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Méthodes d'étude des peuplements d'oiseaux

Technical Report · April 1998

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7 11,144

1 author:

Jocelyn Fonderflick
Parc national des Cévennes, France
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ministère de l'agriculture

Méthodes d'étude
L O R A C

des peuplements d'oiseaux


F
D E
É D A G O G I Q U E
P
X P É R I M E N T AT I O N
'E
D
E N T R E
C

CEP de Florac - 9, rue Célestin Freinet - 48400 Florac - Tél : 04 66 65 65 65 - Fax : 04 66 65 65 50 - mèl : cep@educagri.fr 1
sommaire

Sommaire .............................................................................. 3

Remerciements ...................................................................... 5

Introduction .......................................................................... 7

Les problèmes posés ............................................................. 9

Les méthodes utilisées .......................................................... 11


Introduction ................................................................................... 11
Rappels de base ............................................................................. 11
Ornithologie quantitative ............................................................... 13
la technique des plans quadrillés ........................................................ 13
la technique des I.K.A. ........................................................................ 17
la technique des I.P.A. ......................................................................... 18
Ornithologie qualitative ................................................................ 19
Avantage des E.F.P. .............................................................................. 19
Inventaire qualitatif et répartition géographique ................................ 20
Carte de répartition des espèces ......................................................... 21
L'amplitude d'habitat en fonction de l'altitude .................................. 23
Peuplements d'oiseaux en fonction des formations végétales ............. 24

Conclusion............................................................................. 25

Bibliographie ......................................................................... 27

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REMERCIEMENTS

Remerciements

Nous tenons à remercier M. Jacques


Blondel (CEFE-CNRS, Montpellier) de
nous avoir permis de faire une synthèse
de ses différents travaux sur les métho-
des et les techniques d’étude des
peuplements aviens, et d’avoir assuré
l a
relecture de ce document.

Synthèse réalisée par : Jocelyn Fonderflick


d'après les travaux de Jacques Blondel
Illustration : Gilles Mazard
Mise en page : Claude Bertrand
Christian Resche

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INTRODUCTION

Introduction

L’étude des oiseaux a depuis de nom- martinet sans savoir qu’un jour, celui-ci
breuses années contribué à faire pro- l’amènera à s’intéresser aux mathéma-
gresser les connaissances en écologie tiques. On voit beaucoup plus rarement
voire à faire émerger des concepts nou- l’inverse.
veaux. Des grands noms de la biologie,
Dans l’enseignement agricole, les
tels que Darwin ou MacArthur les ont
oiseaux ont toujours eu une bonne place
utilisés pour construire leurs théories.
dans l’étude des êtres vivants. Mais ce
Je ne crois pas qu’un tel succès soit sim-
fait est sûrement davantage dû à la
plement dû aux avantages (dont vous
pression des élèves qu’à un choix déli-
trouverez un récapitulatif un peu plus
béré des enseignants qui ont pour la
loin) que l’oiseau présente par rapport
plupart une nette préférence, de par
aux autres groupes biologiques.
leur formation, pour la botanique. Il est
Les oiseaux, n’ayons pas peur de le dire, vrai que cette discipline offre d’autres
sont beaux. Le vol des Sternes, la grâce avantages.
des Aigrettes, et le plumage du Rollier
De nombreux étudiants entrant en BTSA
ou du Guêpier ne peuvent pas laisser
GPN*, sont fortement intéressés par
indifférent un naturaliste.
l’ornithologie et sont parfois déçus de
Depuis quelques années, l’observation ne pas plus en faire durant les deux an-
des oiseaux a été transcrite en équations nées de formation. Ce document a été
mathématiques pour les besoins de la créé afin de vous aider à présenter aux
science. Si ces équations ont vu le jour élèves les principales techniques pour
pour combler notre infatigable curio- étudier les oiseaux et, pourquoi pas,
sité, elles ne sauraient occulter nos pre- d’en mettre quelques-unes en pratique.
mières émotions pour les oiseaux. Nos Notre objectif n’est donc pas de faire
longues heures de contemplation dans une synthèse exhaustive de l’ensemble
la nature ont fait place à de longues des méthodes d’études utilisées en or-
journées devant nos claviers d’ordina- nithologie. La liste en serait trop lon-
teur en essayant de traduire, le plus gue. Nous ne parlerons que des techni-
objec-tivement possible, nos observa- ques les plus couramment utilisées et
tions en interminables listes de codes pour lesquelles il est nécessaire de don-
chiffrés. Il est fréquent de voir une per- ner un minimum d’explication.
*Brevet de technicien supérieur agricole, gestion et protection de la
sonne s’émerveiller devant le vol d’un nature

