

Dans les lignes précédentes, nous avons souligné que les activités des « kasoko » étaient
rentables pour les démunis qui peuplent cette entité. Toutefois, par le manque de suivi de
l’activité des petits marchands par les autorités communales aussi bien que l’absence des
services d’assainissement efficaces et compétents, nous assistons à l’accumulation des tas
d’immondices à chaque coin d’avenue provenant de ces petits marchés « pirates ».

Nous sommes tentés de supposer que ce manque d’hygiène est justifié par le délaissement, voire
le désintéressement de la part du pouvoir dont sont victimes les animateurs qui se déploient sur
ces marchés.

183
Malgré les efforts d’assainissement et d’hygiène, si petits soient-ils, que fournissent en grande
partie les femmes elles-mêmes dans ces marchés, il demeure vrai que les dépotoirs publics sont
inexistants dans la Commune, ce qui fait que les travaux collectifs effectués sur ces lieux de
commerce ne donnent aucun bon résultat.

Voici ce que déclare ce Chef d’avenue, Monsieur KATEMBERA KABJE, que nous avons
joint : « ces petits marchés sont un mal qui nous est nécessaire. Ils permettent à nos familles de
se procurer les biens de première nécessité et à un prix accessible à toutes les couches sociales
de la Commune de Bagira même pendant les heures tardives de la nuit. Cependant, nous avons
conscience de la pollution que causent ces marchés et de ce qu’elle coûte énormément à la
population de la commune. En dehors des eaux usées, les restes des produits périssables ;
notamment les légumes et autres denrées alimentaires, accentuent l’insalubrité dans nos petits
marchés et nos avenues. Toutefois en ma qualité de cadre de base, je voudrais bien me débattre
pour réveiller la conscience des tous les acteurs impliqués dans ce domaine ».

Résultat 3 : activités nocturnes

Il a été constaté que pendant les heures de journées tous les petits marchés sont déserts. A la
question de chercher à en savoir plus sur ce phénomène, les 500 enquêtés sur les 700 marchands
déclarent qu’au début des journées les enfants sont occupés par l’école et les mères préparent
la journée. Ce n’est que les après-midis qu’elles peuvent être disponibles pour les marchés.

71% des personnes enquêtées reconnaissent donc que cette activité est de complément et
exercée le soir, avec comme avantage pour les parties la disponibilité des acheteurs et des
vendeurs pendant ces heures de nuit.

CONCLUSION ET SUGGESTIONS

La connaissance de la portée socio-économique du petit commerce sur les petits marchés dits
« kasoko » ou marchés « pirates » en commune de Bagira donne au lecteur les informations qui
concernent la lutte contre la pauvreté d’une part et, de l’autre, des informations sur la création
de l’emploi dans cette Commune en cette période où le niveau de l’emploi, celui de la vie ainsi
que le pouvoir d’achat de la population sont très bas.

Pour décrire ce phénomène nous avons cerné une partie de la population des animateurs sur ces
lieux commerciaux qui nous ont fait connaître les avantages socio-économiques qui découlent
de cette activité. Certains aspects peuvent avoir échappé à notre observation mais nous osons
affirmer que cette étude a analysé l’essentiel de cette problématique.

Différentes méthodes et outils nous ont aidés à accomplir cette tâche, notamment
l’échantillonnage.

Nous avons donc mené notre étude sur 700 individus qui représenteraient en moyenne le
dixième de la population estimée des petits vendeurs dans ces petits marchés disséminés dans
différents quartiers de la commune de Bagira.

Les résultats de ce travail ont fait état d’une activité lucrative qui suppléerait aux maigres
184
revenus de la population de la commune de Bagira en majorité fonctionnaires et agents de l’Etat.

Toutefois, ce travail a relevé la non implication des pouvoirs publics dans l’exercice de cette
activité.

100% de l’échantillon prélevé affirment que cette activité a élevé le niveau de vie de leurs
ménages respectifs avec le peu qu’ils gagnent en passant par l’épargne. Ils reconnaissent le bien-
être que procure cette activité informelle en dépit de sa fragilité.

Ces lignes ont ensuite mentionné la présence des enfants marchands dans ces marchés et 8% de
l’échantillon étudié représentent des enfants de la tranche d’âge de 12 à16 ans qui œuvrent dans
ce secteur. Nous n’oublions pas de souligner qu’en dépit du fait que ce travail des enfants soit
une violation des droits des enfants, cet aspect n’est pas le motif principal inscrit dans la
rédaction de cet article.

Enfin, la plupart de denrées dans cette activité marchande étant constituée des produits
périssables, l’auteur du présent article fait part d’un problème d’hygiène et d’insalubrité causée
par ces petits marchés.

Les 100% des gestionnaires communaux interviewés reconnaissent l’absence des dépotoirs
publics dans la commune de Bagira pour l’évacuation des gravats dans ces milieux.

Nous venons donc de clôturer cette réflexion mais nous ne pouvons pas le faire sans formuler
quelques suggestions à l’attention des autorités politiques et administratives qui gèrent cette
entité.

Nous reconnaissons par ailleurs que l’Etat est le plus grand pourvoyeur de l’emploi et nous
encourageons tout de même les initiatives privées qui ne sauraient pas faire abstraction de
l’intervention de l’Etat dans toute initiative.

A l’absence d’un emploi décent, les politiques et les administrations voudront bien être attentifs
à l’initiative privée en assainissant le climat des affaires même dans le secteur informel. Celui-
ci valant son pesant d’or dans le contexte actuel, caractérisé par une quasi absence de l’emploi ;
le pouvoir devrait encadrer les petites activités génératrices de revenus par différents moyens,
même si le pouvoir communal peut y tirer une petite contribution comme contrepartie de
l’activité. Cela encouragerait les acteurs dans la commercialisation des petites choses et ainsi
peuvent-ils améliorer leur vécu quotidien avec quiétude et lutter contre le chômage et la
pauvreté des ménages.

BIBLIOGRAPHIE

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ISDR/BUAVU, 2 000.
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Cadicec-inso, n°44,4etrimestre,1985.
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185
de Bukavu (cas du tarif Bukavu-cyangugu),TFE, ISDR/BUKAVU, 2002-2003, inédit.
• Francine BUGENE SEDI, la prolifération du commerce par les femmes et son impact sur les
ménages à Bukavu (cas de la commune urbaine de Kadutu), TFE ISDR/BUKAVU, 2002-2003,
inédit.
• Ministère du plan, document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP), kin, février 2004.
• MPENDA GATANA, l’analyse de la structure économique dans la sous-région de Bukavu, in
problématique du développement au Kivu, actes du 3e colloque du CERUKI, Bukavu, avril,
1979.
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• Monsieur KATEMBERA, cadre de base et chef de l’avenue Mokoto II dans la commune de
Bagira.
• T. Herdt et S. Maryse, l’économie informelle au Zaïre, survie et pauvreté dans la période de
transition, Paris, Harmattan, 1996.

186
L’ENTREPRENEURIAT FEMININ ET SON APPORT POUR LES MENAGES
DE LA VILLE DE BUKAVU, PROVINCE DU SUD-KIVU EN REPUBLIQUE
DEMOCRATIQUE DU CONGO : CAS DU CENTRE DE FORMATION
FEMININE (CFF)/PANZI 2014-2019

Adam KIRUMBA NDANDA


Assistant d’enseignements, Institut supérieur Pédagogique de Kaziba (ISP/Kaziba)
Département d’informatique et Gestion, Sud Kivu, R.D.Congo

kirumbanda@gmail.com

Résumé

Depuis des siècles et par la tradition, la femme a joué un rôle prépondérant dans le développement
économique notamment l’agriculture, l’élevage, le petit commerce et l’artisanat améliorant ainsi le
niveau de vie de la famille.
De plus en plus, les emplois se font rares et disparaissent même peu à peu en République Démocratique
du Congo en général et dans la ville de Bukavu en particulier.
En outre, suite aux vibrants appels des gouvernements à la création des emplois, a été créé en 1980 un
Centre de Formation Féminine dénommé CFF dans le quartier Panzi dans la Commune urbaine
d’Ibanda à Bukavu ville.
Vu le travail abattu par cette micro institution dans la ville, il a été nécessaire à l’auteur d’amorcer un
exposé sur les apports et l’importance de cette association sans but lucratif aux élites féminines de la
ville de Bukavu et par ricochet à leurs ménages.
Suite aussi au silence qu’entretient le public de la ville de Bukavu au sujet des activités de cette
association, ce travail cherche tant bien que mal à les évaluer pendant la période allant des années 2014
à 2019.
La véritable problématique exposée dans ces lignes est de relever l’importance des activités de cette
micro entreprise dont tout le monde tait les exploits.
Les réponses anticipatives proposées à l’apport de l’entrepreneuriat féminin aux ménages dans la ville
de Bukavu se formulent de cette manière- ci :
Par l’apprentissage des petits métiers au Centre de Formation Féminine de Panzi, la femme deviendrait
plus autonome et influente dans la vie familiale pour l’amélioration du vécu quotidien de celle-ci.
Il est une institution à caractère social qui a été mise en place par un couple missionnaire suédois.
Au départ, le CFF avait pour objectif d’accompagner la Communauté des Eglises du Pentecôte au Congo
(CEPAC) dans sa mission de formation des femmes des serviteurs de Dieu qui n’ont pas eu la chance de
faire des grandes études. De nos jours, il intervient dans la formation de la femme généralement démunie
quelle que soit son appartenance religieuse. Son action s’étend même sur la prise en charge des enfants
pauvres à l’éducation de base, la crèche et même la maternelle…
Ces cinq dernières années où l’absence des emplois se fait sentir, la nécessité de la création des petits
métiers pour lutter contre le chômage et la pauvreté est la bienvenue dans la ville de Bukavu.
Cette étude a choisi comme cible les bénéficiaires de la formation des cinq dernières années au Centre
de Formation Féminine.
590 femmes et filles célibataires confondues ont été identifiées, disséminées dans les trois différentes
Communes que compte la ville de Bukavu (registres des effectifs des apprenantes CFF 2014-2019
(Direction) ;150 ayant constitué notre échantillon ; nous avons abouti aux résultats selon lesquels la
formation que ces femmes ont suivies au CFF leur a permis de créer des petits métiers et ainsi de faire
face aux nombreuses difficultés économiques ;que les activités du CFF étaient un grand apport
socioéconomique pour les ménages de la ville de Bukavu en considérant leur moindre coût de formation

187
et l’intérêt final des apprenantes.
Certes, l’Etat Congolais, qui est le principal pourvoyeur des emplois, se sent débordé ces dernières
années par les demandes croissantes d’emploi.
Il est donc impérieux de renforcer la jeunesse en lui dotant des possibilités et la capacité d’auto-prise en
charge professionnelle.
La sensibilisation et la formation sur la culture d’épargne et des crédits (AVEC=Association Villageoise
d’Epargne et de Crédit) accompagnant les femmes vulnérables en vue de renforcer leurs activités
génératrices des revenus n’a pas raté le rendez-vous pour contribuer à l’épanouissement intégral de la
femme de la ville de Bukavu.

Mots-clés : entrepreneuriat féminin, apport, élite féminine.

Abstract

Since centuries and by traditions, the woman has played a profound role in the economic development,
notably in the agriculture, the breeding, the small trade and the handicraft improving so the level of the
family life. More and more the employments are scarce and disappearing little by little in the DRC in
general and in the town of Bukavu in particular.
Moreover, as the result of the vibrant calls of the government to the creation of employments, was created
in 1980 a Centre of feminine training named CFF in the area of Panzi in the urban commune of Ibanda
in Bukavu town.
Owing to the work done by this micro institute in the town, it was necessary for the author to begin an
account on the bringing in and the importance of this association of without lucrative aim to the elite
feminine of the town of Bukavu and by around about way to their families.
Further also to the silence which the public of Bukavu maintains about the subject of activities of this
Association, this work looks for somehow or other to evaluate them during the going of the years 2004
to 2019.
The real problematical account in these lines is to set up the importance of activities of this micro-
enterprise in which everybody does the exploits.
The anticipative answers proposed to the bringing in of the feminine undertaker to the families in the
town of Bukavu state themselves in this manner.
By the apprenticeship of small trades in the contrary to feminine training of Panzi : the woman would
become more self-governing and influent in the family life for the improvement of this family . It is an
institution in social character which was put in place by Swedish missionary couple.
At the beginning, the CFF had a objective to accompany the Community of Churches of Pentecost in
Congo (CELPA) in its mission of training of women of God’s servants who didn’t have the chance to
follow higher study.
In our time, it intervenes in the training if the woman generally poor whatever her religious belonging.
Its action extends seven on the taking in charge the poor children in the basic education, in the day
nursery and even the nursery school.
In this five last years, where the absence of employments makes themselves felt, the necessity of the
creation of small trades to struggle against the unemployment and the poverty is welcome in the town of
Bukavu.
This study chose as a target the benefiters of the last five years training at the CFF.
590 women and single girls mixed were identified in the three different communes that Bukavu town
counts (register of effective of apprentices in 2014-2019) : the CFF office) ;150 having constituted our
sample ; we ended in the results according to which the training that these women undertook at the CFF
permitted them to create for them small trades and so to challenge the numerous economic difficulties,
that the activities of the CFF were a great bringing in families of the town of Bukavu in considering their
less for the cost of training and the fiscal interest of apprentices.
Certainly, the Congolese state which is the principal caterer of employments feels these last years
overpassed by the crisscrossed applications for employment.
It is therefore imperious to reinforce the youth by equipping it with possibility and capacity self-taking
188
in charge.
The sensitization and the training in the culture of saving and credit (AVEC=Villagers association of
saving and credit) accompanying the vulnerable women in view of reinforcing their generating activities
of income did not miss the appointment for contributing to the integral growing of the woman of the town
of Bukavu.

Keywords : feminine undertaking, bringing in, feminine elite.

Classification JEL F 31

INTRODUCTION

L’entrepreneur est celui qui s’engage d’une façon réfléchie à la création d’un business sans
garantie de ce qu’il peut en tirer, tout en mesurant sûrement ses risques. L’entrepreneuriat est
un facteur d’intégration et de mobilité sociale et même culturelle (Clémence Barhumana,
UOB/Bukavu 2015).

Le rôle économique des femmes en République Démocratique du Congo a pris de l’ampleur.


Dans les milieux urbains comme dans les milieux ruraux, que cela soit dans le cadre de
l’économie formelle ou non formelle, des nombreuses femmes Congolaises sont au travail. Elles
occupent presque tous les secteurs de la vie économique. A travers toutes ces activités, les
Congolaises contribuent de plus en plus aux revenus ménagers. Ce dynamisme féminin se laisse
découvrir à travers différentes activités génératrices des revenus entreprises par les femmes dans
le contexte social difficile que connait le pays. Dans ce cadre, même les femmes non instruites
ou sans occupations de la ville de Bukavu mènent à titre illustratif différentes activités qui
génèrent le revenu comme le tissage des paniers, la menuiserie, le commerce, les travaux
ménagers…

Au cours des dernières décennies, des nombreux efforts ont été consacrés à l’examen des
conditions et du rôle de la femme dans différents contextes socioéconomiques. Dans quasiment
tous les pays du tiers monde par exemple, l’importance de l’activité productrice de la femme
parait être marginalisée, même minimisée. Ceci s’explique par le fait que sa contribution à
l’économie s’opère en grande partie au niveau des secteurs non formels qui ne sont pas pris en
compte dans les statistiques. Cette sous-représentation des femmes, dire mieux, leur quasi
absence sur la scène productive dans le tiers monde ne signifie pas que leurs activités
économiques et productrices sont nulles.

La contribution au revenu réel d’un bien-être économique a toujours été et continue d’être
considérable (Mauna L.S 1993).

Dans nos sociétés, les femmes et les enfants sont les plus fragiles. Nos us, coutumes et traditions
les ont défavorisés et limitent leur épanouissement social. Meurtries par la pauvreté, par la prise
en charge du grand fardeau familial qui leur est légué par des maris chômeurs et dépendants, la
plupart de ces femmes de la ville de Bukavu ont besoin d’une assistance et un accompagnement
en entrepreneuriat. Ici s’inscrit la primeur de la mission du Centre de Formation Féminine Panzi.

Dans le but d’intégrer socialement la femme, le CFF organise les formations en alphabétisation
189
(remise à niveau), la coupe et couture, les arts culinaires et d’autres arts et différents métiers.
La sensibilisation communautaire sur les violences causées sur le genre n’est pas restée derrière
à travers le programme SVS (survivantes des violences sexuelles).

L’entrepreneuriat est un thème d’actualité, si bien que les enseignants, les hommes politiques,
les dirigeants d’entreprises et d’autres hommes d’affaires s’y intéressent actuellement.

C’est donc cet esprit d’initiative des femmes qui se manifestent de manière prépondérante : les
femmes ont tendance à s’organiser compte tenu des ressources qui leur sont disponibles pour
satisfaire leurs multiples besoins.

L’entrepreneuriat féminin est reconnu comme une source de croissance économique


insuffisamment exploitée. Les femmes entrepreneurs créent des emplois à priori pour elles-
mêmes et enfin pour les autres, parfois pour tenter de répondre à des questions auxquelles ne
répondrait un salarié tout en apportant à la société, du fait de leur spécificité, des solutions
différentes pour la gestion, l’organisation et le traitement des problèmes de celle-ci.

Pour le cas sous examen, le CFF octroie aux finalistes un capital de démarrage des activités
avec ses modiques moyens et les regroupe pour une bonne organisation et gestion des risques.

Elles se tournent généralement vers des petites structures et le plus souvent vers le secteur
informel (Viviane de beaufort et alii 2002).

L’entrepreneuriat féminin est une notion de plus en plus reconnue. Encourager le


développement des activités économiques des femmes par le biais de la promotion
entrepreneuriale a plusieurs incidences positives dans un certain nombre de domaines.

En premier lieu, il contribue à la croissance économique et offre des opportunités d’emplois. Il


permet en outre d’améliorer le statut social, la formation et l’état de santé des femmes et de
leurs ménages. Le secteur de micros et petites entreprises joue un rôle prépondérant en termes
de promotion de l’emploi et de la croissance permettant ainsi entre autres aux femmes de
participer au développement économique.

Nombreuses sont les femmes qui en l’absence d’autres opportunité d’emploi, travaillent
régulièrement au sein des micros entreprises pour la survie. Dans les pays non avancés comme
la République Démocratique du Congo, le taux de chômage des femmes est supérieur à celui
des hommes. Néanmoins, dans les familles les plus pauvres, une double source de revenu, celle
de l’homme et de la femme est nécessaire pour subvenir aux besoins élémentaires des ménages
(Liliane de beaufort op.cit.). Lorsqu’il s’agit des ménages dirigés par les femmes (divorcées,
célibataires ou veuves, femmes vivant seule), la nécessité d’échapper au chômage devient
cruciale pour assurer la subsistance de la famille.

Par conséquent, la promotion de l’entrepreneuriat féminin constitue un des principaux aspects


de l’autonomisation économique des femmes.

Développer la culture entrepreneuriale de la femme, c’est apporter aux femmes souhaitant ou


ayant créé des entreprises davantage d’opportunités et de lutter contre les barrières qui
s’opposent à leur entrepreneuriat : gestion des vies familiales et professionnelles, le manque de
190
soutien, la faible confiance en soi, le manque de crédibilité auprès de leurs contacts
professionnels voire les discriminations relatives aux financements des activités dont elles sont
victimes (Claudia Ulrique 2004).

L’apport des activités des femmes sur leurs conditions de vie est d’une signification supérieure,
répondant aux besoins d’alimentation, des soins médicaux des ménages et même la scolarisation
des enfants par la création des petits métiers dans le contexte actuel où l’emploi est très rare sur
le marché de l’emploi.

Les travaux antérieurs sur l’examen de la nécessité que présente l’entrepreneuriat féminin dans
le vécu des ménages dans la ville de Bukavu relève entre autres celui de Tshishimbi Ilunga en
2010 dans son mémoire de fin d’études.

Il focalisa ses études sur la capacité des femmes à couvrir les besoins de leurs ménages à partir
des revenus de leurs activités dans une situation où celui de l’époux est insuffisant pour couvrir
les besoins fondamentaux. La participation de la femme en tant qu’épouse et mère pour résoudre
les problèmes de revenu insuffisant.

En 2013, Annie Kwabene Amuri, étudiante de son état, a constaté que la femme, jadis consacrée
essentiellement à la procréation et la consommation, est devenue de nos jours une unité de
production familiale. L’homme a reconnu l’apport de celle-ci quand il aura remarqué
l’insuffisance de son revenu.

Elle doit s’impliquer de façon réfléchie et engagée dans les mutations sociales qui caractérisent
notre ère.

I. PROCEDES ET OUTILS

I.1. Présentation du cadre de travail

Bukavu est le chef-lieu de la province du Sud-Kivu une des vingt-six provinces de la République
Démocratique du Congo. Située à l’Est du Congo démocratique, Bukavu est une des principales
villes du pays. Avec une topographie accidentée, la ville de Bukavu s’étend sur une superficie
totale de plus ou moins 60km².

Elle est située à 2°31 latitude sud ; 28°51 longitude Est et à 1 635m d’altitude moyenne. Elle
est limitée par la rivière Ruzizi à l’Est, frontière naturelle avec le Rwanda voisin. À l’Ouest et
au Sud, la ville est limitée par le territoire de Kabare et enfin au Nord par le lac Kivu.

Sur le plan démographique, il est difficile de donner avec précision, le chiffre exact de la
population ; d’en établir la densité et la répartition faute d’un recensement fiable. Mais les
responsables urbains estiment, en tenant compte de nombreuses migrations de la population,
que la population de la ville de Bukavu serait au cours de l’année 2019 d’à peu près 1 070 019
habitants à une densité presque de 17 833 habitants par km². (Sources : Division provinciale de
la santé, 2019 ; collectées et traitées par l’INS/Bukavu.)

Ces chiffres expriment des graves déplacements des populations rurales vers la ville de Bukavu
191
créant ainsi un exode rural avec des conséquences négatives sur l’habitat, sur la sécurité, même
sur l’offre ou la demande des biens et services. Bref, sur tout le tissu économique.

Les frais des loyers revus à la hausse, les constructions de fortune érigées d’une manière
anarchique, les rues bondées à craquer… La vie pénible est au rendez-vous.

Le secteur informel est prédominant dans la ville de Bukavu ; c’est un secteur non structuré,
non officiel. Ce secteur est l’unique qui englobe presque toutes les gammes d’activités
économiques, les unes se trouvant en même temps dans les secteurs classiques (primaire,
secondaire et tertiaire). C’est ici que nous trouvons la production artisanale des produits miniers,
du savon, de l’huile végétale, des petits métiers de production des biens et des services ainsi
que le petit commerce.

La forte démographie de la population à Bukavu et ses incidences nous amènent à ajouter que
le peu d’emploi qui peut être disponible dans le secteur secondaire exige de très difficiles si pas
impossibles conditions de recrutement aux vues des chercheurs d’emploi. Ainsi presque tous
les ménages font recours au secteur informel et la création des emplois.

C’est le secteur des activités de la plupart des femmes entrepreneurs.

I.2 Des procédés de recherche

L’élaboration de cet article nous a ramené à faire recours aux méthodes et techniques qui
suivent :

1. Des procédés
• La méthode fonctionnelle nous a aidés à déterminer l’apport du CFF dans le
tissu socioéconomique des bénéficiaires de la formation.
• La méthode descriptive a permis de faire une description des activités du CFF
pour en tirer la portée et son apport.

2. Des outils
• La documentation pour nous avoir facilité la consultation des archives relatives
à l’entrepreneuriat féminin et le CFF.
• La méthode d’observation par laquelle nous avons pu constater les conditions
de la vie professionnelle des bénéficiaires de la formation du CFF.
• La méthode d’interview nous a permis la récolte des renseignements sur les
bénéficiaires et activités du CFF dans la société à Bukavu.
• L’échantillonnage : il a créé un cadre où nous avons déterminé une portion
représentative des femmes parmi celles qui ont bénéficié de la formation
professionnelle du CFF pour recueillir leurs avis dans le cadre de notre étude.
150 individus ont été tirés comme échantillon pour une population de 590
femmes formées (cf. le seuil de fiabilité)

192
II. DISCUSSION DES RESULTATS

II.1 Présentation des résultats

Nous avons signalé dans les lignes précédentes que le CFF s’occupe des femmes en général
sans distinction de l’état civil des bénéficiaires.

Cette étude s’est axée sur une population de 590 femmes et jeunes filles de la ville de Bukavu
et ce des années 2014-2019.Tirée d’un échantillon de 150 individus, voici sa répartition :

Tableau 1 répartition par état civil de la population ciblée


ANNEES 2016 2017 2018 2019 2020 TOTAL %
FEMMES 93 78 77 84 87 419 71
FILLES 12 50 33 43 33 171 28,9
HOMMES 0 0 0 0 0 0 0
GARCONS 0 0 0 0 0 0 0
TOTAL 105 128 110 127 120 590 100
GENERAL
Source : conçu par l’auteur sur base du registre des listes d’apprenantes 2014-2019 : Direction CFF Panzi.

La lecture de ce tableau démontre qu’il y a plus des femmes que des jeunes filles et qu’il n’y a
pas d’hommes ou des jeunes garçons qui apprennent dans cette institution.

Les résultats auxquels cette étude a abouti sont les suivants :

• Le CFF a un apport certain aux bénéficiaires, par ricochet aux ménages de ces dernières
via leur entrepreneuriat.
• Leur autonomisation financière les rend influentes dans la société et leur permet de
participer à la gestion de la chose familiale.

II.2 Discussion des résultats

Au cours de cette étude, les activités de 150 femmes entrepreneurs ont été examinées comme
échantillon.

1) Synthèse des résultats

Cette étude descriptive a abouti aux deux résultats suivants :

• Résultat 1 : Après formation, les apprenantes participent à l’amélioration des conditions


de vie de leurs ménages suite à l’autonomisation de leur finance.
• Résultat 2 : la femme devient autonome et influente dans la vie des ménages.

L’analyse de ces résultats démontre que les 100% des sujets enquêtés reconnaissent la
transformation de leurs vies et participent dans la gestion de la chose familiale, ce qui est un
grand apport pour elles-mêmes et pour le centre de formation féminine de Panzi.

193
Les 100% de l’échantillon ont reconnu l’apport de la formation du CFF dans leur
autonomisation financière malgré la conjoncture difficile.

Les 150 femmes de l’échantillon enquêté selon le seuil de confiance du prélèvement de


l’échantillon et ont été reparties de la manière suivante :

Tableau 2 : Répartition selon l’état civil de l’échantillon tiré


FEMMES FILLES TOTAL
100 50 150
% 66,6 33,3 100
Sources : conçu par l’auteur sur base de l’échantillon enquêté et du seuil de fiabilité

Il est constaté que la prise de décision pour la formation est plus élevée chez les femmes que
chez les jeunes filles. Toute fois l’année 2016 a connu le plus grand nombre d’adhésion que les
autres années de cette étude.

Résultat 1 : l’apport du CFF et l’amélioration des conditions des vies des bénéficiaires

La recherche de l’amélioration des conditions de vie de la population devrait être la


préoccupation majeure des gouvernements Congolais en présentant la manière dont l’être
humain parvient à satisfaire ses besoins vitaux : la nourriture, la santé, le logement. La femme
actuelle s’inquiète de voir les problèmes féminins perçus sur le plan du sexe comme signes de
faiblesse par rapport à l’homme considéré comme être fort.

Les 100% de la cible de ce travail sont dissuadés et constatent l’autonomisation de leurs finances
comme fruit de l’entrepreneuriat, ainsi que l’amélioration de leurs conditions de vie.

Résultat 2 : L’influence de la femme bénéficiaire dans la vie socioéconomique des ménages

De nos jours l’influence de la femme entrepreneur dans les ménages de la ville de Bukavu n’est
plus à démontrer. Elle est beaucoup plus grande qu’on ne le croit communément.

Nous pensons qu’en effet l’épouse, suite à sa participation pour le bien-être de la famille (elle
n’était jadis bonne que pour la procréation et la consommation : Sophie KITOGA NAMNENE),
a son mot à dire et participe à la gestion de la « res familia » et qu’elle peut dans bien des cas
influencer les décisions du mari peut être chômeur et dépendant d’elle.

100% des femmes dans cette étude ont affirmé qu’elles sont devenues influentes dans leurs
ménages et participent à la gestion de la chose familiale et, quelquefois, elles portent tout le
fardeau de la vie pénible de la famille.

CONCLUSION ET SUGGESTIONS

Par cet article, nous avons démontré que l’apport de l’entrepreneuriat de la femme est
significatif.

Elle qui jadis était consacrée à la procréation et la consommation est devenue de nos jours un
194
capital familial. Son activité dans les petits métiers est génératrice d’un flux monétaire qui vient
à la rescousse familiale, butée à une insuffisance et quelquefois à l’absence de moyen de
subsistance.

La nécessité de l’accompagnement de l’élite féminine fit naissance au Centre de Formation


Féminine pour la préparation des femmes à l’entrepreneuriat. Nombreuses d’elles étant
démunies, le CFF les forme en coupe et couture, en vannerie, en arts culinaires, en culture de
l’épargne et en différents métiers.

A la fin de la formation, elles sont capables de créer des micros entreprises, surtout dans le
secteur non formel.

Quelques méthodes et techniques nous ont permis de finaliser cet ouvrage. Les hypothèses qui
ont constitué nos premières réponses aux questions posées et vérifiées plus tard faisaient état
des activités du CFF qui auraient un grand apport financier aux bénéficiaires de ces formations
et par ricochet aux ménages de ces dernières.

Par ailleurs, leur entrepreneuriat les met à l’abri de la dépendance financière. Elles deviennent
ainsi influentes dans leurs ménages respectifs et interviennent déjà dans la gestion de la vie
familiale.

Durant les cinq années qui ont inspiré cette étude, 590 femmes et filles ont été identifiées,
formées et larguées sur le marché d’emploi qui se fait de plus en plus rare en dépit de toutes les
difficultés possibles.

De celles-ci, a été tiré un échantillon de 150 femmes pour la facilitation de l’étude.

Les 100% de l’échantillon ont reconnu que le CFF a apporté un plus dans leur vie et qu’elles
sont devenues importantes dans leur ménage au travers de la possibilité d’organiser des petits
métiers, fruits de la formation au CFF. Elles sont aujourd’hui intégrées dans la société grâce à
ces activités.

Certes, les gouvernements sont des grands créateurs et responsables des emplois. Cependant les
initiatives privées ont leur pesant d’or dans ce contexte où l’Etat Congolais est débordé par des
demandes en emploi.

Nous n’allons pas clore ce travail sans faire quelques suggestions aux décideurs politiques, aux
organisations non gouvernementales même aux personnes de bonne volonté.

Le travail anoblit et affranchit dit-on :

• Pour la femme entrepreneur : elle doit vaincre la peur, la jalousie entre elles, la sous-
estimation de soi, se considérer comme partenaire de l’homme, doit avoir un esprit de
création et d’innovation.
• Pour les hommes : la considération de la femme comme capable d’entreprendre, la
responsabiliser pour son épanouissement professionnel.
• Aux organisations de la société civile : la sensibiliser pour qu’elle se considère comme
capable de faire, faire des plaidoyers en faveur de la femme entrepreneur.
195
• Aux politiques : faciliter et encourager l’adhésion de la femme à l’entrepreneuriat,
subventionner les projets des formations de la femme, même dans le secteur informel
pour encourager le partenariat public-privé.

BIBLIOGRAPHIE

• Anne KWABENE AMURI, contribution des femmes marchandes au marché de Nyawera,


mémoire ISP/Bukavu 2013.
• Claudia Ulrine GMINCHER, promotion de l’entrepreneuriat féminin, éd. DDC 2004.
• Clémence BARHUMANA, cours d’entrepreneuriat et PME, UOB2014-2015, inédit.
• Mauna L.S, activité économique des femmes du tiers monde et perspectives de baisse de leur
fécondité, in revu le monde XXIV, n°94,1993.
• Sophie KITOGA NAMNENE, la femme lega dans la société lega en République Démocratique
du Congo, 11, ruehonlet, éd.du Pangolin 2009.
• TSISHIMBI ILUNGA Giresse, contribution du petit commerce pratiqué par les femmes,
mémoire ISP/Bukavu 2010 inédit.
• Viviane de Beaufort et alii, la création d’entreprises au féminin en union Européenne, 2002.

196
LES CONDITIONS SOCIOECONOMIQUES DES « KADHAFI »DE LA VILLE
DE BUKAVU, PROVINCE DU SUD-KIVU EN REPUBLIQUE
DEMORATIQUE DU CONGO

Adam KIRUMBA NDANDA


Assistant d’enseignements, Institut supérieur Pédagogique de Kaziba (ISP/Kaziba)
Département d’informatique et Gestion, Sud Kivu, R.D.Congo

kirumbanda@gmail.com

KININGA AMISI David


Assistant d’enseignements, Institut supérieur des arts et métiers (ISAM/Bukavu),
département de Logistique et Gestion, Sud Kivu, R.D.Congo

Résumé

Cette recherche du type empirique relevant de l’économie informelle décrit l’impact de l’activité des
« kadhafi » sur leurs conditions socio-économiques dans la ville de Bukavu au cours de l’année 2019.
Le concept « Kadhafi » désigne une catégorie des Revendeurs du carburant terrestre non autorisée mais
tolérée en République Démocratique du Congo.
En cette période de quasi absence d’emploi, les « kadhafi » érigent leur activité en emploi pour subvenir
à quelques besoins physiologiques de leurs familles et dépendants avec une population de plus ou moins
5000 individus « kadhafi » (voir le registre d’adhésion des membres de l’Association des revendeurs du
Carburant et Lubrifiant 2019 (ARCL) à Bukavu) qui a constitué la cible de cette étude.
Ceux-ci échappent au contrôle des pouvoirs publics et sont caractérisés par le non-paiement des taxes
et / ou impôts comme contribution de leur activité à la dépense publique. Ils ont un autre caractère
supplémentaire qui est la détention d’un capital circulant de moins de 10m3 de carburant, c’est-à-dire
une exploitation à petite échelle (Arrêté interministériel n°059 CAB.MIN.ENER/2006 portant
règlementation de l’activité d’importation et commercialisation des produits pétroliers) et se considèrent
en micro-entrepreneurs susceptibles d’être soumis à une règlementation juridique.
Notre méthode de recherche a consisté principalement à la réalisation d’une enquête effectuée par
observation directe et documentaire facilitée par le Chef de la Division provinciale des hydrocarbures
du Sud-Kivu, de certains taximen et de « Kadhafi » eux-mêmes.
L’étude renseigne sur le mode d’approvisionnement de ces derniers en produits pétroliers, sur leur
distribution et sur leur modalité de paiement et a abouti notamment aux conclusions ci-après :
• C’est une activité rentable qui supporte économiquement les « kadhafi »et même leurs familles
et dépendants.
• La prolifération des petits marchés pirates du carburant se justifie par la rentabilité de cette
activité.
• Les intervenants dans cette commercialisation sont satisfaits par celle-ci.
• Le délaissement de cette catégorie d’opérateurs économiques par le pouvoir est visible par tous.

Mots-clés : « kadhafi », conditions socio-économiques, emploi.

Abstract

This reseach is of the type done on the ground which is of the uncontrolled economy, diribing the impact
of the activity known as « kadhafi », on their conditions of socio-economic in the town of Bukavu, during

197
the year 2019.
The concept « Kadhafi » designs a category of reselling the fuel that is unauthorized but tolerated by the
government in the Democratic Republic of Congo.
In this period of unemployment, the « Kadhafi » doe their activity of employment to survive with a
population of at least 5 000 of individual « Kadhafi »constituted the focus of this stady.
These bypass the government and are characterized by their no payment of the taxes and the poll-taxes
as contribution of their activity to the expenses of the government.
Certainly, they have an other additional character, which is the detention of a working capital of at least
10m 3 of the fuel. It means an exploitation in small scale (the ministerial decision
n°059AB.MIN.ENER/2006) bearing the rule of import and trade of the petrol product) and they consider
themselves as micro-enterprisers who submit themselves to judiciary justice rule.
Our method of research consisted mainly in fulfilling an inquiry effected by a direct observation and
documentary made available buy the provincial division of the hydrocarbur of the south Kivu province,
and some taxi drivers and the « kadhafis » themselves facilitated the study.
The study inquiries about the mode of the purchase of petrol product, of their selling and their context of
payment resulted in the conclusions hereafter :
• It’ a profitable activity which supports economically the « kadhafis » and even their families.
• The incraese of the small unauthorised markets of the fuel justifying by the profit from this
activity.
• The sellers in this trade are sitisfied by this.
• The leaving-free of this kind of economic-operators by the power is clearly seen.

Keywords : kadhafi, socio-economic conditions, employment.

INTRODUCTION

Premier pourvoyeur d’emploi, l’Etat congolais devrait offrir des opportunités de travail et des
facilités à ses populations dans le formel tout comme dans l’informel, de diverses manières.

Il importe de souligner que les activités marchandes exercées dans l’informel sont généralement
des micros activités instables et précaires. Ces activités se font dans un contexte de pauvreté
aigue pour résoudre l’impasse de l’économie familiale.

L’économie de la République Démocratique du Congo est aujourd’hui bien plus pauvre qu’elle
ne l’était des décennies durant après son indépendance. La désorganisation de l’offre et
l’érosion presque continue de la demande l’ont entrainée aux enfers depuis des années 1980,
provoquant la dégradation des secteurs entiers, voire leur « criminalisation » jusqu’à nos jours
où le pays gère cette économie liée aux effets des guerres (Ministère du plan, document de
stratégie de réduction de la pauvreté « DSRP » (2004).

La part de l’économie informelle dans la création des emplois s’est accrue continuellement au
point de devenir le secteur dominant de la République Démocratique du Congo, l’économie
informelle y revêtant plusieurs formes.

Bien que le volume de production de ce secteur a grandement augmenté ; le secteur informel


congolais ne joue pas le rôle essentiel dévolu à l’économie nationale, même s’il fournit des
revenus minimaux aux employés.

198
Les micros entreprises, dont la commercialisation à petite échelle du carburant, sont confrontées
à un environnement politique et économique défavorable, aux actes règlementaires adaptés mais
mal appliqués par les services étatiques suite à une mauvaise gouvernance de la chose publique.
Cette situation les met dans un état d’essoufflement et conduit à un ralentissement de leurs
activités. Les « kadhafi » n’étant pas épargnés par ces conditions s’imposent tant bien que mal
sur des marchés pirates du carburant terrestre pour la survie.

Le véritable et majeur problème abordé par cette étude est de rechercher les raisons qui justifient
la prolifération exagérée des petits marchés pétroliers entretenus par les « kadhafi » le long des
chaussées de la ville de Bukavu.

En effet, en dépit de plusieurs tentatives du pouvoir provincial, comme autorité de régulation,


de disperser ces marchés dans l’objectif de l’assainissement de la ville et l’éradication de cette
activité, il demeure impuissant et les « Kadhafi » sont hélas toujours présents dans tous les coins
de la ville.

Faut-il étudier les raisons de cette résistance publique pour cette activité ?

Les lignes qui vont suivre renseigneront sur les preuves d’une activité lucrative soutenant tant
bien que mal l’économie de tous les intervenants dans ce domaine et qui constitue la motivation
de ces derniers pour adhérer fermement à cette activité.
Il s’avère aussi que ces intervenants, hormis l’administration publique, sont pour la plupart des
personnes physiques, ainsi que quelques personnes morales.

Dans le domaine de la lutte contre la pauvreté et le chômage en République Démocratique du


Congo, le Professeur Mabi Mulumba, Ministre, a plusieurs fois dans les gouvernements
congolais (jadis Zaïre) jeté des jalons pour barrer la route à la pauvreté et à la malnutrition des
populations rurales. Les résultats auxquels il avait abouti faisaient part à un projet d’assistance
au gagne petit, notamment par les crédits agricoles.

Dans le même domaine de la lutte contre la pauvreté, l’économiste Reyntiens F. avait fustigé la
projection d’une pauvreté généralisée dans les Etats des grands lacs au cours des quinze années
qui suivraient la publication de son annuaire « l’Afrique des grands lacs » (2003) et montré que
l’intervention des Etats sur les marchés des biens, des services et même sur l’emploi, valait son
pesant d’or.

Les résultats des recherches du Professeur Kabuya Kalala et alii (2005) avaient fait état d’une
économie congolaise fragile et qui ne promet rien ; un géant aux pieds d’argile.

Dans leurs études, ces chercheurs ont décrit les conséquences du chômage et proposé les pistes
pour y remédier.

Pour le cas précis, la commercialisation du carburant dans l’informel ; KIRUMBA NDANDA,


avait prouvé en son temps dans son mémoire (2018) l’existence des importations ascendantes
des produits pétroliers et la présence excessive des revendeurs dits « Kadhafi » le long de toutes
les voies publiques de la ville de Bukavu et même celles de la province.

La Division provinciale des Hydrocarbures Sud-Kivu est un service étatique dont la mission est
199
de règlementer l’administration en aval du secteur pétrolier en province. Celle-ci suit et contrôle
toutes les activités pétrolières en aval du circuit, Il s’agira d’édicter les lois relatives à la
manipulation des produits pétroliers et en faire les contrôles réguliers.

Les « Kadhafi » incontrôlés de leur nature par le pouvoir, rendent de nos jours des loyaux
services à la population en cette période des « vaches maigres ».

