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"MICROSTRUCTURES"

DISPOSITIFS STRUCTURAUX À L'ÉCHELLE DES AFFLEUREMENTS


(exemples principalement en Chartreuse).

Les roches des massifs subalpins (et notamment de la Chartreuse), étant toutes d'origine
sédimentaire, étaient originellement disposées en couches horizontales. Mais le
raccourcissement horizontal qui est responsable de la surrection de ces massifs a évidemment
perturbé cette situation : le résultat le plus commun et le plus simple de ce raccourcissement est
le plus souvent que les couches ont été basculées. La direction et la valeur angulaire de ce
basculement sont les deux paramètres qui définissent le "pendage" qu'ont ainsi acquis les
couches. Noter la valeur de ces deux paramètres est la première observation que fait le
géologue qui arrive sur un affleurement (il utilise pour cela une boussole spécialement adaptée,
dotée d'un système de mesure des pentes).

On désigne d'autre part sous le nom de "microstructures" les dispositions tectoniques


observables à l'échelle d'un affleurement (donc de dimensions millimétriques à métriques).
En ce qui concerne la Chartreuse les fascicules de description d'itinéraires attirent à plusieurs reprises
l'attention du lecteur sur de telles structures locales, lorsqu'elles sont suffisamment visibles et intéressantes
à observer. Comme il n'y en a pas une très grande gamme de variétés on peut en donner ici un petit
inventaire commenté.

LES STRUCTURES MICROTECTONIQUES

Les principaux types de microstructures que l'on rencontre assez fréquemment en Chartreuse
et dans les massifs subalpins sont les suivants :

1 - Diaclases

Il s'agit de fissures de la roche, qui sont dues aux pressions qu'elle a subi. Ces fissures
affectent surtout les roches calcaires, notamment les plus massives (Tithonique et Urgonien).
Lorsqu'elles s'ouvrent, notamment sous l'effet du gel, elles fragmentent les bancs et les débitent
selon des surfaces planes d'orientation variable, le plus souvent perpendiculaires au surfaces de
strates (débit en moellons). Sur les dalles calcaires peu inclinées les diaclases dirigent souvent
le tracé des crevasses des lapiaz.
:
GÉOL GÉNÉ SECTIONS

Réseau de diaclases sur les dalles de marno-calcaires du Berriasien inférieur du flanc ouest de l'anticlinal
du couvent, au col de la Ruchère.
autres exemples dans les pages Rouinon (section Gap-Digne), Reyssole (section Embrunais-Basse Ubaye)

Une famille de diaclases particulièrement répandue dans le massif est celle dont l'orientation
est voisine de N110° : elle est perpendiculaire aux directions d'axes des plis et traduit donc une
fissuration par étirement selon l'axe de ces derniers : c'est un autre symptôme de cet étirement
N-S qu'a subi le massif et qu'expriment par ailleurs ses décrochements (voir la page
"structures").

- D'autres fractures de la roche, appelées des "fentes", sont analogues aux diaclases mais
celles-ci sont béantes de un millimètre à quelques centimètres. Elles sont remplies de minéraux
cristallisés : il s'agit de calcite, dans la grande majorité des cas en Chartreuse, en raison de la
composition carbonatée de presque toutes les roches.
image sensible au survol et au clic
:
Strates du Lias au Mont Joly (versant nord-ouest du Mont Géroux) aux abords méridionaux du massif du
Mont Blanc.
Les strates sont difficiles à distinguer (on ne les a soulignées qu'à certains endroits) : les bancs calcaires se
repèrent à la présence de fentes de tension remplies de calcite (cela témoigne de l'étirement horizontal subi
par la roche).
Les surfaces de stratification (S0) correspondent à des interfaces calcaires argileux / schistes argilo-
calcaires ; elles
sont également repérables par une brutale réfraction de la schistosité (S1), qui bascule fortement vers la
gauche dans les lits plus marneux, tandis qu'elle est proche de la verticale dans les bancs calcaires (cela
témoigne d'un cisaillement tel que la partie haute de la pile de strates s'est déplacée vers la gauche, par
rapport à sa partie basse).

2 - Surfaces de friction

Elles se reconnaissent à la présence d'un enduit calciteux fibreux, lequel, vu à plat, se révèle
formé d'écailles, imbriquées selon le sens du mouvement relatif des deux blocs séparés par la
surface. Ces écailles sont garnies de stries qui sont, quant à elles, orientées selon la direction du
mouvement.

