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La Notion de Personne en Afrique Noire Roger Bastide, Germaine Dieterlen
La Notion de Personne en Afrique Noire Roger Bastide, Germaine Dieterlen
75 ()()5Paris
Editions L'Hannattan
5-7 rue de l'Ecole-Polytechnique
EN AFRIQUE NOIRE
LA NOTION DE PERSONNE
Ce document est la propriété exclusive de wanderson flor do nascimento (wandersonn@gmail.com) - 28 avril 2012 à 21:58
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Participants étrangers:
Participants français:
ALLOCUTION D'OUVERTURE
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était important. Bien qu'il n'ait pas fait de sa part l'objet d'un questionnaire
systématique, il faisait partie de son enseignement, riche foisonnement de
renseignements ethnographiques, de culture occidentale, en même temps que
des produits de sa curiosité d'esprit.
Ce problème a été, vous le savez, également abordé par son successeur,
le professeur Maurice Leenhardt, qui a publié un ouvrage traitant de la
{~).
notion de personne chez les Canaques
Donc, nous étions déjà amenés à penser que les problèmes qui nous
seraient posés sur le terrain - même en regard des questions plus classiques
envisagées à l'époque - comporteraient certainement l'examen de divers
aspects de la notion de personne, même si nous n'y étions qu'accessoire-
ment préparés. Pendant les enquêtes la chose s'est présentée de façon paral-
lèle. Elle s'est imposée progressivement à nous. Il faut ici rappeler que
les missions dirigées par M. Griaule ont été confrontées, dès le début, avec
les cérémonies spectaculaires des Dogon: il y a peu de populations où les
sorties de masques, les funérailles et cérémonies qui entourent la mort
soient aussi démonstratives. Il ne faut donc pas s'étonner que les premiers
travaux aient consisté justement à analyser les cultes funéraires, les sociétés
de masques et parallèlement le culte des ancêtres, en même temps qu'étaient
étudiées l'implantation territoriale, l'organisation sociale, les techniques, la
langue, etc.
Dès le début se sont posées des questions relatives au sujet: il a
été abordé dans tous les articles et les ouvrages consacrés aux Dogon,
dans des chapitres plus ou moins longs, avec des développements plus ou
moins grands. Naturellement l'étude s'est poursuivie au fur et à mesure
du déroulement des enquêtes: toutes les premières publications qui ont
suivi les missions d'avant-guerre et même d'après-guerre ont abordé la
notion de personne: Marcel Griaule, Solange de Ganay, Denise Paulme,
Deborah Lifchitz, Michel Leiris, J.P. Lebeuf, Dominique Zahan, Gene-
viève Calame, etc.
D'autres articles ont ensuite paru sur des sujets spécifiques: l'impu-
reté, le sacrifice, le matériel rituel ou profane, la cosmologie, etc. Plus
tard, ceci s'est encore développé lorsque les missions Griaule ont abordé
l'étude des Bambara, des Bozo, des Malinké, des Kouroumba, et ont mené
leurs enquêtes jusqu'au Tchad. Bien entendu cela s'est enrichi, au fur et
à mesure, de lectures d'articles et d'ouvrages réalisés par d'autres cher-
cheurs travaillant en Afrique Noire qui avaient reconnu, eux aussL l'intérêt
du sujet. Il s'est ainsi révélé de plus en plus important.
Je vous ai apporté une note manuscrite que j'ai trouvée dans les docu-
ments inédits de Marcel Griaule, pour conclure la première partie de ce
Il
que j'avais à vous dire. Elle n'a pas encore été publiée: «La personne
- ce sont des notes prises au courant de la plume - problème central:
l'étude de toutes les populations de la Terre ramène finalement à une
étude de la personne. Quelle que soit J'idée que l'on se fasse d'une société,
quels que soient les rapports réels ou imaginés que soutiennent les indi-
vidus ou les communautés, il n'en reste pas moins qu.e la notion de personne
est centrale, qu'elle est présente dans toutes les institutions, représentations
et rites et qu'elle en est même souvent l'objet principal. Il se peut que cette
proposition aille à l'encontre des idées reçues concernant l'individu et son
indépendance à l'intérieur des sociétés «primitives» e~). Le développe-
ment de cette indépendance paraît impossible dans le climat de solidarité
constaté actuellement dans ces milieux. On suppose, peut-être gratuite-
ment, qu'il faut des moments exceptionnels pour créer des conditions de
fonnation d'individualités, par exemple comme celles des chefs. Et encore,
ne voit-on là que la projection, dans un contenant rare, de tous les éléments
formant la communauté. Le chef serait le vicaire ou le substitut du groupe
ce qui revient à ne reconnaître sa personne que comme une somme indi-
visible, exactement comme on conçoit le groupe. Il faudrait attendre un
élargissement des perspectives tribales pour observer les premières mani-
festations de l'individualité: migrations qui mettent le groupe de migrants
dans l'obligation de se concevoir autre que le noyau dont il se sépare;
formation des agglomérations; apparition de classes qui constituent des
fractions de plus en plus différenciées obéissant à des règles remaniées. Le
développement des techniques contribue aussi à précipiter ces phénomènes.
Elevage, agriculture, artisanat. ~rout cela est possible et au demeurant je
me suis défendu d'aborder le problème historique pour le moment. II
nous suffira de constater que dans les sociétés de ce type, dont la structure
ne semble pas avoir été sérieusement modifiée, la notion de personne est
d'une importance capitale».
Le problème que je viens d'évoquer dans le passé, nous l'avons vécu
au sein du Groupe de recherche Il du C.N .R.S. qui s'intéresse aux reli-
gions d'Afrique Noire. Un très grand nombre de nos collègues ont été
confrontés aux conceptions reJatÎves à la personne dans les ethnies où ils
poursuivaient leurs enquêtes, exactement comn1e nous l'avions été autrefois.
Nombre d'entre eux exposèrent le problème au cours des séminaires qui
se tenaient à l'Ecole des Hautes Etudes. Je ne peux que souligner à que]
point ces séminaires ont été utHes~ car le problèn1e de la personne a
été évoqué très souvent et commenté par des- auditeurs dont les compétences,
ne se IÏmitant pas à l'aire culturelle que je viens d'évoquer, débordaient
largement r Afrique. Ils ont apporté leur optique, leurs renseignements~ leurs
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Germaine DIETERLEN.
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Colloques Internationaux du C.N.R.S.
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N 1\
544. - LA NOTION DE PERSONNE EN AFRIQUE NOIRE
INTRODUCTION
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nismes bien connus de projection inconsciente de soi sur l'autre et, dans
ses descriptions apparemment les plus objectives, introduit une conception
du moi, du sujet, du corps et de l'âme héritée de sa propre culture.
Sans le formuler explicitement, Lévi-Strauss a profondément mesuré
ce risque en montrant que les démarches intellectuelles mises en œuvre
dans le totémisme des sociétés «archaïques» auraient perdu en grande
partie de leur mystère si les ethnologues qui s'en étonnaient s'étaient avisés
que dans notre civilisation «chaque individu avait sa propre personnalité
pour totem» (3). Quel que soit le groupe de faits sociaux étudiés, il n'est
peut-être pas de meilleur moyen pour évjter le piège de l'ethnocentrisme
que de prêter une attention scrupuleuse aux représentations indigènes
concernant le sujet, le corps et tous les principes ou entités qu'on classe
ordinairement sous la rubrique «âme». Pour peu que le chercheur sache
l'entendre, le discours de la «pensée sauvage» sur l'être de l'homme aura
pour effet en retour de lui permettre de prendre un véritable recul par
rapport au credo métaphysique de base que lui a légué sa propre culture
en pareil domaine.
Un véritable travail d'auto-analyse commencera ainsi pour lui comme
homo ethnographicus et il verra avec beaucoup plus de netteté que, loin
d'être fondée sur des concepts ou de prétendues «données immédiates de
la conscience», la conception occidentale de la personne repose sur un
ensemble de croyances qui n'est ni plus rationnel, ni plus naturel que
l'ensemble des représentations sous tendant l'image de l'homme que s'est
construite la «pensée sauvage» ou sous-jacent à des institutions, comme
le totémisme, le culte des ancêtres ou la sorcellerie.
Ce n'est pas un ethnologue, mais un théoricien de la psychanalyse qui
a su avec le plus de vigueur marquer la forme de naïveté ethnocentrique
à laquelle est nécessairement conduit l'analyste de la pensée «primitive»
lorsqu;n se transporte dans son champ d'étude avec la conviction que dans
l'évolution de la pensée occidentale, le moi et la personne sont devenus
des idées claires et distinctes: «seule la mentalité antidialectique d'une
culture qui... tend à réduire à l'être du moi toute l'activité subjective peut
justifier l'étonnement produit chez un Van den Steinen par le Bororo qui
profère: «J e suis un ara» ». Et tous les sociologues de la «mentalité
primitive» de s'affairer autour de cette profession d'identité qui pourtant
n'a rien de plus surprenant pour la réflexion que d'affirmer: «Je suis
médecin»... et présente sûrement moins de difficultés logiques que de
promulguer: «Je suis un homme» ... (4). Si le moi est par essence le
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rents. N'aurait-il pas été plus intéressant de ne retenir qu'un des usages du
terme, l'un des moins imprécis? Parce qu'il est trop marqué par l'histoire
du Christianisme, l'on pouvait à priori exclure l'usage qu'il a pris en théo-
logie avec le sens de «substance rationnelle, indivisible et individuelle».
Mais le choix restait possible entre plusieurs autres usages différenciés. On
pouvait opter pour l'usage juridique, le plus proche du sens du mot grec
prosopon, dont dérive probablement le mot étrusque perso, puis le mot
latin persona. Prise dans cet usage, celui-là même retenu par Mauss dans
la plus grande partie .de son étude, la notion de personne impliquait une
recherche sur les liens possibles entre l'idée de rang, de statut, de dignité
ou d'état, d'une part, l'idée de masque (celui qu'on porte devant soi
ou à travers lequel résonne la voix de l'acteur (6», de porteur de
masque, ou encore de personnage jouant un rôle dans un drame
social et sacré, d'autre part. On pouvait également retenir l'usage moral
et psychologique du terme, la personne impliquant ici l'idée d'un être
individuel, conscient de soi, raisonnable et responsable, capable, quels que
soient son « état» ou sa condition, de se déterminer par des motifs dont il
puisse justifier la valeur devant d'autres êtres raisonnables. Enfin le choix
pouvait porter sur la catégorie voisine du «moi» à laquelle, depuis Fichte,
la catégorie de la personne finit par s'identifier (7).
Certains membres du GR Il estimaient qu'il était préférable de res-
treindre ainsi le sujet du Colloque et de limiter l'investigation à l'une ou
l'autre des acceptions de la notion de personne. Mais, après de nombreuses
discussions, une opinion majoritaire se dessina pour laisser toute liberté
aux participants dans le traitement du thème proposé. Il apparut, en effet,
qu'en prenant pour point de départ l'un des sens que la tradition occiden-
tale a donné à la notion, l'on risquait de s'enfermer dans une problématique
d'inspiration judéo-chrétienne qui était peut-être complètement étrangère
aux modes de pensée des sociétés d'Afrique Noire. Dans une première
étape, il était indispensable que les chercheurs puissent aborder l'étude de
la notion sous tel ou tel de ses aspects, celui-là même sous lequel les maté-
riaux recueillis se laisseraient le mieux analyser.
Si une problématique spécifique existait, liée à cette notion, qui soit
propre à l'Afrique, ou à telle ou telle de ses aires culturelles, ce serait pré-
cisément le but du Colloque de la dégager en termes précis afin de la
proposer comme prochain thème pour une éventuelle réunion scientifique
ultérieure.
Mais une autre objection se présentait. Si le but du Colloque était de
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2. Composition de l'ouvrage.
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(8) Vingt-cinq si l'on traite comme des entités différentes les Yoruba de dia-
]ecte oyo et les Nago respectivement étudiés par M. W. Abimbola, d'une part, par
Mme et M. Dos Santos, d'autre part.
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Trois directions de recherche ont prévalu. Pour les uns, le but recherché
était de restituer aussi fidèlement et aussi complètement que possible les
systèmes de pensées ou de représentations indigènes et d'en dégager la cohé-
rence interne. Le champ des problèmes abordés dans cette perspective est
très vaste et recouvre presque totalement les différents aspects de la notion
de personne que nous avons rappelés plus haut. Si l'accent fut surtout mis
sur l'image du corps et les différentes composantes «psychiques» de l'indi-
vidu, les notions de personnage, de personnalité ou de caractère furent
également considérées et analysées. Ce qu'on pourrait appeler «l'eschato-
logie » de la personne (préexistence de l'âme au corps, choix pré-natal
du destin, devenir des âmes après la Inort) est l'un des autres thèmes qui
retint particulièrement l'attention. Dans l'ensemble de ces travaux centrés
sur l'étude des représentations, les vastes et impressionantes synthèses qui
nous furent données sur les Malinké, les Bambara et les Dogon occupent
une place à part car la conception de la personne et en particulier l'image
du corps y furent étudiées en liaison directe avec la cosmogonie.
Pour une autre catégorie de chercheurs, il s'agissait moins de dégager
la cohérence d'une doctrine que d'analyser comment telle ou telle notion
liée à la personne est comprise et utilisée dans un cadre institutionnel précis
ou en tel 'ou tel point du système des relations sociales.
Enfin, pour un petit nombre de participants, le souci majeur fut de
chercher à repérer derrière les modèles indigènes une structure inconsciente
plus profonde.
Les participants qui n'avaient pas eu l'occasion d'enquêter de manière
systématique sur le thème de la personne furent naturellement enclins à
adopter la seconde optique. Pour expliquer le choix des uns et des autres,
on peut également invoquer des différences tenant à la nature même des
sociétés étudiées quant au degré de raffinement ou de cohérence de leurs
spéculations centrées sur la personne. A propos des Tallensi, Songhay-
Djerma et des Rausa, Meyer Fortes, Olivier de Sardan et Piault ont
souligné ce point en faisant remarquer que face à la complexité des pra-
tiques rituelles, les représentations concernant la personne paraissaient rela-
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tivement pauvres; d'autant plus pauvres qu'on les mesurait à l'échelle « des
édifices majestueux» construits par les sociétés dogon, malinké et, dans
une moindre mesure, yoruba.
Mais la différence des optiques tient aussi, et pour une large part,
à des options théoriques et méthodologiques divergentes où l'on retrouve
parfois des divergences d'école (fonctionnaliste ou structuraliste).
Des discussions eurent lieu sur ces problèmes d'orientation théorique
et méthodologique. Si elles ont trop souvent tourné court, cela tient prin-
cipalement au fait que les conférenciers ont pour la plupart négligé de
rappeler leurs exigences de principe en matière d'explication ethnologique,
puis, ce modèle idéal défini, d'indiquer clairement la portée et les limites
de leurs contributions. Ces précisions préalables auraient évité' bien des
malentendus: au lieu de prendre acte de divergences irréductibles, on
serait peut-être parvenu à dégager des liens de complémentarité entre ces
différentes approches.
Des représentants de ce que nous appellerons la première tendance, on
eut aimé savoir quelle est la place et la portée qu'il convenait, selon eux,
de donner aux constructions spéculatives et aux mythes indigènes dans
la connaissance ethnologique qu'on peut prendre d'une société. A cette
question, je pense que deux types de réponses auraient été apportés.
Certains chercheurs auraient volontiers reconnu qu'il n'y avait pas
lieu d'accorder un privilège absolu au niveau stratégique qu'ils avaient
choisi et au genre de matériaux qu'ils avaient collectés. Exprimée à la
première personne, leur argumentation aurait probablement pris la forme
suivante: nous avons relevé des traces nombreuses d'un système de pensée
fortement structuré à propos de la notion de personne et nous nous sommes
assignés comme but quasi-exclusif d'en restituer toutes les articulations et
d'en rendre toute la richesse. Ce faisant, nous sommes prêts à admettre
que ce système n'est pas connu de tous mais seulement d'un nombre
restreint de «docteurs indigènes». Certes ce système présente à nos yeux
d'autant plus de valeur qu'il fournit l'explication la plus économique et la
plus élégante des pratiques rituelles nombreuses liées à la personne. Néan-
moins, il ne permet pas d'expliquer toutes ces pratiques et il n'épuise
pas le sens de toutes celles qu'il contribue à expliquer.
Mais d'autres chercheurs de la même tendance auraient probablement
donné une réponse plus ambitieuse. C'est du moins ce qu'on peut induire
de leurs communications puisqu'on y fait clairement entendre qu'il n'est
pas de geste ou de formule rituelle, qu'il n'est pas d'institution qui ne
trouve son explication dans tel ou tel épisode du mythe d'origine.
Face à cette dernière attitude, la critique d'inspiration fonctionnaliste
reprend ses droits. En rassemblant des matériaux de provenance diverse
et en les intégrant dans un discours unique, est-ce qu'on ne risque pas de
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Dans Oedipus and Job, M. Fortes avait su établir qu'en Afrique occi-
dentale, la notion de chance et de malchance était intimement associée à
(9).
l'idée d'une destinée choisie par «l'âme» dans sa vie pré-terrestre
Plusieurs études de cet ouvrage montrent tout le bien fondé de cette thèse.
Autour de cette notion de choix prénatal, on trouve chez les Yoruba,
(9) FORTESM., Oedipus and Job in West African Religion. Cambridge, University
Press, 1959, 81 p.
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les Tallensi, les Sarno et les Gourmantché des croyances extrêmement voi-
sines. Quelque chose de l'individu qui lui préexiste choisit son futur destin
terrestre et c'est en invoquant ce choix que le devin peut expliquer les
succès répétés des uns, les échecs en série des autres dans des domaines
aussi divers que l'acquisition des richesses, la recherche du pouvoir ou le
désir de procréer. Certaines «âmes» ne demandent rien, d'autres deman-
dent trop, certaines encore choisissent un destin funeste (la maladie, la
stérilité ou la mort).
Ces versions africaines du mythe d'Er nous fournissent une riche
matière comparative et il serait intéressant d'étudier notamment les
variations de ce même complexe de croyances quant aux possibilités
rituelles prévues par les différentes sociétés pour infléchir cette destinée
dans un sens favorable. L'approfondissement de cette doctrine nous ramè-
nerait peut-être à l'idée d'un signe individuel inscrit dans le placenta.
C'est en tout cas ce que suggèrent les études consacrées aux Yoruba et
aux Gourmantché.
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7. L'homme et le monde.
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M. CARTRY.
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..
D
OUVRAGE.
19. SAMO-. 20. SONGHAY. 21. TALLENSI - 22. YORUBA - 23. ZARMA.
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Colloques Internationaux du C.N.R.S.