Nous pouvons citer dans ce contexte :

• La création de l’emploi et du flux des revenus pour leurs ménages et leur dépendants.
• La fourniture des services aux consommateurs situés loin des stations-services ou après
les heures de travail de celles-ci (stations-services).
• Fournissent même la moindre quantité de carburant par rapport à la règlementation des
stations-services qui exige l’achat à la pompe de cinq litres de carburant au moins (cette
mesure est règlementaire mais pas appliquée par les stations-services).
• Présentent une possibilité de consommation à régler à terme.

Tous ces paramètres réunis démontrent la nécessité que représentent les « Kadhafi » dans le
circuit pétrolier de Bukavu quoique dans l’informel.

Il va sans dire que la présence de ces « Kadhafi » constitue aussi un certain danger quant aux
catastrophes (incendies provoqués par une mauvaise conservation de ce produit combien
inflammable et dangereux) et autres dégâts visibles qu’invisibles (pollution de l’air ou des sites
de vente, contamination de gens qui vivent dans un même local avec le carburant…) que
l’activité des « Kadhafi » peut causer.

Malgré que le carburant soit pour l’économie ce que le sang est pour le corps humain ; son suivi
est d’une importance capitale. Il fait tourner la machine économique de tous les Etats. Tous les
engins ont besoin de cet « or noir » pour leur fonctionnement.

C’est un produit qui intéresse à un plus haut niveau tout le circuit économique et concourt au
bien-être économique.

La commercialisation et la consommation de ce bien de première importance devraient à un


degré important intéresser les pouvoirs publics quant à leur rendement et à la création des
revenus aux « Kadhafi » dans le cadre de la création de l’emploi.

La majeure partie des échanges économiques se fait par la voie terrestre et exige l’usage du
carburant.

Le pouvoir a donc tout intérêt à surveiller le déploiement des « kadhafi » sur les marchés qu’ils
exploitent afin d’en limiter les dangers.

La commercialisation du carburant par les Revendeurs (objet de cette étude) constitue un emploi
pour les « Kadhafi » et leur permet la survie. De même, les consommateurs de ce produit en
profitent par ricochet ; d’autant que les mouvements, dans toute direction, des prix de ce produit
de grande nécessité exercent une certaine pression sur les prix des autres biens et services et
surtout sur celui du transport collectif, clef du bien-être, un transport organisé étant l’image
200
d’une économie prospère.

Le professeur Mabi Mulumba (op.cit.) n’avait-il pas clamé l’importance du transport dans une
économie qui se façonne.

Malheureusement en dépit des multiples appels et suggestions formulées aux décideurs


politiques ou aux grands opérateurs économiques par différents chercheurs, ce secteur reste
abandonné à son triste sort dans l’oubliette.

I. MÉTHODES DE RECHERCHE

I.1 Présentation de la ville de Bukavu

Bukavu est le chef-lieu de la province du Sud-Kivu, une des vingt-six provinces de la


République Démocratique du Congo. Située à l’Est, Bukavu est une des principales villes du
pays.
Avec une topographie accidentée, la ville de Bukavu s’étend sur une superficie totale de plus
ou moins 60 km².

Elle est située à 2°31 latitude sud ; 28°51 longitude Est et à 1 635m d’altitude moyenne. Elle
est limitée par la rivière Ruzizi à l’Est, frontière naturelle avec le Rwanda voisin. À l’Ouest et
au Sud, la ville est limitée par le territoire de Kabare et enfin au Nord par le lac Kivu.

Sur le plan démographique, il est difficile de donner avec précision, le chiffre exact de la
population ; d’en établir la densité et la répartition faute d’un recensement fiable. Mais les
responsables urbains estiment, en tenant compte de nombreuses migrations de la population,
que la population de la ville de Bukavu serait d’à peu près 1 070 019 habitants à une densité
presque de 17 833 habitants par km². (Sources : Division provinciale de la santé, 2019 ;
collectées et traitées par l’INS/Bukavu.)

Ces chiffres expriment des graves déplacements des populations rurales vers la ville de Bukavu
créant ainsi un exode rural avec des conséquences négatives sur l’habitat, sur la sécurité, même
sur l’offre ou la demande des biens et services, bref, sur tout le tissu économique.

Les frais des loyers revus à la hausse, les constructions de fortune érigées d’une manière
anarchique, les rues bondées à craquer…, la vie pénible est au rendez-vous.

Le secteur informel est prédominant dans la ville de Bukavu ; c’est un secteur non structuré,
non officiel. Ce secteur est l’unique qui englobe presque toutes les gammes d’activités
économiques, les unes se trouvant en même temps dans les secteurs classiques (primaire,
secondaire et tertiaire).

C’est ici que nous trouvons la production artisanale des produits miniers, du savon, de l’huile
végétale, des petits métiers de production des biens et des services ainsi que le petit commerce.

La forte démographie de la population à Bukavu et ses incidences nous amènent à ajouter que
le peu d’emploi qui peut être disponible dans le secteur secondaire exige de très difficiles, si
201
pas impossibles, conditions de recrutement au vu des chercheurs d’emploi. Ainsi presque tous
les ménages font recours au secteur informel et à la création liée des emplois.

C’est le secteur des activités des « Kadhafi ».

Le choix de cette étude a été motivé par la présence de plusieurs points de vente du carburant
dans la ville de Bukavu. Plusieurs marchés ont été identifiés par la Division provinciale des
hydrocarbures Sud-Kivu ; du moins pour les « Kadhafi » permanents (cf. registre des membres
de l’Association des revendeurs du carburant et Lubrifiant, ARCL).

Il existe également en retrait des revendeurs occasionnels qui n’ont pas été la cible de ce travail,
occasionnels parce que non répertoriés par l’Association et pas permanents dans l’activité.

En outre, l’année 2019 a connu des hauts niveaux d’importations du carburant terrestre dans la
ville de Bukavu (statistiques des importations du carburant terrestre, Division provinciale des
hydrocarbures Sud-Kivu 2019), suivis de l’installation dans la ville d’une multiplicité de points
de vente du carburant.

I.2 Des méthodes de recherche

Autant cette étude n’a pas tenu compte de la présence des « kadhafi » occasionnels, autant 5 000
sujets ont été recencés par l’Association des Revendeurs du carburant et lubrifiant(ARCL) et
ont constitué la population étudiée pour ce sujet.

Le dixième de la population ciblée donnerait des résultats plus ou moins fiables à 95% dans
cette étude, selon l’indice de fiabilité établie. Le test de fiabilité du 10e de la population suffirait
donc pour vérifier nos données.

L’entrevue que nous avons accordée à notre échantillon nous a fait état d’une activité rentable
pour les acteurs impliqués dans la commercialisation du carburant à petite échelle.

• La méthode descriptive
Elle nous a conduit au travers la ville pour enquêter sur le comportement des « Kadhafi » dans
les affaires commerciales liées au carburant dans la ville de Bukavu ; l’objet de notre étude.
Cette méthode nous a permis de décrire les points de vente et le nombre croissant des
« Kadhafi » le long des voies publiques dans la ville de Bukavu.

• La méthode analytique
Elle nous a donné la possibilité de mener un examen méthodique des mouvements des affaires
relatives à l’activité des « Kadhafi » et la fluidité de la vente de chacun. Celle-ci considère les
choses, la réalité sociale dans leurs éléments plutôt que dans leur ensemble.

• La méthode mathématique
Elle nous a aidés par son exactitude à déduire les faits économiques dans l’activité informelle
de la commercialisation du carburant en vue de les interpréter. Par cette méthode, nous avons
pu estimer le revenu minimal du « Kadhafi » et cela par jour, par semaine ou peut-être par mois.
Comme tout autre commerce, celui du carburant exige certains calculs de rentabilité de
l’activité. Dans le souci de tirer des conséquences y afférentes, nous avons fait appel à cette
202
méthode mathématique.

• La méthode psychologique
Elle nous a guidé à travers la ville de Bukavu pour étudier les motivations qui ont poussé les
« Kadhafi » à cette activité du commerce du carburant ainsi que les relations de causes à effets
de leur cramponnement aux petits marchés pirates, pour réunir les voies, les moyens ainsi que
les stratégies à apporter à la connaissance des décideurs politiques. Mécanismes à adopter pour
la relance de l’activité du « Kadhafi ».

I.3. Des techniques de recherche

L’analyse des quelques éléments statistiques des « Kadhafi », en dépit de leur fragilité nous a
facilité le traitement des données statistiques de l’échantillon de notre cible.

La technique d’échantillonnage nous a amené à sélectionner la population des « Kadhafi » de


la ville de Bukavu.
D’abord la technique d’observation nous a permis de constater l’existence de plusieurs marchés
pirates du carburant dans la ville de Bukavu. Elle permet donc de déceler les faits remarquables
et d’en établir les hypothèses sur les relations pouvant exister entre ces faits.

Il s’agit ici de tout rapport oral entre deux ou plusieurs personnes visant à obtenir des
informations de l’une des parties. Ensuite, les questionnements oraux et les interviews réalisées
auprès des divers « Kadhafi » nous ont enfin permis d’identifier la vitesse de rotation des ventes
du carburant dans le circuit informel à Bukavu.

Enfin la technique documentaire appelé sondage sur document nous a permis de consulter les
textes étatiques et autres relatifs à la commercialisation à petite échelle du carburant ainsi que
les écrits des chercheurs qui nous ont précédés et s’exprimer au sujet de la lutte contre le
chômage et la pauvreté.
Elle utilise la documentation écrite qui a paru sur le problème étudié.

II. DISCUSSION DES RESULTATS

II.1 Présentation des résultats

Cette étude se voulant descriptive est arrivée à trois résultats ; en voici la synthèse :

1) Résultat 1 : La rentabilité de l’activité de la commercialisation à petite


échelle du carburant
2) Résultat 2 : La sécurité de l’activité de la commercialisation à petite échelle
du carburant
3) Résultat 3 : Le niveau de satisfaction des acteurs

80% de l’échantillon étudié estiment tirer un profit de l’activité de revente du carburant dans la
ville de Bukavu, tandis que 100% trouvent cette activité rassurante quant à l’emploi. Enfin
100% déclarent encore leur satisfaction dans l’exercice de la commercialisation du carburant le
long des rues de la ville de Bukavu.

203
Fig.1 Tableau synthèse des résultats aboutis
100

80

60

40

20

0
RESULTAT RESULTAT RESULTAT
1 2 3

Légende
Résultat 1 :80% de l’échantillon enquêté reconnaissent la rentabilité de l’activité de la
commercialisation à petite échelle du carburant
Résultat 2 :100% trouvent la sécurité de l’activité de la commercialisation à petite échelle du
carburant
Résultat 3 : les 100% des acteurs trouvent satisfaction dans cette activité

II.2 Discussion des résultats

• Résultat 1 : la rentabilité de la commercialisation du carburant sur la ville de Bukavu.

Si nous avons choisi de parler de la rentabilité du commerce du carburant pour les Revendeurs,
il sied de rappeler que ces derniers s’approvisionnent auprès des Stations-services avec un
capital circulant capable de les ravitailler à moins de 10m3 de carburant., d’où ils tirent leur
profit dans la majoration du prix de vente selon les règles commerciales.

Nos sources de renseignements, aussi fragiles sont-elles, nous ont signifié que très souvent, pour
des raisons de concurrence serrée dans le secteur, les Exploitants pétroliers rabattent comme ils
le veulent le prix qui leur est imparti par la structure des prix au profit des Revendeurs pour
faciliter les ventes à quelques Revendeurs isolés au profit de l’Exploitant pétrolier et ainsi se
rendre compétitif sur ce marché concurrentiel.

Ceci signifie que, à cause d’un grand nombre de stations presque concentrées dans une contrée,
certains Exploitants pétroliers renoncent à une portion de la marge bénéficiaire qui leur est
impartie par la structure des prix au profit des « Kadhafi » pour faciliter les ventes aux deux
parties. En conséquence, les prix du carburant chez les Revendeurs ne sont pas uniformes car
sans soubassement légal.

En outre, la rentabilité des activités des « Kadhafi » tient compte du simple fait qu’ils ne paient
aucune taxe, ni impôt.

De la même source d’information, les « kadhafi » vendraient chacun en moyenne environ 20 à


30 litres de carburant par jour et bénéficierait de 0,30 dollars américains par le litre vendu
(entretien avec le président provincial de l’Association des Revendeurs du carburant et

204
lubrifiant, ARCL).

Si tel est le cas, nous estimons qu’un « Kadhafi » gagnerait par jour entre six et neuf dollars
américains et une moyenne mensuelle de cent quatre-vingts à deux cent septante dollars
américains.

Parler de l’incidence socio-économique de l’activité des « Kadhafi » nous amène à dire que,
contrairement au secteur formel qui emploie un certain personnel soumis à un contrat de travail
et consent un salaire soumis à la pression du SMIG légal à celui-ci (travailleur), ceci ne se fait
pas dans le circuit informel, car très souvent dans ce secteur, le patron est lui-même l’ouvrier.

Par-là, nous pouvons confirmer que l’activité des « Kadhafi » contribue tant soit peu à la
réduction du chômage et de la pauvreté.

Elle est une source de revenu pour certains ménages qui, pour la plupart, sont démunis.

Les résultats de cette étude font état d’une activité lucrative et très rentable qui justifie la
prolifération des points de vente du carburant le long de toutes les voies publiques de la ville de
Bukavu, rentabilité qui est un gain pour tous les acteurs impliqués dans cette activité.

Cette rentabilité s’inscrit dans un dividende que les « kadhafi » tirent des opérations d’achat-
vente en état du carburant dans des stations-services sans déduction des charges telles que les
impôts, taxes, salaires…

Ceci dit, nous citons les « Kadhafi » et leur dépendants, les Exploitants pétroliers et même les
transporteurs en commun et leurs clients.

La part du marché pétrolier que contrôlent les « Kadhafi », relève du circuit informel. D’où la
difficulté permanente de recueillir des données fiables en vue d’en saisir la réalité. Il y a quasi
absence des traces écrites.

Cependant le gouvernement central fournit déjà des efforts pour ramener cette catégorie
d’opérateurs économiques dans le circuit formel par l’initiative de la sensibilisation, mais en
vain.

Les indices qui démontrent l’échec de ce formalisme sont :

• Le non-paiement des taxes et /ou des impôts liés à leurs activités,


• La fixation incontrôlée du prix dans ce secteur,
• Le regroupement sous forme d’associations pour la défense des intérêts de Revendeurs
au détriment de ceux du trésor public ou provincial.

Les « Kadhafi »assurent la distribution nocturne du carburant à la fermeture des stations-


services et la multiplicité des points de vente permet de réduire la distance séparant certains
consommateurs des stations-services, à l’instar des communes de Bagira et dans une certaine
mesure celle de Kadutu, où les « Kadhafi » offrent souvent le carburant à crédit car constituant
la seule alternative pour ceux qui ne peuvent pas acheter une quantité supérieure ou égale à cinq
litres exigés par les stations-services, bien que cela ne soit pas observé par les Exploitants
205
pétroliers (cette exigence est pourtant règlementaire).

De 500 Revendeurs interviewés, 400 ont reconnu tirer un profit de cette activité, soit 80% de
cet échantillon qui déclarent que la commercialisation du carburant leur permet de payer la
scolarité, même le loyer de leur famille et tous leur dépendants.

Les « Kadhafi », intervenant dans l’économie informelle (un très faible nombre est dans le
formel, détenant un permis de commercialisation à petite échelle délivré par la Division
provinciale des Hydrocarbures op.cit.) peuvent influencer le prix du carburant, prix ayant un
grand impact sur la vie économique. Quoique cette corrélation intéresse le moins la vision de
cette étude, il sied de signaler que cet aspect a une certaine influence sur le bien-être social par
rapport à la mobilité des personnes et de leurs biens.

Il sera donc question de rechercher dans quelle portion l’activité du « Kadhafi » influence sa
vie sociale et économique en particulier et en général celle des autres individus dans la ville de
Bukavu.

Signalons que nous ne pouvons pas dissocier dans cette étude le transporteur du commerce du
carburant quoique celui-ci (le transporteur) figure dans le circuit formel qui n’est pas inscrit à
l’objet du présent travail, 500 Taximen sur les 500 ont été interviewés à ce sujet pour
comprendre l’importance du « kadhafi » et son activité ; 100%, déclarent donc que les
« kadhafi » leur rendent de grands services.

D’une part, ils leur consentent des consommations à crédit et, de l’autre, ils sont toujours
présents pendant les heures de nuit alors que les stations-services ont fermé les portes.

Le caractère stratégique du carburant fait que les fluctuations de son prix peuvent influer sur les
variations du prix des autres biens et services sans exception.

Bien entendu, nous ne pouvons pas insinuer que ce soit seule la hausse ou la baisse du prix du
carburant qui influence les autres prix.

D’autres variables telle l’inflation et même la pénurie en carburant peuvent influencer la hausse
du prix du transport urbain comme dans les milieux ruraux. Tous les indicateurs économiques
peuvent donc être affectés, tel le prix des aliments de base et peut être les soins médicaux.
Ceci n’affirme pas non plus que seuls ces variables influencent la hausse ou la baisse des prix
du transport en commun ou d’autres biens et services.

• Résultat 2 : Sécurité de l’activité

100% des enquêtés trouvent cette activité rassurante.

Non seulement les « Kadhafi » travaillent pour leur compte et profit, mais aussi pour celui des
autres intervenants ; notamment les taximen, les personnes qui se déplacent par véhicules et
même le trésor public et provincial.

Le Chef de la Division Provinciale des Hydrocarbures Sud-Kivu qui nous avait accordé une
audience avait ceci à dire au sujet de la commercialisation du carburant à petite échelle :
206
« l’administration en matière des hydrocarbures que je représente en province a pour mission
de suivre et de contrôler toutes les activités pétrolières en aval du circuit. Elle a aussi l’obligation
de sensibiliser les « Kadhafi » pour quitter l’informel au formel ; cela va de leur intérêt quant à
l’encadrement de leur activité. Il s’avère que, sur le plan de l’hygiène et l’environnement, les
« Kadhafi » sont à la base d’une certaine pollution. C’est la raison pour laquelle au cours de
l’année 2017, une série des mesures ont été envisagées en ces matières ».

Les inconvénients liés au commerce du carburant

La commercialisation du carburant n’étant pas une activité toute rose, il ressort à la suite des
interviews accordées aux « Kadhafi », ce qui suit :

• Sur les cinq cents « Kadhafi » interviewés, constituant plus ou moins le dixième de
notre population estimée des « kadhafi », trois cent cinquante estiment que l’offre du
carburant est supérieure à la demande globale dans la ville. En termes de pourcentage
70% croient qu’il y a un peu trop de carburant dans la ville, ceci compte tenu de la
manière dont ils écoulent leur marchandise suite à la concurrence serrée et sans merci
observée sur le marché du carburant de la ville de Bukavu.
• Le mauvais stockage du carburant à domicile. Selon une enquête faite auprès des
« kadhafi », plus de 80% de notre échantillon disséminé dans les trois communes de la
ville reconnaissent garder leur carburant à vendre dans des maisons où vivent leurs
familles et dépendants sans compter les conséquences y relatives (incendies de masse
et à répétition, pollution de l’air…).
• Il résulte aussi des déclarations de certains conducteurs des véhicules que, selon la
quantité et à cause du temps, les produits pétroliers commercialisés par les « Kadhafi »
sont souillés par l’usage incontrôlé des emballages non certifiés conformes avant
chargement dans le circuit pétrolier. Il s’agira des bidons et des futs à usage multiple
qui servent pour le transport du carburant.

Dans le cadre de l’assainissement du circuit pétrolier en aval, les pouvoirs publics n’ont pas été
indifférents au problème et ont promulgué, au cours de l’ année 2017, une série des circulaires
et arrêtés édictant les règles à suivre pour un bon usage des emballages des produits pétroliers
(carburant terrestre : super carburant et gasoil) et ainsi lutter contre les contaminations que peut
subir le carburant par quelques corps étrangers et pour assurer la bonne qualité des produits
pétroliers à consommer dans la ville de Bukavu et sur toute l’étendue de la République
Démocratique du Congo(Circulaire n°M-HYD/ANM/001/CAB/MIN/2017 du 18 Aout 2017 à
l’intention des Chefs des Divisions Provinciales des Hydrocarbures concerne les mesures
urgentes prises dans le cadre de l’assainissement du secteur Aval pétrolier ; Circulaire n° M-H
HYD/ANM/001/CAB/MIN/2017 du 21 Juin 2018 complétant la circulaire n° M-
HYD/ANM/001/CAB/MIN/2017 du 18 Aout 2017 portant mesures urgentes prises dans le
cadre de l’assainissement du secteur Aval pétrolier à l’intention des Opérateurs transfrontaliers
du secteur Aval pétrolier en République Démocratique du Congo ;Circulaire n° MIN-
HYD/SG/02/002/2018 du 25 Aout 2018 RELATIVE A L’APPLICATION DE LA
CIRCULAIRE N°M-HYD/ANM/001/CAB/MIN/2018 du 21 JUIN 2018 COMPLETANT LA
CIRCULAIRE N°MHYD/ANM/001/CAB/MIN/2017 du 18 AOUT 2017 PORTANT
MESURES URGENTES PRISES DANS LE CADRE DE L’ASSAINISSEMENT DU
SECTEUR AVAL PETROLIER A L’ATTENTION DES CHEFS DES DIVISIONS
PROVINCIALES DES HYDROCARBURES(TOUS) ; Lettre de transmission N°MIN-
207
HYD/SG/02/545/2018.

En effet, cette décision combien salutaire motivée par le constat amer selon lequel la plupart
des Opérateurs pétroliers se soucient peu de la propreté des contenants (bidons, futs, citernes
mobiles ou fixes).

Les pouvoirs publics se sont décidés de faire l’homologation de ces emballages à chaque
chargement. Ceux-ci mal tenus sont quelques fois souillés des huiles végétales ou des vidages
des moteurs et même par d’autres produits qui ne sont pas de nature compatible avec le
carburant stocké par l’opérateur.

Certains consommateurs du carburant distribué par les « kadhafi » parlent des différentes
combinaisons et mélanges de quelques produits avec le carburant, surtout le kérosène ; cela
pour accroitre la quantité à commercialiser. Cependant compte tenu du pourcentage relevé du
témoignage eu égard à l’échantillon et la plupart étant des taximen (- 30%) n’a pas attiré notre
attention.

Cette manière de faire de l’autorité de tutelle pourra tant bien que mal limiter certaines causes
de pannes intempestives des moteurs des véhicules de consommateurs tenus à utiliser ce
carburant dont il est question dans cette étude.

Ce travail nous permet non seulement d’identifier des problèmes de la vie économique du
« Kadhafi » mais aussi et surtout de proposer des voies de sortie ou même thérapeutiques tant
soit peu à ce problème combien récurent des Revendeurs du carburant.

C’est dans cette optique que nous avons eu au cours de nos recherches à identifier certains
aspects négatifs liés au commerce du carburant et auxquels nous formulerons quelques
suggestions et recommandations.

• Résultat 3 : le niveau de satisfaction des acteurs

Tous les acteurs impliqués dans la commercialisation du carburant déclarent unanimement que
le travail des « kadhafi » est satisfaisant à leur égard : 100% des Revendeurs interrogés
déclarent être satisfaits par cette activité

Dans cette étude les « kadhafi » ont été répertorié à l’ordre de 70 femmes (majeures 14%) et 10
enfants (mineurs 10%) contre 420 hommes (majeurs 84%) dont la taille moyenne familiale va
de 5 à 7 membres les dépendants y compris selon la capacité de contracter dans les activités
commerciales.

Tableau I : Identification par capacité des « kadhafi », échantillon d’étude.


COM IBANDA COM KADUTU COM TOTAL
BAGIRA
ENFANTS 2 5 3 10
FEMMES 36 19 15 70
HOMMES 190 130 100 420

208
CONCLUSIONS, SUGGESTIONS ET RECOMMANDATIONS PRATIQUES

Dans le cadre de la lutte contre le chômage et la pauvreté, la commercialisation à petite échelle


du carburant se constitue de nos jours en emploi pour les « kadhafi » dans la ville de Bukavu.

Les hypothèses émises au départ et qui ont été vérifiées par la suite consistaient dans le fait que
la prolifération des points de vente du carburant le long des voies publiques se justifie par une
activité lucrative, rentable et que cette rentabilité mettrait à l’abri des quelques besoins les
familles des intervenants et leurs dépendants.

Pour vérifier ces hypothèses, nous avons fait appel aux méthodes descriptives, analytique,
mathématique et psychologique appuyées par des techniques et bien d’autres écrits qui cadrent
avec la réflexion de cet article.

La technique d’échantillonnage, d’interview, et de documentation nous ont conduits vers une


observation soutenue de ce fait social et ont été d’une importance capitale pour cerner la
population des « Kadhafi ».

Toutefois, il est prouvé dans ces pages que le carburant demeure jusqu’à nos jours la plus grande
source d’énergie dans le circuit économique des États en retard dont la République
Démocratique du Congo.

Plusieurs tentatives d’énergie de substitution ont été mises au point sans succès.

Pour l’objet de cette étude, la commercialisation du carburant par les Revendeurs s’érige en
emploi pour les « Kadhafi » et leur permet la survie. De même, les consommateurs de ce produit
en profitent par ricochet ; d’autant que les mouvements dans toute direction des prix de ce
produit de grande nécessité exercent une certaine pression sur les prix des autres biens et
services et surtout sur celui du transport en commun.

Nous sommes au terme de ce travail ; tout en estimant avoir apporté des explications sur les
causes de la prolifération des points de vente du carburant le long des voies publiques de la ville
de Bukavu.

Le carburant reste aux yeux de tous un produit stratégique compte tenu de sa nécessité et de son
état d’indicateur économique sûr dans le circuit économique fragile qui caractérise notre Etat.
Il est un moteur de développement et une base indispensable pour l’amorce d’un essor
économique durable.

Signalons que son industrie ; de l’amont à l’aval ; c’est-à-dire de l’exploration et la pétrochimie


à la commercialisation, constitue une industrie industrialisante portant des effets d’entrainement
immenses sur l’économie nationale.

En réponse aux quelques inconvénients de la commercialisation du carburant énumérés supra,


les recommandations sont les suivantes :

209
• Pour ce qui concerne la fixation du prix du carburant ; aux pouvoirs publics de
s’impliquer dans le contrôle des prix à la pompe en temps réel ou de pénurie,
chez les Revendeurs comme chez les grands Exploitants pétroliers.
• Pour les « Kadhafi », le pouvoir devrait prendre des mesures sévères de
sélection, ainsi les Revendeurs retenus pour avoir rempli les critères pourront
fournir des garanties en matière de sécurité, de qualité, d’hygiène ou de
stockage des produits pétroliers.

Dans ce contexte, les Dirigeants auront fait preuve d’encadrement plus responsable de ces
Revendeurs et leur emploi compte tenu de l’état dangereux que présente cette activité.

Le commerce du carburant pour les « Kadhafi » leur permet la survie et se constitue en emploi ;
il est donc nécessaire que le pouvoir y reste attentif et s’y investisse pour que cette catégorie
d’opérateurs économiques quitte le secteur informel pour le formel, pour que les « kadhafi »
soient vraiment nécessaires pour toutes les couches de la société.

Nous osons croire aussi avec fermeté avoir fait des suggestions aux pouvoirs publics pour
assurer et encadrer l’activité des Revendeurs du carburant ainsi que les Consommateurs de ce
produit.

Toutefois nous n’avons pas la prétention d’avoir épuisé tous les contours de ce problème
combien pertinent.

Dans l’avenir, nous estimons que, si le pouvoir peut mettre en application ces quelques
recommandations ; cela pourra contribuer tant soit peu à l’amélioration de l’activité des
« Kadhafi » en vue de leur expansion, laquelle expansion devrait à son tour contribuer à
l’amélioration de leur niveau de vie.

Nous continuons de croire que cette étude qui se veut analytique et descriptive donnera assez
de lumière sur la conception que le public de la ville de Bukavu a sur l’activité des « Kadhafi ».

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

A. OUVRAGES

• DEEPA Narayan, Autonomisation et réduction de la pauvreté, nouveaux horizons, paris 2004


• Bezy,F, problèmes structurels de l’économie congolaise,Louvain,1957.
• Mabi Mulumba, les dérivés d’une gestion prédatrice, le cas de la République du Zaïre, Kinshasa
1998.
• Reyntiens F. L’Afrique des grands lacs, annuaire 2000-2001, Paris, l’Harmattan, 2003.
• Kabuya Kalala F.et alii, l’économie congolaise en 2000-2001, contractions, fractionnement,
Paris, l’Harmattan, 2005.

B. MEMOIRES

• A.KIRUMBA NDANDA, la commercialisation du carburant et son impact sur les conditions


socio-économiques des ménages de la ville de Bukavu en République Démocratique du Congo,
mémoire de MASTER en Sciences économiques et Gestion, ASCAF-CEDIMES 2018, inédit.

210
C. TEXTES ET ECRITS CONSULTES

• Arrêté ministériel n°059 CAB.MIN.ENER/2006 du 07 OCTO 2006 portant règlementation de


l’activité d’importation et commercialisation des produits pétroliers
• Circulaire n° M-HYD/ANM/001/CAB/MIN/2017 du 17 AOUT 2017 à l’intention des Chefs
des Divisions Provinciales des Hydrocarbures, concerne les mesures urgentes prises dans le
cadre de l’assainissement du secteur Aval pétrolier
• Circulaire n° M-HYD/ANM/001/CAB MIN/2017 du 21 Juin 2018 complétant la circulaire n°
M-HYD/ANM/001/CAB/MIN/2017 du 16 AOUT 2017 portant mesures urgentes prises dans le
cadre de l’assainissement du secteur Aval pétrolier à l’intention des opérateurs transfrontaliers
du secteur Aval pétrolier en République Démocratique du Congo
• 4)Circulaire n° MIN-HYD/SG/02/002/2018 relative à l’application de la circulaire n° M-
HYD/ANM/001/CAB/MIN/2017 du 18 AOUT 2017 portant mesures urgentes prises dans le
cadre de l’assainissement du secteur Aval pétrolier à l’attention des Chefs des Divisions
Provinciales des Hydrocarbures (tous)
• Lettre de transmission n° MIN-HYD /SG/02/545/2018
• Ministère du plan, document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP), Kin, février 2004.
• Statistiques des importations du carburant terrestre 2019 : Division provinciale des
hydrocarbures Sud-Kivu.

D. D. PERSONNES INTERVIEWÉES

• ALIMASI AGBARA, président provincial de l’Association des Revendeurs du Carburant et


Lubrifiants (ARCL)
• Dieudonné SANGWA-Wa-SANGWA, Chef de la Division Provinciale des Hydrocarbures Sud-
Kivu.
• Les « kadhafi »de la ville de Bukavu.
• Certains taximen de la ville de Bukavu

211
IMPACT DE L’UTILISATION DES RESEAUX SOCIAUX DANS LES
MENAGES : CAS DE WATSAPP DANS CERTAINS COUPLES DE LA
VILLE DE BUKAVU

Professeur Désiré BAYONGWA NZIBONERA


Professeur en Gestion des petites et moyennes entreprises
Institut Supérieur des Finances et de Commerce de Bagira/Bukavu, RD Congo

nzibade@gmail.com

Professeur Donat MITIMA MISUKA


Institut Supérieur des Finances et de Commerce de Bagira/Bukavu, RD Congo

mitimamisuka@gmail.com

Master BIREKE TCHITO


Master CIZA NFUNDIKO
Master BAHATI Shadrack
Université de Développement Durable en Afrique Centrale, Bukavu, RD Congo

nzbade2@gmail.com

Résumé

Le monde contemporain est un véritable village planétaire dans lequel la communication et les contacts
entre sociétés et entre individus sont fort développés.
Les réseaux sociaux sont pratiques aussi pour échanger des photos de voyage ou d’événements
particuliers. Leur utilisation a un impact dans des couples de la ville de Bukavu

Mots clés : véritable village planétaire, couples, ville de Bukavu

Abstract

The contemporary world is a veritable global village in which communication and contacts between
societies and between individuals are highly developed. Social networks are also useful for exchanging
photos of trips or special events. Their use has an impact on couples in the city of Bukavu.

key words : global village, impact, city of Bukavu

Classification JEL ZO

INTRODUCTION

Le monde contemporain, contrairement à toutes les époques antérieures de l’histoire humaine,


est un véritable village planétaire dans lequel la communication et les contacts entre sociétés et

212
entre individus sont fort développés.

Les médias, notamment à caractère électronique sont devenus accessibles à chaque citoyen de
la planète. Il peut ainsi communiquer instantanément et, à un coût plus ou moins abordable,
avec toute personne située dans n’importe quel coin du monde.

Les réseaux sociaux occupent une place de choix dans ces nouveaux types de contacts humains
car ils facilitent grandement les communications. Pour certaines personnes, ils représentent le
meilleur moyen de garder le contact.

Un réseau social, ou site communautaire, est un site Internet qui permet à ses utilisateurs de
partager des informations avec un groupe d’amis choisis. « C’est un moyen de rester en relation
a fait remarquer un utilisateur de WhatsApp. Les réseaux sociaux sont pratiques aussi pour
échanger des photos de voyage ou d’événements particuliers ».

Il existe des centaines de réseaux sociaux dans le monde, et les plus populaires sont Facebook
qui compte quelque 800 millions de membres. « Si Facebook était un pays, observe la revue
Time, ce serait le troisième au monde en population, derrière la Chine et l’Inde ».

Selon certains chercheurs, les réseaux sociaux en ligne sont devenus extrêmement populaires.
Pour atteindre un public de 50 millions de personnes, la radio a mis 38 ans ; la télévision, 13
ans et Internet, 4 ans. Mais à lui seul, le réseau social Facebook a récemment vu son nombre
d’inscrits augmenter de 200 millions en seulement un an !

D 'autres, comme Messenger, Google mail, Twitter et WhatsApp ont une audience mondiale.

Des études ont montré que, malgré les avantages cités ci-dessus, ces réseaux présentent aussi
certains inconvénients (SCHURGIN O’KEEFFE, 2010). C’est ainsi DON TAPSCOTT avance
que « l’un des paradoxes de l’Internet est de permettre aux membres d’une famille séparés
physiquement de garder le contact, il peut aussi éloigner ceux qui sont sous le même toit ».

D’autres auteurs, comme ELLE HUNT (2016), montrent que les fausses nouvelles véhiculées
par les réseaux sociaux ont comme objectifs d'induire en erreur les utilisateurs. Ils « emploient
souvent des titres accrocheurs ou des informations entièrement fabriquées en vue d'augmenter
le nombre de lecteurs et de partages en ligne ».

Les réseaux sociaux contribueraient à l’accroissement de l’immoralité et de la cyber criminalité


dans le monde.

Selon un article de Réveillez-vous, il n’est pas rare que la traite humaine se fasse en passant par
l’un ou l’autre réseau social identifié dans les paragraphes précédents.

Parmi les réseaux les plus utilisés par toutes les catégories d’âges dans la ville de Bukavu,
WhatsApp semble être le plus répandu et préféré par les usagers, tous âge, sexe et état
matrimonial confondus.

Des crises relationnelles d’ordre affectif et communicationnel sont plus importantes chez des
couples mariés ou vivant ensemble et qui sont âgés de plus de 38 ans (BAYONGWA, 2019).
213
Notre article intitulé « Impact de l’utilisation des réseaux sociaux dans les ménages : Cas de
WhatsApp dans certains couples de la ville de Bukavu » veut vérifier deux hypothèses selon
lesquelles ces crises existeraient aussi dans ces couples de la ville de Bukavu et que les
conjointes seraient davantage portées à communiquer que leurs conjoints.

METHODOLOGIE

Des sources documentaires disponibles sur de nombreux sites internet nous ont fourni
l’essentiel des connaissances publiées dans ce domaine auquel nous avons ajoutés notre vécu
quotidien des faits observés dans nos trois communes qui composent la ville de Bukavu, à savoir
Bagira, Ibanda et Kadutu sur lesquelles porte cette étude.

En ce qui concerne le type et la taille de l’échantillonnage, nous avons considéré la méthode


préconisée par Alain BOUCHARD. C’est un échantillonnage de type raisonné représentatif pris
au hasard. Lorsque l’univers d’enquête est trop grand, on peut utiliser la formule de Bouchard
selon laquelle pour un univers inférieur à 1000 000 de cas, comme c’est le cas pour la ville de
Bukavu, l’univers peut comporter seulement 96 cas, y compris une marge d’erreur de 10%. Ce
résultat correspond à l’expression mathématique suivante :

𝑛 𝑛 𝑁𝑥𝑛 1000 000 𝑥 96


Nc= Nc= Aussi Nc = soit = 96.
1+𝑛/𝑁 𝑁/𝑁+𝑛/𝑁 𝑁+𝑛 1000 000 + 96

Nous avons arrondi les 96 cas à 100 pour toute la ville de Bukavu de la manière suivante :

Commune Nombre de couples %


Bagira 33 33
Ibanda 33 33
Kadutu 34 34
Total 100 100

Un questionnaire approprié dont le modèle est en annexe nous a permis de recueillir les
informations voulues auprès des ménages concernés, triés selon leur âge, supérieur à 38 ans de
naissance, tous sexes confondus. Les spécialistes du comportement humain et de la psychologie
adulte avancent qu’à partir de cet âge, les problèmes de couples sont plus importants, surtout
sur les plans communicationnel et affectif.

Les logiciels SPSS et Excel ont été largement mis à contribution afin de déterminer les différents
paramètres statistiques dont certains ont été visualisés dans des tableaux et des graphiques
accompagnés de commentaires explicatifs.

RESULTATS ET DISCUSSIONS

Les échantillons d’étude selon l’âge, le sexe l’état civil et les études faites ont donné les
éléments suivants :

214
Graphique n° 1 : L’age des couples de Bukavu

4% des couples ont un âge qui varie entre 30 et 37 ans, soit un effectif de 4 sur 100 couples.

La majorité des couples est comprise dans les tranches d’âge des 38 à 50 ans soit 70% des
couples. Le reste comprennent les couples âgés de plus de 50 ans constituent 26% des enquêtés
qui ont répondu à notre questionnaire.

Quant aux études et à la parité, la situation en pourcentage est résumée dans le Tableau N° 1 ci-
dessous :

Tableau 1 : Niveau d'étude des couples

Etudes SEXE
Masculin (%) Féminin (%) Total (%)
Certificat 6 2 8

D4 0 3 3

D6 17 23 40

G3 21 11 32

L2 10 4 14

MASTER 2 0 2

DOCTEUR 1 0 1

TOTAUX 57 43 100

Les diplômés d’Etat communément appelés D6 et les Gradués (73%) sont les plus nombreux,
comparativement aux autres niveaux d’études. L’âge moyen des couples est de 45 ans et les
hommes sont plus nombreux avec 57% du total.

215
La série de tableaux qui suivent synthétise les principaux résultats obtenus et leurs
commentaires explicatifs.

1. Utilisez-vous souvent WhatsApp dans vos communications avec les autres ?

ASSERTION REPONSES %
OUI 86 86
NON 14 14

Les couples concernés sont des grands utilisateurs du réseau social WhatsApp car
86% d’entre eux l’utilisent fréquemment pour communiquer avec les autres. Ce
résultat confirme la popularité de WhatsApp comme principal réseau favorisant les
relations sociales dans le monde, principalement pour des personnes d’une certaine
catégorie d’âge. Il est possible que les autres utilisent d’autres types de réseaux
comme Face book, Yahoo Messenger ou Twitter.

De toutes les assertions, celle-ci a eu le pourcentage le plus élevé.

Le tableau suivant indique que la majorité de couples sont favorables à


communiquer par WhatsApp (86%). Toutefois, les hommes sont plus nombreux à
reconnaitre que WhatsApp joue un grand rôle dans la communication sociale (48%
contre 38% pour les femmes).

2. Utilisez-vous souvent WhatsApp pour communiquer avec les personnes de


sexe opposé ?

ASSERTION REPONSES %
OUI 80 80
NON 20 20

Les couples acceptent facilement de se communiquer des messages avec le sexe


oppose sur WhatsApp soit 8 sur 10. Les hommes sont plus nombreux à utiliser
WhatsApp soit 46% contre 34% pour les femmes. Les travaux de femme au foyer
l’accapareraient-elle pour réduire son temps de communication par rapport à son
conjoint masculin ? Les types de communication qui étaient encore courants il y a
une vingtaine d’années semblent jetés dans les oubliettes de l’histoire comme les
conversations face à face, les lettres ou cartes postales et les téléphones fixes. Il
semble que les nouveaux modes de communication du 21e Siècle soient, à des
degrés divers selon les pays et les individus, le téléphone portable, les e-mails, les
texto, la messagerie instantanée, la visioconférence et le réseau social

216
3. Selon vous les couples acceptent-ils facilement la communication ?

%
ASSERTION REPONSES
OUI 65 65
NON 35 35

Le besoin de communiquer au sein des couples a un caractère universel : 65% de


couples dans la ville de Bukavu le reconnaissent car ils acceptent facilement la
communication. C’est très important dans la résolution du stress au sein du couple.
Une étude a montré que des « partenaires qui [...] sont moyennement perturbés, ou
ceux qui sont à couteaux tirés, lit-on dans le livre La survie du couple, mentionnent
le manque de communication comme la cause la plus fréquente de discorde entre
eux ».

