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UNIVERSITÉ DE GOMA

FACULTÉ DES SCIENCES SOCIALES, ADMINISTRATIVES ET POLITIQUES

Département des Relations Internationales

La RDC face au commerce international


au sein de la communauté d’Afrique de
l’Est ; enjeux et défis

Par
NAOMIE BARAKA
Mémoire présenté en vue de l’Obtention de Diplôme
de Licence en Relations Internationales
Directeur : MATUMBA MIPANGA Médard
Professeur Associé

Encadreur : NDOLA BAGUMA Blaise


Assistant

Année académique 2021-2022


i

IN MEMORIAM

A notre père biologique Mark BIRIKO RYISHENDE


ii

EPIGRAPHE

« Un roi qui gouverne selon la justice donne la stabilité à son pays, mais celui qui
multiplie les impôts le ruine » Proverbe 29,4
iii

DEDICACE

Je dédie ce travail tout d’abord et avant tout à l’Eternel mon Dieu, lui dont les preuves
de soutien à notre égard sont toujours indescriptibles et permanentes dans notre vie.

A ma mère Jeanine MUKANGI BARAKA qui en est même l’artisan incontestable,


parce que sans elle mon existence sur cette terre n’aurait même d’illusion et qui a contribué à
cette œuvre par son soutien moral, matériel et spirituel.

A mon père adoptif Doudou KABALA TSHIBANDA,

A mon futur époux, père de mes enfants,

A toute ma famille,

Je dédie ce travail.

Naomie BARAKA
iv

REMERCIEMENTS

Nos profondes reconnaissances s’adressent spécialement à notre Directeur, professeur


MATUMBA MIPANGA Médard et notre encadreur, Assistant NDOLA BAGUMA Blaise pour
avoir accepté de diriger ce mémoire jusqu’au bout, et qui malgré quelques difficultés liées au
temps et aux récoltes des données, m’ont apporté une compréhension plus approfondie des
divers aspects du sujet et m’ont accompagné tout au long de l’écriture de ce mémoire
scientifique. Qu’ils trouvent ici le sentiment de notre profonde gratitude.

Les remerciements les plus personnels à :

A mon frère ainé Armani BIRIKO, à mes petits frères et sœurs : Israël, Christina, Yaël
et Christivi.

A mes camarades, frères de lutte, amis et connaissances : Angelina NABINTU, Cynthia


KABEZA, Marie-Ange KYASAVUKA, Mussa ZUHALIRWA, Jonathan SHOHAM, Mike
KAYANZA, Achille NGULA, José-Sauda KAHONGYA, Maxim BACHISEZE, Josué
BALINGENE, Alpha NKUBA, Ben MASONGA, Nadia KABEYA, Fabrice TSHISANGA,
Billy MBUYI, Joël SYASI, Olivier DEZIRE, Emmanuel BARAKA, etc.

Les personnes qui n’ont été citées qu’ils ne se sentent pas oublier, ce sont nos héros de
l’ombre et nous les portons soigneusement dans notre cœur.

A vous tous nous disons grand Merci.

Naomie BARAKA
v

SIGLES ET ABREVIATIONS

- CAE : Communauté économique d’Afrique de l’Est


- CEA : Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique
- CEDEAO : Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest
- CEEAC : Communauté économique des États de l’Afrique centrale
- CEMAC : Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale
- CEN-SAD : Communauté des États sahélo-sahariens
- CEPGL : Communauté économique des pays des Grands Lacs
- CERs : Communautés économiques régionales
- CNUCED : Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement
- CODE : Comité des opérations et pour l’efficacité du développement
- COMESA : Marché commun de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique australe
- CPA : Évaluation de la performance des pays
- NEPAD : Agence de développement de l'UA
- OCDE : Organisation de coopération et de développement économiques
- OMC : Organisation mondiale du commerce
- ONG : Organisation non gouvernementale
- ONUDI : Organisation des Nations Unies pour le développement industriel
- PAM : Programme alimentaire mondial
- PAS : Programme d’ajustement structurel
- PCI-Afrique : Programme de comparaison internationale pour l’Afrique
- PEA : Perspectives économiques en Afrique
- PGP : Profil de gouvernance des pays
- PIB : Produit intérieur brut
- PME : Petite et moyenne entreprise
- PNUD : Programme des Nations Unies pour le développement
- RDC : République Démocratique du Congo
- UE : Union européenne
- UEMOA : Union économique et monétaire ouest-africaine
- UMA : Union du Maghreb arabe
- UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture
- ZLE : Zone de libre échange
vi

RESUME

Après avoir formulé en 2019 sa demande d’admission à la Communauté des Etats


d’Afrique de l’Est (CAE), la République Démocratique du Congo (RDC) a adhéré
officiellement en mars 2022 comme 7ème pays membre.

Des analyses à divers niveaux, sur les chances et les voies de tirer profit de cette
adhésion ont été émises. Cependant la question demeure non élucidée sur ce que la RDC a à
gagner ou à perdre en adhérant à la CAE, mais aussi sur les obstacles qui guettent
l’épanouissement du Commerce international du pays dans la Zone. Sur ce, notre travail porte
une étude particulière sur les enjeux de l’adhésion de la RDC à la CAE et sur les défis de la
RDC face au développement du Commerce international dans ladite communauté. Pour bien
mener notre étude, nous utilisons la méthode systémique de David Easton. En effet, il serait
vain de se limiter aux applaudissements, encourageant l’initiative prise par le chef de l’Etat
d’adhérer la RDC à la CAE, en dépit du fait que le pays appartienne déjà à plusieurs autres
CERs. La méthode systémique nous permet d’analyser les données d’entrées, englobant les
recommandations ou les demandes formulées par l’environnement (la population congolaise,
en particulier celle dans l’Est), ces données sont introduites et traiter dans la boite noire (le
gouvernement ou le système politique congolais) afin de fournir des résultats caractérisant les
données de sortie, lesquelles données doivent produire un feedback soit positif ou négatif soit
antagoniste avec un effet ambivalent.

Ce mémoire postule que l’adhésion de la RDC à la CAE se fonde sur trois types d’enjeux
à savoir : les enjeux géographiques, pour désenclaver la partie Est et partager des infrastructures
routières et énergétiques transfrontalières grâce à la libre circulation dans la Zone en signant
l’accord sur la ZLE ; Les enjeux économiques, pour accroitre son marché, redynamiser et
intensifier le Commerce international dans la Zone grâce à la suppression des barrières tarifaires
et l’adoption d’un tarif extérieur commun ; Les enjeux politiques, pour améliorer les relations
et réduire les antagonismes en RDC grâce à une gestion commune des crises sécuritaires entre
les pays de la communauté telle que l’intervention des troupes militaires provenant des Etats de
la CAE en faveur de la RDC. En ce qui concerne l’étude sur le développement du commerce
international au sein de la CAE, la RDC fait face aux défis majeurs à savoir : la nature
extravertie de l’économie congolaise, la faible production, le manque d’infrastructures de
communications et d’industrialisations, la corruption et le climat des affaires peu favorables.
Ce travail propose dans le dernier chapitre, des stratégies pouvant permettre de relever ces défis.
vii

ABSTRACT

After applying in 2019 for admission to the Community of East African States (EAC),
the Democratic Republic of Congo (DRC) officially joined in March 2022 as the 7th member
country.

Analyzes at various levels, on the chances and ways to take advantage of this
membership have been issued. However, the question remains unclear on what the DRC has to
gain or lose by joining the EAC, but also on the obstacles that await the development of the
country's international trade in the Zone. On this, our work focuses on a particular study on the
issues of the accession of the DRC to the EAC and on the challenges of the DRC in the face of
the development of international trade in the said community. To properly conduct our study,
we use the systemic method of David Easton. Indeed, it would be futile to limit oneself to
applause, encouraging the initiative taken by the Head of State to join the DRC to the EAC,
despite the fact that the country already belongs to several other RECs. The systemic method
allows us to analyze the input data, including the recommendations or requests formulated by
the environment (the Congolese population, in particular that in the East), these data are
introduced and processed in the black box (the Congolese government or political system) in
order to provide results characterizing the output data, which data must produce a feedback that
is either positive or negative or antagonistic with an ambivalent effect.

This thesis postulates that the accession of the DRC to the EAC is based on three types
of issues, namely: geographical issues, to open up the eastern part and share cross-border road
and energy infrastructures thanks to the free movement in the Zone in signing the FTA
agreement; Economic challenges, to increase its market, revitalize and intensify international
trade in the Zone through the removal of tariff barriers and the adoption of a common external
tariff; Political issues, to improve relations and reduce antagonisms in the DRC through joint
management of security crises between the countries of the community such as the intervention
of military troops from the EAC States in favor of the DRC. With regard to the study on the
development of international trade within the EAC, the DRC faces major challenges, namely:
the extroverted nature of the Congolese economy, low production, lack of communications
infrastructure and industrialization, corruption and an unfavorable business climate. This work
proposes in the last chapter, strategies that can help to meet these challenges.
viii

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: Vue panoramique des États membres de la CAE ................................................... 44


Tableau 2: République Démocratique du Congo - Balance commerciale ............................... 68
Tableau 3: Statistiques Imports et Exports des biens (RDC) en millions de USD .................. 70
Tableau 4: Investissement Direct Etranger .............................................................................. 79
Tableau 5: classements des 3 pays de la CAE 2020 ............................................................... 80
Tableau 6: les principaux impôts en RDC ............................................................................... 81
Tableau 7: Les infrastructures de la RDC ............................................................................... 85
Tableau 8 Tableau 8: La moyenne des autres pays d’Afrique ................................................. 86
1

INTRODUCTION

1. Contexte de l’Etude

L’Afrique compte à ce jour 14 communautés économiques régionales distinctes.


Paradoxalement, plusieurs pays se caractérisent par leurs multiples appartenances aux
groupements sous régionaux existants. Au regard de ce foisonnement, le NEPAD a
recommandé une concentration des efforts de développement sur 8 communautés économiques
régionales en vue de leur renforcement institutionnel en ressources humaines afin qu’elles
puissent mieux jouer leur rôle de fer de lance de l’intégration économique en Afrique1 .

Parmi les communautés économiques régionales africaines, une d’entre elles se


distingue. Il s’agit de la CAE ou EAC. Cette communauté affiche de très grandes ambitions et
serait promise à un bel avenir, vu les progrès réalisés au cours des quinze dernières années,
d’après les propos de Joseph Gahama, historien et ancien professeur2 . Cependant il faut tirer
attention, car l’avenir de la CAE pourrait être remis en question à cause des menaces régionales.
En effet, bien que la région soit relativement stable, il ne faudrait pas oublier les dangers qui
pèsent sur la zone. Parmi ces forces négatives, il y a la piraterie dans l’océan indien, les FDLR,
groupes armés présent dans l’Est de la RDC etc. Ce sont des conflits qui rendent certaines zones
inaccessibles et qui par conséquent, rendent les affaires moins attractives dans la région 3.

L’intégration régionale est une bonne initiative du fait qu’elle rapproche plusieurs Etats
d’une même région et comporte des nombreux avantages bien que quelques inconvénients en
découlent également. En termes d’avantages, c’est l’effet de la création de commerce, de la
stabilité et du développement. En 1950, Jacob Viner, un économiste canadien a prouvé que les
accords commerciaux régionaux ont un effet de création de commerce. Viner dit qu’elle est
causée par le fait que les consommateurs s’adressent de plus en plus aux producteurs des pays
qui sont membres de la même organisation régionale. Par conséquent, une intensification des
échanges entre eux va naître. Dès lors, les producteurs se doivent d’être plus efficaces par

1
MARTIN, S., Les communautés économiques régionales au sein du NEPAD. Quelles perspectives pour un
développement économique et social durable en Afrique, Conférence Économique Africaine, Addis-Abéba.
Novembre 2007, p.5.
2
GAHAMA, J., La Communauté d’Afrique de l’Est : une jeune organisation régionale promise à un bel avenir ?
,2015.p.66.
3
SETHI, R., HARJAI, D. et al , The East African Community: It’s time to for business to take notice, Grail
Research ,January, 2012 ,p.13.
2

rapport aux autres offreurs du monde entier grâce aux gains d’efficacité qui résultent des
nombreux échanges4.

L’intégration régionale est généralement bénéfique pour toutes les parties prenantes. Par
exemple, avec l’adhésion de la RDC à la CAE, cette dernière a une part à gagner autant que la
RDC. D’ailleurs les mots du Président ougandais Yoweri MUSEVENI, lors de cette cérémonie,
suffisent pour comprendre la grandeur de l’évènement. « 60 ans que j’attends ce moment »,
s’est-il exclamé. Conscient surement des enjeux économiques qu’offre l’arrivée du géant
francophone. Au-delà de ses vastes richesses en ressources minérales et autres, du poids de sa
population, un marché d’environ 8O millions des consommateurs est offert à la communauté
d’Afrique de l’Est5. Le retrait des taxes sur les produits provenant de la communauté pourrait
également avoir un impact positif sur la réduction des coûts à la consommation. Comme le
souligne Le Dr Abel Kinyondo, économiste à l'Université de Dar es Salaam, que l'inclusion de
la RD Congo renforcera le pouvoir de négociation du bloc au niveau mondial, déclare-t-il6. Cela
grâce à l’adoption d’un tarif extérieur commun.

La RDC pour sa part aura pour bénéfices un accroissement de la taille du marché. En


effet, sur le plan économique, la taille du marché s’accroît car quand la demande augmente et
les entreprises en tirent profit. De plus, de nouvelles entreprises vont être créées et s’implanter
dans la région, ce qui va engendrer un boom des activités industrielles et commerciales. Avec
le marché qui se diversifie, les consommateurs vont avoir un large choix et par conséquent, les
prix vont diminuer7. Les prix à la consommation pourraient baisser grâce à la mise en place de
l’Union douanière et du marché commun. Le secteur privé ainsi que les entrepreneurs Congolais
pourraient apprendre des autres membres de la communauté grâce à leurs échanges.

En effet, en 2019, les exportations de la RDC vers les Etats membres de la CAE ont été
évalué à 5% de la valeur des exportations tandis que les membres de cette organisation ont
exporté vers la RDC près de 940 millions de dollars américains de marchandises. Depuis le
début de l’année 2022 et au cours du mois de mars, la République Démocratique du Congo,

4
WELAKWE, N., Analyse critique de la régulation de la liquidité bancaire par une banque centrale
communautaire et sa contribution au processus d'intégration régionale : Le cas de la Banque des Etats de l'Afrique
Centrale, Maitrise en Economie de Gestion, Université Catholique d’Afrique Centrale,2006, p. 41
5
MUSINGUZI, B., Avec l’adhésion de la RDC, l’EAC devient un marché de 280 millions de consommateurs,
https://www.jeuneafrique.com, consulté, le 05 Octobre 2022.
6
Peter, M., La RD Congo rejoint la Communauté économique de l'Afrique de l'Est : qui en profite ? Article
disponible sur : https://www.bbc.com, consulté, le 03 Octobre 2022.

7
MBONITEGEKA, J., et NIYOKWIZIGIRA E., op.cit., p.27
3

classée parmi les pays à faible revenu selon la dernière note de la Banque mondiale catégorisant
les pays en fonction de leur revenu, demeure extrêmement vulnérable face aux chocs externes
et internes. Au mois de mars 2022, l’activité économique a connu une série de chocs qui
démontrent une fois de plus cette vulnérabilité. Durant le mois considéré, les prix ont connu
une évolution à la hausse et les réserves de change ont sensiblement baissé. Toutefois, le taux
de change est resté stable. Aussi, les prix des denrées alimentaires ont connu une hausse
significative, et c’est pour plusieurs catégories des produits qui occupent une place de choix
dans le panier de la ménagère en RDC. Il s’agit notamment des prix de : riz, farine de maïs,
l’huile de palme et végétale, légumes, cosmétique, etc. Cependant, alors que la valeur du dollar
américain est demeurée relativement stable sur le marché de change, la hausse des prix sur le
marché semble trouver d’autres explications hormis celle liée à la dollarisation de l’économie
congolaise.8

En effet, la CAE constitue une région très compétitive en termes de dynamisme existant
sur ce marché. La RDC à travers la route de Kasindi via Kampala trouve une sortie vers l’océan
Indien par le port de Mombasa, qui est très avantageux pour les commerçants congolais
exerçant leurs activités dans l’ancienne province orientale et dans le Nord-Kivu. Cependant, en
ce qui concerne les échanges commerciaux entre les Etats de la communauté, la RDC qui est
un vivier se présente comme un débouché pour les états membres dont certains ont des
économies fortes et trouvent à cette adhésion une opportunité d’investissements. En théorie, les
pays d'Afrique de l'Est pourraient accéder à l'Afrique de l'Ouest et à l'océan Atlantique par la
RDC, mais les réseaux routiers et ferroviaires du pays devraient d'abord être massivement
modernisés. Le seul moyen de traverser ce vaste pays, dont la superficie équivaut aux deux tiers
de celle de l'Europe occidentale, est actuellement de prendre l'avion, ce qui pose encore
problème9.

2. Etat de la question

L'Etat de la question s'engage dans une démarche à deux dimensions consistant d'une
part, à prendre connaissance des travaux qui ont été réalisés sur le thème spécifique qui fait
l'objet de sa recherche et d'autre part, à se forcer de mettre la main sur des ouvrages de synthèse

8
SEZI David, Adhésion de la RDC dans la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est : Quels dividendes pour
la RDC ? : https://congochallenge.cd/ consulté, le 05 Octobre 2022.
9
La RDC rejoint la Communauté des États d'Afrique de l'Est (EAC), Article disponible sur :
https://information.tv5monde.com/afrique/la-rdc-rejoint-la-communaute-des-etats-d-afrique-de-l-est-eac-450717
, Tv5 monde, consulté, le 04 Octobre 2022.
4

qui font le point sur les grandes questions qui encadrent l'état de la question retenue10. Nous ne
sommes pas le premier à pouvoir aborder ce sujet.

La probité, l'honnêteté scientifique exige à ce que nous puissions inventorier tous les
travaux de nos prédécesseurs qui ont eu à mener leurs recherches dans le même domaine que
nous, afin d'éviter de faire un travail de routine, de contredire ou d'aboutir sur le même résultat.

Eu égard à ce qui précède, B. Muhire dans son ouvrage intitulé : « le commerce et les
opportunités pour un dialogue transfrontalier dans la région des grands Lacs 11 » a mené une
étude approfondie sur les initiatives sous régionales entrepris par les pays de la région dont la
RDC, le Rwanda, le Burundi, l’Ouganda, la Tanzanie et la Zambie. Parmi ces pays, seul la
Zambie n’est pas dans la CAE. Toute fois le commerce transfrontalier occupe une place
considérable entre la RDC et ces pays. L’auteur met un accent particulier sur les stratégies de
facilitation du commerce transfrontalier ainsi que les efforts du dialogue mené par les
organisations de la société civile. Cette étude démontre la pertinence de promouvoir le
commerce transfrontalier et propose quelques pistes de solution comme : l’appui au commerce
transfrontalier par les partenaires internationaux et le petit commerce transfrontalier comme
vecteur de la paix et du dialogue.

En ce qui concerne le travail de Jehova Mbonitegeka et Emanuel Niyokwizigira, intitulé


: « Intégration du Burundi à la Communauté d’Afrique de l'Est : Bilan et Perspectives12». Il est
dit, pour certains, et sur base des succès de certains groupements régionaux, que l'intégration
régionale est un moyen efficace du développement économique des Etats. Ils ont comparé la
situation économique d'avant l'adhésion du Burundi dans la CAE et l'actuelle sur base de
l'évolution de certains indicateurs économiques ainsi que les opportunités que le Burundi attend
de la CAE pour que cette adhésion constitue un tremplin du développement économique du
Burundi. Ils ont abouti aux résultats selon lesquels, l'analyse du processus d'intégration datant
de 8 ans pour le Burundi, démontre qu'il est très tôt pour sentir l'impact de la communauté sur
son économie malgré les efforts fournis par les institutions pour pouvoir exploiter les
opportunités lui offertes par la Communauté. Pour la plupart des projets de la Communauté

10
Jean Pierre, F., Comment réussir un mémoire, Dunod, Paris, 1986, P. 17.
11
MUHIRE, B., Etude sur le commerce et les opportunités pour un dialogue transfrontalier dans la région des
grands Lacs. République Démocratique du Congo, Rwanda, Burundi, Ouganda, Tanzanie et Zambie, Kinshasa,
fondation Konrad Adenauer, février, 2020.
12
MBONITEGEKA, J., et NIYOKWIZIGIRA, E., Intégration du Burundi a la communauté d’Afrique de l'est :
Bilan et Perspectives, mémoire en Economie et Gestion, Bujumbura, Moulay Ismail de Meknes-FSJES, 2015.
5

portant sur le long terme, le Burundi essaye encore de s'aligner aux politiques de la région13. Ils
ont recommandé la sécurité tant sur le plan interne qu'externe des pays membres de la
Communauté car selon eux, c’est l'instabilité politique dans les pays membres et l'immaturité
de la démocratie exprimée par l'alternance difficile au pouvoir qui est la source des conflits
ainsi que la faiblesse des gouvernements constituent un handicap pour le développement des
pays de la région. Ils ont conclu en disant : qu’Onze ans après l’adhésion du Burundi à la CAE,
le constat est négatif et le bilan médiocre. Fort est de constater que la situation ne s’est pas
beaucoup améliorée, car le Burundi reste loin derrière les autres membres de la East African
Community.

Quant à Claude Nyamugabo dans son étude sur « l’Analyse comparative des processus
d’intégration régionale dans le cadre de la CEEAC et de la SADC : Regards critiques sur la
place de la République Démocratique du Congo »14. Il part d’un constat que plusieurs
chercheurs ont déjà fait sur la RDC, du fait que celle-ci appartient dans environ la moitié des
CERs africaines, pour chuter par un questionnement tout à fait légitime, notamment sur le
niveau d’influence que la RDC possède au sein de deux de ces organisations. Sur le niveau de
l’intégration régionale au sein de ces deux CERs ainsi que de leurs objectifs, il apparaît que les
deux organisations, la CEEAC et la SADC poursuivent sur le plan purement textuel, les mêmes
objectifs. En revanche, dans leur état actuel, le processus d’intégration au sein de la CEEAC
paraît balbutiant, plusieurs objectifs proclamés n’étant toujours pas réalisés. Au sein de la
SADC, malgré certaines contraintes, le processus d’intégration a progressé de quelques
avancées, en particulier l’opérationnalisation de la Zone de Libre-Echange (ZLE).

Il about aux résultats selon lesquels les deux CERs sont inégalement intégrées sur le
plan sectoriel à ce jour et que la RDC occuperait une place marginale dans l’accomplissement
des prouesses atteintes selon la vision de l’UA. Il s’est basé sur 5 éléments établit par l’UA
(Indice multi dimensionnel) pour faire une analyse comparative de ce niveau de développement
et/ou d’intégration des CERs notamment le commerce, la capacité productive, la
macroéconomie et les infrastructures ainsi que la libre circulation des personnes.

13
Ibid.
14
NYAMUGABO, C., (2022). Analyse comparative des processus d’intégration régionale dans le cadre de la
CEEAC et de la SADC : Regards critiques sur la place de la République Démocratique du Congo. Mouvements et
Enjeux Sociaux. Disponible sur ; https://nbn-resolving.org/urn:nbn:de:0168-ssoar-78785-5, consulté, le 20
septembre 2022
6

Pour KABUYA François et TSHIUNZA Mbiye, intitulé: « Communautés économiques


régionales : quelles stratégies d’intégration pour la RDC ?»15 . Ces auteurs sont partis du constat
selon lequel, la République Démocratique du Congo est membre, non seulement de quatre
groupements économiques sous régionaux, mais également du Programme de Coopération
Monétaire en Afrique(PCMA), par le biais de la Banque Centrale du Congo. De ce fait, elle est
donc soumise à l’observance de critères de convergence macroéconomique à deux niveaux, à
savoir : au niveau des CERs et dans le cadre de l’exécution du PCMA. Une question
fondamentale a été soulevée par ces auteurs pour cerner la problématique en ces termes : à quel
groupement sous régional doit-elle objectivement appartenir pour bénéficier pleinement du
processus d’intégration économique et monétaire en cours ? Cette étude postule que
l’appartenance de la RDC à la zone SADC plutôt qu’à la CEEAC peut être à long terme
bénéfique à la RDC du fait de la présence, d’une part, de nombreux autres pays qui sont dotés
de ressources minières (et donc présentant une certaine similarité de réaction aux chocs
exogènes comme celui de la récente crise financière internationale) et, d’autre part, de la
présence de l’Afrique du Sud qui est dotée d’une économie plus diversifiée que celle de la RDC.
Ce qui présente des possibilités de complémentarité pouvant attirer des investissements directs
étrangers en RDC. À court terme, nonobstant les cicatrices laissées par la participation active
du Rwanda dans les conflits armés au Kivu, cette étude invite la RDC d’appartenir à l’époque,
à la CEPGL, créée initialement pour sécuriser ses trois pays membres. Malgré les vicissitudes
du passé, d’autant plus que cette communauté compte encore à son actif des réalisations
économiques positives comme la création de la SINELAC qui continue à fournir de l’électricité
à partir du barrage de la Ruzizi II.

BUMWE EMILE, dans son mémoire : « le Burundais dans l’intégration régionale : le


cas de l’East African Community »16, a mené une étude intéressante sur le bilan de l’intégration
du Burundi dans la CAE, se basant sur le fait que Le Burundi a adhéré à la East African
Community en 2007. Lors de son adhésion à l’organisation, le pays était considéré comme le
maillon faible parmi les États membres de la CAE. Ce petit État qui vit majoritairement de
l’agriculture venait de sortir, au moment de son entrée dans la CAE, d’une guerre civile longue
de treize années. En intégrant la CAE au moment où celle-ci entamait le processus pour établir
une union douanière, le Burundi espérait faire des progrès pour redresser son économie et

15
KABUYA, F., MBIYE, T., Communautés économiques régionales : quelle stratégie d’integration en RDC,
Kinshasa 2010.
16
BUMWE, E., le Burundi dans l’integration régionale : le cas de l’Est African Community (EAC). Faculté, art et
lettres, Université catholique de Louvain, 2018
7

améliorer la vie de ses citoyens. Onze ans après l’adhésion à la CAE, quel bilan pouvons-nous
tirer ? se demande cet auteur. Après analyse, l’auteur aboutit au résultat selon lequel le Burundi
est de loin en derrière position aux niveaux économiques et social par rapport aux autres
membres de la Communauté d’Afrique de l’Est.

Cette recherche se démarque de toutes les autres citées ci-haut du fait que son objet
d’étude porte sur « la République Démocratique du Congo face au Commerce international au
sein de la Communauté d’Afrique de l’Est enjeux et défis ». Ce travail porte sur l’étude des
enjeux de l’adhésion de la RDC à la CAE ainsi que sur ses défis face au développement du
Commerce international dans ladite Communauté. En effet, ce travail postule que l’adhésion de
la RDC à la CAE comporte trois types d’enjeux : les enjeux géographiques, produisent le
désenclavement de la partie Est du pays, le rapprochement ainsi que l’intensification des liens
sociaux-culturels entre la population congolaise et celles des autres pays membre. Les
enjeux économiques ; l’accroissement du marché, l’intensification des échanges commerciaux,
la suppression des barrières tarifaires et la libre circulation des biens et des personnes. Les
enjeux politiques ; la gestion commune des crises sécuritaires, l’amélioration des relations
diplomatique et la cohabitation pacifique. Par ailleurs, cette étude fustige que les défis de la
RDC face à l’épanouissement du Commerce international au sein de la CAE sont : la nature
extravertie de l’économie congolaise, le faible taux de production, le manque d’infrastructures
modernes de communications et d’industrialisations, la corruption ainsi que le climat des
affaires peu favorable. De ce fait, ce travail y propose des stratégies tels que : la promotion et
la modernisation des infrastructures industrielles et celles de transports, la promotion de la paix
et la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption et l’amélioration du climat des affaires,
pour garantir la productivité et la compétitivité du Commerce international de la République
Démocratique du Congo au sein de la Communauté d’Afrique de l’Est.

Problématique

La République Démocratique du Congo est membre, non seulement de quatre autre


groupements économiques sous-régionaux différents, mais également du Programme de
Coopération Monétaire en Afrique par le biais de la Banque Centrale du Congo. De ce fait,
vient s’ajouter aujourd’hui une cinquième (5) communauté économique régionale qui est la
communauté des Etats d’Afrique de l’Est.

La République Démocratique du Congo a voulu adhérer à la CAE, mais sans succès.


Elle a introduit sa demande il y a de cela trois ans, depuis 2019. En Mars 2022 pendant qu’on
8

s’y attendait le moins, la RDC a afin adhéré à la Communauté d’Afrique de l’Est. Elle aura
adhérée à une communauté qui veut des avancées conséquentes sur tous les secteurs de la vie
économique et dans les domaines juridiques, politiques, finances, investissements, commerce,
coopération financière et monétaire ; domaine des services à travers les étapes par lesquelles la
CAE va devoir passer de l’union douanière, marché commun, union monétaire et fédération
politique pour atteindre une intégration économique régionale complète17.

L’un des problèmes qui nous préoccupe est celui de comprendre pourquoi un pays
comme la RDC tiendrait-il à adhérer à une autre organisation sous-régionale à caractère
économique, pourtant appartenant déjà à plusieurs autres communautés économiques
régionales. Signalons que les raisons les plus immédiates et susceptibles d’expliquer l’adhésion
à une communauté donnée sont18: la proximité géographique, l’interdépendance économique,
une culture ou une langue commune, des relations de coopération historiques et le partage des
ressources communes. À cela, peuvent s’ajouter des raisons politiques et sécuritaires. D’après
une enquête de la Commission Économique pour l’Afrique19, les raisons invoquées par les pays
pour rejoindre les CERs sont par ordre d’importance : politiques et stratégiques (50 %),
économiques (35 %), géographiques et historiques (10 %) ainsi que culturels (5 %).