De telles surfaces de friction se rencontrent souvent sur les surfaces de stratification des
couches calcaires (Tithonique, Calcaires du Fontanil et Urgonien) car elles ont glissé les unes
sur les autres à l'occasion du plissement (qui se fait, dans ce cas, selon le mode "concentrique").

Origine des surfaces de friction portées


:
par les strates :

Elles résultent d'un glissement strate sur


strate.
C'est là un des processus les plus fréquents
de déformation de la pile de strates dans un
pli : les couches extérieures glissent vers la
charnière par rapport aux couches intérieures
(les stries sont donc perpendiculaires à l'axe
du pli).

Des surfaces de friction garnissent aussi les surfaces de failles, y compris (et peut-être
surtout) celles des petites fractures à très faible déplacement : il ne faut donc pas conclure de
l'observation d'une surface calciteuse striée que l'on est en présence d'une cassure importante
(c'est l'ampleur du décalage, ou "rejet", qui est le critère fondamental d'un tel accident).

3 - Schistosité

Ce type de déformation se manifeste par un feuilletage bien parallèle, à espacement


centimétrique ou millimétrique. Il est dû à un écrasement de la roche, ce qui n'apparaît, en
Chartreuse, que dans les niveaux les plus argileux et s'y limite pratiquement aussi aux seules
roches de la partie basse de la série (Berriasien et en dessous), car ce sont celles qui, supportant
les autres, ont été les plus compressées.

Idéalement la schistosité se dispose perpendiculairement à la direction de raccourcissement


tectonique : en Chartreuse elle est donc orientée presque N-S. Son inclinaison est parallèle au
plan axial des plis si ceux-ci se forment par simple écrasement cisaillant de la roche ; dans les
faits elle est toutefois assez variable car, en Chartreuse notamment, le plissement s'est fait en
grande partie par cintrage des bancs : de ce fait sont intervenus des mouvements relatifs des
couches, ce qui est à l'origine de grandes variations dans l'attitude (et notamment le pendage)
:
de la schistosité dans les flancs des plis ("réfraction" etc..).

De la schistosité (ou un feuilletage pouvant lui être apparenté) se développe aussi, plus
localement, le long d'accidents tectoniques cassants (failles diverses et surtout
chevauchements). Sa disposition vis-à-vis de ceux-ci permet d'en déterminer le sens du
mouvement.

L'apparition de la schistosité est liée à une redistribution de la matière dans la roche. Les
migrations que cela implique se font avant tout par deux processus distincts :
1 - sous des conditions de pression et de température très peu élevées (comme c'est le cas en
Chartreuse) cela se fait par dissolution - recristallisation de la calcite. C'est pourquoi ce sont
surtout les marnes qui y sont le plus sensibles (les cristaux d'argile et les nouveaux cristaux de
calcite se disposent à plat dans le plan d'aplatissement de la roche).
2 - sous des conditions de pression et de température plus élevées (comme c'est le cas dans les
massif cristallins ou dans les zones internes alpines) la migration est occasionnée par les
déplacements atomiques liés à la recristallisation métamorphique : presque toutes les roches qui
n'étaient pas formées initialement d'un seul minéral vont voir leurs nouveaux cristaux s'orienter
selon le plan d'aplatissement de la roche.

Rapports géométriques entre plis et schistosité :


voir la page spéciale

4 - Roches broyées

Elles sont formées par la fracturation locale induite par la friction entre deux compartiments
de faille en mouvement.

Les "brèches tectoniques" (ou "brèches de faille", ou "Kakirites") sont constituées de


fragments centimétriques anguleux, centimétriques à décimétriques, réunis par une purée de
roche plus ou moins consolidée selon les cas : elles dérivent de roches qui se sont brisées sans
s'écraser (calcaires).
:
Brèche de faille et miroir : lèvre nord de la fracture principale de la faille de décrochement du couloir
ouest du Petit Som).
:
Vue plus rapprochée montrant la brèche de faille de la faille de décrochement du couloir ouest du Petit
Som.

Vue
rapprochée
de la brèche
de faille.
(faille de
décrochement
du couloir
ouest du Petit
Som).
:
Les "mylonites" (sensu lato) sont au contraire feuilletées. Elles se forment lorsque la nature
de la roche, plus argileuse, a permis que ses fragments soient aplatis et étirés (par le jeu de la
recristallisation du calcaire).

image sensible au
survol et au clic
La mylonite
de la faille de
chevauchement
de la Saucisse,
à Grenoble, le
long du
chemin
montant à la
Bastille par
l'église Saint-
Laurent.

Dispositions microstructurales associées aux failles

voir les pages annexes suivantes :


a) Microstructures des lèvres de failles ;
b) Microstructures des couloirs de failles .

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