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LE PRINCIPE D'INDIVIDUATION
(contribution à une philosophie africaine)
Roger BASTIDE
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Il est évident que l'Africain se définit d'abord par sa position, il est fils
cadet ou fils aîné, il est mari, il est père, il est chef. Quand on lui demande
ce qu'il est, il se situe dans un lignage, il marque sa place dans un arbre
généalogique. Mais il faut bien noter que ces statuts définissent l'individu
dans ses relations avec quelque chose qui lui est extérieur, l'ordre social
dans lequel il s'insère. Certes chaque statut étant lié à un rôle, le statut
détermine certaines attitudes, certains comportements, modèle donc la con-
duite, et par delà la conduite, l'affectivité ou la mentalité. Il n'en reste pas
moins qu'au cours de sa vie, une même personne change de statut; il est
d'abord enfant, il passe ensuite au statut d'adulte, d'époux, de père, de
vieillard. Bref, on change de personnage. Ce qui ne change pas, c'est
l'ordre lui-même, en tant qu'il constitue une certaine structure globale
de la société. Ce qui fait que si nous voulions trouver le principe d'indivi-
duation à partir des rôles joués ou des personnages, la seule unité que
nous atteindrions serait celle de la société globale. Saisir l'Africain comme
personnage, c'est le saisir en tant que masque. Mais derrière les masques,
il faut bien qu'il y ait le visage. Le fait que les individus s'organisent dans
un même univers prouve qu'à côté de l'individualité de la personne_ il y
a, à un autre niveau, l'unité dernière des choses. Il ne peut par contre
détruire cet autre fait que les individus, changeant de statuts au fur et
à mesure de leurs promotions, constituent aussi des « unités ».
Au fond, ce qui se passe pour les Africains n'est pas très éloigné
de ce qui se passe chez nous. Les psychologues qui se sont posés le pro-
blème de l'unité et de l'identité de l'individu accrochent cette unité et cette
identité à des éléments sociaux, la permanence d'un nom, l'existence d'un
curriculum vitae, la possession d'une Carte Nationale d'Identité. Sinon,
nous sommes comme le couteau, dont on a d'abord changé le manche,
puis, plus tard, la lame, et dont nous disons qu'il est le même couteau,
alors qu'en fait aucun des éléments anciens ne demeure... Mais nous dirions,
quant à nous, que ces éléments sociaux, comme les évènements de la divi-
nation, ne sont que des signes; ils n'ont de réalité, significative d'unité ou
d'identité, que parce qu'ils renvoient, par delà, à l'individuation d'un sujet.
Le second chemin suivi ne nous paraît donc pas pouvoir nous conduire
beaucoup plus loin que le premier; il nous montre que la matière, pour
se réaliser dans la vie concrète, doh passer par la forme ou une succession
de formes unifiantes; mais unifiantes de quoi? Ce n'est pas, comme chez
St Thomas, par soi-même que la forme du statut devient particulière et
déterminée. Et s'il est vrai qu'il est impossible de saisir un individu en
dehors de son rapport avec les autres, ce n'est pas qu'il soit cet ensemble
de relations, c'est qu'en tant que sujet individuel ,il est impliqué dans un
ordre qui le dépasse, de dépendances réciproques (4). Ce qui est tout autre
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(5) Par exemple John S. MBITI. A Irieans Religions and Philosophy, Londres -
Ibadan - Nairohi. 1969.
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Yoruba les filles du Feu, les filles de l'Eau, les filles de la Terre, et par là
une certaine identification aux qualités du feu, de l'eau, de la terre. L'entrée
dans une Confrérie traduit le passage de l'adjectif qualificatif en substantif
ontologisé. Mais ce n'est pas le seul cas de rapport possible entre l'indi-
viduel et le générique. L'étude de l'organisation sociale des Africains nous
montre qu'en plusieurs de ces formes d'organisation, le caractère des indi-
vidus est déterminé, en quelque sorte topologiquement, par leur naissance
dans telle ou telle moitié, tel ou tel quartier; suivant en effet que l'on est
du quartier du haut ou du bas, on fera montre d'un caractère plus viril
ou plus féminisé - plus guerrier ou plus sensible (10). Nous retrouvons
ainsi, à un autre niveau, le pluralisme. Ici des «genres» dont l'individu
n'est qu'un cas particulier. Et la solution naturellement de l'antinomie
plural-singulier est du même type que celle qui nous est apparue valable
pour la notion de personne. L'unité de l'individu peut se traduire par une
formule, qui énumèrera les diverses espèces qui le subsument; c'est pour-
quoi d'ailleurs il reçoit plusieurs noms, chacun d'eux le rangeant à l'inté-
rieur d'une de ces catégories. Les noms ne créent donc pas la personnalité,
ils sont seulement les marques qui l'identifient à une classe et s'ils sont
multiples, c'est que nous rentrons dans toute une série de classes différentes.
Ainsi se dégage, à côté d'une logique de la relation, une logique de l'attri-
bution, lorsque l'on passe de la notion de personne à celle d'individualité
singularisée. Dans les deux cas certes, et c'est ce qui fait que les solutions
sont analogues, nous n'avons d'unités que structurelles; mais pour ce qui
est de la Personne, il s'agit d'une structure de relations entre des principes
vitaux extérieurs et intérieurs et quant à leurs vies dans l'intérieur, de leurs
rapports dialectiques. Pour ce qui est de l'individu, il s'agit d'une structure
de classifications (avec cette différence par rapport à nous peut-être qu'il
ne s'agit point de classes qui s'emboîtent, auquel cas d'ailleurs l'individu
ne pourrait finalement pas expliquer sa singularité - mais de classes indé-
pendantes, appartenant à des systèmes divers de classifications, écologiques,
sociales, cosmologiques, métaphysiques, ce qui fait que la singularité résulte
de la formule, qui change d'une personne à l'autre, de ses appartenances).
On sera peut-être étonné qu'après avoir proclamé la spécificité du prin-
cipe d'individuation en Afrique, nous l'avons toujours traduit en termes
occidentaux. C'est qu'il n'y a qu'une seule Raison qui pense partout par
concepts et images ou par symboles et signes. Ce qui fait que, pour mieux
se faire comprendre, il est toujours loisible de transcrire un même processus
logique, ou philosophique, en des systèmes conceptuels, équivalents quant
à leurs significations profondes.
, ,
E~U BARA, PRINCIPLE OF INDIVIDUAL LIFE
IN THE NÀGO SYSTEM
Résumé
Après une courte analyse des caractéristiques principales des composantes de
la personne humaine dans le système N àg6 - chacune de ces composantes étant
représentée comme détachée ou dérivée d'une entité ou matière originelle -
la comn1unication qui suit traHe des représentations associées à È~'Ù Bara. Comme
tous les autres éléments constitutifs de la personne humaine, È~Ù a deux aspects:
sous son aspect collectif, il représente le principe dynamique de l'existence indivi-
dualisée et de la communication; sous son aspect individuel, il représente l'élément
moteur du destin personnel. Chaque individu porte en lui-même son propre È~Ù qui
l'a amené à l'existence et qui lui pern1ettra de se développer, de se reproduire et
d'accomplir son cycle de vie. È~'Ù symbolise le procréé; il est lié à l'émergence de
l'existence différenciée.
(1) Juana ELBEIN DOS SANTOS & Deoscoredes M. DOS SANTOS, È~Ù Bara Laroyè
- a conlparative study, Institute of African Studies. University of Ibadan, May 1971.
(2) The name NàgÔ or A nàgo denotes a Y orÙbâ ethnic sub-group which has
acquired in Brazil a far wider connotation. Like the word Y orÙbâ for Nigeria and
Luculni for Cuba. the word NÛg(1 has come to apply collectively to all those groups
linked by a cornlnon language.. claiming mythical descendence from a common
progenitor. OdÙduwà and who migrated from a mythical place of origin. I/~ Ifè.
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quence of his synlbolical role and of the structure of some Yorùbd entities
in particular.
These entities simultaneously represent: (a) an aspect of the cosmos,
either one of its fundamental elements such as air, water, earth, fire, or
combinations or interactions of these, mud, wind, rainbow, etc.; and its
personified, mythical, collective symbols whose genesis and mythology are
preserved in the oracular textes of the Odù lid (al; (b) a social aspect,
illustrated by the myths and dramatized during the rituals; and (c) an
individual aspect, as they are component elements of the person~ this aspect
being evidenced by liturgical practice and sustained by the traditional texts.
To each of these entities was delegated a specific mission which
contributed to the formation of the world and of the beings which inhabit
it, and which define and establish the principles governing the world,
human beings and their mutual relationships. Each orl~à, r:bQra or irun-
malg (41 has a cosmic, social and personal function. To his role in the
cosmos corresponds one in the group and in the individual. Each entity
can act separately at anyone of the three levels or simultaneously at all
three.
Although we are concerned here only with È~ù as one of the structural
components of the human personality, it will be necessary to refer briefly
to those other aspects of his complex symbology which have been dealt
with in the previous work.
Before tackling È~ù Bara specifically, we must also present a few
generalities concerning the characteristics of the component elements of
personality in the N àgo system.
1. To each' spiritual' element corresponds a material or corporeal
representation. Thus Or; (the head) is the material representation of Or£
inu (the inside of the head), embodying the individual and untransferable
components intimately linked with personal destiny.
2. Each component of the personality system is derived from an
original entity, a constitutive element which transfers its material charac-
teristics and symbolical significance. Thus, for instance, Èmi is the prin-
ciple of existence which resides in the breast and the lungs and represents
respiration. Its original element is (}IQrun, the supreme entity, the dispenser
of existence - J;lt~mi -, the air mass, the protomatter of the universe.
(3) lfd is the name of the oracular system and its ruling deity. The Odù Ifd
are the oracular texts which accumulate the universal teaching of the YorÙbd,
theological and cosmological. Each of them has a nanle and a sign.
(4) The divine or supernatural entities of the Y orÙhd religious system. Althought
the names are all lIsed with an equivalent meaning. generally translated as 'gods'
or 'deities'. there are important distinctions hetween thenl.
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1. 'l pQrl.
'"
,
Ti wQn ri pè ni àkè IpQri
Ti wQn si ri pè ni àkè IpQri èniyàn
Èyi ni bii
Ibi tf odô gbé s~
T'a ri pè ni i pQri Odô
Ni bi ti Odo gbé s~l~
To fi di omi riIa titi IQ
B~~ nâà ni ènlyàn
Ni bi ti àri~à gbe buii
To fi dâ èniyàn
Ni bè ni wQn Ii pè ni ipc)ri èniyàn
3. Wpn bu erùp~
WQn fi dâ ~lomnn
Eléyf kQ gbodô huwà èké
Ogboni Iyâ wa Qrp MQl~
Ni eléyi, ni 0 rnQQ gbaalà l'ode ayé
Ni cS SI j~ àkè IpQri r~
4. WQn bu omi
WQn fi da ~Iomnn
Qsun !
y ém6nja àbi Erinl~ abi Qya
Ajé, Olokun
ÀWQn bayi-bâyi gbogbo
Ni 6 j~~ àkè Ipgrf fun Oluwar~
(5) This OdÙ was recited to the authors by the Babalawo Ifatoogun of Ilobu,
Nigeria.
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IPQRf
" 1. The /p{}ri is what is called Okè lppri; Okè lpèri is the deified
spirit of origin of every human being. It is like the place where the river
takes its source that we call j pèri Odo, the source of a river. The origin
of a river from where it becomes a large, flowing stream. So also the same
corresponds for human beings. It is the place where the Orl*à take of a
portion to create people. It is that place that is called /PVri for people.
2. They take of a part of the paJm-tree to create somebody. That
kind of person that they take palm-tree to create with, when he is born
(lit. when that one comes to the earth) he should worship lfa. They take
of a part of stone to create some other type of people. When that person
is born (comes to the earth), that sort of person should worship Ogun.
To the extent that Ogun will be his salvation in the world.
3. They take of a part of clay (mud) to create some other type of
people .Such person must not be a liar. Because àgb6ni, lyda wa (our
ancestral mother), 9rQ M Qlè are his progenitors and will be his protectors
on Earth. Ond would be his Okè /p{}ri, original deified spirit.
4. They take of a part of water to create other type of people.
9~un, Yémonja, Erinl~, Qya, Ajé. O/6kun and so on and so forth would
be his Okè Ipèri - originaJ deified spirit.
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5. They use breeze to create some other type of people. It will happen
that Oranf~, ~àng6, Qya or others similar would be the Okè lpf?ri-original
deified spirit for such person. The Odù of lfd which explain these to us
are 9~~tùd and Èjlogbè.
He says as follows:
" Ort creates everyone of us,
Nobody can create Orf.
àrl~à can change anybody on Earth
Nobody can change àrl~à ".
They casted lfd for Ajàld who is the maker of all heads at àde-Qrun.
6. Àjald is one whom 016dùmarè put at Ode Ç>run to mould Orle
He is a senior àrl~à. He moulds Ori every day laying them on the ground.
\hose who go from j kolé-Qrun to the world, it is compulsory to go to
Ajàld, in order to have a head.
7. When he reaches there he would make his choice. If somebody
wants, he can give À jàld something. If he do not want he may not give
him anything. It may be money, or any other gift. If people do not give
him something (Àjàld) would not require and would not debar anybody
to carry his choice. But those who give Àjàlâ money or anything that is
used at (Jrun, Àjàld will sympathise with him.
8., He will help him find the best Orle Those who give Àjàld some
gifts, Ajàld himself choose Ori for and will become fortunate on Earth.
They will become weaJthy or they will reach old age or they will be
enthroned as kings. And will be able to get whatever they need on Earth.
9. Those who do not bother to ask Àjàld and to give him something~
the Ori which he will choose and will
, carry it may be perhaps a good Ori
or it may be a bad Orle Because Ajàld moulds all the Ori.
10. Those who are working together with Àjàld are: Èjlogbè, Orl~àdla
and, Oyèku-méjl, /worl-méjl, Odi-méjl, , Irosùn-méjl, àW6nrin-méjl,
\
, Qbàrà-
>.... '
méjl,
, ukànràn-méjl,
, Ogundd-méj/,
, (Jsd-méjl, lkd-méjl, Otùrupen-méjl,
>.
Otùd-méjl, Jr~t~-méjl, 9~~-méjl, ufun-méjl. Eépà
' a! (due respect to all I).
Il. All these Odù that are seventeen work together with Àjàld to
mould Ori everyday. The part taken off with which any Orf is moulded
is the Egun ) pQri (ancestral materia!). The person should worship his
ancestral material to become wealthy in the world so as to be his saviour.
12. The kind of thing from where they mould individual Ori, will
indicate what kind of work is suitable for each one that can please them,
which will make him become wealthy. And all things prescribed as
prohibitions - fWQ - to him that he is forbidden from eating because
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of the way they moulded Ori. The material which is used to create Ori
has some distinguishing sign and is not mere material.
13. The reason why it is so, is that the person who is alive, that has
not got solution to his condition, when he consults Itd, Itd would bring
forth some example of the nature from which his head is moulded.
14. Ita would say, this kind of fbera you should follow or a certain
forbidden thing you must not eat. So that you cann not eat out of the
same kind of material from which your head is moulded. (lit. cannot eat
from the same body from which his head was buill). So as not to turn
such person to be mad or to kill him or let him live a misery life. That
is why, it is called such kind of peculiar thing of a person - àdimu -
as the original deified spirit (àkè lpèri).
15. The place where they take of a part of the original material to
mould the heads of people is /pQri. And that is the /pèri of that person.
16. It means that the place where they take of things to mould one's
head is what we call /pQri of a person. This is how Èjlogbè and ÇJs{tùa
witness and reveal it vividly to us liek this".
(6) J. Olumide LUCAS, The Religion of Ihe Yoruba (C.M.S. Bookshop. Lagos,
1948), p. 250.
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and is transmitted with it. It bears the ancestral memory and conducts
the ~mi through the land of dreams, accompanies it when it partially
forsakes the body, when we slumber or dream and also after death when
the tnli returns to the Ikele-Qrun. That is why it is said:
Orf ohùn kan naa ni Iyè ati èmi wà
(lyè and tmi are at the same level)
Cb) The other kind of lyè is that which enables experiences to be
remembered, studied and accumulated. It accompanies persons when they
are awake. Lucas calls it 'the mental body or mind' and says that it is
'the conscious part of man and depends on the soundness of the brain'.
When the child is born, it does not possess its' diurnal' lyè in a devel~ped
form: growing and learning develops it. It is compared to a pouch (A po-
lyè) in which are gradually accumulated the knowledge and memory of
an individual. After death, the Àpo-lyè disappears with the body. It enables
thought and intelligence to be formed, and traditional medicine knows of
many' works' through which it is fortified. It is supposed that many
problems of mental unbalance are generated when the individual Iyè is
impeded by, or is in conflict with, the ancestral Iyè. When a person is
in doubt, it is customary to say:
6 n~e ni'yè méji
(The two Iyè are not in agreement)
È~ù, like all the elements of the person, comprises two aspects. In his
collective aspect he represents the dynamic principle and the prin-
ciple of individualized life. In his individual aspect, be represents the
driving element in personal fate. His individual role is directly derived
from his caracteristics as collective symbol. È~ù therefore has two
well differentiated kinds of materia] representations in the Nàg6 cult-
houses: those which symbolize È~ù Àgbà, Èsù ÇJbasin or È~ù Yangi, the
collective principle, the foot of the OkOfO (ï), to which the authors have
refered in another place; and those which symbolize È~ù Bara, the per-
sonal È~ù which accompanies every individual. Whereas È~ù Àgbà and his
representations are objects of public and collective cults, his ojubQ (places
of worship) being localized in appropriate temples, at the entrance to
townships and villages or in the middle of compounds, the individual Bara
is worshipped privately by the person he 'accompanies' and the vessel
which represents him is kept in the person's own place of worship.
Le Hérissé wrote as far back as 1911 : 'There are two other vodun,
Legba and Fa, which are personal to each individuaL are born and
disappear with him. The public manifestations of worship do not require
(7) The symbolical meaning of the OkotÔ, a variety of snaB which is used as a
top. has been amply dealt by the authors in È~'Ù Bara Laroyè. Op. cit.. p. 8-9.
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grand sacerdotal rites. But devotion is none the less fervent, being
intimate and directly concerned with the person. Legba is the occult
companion of each individual' (H). The jar mentioned earlier and its
contents represent the person's Bara-Qrun, its counterpart the Bara-àiyé
resides in the body of each individual. The Bara-àiyé disappears at the
same time as the body after death. In Bahia, the Bara-(Jrun is ritually
destroyed and despatched together with the grù'ku, the dead one's load.
In Kétu-Dahomey, the Bara is buried with the' human remains.
All priestesses at their initiation receive two kinds of sacralized
symbol-vessels: (a) those which represent their àri~à, the divine entities
of the N àg6 pantheons, and (b) those which represent their personal È~ù.