Comme dit dans le paragraphe précédent, les hommes vivant en couples acceptent
plus facilement la communication car 36% le reconnaissent contre 29% pour les
femmes.

4. Les conversations à caractère sexuel sont-elles fréquentes ?

%
ASSERTION REPONSES
OUI 65 65
NON 35 35

Les conversations à caractère sexuel sont répandues lorsqu’on utilise un réseau


social tel que WhatsApp : 65 % de couples en sont conscients.

Selon le genre, ce sont les hommes qui reconnaissent que les conversations portant
sur le sexe sont les plus fréquentes sur WhatsApp : 37% des hommes et 28% des
femmes. C’est exact car ce sont les hommes qui, souvent, prennent l’initiative pour
faire la cour aux femmes.

5. Les couples se cachent-ils les messages qu'ils échangent avec des partenaires
autres que leur conjoint ?

%
ASSERTION REPONSES
OUI 78 78
NON 22 22

La majorité de couples de Bukavu cachent les messages qu’ils échangent avec des
partenaires autres que leurs conjoints, soit 78% peut être pour éviter des disputes et
des incompréhensions de toute nature.

217
6. Le fait de cacher ces messages provoquent-ils l'incompréhension, l'infidélité et
les divorces au sein des couples ?

%
ASSERTION REPONSES
OUI 80 80
NON 20 20

Le fait de cacher des messages met en danger les couples car c’est une source de
conflits qui met en péril la survie des couples. 80% des couples montrent que
l’incompréhension, l’infidélité et même des divorces surviennent lorsque des
partenaires se cachent des messages au sein de leurs couples.

7. Connaissez-vous des cas d'un couple qui a divorcé suite à une infidélité
conjugale provoquée par WhatsApp ?

%
ASSERTION REPONSES
OUI 62 62
NON 38 38

Comme constaté dans les paragraphes ci-dessus, des cas de divorces surviennent
parfois à cause de la mauvaise utilisation de WhatsApp au sein des foyers, surtout
dans des cas où des difficultés de communication existent chez les partenaires dont
62% rapportent des cas de divorces suite à des infidélités provoqués par WhatsApp.

8. L'utilisation de WhatsApp peut-elle contribuer à la mauvaise gestion de


l'argent dans la famille ?

%
ASSERTION REPONSES
OUI 59 59
NON 41 41

La majorité de la population de Bukavu jouissant des revenus modestes,


l’utilisation exagérée de WhatsApp est une source de mégestion financière dans
certains foyers, soit environs six dixième des couples enquêtés.

9. La communication par WhatsApp contribue à l'absence de dialogue dans


la vie conjugale

%
ASSERTION REPONSES
OUI 76 76
NON 24 24

Trois quarts des couples n’ont plus de dialogue en leur sein car le temps qui devrait

218
y être consacré est consommé par des communications avec d’autres partenaires
extérieurs au foyer.

Ce problème n’est pas spécifique aux couples de Bukavu car une étude menée en
France a montré que 67% de couples avaient la même difficulté.

10. Les couples mariés ou non devraient-ils abandonner l'usage de WhatsApp


pour maintenir l'harmonie dans leur vie conjugale ?

%
ASSERTION REPONSES
OUI 60 60
NON 40 40

En définitive, les couples pensent que pour résoudre certains de leurs problèmes
conjugaux l’abandon de l’utilisation de WhatsApp est approprié. Pour 60% d’entre
eux, l’harmonie dans les couples est à ce prix. Ceux qui estiment qu’il ne faudrait
pas abandonner WhatsApp estiment que ce type de communication est commode
et incontournable dans le monde moderne.

CONCLUSION

Cet article qui portait sur l’utilisation de WhatsApp dans certains ménages de la ville de Bukavu
voulait vérifier si, dans les couples âgés de 38 ans et plus, ce type de communication social était
une source de problèmes de diverse nature.

Notre hypothèse de départ était que WhatsApp provoquait des incompréhensions, des infidélités
et même des divorces. Ces paramètres ont été positivement vérifiés car les résultats ont montré
les éléments suivants :

- 80% de couples ont des conversations avec des personnes de sexe opposé.
- 62% de ces couples ont enregistré des cas de divorces dans leurs milieux dus à l’utilisation
de WhatsApp.
- 80% des enquêtés affirment que la mauvaise utilisation de WhatsApp par les conjoints en
couples peut entraîner des divorces, des infidélités et souvent des incompréhensions
nuisibles.
- 78% de couples cachent le contenu de leurs messages à leurs partenaires respectifs pour
éviter des frictions alors que la confiance et l’harmonie devraient faire partie de leurs
modes de vie.
- 65% de couples ont des conversations portant principalement sur le sexe, sujet
généralement tabou dans notre culture bantoue.
- 76% de couples reconnaissent le manque de dialogue car l’un des partenaires est
régulièrement en contact avec une personne autre que son conjoint.
- 60% veulent que la communication par WhatsApp puisse être bannie dans les couples de
Bukavu
Au vu des résultats ci-dessus, l’hypothèse selon laquelle l’utilisation du réseau social
WhatsApp serait une source potentielle de graves tensions pouvant aboutir aux
219
séparations, aux divorces et aux infidélités au sein de certains couples a été vérifiée.
Toutefois, même si certains couples préconisent l’abandon de WhatsApp comme mode de
communication, il n’est pratiquement pas possible de ne pas l’utiliser dans ce 21 e Siècle
dédié à la grande informatisation de la société.

ENQUETE SUR L'IMPACT DE L'UTILISATION DE WATSAPP DANS LES


COUPLES DE LA VILLE DE BUKAVU
I. RENSEIGNEMENTS SUR L'ENQUETE
1. Age:………….ans
2. Etat civil:………………………………
3. Niveau d’études………………………
4. Sexe:……
II. QUESTIONNAIRE PROPREMENT DIT
5. Utilisez-vous WhatsApp dans vos communications avec les autres OUI NON
6. Utilisez-vous souvent WhatsApp pour communiquer avec les personnes de sexe
opposé ?
OUI NON
7. Selon vous les couples acceptent-ils facilement la communication ? OUI NON
8. Les conversations à caractère sexuel sont-elles fréquentes ? OUI NON
9. Les couples se cachent-ils les messages qu'ils échangent avec des partenaires autres
que leur conjoint ? OUI NON
10. Le fait de cacher ces messages provoquent l'incompréhension, l'infidélité et les
divorces au sein des couples ? OUI NON
11. Connaissez-vous des cas d'un couple qui a divorce suite à une infidélité conjugale
provoquée par WhatsApp ? OUI NON
12. L'utilisation de WhatsApp peut-elle contribuer à la mauvaise gestion de l'argent
dans la famille ? OUI NON

13. La communication par WhatsApp contribue-t-elle à l'absence de dialogue dans la


vie conjugale
OUI NON
14. Les couples mariés ou non devraient-ils abandonner l'usage de WhatsApp pour
maintenir l'harmonie dans leur vie conjugale ? OUI NON

NB. Ce questionnaire a un caractère purement scientifique et restera confidentiel.


Le professeur Dr Désiré BAYONGWA et le Dr Donat MITIMA ainsi que leurs
assistants vous remercient pour votre collaboration

220
PROBLEMATIQUE DE PAIEMENT DES FRAIS SCOLAIRES DANS LES
ECOLES PRIVEES DE LA VILLE DE BUKAVU EN RDC APRES
CONFINEMENT LIEE A LA PENDEMIE DU COVID 19 : CAS DU
COMPLEXE SCOLAIRE « LA LUNE DE BAGIRA » A BUKAVU

Désiré NZIBONERA BAYONGWA


Professeur

Gaspard TCHITO BIREKE, Ciza NFUNDIKO, Chardack BAHATI NZIBONERA


Master, Université de Développement Durable en Afrique Centrale,
Bukavu, RD Congo

nzbade2@gmail.com

Résumé

Cet article fait l'état de lieu du paiement des frais scolaires dans une école privée de la ville de Bukavu
en République Démocratique du Congo après le confinement du mois de février 2021. Une grande
déperdition des effectifs s'observe, ainsi que l'impossibilité des parents de donner leur contribution pour
faire face aux dépenses, étant donné que les écoles privées n'ont eu aucune subvention de l'Etat après le
confinement. Cette situation risque de compromettre le bon fonctionnement des écoles privées d'une
manière régulière. Deux recommandations les plus importantes et urgentes sont de chercher comment
les enseignants peuvent avoir des petits crédits pour que leurs épouses puissent organiser des activités
génératrices des revenus afin de stabiliser les activités pédagogiques et d’organiser une cantine à l'école
qui fournisse les vivres à un prix abordable en fonction du revenu des enseignants en attendant que la
situation se normalise.

Mots clés : Confinement, COVID 19, Paiement

Abstract:

This article takes stock of the payment of school fees in a private school in the city of Bukavu in the
Democratic Republic of Congo after the confinement of February 2021. A great loss of staff is observed
as well as the impossibility of parents to give their contribution to meet the expenses since the private
schools did not have any subsidy from the state after the confinement. This situation risks compromising
the proper functioning of private schools on a regular basis. Two of the most important and urgent
recommendations are to find out how teachers can have small loans so that their wives can organize
income-generating activities in order to stabilize educational activities, organize a canteen in the school
that provides food at a price. affordable based on teachers' income while waiting for the situation to
normalize.

Keywords: Confinement, COVID 19, payment

Classification JEL: L26 ; Q56 ; R11

221
1. INTRODUCTION

1.1. DESCRIPTION DU CONTEXTE DE L'ANALYSE

Les écoles privées contribuent à plus de 50% à l'éducation de la jeunesse en RDC. Le sud Kivu,
la province qui fait l'objet de cette étude, compte plus de cinq cents écoles privées.

La RD Congo, dont les indicateurs de développement sont au plus bas, a connu une évolution
historique en dents de scies dans le domaine de l’éducation : plusieurs partenaires éducatifs et
plusieurs ministères s’en sont occupés avec plus ou moins de succès : l’état colonial belge qui
a transmis la double gestion officielle et conventionnée aux nouvelles autorités gestionnaires de
la chose publique après l’indépendance de notre pays, le secteur privé qui s’y est ajouté suite
aux insuffisances de deux premiers secteurs mais aussi et surtout, suite à une explosion
démographique vertigineuse qui n’a pas été en corrélation avec la construction des
établissements scolaires et la paupérisation progressive des populations et de l’État congolais
qui a pratiquement démissionné de la gestion scolaire.

Ces écoles privées ne sont pas subventionnées par l'Etat congolais au moment où la loi cadre de
février 2014 stipule que l'Etat doit subventionner ces dernières. Pendant cette période de
COVID19, il était une obligation de l'Etat Congolais de faire des dons et de verser des primes
aux enseignants de ces écoles pour pallier aux conséquences économiques provoquées par cette
pandémie.

1.1.1 PROBLEMATIQUE

Depuis la création des écoles privées, leurs subventions viennent des contributions des parents
sous forme de frais scolaire. Ce secteur connaît actuellement des sérieux problèmes suite à
certains phénomènes que nous observons aujourd'hui dans la pratique de tenants du pouvoir
sans aucune mesure d'accompagnement de la partie qui en subit. Par exemple, la gratuité de
l’enseignement qui vide les écoles privées et fait le surpeuplement des autres, la réduction du
salaire des enseignants dans le secteur privé suite à la déperdition des effectifs, d'où le fait que
le pouvoir d'achat de ces derniers devient très faible et non compétitif.

Les écoles et enseignants qui ont contracté des crédits auprès des institutions financières en
souffrent, pendant la période de confinement, ces établissements n'avaient aucune recette. Après
le confinement les institutions cumulent les intérêts de cette période s’ajoutant à leur capital
initial pour en faire une nouvelle base de calcul pour le remboursement, cette façon de faire
empire d'avantage la situation économique dans le secteur privés.

C’est ainsi que nous nous sommes intéressés à ce problème brûlant d’actualité en nous posant
les questions suivantes :

1. Pourquoi l'Etat Congolais ne s'intéresse pas d'une manière particulière à la survie des
enseignants et de l’école dans le secteur privé pendant la période de confinement et après
confinement ?
2. Comment l'Etat congolais pense encadrer ces jeunes si les écoles privées ferment suite

222
à leur situation financière qui n'est pas à la hauteur de leurs dépenses ?

1.1.2 HYPOTHESE DU TRAVAIL

Partant de principaux problèmes observés, nous sommes arrivés à formuler les hypothèses de
ce travail de la manière suivante :

Le non accompagnement financier des écoles dans le secteur privé par l'Etat congolais et
des parents d'élèves serait à la base de l'instabilité financière pendant et après le
confinement.

1.1.3 OBJECTIFS DU TRAVAIL

1.1.3.1. Objectif général

L’objectif général de ce travail est de contribuer à la gestion rationnelle des recettes dans les
écoles du secteur privé pendant cette période de l'après confinement.

1.1.3.2 Objectifs spécifiques

Les objectifs spécifiques de ce dernier sont les suivants :


• Inventorier les élèves qui sont en difficulté de paiement ;
• Répertorier les mécanismes de relance financière pour couvrir les déficits budgétaires ;
• Inventorier les causes qui bloquent les parents dans l'insolvabilité ou retard de
paiement ;
• Faire l’étude pour adapter les recettes en fonction de la déperdition
• Proposer les pistes de solutions sur les problèmes pour la stabilité des activités scolaire

2. METHODOLOGIE

2.1 PROCESSUS ET DESIGN DU TRAVAIL

2.1.1 Les participants

Les parents, les enseignants, les élèves seront consultés pour chercher la voie de sortie de cette
crise financière.

2.1.2 Méthodes et techniques de la collecte de l’information

Pour recueillir les données, les traiter, les analyser et les interpréter, nous nous sommes servis
de quelques variables d’étude qui ont donné lieu à un certain nombre de thèmes en rapport avec
les quelques questions posées.

2.1.3 Description du guide d’entretien

Notre guide de recherche, qui se présente sous la forme d’un questionnaire, comprend quatre

223
questions. Ces questions se subdivisent en trois variables d’étude et trois thèmes. Par ailleurs,
le questionnaire n’a pas été adressé aux parents pour la raison suivante : notre sujet de recherche
était bien circonscrit dans un domaine bien spécifique, nombreux sont ceux des parents qui sont
affectés par ce paiement suite à la perte de l'emploi ou d'une activité économique, cette situation
les plonge dans la solitude et de telles questions les rendent plus agressifs et parfois indifférents.

Nous avons alors ciblé les enseignants et les élèves : Ces deux catégories constituent la cible
directe.

2.1.4 Méthodes et procédés dans l’analyse de l’information

Nous avons procédé à la MARP car sa méthodologie est bien précise et structurée.

Les outils utilisés se décomposent en plusieurs types :

• Outils d’exploration et d’investigation (diverses fiches de collecte des données, fiche


de recensement et questionnaire) ;
• Outils de classification (fiche de recensement, fiche d’identification et fiche de
classification, registre de perception des frais scolaire) ;
• Outils d’analyse organisationnelle et institutionnelle (questionnaire de diagnostic ou
d'enquête).

2.1.5 Techniques

Nous avons utilisé les techniques suivantes :

a) La technique participative

Cette technique permet de transformer la vision de la communauté par elle-même en passant


d’une attitude passive, attendre les intervenants qui viendront de l’extérieur, à une attitude
active, c’est-à-dire le désir de s’aider elle-même. Mais cette métamorphose ne se fait pas en
quelques jours ou quelques semaines, elle exige beaucoup de temps.

b) La technique d’interview guidée

Effectuée auprès des parents, élèves et enseignants retenus comme membres de notre
échantillon d’étude, au moyen d’un questionnaire sous forme d’un guide de recherche.

c) L’observation participative

Nous avons passé un temps à l'école, nous avons donc participé personnellement à certains faits
qui nous ont permis de saisir certaines données pour cette recherche.

d) La technique du documentaire

Celle-ci se basera sur la consultation des ouvrages, des rapports, des sites internet.

224
e) Le questionnaire

Nous allons élaborer un questionnaire dans l’objectif de nous procurer plus d’informations
fiables.

2.1.6 Matériel

Les outils de collecte des données ont été :

• Registre des présences pour évaluer le nombre d'élèves qui arrive à l'école après
confinement ;
• Registre de perception de la prime des élèves, pour catégoriser les élèves (élèves qui
payent, qui ne payent pas et qui payent mais difficilement) ;
• Fiche de recensement d'inscription, pour connaître le nombre inscrit au début de l'année
afin de dégager notre taux de déperdition ;
• Registre de présence du personnel, pour s'assurer si tous les enseignants arrivent au
travail tous les jours et à temps ;
• Fiche de présences aux réunions, pour s'assurer si toutes les décisions prises sont
vulgarisées et seront appliquées ;
• Document des indicateurs, pour s'assurer s’ils vulgarisés et que les enseignants peuvent
être performants.

3. PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES

RAPPORT DE PAIIEMENT ECOLE MATERNELLE CS LA LUNE

Classes Effectif Paiement régulier Paiement tardif Paiement difficile


1ere MAT 22 6 13 3
2e MAT/A 45 12 30 3
2e MAT/B 44 16 26 2
3e MAT/A 44 20 24 0
3e MAT/B 40 15 21 4
3e MAT/C 42 15 23 4

237 84 137 16

225
RAPPORT DE PAIEMENT EP CS LA LUNE

Classes Effectif Paiement régulier Paiement tardif Paiement difficile


1e P/A 50 10 35 5
1e P/B 53 16 32 5
1e P/C 51 9 32 10
2e P/A 47 15 27 5
2e P/B 49 12 30 7
2e P/C 38 11 22 5

226
RAPPORT DE PAEMENT EP CS LA LUNE 2e partie

Classes Effectif Paiement régulier Paiement tardif Paiement difficile


3e P/A 42 10 25 7
3e P/B 40 16 19 5
3e P/C 41 12 19 10
4e P/A 52 21 28 3
4e P/B 55 15 33 7

RAPPORT DE PAIEMENT EP CS LA LUNE 4e partie

Classes 5e P/A 5e P/B 6e P/A 6e P/B


Effectif 38 42 48 49
Paiement régulier 13 17 18 12
Paiement tardif 22 19 28 33
Paiement difficile 3 6 2 4

227
RAPPORT DE PAIEMENT INSTITUT CS LA LUNE

Classes Effectif Paiement régulier Paiement tardif Paiement difficile


7e EB/A 29 5 13 11
7e EB/B 29 4 14 11
8e EB/A 26 7 12 7
8e EB/B 23 6 7 10
3e HTS 31 1 18 12
3e CG 13 3 3 7
iement: EP CS LA LUNE
3e ELECTRI 23 1 10 12

228
INSTITUT CS LA LUNE 2e partie

Classes Effectif Paiement régulier Paiement tardif Paiement difficile


4e HTS 14 1 7 6
4e CG 14 2 5 7
4e ELECTRI 19 3 10 6
4e ELECTRO 16 1 8 7
5e HTS 19 4 9 6
5e ELECTRO 32 4 16 12

INSTITUT CS LA LUNE : 4e partie

Classes Effectif Paiement régulier Paiement tardif Paiement difficile


5e ELECTRIC 15 3 7 5
5e CG 22 6 13 3
6e HP 8 3 1 4
6e CG 25 5 12 8
6e HTS 19 5 6 8
6e ELECTRO 33 7 13 13

229
SYNTHESE GENERALE DU CS LA LUNE

SYNTHESE GENERALE DU CS LA LUNE

écoles Effectif Paiement régulier Paiement tardif Paiement difficile


EMA 237 84 137 16
EP 696 207 404 84
ES 410 71 184 155
Total 1343 362 725 255

230
231
VARIA

LES EFFETS DE LA CORRUPTION SUR LES INVESTISSEMENTS


DIRECTS ETRANGERS DANS LES PAYS DE LA COMMUNAUTE
ECONOMIQUE DES ETATS DE L’AFRIQUE CENTRALE (CEEAC) : UNE
ANALYSE EMPIRIQUE SUR DONNEES DE PANEL

Ferdinand MOUSSAVOU
Enseignant Chercheur, Faculté des Sciences Économiques, Université Marien Ngouabi,
R.D. Congo.

fajmoussavou@gmail.com

Résumé

L’objectif de cet article est d’analyser les effets de la corruption sur les investissements directs étrangers
(IDE) dans les pays de la CEEAC. Un échantillon de neuf (9) pays de la CEEAC sur la période de 2005
à 2019 est utilisé pour effectuer une analyse de régression de panel avec un modèle des moindres carrés
généralisés (MCG). Les résultats de l’étude montrent que la corruption, les ressources naturelles,
l’indice global de droit politique et le degré de liberté fiscale exercent une influence positive et
significative sur les IDE. En revanche, l’inflation et le taux de change impactent négativement les IDE.
Ces résultats suggèrent une série de recommandation de politiques économiques.

Mots-clés : Corruption, Investissement direct étranger, Données de panel, CEEAC.

Abstract

The objective of this article is to analyze the effects of corruption on foreign direct investment (FDI) in
ECCAS countries. A sample of nine (9) ECCAS countries over the period 2005 to 2019 is used to perform
a panel regression analysis with a generalized least squares (GCM) model. The results of the study show
that corruption, natural resources, the overall political right index and the degree of fiscal freedom exert
a positive and significant influence on FDI. On the other hand, inflation and the exchange rate negatively
impact FDI. These results suggest a series of recommendations for economic policies.

Keywords : Corruption, Foreign direct investment, Panel data, ECCAS.

Classification JEL : D73 ; F23 ; 055 ; N57.

INTRODUCTION

Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, la problématique des effets de la corruption sur
les investissements directs étrangers (IDE) reste au cœur des politiques internationales et de
développement. Selon Rakotoarisoa (2018), « la corruption est une calamité mondiale qui
frappe tous les pays ». Elle nuit à la croissance et au développement économique des États

232
(Banque mondiale ; 2017). Elle nuit aussi à la concurrence, à l’entrepreneuriat (FMI, 2016 ;
OCDE, 2016) et aux autres déterminants du bien-être économique et social, tels que le
développement durable, la santé, l’éducation et l’accès à l’eau (Godin, 2019).

Dans les pays en développement, les travaux de Transparency International (2018,2019)


soulignent que, dans la plupart de ces pays, la corruption ne cesse d’augmenter. Face à l’ampleur
de ce fléau, ces travaux ont classé ces pays parmi les plus corrompus de la planète.

Plusieurs initiatives ont été prises par les organisations internationales, notamment, la Banque
Mondiale (BM), le Fonds Monétaire International (FMI) et le Programme des Nations Unies
pour le Développement (PNUD) en vue d’éradiquer la corruption. Malgré les efforts consentis
par ces organisations, la corruption continue à affecter la croissance économique mondiale par
le biais des IDE. Comme le souligne Ekodo et al., (2018), dans les pays peu développés, les
IDE sont considérés comme des catalyseurs de la productivité à travers la diffusion des
connaissances et la technologie. Ils participent à la croissance économique et à la création des
emplois. Dans cette optique, plusieurs auteurs (Quazi, 2014 ; Hajzler et Rosborough, 2016)
suggèrent que la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption constituent des facteurs
d’attractivité des IDE.

La question de la corruption et des IDE dans les pays développés et en développement, a fait
l’objet de nombreuses études (Muhammad, 2013 ; Ravi, 2015 ; Epaphra et Massawe, 2017 ;
Ekodo et al., 2018 ; Lilian et al.,2018) tant sur le plan théorique qu’empirique. Néanmoins, les
résultats restent mitigés.

Dans le contexte des pays de la Communauté Économique des États de l'Afrique Centrale
(CEEAC)1, les recherches empiriques portant sur cette problématique sont inexistantes, à notre
connaissance. Ainsi, compte tenue de l’importance et de la controverse du fléau dans les pays
en développement en général et ceux de la CEEAC en particulier, il est opportun de voir dans
quelle mesure la corruption et les autres déterminants peuvent impacter les IDE dans les pays
de la CEEAC.

L’objectif de cet article est d’étudier les impacts de la corruption sur les investissements directs
étrangers dans les pays de la CEEAC d’un point de vue théorique et empirique, à partir du
modèle des moindres carrés généralisés sur la période de 2005 à 2019. Pour ce faire, nous allons
d’une part, tester si la corruption a eu une influence positive ou négative sur les IDE dans les
pays de la CEEAC, avant de vérifier d’autre part, si le degré de liberté fiscale, l’indice global
de droits politiques, les ressources naturelles, l’inflation et le taux de change ont influencé
positivement les investissements directs étrangers dans la CEEAC. Sur les onze (11) pays que
compte la CEEAC, nous avons retenus neuf (9) pays, notamment, le Burundi, le Cameroun, la
République du Congo, la République Démocratique du Congo, la République Centrafricaine, le
Gabon, la Guinée Equatoriale, le Tchad et le Rwanda. L’Angola et la Sao Tomé-et-Principe ont
été exclus de cette étude en raison de l’indisponibilité des données.

L’article est articulé comme suit : une revue de la littérature sur les incidences de la corruption

1
La CEEAC se compose de 11 pays : L’ Angola, le Burundi, le Cameroun, la Centrafrique, le Congo,
le Congo Démocratique, le Gabon, la Guinée Equatoriale, le Rwanda, la Sao Tomé et Principe et le
Tchad
233
sur les investissements directs étrangers est consacrée à la section 1, les faits stylisés sont
présentés en section 2, la méthodologie d’analyse adoptée en section 3, la section 4 présente le
modèle économétrique et interprète les résultats. Enfin, nous nous efforcerons de dégager les
limites de politiques économiques mises en œuvre dans les pays de la CEEAC et de proposer
quelques suggestions.

1. REVUE DE LITTERATURE

Les contributions scientifiques relatives aux impacts de la corruption sur les investissements
directs étrangers sont nombreuses sur le plan théorique et empirique.

1.1. Revue théorique

La revue de la littérature sur les effets de la corruption sur les IDE est orientée vers plusieurs
théories. Dans le cadre de cette étude, nous regroupons ces théories en trois catégories : celles
qui étudient les incidences de la corruption sur les IDE à partir des théories des organisations
industrielles, celles qui les traitent dans l’optique de la théorie de la main tendue et de la main
secourable, et enfin celles qui les analysent à partir de l’approche du risque politique.

1. Théories des organisations industrielles

Ces théories sont inspirées des travaux de Hymer (1960). Ses recherches selon lesquelles pour
qu'une firme s'établisse industriellement à l'étranger, il faut qu'elle possède un avantage sur les
firmes concurrentes locales existantes ou potentielles, ont trouvé un écho dans les contributions
de Kindleberger (1969) et Dunning (1981). En effet, Kindleberger (1969) a étudié les théories
des organisations industrielles. Pour cet auteur, la théorie de l'investissement direct à l'étranger
s'insère dans une théorie d'organisation industrielle de la multinationalisation des entreprises,
liée au paradigme de la dynamique oligopolistique et de la grande entreprise.

Pour Dunning (1981), l'accent est mis sur un modèle à deux pays. Il s'agit pour les firmes de
faire un choix entre trois modalités de pénétration du marché étranger, notamment, les IDE, les
licences ou les exportations. Ce qui implique trois types d’avantages qu’une firme doit posséder
pour s’internationaliser. Ces avantages sont formalisés sous le terme de paradigme
OLI (Ownership, Location, Internalization). Le premier avantage, qualifié de Ownership
advantage (O) ou avantage spécifique à la propriété, implique le capital physique, les brevets
technologiques et les stratégies de gestion du personnel. Le deuxième, appelé Location
advantage (L), ou avantage lié au lieu d'implantation, suppose que les caractéristiques d'un pays
d'accueil les rendent plus ou moins attractifs pour les IDE. En revanche, le troisième, dénommé
Internalization advantage (I) ou avantage d'internalisation, permet aux autres firmes d'éviter tout
risque lié à la vente de technologie et de ne pas s’exposer à la concurrence. Ainsi, pour qu’une
implantation à l’étranger par le biais des IDE soit possible, il faut que ces trois avantages (O, L
et I) soient réunis.

2. Théories de la main tendue et secourable

De nombreux auteurs ont abordé ces théories. Ainsi, Leff (1964) et Huntington (1968)
constatent que la corruption occasionne d’énorme sorties d’argent. Ce qui se traduit par une
234
inefficacité du processus de régularisation, tout en permettant aux investisseurs de ne pas
respecter les protocoles juridiques dans les entreprises. Pour Lui (1985), en présence de la
corruption, il y a productivité et les réglementations gouvernementales sont contournées pour
favoriser les décisions commerciales rapides.

Pour sa part, Mauro (1995) suggère que la corruption augmente les coûts financiers des IDE,
tels que la perte d'intégrité et la violation des procédures légales des pays concernés. Quant à
Bardhan (1997), la corruption a un potentiel de « coup de pouce » qui aide à « graisser les
rouages du commerce » dans une économie où le système juridique est poreux. Houston (2007)
confirme que la corruption améliore la croissance économique des pays où le système juridique
est fragile, en particulier les pays qui jouissent d'une liberté économique remarquable. En
revanche, Gribincea (2017) soutient que la corruption est un arrangement implicite entre les
entreprises, les groupes de pression et les citoyens qui s'efforcent de satisfaire leurs intérêts
égoïstes et d'exploiter des bénéfices privés en versant des pots-de-vin.

3. Corruption et risque politique

Cette théorie voit le risque politique comme tout processus politique d'un pays qui peut,
directement ou indirectement, affecter les objectifs d'un investisseur étranger direct. Il serait
rentabilisé par les coûts économique ou politique pour les entreprises multinationales qui
souhaitent investir dans un pays donné.

Parmi les quatre dimensions (mécanisme obsolète de marchandage, institutions politiques,


griefs sociopolitiques, attitudes) qui constituent le risque politique, les deux premières sont
regardées de manière négative, car elles favorisent la corruption par l’intermédiaire du
gouvernement, des rebelles et des terroristes. Ainsi, pour les firmes multinationales qui décident
ou non d'investir dans un pays étranger, ces dimensions entrent dans l'analyse des coûts-
avantages.

Pour Egger et Winner (2005), la corruption facilite les coûts de transaction des firmes
multinationales par le paiement des pots-de-vin et le gaspillage des ressources. Ce qui se traduit
par une diminution des investissements dans les pays corrompus. Selon ces auteurs, la
corruption exerce une forme de pression sur les investisseurs étrangers.

Quant à Busse et Hefeker (2007), le fléau peut augmenter le risque lié à l’investissement.
Cependant, il reste inapplicable et le degré de risque qu’il peut créer pour un investissement
dépend de plusieurs facteurs, à savoir, l'importance du coût monétaire, le degré du pays en
matière de corruption et les probabilités de détention et de poursuite.

A la lumière des points de vue contradictoires soulevés par les trois théories, plusieurs études
empiriques ont été réalisées sur cette relation dans les pays développés et peu développés.

1.2. Revue empirique

Les travaux empiriques sur les effets de la corruption sur les IDE sont nombreux, mais restent
controversés. Dans cette recherche, nous regroupons ces travaux en trois grandes catégories :
ceux qui les analysent dans les pays développés, ceux qui les étudient dans les pays en
développement et ceux qui les traitent dans les pays développés et en développement.
235
1.2.1. Travaux dans les pays développés

Se situent dans la première catégorie, les travaux de Glass et Wu (2002), lesquels ont analysé
les incidences de la corruption sur les IDE dans les pays de l’Europe centrale et orientale. En
utilisant un modèle d’équilibre général, ils obtiennent des résultats mitigés, à savoir que la
corruption exerce une influence négative ou positive sur l’attractivité des IDE. Pour ces auteurs,
ces résultats se justifieraient par les caractéristiques de chaque pays.

Amarandei (2013) a produit des résultats de portée internationale dans le cadre d’une étude
portant sur les effets de la corruption sur les IDE dans dix États d’Europe Centrale et Orientale
sur la période de 2000 à 2012. Il a utilisé comme variables de contrôle les investissements
directs étrangers, l'indice de perception de la corruption de Transparency International et le
produit intérieur brut. Ces résultats ont révélé que la corruption exerce une influence négative
et significative sur les IDE.

1.2.2. Travaux dans les pays en développement

Entrent dans cette catégorie, les travaux de Hines (1995), Wei (1997), Asiédu (2003), Ouattara
(2011) et Akinlabi et al., (2011), Muhammad (2013), Quazi (2014) et Hajzler et Rosborough
(2016), Ravi (2015), Epaphra et Massawe (2017), Lilian et al., (2018) et Ekodo et al., (2018).
En concentrant ses analyses sur les interactions entre la corruption et les IDE, Hines (1995) a
apporté des résultats très instructifs. À savoir, la corruption décourage les investisseurs directs
étrangers. A partir des données des IDE bilatéraux en coupe transversale, Wei (1997) a étudié
les effets de la corruption sur les IDE. Il a montré que l'accroissement du niveau de la corruption
dans le pays hôte impacte négativement les flux des IDE.

Asiédu (2003) a réalisé, pour le cas de 22 pays africains au cours de la période 1984-2000, une
étude dans laquelle il tente de vérifier la relation entre la corruption et l’attractivité des IDE.
Les résultats de ces travaux ont révélé que les niveaux de corruption élevés réduisent les entrées
des IDE de ces pays.

Ouattara (2011) et Akinlabi et al., (2011) ont conduit en Côte d’Ivoire et au Nigéria une étude
sur les effets de la corruption sur les IDE. À l’aide des données couvrant la période 1998-2009
pour le premier et 1999-2009 pour les seconds, ils montrent que la corruption affecte
négativement les investissements directs étrangers. Les travaux du FMI (2016, 2017), ceux de
l’Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE, 2017) et ceux de la
Banque Mondiale (2017) qui s’inscrivent dans le cadre de cette orientation de recherche, vont
dans le même sens.

Sur la base d’un panel de 33 Pays Moins Avancés (PMA), Muhammad (2013) a examiné sur la
période de 1985 à 2011, les incidences de la corruption sur les investissements directs étrangers.
Cet auteur a utilisé le PIB et le taux d’inflation, comme variables de contrôle. Il constate que
l'indice de corruption, le PIB et le taux d'inflation impactent positivement les IDE dans ces pays.

Quazi (2014) et Hajzler et Rosborough (2016), placés respectivement, dans le contexte des pays
d’Asie de l’Est, du Sud et des pays en développement ont mené sur les périodes de 1995-2011
et 1990-2014, une étude portant sur les relations entre la corruption et les IDE. Ils valident
236
l’hypothèse du « Grapping hand » qui postule que la corruption influence négativement
l’attractivité des IDE.

En s’interrogeant sur les cas de la Chine et de l’Inde, Ravi (2015) mène une étude comparative
entre la corruption et les flux entrants des IDE. Les résultats de cette étude ont indiqué en Chine,
une relation plutôt positive entre ces deux grandeurs, et en Inde, un effet contraire. Ces résultats
ont indiqué aussi l’existence d’un facteur déterminant le comportement des IDE face à la
corruption, à savoir, le niveau arbitraire dans chacun des pays. Pour Ravi (2015), dans le
contexte de la Chine, la corruption n’est pas arbitraire, alors qu’en Inde, elle l’est.

Epaphra et Massawe (2017) ont exploré le lien entre la corruption et les IDE. Ils mènent cette
étude sur un panel de 5 pays d'Afrique de l'Est sur la période 1996-2015 et utilisent deux
mesures de la corruption, notamment, l'indice de perception de la corruption et le contrôle de la
corruption. Les résultats de cette étude ont indiqué que le niveau de la corruption dans le pays
d'accueil impacte négativement les IDE. Ces résultats ont montré également que le PIB par
habitant est plus important que le niveau de corruption pour encourager les IDE dans le pays.

Lilian et al., (2018) se sont interrogés sur la relation entre la corruption et les IDE au Brésil sur
la période allant de 2010 à 2014. En tenant compte des entretiens et des enquêtes des firmes
multinationaux, ils constatent que la corruption occasionne l’entrée des IDE au Brésil.

Ekodo et al., (2018) ont réalisé une étude sur les incidences de la corruption sur l’attractivité
des IDE en zone CEMAC. Ils ont utilisé la Méthode des Moments Généralisés (MMG) en panel
dynamique sur la période de 1996 à 2016. Leurs résultats ont confirmé que le contrôle de la
corruption exerce des effets positifs et significatifs sur l’attractivité des IDE. Pour Ekodo et al.,
(2018), une hausse du niveau de contrôle de la corruption réduit celui de la corruption, ce qui
conduit les étrangers à investir plus dans la sous-région.

1.2.3. Travaux dans les pays développés et en développement

Dans la troisième catégorie, de nombreux auteurs Tanzi et Davoodi (1997), Akermann (2000)
et Gyimah-Brempong (2002), Habib et Zurawicki (2002), Ohlsson et Johansson (2007), Mohsin
et Zurawicki (2013) et Udenze (2014) se sont penchés sur cette problématique. Tanzi et Davoodi
(1997), Akermann (2000) et Gyimah-Brempong (2002) par exemple, ont traité les incidences
de la corruption sur l’attractivité des IDE pour les cas des pays industrialisés et en
développement. Ils montrent que la corruption détériore la qualité des investissements publics
et privés, ce qui réduit l’attractivité des IDE dans ces pays.

Habib et Zurawicki (2002) ont analysé les impacts de la corruption sur les IDE dans 89 pays
développés et en développement. Ces auteurs utilisent une analyse en coupe transversale et
trouvent que la corruption exerce des effets néfastes sur les IDE. Pour eux, le fléau tend à
empêcher l'entrée des IDE.

Ohlsson et Johansson (2007) ont étudié le lien entre la corruption et les investissements directs
étrangers dans quelques pays développés et en développement sur la période de 1997 à 2004.
Pour ce faire, ils ont eu recours au modèle à régression en contrôlant le PIB et la distance entre
les pays d'accueil et les pays d'origine des capitaux. Les résultats ont révélé un impact négatif
de la corruption sur les IDE, avec par ailleurs, une sensibilité plus marquée des fonds provenant
237
des Etats-Unis.

Mohsin et Zurawicki (2013) ont travaillé sur les impacts de la corruption sur les investissements
directs étrangers dans les pays développés, en développement et en transition sur la période de
1996 à 1998. Ils ont utilisé 11 variables, notamment, les IDE, l'indice de perception de la
corruption, le PIB, le PIB par habitant, les exportations, la stabilité politique, l’orientation
internationale mesurée par le ratio commerce par rapport au PIB, la main d’œuvre, le taux de
chômage, la distance culturelle et géographique et la présence des organismes de surveillance
des entreprises dans le pays d'accueil. En utilisant le modèle des moindres carrés ordinaires
(MCO) et le modèle Probit, ils aboutissent aux résultats selon lesquels la corruption exerce un
effet défavorable sur les IDE. En ce qui concerne les pays d'origine et d'accueil, la corruption
impacte négativement ces variables.

Udenze (2014) a analysé la relation entre la corruption et les IDE dans les pays à faible et moyen
revenu en Afrique subsaharienne et dans le reste du monde sur la période allant de 2005 à 2011.
Il s’est appuyé sur sept (7) variables : les IDE, l’indice de la perception de la corruption, le PIB
par habitant, le PIB, la formation brute du capital fixe, l’ouverture économique et le taux
d’inflation. A l’aide du MCO, il confirme la corrélation négative entre les IDE et la perception
de la corruption dans les pays à faible et moyen revenu. En revanche, dans les pays d'Afrique
subsaharienne, cette relation est plutôt positive. Les résultats économétriques ont également
montré que la croissance du PIB est pertinente pour attirer les IDE en Afrique subsaharienne
que dans le reste du monde. Dans les pays à faible et moyen revenu hors Afrique, les résultats
ont montré une relation négative entre les IDE et la corruption. D'après cet auteur, les impacts
de la corruption sur les IDE sont trois fois supérieurs à ceux de la formation brute de capital.

Au regard de ce qui précède, il est intéressant de voir l’évolution de la corruption et celle des
IDE dans les pays de la CEEAC.

2. FAITS STYLISÉS

La dynamique de la corruption et celle des IDE dans les pays de la CEEAC a été irrégulière au
cours de la période 2005-2019. Pour mieux apprécier cette évolution, nous regroupons ces pays
en deux sous-régions, à savoir, les pays relevant de l’Afrique Centrale (Congo, Cameroun,
Gabon, République Centrafricaine, RDC et Tchad) et ceux relevant de l’Afrique de l’Est
(Burundi, Rwanda).

2.1. Évolution de la corruption et des IDE dans les pays relevant de l’Afrique Centrale

Nous analysons dans un premier temps, l’évolution de la corruption et dans un deuxième temps,
celle des IDE.

2.1.1. Évolution de la corruption

Dans cette étude, nous examinons l’évolution de la corruption à partir de l’Indice de Perception
de la Corruption (IPC) de Transparency International. Cet indice est regardé comme prioritaire
dans tous les débats sur les effets de la corruption sur les IDE. Ainsi, dans le contexte des pays
de l’Afrique centrale, cette évolution est représentée par le graphique 1.
238
Graphique 1 : Evolution de l’IPC dans les pays de la CEEAC relevant de l’Afrique
Centrale

Source : Auteur à partir des données de Transparency International (2020)

Il ressort de ce graphique que les courbes représentant l’évolution de l’IPC dans ces pays
paraissent mitigée. Ainsi, par pays, cette évolution se présente comme suit :

⁃ Au Cameroun

L’IPC au Cameroun au cours de la période d’étude est irrégulier. En effet, de 2005 à 2007, l’IPC
a légèrement évolué à la hausse. Il a chuté entre 2008 et 2010 pour répartir à la hausse l’année
suivante, puis redescendre de 2016 à 2019. Cette contre- performance de l’IPC se justifierait
entre autres par la faiblesse des institutions et par le fait que le pays fait partie des plus
corrompus de la communauté (Transparancy International, 2018).