En plus de la multiplication des contributions financières, et des éventuelles conflits de


compétences qui pourraient surgir par le fait d’appartenance à plusieurs communautés sous
régionales, La RDC a malgré cela, adhéré à la CAE. Ainsi, est-il pertinent à l’heure actuelle et
face aux enjeux qui se présentent que la RDC quitte certaines organisations afin de se concentrer
sur celles qui l’avantageraient à l’exemple du Rwanda qui a quitté la CEEAC pour rejoindre la
CAE et le Commonwealth20 et a abandonné le français comme langue d’enseignement au profit
de l’anglais. Ces chevauchements pourraient poser un réel problème pour le bien-être de la
RDC. Ces organisations ont des objectifs différents. Les pays risquent donc de tomber dans des
contradictions et cela les pousse à faire des choix qui ne font pas nécessairement avancer le
pays.

La question centrale qui nous intéresse est celle de déterminer les enjeux de l’adhésion
de la République Démocratique du Congo à la communauté d’Afrique de l’Est et les défis de
la RDC face au commerce internationale au sein de ladite communauté. Les accords régionaux

17
MBONITEGEKA, J., et NIYOKWIZIGIRA, E., op.cit., p.
18
ECONOMIC COMMISSION FOR AFRICA/AFRICA UNION, Assessing Regional Integration in Africa II.
Rationalizing Regional Communities, Addis Ababa, 2006, p.35.
19
0bid.
20
Organisation qui est composée de 7 Etats, qui, pour la plupart sont d’anciennes colonie de la Grande-Bretagne,
9

de commerce sont une forme particulière de libéralisme commercial comportant un aspect


discriminatoire. La constitution d’une union douanière, par exemple, peut avoir des effets de
création et de détournement de commerce dans les pays membres21 .

C’est ainsi, pour nous permettre de cerner clairement l’objet de notre recherche, nous
nous sommes posé deux questions que nous résumerons en raison d’une question principale et
une question secondaire, suivantes :

- Pourquoi la République Démocratique du Congo a-t-elle adhérée à la communauté


d’Afrique de l’Est malgré son appartenance à d’autres Communautés Economiques
Régionales Africaines ?
- Quels sont les défis de la République Démocratique du Congo face au développement du
Commerce international au sein de la Communauté d’Afrique de l’Est et les stratégies pour
y faire face ?

3. Hypothèses

En guise d’hypothèse, notons à priori que, de toutes les positions développées par les
différents auteurs quant à la motivation de l’adhésion de la RDC à la communauté régionale
des pays de l’Afrique de l’Est malgré son appartenance à d’autres communautés, les raisons
serraient d’abord d’ordres géographiques c’est-à-dire le désenclavement dans la partie Est de
la RDC, d’ordre économiques c’est-à-dire le libre-échange des biens et des services ; À cela,
pourraient s’ajouter des raisons politiques (sécuritaires) c’est-à-dire la recherche de la paix en
termes de sécurité pour certaines zones frontalières. Ainsi, les réponses aux questions posées
dans notre problématique se présentent comme suit :

1. La République Démocratique du Congo aurait adhéré à la communauté d’Afrique de


l’Est pour trois principaux enjeux, à savoir :

 Les enjeux géographiques : pour le désenclavement de ses provinces surtout celles dans
l’Est, car elle partagerait des infrastructures routières et énergétiques transfrontalières et du
projet de chemin de fer reliant le port tanzanien de Dar es Salam à l’Est en passant par le
Rwanda, mais également du projet de construction du rail devant connecter la Tanzanie à
la République Démocratique du Congo.

21
MUCCHIELLI, L., MAYER, T., Économie internationale, Paris, Dalloz, 2005, p. 411.
10

 Les enjeux économiques : pour accroitre le marché, intensifier les échanges commerciaux
dans la Zone et redynamiser le Commerce international car la suppression des barrières
tarifaires sur les produits de la communauté implique la réduction du coût à la
consommation grâce à l’adoption d’un tarif extérieur commun.
 Les enjeux politiques : pour améliorer et renforcer les relations diplomatiques avec les Etats
de la CAE et réduire les antagonismes en RDC grâce à une gestion commune des crises
sécuritaires, telle que l’intervention des troupes militaires provenant des Etats de la CAE en
faveur de la RDC ; car se basant sur le principe de sécurité collective de Nations-Unies, ce
serait totalement absurde que les Etats d’un même regroupement régional se fassent la
guerre ou soutiennent la guerre dans un autre Etat membre.

2. Les défis de la République Démocratique du Congo face au Commerce international


au sein de la communauté d’Afrique de l’Est et les stratégies

 La nature extravertie de l’économie congolaise et le faible taux de production,


seraient les défis majeurs à caractère économique face à l’épanouissement du commerce
international de la RDC au sein de la CAE. Le problème d’enclavement constituerait un
grand défi à caractère géographique, et l’insécurité, la mauvaise gouvernance, la corruption
et le climat des affaires peu favorable constituerait les défis à caractère politique.

 Cadre opératoire

Variables Dimensions Indicateurs


V. Dépendantes : - Politique - Signature du traité de la CAE
- De l’adhésion de la - Dépôts des instruments de ratification
RDC à la Communauté
d’Afrique de l’Est
V. Indépendantes : - Géographique - Le désenclavement dans l’Est
- Les enjeux de - L’accès à l’océan indien
l’adhésion de la - La libre circulation des personnes
RDC à la CAE - Economique - Intensification des échanges entre les provinces de
l’Est et la CAE
- Réduction des couts liés à l’importation et à
l’exportation
- Facilitation des missions économiques
- Réduction des taux de taxes à la production
11

- Politique - Opération Militaires de la force de la CAE contre les


groupes rebelles
- Des bons offices offerts par les membres de la CAE
aux belligérants dans l’Est de la RDC.
- Economiques - La nature extravertie de l’économie congolaise
- Faible taux de production
-Les défis du commerce - Manque d’infrastructures industrielles
international de la RDC
- Géographiques - L’enclavement
au sein de la CAE
- Manque des infrastructures des transports

- Politiques - Problème d’insécurité


- Mauvaise gouvernance
- La corruption
- Le climat des affaires peu favorables

 Théories explicatives

a. Théories des relations Internationales, quid ?


La naissance de la discipline des Relations Internationales est à situer aux années 1919 à
l’Université d’Alberystwyth dans le pays de Galles avec comme intention première l’étude des
guerres et des différents conflits. A ce jour, les Relations Internationales sont une discipline à
part entière, avec ses méthodes, théories et doctrines. Trois facteurs ont occasionné la création
de cette importante discipline pour la paix dans le monde pour Jean-Jacques Roche22 :

- La Première Guerre mondiale et ses treize millions de morts avaient détruit le mythe de «
la mission civilisatrice » de l’Occident. La réflexion sur les causes de la guerre et les
conditions d’établissement d’une paix durable polarisèrent donc la discipline naissante sur
les mécanismes de contrôle politique d’une violence toujours prête à resurgir ;
- Les transformations des mécanismes d’équilibre de l’Europe du XIXe siècle imposaient de
renoncer à l’analyse des seules causes historiques de la guerre. La discipline des relations
internationales s’assigna pour objectif de remplacer l’analyse événementielle de l’histoire
diplomatique par une vision plus sociologique ; il s’agissait donc d’étudier l’influence des
« forces profondes » sur le comportement des acteurs ;

22
ROCHE Jean-Jacques, Théories des relations internationales, Paris, Editions Montchrestien, p.20.
12

- Enfin, le refus des Etats-Unis de tenir le rôle qui leur incombait à la suite de leur intervention
déterminante de 1917 fut à l’origine d’une réflexion plus générale sur le rôle de la puissance
et sur les finalités de l’action diplomatique.
Muhindo Mughanda défini une théorie comme une abstraction de la réalité, un système
cohérent des connaissances généralisables sur des relations entre phénomènes… Il s’agit de ce
que la science produit. Elle produit une pluralité d’hypothèses dans sa tentative de comprendre
le monde.23
La classification la plus utilisée donne deux grandes familles des théories ; les théories
positivistes (avec leurs variantes) et celles interprétativistes, notamment ; le libéralisme
(idéalisme), le réalisme, le marxisme et le constructivisme, le féminisme, le post-colonialisme,
le poststructuralisme et le post modernisme. Ces théories expliquent tous les problèmes actuels
des relations internationales que connaissent tous les acteurs des relations internationales allant
des Etats, des organisations internationales, des sociétés multinationales, des sociétés
criminelles internationales aux organisations de la société civile internationale, etc. Notre Etude
implique les acteurs Etatiques réunis au sein d’une organisation internationale
intergouvernementale ; la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est.
C’est dans ce sens que nous nous devons, au courant de ce travail de mémoire de Licence
en Relations Internationales, de nous inscrire dans une théorie existante pour arriver à expliquer
les faits en étude. L’exercice est de trouver une théorie explicative, laquelle nous avons
considéré pour formuler nos hypothèses de recherche. Avoir une théorie comme fondement,
nous a permis de faire une étude originale et qui répondra aux normes scientifiques de la
discipline.

b. Idéalisme et pratique du commerce international de la RDC dans la CAE


Au sortir de la guerre froide, les organisations internationales qui vont naitre auront
tendance à répondre aux exigences de l’unique superpuissance restée sur la scène
internationale : les USA, tenants du libéralisme économique et de la démocratie. C’est sous
cette houlette que vont naitre plusieurs organisations internationales visant l’intégration
économique et la promotion de la démocratie.24

Nous nous sommes pose deux questions qui nous ont poussé à réfléchir sur base des
théories des Relations Internationales. Ces deux questions tournaient au fait de vouloir savoir
pourquoi la République Démocratique du Congo a-t-elle adhérée à la communauté d’Afrique

23
MUHINDO Mughanda, Théories des Relations Internationales, Presses Universitaires de Ruwenzori, 2019, p.8.
24
MUHINDO Mughanda, op.cit., p.112.
13

de l’Est malgré son appartenance à d’autres Communautés Economiques Régionales


Africaines mais aussi quels sont les défis de cette adhésion et les stratégies pour le
développement du commerce international de la République Démocratique du Congo au sein
de la Communauté d’Afrique de l’Est ?

Pour essayer d’expliquer les enjeux de l’adhésion de la RDC dans la CAE, et donc de
répondre aux questions ci-haut, avec un angle particulier sur l’exercice du commerce
international au sein de cette Communauté, nous nous sommes inscrits dans le courant libéral
(Idéalisme). Les libéraux, avec comme un des ténors, Woodrow Wilson, sont défenseurs des
organisations internationales comme source de la paix dans le monde grâce à la coopération.
Cette théorie a plusieurs variables qui nous permis d’expliquer le phénomène sous étude.

Mais avant tout, il est très important de trouver les explications apportées par cette famille
théorique pour essayer d’expliquer les raisons d’être des organisations Internationales25 :

- Idéalisme classique : Pour cette théorie, les Organisations internationales ont comme rôle
majeur la réduction des tensions entre Etats et la confection des règles de cohabitation
pacifique.
- Idéalisme commercial : Pour l’idéalisme commerciale, les Organisations Internationales
servent à promouvoir des échanges commerciaux, servir des cadres des négociations des
accords et des tarifs commerciaux.
- Le néo-idéalisme : Il s’agit de la récente variable de la théorie idéaliste. Pour cette théorie,
les Organisations Internationales sont un instrument d’exercice doux et intelligent du
pouvoir des grandes puissances.

Nous avons formulé nos hypothèses en se basant sur la théorie du libéralisme


commercial ou idéalisme commercial pour expliquer les raisons qui auraient poussé la RDC à
adhérer à la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est et de comment elle pourrait y développer
son commerce international. Pour nous, et au regard du libéralisme commerciale, Pour les
raisons d’ordre économique, le RDC aurait adhérer à la CAE, pour intensifier ses échanges
commerciaux grâce à la suppression des barrières tarifaires pour les marchandises et
redynamiser son commerce international au sein de la CAE, d’ailleurs la RDC pourrait aussi
profiter des infrastructures routières et énergétiques transfrontalières et du projet de chemin de

25
MUHINDO Mughanda, op.cit., p.118.
14

fer reliant le port tanzanien de Dar es Salam à l’Est en passant par le Rwanda, mais aussi du
projet de construction du rail devant connecter la Tanzanie à la RDC.

4. Cadre méthodologique et techniques des recherches


a. Méthode d'analyse

La recherche scientifique recommande toujours le choix d'une approche méthodologique


devant guider l'analyse des données et leur interprétation. La méthode selon Madeleine
GRAWITZ26 est l'ensemble des opérations intellectuelles par les quelles une discipline cherche
à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les démontrer et les vérifier.

Dans un travail scientifique, les informations ne se recueillent pas au hasard, il faut


cependant des méthodes adéquates pour la récolte de toutes les données utiles. Il est
recommandé de déterminer clairement à atteindre, établir la somme des opérations à accomplir
pour réunir les matériaux, l’objectif et les instruments nécessaires.

Pour le cas de notre étude, étant donné que l’objet même de notre recherche est d’étudier
la RDC face au commerce international au sein de la communauté d’Afrique de l’Est, en faisant
une analyse sur les enjeux de l’adhésion de RDC à la CAE et en déterminent les défis qui
guettent l’épanouissement du commerce international du pays au sein de ladite communauté, la
méthode systémique de David EASTON convient le mieux.

Il construit un modèle d’analyse dans lequel les interactions du système politique et son
environnement sont représentés sous la forme d’un circuit fermé. Dans ce modèle, le système
politique est considéré comme un lieu opaque et obscur, qui échappe à l’entendement. Pour
David EASTON, la seule réalité connaissable dans ce processus est celle qui se donne à
observer uniquement dans les transactions multiformes entre le système politique et son
environnement. L’application de cette méthode doit pousser le chercheur à dégager les éléments
ci-après liés à son protocole descriptif :

 Les inputs (données d’entrée), qui sont fournies de l’environnement vers le système ; pour
subir le processus de transformation, ou pour être traitées. Elles comprennent les besoins,
les demandes, les exigences des citoyens, les revendications, cahier de charge, doléances

26
MADELEINE G., Méthodes en Sciences Sociales, Paris, 6ème Ed, Dalloz,1 984, p.34
15

du public, défis, problèmes, des groupes de pression, des clients des associations et autre
services administratifs ou privés ainsi que les ressources disponibles.
 La boite noire (données internes), ce sont des éléments inhérents au processus de
transformation des données d’entrée en données de sortie. C’est le système politique. Ils
peuvent être les membres des gouvernements, le parlement, la cour constitutionnelle, etc.
 Les outputs, (données de sortie), elles sont fournies par les autorités politiques, Elles
comprennent les services, les biens matériels, les règlements éditées en matière du
comportement (les décisions), réponses, résolution du problème posé, remède, solution,
recommandation, les différentes manifestations, déclarations et activités, les
renseignements, les conseils techniques et propositions concrètes fournie par
l’administration aux autres services.
 Le feedback (la rétroaction) la rétroaction représente des données de sortie antérieurs sur
les données d’entrée ; exigences, ressources, soutien ou opposition ; introduites dans le
système politique. Certains mécanismes de rétroaction apparaissent clairement dans
l’interaction continuelle entre les fonctionnaires et les nombreuses sources de ces donnes
d’entrée ainsi que les bénéficiaires de ces données de sortie, car le public, le législateur et
chef d’exécutif sont rarement tous satisfaits en même temps. Certains exigent toujours
d’avantages. Ils réclament l’amélioration des services différents afin de satisfaire les besoins
restés jusqu’qu’alors méconnus. Le feed-back peut voir un effet soit positif soit négatif soit
ago-antagoniste. Il est dit négatif lorsqu’il réduit les pressions exercées sur le système et
améliore le soutien que lui apporte les acteurs qui sont en relation avec lui puisque le
système a réussi à répondre favorablement aux demandes et autres revendications ou
réclamations qui lui ont été adressées (notion de morphostase) ; ceci a donc un effet correctif
caractérisé par une capacité et une volonté de résoudre un problème donné. Le feed-back
est positif lorsqu’au contraire, il déchaine ou exacerbe de nouvelles demandes et pressions,
le système n’étant pas en mesure ou n’ayant pas voulu donner une suite favorable aux inputs
de départ (notion de morphogenèse) ; ceci a donc un effet amplificateur ou aggravant. Un
feed-back ago-antagoniste est un rétroactif avec effet ambivalent, c’est-à-dire susceptible,
suivant la situation, d’être positif ou négatif. Autrement dit, il peut avoir un effet satisfaisant
ou non satisfaisant.

 Adaptation de la méthode systémique selon le modèle de David EASTON

L’environnement dans cette présente étude concerne la population congolaise en


particulier celle vivant dans l’Est du pays face au gouvernement ou au système politique
16

congolais qui à cause d’un problème d’enclavement s’est beaucoup plus tournée vers l’Afrique
de l’Est, par conséquent s’est écartée des autres provinces du pays. Ce phénomène a un impact
négatif sur le progrès du commerce international du pays dans le sens où les échanges
commerciaux ou la circulation des marchandises à travers les provinces de la RDC s’effectue
difficilement.

Les données d’entrée exprimées par l’environnement, ont été le besoin de la population
congolaise surtout celle vivant dans l’Est du pays de bénéficier aussi des avantages liés à
l’integration régionale, à travers l’adhésion de la RDC à la CAE, comme il en est le cas avec la
population vivant dans la partie Ouest à cause de l’appartenance de la RDC à la CEEAC.
L’enclavement constitue un frein pour une integration régionale effective. La position
géographique de la RDC est un élément crucial qu’il faudrait valoriser. Le gouvernement
congolais a besoin d’interconnecter toutes les provinces du pays en construisant et en
modernisant les infrastructures de transports (les routes, les ports, les aéroports et les chemins
de fer). L’extraversion de l’économie congolaise et le faible taux de production constituent un
grand défi pour le développement du commerce international de la RDC au sein de la CAE.
Avec l’appartenance multiples de la RDC aux CERs et son adhésion à la CAE, les
recommandations au près du gouvernement congolais sont la construction et la modernisation
des infrastructures industrielles (les industries de productions et de transformations) pourront
favoriser la productivité et la compétitivité du commerce international de la RDC et influencer
sa croissance économique et sa compétitivité sur le marché international. La situation
sécuritaire lamentable dans l’Est de la RDC, la corruption et le climat des affaires peu
favorables empêchent la population de profiter pleinement de l’integration régionale. Le
système politique congolais devrait, ensemble avec la communauté, promouvoir la paix à
travers la collaboration diplomatique et militaire entre la RDC et la CAE, la lutte contre la
corruption et la favorisation du climat des affaires.

La transformation des données entrées en données de sortie, sont pour notre cas d’espèce,
les comportements et attitudes du gouvernement ou du système politique congolais vis-à-vis
des recommandations fournies par son environnement. Ici il faut noter que l’appartenance de la
RDC à plusieurs communautés économiques régionales n’a pas empêché le pays d’adhérer à la
CAE d’autant plus que les raisons géographique, économique et politique ont nécessité
l’intégration du pays dans cette communauté pour intensifier grâce aux avantages liés a
l’intégration régionale, les interactions qui existaient déjà entre les provinces de l’Est de la RDC
17

et les pays d’Afrique de l’Est. Cependant, il ne pourra se démarquer une quelconque différence
entre cette intégration et celles précédentes que dans la mesure où le gouvernement arrive à
répondre favorablement aux besoins réels de son environnement. Sinon l’enclavement,
l’extraversion de l’économie congolaise et le faible taux de production ; l’insécurité, la
corruption et le climat des affaires peu favorables, poseront toujours un problème pour
l’intégration effective de la RDC dans la CAE comme c’est le cas dans d’autres CERs.

Au niveau des données de sortie, pour notre cas d’étude, seule l’adhésion de la RDC dans
la CAE se produit comme une solution du gouvernement car elle permet aux provinces de l’Est
de la RDC de bénéficier aussi des avantages liés à integration régionale. Cependant, le fait
d’avoir adhérer à la CAE ne suffit pas pour résoudre les problèmes liés à l’enclavement, à la
nature extravertie de l’économie congolaise et au faible taux de production, encore moins à
l’insécurité dans l’Est de la RDC, la corruption, le climat des affaires peu favorables pour le
développement du commerce international de la RDC au sein de la communauté. Le
gouvernement congolais a le devoir de revenir sur les recommandations fournies par son
environnement pour y apporter des résultats satisfaisants.

Concernant la rétroaction, pour le cas de cette étude, le besoin de la population congolaise


surtout celle vivant dans la partie Est de la RDC, de pouvoir bénéficier des avantages liés à
l’intégration régionale dans la CAE, a été répondu favorablement grâce à l’adhésion de la RDC.
Cette demande a donc subi un feedback négatif selon la méthode systémique de David Easton,
car la réponse à cette demande a été satisfaisante. Par contre la question sur l’enclavement des
provinces de la RDC produit a produit un feed-back positif car l’insuffisance en matière des
infrastructures routières pose encore problème pour l’interconnexion des provinces en RDC.
La réponse à cette exigence a été défavorable et devrait donc être réintroduite dans la boite noire
qui pour notre cas est le gouvernement ou le système politique congolais. L’extraversion de
l’économie congolaise et le faible taux de production produit aussi un feedback positif à cause
du manque des infrastructures industrielles (de productions et de transformations) qui pousse
la RDC à importer plus qu’elle n’exporte. L’insécurité dans la partie Est de la RDC, la
corruption et le climat des affaires peu favorables produit un feedback positif.

Ces éléments ne permettent pas à la population de profiter pleinement des avantages de


l’adhésion encore moins d’épanouir le commerce international de la RDC au sein de la CAE.
Dans le cadre de la méthode systémique de David Easton, l’ensemble de ces rétroactions ou ces
résultats produit un feed-back ago-antagoniste avec effet ambivalent.
18

 Schéma pragmatique de la méthode systémique

Données entrées (inputs) Boite noire Données sorties (outputs)

- Adhérer à la CAE pour :  Le gouvernement - L’adhésion de la RDC à la


CAE grâce à la signature
Profiter des avantages liés à  Le système politique
du traité et les dépôts des
l’intégration régionale, et congolais
instruments de ratification
intensifier le commerce
international de la RDC au - L’enclavement des
sein de la communauté. provinces de la RDC, suite
au manque
- Sur le plan d’infrastructures de
géographique : transport
Le désenclavement implique
l’interconnexion des routes en
RDC ;
- Sur le plan économique :
la productivité et la
compétitive du commerce
international implique
l’industrialisation en
RDC,
- Sur le plan politique : la
promotion de la paix grâce
à la collaboration
diplomatique et militaire
entre la RDC et la CAE, la
lutte contre la corruption
et la favorisation du climat
des affaires.

Feedback ago-antagoniste avec effet ambivalent


19

b. Techniques de récolte des données

La méthode à elle seule ne suffirait pas pour conduire à bon escient ce travail. La
technique selon Madeleine GRAWITZ est comme la méthode, une réponse à un « comment »
c'est un moyen d'atteindre se sert le chercheur pour collecter les données dont il a besoin27.

Nous faisons usage de quelques techniques essentielles de recherche en sciences sociales,


lesquelles restent les matériaux pour l’expression des méthodes. C’est ainsi, Pour accéder aux
données relatives à notre objet d'étude nous avons fait recours à la technique documentaire.
Le document offre l’avantage d’être un matériel objectif en ce sens que s’il soulève des
interprétations différentes, il est le même pour tous et ne change pas. Alors auquel l’individu
interrogé donne une réponse qui seulement pour le moment où elle est donnée, le document
demeure et permet une étude dans le temps (évolution, comparaison, etc.)28.Selon Madeleine
GRAWITZ29, la technique documentaire consiste en une fouille systémique de tout ce qui est
écrit ayant une liaison avec le domaine de recherche. Il s’agit des ouvrages, des mémoires, les
rapports, les notes de cours, les sites web, etc. Cette technique nous a permis de parcourir divers
documents entre autres les livres, les magazines, les revues, les articles, et autres documents
officiels portant sur : l’intégration régionale, le commerce international, l’économie politique
internationale, la communication infrastructurelle des Etats, etc.

5. Objectifs d’étude

1. Analyser le processus d’intégration dans la Communauté d’Afrique de l’Est ainsi que


les enjeux de l’adhésion de la RDC à la CAE.
2. Identifier les défis du commerce international de la République Démocratique du
Congo au sein de la CAE et proposer des stratégies pour y faire face.

Ces objectifs devraient animer plus d’un chercheur en ce jour où la RDC devrait déjà
entamer le processus de ratification des différents accords et traités sur l’intégration dans la
Communauté.

6. Choix et intérêt du travail

27
BRIMO A., Méthodes des services sociaux, Paris, Montchrestien, 1972, p.18.
28
GRAWITZ M., op.cit, P.526
29
Ibid, p. 571
20

Tout travail scientifique doit comporter un intérêt, par conséquent, l’œuvre académique
de la fin du deuxième cycle doit être utile non seulement à l’auteur, mais également à la société
toute entière. Ce travail inclus un double intérêt et un choix :

 Sur le plan théorique, ce travail étudie l’évolution de la CAE par rapport aux objectifs
préétablis par l’organisation ainsi que ses réalisations. Elle explique en détail les biens
fondés de l’adhésion de la République Démocratique du Congo dans la communauté
d’Afrique de l’Est. Ce travail identifie les obstacles qui guettent le développement du
commerce international de la RDC sur le marché régional.
 Sur le plan pratique, ce travail présente un intérêt particulier d’abord pour nous même
entant que future praticienne dans le domaine des relations internationales, car il nous
permettra de maitriser ce nouvel aspect d’intégration régionale, mais également, ce support
constituera un précieux outil de référence , non seulement pour les étudiants mais aussi pour
les chercheurs et autres personnes intéressées par la manière dont l’intégration régionale
africaine évolue tant au niveau national qu’international. Enfin, les autorités congolaises
qui sont au cœur de cette recherche, seront informés par rapport aux stratégies ou aux
recommandations proposées dans le cadre de cet] travail pour relever les défis du commerce
international de la RDC dans la CAE.

Enfin, le choix de ce sujet n’est pas un fruit du hasard. Mener une étude sur l’adhésion
de la RDC dans la CAE, avec un accent particulier sur le commerce international est parti d’un
souci de contribuer sur la question de l’intégration économique régionale de la RDC dans la
CAE de pouvoir apporter un plus sur les stratégies pouvant permettre le développement du
commerce international de la RDC au sein de la Communauté.

7. Délimitation du sujet

Quant à la délimitation de ce sujet, ce thème suggère un domaine d'investigation plus


étendue et complexe. Il implique un certain nombre de délimitation car traiter la totalité de ce
sujet conduirait inévitablement à certains débordements. Cette étude sera limitée dans la
thématique, dans le temps et dans l’espace.

Il serait donc important de souligner que notre thème d’étude est centré sur « les causes de
l’adhésion de la RDC à la CAE en dépit du fait que la RDC appartienne déjà à d’autres CERs ;
avec un accent particulier sur les obstacles de la RDC face au marché international au sein de
la CAE ». Pour ce faire, le plan spécial de ce travail s’intéresse activement à la RDC et
21

passivement à la CAE. En effet ; il est aussi nécessaire de limiter ce travail dans le temps. Ainsi,
notre étude s’étend depuis la période de 2019 couvrant le début du processus d’intégration de
la RDC dans la CAE, jusqu’en 2022, l’année de son adhésion. Cependant, dans son aspect
rétrospectif, ce travail pourra aussi aboutir à la formulation des recommandations au
gouvernement, lesquelles recommandations constituent des stratégies pour l’épanouissement
du commerce international de la RDC au sein de ladite communauté.

8. Subdivision du travail

Hormis l'introduction et la conclusion, ce travail comporte trois chapitres :

- Chapitre 1er : le cadre théorique et champ d’étude,


- Chapitre 2ème : le processus d’intégration au sein de la CAE et enjeux de l’adhésion de la
RDC,
- Chapitre 3ème : les défis et stratégies de développement du commerce international de la
RDC dans la CAE.
22

CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ET CHAMP DE L'ETUDE

Section 1. Cadre théorique

 Définitions des concepts :


a. L’intégration régionale
L’intégration régionale est le processus qui consiste à surmonter, d’un commun accord,
les obstacles politiques, physiques, économiques et socio-culturels qui séparent les pays de leurs
voisins. Elle permet aux Etats de collaborer à la gestion de ressources partagées et de biens
communs régionaux. Elle poursuit comme but, la stabilité politique celle-ci étant une condition
indispensable pour le développement économique, lequel développement est le produit de
grands marchés harmonisés. La libre circulation des biens, des services, des capitaux et des
personnes qui permet des économies d’échelle et stimule l’investissement. Les biens publics
régionaux se basant sur la coopération entre Etats membres d’une même communauté et/ou
entre pays voisins pour permettre de relever les défis transnationaux tels que la sécurité
alimentaire, la préservation de la biodiversité ou la lutte contre le changement climatique, etc.

L'intégration régionale répond à des impératifs sociaux, culturels et politiques autant


qu'économiques. Si le concept d'intégration régionale revêt un biais à prédominance
économique dans la littérature, au point de se confondre à l'occasion avec celui de 1'integration
économique, il ne se limite pas pour autant à cette dimension. L'intégration régionale peut
engager tous les domaines d'intervention du secteur public, y compris la gestion de
l'environnement économique, mais également la sécurité collective, les droits humains,
l'éducation, la sante, la recherche et la technologie, ou la gestion des ressources naturelles. Le
concept de l'intégration régionale dépasse donc celui de l'intégration économique30.