In reality, the accompanying È~ù is ready, and they will receive it, even
before they receive their àri~'à. This priority is a result of È~ù's function
and will be analyzed later.
Only after the personality elements of the Qrun have been' seated'
in the proper vessels do the priests proceed to prepare the novice or the
elements of her person corporealized in the àiyé. In the traditional N àg6
cult-houses of Bahia, the Bara is represented by a small terracotta vessel
with a wide aperture and a lid, called Kàlàbo and containing 21 cowries.
These represent the constitutive elements of the individual's fate as de-
termined by the Ori at the [Jrun. It is with these cowries that the person
shall consult and obtain the oracular responses which £oncern his entire
destiny. Of these 21 symbols, 16 represent the Irunmalè-Agbà, the principal
ancestor-àrl~à, 4 represent the fundamental elements and their collective
representations and 1 represents È~ù, the dynamic principle and principle
of individualized life, the new entity which inherits and restructures all
the former elements. The priestess, in consulting her Bara, divides the
cowries into groups of 4, 16 and 1. She can cast either the four or the
sixteen the latter called €rindilogun. The one remaining cowry alternately
the 17th or 21st member of the set, is the offspring resulting from the
interaction of all the prior ones contained in the vessel, which is a sym-
bolical displacement or representation of the fertilized mythical womb.
It is the guardian, charged with the function of mobilizing and inter-
connecting the entire personal Bara system. It therefore' moves' the cowry-
shells to make them assume particular configurations or signs by which
the requisite answers and ways are given to direct and resolve the requests
presented by the consultant. È~ù Bara is the one who' speaks' and
guides and indicates the ways of the individual. The individual È$Ù Bara
emphasizes the fundamental aspects of È~ù collective symbol, of whom
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(9) Juana ELBEIN DOS SANTOS & Deoscoredes M. DOS SANTOS, È~Ù Bora Laroyè,
op. cil., p. 7.
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life transferred from the (Jrun and developed .in the womb. He is related
to sexual activity and with the interaction of semen and ovula. And he
is fundamental1y linked with the fertilized placenta. Whereas the semen
and the womb represent original matter, the mythical male and female
ancestors, the placenta transmits the principle of individualized life. It is
the double of the person that develops together with the foetus and,
separated from the mother's body, represents È~ù, the È~ù of the rrun,
the counterpart of the new individual È~ù embodied in the newborn.
The placenta, representing the individualized portion severed from
the womb, represents the lprri, of which mention was made at the
(1;)),
beginning of this essay that is to say it transmits the mythical original
matter and its ancestral representatives.
(Jrunmllà 16 nti ) kple (Jrun b[J wa si 1'aiyet
This Odù is illustrated by the story which reveals what is and how
is prepared the material representation of the Ip{}ri. We shall give a
shortened version, related to us by the Babalawo: 'When ÇJrunmllàwas
conceived, his mother began to suffer and it appeared that she would
lose her child; lia having been consulted, it came to light that Ç)runmllà
had not brought his placenta with him and could not survive. An offering,
with various sacrifices of pregnant animals, was performed. A boyun, 9run-
mllà's mother, ate portions from the important parts of the sacrifices.
After that, her placenta became attached to the conceived child and.
got big and heavy and powerful. On the day of delivery, the placenta
issued first and it became difficult for the child to be born. After Qrunmllà
was born, his placenta was lying beside him when it was cut off and
put in a ceramic pot with a lid and buried on a mound bed (pepe le)
where 9runmilà's mother used to sleep. From that mound, when 9rÛn-
60
ml/à became adult he took a small quantity from the spot where his
placenta was buried and performed the same sacrifices as his mother, with
the blood from which he moulded a kind of head, small, not round, like
the heart of a human being. It is called Okè ippri and it is put in a bag
to be carried. It is as if the placenta is escorting him when he leaves
the house. It is the symbol of his own È~ù' f1HI.
The Okè IpQri and the Bara are two representations of the individual
È~ù: the first represents his collective aspect, accompanying a portion of
original matter, the placenta buried and reintegrated in the undifferentiated
mass; the Bara directly represents the individualized element, the small mud
vessel, the Kà/aba, symbolizing the cavities of the body and the 21 cowries,
the original elements recreated and placed at the service of individual fate
which he impels and directs.
To conclude, È~Ù as dynamic principle and as principle of indivi-
dualized life, symbolizes the procreated and promotes the conditions which
are necessary for differentiated existence to come into being and accomplish
its life cycle.
Pierre VERGER
Le corps des gens fut créé, disent les Yoruba, et pétri dans la glaise
par 016dùmarèJ Dieu ou Force Suprème. La tête (ort) fut moulée par
Qbàtald, qui reçut d'Ol6dùmarè le pouvoir de créer et de façonner les
yeux, le nez, la bouche et les oreilles. Le souffle (~mi) fut alors insufflé
par 016dùmarè.
Dans d'autres légendes, ÇJbàldld joue un rôle plus important comme
divinité de la création et il est appelé A ldhala~e (i] suggère, il a le pouvoir);
( 1) DESCHAMPS. p. 19.
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lorsqu'il parle, ce qu'il propose devient réalité. Il est aussi salué par l' orikt
-(phrase de louange) ÇJbàtdld ald~(! (Qbàtdld propriétaire du pouvoir) (21.
Les gens sont formés d'une partie matérielle, le corps (ara) et d'une
partie immatérielle (~mi), le souffle, l'âme, le principe vital, l'esprit. On
dit" tmi ol6jà ninu ara", le souffle est roi dans le corps.
" La différence entre un corps vivant et un cadavre est la présence
ou l'absence d'~mi Ia,.
~mi est représenté par ojlji, l'ombre des gens. C'est ce que les Fan
appellent y~.
Ojiji est relativement vulnérable, on peut faire du mal aux gens en
faisant des « travaux» sur leur ombre.
« Il y a trois sortes d'ombres, dit-on; de bon lTIatin, les gens en ont
deux, une à gauche et l'autre à droite; à midi, eHe devient unique; après .
six heures du soir, il y en a trois» {41.
Ori, la tête.
L'âme (~mi) peut aller dans n'importe quelle famille. La tête (orO,
revient dans la même famille lorsqu'il y a un nouveau-né.
art réside alternativement sur terre (aiyé) où la personne est araiyé
(habitant de la terre) et au pays des morts (Qrun) où elle devient araiJrun
(habitant de l'au-delà).
Chez les Yoruba, de nombreux enfants sont appelés Babatundé (le
père est r~venu) ou Iyâtundé (1a mère est revenue); ils sont acceptés à
leur naissance comme la réincarnation du grand-père ou de la grand'mère
récemment décédés.
Cette notion d'allers et retours entre l'au delà et la terre se retrouve
chez les Fan sous le nom de dj{Jt(J,l'enfant revenu avec l'âme d'un ancêtre.
Cet enfant est indifféremment appelé dans son jeune âge par son nom ou
par celui de l'ancêtre. C'est ainsi que dans la famille royale d'Abomey, on
63
Les âmes des Inorts sont censées revenir sur terre dans certaines
familles sous forme d'Egungun I HI. Elles apparaissent à leurs descendants
sous de beaux pagnes décorés d'étoffe découpée, brodée et ornementée
de cauris et de paillettes. Des sociétés, strictement réservées aux hommes
prennent soin de ces Egungun, les appellent au cours de cérémonies où
les morts de la famille doivent être honorés. Les Egungun, sortant de
l'igbal~, viennent saluer leurs descendants d'une voix rauque et profonde
(segi), les assurer de leur protection et leur faire des bénédictions. Ils dan-
sent volontiers au son des tambours hala et ogbon. Le contact des pagnes
64
des Egungun passe pour être fatal aux vivants, aussi les mariwo et {Jj~,
membres de la société, les accompagnent-ils toujours, munis de grandes
baguettes (i~an) pour écarter les imprudents. Le vent soulevé par ses
pagnes lorsqu'un Egungun danse en tourbillonnant est au contraire tenu
pour bénéfique.
Lors des funérailles d'un nzariwo, d'un Qj~ ou d'un ol6ri~a (personne
dédiée à un ori~a), une cérémonie nocturne a lieu le neuvième jour,
lorsque l'èmi abandonne son corps au fond de la tombe. Les Qj~ et
membres de la société FgÛngun vont en un lieu désert aux confins de la
ville briser une calebas_,e contenant certains éléments, soulignant ainsi la
libération de l'âme de leur ancien compagnon.
Parmi ces éléments figure de l'eau utilisée dans une forge pour
refroidir les fers du forgeron et dont on a lavé le corps du défunt, effaçant
ainsi symboliquement tous les tatouages, scarifications diverses, coupes de
cheveux et blessures reçues à la guerre. Toutes ces marques sont dues à
l'action d'Ogun, dieu des forgerons, des guerriers, des barbiers, des agri-
culteurs et de tous ceux dont les activités les amènent à employer du fer.
,
Ipiltf~, l'origine.
65
(8)
tériels forment le grand S~, notion que le R.P. Segurola traduit par
Dieu, partie puissante et essentielle d'un être, esprit, principe vital, destin,
sort.
(H)
liâ chez les Yoruba (Fa chez les Fan) est un système divinatoire
permettant au babald11'o, père du secret (bokonon chez les Fan) de résoudre
pour les gens les divers problèmes qu'ils peuvent avoir. Les solutions lui
sont dictées par les signes (odù) d'lia obtenus par la manipulation, suivant
certaines règles, de noix de palmier à huile (elaeis guineensis, var. idola-
trica). Ces odù sont au nombre de deux cent cinquante six.
Chaque personne dépend de l'un d'eux.
Au moment de la naissance d'un enfant, les parents font chercher
par le babalawo quel est le signe (odù) régissant la destinée du nouveau-né.
Il saura plus tard quels sont ses interdits et aura la révélation de son
identité profonde.
«iiâ ou Fa ouvre à chaque homme (JO, la possibilité d'entendre de
quel destin a été marquée son âme avant de l'incarner sur cette terre et de
rendre un culte à cette âme. Il ne s'agit pas pour lia ou Fa d'une divinité
secourable; c'est la voix de Dieu, enfermant j'homme dans son détermi-
nisme.
La possession d'un signe d'lia ou de Fa est conçue comme une alliance
avec une divinité personnellement attachée à l'allié mortel, et satisfait en
l'homme le besoin de sécurité, de certitude. Il devient comme un ancêtre
l'intime témoin de l'être qui le possède».
IpQnri (KpQli chez les Fan) est lié à l'origine et à la destinée. Il est
à la fois le signe d'lia (ou de Fa) obtenu par l'initié, arrivé à l'âge d'homme,
après consultation dans la forêt sacrée et I]l' «le symbole de son âme
extérieure et de son esprit tutélaire» .
Matériellement IpQnri (ou KpQIi) est constitué par le sable ou la
66
poudre iyçrosùn où le signe d'lia (ou de Fa) de l'initié a été tracé dans
la forêt. Cet lyçrosùn, pétri avec du kaolin et des feuilles particulières au
signe, est enfermé dans un sachet de toile blanche décoré à l'extérieur
par des perles et des cauris.
D'autres fois, la tête, les pieds et les mains de l'initié sont placés
sur cette poudre. Tous les devins babaldwo présents saluent le signe (odù)
obtenu, racontent ses histoires Otan), donnent des indications sur sa signi-
fication, sur les interdits qu'il comporte. Ils font des vœux de bonheur à
l'initié en saisissant chaque fois une pincée de l'ly€rosùn et le placent peu
à peu dans une petite calebasse qui sera la représentation matérielle de
1'lPQnri. Cette calebasse sera placée sur l'autel d' lid particulier de l'initié
et recevra par la suite des offrandes et sacrifices lorsque les indications
en seront données par le jeu de la divination.
IpQnri est lié avec la notion d'origine des gens et représente les six
générations précédentes; le propriétaire de l'IPQnri étant le septième.
On donne ce même nom d'IPQnri aux ancêtres, censés résider dans
les gros orteils des gens. Lors des offrandes à la tête (ib(Jrî), des sacrifices
sont offerts aux parents ou grand-parents défunts, quelques gouttes de
sang des animaux sacrifiés sont versées sur les gros orteils droit et gauche,
représentant l'âme du père (ou grand-père) et de la mère (ou grand-
mère) s'ils sont morts. Les esprits des ancêres ainsi évoqués sont présents
à la cérémonie et sont salués des orikl iprnri (121, les salutations élogieuses
faites à la fois aux ancêtres et par droit de filiation à la personne faisant
les offrandes à sa tête.
Bolaji ldowu na 1 propose l'étymologie de [pin orf pour lponri, qui
signifierait: le choix de la tête.
67
\
Aiyalé, poitrine de la maison.
L'identité des gens est définie par les noms. Ils prennent une valeur
particulière dans les sociétés basées sur l'oralité où un grand pouvoir est
attribué à la parole (la parole agissante). Les noms y sont considérés
comme de véritables locutions incantatoires douées de pouvoir et capables
d'influencer le futur.
Nous verrons combien les noms d'un individu sont liés, en pays yoruba
(pays autrefois sans écriture), à ceux de ses ancêtres.
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Les Yoruba reçoivent de trois à quatre noms (15, dont trois au moins
sont indispensables; le premier de la liste ci-après est facultatif.
II. OrukQ àbisQ est un nom basé sur des considérations relatives
à l'enfant lui-même et en rapport avec la situation de la famille au moment
de la naissance.
Samuel Johnson classe les àbis() en (Hi I :
a. noms se référant directement à l'enfant lui-même et indirecte-
ment à la famille: pour les garçons, AYQdélé (la joie entre dans
la maison), Akîny~lé (un enfant énergique convient à la maison)~
pour une fille, Morénikf (j'ai quelqu'un à dorloter), etc.
b. noms se référant davantage à la famille qu'à l'enfant: OgundalénÙ
(notre maison a été dévastée par la guerre), DtfgbfY~ (l'es ennemis
nous ont retiré l'honneur), ()ldbisl (l'honneur a augmenté), etc.
c. les noms composés avec Adé (couronne), Olu (chef), Oyè (titre)
dénotent l'appartenance de l'enfant à une famille princière ou
titrée: A débiyli (la couronne a fait naître celui-ci), Oyéygmi (le
titre me convient), etc.
d. les noms où interviennent un nom d'ori~a indiquent l'appartenance
de la famiIle à son culte : ~àng6bùnmi (~àng6 dieu du tonnerre me
l'a donné), ÇJ~untQki (9~un vaut d'être honorée), Ogundip~ (Ogun
dieu des forgerons me console avec celui-ci), etc.
69
Les parents appellent souvent leurs enfants par leurs orikl mais il
y aurait faute d'étiquette grave et impolitesse inconcevable si un enfant
appelait ses parents par leur oriki.
\
Ori~a (et V odun ).
70
une personne qui a vécu sur terre quand elle fut créée à l'origine, et de
laquelle descendent les gens d'à présent. Quand ces ori~a ont disparu, leurs
enfants commencèrent à leur faire des sacrifices et à continuer toutes les
cérémonies qu'ils avaient eux-mêmes accomplies quand ils étaient sur terre.
Ce culte a été passé de génération en génération et aujourd'hui un individu
considère l'{)ri~a qu'il adore comme un ancêtre dont il est le descendant ».
A la différence des morts de la famille directe, les ori~a (et vodun)
se manifestent aux êtres humains par des transes de possession chez cer-
tains de leurs descendants élus par les dieux pour leur servir de médium.
Ce sont les ()l6ri~a (ou vodunsi).
Ici encore, Bernard Maupoil ajoute (22): «Le caractère essentiel de
la divinité (ori~a ou vodun) semble être sa propriété de lui monter à la
tête: « vodun wata tiwe me », «le vodun venir (à la) tête sienne».
La possession par le Dieu au cours des cérémonies célébrées pour les
àri~a et vodun met admirablement en évidence la liaison étroite existant
entre la personne yoruba (ou fon) et ses ancêtres.
L' ol6ri~a (ou le vodunsi) en état de transe exhibe dans son compor-
tement les caractéristiques qu'avait cet ancêtre (ori~a ou vodun) dont hérédi-
tairement il porte en lui les gènes.
Les circonstances de l'existence et les pressions de l'organisation
sociale du milieu dont il fait partie ont « favorisé la prédominance de cer-
tains gènes accentués par telle ou telle paternité (28)>> au détriment de
certains autres, avec les comportements qui en sont la conséquence.
L'initiation permet à certains d'entre eux, ceux de la personne cachée
(l'ancêtre ori~a) de se manifester et se révéler au grand jour. Il n'y a dans
cet état second, rien qui soit étranger à la nature profonde de l'oI6ri~a.
L'initiation a sur lui un effet comparable à celui de certaines drogues.
Nous savons (21) «qu'aucune drogue n'introduit une fonction nouvelle
dans l'organisme, mais simplement accentue, inhibe, ou modifie d'une cer-
taine façon des fonctions existant déjà. On ne peut espérer que les drogues
introduisent rien de nouveau dans le cerveau ou le comportement, mais
à peine qu'il accentue ou supprime les fonctions de comportement déjà
existantes ».
On peut penser que lors de l'initiation, les bains et breuvages à base
de plantes administrées aux novices contiennent des drogues. Drogues
destinées non tellement à faire entrer les initiés en transe que de provoquer
un état d'hébétude (~-tI pendant une longue période de temps (plusieurs
7]
mois), au cours de laquelle les novices sont entraînés à acquérir les réflexes
conditionnés, comme celui d'entrer en transe à l'audition de certains
rythmes de tambours et à se comporter alors comme l'ancêtre. Compor-
tement qui ne serait au fond qu'un des aspects de sa propre personnalité
« accentuée, inhibée ou modifiée d'une certaine façon» pour arriver à cel1e
qu'ils avaient en eux à l'état latent.
En d'autres mots, suivant que la personne est à l'état de veille ou en
transe, elle représente alternativement sa personnalité actuelle ou celle de
~U)}
l'ancêtre I .
Bibliographie.
Wande ABIMBOLA
Résumé
Après une brève introduction à la cosmologie Yoruba, l'auteur analyse les repré-
sentations associées aux principales composantes de la personne humaine. A ra (le
corps) désigne l'ensemble des éléments physiques. Les composantes «spirituelles» tes
plus importantes sont: fmi (l'âm~), ori (la tête intérieure) et fSf (la jambe). ~mi,
élément impérissabfe, est créé par OlôdÙmarè (l'Etre Suprême). C'est, en chaque indi-
vidu, une parcelle du «souffle divin ». Or; (la tête intérieure) est associé au destin
personnel. Chaque être humain le choisit librement avant de venir au monde. ~sf
(la jambe) représente l'activité et )a puissance. C'est l'élément qui permet d'actualiser
les potentialités reçues avec J'ori. L'analyse s'appuie sur des textes poétiques extraits
de la littérature orale relative à lia (système divinatoire des Yoruba).