⁃ Au Congo

Le graphique 1 nous enseigne que l’IPC au Congo au cours de notre période d’observation
présente une tendance irrégulière. En effet, de 2005 à 2009, cet indice évolue à la baisse. Il a
progressé entre 2010 et 2012 pour chuter jusqu’en 2019. Deux facteurs principaux peuvent
justifier ces variations : la faiblesse du système de gouvernance et le déficit d’application des
lois anti-corruption.

⁃ Au Gabon

L’évolution de l’IPC au Gabon a connu une grande volatilité au cours de la période de 2005 à
2019. Cette évolution s’alterne entre une période de hausse et une période de baisse. Cette
volatilité tiendrait au fait qu’après le Rwanda, le Gabon est le pays le moins corrompu de la
239
CEEAC (Transparancy International, 2018).

⁃ En Guinée Equatoriale

En Guinée équatoriale, au cours de la période retenue, l’IPC est irrégulier. Son niveau a
cependant augmenté passant de 1.9 point en 2013 à 2.7 points en 2017. Ces variations sont
attribuables à la faiblesse des institutions.

⁃ En République Démocratique du Congo (RDC)

L’évolution de l’IPC dans ce pays paraît contrastée. De 2005 à 2007, le score augmente
légèrement. En 2008, on constate au contraire une baisse avant de reprendre une allure
ascendante. En 2011, le pays réalise une note de 2/10 et occupe la 168 e place dans l’indice de
corruption sur 183 pays classés. En 2014, la RDC a occupé la 154 e place sur les 175 pays dans
l’ordre de corruption selon l’IPC (Chêne, 2014). Cette variation de l’IPC s’expliquerait par
l’inefficacité des mécanismes de prévention et de répression contre la corruption.

⁃ En République Centrafricaine

L’IPC de la RCA au cours de la période d’étude est mitigé. Plusieurs facteurs peuvent expliquer
cette volatilité. En premier lieu, la mauvaise gouvernance. En deuxième, l’instabilité politique.
Enfin, en troisième lieu, l’inefficacité des institutions dans la lutte contre la corruption.

⁃ Au Tchad

Dans ce pays, l’IPC reste volatile. Il s’est caractérisé de 2005 à 2013 par des notes situées autour
de 1,7/10. A partir de 2014, le pays a affiché une note en dessous de la moyenne africaine, soit
de 2/10, ce qui le classe au 154 e rang sur 174 pays (Transparancy international, 2018). Cette
situation tient à la faiblesse des mesures de la lutte contre la corruption, mais aussi par le retard
d’adoption de la convention des Nations Unies contre la corruption.

2.1.2. Évolution des IDE

L’évolution des IDE des pays relevant de l’Afrique Centrale a été mitigée (graphique 2).

240
Graphique 2 : Évolution des IDE dans les pays de la CEEAC relevant de l’Afrique
Centrale

Source : Auteur à partir des données de la CNUCED (2020)

⁃ Au Cameroun

Malgré sa structure économique diversifiée et l’abondance de ses ressources naturelles, le


Cameroun fait partie des pays pétroliers de la CEEAC le moins doté en IDE. En 2017, son stock
représentait 19% du PIB. Cette évolution est le reflet de l’attractivité exercée par le secteur
pétrolier.

⁃ Au Congo

Les IDE au Congo au cours de la période d’étude sont en hausse, sauf pour les années 2013 et
2018. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces variations : la crise de la dette extérieure et la
découverte de nouveaux gisements de pétrole dans le littoral du pays. En effet, au cours de cette
période, le pays a connu une crise de sa dette extérieure. Ainsi, cette crise s’est manifestée par
une contraction du PIB affectant la population et les IDE dans la création de l’emploi et dans
d’autres richesses. Pour faire face à cette crise, l’Etat a mobilisé les ressources financières et
s’est engagé dans des réformes d’ajustement structurel, notamment, sur l’austérité budgétaire
(CNUCED, 2015 ; Banque mondiale, 20193).

⁃ Au Gabon

Les IDE entrants du Gabon ont substantiellement augmenté entre 2005 et 2019 contrairement à
ceux des autres pays de la communauté. De 2018 à 2019 par exemple, ces IDE sont passés de
1,4 milliard USD à 1,5 milliard USD (CNUCED, 2020). Cette hausse correspond à la politique
d’attractivité mise en place par les pouvoirs publics depuis plusieurs années.
241
⁃ En Guinée Equatoriale

Le graphique 2 indique que les IDE au cours de notre période d’observation présente une
tendance irrégulière. En effet, après une légère chute au début des années 2005, s’en est suivi
un ralentissement dans les années 2008 et 2014, avant une reprise à partir de 2015. Ces résultats
peuvent s’expliquer par la contraction de l’activité pétrolière.

⁃ En RDC

En RDC, l’évolution des IDE paraît contrastée. Après une relative croissance entre 2005 et
2008, le pays enregistre une baisse en 2009. Une reprise à la hausse s’est à nouveau manifestée
de 2010 à 2019.

⁃ En République Centrafricaine

Entre 2005 et 2019, la RCA a enregistré un niveau faible d’IDE comparativement à d’autres
pays de la sous-région. Cela est dû à l’insuffisance des infrastructures, la pénurie de la main-
d’œuvre qualifiée et à l’instabilité politique que connaît le pays depuis quelques décennies.

⁃ Au Tchad

La courbe correspondant la situation tchadienne signale une forte volatilité des IDE entrants.
Ces variations sont imputables à l’insécurité, l’instabilité politique, la pénurie de main-d’œuvre
qualifiée, la protection inadaptée de la propriété privée et le climat des affaires défavorables.

2.2. Évolution de la corruption et des IDE dans les pays relevant de l’Afrique de l’Est

Nous étudions d’abord l’évolution de la corruption et celle des IDE ensuite.

2.2.1. Évolution de la corruption

Le graphique suivant décrit l’état de la corruption dans les pays relevant de l’Afrique de l’Est.

Graphique 3 : Évolution de la corruption dans les pays de la CEEAC relevant de


l’Afrique de l’Est

Source : Auteur à partir des données de Transparency International (2020)

242
⁃ Au Burundi

L’évolution de l’IPC dans ce pays est principalement marquée par deux phases alternatives : la
baisse enregistrée entre 2005 et 2008, suivie d’une décrue de 2009 à 2019. Sur l’ensemble de la
période d’observation, le trend décrit plutôt une baisse tendancielle. Les variations de l’IPC
s’expliqueraient par les pratiques néo-patrimoniales, la crise sociopolitique et la mal
gouvernance.

⁃ Au Rwanda

Le score de l’IPC au Rwanda au cours de la période d’étude est moyen. En effet, de 2010 à
2019, le pays a obtenu une note moyenne de 5/10. Cela suggère que le pays est moins corrompu.
Dans la communauté, le pays occupe le 1 er rang et sur le plan mondial, le 48e rang. Ces résultats
louables s’expliqueraient par deux facteurs majeurs, à savoir, la mise en place par les autorités
publiques de nombreuses institutions qui joueraient un rôle fondamental dans la lutte contre la
corruption, mais aussi par la mise en application depuis 2005 des lois anti-corruption.

2.2.2. Évolution des IDE

La dynamique des IDE dans les pays de la CEEAC relevant de l’Afrique de l’Est au cours de la
période 2005 à 2019 a été volatile comme on peut le constater sur le graphique 4.

Graphique 4 : Évolution des IDE dans les pays de la CEEAC relevant de l’Afrique de
l’Est

Source : Auteur à partir des données de la CNUCED (2020)

⁃ Au Burundi

L’évolution des IDE au cours de la période 2005 à 2019 a été stable, sauf en 2013. Cette stabilité
se justifierait par l’allègement des procédures relatives à la création des entreprises. Mais
également, par la crise qu’a connue le pays en matières premières et produits agricoles sur le
marché mondial.

243
⁃ Au Rwanda

L’évolution des IDE a été plutôt à la hausse. Plusieurs facteurs peuvent justifier cette
augmentation : la stabilité politique, l’amélioration du climat des affaires, la mise en place d’un
certain nombre de disposition, telle que le guichet unique, les services de suivi et les plate -
formes d'échange.

Il ressort de l’évolution de la corruption et des IDE dans les pays de la CEEAC qu’en termes de
corruption, le Rwanda est le pays le mieux coté en Afrique de l’Est. En Afrique centrale, c’est
le Gabon qui occupe la meilleure place. Ce constat suggère que dans la CEEAC, les pays
d’Afrique de l’Est ont une meilleure gouvernance.

En ce qui concerne les IDE, ce sont les pays de la CEEAC relevant de l’Afrique Centrale qui
attirent le plus les IDE. Cette situation peut s’expliquer par l’abondance des ressources
naturelles que regorgent ces pays.

Nous pouvons maintenant procéder à l’analyse empirique de l’étude au moyen de la


modélisation économétrique, de manière à mesurer précisément le niveau d’impact de la
corruption sur les IDE.

3. METHODOLOGIE ET DONNEES DE L’ETUDE

Nous présentons la spécification du modèle à estimer et ensuite, les données utilisées.

3.1. Spécification du Modèle Empirique

De la littérature empirique sur les effets de la corruption sur les IDE émerge plusieurs travaux
(Ohlsson et Johansson, 2007 ; Mohsin et Zurawicki, 2013 ; Udenze, 2014 ; Ekodo et al., 2018).
Ces auteurs ont utilisé entre autres, les méthodes des moindres carrés ordinaires (MCO) et des
moments généralisés (MMG).

Dans le cadre des pays de la CEEAC, nous nous inspirons des travaux empiriques d’Epaphra et
Massawe (2017) sur les impacts de la corruption sur les investissements directs étrangers. Ces
auteurs utilisent un modèle de panel de type :

Log(FDI/POP)i,t = y0+y1CPII,t +y2log(GDPPC)i,t + y3GDPGi,t +y4VAi,t +y5PVi,t +y6GEi,t


+y7RQi,t +y8RLi,t +y9CCi,t + y10i,j+y11POPGi,t+y12log(OPEN)i,t +y13URPOPi,t + 𝜂i +єi,j (1)

Avec i l'indice du pays ; t l'indice du temps ;  s les inconnues, paramètres à estimer ;  le terme
de perturbation aléatoire et 𝜂, les effets spécifiques aux pays non observés.

Pour ces auteurs, la variable expliquée est le logarithme de l’IDE entrant en pourcentage du
produit intérieur brut (FDI/POP). Treize (13) variables explicatives sont prises en compte: la
corruption, représentée par l’indice de perception de la corruption (CPI), la taille du marché par
rapport au PIB par habitant (GDPPC), le taux de croissance du PIB par habitant (GDPG), l’État
de droit (RL), la réglementation de la qualité (RQ), la liberté d’expression (VA), la stabilité
politique et l’absence de la violence/terrorisme (PV), l’efficacité du Gouvernement (GE), le
244
contrôle de la corruption (CC), le taux d’inflation (𝜋), la croissance annuelle de la population
(POPG), le degré d’ouverture en % du PIB (OPEN) et la population urbaine (URPOP).

Le choix de ce modèle dans le contexte des pays de la CEEAC est dicté par des considérations
pratiques. Ce modèle paraît mieux disposé à capter les effets spécifiques des pays tels que la
qualité des institutions, qui pourraient influencer aussi bien la corruption que les IDE dans la
zone CEEAC, où la plupart des pays sont corrompus.

Contrairement au modèle d’Epaphra et Massawe (2017), le modèle économétrique est bâti en


admettant que les incidences de la corruption sur les IDE peuvent être expliquées par la
combinaison de sept (7) variables : l’indice de perception de la corruption, les investissements
directs étrangers, le degré de liberté fiscale, l’indice global de droits politiques, les ressources
naturelles, l’inflation et le taux de change. Ces variables ont été retenues en raison de leur rôle
théorique et empirique sur les effets de la corruption sur les IDE. Ainsi, la variable dépendante
(IDE entrants en % du PIB) désigne l'exportation de capitaux dans un autre pays afin d'y
acquérir, créer une entreprise ou encore d'y prendre une participation.

La variable d’intérêt est : la corruption, qui est représentée par l'indice de perception de la
corruption (IPC) de Transparency International. Cet indice va de 1 à 10. S’il est proche de 10,
cela indique l'absence de corruption et proche de 1, la présence de corruption. Cette variable est
supposée avoir une influence négative sur les IDE, comme le suggère Hines (1995), Wei (1997),
Habib et Zurawicki (2002), Asiédu (2003), Ohlsson et Johansson (2007), Ouattara (2011),
Akinlabi et al., (2011), Amarandei (2013), Mohsin et Zurawicki (2013), Quazi (2014), Hajzler
et Rosborough (2016), FMI (2016, 2017), Banque mondiale (2017) et Epaphra et Massawe
(2017).

Les variables de contrôle sont :

• Le degré de liberté fiscale (DLF), qui a été retenu comme variable explicative en raison
de sa prédiction par la théorie économique qui le définit comme la mesure du fardeau
fiscal variant entre 0 et 100. Un degré proche de 100 suggère que le fardeau fiscal est
faible, donc les ménages et les entreprises payent moins d'impôts. Cette variable est
censée avoir un impact positif sur les IDE (Hanson, 2001 ; Al-Sadig, 2009 ; Quajzi et
al., 2014).
• La variable d’indice global de droits politiques (IGDP), qui varie entre 1 et 7. Le
nombre 1 indique la liberté politique et le chiffre 7 la répression. Les notes (1 et 2) dans
l'échelle des droits politiques sont attribuées aux pays respectant les critères de la tenue
des élections transparentes et les droits des groupes minoritaires. Les notes (6 et 7)
correspondent aux États où les droits politiques sont inexistants. Une relation négative
est attendue entre l’indice global de droits politiques et les IDE (Wilson et Cacho,
2007).
• La variable ressource naturelle (REN), correspond à la part des exportations des
produits pétroliers et miniers dans les exportations totales des pays afin de capturer les
effets des dotations naturelles (Nabil, 2008). Une relation positive est attendue entre les
ressources naturelles et les IDE (Onyeiwu, 2003).
• Le taux d’inflation (TIF), il rend compte de la stabilité économique d’un pays. Ainsi,
un taux élevé d’inflation se traduit par un environnement défavorable aux IDE.
• Le taux de change (TDC), exprime la valeur d'une monnaie par rapport à une autre.
245
Comme le suggère (Tobin, 1969 ; Dixit et Pindyck, 1994 ; Benassy-Quéré et al., 1999 ;
Guérin et Lahrèche-Révil, 2001 ; Fayou, 2018), le taux de change exerce une influence
néfaste sur les IDE.

En se référant à l’équation (1), le modèle empirique à estimer se présente sous la forme


suivante :

Log(IDE/PIB)i,t = y0+y1IPCi,t +y2log(DLF)i,t + y3IGDPi,t +y4RENi,t++y5TIFi,t + y6TDCi,t +𝜂i +єi,j


(2)

Avec i indice du pays ; t indice du temps ; , s les inconnues, paramètres à estimer ;  le terme
de perturbation aléatoire et 𝜂, les effets spécifiques aux pays non observés ; IDE/PIB : ratio des
flux nets entrants ; IPC : indice de perception de la corruption ; DLF : degré de liberté fiscale ;
IGDP : indice global de droits politiques ; REN : ressources naturelles ; TIF : taux d’inflation ;
TDC : taux de change.

3.2. Données

Pour notre analyse empirique, nous avons sélectionné les données annuelles des pays de la
CEEAC. Ainsi, les données portant sur les ressources naturelles, l’inflation et le taux de change
sont tirées de la Banque Mondiale. Les données sur le niveau de la corruption (IPC) proviennent
de la base de données de Transparancy International. Celles relatives au degré de liberté fiscale
et à l’indice global des droits politiques proviennent de Perspective monde. Les données sur les
IDE entrants sont extraites de la base de données de la Conférence des Nations Unies sur le
Commerce et le Développement (CNUCED). Les tableaux 1 et 2 présentent respectivement, les
statistiques descriptives des IDE et de l’IPC de chaque pays ainsi que de l’ensemble des pays
de la CEEAC.

Tableau 1 : Statistiques descriptives des IDE et IPC par pays (2005 à 2019)
RESIDU IDE IPC
BURUNDI 1.74e+07 2.04
CAMEROUN 5.31e+08 2.453333
CONGO 1.99 e+09 2.126667
GABON 8.01 e+08 3.213333
GUINEE 7.47 e+08 2.033333
EQUATORIALE
RDC 1.34 e+09 2.04
RWANDA 2.01 e +08 4.446667
REPUBLIQUE 3.30 e+07 2.24
CENTRAFRICAINE
TCHAD 2.24 e+08 1.88
TOTAL 6.53 e +08 2.497037

L’analyse de ce tableau indique que le niveau moyen des IDE au cours de la période de 2005 à
2019 dans les pays de la CEEAC a été controversé. En effet, parmi les pays étudiés, le Gabon
et la Guinée Equatoriale paraissent les pays qui ont plus attiré les IDE que les autres pays.

246
En ce qui concerne le niveau moyen de la corruption, le tableau 1 montre que le pays le moins
corrompu est le Rwanda, suivie du Gabon. Cette situation tient aux politiques de gouvernance
mises en place par ces États pour être crédibles sur le plan sous régional et international. En
revanche, le Tchad paraît le pays le plus corrompu de la CEEAC.

Tableau 2 : Statistiques descriptives des IPC et IDE de l’ensemble des pays de la CEEAC
VARIABLES MOYENNE MIN MAX
IDE 6.47E+10 -7.90E+10 4.42E+11
IPC 2.497037 1.6 5.6
Source : Auteur

Il ressort de ce tableau que le niveau des IDE le plus élevé dans la CEEAC est de 4,42E +11 et,
le plus faible est de -7,90E+10. Ce résultat montre l’existence d’une forte disparité des flux des
IDE dans la CEEAC.

S’agissant de la moyenne des IDE, elle tourne autour de 6,47E+10. Ceci suggère que les pays
de la CEEAC reçoivent moins des IDE. Cette disparité est observable au niveau de l’IPC, car
le minimum de cet indice est à 1,6 et le maximum à 5,6. Ces résultats confirment les
observations faites à partir des données graphiques exposées dans la section 2. Ils montrent
aussi le caractère discriminatoire des phénomènes analysés, entre les différents pays. De façon
générale, la moyenne de cet indice est de 2,497037, ce qui traduit que la CEEAC est une zone
très corrompue.

4. PROCEDURE D’ESTIMATION DU MODELE ECONOMETRIQUE ET


DISCUSSION DES RESULTATS

Nous présentons la procédure d’estimation du modèle, puis les résultats obtenus à partir du
modèle des moindres carrés généralisés (MCG), ainsi que leurs interprétations.

4.1. Procédure d’estimation du modèle

L’étude utilise l’économétrie des séries temporelles. La méthodologie utilisée est une approche
en deux étapes. La première étape consiste à vérifier la spécification homogène ou hétérogène
des données. En se référant au tableau relatif aux effets fixes, nous allons comparer les résultats
obtenus avec la probabilité de 5%. Si la P-value de Fisher est inférieure à 5%, on conclue à
l’existence des effets individuels (présence d’hétérogénéité), cela signifie que la structure du
panel est vérifiée. En revanche, si la P-value est supérieure à 5%, il y a absence des effets
individuels et la structure du panel n’est pas vérifiée (homogénéité).

Dans le cas où l’hétérogénéité prévaut, la seconde étape consistera à réaliser le test de


spécification de Hausman. Ce test suit la loi de Khi-deux avec K-1 degré de liberté et permet
de choisir entre le modèle à effet fixe et celui à effet aléatoire. Dans le cas où la probabilité est
inférieure à 5%, on choisit le modèle à effet fixe qui va confirmer la validité de l’estimateur
Least Squares Dummy Variable (LSDV), associé à la spécification à effet fixe. Si cette
probabilité est supérieure à 5%, on choisit le modèle à effet aléatoire et on adopte la méthode
d’estimation Feasible Generalized Least Squares (FGLS). Dans cette optique, les tests
d’hétéroscédasticité et d’auto-corrélation seront effectués pour retenir la méthode d’estimation.
247
Ainsi, nous allons présenter les résultats du test de stationnarité, ainsi que ceux des tests de
spécification.

4.1.1. Test de stationnarité

Les tests de racine unitaire les plus utilisés en panel sont ceux de Im, Pesaran et Shin (IPS) et
de Levin-Lin-Chu (LLC). L’hypothèse nulle de ce test suppose que toutes les séries sont non
stationnaires contre l’hypothèse alternative selon laquelle, seule une fraction des séries est
stationnaire. Les résultats de ce test sont présentés dans le tableau ci-dessous.

Tableau 3 : Résultats du test de stationnarité de Im-Pesaran-Shin


VARIABLES IM-PESARAN-SHIN (IPS) RESULTATS
LNIDE -3.952 (0.0000) STATIONNAIRE
D (IPC) -5.556 (0.0000) STATIONNAIRE
D (REN) -4.986 (0.0000) STATIONNAIRE
TIF -3.255 (0.0006) STATIONNAIRE
D (TDC) -3.407 (0.0003) STATIONNAIRE
DLF -1.859 (0.031) STATIONNAIRE
D (IGDP) -4.889 (0.0000) STATIONNAIRE
Source : Auteur

D’après ce tableau, les variables IDE, TIF et DLF sont stationnaires en niveau, au seuil de 1%
pour les deux premières et au seuil de 5% pour la variable DLF. En revanche, les variables IPC,
REN, TDC et IGDP sont stationnaires en différence première, au seuil de 1%.

4.1.2. Tests de spécification

Plusieurs tests de spécification (test d’homogénéité de Fischer, tests de Hausman et de Breusch-


Pagan…) sont utilisés pour apprécier le modèle. Dans cette étude, nous retenons 5 tests à savoir,
le test d’homogénéité de Fischer, de Hausman, d’hétéroscédasticité, d’auto-corrélation des
erreurs et de normalité.

-Test d’homogénéité de Fischer


Ce test permet de justifier s’il est opportun d’estimer le modèle sur les données de panel ou par
pays. Les hypothèses du test sont les suivantes :
H0 : modèle pooled ;
H1 : modèle à effets individuels.

Les résultats de ce test à partir du logiciel de Stata 14 sont présentés dans le tableau 4.

248
Tableau 4 : Résultats du test d’homogénéité
LNIDE COEF. STD.ERR. T P>ITI [95% CONF. INTERVAL]

PCGAB 1.842042 0.6406894 2.88 0.005 0.5727206 3.111363


PCCOG 3.145784 0.9460143 3.33 0.001 1.271559 5.020009
PCCAM 1.892998 0.6819063 2.78 0.006 0.5420186 3.243977
PCRDC 2.388093 1.004623 2.38 0.019 0.3977537 4.378432
PCGE 1.873166 0.8774362 2.13 0.035 0.1348062 3.611525
PCTCHD 3.844781 1.050052 3.66 0.000 1.764438 5.925125
PCBRD -5.106928 1.333834 -3.83 0.000 -7.749493 -2.464362
PCRCA -0.7999477 0.7351245 -1.09 0.279 -2.256362 0.6564665
IPC 0.1662075 0.2558391 0.65 0.517 -0.340656 0.6730709
REN 0.215816 0.146089 1.48 0.142 -0.0073612 0.0505244
DLF 0.0693727 0.0220763 3.14 0.002 0.0256357 0.1131098
IGDP -0.549459 0.2247556 -2.44 0.016 -0.9947404 -0.1041776
TIF 0.0035165 0.0202965 0.17 0.863 -0.0366946 0.0437276
TDC 0.011672 0.0009791 1.19 0.236 -0.0007725 0.003107
_CON 15.02171 2.130903 7.05 0.000 10.8 19.24341

F (8,113) = 24.64
Source : Auteur

Les résultats du tableau 4 indiquent la présence des effets individuels, car la probabilité associée
au test de Fischer est inférieure au seuil de 5%. Cela suggère que nous ne pouvons rejeter H 1.
En conséquence, nous pouvons estimer le modèle sur les données de panel. Mais, cet effet
spécifique peut être individuel ou aléatoire. Il faut donc effectuer un second test de spécification
pour décider du caractère aléatoire ou non des effets spécifiques. Le test le plus répandu pour
résoudre ce type de problème est celui de Hausman.

-Tests de Hausman

Le test de Hausman, nous l’avons déjà relevé, suit une loi de Khi-deux avec k-1 degré de liberté.
Lorsque la probabilité de ce test est inférieure au seuil retenu de 5%, le modèle à effet fixe est
privilégié. Dans le cas contraire, on retient le modèle à effets aléatoires. Les hypothèses de ce
test sont les suivantes :

H0 : absence d’effets aléatoires ;


H1 : présence d’effets fixes.

L’application de ce test aux différentes variables retenues est présentée dans le tableau 5.

249
Tableau 5 : Résultats du test de Hausman
VARIABLES COEFFICIENTS
EFFET FIXE (B) EFFET ALEATOIRE (B)
IPC 0.1662 0.1911
REN 0.0215 0.0241
DLF 0.0693 -0.0711
IGDP -0.05494 -0.4103
TIF 0.0035 -0.0037
TDC 0.0011 0.0005
chi2(6) = (b-B)'[(V_b-V_B)^(-1)](b-B) = 5.67
Prob>chi2 = 0.4608
Source : Auteur

De ces résultats, il ressort qu’on accepte le modèle à effet aléatoire et qu’on rejette celui à effet
fixe, car la probabilité du test de Hausman est égale à 0,4608, supérieure à 5%. Nous pouvons
ainsi appliquer l'estimateur Between qui permet d'estimer, sans biais, un modèle à effet
aléatoire. Mais, à condition de vérifier l’homoscédasticité et la non corrélation des erreurs.

-Test d’hétéroscédasticité

Ce test examine les variances des résidus. Les principaux résultats de ce test sont consignés
dans le tableau ci-dessous.

Tableau 6 : Résultats du test d’hétéroscédasticité


RESIDU 2 COEF. STD.ERR. T P>ITI [95% CONF. INTERVAL]

IPC 7.53912 0.1099873 68.55 0.000 7.321491 7.75674


8
REN 0.9169022 0.0057599 159.19 0.000 0.9055054 0.9282991
DLF 2.657266 0.0092662 286.77 0.000 2.638931 2.675601
IGDP -15.14248 0.1074319 -140.95 0.000 -15.35506 -14.92991
TIF -0.1319536 0.133405 -9.89 0.000 -0.1583501 -0.1055571
TDC 0.0193685 0.00024 80.71 0.000 0.0188937 0.0198433
_CON 225.5576 0.8672177 260.09 0.000 223.8417 227.2736
Number of obs = 135 Prob > = 0.0000 Root MSE =0.92821
F(6, 128) = 26618.11 R- squared = 0.9992
Source : Auteur

Selon ce tableau, toutes les variables du modèle expliquent le carré des résidus. De plus, le test
de Wald donne une probabilité de 0,0000 proche de 1. On peut donc conclure à l’existence
d’hétéroscédasticité des erreurs.

-Test d’auto-corrélation des erreurs

Ce test cherche à vérifier si la variable assignée est corrélée à une ou plusieurs variables
explicatives incluses dans le modèle. Dans ce cas, si les résidus retardés expliquent le résidu du

250
modèle, il y a auto-corrélation. Dans le cas contraire, il y a absence d’auto-corrélation. Les
résultats de ce test sont présentés dans le tableau 7.

Tableau 7 : Résultats du test d’auto-corrélation des erreurs


RESIDU COEF. STD.ERR. Z P>IZI [95% CONF. INTERVAL]

RESIDUL2 0.0107229 0.082738 0.13 0.897 -0.1514405 -0.1728863


RESIDUL1 0.9455249 0.830723 11.38 0.000 0.7827063 1.108344

_ CONS 0. 860346 0.6781222 1.27 0.205 -0.4687491 2.189441


SIGMA_U 0
SIGMA_E 0. 28363039
RHO 0 (FRACTION OF VARIANCE DUE TO U_I)
Nombre d’obs : 117 ; Nombre de pays : 9 ; Wald chi2 : 755.29 ;
Prob> chi2: 0. 0000; Within : 0.4808 ; Between : 0.9977;
Overall : 0.8689; Min: 13; Max:13 Avg : 13. 0
Source : Auteur

A partir des résultats présentés dans ce tableau, on constate que les résidus retardés d’ordre 1
expliquent le résidu du modèle. Par conséquent, il y a auto -corrélation.

- Test de normalité

Ce test permet de savoir si les variables du modèle suivent ou non une loi normale. L’hypothèse
du test s’écrit comme suit :

H0 (hypothèse nulle) : les résidus suivent une loi normale ;


H1 (hypothèse alternative) : les résidus ne suivent pas une loi normale.

La règle de décision du test est d’accepter l’hypothèse nulle (H 0), si la probabilité est supérieure
à 5%. Les résultats de ce test sont donnés dans le tableau 8.

Tableau 8 : Résultats du test de normalité


VARIABLE OBS PR (SKEWNESS) PR(KURTOSIS) ADJ CHI 2 (2) PROB>CHI2
RESIDU 135 0.4247 0.1634 2.63 0.2688

Il ressort de ces résultats que la probabilité associée à la statistique de khi-deux est égale à
0,2688. Cette probabilité est supérieure à 5%, ce qui nous permet d’accepter l’hypothèse nulle
du test, c’est-à-dire que les résidus suivent une loi normale.

Puisque les tests d’hétéroscédasticité et d’auto-corrélation indiquent respectivement la présence


d’hétéroscédasticité et d’auto corrélation des erreurs, pour les corriger, nous appliquons la
méthode des Moindres Carrés Généralisés.

4.2. Présentation et interprétation des résultats du modèle

Les résultats des effets de la corruption sur les IDE dans les pays de la CEEAC obtenus à partir
du modèle des Moindres Carrées Généralisées (MCG) sont résumés dans le tableau 9.
251
Tableau 9 : Résultats de l’estimation du modèle MCG
IDE COEFFICIENT
IPC 0.3808 (0.088)
REN 0.0631 (0.000)
DLF 0.0350 (0.075)
IGDP 0.6352 (0.004)
TIF -0.0562 (0.040)
TDC -0.0026 (0.000)
CONS 12.4786 (0.000)
NOMBRE D’OBSERVATIONS 128
NOMBRE DE PAYS 9
WALD CHI2 98.91
PROB > CHI2 0.0000

4.2.1. Interprétation économétrique

Des résultats du modèle, il ressort que la probabilité associée à la statistique de Wald est nulle.
Ce résultat traduit la bonne adéquation de l’ensemble du modèle. En d’autres termes, les
variables retenues expliquent les IDE dans la CEEAC.

Quant à la significativité individuelle des paramètres, la décision des tests s’est faite par la
comparaison entre la plus-value P˃/Z/ et les différents seuils de 1% ; 5% et 10%. Si la plus-
value est inférieure au seuil du test, on ne peut rejeter l’hypothèse que si le coefficient soumis
au test est significativement différent de zéro.

Ainsi, l’analyse des résultats indique que dans les pays de la CEEAC, six (6) variables affectent
les IDE. Ces variables sont, la variable d’intérêt (IPC) et la variable degré de liberté fiscale
(DLF), significatives au seuil de 10%. Les variables ressources naturelles (REN), l’indice global
de liberté politique (IGDP) et le taux de change (TDC) qui sont significatives au seuil de 1%.
Et, la variable taux d’inflation (TIF), qui est significative au seuil de 5%.

4.2.2. Interprétation économique

Rappelons-le, sur la base de la lecture de la probabilité issue des résultats du tableau 9, notre
étude montre que six (6) variables exercent des effets sur les IDE dans les pays de la CEEAC.
En effet, l’indice de perception de la corruption exerce des effets positifs et statistiquement
significatifs au seuil de 10% sur la décision d’investir. Une augmentation de 1% de cet indice,
toute chose égale par ailleurs, augmente les IDE de 0,38%. Ce résultat s’oppose aux travaux de
plusieurs auteurs Hines (1995), Wei (1997), Habib et Zurawicki (2002), Asiédu (2003), Ohlsson
et Johansson (2007), Ouattara (2011), Akinlabi et al., (2011), Amarandei (2013), Mohsin et
Zurawicki (2013), Quazi (2014), Hajzler et Rosborough (2016), FMI (2016, 2017), Banque
mondiale (2017) et Epaphra et Massawe (2017), mais a été mis en évidence par plusieurs autres
auteurs Ravi (2015), Lilian et al., (2018) et Ekodo et al., (2018) qui trouvent une relation
positive entre l’indice de perception de la corruption et les IDE. Mieux encore, ce résultat
confirme la théorie de la main secourable qui soutient l’hypothèse de « graisser les rouages ».
Cette théorie stipule que la corruption accroit l'efficacité, la rapidité de la bureaucratie et
252
renforce les activités des entrepreneurs en leur permettant de sauter les protocoles juridiques
(Leff, 1964 ; Huntington, 1968). Dans le cas des pays de la CEEAC, ce résultat paradoxal
suggère que la corruption a contribué à l’attractivité des IDE. Les résultats obtenus sont
contraires à l’intuition théorique.

La variable « ressources naturelles » affiche un coefficient positif et significatif au seuil de 1%.


Une augmentation de 1% de ces ressources, toute chose égale par ailleurs, se traduit par une
augmentation des investissements directs étrangers de l’ordre de 0,06%. Ce résultat rejoint les
travaux de Onyeiwu (2003) qui confirment le rôle positif des ressources naturelles sur les
investissements directs étrangers. Dans le contexte des pays de la CEEAC, ce résultat s’explique
par la forte concentration des IDE dans le secteur pétrolier et minier. Mais, également par la
dépendance des IDE à l’égard des ressources naturelles. Le signe obtenu est conforme aux
prédictions théoriques.

La variable « indice global de droit politique » présente un effet positif et significatif sur les
IDE au seuil de 1%. Une hausse de 1% de cette variable implique une augmentation de l’ordre
de 0,63% des IDE. Ce constat s’oppose à ceux de Wilson et Cacho (2007) qui confirment le
rôle négatif du droit politique sur les IDE. Au sujet des pays de la CEEAC, ce résultat s’explique
par la stabilité politique de ces pays. En effet, la stabilité politique est un indicateur qui permet
aux investisseurs d’évaluer le niveau de sécurité d’un pays afin de prendre leurs décisions
d’investir ou non. Ainsi, plus la sous-région est stable politiquement, plus elle attire les
investisseurs étrangers. Les résultats obtenus donnent le signe contraire.

Une autre variable qui explique positivement les IDE est le degré de liberté fiscale, cette variable
est significative au seuil de 10%. En effet, lorsque le degré de liberté fiscale augmente de 1%,
les IDE augmentent de 0,03%. Ce résultat corrobore ceux de Hanson (2001), Al-Sadig (2009)
et Quazi et al. (2014), qui obtiennent une relation positive entre les deux variables. Pour ces
auteurs, plus la sous-région dispose d’une politique fiscale souple, plus elle attire les IDE. Dans
le cadre de cette étude, ce résultat suggère que les pays de la CEEAC doivent procéder à la
déréglementation de leur système fiscal. Celui - ci devra être plus moderne, moins complexe et
moins pesant pour les contribuables, tant au niveau de son éventail, qu’en termes de taux
d’imposition. Les résultats obtenus sont de signe attendu.

Par ailleurs, le taux d’inflation explique négativement les IDE à 5%. Une hausse de 1%
d’inflation, occasionne une diminution des IDE de 0,05%. Ce résultat s’oppose à celui obtenu
par Muhammad (2013) dans son étude sur 33 Pays Moins Avancés (PMA). Dans le cas des pays
de la CEEAC, ce résultat suggère que plus les pays sont instables sur le plan macroéconomique,
plus ces pays découragent les investisseurs étrangers et inversement. Le signe obtenu est
conforme aux prédictions théoriques.

En ce qui concerne le taux de change, son impact est négatif au seuil de 1%. Ce résultat va dans
le sens de Tobin (1969), Dixit et Pindyck (1994), Benassy-Quéré et al. (1999), Guérin et
Lahrèche-Révil (2001) et Fayou (2018). Dans le contexte des pays de la CEEAC, les pouvoirs
publics doivent envisager une politique économique et monétaire qui renforcerait la valeur de
leur monnaie par rapport aux devises, comme l’impose les résultats de notre analyse. Le signe
obtenu est conforme aux prédictions théoriques.

253
CONCLUSION ET IMPLICATIONS DE POLITIQUE ECONOMIQUE

L’objectif de cette étude était d'analyser les effets de la corruption sur les investissements directs
étrangers dans les pays de la CEEAC. A l’aide du modèle des moindres carrés généralisés
(MCG), nous avons testé ces effets en s’appuyant sur les variables, notamment, l’indice de
perception de la corruption, les IDE, les ressources naturelles, l’indice global de liberté, le taux
de change, le degré de liberté fiscale et l’inflation. Il ressort de nos résultats que, la corruption
exerce une influence positive et significative sur les IDE dans les pays de la CEEAC.
L’observation des résultats nous indique également que les ressources naturelles, l’indice global
de droit politique et le degré de liberté fiscale influent positivement et significativement les IDE.
En revanche, l’inflation et le taux de change impactent négativement les IDE au seuil de 5% et
1%, respectivement.

A partir de ces enseignements, se dégagent plusieurs implications en matière de politique


économique.

La première est relative aux effets des ressources naturelles sur les IDE. Nous savons que la
présence des ressources naturelles dans un pays occasionne des effets favorables sur les IDE.
Dans le contexte des pays de la CEEAC, il revient aux pouvoirs publics de mettre en place une
politique économique de bonne gouvernance qui permettrait d’assurer leurs transparences,
protections, valorisations et utilisations.

La deuxième implication de politique économique concerne l’impact négatif du taux d’inflation


sur les IDE. D’après la théorie économique, l’inflation joue un rôle fondamental dans les
instruments de la politique économique : une inflation maîtrisée assure l'équilibre
macroéconomique des IDE. Dans cette optique, il est impérieux pour les autorités monétaires
de ces pays de mettre en place une politique économique visant à maitriser le niveau général
des prix.

La troisième se rapporte aux impacts de l’indice global de droit politique sur les IDE. Une
hausse de cette variable se traduit par une augmentation des IDE. Au sujet de la CEEAC, les
pouvoirs publics doivent favoriser une plus grande ouverture en matière de démocratie
politique.

La dernière porte sur les incidences positives de la corruption sur les IDE. D’après la théorie
économique et les auteurs tels que, Hines (1995) et al., (2017), la corruption exerce des effets
défavorables sur les IDE. Dans le cadre de cette recherche, la corruption impacte positivement
et significativement les IDE. Ce résultat paradoxal sous-tend que les Etats de la CEEAC doivent
encourager les pratiques de la corruption pour attirer davantage les IDE. Aussi, ils devraient
voir comment les institutionnaliser.

Les résultats de cette recherche, quoique pertinents par rapport à la réalité, sont limités par le
fait qu’ils n’ont pas permis de vérifier l’existence possible de certains IDE et autres opportunités
découragées par ces pratiques de corruption. L’étude n’indique non plus les conséquences
sociales de la corruption, qui peuvent être nuisibles pour la société notamment, sur les inégalités,
le fonctionnement des administrations et les institutions. A cela, il faut ajouter les limites
d’ordre méthodologiques (faiblesse de la taille de l’échantillon) qui auraient pu améliorer les
résultats. Ainsi, l’ensemble de ces limites recommandent des investigations complémentaires
254
sur l’analyse des IDE attirés et des IDE découragés, non incités à se déporter dans la Zone. Ces
nouvelles investigations doivent aussi concernées l’analyse des conséquences
socioéconomiques des pratiques de la corruption utilisées.

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257
L’IMPACT DE LA DETTE PUBLIQUE EXTERIEURE
SUR LA CROISSANCE AU CONGO-BRAZZAVILLE

Auguste M’PIAYI
Université Marien Ngouabi, Brazzaville, CONGO

melissampiayi@yahoo.fr

Résumé :

Cet article examine l’effet de la dette extérieure publique sur la croissance en République du Congo sur
la base d’un modèle autorégressif à retard échelonné qui distingue les effets de court terme et les effets
de long terme. Les résultats obtenus suggèrent un impact immédiat et de long terme négatif contrastant
avec l’impact retardé d’une à deux périodes, positif. Globalement ces résultats seraient la preuve d’une
gestion assez laxiste de la dette et invitent à l’emploi de la méthode coût efficacité pour éviter ce choc
négatif.

Mots clés : dette extérieure publique ; croissance, ARDL, Congo-Brazzaville

Abstract

This paper examines the effect of public external debt on growth in the Republic of Congo on the basis
of a staggered autoregressive model that distinguishes between short-term and long-term effects. The
results obtained suggest an immediate and long-term negative impact contrasting with the delayed impact
of one to two periods, positive. Overall, these results would be proof of fairly lax debt management and
encourage the use of the cost-effectiveness method to avoid this negative shock.