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LES PROBLÈMES POSÉS

Les problèmes posés

Pour plusieurs raisons, les oiseaux cons- • On les trouve dans presque tous
tituent un excellent modèle de référence les milieux, même les plus
pour tester certaines hypothèses actuel- artificialisés.
les sur la structure, le fonctionnement
• Leur sensibilité aux habitats et à
et la dynamique des peuplements :
leurs modifications est telle qu’il
• Le mode de vie diurne et les mani- sont de bons indicateurs écologi-
festations visuelles et auditives de ques.
la plupart des espèces les rendent
• Leurs mobilité leur permet de
aisément accessibles à l’observa-
réagir instantanément à toute mo-
teur à condition que ce dernier
dification de milieux.
connaisse leur chant, ce qui est un
préalable à toute étude Plaçons nous dans l’optique très large
ornithologique quantitative. d’une problématique visant à connaî-
tre l’avifaune d’un territoire donné.
• On peut les dénombrer avec une
Formulée de façon aussi générale, la
bonne précision et moyennant un
proposition implique que soient préci-
coût relativement modéré, ce qui
sées trois choses :
n’est pas le cas de la plupart des
invertébrés ou d’autres vertébrés • La nature et le degré de précision
(poissons, reptiles, rongeurs). de la connaissance souhaitée, no-
tamment sous le rapport des rela-
• Vertébrés homéothermes, ils peu-
tions entre l’avifaune et son milieu.
vent occuper tous les niveaux tro-
phiques, et de nombreuses espè- • L’étendue spatiale et les caractéris-
ces sont capables de moduler leur tiques écologiques du territoire
régime alimentaire au rythme des étudié.
saisons. • La signification du mot avifaune
• Ils sont distribués dans les trois (étude ciblée sur les passereaux
dimensions de l’espace, ce qui nicheurs, les Picidés, les Colum-
permet d’évaluer l’importance sur bidés...).
les communautés du développe-
ment de la dimension verticale des
habitats.

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LES PROBLÈMES POSÉS

La nature et le degré de précision de la Une gamme aussi variée de problèmes


connaissance souhaitée peuvent être à résoudre nécessite que soient définies
très divers. Sans en épuiser la liste, on des méthodes rigoureuses au niveau :
peut citer, à titre d’exemple, les objec-
• Du plan d’échantillonnage.
tifs suivants :
• Du protocole de collecte de l’infor-
• Inventaire qualitatif des oiseaux
mation.
présents sur le territoire.
• De l’interprétation des données.
• Etude de la répartition géographi-
que des espèces. Une définition univoque de l’objectif de
recherche est la condition préalable
• Etude de la distribution des espè-
indispensable à l’élaboration du plan de
ces en fonction de certaines varia-
travail et de la mise en oeuvre de la mé-
bles écologiques.
thode appropriée. Elle suppose d’avoir
• Mesure d’une quantité d’individus bien identifié la nature de la connais-
appartenant à une ou plusieurs es- sance recherchée compte tenu de l’éten-
pèces. due du territoire et du temps dont on
dispose.
• Etude de la composition et de la
structure des peuplements en fonc-
tion des paysages végétaux, no-
tamment de leur artificialisation.
• Etude de l’évolution dans le temps
et dans l’espace de cette structure.
La connaissance de l’avifaune, enfin,
comporte, en allant du plus simple au
plus complexe trois mesures qui sont :
• Le nombre et l’identité des espè-
ces présentes sur le territoire
(richesse spécifique).
• La quantité d’individus apparte-
nant à chaque espèce (fréquence
ou abondance).
• Les relations d’ordre existant au
sein du peuplement.

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LES MÉTHODES UTILISÉES

Les méthodes utilisées

Introduction Rappels de base


A l’inverse de la plupart des invertébrés Lors des dénombrements d’oiseaux,
et des vertébrés à sang froid qui nais- l’identification des espèces se fait soit à
sent, vivent, se reproduisent et meurent la vue, soit, le plus souvent, à l’ouïe.
dans le même milieu, les oiseaux et un Pour que les observations faites en des
certain nombre de mammifères sont endroits ou à des moments différents
hautement mobiles et passent souvent soient comparables, il est indispensa-
une bonne partie de leur existence à des ble que le niveau d’activité des espèces
distances considérables de l’endroit où demeure sensiblement constant par
ils sont nés et où ils se reproduisent. La rapport à la méthodologie de collecte
manifestation la plus spectaculaire de des données, et ceci tout au long de
cette mobilité est le phénomène de la l’étude.
migration. En raison de cette mobilité,
Or, chez les oiseaux, l’activité vocale des
la plupart des dénombrements
mâles, principal moyen d’observation,
d’oiseaux, dont ceux que nous dévelop-
n’est pas constante tout au long de l’an-
perons dans ce document, sont effec-
née, ni même constante tout au long
tués durant la période de reproduction,
de la journée.
la seule où l’on soit sûr que les oiseaux
sont stabilisés dans l’espace pendant Il existe sous nos latitudes un pic prin-
plusieurs semaines. tanier dont l’activité du chant corres-
pond à la formation des territoires (ceci
est surtout vrai pour les passereaux et
familles apparentées). Il y a de même
un pic d’activité journalier qui est placé,
pour les oiseaux diurnes, dans les pre-
mières heures suivant le levé du soleil
(Fig. 1). Certaines espèces, telles les Tur-
didés, présentent de surcroît un pic
d’activité vespérale, moins intense que
le précédent.