74
to be found in Bahia (BraziJ) and Cuba where Yoruba language has been
preserved as ritual dialects and where Yoruba religion is still being actively
embraced.
It is not surprising that a language which is so greatly scattered about
in several parts of the world should have several dialects. In Nigeria alone~
Yoruba has at least ten major dialects of which the most dominant is the
QYé dialect spoken by more than half of the population. This paper is
based mainly on research among the Yoruba-speaking peoples of Nigeria
especially in the ÇJYQdialect area.
In order to have a thorough understanding of the Yoruba concept
of human personality, it is necessary first to discuss the Yoruba world-
view and the structure of the Yoruba cosmos. The Yoruba conceive of the
world as comprising of physical, human and spiritual elements. The
physical elements are broadly divided into two planes of existence - ayé
(earth) and èrun (heaven). Ayé which is also sometimes known as lsalayé,
is the domain of human beings, the witches, animals, birds, insects, rivers,
hills, etc. {Jrun, which is otherwise known as Isal{5run, is the seat of
Ol6dùmarè (the Almighty God) who is also known as Ql{jrun (meaning
literally" the -owner of the heavens "). (Jrun is also the domain of the
Orl$à (<livinities), who .are regarded as the deputies of Ol6dùmarè, and the
ancestors. Yoruba mythology, like the mythologies of several other cultures
recognises a time in the past when both ayé andrrun formed part of the
same territory but were separated -only by a border gate manned by a
lonesome gate-keeper. At that time, 016dùmarè was probably an earth-
bonded god. .But when, later, prun moved skywards and became com-
pletely (Le. physically) separated from ayé, 016dùmarè became a sky-
bound god.
The orl$à are believed to have come to ayé shortly after its creation
which event, took place at lf~, the cradle of humanity, according to Yoruba
belief. On earth, the orl$à performed functions similar to their functions
in grun. For example, Orl$àhld (the creation god) was responsible for the
moulding of human beings whereas Qrunmila also known as Ifa (the god
of divination and wisdom), was charged with the use of wisdom for the.
interpretation of the past, the present and the future and also for the
general ordering of the earth. Qgun (the iron god) was charged with
responsibility for war and heroic exploits while E$Ù, also known as
~lfgbtira, (the trickster god) who keeps the divine and vital power called
à$~, performed the duty of the ubiquitous policeman who punishes or
protects human beings and the gods as well according to their conformity
or deviation from the divine will. It is believed that after performing these
various functions for a long time, the orl$à returned to (Jrun where they
are now still helping Ol6dùmarè as deputies.
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(1) Ajogull is a collective name for eight evils namely, iku (death), àrùn (disease),
0/0 (loss), rgbà (paralysis), rràn (trouble), èpè (curse), ~wèn (imprisonment), and
è~e (affliction of any type). which the Yoruba believe to be the most important
enemies of man.
(2) f,hurÙ is believed to be the bird of the witches. It is the most important
symbol of the witches and it is believed that this bird comes out at- night. The
witches themselves are believed to have the ability to turn themselves into birds
wherever they want to do havoc.
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(3) In traditional Yoruba society, the term àgbà means more than an adult.
It actually refers to an elderly person (i.e. someone above fifty years old). The term
QdfJ is used for adults who are between twenty-five and fifty ,years old while the
term (}m(}dé refers to someone below the age of twenty-five.
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78
the human heart which is known by the same name. Indeed, it could be said
that the act of creation by 016dùmarè lies in the process of putting çmi into
the finished work of Orl~'àrila. tmi is believed to be a fraction of the
divine breath which Ol6dùmarè puts into every individual in order to make
him a proper human being. Just as ~mi (heart) is the most important
element of human physical make up, it is also believed that in the spiritual
plane, ~mi (soul) is of supreme importance because it is an imperishable
element of human personality. When a man dies, his spiritual èmi (soul)
does not perish, rather it goes to Qrun where it enters a new ara and thus
takes its proper place among the ancestors.
While on earth, ~n1i ensures that every individual who continues to
have it enjoys the hope and confidence that his life can still be better and
improved. This is the point raised in the following Ifa poem which calls
~mi " the offspring of Ol6dùmarè "~ a thing which a man must possess and
" mary " as a wife in order to have the hope of having all the good things
of life - money, houses~ wives and children. The poem now follows:
" G bogbo-ori-àfin-ewu.
Abuké-lQ-rçrù -oo$à - mp-sQ.
Lààlàgbàjà-16-ti k6$e-~-dé.
A dia fun Qrunmilà,
5 NijQ tf riJQ r~mf,
QmQ Ol6dùmarè, ~obinrin.
~mf, pmQ Ol6dùmarè,
QmQ at~ni lçg~lçg~ fori $apeji.
Qrunmila gbg rfru ~bQ,
10 0 ru.
o gbQ ~rù àtùkè$ù,
o tù.
o gbQ ikara, çbg ha run un.
o ni à$é bçmii Q ba bQ,
15 Ow6 rfib~.
Hiin hiin,
Owo rfib~.
A$é bçmlf Q ba bp,
Aya rfib~.
20 Hiin hiin.
Aya rfib~.
A$é b~mH p ba bg,
QmQ mb~.
Hiin hiin,
25 QmQ mb~.
A$é b~mH 0 ba b6,
Ire gbogbo rfib~.
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HUn hiin,
(4).
Ire gbogbo Ifibç "
(AI bino' s- head -is- full-of -grey -hairs.
The hunch back -carries-the-burden-of -oo~à-without -relief.
It - is- from- Lààlàgbà j à-that - he- has- brought -all- his-doings.
These were the priests who performed divination for
QrÛnmllà.
5 When he was going to buy àmi,
Offspring of Ol6dÙmarè, as a wife.
i;mi, offspring of 016dùmarè,
Descendants of those who sit on the slender mat and whose
head lies bare and unprotected from rain.
Qrunmllâ was told to perform sacrifice.
10 He performed it.
He was told to give sacrifice to E~ù,
He gave it.
His sacrifice was immediately accepted by the gods.
He said, " I did not realise that if çmi does not fail,
15 There is hope of having money.
l'hat is right,
There is hope of having money.
If çmi does not fail,
There is hope of having wives.
20 That is right,
There is hope of having wives.
If çmi does not fail,
There is hope of having children.
That is right,
25 There is hope of having children.
If èmi does not fail,
There is hope of having all the goods things of life.
That is right,
There is hope of having all the good things of life).
While Orl$àhld is the maker of ara and Ol6dùmarè is responsible for
the creation of ~mi (sou)), Ajàld. " the potter who makes heads" in heaven
is responsible for the creation of ort (the inner head). After Orl$àhld has
moulded human beings, he passes the lifeless figures to Ol6dùmarè, who
by giving them fnzi, gives them their souls and vital life force. The human
beings so created then move on to the house of Ajàld who gives them orle
(4) ABIMBQLA Wande. Ijllllf OhÙn ~nu lfa, A pa KHni, Collins. Glasgow. 1968,
p. 22.
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(5) For full discussion about the theme or Ori in Ifâ divination poetry, see
Wande ABIMBQLA, A n Exposition of lfa Literary Corpus, thesis presented for the
degree of Ph. D., University of Lagos, 1970.
(6) As an àrl~à, or! has its own paraphernalia the most important of which is
a conical material made of leather to which cowries are sewn in rows. This
material is known as lbQri and sacrifices are put on it during the process of the
propitiation of ort.
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this purpose, Ifa divination poetry rates ori much higher than the other
orlsà. Whatever or1 does not sanction cannot be given to any person by
the orlsà or even by 016dùmarè himself. Orf is therefore an intermediary
between each individual and the orisà. The orlsà will not attend to any
request which has not been sanctioned by a man's ori. Hence, the following
passage from Ifa divination poetry:
«Orf, p~l~,
Atèté niran.
Atètè gbeni koèsà.
Ko s6à~à tH danii gbè
L~Yln ori ~ni.
Orf, pçl~,
Orl àbiyè.
I;ni ori bâ gb~bQQ r~,
K6 yo ~~~~» (7).
(Orl, I salute you.
You, who always remembers your own people.
You, who blesses a man before any orlsà.
No orÎsà blesses a man
Without the consent of his orf.
Ori, I salute you.
You, who allows children to be born alive.
He whose sacrifice is accepted by or;
Should rejoice exceedingly).
In the folJowing excerpt from Ifa divination poetry, ori is depicted
as an orl~à who is more sympathetic to individuals than all the other
orl~à. Therefore, if a man is in need of anything, he should first of aU
make his desires known to his ori before he approaches any other orl~à
for assistance. In the excerpt. the story is told of an Ifa priest who lacked
many good things. He approached Qrunmllà, his orl~à, whom he worship-
ped, for assistance. But ()runm.llà referred him to E~ù (the trickster god)
\
who acts as spokesman for the former. The verdict of E..~ùwas that Qrun-
mllà was not in sympathy with the devotee concerning the things he wanted.
Esù therefore advised the devotee to tell his heart's desires to orle When
the devotee did as he was told, he had all the things he previously lacked.
The full excerpt now follows:
« Ol6à6tQ ti r11bç ]ayé à p6gun.
~ikà$ika ibç wQn g rnQnlwQn ~gb~fà.
QjQ ~san Q 19 titf,
KQ j~ kQràn dun ni.
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(8) ABIMBOLA Wande. ljinlè Olliln Enu llâ, Apa Keta, p. 20-21.
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Owèrè là rijà,
Gbogbo wa
15 Owèrè là Iijà».
(If all men were destined to be buried with coffins,
All lroka trees would have been exhausted in the forest.
Ifà divination was performed for two hundred men
Who were coming from heaven to earth.
5 If all men were destined to be buried with coffins,
All lrokà trees would have been exhausted in the forest.
Ifâ divination was performed for struggle
Who was coming from heaven to earth.
We are only struggling.
10 All of us.
We are anIy struggHng.
Those who chose good destinies are not many.
We are only struggling~
AlI of us.
15 We are only struggling.)
The discussion in the last few pages has centred around ori as an
important element of human personality. We have also made an examina-
tion of the process by which ori is selected in (Jrun and the consequences
of this irrevokable choice for every individual. All this has been supported
with excerpts from Ifâ literary corpus.
It must be emphasized, however ~ that the Yoruba concept of the
choice of destiny through ori also emphasizes the need for hard work
to bring to fruition the potentiality for success represented by the choice
of a good ori. This leads us to the belief in çs~ (leg) as an important
ingredient of human personality. f:s~ (leg) is regarded by the Yoruba
as a vital part of the human personality make-up both in a physical and
spiritual sense. f,s~, for the Yoruba, is the symbol of power and activity.
It is therefore the element which enables a man to struggle and function
adequately in life so that he may bring to reaJisation whatever has been
marked out for him by the choice of ori. Like orf, fS~ is regarded as an
orl$à which must be catered for in order to achieve success. Therefore,
when a man makes sacrifices to his ori, part of the sacrifice is also offered
to fS~.
Once again, we will make use of an excerpt Ifâ divination poetry
for a further elucidation of the place of ~s~ in the Yoruba concept
of human personality. The foI1owing excerpt tells the story of a day
when all orl gathered themselves together to deliberate on something they
wanted to bring to fruition. They did not invite çs~ to the meeting. After
making all their deliberations, they discovered that there was nobody to
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carry them about. They were therefore forced to recognize the importance
of rs? in the execution of their plans. The point of the story is that even
if one is predestined to success by the choice of a good orf, one cannot
actually achieve success without the use of one's 'Èsç, which is the symbol
of power and activity. The full excerpt now follows.
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Bibliography.
89
Albert DE SURGY
92
Dans ces conditions, par une longue familiarité avec les arts de la
parole, s'est imposée aux esprits la notion de « masque» (en latin Persona),
c'est-à-dire de support expressif et d'amplificateur ou de résonateur de la
vibration sonore, de telle manière qu'elle porte au loin et puisse, par sym-
pathie, éveiller chez les autres des énergies et des attitudes analogues à
celles qui en étaient à l'origine.
Dérivé du terme latin «Persona», et ne trouvant quelque précision
que dans son analogie avec le masque du comédien, la personne est, du
point de vue étymologique, ce qui apparaît en avant de soi, au cours de la
communication avec autrui. Réciproquernent, elle est ce que l'autre distin-
gue à l'avant du moi profond du sujet en train de s'exprimer.
Elle correspond à une manière d'analyser les communications entre
les hommes en distinguant systématiquement: - des forces ou des types
qu'un acteur exprime ou qui s'expriment à travers quelqu'un - le masque
ou support matériel nécessaire à l'expression de ces forces - puis la trans-
mission matérielle du message et sa réception.
Pour nous, cette façon de considérer les choses va de soi; mais au
sein d'une civilisation où les plus grands personnages n'ont pas à briller
par leur éloquence, nlais doivent recourir à des porte-paroles, on conçoit
fort bien qu'aucune notion semblable n'ait vu le jour.
Les Evhé sont parfaitenlent conscients de toutes les forces à l'œuvre
dans ce que nous nommons la personne humaine, mais, essentiellement
pragmatiques, ils n'ont pas éprouvé le besoin de se forger un concept tel
que celui de personne qui risque de conférer une certaine rigidité à ce
qu'ils savent être essentiellement plastique ou changeant. Pour eux le
masque est indissociable de ce qu'il exprime comme pour d'autres la
matière est indissociable de la forme.
Mais cela n'empêche pas ceux qui le désirent de penser en opposant
toute puissance au «masque» qui l'exprime, comme on oppose la poten-
tialité à l'acte ou la matière à la forme. Nous sommes parfaitement autorisés,
si nous le jugeons utile, à analyser les Evhé et leur société en recourant
à notre concept de personne.
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- Les plantes dzodzo sont utilisées les premières parce qu'elles corres-
pondent à l'orgueilleuse excitation des commencements, au feu purificateur,
à la dispersion, à l'effritement ou à la dissolution de toute chose. En effet,
pour vaincre une maladie, il faut d'abord l'assécher, la réduire en ses par-
ticules, la disperser... il faut provoquer la fièvre comme le fait spontané-
(H
ment la nature I .
Ces plantes sont le reflet de la première création, brûlante, excitante,
stérilisante. Elles appartiennent aux royaume de Satan.
- Les plantes fafa sont utilisées les secondes parce qu'elles corres-
pondent à la concentration qui rétablit l'unité, à l'eau régénératrice de toute
vie, au calme définitif de l'œuvre accomplie... En effet, pour éliminer toute
séquelle d'une maladie déjà dispersée, il faut redonner des forces au patient,
l'inonder à nouveau de vie, l'installer un certain temps dans la tranquillité
d'une convalescence.
(3) Pour traiter une maladie à l'état aigu, état qui est lui-même de qualité dzodzo,
jl n'est généralement pas besoin d'utiliser de plantes dzodzo.
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C'est en examinant l'attitude des Evhé envers les jumeaux que nous
allons pouvoir beaucoup mieux mettre en relief toutes les implications de
la puissance satanique dans la vie et dans la pratique religieuse.
Nous serons amenés à constater la profonde unité de pensée qui
unit, sur ce point, les Evhé, aux traditions des peuples de l'antiquité médi-
terranéenne et du monde celtique.
101
Ana ou Nana.
(4) VERGER P., Grandeur et décadence du culle de Iyami Osronga (ma nlère
la sorcière) chez les YoFoha. Journal de la Société des Africanistes. ] 965, pp. 141-243.
(5) Tout comme en Europe, l'oiseau de la sorcière est le hibou ou la chouette.
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riens et les Cimbres d'autre part, sans compter la confusion entre Celtes et
Cimbres, et aussi le voisinage des Scythes, étant donné que la Scythie est
un pays mystérieux, une sorte d'autre monde ».
(p. 54) Strabon (VII - 2) assure que le Bosphore a été appelé Cim-
mérien.
(p. 55) Plutarque, dans la « Vie de Marius » (chap. XI) n'hésite pas
à assimiler les Cimbres-Cimmériens du Bosphore et les Cimmériens occi-
dentaux: «Une proportion de ces Cimmériens, écrit-il, qui furent les
premiers connus des anciens Grecs... prit la fuite et fut chassée de son
pays par les Scythes... Les autres habitaient aux extrémités de la terre,
près de l'océan Hyperboréen. dans un pays couvert partout de bois et
d'ombres épaisses... sous cette partie du ciel où l'inclinaison des cercles
parallèles donne au pôle une telle élévation quïI est presque le zénith
de ces peu pIes» .
Par ailleurs, on trouve dans la triade 107 du «Mabinogion 2, 295
(J. Loth, Les Mabinogion.s, 1913) que « Hu Kadarn vint le premier avec
la nation des Cymry, dans l'Île de Bretagne (i). Ils venaient du pays de
l'été, là où est Constantinople. Ils traversèrent la mer Brumeuse et par-
vinrent en l'île de Bretagne et en Armorique~ où ils s'arrêtèrent».
Cette liaison entre l'Asie Mineure (Bosphore et rives de la Mer Noire)
et le Monde Celtique (pays de Galles et Irlande) doit être soulignée, car
elle explique qu'une réflexion sur la pensée et la religion celtique puisse
nous éclairer sur la signification des rites religieux de l'ancienne Côte de
Guinée, rites qui doivent eux aussi beaucoup au monde Asianique.
Revenons à notre Dana ou Ana irlandais~, qui n'est autre que la
Dôn Galloise (dont le nom nous ramène Jui aussi directement au pays
des Scythes, à l'embouchure du fleuve Dôn).
« Anna règne sur les morts, et son peuple, en Armorique, s'appelle
Anaon (= les trépassés). Et, précisément, c'est en Armorique, écrit Jean
Markale (op. cit., p. 434), que la Dgure de Dana-Anna va prendre Je relief
le plus saisissant. En effet, dans la tradition syncrétique bretonne, mélange
de paganisme et de christianisme, on la retrouve tout sinlplement sous le
nom de Sainte Anne... ).
Sainte Anne.
104
ainsi. C'est en 1382 qu'elle figure au calendrier; mais sa fête ne fut fixée
qu'en 1584.
«En 1625, un paysan, Nicolazic, d'un hameau de Plunéret, près
d'Auray (Morbihan) découvrit une statue de «Sainte Anne »... Or, avant
cette découverte de Nicolazic~ il y en avait eu une autre à Commana
(Finistère) où on avait trouvé une statue grossière. Or, Commana veut dire
« creux d'Anna » et, comme par hasard, le hameau de Nicolazic s'appelait
Keranna (la ville d'Anna) ».
(p. 435) «Il s'agissait vraisemblablement, commente J. Markal~,
d'une statue de la déesse-Mère Gauloise~ comme la plupart des Vierges
Noires retrouvées miraculeusement I~I... ».