Keywords: public external debt; growth, ARDL, Congo-Brazzaville

Classification JEL : E69 ; F43 ; O55 ; O4

Introduction

L’accumulation de la dette extérieure constatée après l’initiative PPTE1 dans la plupart des pays
de l’Afrique au Sud du Sahara, notamment ceux de la CEMAC a donné un regain d’intérêt à
l’analyse des effets de la dette sur la croissance dans ces pays (PF2D2 : 2017). Cette
problématique concerne aussi la République de Congo en tant que membre de la CEMAC. En

1
Pays pauvres très endettés
2
Plateforme de la dette et du développement au Congo, état des lieux de la dette publique en République
du Congo. Cette analyse réalisée par une équipe s’est basée sur l’exploitation d’études et rapports
existants, en plus des entretiens avec les responsables des structures chargées de la gestion de la dette.
L’équipe a été composée d’un consultant senior et d’une consultante junior chargée de la collecte de
données, et un comité d’orientation et de lecture constitué des membres de la coordination de la
plateforme dette et développement.

258
effet, un examen spécifique de cette problématique pour le cas du Congo se pose d’autant plus
que ce pays a conclu l’accord de facilité élargie de crédit (FEC) avec le FMI allant de juillet
2019 à juin 2022. La conclusion d’un tel accord suppose que l’endettement extérieur du Congo
était inévitable, ce qui laisse supposer le caractère non opératoire et négatif des dettes
antérieures. Cette hypothèse est d’autant plus importante que le recours à la dette publique
extérieure n’a, depuis les années 70, cessé d’être une des sources importantes de financement
des activités des pouvoirs publics pour ces pays, dans un contexte où ni les recettes propres ni
les emprunts intérieurs ne paraissent suffisants pour couvrir les dépenses budgétisées, et ce
conformément à la logique keynésienne.

L’intérêt de ce sujet réside dans le fait que l’endettement facilite la mobilisation des fonds
nécessaires à la croissance, marquant ainsi une étape indispensable au processus de
développement, mais il est aussi source de coûts directs (paiement des intérêts…) et indirects
(coûts sociaux) qui peuvent résulter par exemple d’une crise sociale consécutive, aux
conséquences parfois des plus inattendues. L’évaluation des effets de la dette extérieure sur la
croissance devrait rendre compte de la manière dont les fonds mobilisés auraient été gérés,
autrement dit si la dette avait été une bonne ou au contraire une mauvaise dette, et suggérer des
recommandations utiles en matière de politique économique.

Dans cet article, nous analysons précisément le cas du Congo. La dette publique congolaise
extérieure : est-ce une chance ou une illusion ? Nous cherchons ainsi à évaluer l’impact de court
et de long terme sur la croissance, entendu que le recours à ce mode de financement est une
pratique de longue date au Congo. Partant de l’hypothèse que la dette extérieure dans ce pays
est économiquement inefficace, au vu de la situation précaire en matière d’emplois et du bien-
être, et dont la croissance est le corollaire, nous serons conduits à analyser, à partir des données
récoltées par la Banque Mondiale, la réalité de cette relation. Cette interrogation conduit dans
un premier temps à cerner le contexte de la dette extérieure de l’Etat, à faire une rétrospection
des analyses théoriques et empiriques disponibles sur la question, nécessaires à l’orientation
méthodologique puis, dans un second moment, à l’approche empirique à partir des données
factuelles disponibles pour finalement aboutir à la discussion et aux recommandations qui
découleront des résultats.

I. Faits stylisés de la dette extérieure publique et de la croissance au Congo

L’histoire récente de la dette extérieure du Congo indique une évolution très irrégulière de son
poids dans le revenu national comme l’attestent les données recueillies par la Banque Mondiale,
représentées dans le graphique ci-dessous. Elle permet d’identifier trois grands moments.
L’accroissement régulier durant les années 80 (1). Au cours de cette période le Congo a traversé
une importante crise de la dette aggravée par la chute des recettes pétrolières, donc de la
détérioration des termes de l’échange qui a concerné les pays exportateurs de pétrole (Baîlo :
2007). Le poids de la dette extérieure a culminé autour de 22% (2). Les programmes
d’ajustement structurel négociés ont contribué à cette amplification. Une meilleure maitrise est
observée à la fin des années 80 (3). Mais la première moitié des années 90 est marquée par un
retour massif et brutal à l’emprunt puisqu’en 1994, le poids dépasse les 35%.

Depuis les années 2010, ce poids est relativement raisonnable et rampant puisqu’il oscille dans
un intervalle très réduit allant de 2 à 7%. L’embellie des redevances pétrolières et les dispositifs
259
d’allégement et d’annulation de la dette mis en place par les bailleurs, expliquent cette situation.
Toutefois, la grave crise financière que connaît le pays depuis cinq ans l’a conduit à solliciter
et contracter des nouveaux emprunts auprès des bailleurs internationaux comme le FMI ou des
Etats à l’exemple de la Chine et la Turquie. Le rapport de la PT2D note d’ailleurs le poids
important de la bilatéralité dans l’endettement extérieur du Congo (en moyenne 75% du stock
total sur la 2ème moitié des années 2010), avec pour principaux créanciers la Chine, le fonds
Koweitien, Eximbank of India, Eximbank of Chine, BANCOB, Eximbank TURK et le Club de
Paris. Les autres composantes sont les banques commerciales (9%), les créanciers multilatéraux
(5%) et les créanciers divers (11%).

Ces emprunts ont vocation à relancer la machine économique congolaise, afin d’apporter des
solutions aux problèmes auxquels il fait face, cas du chômage.

Graphique n°1 : Evolution du rapport dette publique extérieure/RNB

40
36,74
35

30

25 25,04
22,78 22,35
20 20,88
19,36
19,27
17,47
17,28 17,33
15 14,13 15,19
12,81
11,92
10 10,24
7,24 8,17
7,05 6,71
5 4,78
3,09 1,98 2,52 2,79 2,74 2,68 2,90
1,62 1,37 1,72 2,56
1,91
1,88 1,57 1,60 2,59
1,27 1,78
0
1998

2001

2004

2007

2010

2013
1980
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997

1999
2000

2002
2003

2005
2006

2008
2009

2011
2012

2014
2015
2016
2017
Source : Auteur à partir des données de la Banque Mondiale

Pour ce qui est de la croissance, le graphique n°1 ci-dessus montre l’irrégularité de la croissance
congolaise.

Dans ce paysage de la croissance fluctuante, quelques traits peuvent être identifiés. On peut déjà
observer des taux très élevés dans la première moitié des années 80 et dont le niveau maximum
équivaut à 24% en 1982. Cet état de l’activité s’explique par la bonne santé du secteur pétrolier
du moment, dont des redevances ont permis de financer des infrastructures notamment
routières, à travers le premier plan quinquennal mis en place par le Congo. Le deuxième fait
évoque des taux de croissance souvent positifs sur l’ensemble de la période étudiée, mais par
10 fois, ils ont été nuls ou négatifs, à l’exemple de ceux réalisés au milieu des années 80, dont
l’explication est liée à la crise pétrolière et à l’adoption du programme d’ajustement structurel
(PAS). Le plus bas connu, en 1986, marque un recul de la production de 6%. Le milieu des
années 90 et la fin des années 2010 sont d’autres moments difficiles de la croissance au Congo,
à cause de la dévaluation monétaire qui a frappé la Zone Franc en 1994 et de la crise sociale et
260
politique traversée par le pays sur la deuxième moitié des années 90. La chute du rythme
observée à la fin des années 2010 coïncide avec la crise des subprimes dont les retentissements
ont été mondiaux. Enfin, la crise actuelle, amorcée depuis 2017, est liée à la dégringolade des
prix du pétrole et visiblement à la gestion plutôt insuffisamment rigoureuse des ressources
publiques. D’une façon générale, l’ensemble des fluctuations de l’activité correspond
essentiellement aux périodes de variation de l’activité pétrolière, du contexte international et de
l’instabilité sociale et politique que le Congo a connus. Le caractère cyclique des fluctuations
de la croissance apparaît assez net et ainsi justifié.

Graphique n°2 : Evolution du taux de croissance

30

25
23,6
20
17,6
17,6
15

10
8,8
7 7,6 7,8 7,5
5,9 6,2 5,6 6,8
5
4 4,3 3,7 3,84,6 3,5 3,8
3,4 3,4 2,6
1,82,6 1 2,42,6
0 0,2 0,8
-1,2 -1 -0,6
1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 -1,6
2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016
-2,6 -2,8-3,1
-5 -5,5
-6,9
-10

Source : Auteur à partir des données de la banque mondiale

La juxtaposition des deux graphiques représentée ci-dessous semble indiquer une relation
négative entre les deux variables. On peut constater sur la période allant de 1981 à 1992 les
comportements des deux phénomènes. La hausse du poids de la dette entre 1981 à 1986
s’accompagne de la baisse du taux de croissance réelle, alors que, dans la deuxième partie du
cycle, c’est plutôt la croissance qui est ascendante alors que le poids de la dette baisse. Ces
comportements sont réitérés au cours du deuxième cycle allant de 1992 à 1998. Sur le reste de
la période, les amplitudes des fluctuations sont réduites et la tendance d’un lien négatif semble
devenir moins nette puisqu’à certains moments (1996 à 1998 et de 2001 à 2006), on détecte une
concordance tendancielle positive de l’évolution des deux phénomènes, avec un retard, le
mouvement de la dette intervenant en premier. A partir de 2006 jusqu’en 2016 (fin de la période
observée) la constance du poids faible s’accompagne d’un mouvement irrégulier de la
croissance.

On peut noter en conclusion le caractère assez mitigé et complexe de la relation dette-croissance


au Congo.

261
Graphique n°3 : Evolution du taux de croissance réelle et du poids de la dette dans le revenu
national brut
40

35

30

25

20

15

10

0
1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016
-5

-10

-- Dette totale/RN -- Taux croissance réelle


Source : Auteur à partir des données de la banque mondiale

Revue de la littérature

La question de la dette, notamment celle de son impact sur la croissance, est abondamment
abordée dans la littérature économique, tant sur le plan théorique qu’empirique.

Au niveau théorique, le débat oppose principalement les courants néoclassique et keynésien,


leurs prolongements respectifs inclus.

La conception du courant néo-classique souligne la neutralité de la dette assimilable à un échec


en matière de politique économique. Initiée par Ricardo (1821) qui assimilait déjà la dette à un
impôt différé avant d’être revisitée et reformulée par Barro (1974), cette théorie appelée
l’équivalence ricardienne repose sur une intuition qui établit l’équivalence entre l’augmentation
de la dette publique en cours et celle des impôts plus tard. L’apport de Barro réside dans le fait
qu’il considère que le gouvernement peut soit adopter l’approche keynésienne (déficit financé
par la dette) soit baisser l’impôt en laissant égales par ailleurs ses dépenses et la masse
monétaire. Dans les deux cas, les agents doivent s’attendre au final à un impôt et se préparer à
y faire face. La dette serait perçue par les agents économiques supposés rationnels comme
annonciatrice des impôts futurs. Cette anticipation rationnelle va en conséquence guider leur
comportement en matière de consommation. Les agents économiques vont ainsi épargner
régulièrement. L’épargne ainsi constituée anéantit le différentiel de la consommation qu’aurait
généré les ressources tirées des emprunts. Donc globalement la consommation n’augmente pas,
et au final, la croissance non plus. La neutralité de la dette sur la croissance est ainsi constatée.

Dans la même perspective, le prolongement adopté dans le cadre de la théorie du surplomb de


la dette (Krugman : 1988 ; Sachs :1989 ; Cohen : 1992) évoque la nécessité pour l’Etat de
relever l’impôt du secteur privé afin de financer le service de la dette. Ces auteurs indiquent par
ailleurs l’effet négatif du surendettement en limitant l’investissement. A partir d’un seuil
262
d’endettement, le service de la dette devient insoutenable. La capacité de remboursement
devient insuffisante au regard des exigences de remboursement. Dès lors, l’impôt associé peut
être perçu comme une taxation d’une partie de la production par les créanciers étrangers. Ce qui
peut décourager les investissements sur le territoire.

Ce nouvel impôt constitue par ailleurs un manque à investir pour le secteur privé et ressemble
étroitement à l’effet d’éviction induit par le relèvement de l’endettement public intérieur. On
peut d’ailleurs craindre que l’endettement public extérieur trouble les marchés monétaire et
financier intérieurs en fragilisant la confiance des demandeurs de titres dont la réaction se
traduirait par la hausse des taux d’intérêt. En effet, lorsque l’Etat s’endette auprès des agents
étrangers, il ne s’exclut pas nécessairement du marché intérieur, bien au contraire.

Il faut noter cependant que cette théorie est astreinte à des hypothèses parmi lesquelles
l’altruisme des générations courantes vis-à-vis des générations futures et la capacité des agents
économiques à mettre en application les anticipations rationnelles.

La théorie keynésienne conteste justement cette capacité. A l’inverse de la neutralité Ricardo-


Barro, la politique de relance par le déficit justifiée par le niveau insuffisant des ressources
publiques, qui peut être financée par l’endettement y compris, bien entendu, celle qui fait
recours à la création monétaire, est source de croissance. Un endettement correctement exploité
constitue un bon levier pour la croissance (Verhofstadt :2001 ; Dehnneuil : 2003). Son emploi
au financement des investissements permet de déclencher le principe du multiplicateur
keynésien, source de croissance (Bessala : 2004).

Toutefois, les travaux d’Elmendort et Mankiw (1999) font une espèce de synthèse de ces deux
courants opposés, estimant que la dette a un effet mitigé sur la croissance : à court terme, la
croissance bénéficierait d’un effet positif alors qu’à long terme, l’impact serait plutôt négatif.

Ces théoriques peuvent être prolongées par des études factuelles.

Les travaux empiriques aboutissent à des résultats très controversés. Parmi ceux qui ont relevé
une relation négative entre dette extérieure et croissance, on note la recherche menée sur le cas
de la Tunisie (Abdelhafidh : 2014) à partir d’une base des données qui couvre la période allant
de 1070 à 2010. La dette extérieure tunisienne a freiné la croissance, à court et à long terme.
C’est le même constat qui a été fait au Nigeria ( Uzochukwu : 2005), et plus globalement dans
les PED à travers une étude colossale réalisée sur un très large échantillon de près d’une centaine
de pays, par Elbadawi et al. (1996). Cette dernière étude montre d’ailleurs que les dépenses
publiques (financement du déficit public) et la dégradation du niveau de liquidité liée aux
impératifs du service de la dette justifient l’effet négatif de la dette sur la croissance.

Toutefois, la dette extérieure n’est pas nécessairement un obstacle à la croissance comme


l’attestent nombreuses recherches factuelles. On peut déjà signaler les travaux qui ont concerné
le Togo (Kpemoua : 2016) en faisant appel à la modélisation autorégressive à retard échelonné
dans la recherche des facteurs explicatifs de la croissance. L’effet de long terme de la dette sur
le PIB réel, sous le contrôle des variables travail, exportation, capital et inflation, a été testé
significativement positif sur la période 1971 -. 2014. Nous pouvons aussi évoquer les résultats
de l’étude réalisée sur le cas du Nigéria cette fois-ci par Sulaiman et Azeez (2012) à partir des
séries chronologiques couvrant la période 1970 à 2010. Cette recherche a conclu à l’impact de
263
long terme significativement positif. Enfin, dans une démarche qui empile des données de
plusieurs pays en transition dans un modèle autorégressif, Kabadayi et al (2012) ont abouti aussi
au même constat.

Les modèles qui ont cherché à déterminer les effets de seuil ont identifié les taux d’endettement
qui optimisent la croissance. D’après le modèle développé à partir des données relevées dans
les pays de l’OCDE (Chercherita et al : 2010), l’effet de la dette ne semble pas agir de façon
linéaire sur la croissance. Si le poids de l’endettement (montant de la dette en proportion du
PIB) qui optimise le niveau de croissance économique oscille entre 43 et 63%, la valeur seuil
au-delà de laquelle la dette devient un obstacle destructeur très actif de la croissance tourne
autour 90 à 100%, même si certaines fois cet effet négatif peut déjà frémir dès les 70 à 80%.
Pour le cas précis du Congo, ce seuil d’environ 30% (Ngakosso : 2013) est relativement bas.
Cette situation congolaise est assez inquiétante et devrait à première vue conduire les autorités
à s’en préoccuper sérieusement, dans un contexte où la communauté régionale autorise un droit
allant jusqu’à 70%.

Ce résultat associé à l’effet de seuil dans un contexte de surendettement évoqué plus haut, est
déjà apparent dans l’analyse du test de causalité de Granger réalisé un an plutôt (Ferreira : 2009)
sur les données de la période allant de la fin des années 80 jusqu’en 2001, puisqu’elle montre
l’influence négative des taux d’endettement public élevés sur la croissance, relation par ailleurs
interactive puisqu’agissant finalement dans les deux sens (une forte croissance réduit le poids
de l’endettement dans le PIB). Kumar et Woo (2010) débouchent aussi, au terme de leurs
travaux concernant 19 pays, sur le lien négatif et non linéaire entre les deux variables. On peut
aussi indiquer les travaux réalisés par Barry et Portes (1986) sur la base des données relevées
sur une trentaine de pays, et qui confirment la chute de la croissance et l’effritement de la
crédibilité de l’Etat, consécutifs à la crise de la dette (accumulation de la dette et défaut de
paiement).

II. Méthodologie : spécification du modèle et des variables

II.1 Les données

Conformément aux impératifs et à la question centrale de cette étude, les données vont
concerner les variables taux de croissance du PIB, montants de la dette, le taux de change réel
et des exportations. Elles portent sur une série de 38 observations sur la période 1980 -2017 et
extraites de la base de la Banque Mondiale. Le traitement économétrique a été réalisé au moyen
de logiciel Eviews 9 et distingue les effets de court terme et de long terme.

II.1.1. Le modèle de base

Le modèle de référence utilisé est ici est celui de type autorégressif à retard échelonné développé
par Abdelhafidh (2014) dans son étude sur l’effet de la dette en Tunisie. Conformément à nos
préoccupations présentées en introduction, ce modèle permet en effet d’associer dans le
traitement des données, la dynamique de long terme et les comportements de court terme puis
d’identifier l’effet d’endogénéité. Sa formulation est la suivante :

𝑌𝑡 = 𝑐 + 𝑎1 𝑌𝑡−1 +. . . +𝑎𝑖 𝑌𝑡−𝑖 + ⋯ + 𝑎𝑃 𝑌𝑡−𝑝 + 𝑏𝑜 𝑋𝑡 +. . . +𝑏𝑗 𝑋𝑡−𝑗 + ⋯ + 𝑏𝑞 𝑋𝑡−𝑞 + 𝜀𝑡


264
ou
𝑡=𝑝 𝑡=𝑞

𝑌𝑡 = 𝑐 + ∑ 𝑎𝑖 𝑌𝑡−𝑖 + 𝑏𝑜 𝑋𝑡 + ∑ 𝑏𝑗 𝑋𝑡−𝑗 + 𝜀𝑡
𝑖=1 𝑗=1

Par exemple, partant du fait qu’à l’instant t=0, première période, la valeur de la variable
indépendante correspondant à cette période, on aura :

à la période t=1, 𝑌1 = 𝑐 + 𝑎1 𝑌0 + 𝑏𝑜 𝑋1 + 𝑏1 𝑋0 + 𝜀1
à la période t=2, 𝑌2 = 𝑐 + 𝑎1 𝑌1 + 𝑎2 𝑌0 + 𝑏𝑜 𝑋2 + 𝑏1 𝑋1 + 𝑏2 𝑋0 + 𝜀2
à la période t=3, 𝑌3 = 𝑐 + 𝑎1 𝑌2 + 𝑎2 𝑌1 + 𝑎3 𝑌0 + 𝑏𝑜 𝑋3 + 𝑏1 𝑋2 + 𝑏2 𝑋1 + 𝑏3 𝑌0 +𝜀3
.
à la période t=q, 𝑌𝑞 = 𝑐 + 𝑎1 𝑌𝑞−1 +. . . +𝑎𝑖 𝑌𝑞−𝑖 + ⋯ + 𝑎𝑃 𝑌𝑞−𝑝 + 𝑏𝑜 𝑋𝑞−0 +. . . +𝑏𝑗 𝑋𝑞−𝑗 +
… + 𝑏𝑞 𝑋𝑞−𝑞 + 𝜀𝑞

Il s’agit d’un modèle qui détermine les effets immédiats 𝑏𝑜 et retardés 𝑏𝑗 des variables
indépendantes X dont les valeurs 𝑋𝑗 sont relevées respectivement aux instants t et t-j, et des
effets endogènes retardés 𝑎𝑖 de la variable expliquée Y dont les valeurs 𝑌𝑖 correspondent aux
instants t-i. Avec i=1…..p et j=1…..q ; p=q ; p et q étant les nombres de retards les plus élevés
pour Y et X respectivement, par rapport à l’instant t.

Dans le cas qui nous concerne, Yt représente le taux de croissance du PIB réel constaté à
l’instant t, noté ∆𝑇𝑋𝐶𝑃𝐼𝐵𝑡 dans le modèle ; Xt, la proportion de la dette extérieure dans la
richesse réalisée au Congo à l’instant t (DETEXTOTRNBt). ; 𝑐, une constante qui correspond
au taux de croissance minimum, donc incompressible et 𝜀𝑡 , le bruit où partie inexpliquée de la
croissance du PIB réel.

La nécessité de déterminer une explication plus robuste de l’effet de la dette pose l’obligation
d’intégrer dans le modèle d’autres variables traditionnelles de la croissance qui seront ici
considérées comme des variables de contrôle. Il s’agit de la formation brute du capital fixe
(FBCFCOUR) évaluée en dollars, du montant des exportations, en dollars, des biens et services
(EXPOCOUR), et du taux de change réel (TXCHNG) entre le FCFA et le dollar.

Nous nous attendons à un impact négatif, dans le sens où, même si, théoriquement, la dette
extérieure publique congolaise était, dans son esprit, au service du développement qui passerait
nécessairement par l’étape de la croissance économique, les faits ne signalent absolument pas
d’embellie économique comme le témoignent les difficultés auxquelles le pays fait face
notamment en matière de croissance depuis 2015. Quant aux variables de contrôle, le capital
fixe et les exportations devraient évoluer dans le même sens que le PIB, alors que le taux de
change aurait un effet négatif (la monnaie forte décourage les exportations au profit des
importations).

II.1.2. Analyse des séries statistiques

L’analyse statistique est une étape nécessaire qui, au-delà de la description purement statistique
des variables du modèle, permet de mouliner les données de manière à vérifier les conditions
de validation du modèle optimal.

265
a) Statistique descriptive

Tableau n°4 : Statistiques descriptives

FBCFCOU EXPORCOU TXCHA DETEXTOTRN


TXCPIB R R G B
3.82105
Mean 3 1.41E+09 3.89E+09 459.3238 9.350112
3.45000
Median 0 8.06E+08 1.75E+09 493.0922 5.744801
23.6000
Maximum 0 5.81E+09 1.26E+10 733.0385 36.73843
-
Minimum 6.900000 3.47E+08 7.37E+08 211.2796 1.274422
6.03096
Std. Dev. 3 1.27E+09 3.64E+09 132.0112 8.892494
1.22613
Skewness 1 1.745009 1.042155 0.003533 1.069065
5.37277
Kurtosis 6 5.572983 2.679729 2.397172 3.492955
18.4357
Jarque-Bera 8 29.76741 7.040956 0.575464 7.623117
0.00009
Probability 9 0.000000 0.029585 0.749962 0.022114
145.200
Sum 0 5.35E+10 1.48E+11 17454.31 355.3043
Sum Sq. 1345.78
Dev. 3 5.99E+19 4.89E+20 644797.2 2925.829
Observation
s 38 38 38 38 38
Source : Auteur à partir des résultats obtenus sur Eviews 9

Ce tableau nous renseigne sur les caractéristiques statistiques de chaque variable. L’on constate
que les moyennes annuelles sont de 3.821 ; 1.41 E+09 USD ; 3.89 E+09 USD, 459.32 et 9.35
respectivement pour le taux de croissance du PIB, la FBCF, les exportations, le taux de change
et du poids de la dette dans le revenu national brut. Le test de normalité des valeurs, associé à
la statistique de Jargue Bera montre que l’hypothèse d’absence de normalité n’est rejetée que
pour le taux de change au seuil de 5%. Les distributions des valeurs des 38 observations pour
chacune des 3 autres variables semblent donc s’écarter de la loi normale.

b) Résultats des tests économétriques

Nous avons vérifié d’abord la stationnarité des séries statistiques en faisant recours aux tests de
racine unitaire de Dickey - Fuller Augmenté (ADF), Phillips et Perron (PP) et Kwiatkowski,
Phillips Schmidt et Shin (KPSS). Les résultats sont présentés dans le tableau suivant.

266
Tableau n°5 : Résultats de test de stationnarité des variables

Variables Type Sans Avec Avec Valeurs Stat du Décisions


de test constante constant constante critiques test
ni trend e et sans et trend à 5%
trend
TXCPIB ADF oui oui Non -2.94343 -3.56541 I(0)
PP oui oui Non -2.94343 -3.36994 I(0)
KPSS Oui Oui 0.46300 0.18434 I(0)
ADF oui oui oui -2.94584 -7.00137 I(1)
DETEXTOTRN PP oui oui oui -1.95039 -7.84848 I(1)
B
KPSS oui oui 0.46300 0.15192 I(1)
ADF oui oui oui -2,94584 -5,40307 I(1)
FBCFCOUR PP oui oui oui -2,94584 -5,39370 I(1)
KPSS oui oui 0,14600 0,10854 I(1)
EXPORCOUR ADF oui oui oui -2,94584 -6,16496 I(1)
PP oui oui oui -2,94584 -6,16752 I(1)
KPSS Non Oui 0,14600 0,14474 I(0)
TXCHNG ADF oui oui oui -2,94584 -5,32896 I(1)
PP oui oui oui -2,94584 -5,32152 I(1)
KPSS Non Oui 0,14600 0,12633 I(0)
Source : résultats obtenus sur Eviews 9

Les décisions fournies par les tests de racine unitaire concluent au fait que le taux de croissance
est stationnaire en niveau. Toutes les autres le sont en niveau et en différence première. Compte
tenu du fait que les ordres de stationnarité des séries diffèrent entre les variables, il convient de
tester l’existence d’un effet de long terme et celui de court terme. Dans le cas où ces deux effets
sont validés, alors, au lieu d’employer la méthode de moindres carrés ordinaires qui deviendrait
caduque du fait des difficultés de son emploi dans ce contexte, de surcroit en présence de lien
entre variables explicatives ou entre les erreurs (absence de bruit blanc), il faudra plutôt passer
par la modélisation autorégressive à retard échelonné (autoregressive distribute lag model) qui
combine le modèle autorégressif et le modèle à retard échelonné. Pour ce faire, le test de
cointégration aux bornes, proposé par Pesaran et al. (2001), est nécessaire, suivi d’une batterie
de tests complémentaires qui garantiraient la robustesse des estimateurs. Il s’agit notamment
des tests d’hétéroscédasticité des résidus, les tests de spécification et les tests de stabilité. Mais
avant toute chose, présentons la spécification du modèle ARDL qui serait retenu à partir du
moment où le test était concluant.

Le modèle est donc spécifié de sorte à distinguer les effets de court terme a1i…a5i associés aux
différences premières des facteurs explicatifs et les effets de long terme b1….b5 correspondant
aux valeurs de ces mêmes facteurs et prendrait la forme suivante, sachant que c représente la
constante ou taux de croissance minimum (incompressible) et la partie du taux croissance non
expliquée.

267
𝑝 𝑞

∆𝑇𝑋𝐶𝑃𝐼𝐵𝑡 = 𝑐 + ∑ 𝑎1𝑖 ∆𝑇𝑋𝐶𝑃𝐼𝐵𝑡−𝑖 + ∑ 𝑎2𝑖 ∆𝐷𝐸𝑇𝐸𝑋𝑇𝑂𝑇𝑅𝑁𝐵𝑡−𝑖


𝑖=1 𝑖=0
𝑞 𝑞
+ ∑𝑖=0 𝑎3𝑖 ∆𝐹𝐵𝐶𝐹𝐶𝑂𝑈𝑅𝑡−𝑖 + ∑𝑖=0 𝑎4𝑖 ∆𝐸𝑋𝑃𝑂𝑅𝐶𝑂𝑈𝑅𝑡−𝑖
𝑞
+ ∑𝑡−𝑖 𝑎5𝑖 ∆𝑇𝑋𝐶𝐻𝑁𝐺𝑡−𝑖 +𝑏1 𝑇𝑋𝐶𝑃𝐼𝐵𝑡−1 + 𝑏2 𝐷𝐸𝑇𝐸𝑋𝑇𝑂𝑇𝑅𝑁𝐵𝑡−1
+ 𝑏3 𝐹𝐵𝐶𝐹𝐶𝑂𝑈𝑅𝑡−1 + 𝑏4 𝐸𝑋𝑃𝑂𝑅𝐷𝐶𝑂𝑈𝑅𝑡−1 + 𝑏5 𝑇𝑋𝐶𝐻𝑁𝐺𝑡−1 + 𝜀𝑡
c) Recherche de la cointégration

Conformément aux résultats du test présenté dans le tableau n° 6 ci-dessous, l’’analyse de la


cointégration, à partir du test de Band, conclut à l’existence d’un effet de long terme puisque la
statistique de Fisher (F=5,781951) est supérieure à la borne supérieure pour chacun des seuils
de significativité de 1%, 5% et 10%.

Tableau n°6 : Test de relation de cointégration : Bond test


Test Statistic Value K
F-statistic 10,20842 4
Critical Value Bounds
Significance I0 Bound I1 Bound
10% 2,2 3,09
5% 2,56 3,49
2,5% 2,88 3,87
1% 3,29 4,37
Source : Auteur à partir des résultats du test

Dès lors, il faut déterminer le modèle ARDL optimum, en mobilisant le critère d’information
de Schwarz. Ce modèle est celui qui combine les retards autorisant la plus petite perte
d’informations (plus petite valeur du système d’information d’Akaike). C’est le modèle
(1,3,0,2,2) d’après les résultats présentés dans le tableau suivant présentant les 20 meilleures
combinaisons de retard.

optimum (Akaïke information criteria – top 20 model)


Akaike Information Criteria (top 20 models)
Graphique n°4 : test de retards
5.31

5.30

5.29

5.28

5.27

5.26

5.25
ARDL(1, 3, 0, 2, 2)
ARDL(1, 3, 1, 0, 2)
ARDL(1, 3, 3, 0, 2)
ARDL(1, 3, 3, 0, 1)
ARDL(1, 3, 0, 3, 2)
ARDL(1, 3, 1, 0, 1)
ARDL(1, 3, 1, 2, 2)
ARDL(1, 3, 2, 0, 2)
ARDL(1, 3, 2, 0, 1)
ARDL(1, 3, 0, 3, 1)
ARDL(1, 3, 0, 2, 1)
ARDL(1, 3, 3, 2, 2)
ARDL(1, 3, 0, 0, 1)
ARDL(1, 3, 1, 1, 2)
ARDL(2, 3, 0, 2, 2)
ARDL(1, 3, 3, 1, 2)
ARDL(1, 3, 0, 2, 3)
ARDL(2, 3, 1, 0, 2)
ARDL(1, 3, 1, 0, 3)
ARDL(2, 3, 3, 0, 2)

Source : Auteur à partir des résultats Eviews 9


268
d) Analyse de la normalité des erreurs

La validation du modèle ARDL (1,3,0,2,2) à partir des statistiques de ljung-Box est déjà en soi
la preuve de l’absence d’autocorrélation des erreurs confirmée par les résultats du test
d’autocorrélation des erreurs qui apparaissent dans le corrélogramme ci-dessous.

Tableau n°7 : test d’autocorrélation des erreurs

Source : Auteur à partir des résultats Eviews 9

On constate qu’aucun des termes de la fonction d’autocorrélation simple et partielle n’est


significativement différent de zéro. Ils respectent tous leur intervalle de confiance (tunnels
limités par les traits d’union verticaux). Comme on peut le lire dans le tableau n° 8 suivant, des
estimateurs du modèle, le coefficient du terme CointEq (-1) correspondant à la force de rappel,
issu de l’équation de l’équilibre de long terme est très significativement négatif (-0.831373 au
seuil de 1%). Enfin, les résultats du test de stabilité du modèle, représentés dans le graphique
n°5 suivant montre que la trajectoire CUSUM ne s’écarte pas de l’intervalle de confiance de
plus ou moins 5%.

269
• Graphique n°5 : Test de stabilité du modèle
15

10

-5

-10

-15
96 98 00 02 04 06 08 10 12 14 16

CUSUM 5% Significance

Source : Auteur à partir des résultats Eviews 9


Cette batterie de tests concluants conduit à la validation du modèle.

e) Résultats et interprétation des estimateurs du modèle.

Les estimateurs sont présentés de manière à distinguer les effets de court terme et ceux de long
terme.

Tableau n°8 : Résultat à court terme


Variable Coefficient Std, Error t-Statistic Prob.
-0,510703 0,100611 -5,076020 0,0000
(-1)) 0,257433 0,088934 2,894653 0,0084
(-2)) 0,421874 0,085027 4,961621 0,0001
FBCFCOUR)) 2,879766 2,413447 1,193217 0,2455
EXPORCOUR)) 2,542729 2,049864 1,240438 0,2279
(EXPRORCOUR(-1)) 4,306317 2,184118 1,971650 0,0614
LTXCHNG) 12,293020 4,372689 2,811318 0,0102
(TXCHNG(-1)) -8,344091 4,074087 -2,048088 0,0527
CointEq(-1) -0,831373 0,104811 -7,932080 0,0000
2
R =0,819740
Cointeq = TXCROISS - (-0.4721*TOLDETTEXTRNB + 1.1685*LFBCFUSDCOUR -
2.6303*LEXPRTUSDCOUR -3.2488*LTXCHNG + 58.9766)
Source : Auteur à partir des résultats Eviews 9
Nb : *significatif à 1%, ** significatif à 5%, *** significatif à 10%.

270
Tableau n°9 : Résultats de long terme
Variable Coefficient Std, Error t-Statistic Prob.
DETEXTOTRNB -0,472093 0,189182 -2,495448 0,0206
FBCDCOUR 1,168460 3,804392 0,307135 0,7616
EXPORCOUR -2,630331 3,863488 -0,680818 0,5031
TXCHNG -3,248804 3,158971 -1,028437 0,3149
C 58,976606 39,737418 1,484158 0,1520
Source : Auteur à partir des résultats Eviews 9

f) Analyse de l’effet de court terme

L’on constate qu’à court terme, l’effet de la dette, à taux de change réel et montant des
exportations fixé, est mitigé. L’endettement extérieur immédiat a un impact négatif sur la
croissance. Une variation d’une unité du poids de la dette dans le RNB fait perdre 0.51 point à
la croissance au seuil de 1.%. Ce résultat conforte celui qui a été obtenu par Kumar et Woo
(2010). Il s’agit d’un résultat assez incongru car l’endettement immédiat serait dans la pire des
situations sans impact, cas où les fonds empruntés par l’Etat n’auraient eu aucun impact sur la
consommation, qu’elle concerne les ménages ou encore les entreprises. Or dans le cas du
Congo, le constat est que ces emprunts extérieurs auraient eu un effet d’entraînement négatif
sur des opportunités de croissance préexistantes.

Un niveau d’endettement important peut fragiliser la confiance des investisseurs qui, par le jeu
des anticipations (la peur d’une crise ou d’une politique publique de rigueur) décideraient de
réorienter leurs titres notamment les titres courts dans des pays moins à risques. Ce qui au final
réduirait le niveau de la croissance. Il peut aussi s’agir d’un emploi inopérant (improductif) des
ressources d’endettement. Dans ce cas, l’investissement qui en découle produirait moins de
revenu que le montant des remboursements et du service immédiats de cette dette. La différence
entre montant du revenu courant tiré de l’investissement et dépenses publiques courantes
occasionnées constitue un manque à investir qui réduit la croissance. C’est ce qui se passerait
si les emprunts étaient conditionnés aux importations en provenance des pays bailleurs des
fonds, sans possibilité de retarder les échéances de remboursement. Par exemple si des emprunts
contractés auprès de l’Etat chinois pour construire des infrastructures comme des stades et des
bâtiments devant abriter des hôpitaux sur l’ensemble du territoire, servaient à importer les
matériaux utiles à ces chantiers qui, de surcroît seraient exécutés par des entreprises chinoises
qui se déportent sur le territoire avec leurs employés chinois, on constaterait dans ce cas précis
que ces emprunts généreraient de la croissance immédiate en Chine mais pas au Congo.
Pourtant, le Congo devra rembourser le principal et payer les intérêts. La réalité des relations
économiques sino-congolaises ou, plus généralement entre les pays africains et la Chine ne
semble pas significativement éloignée de cette proposition. La situation est encore plus
dramatique si ces infrastructures étaient au final peu ou prou fonctionnelles (on peut évoquer le
cas de nombreux projets longtemps inachevés) ou qui n’avaient pas une vocation lucrative et,
le cas échéant, ne réactivaient pas non plus des activités génératrices de croissance jusqu’ici
dormantes. Dans le meilleur des cas, le remboursement doit ainsi solliciter d’autres sources de
financement qui, de fait, ne pourront pas être investies pour alimenter la croissance. Dans le cas
contraire, la dette sera impayée, s’accumulera et pourra déboucher sur une crise de confiance
des bailleurs et des investisseurs vis-à-vis de l’Etat congolais.

271
Mais l’endettement contracté 1 à 2 ans plus tôt contribue à l’amélioration de l’activité
économique, avec un caractère régressif dans le temps. La variation d’une unité du poids de la
dette extérieure dans le RNB produit un accroissement retardé de deux périodes, évalué à
environ 0.42 point, puis de 0.26 point pour une période de retard. On peut comprendre que la
traduction de l’endettement extérieur public sur la croissance demande parfois un temps de
latence nécessaire au déclenchement des mécanismes économiques. Kpemoua (2016) a obtenu
des résultats comparables sur le cas du Togo.

Le comportement de court terme des variables de contrôle indique un effet immédiat positif très
élevé du taux de change sur la croissance au Congo, puisqu’une unité induit 12.3 points de
croissance au seuil de 1%. Mais l’effet décalé d’une période fait chuter cette croissance d’un
peu plus de 8 points au seuil de 5%.

g) Analyse de l’effet de long terme

En ce qui concerne l’effet à long terme, le modèle évalue l’effet marginal du poids de la dette
extérieure à -0.47 au seuil de 5%. Un point du poids de cette dette ronge à long terme 0.47 point
de croissance, ce qui n’est pas négligeable. Ces résultats négatifs rappellent ceux de
Abdelhafidh (2014), Ferreira (2009) et Elbadawi et al. (1997).

L’effet à long terme de la dette extérieure du Congo sur la croissance signalerait le fait
que les emprunts publics extérieurs auraient été utilisés dans des activités qui, progressivement
rapporteraient moins que les montants des remboursements et du service de la dette. Ces
montants deviennent un fardeau pour le pays et font décrocher la croissance. A ce sujet, le
rapport de la plateforme de la dette et de développement indique que le Congo n’a véritablement
jamais tiré les leçons de crises d’endettement qu’il a connues.

En ce qui concerne les variables de contrôle, leur impact de long terme n’est pas
significativement non nul.

Conclusion

Le travail réalisé dans le cadre de cette recherche a interrogé l’impact de la dette extérieure
publique sur la croissance en République du Congo, en émettant a priori l’hypothèse d’une
relation négative entre les deux phénomènes. La dette constituerait un obstacle à la croissance.
Sur le plan méthodologique, la nature des données empiriques et l’expérience des études
similaires ont plaidé pour l’emploi de la modélisation autorégressive à retard échelonné qui a
permis de distinguer les effets de long terme et de court terme.

Conformément aux résultats des travaux qui alimentent la littérature, l’effet de la dette
extérieure publique du Congo est assez mitigé sur le court terme puisque l’impact décalé d’une
et de deux périodes est positif mais régressif, puis négatif sur l’année en cours. A long terme,
l’impact est sans aucun doute négatif. Un tel résultat montre l’inefficacité de la dette et laisse
soupçonner soit un emploi improductif à long terme des fonds empruntés, soit une perte de
confiance dans la capacité des pouvoirs publics à instaurer un climat attractif pour les
investissements directs étrangers, comme le suggère la théorie. La hausse de la pression fiscale
(taxes et impôts nouveaux) dans les secteurs formel et informel, en compensation de
272
l’insuffisance et du défaut de rendement des ressources empruntées, grippe la croissance et
développe une dynamique d’appauvrissement. L’ensemble de ces diagnostics invite
naturellement les pouvoirs publics à prendre conscience de la nécessité d’une gestion rigoureuse
de la dette.

Lorsque celle-ci sert à parer au plus pressé, par exemple pour payer des arriérés de salaires, cela
booste certes la consommation et donc la croissance de court terme (croissance conjoncturelle),
mais encore faudrait-il que cette consommation additionnelle ne soit pas alimentée par les
importations. Sinon on devra à terme être confronté aux difficultés de remboursement. Or le
Congo est caractérisé par une très forte propension à importer, ce qui justifie de facto la
permanence des déficits commerciaux hors pétrole. La bonne gestion doit faire appel à l’analyse
coût-efficacité pour déterminer les axes prioritaires de financement par les emprunts extérieurs.
Ces axes sont ceux qui généreraient un meilleur rendement. Il vaut mieux prioriser par exemple
l’investissement en capital humain par rapport aux aménagements des espaces verts publics
urbains, ou encore les infrastructures routières par rapport aux salles de conférences
internationales. Le modèle économique de croissance par l’endettement doit cibler les
investissements productifs qui génèrent de la croissance à court et long termes.

