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1.

Contexte

Le foncier constitue un sujet d’importance publique à la source d’énormément de litiges dans nos
tribunaux. Il est estimé par une étude présentée au World Bank Conference on Land and Poverty 2017
[1] que 70-80% des terres ne sont pas enregistrées de manière formelle. Cela est à additionner au
contexte local de gouvernance foncier, qui est marqué au Sénégal par l’existence du domaine
national1 dont une grande partie est sous l’administration des communautés rurales (en particulier
les zones dites du terroir), et le régime de l’immatriculation. L’administration foncière est
transversale en plus du code des collectivités locales on retrouve également le code forestier, le
code minier, la charte du domaine irrigué, etc. Cette pluralité de régime et de code d’administration
contribue à l’opacité qu’entoure la gouvernance foncière, caractérisée par une perte de confiance de
la société en l’autorité. Ce manque de transparence facilite la pullulation des conflits, et complique
l’accès à la terre à toutes les catégories sociales (hommes, femmes et jeunes). Le cas du Sénégal
n’est pas isolé et beaucoup de pays de la sous-région voire d’Afrique partagent des pratiques
similaires en matière de gouvernance foncière.

La digitalisation de cette administration plus précisément la mise en place de système


d’administration foncière (LAS : Land Administration System) permet d’améliorer considérablement
la gestion. Ces systèmes sont constitués d’au moins un composant gérant les aspects cadastraux
(souvent soutenu par un SIG alimenté par diverse technique géomatique) et une solution de type
registre foncier [2]. Ces deux composants peuvent être faiblement couplés ou fortement intégrés.
Dans tous les cas, cela conduit à de nombreuses formes de données qui doivent être traitées dans
la solution d’administration foncière.

La mise en place d’un système d’enregistrement foncier fiable pourrait mener à une meilleure
sécurisation des biens, une facilitation des procédures aussi complexes que l’héritage. Le système
pourrait assister à la sauvegarde des droits de toute partie prenante en cas de comportement
malhonnête d’une autre partie. Par exemple la femme serait avertie en cas de vente abusive (sans
son aval) d’un bien dont elle partage la propriété. Ou mieux encore l’enregistrement d’une telle
transaction ne devrait pas être possible.

Le système d’enregistrement foncier s’appuyant sur un registre, les systèmes d’administration


foncière en sont fortement inspirés. C’est dans la même logique que peu de temps après
l’introduction de la blockchain bitcoin la possibilité de créer un système de registre
foncier/immobilier basé sur la blockchain a émergé. Outre la création d'un registre immuable des
propriétaires, une telle plateforme faciliterait l’enregistrement des transactions telles que les ventes,
les transferts de successions et les hypothèques. Cet intérêt, a été amplifié lorsqu’en 2015, par le
biais d’un article du New York Times, on apprenait que le Honduras s’associait avec Factom [3] pour
mener un projet pilot d'utilisation de la technologie blockchain dans l'administration foncière. Il

1
Le domaine national est un vaste espace regroupant des terres qui n’appartiennent ni à l’État, ni
aux collectivités locales, ni aux usagers. Voir la loi N 64-46 du 17 juin 1964 paru au J.O 3692, p. 905,
pour plus de détail.
s’agissait du premier projet d’étude de l’application de la blockchain à ce secteur piloter par un
organisme étatique.

Cela nous pousse à nous poser un ensemble de questions sur l’apport et les implications de la
blockchain dans la gouvernance foncière.

Les activités de cette session de cours tourneront autour de ce projet

1.1 Activités préliminaires


A1. Étude du sujet

La compréhension du sujet est une étape cruciale pour le projet d’étude à venir. Cette activité
consiste d’une part à explorer l’excellent article de Aanchal Anand, Matthew McKibbin, et Frank
Pichel disponible sur Cadastra [1]. D’autre part, s’imprégner de ce qui se fait à l’échelle d’un pays. Le
cas proposer à l’étude est celui de la Serbie (disponible ici [4]) l’un des plus complets.

A2. Étude d’un système blockchain de consortium cas de Quorum

Résultat attendu :

• Se documenter sur Quorum


• Déployer un premier réseau et exécuter une transaction
• Argumenter dans le rapport si la technologie en question est adaptée pour notre besoin.
A3. Étude des concepts de signature multiple

Il s’agira dans cette activité de découvrir la signature multiple. Cette activité comporte 2 volets :

1. Signature multiple d’un document


2. Signature multiple de transaction cas des wallets multisig

1.2 Projet : Multisign inchain – cas de Quorum

L’objectif de ce projet est de permettre de définir la propriété partielle d’un terrain dans un système
de gestion foncière basé sur la blockchain. Dans ce cas la vente devrait se faire uniquement si
l’ensemble des propriétaires ou un nombre défini de ces derniers valide la transaction. Dans les
systèmes basés sur la blockchain comme dans le monde réel, les approbations se font par le biais
de signatures.

Probleme : comment créer avec Quorum une politique de validation de transaction qui exige
l’approbation (signature) de plusieurs utilisateurs pour que la transaction soit acceptée ?

Livrables : les éléments suivants devront figurer sur le dépôt git avant la date limite de soumission
du projet

• Tous les fichiers de configuration du réseau


• Le ou les smart contrats écrits
• L’éventuel client utilisé pour les tests
• Tout autre code ou document permettant de reproduire le travail
• Le rapport de l’étude et implémentation réalisée
Bibliographie partielle
[1] A. Anand, M. McKibbin, et F. Pichel, « Colored Coins: Bitcoin, Blockchain, and Land
Administration », in Cadasta, The World Bank – Washington DC, mai 2017. Consulté le: 20 mai
2021. [En ligne]. Disponible sur: https://cadasta.org/resources/white-papers/bitcoin-blockchain-
land/
[2] J. L. G. Henssen et I. P. Williamson, « Land registration, cadastre and its interaction a world
perspective », Proc. XIX FIG Congr., p. 31, juin 1990.
[3] P. Snow et al., « Business Processes Secured by Immutable Audit Trails on the Blockchain », avr.
2018. Consulté le: 25 mai 2021. [En ligne]. Disponible sur:
https://www.factom.com/assets/docs/Factom_Whitepaper_v1.2.pdf
[4] G. Sladić, B. Milosavljević, S. Nikolić, D. Sladić, et A. Radulović, « A Blockchain Solution for Securing
Real Property Transactions: A Case Study for Serbia », ISPRS Int. J. Geo-Inf., vol. 10, no 1, p. 35,
janv. 2021, doi: 10.3390/ijgi10010035.

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