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LES MÉTHODES UTILISÉES

Le pic d’activité printanier est cependant


variable avec les espèces. Il existe no-
tamment un net décalage (voir schéma)
entre les nicheurs précoces (essentiel-
lement des espèces sédentaires ; ex :
l’Accenteur mouchet) et les nicheurs tar-
difs (de nombreuses espèces migratri-
ces ; ex : la Pie-grièche écorcheur).

Fig. 1 : Pic d’activité vocale journalier chez les oiseaux au mois de Juin (BLONDEL,1975).

C’est pour ces raisons que dans le Il est nécessaire aussi de tenir compte
cadre d’un inventaire des oiseaux pré- des conditions météorologiques. Tout
sents sur un site donné, la plupart des ornithologue de terrain sait que les
méthodes utilisées en ornithologie sont oiseaux se manifestent de façon inégale
effectuées dans les premières heures du selon qu’il fait beau ou mauvais, qu’il y
jour (de 2 à 5 heures après le lever du ait du vent ou pas. Toujours dans le souci
jour) et l’échantillonnage est réparti du d’avoir une activité vocale sensiblement
début mars à la fin juin pour ne pas constante d’un jour à l’autre, on évitera
privilégier tel ou tel groupe d’espèces impérativement de faire des relevés les
(Fig. 2). jours de vent (vent supérieur ou égal à
5 m/s). Un ciel couvert n’est pas gênant
et même une pluie intermittente et très
légère peut être tolérée.

Fig. 2 : Niveau d’activité vocale des nicheurs précoces et tardifs en période de


reproduction (La position de la date charnière peut varier suivant le milieu et les
années (BLONDEL, 1975).

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LES MÉTHODES UTILISÉES - ORNITHOLOGIE QUANTITATIVE

Ornithologie quantitative :

Pour compter tous les oiseaux nicheurs brer l’ensemble des oiseaux nichant sur
d’une zone, on peut envisager de cher- une zone mais aussi être employée pour
cher tous les nids construits et occupés dénombrer une seule espèce.
durant la période de reproduction. Cette
Dans le premier cas, il sera nécessaire
technique est la plus souvent utilisée
de choisir un site de surface réduite.
pour les espèces grégaires de grandes
tailles comme les Vautours et les Hérons, L’observateur doit pouvoir connaître
mais pour les passereaux, de nombreux avec précision sa position et celle de
nids passent inaperçus. C’est pourquoi tout oiseau contacté sur la parcelle. Si
il est préférable pour ces derniers de dé- ce n’est pas le cas, il doit procéder à un
nombrer les cantons (= « territoires ») piquetage pour pouvoir se repérer.
occupés par les mâles durant le prin- Aucun point ne doit se trouver à plus
temps. de 100 m du passage de l’observateur
afin de pouvoir détecter tous les chants
Nous disposons en ornithologie quan-
des différentes espèces présentes.
titative de tout un arsenal de méthodes
dont nous retiendrons ici celle des plans Lors de l’échantillonnage, tout les con-
quadrillés, celle des I.K.A. (Indice Kilo- tacts seront reportés sur une carte se-
métrique d’Abondance) et celle des lon un code déterminé. Le plus souvent,
I.P.A. (Indice Ponctuel d’Abondance). les ornithologues choisissent pour allé-
ger les notes de reporter sur la carte les
deux premières lettres du nom verna-
La technique des plans culaire ou latin de l’oiseau observé. Ces
quadrillés deux lettres sont complétées par des
symboles qui caractérisent la nature de
La méthode des plans quadrillés con- l’observation.
siste à parcourir, plusieurs fois durant A titre d’exemple, nous aurons pour une
la période de reproduction des oiseaux espèce comme le Bruant Jaune noté
(début mars à fin juillet), un terrain de BJ :
quelques dizaines d’hectares cartogra-
BJ simple contact visuel avec
phié sur un plan précis comportant un
un Bruant jaune
quadrillage d’itinéraires balisés que l’ob-
servateur parcourt plusieurs fois au cour BJ contact avec un Bruant
de la période de reproduction. Tous les jaune criant
objets susceptibles de permettre une BJ contact sonore avec un
localisation précise (haies, murets, ar- Bruant jaune qui a été vu
bres isolés…) devront être reportés sur o u
cette carte. exactement localisé
La surface de la parcelle de recensement BJ? contact sonore avec un
doit se situer entre 40 et 100 hectares Bruant jaune qui n’a pas été
dans un milieu ouvert, ou entre 10 et vu ou exactement localisé
30 hectares dans un milieu fermé, se- BJ —>BJ deux contacts avec le même
lon le nombre d’espèces étudiées et leur Bruant jaune suite à un
abondance respective. Cette méthode déplacement
peut être mise en œuvre pour dénom- BJ -----BJ contact simultané de deux
Bruants jaune