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274
LA POLITIQUE BUDGETAIRE EN ALGERIE : ETAT DES LIEUX ET
PERSPECTIVES

Nacer-Eddine MOUFFOK
Docteur, Maître de conférences A-HDR, Laboratoire d’Economie et Développement
Faculté des Sciences Economiques, Commerciales et des Sciences de Gestion
Université de Bejaia, 06000 Bejaia, Algérie

nacermouffok2003@yahoo.fr

Résumé

L’objet de cet article est de faire un état des lieux des politiques budgétaires menées par le gouvernement
Algérien entre 2006 et 2018. Ainsi, nous allons, dans un premier temps, poser le cadre théorique et
conceptuel de notre sujet, puis analyser l’évolution des différents indicateurs constituant la politique
budgétaire en Algérie. Les premières conclusions mettent en évidence l’urgent de mettre en place une
nouvelle ère de gouvernance budgétaire plus performante en maîtrisant la gestion de la politique
budgétaire afin de garantir une meilleure efficacité des ressources et de rationalisation des choix en
termes budgétaires dans le but d’atteindre les meilleurs objectifs de la croissance économique.

Mots clés : Algérie, déficit, inflation, politique budgétaire, choc asymétrique.

Abstract

The purpose of this article is to take stock of the budgetary policies carried out by the Algerian
government between 2006 and 2018. Thus, we are going, first of all, to lay down the theoretical and
conceptual framework of our subject, then analyze the evolution of various indicators constituting fiscal
policy in Algeria. The first conclusions highlight the urgent need to put in place a new era of more
efficient budgetary governance by controlling the management of budgetary policy in order to guarantee
better resource efficiency and rationalization of choices in budgetary terms with the aim of achieve the
best goals of economic growth.

Key words: Algeria, deficit, inflation, fiscal policy, asymmetric shock.

Classification JEL : E620; H110; H230; H300; H600

Introduction

En Algérie, les dépenses publiques sont devenues un dispositif qui n’est non seulement plus
financé par le crédit mais aussi non plus par la fiscalité ordinaire. En effet, afin d’avoir une
stabilité dans les recettes de la fiscalité pétrolière budgétisée, les dépenses publiques de l’Etat
algérien sont financées par la fiscalité pétrolière budgétisée ainsi que le concours du Fonds de
deux régulations de recettes créé dès l’année 2000.

Mais, les divers plans économiques menés en conséquence au boom des prix du pétrole sur les
275
différents marchés internationaux de matières premières n’ont pas eu l’effet escompté
d’entraîner la relance économique. Ainsi, une interrogation essentielle s’impose : Pourquoi,
depuis l’année 2000, la politique budgétaire menée par l’Etat algérien ne survient plus à garantir
un développement économique affirmé et affranchi du secteur des hydrocarbures ?

En effet, dès les années 2000, la hausse remarquable des dépenses publiques, surtout par leur
effet revenu, a représenté un déterminant capital de l’activité économique. Le solde budgétaire
a enregistré un déficit qui ne représentait que 1,1 % du PIB en 2010 du PIB alors qu’il était à
5,7 % du PIB en 2009. Cette amélioration découle d’une forte augmentation des recettes liées
aux hydrocarbures dégagée par celle des prix du pétrole.

I. Le cadre théorique de la politique budgétaire

La littérature économique qui s’intéresse à l’impact des dépenses publiques sur le revenu
national représente, probablement, un thème de controverse entre les différentes grandes écoles.
De ce fait, les courants de pensée keynésienne et post keynésienne s’appuient sur l’impact que
peut avoir une relance par l’intervention de l’Etat en menant une politique budgétaire
particulièrement en cas de crise ou de récession économique.

Cette idée fut critiquée par le courant monétariste de Milton Friedman et de Lucas en se basant
sur le théorème d’équivalence ricardienne avancée par Robert Barro expliquant la neutralité de
la politique budgétaire. Ainsi, tout emprunt réalisé à l’instant « t » représente un impôt à l’instant
« t+1 », ce qui explique que tout agent économique rationnel est appelé à prendre des
précautions afin de faire face aux divers remboursements d’emprunts par la fiscalité.

Encore plus, un autre courant de pensée, plus radical, dégage une théorie, « La Théorie anti-
keynésienne des finances publiques », qui met en évidence que la politique budgétaire est plus
qu’un instrument neutre ; il est anticyclique.

Empiriquement, plusieurs études et travaux de recherche se sont penchés sur le sujet. Ainsi,
plusieurs études ont été menées sur la base de nombreux échantillons de différents pays, surtout
après les travaux de Barro sur la méthodologie d’analyses transversales basées sur des
Statistiques macroéconomiques internationales ; d’autres études se sont consacrées à des
analyses spécifiques car par cas.

Avant les années 2000, les plans d’ajustement structurel ont eu pour conséquence une austérité
budgétaire, alors que depuis et jusqu’à l’année 2010 l’inverse s’est produit ; c’est-à-dire que les
plans consécutifs de relance économique ont fait augmenté le volume des dépenses budgétaires.

Le point important concernant la politique budgétaire est l'ampleur autorisée du déficit et surtout
son financement. Trois voies traditionnelles existent pour assurer le financement du déficit : la
voie monétaire, l'emprunt et l'impôt.

Des trois voies de financement, c'est l'impôt qui semble être le moins remis en cause. Chaque
gouvernement est susceptible de maintenir ses particularités dans les modes de prélèvements.
D'ailleurs, les systèmes fiscaux nationaux sont souvent le fruit d'une longue évolution historique
particulière et leur bouleversement créerait plus de problèmes qu'il n'en résoudrait. La politique
276
budgétaire est utilisée dans trois buts : redistribution des revenus, allocation des ressources et
stabilisation du revenu national.

II. Les mécanismes de la politique budgétaire

II.1. Les règles

La définition la plus simple de la politique budgétaire consiste à dire qu’elle représente un


instrument qui peut agir sur le niveau de la demande globale dans le but d’influencer le niveau
de l’offre globale. Macro- économiquement, ça revient à dire qu’elle représente l’ensemble des
ressources en termes de biens et services qui sont à la disposition des différents agents
économiques durant toute une période et qui correspondent à l’ensemble des emplois réalisés
durant la même période. Ces derniers sont constitués de l’ensemble de la consommation, de
l’investissement, des dépenses de l’État en termes de biens finaux ainsi que le volume total des
exportations effectuées au cours d’une période.

Donc, tout changement du volume des dépenses de l’État doit avoir des effets sur la production
interne. Ainsi, afin de combattre le chômage, une politique de relance est indispensable pour
encourager la production nationale, mais elle pourrait créer un déficit budgétaire et donc un
déséquilibre macroéconomique.

II.2. La politique de relance budgétaire

Toute politique budgétaire de relance s’articule autour de deux variables : les dépenses et les
recettes. En ce qui concerne les dépenses, l’État est amené à les augmenter et il s’en suivrait des
effets par chaine, c’est-à-dire effets multiplicateurs. Et pour la variable recettes, la politique de
relance consiste à baisser certains facteurs tels que les taux de la TVA ou le taux de l’impôt sur
les sociétés.

Ces mesures augmenteront le pouvoir d’achat des agents économiques et stimuleront par
l’occasion la consommation et l’investissement, et donc l’emploi et la croissance économique.

Selon le modèle Mundell-Fleming, il apparaît que la politique budgétaire est très efficace en
régime de changes fixes et cela d'autant plus que les capitaux sont très mobiles. Une politique
budgétaire expansionniste entraîne deux effets : augmentation du revenu national et hausse du
taux d'intérêt suite à la hausse de l'endettement.

Deux effets inverses jouent alors : la progression du revenu implique de nouvelles importations,
alors que la hausse du taux d'intérêt attire les capitaux internationaux et améliore le solde
extérieur. Si les capitaux sont très sensibles aux mouvements de taux, le second effet l'emporte
et la balance des paiements sera en excédent. De ce fait, les réserves en devises augmentent et
puisqu'elles constituent une contrepartie de la masse monétaire, celle-ci augment également.

L`effet sur le revenu national est encore renforcé. Ce processus favorable est dépendant de la
mobilité des capitaux.

277
III. Les limites de la politique de relance budgétaire

III.1. Les fuites

La logique économique stipule qu’à partir du moment où elle serait ouverte vers l’extérieur,
toute dépense supplémentaire dans le circuit national impliquerait une hausse de l’importation
et une baisse, in fine, de l’effet multiplicateur des dépenses publiques par rapport à la production
nationale.

Ainsi, l’augmentation des importations provoquerait un effet défavorable sur la balance


commerciale du fait qu’il y aurait une fuite de devises plus conséquente que les entrées et donc
une pression sur le taux de change (éventuelle dépréciation de la monnaie domestique) ce qui
impliquerait une hausse du coût des importations.

L’ajustement macroéconomique dans ce cas se ferait par rééquilibrant balance des capitaux en
stimulant l’entrée de capitaux par le rehaussement des taux d’intérêt domestiques en prenant le
risque que cette mesure freinerait l’investissement, l’emploi, le revenu et donc la croissance
économique.

III.2. Les effets pervers de la politique e relance budgétaire :

La politique de relance budgétaire par l’augmentation des dépenses gouvernementales peut ne


pas entrainer les effets escomptés notamment sur le niveau de l’emploi. Aussi, tout financement
monétaire du déficit budgétaire peut également avoir des conséquences de hausse du taux
d’inflation.

Pareillement, tout financement de ce déficit par l’emprunt provoquerait un effet d’éviction du


fait que ce genre de financement puise de l’épargne, des agents à capacité de financement, ce
qui impliquerait une diminution du volume des fonds disponibles pour les agents à besoin de
financement et donc un accroissement du taux d’intérêt.

Enfin, tout financement du déficit budgétaire par le biais de l’emprunt provoquerait une hausse
de la dette publique et par conséquent des taux d’intérêt. Un cercle vicieux de l’endettement
apparait alors et peut même s’aggraver puisque l’État serait obligé de rembourser les charges
d’intérêt ce qui aggraverait son déficit et le pousserait à emprunter encore plus.

IV. Les finances publiques : entre ciblage des dépenses et choix des recettes

IV.1. Le ciblage des dépenses

La première interrogation à laquelle le gouvernement doit faire face est d’évaluer la quantité ou
le volume de ses dépenses ainsi que son attribution. Ces dépenses peuvent être aussi prises, en
partie, par le secteur privé qui en assume dernièrement une part plus importante
proportionnellement à celles assurées par l’État.

Au même temps, l’attribution des dépenses peut être à des niveaux différents et destinée à des
278
objectifs divers selon la priorité assignée à tel ou tel objectif. Ainsi, le gouvernement peut
privilégier ou désigner la politique sociale comme priorité absolue par rapport aux autres
priorités tel que l’investissement en infrastructures publiques, hausse de l’emploi public, aides
à la recherche, ou autre.

Graphique 1 : Evolution des indicateurs de dépenses gouvernementales en Algérie

Source : D’après les données du FMI

IV.2. Le choix des recettes

Les recettes de l’Etat proviennent en partie des impôts exigés aux différentes catégories d’agents
économiques. Cette recette n’est pas nécessairement la contrepartie de ses dépenses.

En période de croissance économique par exemple, il peut y avoir un excédent budgétaire même
si les dépenses augmentent alors que les impôts restent inchangés. Par contre, en période de
crise ou de ralentissement économique il serait difficile de trouver le juste équilibre entre la
baisse des impôts et la hausse des dépenses.

Ainsi, les pouvoirs publics ont de plus en plus de mal à concilier entre ses instruments de recette,
emprunts, cotisations sociales, impôts, etc. et les taux ou proportions appropriés à chacun ; le
choix entre le creusement du déficit budgétaire et l’accroissement de la dette publique risque de
fragiliser l’image ou la position internationale du pays.

279
Graphique 2 : Evolution des indicateurs de la politique budgétaire en Algérie

Source : D’après les données du FMI

En 2011, le solde budgétaire algérien s’est clôturé par un déficit atteignant près de 1,2 % du
PIB (Source FMI). Par ailleurs, alors que le taux de couverture des dépenses de fonctionnement
par la fiscalité ordinaire peine à atteindre 50%, le sentier de croissance de la dépense publique
apparait de moins en moins soutenable notamment en raison du tassement possible des cours
du pétrole. Ainsi, le projet de loi de Finances 2012 prévoit une hausse plus modérée des
dépenses de fonctionnement (+7,4%) et une forte contraction des dépenses d’investissement (-
29%).

V. La relation dépenses publiques et croissance économique

La politique budgétaire représente un instrument d’ajustement et de régulation conjoncturel mis


à la disposition des pouvoirs politiques. Ainsi, il peut jouer dans les deux sens : outil de freinage
de l’activité économique en cas de déséquilibre macroéconomique entre les échanges extérieurs
et l’inflation, ou outils de stimulation pour toute économie en état de récession.

Afin d’expliquer la relation qui peut exister entre les dépenses publiques et la croissance
économique, il est nécessaire d’estimer l’effet que peut avoir la variation de la part des dépenses
publiques dans le produit national ainsi que dans le revenu par habitant.

Mais, les effets de la politique budgétaire sont en général difficiles à anticiper du fait que chaque
décision prise peut avoir à la fois des conséquences positives et/ou négatives, du fait que la
psychologie, la transparence et la confiance peuvent jouer un rôle important, du fait que
l’environnement international peut avoir une incidence non négligeable, etc...

280
Jusqu’aux années 1970, l’école de pensée keynésienne donnait beaucoup d’importance à
l’exercice de la politique de relance. Mais, l’effet escompté de cette politique n’a pas été atteint.
Pire, durant toute l’année 70 et jusqu’au début de l’année 80, cette politique a pu provoquer des
cycles de stagflation avec une hausse considérable des dettes publiques, ce qui remet en question
cette pensée keynésienne.

Depuis, la politique budgétaire est pratiquée en tant qu’outil contra-cyclique d’ajustement


économique afin d’essayer de lisser les cycles économiques. Ainsi, en période de récession ou
de ralentissement économique, l’État accroît ses dépenses au risque d’accroître son déficit
budgétaire, alors qu’en période de dynamisme ou de trop forte activité, où il y aurait des bulles
spéculatives, hausse de l’inflation, etc…, les dépenses doivent être réduites. Donc, réduire le
déficit durant les périodes propices est fondamental pour pouvoir intervenir à nouveau en
période de dépression économique.

La plupart des courants économiques modernes, les néoclassiques notamment, sont d’accord
pour dire que la politique budgétaire possède des effets bénéfiques sur l’économie, mais elle
peut aussi provoquer un déséquilibre budgétaire en faisant endetter l'État.

En plus, la mondialisation et la globalisation financière font que la part des importations dans
le produit intérieur brut (PIB) augmente, ce qui implique une diminution de l'effet du cercle
vertueux de la politique budgétaire. Une part des effets positifs escomptés de la politique
budgétaire est ainsi détournée au profit de l'économie des État voisins.

VI. Les finances publiques algériennes : y a-t-il une maîtrise ou un laxisme des
dépenses ?

Le plan budgétaire de 2011 a été caractérisé par une hausse importante des dépenses liées au
fonctionnement (+24,5%) résultant du fait que le gouvernement ait pris la décision de préserver
le pouvoir d’achat des agents économiques non financiers (ménages) alors que le pays vivait
une période d’instabilité et de tensions sociales.

Aussi, dans le cadre de la poursuite du plan quinquennal d’investissement durant la période


2010- 2014, les dépenses liées à l’investissement ont connu une hausse de près 32% (soit 54
Mds USD), alors que le budget total était estimé à 286 Mds USD. Mais, pour mieux expliquer
la pratique de la politique budgétaire du gouvernement, le tableau suivant montre l’évolution
du taux de croissance moyens des différents agrégats composant le budget, durant toute la
période 2005- 2018.

Tableau 1 : Evolution des dépenses et des recettes en Algérie


2005-2010 2010-2015 2015-2018

Recettes totales 7,30% 10,2% 8,8%


Recettes Hydrocarbures 4,30% 7,6% 5,9%
Recettes hors hydrocarbures. 14,9% 14,8% 14,8%

Dépenses totales 16,9% 14,7% 15,8%

281
Dépenses de fonctionnement 18,1% 11,7% 14,8%
Dépenses d’équipement 17,5% 17,5% 16.5%
Source : D’après les données de la Banque d’Algérie et du Ministère des Finances

D’après ce tableau, on remarque qu’entre la période 2015 à 2018, le taux d’accroissement des
dépenses budgétaires totales a connu une hausse qui fait presque le double que celui des recettes.

En plus, on observe que le taux d’accroissement des ressources liées aux hydrocarbures (5,9%
sur toute la période) est parmi les taux les plus faibles par rapport aux autres variables
budgétaires.

En faisant une comparaison entre les deux périodes 2005-2010 et 2010-2015, on observe que le
gouvernement a réussi à diminuer le taux de croissance des dépenses alors que la conjoncture
économique internationale est caractérisée par des cours pétroliers nettement plus élevés, ce qui
prouve la volonté de ce gouvernement à contrôler ou à maîtriser ses dépenses.

Mais, cette volonté reste toutefois insuffisante à garantir la prospérité compte tenu de la nature
de ses recettes budgétaires et de l’extrême vulnérabilité d’une économie trop conditionnée par
les performances d’un seul secteur de son économie, notamment les hydrocarbures.

Ainsi, avec la baisse des prix mondiaux du pétrole dès l’année 2014, l’Etat algérien s’est vu se
précipiter dans la politique d’austérité afin de contrôler l’équilibre budgétaire ainsi que
l’équilibre macroéconomique interne et externe.

Le tableau 2 détaille au mieux les différentes évolutions des indicateurs macroéconomiques en


Algérie entre 2005 et 2018 :

Tableau 2 : Evolution des indicateurs macroéconomiques en Algérie

2015 2016 2017 2018

La croissance du PIB 2,8 4 3.9 4


L’accroissement du PIB/ 0.9 2.1 2.1 2.4
habitant

Inflation 3.3 3 4 4

Solde budgétaire (% PIB) -1.5 -7 -9.5 -8.2


Compte courant (% PIB) 0.4 -0.4 -7.7 -8.2
Source : D’après des données des administrations nationales

Ces dernières pourraient à l’avenir faire office de variable d’ajustement, et ce d’autant que
l’économie algérienne peine à absorber l’intégralité des fonds alloués aux divers plans
quinquennaux d’investissements publics.

282
Une meilleure mobilisation et un accroissement des recettes fiscales hors-hydrocarbures
apparaissent ainsi incontournables à moyen terme.

Le tableau 3 détaille au mieux les différentes évolutions des opérations financières


gouvernementales en Algérie entre 2006 et 2018 :

Tableau 3. Evolution des opérations financières gouvernementales en Algérie (en % de PIB)

2006 2011 2012 2013 2014 2015 2018

Recette totale 42.8 39.9 39.7 35.9 33.5 31.1 30.7

Recette fiscale 8.2 10.2 11.8 11.2 12.6 12.8 12.7

Recette pétrolière 33.2 27.7 26.3 22.2 17.9 11.2 10.3

Dépenses totales 29.3 41 44.7 37.5 40.6 40.6 38.9

Dépenses courantes 16.9 26.7 29.7 26 26.6 28.3 27.3

Sans intérêt 16.1 26.4 29.5 25.1 26 27.4 27.3

Salaires 5.3 12.2 12.5 10.7 11.2 12.3 12.6

Intérêt 0.8 0.3 0.3 0.9 0.7 0.9 00

Dépenses 11.9 13.6 14.1 11.4 11.9 11.9 11.6


d’investissement

Solde primaire 14.3 -0.9 -4.7 -0.6 -6.4 -8.6 -8.2

Solde global 13.5 -1.2 -5.0 -1.5 -7.0 -9.5 -8.2

Source : D’après des données des administrations nationales

La fin du plan quinquennal 2010-2014 et l’arrivée du nouveau plan 2015-2019, qui prévoit un
important programme d’investissement avec une enveloppe de 263 milliards USD, devraient se
traduire par une croissance économique à hauteur de 7 % à l’horizon 2019.

Effectivement, en 2014 les recettes budgétaires atteignaient la somme de 5 908 milliards DZD
et représentaient un taux de 33.5 % du PIB alors que ce taux était de 35.9 % fin 2013. Cette
diminution est due à une baisse de 6.9 % des recettes liées aux hydrocarbures, mais corrigée par
une augmentation de 9.8 % des recettes hors hydrocarbures. Le solde budgétaire à la fin de
l’année 2014 présentait un déficit de 7 % du PIB alors qu’il faisait 1.5 % en 2013.

Cependant, la conjoncture mondiale actuelle caractérisée par une chute importante des prix du
pétrole, remet totalement en question la pérennité sur le long terme de cette extraordinaire
source de financement et pousse à chercher d’autres sources en recourant à une diversification
urgente de l’économie algérienne, surtout que le solde budgétaire a atteint un taux de 9,5% du
PIB en 2015 et que le projet de loi des finances de 2016, approuvé par le Conseil des ministres,
prévoyait une baisse de 4% du PIB des recettes budgétaires durant l’année 2018.

283
VII. Vers plus d’exemplarité budgétaire en Algérie ?

VII.1. Comparaison avec les pays voisins

Le projet de loi des finances de 2017, approuvé par le Conseil des ministres, a laissé entrevoir
un début de changement de la politique de dépenses du gouvernement concernant les
subventions accordées au secteur énergétique.

Il est clair que l’ensemble des secteurs bénéficiant des dépenses étatiques doivent être réévalués,
rationalisés et rééquilibrés afin de faire face à d’éventuelles mauvaises conjonctures
économiques non seulement dans le futur mais également à l’ère actuelle ; la rationalisation des
dépenses publiques devient alors une priorité indiscutable et urgente.

Pour mieux illustrer ce problème, le tableau suivant détermine la structure budgétaire globale
de certains pays voisins de l’Algérie :

Tableau 4 : Comparaison des dépenses et recettes en part du PIB (2018)

Total des dépenses du Total des recettes du


budget budget

Algérie 36.1 35.2

Tunisie 36.3 30.5

Maroc 33.8 28.3

Egypte 37.1 23

Source : D’après des données du FMI

On remarque que la part des dépenses budgétaires de ces quatre pays (l’Algérie, l’Egypte, le
Maroc et la Tunisie) est très proche. Encore plus, ce tableau nous explique que les finances,
c’est-à-dire son solde budgétaire, sont nettement plus proches de l’équilibre que celles de leurs
voisins.

Mais, sachant que cet équilibre se réalisera uniquement en cas de conjoncture favorable au
secteur énergétique, on conçoit l’ampleur du danger qui pèse désormais sur les comptes
budgétaires algériens.

VII.2. L’urgence de rationalisation des dépenses budgétaires

Le tableau suivant détaille les composantes essentielles du budget de l’année 2019 et on


remarque les directions sur lesquelles une démarche plus restrictive en termes d’autorisation de
dépenses est possible et souhaitable.

284
Tableau 5 : Structure des dépenses du budget de 2019

Valeur en Mlds Structure en Structure en


De Dinars (%) des (%) du PIB
dépenses

Dépenses de 4972.3 56.1 26.3


fonctionnement

Dont les salaires 2104.4 23.8 11.1

Équipement public 3885.8 43.9 20.6

Subvention implicite 2080,5 23.5 11


Energie
Dont l’électricité 684,2 7.7 3.6

Gaz naturel 66,9 0.8 0.4

Carburant 818,2 9.2 4.3

Transferts sociaux 1711,7 19.3 9.1

Dont les subventions 225,5 2.5 1.2


alimentaires

Total dépenses du 8858,1 100% 46.9%


budget
Source : D’après les données du Ministère des Finances

On remarque que la part des dépenses d’équipement public, qui est supérieure à 20% du PIB,
reste beaucoup plus importante que la moyenne enregistrée au sein des pays voisins et même
au niveau international où elle est située entre 5 et 10%. Réellement, cette variable majeure
subventionnée par les ressources budgétaires forme l’un des facteurs responsables du
déséquilibre du solde budgétaire en Algérie.

Effectivement, la plupart des pays financent leurs dépenses d’équipement public par des
ressources hors budget. Ainsi, il serait temps aujourd’hui, en Algérie, de faire appel à d’autres
formes de financement hors par le budget de l’Etat.

Aussi, la question des subventions accordées aux consommations des produits de l’énergie
commence à trouver réponse, puisque la dernière loi des finances affiche clairement une remise
en cause de cette tradition et met fin à toute subvention totale de la part du gouvernement, ce
qui démontre sa détermination de réforme et de faire face aux effets négatifs de la baisse
probable des recettes budgétaires pour l’année 2018.

285
VII.3. L’exemple Grec

Tout a débuté les premiers mois de l’année 2010 pour la Grèce. Les marchés doutaient de la
dette publique grecque qui n’a jamais été transparente depuis son adhésion à la zone euro. En
effet, la prise en conscience qu’il existait un écart (estimait à 2,2 % du PIB) entre le taux du
déficit budgétaire réel de la Grèce et son taux communiqué à la Commission européenne a créé
un climat de suspicion et de fragilité sur les marchés, ce qui a poussé les Etats à prendre des
mesures nécessaires pour réglementer le marché des Crédits Défaut Swaps (CDS). La situation
de crise de la Grèce a obligé les Etats membres de la zone euro à lui venir en aide en apportant,
le 7 mai 2010, des prêts bilatéraux d’une valeur de 110 milliards d’euros partagées entre les
sommes de 80 milliards d’euros de la part des Etats de la zone euro et de 30 milliards d’euros
du FMI.

Une autre aide a été apportée, l’accord du 21 février 2012, à la Grèce malgré la réticence de
certains Etats, comme l’Allemagne, quant à la volonté de la Grèce à honorer ses engagements.
Parmi les points traités dans cet accord :

• Un plan d’aide de 130 milliards d’euros pour les créanciers publics, sous la réalisation
de deux conditions :
o La restructuration totale de la dette privée ;
o L’accomplissement d’un certain nombre de réformes, comme la réforme du
marché et la diminution du niveau de salaire minimum ;
• La renonciation de la BCE et des Banques Centrales de la zone euro aux plus-values
générées sur les obligations de la dette grecque en leur possession ;
• Les créanciers privés doivent accepter une baisse de 53,5 % de toutes leurs créances ce
qui représente une somme de 107 milliards d’euros.

Conclusion

Il existe deux visions qui s'opposent au sujet de la politique budgétaire. L'une considère que
le déficit public constitue l'instrument le plus approprié en vue de gérer le niveau de la
demande globale. Selon cette vision keynésienne, les pouvoirs publics doivent accepter un
solde budgétaire négatif en période de récession (c'est le rôle de stabilisateur automatique
du budget), voire l'accentuer (c'est le rôle contra cyclique du budget). L'autre considère
que le déficit public est à éviter vu son caractère nuisible. Il engendrerait, selon cette
vision, des tensions inflationnistes, l'augmentation des taux d'intérêt et la baisse de
l'investissement.

Cependant, à partir du moment où l'existence des cycles économiques est admise, il est aisé de
concevoir qu'un déficit public résultant d'une mauvaise conjoncture est lui-même de nature
transitoire, et pourra donc être compensé par des surplus budgétaires ultérieurs. Cela confère un
caractère soutenable à la situation des finances publiques. Ainsi, un tel déficit est non seulement
non condamnable, mais souhaitable, parce qu'il exerce un effet contra-cyclique sur l'activité
économique en réduisant l’ampleur des fluctuations conjoncturelles de celle-ci.

Au fil de notre analyse, nous sommes parvenus à conclure que depuis près de deux décennies
286
et suite aux multiples réformes décidées, l’importance de l’enjeu économique et social de
l’industrie des hydrocarbures reste l’élément clé pour le développement économique d’un pays
en pleine mutation.

De manière générale, on peut considérer que ce secteur a contribué à réaliser certains objectifs
de façon partielle comme la création d’emplois, mais il est loin de réaliser l’équilibre
macroéconomique en cas de crise comme fut le cas depuis fin 2014.

Cependant, la logique macroéconomique voudrait que l'on accepte le creusement des déficits
publics en période de baisse de la demande en laissant jouer les stabilisateurs budgétaires
automatiques (cas de la France après la récession économique du début des années 90). Ainsi,
les pouvoirs publics peuvent accentuer les déficits budgétaires en déployant des politiques
contra-cycliques.

En Algérie, il devient urgent de mettre en place une nouvelle ère de gouvernance budgétaire
plus performante en maîtrisant la gestion de la politique budgétaire afin de garantir une
meilleure efficacité des ressources et de rationalisation des choix en termes budgétaires, le tout
dans le but d’atteindre les meilleurs objectifs de la croissance économique. Ainsi, une
autonomie budgétaire par rapport aux hydrocarbures permettra de mieux gérer les ressources.

Références bibliographiques

• BESSON J L (1999), Les politiques budgétaires : entre solidarité et souveraineté, dans Y.


ECFIINARD, La zone euro et les enjeux de la politique budgétaire, Grenoble : PUG, Paris;
• Banque Mondiale, Rapport Annuel, 2000- 2015 ;
• CROZET.Y (1991), Analyse économique de l’Etat, Armand Colin, Cursus, Paris ;
• Denideni.Y (2002), La pratique du système budgétaire de l‘Etat en Algérie, Office des
Publications Universitaires, Alger ;
• Fond Monétaire International, Rapport Annuel, 2015 ;
• FONTANEL. J (2005), Evaluation des politiques publiques ; Grenoble 2 ; PUG, Paris ;
• GIUDICE J et MONTANINO A (2002), « Un pacte pour la stabilité et la croissance
économique en Europe », Revue du Marché commun et de l'Union européenne, n° 463, p. 659 ;
• GROS D (2003), “A Stability Pact for public debt”, CEPS Policy Brief, 30 January, la revue des
dépenses publiques, Alger ;
• LINDBECK Assar (1976), « Stabilization Policy in Open Economy with Endogenous
Politicians», An American Review, pp. 1-19;
• MAKDISSI P (2007), « Politique publique et pauvreté une approche par dominance
stochastique » ; Revue les cahiers du MECAS, Université Abou-Bekr Belkaid, Tlemcen ;
• MARTINOT B (2000), « Pacte de stabilité et efficacité de la politique budgétaire », Economie
et Prévision, n° 146, p.15 ;
• Ministère des Finances, Rapport Annuel, 2006-2017 ;
• ZUMER. F (1999), « Vers un système budgétaire central en Europe ! dans Y ECHINARD. La
zone euro et les enjeux de la politique budgétaire », Grenoble, PUG, Paris.

287
SACRÉ, RITES ET RITUELS FACE À
LA PROBLEMATIQUE DE LA COVID 19

Ludovic Mousso YAPO


Université Félix Houphouët Boigny Cocody-Abidjan
Cote d’ivoire

yapoludovic77@gmail.com

Résumé

L’humanité éprouve une douleur profonde, à cause de certaines pratiques agnostiques. Les calamités,
fléaux et pandémies qui riment quotidiennement son environnement suffisent pour comprendre que
l’homme et sa science ont atteint leur limite. Si, face à une pandémie du covid 19, la science tâtonne dans
une béante incapacité, il convient d’en déduire que certaines situations sont au-delà de sa compétence.
Cette étude a pour objectif d’amener l’homme à appréhender les problèmes existentiels non seulement
d’un point de vue cartésien, mais également avec une dimension divine. La pandémie du covid 19 est une
violation des lois de la nature, des interdits et tabous. La sociocritique et la sémiotique rendent compte
de la relation de l’homme et de son environnement historique et social et de la signification des symboles
véhiculés. Pour remédier à la pandémie du covid 19, l’humanité doit se ressourcer dans les valeurs
spirituelles en communiquant avec les dieux et en se réconciliant avec les forces de la nature par la
ritualisation. Car la religion est la solution exemplaire de toute crise existentielle. Seule notre relation
avec le sacré peut nous aider à sortir des spirales des crises épidermiques. Rien de ce qui appartient à
la sphère du profane ne participe à l’Être, puisque le profane n’a pas été fondé ontologiquement par le
mythe, il n’a pas de modèle exemplaire.

Mot clés : sacré, rite, rituel, profane, covid-19

Abstract

Humanity is experiencing a deep pain because of certain agnostic practices. The calamities, plagues and
pandemics that daily rhyme the environment are more telling to understand that man and his science
have reached their limit. If, facing a covid-19 pandemic, science gropes around in a gaping incapacity,
it should be deduced that certain situations are beyond its competence.
This study aims at leading man to understand existential problems not only from a Cartesian point of
view, but also with a divine dimension. The covid 19 pandemic is a violation of the laws of nature,
prohibitions and taboos. Socio-criticism and semiotics account for the relationship between man and his
historical and social environment and the meaning of the conveyed symbols. To remedy the covid 19
pandemic, humanity must self-revitalize in spiritual values by communicating with the gods and by
reconciling with the forces of nature through ritualization because religion is the exemplary solution to
any existential crisis. Only our relationship with the sacred can help us get out of the epidermal crises’
spirals. Nothing that belongs to the sphere of the profane contributes to the Being, since the profane was
not founded ontologically by myth, it has no exemplary model.

Keywords: sacred, rite, ritual, profane, covid-19

Classification JEL Z 0

288
Introduction

Contrairement aux sociétés traditionnelles dont les conceptions fondamentales archétypales et


anhistoriques fondées stricto sensu sur le respect de certaines normes sociales, des systèmes
magico-spirituels et tabous, qu’accompagnait, une entière dévotion de ces sociétés dans leur
relation avec l’environnement naturel, les sociétés modernes s’évertuent à profaner toute
l’existence humaine et l’univers entier. Un grand nombre de ces sociétés, dites évoluées, est à
l’origine des malaises et de la corruption à grande échelle que connaît la contemporanéité.
Souvenons-nous que l’une des traditions qu’observaient pendant longtemps les sociétés
anciennes était le culte d’un retour périodique au temps mythique des origines, au Grand Temps.
C’est le sens et la fonction de ce que Mircea Eliade appelle les « archétypes, c’est-à-dire la
valorisation des évènements-modèles, synonymes de rejet du temps profane continu ».

Le sacré, qui autrefois occupait une place centrale dans la pensée, la vision du monde et la vie
des hommes et des sociétés, est remis en question au profit de la conquête hégémonique
mondiale : course à l’armement, avec ses corollaires, de pollution, de guerre, et depuis 2019,
un autre fléau semble s’imposer à la communauté mondiale, eu égard à ses ravages au sein de
la population.

Vu cette situation préoccupante, nombreux sont les experts qui se sont exprimés sur les
conséquences de la crise générée par cette pandémie de la covid-19. Parmi ceux-ci, Denis
Dhyvert recommande de « s’appuyer sur un ensemble d’éléments inscrits dans le passé de
l’humanité, dont l’évolution de sa pensée philosophique, dans les modes d’expression collectifs
et particuliers des attentes de la société et des individus qui la composent ou encore dans
l’expérience et l’état des lieux qui découle du fonctionnement de la société composite actuelle,
telle qu’elle s’est progressivement dessinée depuis environ 500 ans »1

Cette proposition semble dire que certaines valeurs sociales et religieuses ont servi de ciment à
l’histoire de la condition humaine. Des modèles de comportements, des pratiques efficaces de
ces sociétés très anciennes pourraient être des prototypes pour freiner la pandémie de covid 19.
Par ailleurs, il est à constater que le défi que lance ce virus n’est pas du seul ressort de la science,
surtout que depuis son apparition, la science n’a pas encore trouvé un remède vraiment, efficace
pour l’arrêter. Ce ne sont que des suppositions et des inventions de traitement auxquels nous
faisons face, avec des gestes barrières qui ne peuvent pas malheureusement freiner la maladie,
et le vaccin “Astra Zeneca“ n’a pas encore fait ses preuves dans le tout monde scientifique.

Notre préoccupation est de faire connaître les pratiques religieuses anciennes et sacrées et de
montrer en quoi celles-ci peuvent aider l’humanité à remédier à la pandémie.

Notre méthode d’analyse est la sociocritique, car elle étudie les relations de l’homme en société.
Aussi, son choix se fonde-t-il sur son caractère pluridisciplinaire, à savoir la sémantique, la
psychocritique et l’histoire. À celle-ci, s’ajoute la sémiotique qui selon J. Courtés se définit
comme « un métalangage par rapport à l’univers de sens qu’elle se donne comme objet

1
Denis DHYVERT, « Réflexion prospective sur le devenir de la société humaine : quels sont ou seront
les acteurs et les dynamiques des changements à venir ? », Les Cahiers des CEDIMES, La société après
la crise du covid 19 : première approche, vol. 15 hors-série 2021, ISSN : 2110-6045
289
d’analyse ». La sémiotique se donne pour but l’exploitation du sens et notre communication
impose dans un parcours extrêmement sélectif de faire une étude des signes et de leur
signification.

Notre objectif est de présenter le sacré et le rituel comme éléments structurants et dynamiques
d’action dans la lutte efficace contre la covid 19. Nous tenterons dans un premier temps de
connaître le virus, ses manifestations et ce qui pourrait éventuellement expliquer ses origines.
Dans un second temps, l’apport des pratiques anciennes à la résolution de cette pandémie.

1- Le coronavirus, un virus aux origines multiples et aux effets multiples

Le coronavirus est un genre de virus qui existe chez plusieurs espèces de mammifères, dont l’être
humain. Il en existe plusieurs types sous différentes appellations telles que SRAS, MERS, Sars-
CoV-2. Il s'agit donc des virus causant des maladies émergentes, c'est-à-dire des infections
nouvelles dues à des modifications ou à des mutations du virus. Malgré les efforts de la science
pour trouver une solution à cette maladie mortelle, les victimes en perte de vie humaine sont
énormes.

Dans « Questions et réponses » sur le Covid 19 [mise à jour le 22 janvier 2021], on retient que
le covid-19 est la maladie causée par le coronavirus (CoV) nommé SARS-CoV-2. Les
coronavirus sont appelés ainsi en raison de la présence d’une couronne caractéristique de
spicules protéiques entourant leur enveloppe lipidique. Les infections à coronavirus sont
fréquentes à la fois chez les animaux et chez l’homme, et certaines souches de coronavirus sont
zoonotiques, c’est-à-dire qu’elles sont transmissibles entre les animaux et l’homme.

Chez l’homme, les coronavirus peuvent provoquer des maladies allant du simple rhume à des
maladies plus graves telles que le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (causé par le MERS-
CoV) ou le syndrome respiratoire aigu sévère (causé par le SRAS-CoV). Des enquêtes
approfondies ont démontré que le MERS-CoV avait été transmis du dromadaire à l’homme et le
coronavirus du SRAS de la civette à l’homme. En 2019, un nouveau coronavirus a été identifié
comme l’agent causal de cas humains de pneumonie par les Autorités chinoises. Depuis lors, des
cas humains ont été signalés par presque tous les pays, et l’épidémie de covid-19 a été classée
comme pandémie par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

La pandémie actuelle se poursuit par la transmission interhumaine du SARS-CoV-2. Des preuves


actuelles semblent indiquer que le SARS-CoV-2 est apparu d'une source animale. Les données
du séquençage génétique révèlent que le plus proche virus connu du SARS-CoV2 est un
coronavirus circulant dans des populations de chauves-souris du genre Rhinolophus
(rhinolophes). Cependant, à ce jour, il n'existe pas assez de preuves scientifiques pour identifier
la source du SARS-CoV-2 ou pour expliquer la voie de transmission originale vers les humains
qui serait susceptible d'avoir impliqué un hôte intermédiaire. Des recherches menées par l’OMS,
en étroite collaboration avec la Chine, sont en cours pour trouver cette source, pour identifier
comment le virus a pénétré dans la population humaine et pour établir le rôle potentiel des
animaux dans cette maladie.

L’infection des animaux par le SARS-CoV-2 a des répercussions sur la santé animale et
humaine, le bien-être des animaux, la protection de la faune sauvage et la recherche biomédicale.
290
Cependant, toutes les espèces ne semblent pas être sensibles au SARS-CoV-2. À ce jour, les
résultats des études expérimentales d'infection montrent que les volailles et le bétail ne sont pas
sensibles à l'infection.

2- Le covid-19, une conséquence de la démesure de l’homme

L’excès d’inégalités entre les nations riches et les nations pauvres, orienté par un système
économique à sens unique, fait du riche l’éternel dominateur et le pauvre, un enchaîné dans un
engrenage d’appauvrissement éternel. Cette inégalité constitue l’une des sources d’une sinistre
injustice et corruptible de toutes les bonnes mœurs et valeurs.

2.1. Profanation de l’environnement social et dérèglement du système écologique

Les sociétés actuelles, au mépris des valeurs humaines et spirituelles anciennes font de la quête
effrénée de biens matériels, la conquête d’espaces vitaux, et l’industrialisation sophistiquée en
armement, des normes d’indicateurs universels pour le classement des pays puissants. L’une des
raisons de la présence des virus dans le monde entier est la profanation de l’homme et de
l’environnement naturel, à savoir, d’une part la profanation des lieux saints, la pollution des
réserves, parcs nationaux et tout le système environnemental mondial, et d’autre part, une
présence accrue des pathologies, psychoses, psychopathies, des crises, des guerres, des
pandémies, et la propagation des virus dont le covid 19.

Le capitalisme et les systèmes politiques fondés sur des pouvoirs machiavéliques ont profané le
temple de l’Être-homme. L’homme n’existe que dans un environnement pollué, où sa valeur
ontologique, divine et humaine, fondée sur des principes d’amour, de partage, d’équité et de paix
ont disparu au profit d’un ego excentrique, sujet à une hégémonie exaspérante. La supercherie
du système politique et de l’économie mondiale œuvrant sans cesse dans l’optique de régner, de
dominer et d’assujettir les plus faibles ont favorisé un environnement où l’homme se retrouve
être aujourd’hui un automate dont le travail participe exclusivement à la sphère du profane qui
ne constitue aucun acte réel ni significatif. Le travail humain dans cette société désacralisée est
un acte profane, justifié uniquement par le profit économique et pour assouvir les désirs de
méchanceté et de destruction.