Pour Karl Deutsch31, l’intégration régionale est la création dans un territoire donné, d’un
sentiment de communauté et des institutions et des pratiques assez fortes pour rassurer les
attentes d’un changement pacifique au profit de la population.

Nous retenons certains éléments clés de cette définition dont leurs dimensions différentes
et variées vont nous aider à appréhender notre objet d’étude : création, territoire, sentiment de
communauté et changement au profit de la population.

30
LAVERGNE Real, integration et coopération régionales en Afrique de l’ouest, Paris, KARTHALA, 2018, p.16
31
KARL Deutsch, Naturalism and Social Communication, Cambridge, 2è édition, , MA, MIT Press, 1966, P.18
23

Robert Schueman32 quant à lui revient avec d’autres mots, sur le sens de l’integration
régionale donnée par Karl Deutsch ; pour lui l’integration sera un processus dans lequel les
fonctions constructives des acteurs principaux, les institutions communes, inciteraient les
réactions positives des élites politiques et économiques, influenceraient le comportement
d’autres groupes sociétaux et rapprocheraient les citoyens des différentes nations.

Au-delà de la nouvelle donne sur le sens « de processus » nous pouvons noter que le but
entre autre serait aussi de rapprocher les citoyens des différentes nations.

- L’intégration régionale par le fédéralisme politique :

Nous devons souligner que l’objectif final de la CAE est d’aboutir à une intégration politique
comme étape finale d’intégration. Il nous est donc important de comprendre le sens même de
cette théorie d’intégration dite « fédéraliste ».

Pour cette théorie, le monde fédéral ou le fédéralisme est un vecteur de paix et de non-
agression entre nations-Etats. Pour eux, l’UE devrait arriver à cette étape ou niveau pour
pousser les anciens belligérants à la collaboration plutôt qu’à la guerre. Par élargissement aux
CERs, on peut se dire que cette théorie soutiendrait que la gestion des CERs comme des Etats
ou « Grands Etats » fédéraux est un moyen de les pousser à collaborer. Richard KALERGI et
Altiero SPIUELLI sont parmi les tenants de cette vision.

- L’intégration politique et institutionnelle :

Pour les tenants de cette théorie, la création des institutions internationales ou


Organisation international, pour notre cas les CERs, peut aider à sauver le commerce
international. Il s’agit d’une vision fonctionnaliste soutenue par David Mitrany33 et Taylor qui
soutiennent que les Organisations Internationales ou CERs sont des instruments de gestion des
priorités des citoyens des pays membres édictées sous formes d’ « input » au le système.

L’intégration régionale pour les transactions Karl Deutsch34 est le tenant de cette théorie
qui soutenait que le sentiment de communauté entre nations dépend du niveau de
communication entre elles et donc de l’établissement d’un réseau multinational transactionnel.

32
SCHUEMAN Robert, cite par MWAYILA T., Régionalisme et problème d’intégration économique,
L’Harmatan, 2012, p,17.
33
Ibid, p.14
34
KARL Deutsch, op.cit., p. 20
24

Les notions de communications, transactions, réseaux, etc. sont en phase avec nos
postulats pour cette étude. Ces dernières sont vectrices d’une intégration effective mais dans
notre cas sont confrontés à des défis très grands.

b. Le commerce international
L’expression « commerce international », comporte plusieurs significations. Il désigne
l’ensemble des flux de biens ou marchandises entre des pays différents. Il correspond à
l’ensemble des biens, des services et des capitaux faisant l’objet d’un échange entre au moins
deux pays. Il renvoie également à l’organisation des échanges internationaux entre deux ou
plusieurs espaces économiques. Il a pour but le profit ou le bénéfice. Le commerce international
connaît un nouvel essor du fait de la mondialisation économique. La mondialisation
économique est en fait, l'accélération, à l'échelle mondiale, des échanges de biens et de services
rendue possible grâce à la levée progressive des entraves au commerce dans le cadre de l'accord
général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) puis de l'Organisation mondiale du
commerce (OMC) depuis 1995 et par le développement des moyens de transport et de
communication.

De nouvelles formes de commerce international se développent, comme le commerce de


compensation donnant lieu à des contrats non standards dans le cadre de grands marchés publics
(définition légale dans l'article XVI de l'Annexe 4b de l'accord de Marrakech en 1994). Le
commerce international comprend toutes les opérations sur le marché mondial. Il est l'organe
regroupant les divers pays du monde engagés dans la production des biens destinés aux marchés
étrangers. Ainsi il comprend ; Le commerce de concentration qui consiste à assembler les
petites productions locales ou régionales dans des comptoirs créés à cette fin en quantités
convenables pour être manipulés sur le marché mondial, Le commerce de distribution qui
consiste à se procurer les marchandises en très grandes quantités sur le marché mondial et à les
emmagasiner pour les distribuer aux consommateurs sur le plan mondial. Le commerce
extérieur qui s'effectue entre les habitants de deux ou plusieurs pays. Il comprend les
importations, achats à l'étranger et les exportations, ventes à l'étranger des biens produits à
l'intérieur d'un pays. Le commerce de transit qui n'est rien d'autre que la faculté accordée à un
produit originaire du pays X et destiné à la consommation dans le pays Y, de traverser le pays
sans acquitter les droits de douane.

Béla Balassa, dans « The theory of economic integration », a proposé en 1961 une
typologie en six grandes catégories : La zone d’échange préférentielle qui lève les obstacles au
25

commerce interrégional pour certains produits, La zone de libre-échange, marquée par une
suppression des obstacles tarifaires, comme l'ALENA depuis 1994. L’union douanière qui
combine une libre circulation des marchandises et l’adoption d’un tarif extérieur commun,
c’est-à-dire des taxes douanières identiques à chaque pays membre d’une même organisation
régionale. Le marché commun correspond à la libre circulation des marchandises, des capitaux
et des personnes. L’union économique et monétaire ajoute l'instauration d'une monnaie unique
et L’union politique correspond à l'étape ultime et intègre d’une politique étrangère et de
défense commune, dans un cadre qui peut rester fédéral : l’Allemagne du XIXe siècle a atteint
ce stade en 1870, soit 46 ans après la création d’une union douanière entre différents États
allemands, le Zollverein35. Il s’agit d’une catégorisation ou une typologie de l’integration
régionale. Elle couvre tous les aspects et secteurs de vie des communautés et ne repose pas
uniquement sur l’aspect économique.

c. Les infrastructures
Apparu dans la seconde moitié du XIXe siècle, le mot « infrastructure »36 a ressurgi de
façon spectaculaire dans les discours au début du XXIe siècle37. Portée par la globalisation et
les urgences écologiques, l’usage de ce terme connaît désormais une inflation sémantique qui
témoigne de multiples efforts pour repenser les infrastructures existantes et comprendre les
nouveaux projets d’aménagement qui se déploient un peu partout dans le monde.

Le mot infrastructure connaît au même moment un accroissement considérable de ses


usages savants, dans le cadre d’un flux continu de travaux aboutissant à l’émergence de
collections, de revues spécialisées et de collectifs de recherche autour de ce thème. Dans le
monde anglo-américain en particulier, les « Infrastructure Studies », et une série de « tournants
infrastructurels » (Infrastructural Turns), ont marqué les sciences sociales.

Le terme « infrastructure » est souvent utilisé de façon abstraite pour décrire des réalités
et des phénomènes divers. Si l’infrastructure désigne généralement un système technique et
matériel de grande ampleur servant de support à des activités ayant une dimension circulatoire
et réticulaire comme le trafic ferroviaire et automobile, donc les infrastructures notamment
industrielles et de transport ont une influence sur le développement des Etats tant au niveau
international, régional et national. L’ampleur des investissements en infrastructures, et leur haut

35
DEUTSCHER Zollverein, union douanière allemande, 1870, p. 35
36
Edwards et al., Les coordinateurs tiennent à remercier Haud Gueguen pour sa participation à la conception et
à l’écriture de l’appel à articles, sur lequel cette introduction se fonde largement, 2009,p.24
37
JARRIGE François, et al., pour le terme français témoigne d’un pic entre les années 1960 et 1980 et d’un
nouveau pic autour des années 2000, p. 20
26

degré d’irréversibilité, justifient, s’il en était besoin, d’éclairer la question de leur contribution
au développement des territoires étatiques. Les infrastructures sont cruciales au maintien de la
société et de l’économie. Les systèmes de transport, de télécommunications et les systèmes
financiers, électriques ou d’urgence présentent les particularités de grands systèmes techniques
puisqu’ils sont organisationnellement et technologiquement complexes38.

Le modèle proposé par Krugman et Livas Elizondo (1996) considère, dans le même cadre
formel, les effets conjoints de la libéralisation commerciale et de la congestion sur la taille des
centres urbains dans les pays en développement (PED). La prise en compte d'un phénomène de
congestion croissante avec la concentration spatiale des industries au sein d'un centre urbain
revêt un caractère explicatif important qui était jusqu'ici peu considéré dans les travaux de la
nouvelle économie géographique avec infrastructures.

d. L’enclavement
Enclaver : « fermer avec une clé », tout bon dictionnaire ne manque pas de donner
l'étymologie du mot qui dérive de clé, clavis en latin. Par extension, tout territoire enclavé est
un territoire enfermé dans un autre. Et par extension plus grande encore, tout pays enclavé est
un pays encerclé par d'autres pays lui interdisant l'accès à la mer39.

L’enclavement est un système de distances qui éloigne les opérateurs internationaux,


régionaux et/ou nationaux de certaines ouvertures. L'enclavement n'est souvent qu'un
synonyme supplémentaire des situations d'isolement spatial à dépasser. Dans un contexte
d'interaction généralisée entre les différentes parties du monde, l'isolat en tant qu'espace
totalement fermer n'existe plus et la catégorie spatiale enclavée est peut-être datée. Et pourtant,
le terme d’enclavement n'a jamais été autant utilisé. Il exprime un ensemble de sens dont le seul
dénominateur commun est l'identification de fermetures qui doivent être annulées. Il est un outil
de discours opérationnel permettant de valider les requêtes des acteurs politiques et
économiques. A toutes les échelles possibles, il permet de réclamer et de justifier des
financements, particulièrement d'infrastructures considérées justement comme
désenclavantes40. Il est aussi une figure de style utilisée pour traiter des marginalisations
actuelles.

38
THERRIEN M.C., Stratégies de résilience et infrastructures essentielles, Télescope, vol. 16, n° 2, 2010, p. 160
39
ZINS Max-Jean, « De la relativité de l'enclavement. Les perceptions indienne et pakistanaise de l'Asie centrale »,
in CEMOTI, n°35, 2003, p. 85
40
DEBRIE Jean. De la continentalité à l’Etat enclavé : circulation et ouvertures littorales des territoires intérieurs
de l’ouest africain. Géographie, France, Université du Havre, 2001, p. 68
27

Cette notion est beaucoup plus exploitée par des chercheurs du domaine de la
géopolitique. Elle est très importante à comprendre dans notre étude, du fait que la RDC, le 2ème
plus grand pays d’Afrique, trouve en effet dans cette situation. Nous ne sommes pas les seuls à
penser que l’appartenance multiples de la RDC à plusieurs CERs aurait entre autre pour but le
désenclavement.

L’encyclopédie Wikipedia offre une définition basique du terme en ce sens que


« l’enclavement est l’isolement d’un territoire donné, replis sur lui-même, donc difficilement
accessible et donc mal relié aux territoires voisins ou au reste du monde ».

Nous pouvons donc constater qu’il peut s’agir d’un fait ou d’une situation de fait mais
aussi d’une volonté manifeste pour un Etat. De même il y a ou il existe des possibilités de
surmonter cet obstacle géographique.

e. Le désenclavement
Il consiste à construire des infrastructures de transport afin d’insérer de tels territoires
dans les réseaux existants, de les sortir de leur isolement et de les intégrer dans le système
mondial.41

Pour notre cas d’étude, l’adhésion de la RDC à la communauté d’Afrique de l’Est pourrait
contribuer à l’ouverture sur le monde, l’intensification des échanges sous plusieurs aspects,
(économique, politique et sociale) le rapprochement des populations à l’intérieur du pays
comme à l’extérieur, les mélanges des cultures et de valeurs, etc.

f. L’économie nationale

Le vocable économique est d’origine grecque ; Xénophon42, au 5ème siècle avant JC, fût
le premier à utiliser ce mot pour intituler l’un de ses derniers écrits se rapportant à la question
de l’économie. Ce n’est qu’au 16ème siècle qu’un économiste français, Antoine Montchrestien43,
pensa à appliquer les règles de bonne gestion de la maison à la gestion de l’Etat.

L’économie est l’étude de la façon dont l’homme et la société choisissent, avec ou sans
recours à la monnaie, d’employer des ressources productives rares qui sont susceptibles

41
Glossaire Géo conférences, Enclavement et désenclavements, Paris, avril, 2021, p. 32
42
XENOPHON, philosophe, historien et chef militaire grec (430-355 avant JC),
https://www.leconflit.com/2020/06/xenophon-vers-430-av.j.c.vers-355-av.j.c.html, consulté, le 05 septembre
2022
43
MONTCHRESTIEN Antoine, A l’origine, un auteur dramatique, né à Falaise (1575-1621), tragédies et traité
d’économie politique, règles de bonne gestion de la maison à la gestion de l’Etat, 2000, p.59
28

d’emplois alternatifs, pour produire divers biens, et les distribuer en vue de la consommation,
présente ou future, des différents individus et groupes qui constituent la société 44. Dans son
ouvrage intitulé : "Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776″,
Adam Smith définit l’économie comme étant la science de la richesse.

L'économie est la science qui étudie comment des ressources rares sont employées pour
la satisfaction des besoins des hommes vivant en société, en s'intéressant d'une part aux
opérations essentielles que sont la production, la distribution et la consommation des biens,
d'autre part aux institutions et aux activités.

L’économie nationale est donc l’ensemble des unités de production, de distribution et de


consommation des biens et service sur un territoire national donné. Il existe des comptes
nationaux, qui sont généralement définis comme une représentation globale de l’économie
nationale. Plus précisément, il s’agit d’une mesure monétaire de l’activité économique, soit la
production et la circulation des biens et services sur un territoire donné et sur une période
donnée. Ils se fondent sur un cadre comptable standardisé au niveau international avec comme
outil de travail, le PNB. Le produit National Brut (PNB) étant un concept économique qui
s’intéresse à la création de richesse des agents économiques d’un pays quel que soit le lieu de
création de cette richesse.

Parmi la quantité de chiffres que produisent les administrations publiques, les comptes
nationaux, et surtout l’indicateur agrégé du PIB, revêtent une importance de premier plan. Ils
font partie des informations économiques les plus suivies, commentées et utilisées, tant au
niveau national qu’international.

Le Système de comptabilité nationale (SCN) aide les économistes à mesurer le niveau


de développement économique et le taux de croissance économique, les variations de la
consommation, de l’épargne, de l’investissement, de la dette et de la richesse ou valeur nette
non seulement de l’économie totale, mais aussi de chacun de ses secteurs institutionnels (par
exemple, administration publique, sociétés publiques et privées, ménages et institutions sans
but lucratif au service des ménages). Ses données peuvent servir aux économistes à prévoir la
croissance future de l’économie ou à étudier l’impact de diverses politiques publiques sur
l’économie et sur ses secteurs. Il favorise l’intégration des statistiques économiques ou

44
SAMUELSON Paul, L’Economique, Paris, Armand Colin, Collection U, 1972, tome1, p.8
29

apparentées dans un système reposant sur des concepts et méthodes économiques et statistiques
cohérents. En tant que tel, il permet une analyse comparée sur le plan interne et au niveau
international.

L’Etat est l’un de principaux agents économique. C’est une forme d’organisation
politique caractérisée par le monopole du pouvoir de contrainte sur un territoire et une
population donnée. Il doit veiller au bienêtre des citoyens par ses interventions politiques et
sociales par le biais de la politique économique conjoncturelle et structurelle et de la protection
sociale. Au sens l’économie nationale, les agents économiques s’appellent des secteurs
institutionnels. La comptabilité nationale retient les secteurs suivants : Les sociétés non
financières, elles ont pour activité principale la production de biens ou de services marchands
non financiers. Elles regroupent les entreprises publiques (STEG, Tunisair, Tunisie Télécom…)
et des sociétés privées ; les institutions financières, on y trouve les institutions de crédit et les
entreprises d’assurances. Le rôle des institutions de crédit est de collecter l’épargne et de
distribuer des crédits. Leur fonction principale est l’intermédiation financière ; Les ménages,
est considéré ménage chaque individu vivant seul ou chaque groupe d’individus habitant un
même domicile. Ce secteur est constitué de toutes les unités institutionnelles résidentes dont la
fonction principale est la consommation, éventuellement la production si celle-ci est organisée
dans le cadre d’une entreprise individuelle ; Les administrations publiques, ce secteur
comprend l’Etat et les collectivités locales, leurs ressources proviennent de prélèvements
obligatoires (cotisations sociales, impôts). Elles redistribuent leurs ressources aux autres acteurs
économiques (subventions aux entreprises, aides, dépenses de santé, éducation) ; Les
administrations privées, elles fournissent des services non marchands (tels que les syndicats,
les associations) ou des services marchands à but non lucratif (par exemple les comités
d’entreprise). Ces institutions sont financées par des cotisations volontaires ; et enfin le reste
du monde, c’est l’ensemble d’agents économiques résidant à l’étranger et ayant des relations
avec l’économie nationale.

g. Les organisations régionales

Les CERs ou organisations régionales à caractère économique, sont avant tout des
organisations internationales. Nous pouvons d’abord savoir le sens donné à ces dernières pour
45
évoluer. SERENI définit « les OI comme des associations volontaire de sujets du droit

45
SERENI, Cité par Muhindo Mughanda, les Organisations Internationales, une prospective multidisciplinaire,
Presse Universitaire de Ruwenzori, 2019, p.15.
30

international fonctionnant sur base du même et disposant des structures qui leur sont propres. »
l’aspect volonté et sujet du droit international sont très important dans notre étude vu que la
volonté d’adhérer à la CAE avait été émise par la RDC, bien avant que les membres de la
communauté l’admettent. Il s’agit donc d’un fait de la politique étrangère d’une nation
souveraine.

La CAE est aussi une organisation régionale beaucoup plus à caractère économique que
politique. C’est dans ce sens qu’elle est classée « Communauté Economique Régionale » selon
l’esprit de l’UA d’encourager la création des blocs sous régionaux pour préparer et faciliter
l’intégration régionale au niveau continental. Cette organisation internationale à vocation
régionale a désormais la RDC comme 7ème membre aux côtés des autres Etats membres de la
sous-région de l’Afrique de l’Est.

h. La gouvernance

Il s’agit d’une notion très capitale pour le développement des nations modernes. La bonne
gouvernance est souvent assimilée à la gouvernance par défaut. Le concept « Gouvernance »
est lié à d’autres frères tels que la transparence, la responsabilité, la corruption, etc. ils sont liés
d’une manière ou d’une autre. La question de la gouvernance responsable se pose dans plusieurs
Etats africains actuellement et est envisagé comme étant l’un de défis du développement du
continent.

La gouvernance est définie par David de Ferranti46, comme une manière dont les
fonctionnaires du gouvernement et les institutions politiques acquiert et exercent leurs autorités
pour déterminer la politique nationale et assurer ressources et services aux citoyens.

 Lutte contre la corruption : il s’agit d’une action visant à prévenir l’usage des charges
publiques à des fins d’enrichissement personnel.47
 Transparence : il s’agit d’une mise à disposition du public d’une information rapide,
abondante, exhaustive, cohérente et fiable concernant l’action gouvernementale.48

46
FERRANTI David, et al, pour une meilleure gouvernance, un nouveau cadre d’analyse et d’action, Paris,
nouveaux horizons, 2016, p.10
47
Ibid, p.9
48
FERRANTI David, op. cit., p.8
31

Ces aspects de la gestion quotidienne de la république sont très importants dans la réussite
des projets et politiques des Etats. Il s’agit des valeurs, comportements et attitudes qui seront
utiles à la RDC dans cette nouvelle voie au niveau de l’Afrique l’Est.

Section 2. Champs d’étude

1. La République Démocratique du Congo (RDC)

a) Situation géographique

La République Démocratique du Congo est le pays le plus vaste en Afrique


subsaharienne. Elle se situe au centre de l’Afrique, à cheval de l’équateur, elle bénéficie des
conditions géographiques privilégiées qui jouent en sa faveur. Comprise entre 50°20’ de
latitude de Nord et 130° de latitude Sud. Elle s’étend entre 12°15’ et 13°15’ de longitude Est,
elle couvre une superficie de 2 345 409 km², environ 33 fois plus grand que le BENELUX
(Belgique, Neerlande et Luxembourg), quatre fois plus grand que la France ou deux fois plus
que Québec. La RDC partage neuf frontières avec ses voisins. Elle est limitée à l’ouest par le
Congo-Brazzaville ; au Nord par la République Centrafricaine et le Soudan du Sud, à l’Est par
l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie, au Sud par la Zambie et l’Angola. Sa
population s’élève à 92.377.986 d’habitants (Estimation FMI, 2022).

La disposition du relief accentue la situation continentale du pays dont les relations


extérieures dépendent en partie des pays voisins. En réalité, la RDC est un pays semi-enclavée
du fait qu’en plus de la faible densité de ses réseaux de communication, elle ne possède qu’une
seule façade maritime, sur l’océan Atlantique des 37 Km. En raison de sa superficie, de ses
richesses et de son importante population, le Congo demeure l’un des géants de l’Afrique, avec
l’Egypte, le Nigeria et l’Afrique du Sud. Parmi les avantages à faire valoir de sa situation
géographique, la RDC est le premier pays d’Afrique du point de vue de l’étendue de ses forets
dont la moitié du territoire National est occupée par la forêt équatoriale du nord et est la plus
importante pour la préservation de l’environnement mondiale. La RDC dispose des ressources
du sol et du sous-sol incommensurables. Le pays possède les deux tiers des forêts tropicales
d'Afrique et d'un potentiel hydroélectrique énorme.

L’Est du pays est le domaine des montagnes, des collines, des Grands-Lacs mais aussi des
volcans. Le Sud et le Centre sont en savanes arborées fortement en haut plateau des minerais
divers. La position du pays sur l’équateur a une influence essentielle sur les données climatiques
et lui fait bénéficier du privilège d’appartenir à une zone intertropicale. Le climat général du
32

pays est chaud et humide, mais cette situation varie selon les provinces, ainsi donc, le pays
comprend trois types de climat : le climat tropical, le climat tempérée et le climat équatorial 49.
En outre, la constitution de 2006 de la RDC prescrit un nouveau découpage du pays en 26
provinces et a offert à la ville province de Kinshasa le statue de province et de la capitale du
pays50.

b) Situation économique

Les années 2000 ont connu un redémarrage de l’économie congolaise, grâce notamment
à l’amélioration des conditions de sécurité dans le pays et un appui massif des bailleurs de
fonds. Les indicateurs macro-économiques se sont toutefois détériorés en 2009, en raison de
l’impact de la crise financière internationale sur le prix des matières premières, qui a touché de
plein fouet l’industrie minière (cuivre, cobalt, zinc, diamants), un des principaux vecteurs de
croissance de la RDC. Le taux de croissance est passé de 9,5 % en 2014 à 2,4 % en 2016, pour
remonter à 4,4 % en 201951. La situation économique s’est dégradée en raison de la pandémie
de Covid-19 en 2020 avant de s’améliorer en 2021, sous l’effet de l’amélioration de la
conjoncture internationale.

L'économie a subi des conflits politiques au cours des deux dernières décennies. Après
avoir enregistré la troisième croissance la plus rapide au monde (10,5 %) en 2014, l'économie
a ralenti, principalement en raison de la hausse de l'inflation et de la baisse des prix des matières
premières exportées, notamment le cuivre. En 2021, l'économie a progressé de 4,9 %,
principalement en raison d'un coup de pouce dans le secteur minier après un ralentissement de
l'activité provoqué par la pandémie l'année précédente. Au cours de la même période, les prix
des produits de base et des exportations minières ont augmenté avec le redémarrage de la
demande mondiale.

Cependant ; l'économie de la RDC repose principalement sur les industries extractives,


qui sont très dépendantes des cours mondiaux et de la dynamique économique internationale.
L'économie du pays est donc fragile et vulnérable aux chocs. Cette hausse des prix du cuivre

49
NTUMBA B.E., la RDC et le processus d’intégration des pays des grands Lacs comme voie de sortie de la crise
sécuritaire régionale, Mémoire de Master en Administration Publique, ENA, Promotion Willy Brandt, 2007-2009,
p.123
50
KAMANDA K.M. J., La stabilité du Congo Kinshasa, Paris, Ed. L’Harmattan, 2004, p.39
51
FRANCE diplomatie, Présentation de la république démocratique du Congo,
https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/republique-democratique-du-congo/presentation-de-la-
republique-democratique-du-congo/ consulté, le 12 octobre 2022
33

(premier produit d'exportation), dont le pays a bénéficié en 2021, a entraîné une augmentation
des recettes, des dépenses et des réserves de change. Les prix du cuivre et du cobalt devant
rester élevés, la production et les exportations devraient augmenter dans les années à venir, ce
qui devrait continuer à profiter à l'ensemble de l'économie. Ainsi, cette inflation tombée à 9,45
% en 2021, grâce à un franc congolais relativement plus stable ; devrait poursuivre sa tendance
baissière en 2022, pour atteindre 6,4 %, avant de se stabiliser à 6,6 % en 2023. Le ratio de la
dette au PIB a également diminué en 2021, à 11,9 %, et il est fort possible qu’il diminue encore
dans les années à venir, pour atteindre 10,1 % en 2022 et 8,3% en 2023. Le déficit global est
resté stable à 2,1%, mais il devrait baisser à 1,8% en 2022 et 1,5% en 2023. Pour répondre à la
crise du coronavirus, le gouvernement congolais a mis en place un plan estimé à 2,6 milliards
USD en 2020, qui s'est poursuivie en 2021. Le montant a été utilisé pour faire face aux défis
médicaux, renforcer la stabilité macroéconomique et aider les citoyens à satisfaire leurs besoins
fondamentaux. Les mesures mises en place face à la pandémie ont été efficaces pour relancer
l'activité économique, qui se redresse progressivement. Cependant, bien qu'une inflation
relativement faible et un plan de relance robuste aient soutenu la consommation privée dans le
pays, sa contribution à la croissance a été limitée par la part importante de la population vivant
en dessous du seuil de pauvreté.

La RDC est l'un des pays les plus pauvres du monde, avec 70% de la population vivant
dans l'extrême pauvreté (Banque mondiale, 2020). Il est parmi les moins bien classés dans
l'indice de développement humain et la violence est fréquente, en particulier dans l’Est du pays.
Selon les dernières données de la Banque mondiale, en 2020, le taux de chômage dans le pays
était de 5,2 %. En effet, l’économie congolaise est l’une des plus faibles et instable au monde à
cause de sa nature extravertie, voilà ce qui explique tous ces dommages malgré tout le potentiel
que la RDC peut avoir.

c) Situation politique
 Sur le plan national

Avec un régime semi-présidentiel, la République Démocratique du Congo a vécu la


première transition pacifique de son histoire, au terme des élections du 30 décembre 2018, avec
l’accession de Félix Tshisekedi à la présidence de la République. Issu du parti historique
d’opposition fondé par son père, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), Félix
Tshisekedi a été élu dans le cadre de la coalition Cap pour le changement (CACH), composé
34

de son parti et de celui de Vital Kamerhe (Union pour la nation congolaise - UNC), devenu son
directeur de cabinet avant d’être condamné pour détournement de fonds publics en juin 2020.

Les élections législatives et provinciales, qui se sont tenues le même jour, ont été
marquées par la très large victoire du Front commun pour le Congo (FCC), coalition dont
Joseph Kabila est l’autorité morale, et qui a remporté 341 des 500 sièges à l’Assemblée
nationale. Compte tenu de cette situation inédite, les deux coalitions ont signé un accord en
mars 2019 en vue de travailler conjointement à la nomination d’un Premier ministre puis d’un
gouvernement. Ce dernier a été nommé le 27 août 2019. Il est composé de 66 ministres.

Estimant que l’alliance entre le CACH et le FCC n’avait pas permis d’avancer
suffisamment dans les réformes, le président Tshisekedi a initié des consultations politiques fin
octobre 2020 en vue de composer une nouvelle coalition puis a annoncé la fin de la coalition
au pouvoir le 6 décembre 2020. Après avoir identifié une majorité alternative, rassemblée au
sein de l’Union sacrée de la Nation (USN), le président a nommé un nouveau Premier ministre
en la personne de Sama Lukonde le 15 février. Un nouveau gouvernement, composé de 56
membres, a été investi par l’Assemblée nationale le 26 avril 2021.

L’Est de la RDC est déstabilisé par l’action de nombreux groupes armés, notamment les
Allied Democratic Forces (ADF), miliciens islamistes originaires de l’Ouganda, actifs dans le
Nord-Kivu et l’Ituri. L’activité de ces groupes, auteurs d’exactions et souvent impliqués dans
l’exploitation illégale de ressources naturelles, est la cause d’une grave crise humanitaire (plus
de 5 millions de déplacés internes, 20 millions de personnes en insécurité alimentaire aiguë).
L'est de la RDC est une poudrière, car le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi sont tous trois
confrontés à des rébellions armées basées dans cette région. Cela amplifie le risque de conflits
interétatiques.

