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Les territoires du «midi» restent donc très réactifs. On se méfie toujours du pouvoir
central et on surveille de près ce qui se passe à Paris (où les changements sont
fréquents à cette période).
lundi 10 avril 2017
Violence méridionale / méfiance vis à vis du
pouvoir central
• Parmi les clichés qui collent à la peau des gens du midi, il en est un qui a particulièrement
marqué le XIXe siècle: on considérait alors l’homme du sud comme violent et impulsif. Ce
stéréotype est certainement lié au contexte politique du moment. Comme de nombreuses
rebellions et révoltes ont éclaté en Occitanie, il était aisé pour le pouvoir de les expliquer
par le «caractère naturellement violent» des méridionaux. Cela permettait de couper
court à toute analyse et remise en cause politique...
• deux exemples:
• La guerre des demoiselles: en 1827, un nouveau code forestier est voté. Cette nouvelle
règlementation limite le pâturage, le ramassage et la coupe du bois, la pêche, la chasse et la
cueillette. Des gardes forestiers et des gendarmes sont mandatés pour faire appliquer la
loi. En Ariège, une révolte populaire éclate. Les paysans s’organisent en véritable guerilla
(déguisés avec un foulard, d’où leur surnom) et la violence va se propager jusqu’en 1832.
Elle mêle revendication politique et déchaînement carnavalesque...
• Les sociétés secrètes républicaines du midi rêvent d’une république «sociale» acquise
aux paysans et aux premiers ouvriers, libérée du pouvoir des classes dominantes
d’alors (bourgeoisie et noblesse restée en place). Ils l’appellent «la sociala» en occitan
ou encore «la santa», on y retrouve cette personnification ou cette idéalisation de la
république qui galvanisa les méridionaux en 1789. Les chansons populaires politiques
en langue d’oc diffusent ces idées, largement.
• Mais à Paris, l’insurrection est moins importante, Napoléon III a maté les
velléités. Les départements du sud insurgé se retrouvent bien seuls dans une
France mise au pli. Les troupes bonapartistes reprendront peu à peu toutes les
places républicaines méridionales. La répression sera féroce, déportation de
masse en Algérie, bagne de Cayenne, exécutions...
• Après la défaite de Napoléon III contre les prussiens en 1870, la France est
exsangue. Les allemands encerclent Paris. Le gouvernement français de l’époque
souhaite signer une armistice. La capitale entre en insurrection, le peuple parisien se
sentant trahi par ses représentants. La ville s’organise en autogestion pendant deux
mois, on remplace le drapeau tricolore par le drapeau rouge.
• Le modèle de «la commune» trouve un écho particulier dans ces villes du midi, on
entrevoit à nouveau la possibilité d’un pouvoir «décentralisé» organisé autour de
l’entité communale, véritable espace de démocratie directe
La libertat La liberté
Tu que siás arderosa e nusa Toi qui es ardente et nue
Tu qu'as sus leis ancas tei ponhs Toi qui as les poings sur les hanches
Tu qu'as una vòtz de cleron Toi qui as une voix de clairon
Uei sòna sòna a plens parmons Aujourd’hui sonne sonne à plein poumons
Ò bòna musa. Ô bonne muse
Mai leis autrei ti fan rotar, Mais les autres te font roter
Lei gròs cacans 'mbé sei familhas Les gros parvenus et leurs familles
Leis enemics de la paurilha Les ennemis des pauvres gens
Car ton nom tu, ò santa filha Car ton nom, toi, ô sainte fille
Es Libertat. Est Liberté.
lundi 10 avril 2017
L’annexion du Comté de Nice
• Jasmin (1798-1864) est fils de tailleur, originaire du petit peuple d’Agen. Ce sont les débuts de
la presse et de l’alphabétisation populaire qui lui donnent l’occasion de s’exprimer par
l’écriture, dans la langue qu’il maîtrise le mieux, sa langue maternelle. Il fut par ailleurs un
diseur remarquable, doté de talents de comédien qui lui valurent un succès immense au cours
des « tournées » poétiques qu’il fit, sa vie durant, dans tous les pays d’oc.
• Victor Gélu (1806-1885) était, lui, marseillais, du quartier populaire de la porte d’Aix, fils d’un
artisan boulanger. Il est le chantre de la ville, ou plutôt de son petit peuple, le sous-prolétariat
rejeté sur les marges et condamné à la disparition par la révolution industrielle, mais aussi les
truands et les parvenus. À ces 35 chansons, Gelu doit à juste titre sa gloire, comme l’un des
plus puissants poètes français du XIXe siècle.
Monument en
hommage à Victor
Gélu, Marseille
• C’est à Carmaux que Jean Jaurès a fait ses premières armes avant de devenir
un grand leader socialiste.
• Jean Jaurès est occitan, il est né à Castres en 1859. Engagé très tôt en
politique, il devient en 1885, le plus jeune député de France. Et c’est à
Carmaux, en pleine grève, qu’il se distinguera par son soutien aux ouvriers.
• Ce qui devait arrivé arriva... à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, c’est la
crise de surproduction et la chute des cours du vin. Cette crise conduit à la
fameuse révolte des vignerons de 1907, le peuple affamé et soudain réduit à la
misère par ce choc économique descend dans la rue et réclame des aides et une
réaction de l’Etat (notamment contre la concurrence étrangère). Tout le
Languedoc s’enflamme, une manifestation monstre rassemble 800 000
personnes à Montpellier...
• Il est originaire de Maillane en Provence, fils d’une famille aisée de paysans propriétaires. Il
s’est consacré à l’écriture et à l’étude de la langue d’oc et œuvra pour son développement
et sa reconnaissance nationale et internationale.
• En 1904, soutenu par Lamartine et les romanistes du nord de l’Europe (dont l’Allemagne), il
obtient le prix Nobel de littérature pour «Mirèio» (long poème épique évoquant les
amours contrariés de Vincent et Mireille). Il s’agit, jusqu’en 1978, du seul et unique prix
Nobel attribué à une œuvre en langue dite «minoritaire».
• l’occitan est alors banni de l’école. Il y est strictement défendu de «parler patois»
jusque dans la cour de récréation... Certaines méthodes radicales voient le jour, de
nombreux récits relatent l’usage du «senhal» (le signal), représenté par une pièce ou
un objet quelconque remis au dernier élève surpris en train de parler occitan. Le
possesseur du signal à la fin de la journée recevait une punition.