« ... il y a eu volonté évidente de faire coïncider la Mère de la
Vierge avec la déesse Anna dont le souvenir devait encore traîner dans
les campagnes reculées de la Basse-Bretagne».
(p. 436) «La précision selon laqueIJe Anna est la mère de la Vierge
Marie est un ajout chrétien sur une donnée plus ancienne qui prouve
que les chrétiens, ne pouvant se débarrasser du personnage encombrant de
la Mère des dieux, en ont fait tantôt 1a Vierge-Marie elle-même, sous
forme de Vierge Noire C'), tantôt la mère de la Vierge, c'est-à-dire l'an-
cêtre, la vieille femme.
« Ainsi, le culte de Sainte Anne, en Bretagne, qui est un culte impor-
tant, n'est autre que la christianisation d'un culte païen~ celtique, le culte
de la Déesse-Mère ».
Notons que le mythe de Sainte Anne se relie à l'antique notion de
l'activité primitivement stérile de la grande Déesse-Mère. Anne est le
symbole du monde d'avant, desséché, stérile, brûlant, en attente de la
nouvelle effusion divine, celle des eaux fécondes qui lui permettra de
faire fleurir la vie.
Morgane.
lOS
(10) On notera que la Nana, reine-mère (queen-mother). chez les Akan. peut
aussi s'offrir tous les hommes qu'elle veut.
(] ) Ce trait nous ajde à comprendre pourquoi. en Afrique occidentale, tout
au ITIoi-ns du Niger à la Volta, ce sont principalement les femnles privées d'enfants:
soit les jeunes filles, soit les femmes stériles. soit les vieilles femnles incapables d'en-
fanter, qui s'accusent ou sont accusées de nléfaits de sorcellerie.
(12) Dans la campagne du Léon (Nord-Finistère), l'apparition d'un corbeau à la
fenêtre d'un malade est signe que Je démon de )a nuit va venir Je chercher bientôt
pour entraîner son âme dans J'Anaon.
(13) Jean MARKALE (Les Celte ). p. MO.
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106
Janus.
(14) Selon Plutarque (Isis el Osiris, trad. Mario Meunier. p. 48), les pythagori-
ciens appelaient Artémis la Dyade. Or. 1a Dyade (l sis et Osiris, p. 154) représentait
Je principe du mal.
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107
le vodu Ana, installé à la fin de leur initiation, chez les bokQs (géoman-
ciens) de la tradition Dzisa (la plus ancienne tradition d'Afa chez les" Evhé)
se présente sous la forme d'une idole grossière à deux visages opposés.
Notons, dès à présent, qu'Ana s'installe en utilisant, notamment:
- des plantes de la seule catégorie dzodzo (excitantes) au nombre
de quatre,
- une tête de chouette (en Evhé adzexe, c'est-à-dire «l'oiseau (xe)
des sorciers (adze) ».
des têtes de serpents très venimeux,
- et du haricot bouilli.
Notons aussi qu'il ne convient pas, selon certains informateurs, de le
laisser mouiller par la pluie; aussi l'abrite-t-on généralement sous un toit
ou le prépare-t-on dans une grande assiette de façon à pouvoir l'entreposer
dans une case...
Ces traits l'apparentent bien à Morgane, et, nous le verrons, aux
aspects sataniques de la grande déesse Mère des origines.
La «première création ».
108
109
(15) Edouard LANGTON (La DéJ1101l%gie, Paris.. Payot. 1951. pp. 62-63) nOtls
apprend que Je non1 de Satan «est dérivé d'une racine Sâtan, signifiant «s'opposer
se comporter en adversaire». C'est un 010t purement sémitique d'usage très ancien
chez les Israëlites...». «II (Satan) n.agit jamais sans la permission de Dieu et son
ministère fait évidemment partie intégrante de la volonté' divine >}. Cependant. «dans
le caractère de Satan apparait comnle un élénlent contraire à la volonté de Dieu ».
C'est dire que Satan, cet ange des origines. devint bien Je partenaire ennemi de Dieu
dans la création du Inonde.
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110
article cité p. 145). Sa couleur était celle des sables du désert, de l'aridité.
L'âne, à cause de son poi], était un animal typhonien (si bien que le
Christ, chevauchant l'âne avant sa passion, est un symbole du dieu sau-
veur maîtrisant Satan). Les bœufs roux étaient immolés à Typhon, car la
terre rouge du désert était Typhon (Isis et Osiris, op. cil., p. 107).
E. Lefebure (Le sacrifice humain d'après les rites de Busiris et
d'A bydos, Sphinx, vol. III, fasc. 3, pp. 129-164) nous apprend (142-144)
que tous les animaux roux finirent par être considérés comme des animaux
typhoniens, mais aussi toutes les bêtes du désert, et en particulier la
gazelle du désert.
Des hommes roux ou blonds étaient sacrifiés à Typhon: on les brûlait
(comme on brûlait les sorcières et les hérétiques, suppôts de Satan, au
Moyen-Age) et on dispersait leurs cendres à tous vents.
Les Egyptiens figuraient Seth-Typhon par un hiéroglyphe qui était la
stylisation d'un animal dénommé l'animal typhonien. Cet animal, qui n'a
pu être formellement identifié, n'était peut-être qu'une créature symbolique
de rêve.
Le hiéroglyphe «Seth ».
IIl
La «seconde création».
112
La Matrice Prin10n.tiale.
Représentation de Gbadu
(4 petites ca]ebasses couvertes. chacune associée à l'un des 4 éléments,
contenues dans une grande calebasse couverte).
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l J3
114
leurs noms? ». Enfin, quatre fois par an il se rendait dans sa cour, par
une nuit de pleine lune, pour y tracer la figure suivante» :
88 8 8
8
8
I
8 8 8 8
I
8
8
8 8 88
Mais le monde ainsi réalisé ne formait pas encore une création viable,
car il y manquait le devenir, le passage du passé au futur, la transformation
de chaque chose. Dans un monde vivant, en constante métamorphose,
chaque chose devait être caractérisée par deux de ces demi-figures: l'une
représentant l'état révolu, et l'autre l'état à venir, c'est-à-dire par des dou-
blets du genre:
,II ',I dont le nombre total est 256 (c'est-à-dire 2H) et qui
se distribuent sur une pyramide à 8 degrés.
I I II
I I
Pour y parvenir, il fallut la médiation du désordre qui déchira tout,
et maria, deux à deux, les 16 demi-figures en leur insufflant un violent
instinct érotique ou génésique (17). Alors apparut enfin le monde viable
qui est le nôtre, où toute chose, tout évènement, est caractérisé, en son
état, de façon privilégiée, par l'une ou l'autre des 256 figures géoman-
tiques africaines.
Nous voyons ainsi que les puissance du désordre, c'est-à-dire l'action
satanique dans notre monde s'illustre au premier chef dans les déborde-
ments érotiques. L'attrait entre deux éléments, l'attrait «sexuel» est
nécessaire au mariage des éléments, à leur coagulation indispensable à
la formation d'un univers viable. En ce sens Satan a bien coopéré à
l'œuvre de Dieu. Dieu l'a fait intervenir pour l'accomplissement de sa
(17) Legda (Eshu) parfois considéré comn1e générateur de désordre, est alors
représenté avec un énorme sexe mâle qui symbolise l'excitation érotique qu'il pro-
voqua.
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115
Traits sataniques relevés dans les cérémonies évhé pour les jUfneaux.
116
- Ce sont toujours des chasseurs qui ont appris à faire les céré-
monies pour les jumeaux en observant un jour, par hasard, ce qui se
passait chez les animaux de la brousse (le chasseur est un individu qui
s'aventure dans le monde d'avant, le monde non cultivé où règne le
désordre. Il est donc évident que c'est lui qui devait percer le mystère et
découvrir - en brousse - ce qu'il fallait faire). Les animaux de qui
le chasseur apprend le rituel sont, en général, des animaux rouges ou
roux, qu'il s'agisse de gazelles, de singes ou d'écureuils fouisseurs... c'est-à-
dire, probablement, à ce titre, d'animaux «typhoniens» (:W). Le chasseur
leur dérobe un sifflet ou une corne dont il faudra jouer lors des cérémonies.
pour les jumeaux et qui est probablement le symbole de la vibration fon-
damentale.
- Après l'accouchement, les parents de jumeaux (vena) deviennent
tabou:
. Ils ne peuvent serrer la main de personne.
. Ils ne peuvent participer à des cérémonies d'enterrements ou de
funérailles.
. Ils ne doivent pas aller travailler aux champs, ni aller à la chasse.
. Ils ne doivent pas se rendre au marché.
. Bien souvent., ils ne peuvent, non plus, se raser.
Les rituels en vigueur semblent indiquer, en outre, que, dans les
temps anciens:
. Ils ne pouvaient pas se nourrir eux-mêmes (lors des rituels décrits
à Ative, au Ghana, l'officiant doit leur mettre lui-même les premiers
morceaux dans la bouche) ou bien ne pouvaient manger, contraire-
ment à l'ordinaire, que la n1ain gauche (ce qui semble impliqué
par le rituel d'A lototro, signifiant « changement de main », à Anloga
au cours duquel, ayant mangé de la main gauche, ils remangent
ensuite, à nouveau, normalement, de la main droite).
. Ils ne pouvaient parler à personne et devaient s'exprimer par
gestes (car, avant la cérémonie, on leur met dans la bouche une
herbe spéciale qui est le signe qu'ils ne peuvent adresser la parole
à quelqu'un et ne peuvent même pas desserrer les lèvres pour
rire) .
Plutôt que de voir là une réaction de «primitifs», face à une situa-
tion « numineuse », je préfère supposer que les intéressés distinguent dans
le fait d'avoir eu des jumeaux l'irruption, dans leur vie, de la dangereuse
117
- Les jumeaux ont pour interdit de ne jamais faire de feu avec des
épineux (ces arbres qui rappellent la première création et sont associés à
Seth ou au Renard dogon). Or on a généralement l'interdit de son totem
ou de ce qui fut singulièrement Hé à l'histoire de ses ancêtres.
- Lors des cérémonies pour les jumeaux, on leur installe, selon les
cas, un ou deux pots contenant des plantes n1agico-médicinales. Or, tandis
que les cultes des vodus font généralement intervenir des plantes de la caté-
gorie dzodzo (excitantes), puis des plantes de la catégorie lala ,calmantes),
il est remarquable qu'on ne fait intervenir aucune plante dzodzo lors des
cérémonies effectuées pour les jumeaux. Comment concevoir qu'on puisse
en utiliser puisque la puissance manifestée dans les jumeaux est le prin-
cipe même du déssèchement et de la fièvre qui fut à l'œuvre dans le
développement de la première création?
118
neur des pots, tandis que les invités consomment du poulet, on offre
seulement aux pots un plat de haricot. Ainsi voyons-nous associés aux
pots des jumeaux le rouge (couleur de l'élément feu) et le haricot (légumi-
neuse intervenant dans l'installation du vodu Ana, et légumineuse associée
au Renard Ogo (~1) car il est écrit dans «Le Renard pâle{'» (p. 179) que
le « bonnet du renard» fut appelé, par dérision pour l'échec d'Ogo « bonnet
des haricots»; et (p. 192) que «l'arche d~Ogo est également représentée
par un panier servant à filtrer les haricots (nûkoko) ou «caisse des hari-
cots »).
(21) Nous touchons peut-être là le n10tif pour lequel les disciples de Pythagore
ne consommaient pas de haricot.
Colloques Internationaux du C.N.R.S.
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G.K. NUKUNYA
Abstract
The concept of the human personality among the Ewe, here represented by the
Anlo, is closely related to their beliefs on ancestor worship and mortuary rites, which
in turn are dependent on the notion of the soul.
The Anlo belief is that at birth a number of psychic elements come together
to form one complex entity, the entire animating principle in a person's material
body, referred to periphrasticaIly as anlea nu/o, the person himeslf. The three
principal components of this complex entity are luvo, death soul; gbogbo, life soul;
and vovoli, shadow. Other soul components believed to be joined in this complex
entity are first, the father soul, which is part of the father's personality he passes
on to each of his chi1dren at birth; the mother soul, the female counterpart of the
former which is given by the mother. It is the presence of these soul elements which
makes for resemblance between a child and his parents. Finally there is also present
in the complex entity part of the personality of an ancestor who is reincarnated in
the child. It is further believed that the father. mother and ancestral soul
components are inextricably bound with the dealth soul so that only three major
components, the death soul, the Hfe soul and shadow are discernible in a person's
spiritual life.
At death when the complex entity disintegrates the life soul goes to the Supreme
Being, its original place. while the death soul goes to the land of spirist to join the
ancestors and become the object of worship during the ancestral rites. The vovo/i,
on the other hand disintegrates.
All ancestral rites are directed to the death soul in the spirit world from where
it is also summoned during auditions and necromancy. It is because of these post
mortem activities that the lu}/o is referred to as the death souL
Résumé
Chez les Ewe, et plus particulièrement chez les Anlo dont nous parlerons ici.
la notion de personnalité humaine est en rapport étroit avec les représentations
relatives au cuJte des ancêtres et aux rites funéraires. ces représentations étant elles-
mêmes associées à la notion d'âme.
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120
(1) For detailed history of Ewe migration refer to D.E.K. AMENUMEY, 1964, The
Ewe people and the cOining of European Rule, 1850-/9/4, Unpublished M.A. Thesis,
London, pp. ] -50.
(2) J. SPIETH mentioned 120 independent political units in his Die Ewe Stamme,
Berl in, 1906.
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121
(3) For details of Anlo Social Organisation see G.K. NUKUNYA. 1969(a), Kinship
and marriage afnong the An/o Ewe, London School of Economics, Monographs on
Social Anthropology, No. 37.
(4) See G.K. NUKUNYA, 1969(b), ,~ Afa Divination in AnJo
" in Research Review,
Institute of African Studies. Legon. Vo1. 5, No.2, 1969.
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J22
and clans at annual festivals and weekly meetings and also by individuals
who normally show their reverence by offering them the first morsel
of food or the first drop of water or alcohol before satisfying themselves.
Individuals may also ask specific favours from their ancestors through
their lineage heads. In the same way the ancestors can demand favuurs
such as sacrifice from their Jiving descendants both as a group and as
individuals.
While the primary function of the supernatural forces just enumerated
is to protect, and give prosperity to, their adherents, they are also capable
of sending death, sickness and other misfortune on them if they are
neglected or offended in any way. But on the other hand their own
powers can be neutralized by witches and sorcerers who may harm anyone
regardless of his devotion to Mawu, fro, vodu, the ancestors or Afa.
Perhaps it is also pertinent to mention here that life expectancy in
Anlo is not high due probably to malnutrition and widespread alcoho1ism.
On a rough estimate it averages about forty-five to fifty years for those
who do not die in infancy or early childhood. Almost every mother before
the completion of her reproductive activities experiences either a still birth
or the death of an infant. Moreover in the fishing areas, drowning and other
accidents associated with this occupation are quite common. The Anja
themselves generally attribute death to these supernatural forces as well
as to witchcraft and sorcery, but only rarely to natural causes. Conse-
quently soon after the funeral ceremonies are conlpleted the relations of
the deceased approach a diviner to find out which of these forces has
caused death. Almost invariably one or more of them will be mentioned,
which is just the answer the relatives themselves expect. It is only in
the case of a very old man that it is said Mawu has called him the equi-
valence of a natural death.
The Ancestors.
123
and diseases which result in swelling of the body. All these can
only return into the world as deities not as human beings.
Ancestor worship among the Anlo is based on their belief in the
efficacy and power of the ancestral spirits in the lives of their living
descendants. The doctrine of reincarnation, whereby some ancestors are
re-born into their earthly kin groups, is also emphasized. The dead are
believed to live somewhere in the world of spirits, Tsiefe, from where
they watch their living descendants in the earthly world, Kodzogbe. They
are believed to possess supernatural powers of one sort or another coupled
with a kindly interest in their descendants as well as the ability to do them
harm if they are neglected. What they cherish most is unity and peace
among their living descendants. On the other hand they are believed to
punish quarrelling among kinsmen, adultery by won1en married into the
lineage and incest, the disruptive forces within the group. Such punishments
take the form of serious sickness or even death, and the wrath of the
ancestors is revealed through divination.
Though the ancestors are believed to be living far away in the land
of spirits, their presence is always felt in this material world among
their living relatives and descendants. The practice of feeding the dead
with food and drinks which has just been mentioned shows if anything
at aH the ability of the dead to come and visit the material world to
partake of the offerings. But this is by no means the only apparent mani-
festation of their presence in this material world. In fact the whole life
of the Anlo is led with the presence and importance of the dead always
fresh in their minds. A few more examples will suffice. Many Anlo espe-
cial1y the sick report of visions of and auditions with dead relatives, and
dreams of the dead are very common. Some even claim to have seen
thenl, though in all cases the dead person disappears before the relative
tries to accost him. StiJl others are said to have received messages and
injunction from the dead. In the evening and especially at night when the
dead are said to be most active everything is done to give them their due
respect. Sitting on the steps is forbidden and no sweeping is allowed.
Water should not be thrown carelessly about, but if it is considered
necessary for this to be done, the dead must be respecfully asked to give
way. Cooking pots must remain unwashed and water must be left outside,
with calabash ready for use.
All these practices must have some significance for the living, and
by looking closely at them it will be possible for us to ask certain questions.
Looking at the problem from the spiritual angle, it may be asked, for
instance, what is the nature of man? \Vhat is his relationship with the
Supreme Being? What is the land of spirits and where is it located? And
what is the nature of the Hereafter? In finding answers for these questions,
one key concept that stands out clearly is the" soul ~'. It is an understanding
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of this that will lead us to the gateway of Anlo views on the human
personality. This in turn is related to ancestral practices and mortuary
institutions.
The Soul.
The concept of the soul which is one of the key elements in Anlo
religion is as complex as the religious system itself. However it is possible
to isolate certain levels at which the Anlo themselves conceive it.
The Anlo belief is that at birth a number of psychic elements come
together to form one complex entity, that is, the entire animating principle
in a person's material body. For this complex entity the Anlo have no
name as such except the periphrastical term amea nuto, the person him-
self.
But whenever the complex entity is named it derives these names,
by metonymy, from names specially used for two major components namely
the death (personality) sou] and the life soul. The third name is the
Ewe for shadow. These words are luvo, soul, gbogbo, spirit, and vovoli,
shadow.
Other soul components are believed to be joined in this complex
entity. The first, paternal soul, is part of the father's personality or death
sou] which at birth the father passes on to each of his children, while the
next, the materna~ soul, is the female counterpart of the former and is
given by the mother. It is said that the presence of these soul elements
is responsible for resemblance between a child and his parents. Finally,
there is also present in the complex entity part of the personaHty soul of
an ancestor or any dead relative when it is established by divination that
either an ancestor or dead relative has re-incarnated in a person.