La RDC fait fréquemment face à des épidémies de maladie à virus Ebola, certaines
particulières mortelles (entre août 2018 et mai 2020, une épidémie dans l’est a fait plus de 2200
victimes), même si les dernières en date dans la province de l’Équateur entre juin et novembre
2020 puis dans celle au Nord-Kivu entre février et avril 2021 ont été rapidement contenues
(respectivement 55 et 6 morts)52. La rougeole, le choléra et le paludisme continuent également
à faire de nombreuses victimes sur l’ensemble du territoire congolais. L’épidémie de Covid-19,

52
FRANCE diplomatie, op.cit, p.11
35

qui touche le pays depuis le 10 mars 2020, est restée limitée (moins de 30 000 cas confirmés,
756 décès).

 Sur le plan régional

La RDC appartient à la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC),


au Marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA), à la Communauté de
développement d’Afrique australe (SADC), La Communauté économique des Pays des Grands-
Lacs (CEPGL); on peut aussi ajouter la Conférence internationale sur la région des Grands-
Lacs (CIRGL). En juin 2019, le Président Tshisekedi a sollicité l’intégration de la RDC à la
Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est (EAC) qu’elle intègre en mars 2022.

Sur le plan régional, le RDC place une importance particulière sur la question sécuritaire
dans sa partie Est et dans toute la partie Est de l’Afrique. Son adhésion dans la CAE, une
communauté qui en son sein, trois Etats ont une histoire belliqueuse avec la RDC n’est pas
anodine.

Cependant, rappelons que depuis les années 1996, 97 et 98, les pays du Rwanda, du
Burundi et de l’Ouganda ont été actifs dans les conflits en RDC et plus particulièrement dans
sa partie Est. Grace à leurs soutiens, confirmés par plusieurs rapports des organisations non
gouvernementales et internationales, aux différentes rebellions. Il s’agit principalement de
l’AFDL, le RCD, le RCD-KML, etc. Comme nous l’avons souligné plus haut, certains groupes
rebelles et terroristes issus de ces 3 pays sont présents sur le sol congolais et des actions sont
envisagées dans le cadre de la CAE pour tenter de remettre de l’ordre par le dialogue et
l’offensive militaire avec la force régionale.

La région de l’Afrique de l’Est et centrale, fait face à d’énormes défis sécuritaires et


politiques et ces dernières influent sur les processus de développement et d’integration
économiques pour le développement du continent.

D’ailleurs, Dans les Grands Lacs, un accord-cadre régional proposé par le Secrétaire
général des Nations unies a été signé le 24 février 2013 à Addis-Abeba entre onze États de la
région, en présence de quatre garants : les Nations unies, l’Union africaine, la SADC et la
CIRGL. L’accord engage les autorités de la RDC à réformer leurs forces de sécurité afin de
réaffirmer l’autorité de l’État à l’est du pays, outre d’autres réformes de fond à conduire.
36

 Sur le plan international

Le Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne (UE) a adopté
des conclusions sur la RDC qui saluent les initiatives prises par le Président Tshisekedi afin de
répondre à la volonté de changement exprimée par les Congolais, en décembre 2019. L’UE
encourage les autorités congolaises à poursuivre leurs efforts en ce sens, et se tient prête à les
appuyer. Signe de ce réengagement, un dialogue politique UE-RDC a été organisé les 5 et 6
octobre 2020, pour la première fois depuis 2009. L’UE a par ailleurs adopté en décembre 2016
et mai 2017 des sanctions à l’encontre de 16 individus congolais en raison de graves violations
des droits de l’Homme et des libertés fondamentales. Ces sanctions ont été renouvelées pour
12 d’entre eux fin 2019, puis pour 11 d’entre eux fin 2020 (l’un étant décédé). L’UE déploie
enfin 620 millions EUR d’aide au développement en RDC sur la période 2014-2020, au titre du
Fonds européen de développement (FED). Elle intervient prioritairement dans les secteurs de
la réforme du secteur de sécurité, de la santé, de l’environnement et des infrastructures.

En effet, le déploiement de l’ONU a commencé en 1999. La mission de l’organisation


des Nations unies en RDC (MONUC), rebaptisée mission de l’Organisation des Nations unies
pour la stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO) en juillet 2010. Elle
est actuellement dirigée par la Guinéenne Mme Bintou Keita. Elle dispose d’un budget de 1.123
346 000 de dollars américains pour la période de juillet 2021- 2022. Les récentes manifestations
en RDC contre la MONUSCO ont mis en avant des questions sur le cout et l’efficacité des
missions de maintien de la paix. Les effectifs déployés sont d’environ 17 000 personnes au
total, principalement à l’est du pays. Non seulement elle est la mission la plus longue sur le
continent ; elle est aussi la troisième mission la plus couteuse en cours si on fait référence à son
budget. Elle dispose d’un budget d’environ 1 milliard USD par an. La MONUSCO s’est dotée
en 2013 d’une brigade d’intervention rapide de 3 000 Hommes fournie par l’Afrique du Sud, la
Tanzanie et le Malawi ; capables de conduire des opérations offensives ciblées sur un mode
robuste contre les groupes armés. Une stratégie de retrait progressif et échelonné a été élaborée
avec les autorités congolaises fin 2020 : elle prévoit notamment un départ de la Mission des
Kasaï en juin 2021 puis du Tanganyika en 2022. Le mandat de la Mission a été renouvelé le 20
décembre 2020, avec pour priorité la protection des civiles et la consolidation de l’Etat
congolais et de ses institutions53.

53
FRANCE diplomatie, op.cit., p.13
37

Cependant, la MONUSCO, ayant pour mission le maintien de la paix en RDC, les


relations conflictuelles entre la RDC et les pays du Burundi, du Rwanda et de l’Ouganda devrait
déjà être au bon fixe compte tenu du temps ou de la durée de cette mission au pays, mais les
résultats ne sont toujours pas satisfaisants quant au suivi de la stabilisation de la RDC.

Par ailleurs, le rapport confidentiel du groupe d’experts des Nations unies sur la
République démocratique du Congo (RDC), transmis à des Etats membres du Conseil de
sécurité de l’ONU et que Le Monde s’est procuré en août 2022, accuse l’armée rwandaise
d’avoir participé à des attaques contre des militaires congolais et d’avoir équipé et fourni des
renforts aux insurgés du Mouvement du 23-Mars (M23). Cette rébellion, née en 2012, a repris
les armes contre l’Etat fin 2021, dans l’est de la RDC, le long de la frontière avec le Rwanda.54

De ce fait, les experts de l’ONU, qui ont mené des inspections sur place et analysé
les images disponibles, assurent disposer de preuves solides démontrant la participation de
militaires rwandais à plusieurs attaques perpétrées contre des soldats congolais, dans la
province du Nord-Kivu, fief du M23, entre novembre 2021 et juillet 2022. Les FRD (Forces
rwandaises de défense), soit unilatéralement, soit conjointement avec des combattants du M23,
se sont engagées dans des opérations militaires contre des groupes armés congolais et contre
des positions des FARDC (Forces armées de la RDC)

d) Situation infrastructurelle

La République Démocratique du Congo, avec son positionnement stratégique au centre


de l’Afrique, sa démographie dynamique et ses innombrables ressources naturelles et minérales,
elle constitue une plate-forme incontournable qui trouve toute sa place dans les différents
groupements sous régionaux.

 Les infrastructures de transport

Au cours des dernières années, plusieurs programmes d’investissements sur les


infrastructures routières à des horizons de 10-20 ans ont été élaborés. Ces programmes peinent
cependant à être réalisés. Les contraintes majeures dans la réalisation des programmes

54
LE MONDE AFRIQUE. INTERNATIONAL., RDC : un rapport confidentiel de l’ONU apporte des « preuves
solides » de l’implication du Rwanda dans l’Est https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/08/04/un-rapport-
confidentiel-de-l-onu-accuse-des-militaires-rwandais-d-attaques-contre-l-armee-congolaise-et-de-soutien-au-
m23_6137182_3212.html consulté, le 12 octobre 2022
38

d’investissement sur les infrastructures routières sont la mobilisation insuffisante des ressources
et le faible engagement des principaux acteurs.

Cependant, l’Agence Nationale pour la Promotion des Investissements (ANAPI), affirme


que « Les infrastructures constituent l’une des priorités du Gouvernement de la République
Démocratique du Congo. Les efforts considérables sont en train d’être consenti pour la
réhabilitation et la modernisation des infrastructures de base du pays afin de consolider
l’intégration économique du pays ». La RDC dispose de quelques atouts dans le secteur des
infrastructures dont :

 Le Réseau routier national : 152.400 km dont plus ou moins 2% revêtus ;

 Les Routes d’intérêt général : 58.128 km dont plus ou moins 19,5% en bonne état ;

 Les Voies ferrées : 5.033 km dont plus ou moins 95% est à moderniser ou à réhabiliter ;

 Les Voie Maritime, fluviale et lacustre : 16.238 km à baliser, draguer et exploiter ;

 Les Pistes d’atterrissage : 500, dont 101 ouvertures à la circulation publique et dont 4 au
trafic international (Kinshasa, Lubumbashi, Kisangani et Goma), dont la plupart nécessite
la réhabilitation et la modernisation.55

 Les infrastructures industrielles

La RDC comprend différents types d’industries ; Industrie Agroalimentaire ; Industrie


Minière ; Technologie ; Télécommunication ; Transport ; Etc.

La RDC ne compte plus que 507 entités industrielles recensées, contre 9.600 unités de
production industrielles dans différents secteurs hérités du colonisateur belge en 1960 lors de
l’accession du pays à l’indépendance, a déploré le Ministre de l’industrie Mr. J. Paluku. Dans
les cinq prochaines années, le gouvernement veut doubler le nombre d’unités de production
industrielle pour atteindre mille industries dans le pays et réduire de 60% la facture des
importations évaluée à près de 6,5 milliards de dollars américains par an, a-t-il expliqué.

Pour permettre de « libérer le potentiel de croissance et de transformation industrielle du


pays », le plan a éclaté la RDC en six zones industrielles : l’ouest dans la région de Kinshasa,

55
République Démocratique du Congo, Ministère du Plan, Agence Nationale pour la Promotion des
Investissements, infrastructures, https://www.investindrc.cd/fr/Infrastructures, consulté, le 12 octobre 2022.
39

le sud dans l’ex-Katanga, la zone centre dans l’espace Kasaï, la zone Est dans les trois provinces
du Kivu, la zone nord-est qui regroupe l’ex-province orientale et la zone nord-ouest constituée
de l’ex-Equateur.

Ces six piliers du développement de la RDC seront transformés à l’échéance 2040 « en


hubs d’exportation vers les pays voisins », dans la perspective de l’effectivité de la Zone de
libre-échange continentale africaine (ZLECAF), des avantages de l’AGOA (Loi sur la
croissance et les opportunités économiques en Afrique) et des ouvertures du marché chinois
aux pays africains56. Pour garantir le succès de ce plan, il faut 58,3 milliards de dollars pour la
construction d’infrastructures routières (21 milliards de dollars), ferroviaires (9 milliards de
dollars), énergétiques (22 milliards de dollars) et aéroportuaires et portuaires (6,3 milliards de
dollars), a estimé Mr. J. Paluku. Des fonds que le pays doit mobiliser auprès des partenaires
lors d’une « conférence des investisseurs » que le gouvernement compte organiser dans les
jours à venir.

Seulement deux nouvelles grandes industries sont entrées en production au cours de


l’année 2020 en République démocratique du Congo, selon le décompte de DESKECO.COM.
Toutes ces deux entreprises industrielles sont implantées dans le Katanga. Dès janvier 2020, la
société minière de DEZIWA est entrée en production dans la province du Lualaba. Fruit d’un
investissement de plus de 880 millions USD, cette usine d’exploitation du cuivre et du cobalt a
une capacité de production de 80.000 à 100.000 tonnes de cuivre dès la première année. L’autre
entreprise qui a lancé sa production en 2020 c’est la Grande cimenterie de Katanga, implantée
à Likasi dans la province du Haut-Katanga, qui a mis en production son four de la chaux en
août 2020. Cette entreprise a une capacité de production de 300.000 tonnes de chaux par an.

2. La Communauté d’Afrique de l’Est (CAE)

a) Historique57

L’histoire de la Communauté d'Afrique de l'Est ou l’East African Community (EAC) se


révèle étant très particulière et intéressante dans le sens où elle est la seule organisation
régionale qui a pu exister dans le temps, ensuite a disparu et a encore réapparue. En effet la
CAE a été fondée à l'origine en 1967, fut dissoute en 1977, et recréée en juillet 2000 avec le

56
PALUKU Julien K, La RDC dévoile un plan d’industrialisation pour les 20 prochaines années, Kinshasa, AFP;
https://afrique.lalibre.be/author/afp/ consulté, le 12 octobre 2022.
57
Communauté d’Afrique de l’Est, Historique de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est,
https://www.eac.int/eac-history , consulté, le 12 octobre 2022.
40

Kenya, l'Ouganda et la Tanzanie. Signalons que depuis le début des années 1900, certains Etats
membres de l’EAC ont eu à signer des arrangements en vue de favoriser l’intégration entre eux.

Cependant, le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda, ont eu une longue histoire en matière de


coopération économique et politique par rapport à d’autres Etats de la communauté. Ces trois
pays ont signé un traité qui a été modifié en 2006 et en 2007. La CAE est un organisme
international qui, depuis peu comportait six pays de l'Afrique de l'Est à savoir : le Burundi, le
Kenya, l'Ouganda, le Rwanda, le Soudan du Sud, la Tanzanie et depuis mars 2022 le géant de
l’Afrique centrale, la République Démocratique du Congo a aussi rejoint la Communauté
comme septième pays membre. Depuis lors, la communauté est devenue un grand marché de
280 millions de consommateurs.

En 2007, le Burundi et le Rwanda se sont joints au groupe initial constitué de trois Etats
cités ci-haut, que plusieurs considèrent comme les précurseurs de ladite organisation. En 2012,
les cinq États membres de l’époque, ont refusé l'adhésion du Soudan du Sud et de la Somalie.
Mais plus tard en avril 2016, le Soudan du Sud a rejoint officiellement la Communauté. Le
siège de l'organisme est situé à Arusha en Tanzanie, et les sièges des autres institutions de la
communauté sont établis dans les pays membres.

En 2008, après des négociations avec la Communauté de développement d’Afrique australe


(SADC) et le Marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA), la Communauté
d'Afrique de l'Est accorde une expansion du marché de libre-échange incluant les pays membres
des trois organisations. La Communauté d'Afrique de l'Est est l'un des piliers de la Communauté
économique africaine (CEA). La CAE est un précurseur potentiel de l'établissement d'une
Fédération d'Afrique de l'Est, un Etat fédéral de ses membres en un seul pays. En 2010, la CAE
a lancé son propre marché commun des biens, du travail et des capitaux de la région avec
l'objectif de la création d'une monnaie commune en 2012 et d'une fédération politique en 2015.

b) Organes
1. Le Sommet : Il est constitué des chefs ou de gouvernement des Etats membres (Art.10.1),
il définit orientation générales et donne l’élan nécessaire au développement et à la
réalisation des objectifs de la communauté (Art.11.1), il examine les rapports annuels et les
autres rapports qui sont soumis par le conseil (Art.11.2), il examine la situation en matière
de paix, de sécurité et de bonne gouvernance à l’intérieur de la communauté ainsi que les
progrès accomplis en vue d’une fédération politique des Etats membres (Art.11.3), il peut
41

exercer d’autres fonctions que lui confère le traité (Art.11.4), le sommet se réunit au moins
une fois par an et peut être convoquer en session extraordinaire à la demande des membres
(Art.12.1), la présidence du sommet est tournante entre les membres et elle est assurée
pendant une année (Art.12.2), les décisions du sommet sont prises à l’unanimité (Art.12.3).
2. Le Conseil : il est composé des ministres responsables des affaires de la CAE de chaque
Etat membre, d’autres ministres des Etats membres tels que désigné par chaque Etat
membre, du procureur général de chaque Etat membre (Art.14.2), il constitue l’organe
politique de la communauté (Art.14.1), son rôle principal est de promouvoir, contrôler et
examiner de manière constante la mise en œuvre des programmes de la Communauté et
s'assurer du bon fonctionnement et du développement de la communauté (Art.14.3), Organe
politique de la communauté.
3. Le Secrétariat : il constitue l’organe exécutif de la communauté, ses attributs sont ; le
Secrétaire Général, nommé par le sommet sur proposition des chefs concerné selon le
principe de rotation, il est le principal responsable de la communauté avec un mandat de
5ans, secondé par le Secrétaire du Sommet et les Secrétaires généraux adjoints. Leur
nombre est arrêté par le conseil (actuellement au nombre de 3 ; Finances et Administration,
planification et programmes, Fédération et politique).
4. Le Comité de coordination : il est composé des secrétaires permanents responsables des
affaires de la CAE et d’autres Secrétaires permanents des Etats membres que chaque Etat
est libre de designer. Il fournit périodiquement des rapports des comités sectoriels et
coordonne leurs activités, il peut demander au comité sectoriel d’enquêter sur n’importe
quel cas particulier, il exerce tout autre fonction lui dévolue par le traité, il se réunit au
moins deux fois par an, ses sessions précèdent immédiatement les réunions du conseil.
5. Les Comités sectoriels : responsable de la préparation des programmes et de la définition
des priorités en liaison aux secteurs respectifs, ils surveillent et examinent leur mise en
œuvre, soumettent des rapports et recommandations au Comité de coordination. Les
comités sectoriels sont établis par le Conseil et se réunissent aussi souvent que nécessaire.
Actuellement ils sont au nombre de 20 comités sectoriels.
6. Les Conseils sectoriels : ils sont établis par le Conseil, leur rôle est d’examiner les
questions soulevées par le traité ou toute autre question lui soumise par le Conseil, leurs
décisions sont considérées comme des décisions du Conseil. Actuellement les Conseils
sectoriels sont au nombre de10.
- Conseil sectoriel des Ministres responsables de la CAE ;
42

- Conseil sectoriel de Coopération en matière de Défense ;


- Conseil sectoriel sur l’Energie ;
- Conseil sectoriel sur la Coopération en matière de Sante ;
- Conseil sectoriel sur l’Education, la Culture et les Sports ;
- Conseil sectoriel sur la Commission du Lac Victoria ;
- Conseil sectoriel sur les Affaires juridiques et judiciaires ;
- Conseil sectoriel sur le Commerce, les Finances et l’investissement ;
- Conseil sectoriel sur le Transport, les Communications et la Météorologie ;
- Conseil sectoriel sur la Sécurité Inter-Etats.
7. L’Assemblée Législative Est Africaine (EALA) : elle constitue l’organe législatif de la
communauté, chaque Etat membre élit 9 membres de l’EALA, des membres ex-officio, le
ministre responsable des affaires de la CAE, le ministre délégué, le vice-ministres ou
secrétaire d’Etat responsable des affaires de la CAE, le Secrétaire General et le Conseil de
la Communauté.
8. La cour de justice (EACJ) : c’est l’organe judiciaire de la communauté, elle garantit le
respect de la loi tant dans l’interprétation que dans l’application et l’observation du traité,
elle comprend une chambre de première instance et une chambre d’appel les juges de la
cour sont nommés par le sommet parmi les personnes recommandées par les Etats membres
(deux à la chambre de première instance, un à la cour d’appel), actuellement au nombre de
15 ( 10 pour la première instance et 5 pour la chambre d’appel)

c) Institutions

La Communauté d’Afrique de l’Est dispose d'un certain nombre d'institutions semi-autonomes


qui l'aident à mettre en œuvre son mandat. Ces institutions comprennent:

 L’Agence de surveillance de la sécurité et de la sûreté de l'aviation civile (CASSOA) ;

 L’Autorité de la concurrence de l'Afrique de l'Est (EACA) ;

 La Banque de développement de l'Afrique de l'Est (EADB) ;

 La Commission de recherche en santé de l'Afrique de l'Est (EAHRC) ;

 La Commission kiswahili d'Afrique de l'Est (EAKC) ;

 La Commission de la science et de la technologie de l'Afrique de l'Est (EASTECO) ;

 Le Conseil interuniversitaire pour l'Afrique de l'Est (IUCEA) ;

 La Commission du bassin du lac Victoria (LVBC) ; et


43

 L'Organisation des pêches du lac Victoria (LVFO).

d) Pays membres de la CAE, Aperçu

La communauté d’Afrique de l’Est a admis les pays membre pendant différentes périodes
à savoir :

 Le Kenya en 2001 ;

 La Tanzanie en 2001 ;

 L’Ouganda en 2001 ;

 Le Burundi en 2007 ;

 Le Rwanda en 2007 ;

 Le Soudan du Sud en 2016 et

 La République Démocratique du Congo en 2022.


44

Tableau 1: Vue panoramique des États membres de l’CAE58

N° Pays Superficie Populations59 PIB en 202060 Langues officielles ou Ressources du sol et de Armées
nationales sous-sol
1 Burundi61 27 834 km² 11,890,781 2.84 Mrd $ Kirundi, Français et Agriculture et minerais. ‐ 51 000 hommes en 201962
Anglais. ‐ Forces Armées du Burundi (FDN)
2 Kenya 580 367 km2 53 771 300 98,84 Mrd $ Swahili et Anglais. ‐ Kenya Defence Forces
Agriculture et tourisme.
‐81ème puissance militaire au monde63.
‐ 29 000 hommes en 201964.
3 République 2.345.410 km² 89 561 404 8,7 Mrd $ Français, Swahili, Agriculture, Pétrole et -Forces Armées de la République
Démocratique Kikongo, Tshiluba et minerais Démocratique du Congo (FARDC)
du Congo Lingala ‐134 000 hommes en 201965
‐ 76ème puissance militaire au monde66.
4 Rwanda67 26 338 km² 12 952 209 10.33 Mrd $ Kinyarwanda, Anglais, Agriculture, tourisme et ‐ RDF (Rwanda Defence Forces)
Français et Swahili. minerais. ‐ 35 000 hommes en 201968

58
Justin K. MUHOZA, et al, élargissement de la communauté des Etats d’Afrique de l’Est à la RDC…Goma, Unigom, août 2022, pp 281
59
Banque Mondiale, Les données relatives à Burundi, Ouganda, Kenya, Tanzanie, Rwanda, Congo, République démocratique du, Soudan du Sud,
https://donnees.banquemondiale.org, consulté, le 13 0ctobre 2022.
60
Ibid.
61
Banque Mondiale, Burundi, https://data.worldbank.org/country/burundi, consulté, le 13 octobre 2022.
62
Banque Mondiale, Armed forces personnel, https://data.worldbank.org, consulté le 30 avril 2022
63
Ibid.
64
Ibid.
65
Ibid.
66
Global Fire Power, 2022 Military Strength Ranking, https://www.globalfirepower.com/countries-listing.php, consulté, le 13 octobre 2022.
67
Banque Mondiale, Rwanda, https://data.worldbank.org/country/rwanda, consulté, le 27 avril 2022.
68
Banque Mondiale, Op.cit.
45

5 Tanzanie 945 087 km² 59 734 213 Swahili et Swahili et Anglais. Agriculture, minerais et -Tanzania People's Defence Force
Anglais. tourisme. (TPDF)
‐ 28 000 hommes en 201969
‐113ème puissance militaire au monde70

6 Ouganda71 241 037 km² 45 741 000 37.37 Mrd $ Anglais et Swahili Agriculture, tourisme et ‐Uganda People's Defence Forces
minerai. (UPDF)72
‐ 46 000 hommes en 201973
‐ 92ème puissance militaire au monde.74
7 Soudan du sud 619 745 km2 11,193,729 12 Mrd $ Anglais Agriculture, Pétrole et ‐South Sudan People's Defence Forces
minerais -103ème puissance militaire au monde.75
‐185 000 hommes en 201976

Source: Banque Mondiale, Global Fire Power, Ministry of Defense and Veteran Affairs of Uganda.

69
Banque Mondiale, op. cit., p15
70
Global Fire Power, op.cit. p. 13
71
Banque Mondiale, op.cit p.15
72
Ministry of Defence and Veteran Affairs, Uganda People's Defence Forces (UPDF), disponiblesurhttp://www.defence.go.ug/updf, consulté, le 13 octobre 2022.
73
Banque Mondiale, op.cit. p.12
74
Global Fire Power, (Ibid)
75
Ibid.
76
Banque Mondiale, op.cit. 15
46

CHAPITRE II. LE PROCESSUS D’INTEGRATION DE LA CAE ET LES


ENJEUX DE L’ADHESION DE LA RDC

Ce chapitre fait une étude sur l’état de lieu de l’intégration régionale de la Communauté
d’Afrique de l’Est, avec un accent particulier sur l’analyse des objectifs fixés par l’organisation
depuis son existence ainsi que ses réalisations effectives dans le temps. Il analyse également
des enjeux qui guettent l’adhésion de la RDC dans la CAE, avec un accent mis sur les aspects
positifs de l’appartenance multiples de la RDC aux communautés économique régionale.

Section 1. Etat de lieu de l’intégration de la CAE

a) Origine et évolution
La communauté d’Afrique de l’Est tel que connue à travers ses origines, regroupait le
Kenya, l’Ouganda et la République Unie de la Tanzanie, a été généralement considérée comme
l’un des rares exemples d’intégration réussie entre les pays du Tiers-monde par la doctrine77.
Les efforts d’intégration remontent d’une période très reculée, déjà à partir 1947, grâce à un
accord signé, le Kenya, l’Ouganda et le Tanganyika forment non seulement un marché commun
mais furent aussi administrés en commun sous l’autorité d’une conférence des Gouverneurs et
d’un Conseil législatif. De même, à l’approche des indépendances, des ajustements se sont
imposer à un ensemble qui, d’inter-administration allait devenir interétatique avec la création
en 1961 de l’« East African Common Services Organization » dans le but d’assurer la
sauvegarde des acquis des services publics communs notamment dans les domaines des
finances, de l’économie, des télécommunications, des ports, des chemins de fer et de
l’aviation78.

Ainsi, Au terme de longues discussions entre les nouveaux dirigeants politiques sur la
question de savoir comment il fallait agencer les rapports des trois pays après les
indépendances, un Traité établissant une Communauté Est Africaine et un marché commun fut
finalement signé en 1967 et entra en vigueur le premier décembre de la même année entre le
Kenya, l’Ouganda et la nouvelle république de la Tanzanie, issue de la fédération entre le
Tanganyika et le Zanzibar en 1964, dotée d’une forte cohésion culturelle en terme linguistique
(swahili) et historique (empreinte coloniale britannique).

77
HAZELWOOD A., Economic integration, the East African experience, Paris, L’Harmatan, 1975, p. 21
78
TANDON et MAZRUI, « The East African community as a regional grouping», in Africa and international
organization, Lahaye, Nijoff, 1974, p.183.
47

En outre, malgré les obstacles rencontrés par la communauté et la conduisant à une


dissolution en 1977, elle est parvenue à un haut degré d’intégration (politique, monétaire,
fiscale, union douanière, port, chemin de fer, compagnie aérienne gérée en commun)79.

Toutefois, les premiers essais de coopération avaient eu lieu dès 1897 par les accords non
formels entre les trois pays. Pendant cette période, des réalisations remarquables avaient déjà
été faites au sein de la Communauté notamment :

 De 1887-1901 : Construction d’un chemin de fer entre le Kenya et l’Ouganda,


 En 1900 : Etablissement de Mombassa comme centre des recettes douanières entre le
Kenya et l’Ouganda,
 En 1905 : Etablissement du Conseil monétaire de l’Afrique orientale et de l’union
politique,
 En 1909 : Création de la Cour d’appel de l’Afrique de l’Est,
 En 1917 : Etablissement de l’union douanière entre le Kenya et l’Ouganda,
 En 1922 : Le Tanganyika rejoint ces deux pays,
 En 1926 : Conférence des administrateurs de l’Afrique orientale,
 En 1940 : Conseil sur l’impôt sur les revenus de l’Afrique orientale et le Conseil
économique commun,
 En 1948 : Mise sur pied de la Haute Commission,
 En 1961: Etablissement de l’organisation des services communs (poste et
télécommunication de la CAE, chemin de fer et port, les voies aériennes, les services de
l’aviation, la Banque de développement de l’Afrique de l’Est)80.

A propos des obstacles à l’intégration de l’organisation, la jeune Communauté d’Afrique


de l’Est a connu plus de quatre ans de disfonctionnement. En effet, depuis 1971, la CAE a fait
face à un certain nombre de difficultés qui ont finalement abouti à son effondrement en 1977.
Quelques raisons peuvent expliquer la base de cette dissolution.

En effet, le coup d’Etat de 1971 en Ouganda, mené par Idi AMIN contre le pouvoir de M.
Obote, a mis fin aux réunions des Chefs d’Etats. L’Ouganda s’est retrouvé successivement dans
une situation proche de la guerre ouverte contre la Tanzanie puis le Kenya alors que son
économie se repliait progressivement sur elle-même et faisait tomber les échanges extérieurs à

79
East African Community, https://www.eac.int/images/EAC_Logo_web_0.png , consulté, le 12 octobre 2022.
80
Etablissement de l’organisation des services communs, Cité par Abel NTAKARUTIMANA, dans, Analyse du
système institutionnel de la communauté est-africaine, mémoire, Université du Burundi, mai 2013, p. 23
48

un niveau insignifiant. De ce fait, l’Ouganda a cessé d’être membre effectif de la Communauté


au sein de laquelle la Tanzanie et le Kenya se retrouvés désormais face à face.