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LES MÉTHODES UTILISÉES - ORNITHOLOGIE QUANTITATIVE

BJ/BJ bagarre entre deux Bruants Cette carte fait apparaître les différents
jaune territoires, ou cantons, correspondant
X BJ nid de Bruant jaune trouvé aux zones de concentration des points
d’observation (nuage de points, voir
L’échelle préconisée pour les relevés est Fig. 3 et 4). Chaque canton est parti-
de 1/2500 ème. Toutefois, en fonction des culier à un couple nicheur ou à un mâle
densités d’oiseaux, il est possible de célibataire selon les indices de reproduc-
choisir celle de 1/5000 ème ou 1/1250 ème. tion obtenu.
Les résultats sont conditionnés par le Il faut un minimum de notation pour
nombre de visites réalisées. Un test fait qu’un nuage de point soit retenu
sur l’espèce la moins bien représentée comme un canton :
permet d’évaluer le nombre de visites
nécessaires. Toutefois un nombre mini- Nombre
mum de 8 visites en milieu ouvert et de de visites 10 9 8 7 6 5
10 en milieu fermé , (c’est-à-dire 8 ou
10 parcours de l’ensemble des itinérai- Nombre
res du plan quadrillé) est recommandé. d’observations
Il convient d’espacer les visites au cours minimum 4 4 3 3 2 2
de la période de reproduction.
Pour définir un canton, selon le tableau
Les relevés sont faits aux heures ou l’ac-
ci-dessus, il faut donc, par exemple au
tivité vocale des oiseaux est la plus im-
moins trois contacts avec le même mâle
portante, c’est-à-dire durant les premiè-
sur le même secteur sur huit passages
res heures du jour. Une visite de moins
au total. Si on effectue dix passages, il
d’une heure est inutile et au delà de
faudrait un minimum de quatre con-
5 heures, le rendement de l’observateur
tacts pour être retenu comme un can-
diminue.
ton.
Pour chaque contact avec un oiseau, un
Cette méthode reproductible chaque
indice de reproduction sera affecté. On
année permet de suivre l’évolution dans
distingue trois types d'indices de repro-
le temps des espèces étudiées. Dans le
duction :
cas de la Fig. 3, l’augmentation du nom-
• les indices certains : construction bre de couples de 1964 à 1967 de la
de nid et/ou transport de maté- Fauvette mélanocéphale et de la Fau-
riaux, alarmes des adultes, nour- vette pitchou, provient de ce que ces
rissage de jeunes, nid découvert, deux espèces, sédentaires, retrouvent
observation d’immatures non leurs effectifs après avoir été décimées
émancipés. par l’hiver rigoureux de 1962-1963
• les indices probables : observation (BLONDEL, 1969).
d’un couple, parades d’un mâle Cette méthode, adaptée surtout pour
seul ou d’un couple, accouple- les passereaux, est la seule qui permet
ment, chant, interaction ou pour- réellement un dénombrement absolu
suite entre mâles. des oiseaux nicheurs. Mais elle demande
• les indices possibles : observation un «investissement terrain» très lourd
d’un individu d’une espèce. et elle ne peut être utilisée que sur des
petites surfaces.
A la fin de la saison, l’ensemble des ob-
servations réalisées à chaque visite se- Toutefois, cette méthode a parfois été
ront reportées, par superposition, sur adaptée pour des dénombrements d’es-
une carte unique. pèces à grand canton (Pics, Gallinacés,
Coucou gris, Fig. 4) mais cela suppose
des quadrats beaucoup plus vastes.

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LES MÉTHODES UTILISÉES - ORNITHOLOGIE QUANTITATIVE

Fauvette
mélanocéphale
1964 1967

0 100

Fauvette
1964 1967
pitchou

Fig. 3 : Répartition des cantons de la Fauvette mélanocéphale et de la Fauvette pitchou


sur un plan quadrillé de 28 ha dans une garrigue méditerranéenne en 1964 et
1967 (BLONDEL, 1969). Chaque point correspond à un contact avec un mâle
chanteur lors d’une visite du plan quadrillé.

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LES MÉTHODES UTILISÉES - ORNITHOLOGIE QUANTITATIVE

Fig. 4 : Répartition des cantons du Coucou gris dans un massif forestier


(LOVATY, 1979).