It is further believed that, the paternal, maternal and ancestral souls
are inextricably joined with a person's death soul, so that only two major
con1ponents are discernible in a person's spiritual life, that is, the death/
personality soul and the life soul. These two and the third, shadow will
bé described presently.
Gbogbo, the life souL which also connotes breath, spirit, and even
flatulence, has direct origin from the Supreme Being and is regarded as
the little bit of the Supreme Being that dwells in every person. It also
gives conscience, coming as it is from the Supreme Being. But although
it comes from one and the same source and performs the same function
in all, the life soul becomes individuaUzed in various people with different
death souls, and this greatly affects the life soul. In essence however, it
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never loses its identity in the complex entity, the complex soul, but remains
as much as possible its own, fighting against the lower spiritual elenlents in
defence of the good and beneficial to man as conscience, dzitsinya, until
its return to the Supreme Being soon after death completely takes place.
The life soul is believed to be sent back into the materia] world but
may not be attached again to the same personality soul of a previous
earthly existence especially where the personality soul is condemned by
the Supreme Being in his capacity as the final judge of all man's actions.
Rather it is attached to a different personality soul for another earthly
existence. But where the Supreme Being is satisfied with the personality
soul, the same life soul may later, but not immediately, be joined with
the same personality soul of a previous earthty existence to form a complex
soul. This may happen after the life soul in question has had at least one
other earthly existence with another personality soul.
The life soul is immortal in the sense that it cannot be destroyed even
in part by reason of its nature as part of the immortal Supreme Being.
And finally as the real animating principle in the complex soul, it never
leaves the physical body even temporarily as does the personality sou] in
dreams. When it does, then death ensues.
Luvo, the death/personality soul is also known as vovoli, shadow,
because of the belief that the shadow has a special spiritual relationship
with the personality soul and the complex soul itself. Anlo belief further
holds that before birth, the personality soul ha~ had a previous existence
in a spirit world, Amedzofe, where life is almost the same as what obtains
in the material world. A successful earthly life results when a person has
the same relations and employement as he had in his pre-earthly days in
the spirit world. In short a person's earthly life must as far as possible
conform to his pre-earthly existence in the spirit world.
From the pre-earthly world, at birth, the personality soul is led by
relatives, friends and companions to the exit of the spirit world where it is
met by a dead relative who escorts it as far as the entrance to the material
world. The guides, who are usually the ancestors reincarnated in the per-
sonality soul are of the same sex as the personality souls they escort.
It is possible for one ancestor to escort more than one person, this being
given as the reason for a dead relative reincarnating in more than one
person.
At death when the complex soul disintegrates, the personality soul
goes to the land of the dead, Tsiefe, while the life soul returns to Mawu,
the Supreme Being. The pre-earthly and post-earthly homes appear to be
two quite different places, though some inconsistences and confusions appear
here and there. In any case it is the personality soul that is capable of
reincarnation and the same that receives attention in the cuit of the dead.
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The Hereafter.
(5) See J. SPIETH. Die Religion der Eweer in Sud- Togo, Berlin. 1911. p. 229.
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important addresses are made for the corpse on the day of burial. One is
a prayer to the ancestors while the other is directed to the deceased himself.
In the first, the dead man is commended to the care of the ancestors, while
in the second he is advised as to his immediate course of action with regard
to the circumstances leading to his death. A typical address runs: " Yester-
day you suddenly left us for our grandfathers and grandmothers in the land
of spirits. If your death was a natural one, then you must leave everything
to Mawu, but if it was caused by a fellow human being then, the water and
drink we offer you now should serve as your weapons for revenge».
The next important rite takes place some few days after the burial of
(6).
the corpse, the actual date depending on the clan of the deceased Two
rituals of sacrifice are performed, the first at the graveside and the second
in the ancestral home of the deceased. Two old women, one a clanswoman
and the other from the mother's clan, visit the grave-side to bring the spirit
of the dead man to join the ancestral home where the luvo is buried.
This ceremony is known as yofofo.
The importance of this ritual is seen in the fact that even when burial
takes place outside the home-town of the dead man as is common these
days, the luvo is alwoys brought home for burial in the ancestral home.
The only other ritual of importance is yodzogbonono, drinking the
ceremonial pap, performed to determine the widow's innocence or otherwise
of her husband's death. After the yololo and associated rituals and
ceremonies which may all take a total of six weeks f 71 the relatives and
spouses undergo a ceremonial mourning exercise which lasts for at least
sixteen months. The spouses and immediate relatives wear nothing but
black or dark clothing. The rules, prohibitions and taboos governing this
period of mourning are more severe for spouses than for other relatives (8,
but all show their grief by their dark appearances and reserved behaviour.
After the conclusion of the ceremonial mourning, another ritual is performed
after which all restrictions are removed. As far as the living are concerned
this concludes their mourning for all practical purposes.
It is however considered that these rituals are not sufficient to take the
dead person completely into the fold of the dead. As such every lineage
holds what for want of a better term may be called" a grand funeral" at
which all the recently dead nlembers are finally initiated into the society
of the dead. This ceremony known as yolewowo, ideally must take
place once in a decade usually after the death of an important person in
the lineage such as a chief or a lineage head, but most lineages have not
performed th is now for more than two generations.
129
(9) There are three kinds of stools in Anlo namely Togbezl, avazi, and hozÎ.
A founder of a town who was himself a leader of his people would establish a stool
and become a chief. Such a stool is called togbezi, ancestral stool. Where a
distinguished leader led his people in battle he would also be allowed to establish
a stool known as avazi, or war stool. A wealthy man who played an important role
in the social life of the community was also aIlowed to establish a hozl, or stool of
wealth. All these stooJs have become the focus of attention during ancestral rites.
Although it is the ancestors who are said to be the objects of worship, they are
inextricably tied up with stools belonging to their lineages.
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(I
y oussouf CISSÉ
dyi dQ ka fisa
ni so dQ ye
nga yçrç dô ka fisa
ni ni bç ye.
yçrç dQ ye ko ba ye:
mgkpya daminç do;
bç tii yçr~ dQ
wa bç ti mQkp ye (11.
Trad. : « Savoir nager vaut mieux
Que savoir monter à cheval,
Mais se connaître soi-même vaut mieux
Que tout cela.
Se connaître soi-même est une grande chose (une chose
primordiale) :
C'est le commencement de la «personnalité»;
(car) tout le monde ne se connaît pas soi-même;
Et tout le monde n'est pas une personne (par consé-
quent) ».
(1) Textuellement: «Connaître l'eau vaut mieux que connaître le cheval, mais se
connaître soi-même vaut mieux que tout cela. Connaître soi-même est une grande chose:
c'est le commencement de la personnalité, tout le monde ne connaît pas soi-même et tout le
monde n'est pas une personne ». On explique ceci par cela: «Tout le monde n'a pas la
ressource de posséder une monture et il nous arrive au cours de notre vie d'avoir des rivières
ou des fleuves à traverser pour poursuivre notre route. Mais vivant souvent en tête à tête
avec elle-même, toute personne se doit de se connaitre afin de devenir une vraie personne,
une personne consciente de ses devoirs et de ses actes».
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132
C'est par les vers ci-dessus que débute chez les Malinké et les Bambara
l'étude de la personne humaine, m(!kQ.
Dans le système d'initiation et d'enseignement de ces deux peuples
qui ont la même origine historique, la même langue (à quelques variantes
près) et les mêmes institutions sociales, politiques et religieuses, la concep-
tion de l'être humain, de la personne en soi, mQkQ y~r~ y~re, «la personne
soi-même» considérée tant dans ses composantes corporelles globales que
dans l'ensemble de ses principes spirituels, constitue une des pierres angu-
laires du savoir traditionnel en général, de la philosophie et de la psycho-
logie en particulier. Elle est indissolublement liée à la cosmogonie et fonde
ses grands principes sur les signes graphiques relevant de cette cosmogonie.
«La personne est le terme (l'aboutissement, l'achèvement) et la lumi-
(~)
nescence de la création et le sosie du créateur ». Il ne pouvait en être
autrement, vu l'importance sans précédent de la cosmogonie et de la cosmo-
biologie (cf. fig. 3 et 5) dans la pensée bambara et malinké.
(2) meke ye dali laba naa manaka ye, ani dâbaabisigi. Nous traduisons ici manaka (de
mana, lumière, lueur, et de ka, ciel empyrée), «lumière du ciel» ou « lumière supérieure»
par luminescence, et bisigi, «ressemblance» par sosie.
(3) Composé de burudyu, contraction de be YQrQ dyu (b{>,sortir, yerQ, lieu, dyu, fonde-
ment) «fondement du lieu d'où sort. naît une chose» qui signifie généalogie au propre et
au figuré; et gosilaw ou tilaw, «ceux qui frappent » ou «ceux qui font éclater»; les mots
burudyugosilaw ou burudyutilaw s'appliquent en général aux généalogistes d'une même
famille ou d'un clan. Mais au niveau des sociétés d'initiation, ils désignent des initiés capables
de retracer l'origine des signes, des rites, des mots même, etc. C'est ainsi qu'un étymologiste
est appelé kumaburudyufola ou kumaburudyutila «qui dit ou fait éclater l'origine de la
parole», des mots.
(4) De tere, caractère, et f~, dire. A propos de tere, voir infra, p. 34.
(5) De mekQ, personne, dyu, fondement et dYQ, édifier. Nous traduisons ce mot par
origine.
(6) MQkt; dyudy~ siti
.'le fu ye f~ b~ ba sigilë b~ mi kâ, nI ni dya biigela ml na, mUri ni
taasi bera mi na.
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133
x x c
134
Dans la pensée des peuples qui retiennent ici notre attention le cercle
kara, microcosme par son centre et macrocosme par sa circonférence, est
rempli de notions (une vingtaine au moins) :
- il est le signe sacré de l'esprit qui conçut l'univers; d'où son nom
de dye fa, «l'œuf du monde» symbolisé par la sphère universelle;
- il représente le soleil, kara ha ou kara blè, «le grand cercle ou
le cercle rouge» qui matérialise la grandeur et l'ardeur de l'esprit divin;
- par les deux demi-cercles qui le composent, il connote la pensée
et la réflexion divines et humaines, ma miiri ni ma taasi;
- son centre et sa circonférence portent respectivement les noms,
très révélateurs, de:
a) ko b€ dyu ni ka b~ kÜ « le fondement et la raison de toute chose»;
b) ka b~ ba ni ka b€ fa, « le substrat et la plénitude de toute chose»;
c) dali kQr~ ba ni dali kara ba «le grand dessous et le grand cercle
de la création;
d) nali kQre ba ni naZi kara ba «le grand dessous et le grand cercle
de la venue (de la naissance) >.'>;
e) ni ni dya, «l'âme et son double»;
f) dakii ni nakii, «la voix de la création et de la venue (de la nais-
sance) » - ces deux mots signifiant par ailleurs destin et avenir;
g) taas; ni miir; ou taa.ç; maasi, «réflexion et pensée»;
(12) Cette vibration serait elle-même issue d'un «éclat», mieux d'un «signe» fi.
Autant dire que la vie est issue du signe (on trouvera dans le banongolo le signe symbolisant
l'unicité de la création et de l'esprit créateur). C'est d'ailleurs ce qui est dit au niveau du
Komo : « la création est issue des signes, des signes divins », dali bpra tiw la, ma ti.
(13) y~rf-Yfrf t( Yf!rQ ml na, lamakali Ii yë; lamakali t~ YQrfJ ml na, jüteni ti yë; jü/eni
te yer" mi na, ni ti yë.. balo ti yë, saya ti yë.
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135
o
etc.. .
(14) Nous ne donnons ici qu'une seule acception des expressions ci-dessus.
(15) maaya sirUébt mUrini taasila
(16) mek~ be naa naka naa daka do
(17) meke sako naa dükr baa mUri naa taasi la
(18) ni bera kara la: ni ye güdo ye, giido bgrQtg baU
(19) Ces six notions sont à rapprocher des « six essences de la personne », cf. infra, p. 9.
(20) he i .rigiyerg la, 0 ye tiny€! ye; be i naka ka, ty€ b€ naa naka do. Liu.: «Quitte
le lieu où tu es assis, cela est vérité; quitte ton destin, tout homme a son destin ».
(20 bis) Ce signe est encore appelé dya ou sumalikfltl, nom bambara et malinké de la
balance.
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]36
fa kili ba k ili
137
Ku
(air)
ty~ bolo
(feu)
~ dyu
(terre)
",
",
muso bolo
(eau)
ty~mihYe
ou ty~kis~
(22) Ce signe est pareil à celui qui figure au milieu de la graphie du néant (cf. supra,
p. 133).
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138
I
I I
~
a) m(!k~ (l'homme). b)
>K
kf!m<l (la femme).
I
Signe de géomancie
sym bolisan t la personne
sans considération de sexe.
FIG. 5. - m(JkQ dY9 w{JQrQ.
Nota: Le nom du signe représentant la femme est l'inverse de celui réservé à
I'homme.
Ces six parties de l'être humain sont considérées comme étant deux
à deux et directement opposées, et complémentaires à la fois - bras droit-
jambe gauche; bras gauche - jambe droite; tête - sexe - (cf. fig. 5); l'affec-
tion de l'une des parties opposées influant infailliblement sur l'autre.
« De l'harmonie de ces six essences, disent les Bambara, dépendent « l'équi-
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banangolo ou l'enfantement.
(23) mf!ke basigi nU ka dafalëya bU dyë wf!e'e bolo. Liu.: «l'équilibre et la complé-
tude de la personne sont entre les mains de ses six essences». A ce propos, il convient de
noter que pour le profane, les «six essences de la personne» sont les deux bras, les deux
jambes et les deux yeux; « Celui qui n'a qu'un bras ou une jambe est certes un déséquilibré;
quant au borgne il croit que le monde est d'un seul côté ».
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140
(24) On fait observer à ce propos que l'ouverture de l'étage du bas correspond au vagin
de la femme alors que les deux segments de l'étage supérieur matérialisent les deux jambes
du bébé, car « les enfants viennent au monde sur la tête ~.
(25) Sur le plan cosmogonique ce segment porte différents noms: «unicité de la créa-
tion et du créateur », dali ni dâba ka kelénya, « raison et fondement de tout ~, ko b~ ka ni
ko be dyu, etc. qui sont des attributs de Dieu.
(26) Cf. infra, p. 153.
(27) G. DI~TERLEN, Signes graphiques soudanais, Paris, Hermann et Cie, Editeurs,
1951, p. 44.
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141
ce qui vient corroborer la loi si chère aux Malinké et aux Bambara selon
laquelle il n'y a pas de vie en dehors du mouvement. Avec le baniingolo,
nous rentrons non seulement dans l'organisation anatomique de -la per-
sonne, mais aussi et surtout de plain-pied dans l'édifice de la pensée bam-
bara et malinké. En effet, pour ces deux peuples, «Dieu pour créer l'uni-
vers, eut recours à ses 266 noms et attributs propres qui, véhiculés par sa
parole, devinrent les 266 signes de la création. Et l'homme, créé en 266
jours et à l'image de Dieu, reçut naturellement ces 266 signes qui consti-
tuent son armature corporelle et spirituelle» (~~'.
D'autre part, le baniingolo évoque pour les Bambara et les Malinké,
l'une des origines des signes de la géomancie qui, comme on le sait, est
une pratique divinatoire courante dans l'Ouest Africain.
fa
(père)
\III
(I I
ba
(mère)
\I :
I
(I I
:
de \I I
( III
(enfant)
Le corps de la personne.
(28) Pour plus de détails, on se reportera à G. DIETERLEN, «Essai sur la religion bam-
bara », op. cit., et G. DIETERLEN et Y. CISSÉ, «Les fondements de la société initiatique du
Komo chez les Bambara du Mali», Cahiers de l'Homme, Paris-La Haye, Mouton, 1972,
329 p., 31 fig., 6 pl.
(29) Cf. infra, p. 152.
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I
9 30
dyu (fondement)
I
woloti
/ j vagin
total = 266 jours
(signe de l'enfantement)
143
(32) Nous avons vu à propos du banangolo que cette expression était réservée au
segment isolé symbolisant à la fois l'os du pubis et l'unicité de la création et du créateur. C'est
à cause de son caractère sacré que cet os n'entre pas dans le décompte ci-dessous; «il est
le témoin (la marque) du créateur dans la personne », wolo ti ye dabaa taamasYf ye m~k~ la.
(33) On va même jusqu'à comparer les pores et les poj]s
- toutes proportions gardées
d'ailleurs - aux étoiles du firmament.
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(:Uq
1.2. mÛri ni taasi : «pensée et réflexion» (M - F).
«Quelle est la chose concrète, qui, dans l'univers est plus grande.
plus haute, plus élevée que toutes les (autres) choses concrètes?»
« La pensée».
« Quelle est la chose concrète qui, dans l'univers, est plus rapide que
toutes les (autres) choses concrètes? »
(34) Et parfois m{Jke ni fi «la petite personne noire », sé fia niw «les deux petits
pieds », Radama déw, «les enfants d'Adam », etc.
(35) m~kÇJ taalâ hi wÇJÇJr~ ou mQk~ taalà man; kfmf; de m(Jk~, personne, tao (contrac-
tion de taka), partir, mouvoir, la suffixe du nom d'agent, hi (ou mani k~m~ : mani, manding,
keme «cent», cent du Manding), w~~r~, six.
(36) Certains de ces principes sont même groupés par quatre, ou par six: c'est le cas
des «six essences de la personne» (cf. supra, p. 138). Nous nous demandons d'ailleurs s'il n'en
est pas de même pour tous les autres.
(37) Le nom de chaque groupe de notions sera suivi des lettres M et F définissant dans
l'ordre le genre des termes qui le composent.
(38) Ces deux termes sont généralement remplacés par le seul mot hakili d'origine
arabe qui signifie alors intelligence, pensée, réflexion, attention, mémoire, etc.
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« La pensée».
« Quelle est la chose concrète qui, dans l'univers, est plus «grosse ~,
plus vaste que toutes les (autres) choses concrètes? »
«La réflexion».
« Quelle' est la chose concrète qui, dans l'univers, est plus profonde
que toutes les (autres) choses concrètes? »
«La réflexion» (39).
Ces leçons en disent suffisamment sur l'idée que les Malinké et les
Bambara se font de la nature et du degré de la « pensée et de la réflexion »
qui confinent pour ainsi dire aux deux pôles de l'infini, l'infiniment grand
et l'infiniment petit, matérialisés comme nous j'avons vu, par Je cercle
qui est le symbole de l'esprit (cf. supra, p. 134).
« La pensée accède à tous les lieux; toutes les choses tiennent dans
la réflexion; rien ne saurait les arrêter; rien ne saurait les remplir; d'où
leur nom «caché», secret de taasi-maasi, «semence (essence) du feu
(divin) - semence (essence) du maître (Dieu)>>
(40);
10
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(41) On notera la comparaison entre cerveau et intestin qui est très courante chez les
Bambara et qu'un même mot, k(JnfJ, désigne à la fois la mémoire, la vie intime et le ventre.