Par ailleurs, malgré les modèles de développement peu compatibles après le retrait de
l’Ouganda, la Communauté a continué péniblement son existence entre le Kenya et la Tanzanie,
ces deux pays suivent en effet, des modèles de développement très peu compatibles, ainsi la
Tanzanie a eu de plus en plus l’impression d’être exploitée par le Kenya capitaliste et inféodée
aux multinationales étrangères81. Les deux pays ont successivement pris des mesures tendant à
limiter la liberté des échanges à travers leurs frontières communes. Par conséquent, les services
communs et surtout les compagnies autonomes ont eu à souffrir des problèmes de financement
de plus en plus graves, le transfert des fonds devenant à peu près impossible. En février 1977,
la « East African Airways » a dû arrêter ses opérations, ses avions étant saisis au sol. Peu à près,
la Tanzanie a fermé ses frontières aux « Tour operators » kenyans et en avril, elle a pris la
décision de décréter la fermeture complète de ses frontières. A l’échéance de l’année fiscale de
la Communauté le 30 juin 1977, aucun de ces trois pays n’était disposé à alimenter le fonds
commun et de ce fait, la Communauté a complètement cessé ses opérations.

Il s’en suit d’un curieux intermède durant lequel l’Ouganda et la Tanzanie82 ont discuté
de la possibilité de poursuivre la Communauté à deux qui prit fin brusquement lorsque le
président J. Nyerere refuse d’abord de reconnaître le régime du dictateur ougandais Idi Amin
et s’oppose par la suite à toute rencontre personnelle.

L’absence d’une politique commune d’investissement constituait un autre problème face


à l’integration des Etats de la CAE. Le climat des affaires paraissant plus favorable au Kenya
plutôt qu’ailleurs. En conséquence, les services publics se sont dégagé des certaines obligations
vis-à-vis de la communauté, et ont commencé à reconstituer sur le plan national de chaque pays
l’autonomie sur certaines actions. A titre d’exemple, la Tanzanie a pris unilatéralement la
décision de construire le chemin de fer de TAZARA la reliant à la Zambie, sans consulter ses
partenaires. En outre, ce chemin de fer était doté d’une voie normale rendant impossible son
raccordement aux autres lignes qui sont toutes à voies étroite.

La multiplication de ces types de comportement au sein de l’organisation a créé une


impossibilité de toute collaboration fructueuse entre le Kenya et la Tanzanie. Cette réalité a

81
DIETRICH K., Daily news de Dar-es-salam., 1977, p.219.
82
GAUTRON Jean-Claude, Le règlement du différend entre l’Ouganda et la Tanzanie consolidera le régime du
général Amin, 1971, p.8.
49

conduit périodiquement à des mesures et des contre-mesures tendant toutes à isoler un pays de
l’autre de façon. Mais, la plupart de ces faits ne sont que l’expression des causes plus lointaines
qui remontent à l’origine coloniale des efforts d’intégration en Afrique de l’Est83. Ceci est
particulièrement évident en ce qui concerne la position privilégiée du Kenya, principal
bénéficiaire des services communs et des compagnies autonomes. En effet, le Kenya était
considéré à l’époque coloniale, comme un site préféré des investissements industriels, ce qui a
pour conséquence d’attirer beaucoup plus les investisseurs vers le Kenya plutôt qu’en Ouganda
et/ou en Tanzanie.

La sommation de ces phénomènes ainsi que les divergences entre les autorités politiques,
a conduit inévitablement à la désintégration de la Communauté. Signalons que J. Nyerere avait
la vision d’un Etat fédéral puissant mais il s’est vite vu désavoué par ses deux partenaires M.
Obote et J. Kenyata. Contrairement aux autres pays dont les dirigeants s’occupent fortement
des affaires internes, la philosophie des dirigeants de la Tanzanie, peu nationaliste, est
économique et sociale plutôt que politique84. En effet, si le Kenya voyait dans la Communauté
un instrument utile pour accélérer son propre développement, la Tanzanie de sa part la
considérait comme un moyen de créer une nouvelle société africaine, libérée de toutes divisions
artificielles imposées par la colonisation. Dès lors, elle ne pouvait s’accommoder d’une
Communauté qui lui paraissait virer vers le capitalisme et le néocolonialisme économique et
elle était toute disposée à s’associer avec d’autres partenaires dont les objectifs sont plus
proches des siens.

En outre, L’effondrement de la CAE n’a pas eu pour conséquence la disparition


automatique de ses institutions. Certains services administratifs communs avaient déjà été
tellement décentralisés qu’il était facile de les maintenir au niveau national. Malheureusement,
une situation de méfiance et de tension entre les trois Etats a rendu difficile la mise sur pied
d’une structure juridique nécessaire à la sauvegarde des intérêts communs de la Communauté.
Cependant, ces trois Etats ont vite senti le danger d’être dans une situation d’isolement et
chacun d’entre eux a de son côté entrepris un processus de normalisation des relations
régionales pour assurer un développement rapide et durable de la sous- région.

83
NTAKARUTIMANA Abel, Analyse du système institutionnel de la communauté est-africaine, mémoire,
Université du Burundi,2013, p.27
84
CUKWURAH, The O.A.U. and African territorial and boundary disputes, Indian journal of international Laws,
1973, p.120.
50

Ces trois Etats n’ont pas tardé de manifester l’intention de se remettre ensemble pour
pouvoir faire face aux différentes difficultés de nature économiques et sécuritaires auxquelles
ils étaient confrontés. Pour ce faire, ils ont commencé à éviter à tout prix ce qui les divisait afin
de reconstituer la Communauté. La réintégration de l’Afrique de l’Est est donc relancée à partir
mai 1993 avec la création de la Coopération Est Africaine85.

Une mise en place d’un Secrétariat exécutif en Août 1996 et la signature par les trois chefs
d’Etats respectifs d’un Traité constitutif en novembre 1999, a rendu effectif de cette
réintégration. En cette période la communauté comptait 93 millions d’habitants sur une
superficie de 1.768.812 km². Située en dessous de la corne d’Afrique et dotée d’une façade
maritime de 2.104 km ouverte sur l’océan Indien, une région dotée des richesses naturelles
remarquables comme le Lac Victoria, un grand lac et la source du Nil. La région regorge
également des ressources naturelles comme l’or, le pétrole et le gaz86.

L’institutionnalisation réelle de la Communauté a eu lieu lors de la ratification de son


Traité fondateur en juillet 200087. La proximité géographique, économique, sociale, culturelle
et historique qui existe entre les pays de la sous- région est un élément central de la viabilité de
la CAE. Dans l’esprit des auteurs du Traité, cette Communauté avait pour objectif ultime,
l’intégration complète. Elle vise notamment à élargir et approfondir la coopération entre Etats
partenaires sur le plan politique, économique et social entre autres pour le bénéfice mutuel 88
Notons que la première étape du processus a été réalisée par la mise en place d’une union
douanière le 1er janvier 2005. En effet, la réalisation des objectifs de la CAE se fera
impérativement à travers l’union douanière, le marché commun, l’union monétaire avec
l’objectif final, la Fédération politique.

En effet, la communauté a vite évolué en ce sens et a commencé à s’étendre avec le temps.


Les demandes d’adhésion du Burundi et du Rwanda ont été officiellement déposées au
Secrétariat en avril 2002 par les chefs respectifs des deux Etats, P. Buyoya et P. Kagame, mais
celles-ci ont été mises en entente jusqu’au moment opportun pour l’élargissement de la
communauté89.

85
East African Community, https://www.eac.int/images/EAC_Logo_web_0.png , op.cit.p.9, consulté le 12 octobre
2022
86
CNUCED, Guide de la Communauté d’Afrique de l’Est, 2008, p.2.
87
East African Community, op.cit. p.14.
88
Voir l’article 5 du Traité pour l’établissement de la Communauté Est-Africaine
89
NDAYIZIGA Jérémie, Historique du processus de négociation de l’adhésion du Burundi à l’EAC,
https://www.yumpu.com/fr/document/read/34033299/historique-du-processus-de-nacgociation-de-l-
idecburundiorghttp://www.idecburundi.org , consulté, le 12 octobre 2022.
51

En novembre 2004, la CAE a tenu son 6ème Sommet et a invité à titre d’observateur le
Burundi et le Rwanda respectivement représentés par D. Ndayizeye, président Burundais à
l’époque et B. Makuza, Premier ministre rwandais. Les deux hautes personnalités ont insisté
sur la demande de leurs pays respectifs à adhérer à la Communauté. Les autorités burundaises
et rwandaises ont continué à plaider en faveur de leurs pays auprès du Secrétariat. Après un
dépôt officiel des instruments de ratification du Traité d’accession signés par les présidents
respectifs des deux Républiques P. Nkurunziza et P. Kagame au Sommet des chefs d’Etats de
la CAE tenu en juin 2007 à Kampala, la République du Rwanda et la République du Burundi
ont adhéré au traité de la CAE en ce jour et sont devenues membres à part entière de la
Communauté avec effet en juillet 2007.

Avec l’adhésion de ces Etats, la communauté a virée de 3 à 5 pays membres dont : le


Burundi, le Kenya, le Rwanda, la Tanzanie et l’Ouganda, avec une population totale de 120
millions d’habitants, une superficie de 1,8 millions de km² et un produit intérieur brut global de
41 milliards de dollars américains90 est d’une grande importance géographique.

Plus tard, la République du Soudan du Sud, la plus jeune nation au monde qui a obtenu
son indépendance en juillet 2011 après la sécession du Soudan, a aussi demandé à rejoindre le
la communauté d’Afrique de l’Est. Cependant son admission a été retardée pendant plus de
deux ans, après l'éclatement d'une guerre civile dans le pays, qui a causé des milliers de morts.

Néanmoins, la République du Soudan du Sud a finalement été acceptée par les membre de
la CAE et a adhéré au traité en avril 2016 lors du 17ème sommet ordinaire du bloc régional, qui
a réuni les présidents P. Magufuli de la Tanzanie, P. Kagame du Rwanda, Y. Museveni de
l'Ouganda, U. Kenyatta du Kenya, et le vice-président burundais J. Butore. Le Soudan du Sud
est devenue membre à part entière de la Communauté en août 2016 et constitue le sixième pays
membre du bloc régional. Le président sud-soudanais S. Kiir et son homologue tanzanien P.
Magufuli, président de la CAE à l’époque, ont signé un traité d'adhésion de Juba dans le bloc
régional. Le marché régional s’est ainsi étendu à 160 millions de personnes.

Enfin, le dernier membre de la Communauté d’Afrique de l’Est, la République


démocratique du Congo a été acceptée par les Etats membres de la communauté en mars 2022
et a adhéré au traité de la CAE en avril 2022. Le Parlement congolais a par la suite adopté en
juin 2022 le projet de loi autorisant l’adhésion de la RDC à ce bloc sous-régional. Le ministre
des Affaires étrangères a déposé en juillet 2022 à Arusha en Tanzanie les instruments de

90
CNUCED, op.cit., p.7
52

ratification de l'adhésion du traité instituant la Communauté. C’est ainsi que la RDC devient
membre à part entière de la Communauté d’Afrique de l’Est en juillet 2022. Avec l’adhésion
de ce géant, la CAE abrite actuellement environ 283,7 millions de citoyens, dont plus de 30 %
sont des citadins. Avec une superficie de 4,8 millions de kilomètres carrés et un produit intérieur
brut combiné de 305,3 milliards de dollars américains, sa réalisation revêt une grande
importance stratégique et géopolitique avec des perspectives pour une Communauté Est-
Africaine renouvelée et revigorée.

b) L’état de lieu des objectifs de la CAE


La Communauté d’Afrique de l’Est consacre la libre circulation des personnes avec la
suppression de l’exigence d’un visa pour des courts séjours aux citoyens des Etats membres. Il
est aussi question pour les pays regroupés au sein de la CAE de mutualiser leurs efforts quant
aux questions de paix et de sécurité dans la sous-région. Le travail de la CAE est guidé par son
traité qui a institué la Communauté.

La CAE est un précurseur potentiel de l'établissement d'une Fédération d'Afrique de l'Est.


Les objectifs fixés à la Communauté par son traité fondateur en novembre 2000, lient
étroitement intégration institutionnelle, développement économique et social et renforcement
de la sécurité au sein de la zone. Ils ont vocation à être réalisés par le biais d’une intégration
progressive mais rapide. Une intégration douanière dès 2005, la CAE lance son propre marché
commun des biens, du travail et des capitaux de la région avec l'objectif de la création d'une
monnaie commune en 2012 et d'une fédération politique en 201591.

Ainsi, si la CAE a une dominante initiale essentiellement commerciale, supposée être un


préalable indispensable à toute ambition supplémentaire, elle reste structurée et donc analysée
autour de l’atteinte d’un objectif stratégique de stabilisation globale de la zone.

Le traité, tel que modifié en décembre 2006 et août 2007 dans son article 5, prévoit les
objectifs de la CAE. Les objectifs de la Communauté sont de développer des politiques et des
programmes visant à agrandir et approfondir la coopération entre les Etats membres dans les
domaines politique, économique, social, culturel, de la recherche, de la technologie, de la
défense, la sécurité, les affaires juridiques et judiciaires pour leur bénéfice mutuel.

91
ODEMBO E. « Communauté d’Afrique de l’Est : dix ans d’intégration », in Géopolitique Africaine, n°37,
juillet-septembre 2010, p. 329.
53

Conformément aux dispositions du paragraphe 1 de l’article 5, les États membres


s'engagent à établir entre eux et conformément aux dispositions du traité une Union douanière,
un Marché commun, plus tard une Union monétaire et à la fin une Fédération politique afin de
renforcer et de réglementer les relations industrielles, commerciales, d'infrastructure,
culturelles, sociales, politiques des Etats membres. À cette fin il est tout naturel qu'il y ait un
développement accéléré, harmonieux et équilibré ainsi qu’une expansion durable des activités
économiques dont les bénéfices seront partagés équitablement92.

Cependant, mise à part ces principaux objectifs, les Etats membres de la CAE ont aussi le
devoir de promouvoir une étroite coopération au sein de la Communauté dans le domaine de la
culture et des sports par : l'encouragement à la pratique de plusieurs activités sportives ; le
développement de programmes de communication de masse dans des domaines qui stimuleront
le développement de la culture et des sports dans la Communauté ; la promotion des activités
culturelles des beaux-arts, de la musique, y incluant les arts scéniques et la conservation et le
développement du patrimoine culturel des Etats membres, surtout les biens historiques et les
antiquités ; le développement et la promotion des langues indigènes et notamment le swahili en
tant que lingua franca ; le contrôle du commerce transfrontières de matériel ethnographique,
l'établissement d'un permis à l'intention de ceux qui font le commerce des antiquités, la
coopération et l'adoption d'une approche commune pour mettre fin au trafic illicite de biens
culturels ; l'accession à des conventions ou la ratification d'instruments relatifs à la culture
telles: la Convention de La Haye sur la protection des biens culturels en cas des conflit armé ;
et la Convention de l'UNESCO concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher
l’importation, l'exportation et le transfert de propriété illicites de biens culturels ;
l’harmonisation des politiques pour la conservation des antiquités nationales des musées et la
prévention du commerce illégal des biens culturels ; et Toute autre activité visant à promouvoir
l’identité de l'Afrique de l'Est.

c) L’état de lieu des réalisations de la CAE


En tant que l’un des blocs économiques régionaux à la croissance la plus rapide au
monde, la Communauté d’Afrique de l’Est élargit et approfondit la coopération entre les Etats
partenaires dans divers domaines clés pour leur bénéfice mutuel. Ces sphères comprennent le
politique, l'économique et le social. Les États membres ont établi entre eux et conformément

92
Treaty for the Establishment of the : East African Community (As amended on 14th December, 2006 and 20th
August, 2007)
54

aux dispositions du traité : une Union douanière, un Marché commun, plus tard une Union
monétaire et à la fin une Fédération politique afin de renforcer et de réglementer les relations
industrielles, commerciales, d'infrastructure, culturelles, sociales, politiques des Etats membres.

À l’heure actuelle, le processus d’intégration régionale bat son plein, comme en


témoignent les progrès encourageants de l’union douanière de la Communauté d’Afrique de
l’Est, la création du marché commun en 2010 et la mise en œuvre du Protocole de l’union
monétaire de la communauté. Le processus vers une Fédération de l’Afrique de l’Est s'accélère,
soulignant la détermination sérieuse des dirigeants et des citoyens de l’Afrique de l’Est à
construire un bloc économique et politique puissant et durable en Afrique de l’Est.

Les Progrès réalisés en vue de la création d’une union monétaire dans le Marché
commun de la communauté d’Afrique de l’Est est d’autant plus important que la convergence
macroéconomique est une condition préalable à une intégration économique aussi avancée. Les
membres de la CAE ont également réalisé des progrès majeurs dans les critères de convergence
macroéconomique.

Le chemin parcouru par la CAE vers une union monétaire a commencé avec la création
de l’Union monétaire est-africaine en 2015, qui a fourni une feuille de route pour la création
d’une région à monnaie unique dans les dix ans (à l’horizon 2024). Un protocole d’entente sur
la convertibilité de la monnaie a depuis été signé, et les politiques fiscales, monétaires et de
change sont en cours d’harmonisation.

La CAE rationalise également les opérations du secteur financier, notamment les


pratiques et la réglementation des opérations boursières. Pour ce faire, la CAE a adopté en 2017
un projet de loi portant création de l’Institut monétaire de l’Afrique de l’Est, sur la base des
expériences de l’Union économique et monétaire ouest-africaine, où une telle institution a été
déterminante.93 Enfin, la CAE va au-delà de l’intégration économique pour devenir une
fédération politique. Au 18e sommet de la CAE en 2017, la confédération politique a été
adoptée en tant que modèle de transition ou étape intermédiaire dans la réalisation de cet
objectif.94 Malgré ces progrès, la CAE a été incitée à ne pas précipiter le processus.95 les critères

93
Banque africaine de développement 2018., Performances macroéconomiques et perspectives
https://www.afdb.org/fileadmin/uploads/afdb/Documents/Publications/2019AEO/AEO_2019-FR.pdf2019
https://www.inter-reseaux.org/ressource/rapport, consulté, le 13 octobre 2022.
94
CAE 2018, Banque africaine de développement,
https://www.eac.int/political-federation-perspectives-economiques-en-afrique-2019/ consulté, le 13 octobre
2022.
95
ONUCEA 2018, Banque africaine de développement
https://www.un.org/africarenewal/fr consulté, le 13 octobre 2022.
55

de convergence macroéconomique de certains pays membres de la CAE, ont bien progressé


dans ce domaine. Le Progrès réalisés dans la création de zones de libre-échange, d’unions
douanières, et d’un commerce intra régional renforcé. Bien que les pays d’Afrique de l’Est ne
soient pas encore parvenus à une union monétaire, ils ont réalisé des progrès dans la création
de zones de libre-échange et d’unions douanières.

La CAE a ratifié une union douanière en 2005 et l’a mise en œuvre en 2014, réduisant
ainsi les exigences documentaires et permettant le partage des informations en temps réel.96
Dans le Corridor central, le temps nécessaire pour dédouaner les marchandises importées du
port de Dar es-Salaam est passé de plus de 22 jours à 7 jours au Burundi et 5 jours à Kigali, et
dans le Corridor nord, le temps nécessaire pour dédouaner les marchandises importées du port
de Mombasa a baissé de 21 à 7 jours à Bujumbura, 6 jours à Kigali, et 4 jours à Kampala.

Le programme de réduction des tarifs internes a réduit à zéro tous les tarifs internes de la
CAE en janvier 2005 et la loi de 2017 sur l’élimination des obstacles non tarifaires est en cours
de mise en œuvre. En outre, le protocole du marché commun visant à faire progresser
l’intégration régionale grâce à la libre circulation des biens, des personnes, de la main d’œuvre,
des capitaux et des services, ainsi que par le biais des droits d’établissement et de résidence
dans la CAE, est entré en vigueur en juillet 2010 après sa signature en novembre 2009.97

Les échanges de la CAE sont les plus élevés de toutes les CER en Afrique de l’Est, avec
plus de 20 % des exportations totales, et nettement supérieurs à la moyenne continentale, bien
que ce taux ait stagné au cours de la dernière décennie et reste inférieur à l’objectif de 25 %
fixé par la région d’ici 202598. Le Progrès globaux dans l’intégration régionale en Afrique de
l’Est parmi les huit CER, la CAE affiche les scores les plus élevés de l’indice de l’intégration
régionale africaine. Elle obtient des résultats particulièrement élevés dans l’intégration
commerciale et l’intégration productive. Et bien que l’intégration régionale en Afrique de l’Est
soit supérieure à la moyenne de l’Afrique, elle est toujours à la traîne par rapport aux régions
en développement hors de l’Afrique, notamment l’Asie de l’Est, où les échanges intra régionaux
représentent plus de 35 % du commerce total.99

96
AFREXIM Bank 2018 ; Banque africaine de développement 2018.
https://www.afdb.org/sites/default/files/documents/publications/per_2019-afrique_est.pdf consulté, le 13 octobre
2022.
97
CAE 2018, Banque africaine de développement 2018. Op.cit., p.7.
98
Banque africaine de développement 2018 ; cité par, Geda et Seid, Les échanges de la CAE sont les plus élevés
de toutes les CER en Afrique de l’Est, 2015,p.34.
99
Banque africaine de développement 2018. Op.cit. p.12.
56

Tous les objectifs de la Communauté visent l’integration effective et le développement de


la Communauté dans diverses dimensions. Cependant en matière d’integration régionale,
certains pays d’une même communauté s’intègrent le mieux dans certains domaines plutôt que
dans d’autres, par rapport aux autres Etats membres. Voici à titre d’exemple les réalisations des
quelques Etats de la CAE dans le processus d’integration durant la période de 2000-2019.

 La dimension de l’intégration régionale au sein de la CAE100

De tous les pays membre de la Communauté d’Afrique de l’Est, le Kenya affiche une
forte croissance économique, dont le PIB est 20 fois celui du Burundi. La communauté a créé
un marché commun en 2010 et son objectif consiste à réaliser une union monétaire. Le Kenya,
s’avère le pays le plus performant de la CAE, il bénéficie d’une confortable avancée sur
plusieurs dimensions. Il occupe notamment le premier rang dans la dimension des
infrastructures et arrive en deuxième position dans les dimensions commerciale et productive.
L’Ouganda affiche la deuxième meilleure performance sur la croissance économique, tout en
occupant le premier rang dans les dimensions d’intégration commerciale et productive.

Le Soudan du Sud et le Burundi sont les pays les moins performants de cette communauté.
Le Soudan du Sud occupe le dernier rang dans les dimensions infrastructurelle, commerciale et
macroéconomique. La dimension productive est le point faible du Burundi, il est le pays le
moins performant dans cette dimension et enregistre de mauvais résultats dans la dimension
des infrastructures. La CAE est relativement bien intégrée et affiche sa meilleure performance
dans la dimension de la libre circulation des personnes, mais elle est relativement moins bien
intégrée dans la dimension productive.

 La dimension de l’intégration commerciale au sein de la CAE101

L’Afrique a supprimé ces dernières années d’importantes barrières tarifaires


commerciales. Pourtant, les tarifs ne sont qu’un aspect des entraves au commerce : les mesures
non tarifaires, mesures sanitaires et phytosanitaires, variations dans les lois sur l’étiquetage et
règles d’origine peuvent également compromettre le commerce102. Cependant, lorsqu’on parle
de l’integration commerciale dans cette étude, nous faisons allusion aux différents échanges
commerciaux qui transcendent les frontières des pays, c’est-à-dire la compétitive du commerce

100
Intégration régionale au sein de la CAE-Score moyen : 0,537, p.29.
101
Intégration commerciale au sein de la CAE-Score moyen : 0,440, op.cit. p.30
102
Intégration commerciale, https://www.integrate-africa.org/fr/ , consulté, Le 20 octobre 2022.
57

international des Etats au sein d’une organisation régionale donné, étant donné qu’elle offre que
cette intégration produit généralement une libre circulation de biens et services qui relèvent des
avantages lies aux les communautés économiques régionales en générale.

En ce qui concerne la CAE, L’Ouganda occupe le premier rang dans la dimension


commerciale, sa force réside dans le fait qu’à l’échelle régionale, il détient la meilleure part des
exportations dans le PIB, tandis que le Kenya détient la meilleure part commerciale régionale.
Le Soudan du Sud et le Burundi sont les pays les moins performants. Les deux pays détiennent
de faibles parts en termes de commerce et d’exportations. Le Burundi occupe le dernier rang en
matière commerciale et le Soudan du Sud est classé dernier dans le domaine des exportations.
La CAE est moyennement bien intégrée en matière d’intégration commerciale. Le faible taux
des exportations régionales constitue le point faible de la région. Les pays membres de la CAE
ne sont pas évalués sur la base de leurs niveaux tarifaires, étant donné que les tarifs douaniers
ont été supprimés au sein de la communauté.

 La dimension de l’intégration productive au sein de la CAE103

Un pays est performant en matière d'intégration productive si ses capacités de production


complètent celles d'autres pays de la région ; autrement dit, s'il est spécialisé dans les étapes de
la production pour lesquelles il jouit d'un avantage comparatif et peut bénéficier d'économies
d'échelle104. L’Ouganda et le Kenya sont pour notre cas les pays les plus performants dans la
dimension productive. L’Ouganda a les meilleures importations de biens intermédiaires de la
région et occupe le deuxième rang en matière de complémentarité commerciale. Le Kenya
affiche la meilleure performance en termes d’exportations intermédiaires et de complémentarité
commerciale. Le Burundi est le pays le moins performant en matière d’importations de biens
intermédiaires et d’indice de complémentarité commerciale ; par conséquent, sa performance
en termes d’intégration productive est la plus faible. Il est classé derrière le Soudan du Sud qui,
les exportations intermédiaires constituent son point faible. La région doit améliorer urgemment
sa capacité productive afin de consolider sa complémentarité commerciale.

103
Intégration productive au sein de la CAE-Score moyen : 0,434, op.cit. p.31
104
Intégration commerciale https://www.integrate-africa.org/fr/ op.cit. p.5.
58

 La dimension de l’intégration macroéconomique au sein de la CAE105

La convergence et la stabilisation des politiques macroéconomiques dans une région


créent un environnement financier sain qui attire des investissements transfrontaliers. Le degré
de cohérence macroéconomique entre un pays et ses voisins permet aux investisseurs de
calculer la valeur et le potentiel de leurs investissements106. Le Rwanda est le pays le plus
intégré en termes macroéconomiques dans la communauté d’Afrique de l’Est. La Tanzanie
occupe la deuxième place. Les deux pays ne sont pas évalués sur la base de traités bilatéraux
d’investissement en vigueur, étant donné qu’aucun pays membre de la CAE n’est lié par un tel
traité. Le Rwanda détient la meilleure monnaie convertible et la Tanzanie affiche le meilleur
différentiel d’inflation. Le Soudan du Sud est le pays le moins intégré ; il est placé au dernier
rang pour les deux variables. Il est suivi de l’Ouganda dont la performance est moyenne, la
monnaie de ce pays est également la moins convertible.

 La dimension de l’intégration infrastructurelle au sein de la CAE107

Selon l’édition 2018 de l’Indice de développement des infrastructures de la BAD, les


investissements dans l’infrastructure représentent plus de la moitié de la croissance économique
de ces dernières années en Afrique. Cette croissance est principalement portée par les
améliorations dans les technologies de l’information et de la communication. Toutefois, pour
entretenir une croissance optimale, il y a lieu de développer les infrastructures afin de faciliter
non seulement les connexions intérieures, mais également celles intrarégionales, voire
extrarégionales. Le Kenya est le leader absolu de la dimension des infrastructures dans la CAE,
il occupe la première place dans l’indice de développement des infrastructures de la Banque
Africaine de Développement (BAD) ; de plus, il offre les meilleures lignes aériennes. Suivi du
Rwanda, ce pays occupe la deuxième position en termes d’indice de développement des
infrastructures et il affiche une bonne connectivité aérienne. Le Soudan du Sud est le pays le
moins performant, il occupe le dernier rang en termes d’indice de développement des
infrastructures de la BAD et de connectivité aérienne régionale. Il est suivi du Burundi qui
affiche une performance moyenne, les liaisons aériennes régionales constituent son point faible.

105
Intégration macroéconomique au sein de la CAE-Score moyen : 0,660, op.cit. p.32
106
Intégration commerciale https://www.integrate-africa.org/fr/, consulté le 29 /10/2022 .
107
Intégration infrastructurelle au sein de la CAE-Score moyen : 0,555, op.cit. p.33
59

 La dimension de libre circulation des personnes au sein de la CAE108

L’application de politiques de visa avenantes signifie plus d’affaires, plus


d’investissements et plus d’innovations. Une politique de visas accueillante permet de
développer les entreprises locales, de réaliser des économies d’échelle et de créer des chaînes
de valeur rentables. La technologie numérique joue un rôle important : les récentes avancées
permettent de simplifier les formalités d’entrée, ce qui donne l’occasion à plus d’étudiants, de
commerçants ou de résidents de voyager, d’échanger des connaissances et de développer de
nouveaux marchés109. La libre circulation des personnes enregistre la meilleure performance
dans la CAE.

Le Rwanda est le pays le plus intégré en termes de libre circulation des personnes étant
donné qu’il affiche le score le plus élevé. Il a adhéré au Protocole de Kigali sur la libre
circulation des personnes, et les membres de la communauté peuvent entrer dans le pays sans
visa « Il ressort de cet indice que le Rwanda affiche le score 0 pour la variable Visa à l’arrivée.
Or le pays a ouvert totalement ses frontières en exemptant du visa d’entrée tous les citoyens de
la CAE. Aussi, pour éviter de pénaliser le pays, son score en matière d’octroi de visa à l’arrivée
a-t-il été ajusté. Le même ajustement a été effectué en faveur du Burundi confronté au même
problème ». Le Burundi est le deuxième pays le mieux intégré de la CAE. Certes, il a renoncé
à l’exigence du visa, mais il n’a pas adhéré au Protocole de Kigali. La République unie de
Tanzanie et le Soudan du Sud sont les pays les moins performants. La Tanzanie n’a pas adhéré
au Protocole sur la libre circulation des personnes et le Soudan du Sud exige encore le visa aux
ressortissants des pays de la communauté.