Les grandes industries polluantes sont déjà à la manœuvre pour préserver leur modèle
économique coûte que coûte, au mépris de la planète et de ses habitants. Sous couvert de
préservation de l’emploi et de restauration de leur compétitivité, elles négocient des aides
publiques colossales. L’urgence climatique environnementale et sociale n’est plus au fondement
des programmes de reconstruction des sociétés. Le plan de relance de certains gouvernements
ne fait qu’encourager les entreprises qui dérèglent le climat et détruisent la biodiversité. Nous
vivons dans une société invivable dont le système écologique est en total dérèglement. L’on
produit des alchimies, des équations et des bombes dont le seul objectif est de nuire à
l’environnement naturel, de souiller son milieu de vie et d’exterminer son semblable.

Dans nos sociétés actuelles, qu’est ce qui justifie les barbaries humaines, les terrorismes, les
rebellions et les guerres entre les nations ? L’homme n’est-il plus cet être jugé à la dimension de
la raison cartésienne, comme l’être capable de distinguer le bien du mal ? D’où vient-il que la
raison et le bon sens soient inexistants dans les actes que l’homme pose au cours de ces dernières
291
années ? Le travail pour le gain économique et la recherche d’une hégémonie de façade, vidés
de sens religieux, rendent l’activité de l’homme « opaque et exténuant : ils ne révèlent aucune
signification, ne ménagent aucune « ouverture » vers l’universel, vers le monde de l’esprit »
comme le constate Mircea Eliade. Aussi, serait-il judicieux d’affirmer, sans risque de se tromper,
que ce que les hommes font de leurs propres initiatives, ce qu’ils font sans modèle mythique
appartient à la sphère du profane. Ils se perdent dans leurs propres inventions, dans des actions
non-exemplaires, subjectives et, en somme, aberrantes. La Bible ne dit-elle pas que l’intelligence
des hommes est une folie devant Dieu ? Cette vérité biblique, attestée, se démontre au cours de
l’histoire de l’humanité par l’ensemble des inventions scientifiques et technologiques.

En effet, les grandes découvertes scientifiques, loin de construire une société d’équité, de paix,
de justice, de sécurité et de satisfaction d’une existence heureuse, se révèlent être une boîte de
pandore, mère de toutes les calamités qui finissent par anéantir l’Homme. Constat que rapporte
Denis Dhyvert : « le regard qu’il est possible de porter sur le passé de l’humanité aboutit à deux
enseignements : Les causes extérieures d’un déclin civilisationnel sont très diversifiées :
catastrophes naturelles violentes (éruption volcanique, tsunami, etc.) ou plus lente dégradation
climatique ; guerres (suivies ou non d’une conquête) ; perte d’un partenaire indispensable
(commercial, politique ou autre). Les causes endogènes du déclin d’une société sont également
variées, incapacité à s’adapter aux changements ; désagrégation de ses fondements et croyances
suite au rejet de ceux qui en sont traditionnellement les garants »1. Et pour Marcello Canuto,
anthropologue de l’université Tulane (États-Unis), « le déclin de ces sociétés anciennes peut
s’expliquer par les mauvaises décisions des dirigeants, dépassés par tant de complexité »2.

L’ambition démesurée de certaines nations puissantes, décideuses de l’avenir d’autres nations


à faibles potentialités et revenus est problématique. Beaucoup de nations riches considèrent des
pays pauvres d’Afrique et d’Asie comme des dépotoirs, une réserve de résidus et de virus. Le
déversement des déchets toxiques en Côte d’Ivoire sur des sites non appropriés montre bien que
l’Europe intoxique chaque jour l’Afrique. En effet, le navire Probo Koala avait déversé 500 m3
de déchets toxiques et nauséabonds dans plusieurs endroits de la périphérie d’Abidjan, sulfure
d’hydrogène, d’organochloré et autres substances toxiques venues d’Europe. Ce déversement
toxique a provoqué au moins 17 décès et des milliers d’intoxications.

C’est seulement dans les sociétés occidentales modernes que l’homme areligieux s’est
pleinement épanoui. L’homme moderne areligieux assume une nouvelle situation existentielle :
il se reconnaît uniquement sujet et agent de l’Histoire, et il refuse tout appel à la transcendance.
Autrement dit, il n’accepte aucun modèle d’humanité en dehors de la condition humaine, telle
qu’elle se laisse déchiffrer dans les diverses situations historiques. L’homme se fait lui-même,
et il n’arrive à se faire complétement que dans la mesure où il se désacralise et désacralise le
monde. Le sacré est l’obstacle par excellence devant sa liberté. L’homme areligieux refuse la
transcendance, accepte la relativité de la réalité, et il lui arrive même de douter du sens de
l’existence. Il est le résultat d’un processus de désacralisation.

La crise de la covid 19 pourrait n’être que le choc que nous subissons à cause de l’emballement
climatique et de l’érosion de la biodiversité. Le modèle économique actuel accroît les inégalités,

1
Les Cahiers de Science et Vie - n° 176 -mars 2018 – civilisations disparues
2
Marcello Canuto, anthropologue de l’université Tulane (États-Unis), cité dans Sciences et Vie n° 1221
du 23/05/2019
292
détruit l’environnement et accentue les déséquilibres sociaux. Ce modèle nous expose à des
crises récurrentes et accroît ainsi notre vulnérabilité. Aussi, comme le souligne Mircea Eliade
« Tout comme la nature est le produit d’une sécularisation progressive du Cosmos, œuvre de
Dieu, l’homme profane est le résultat d’une désacralisation de l’existence humaine ».

2.2 La propagation de la Covid 19

La pandémie du Covid-19 met à l’épreuve tous les systèmes sanitaires alors que les mesures
imposées pour y répondre affectent les acquis socio-économiques des pays. L’occasion pour les
chercheurs de réfléchir à ce qui a conduit le monde à cette crise sanitaire, étant donné que les
maladies à coronavirus sont des zoonoses, ce qui signifie qu’elles sont transmises entre les
animaux et les humains. La recherche montre également que ces maladies sont en augmentation.
D’autant plus que les scientifiques prédisent que si les populations ne modifient pas leur
comportement vis-à-vis des habitats sauvages, elles courent le risque d’épidémies virales de
même nature.

Selon des rapports d’experts en santé et en environnement, à l’heure actuelle, environ un


milliard de cas de maladies et des millions de décès surviennent chaque année à cause des
zoonoses. 60% de toutes les maladies infectieuses connues chez l’Homme sont zoonotiques,
tout comme 75% de toutes les maladies infectieuses émergentes. Intervenant sur « l’impact de
la covid-19 sur l’environnement », Inza Koné, directeur du Centre suisse de recherches
scientifiques en Côte d’Ivoire (CSRS), a rappelé et insisté sur la nécessité de se prémunir de ces
maladies infectieuses. Il est parti de cette anecdote : « A l’image de la toiture, des écosystèmes
en bonne santé sont indispensables à la santé humaine et à l’économie mondiale » pour dire que
la crise mondiale en cours est, en fait, une crise de la biodiversité sur la base des prévisions des
experts faisant état de « 60 % des populations animales sont sur le déclin et un million d’espèces
disparaîtront dans les 30 prochaines années ». Selon Inza Koné, les principales causes de ce
déclin de la biodiversité se résument en la déforestation (28 millions d’hectares chaque année,
80% de la couverture forestière originelle détruite au cours des 30 dernières années) et au
braconnage avec des millions de tonnes de viande de gibier commercialisées chaque année.
« La déforestation et le braconnage exposent l’homme à des pathogènes d’origine zoonotique
(70% des infections émergentes). La faune sauvage est le réservoir de millions de pathogènes
donc des virus, et des bactéries...comme la Covid-19 ».

3. Prolégomènes à l’analyse du sacré pour une approche préventive contre la covid 19

Il est question de rendre manifeste le contenu religieux de plusieurs conduites de la vie


quotidienne, individuelle et collective. Il s’agit ici de montrer le rôle extraordinaire important du
dynamisme religieux dans plusieurs activités de la vie humaine.

3.1. Valorisation des interdits et des tabous, condition d’épuration de l’environnement social

Le caractère sacré et religieux de nos traditions se rapportant, d’une part, à la ritualisation des
transformations de la vie personnelle et collective et, d’autre part, à la nécessité d’entretenir la
ritualité afin de réguler les interdits qui concernent la vie et la mort, l’ordre et le désordre,
l’angoisse et la jouissance, la souffrance et la sérénité, la peur et la sécurité. On ne peut nier,
note Victor Witter Turner, « l’extrême importance des croyances et pratiques religieuses pour
293
le maintien comme pour la transformation des structures humaines sociales et psychiques ».

La ritualisation des interdits répond au besoin de prévenir, d’affronter et de résoudre


bénéfiquement les troubles personnels et collectifs associés à une situation de crise, de conflit,
de rupture, de changement, etc. L’exaltation de vie comme l’imminence de la mort rappelle la
nécessité du rituel et de son symbolisme pour réguler les sentiments excessifs. Le processus du
rituel vise à prévenir les événements facteurs de risque, de trouble, d’angoisse, de peur,
d’insécurité (sacré de respect) ; à transiter, à pontifier les discontinuités de la vie (sacré de
transition) ; à provoquer une discontinuité pour introduire dans la vie le changement,
l’enchantement, explique Denis Jeffrey.

L’avènement de la modernisation des modes de vie, subordonnée à une idéologie rassurante


quant à l’amélioration de la qualité de vie des Occidentaux, a eu pour effet de secondariser la
pertinence des régulations religieuses et provoquer sur le terrain la démythification des
représentations religieuses. Le délaissement des interdits, tabous et représentations populaires
a fragilisé l’espèce humaine et l’a exposée à des crises et à des épidémies dues à sa communion
avec le profane.

Le tabou présente deux significations opposées : d’un côté, celle de sacré, consacré ; de l’autre,
celle d’inquiétant, de dangereux, d’interdit, d’impur. Le tabou se rattache à la notion d’une sorte
de réserve, et se manifeste essentiellement par des interdictions et restrictions. Les expressions
comme terreur et sacré expriment bien le sens de ce terme dont les mots commun et ordinaire
expriment le sens contraire. Les buts poursuivis par cette notion sont de plusieurs ordres. Les
tabous naturels ou directs, produits des forces mystérieuses attachées à une personne ou à une
chose, ont pour but de protéger des personnes éminentes, telles que les chefs, prêtres, et des
objets auxquels on attache une certaine valeur, contre tout préjudice possible. Le tabou permet
de protéger les faibles, les femmes, les enfants et hommes en général contre les forces
maléfiques et de nous préserver des dangers qui découlent du contact avec des cadavres, de
l’absorption de certains aliments. Le tabou a le pouvoir de prévenir les troubles pouvant survenir
dans l’accomplissement de certains actes importants de la vie : naissance, initiation des
hommes, mariage, fonctions sexuelles et de protéger les êtres humains contre la puissance ou la
colère des dieux et des démons.

Certains dangers, découlant de la violation d’un tabou, peuvent être conjurés à l’aide d’actes de
pénitence et de cérémonies de purification. Les restrictions taboues sont selon Freud « autres
que des prohibitions purement morales ou religieuses. Elles ne sont pas ramenées à un
commandement divin, mais s’imposent d’elles-mêmes. Ce qui les distingue des prohibitions
morales, c’est qu’elles ne font pas partie d’un système considérant les abstentions comme
nécessaires d’une façon générale et précisant les raisons de cette nécessité. Les prohibitions
taboues ne se fondent sur aucune raison ; leur origine est inconnue ; incompréhensible pour
nous, elles paraissent naturelles à ceux qui vivent sous leur empire ».

Wundt fait savoir, quant à lui, que le tabou représente le code non écrit le plus ancien de
l’humanité. Il est généralement admis que le tabou est plus ancien que les dieux et remonte à
une époque antérieure à toute religion. Mais en quoi cette énigme du tabou peut-elle nous
intéresser dans cette étude ?

En effet, la société d'abondance, croyait-on, avait fait la preuve que le progrès économique, qui
294
servait les individus, pourrait répondre à la plupart de leurs besoins et apaiser leurs angoisses.
Les rationalités modernes projetèrent la possibilité de supprimer les grandes misères, de
contrôler toutes les formes de violences, de subjuguer les maladies (et peut-être la mort), de
supprimer les facteurs imprévisibles du devenir historique, de maîtriser parfaitement
l'environnement naturel, mais, surtout, de répondre aux besoins de chaque individu en lui
assurant protection, droit et sécurité, elles préparèrent le terrain de la démythification des
représentations religieuses.

Aujourd’hui, notre monde est en décadence, aux prises aux pires calamités existentielles. La
violation des interdits et des tabous, la normalisation et la légalisation des travers sociaux érigés
en mode de vie par les institutions mondiales, heurtant le bon fonctionnement des mœurs, de
la morale et des principes divins, montrent clairement que les lois naturelles, spirituelles et
divines qui, originairement assuraient la protection de l’humanité, ont été dérogées par la raison
cartésienne et les rationalités modernes. L’imaginaire prométhéen dut, pour s’affirmer, refouler
la religiosité humaine. Ce refoulement du spiritisme, de la superstition et du dogmatisme, est
à l’origine des catastrophes que traverse l’humanité. Le monde subit les conséquences de
l’arrogance et de son mépris des dieux. Les épidémies, et notamment la covid 19 qui frappe le
monde, ne sont que la résultante des violations répétées des interdits et des tabous. La sanction
sévère, punissant cette crise de conscience et de moralité, est les cataclysmes à répétition.

Freud fait remarquer que « Le châtiment pour la violation d’un tabou était considéré
primitivement comme se déclenchant automatiquement, en vertu d’une nécessité interne. Le
tabou violé se venge tout seul. Quand des représentations de démons et de dieux, avec lesquels
le tabou est mis en relation, commencent à se former, on attend de la puissance de la divinité
un châtiment automatique... C’est ainsi que le système pénal de l’humanité, dans ses formes
les plus primitives, se rattache au tabou. Celui qui a violé un tabou est de ce fait tabou lui-
même ». La perte des valeurs spirituelles et divines expose l’humanité dans une fragilité
déconcertante.

Nous interpellons l’humanité pour son incrédulité à l’égard des grands récits religieux, et la
multiplication, dans les sociétés surmodernisées de nouvelles conduites rituelles pour négocier
les interdits. Dans son étude intitulée « Prolégomènes à une religiologie du quotidien », Denis
Jeffrey souligne à ce propos qu’il convient de préciser d’emblée que les conduites rituelles
constituent un objet d’étude privilégié pour rendre compte des facettes les plus inédites de
l’expérience religieuse. Les sociétés anciennes étaient régularisées en fonction des interdits et
des tabous qui y assuraient l’équilibre, la protection et la sécurité. L’effritement des grands
mythes religieux entraîne, en effet, un certain flottement des conduites relatives aux interdits.
L’existence d’un ordre religieux significatif synonyme de règles individuelles et collectives, a
pour but de manipuler le sacré et des pratiques issues de ces règles. L’homme est par nature un
producteur de rituels religieux, et sa conduite doit être éclairée à partir d’une conception
religieuse. Ainsi, les conduites individuelles et collectives doivent prendre le sens d’une ritualité
religieuse.

3.2- Ritualisation et harmonisation avec les forces naturelles

La protection de l’homme et la sécularisation de sa vie proviennent de son respect de


l’environnement naturel. La nature, sa situation géographique, sa composition, son étendue et
sa durée ne sont pas l’œuvre de la création de l’homme ni de son imagination. Celle-ci est
295
conçue pour être un cadre vital d’épanouissement spirituel de l’homme. Elle est faite pour
accompagner l’homme dans sa survie. Les lois et les forces qui la régissent sont cosmiques et
divines. C’est pourquoi dans les sociétés les plus anciennes, l’homme, pour avoir accès aux
dieux, passait par la nature dont certains éléments lui servaient de signes et de symboles dans
sa relation avec eux.

Depuis plusieurs siècles déjà, l’homme s’efforce de maîtriser son environnement naturel et
d’utiliser les énergies de la nature pour améliorer sa qualité de vie. Par ailleurs, pour dompter et
faire face à toute hostilité de la nature, ce dernier a mis en place, par la technoscience, un
ensemble de pratiques visant à le soulager vis-à-vis des puissances hostiles de son
environnement naturel. Cependant, force est de souligner que toutes ses voies de solution pour
contourner le mystère naturel, troublent davantage l’ordre fragile de l’environnement naturel et
pire, génèrent encore de l’angoisse.

Aujourd’hui malgré toutes les mesures barrières et les vaccins contre la covid 19, les morts se
comptent en grand nombre et la hantise de la mort précoce a envahi tout l’univers. Comment
alors l’humain peut-il arriver à apaiser son angoisse ? Vu toutes ces déchéances humaines et
cette incapacité de la science à avoir une contre action à la mesure du virus, il est donc nécessaire
de faire une bonne lecture de cette formule de Léon XIII : « à qui veut régénérer une société
quelconque tombée en décadence, on prescrit avec raison de la ramener à ses origines ». Il
convient avec Léon XIII de faire un retour aux valeurs spirituelles qui ont permis aux sociétés
anciennes de s’assurer contre les catastrophes naturelles. Ce que Mircea Eliade précise en ces
termes, « vivre selon des modèles extra-humains, conformément aux archétypes. Vivre
conformément aux archétypes revenait à respecter la « loi », puisque la loi n’était qu’une
hiérophanie primordiale, la révélation des normes de l’existence, faite par une divinité ou un être
mythique ».

Dans les sociétés anciennes, toutes les conjonctures n’incombent pas au hasard, mais de certaines
influences magiques ou démoniaques. Ainsi, s’agissant d’une catastrophe cosmique, la
communauté peut s’adresser au sorcier pour éliminer l’action magique, ou au prêtre pour que les
dieux leur soient favorables. Dans tous les cas, il s’agit de se rappeler de l’existence de l’Être
Suprême et de le prier par l’offrande de sacrifice. Le traitement magico-religieux de la souffrance
provient de l’action magique d’une infraction à un tabou, du passage dans une zone néfaste, de
la colère d’un dieu. On peut dire que la souffrance est considérée comme la conséquence d’un
écart par rapport à la « norme ». Que cette norme diffère d’un peuple à un autre et d’une
civilisation à une autre, cela va de soi. Mais l’importance pour nous est que la souffrance n’est
nulle part dans le cadre des civilisations anciennes considérées comme aveugle et dénuée de
sens. Elle permettait à l’homme de supporter les rigueurs du climat.

En effet, les catastrophes cosmiques (sécheresse, inondation, tempête, maladie, etc.) sont des
souffrances permanentes que subissent les sociétés suite à la violation des lois naturelles. C’est
ainsi que selon Mircea Eliade, les indiens ont élaboré assez tôt une conception de la causalité
universelle, le karma, qui rend compte des événements et des souffrances actuels de l’individu
et explique tout à la fois la nécessité des Mircea transmigrassions. A la lumière de la loi
karmique, non seulement les souffrances trouvent un sens, mais elles acquièrent aussi une valeur
positive. Les souffrances de l’existence actuelle sont non seulement méritées puisqu’elles sont
en fait l’effet fatal des crimes et des fautes commis au cours des existences antérieures.

296
La souffrance est donc imputable à la volonté divine. Une calamité, quelle qu’elle soit (épidémie,
tremblement de terre), ne trouve, d’une manière ou d’une autre, son explication et sa justification
que dans le transcendant, dans l’économie divine. C’est en cela qu’il faudrait rendre manifeste
le contenu religieux de plusieurs conduites de la vie quotidienne, individuelle et collective. Denis
Jeffrey conseille à cet effet la ritualisation de la rencontre avec l’environnement naturel, par le
biais du jardinage. Une maîtrise, cette fois, basée sur une relation harmonieuse entre les éléments
naturels et l’humain. L’environnement n’apparaît plus uniquement comme un objet à exploiter
et à contrôler, mais devient un objet symbolique de communion. L’on avance ici l’hypothèse
que le jardinage serait une conduite de reliance. D’ennemi, l’environnement naturel devient allié.
La communion avec la nature est rassurante en ce sens qu’elle développe chez le jardinier un
sentiment de respect sacré envers la terre. On parle de plus en plus, dans certains milieux, du
« mythe Gaia » pour désigner l’ensemble des croyances et des rituels concernant ce respect sacré
envers la terre.

Le jardinage est l’art de dominer ses inquiétudes face à l’hostilité de l’environnement naturel à
l’aide des rituels et de sa communion avec la nature signe de continuité et d’une éternité
retrouvée. La séparation entre l’homme et son environnement naturel, provoquée par le
développement accéléré des technosciences, est « pontifiable » grâce au jardinage. L’homme ne
se libère pas comme tel de la distance qui le sépare de son environnement naturel. Mais, par le
jardinage, il se permet de pontifier cette rupture sous un mode symbolique. Par le rituel, il
conjure son angoisse, par une œuvre pontificale : œuvre de réunion, d’alliance, de reliance, de
communion avec la nature à maîtriser sa propre peur. Ainsi, il n’est plus question de postuler
avec Marx que la religion est l’opium du peuple, avec Freud que la religion est une sorte de
névrose obsessionnelle universelle, ou que des conduites rationnelles tendent à remplacer les
conduites religieuses.

3.3-Le sacré et le rituel, une protection contre la covid 19

Le sacré et le rituel sont un ensemble de pratiques et de croyances en usage dans un groupe ou


une communauté. Le sacré, l’initiation et la religion relèvent de la croyance. L’investissement
individuel dans ces pratiques perçues comme une nécessité intime, prend source dans la
croyance collective dont elles sont porteuses. Dans les sociétés qui relèvent de l’ethnographie,
la littérature sacrée et religieuse est faite pour être répétée. Elle comporte une signification extra-
littéraire et obéit à différentes règles. Elle n’est pas dénuée de sens car réciter un mythe est un
acte religieux qui ne s’accomplit qu’à certaines conditions. Comme le souligne Marcel Mauss :
les primitifs modernes possèdent des connaissances précises en ethnobotanique, en
ethnozoologie. Dans tous leurs gestes, il y a une activité technique et scientifique à laquelle
s’ajoute, là où nous n’en mettons pas, une activité religieuse. Dans leur activité technique, ils
mettent aussi, il est vrai, une activité morale. Cette superposition soit de la valeur économique,
soit de la valeur religieuse ou de la valeur morale, à une activité purement technique, est un
grand fait des sociétés humaines. Il permet de doser les activités humaines. Dans ce dosage
résidera l’essentiel du travail de l’observateur, qui s’efforcera avant tout de noter les rapports
de la religion avec tous les autres faits sociaux.

L’homme est mû par des règles qui lui imposent tel ou tel totem. De la même façon que
l’esthétique se définit par la notion de beau, que les techniques se définissent par l’efficience
technique, de la même façon que l’économie se définit par la notion de valeur, le droit par la
notion du bien, les phénomènes religieux ou magico-religieux se définissent par la notion de
297
sacré, “le mana“ qui signifie la chose ou l’esprit qui exerce un pouvoir sur l’individu.

Il est vrai que la plupart des situations assumées par l’homme religieux des sociétés et des
civilisations anciennes ont été depuis longtemps dépassées par l’histoire. Mais elles n’ont pas
disparu sans laisser de traces : elles ont contribué à nous faire ce que nous sommes aujourd’hui,
faisant donc partie de notre propre histoire. Quel que soit le contexte historique dans lequel il
est plongé, l’homme religieux croit toujours qu’il existe une réalité absolue, le sacré, qui
transcende ce monde-ci, mais qui s’y manifeste et, de ce fait, le sanctifie et le rend réel. La vie
a une origine sacrée et l’existence humaine actualise toutes les potentialités dans la mesure où
elle est religieuse, c’est-à-dire qui participe à la réalité. Les dieux ont créé l’homme et le monde,
les Héros civilisateurs ont achevé la Création, et l’histoire de toutes ces œuvres divines et semi-
divines est conservée dans les mythes. En réactualisant l’histoire sacrée, en imitant le
comportement divin, l’homme s’installe et se maintient auprès des dieux, c’est-à-dire dans le
réel et le significatif.

La connaissance sacrée et, par extension, la sagesse sont conçues comme le fruit d’une
initiation, et il est significatif de trouver le symbolisme obstétrique lié à l’éveil de la conscience
suprême. Nous convenons ainsi avec André Malraux qui déclarait que « le problème capital de
la fin du siècle sera le problème religieux, sous une forme aussi différente de celles que nous
connaissons que le christianisme le fut des religions antiques » et « je pense que la tâche du
prochain siècle, en face de la plus terrible menace qu’ait connue l’humanité, va être d’y
réintégrer les dieux ». Quels que soient le degré de conviction intime et la nature de celle-ci que
chacun puisse avoir en termes de transcendance ou d’immanence, le respect de la spiritualité.
Le rituel réfère donc à un système codifié de croyance, plutôt rigide qui conditionne les
pratiques de manipulation des interdits sacrés. Il actualise périodiquement un mythe qui se
présente comme un cadre formel qui cadastre la vie en société. Le rituel se présente comme un
espace de protection symbolique entre l’interdit et l’humain. La maîtrise maximale des interdits,
en effet, devient une entreprise de protection symbolique contre le risque de rencontre
impromptue avec le covid 19 et de prévision de chacune des conduites humaines. Le rituel, dans
sa forme achevée, renvoie à la morale d’une société dont le dessein ultime est de fixer des
normes universelles de conduite. Le rituel a pour fonction d’actualiser le mythe. L’actualisation
du mythe éveille la puissance des interdits. Selon cette logique, le mythe est porteur de la
puissance protectrice sacrée, et les rituels ont comme fonction d’éveiller celle-ci.

Conclusion

Toute crise existentielle met de nouveau en question à la fois la réalité du Monde : la crise
existentielle, notamment la pandémie de la covid 19, est, en somme, « religieuse », puisque,
aux niveaux des cultures anciennes, l’être se confond avec le sacré. C’est l’expérience du sacré
qui fonde le Monde, et même la plus élémentaire religion est, avant tout, une ontologie. Car la
religion est la solution exemplaire de toute crise existentielle, non seulement parce qu’elle est
considérée d’origine transcendantale et, en conséquence, valorisée en tant que révélation reçue
d’un autre monde, transhumain. « La solution religieuse non seulement résout la crise, mais en
même temps rend l’existence « ouverte » à des valeurs qui ne sont plus contingentes ni
particulières, permettant ainsi à l’homme de dépasser les solutions personnelles et, en fin de
compte, d’accéder au monde de l’esprit ».

298
La notion de sacré évoque la présence des interdits. La production des rituels, loin d'être propre
à des sociétés traditionnelles, concerne aussi les sociétés actuelles. L'importance du religieux
est de négocier les moments forts de la vie. Or l'activité rituelle est essentielle à la vie humaine
pour maîtriser l'excès de vie. La religiologie du quotidien, permet de donner un sens religieux
à plusieurs activités humaines, de prendre connaissance avec les littératures sacrées, se
familiariser avec quelques mythologies et théologies orientales ou du monde classique. Seule
notre relation avec le sacré peut nous aider à sortir des spirales des crises épidermiques. Rien
de ce qui appartient à la sphère du profane ne participe à l’Être, puisque le profane n’a pas été
fondé ontologiquement par le mythe, il n’a pas de modèle exemplaire. Pour les Anciens et les
hommes de toutes les sociétés prémodernes, le sacré est une puissance, c’est-à-dire à la fois
réalité, pérennité et efficacité. Rien ne devrait plus nous séparer de nos traditions et de nos
religions qui, depuis les temps immémoriaux ont protégé l’humanité par la force et la puissance
découlant du respect des choses sacrées, des interdits et des tabous. Ainsi la dévotion aux dieux
par les rituels a-t-elle conjuré les malédictions et les pandémies.

Bibliographie

• André MALRAUX, « L’homme et le fantôme », Cahier de l’Herne, p. 436


• Denis JEFFREY, Ritualité et postmodernité. Pour une éthique de la différence, thèse de doctorat
en sciences des religions, UQAM, 1993.
• Denis DHYVERT, Les Cahiers de Science et Vie - n° 176 -mars 2018 – civilisations disparues,
p. 32
• Denis DHYVERT, « Réflexion prospective sur le devenir de la société humaine : quels
sont ou seront les acteurs et les dynamiques des changements à venir ? », Les Cahiers du
CEDIMES, La société après la crise du covid 19 : première approche, vol. 15 hors-série, ISSN :
2110-6045.
• Germaine BONI, Impact de la Covid-19 sur l’environnement : ce que proposent les experts.
Fraternité matin du samedi 6 juin 2020, p.10.
• Léon XIII (encyclique Rerum novarum, 15/05/1891)
• Marcel MAUSS, Manuel d’ethnographie, Editions PAYOT, Paris, 1971, p. 204
• Marcello CANUTO, anthropologue de l’université Tulane (États-Unis), cité dans Sciences et
Vie n° 1221 du 23/05/2019
• Mircea ELIADE, Le sacré et le profane, Gallimard, Paris, 1957, p. 173, p. 179
• Mircea ELIADE, Le mythe de l’éternel retour, archétypes et répétitions, Gallimard, 1969, p.11 ;
p. 112. P.115
• Sigmund FREUD, Totem et Tabou, PAYOT, Paris, 1965, p. 31
• Sigmund FREUD, Totem et Tabou, Editions PAYOT, Paris, 1965, pp. 29-30.
• Victor Witter TURNER, Le phénomène rituel. Structure et contre structure, Paris, PUF, 1990,
p. 13.
• WUNDT, cité par Freud in Totem et Tabou, p. 30
• Questions et Réponses sur le Covid-19 [mise à jour : 22 janvier 2021], https://www.oie.int/fr/ce-
que-nous-proposons/urgence-et-resilience/covid-19/#ui-id-2

299
LA PROBLEMATIQUE DE L’EVANGELISATION DANS LE VICARIAT
DE LOANGO : ENTRE ZELE MISSIONNAIRE ET COLONISATION

Davespoir NGOMA LOUAMBA


Doctorant en Sciences Historiques, GERMTIC, Université Marien Ngouabi
Congo (Brazzaville)

michelalain.mombo@gmail.com

Résumé

Comprendre la problématique de l’évangélisation dans le plus ancien vicariat de Loango, c’est se


rappeler le contexte qui accompagnait l’évangélisation au cours de cette période particulière.
Cet article résume l’épopée missionnaire de ces Athlètes de Dieu dont parle Le professeur Dominique
Ngoie Ngalla dans son ouvrage intitulé : « Au royaume de Loango, les Athlètes de Dieu », paru en 2010.
Aujourd’hui, pour saisir l’histoire du Vicariat Apostolique de Loango, il convient d’analyser la
problématique de l’évangélisation qui se situe entre le zèle missionnaire et le contexte colonial. Entre
glaive et bible, comment comprendre l’évangélisation dans un contexte colonial ?

Mots clés : vicariat, évangélisation, Loango, colonisation

Abstract

To understand the problem of evangelism in Loango's oldest vicarage is to remember the context that
accompanied evangelism during this particular period.
This article summarizes the missionary epic of these Athletes of God that Professor Dominique Ngoie
Ngalla talks about in his book: In the Kingdom of Loango, The Athletes of God, published in 2010.
Today, to capture the history of the Apostolic Vicariat of Loango, it is necessary to analyze the problem
of evangelization that lies between missionary zeal and the colonial context. Between sword and bible,
how can we understand evangelism in a colonial context ?

Key words : vicarage, evangelization, Loango, colonization

Classification JEL Z 0

INTRODUCTION

Si la colonisation fut un mal nécessaire comme nous le rappelle l’histoire, cette assertion se
vérifie dans le cadre du Royaume de Loango. En effet, dans le processus de l’évangélisation
dans le vicariat de Loango, cet adage se confirme dans la mesure où l’évangélisation, dans cette
partie du moyen Congo, s’est faite entre le zèle missionnaire qui a permis d’éduquer et de
soigner les populations indigènes et la colonisation.

Cette présente étude, tout en s’appuyant sur les faits historiques, se donne pour objet d’analyser
les bienfaits de l’évangélisation à la lumière d’une période aussi sombre qu’a connu l’Afrique
à travers la colonisation.
300
Entre ombre et lumière, glaive et bible, l’évangélisation en terre africaine et dans le vicariat
apostolique de Loango en particulier, nous rappelle, non plus l’histoire d’un choc de civilisation,
mais des rencontres émouvantes entre peuples.

1 - L’HISTOIRE DU VICARIAT APOSTOLIQUE DE LOANGO

Le Vicariat Apostolique du Loango (Latin : Vicariatus apostolicus de Loango) est déclaré


territoire de mission de 1'Eglise catholique en Afrique centrale par le Pape Léon XIII, le 25
Août 1883, d'abord sous le nom de Vicariat apostolique du Congo français, par la division du
diocèse de de San Salvador (Mbanza-Congo) et du Vicariat des deux-Guinées. Divise, sous le
nom de Bas-Congo français, le 14 octobre 1890, il prend le nom de Vicariat apostolique de
Loango, le 22 avril 1907, puis Vicariat apostolique de Pointe-Noire le 20 janvier 1949 et devient
diocèse de Pointe-Noire le 14 septembre 1955. Cet article se donne pour objectif de mieux
connaitre les civilisations des pays qui formaient le Vicariat du Loango et les difficultés liées à
l’évangélisation dans un contexte de colonisation.

2 - CONTEXTE DE L’EVANGELISATION DANS LE VICARIAT DE LOANGO

L’évangélisation découle immédiatement des consignes de Jésus : « Allez, de toutes les nations
faites des disciples » (Mt 28, 19-20). Elle peut revêtir diverses formes : prière, prédication,
témoignage, inculturation et invitation à s’engager. Dans le vicariat de Loango, il s’est agi plutôt
d’évangélisation et d’inculturation dans un contexte marqué par la colonisation.

L’évangélisation s’est faite non sans difficultés. C’est dans ce sens que le vicariat de Loango
actuel, diocèse de Pointe noire, Nkayi et Dolisie, accueillit les premiers missionnaires. Comme
le souligne Côme Kinata, c’est par décret de la Sacrée Congrégation de la Propagande du 9
Septembre 1865 que l’ancienne préfecture apostolique du Congo abandonnée par les Capucins
depuis 1836, fut confiée à la Congrégation du Saint Esprit. Le Révérend Père Carrie, vice-préfet
apostolique, dont la résidence était à Landana, fondait une résidence à Loango, le 25 août
1883 ».

Mais à quelles difficultés étaient confrontés les premiers missionnaires dans la préfecture
apostolique de Loango et quel a été l’impact de la colonisation dans cette approche de
l’évangile ? Telles sont les principales questions auxquelles, nous répondrons au cours de cette
étude qui porte sur la problématique de l’évangélisation dans le vicariat de Loango qui est entre
zèle missionnaire et colonisation.

3 - « PAUVRE LOANGO » ET LE ZELE MISSIONNAIRE AU SERVICE DE


L’EVANGELISATION

Selon le Révérend Père Guy Panier, l’expression « Le pauvre Loango ! » est la manière dont on
désignait « ce vicariat apostolique, le plus ancien pourtant du Congo. Une vision pessimiste
portée sur cette Mission et qui lui collait à la peau comme une étiquette un peu méprisante : les
missionnaires spiritains et leur vicaire apostolique étaient très vivement suspectés d'avoir laissé
301
végéter l'évangélisation de cette région du pays... »

Pour l’abbé Tibert Mavoungou, dont la thèse de Doctorat porte sur un aspect de l'évangélisation
dans le vicariat apostolique de Loango de 1886-1947 : « L’évangélisation du vicariat du Congo
français (Loango) et la formation d'un clergé indigène sont à replacer avant tout dans le contexte
historique de la colonisation. Les explorations de Brazza et Stanley ont ouvert la voie à la
colonisation. La conquête coloniale va permettre la pénétration de la foi chrétienne à l'intérieur
du continent. La France, le Portugal, l'Angleterre, l'Allemagne s'engagent dans la course au
Congo et chaque puissance est soucieuse de sauvegarder ses colonies ».

Les difficultés d’évangélisation étaient aussi liées à la violence même de la colonisation par ces
missionnaires zélés venus évangéliser le vicariat apostolique de Loango.

Les premiers missionnaires, comme le reconnait l’abbé Tibert Mavoungou dans sa thèse,
avaient en tête la question de l’inculturation en pensant à la formation d’un clergé indigène.
« L'idée de formation d'un clergé africain avait été fortement soutenue par Libermann et ses
missionnaires. Des Papes comme Benoît XV et Pie XI en avaient fait largement écho. La
nécessité d'un clergé indigène comme agent principal d'inculturation du Christianisme avait
toujours été établie ».

Ces missionnaires, reconnaissons-le, ont traduit dans nos langues vernaculaires la bible pour
que nous comprenions l’évangile sans difficulté ; ils ont aussi harmonisé nos chants pour
améliorer nos liturgies. Leur zèle missionnaire a poussé certains d’entre eux à s’investir dans
l’éducation, la santé et le bien- être des populations. C’est le cas de Mgr Carrie dont la devise
missionnaire était simple : « évangéliser et "civiliser" le Congo ».

Sa méthode tient en quelques mots : « Nous devons créer des ressources locales et un personnel
indigène ». Education, formation des enfants, formation d'un clergé local et d'instituteurs sont
ses clés de voûte. Les écoles étaient pour lui l’un des moyens sûrs pour garantir la « propagation
rapide et solide de l'enseignement chrétien ».

Quand on arrive à Loango, pour nous autres qui y avons été formés, il y a cette phrase de Mgr
Carrie dont on se souviendra toujours : « travaillez, vous aviez une éternité pour vous reposer ».

C’est à juste titre que leur rendant hommage, Dominique Ngoie Ngalla, les qualifia « d’Athlètes
de Dieu » dans son ouvrage qui porte le même nom.

Pour lui, ces spiritains sont « des produits malgré eux d’une époque particulière, ces athlètes de
Dieu appartenaient à un milieu qui avait ses préjugés et ses stéréotypes. Ils n’étaient certes pas
toujours des héros, mais assurément des hommes de devoir ».

Son ouvrage intitulé : Au Royaume du Loango, les athlètes de Dieu, éclaire les zones d’ombre
dans cette épopée des Pères du Saint Esprit qui affrontèrent la brousse du royaume de Loango.

302
4 - L’IMPACT DE LA COLONISATION DANS L’EVANGELISATION DANS LE
VICARIAT DE LOANGO

Le Révérend Père Guy Panier le reconnait dans son ouvrage cité plus haut dans l’œuvre de
l’évangélisation dans le vicariat de Loango, nous rappelle-t-il : « il y a du bon, de l'excellent,
mais aussi du moins bon, même du mauvais, et parfois de l'inacceptable pour les mentalités de
notre temps ! » C’est ce moins bon, ce mauvais et parfois l’inacceptable que nous allons
analyser dans ce chapitre.

Oriane MARCK dans son mémoire de Master 2 souligne avec force que « La colonisation
occidentale de l’Afrique centrale s’accompagne d’un processus d’évangélisation de ce
continent. Le regard des missionnaires européens qui se succèdent au Congo (sur les deux
territoires actuels du Congo-Brazzaville et du Congo-Kinshasa) entre le XVe et le XXe évolue
avec l’Histoire, et influence dans le même temps toute la pensée ecclésiastique ».

Ainsi, le vicariat de Loango de Pointe-Noire à Mouila en passant par Nkayi et Dolisie a connu
des difficultés liées à la colonisation dans sons processus d’évangélisation. Parmi les difficultés
rencontrées par les missionnaires de la préfecture de Loango, figurent en bonne place : le rejet
manifeste de la culture africaine et de la hiérarchie cléricale indigène, la divergence des logiques
d'évangélisation entre certains vicaires apostoliques et leurs collaborateurs conservateurs, la
valeur intrinsèque attachée auxdites méthodes et leurs corollaires... ».

Pour Phyllis M. Martin, « la topographie des bâtiments de la mission reflétait les relations
hiérarchiques et complémentaires de ses différents habitants basées sur la race, le genre et la
culture catholique. Selon l'accord conclu à T origine, les chefs Vili avaient cédé 100 hectares
au Père Carrie... La propriété et les bâtiments symbolisaient la puissance matérielle et technique
des missionnaires et l'ensemble du complexe constituait un véritable royaume politique. Les
fonctionnaires français du petit poste administratif de Loango, à trois kilomètres au nord étaient
pratiquement dépassés par la préparation des grandes expéditions vers l'intérieur qui leur
incombait, tandis que les sociétés africaines avoisinantes en plein bouleversement se faisaient
conciliantes et offraient peu de résistance politique évidente ».

CONCLUSION

L’histoire de l’évangélisation dans le Vicariat du Congo est l’histoire des Athlètes de Dieu, par
leur courage et leur bravoure et l’histoire de la domination coloniale. L’évangile, pour peu qu’il
soit pacifique à travers son message, n’a pas toujours été propagé dans des contextes de paix.

Entre le glaive et la bible, la place de l’indigène n’a pas toujours été des meilleures.

Mais au-delà, de cette épopée, nous avons retenu que la rencontre des peuples à travers la
migration est la plus grande des richesses humaines.