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LES MÉTHODES UTILISÉES - ORNITHOLOGIE QUANTITATIVE

La technique des I.K.A. L’exploitation des données consiste,


pour chaque espèce, à diviser le nom-
bre de couples obtenus par la longueur
Elle a été mise au point dans les années
du trajet de dénombrement exprimée
1960 par FERRY et FROCHOT (1958).
en kilomètres. Cette opération donne
Cette méthode dite des Indices Kilomé-
un chiffre qui est appelé «Indice Kilo-
triques d’Abondance (I.K.A.), a d’abord
métrique d’Abondance». Ex : 6,5 cou-
été utilisée dans les forêts caducifoliées
ples de Mésange bleue sur 1 Km soit un
de Bourgogne. Elle consiste, dans un mi-
I.K.A. de 6,5. La valeur d’I.K.A. de cha-
lieu choisi, à marcher en ligne droite sur
que espèce est la valeur maximale ob-
une distance donnée, en comptant tous
tenue à l’un ou l’autre des deux «I.K.A.
les oiseaux vus ou entendus. Le trajet
partiels».
doit être effectué à l’aube (pour les rai-
sons énoncées précédemment) et sa Cet indice est évidement proportionnel
longueur doit être comprise entre 500 à la densité mais il n’est pas cette den-
et 1000 m. En-deçà de 500 m, les con- sité réelle. Celle-ci ne pourra être obte-
tacts sont trop peu nombreux ce qui in- nue, qu’en multipliant l’I.K.A. trouvé par
troduit une cause d’erreur ; au-delà de un coefficient spécifique rendant
1000 m, il est difficile de trouver un compte de la distance à laquelle cha-
milieu homogène. L’observateur peut que espèce est « accessible » à l’ob-
choisir de ne relever les oiseaux que d’un servateur. C’est pour cette raison que
seul côté du trajet ou des deux côtés. l’on ne peut pas comparer entre eux les
I.K.A. de deux espèces, comme par
Pour chaque milieu et pour couvrir de
exemple, ceux de la Grive draine et de
manière égale la période des nicheurs
la Mésange bleue, qui se voient et s’en-
précoces et celle des nicheurs tardifs, il
tendent à des distances très différen-
est nécessaire d’effectuer plusieurs fois
tes.
le même trajet jusqu’à avoir un « bon »
dénombrement, lors d’une matinée aux Des coefficients spécifiques de conver-
conditions météorologiques favorables. sion peuvent être obtenus en combinant
sur un même espace la méthode des
Pour chaque milieu, une première série
plans quadrillés et celles des I.K.A. Si
de dénombrements sera effectuée en
l’on connait la valeur de l’I.K.A. pour
début de saison et une deuxième en fin
u n e
de saison. Nous avons donc pour cha-
espèce dont la densité est par ailleurs
que parcelle étudiée un certain nombre
connue (méthode des plans quadrillés),
de dénombrements, dont au moins
le coefficient de conversion pour cette
deux sont « bons » («I.K.A. par-
espèce est : C = D / I.K.A. «C» étant le
tiels ») , l’un avant le 25 avril et l’autre
coefficient de conversion et «D» la den-
après, cette date charnière dépendant
sité pour une espèce donnée.
des régions.
Pour obtenir de bons résultats, la mé-
Pour chaque dénombrement, les obser-
thode des I.K.A. est très exigeante en
vations effectuées sont conventionnel-
«terrain» ; elle nécessite que le milieu
lement traduites en nombre de couples
étudié soit homogène sur une surface
nicheurs selon l’équivalence suivante :
telle qu’on puisse y effectuer un trajet
• un oiseau vu ou entendu criant : linaire d’environ 800 mètres. De plus,
½ couple dans bien des milieux, il n’existe ni che-
• un mâle chantant : 1 couple minements à peu près rectilignes, ni
points de repères utilisables pour me-
• un oiseau bâtissant : 1 couple surer les distances.
• un groupe familial : 1 couple Pour ces différentes raisons, les ornitho-
logues ont cherché une autre méthode
qui soit plus adaptée à tout type de mi-
lieu en particulier les milieux morcelés.
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LES MÉTHODES UTILISÉES - ORNITHOLOGIE QUANTITATIVE

La technique des I.P.A. l’un ou l’autre des relevés.


Comme pour les I.K.A., les I.P.A. peu-
Dans son principe, cette méthode des vent être convertis en densité «D» (nom-
Indices Ponctuels d’Abondance est ana- bre d’individus par unité de surface,
logue à celle des I.K.A. à la différence conventionnellement fixée à 10 ha) se-
près, qu’au lieu de parcourir un itiné- lon l’équation : D = I.P.A. x C.
raire donné sur une distance de lon-
«C» est un coefficient de conversion spé-
gueur connue, l’observateur reste im-
cifique à chaque espèce, dont la défini-
mobile pendant une durée déterminée
tion, comme pour la méthode des I.K.A.,
(20 minutes exactement) et note tous
nécessite des dénombrements simulta-
les contacts qu’il a avec les oiseaux,
nés sur plan quadrillé et par I.P.A.
quelle que soit la distance de détection,
exactement comme s'il marchait. Cette méthode ne nécessite aucune pré-
paration du terrain et est utilisable dans
La longueur du rayon d’observation va
des milieux plus morcelés et accidentés
dépendre de la distance de détectibilité
que ceux utilisés par la méthode des
du chant des espèces que l’on étudie :
I.K.A. puisqu’elle est moins exigeante en
• il peut être de 300 mètres et plus terrain. Pour ces raisons, elle est plus
dans le cas d’espèces comme les adaptée à toutes les études touchant
Pics. aux relations oiseau / milieu : structure
qualitative et quantitative des popula-
• il est très généralement de l’ordre
tions dans différents stades d’un même
de 100 mètres ou moins pour la
groupement forestier ou dans des grou-
plupart des passereaux.
pements différents, détermination pré-
L’indice d’abondance rend compte de cise de l’habitat optimum des espèces,
la densité de l’espèce sur une aire dont etc.
le rayon est égal à sa distance de détec-
Pour qu’il soit possible d’obtenir des
tion qui varie elle-même avec chaque
résultats utilisables à des fins compara-
espèce. La superficie de la station, unité
tives, il est nécessaire que chaque sta-
élémentaire d’échantillonnage, n’est
tion d’écoute fasse l’objet d’une des-
pas définie par l’observateur contraire-
cription minutieuse et objective du mi-
ment à ce qui se passe pour bien
lieu et en particulier de la végétation.
d’autres groupes zoologiques et en
botanique, mais elle est imposée par les
oiseaux.
Lorsqu’on envisage de connaître les
densités de diverses espèces sur un vaste
territoire, il est nécessaire, exactement
comme pour la méthode des I.K.A., d’ef-
fectuer sur le même point d’écoute deux
passages : l’un réalisé avant le 25 avril
pour détecter les nicheurs précoces,
l’autre après cette date pour détecter
les nicheurs tardifs.
Un I.P.A. correspond donc à deux «I.P.A.
partiels» réalisés à un même endroit de
part et d’autre d’une date charnière. On
retient pour chaque espèce comme
I.P.A., la valeur maximale obtenue dans