Cependant, toujours dans le cadre de l’évolution et les réalisations de la Communauté


d’Afrique de l’Est, il s’observe d’une manière relative quelques progrès dans le domaine du
commerce et des voyages, entre deux pays de la communauté entre autre : l’Ouganda et le
Kenya

La Communauté d’Afrique de l’Est en général, malgré les nombreux défis auxquels elle
fait face, remplit sa mission en tant qu’union douanière et zone de marché commun ou de libre-
échange. Les négociants peuvent aujourd’hui se déplacer d’un pays à l’autre sans rencontrer de

108
Libre circulation des personnes au sein de la CAE-Score moyen : 0,664, op.cit. p.34
109
Intégration commerciale https://www.integrate-africa.org/fr/ , consulté le 29/10/2022
60

problème majeur, et passer des marchandises à la frontière sans grande difficulté lorsqu’elles
répondent aux exigences des procédures commerciales.

• L’Union douanière de la CAE : a éliminé les droits d’importations sur les


marchandises provenant des pays de la CER. De ce fait, il est moins coûteux d’importer des
biens de la CAE que de la Chine. Cela représente une bonne opportunité pour les négociants.

• Amélioration de l’infrastructure des postes frontaliers : La CAE a construit des


infrastructures visant à faciliter le commerce et les voyages transfrontaliers. Ces infrastructures
comprennent des bureaux frontaliers propres, des parcs de marchandises sécurisés avec un
personnel de sécurité, des routes en bon état, des propriétés bien éclairées et les installations de
confort propres et non encombrées. L’existence de postes-frontières à guichet unique facilite
également le dédouanement des marchandises. Le temps de transit au passage des frontières a
considérablement diminué, permettant le dédouanement de 300 camions par jour.

• Personnel des douanes en nombre suffisant : Le nombre de fonctionnaires en charge


de la collecte des recettes est aujourd’hui bien réparti dans les villes principales de la CAE. Cela
signifie que les commerçants ne sont plus obligés de se rendre d’abord dans leur pays de
destination pour faire évaluer leurs marchandises. Cette évaluation peut se faire aujourd’hui
dans le pays où ces marchandises sont achetées.

• Une infrastructure routière en bon état : L’infrastructure routière, y compris la


signalisation, est généralement en bon état, à l’exception des routes entre Busia et Kisumu.
Contraintes au commerce et aux voyages Outre ces entraves à l’intégration régionale en Afrique
de l’Est, la Banque africaine de développement a mis en évidence plusieurs obstacles au
commerce transfrontalier.

• par contre, il se pose des problèmes de migration des données entre les systèmes
douaniers nationaux. Ces problèmes de migration des données découlent de la nature des
déclarations que les douaniers enregistrent dans les systèmes d’information commerciale. Des
erreurs dans la saisie des données affectent les liens entre les systèmes douaniers nationaux et
accroissent le temps passé par les négociants à la frontière, et le temps de transit vers la
destination.

• Temps de transit supérieurs aux cibles : les temps de transit aux postes-frontières ne
sont pas conformes aux cibles assignées par le gouvernement. Les camionneurs se plaignent de
61

l’attente aux frontières qui les oblige à rester dans leur véhicule parce qu’il n’y a qu’une seule
file. Les camionneurs affirment que la procédure de dédouanement est lente parce que les
bureaux des douanes manquent de personnel.

• Longues attentes à la frontière : Certains camionneurs affirment qu’il est plus rapide
et plus facile de conduire de Busia à Kampala que de franchir le kilomètre qui sépare la partie
kenyane de la partie ougandaise de Busia. Ils notent également que la durée du dédouanement
d’un camion est tellement longue que les camionneurs s’endorment au volant. Ils n’osent pas
aller déjeuner par peur de perdre leur place, et se contentent d’un casse-croûte dans leur
véhicule, ce qui n’est pas bon pour leur santé. Ils se plaignent également de longues attentes à
Namanga, qui les obligent à dépenser la totalité de leur indemnité journalière vu que les jours
supplémentaires passés en transit ne sont pas prévues dans leur budget.

• Problèmes de réseau de technologies de l’information : Le manque de fiabilité des


réseaux de technologies de l’information retarde le dédouanement des marchandises, en
particulier à Busia et à Namanga, si l’on en croit les camionneurs et les douaniers. En cas de
panne du réseau, les camionneurs sont obligés d’attendre.

• Problèmes politiques, la crise politique entre le Kenya et la Tanzanie : qui se


manifeste par l’incapacité des systèmes douaniers des deux pays à compiler les informations
sur le fret de façon cohérente et prévisible, a aggravé les difficultés opérationnelles qui
ralentissent le commerce.

• Lacunes au niveau des infrastructures : Les points de sortie aux frontières sont
généralement organisés en une file unique plutôt qu’en plusieurs files (capables de gérer
plusieurs véhicules en même temps). Les camionneurs ont proposé d’installer un système à files
multiples qui permettrait aux camions de marchandises et aux camions citernes de prendre des
voies séparées. Les chauffeurs se plaignent aussi de l’angle étroit au niveau du scanner de fret
de Busia, qui rend la manœuvre difficile, particulièrement pour les gros véhicules. Selon eux,
l’angle de braquage est en forme de L, ce qui abîme les pneus des véhicules lors des manœuvres.

Section 2. Les enjeux de l’adhésion de la RDC au sein de la CAE

Lorsqu’on veut comprendre les raisons qui expliquent l’appartenance d’un tiers Etat aux
différentes organisations internationales et/ou régionales, l’on peut partir notamment des
facteurs géographiques, historiques, politiques, sécuritaires, économiques, etc. Pour notre cas
62

d’étude, cette section explique les raisons de l’adhésion de la République Démocratique du


Congo à la Communauté d’Afrique de l’Est malgré son appartenance à d’autres Communautés
économiques régionales (CERs), en se basant sur trois enjeux spécifiques à savoir : les enjeux
géographiques, économiques et politiques.

1. Les enjeux géographiques


Sous cet aspect, en dépit du fait qu’elle soit membre de plusieurs autres communautés
économiques régionales, la République Démocratique du Congo a adhéré à la communauté
d’Afrique de l’Est parce que l’enclavement de la partie Est du pays, constitue un frein pour les
provinces de l’Est de pouvoir bénéficier pleinement des avantages liés à toutes les autres
Communautés économique régionales Africaines dont la RDC est déjà membre. En effet, à titre
illustratif, l’on constate qu’il est difficile pour un habitant de l’Est (Bukavu, Goma, Beni, etc.)
d’accéder facilement aux avantages provenant d’un pays membre de la CEEAC au même titre
qu’un congolais vivant à Kinshasa, en Equateur ou au Kongo-Central, etc.

De plus, « la partie Est semble déjà être tournée vers l’Est » parce que depuis plusieurs
décennies dans la partie Est, la population interagie beaucoup plus avec les populations des
différents pays membres de la CAE plutôt qu’avec les populations des autres provinces de la
RDC, par conséquent dans la partie Est, la population s’est adaptée aux différentes réalités en
terme d’échanges commerciaux et sociaux-culturels de la région d’Afrique de l’Est. Ce qui
n’est pas forcément le cas entre les populations dans la partie Est et celle de l’Ouest de la RDC.
L’adhésion de la RDC à la CAE vient justement rendre officiel et légitime le rapprochement
entre la population dans la partie Est de la RDC et les pays de l’Afrique de l’Est, cette adhésion
vient également intensifier les liens qui subsistent entre les provinces de l’Est du pays et les
Etats de l’Afrique de l’Est.

A titre illustratif, il est très facile pour un congolais vivant à Goma de s’adapter à la
culture rwandaise, et celui vivant à Uvira d’interagir avec un burundais ou celui vivant à
Bunagana d’effectuer des échanges commerciaux ou transfrontaliers avec un ougandais, qu’un
Congolais vivant à Bukavu d’échanger avec celui vivant à Kinshasa ou en équateur, tout
simplement parce que l’intensification des échanges commerciaux exige un certain
rapprochement entre deux ou plusieurs entités, et le manque d’interconnexion entre les
provinces de la RDC fait que l’Est soit enclavée et privé de contact avec le reste du pays sur le
plan commercial.
63

En effet, tout comme l’ancienne province du Katanga et les deux anciennes provinces du
Kasaï se sentent beaucoup plus épanoui dans la SADC, les provinces de la partie Est se sentent
aussi épanoui et s’intéressent beaucoup à l’Afrique de l’Est où il y a une ouverture directe,
pendant que la ville province de Kinshasa, l’Equateur et le Kongo-Central se tournent aussi
davantage du côté de l’Ouest avec l’accès à la mer (port de Matadi) et de la CEEAC. C’est cette
dispersion des entités et manque de connexion entre ces dernières qui fait de la RDC un pays
semi-enclavé.

Certes l’adhésion de la RDC dans la CAE est un pas de plus vers le désenclavement
surtout dans la partie Est du pays. Cependant, cette adhésion est aussi profitable pour la CAE
quant aux enjeux géographiques. Malgré l’interconnexion quasi inexistant actuellement entre
les provinces, le positionnement géographique de la RDC au centre de l’Afrique est un atout
majeur que la CAE pourrait exploiter afin de bénéficie de plusieurs possibilités de s’émouvoir
dans toutes les directions de différentes régions du continent notamment au Nord, au Sud, à
l’Est et à l’Ouest et y exercer diverses activités.

2. Les enjeux économiques


Parmi les raisons principales qui poussent les Etats à adhérer dans des groupements sous
régionaux, les enjeux économiques occupent aussi une place importante sur l’agenda de la
République Démocratique du Congo quant à ses multiples adhésions aux différentes
organisations sous-régionales. Ces enjeux ont plus particulièrement été une motivation pour la
RDC d’adhérer à la Communauté d’Afrique de l’Est afin d’accroitre son marché et impacter la
croissance économique du pays.

En effet, les enjeux économiques de l’adhésion de la RDC résident dans l’agrandissement


de son marché et dans le fait qu’elle va tirer profit sur les différentes activités et échanges
commerciaux que le pays effectuera au sein de la communauté d’Afrique de l’Est. Cette
ouverture va non seulement influencer le développement économique et commercial du pays
mais va également influencer le bien-être de la population congolaise, particulièrement celle de
l’Est du pays qui grâce à cette dernière va pouvoir intensifier les échanges commerciaux dans
la région avec la réduction des charges pour les activités commerciales et économiques des
populations110.

110
SIKUYAVUGA Léandre, L’entrée de la RDC dans l’EAC, quelles opportunités ? Burundi, Iwacu,
decembre,2021, p.16. https://www.iwacu-burundi.org/lentree-de-la-rdc-dans-leac-quelles-opportunites ,
consulté le 29/10/2022
64

La CAE est une organisation regorgeant beaucoup de potentiels, elle offre plusieurs
avantages à ses partenaires pour le développement de la région. Elle accorde à la communauté
une crédibilité hors normes vis-à-vis de ses partenaires. La CAE a jusqu’ici enregistré de
nombreux progrès dans divers domaines notamment dans le domaine technologique, avec les
investissements dans de nouvelles infrastructures pour faciliter le commerce transfrontalier,
dans le domaine commercial grâce à l’amélioration de la liberté de circulation des personnes et
des biens entre les Etats partenaires, la réduction du prix des télécommunications, l’exploitation
et la gestion des ressources communes, la promotion du climat des affaires, la suppression des
barrières non tarifaires résiduelles, etc.

Par ailleurs, M. Buchanan a souligné que l’adhésion de Kinshasa à l’EAC offre des
avantages et opportunités considérables pour la RDC, expliquant dans ce sens que le pays
bénéficiera de la réduction des tarifs douaniers pour les marchandises réceptionnées dans les
ports de Mombasa (Kenya) et de Dar es-Salaam (Tanzanie) et plusieurs facilités
administratives. L’intégration de la RDC à l’espace commun de télécommunications permettra
la réduction des coûts avec les pays voisins, a-t- il poursuivi, ajoutant que Kinshasa bénéficiera
également de la réduction des charges pour les activités commerciales et économiques ainsi
qu’une facilitation de la mobilité des citoyens congolais dans les pays de l’Est.

En outre, les provinces de l’Ouest, du Centre et celles du Nord et Sud de la RDC,


pourraient aussi tirer grand profit de cette adhésion si les mesures nécessaires sont prises au
préalable pour permettre leur interconnexion avec l’Est, ainsi la circulation des marchandises
dans le pays pourra intensifier les échanges commerciaux dans la région.

« L’EAC s’étend désormais de l’océan Indien à l’océan Atlantique, ce qui rend la région
compétitive et facilite son accès à la plus grande Zone de libre-échange continentale »
(ZLECAF), a souligné le secrétaire général de l’organisation, Peter Mathuki. « En intégrant la
Communauté est-africaine, la RDC inaugure un corridor de l’océan Indien à l’océan Atlantique,
ainsi que du nord au sud, agrandissant ainsi le potentiel économique et commercial de la région
», estime le géopolitologue et universitaire rwandais, Ismaël Buchanan. Cependant,
l’intensification des échanges dans cette zone sera possible grâce la construction et la
modernisation des infrastructures routières et ferroviaires, pour permettre à la CAE d’avoir
accès à l’océan atlantique à travers la RDC.

A partir de ces différentes démonstrations, nous pouvons bien comprendre que les enjeux
économiques font partie des raisons qui ont motivées la RDC à adhérer à la CAE, non seulement
65

pour permettre une facilitation du bien-être et l’épanouissement de la population congolaise


mais aussi pour influencer la croissance économique de la RDC grâce aux multiples avantages
économique liés à son appartenance dans la Communauté.

3. Les enjeux politiques (sécuritaires)


Les enjeux politiques sont parmi les principaux facteurs qui poussent les Etats à adhérer
dans des organismes régionaux. Cependant les plus pertinents sont d’ordres sécuritaires.

En effet, il y a plusieurs décennies que des groupes armés locaux et étrangers ont envahi
la partie Est de la RDC. Ils rendent la vie difficile à la population et empêchent le
développement socio-économique du pays. La RDC a adhéré à la Communauté d’Afrique de
l’Est pour pouvoir éradiquer le problème d’insécurité dans la partie Est du pays.

Alors que la République Démocratique du Congo entretient des relations conflictuelles


avec au moins la moitié des Etats de la Communauté d’Afrique de l’Est notamment le Rwanda,
l’Ouganda et le Burundi, l’adhésion de la RDC à la CAE peut être une solution au problème
d’insécurité dans la partie Est du pays par la voie diplomatique et aussi militaire.

La Communauté d’Afrique de l’Est pourrait intervenir dans la gestion des crises


sécuritaires en RDC surtout dans l’Est du pays ceci grâce à la mise en œuvre du « Pacte de
sécurité collective111 » visant à lutter contre l’activisme des groupes armés opérant dans la
région qui autorise aux Etats membres d’intervenir dans un autre Etat lorsque celui-ci est
attaqué.

Les Etats, en adhérant à la Communauté, ils partagent désormais des intérêts communs.
Par conséquent se doivent de protéger mutuellement leurs territoires et d’intervenir si besoin
pour rétablir l’ordre en cas de trouble dans les pays membres. Or, il serait absurde qu’un Etat
fasse la guerre a son partenaire, Une confiance mutuelle devrait plutôt les caractériser.

Aussi la stabilité en RDC influencerait aussi la stabilité régionale. D’où sa mise en œuvre
n’incombe pas à la RDC seulement, mais à tous les pays de la Communauté. Ces initiatives,
visent à rapprocher et à résoudre certains problèmes sécuritaires entre provinces frontalières et
renforcer par conséquent les mécanismes de sécurité dans la communauté.

111
SIKUYAVUGA Léandre, op. cit, p.17
66

Conclusion partielle

Concrètement, l’adhésion de la RDC dans la CAE malgré son appartenance à d’autres


CERs se justifie par les enjeux géographiques, économiques et politiques. Pour ce qui est des
enjeux géographiques, le besoin de désenclaver les différentes provinces de la RDC, surtout
dans sa partie Est du pays est l’une de cause pour lesquelles la RDC a adhéré à la CAE. En
effet, l’enclavement fait qu’il y ait en RDC certaines provinces qui sont plus connectées avec
une organisation régionale à travers les villes frontalières ou avec un Etat frontalier plutôt
qu’avec d’autres provinces du pays. Les enjeux économiques quant eux se justifient par le fait
que la RDC profitera d’une et une union douanière et d’un grand marché à travers lequel elle
pourra intensifier le commerce international tout en bénéficiant d’une libéralisation des
échanges commerciaux et d’une libre circulation des biens et des personnes. Enfin les enjeux
politiques se justifient principalement par l’aspect sécuritaire car cette adhésion pourra profiter
à la RDC grâce à coopération par la voie diplomatique avec les anciens belligérants et
l’éradication collective des activités des groupes armés locaux et/ou étrangers qui déstabilisent
la population dans l’Est du pays grâce à l’intervention d’une force militaire régionale.
67

CHAPITRE III. LES DEFIS DE LA RDC ET LES STRATEGIES FACE


AU DEVELOPPEMENT DU COMMERCE INTERNATIONAL AU SEIN
DE LA CAE

Ce chapitre porte une étude sur les défis qui guettent le commerce international de la
RDC au sein de la communauté d’Afrique de l’Est. En effet, le commerce international se heurte
très souvent à différents types de défis surtout lorsqu’il s’agit des échanges commerciaux
intracommunautaires. Certes, les organisations régionales offrent plusieurs avantages pouvant
faciliter la promotion du commerce international des Etats dans un marché plus étendu,
cependant l’émergence du commerce international d’un Etat au sein d’une organisation
régionale réside en dans la capacité productive de cet Etat sur le marché. Dans le cadre de cette
analyse, le développement du commerce international de la RDC se heurte aux défis
économiques, géographiques et politiques que nous allons étudier à travers ce chapitre afin de
proposer des stratégies pour y faire face.

Section I. Les défis de la RDC face au commerce international au sein de la CAE

I.1. Les défis économiques

a) La nature extravertie de l’économie congolaise


En effet, au départ, le secteur moderne de l’économie congolaise est né et s’est développé
pour répondre aux besoins du marché mondial. Il est donc naturellement concentré sur
l’exploitation des ressources naturelles particulièrement absentes aux pays d’importation,
gisements miniers et cultures tropicales. La situation actuelle de l’économie congolaise s’inscrit
aisément dans un schéma de développement extraverti caractérisé par les voies de
communication et transport tournés vers l’extérieur, la production commercialisée qui vise
essentiellement le marché extérieur, les intrants et le financement qui viennent essentiellement
de l’extérieur112. La République Démocratique du Congo est ouverte au commerce
international, qui représente 65,4% de son PIB selon l’estimation de la Banque mondiale en
2020. Pourtant la RDC, un pays aux potentialités immenses, figure encore parmi les pays
pauvres très endettés de la planète. « L’extraversion de l’économie congolaise », représente le
principal défi du commerce international de la RDC. Si de nombreux pays africains éprouvent
des difficultés pour leur décollage économique, les raisons les plus avancées sont entre autres,
qu’ils n’ont pas assez de ressources naturelles et sont confrontés aux diverses calamités

112
DESC ECO. RDC : Les 5 pistes pour diversifier l'économie congolaise
https://deskeco.com/rdc-les-5-pistes-pour-diversifier-leconomie-congolaise, consulté le 15 octobre 2022
68

naturelles. Cependant, cette réalité est loin d’être envisagée en RDC, un pays qualifié de
scandale géologique du fait de ses multiples ressources agricoles, minières, énergétiques, etc.
L’économie de la RDC est qualifiée d’extravertie, car elle est restée depuis plusieurs années
dépendantes vis-à-vis de l’extérieur. La structure économique est désarticulée et désintégrée,
cette économie est vulnérable et instable puisque tournée essentiellement vers l’extérieur 113. Il
a été prouvé par des recherches antérieures que le Sous-développement de la RDC
s’expliquerait en grande partie par le caractère extraverti de son économie et cela se prouverait
à travers sa balance commerciale déficitaire.

La balance commerciale de la RDC est structurellement négative, mais la reprise des


prix des matières premières joue en faveur de la croissance des exportations et du rééquilibrage
des comptes courants. Au cours des dernières années, la balance commerciale du pays était
positive. L'excédent commercial des marchandises a augmenté pour atteindre 1,9 milliard USD
en 2020, les importations de biens s'élevant à 6,6 milliards USD, tandis que les exportations ont
atteint 14,1 milliards USD. Cette même année, les exportations de services se sont élevées à
115 millions USD et les importations à 2,4 milliards USD, ce qui a entraîné une balance
commerciale négative de 624 millions USD, si l'on tient compte des services.

Tableau 2: République démocratique du Congo - Balance commerciale

Indicateurs du commerce extérieur 2016 2017 2018 2019 2020


Importations de biens (millions USD) 4.800 4.900 7.930 8.825 6.663
Exportations de biens (millions USD) 5.400 7.900 20.004 13.382 14.122
Importations de services (millions USD) n/a 1.779 2.665 2.132 2.496
Exportations de services (millions USD) n/a 59 89 126 115
Importations de biens et services -4 10 5 -1 1
(croissance annuelle en %)
Exportations des biens et services -1 7 14 2 3
(croissance annuelle en %)
Balance commerciale (hors services) -263 208 994 400 1.923
(millions USD)
Commerce extérieur (en % du PIB) 56 74 72 63 65

113
La Bibliothèque Virtuelle de la RDC, L'extraversion de l'économie Congolaise et son sous-développement,
https://www.congovirtuel.com/page_rapport_travaux/page_memoire_lunda.php, consulté, le 15 octobre 2022
69

Importations de biens et services (en % du 32 39 38 33 34


PIB)
Exportations des biens et services (en % 24 35 34 30 32
du PIB)
Sources : OMC - Organisation Mondiale du Commerce ; Banque Mondiale

En effet, le modèle économique de la RDC est resté extraverti, comme du temps de la


colonisation. Non seulement la RDC importe beaucoup plus qu’elle n’exporte, De plus la
plupart de ses importations sont des produits alimentaires pour nourrir sa population. « La RDC
produit ce qu'elle ne consomme pas et consomme ce qu'elle ne produit pas114 ». La conséquence
est que le pays est aujourd'hui dans la queue de tous les palmarès de développement.

Les ressources minières en RDC sont extraites et exportées à l'état brut sur le marché
international, pourtant l’économie du pays est largement dépendante du secteur minier soit 95%
de ses exportations sont des matières premières. Le pays exporte principalement du cuivre
raffiné (49,8 %), du cobalt (23,4 %), du minerai de cuivre (6,6 %), du pétrole brut (5,7 %) et
des diamants (2,9 %) ; tandis qu'il importe principalement des médicaments (4,9%), du pétrole
raffiné (3,9%), de l'acide sulfurique (2,4%), des machines de traitement de la pierre (2,1%) et
des camions de livraison (2%)115.

Par ailleurs, dans le lot des produits importés en RDC il y a généralement ; la viande de
bœuf ou celle de porc, les poulets et autres volailles (11,9%), le poisson (4,6%), suivis par les
médicaments (4%), l'huile de palme (3,7%) le sucre, le riz, les œufs, les épices, la farine de blé
(3,5%)116 et tant d'autres aliments. Cela coûte annuellement à l'Etat congolais près de deux
milliards USD117. Pourtant, la RDC possède un potentiel halieutique vraiment exceptionnel,
elle s’ouvre à l’océan pacifique à partir de la ville de Moanda au Kongo Central. Elle est
également traversée par le majestueux et grand fleuve Congo, l’un des plus longs et plus
puissants du monde. Plusieurs rivières et cours d’eau s’y jettent, tous contiennent
d’innombrables et diverses espèces aquatiques.

114
AKONDA LOMANGA Willy, desk Eco, Table ronde sur les exportations, Tous les acteurs ont eu une voix
commune à savoir « La RDC produit ce qu’elle ne consomme pas et consomme ce qu’elle ne produit pas »,
https://deskeco.com/table-ronde-sur-les-exportations-la-rdc-produit-ce-quelle-ne-consomme-pas-et-consomme-
ce-quelle-ne-produit-pas consulté, le 15 octobre 2022
115
Direction générale du Trésor, La situation économique de la RD Congo en 2021 - Perspectives 2022,
https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/CD/l-economie-de-la-rd-congo consulté, le 15 octobre 2022
116
Ibid.
117
DESKECO, RDC : le paradoxe de l’importation des produits alimentaires, Janvier 2019
https://deskeco.com/rdc-le-paradoxe-de-limportation-des-produits-alimentaires consulté, le 15 octobre 2022
70

La RDC compte près d’une centaine de lacs dont une dizaine figure parmi les plus vastes
voire les plus poissonneux du monde, tel que le Tanganyika. Pour ce qui est de l’élevage, la
RDC a non seulement de l’espace suffisant, mais aussi des conditions favorables. Le climat est
favorable pour toutes les activités tant agricoles, de la pêche que de l’élevage. C’est paradoxal
que l’économie de la RDC soit encore dépendante de l’extérieur. Des experts estiment à plus
de deux millions de tonnes de vivres que la RDC importe chaque année via ses ports de Matadi
et de Boma au Bas Congo, et aux voies frontalières de Kasumbalesa (au Katanga).

Le commerce international de la RDC fait face à des grands défis économiques, pour
parvenir à son épanouissement au sein la Communauté d’Afrique de l’Est. Cette nature
extravertie de l’économie congolaise représente le défi majeur pour le développement du
commerce international de la RDC sur le grand marché qui lui est offert en Afrique de l’Est. La
RDC a besoin de mettre en place des stratégies au préalables, lesquelles stratégies feront en
sorte que le commerce international du pays trouve un nouvel hélant face à ce nouveau marché.

Tableau 3: Statistiques Imports et Exports des biens (RDC) en millions de USD118

2018 2019 Variation


valeur en %

Exportations 15 996,8 15 031,3 -5,9

Produits miniers et hydrocarbures 15 826,8 14 919,7 -5,7

Produits agricoles 124,0 100,7 -18,8

Produits industriels 16,1 10,9 -32,0

Importations 14 972,7 14 631,7 -2,3

Biens de consommation 3 555,2 3 667,3 3,2

Energie 1 108,6 1 068,7 -3,6

Matières premières et semi-produits 3 187,6 3 573,2 12,1

Biens d’équipement 7 121,2 6 322,4 -11,2

Solde 994,1 399,6 -598

Source : Banque Centrale du Congo

b) Faible taux de production

118
MWARABU Amédée, RDC : les exportations chiffrées à 15,031 milliards USD et les importations à 14,631
milliards USD en 2019, https://deskeco.com/sites/default/files/inlineimages/IMG_20200304_105446_0.png,
consulté, le 15 octobre 2022
71

Tout comme la nature extravertie de l’économie congolaise, l’improductivité de la RDC


représente un grand défi pour l’épanouissement de son Commerce International au sein de la
Communauté d’Afrique de l’Est. En matière des échanges commerciaux, la puissance des
productivités des Etats est évaluée par rapport à leur capacité compétitive sur le marché
international ou régional. La compétitivité de l’économie d’un pays est la capacité de son
outil de production à satisfaire les demandes intérieures et extérieures en contribuant à
l’amélioration du niveau de vie de ses habitants.

La productivité peut être mesurée au travers la part de marché (part des ventes à l'étranger
des marchandises produites dans le pays rapportée aux exportations au niveau mondial ou
régional) ; du prix comparé des exportations et des importations qui se reflète dans le solde
positif ou négatif de la balance commerciale ; du taux de pénétration entre les importations et
le total des ventes effectuées sur le marché intérieur d’un pays, qui indique la dépendance d’un
pays vis-à-vis de l’extérieur ainsi que la dégradation ou l’amélioration de la compétitivité des
produits nationaux vis-à-vis des produits étrangers ; le taux de couverture, calculé par type de
biens ou services, par secteur ou pour l’ensemble d’un pays, entre la valeur des exportations et
celle des importations.

I.2. Les défis géographiques

« L’enclavement » demeure un grand problème pour le développement du Commerce


International de la République Démocratique du Congo, surtout dans le cadre de l’intégration
régionale. Cette situation risque de se répéter avec l’adhésion de la RDC à la Communauté
d’Afrique de l’Est si certains préalables ne sont pas mis en place. En effet, les provinces dans
la partie Est de la RDC, forment un ensemble de territoires écartés ou isolés du reste ou des
autres territoires du pays.

L'enclavement caractérise plus généralement un territoire fermé, qui souffre d'un déficit
d'accessibilité pour des raisons géopolitiques ou du fait de sa position en angle mort, privé de
façade maritime et de voies de communication praticables avec son environnement régional et
mondial. Cette situation de manque de desserte spatiale est généralement considérée comme un
handicap et est vécue comme un enfermement, mais elle peut aussi avoir un rôle protecteur vis-
à-vis de menaces exogènes (épidémie, tourisme de masse, acculturation) et conservateur de
caractères endogènes (cadre de vie, culture, activité).
72

Cependant, nous sommes partis d’un constant que, les échanges commerciaux
s’intensifient et se diversifient le mieux dans une région plus ouvert que dans zone fermée et
isolée. La pratique du commerce international est donc plus favorable dans les Etats côtiers que
dans les Etats enclavés. Les importations des pays enclavés sont plus couteuses à cause de la
distance. Le manque d’accès à la mer rend le coût de transport encore plus exorbitant, cela a
aussi de l’impact sur la durée ou le temps, car plus la durée est longue, plus le transfert des
marchandises génère des coûts supplémentaires avec des risques de faire des pertes des
marchandises ou de réduire la qualité du produit ; le même problème peut se poser lors
exportations. Par conséquent, la zone enclavée effectue des échanges commerciaux moindres
et une croissance plus lente que celles ayant accès à la mer. Une question se pose sur la
faisabilité du commerce international avec la nature actuelle des infrastructures et la position
des provinces orientales de la RDC

I.3. Les défis politiques

a) Problème d’insécurité
La question n’est plus de savoir si le problème d’insécurité constitue aussi un défi majeur
en ce qui concerne la pratique du commerce international de la République Démocratique du
Congo au sein de la Communauté d’Afrique de l’Est. À côté des tensions et de la méfiance
entre les Etats membres de la CAE, la situation sécuritaire reste préoccupante, en particulier
dans l’Est de la RDC, où l’exploitation et le commerce illicite des ressources naturelles
alimentent une économie illégale, qui à son tour, entretient la présence et l’activisme de groupes
armés119.