303
BIBLIOGRAPHIE

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• ROMAIN, Vincent. Un espace culturel colonial : Musiques Africaines en Belgique et au Congo,
L'Harmattan, Paris, FRANCE (1993) (Revue) 295 p

304
SUR LA LICÉITÉ D‘UNE OBLIGATION VACCINALE ANTI-COVID

Philippe SEGUR
Professeur de droit public
Université de Perpignan Via Domitia, FRANCE

Résumé :
Est-il juridiquement possible de rendre la vaccination anti-covid obligatoire ? En considérant les
autorisations de mise sur le marché délivrées pour les vaccins et le droit positif applicable, la réponse
paraît négative. En effet, la question de l’obligation vaccinale doit être analysée sous l’angle qui devrait
être le sien : celui de l’expérimentation médicale à propos de laquelle les règles du droit de l’Union
européenne comme celles du droit français sont clairement établies.

Mots-clés : Covid-19, Vaccination, consentement libre et éclairé, expérimentation biomédicale, essais


cliniques, éthique médicale

Abstract :
Is it legally possible to make anti-covid vaccination mandatory? Considering the marketing
authorizations issued for the vaccines and the positive law, the answer appears negative. Indeed, the
question of the vaccine requirement must be analyzed as a medical experimentation on which the
European Union law and the French law are clearly established.

Key-words : Covid-19, Immunization, free and informed consent, biomedical experimentation, clinical
trials, medical ethics

Introduction

Quatre vaccins anti-covid sont aujourd’hui autorisés en France : le vaccin Moderna, le vaccin
Pfizer & BioNTech (nom de marque : Comirnaty), le vaccin Astrazeneca (nom de marque :
Vaxzevria) et le vaccin Johnson & Johnson (nom de marque : Janssen). La vaccination –
technique médicale consistant à inoculer une substance capable de procurer une immunité
contre une maladie infectieuse – est la réponse prioritairement choisie par les pouvoirs publics
français en réponse à la pandémie de covid-19. Devant les résistances d’une partie de la
population, la question de savoir s’il ne faudrait pas la rendre obligatoire pour les soignants,
voire pour tous les Français, a fait son entrée dans le débat public1.

De manière générale, l’obligation vaccinale trouve son fondement dans plusieurs textes
internationaux et nationaux. Le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et
culturels du 16 décembre 1966 prévoit qu’afin de garantir le droit à la santé individuel, les États
devront prendre les mesures nécessaires pour assurer « la prophylaxie et le traitement des
maladies épidémiques » (art. 12). En France, c’est le ministre chargé de la santé qui élabore la
politique de vaccination et la loi qui détermine quels vaccins sont obligatoires. Onze d’entre

1
Académie nationale de médecine, « La vaccination des soignants contre la Covid-19 doit devenir
obligatoire », Communiqué de l’Académie nationale de médecine, 9 mars 2021.
305
eux le sont aujourd’hui pour les enfants (art. L3111-2 CSP)1. Les professionnels de santé et
thanatopracteurs sont également assujettis à certaines obligations vaccinales de même que les
voyageurs qui souhaitent se rendre en Guyane. Il est, par ailleurs, admis que « lorsqu’un petit
nombre de décès survient dans le cadre d’un programme de vaccination dont le seul but est de
protéger la santé de la société en éliminant les maladies infectieuses », cela ne constitue pas une
atteinte au droit à la vie protégé par la Convention européenne des droits de l’homme du 4
novembre 19502. Les bénéfices de la vaccination, en effet, ne sont plus à démontrer : elle a
permis l’éradication de la variole, une diminution de 99% des cas de poliomyélite entre 1988 et
2016, une réduction considérable des cas de tétanos, rougeole, diphtérie, coqueluche, etc 3. À
l’inverse, la recrudescence de certaines maladies infectieuses létales est liée à la diminution de
la couverture vaccinale, ce qui peut justifier de rendre les vaccins obligatoires4.

Dans une affaire récente, la Cour européenne des droits de l’homme a paru donner des gages
aux États désireux d’imposer cette obligation en matière de lutte contre la covid-19. Dans l’arrêt
Vavřička du 8 avril 2021, elle a considéré que si la vaccination obligatoire des enfants était une
ingérence dans la vie privée, celle-ci était nécessaire dans une société démocratique au nom de
la solidarité sociale5. Ce jugement, assorti du fait que le gouvernement français était intervenu
dans la procédure, a été interprété comme un argument supplémentaire en faveur de l’obligation.
Cela d’autant plus que le Conseil constitutionnel avait déjà refusé en 2015 de déclarer contraire
à la Constitution l’obligation de vaccination infantile contre la poliomyélite, la diphtérie et le
tétanos6.

La crise sanitaire née de la pandémie de covid-19 pourrait donc justifier de rendre la vaccination
obligatoire par voie législative pour un motif de santé publique. Le caractère exceptionnel des
circonstances ne doit cependant pas faire oublier celui du moyen médical employé pour la faire
cesser, à savoir le caractère inédit des procédés vaccinaux utilisés. Ainsi l’autorisation de mise
sur le marché qui a été donnée aux fabricants en procédure accélérée par l’Agence européenne
des médicaments (EMA) est conditionnelle. Selon l’EMA, ce type d’autorisation est délivrée
« sur la base de données moins complètes que ce qui est normalement requis » et suppose que
le fabricant s’engage à « fournir des données cliniques complètes à l’avenir ». Les rapports
européens publics d’évaluation (EPAR) rendus au sein de l’Agence européenne des
médicaments pour Pfizer7 et Moderna8 indiquent que les laboratoires pharmaceutiques doivent
encore « fournir les résultats de l’essai principal, qui se poursuit pendant deux ans ».
L’autorisation de mise sur le marché a été octroyée à Pfizer le 21 décembre 2020 jusqu’en
décembre 2022. Le « rapport final de l’étude clinique » sera remis en décembre 2023. Pour
Moderna, l’autorisation a été donnée le 6 janvier 2021 jusqu’en janvier 2023. Le « rapport final

1
Loi n° 2017-1836 du 30 décembre 2017 de financement de la sécurité sociale pour 2018, JORF, 31 déc.
2017.
2
Commission EDH, 12 juill. 1978, Association X. Contre Royaume-Uni, n°7154/75.
3
D. Lévy-Bruhl. « Politique vaccinale », in F. Bourdillon (dir.), Traité de santé publique. Lavoisier,
2016, pp. 311-322.
4
Ph. Sansonetti, « La défiance vis-à-vis des vaccins, un luxe pour ceux qui sont protégés par les
autres ? », Après-demain, vol. n° 42, n° 2, 2017, pp. 9-11.
5
CEDH, 8 avr. 2021, Vavřička c. République tchèque, n°46621/13.
6
CC, déc. n° 2015-458 QPC, 20 mars 2015, Époux L.
7
Comirnaty. An overview of Comirnaty and why it is authorised in the EU, EMA/215190/2021, p. 4.
8
Covid-19 Vaccine Moderna. An overview of COVID-19 Vaccine Moderna and why it is authorised in
the EU, EMA/704373/2020, p. 4.
306
de l’étude clinique » sera remis en décembre 2022. Le fait qu’il s’agisse d’une vaccination en
phase expérimentale ne saurait donc faire de doute.

Pour les deux autres vaccins, l’autorisation de mise sur le marché est également conditionnelle.
Le vaccin AstraZeneca a été autorisé le 29 janvier 2021 et le vaccin Johnson & Johnson le 11
mars 2021. Les sociétés qui les commercialisent devront continuer de « fournir les résultats des
essais cliniques, qui sont en cours », comme l’indiquent les rapports d’évaluation du premier et
du second1. Pour AstraZeneca, les « rapports d’étude cliniques finaux » sont attendus le 31 mai
20222. Ceux du vaccin Johnson & Johnson sont attendus le 31 décembre 20233. La formule
« essai clinique » utilisée par l’Agence européenne est sans équivoque. Cette notion est définie
par la directive 2001/20/CE du Parlement européen et du Conseil du 4 avril 2001 4. Selon ce
texte, un essai clinique est une « investigation menée chez l’homme, afin de déterminer ou de
confirmer les effets cliniques, pharmacologiques et/ou les autres effets pharmacodynamiques
d’un ou de plusieurs médicaments expérimentaux (…) dans le but de s’assurer de leur innocuité
et/ou efficacité ». On notera, par exemple, qu’en dehors même des incertitudes relatives à leur
technique spécifique – ARNm ou ADN recombiné5 –, « aucune étude de cancérogénicité n’a
été réalisée » pour le vaccin Moderna et « aucune étude de génotoxicité ou de cancérogénicité
n’a été réalisée » pour les vaccins Pfizer, AstraZeneca et Johnson & Johnson.

L’ensemble de ces informations suffisent à convaincre que la pandémie de covid-19 a conduit


les autorités sanitaires à autoriser une expérimentation vaccinale à grande échelle inédite dans
l’histoire de la médecine. En période d’urgence, rien ne paraît juridiquement s’y opposer tant
sur le plan de la santé individuelle afin de protéger les personnes vulnérables que sur le plan de
la santé publique pour éviter la saturation des structures hospitalières. En revanche, le caractère
expérimental de la vaccination invite le juriste à en recontextualiser l’usage, car en cette matière,
le droit interne comme le droit international ont historiquement construit la notion de
consentement du sujet comme garde-fou pour empêcher toute dérive (I). Dès lors, ce principe
du consentement semble suffisamment bien établi pour constituer un obstacle à l’obligation
vaccinale aussi longtemps que les phases de tests cliniques ne seront pas terminées (II).

1
COVID-19 Vaccine Janssen. An overview of COVID-19 Vaccine Janssen and why it is authorised in
the EU, EMA/229490/2021; Vaxzevria. An overview of Xaxzevria and why it is authorised in the EU,
EMA/213411/2021.
2
Committee for Medicinal Products for Human Use, Covid-19 Vaccine AstraZeneca, Assessment report,
EMA/94907, 20 January 2021, p. 176.
3
Committee for Medicinal Products for Human Use, Covid-19 Vaccine Janssen, Assessment report,
EMA/158424, 11 March 2021, p. 209.
4
Directive 2001/20/CE du Parlement européen et du Conseil du 4 avril 2001 concernant le rapprochement
des dispositions législatives, réglementaires et administratives des États membres relatives à l'application
de bonnes pratiques cliniques dans la conduite d'essais cliniques de médicaments à usage humain, J.O.
n° L121, 1er mai 2001, p. 34-44.
5
Janssen Vaccines & Prevention B.V., Summary Notification Information Format for the Release of
Genetically Modified Organisms Other Than Higher Plants in Accordance with Article 11 of Directive
2001/18/EC, Ad26COVS1, 6 July 2020.
307
1. LE LIBRE CONSENTEMENT, UN FREIN À L’EXPÉRIMENTATION MÉDICALE

Le conflit historique entre l’éthique et l’expérimentation médicale

À partir du XVIe siècle, les progrès de la médecine ont incité aux expérimentations1. C’est
d’ailleurs l’une d’elles qui a permis l’invention du vaccin. En 1796, le docteur Edward Jenner
inocule à un enfant de huit ans du pus prélevé sur une trayeuse de vaches atteinte d’une maladie
infectieuse des bovidés, la vaccine. En l’exposant ensuite à un malade contagieux, il démontre
que l’injection a immunisé l’enfant contre la variole. La foi dans le progrès et l’exaltation des
découvertes scientifiques incitent alors à expérimenter sur les « corps vils », jugés de peu de
valeur : les détenus, les internés, les esclaves, les indigènes, les prostituées. Au XVIIIe siècle,
des médecins se livrent à des expériences sur des esclaves noirs dans les colonies européennes
des Antilles et d’Amérique du Nord2. L’inoculation préventive de maladies comme la petite
vérole est utilisée sur des populations entières afin de tenter l’immunisation dans un contexte
d’expérimentation de masse

Au XIXe siècle, les expériences se multiplient. Certains médecins témoignent d’une haute
conscience éthique. C’est le cas, en 1833, d’un chirurgien militaire américain, William
Beaumont, qui mène des expériences sur un patient atteint d’une fistule à l’estomac, mais
seulement après avoir sollicité son accord et l’avoir engagé à cette fin3. En 1856, Claude
Bernard, en posant les principes de la méthode expérimentale, recommande de « ne jamais
pratiquer sur un homme une expérience qui ne pourrait que lui être nuisible à un degré
quelconque »4. Cependant le 15 décembre 1859, le tribunal correctionnel de Lyon condamne
pour blessures volontaires deux médecins hospitaliers qui ont volontairement inoculé la syphilis
à un garçonnet de dix ans venu consulter pour une teigne5. En 1884, Louis Pasteur lui-même
écrit à l’empereur du Brésil pour lui demander l’autorisation de contaminer des condamnés à
mort avec le choléra afin d’essayer sur eux des traitements6. Les exigences de l’expérimentation
sont donc loin d’être d’emblée synonymes d’éthique. En 1892, en Allemagne, un médecin
directeur de clinique est condamné pour avoir injecté la syphilis à des prostituées et à des
mineurs à leur insu. À la suite de cette affaire, les services de santé allemands adoptent le 29
décembre 1900 une instruction aux directeurs de cliniques, polycliniques et établissements
hospitaliers qui leur impose en matière d’expérimentation « le consentement clair » de la
personne concernée7.

1
Ph. Amiel, « Expérimentation sur l’être humain », in C. Bonah, J.-M. Mouillie et al., Médecine, santé
et sciences humaines, Les Belles Lettres, pp. 564-576, 2011.
2
G. Chamayou, Les corps vils. Expérimenter sur les êtres humains aux XVIIIe et XIXe siècles, La
Découverte, 2014, pp. 341-384.
3
W. Beaumont, Experiments and Observations on the Gastric Juice, Plattsburgh, P. P. Allen, 1833, p.
20.
4
C. Bernard, Introduction à la médecine expérimentale, J. B. Baillère & Fils éd., 1865, II, chap. 2, § 3.
5
A. Claudy, Histoire de la dermatologie lyonnaise, Société française d’Histoire de la dermatologie.
6
L. Pasteur, Lettre adressée à Pedro II, empereur du Brésil, 22 sept. 1884, Archives Nationales,
AB/XIX/3332.
7
Schleswig-Holstein Ministerium für Soziales, Gesundheit, Jugend, Familie und Senioren,
Wissenschaftliche Untersuchung der Praxis der Medikamentenversuche in schleswig-holsteinischen
Einrichtungen der Behindertenhilfe sowie in den Erwachsenen-, Kinder- und Jugendpsychiatrien in den
Jahren 1949 bis 1975, 12 Januar 2021, p. 35.
308
C’est un médecin français, Pierre-Charles Bongrand, qui émet le premier l’idée moderne selon
laquelle le sujet humain – et non le médecin – est au centre du dispositif expérimental. En 1905,
dans sa thèse pour le doctorat en médecine, il constate que, tout en étant indispensables au
progrès médical, les expériences sur l’être humain sont immorales, car elles sacrifient l’individu
à la collectivité. C’est pourquoi il propose d’instaurer entre l’expérimentateur et le sujet un
accord fondé sur le « consentement préalable »1. Cette conception ne se traduira pas
immédiatement dans le droit2. Le principe du consentement éclairé du patient sera d’abord
consacré pour la seule relation thérapeutique par la Cour de Cassation le 28 janvier 19423. Quant
à la recherche médicale, on continuera de présupposer qu’elle est humaniste du seul fait qu’elle
vise à l’amélioration du sort de la collectivité. « Le labeur des hommes de génie, même orienté
dans une direction erronée, finit presque toujours par tourner au plein avantage de l’humanité »,
écrivait ainsi Mary Shelley dans Frankenstein en 1818.

Le XXe siècle a pourtant largement démenti le présupposé des finalités humanistes de toute
recherche médicale. Ainsi l’Unité 731, créé par le Japon impérial en 1932 aurait fait périr plus
de dix mille prisonniers servant de cobayes humains en laboratoire4. En août 1944, le médecin
en chef de l’armée japonaise, Nakamura Hirosato, a provoqué la mort de neuf cents Indonésiens
après avoir ordonné l’injection expérimentale d’un vaccin contenant de la toxine tétanique
chimiquement modifiée5. En Allemagne, ni le serment d’Hippocrate, ni les directives du
gouvernement sur les thérapeutiques nouvelles et l’expérimentation scientifique du 28 février
1931 qui prévoyait que l’expérimentation était interdite « dans tous les cas où le consentement
fait défaut » n’auront été suffisants pour empêcher les dérives médicales les plus tragiques. Le
IIIe Reich a procédé à des expériences à vaste échelle sur des juifs déportés. À Auschwitz, à
Buchenwald, à Dachau, à Natzwzeiler, les médecins nazis ont utilisé des cobayes humains
auxquels ont été inoculés des pathogènes tels que le typhus, la fièvre jaune, la variole, la
typhoïde, le choléra et la diphtérie afin de chercher des vaccins ou de mettre au point des
traitements permettant l’immunité6.

La consécration du consentement éclairé après 1947

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, vingt médecins et trois fonctionnaires nazis


seront accusés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité et jugés à Nuremberg du 9
décembre 1946 au 20 août 1947. Le jugement du Tribunal militaire américain des 19 et 20 août
19477 établit une liste des dix critères retenus pour apprécier les expérimentations reprochées

1
P.-C. Bongrand, L’expérimentation sur l’homme. Sa valeur scientifique et sa légitimité, 1905, Presses
de l’Institut Gustave Roussy/IGR Press.fr, 2011, p. 122.
2
Ph. Amiel, Des cobayes et des hommes ; expérimentation sur l'être humain et justice, Les Belles Lettres,
2011.
3
Cass, 28 janv. 1942, Teyssier, Gaz. Pal. 1942, 1, p. 177 ; B. Hoerni et J.-P. Bouscharain, « Arrêt Teyssier
de la Cour de Cassation, 28 janvier 1942 : quelques remarques sur une décision “oubliée” », Histoire des
sciences médicales, t. XXXV, n°3, 2001.
4
R. Working, « The Trial of the Unit 731 », The Japan Times, 5 June 2005.
5
J. K. Baird, « War Crimes in Japan-Occupied Indonesia: Unraveling the Persecution of Achmad
Mochtar », The Asia-Pacific Journal Japan Focus, Jan. 1, 2016, vol. 14, issue 1, n° 4.
6
J. Graven, « Le procès des médecins nazis et les expériences pseudo-médicales. Esquisse d’une étude
de synthèse, Annales de droit international médical, n°8, juin 1962, p. 5.
7
Ph. Amiel, « Expérimentations médicales : les médecins nazis devant leurs juges », in F. Vialla, Les
grandes décisions du droit médical, LGDJ, 2009, pp. 431-444.
309
aux accusés et connus aujourd’hui sous le nom de « Code de Nuremberg »1. Parmi eux, se
trouve le principe du consentement éclairé du sujet. Pour leur défense, les accusés prétendaient
qu’en temps de guerre, le serment d’Hippocrate ne tenait plus et que l’État pouvait décider de
faire primer l’intérêt de la science sur celui de l’individu pour le bénéfice de la Nation. En
réponse à cet argument, les juges de Nuremberg définirent des principes qui ne devaient pas
dépendre d’une consécration juridique déterminée – c’est-à-dire du droit de tel ou tel État –
mais d’une éthique médicale universelle et même du droit international2. C’est pourquoi le Pacte
international sur les droits civils et politiques, adopté par l’Assemblée générale des Nations-
Unies le 16 décembre 1966, prévoit à son tour qu’« il est interdit de soumettre une personne
sans son libre consentement à une expérience médicale ou scientifique » (art. 7).

En raison de leur atrocité, les crimes des médecins nazis ont laissé croire qu’il s’agissait d’un
accident monstrueux de l’Histoire, faisant ainsi oublier ce qu’Hannah Arendt appelle « la
banalité du mal ». Or, tout au long du XXe siècle, d’autres drames ont résulté
d’expérimentations médicales sans l’accord des personnes3. L’histoire des États-Unis où elles
sont bien documentées est édifiante : alimentation d’enfants retardés avec des céréales
radioactives par des chercheurs du MIT à la Fernald State School (Massachusetts) dans les
années 1940 et 19504, faux traitements administrés à des Noirs atteints de syphilis par le Service
de santé publique de Tuskegee (Alabama) de 1932 à 19725, contamination d’enfants handicapés
mentaux à l’hépatite par deux médecins universitaires à la Wilowbrook State School de New
York de 1956 à 19726, essai sur 20 000 Américains du thalidomide – un sédatif responsable de
graves malformations fœtales – sur simple prescription par des généralistes à la fin des années
1950 et jusqu’en 19617, injection de cellules cancéreuses à des malades âgés et indigents au
Jewish Chronicle Disease Hospital de Brooklyn en 19638, etc.

Ces exemples attestent que pour certains, la fin peut toujours justifier les moyens. C’est
pourquoi l’Association médicale mondiale, une organisation non gouvernementale de médecins
créée en 1947, a jugé bon d’adopter en juin 1964 la déclaration d’Helsinki. Il s’agit du premier
texte international postérieur à Nuremberg qui revient sur les questions d’éthique dans
l’expérimentation. Ce texte affirme que « la participation de personnes capables à une recherche
médicale doit être un acte volontaire » (art. 25). En France, les principes du Code de Nuremberg
inspirent largement les garanties apportées par le droit. Ils ont été repris par le Comité
consultatif national d’éthique dans un avis rendu en 19849 et par le rapport du Conseil d’État

1
Ph. Amiel, « Code de Nuremberg” : traductions et adaptations en français», in Des cobayes et des
hommes, op. cit.
2
Ph. Amiel, F. Vialla, « Le “code de Nuremberg”, une jurisprudence pénale inaugurale endroit
international de la santé », in E. Cadeau, É. Mondielli, F. Vialla (dir.), Mélanges en l’honneur de Michel
Bélanger : modernité du droit de la santé, Les éditions hospitalières, 2015, pp.573-585.
3
A. M. Salam, A. S. Carr, « Racing for Covid-19 Vaccine and Cure: Lessons and Tragedies in Human
Subject Research », Heart Views, 2020 Jul-Sep, 21(3), p. 229–234.
4
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5
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6
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7
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8
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9
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310
sur les sciences de la vie, l’éthique et le droit en 19881. C’est toutefois la loi du 20 décembre
1988, dite loi Huriet-Sérusclat, qui a prévu pour la première fois une permission spécifique pour
les essais médicaux sur des volontaires en bonne santé – jusqu’alors interdits – tout en rappelant
la nécessité d’un « consentement libre, éclairé et exprès »2.

2. LE LIBRE CONSENTEMENT, UN OBSTACLE À L’OBLIGATION VACCINALE

L’encadrement juridique des expérimentations

Les recherches médicales, y compris quand elles comportent une finalité thérapeutique, sont
aujourd’hui régies par la loi du 5 mars 2012, dite loi Jardé3. Selon le Code de la santé publique,
aucune recherche interventionnelle impliquant la personne humaine ne peut être pratiquée
« sans son consentement libre et éclairé recueilli par écrit, après que lui a été délivrée
l’information prévue » (article 1122-1-1). Les recherches interventionnelles sont celles « qui
comportent une intervention sur la personne non justifiée par sa prise en charge habituelle »
(article 1121-1), c’est-à-dire une intervention non dénuée de risque pour les personnes qui y
participent. En font partie les recherches sur les médicaments, mais aussi les thérapies
cellulaires ou les thérapies géniques comme le rappelle l’INSERM. Par leur nature comme par
leur méthodologie expérimentale, les quatre vaccins anti-covid semblent entrer dans cette
catégorie. Quant à l’information préalable, elle doit inclure notamment « les risques
prévisibles » et « les éventuelles alternatives médicales » (article 1122-1).

Ces recherches interventionnelles supposent un avis favorable d’un organisme régional, le


Comité pour la Protection des Personnes (CPP), qui dépend de l’Agence Régionale de Santé
(ARS), suivi d’une autorisation par l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des
produits de santé (ANSM). En principe, le fait de ne pas avoir recueilli ce consentement est
puni de trois ans de prison et de 45 000 euros d’amende par le Code pénal (art. 223-8).
Néanmoins, la question du vaccin anti-covid a entraîné le dessaisissement des autorités
sanitaires françaises au profit de l’Agence européenne des médicaments (EMA) sur le
fondement du Règlement (CE) n° 726/2004 du 31 mars 2004. En ce qui concerne les
« médicaments à usage humain contenant une nouvelle substance active », notamment pour le
traitement des maladies virales, ce règlement prévoit, en effet, une procédure centralisée
d’autorisation au niveau européen. En d’autres termes, ces médicaments doivent recevoir une
autorisation de l’Agence européenne des médicaments (EMA) valable pour tous les États
membres de l’Union européenne. Ce dessaisissement fait alors obstacle à une éventuelle action
devant le juge français pour non-respect de la procédure d’avis et d’autorisation en droit interne,
puisque sous la pression des circonstances, celle-ci s’est vu substituer une procédure
européenne. En revanche, il ne dispense en rien de l’obligation d’obtenir l’accord des personnes.

1984.
1
Sciences de la vie : de l'éthique au droit, Rapport G. Braibant, La Documentation française, 1988.
2
Loi n°88-1138 du 20 déc. 1988 relative à la protection des personnes qui se prêtent à des recherches
biomédicales, JORF, 22 déc. 1988.
3
Loi n° 2012-300 du 5 mars 2012 relative aux recherches impliquant la personne humaine, JORF, 6 mars
2012. Voir : J. Ducruet, « Protection des personnes qui se prêtent à des recherches biomédicales »,
Laennec, vol. 56, n°3, 2008, pp. 6-24.
311
Au sein du Conseil de l’Europe, la Recommandation n°R(90)3 du Comité des Ministres
concernant la recherche médicale sur l’être humain, adoptée le 6 février 1990, énonce un certain
nombre de principes. Selon le troisième, « aucune recherche médicale ne peut être effectuée
sans le consentement éclairé, libre, exprès et spécifique de la personne qui s’y prête » et, selon
le treizième, « les personnes susceptibles de faire l'objet de recherches médicales ne doivent pas
être incitées à s’y soumettre d'une manière qui compromette leur libre consentement ». Ce texte,
s’il vaut engagement politique et éthique, n’a cependant pas de valeur juridique obligatoire. En
revanche, le règlement (CE) du 31 mars 2004 prévoit d’une manière contraignante au sein de
l’Union européenne le respect de certaines exigences éthiques lors de la conduite d’essais
cliniques de médicaments autorisés au niveau européen (point 16). Ces exigences étaient
prévues par la directive 2001/20/CE du 4 avril 2001 qui se réfère explicitement à la déclaration
d’Helsinki et qui prévoit elle aussi le consentement éclairé (art. 3). On les retrouve dans le
règlement (UE) n°536/2014 du 16 avril 2014 à propos des essais cliniques (art. 29). Enfin, la
Cour européenne des droits de l’homme a eu l’occasion de juger en 2002 que l’imposition d’un
traitement sans le consentement du patient est « une atteinte à l’intégrité physique de
l’intéressé »1 et que « les vaccinations obligatoires en tant que traitements médicaux non
volontaires constituent une ingérence dans le droit au respect de la vie privée »2.

Une question demeure : ce principe s’applique-t-il lorsque l’expérimentation consiste en un


vaccin ? La réponse est positive, car la directive du 4 avril 2001 vise les médicaments tels qu’ils
sont définis par un autre texte, la directive 65/65/CEE du 26 janvier 1965. Selon celle-ci, un
médicament est « toute substance ou composition présentée comme possédant des propriétés
curatives ou préventives à l’égard des maladies humaines ou animales. Toute substance ou
composition pouvant être administrée à l’homme ou à l’animal en vue d’établir un diagnostic
médical ou de restaurer, corriger ou modifier des fonctions organiques chez l’homme ou
l’animal est également considérée comme médicament » (art. 1er). Les vaccins anti-covid
répondent sans conteste à cette définition. Dans la mesure où ils sont encore en phase
expérimentale, ils sont soumis aux principes éthiques imposés par le règlement de 2004. La
règle du consentement libre et éclairé à une expérimentation est donc bien établie en droit
français comme en droit de l’Union européenne.

Inviolabilité du corps humain et dignité de la personne

Si l’arrêt Vavřička rendu par la Cour européenne le 8 avril 2021 ne fait pas obstacle à
l’obligation vaccinale anti-covid, il ne la rend pas pour autant plausible ni juridiquement
acceptable. Dans cette affaire, il s’agissait de vaccins longuement éprouvés qui ne suscitent plus
que des contestations marginales chez les adversaires radicaux de toute vaccination. Il en va
tout autrement des vaccins anti-covid. Ceux-ci se trouvant, de l’aveu même de l’Agence
européenne des médicaments, en phase d’essais cliniques, il paraît difficile de les imposer
compte tenu des garanties juridiques existantes. Une obligation vaccinale dans un contexte
d’expérimentation risquerait fort de se heurter à la sanction du juge, ce d’autant plus que le droit
français est fondé sur le principe de l’inviolabilité du corps humain. Cette prohibition s’exprime
dans l’adage Noli me tangere, « ne me touche pas », repris de la parole du Christ ressuscité à
Marie Madeleine3 et traduisant le caractère sacré du corps. Si ce principe d’inviolabilité n’a pas

1
CEDH, 29 avr. 2002, Pretty c. Royaume-Uni, n°2346/02.
2
CEDH, 9 juill. 2002, Salvetti C. Italie, n°42197/98.
3
Jean, 20, 17.
312
reçu de consécration constitutionnelle, il traverse toutefois tout notre système juridique et est
couvert par la « sauvegarde de la dignité de la personne », notion plus large que le Conseil
constitutionnel a élevé au rang de principe constitutionnel dans sa décision du 27 juillet 1994 à
propos de la loi relative au respect du corps humain1.

Il est commun de dire que l’expérimentation médicale profite à l’espèce humaine tout entière
bien qu’elle puisse s’exercer au détriment éventuel de celui qui s’expose à ses risques.
Autrement dit, le bénéfice attendu par le plus grand nombre vaudrait bien le danger encouru par
quelques-uns. Cependant l’expérimentation médicale sur l’être humain ne peut pas se réduire à
une équation qui la rendrait aussi évidente qu’un calcul avantages/inconvénients. En effet, un
tel raisonnement postule sa finalité désintéressée en faisant l’économie de ses déterminants
économiques, politiques et sociaux. Dans l’affaire Vavřička, le juge Wojtyczek a observé dans
une opinion dissidente publiée à la suite de l’arrêt « qu’il n’a été soumis à la Cour aucun élément
propre à montrer que les États ayant mis en place l’obligation vaccinale obtiennent de meilleurs
résultats en matière de santé publique que les États qui n’ont pas instauré cette obligation ». La
remarque est cruciale et lourde d’implications.

Il faut se garder, en effet, d’une vision idéalisée de la rationalité scientifique qui conduirait à
faire abstraction des enjeux de pouvoir, des intérêts financiers et des stratégies institutionnelles
qui la conditionnent. La recherche médicale possède sa propre logique de déploiement qui n’est
pas nécessairement humaniste et qui peut être assujettie à la quête du profit comme l’a rappelé
encore récemment l’affaire du Médiator2. C’est un fait, par ailleurs, que la rationalité pure
échappe à toute norme morale et menace de se retourner contre elle-même comme l’a montré
Max Horkheimer3. Un marqueur de la civilisation peut alors se transformer en « progrès
régressif » selon la formule de Theodor Adorno4.

Si l’idée de neutralité scientifique est un leurre5, le seul usage du terme « éthique » dans les
textes juridiques ne suffit pas à en garantir l’innocuité. Même lorsque les recherches sont
strictement encadrées par le droit, le principe du libre consentement paraît souvent fragile dans
le rapport asymétrique qui lie l’autorité médicale au sujet. On voit mal, du reste, comment le
consentement pourrait être tout à fait « éclairé » en présence d’un risque inconnu et d’une
technique vaccinale complexe. Comme le rappelait Yannick Bardie en 2016, un essai clinique
est par nature « un exercice très dangereux et non éthique »6. Compte tenu des nombreuses
incertitudes qui pèseront jusqu’à la fin des essais sur les vaccins anti-covid, s’il est légitime de
laisser aux volontaires, en particulier aux personnes vulnérables, la possibilité de les recevoir
en toute connaissance de cause, il paraîtrait contraire au droit en vigueur et aux principes qui
fondent notre système libéral de vouloir les imposer à tous les citoyens.

1
CC, déc. n° 94-343/344 DC, 27 juillet 1994, Loi relative au respect du corps humain et loi relative au
don et à l'utilisation des éléments et produits du corps humain, à l'assistance médicale à la procréation et
au diagnostic prénatal, JORF, 29 juill. 1994, p. 11024.
2
CAA Paris, 8ème ch., 4 août 2017, 16PA00157 et 16PA03634.
3
M. Horkheimer, Éclipse de la raison, 1947, Payot, 1974.
4
Th. W. Adorno, Minima Moralia. Réflexions sur la vie mutilée, 1951, Payot, 2016.
5
K. Abbasi, « Covid-19: politicisation, “corruption,” and suppression of science », The British Medical
Journal, 2020, 371. En ligne : <https://www.bmj.com/content/371/bmj.m4425> (consulté le 7 mai 2021).
6
L’Obs, 15 janv. 2016. Voir aussi Y. Bardie, Essai clinique : du patient à l’objet de science, Éd.
Sauramps Médical, 2013.
313
REGLES DE PRESENTATION DES ARTICLES
POUR PUBLICATION AUX « CAHIERS DU CEDIMES »

1. STRUCTURE DU TEXTE

Résumé́́
L’auteur propose un résumé́ en français et en anglais qui n’excède pas 250 mots. Il limite son
propos à une brève description du problème étudié́ et des principaux objectifs à atteindre. Il
présente à grands traits sa méthodologie. Il fait un sommaire des résultats et énonce ses
conclusions principales.

Mots-clés
Ils accompagnent le résumé́ . Ne dépassent pas 5-6 mots et sont indiqués en français et en
anglais.

Classification JEL
Elle est disponible à l'adresse : http://www.aeaweb.org/jel/guide/jel.php

Introduction
• La problématique : l’auteur expose clairement la question abordée tout au long de
l’article et justifie son intérêt. Il formule des hypothèses qui sont des réponses
provisoires à la question.
• La méthodologie et les principaux résultats : l’auteur précise la raison du choix d'une
méthode particulière et les outils utilisés de collecte de l’information, si nécessaire. Il
cite ses principaux résultats. Il annonce son plan.

Développements
• Le contexte : l’auteur situe la question posée dans son environnement théorique en
donnant des références bibliographiques et en évoquant les apports d’autres chercheurs.
• La méthode : l’auteur explique en détails comment il a mené son étude et quel est
l'intérêt d'utiliser ses outils de collecte de données par rapport aux hypothèses
formulées.
• Les résultats (si le papier n’est pas uniquement conceptuel) : l’auteur présente un
résumé́ des données collectées et les résultats statistiques qu’elles ont permis d’obtenir.
• La discussion : l’auteur évalue les résultats qu’il obtient. Il montre en quoi ses résultats
répondent à la question initiale et sont en accord avec les hypothèses initiales. Il
compare ses résultats avec les données obtenues par d’autres chercheurs. Il mentionne
certaines des faiblesses de l'étude et ce qu'il faudrait améliorer en vue d'études futures.

Conclusion
L’auteur résume en quelques paragraphes l'ensemble de son travail. Il souligne les résultats qui
donnent lieu à de nouvelles interrogations et tente de suggérer des pistes de recherche
susceptibles d'y apporter réponse.

Bibliographie
Elle reprend tous les livres et articles qui ont été́ cités dans le corps du texte.

314
2. CONSEILS TECHNIQUES

Mise en page et volume


• Document Word, Format B5 (18,2 x 25,7 cm);
• Marges : haut 2,22 cm, bas 1,90 cm, gauche 1,75 cm, droite 1,75 cm, reliure 0 cm, en
tête 1,25 cm, bas de page 1,25 cm ;
• Volume : Le texte ne doit pas dépasser 20 pages au maximum en format B5 du
papier.
• Les notes de bas de pages si elles existent renomment à un à chaque page
• Les tableaux doivent être conçus pour ne pas déborder des marges

Style et Polices
Arial, taille 12, pour le titre de l’article et, pour le reste du texte, Times New Roman, taille 11
(sauf pour le résumé́ , les mots-clés, en italique, et la bibliographie qui ont la taille 10), simple
interligne, sans espace avant ou après, alignement gauche et droite. Le titre de l'article,
l'introduction, les sous-titres principaux, la conclusion et la bibliographie sont précédés par deux
interlignes et les autres titres/paragraphes par une seule interligne.

Titres
Le titre de l'article est en gras, en majuscules, aligné au centre. Les autres titres sont alignés
gauche et droite ; leur numérotation doit être claire et ne pas dépasser 3 niveaux (exemple : 1.
– 1.1. – 1.1.1.). Il ne faut pas utiliser des majuscules pour les titres, sous-titres, introduction,
conclusion, bibliographie.

Mention des auteurs


Sera faite après le titre de l'article et 2 interlignes, alignée à droite. Elle comporte : Prénoms,
NOM (en gras, sur la première ligne), Nom de l’institution (en italique, sur la deuxième ligne),
e-mail du premier auteur (sur la troisième ligne).

Résumé́́ et mots-clés
Leur titre est écrit en gras, italique, taille 10 (Résumé́ , Mots-clés, Abstract, Key words). Leur
texte est rédigé́ en italique, taille 10. Les mots-clés sont écrits en minuscules et séparés par une
virgule.

Notes et citations
Les citations sont reprises entre guillemets, en caractère normal. Les mots étrangers sont mis en
italique. Les pages de l’ouvrage d’où cette citation a été́ extraite doivent être précisées dans les
notes. Les notes apparaissent en bas de page, et sont recommencées à 1 à chaque page.

Tableaux, schémas, figures


Ceux-ci doivent entrer dans le format de la revue (B 5), sans dépasser sur les marges à gauche,
0,75, à droite 1,75.
Ils sont numérotés et comportent un titre en italique, au-dessus du tableau/schéma. Ils sont
alignés au centre. La source (si c’est le cas) est placée en dessous du tableau/schéma/figure,
alignée au centre, taille 10.

315
Présentation des références bibliographiques
• Dans le texte : les citations de références apparaissent entre parenthèses avec le nom de
l’auteur et la date de parution. Dans le cas d’un nombre d’auteurs supérieur à 3, la
mention et al. en italique est notée après le nom du premier auteur. En cas de deux
références avec le même auteur et la même année de parution, leur différenciation se
fera par une lettre qui figure aussi dans la bibliographie (a, b, c,...).
• A la fin du texte : pour les périodiques, le nom de l’auteur et le prénom sont suivis de
l’année de la publication entre parenthèses, du titre de l’article entre guillemets, du nom
du périodique (sans abréviation) en italique, du numéro du volume, du numéro du
périodique dans le volume et numéro des pages. Lorsque le périodique est en anglais,
les mêmes normes sont à utiliser avec toutefois les mots qui commencent par une
majuscule. Pour les ouvrages, on note le nom et le prénom de l’auteur suivis de l’année
de publication entre parenthèses, du titre de l’ouvrage en italique, du lieu de publication
et du nom de la société́ d’édition. Pour les extraits d’ouvrages, le nom de l’auteur et le
prénom sont à indiquer avant l’année de publication entre parenthèses, le titre du
chapitre entre guillemets, le titre du livre en italique, le lieu de publication, le numéro
du volume, le prénom et le nom des responsables de l’édition, le nom de la société́
d’édition, et les numéros des pages concernées. Pour les papiers non publiés, les thèses
etc., on retrouve le nom de l’auteur et le prénom, suivis de l’année de soutenance ou de
présentation, le titre et les mots « rapport », « thèse » ou « papier de recherche », qui ne
doivent pas être mis en italique. On ajoute le nom de l’Université́ ou de l’École, et le
lieu de soutenance ou de présentation. Pour les actes de colloques, les citations sont
traitées comme les extraits d’ouvrages avec notamment l’intitulé du colloque mis en
italique. Si les actes de colloques sont sur CD ROM, indiquer : les actes sur CD ROM
à la place du numéro des pages. Pour les papiers disponibles sur l'Internet, le nom de
l’auteur, le prénom, l'année de la publication entre parenthèses, le titre du papier entre
guillemets, l'adresse Internet à laquelle il est disponible et la date du dernier accès.

ENVOI de l’ARTICLE
Adresse Internet de la revue :
Cedimes.com/index.php/publi/cahiers-du-cedimes/repertoire-des-ouvrages

Envoi du document en français ou en anglais par courriel à M. Marc RICHEVAUX


(Rédacteur en Chef) : marc.richevaux@yahoo.fr
Toute proposition d’article doit mentionner le N° de carte d’adhérent du CEDIMES avec sa
cotisation à jour. Pour les auteurs non encore membres, l’article doit être accompagné du
formulaire d’adhésion rempli et la cotisation à l’ordre du CEDIMES. Les documents envoyés
doivent respecter les conseils de rédaction indiqués ci-dessus, à défaut ils sont renvoyés à
l’intéressé pour mise aux normes ce qui en retarde la procédure Le rédacteur en Chef retourne
un avis de réception de l’article.

L’auteur recevra ultérieurement une notification sur les résultats de l’évaluation avec trois
possibilités :
1) L’article n’est pas publiable en l’état avec les raisons ;
2) L’article est publiable sous réserve de certaines modifications énoncées ;
3) L’article est publiable en l’état ou avec quelques corrections mineures.
La parution du nouveau numéro est annoncée sur le site internet du CEDIMES

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