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Ornithologie qualitative :
La méthode des Echantillonnages Fréquentiels Progressifs (E.F.P.).

Avantage des E.F.P. • Le fait d’opérer en présence-ab-


sence allonge considérablement
par rapport aux I.P.A. dans la journée la durée utile de
travail sur le terrain. En effet, si les
La technique des E.F.P. est similaire à oiseaux se manifestent davantage
celle des I.P.A. dans la mesure où elle à l’aube, ce qui nous oblige à tra-
est axée sur des points d’écoute d’une vailler dans le cadre des I.P.A. que
durée de 20 minutes. Mais contraire- durant les premières heures qui
ment à celle des I.P.A., elle ne permet suivent le lever du soleil, il n’em-
pas de connaître la densité de chaque pêche que la probabilité d’avoir au
espèce d’oiseau. Les relevés par E.F.P. se moins un contact avec chaque es-
font en présence-absence. Cette perte pèce au cours de 20 minutes
d’information par rapport à la techni- d’écoute reste élevée une bonne
que des I.P.A. ne se justifie que si elle partie de la journée. En pratique,
est compensée par d’autres perspecti- cela se traduit par une multiplica-
ves d’application dont nous verrons tion du nombre de relevés : 8 à 10
quelques exemples par la suite. E.F.P. par jour au lieu de 4 I.P.A. L’al-
Par rapport aux I.P.A., les principales ca- longement de la durée utile de tra-
ractéristiques des sondages par E.F.P. vail de terrain augmente les pro-
concernent les points suivants : babilités de contact des espèces les
plus rares et donne ainsi plus faci-
• L’observateur ne relève sur la sta- lement et plus rapidement une
tion, que la liste des espèces qu’il image plus conforme de la com-
détermine, quelle que soit l’abon- position et de la structure d’un
dance de chacune. Chaque relevé peuplement avien.
ne donne donc que la composition
qualitative instantanée du peuple- • Les causes de dérangements exté-
ment. rieurs et notamment les bruits pa-
rasites qui hypothèquent parfois
• Le fait de ne réaliser qu’un seul re- sérieusement les comptes en I.P.A.
levé sur la station pose le problème sont très atténuées ici. En ville, par
de la représentativité dans le temps exemple, cette méthode paraît par-
de l’échantillon. Il est évident que ticulièrement indiquée.
la probabilité de contact avec cha-
que espèce, qu’elle soit nicheuse Pour conclure, l’une des principales ca-
précoce ou nicheuse tardive, est ractéristiques des sondages fréquentiels
proportionnelle à sa fréquence est leur haut niveau de standardisation
réelle dans le milieu. Il est donc né- qui autorise une application plus rigou-
cessaire comme pour la méthode reuse des méthodes statistiques.
des I.K.A. et des I.P.A. de disperser
sur l’ensemble de la saison de re-
production la série de relevés qui
constitue l’échantillon.

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Inventaire qualitatif et parallèle à l’axe des N. La pente a/N de