En effet, l’insécurité en RDC est alimentée par un engrenage complexe mêlant


géopolitique, rivalités ethniques et nationales, et bataille pour le contrôle des ressources
naturelles qui abondent dans l’Est du pays. Les combats ont ravivé les tensions entre la RDC et
le Rwanda voisin, dont certaines remontent au génocide rwandais de 1994, où environ 800 000
Tutsis et Hutus modérés ont été tués par des membres de l'ethnie hutue120. La concurrence pour
les ressources et les luttes d'influence en RDC ont également aiguisé les rivalités de longue date
entre le Rwanda et l'Ouganda.

119
SIKUYAVUGA Léandre, L’entrée de la RDC dans l’EAC, quelles opportunités ?
https://www.iwacu-burundi.org/lentree-de-la-rdc-dans-leac-quelles-opportunites, consulté le 15 octobre 2022
120
BWIRE Kennes et GUENSBURG, Carol, Insécurité dans l'Est de la RDC : guerres d'influence et pillages de
ressources, juillet 2022, p. 54
73

Les relations conflictuelles et persistantes entre la RDC et certains pays membres de la


CAE, constituent un obstacle pour l’épanouissement du commerce international de la
République Démocratique du Congo face à ce grand marché de la Communauté d’Afrique de
l’Est. D’ailleurs plus récemment la RDC a accusé le Rwanda de soutenir le M23, le principal
groupe rebelle qui s’oppose à l'armée congolaise dans l’Est du pays. Pour sa part, le Rwanda
accuse la RDC et son armée de soutenir les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda
(FDLR), un groupe rebelle principalement hutu basé au Congo, qui comprend des combattants
ayant participé au génocide.

Par exemple en novembre 2021, les rebelles du M23 ont attaqué plusieurs positions de
l'armée congolaise dans le Nord-Kivu, près des frontières avec l'Ouganda et le Rwanda. Les
rebelles ont progressé, notamment en envahissant une base militaire congolaise en mai et en
prenant le contrôle de Bunagana, une entité commerciale (congolaise) proche de la frontière
ougandaise en juin. Les nouvelles attaques du M23 visent « à faire pression sur le gouvernement
congolais pour qu'il réponde à ses demandes », a déclaré Jason Stearns, responsable du Groupe
de recherche sur le Congo à l'Université de New York, lors d'une séance d'information organisée
en juin par le Centre d'études stratégiques et internationales (CSIS)121.

« La rivalité de longue date entre l'Ouganda et le Rwanda en RDC et dans la région des
Grands Lacs est un moteur essentiel de la crise actuelle », observe l'Africa Center dans son
rapport, citant un "profond niveau de méfiance à tous les niveaux entre la RDC et ses voisins,
en particulier le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi, ainsi qu'entre tous ces voisins".

Toujours en novembre 2021, l’Ouganda et la RDC ont entamé une opération militaire
conjointe dans le Nord-Kivu pour traquer les Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe
de rebelles ougandais affilié à l'État islamique et désigné par le gouvernement américain comme
une organisation terroriste. Le président ougandais Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986,
a imputé aux ADF la responsabilité des attentats suicides perpétrés à Kampala en octobre et
novembre 2021.

Pendant que le pays se concentre sans cesse sur la gestion de ces différentes crises
sécuritaires entretemps, ce sont les différentes activités commerciales de la population qui en
pâtissent. Cette situation catastrophique à répétition décourage et empêche les paysans d’aller
aux champs ou de produire suffisamment et aux commerçant de circuler librement dans cette
partie du pays sans avoir peur d’être tué, car tous leurs biens sont souvent pillés ou leurs champs

121
BWIRE Kennes et GUENSBURG, Carol, op. cit. p.57
74

envahis et confisquer par ces différents groupes armés installé dans cette zone. Le commerce
international de la RDC ne saura être productive et compétitive aussi longtemps que la solution
durable à l’insécurité ne sera mise en œuvre dans la zone.

Par exemple, en juillet 2022, les déclarants en douane du Nord-Kivu appuient les
membres de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), section de Kasindi, dans le territoire
de Beni pour avoir suspendu le trafic importation et exportation des marchandises à partir de
Kasindi, poste frontalier avec l’Ouganda. Les opérateurs économiques dont les engins avec
marchandises ont été incendiés par les présumés ADF sur l'axe Kasindi-Beni demandent que
des escortes soient organisées par toutes les forces de défense et de sécurité qui sont dans la
zone122. Les autorités militaires provinciales du Nord-Kivu avaient interdit le trafic des
marchandises à partir de Bunagana, poste frontalier avec l'Ouganda, en territoire de Rutshuru,
sous occupation depuis un mois maintenant par les rebelles du mouvement du 23 mars (M23),
appuyés par le Rwanda. Les autorités avaient conseillé les opérateurs économiques à se servir
de la douane d'Ishasha, toujours en territoire de Rutshuru.

En ce qui concerne Kasindi, les opérateurs économiques ont suspendu le trafic à partir de
cette douane pour dénoncer les attaques répétitives des ADF contre leurs véhicules avec
marchandises. Quatre civils ont été tués dans une nouvelle attaque perpétrée dans la nuit de
lundi à mardi 12 juillet dans la commune de Bulongo, en secteur de Ruwenzori (territoire de
Beni), au Nord-Kivu. Une vingtaine de maisons de commerce ont été pillées et incendiées.
Quelques heures avant, des véhicules avec marchandises venaient d’être incendiés dans la
même entité par les présumés ADF.

b) La mauvaise gouvernance
 La corruption
Dans les Etats fragiles comme la RDC, la « corruption » représente un problème majeur
dans la gestion de la chose publique. Elle se crée facilement une place redoutable dans le
leadership politique. Lorsque l’Elite ne vise que les intérêts individuels au détriment des intérêts
collectifs, le développement du pays qui en pâtit.

La corruption est une pratique déjà banalisé, en RDC à tel point qu’elle parait désormais
comme une procédure normale à respecter sans poser beaucoup de questions. Cette réalité

122
KOMBI Jonathan, RDC : suite à la récurrence des incendies des camions avec marchandises sur l'axe Kasindi-
Beni, les déclarants en douane demandent l'organisation des escortes militaires,
https://actualite.cd/2022/07/13/rdc-suite-la-recurrence-des-incendies-des-camions-avec-marchandises-sur-laxe-
kasindi, consulté, le 15 octobre 2022.
75

reflète la nature médiocre de la gouvernance en RDC. Les formes élémentaires de la corruption


comme les pratiques délictuelles les plus élaborées sont encastrées dans un contexte de
production et de répartition des rentes publiques123.

Confrontée à la réalité d’un État en situation de fragilité économique, sociale et politique,


la corruption est comme un gout d’eau qui fait déborder le vase dans l’administration, plus
précisément publique au Congo. Par conséquent, le développement du commerce international
se heurte à de profondes difficultés en RDC. Nous sommes sans ignorer que la qualité et la
quantité de production des activités commerciales dépend de la qualité de vie de la population,
laquelle qualité de vie est le produit de la bonne gouvernance de l’Etat.

En effet, une population qui bénéficie d’une sécurité alimentaire, d’un toit et d’une paix
durable sera en mesure d’être beaucoup plus productive pour contribuer au développement
économique et environnemental de son pays alors qu’on ne peut en dire autant pour une
population affaiblie par des guerres interminables, la famine et les déplacements à chaque
saison. Le leader politique, à la place de poursuivre les intérêts collectifs, favorise plutôt les
intérêts personnels à travers la corruption et bien d’autres maux.

Le Comité épiscopal congolais a constaté en 2009 que « tout peut s’acheter au Congo ;
une décision judiciaire, un titre universitaire, un diplôme scolaire, une carte d’identité, un
permis de conduire, un passeport, une nomination politique, une promotion administrative, un
titre foncier, un certificat de naissance, une attestation de bonne vie et mœurs... »124 .

Pourtant, la bonne gouvernance est au cœur des politiques de développement préconisées


par les institutions internationales. La RDC, à cet égard présente une situation extrême de
résistance aux réformes. P. Jacquemot125 propose une étude en quatre parties. La palette des
pratiques considérées comme illicites selon les critères des organisations internationales est très
large ; on y trouve la petite corruption comme la grande, le népotisme, le trafic d’influence, les
abus de biens sociaux, le délit d’ingérence, mais aussi le pillage dans ses formes violentes dans
les zones de conflit, etc.

Les modalités de cette « mégestion » publique ont évolué dans le temps pour s’adapter
successivement à l’ajustement structurel et de la démocratisation formelle. Cette capacité
d’adaptation tient au fait que les pratiques illicites sont en réalité profondément enchâssées dans

123
JACQUEMOT Pierre, la résistance à la « bonne gouvernance » dans un état africain, Réflexions autour du cas
congolais (RDC), p.129, https://www.cairn.info/revue-tiers-monde.htm , consulté le 15 octobre 2022
124
Ibid
125
Ibid
76

la société où elles trouvent leur justification pour être en fait la forme dominante de gestion du
social et du politique.

Les institutions formelles (administration, justice, police, armée...) existent certes, mais
elles sont accommodées ou contournées. Il règne une forme d’anomie. Dans un tel contexte,
l’agenda de la « bonne gouvernance » se révèle particulièrement ardu. L’établissement de l’État
impartial supposera un bouleversement de l’ordre des choses, significatif et inscrit dans la
longue durée.

D’un côté, la corruption d’en bas niveau est désignée par de multiples euphémismes qui
montrent bien qu’elle est une pratique devenue banale : pot-de-vin, sucré, dessous-de-table,
commission illégale, frais de suivi, motivation, coopération invisible, aidez-nous-à-vous-aider,
matabich, madesu abana.

De l’autre côté, les pratiques corruptives d’en haut sont d’une autre nature que celles
guidées par la survie et les relations sociales ordinaires. Là se situe la distinction entre petite et
grande corruption. La seconde porte sur des montants d’une autre envergure et s’exerce dans
des cénacles étroits et cachés. Elle possède ses domaines privilégiés (travaux publics,
immobilier, importations) et communique avec l’extérieur, les négociants internationaux, les
firmes minières, les banques, etc.

Cette pratique s’avère être aussi un grand obstacle au développement et au bienêtre de la


population. La corruption constitue aussi un grand défi politique à relever pour arriver à
l’émergence du commerce international de la République Démocratique du Congo au sein de
la Communauté d’Afrique de l’Est. Le rapport 2010 de la Banque mondiale sur les indicateurs
de développement, à l’aide d’une batterie de 1 600 variables statistiques, montre comment «
silencieuse et fatale, la corruption discrète entrave les efforts de développement en
Afrique »126.

La Prédation et pauvreté sont étroitement liées. Il existe une forte corrélation entre les
indicateurs de Transparency International et les Indices de développement humain127. En
l’occurrence, ils situent chacun la République Démocratique du Congo dans les derniers rangs.
L’économie du pot-de-vin détourne les revenus qui auraient dû être consacrés à l’entretien des
infrastructures, des routes pouvant rendre possible l’intensification des échanges commerciaux

126
Banque mondiale, Le rapport de la Banque mondiale sur les indicateurs de développement 2010, p. 1.
127
JACQUEMOT Pierre, la résistance à la « bonne gouvernance » dans un état africain, Réflexions autour du cas
congolais (RDC), op.cit. p.140
77

dans le pays et permettre au commerce international de la RDC d’évoluer. Ainsi, accroissant


encore davantage la vulnérabilité de l’économie lorsqu’elle se trouve confrontée à des
retournements de la conjoncture, comme ce fut encore le cas en 2008-2009.128

 Un climat des affaires peu favorable


La facilité des affaires est l’un des aspects qui caractérisent la compétitivité d’une
économie au niveau international et influence le comportement des investisseurs privés. Il est
vrai qu’en 2015, la RDC était saluée dans le rapport annuel « Doing Business » comme faisant
partie des 10 pays au monde ayant engagé le plus de réformes de nature à faciliter la vie des
entreprises. Une série de réformes visant, de manière globale, à améliorer le climat des
investissements ont été adoptées ; l’adhésion à l’OHADA, la mise en place d’une charte des
PME et d’un service chargé de la création d’entreprise (ANAPI), la réduction du taux global
d’imposition et du coût d’exécution des contrats. Malgré l’adoption de lois contribuant à fixer
un cadre des affaires (Code minier, Code des hydrocarbures, Code forestier), l’adjudication des
concessions reste opaque. Dans l’ensemble, ces réformes n’ont pas été suivies d’effets, ainsi
qu’en témoigne la stagnation de la RDC dans les classements plus récents.129

Les autorités de la RDC n’ont, ces trois dernières années, rien entrepris de réellement
tangible pour améliorer l’attractivité du pays et l’environnement des affaires. La corruption
s’est intensifiée, la RDC a perdu, en 2017 5 places au classement Transparency international
(161ème) par rapport à celui de 2016.

L’ANAPI (agence de promotion des investissements au Congo) s’efforce de coordonner


l’action des ministères en matière de simplification des formalités et procédures administrative,
mais son influence réelle dans la sphère administrative reste encore limitée. La morosité actuelle
des affaires résulte d’une croissance plus faible et d’une perte de pouvoir d’achat des congolais.
Elle est aggravée par la mauvaise gouvernance, la corruption et par les incertitudes sur les
échéances politiques. L’intrusion du politique dans « les affaires » fait régulièrement la une de
la presse internationale130.

Le climat des affaires s’est dégradé, en 2016, le gouvernement congolais a ainsi décidé
unilatéralement d’interrompre le remboursement de 700 M$ de crédit de TVA aux entreprises
minières. L’une des principales banques de la RDC, la BIAC, a subi une importante crise de

128
JACQUEMOT Pierre, op.cit. p.145
129
DG Trésor, Environnement et climat des affaires en RD Congo,
https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/tags/Congo, consulté, le 15 octobre 2022
130
DG Trésor,. op.cit., p. 34.
78

solvabilité en 2016. Plusieurs entreprises privées du secteur des brasseries un bon étalon de
mesure du dynamisme de la demande des consommateurs ont été fermées faute d’une demande
suffisante et en raison de la vétusté des installations. Les industries sucrières et cimentières ont
souffert de la concurrence des entreprises établies dans les pays voisins (Angola). Le secteur
des télécommunications a perdu 25% de ses revenus en 2016 et a également souffert de
l’augmentation par l’Etat des taxes sur les abonnements internet. Une loi récente131 qui réserve
les activités de sous-traitance aux entreprises à capitaux congolais et promues par des congolais
est généralement considérée par les observateurs du monde des affaires comme un verrou
protectionniste.

Le harcèlement fiscal s’est intensifié auprès des entreprises du secteur formel, rendant
le climat des affaires très difficile. Plusieurs cas de pressions et d’intimidation à l’encontre de
dirigeants étrangers d’entreprises ont été rapportés. La distribution d’hydrocarbures a connu
une crise en 2017 en raison du blocage des prix, sans compensation de l’Etat.

En outre, deux places ont été gagnées dans le classement « Doing Business » de 2017
(182 /190) en raison d’une réforme sur la création d’entreprises. Mais dans le même temps, le
climat des affaires s’est encore dégradé, rendant cette avancée peu crédible et peu significative
pour les milieux d’affaires. En cause ; la mauvaise gouvernance, la faiblesse des institutions
telles que la police et le système judiciaire et un manque d’indépendance des médias. La
réforme du code minier adoptée en mars 2018 a cristallisé le mécontentement des grandes
entreprises du secteur minier, en particulier en ce qui concerne l’abandon de la clause dite de
stabilité permettant de figer pour une durée de 10 ans la taxation de leurs investissements.

Dans le classement de l’indice « Doing Business » de la Banque mondiale 2020, le


dernier rapport doing Business publié (17ème édition), la RDC occupe la 49ème place au niveau
africain et 183ème place sur 190 au niveau international. Cette position reflète clairement les
améliorations qui devront être réalisées par l’Etat congolais pour impacter le développement du
commerce international de la RDC dans les perspectives de cette integration, en terme de
développement du commerce international. Pendant que le Rwanda, l’un des pays membres de
la communauté, classé 38ème, occupe la deuxième meilleure position en Afrique subsaharienne
dans le classement mondial de la facilité de faire des affaires, suivi du Kenya 56ème, de
l’Ouganda 116ème, de la Tanzanie 141ème, du Burundi 166ème, seul le Soudan du Sud vient après
la RDC de tous les pays de la CAE car il est classé 185ème.

131
Loi du 8/02/2017 relative à la sous-traitance
79

Les flux d'IDE (Investissements directs étrangers) en République démocratique du Congo


ont augmenté de 1,5 milliard USD en 2019 à 1,6 milliard USD en 2020, malgré la crise
économique mondiale déclenchée par la pandémie de Covid-19132. En République
démocratique du Congo, les flux entrants dans le secteur minier ont soutenu les IDE, car les
prix du cobalt ont augmenté en raison de la hausse de la demande pour son utilisation dans les
smartphones et les batteries de voitures électriques. Le stock d'IDE a été estimé à 27,3 milliards
USD en 2020. Ces niveaux demeurent bien en deçà du potentiel du pays : en fait, la RDC
possède d'abondantes ressources minérales et un énorme potentiel dans des secteurs comme les
mines, l'énergie (notamment hydroélectrique) et les infrastructures. À ce jour, le secteur minier
est celui qui attire le plus d'IDE, suivi des télécommunications.

Afin d'attirer les IDE, le gouvernement de la RDC offre des incitations qui sont
généralement négociées avec les investisseurs étrangers. Cependant, le climat des affaires est
particulièrement médiocre et les investisseurs étrangers sont confrontés à un certain nombre de
défis (corruption, longues procédures administratives et frais administratifs) pour établir leur
entreprise en RDC. En 2018, le code minier a été amendé, augmentant les taxes et les
redevances, exigeant qu'au moins 10% du capital des sociétés minières appartienne à des
citoyens autochtones, et limitant sévèrement l'exportation de minéraux non transformés en vertu
d'un nouveau permis minier. Par ailleurs, la situation humanitaire et conflictuelle dans l'Est du
pays et les relations belliqueuses avec les pays voisins (Rwanda, Ouganda et Burundi) sont des
facteurs qui contribuent à l'insécurité persistante dans le pays. Ces dernières années, certaines
des plus grandes sociétés minières chinoises ont fortement investi dans le pays, en particulier
dans les mines de cobalt et de cuivre, les sociétés chinoises détenant actuellement 15 des 17
opérations de cobalt en RDC.

Tableau 4: Investissement Direct Etranger

RDC 2019 2020 2021


Flux d'IDE entrants (millions USD) 1.488 1.647 1.870
Stocks d'IDE (millions USD) 25.632 27.279 29.149
Nombre d'investissements Greenfield* 6 12 4

Value of Greenfield Investments (million USD) 570 1.135 184

Source : CNUCED - Dernières données disponibles133.

132
CNUCED, Rapport sur l'investissement dans le monde 2021, République Démocratique du Congo : Investir,
https://www.btrade.ma/fr/observer-les-pays/republique-democratique-du-congo/investir2 consulté, le 20 octobre
2022.
133
CNUCED, op. cit.
80

Un autre aspect qui rend le climat des affaires peu propice en RDC est la pratique de la
corruption au niveau de douanes congolaises. Marylou Otshumba134 dégage cinq obstacles que
doivent surmonter les femmes commerçantes informelles. Parmi ces obstacles, celui de la
corruption et harcèlement à la frontière nous intéresse. En effet, les commerçantes
transfrontalières informelles congolaises, faute de connaître les dispositions du Code des
douanes et certaines mesures de facilitation du commerce, peuvent choisir de verser des pots-
de-vin aux douaniers plutôt que de suivre la procédure légale pour le dédouanement de leurs
marchandises. Aussi, faut-il relever que les commerçants, et principalement les femmes, sont
victimes de l’insécurité créée aux postes frontaliers à l’Est de la RDC par des groupes armés
qui y sèment la terreur et la désolation. Elles font régulièrement l’objet d’extorsion de leurs
biens, de violence sexuelle, et parfois de tueries135.

Pour ce qui est des économies, elles sont classées selon leur facilité de faire des affaires,
de 1 à 190. Un classement de la facilité de faire des affaires élevées signifie que l’environnement
réglementaire est plus propice à la création et opération d’une société locale. Parmi les pays de
la communauté d’Afrique de l’Est, seuls le Rwanda, le Kenya et la République Démocratique
du Congo apparaissent dans le classement du Doing Business à plusieurs reprises. En voici un
exemple pour le classement mondial dans l’année 2020.

Tableau 5: classements des 3 pays de la CAE 2020 136


Economie Facilitation Classeme Création Obtention Raccordem Transfert Obtention
de propriété
de faire les nt filtre d’entreprise d’un permis ent à de prêts
affaires de construire l’électricité
Rwanda 38 38 35 81 59 3 4
Kenya 56 56 129 105 70 134 4
RD Congo 183 183 54 144 177 159 152
Source : la Banque mondiale.

Ces chiffres sont assez révélateurs du calvaire que subissent les entrepreneurs en
République Démocratique du Congo. Le découragement des investissements en RDC affecte
non seulement les investisseurs étrangers mais également les entrepreneurs locaux. A côté d’un

134
OTSHUMBA OLENGA Marylou, République Démocratique du Congo : 5 obstacles que doivent surmonter
les femmes commerçantes informelles, https://tfelearning.unctad.org/blog/drcobstacles, consulté, le 20 octobre
2022.
135
Ibid.
136
Classement des économies 2020, le score de la facilité faire les affaires, par la Banque mondiale
https://archive.doingbusiness.org/fr/rankings
https://archive.doingbusiness.org/fr/data/doing-business-score consulté, le 20 octobre 2022.
81

climat des affaires hostile, ne favorisant pas les investissements étrangers, s’ajoute la
multiplication des taxes qui découragent les entrepreneurs locaux.

Des jeunes entrepreneurs congolais et opérateurs économiques continuent à se lamenter


sur la multiplicité des taxes et impôts tout au long du lancement de leurs initiatives et projets
entrepreneuriaux. Des services de l’État se multiplient chaque fois dans les lieux de travail de
jeunes entrepreneurs et autres opérateurs économiques juste pour percevoir des taxes et impôts
« légales » et parfois « illégales ». D’autres improvisent même de nouvelles taxes qui ne sont
pas reconnus officiellement. Ce fléau décourage la plupart des jeunes entrepreneurs qui veulent
se lancer dans les affaires et finissent par déplorer le fait que le climat des affaires n’est pas
favorable en République Démocratique du Congo.137

Tableau 6: les principaux impôts en RDC138

N° Types d’impôt %
1. Impôt sur les revenus professionnels (impôts des sociétés) 35%
2. Impôt locatif 20%
3. Impôt mobilier (sur les dividendes) 20%

4. Taxe sur la Valeur Ajoutée (à l’intérieur et à l’importation) 16%

5. Taxe sur la Valeur Ajoutée (à l’exportation) 0%

Impôt professionnel sur la rémunération (cfr. Détail ci-dessous) :


 Revenus inférieurs à 72.000 FC : 3%
 Compris entre 72.001 et 126.000 FC : 5%
 Compris entre 126.001 et 208.800 FC : 10%
 Compris entre 208.801 et 330.000 FC : 15%
 Compris entre 330.001 et 498.000 FC : 20%
6.
 Compris entre 498.001 et 788.400 FC : 25%
 Compris entre 788.401 et 1.200.000 FC : 30%
 Compris entre 1.200.001 et 1.686.000 FC : 35%
 Compris entre 1.686.001 et 2.091.600 FC : 40%
 Compris entre 2.091.601 et 2.331.600 FC : 45%
 Egal ou supérieur à 2.331.601 FC : 50%

137
TUKINALWA Fidèle, RDC : le gouvernement appelé à réguler le système fiscal pour encourager
l’entrepreneuriat des jeunes, https://congosauti.com/author/Congosauti/ consulté, le 20 octobre 2022.
138
RDC, Ministère du Plan, Agence Nationale pour la Promotion des Investissements, Quels sont les principaux
impôts auxquels les entreprises sont- elles soumises en RDC ? https://investindrc.cd/fr consulté, le 20 octobre
2022.
82

Section II. Les stratégies face aux défis de développement du commerce international de
la RDC au sein la CAE

Il existe un cercle vertueux par lequel un surcroît de stabilité peut aboutir à un commerce
plus important et mieux régulé, qui lui-même peut favoriser la stabilisation par le
développement qu’il induit. De ce fait, les initiatives de reconstruction susceptibles d’avoir des
répercussions positives sont envisageables. Dans une dynamique régionale, ils constituent
autant de projets fédérateurs139. Dans le cadre de ce chapitre, les solutions aux problèmes
soulevé en terme de défis seront orientées de selon les domaines suivants :

1. Face aux défis économiques : l’industrialisation


Si la nature extravertie de l’économie congolaise et l’improductivité représentent tous
deux des grands obstacles au développement du commerce international de la RDC au sein de
la Communauté d’Afrique de l’Est, alors ces problèmes pourraient être liés d’une manière ou
d’une autre, de telle sorte que s’il faut mettre en place une stratégie pour y remédier, celle-ci
devrait pouvoir répondre automatiquement à l’un et à l’autre.

D’après cette analyse, les défis économiques face au développement du commerce


international de la RDC au sein de la Communauté d’Afrique de l’Est sont interconnectés. D’un
côté, l’extraversion de l’économie congolaise est la conséquence du manque de productivité du
pays, et l’improductivité est la cause de la nature extravertie de l’économie congolaise. Ces
deux problèmes auront un impact négatif sur la compétitivité du commerce international de la
RDC au sein du grand marché de la CAE, si les stratégies pour les contourner ne sont pas mises
en place.

Un Etat pour avoir une économie forte, stable, et introvertie, doit être plus productive et
compétitif sur le marché international. Ainsi, la construction et la modernisation des
infrastructures industrielles est la solution efficace pour surmonter les défis économiques de
la RDC afin que le commerce international de la RDC soit plus compétitif au sein de la CAE.

De ce fait, « une politique adéquate de développement agricole » dans le pays s’avère


indispensable, pour promouvoir le secteur agricole en RDC, et mettre en valeur toutes ses
potentialités nécessaires. Ceci dans le but de garantir une grande production agricole pour une
suffisance alimentaire dans le pays et une exportation puissante sur le marché international

139
JACQUEMOT Pierre, la sortie de crise dans l'est du Congo et les perspectives de la coopération régionale,
De Boeck Supérieur « Mondes en développement » https://www.cairn.info/revue-mondes-en-developpement-
2009-3, p.93., consulté, le 20 octobre 2022.
83

particulièrement dans la CAE, des produits prêts à la consommation. Pour ce faire, le


gouvernement devrait poursuivre les initiatives de cette nature.

La RDC dispose d’environ 80 millions d’hectares de terres arables dont seulement 10%
sont utilisées à ce jour. C’est le deuxième pays à travers la planète après le Brésil (actuellement
premier pays agricole du monde) possédant le plus d’espace agricole non encore utilisé.
L'agriculture reste archaïque en RDC. Le paysan congolais est resté moyenâgeux avec sa houe,
sa machette et sa hache. La mécanisation et l'industrialisation de l'agriculture est la solution
adéquate à ce problème. Il faut d'abord mécaniser l'agriculture tout en adoptant les méthodes
culturales modernes de manière à augmenter le rendement. Et ensuite l'industrialisé par la
transformation locale des produits agricoles. Des investissements massifs dans ce segment
permettraient non seulement d'exporter une bonne partie de la production et de créer des
millions d'emplois afin de résorber le chômage mais aussi d'atteindre la sécurité alimentaire
pour la population congolaise.

 L'industrialisation de la pêche : la RDC est le pays le mieux doté en ressources en eau sur
le continent. Plusieurs rivières, lacs et un long fleuve baignent le pays. Bien plus, la RDC à
une ouverture à l'océan pacifique qui lui donne la voie à pratiquer aussi la pêche industrielle
dans les eaux internationales. Mais, la pêche reste artisanale à travers le pays. Depuis que
les établissements "Katebe Katoto" ont mis fin à la pêche industrielle dans le Katanga.
L'essentiel des poissons consommés en RDC est importé. L'industrialisation de la pêche
aura l'avantage non seulement de créer des emplois durables dans le secteur, de contribuer
à une bonne alimentation des Congolais mais aussi d’améliorer les conditions économiques
du pays.
 L'agroforesterie : la RDC regorge 145 millions d'hectares de forêts. Avec ces potentialités,
le pays peut exploiter durablement jusqu'à 10 millions m3 de grumes chaque année.
Aujourd'hui, la RDC exporte essentiellement des grumes sans y apporter une quelconque
transformation. Une agroforesterie permettrait au pays de créer de la valeur ajoutée dans le
secteur et donc générer des revenus supplémentaires140.
 La transformation des minerais localement : En étant un simple exportateur des minerais,
la RDC serait condamnée à ne jamais tirer son épingle du jeu dans l'exploitation minière. Il
faut nécessairement créer des opportunités pour promouvoir la transformation sur place des
minerais, ne serait-ce qu'une transformation légère. La RDC exporte des lingots de cuivre

140
DESC ECO. RDC : Les 5 pistes pour diversifier l'économie congolaise, https://deskeco.com/rdc-les-5-pistes-
pour-diversifier-leconomie-congolaise , consulté, le 20 octobre 2022.
84

pour importer des fils électriques. Le seul préalable pour imposer aux miniers la
transformation à un certain niveau de leurs produits reste la fourniture de l'énergie électrique
nécessaire.

