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Logique mathématique

S. AZZI
Chapitre 4

1 Récurrence
Le raisonnement par récurrence est un mode de démonstration utilisé pour des propositions
mettant en jeu un entier naturel. Son utilisation (cf. Méthode) est justifiée par la construction
même de l’ensemble N des entiers naturels. En effet, le principe de récurrence utilise une propriété
fondamentale suivante :

“Toute partie non vide de N admet un plus petit élément.”

2 Principe de récurrence
Voici une formulation possible du principe de récurrence :

Propriété 1 (principe de récurrence)


Soit Hn une proposition dépendant d’un entier naturel n. Si on montre que :
– H0 est vraie (étape d’initialisation),
– pour tout n ∈ N, si Hn est vraie alors Hn+1 est vraie (étape d’hérédité),
alors, pour tout entier naturel n, la proposition Hn est vraie.

Démonstration de ce principe à partir de la propriété fondamentale :


On considère le sous-ensemble de N défini par :

A = {n ∈ N, Hn est vraie}.

On veut montrer que A = N. On suppose par l’absurde que A 6= N.


Le complémentaire B de A n’est pas vide, donc, d’après la propriété fondametale rappelée
plus haut, B admet un plus petit élément que l’on note p, qui n’appartient pas à A.
D’après l’initialisation, 0 ∈ A, donc p n’est pas nul.
Comme p est le plus petit élément de B, l’entier défini par n = p − 1 n’appartient pas à B,
donc, il appartient à A. Mais alors, d’après l’étape d’hérédité, l’entier n + 1, c’est à dire p
appartient à A, ce qui est contradictoire.

Remarque 2 La réciproque est vraie : on peut démontrer la propriété fondamentale à partir du


principe de récurrence.

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3 Récurrence forte
Il arrive que cet énoncé ne soit pas suffisant pour démontrer une propriété Hn . On considère
alors la propriété auxiliaire Pn définie par

∀k ≤ n, Hk est vraie.

En appliquant le principe précédent à la propriété Pn , on obtient un autre principe de récurrence


appelé principe de récurrence forte :
Propriété 3 (principe de récurrence forte)
Soit Hn une assertion logique dépendant d’un entier naturel n. Si on montre que :
– H0 est vraie (étape d’initialisation),
– pour tout n ∈ N, si pour tout k ≤ n Hk est vraie, alors Hn+1 est vraie (étape d’hérédité),
alors pour tout entier n, Hn est vraie.
Pour voir un exemple d’utilisation de ce principe, voir la méthode

Exemple 4 Pour un entier n ≥ 2, on souhaite montrer la propriété Hn suivante :


“Un entier n positif admet un diviseur premier”.
– Pour l’initialisation à n = 2, pas de problème : 2 admet 2 comme diviseur premier.
– Soit n ≥ 2 un entier. On suppose que tous les entiers 2 ≤ k ≤ n admettent un diviseur
premier. Si n + 1 est premier, alors Hn+1 est vérifiée (n + 1 est son propre diviseur premier),
sinon n + 1 n’est pas premier et il admet alors un diviseur r, avec 2 ≤ r ≤ n. D’après
l’hypothèse de récurrence, l’entier r admet un diviseur premier qui est alors également un
diviseur de n + 1.
On a donc montré que tout entier n admet un diviseur premier.

3.1 Relation d’ordre


Définition 5 (Relation d’ordre)
On appelle relation d’ordre une relation binaire réflexive, transitive et antisymétrique.

On notera usuellement les relations d’ordre avec les signes ≤, . . .


Une relation d’ordre est essentiellement une façon de classer les éléments d’un ensemble.
Un ensemble E muni d’une relation d’ordre R est appelé ensemble ordonné, et sera noté
(E, R).

Exemples 6
– ≤ 1 est une relation d’ordre sur N.
Démonstration 7
Réflexivité x = x + 0, avec 0 ∈ N .
Antisymétrie si x ≤ y et y ≤ x, on a l’existence de a et b ∈ N tels que x + a = y et
x = y + b. On a donc x = a + b + x d’où a + b = 0 puis a = b = 0. On en déduit x = y.
Transitivité si x ≤ y et y ≤ z, on a l’existence de a et b ∈ N tels que x + a = y et y + b = z.
On en déduit x + a + b = z, avec a + b ∈ N , d’où x ≤ z.
– < par contre n’en est pas une : elle n’est pas réflexive (1 6< 1).
– / (relation de divisibilité) sur N est une relation d’ordre.
– / (relation de divisibilité) sur Z n’est pas une relation d’ordre car elle n’est pas antisymétrique :
−1/1 et 1/ − 1 mais 1 6= −1.
– Soit E un ensemble. ⊂ est une relation d’ordre sur P(E).
– Considérons l’ensemble R2 , et la relation  définie de la façon suivante :
(x, y)  (x0 , y 0 ) Ssi x ≤ x0 ou (x = x0 et y ≤ y 0 )
 est alors une relation d’ordre (il s’agit d’un ordre lexicographique).

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Définition 8 (Relation d’ordre totale)
Une relation d’ordre  est dite totale si et seulement si
∀(x, y) ∈ E 2 x  y ou y  x

Une relation d’ordre est totale si on peut comparer tous les éléments de l’ensemble pris deux à
deux.
Un ensemble muni d’une relation d’ordre total est appelé ensemble totalement ordonné.

Exemples 9
– ≤ sur N est une relation d’ordre totale.
– Soit E un ensemble. Nous avons vu que ⊂ est une relation d’ordre sur P(E). Néanmoins, cet
ordre n’est en général pas total. Soit par exemple E = {a, b}. Considérons {a} et {b} deux
parties de E. On n’a ni {a} ⊂ {b} ni {b} ⊂ {a}.

4 Majorant et minorant, Borne inférieure et supérieure,


Maximum et minimum
Soit (E, ) un ensemble ordonné. Soient A une partie de E et M, m ∈ E.

Définition 10 1. M est un majorant de A si et seulement si ∀x ∈ A; x  M .


2. m est un minorant de A si et seulement si ∀x ∈ A; m  x.
3. Le plus petit des majorants de A s’appelle la borne supérieure de A et se note supA.
4. Le plus grand des minorants de A s’appelle la borne inférieure de A et se note inf A.
5. Si supA ∈ A, alors maxA = supA et si inf A ∈ A, alors minA = inf A.

1. que l’on peut définir de la façon suivante : x ≤ y Ssi ∃n ∈ N y = n + x

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