(42) Dans les sociétés d'initiation malinké et bambara, un rôle de premier plan est
accordé au front. C'est ainsi que le front du masque du NDomo est très saillant et que ceux
du Komo et du Koré, plus bombés encore, sont presque toujours surmontés d'une houppe qui
est signe d'intelligence (cf. D. ZAHAN, op. cit., pl. XIV, les masques de l'hyène du Korè).
(43) On croit savoir qu'un choc violent à l'occiput traumatise le cervelet et peut
provoquer par la suite, surtout chez Jes jeunes sujets, des troubles graves: paralysie, cécité,
défaut d'élocution, surdité, asthénie intellectuelle.
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(44) mUri ni taasi ti se kuu ka baara k~ nYÇJk~f, : ni kelê ma de, kelê ti se ka taama;
Hu. «La pensée et la réflexion ne peuvent pas faire leur travail ensemble: si l'un ne s'arrête
pas, l'autre ne peut pas marcher».
(45) kü srmr k,n€ya de baa to mUri ni taasi bi f€ br siya de ani' f€ b€ dyukQrQla.
(46) Véhiculée par le sang, cette «huile», fa ri kolola tulu «huile dans l'ossature du
corps» ne doit pas être confondue avec la graisse, kë, dont l'abondance provoquerait au
contraire une apathie physique et intellectuelle.
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149
(52) sako, de sii, ciel, en-haut, ka, chose abstraite; ou de sa, mourir, et ko, chose
abstraite; düko, de dü, profondeur, vie intérieure, ka, chose abstraite.
(53) dyâto, veiller à, faire attention; dyÜkalima, «qui a un 'double' chaud », syno-
nyme d'effronté, de bâtard.
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«Le nyii, que l'on pourrait dans une certaine mesure assimiler à
l'énergie vitale, disparaît à la mort pour faire place, lorsque le corps se
refroidit, au nyama (54) » (cf. infra, p. 160).
En ce qui concerne le dya (de di, principe de vie matérielle et yii,
au-delà, en deçà), communément appelé «double de la personne», il est
selon sa nature, la projection extérieure du corps et la représentation inté-
rieure et extérieure de l'être intime. Il existe en effet quatre sortes de
dya.
Le premier dit dya «bête, inintelligent», dya nalomii, est Pombre
que projette le corps lorsqu'il intercepte la lumière; il est toujours noir,
sombre, et quelle que soit sa taille - plus grande, plus petite, ou égale au
corps dont il relève - il est inversé par rapport au corps dont il imite
« bêtement» les gestes.
Le deuxième dya ou «dya vrai, réel», dya y~r~-yçrç (55), représente
l'image réelle d'un corps qui se mire dans l'eau ou dans une glace par
exemple. Comme le précédent, il est inversé par rapport au corps dont il
reproduit également les gestes.
Le troisième est appelé «le petit dya intelligent», dya ni kekü.
Minuscule reproduction de la personne, il se tapirait quelque part dans
le corps: dans le cerveau selon certains, dans le pancréas, fyé-fyé (;>6),
selon d'autres. Quoiqu'il en soit, c'est le dya intelligent qui dicte ses gestes
à la personne qui les reproduit fidèlement et non pas à la manière dont
s'y prennent les dya précédents à l'égard du corps: «Toutes les affaires
(57)
(tous les actes) de la personne relèvent du dya intelligent » qui apparaît
de ce fait comme étant le véritable être intérieur, et qui, dit-on, «a des
rapports intimes avec la pensée et la réflexion» (58) qui ne peuvent nor-
malement exercer leurs actions que lorsqu'il est «assis», stable (59).
(54) Les Bambara rendent la nuance entre le ni, le nyll et le nyama par cette image:
le ni est comparable à la boule de feu d'un foyer dont les flammes et la chaleur radiante
représenteraient le nyll. Les bouffées de chaleur emportées par le vent - donc coupées de
leur source - et la chaleur qui subsiste après que le foyer se soit éteint sont semblables
au nyama.
(55) On assimile à cette catégorie de dya les photographies et les projections cinéma-
tographiques qui portent du reste le nom de dya.
(56) Pour les Bambara, il existe une relation étroite entre le cerveau et le pancréas.
Une personne qui a le «pancréas trouble» (une personne essouflée) n'a pas, dit-on, son
dya « tranquille », d'où son incapacité de penser et d'agir.
(57) m()kp ka ko b, yU dya ye.
(58) m(>kfJdya ni mUri ni taasi bi nYÇ!ke na, liu. «Le dya de la personne et la pensée
et la réflexion sont les uns dans les autres».
(59) De multiples expressions rendent compte de l'état du dya : dya sig;, «dya assis»;
dyapâ, «envol du dya»; dyabÇ!, «sortie du dya », dyatikc, «coupure du dya », dyana,
retour du dya », dyasirâ, «peur du dya », etc., sont autant de manifestations du dya qui
correspondent à des états psychologiques bien précis de la personne.
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(60) Celui-ci, restant en liaison directe et suivie avec le ni, monté au ciel après la mort
(cf. infra, p. 54) ne peut être atteint par aucun moyen magique.
(61 ) Voir plus haut les premières acceptions de ces concepts.
(62) ba saba bi mf!kf! la: i woloba, i lamQba ani i ladoba,. nga m(Jk(J ka konyç bf
bi ko fia bolo: i lam(J Y(Jre ani i lamQ tyoko. On a recours ici à un jeu de mots, entre ba,
mère, ba substrat et ba suffixe d'agent; waloba, « la mère qui enfante» et aussi les géniteurs;
1ameba, «la mère qui élève» et aussi les éducateurs; ladoba, «la mère qui entretient»
et aussi toute personne qui apporte une assistance matérielle, morale ou spirituelle à un
individu donné.
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153
(65) m~kÇJ fâka naa ka kis~ya bi kolo ni sCm~ na, a kisg bi tëku1e la.
(66) mf!kf! ye kis~ ye, kisg debali.
(67) C'est notamment le cas de ceux qui souffrent de gibbosité, dat(Jw, de ceux qui
ont le dos voûté, k~ kuruniw, et des paralysés des jambes qui ont tous la colonne vertébrale
plus ou moins déformée.
(68) mii kgng! mâ krnf mil k,ng~!
dyigi t~ mQkQ mi na
o mâ k€n€f!
(Chant diffusé très souvent sur les antennes de Radio-Mali.)
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J54
((i9)
« Qu'il éleva autant que l'espérance
etc.
(69) {aama ma fi da
ka f~ mi kanu ka t~m~ dyigi ka
faama ma f~ da
ka f~ mi bonya ka t~m~ dyigi ka
faama ma f~ dâ
ka f~ mi barkaya ka t~m~ dyigi ka
faama ma f~ dâ
ka f~ mi kQrQta ka t~m~ dyigi ka.
Cette litanie qui nous a été communiquée par Wa Kamissoko fait partie de l'enseignement
du Kama relatif à la descente, dyigl, des signes de la création (cf. G. DIETERLEN et Y. CISSÉ,
« Les Fondements de la société d'initiation du Komo », op. cft.).
(70) dyogo ou dyoko (de dyo, ce qui est caché, intime, et de ko, choses abstraites)
peut fidèlement être traduit par «essence intime de la personne», car c'est le même mot
nasalisé que l'on retrouve dans meke dyV weere (cf. supra,p. 138).
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155
Selon les avis les plus autorisés, le mot taka serait formé de fa (73)
«contenant, contenu, plein, plénitude..., et de ka, force, et signifierait
« force contenue» dans un être, un objet. C'est cette force là qui assure
aux différents composants de la personne leur cohésion: elle constitue leur
« attache», siri, commune.
« La force est partout dans l'homme; dans les os et les nerfs notam-
ment, dans les muscles, la poitrine, la langue, le cœur, le cerveau, le sexe,
l'âme... et même dans la parole; sa diminution entraîne l'affaiblissement
et le vieil1issement et son absence la mort de la personne».
Les trente principes ci-dessus sont en eux-mêmes suffisants pour
caractériser la personne. Néanmoins, on leur adjoint trente autres principes
qui ne sont pas à négliger dans la mesure où ils complètent le sens des
premiers.
156
SokQnQla (de so, maison (74), k()nQ Iï;), intérieur, et la, dans, «dans
l'intérieur de la maison», et k€n~mala (de k{!nc, espace dynamique, ou
k~n~ma, dehors et la, dans) «dans l'espace extérieur» désignent respecti-
vement la vie intérieure, intime, et la vie extérieure, le dedans et le dehors
de la personne»: «ils sont liés à la pensée et à la réflexion, et ont,
comme celles-ci, leur siège dans le cerveau» .
Leçon: «Ce qui importe pour une personne, c'est de n'être en
contradiction ni avec son dedans~ ni avec son dehors; c'est d'être d'accord
intérieurement avec elle-même, et extérieurement avec ses semblables ».
Trois expressions courantes, kpnQla jili, «égarement intérieur, em-
barras », kQnQla nyakami, «brassage intérieur, confusion intérieure ou
mentale», et kQnQla su koole « nuit intérieure accomplie, étourderie» ren-
dent mieux le sens de la notion de kQn(Jla et partant celui de ktgntgmala qui
Jui est opposé.
157
(78) saya bf buu ba, ka sok(! ba, ka kolo ba; a bi ni fana ba; a ti se f~ mi k~r~, 0 ye
tflk(! ye.
(79) ni tQkQ sQrQ t~, mQkQ ka dyçlatik~ bi k~ bQ fu sa fu.
(80) Voir notamment S. de GANAY, «Les Devises des Dogons », Travaux et Mémoires
de l'Institut d'Ethnologie, 1. XXLI, 1942, et G. DIETERLEN, op. cit., p. 76 et suivantes.
(81) Les familles bambara et malinké sont patrilinéaires et patrilocales, et les individus
portent le nom de leur père; ceci est vrai pour les femmes qui, même mariées, ne se départissent
en aucun cas de leur nom patronymique.
(82) kQn~ sâkarâ ka ! KQnç k~ t~ k~l~ mi na, k~l~ bolo lâkolô.
(83) sise kaaresi, wagadu nyaam~ ! ala yaa to a ka masaya la ka wad sâdyi dyigi aw ye.
ka sanu sâdyi dyigi aw ye, ka lulu sâdyi dyigi aw ye, ka segi ka dananiya sâdyi dyigi aw ye.
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Le terme tere «< ce qui adhère fortement, qui est en contact perma-
nent ») désigne à la fois l'ensemble des caractères inhérents à la personne,
(84) aâ y~r~ ye mi sQrQ ani mi yaâ y~rç sQrQ, 0 de yaâ dakâ naâ nakâ ye.
(85) Le refrain d'un chant de chasseurs insiste sur le caractère immuable du destin et
de l'avenir: nakii! boU t€ nakana! «Destin! Les «fétiches» ne peuvent rien contre le
destin ». En somme, même les fétiches, c'est-à-dire les autels qui sont la matérialisation des
266 signes sacrés de la création et l'incarnation vivante des 266 attributs de Dieu (cf.
G. DIETERLEN et Y. CISSÉ, Les fondements de la société d'initiation du Koma) ne sauraient
infléchir le cours du destin!
(86) G. DIETERLEN(cf. Essai sur la religion bambara, op. cit., p. 61 et suivantes) rapporte
l'origine mythique du tere: «le tere fut infligé par Pemba à Mousso Koroni, tandis qu'il la
poursuivait pour diminuer son pouvoir». En effet, pour les Bambara et les Malinké, muso
koroni kildYf, « la petite vieille femme à la tête blanche », la mégère chenue, fut la première
personnaJité mythique à porter le mauvais tere à cause de ses multiples excentricités.
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159
160
(tere nyumêi) ou mauvais (tere dyugu) n'agit que par le contact physique
et la cohabitation.
« Le sang d'une victime sacrificielle doué d'un mauvais tere fait perdre
aux autels leur nyama et leur force: il les «gâte» dit-on.
«Vivre avec une personne porteuse de mauvais tere (une personne
qui a la guigne) expose à bien des malheurs».
Tout le long de la vie, le tere se développe et s'affirme en même temps
que se raffermissent les traits caractéristiques de l'homme (H81.
Selon l'opinion populaire, il se transformerait en nyama après la mort;
mais d'aucuns croient qu'il disparaitrait avec le corps (HU). Quoi qu'il en soit,
le mauvais tere s'accompagne toujours d'un nyama destructeur.
Le concept nyan1a (de ni, principe de vie, de yà, au delà ou en deçà
(du corps) a déjà fait couler beaucoup d'encre; cependant il demanderait
à être mieux analysé.
Au niveau de la personne, il représente plusieurs choses. Selon les
Bambara et les Malinké, toute source d'énergie émet des radiations qui
à leur tour produisent des effluves. Celles-ci portent, en ce qui concerne
le ni ou principe de vie, Je nom de nyama. Situé au dehors et au dedans
de l'être, et jamais en tout cas dans le corps qui reste le domaine privilégié
du nyii durant la vie, le nyama reste toujours doué d'un esprit agissant.
A l' extérieur, il répare durant la vie comme après la mort, les torts subis
par la personne dont l'âme, à la moindre offense, émet en direction de
l'offenseur un flux vital qui devient précisément le nyama. Au dedans de
l'être, il constitue la somme des faits qui se sont en un moment donné,
imposés à l'intelligence et à la conscience de la personne et y demeurent
jusqu'à la mort même s'ils s'estompaient pour une raison ou une autre
de la mémoire au cours de la vie: d'où son nom de nyama intérieur,
kQnQ nyama. Ce dépôt intérieur peut, à l'occasion d'une agitation fièvreuse,
d'une anesthésie générale, d'un rêve, de l'agonie, ou en cas de folie, faire
surface. Son siège est le cerveau. (On notera que le complexe de culpabilité
se dit « morsure du nyama », nyama-kl; d'autre part, si les grands chasseurs
sont obsédés par le nyama de leurs victimes au point de présenter des
troubles psychiques et même physiologiques qui rejaillissent parfois sur
leurs enfants, c'est bien parce que leur crime s'impose à leur conscience) (90).
La notion de nyama est donc complexe: «force vengeresse», esprit
(88) Les malformations congénitales et accidentelles sont considérées comme des « mani-
festations du tere », tere mayira.
(89) L'expression «casser (détruire) le tere de quelqu'un dans sa bouche» en le tuant,
karisa tere fi a da la laisse supposer que le tere cesse d'agir avec la mort.
(90) Dans un article sur la « société des chasseurs malinké » op. cit., j'ai fait une première
analyse du concept nyama qui reste valable dans ses grandes lignes.
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des morts et des vivants, le nyama évoque aussi par certains de ses aspects
la vie intime, la conscience, l'inconscient et le subconscient.
(91) A propos de waÜzo, on lira avec beaucoup d'intérêt 1es lignes que G. DIETERLEN.
op. cit., p. 64, consacre à l'origine de ce principe spirituel.
(92) waiizo et maâzo sont des «forces» spéciales androgynes dans lesquelles wac1,
kali fail et mail représente J'élément masculin et zo J'éJément féminin.
(93) zo ou so, «maison », désigne ici le «dedans de la personne », la vie intime (cf.
sokQngla, supra, p. 31).
(94) Cf. G. DIETERLEN, op. cil., p. 64.
11
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*
**
163
veut le proverbe «N'a pas longue vie qui veut tout mettre à l'épreuve»
(tout mettre en cause) 197), le karat(J, l'intrépide, est exposé à maints périls.
A l'opposé du kara se trouve le n~ri (98), la fatalité qui poursuit et
frappe certains individus, les n~ritp: « rien ne réussit à ces derniers: entre
leurs mains, le bon devient mauvais» (H9).
Contrairement à l'intrépide que l'on reconnaît facilement à ses actes,
à son «instabilité », basigibaliya, à son état de perpétuelle agitation, rien
par contre ne permet à priori d'identifier le « malchanceux».
164
Le terme sara qui est un des attributs de Dieu, signifie beauté divine.
Il sert de qualificatif à Faro, la déesse des eaux et à toute femme qui,
comme cette dernière, allie à une beauté exceptionnel1e des qualités morales
également exceptionnelles, et notamment la décence, dabe.
(102) Sur un autre plan, le maana désigne la parcelle de lumière divine qui préside au
destin et qui remonte au ciel à la mort d'un individu donné. Ainsi « les destins exceptionnels
sont-ils annoncés par des évènements astronomiques (apparition des comètes, ou d'étoiles
nouveHes...) et la disparition des certains grands hommes par des chutes de météorites et des
étoiles filantes».
Nous reviendrons sur ce concept de maana dans nos travaux sur les signes graphiques.
(103) Le mot neer{! a pour racine ne «trace », le verbe nerg signifiant coller. Il a la
même construction que maana, «luminescence » qui vient de mana, allumer.
(104) Faute de mieux, nous traduisons ici le terme dyogo (cf. p. 144) par « composantes
spirituelles» .
(105) neere bi maa dyogo tew la i naa te lulu bi masiriw ty€ la tyoko mi na.
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165
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168
(117) D. ZAHAN(op. cil., p. 248) donne à propos de l'enseignement du Korè, le sens qui
s'attache dans cette société d'initiation, à certaines parties du métier à tisser: « Kafa, peigne
du métier à tisser », «be, accord}). Niri, lices. «Miri, esprit, pensée ». Solo ni, poulie du
métier à tisser. « Kuma, parole »~ etc. Il est permis de penser que le symbolisme du métier à
tisser n'est pas propre à telle ou telle confrérie religieuse ou à telle région; mais qu'il est
partout le même chez les Bambara et les Malinké.
(118) Notons que dans le métier à tisser, l'avant n'est pas la direction à laquelle fait
place le tisserand, mais Je sens dans lequel évolue l'ouvrage, c'est-à-dire du côté de l'ensouple;
il est du reste déterminé par la statuette qui surmonte la poulie et qui fait place au tisserand.
(119) dy~ taama kâ ni mQkQ taama ka.
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169
(120) dQ bi dQ dQ, dQ too dQ; dQ ti dQ dQ, dQ boo dQ; dQ bi dQ ny~; dQ boo kQ; dQ bi dQ
kQ, dQ boo ny~; dQ ka y~l~, dQ ka dyigi; dQ ka dyigi, dQ ka y~l~; b~ ! bç ! aa ka b~, f~ t~ b~
bQ; dy~ taa ka dQ, dy~ sigi ka dQ, dy~ wili kâ do.
(121) banàgolo hi mpkp dyogo dyira.
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170
trou
/
OVII VIO
OVIIIO vO
IX 1VO 10
A C
B B
C A
Sillon
OX III0 6-9
OXI Il 0 -3-5-8
OXII 10
. '-2-4-7
-------------
Réponses
FIG. 8. - Le sumanRolo.