2. Face aux défis géographiques : le désenclavement


Depuis plusieurs décennies, les infrastructures routières connaissent un déficit criant en
RDC, déficit qui constitue un frein pour le développement socio-économique du pays. En 2019,
la RDC a seulement 17 % de son réseau en bon état et 3.000 km de routes bitumées (5% du
réseau d’intérêt général de 58.000 km).

Le désenclavement consiste en la construction et la modernisation des infrastructures


de transport, afin d'insérer les territoires enclavés dans les réseaux existants ; c’est-à-dire, les
sortir de leur isolement et de les intégrer dans le système monde 141. Cela peut passer par
l'organisation de corridors d'échange à toutes les échelles, d'une parcelle à un État.

L’exemple de construction de routes correspond à une catégorie identifiée comme


principale de l’aide pour le commerce à savoir « l’infrastructure liée au commerce ». A cet effet,
la construction et la modernisation des infrastructures routières sont des puissants stimulants
des échanges et des instruments de lutte contre la pauvreté surtout avec le désenclavement des
populations rurales.

En outre, une étude a été menée sur le réseau de routes et d'autoroutes à une longueur
totale de 152.373 km. Pour chacun des 92,38 millions d'habitants du pays, cela représente donc
1,65 mètres. La RDC se place ainsi à la 182ème place du classement mondial, par rapport à la
densité de la population du pays, qui est très faible avec environ 39 habitants par km². Ainsi,
les distances à parcourir pour atteindre les régions les plus éloignées sont généralement plus
longues que la moyenne.

Avec une moyenne de 27 104 morts sur les routes par an (2012 - 2019), la circulation
routière en RDC est considérée comme très dangereuse. Cela correspond à environ 33,7 morts
par accident pour 100 000 habitants et par an. A titre de comparaison, ce chiffre est de 5,9 pour
l'ensemble de l'UE et de 17,1 au niveau mondial. En RDC, la circulation se fait à droite sur les
routes, on roule donc sur la voie de droite et on dépasse par la gauche. La circulation en sens
inverse vient à votre rencontre sur le côté gauche.

141
Ressources de géographie pour les enseignants, Enclavement, désenclavement, Lyon, éduscol, 2021, p. 23.
85

En outre, la RDC devrait faire assoir son autorité sur toute l’étendue du territoire national
dans le but de désenclaver les zones enclavées dans le pays afin de faciliter la connexion et les
échanges entre différentes parties du pays en premier lieu, et de l’extérieur du pays en deuxième
lieu. Dans ce cadre, la République Démocratique du Congo pourra accéder aux différents
avantages venant de tous les coins du monde et faciliter les investissements directs étrangers.
Ayant déjà une ouverture du côté de l’Atlantique, la République Démocratique du Congo aura
en plus la facilité de s’ouvrir et développer une autre diplomatie commerciale vers l’océan
indien dans sa partie Est en tirant ainsi profit des accords qui existent déjà dans ce sens comme
c’est le cas avec les différents corridors.

Par ailleurs, une liste des voies de transport primaires compare les infrastructures de la
RDC avec la moyenne des autres pays d’Afrique. Les voies de communications présentent des
lacunes considérables à des nombreux endroits et ne sont souvent pas en très bon état. En ce
qui concerne la longueur du réseau ferroviaire, la RDC se place au 114ème rang mondial, avec
0,04m par habitant. Au total le réseau ferroviaire mesure 3.641km. Le trafic des marchandises
sur les rails s’élevait dernièrement à158,00 millions de tonnes et des kilomètres parcourus. Le
transport des passagers a atteint 29,51 millions de passagers-kilomètres en 2018. Les voies
navigables mentionnées concernent le trafic intérieur sur le fleuve et les canaux. Le nombre de
port inclut ceux qui sont situés sur les 37 km des côtes au total142.

Tableau 7: Les infrastructures de la RDC

total Par/1million par km²


d’habitants
Routes 152.400 km 1.649,45 km 64,98 m
Voie ferrée 3.600 km 39,41 km 1,55 m
Voies navigables 15.000 km 162,38 km 6,40 m
Ports de commerce 22 0,24 0,000
Aéroports 26 0,28 0,011

142
Transports et infrastructure en République Démocratique du Congo, Donneesmondiales.com,
https://www.donneesmondiales.com/, consulté, le 23 octobre 2022.
86

Tableau 8: La moyenne des autres pays d’Afrique

total Par/1million
par km²
d'habitants
Routes 3.002.100 km 2.186,19 km 99,00 m
Voie ferrée 88.600 km 64,51 km 2,92 m
Voies navigables 50.100 km 36,46 km 1,65 m
Ports de commerce 7.829 5,70 0,000
Aéroports 413 0,30 0,000
Sources de données utilisées : UNCTAD, International Union of Railways, OECD statistiques.

3. Face aux défis politiques : la promotion de la Paix et de la bonne gouvernance


Pour l’épanouissement du commerce international de la RDC au sein de la communauté
d’Afrique de l’Est, ce processus nécessite la promotion de la paix, c’est-à-dire la lutter contre
l’insécurité en RDC, surtout dans sa partie Est. Ce processus doit aussi tenir compter de la
bonne gouvernance dans laquelle il faut procéder par la lutte contre la corruption ensuite la
promotion des investissements étrangers et même locaux. La mise en application des
stratégies à ces problèmes déterminera le développement du commerce international de la
RDC va dans la CAE.

a. L’instauration de la Paix
En matière de la promotion de la paix, plusieurs facteurs peuvent intervenir pour réunir
les membres de la communauté en vue de cohabiter, c’est-à-dire gérer les ressources
communes dans la tranquillité et le respect des normes de l’organisation. Il faut donc ajouter
une dimension diplomatique régionale qui doit mettre un accent particulier sur la question de
différentes forces négatives opérant sur le territoire de la République Démocratique du Congo.
Il s’agit principalement des FDLR, des ADF, de LRA, etc.

En effet, ces groupes armés constituent pour l’essentiel, l’épine dorsale pour la sécurité
de la République Démocratique du Congo et le reste des pays de la région. Cette dimension
implique une coopération étroite, efficace et sincère entre les Etats visant à satisfaire leurs
intérêts respectifs. Ici, tout soutien militaire, financier, matériel, idéologique, etc. doit être
découragé entre les parties pour réduire de façon significative les initiatives tendant à
contribuer à la déstabilisation des Etats. Il s’agit également pour République Démocratique
87

du Congo, de construire autour d’elle, une certaine identité et une cohésion nationale capable
de contrer toute situation belligène.

Dans le schéma le plus favorable, le retour à la paix doit apporter la sécurité aux
populations déplacées qui pourront revenir vers leur village et reprendre leurs activités. Il doit
permettre de lever les entraves au commerce et de rétablir l’administration dans son rôle de
régulateur et de contrôleur contre la fraude. Les mesures à prendre sont au programme des
nombreux accords de paix (Kisangani, Nairobi, Goma) et des résolutions successives des
Nations Unies, notamment celle de décembre 2008, la résolution 1856, qui renouvelle le
mandat de protection des civils, avec une nouvelle initiative : celles des équipes civiles
conjointes de protection qui associent aux contingents militaires de la MONUC143 déployés
dans les zones sensibles, des experts des droits de l’homme, de la protection de l’enfance, des
affaires civiles et de l’information.

La cessation des hostilités, le désarmement, la démobilisation et la réinsertion (DDR)


des groupes armés sont des préalables incontournables. Le programme national (PNDDR) mis
en place depuis décembre 2003 a pour objectif la réduction substantielle d’armes illégales, la
réinsertion des combattants démobilisés soit par le truchement de travaux d’intérêt collectif,
soit par l’intégration dans l’armée. Le début de l’année 2009 a connu une accélération du
programme avec l’intégration "accélérée" de plusieurs centaines de rebelles ou de "réfractaires"
au sein des forces armées nationales.

Le retour à la paix est indissociable à la réforme du système de sécurité. Les arguments


en faveur de la création d’une armée, d’une police et d’une justice modernes et efficaces sont
incontournables, ne serait-ce que pour arrêter les exactions commises par une troupe totalisant
140 000 hommes, mal formés et mal encadrés, voire paupérisés. La tâche est compliquée quand
il faut d’un côté organiser et professionnaliser et de l’autre intégrer des rebelles qui furent
ennemis et qui comptent d’anciens pilleurs. De plus, les capacités politiques et techniques à
mener une réforme ne sont pas aisément réunies.

Il faut aussi tenir compte de la coopération régionale car elle est l’option majeure du
post-conflit. La coopération régionale favorisera la paix et la sécurité en diminuant les sources

143
La Mission des Nations pour la RDC (MONUC) est le plus important contingent de casques bleus déployé dans
le monde, avec 17 000 hommes concentrés, depuis 2008, majoritairement dans l’Est du pays. Ses effectifs
devraient être portés à 20 000 hommes. Sa mission au titre de la résolution 1856 (2008) du Conseil de sécurité se
résume dans la protection des populations et dans la dissuasion des combattants. Au plan militaire, elle intervient
normalement en appui logistique aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).
88

de conflit. Elle permettra de réduire les suspicions entre pays voisins et donc de freiner les
dépenses militaires et la déstabilisation de la population dans le pays surtout dans l’Est du pays.

En effet, la coopération régionale pourra rendre possible le lancement de projets qui


fédèrent plutôt que de subir des appétits qui divisent car en poursuivant les intérêts communs,
les Etats ont comme idées de base l’aménagement économique et social concerté de la région,
des programmes transversaux intégrateurs et de projets fédérateurs.

S’inspirant d’autres expériences, on peut soutenir l’idée qu’un projet de coopération


régionale comme celui de la CAE doit reposer sur une démarche pragmatique et sur la
conviction que la création d’espaces de production et d’échanges doit nécessairement être que
progressive, par adjonction de décisions et d’actions concrètes sur des points d’intérêt commun.
L’objectif est de créer de trafics non frauduleux et de maximiser les économies d’échelle. Ce
but passe par la suppression des entraves aux échanges entre les pays voisins afin de jouer sur
les spécialisations régionales, avec un protectionnisme minimum, limité à la défense contre le
dumping (en l’occurrence des produits asiatiques) et au soutien des industries naissantes ou
renaissantes. L’objectif est aussi de créer un climat de paix pour faciliter les échanges
commerciaux au sein de la communauté. Le recourt à la diplomatie ou aux services militaires
de la CAE pourra contribuer à l’éradication de l’insécurité dans la partie Est de la RDC.

b. L’instauration de la bonne gouvernance


Dans une zone longtemps marquée par l’illicite, un accent particulier sur le
rétablissement de la paix marche de pair avec l’instauration d’une gouvernance saine,
dépourvue de corruption et sur la promotion d’un bon climat des affaires et pourquoi pas
l’encouragement des investissements locaux et la transparence comme mode de gestion.

 La lutte contre la corruption :

La lutte contre la corruption doit être la mission principale de l’administration publique


de la RDC. La corruption, lorsqu’elle a gangrené la fonction publique et les forces de sécurité,
la réforme est plus difficile à réaliser. Les velléités d’honnêteté sont temporaires et la force des
préjugés fait douter de l’évolution des comportements. Le plus efficace des moyens pour levé
cet obstacle est de créer de nouvelles institutions qui ne seront pas marquées par les pratiques
délictuelles. Si elles sont bien conçues et si elles intègrent d’emblée le contrôle contre la
corruption, des résultats positifs seront palpables.
89

L’option en faveur d’une nouvelle organisation indépendante obéit à cette logique de


nouvelle séparation et de spécialisation des fonctions afin d’éviter les collusions d’intérêts et la
confusion des responsabilités, deux facteurs constitutifs de la corruption. Cette option permet
aussi de faire un changement pour permettre aux hommes politique très avancés en âge de
pouvoir se reposer à la retraite et en assurant leur pension, et aux jeunes intellectuels de diriger
en apportant des nouvelles idées novatrices pour le développement du pays.

La « bonne gouvernance » à savoir de bonnes politiques, est un cadre réglementaire


offrant un environnement favorable à la croissance, la fourniture de services publics efficaces
contribue à réduire la pauvreté. En effet, l’approche du développement qui place au centre des
politiques la qualité des institutions est aujourd’hui dominante (Dokeniya, Garrity, Pradhan,
2008)144. Elle oriente la majorité des programmes d’aide des organisations internationales, et
au premier chef ceux de la Banque mondiale, comme ceux des pays de l’OCDE.

L’on pourrait se demander le lien entre la bonne gouvernance et le développement du


commerce international autrement dit de l’économie d’un pays sur le marché international, nous
avons constaté qu’une forte corrélation positive existe entre la qualité des institutions
économiques et la croissance ou la productivité d’un pays. En effet, un pays qui porte sa
gouvernance économique d’un niveau relativement bas à un niveau moyen pourrait quasiment
tripler son revenu par habitant sur le long terme, et réduire significativement la pauvreté dans
sa population.

La lutte contre la corruption fait partie des engagements qu’avait pris, dès son avènement
à la magistrature suprême, le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Il s’y est investi totalement comme en témoignent les initiatives innombrables prises dans ce
cadre afin de décourager les fossoyeurs de l‘économie nationale et les détourneurs des deniers
publics. Ce processus est l’un des piliers de son programme d’actions semble-t-il, dont l’objectif
est de favoriser l’émergence du secteur privé et d’imposer le pays comme une destination
d’investissement de choix en Afrique. Ainsi pour le progrès du commerce international de la
RDC au sein de la CAE, la lutte contre la corruption dans l’administration des douanes est
vivement souhaitée.

144
JACQUEMOT Pierre, op.cit., p.129.
90

 La promotion d’un bon climat des affaires

Pour le progrès du commerce international de la RDC au sein de la CAE, l’attitude


accueillante du successeur de Joseph Kabila, le président Félix Tshisekedi à l’égard des
investissements directs étrangers, notamment en provenance des États-Unis d’Amérique, qui a
suscité en 2019, une plus grande ouverture et une réelle transparence de la part des milieux
d’affaires est à encourager pour les années à venir que ce soit avec le gouvernement actuel en
RDC ou un autre d’ici 2023. De plus cela reste possible de gagner progressivement les places
dans le classement du doing business au cours des prochaines années car, eu égard aux garanties
de sécurité qu’elle offre, la RDC est en passe de devenir une des meilleures destinations du
continent en terme d’investissements.

Compte tenu de l’attractivité de son secteur des ressources naturelles et, surtout, à son
éligibilité à la politique américaine de préférences commerciales dans le cadre de la loi sur la
croissance et les opportunités en Afrique, la RDC a accompli une marge de progression louable
en matière d’investissements, mais il est grand temps de se démarquer davantage dans ce
domaine afin d’influencer l’attractivité du pays sur la scène internationale d’autant plus que la
RDC est nouvellement membre d’une autre organisation à caractère économique qui va
nécessiter une compétitivité élevée sur la plan du commerce international.

Pendant un temps, force est de reconnaître que la donne est en train de changer avec une
incidence positive sur le climat des affaires. Cependant, ces efforts de l’actuel pouvoir bien
qu’étant reconnus à l’international comme en témoigne le rapport des Etats-Unis d’Amérique
sur le climat d’investissement ces trois dernières années en RDC, il peut toujours faire mieux,
en facilitant non seulement les investissements étrangers mais également les investissements
locaux, avec des exonération ou subventions sur une période bien déterminée pour permettre
au pays d’asseoir des bases solides sur le plan économique afin d’être plus productif et
compétitif sur la marche de la CAE. Ceci devrait aussi encourager des mesures générales de
restructuration de la politique fiscale qui devrait déboucher à la réduction des taxes de trop qui
pèsent sur les entreprises. Pour bien profiter des avantages liés à l’Union douanière et au marché
commun, la RDC devra adapter sa politique fiscale, la rendre souple et adaptée à celle des autres
pays membres de la CAE pour que le commerce international soit équilibré.

Par ailleurs, le rapport américain épingle un certain nombre de faits marquants allant de
la mise en œuvre des réformes devant performer le système judiciaire à la transparence dans la
91

gestion des finances publiques, en passant par la facilitation des affaires à travers le Guichet
unique de création d'entreprise ainsi que le relèvement de la note souveraine du pays.

Le rapport note aussi des progrès au niveau de l’attractivité des investissements, la lutte
contre la corruption et le blanchiment des capitaux avec, à la clé, des poursuites enclenchées
contre des gestionnaires des institutions impliqués dans la mégestion, etc145.

Autres actions à mettre à l’actif de la RDC et qui influent positivement sur le climat des
affaires, la transparence budgétaire et la préservation des intérêts de l’Etat, la transparence
assurée du système règlementaire ainsi que la protection garantie des droits de propriété.
Actuellement cent soixante neuvième sur cent quatre-vingts Etats sur l’indice de perception de
la corruption en 2021, la RDC a gravi les échelons et nourrit, plus que jamais, l’ambition
d’attirer des investissements durables et de grande qualité et, surtout, à soutenir la reprise
mondiale après la pandémie de covid-19. En définitive, la RDC est sur la bonne voie, bien
qu’elle ait encore un long chemin à parcourir pour arriver à une meilleure place au classement
mondial de « Doing Business ».

145
DIASSO Alain, Climat des affaires : amélioration de l’attractivité des investissements en RDC.
https://www.adiac-congo.com/content/climat-des-affaires-amelioration-de-lattractivite-des-investissements-en-
rdc-137270 , consulté, le 20 octobre 2022.
92

CONCLUSION

Nous voici à la fin de notre travail qui s'intitule : « La République démocratique du


Congo face au Commerce International au sein de la Communauté d’Afrique de l’Est ; enjeux
et défis ». Pour franchir la fin de notre second cycle de licence.

Alors qu'elle appartient déjà à plusieurs autres Communautés économiques régionales


(CERs), la République démocratique du Congo a adhéré également à la Communauté d’Afrique
de l’Est en mars 2022. Raison pour laquelle nous nous sommes assignés de devoir étudier les
enjeux d’adhésion de la RDC à la CAE, autrement dit nous avons cherché à comprendre ce que
le pays a à gagner ou à perdre en adhérant à ladite Communauté. Par ailleurs, la CAE étant une
organisation régionale à caractère économique, favorise les échanges commerciaux entre les
Etats membres. Ainsi cet aspect nous a inciter à étudier les défis de la RDC face au Commerce
international au sein de la Communauté d’Afrique de l’Est. Enfin nous avons proposé des
stratégies pour les surmonter.

Certaines questions nous ont permis d'aborder les problèmes notamment :

- Pourquoi la République Démocratique du Congo a-t-elle adhérée à la communauté


d’Afrique de l’Est malgré son appartenance à d’autres Communautés Economiques
Régionales Africaines ?
- Quels sont les défis de la République Démocratique du Congo face au développement du
Commerce international au sein de la Communauté d’Afrique de l’Est et les stratégies pour
y faire face ?

En cela, nous avons émis les hypothèses selon lesquelles :

1. La République Démocratique du Congo aurait adhéré à la communauté d’Afrique de


l’Est pour trois principaux enjeux, à savoir :

 Les enjeux géographiques : pour le désenclavement de ses provinces surtout celles dans
l’Est, car elle partagerait des infrastructures routières et énergétiques transfrontalières et du
projet de chemin de fer reliant le port tanzanien de Dar es Salam à l’Est en passant par le
Rwanda, mais également du projet de construction du rail devant connecter la Tanzanie à
la République Démocratique du Congo.
 Les enjeux économiques : pour accroitre le marché, intensifier les échanges commerciaux
dans la Zone et redynamiser le Commerce international car la suppression des barrières
93

tarifaires sur les produits de la communauté implique la réduction du coût à la


consommation grâce à l’adoption d’un tarif extérieur commun.
 Les enjeux politiques : pour améliorer et renforcer les relations diplomatiques avec les Etats
de la CAE et réduire les antagonismes en RDC grâce à une gestion commune des crises
sécuritaires, telle que l’intervention des troupes militaires provenant des Etats de la CAE en
faveur de la RDC ; car se basant sur le principe de sécurité collective de Nations-Unies, ce
serait totalement absurde que les Etats d’un même regroupement régional se fassent la
guerre ou soutiennent la guerre dans un autre Etat membre.

2. Les défis de la République Démocratique du Congo face au Commerce international


au sein de la communauté d’Afrique de l’Est et les stratégies

 La nature extravertie de l’économie congolaise et le faible taux de production,


seraient les défis majeurs à caractère économique face à l’épanouissement du commerce
international de la RDC au sein de la CAE. Le problème d’enclavement constituerait un
grand défi à caractère géographique, et l’insécurité, la mauvaise gouvernance, la corruption
et le climat des affaires peu favorable constituerait les défis à caractère politique.

Pour vérifier nos hypothèses, nous avons fait recours à la Méthode Systémique de David
Easton ainsi qu’à la technique documentaire et d’observation.

Ce travail a été subdivisé en trois chapitres hormis l'introduction et la conclusion :

Le premier chapitre porte sur le cadre théorique et le champs d’Etude. La première


section est basée sur le cadre théorique dans lequel il y a les définitions des concepts ; la seconde
section comprend le champ d’étude, et fait une large présentation de la République
Démocratique du Congo et de la Communauté d’Afrique de l’Est.

Pour la réalisation de notre étude, Le deuxième chapitre décrit le processus


d’intégration dans la CAE et analyse les enjeux de l’adhésion de la RDC à la communauté. La
première section porte sur l’Etat de lieu de l’integration dans la CAE et décrit l’origine et
l’évolution de la communauté, l’état de lieu des objectifs et des réalisations. La seconde section
étudie les enjeux de l’adhésion de la RDC au sein de la CAE notamment : les enjeux
géographiques, économiques et politiques. Le troisième chapitre étudie les défis de la RDC face
au développement du commerce international au sein de la CAE et propose des stratégies pour
y faire face. La première section porte sur les défis de la RDC face du commerce international
94

au sein de la CAE, entre autre les défis à caractère ; économiques, géographiques et politiques
et enfin la dernière section propose les stratégies pour y faire face notamment : la promotion et
la modernisation des infrastructures industrielles et celles de transports, la promotion de la paix
et la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption et l’amélioration du climat des affaires
pour garantir la productivité et la compétitivité du Commerce international de la République
Démocratique du Congo au sein de la Communauté d’Afrique de l’Est.

Enfin, nous avons terminé ce travail par une brève conclusion. Il est affirmatif que cette
analyse nous a permis de comprendre les enjeux de l’adhésion de la RDC à la CAE en répondant
à la question de savoir pourquoi la RDC a-t-elle adhérée à la CAE malgré son appartenance
multiple aux autres CERs ; cette étude nous a aussi permis de dégager les défis de la RDC face
au commerce international au sein de la CAE et à la fin, nous avons pu proposer quelques pistes
de solutions pouvant favoriser le développement du commerce international du pays dans ladite
Communauté.

En développant ce sujet nous étions invités à réaliser deux objectifs entre autre :
Analyser le processus d’intégration dans la Communauté d’Afrique de l’Est ainsi que les enjeux
de l’adhésion de la RDC. Identifier les défis de la République Démocratique du Congo face au
développement du commerce international au sein de la Communauté et y proposer des
stratégies.

De ce qui précède, nous ne pouvons pas prétendre trouver toutes les solutions idéales,
toutefois nous espérons avoir répondu tant soi peu à notre problématique et confirmé nos
hypothèses car ces stratégies permettront, nous l'espérons au gouvernement congolais
d’intensifier le commerce international de la RDC et le rendre beaucoup plus productif et
compétitif sur le grand marché de la Communauté d’Afrique de l’Est.

En effet, ce travail étant une œuvre humaine, n'est pas un modèle unique et parfait, c'est
pourquoi nous restons ouverts à toutes les critiques et sommes prêts à recevoir toutes les
suggestions et remarques tendant à améliorer d'avantage cette étude.
95

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103

TABLE DES MATIERES

IN MEMORIUM ......................................................................................................................... i
EPIGRAPHE .............................................................................................................................. ii
DEDICACE............................................................................................................................... iii
REMERCIEMENTS ................................................................................................................. iv
SIGLES ET ABREVIATIONS .................................................................................................. v
RESUME................................................................................................................................... vi
LISTE DES TABLEAUX ....................................................................................................... viii
INTRODUCTION...................................................................................................................... 1
1. Contexte de l’Etude ......................................................................................................... 1
2. Etat de la question ........................................................................................................... 3
3. Problématique ................................................................................................................. 7
4. Hypothèses ...................................................................................................................... 9
5. Objectifs d’étude ........................................................................................................... 19
6. Choix et intérêt du travail .............................................................................................. 19
7. Délimitation du sujet ..................................................................................................... 20
8. Subdivision du travail ................................................................................................... 21
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ET CHAMP DE L'ETUDE ....................................... 22
Section 1. Cadre théorique ................................................................................................... 22
1. Cadre conceptuel : ..................................................................................................... 22
a. L’intégration régionale .............................................................................................. 22
b. Le commerce international ........................................................................................ 24
c. Les infrastructures ..................................................................................................... 25
d. L’enclavement ........................................................................................................... 26
e. Le désenclavement .................................................................................................... 27
f. L’économie nationale .................................................................................................... 27
g. Les organisations régionales ......................................................................................... 29
h. La gouvernance ............................................................................................................. 30
2. Cadre opératoire ............................................................................................................ 10
3. Théories explicatives ..................................................................................................... 11
3.1. Théories des relations Internationales, quid ? ............................................................ 11
3.2. Idéalisme et pratique du commerce international de la RDC dans la CAE ............... 12
4. Cadre méthodologique et techniques des recherches .................................................... 14
a. Méthode d'analyse ..................................................................................................... 14
b. Adaptation de la méthode systémique selon le modèle de David EASTON ............ 15
c. Schéma pragmatique de la méthode systémique ........................................................... 18
104

5. Techniques de récolte des données ............................................................................... 19


Section 2. Champs d’étude ................................................................................................... 31
1. La République Démocratique du Congo (RDC) ........................................................... 31
a) Situation géographique .............................................................................................. 31
b) Situation économique ................................................................................................ 32
c) Situation politique ..................................................................................................... 33
Sur le plan national .................................................................................................... 33
Sur le plan régional .................................................................................................... 35
Sur le plan international............................................................................................. 36
d) Situation infrastructurelle .......................................................................................... 37
Les infrastructures de transport ................................................................................. 37
Les infrastructures industrielles ................................................................................. 38
2. La Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) .................................................................. 39
a) Historique .................................................................................................................. 39
b) Organes ...................................................................................................................... 40
c) Institutions ................................................................................................................. 42
d) Pays membres de la CAE, Aperçu ............................................................................ 43
CHAPITRE II. LE PROCESSUS D’INTEGRATION DE LA CAE ET LES ENJEUX DE
L’ADHESION DE LA RDC .................................................................................................... 46
Section 1. Etat de lieu de l’intégration de la CAE ................................................................ 46
a) Origine et évolution ................................................................................................... 46
b) L’état de lieu des objectifs de la CAE ....................................................................... 52
c) L’état de lieu des réalisations de la CAE................................................................... 53
La dimension de l’intégration régionale au sein de la CAE ...................................... 56
La dimension de l’intégration commerciale au sein de la CAE ................................ 56
La dimension de l’intégration productive au sein de la CAE .................................... 57
La dimension de l’intégration macroéconomique au sein de la CAE ....................... 58
La dimension de l’intégration infrastructurelle au sein de la CAE ........................... 58
La dimension de libre circulation des personnes au sein de la CAE ......................... 59
Section 2. Les enjeux de l’adhésion de la RDC au sein de la CAE ..................................... 61
1. Les enjeux géographiques ......................................................................................... 62
2. Les enjeux économiques............................................................................................ 63
3. Les enjeux politiques (sécuritaires) ........................................................................... 65
Conclusion partielle ................................................................................................................. 66
CHAPITRE III. LES DEFIS ET STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT DU COMMERCE
INTERNATIONAL DE LA RDC AU SEIN DE LA CAE ..................................................... 67
Section I. Les défis du commerce international de la RDC au sein de la CAE .................... 67
I.1. Les défis économiques ................................................................................................... 67
a) La nature extravertie de l’économie congolaise ........................................................... 67
b) Faible taux de production ............................................................................................. 70
I.2. Les défis géographiques ................................................................................................. 71
I.3. Les défis politiques ........................................................................................................ 72
105

a) Problème d’insécurité ................................................................................................... 72


b) La mauvaise gouvernance ............................................................................................ 74
La corruption ............................................................................................................. 74
Un climat des affaires peu favorable ......................................................................... 77
Section II. Les stratégies pour le développement du commerce international de la RDC au
sein la CAE ........................................................................................................................... 82
1. Face aux défis économiques : l’industrialisation....................................................... 82
2. Face aux défis géographiques : le désenclavement ................................................... 84
3. Face aux défis politiques : la promotion de la Paix et de la bonne gouvernance ...... 86
a. L’instauration de la Paix ............................................................................................ 86
b. L’instauration de la bonne gouvernance .................................................................... 88
La lutte contre la corruption : .................................................................................... 88
La promotion d’un bon climat des affaires ................................................................ 90
CONCLUSION ........................................................................................................................ 92
REFERENCES BIBLIOGRAPHIES ....................................................................................... 95
TABLE DES MATIERES ..................................................................................................... 103

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