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LE MOI DES MOURANTS
MoncherDirecteur,
Dansmonarticlesurles rêves(Revuephilosophique, juillet1895,
p. 55), j'ai parléincidemment des noyés,qui, dit-on,en présence
de la mortimminente, revoienten un instant leurvie toutentière;
ai
j'en parléd'après un seul fait,citépar Taine, qui l'emprunte à de
Quincey,lequelrépétait qu'once lui avait raconté ; ce témoignage
indirectm'a paruinsuffisant, et sur ce pointcommesur d'autres
j'ai émisdes doutescritiques, estimant que les faitsmerveilleux ne
doivent êtreadmisenpsychologie que s'ils sontabsolument prouvés;
qu'on établissed'abordleur authenticité; ceux-là seuls qui sont
indubitables méritent qu'ons'ingénieensuiteà en fairela théorie,
ou, commeon dit,à les expliquer.J'ajoutais : « Une étudecompa-
rativedes impressions des noyésoffrirait un intérêtréel; maissans
douteelle est encoreà faire.» Je voudraisaujourd'hui appelerl'at-
tentionde vos lecteurssur ce problèmepour en bien poser les
termeset pourprovoquer des observations.
Ettoutd'abord j'ai,grâceà vous,complété monérudition. Plusieurs
faitsde ce genresontsignalés dans vos Maladies de la mémoire
la
(1881, p. 141) et dans Pathologie des émotions de M. Féré
(1892, p. 171). Un seul vient d'un auteur :
français Macario,se
baignant dans la se
Seine,pensa noyer : ceDans cetinstant suprême,
dit-il, toutes les actions de ma vie se montrèrent commepar en-
chantement aux regardseffrayés de monesprit.» Les autressont
rapportés par des écrivains anglais,Winslowet Munk,ce dernier,
auteurpeut-être un peu fantaisiste d'une Euthanasia(1887).Un
ce
noyé aperçut toute sa vie antérieure se déroulant en succession
rétrograde avec des détails très précis; chaque événement était
accompagné d'un sentiment de bien ou de mal ». Un homme s'étendit
entreles deuxrailsd'un cheminde ferpouréviterd'êtrerenversé
paruntrainqui arrivait à toutevitesse; « pendantque le trainpas-
sait au-dessusde lui, le sentiment de son dangerlui remiten
mémoiretousles incidents desa vie,commesi le livredujugement
avaitété ouvertdevantses yeux. » D'autresfaitsse rapportent,
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38 REVUE PHILOSOPHIQUE
ou du démérite final,elle colorede joie ou de tristesse, d'espérance
ou de crainte,le moi des mourants, surtoutquandil est conçuà
loisiret prendla forme intellectuelle;ellene sauraitenêtredégagée
sans un artifice d'abstraction.
Telleest,du moinsprovisoirement, l'interprétation qui me parai*
la plus vraisemblable de ces faitsjusqu'à présentsi peu étudiés.
Maisne pensez-vous pas, moncherDirecteur, que la questionméri-
teraitles honneurs d'uneenquêteméthodique etcritique?Ceuxqui
ontvu la mortde près,soitdansleurlit,soità la guerre,soitdans
l'eau, soit en montagne,soitdans un accidentde cheminde fer,
sontnombreux. Il vaudraitla peine de recueillir et de comparer
leurstémoignages. Voici,parexemple,un cas extraordinaire auquel
vos amis d'Angleterre, si expertsaux enquêtespsychologiques,
devraients'intéresser;je l'extraisd'un récentarticlede journal
surla justiceanglaise.
« JamesLee fut,il ya dix ans. déclarécoupablepar le jurycri-
minelde Londresd'avoirétrangléune vieillefemme pourlui voler
ses économies.De terriblescoïncidences l'accablaient ; le verdict
n'étonnapersonne.Le juge ayantprononcéla peine de mort,
ce futà qui hausseraitles épaulesquandLee protestaune der-
nière foisde son innocence.Mais au jour marquépourl'exécu-
tionles chosesse refusèrent à consacrer le verdict des hommes ; la
trappeplacée sous la ne
potence joua pas, ne lança le
pas pendu
dansl'abîme; les gonds,rouillespar quelquesjournéesde brouil-
lard,semblaient soudés à leur cadre. Il fallutramenerle malheu-
reuxdanssa celluleet demanderde nouveauxordres.Le ministre
de l'intérieur, M. Matthews, s'empressade soumettre à la reineune
ordonnancede grâce. Lee, sauvé de la corde, pouvaitmourir
au bagne.Depuis un an il y peinait,protestant toujoursde son
innocence, quandle vrai coupablese dénonça.C'étaitune femme,
la dernière domestiquede la victime;à son lit de mortelle manda
un magistrat et lui racontasoncrime;ses déclarations furent minu-
tieusement vérifiées;l'innocence de Lee éclatait.On alla chercher
ce malheureux danssonbagnepourle ramener à Londres,où il vit
encore.Le gouvernement lui faitunepension 2500 francspour
de
remplacer la réhabilitation légale,que les loisanglaisesne connais-
sentpas. »
Si j'étaisun psychologue anglais,il mesemblequeje chercherais
James Lee pour le soumettre à une interview très sympathique,
maistrèsserrée,surce qui s'estpassédanssa consciencependant
que le bourreaus'efforçait en vain de fairejouer la trapperécal-
citrante. Victor Egger.
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