la courbe de richesse cumulée est nulle
répartition géographique
si a = 0 (toutes les espèces ont été ren-
des espèces : contrées au moins deux fois) ou si N =
infini. Il faut toutefois noter que ces con-
Quelques applications concrètes de la ditions ne sont réalisées que si les échan-
méthode des E.F.P. : tillons sont effectués de façon parfaite-
ment aléatoire. On peut ainsi se fixer
Nous allons illustrer ces propos à partir
un seuil pour a/N (par exemple
de trois exemples empruntés à un tra-
a/N = 0.1) à partir duquel on estimera
vail réalisé sur le Mont Ventoux par
que le degré de précision obtenu dans
BLONDEL (1975).
la connaissance de la richesse en espè-
L’inventaire avifaunistique a été réalisé ces est suffisant.
à grande échelle sur un territoire de
Une valeur de a/N égale à 0.1 signifie
114 Km2. 310 points d’écoute on été
qu’il faudra réaliser théoriquement dix
effectués sur cette surface par un échan-
relevés supplémentaires pour observer
tillonnage aléatoire. Les opérations de
une nouvelle espèce. Pour a/N égal à
terrain ont été réalisées en 1972, 73 et
0.01, il faudra en faire au moins 100.
74 entre le 15 avril et le 30 juin.
Au cours des 310 points d’écoute, il a
été possible de détecter 84 espèces ni-
cheuses dont 8 seulement n’ont été con-
tactées que dans un seul relevé (occur-
rence égal à 1). C’est une estimation
plus ou moins précise de la richesse to-
tale réelle de la zone échantillonnée,
c’est-à-dire du nombre réel d’espèces
nichant dans cette zone. D’une façon
générale, cette estimation est d’autant
plus précise que le nombre de relevés
effectués est grand. Le degré de cette
(sous) estimation peut être connu grâce
au rapport a/N où «a» est le nombre
total d’espèces n’ayant été observées
que dans un seul relevé et «N» le nom-
bre total de relevés. Dans l’exemple du
Mont Ventoux on a : a = 8 et N =310
donc a/N =0.026
L’échantillon réalisé permet de dessiner
la courbe de la richesse cumulée (dont
la Fig. 5 illustre un exemple sur l’une
des formations végétales du Mont Ven-
toux) de l’avifaune dont le rapport a/N
est une estimation de la pente entre son
dernier point N et son avant-dernier
point N-1.
Lorsque cette pente est nulle (a/N = 0 ; Fig. 5 : Courbe de la richesse cumulée
la richesse totale observée «S» est égale des espèces d’oiseaux nicheurs
à la richesse totale réelle), la courbe est dans une cédraie du Mont Ven-
toux (BLONDEL, 1975).

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Dans le cas du Mont Ventoux, on a donc Carte de répartition


une très bonne estimation de la richesse
réelle du peuplement avien de la zone
des espèces
étudiée. Il faudrait réaliser 100 relevés
supplémentaires pour ajouter 2.6 espè- Chacun des sous-rectangles définis plus
ces nouvelles. haut a reçu en moyenne 3.78 relevés,
ce qui est bien entendu insuffisant pour
La courbe de la richesse cumulée se connaître avec précision l’avifaune de
construit sur le principe suivant : par chacun mais d’autres types d’informa-
tirage au sort on génère un grand nom- tion peuvent être intéressants.
bre de rangements de la série de rele- Les Figures 6 et 7 illustrent le mode de
vés. L’ordonnée du premier point de la répartition de deux espèces de Mésan-
courbe sera égale au nombre moyen ges avec indication des fréquences d’oc-
d’espèces observées dans le premier re- currences rangées en cinq classes. Cette
levé de chaque rangement. L’ordonnée expression semi-quantitative de la ré-
du deuxième point sera égale à la partition rend assez bien compte de la
moyenne du nombre d’espèces obser- situation réelle même si chaque sous-
vées après deux relevés dans chaque rectangle pris individuellement est in-
rangement. On procède de même jus- suffisamment échantillonné car, l’un
qu’au dernier relevé. Le nombre de ran- dans l’autre, les erreurs paraissent se
gements doit être suffisant pour que la compenser et il est fort peu probable
courbe soit bien «lisse» (Fig. 5). qu’un échantillon plus grand modifie sé-
Il est possible en théorie de réaliser cette rieusement ces deux schémas de répar-
opération à la main, mais dans la prati- tition ; tout au plus les précisera-t-il.
que, elle se révèle fastidieuse, et un pe- On notera en particulier les différences
tit programme d’ordinateur permet de de préférendum altitudinal entre la Mé-
«lisser» rapidement une courbe de ri- sange charbonnière et la Mésange
chesse cumulée. noire, laquelle prend le relais de la Mé-
sange Charbonnière aux altitudes plus
élevées.

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Mésange noire

Fig. 6 : Cartes de distribution semi-quantitative (en 5 classes de fréquence) de la


Mésange noire dans le Mont Ventoux (BLONDEL, 1975)

Mésange charbonnière

Fig. 7 : Cartes de distribution semi-quantitative (en 5 classes de fréquence) de la


Mésange charbonnière dans le Mont Ventoux (BLONDEL, 1975)

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L’amplitude d’habitat en
fonction de l’altitude

L’extension altitudinale du Mont Ven-


toux étant de 1500 m environ entre le
piémont (350 m) et le sommet
(1912 m), il était intéressant de préci-
ser la façon dont les oiseaux réagissent
à ce paramètre. La Fig. 8 illustre les pro-
fils écologiques des différentes espèces
de Fauvettes pour la variable considé-
rée. Pour chaque espèce, figurent en
ordonnée le nombre de tranches d’alti-
tude habitées par l’espèce et en abs-
cisse la fréquence d’occurrence réalisée
par chacune.

Fig. 8 : Profils écologiques et amplitude d’habitat pour la variable altitude de 6 espèces


de Fauvettes du Mont Ventoux (BLONDEL, 1975).

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Peuplements d’oiseaux 10 strates de végétation ont été rete-


nues et pour chacune d’entre elles, un
en fonction des échantillon de N relevés a permis de
formations végétales mesurer pour chaque peuplement
(Fig. 9) :
Le troisième exemple porte sur l’examen • la richesse totale (S) observée et
de la réponse des caractères collectifs son degré de précision exprimé par
des peuplements d’oiseaux à quelques la statistique a/N,
variables phytologiques du territoire du
Mont Ventoux, ce qui revient à formu- • le nombre d’espèces contactées
ler un diagnostic de l’avifaune en fonc- par point d’écoute (s) et l’écart-
tion de son environnement végétal. Un type entre parenthèse,
échantillonnage stratifié du territoire a • la diversité du peuplement (H’,
été réalisé en utilisant des cartes de vé- indice de Schannon et Weaver).
gétation préexistantes.

S = 23 S = 15 S = 20 S = 5
s = 10,5 (1.66) s = 6,9 (1.68) s = 10,09 (2.42) s = 2,87 (0.64)
H' = 4,14 H' = 3,58 H' = 3,99 H' = 2,14
a/N= 0,6 a/N = 0,07 a/N = 0,19 a/N= 0,12

S = 27
s = 10,25 (0.96)
H' = 4,29
a/N= 0,58
Fig. 9 :
Composition et
structure des
peuplements
d’oiseaux de 10
S = 13
formations végé- s = 3,78 (1.25)
tales du Mont H' = 3,24
a/N= 0,21
Ventoux (BLON-
DEL, 1975)

S = 23 S = 33 S = 22 S = 19
s = 11,75 (3.45) s = 16,56 (2.36) s = 8,45 (2.46) s = 9,27 (2.64)
H' = 4,37 H' = 4,58 H' = 4,06 H' = 3,97
a/N= 0,25 a/N = 0,19 a/N = 0,6 a/N= 0,04

Le cas du Mont Ventoux est particuliè- la plus riche et la plus diversifiée de ce


rement intéressant puisqu’il constitue massif.
un des plus beaux exemples français de
Le «modèle oiseaux» peut donc être uti-
reconstitution «artificielle» d’une cou-
lisé comme un outil permettant aux
verture forestière. On notera en parti-
aménageurs et aux gestionnaires des es-
culier l’importance des reboisements en
paces naturels de les orienter dans leurs
Cèdre pour les peuplements d’oiseaux
choix.
car cette formation végétale est de loin

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CONCLUSION

Conclusion

Durant de nombreuses années les mé- vis de l’état de l’environnement, ou des


thodes des I.P.A. et des E.F.P. n’ont été « observatoires de la biodiversité ».
utilisées que pour caractériser des peu-
Dans le cadre du BTSA GPN, il serait par-
plements aviens dans des milieux ho-
ticulièrement intéressant d’un point de
mogènes. Or la présence de certaines
vue scientifique et pédagogique que
espèces est directement conditionnée
chaque lycée mette en œuvre de tel
par la juxtaposition de plusieurs types
« observatoire de la biodiversité ». Leur
de formations végétales. La Pie-grièche
mise en place sur un espace permet en
écorcheur a, par exemple, besoin de
effet d’appréhender les techniques
buissons épineux denses pour nicher et
d’études et le plan d’échantillonnage,
empaler ces proies et de milieux ouverts
d’en dégager les principaux résultats en
pour chasser.
terme de richesse et de valeur patrimo-
Les ornithologues ont été très long- niale et de proposer des mesures de ges-
temps désarmés pour décrire correcte- tion, le tout dans une démarche active
ment la structure de ces milieux hété- et engageante de la part des élèves.
rogènes et pour interpréter les réactions
Ces observatoires dépassent le cadre du
des espèces à cette hétérogénéité. Les
seul groupe des oiseaux et peuvent être
méthodes des E.F.P. et des I.P.A. sont ac-
étendus aux insectes, aux autres grou-
tuellement aussi utilisées pour des mi-
pes de vertébrés et aux végétaux et sur
lieux hétérogènes, grâce notamment
des échelles d’espace qui peuvent aller
aux progrès effectués dans le traitement
de la parcelle à un massif proche de
des données.
l’établissement. C’est aussi une oppor-
Enfin, toutes les méthodes présentées tunité pour travailler en étroite collabo-
dans ce document sont standardisées ration avec les associations locales, les
et donc reproductibles à des pas de divers professionnels de la gestion de
temps espacés et par des ornithologues l’environnement (ONC, CSP, ONF...) ou
différents. Les résultats qu’elles appor- encore des universités. C’est surtout
tent permettent de suivre dans le temps l’occasion, promotion après promotion,
l’évolution des effectifs ou de la richesse de faire le point sur l’environnement du
en espèces d’un milieu. Ces méthodes Lycée agricole. Enfin la mise en place
qui ont été mûrement réfléchies et ex- du même protocole dans différents éta-
périmentées sont d’excellents outils blissements ainsi que la comparaison
pour concrétiser ce qui nous manque des résultats obtenus seraient une
cruellement en France, à savoir des sui- source de motivation pour les élèves et
de valorisation de leurs travaux.

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BIBLIOGRAPHIE

Bibliographie

Articles utilisés pour la réalisation de ce tes » - Alauda, 38 (1) : 55-71.


document
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BLONDEL J. ; FERRY C. et FROCHOT B., Nos oiseaux, 35 : 17-21.
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tuels d’Abondance (I.P.A.) ou des rele-
vés d’avifaune par « stations d’écou-

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