171
]l'r opération:
2P- opération:
Le récitant: «Est-ce celui-là?» (il jndique le 4(' trou qui n'a pas encore
été désigné).
Le testé: « Oui! Soumangolo».
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172
1
2 3
4 5 6
7 8 9 10
Il 12 13 14 15
16 17 18 19 20 21
22 23 24 25 26 27 28
29 30 31 32 33 34 35 36
37 38 39 40 41 42 43 44 45
46 47 48 49 50 51 52 53 54 55
56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66
67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78
- d'autre part il fournit une table des nombres (cf. fig. 9) qui
constitue l'une des bases fondamentales de la philosophie, de la mathéma-
tique et de la géomancie soudanaises, et qui pour cette raison, reçoit
différentes appellations:
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173
J74
Découverte depuis fort longtemps par les Malinké gui ont fait de la durée
de sa révolution la base de leur calendrier (et l'année longue gui fixe
tous les sept ans les cérémonies des sanctuaires kamabolo relèverait elle
aussi du cycle de «l'étoile à longue queue du ciel) (127), la comète de
Halley est le symbole des hommes de 77 ans appelés «âmes ardentes»,
nya karâw (cf. supra, p. ] 62) (ces personnes ont 76 années solaires ou
78 années lunaires révolues).
Ainsi donc, après les relations cosmobiologiques sur lesquelles ils
fondent leur conception de l'être humain, les Malinké et les Bambara éta-
blissent de véritables corrélations entre l'astronomie, les nombres et la
personne.
nabaa b~ ye taabaa ye
dYQf~ b~ ye dafç ye
dâf~ b~ ye bâfç ye
kunüfç bç ye saf~ ye
T rad. :
«tout arrivant est un partant (virtuel)
« tout édifice est appelé à se «coucher» (s'écrouler)
« toute chose créée est appelée à finir
« toute chose éveillée est appelée à s'éteindre (à mourir)
C'est par ces sentences que les Malinké et les Bambara évoquent le
terme fatal de la vie terrestre de la personne, la mort, saya, « J'extinction»
dans le corps du principe de vie, ni.
«La mort, cette «grande chose» gui frappe également et avec le
même bâton aussi bien le riche que le pauvre, le vieillard et l'enfant,
l'animal et la plante, intervient dans les conditions normales de la manière
suivante (12~): par l'agonie, nimakara «échauffement dans l'âme, ou de
l'âme », le ni agite le corps de toute son énergie, provoquant ainsi une
tension /12H) sans précédent dans la personne.
(127) Ce qui laisse supposer qu'il existerait pour les Malinké des rapports entre le cycle
de cette comète et celui de Vénus dite « étoile de la circoncision», s;gi 10010.
(128) Le processus ci-dessus n'est pas valable pour les autres cas de mort. Les foudroyés
perdent instantanément sous l'action conjuguée de « la vibration (des chocs d'ondes), du feu
(de l'électricité) et du bruit de la foudre» leur dya et leur nI qui se trouvent brutalement
éjectés au loin. Alors que chez les noyés, ces deux principes sont comme étouffés dans la
personne.
(129) C'est par l'expression mQke YQre b~ bi te, « toutes les parties de la personne se
ballonnent» que l'on traduit cette tension intérieure.
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Dès lors, le « petit double intelligent» quitte le corps par les pupilles
fortement dilatées pour regagner la mare sacrée du village où il sera sous
la garde de Faaro, la déesse de l'eau.
Avec son absence commencent les affres de la mort: privée du prin-
cipe qui fait à la fois sa raison et sa conscience, la personne délire. C'est
« la sortie du nyama intérieur» kQnQ nyama bg (cf. nyama, supra, p. 160)
par laquelle le mourant essaie, dans un ultime effort, de faire surgir sa
vie intime constituée de dépôts les plus divers (180). De temps à autre,
un relâchement de la tension au niveau du cerveau lui permet d'articuler
quelques paroles intelligibles.
Mais dès que la tête se renverse et que le kali tombe, coupant ainsi
du reste du corps le cerveau et le bulbe rachidien dont les vibrations et les
irradiations ne peuvent plus passer dans la moelle épinière et par consé-
quent dans les tissus, le ni quitte la personne avec le dernier souffle, par
les narines et la bouche. Il ira se fixer sur l'autel des ancêtres ou sur un
grenier, ou errer dans l'atmosphère s'il s'agit d'une âme en peine.
Mais la mort ne sera effective que lorsque les spasmes dûs à l'énergie
vitale, nyii-nyil, cesseront de secouer le corps, ce qui entraîne le refroi-
dissement et la rigidité de ce dernier.
L'annonce du décès, siikati, « éclater haut la mort», faite par les
cris et les lamentations d'usage, est suivie de trois rites principaux:
- une libation d'eau, dyibp «verser l'eau», destinée à «rafraîchir
l'âme », est faite sur le sol de la cour;
- un sacrifice sanglant, effectué sur l'autel des ancêtres, ou à même
le sol, a pour but de purifier et de revivifier le ni ou âme;
- le bain mortuaire, l'embaumement et l'encensement du cadavre
permettent, le premier de drainer la majeure partie du nyama
contenu dans le corps, et les seconds «d'éventer», de chasser
le nyafna Ilan le plus tenace qui, dit-on, s'étend à tout le champ
vital du défunt.
Le corps ainsi purifié à son tour, peut alors être enterré: il disparaît
avec «tout ce qui, dans la personne, est eau et terre » (IH2 \.
Sept jours après le décès, on procède de nouveau à des libations
d'eau et à des sacrifices sanglants destinés à séparer définitivement le
corps du ni et du dya (on croit savoir qu'à cette date « la chair se détache
des os »).
(130) Cf. Y. CISSÉ,« La société des chasseurs malinké », Journ. de La Soc. des African.,
1964, p. 208.
(131) Ce rite porte le nom de nyama fi ija « éventer le nyama» (cf. Y. CISSÉ, op. cil.,
p. 205).
(132) Il s'agit en somme de toutes les composantes corporelles.
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Les mêmes rites sont exécutés une troisième fois quarante jours
après la mort pour permettre au ni d'entreprendre son ascension vers le
« ciel de la conservation des âmes», nI mara kaba, où il demeurera pour
l'éternité.
nT mara kaba
(ciel de la con-
servation des i
âmes)
le ciel
)
Be ciel
1
Se ciel
4e ciel
3e ciel
1
2e ciel
1er ciel
i
kaba nQgQ
(ciel des nuages) \
ou impuretés
du ciel)
( 0
FrG. ] O. - Les dédales du hanânf?% et l'ascension des âmes.
177
(133) foroka-faraka est Je nom d'une plante rampante; employé comme verbe, il décrit
un mouvement désordonné, lent et pénible. «Dans le ciel de l'impondérabilité, toutes les âmes
flottent » disent les Bambara: ni bg bi foko foroko faraka kaba la.
(134) La voie lactée, nyuku-nyuküba, « le grand plissement» dont les étoiles matéria-
]iseront les ni des êtres vivants, symboliserait le 7p ciel par ses rep1is visibles et par ses replis
cachés le « ciel de la conservation des âmes».
(135) C'est pour avoir désobéi à Dieu que les premiers hommes furent anéantis par
le déluge et « leurs signes propres détruits». Leurs âmes sont demeurées là où elles ont échoué
après le déluge et sont devenues par la suite les génies que nous connaissons.
(136) Il y a tout lieu de croire que c'est cinq générations. En effet les termes désignant
les générations successives sont au nombre de cinq: ne, moi, dë, enfant; medé, petit-fils;
thomasana, arrière petit-fils; fufafu, arrière arrière-petit-fils. Il est à noter qu'un père peut
se réincarner dans un de ses fils conçu au mamen t de sa mort.
(137) La croyance la plus répandue et notée par la plupart des chercheurs laisse entendre
que c'est l'âme elle-même qui revient se réincarner dans un membre de la famine du défunt.
Et pourtant, la réponse des prêtres malinké et bambara est catégorique à ce sujet: «l'âme
ne redescend point du haut du banângolo ». Est-ce la même idée qu'expriment les griots
dans ce couplet d'un de leurs chants: «celui qui créa la vie, c'est celui-là qui créa la mort,
ceux qui sont morts n'ont rien fait à Dieu. Ceux qui sont présents ici-bas n'ont rien donné
à Dieu. Ainsi la mort est une vérité, la résurrection un mensonge».
12
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178
*
**
La présente communication est une simple ~squisse de la conception
de la personne chez les Malinké et les Bambara. Néanmoins, elle montre
tout l'intérêt que représenterait pour la recherche africaniste et pour
les peuples africains eux-mêmes, J'étude systématique des notions et des
concepts relatifs à l'homme.
L'Afrique est en effet en pleine mutation sociale, politique, écono-
mique, culturelle et religieuse. Cela n'est pas sans influer sur l'homme
noir, sur son comportement, ses habitudes de vie et de penser; mais cela
ne doit pas «le couper de ses origines et faire de lui une chauve-
souris » (140'.
Pour mieux appréhender cet homme en re-devenir et comprendre du
dedans la philosophie africaine de l'être - qui doit demeurer le ressort
(138) Selon plusieurs de nos informateurs, les défunts figurant dans les rêves ne possèdent
pas d'ombre (?).
(139) En dehors de ce rêve, on distingue le «rêve d'enfant», demis~nisuko, «le reve
de jour », tleffsuko, et le « rêve d'inquiétude, de préoccupation », dypprpna suko ou hamian
suko (le mot ham; est d'origine arabe). Notons que le sommeil au cours duquel se déroule le
rêve est appelé suneke (de su, mort, cadavre, m~ke, envie) « envie de faire le mort».
(140) Expression bambara et malinké exprimant une déchéance spirituelle consécutive à
une malédiction divine.
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LA NOTION DE PERSONNE
EN AFRIQUE NOIRE
Amadou Hampaté BA
182
B. - Existence
183
a) Conception.
b) La naissance.
184
c) Développement.
185
jS6
c
77
84
42
41
40
39
38
37
36 91
35
34
33
8 32
31
30
98
21
20
19
18
17
16
15 112
14
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A 11
10
9
119
7
6
5
4
3
2
1
187
188
189
190
entre les disciples korojuba et la masse étaient fondées sur la base d'un
usage de plaisanteries très osées.
Les korojuba, plus encore que les tonjon (captifs) apprenaient la
manière plaisante de dire les choses en utilisant des jeux de mots. Les
termes en étaient toujours vifs et très ingénieux. Ils avaient le droit tradi-
tionnel de «mettre en boîte» tout le monde, y compris le roi. Ils étaient
humoristiques, mais jamais grossiers.
L'un de ces korojuba, nommé Korojuba Nji, fut mon camarade
d'âge. C'était un excellent pantomime et un grand artiste dans l'art d'imiter
tous les sons possibles: sons d'objets divers et tous les cris d'animaux.
Conteur hors pair, il débutait ainsi ses propos: «Fils de ma mère!
Tenez-vous bien, car vous allez voir comment le maanin (petit Dieu)
que je suis, va terrasser le plus gros gibier créé par Maa-nala, et comment
je vais tirer du gros gibier sa partie la plus volatile pour vous égayer à
en mourir».
Ce gros gibier était la parole. En effet, Maa-nala n'a rien créé de
plus grand et de plus opératoire que la parole. La parole est si
forte que, sans elle, il n'y aurait pas de transmission des connaissances
acquises par les ancêtres.
La parole, kuma, permet d'extérioriser le génie des grands esprits.
C'est par eUe que la haute pensée prend un beau corps. Quelles que
soient la qualité ou la rudesse d'un esprit, si kuma n'intervenait, il
passerait inaperçu. C'est grâce à kuma que la pensée prend corps et
devient langage.
La tradition peule, de son côté, enseigne qu'il existe 9 catégories de
personnes, en relation avec les 9 ouvertures symboliques du corps, les
9 os du crâne et les 9 nombres-mères fondamentaux. Ces 9 catégories se
subdivisent en trois parties, de trois fractions chacune.
La partie la plus élevée correspond aux sages, aux êtres supérieurs,
élevés par la qualité de leur être et de leur intelligence. Ce sont ceux que
Gueno (Dieu) a envoyés et qui se dévouent pour le bien des hommes.
La partie médiane correspond à ceux que l'on appelle des «per-
sonnes», ou des «humains ». Ils se purifient de leurs désirs et de leurs
avidités, ceux du corps comme ceux du cœur. Ils suivent les enseigne-
ments et l'exemple des sages de la partie supérieure. Tout en eux est
mesuré.
La partie inférieure correspond aux vauriens, sans foi ni loi, à tous
ceux qui n'ont d'humain que la parole et ne cherchent pas à l'élever
au-dessus du rang des animaux.
A l'origine, les trois portions furent mélangées et, devenues semences,
tombèrent en terre. Elles s'interpénétrèrent et se mélangèrent si bien, avant
de tomber en terre, que personne ne peut plus les réintégrer dans leur
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191
192
Conclusion
QUELQUES APERÇUS
SUR LA NOTION DE PERSONNE
CHEZ LES BOBO
Guy LE MOAL
Les Bobo peuvent être, à bien des égards, considérés comme proches
des grands peuples du Mandé: Bambara et Malinké.
La langue bobo est rattachée par les linguistes au groupe mandé et
nombre de croyances et de notions relevées chez les Bobo sont partagées
par les autres ethnies qui composent ce groupe. Les Bobo ont cependant
développé, sur ces bases communes, un système de pensée qui possède sa
propre originalité.
Il sera essentiellement question ici de la conception que les Bobo
ont de la personne humaine, des éléments qui la composent et des traite-
ments auxquels ceux-ci peuvent être soumis par des procédés rituels.
Nous tenons toutefois à souligner qu'en cette matière nos recherches
sont à peine amorcées et que nos connaissances ne sont encore que très
fragmentaires, ayant été acquises moins par des enquêtes directes et systé-
matiques que par l'analyse des documents recueillis lors de l'étude des
grandes institutions socio-religieuses (notamment l'initiation et les rites
agraires) .
Pour les Bobo, l'homme est composé de trois éléments que nous
tenterons de définir tour à tour.
1) ka.
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194
2) meleke
(1) Chez les Malinké ,selon Y. CISSÉ (Journal de la Société des Africanistes,
t. XXXIV, fasc. II, 1964, p. 184), le mot meleke est employé parfois, mais il rem-
place non pas ni, comme chez les Bobo, mais dya, le « double », notion que les
Bobo, eux, traduisent par YE:, ainsi que nous le verrons plus loin. Dans le cas des
Malinké, toujours selon le même. auteur, cette adoption d'un terme arabe est claire-
ment un fait de syncrétisme, résultat d'une récente islamisation.
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196
(3) Les traditions bobo fourn1illent de détails extrêmement précis sur les
conditions dans lesquelles s'effectue ce périple, sur les itinéraires - lesquels sont
matérialisés par des sentiers ou signalés par des arbres, des accidents topographiques.
etc. - et sur les activités des «voyants» de Bankouma. Nous en rendrons compte
dans un travail ultérieur sur les rites funéraires et l'eschatologie bobo.
(4) «fils» du Dieu suprême wuro, il est l'une des figures majeures de la religion
bobo.
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197
198
3) YE.
199
retrouve, bien au-delà de leur aire culturelle, chez les Lobi comme chez
les Gourmantché.
A proprement parler, le nyama n'est sans doute pas exactement un
« principe» spirituel de la personne humaine, il est une force répandue
dans tout l'univers mais qui peut être «réfléchie» par l'âme ou par
quelque être doué de vie et se trouver ainsi dangereusement condensée
en un point. C'est ainsi que le conçoivent les Bobo, qui insistent du reste
surtout sur l'aspect essentiellement nocif du nyama. Notamment, on consi-
dère que la brousse est un lieu éminemment favorable au nyama et que
celui-ci se concentre plus particulièrement dans l'homme qui meurt hors
de son village, dans le lion tué à la chasse, ou dans la personne des génies
qui hantent les lieux inhabités.
Ces idées, nous l'avons souJigné, ne sont pas propres aux Bobo. Plus
intéressantes sans doute sont les opérations rituelles auxquelles se livrent les
Bobo et qui mettent en lumière leurs conceptions personnelles de la nature
et des propriétés des composantes spirituelles de l'être humain.
Ne pouvant, dans le cadre d'un exposé aussi bref, aborder le domaine
complexe de l'initiation - institution dont pourtant l'un des buts essentiels
est bien la transformation de la personne des adolescents - nous ferons
état ici d'un rituel qui offre l'intérêt de montrer clairement de quelles sortes
de manipulations une âme peut être l'objet. Il s'agira en l'occurrence de
l'âme des jumeaux et de sa mise en conjonction avec l'âme du mil aux
fins de protection du processus germinatif.
Nous avons déjà faÏt aHusion au fait qu'en dehors de l'espèce humaine,
certains végétaux pouvaient être dotés d'une âme et plus exactement d'une
« ombre», YE et d'une «âme», meleke, cette dernière un peu particulière
puisque privée de « souffle »~ sabl.
L'igname, mais surtout le mil sont ainsi censés posséder une âme et
sont, de ce fait, considérés comme des êtres vivants qui naissent et qui
meurent.
Parmi les nombreuses variétés de mil, seuls le « petit mil» (Pennisetum,
en bobo: du go furu) et le sorgho rouge (en bobo: ma pene) sont assortis
d'une âme. Ce sont des plantes sacrées par excellence, elles ont été, dit-on,
les premières plantes cultivées conn~ié:3 de l'homme et c'est du Dieu
suprême lui-même que les Bobo en ont reçu le don. Il en résulte une
extrême ritualisation de toutes les opérations agraires.
Les circonstances dans lesquelles le mil a été donné aux hommes
sont décrites dans le grand mythe cosmogonique bobo. Lassés de vivre
d'herbes et de fruits, les premiers hommes réclament une autre nourriture
à Dieu. Celui-ci les ~nvoie chez les fournlis qui leur révèlent et le mil et
les techniques de l'agriculture.
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de si de zo
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202
203
de lui se trouvent encore les deux petits tas latéraux s1 et zoo On en place
les grains dans un dernier panier et l'on y dépose l'autel.
Après un sacrifice fait sur l'autel, on va procéder au transport céré-
moniel du panier au village. Durant l'opération, le panier est l'objet d'un
conflit rituel. En effet, le contenu du panier est précieux car les femmes
pensent que sa possession ou même le simple contact avec ce qu'il recèle
pourrait faire que les jumeaux se réincarnent en leur sein.
Le panier est surtout convoité par les filles qui sont allées se marier
dans un lignage étranger et qui veulent faire bénéficier celui-ci d'une nais-
sance éventuelle - glorieuse pour elles - de jumeaux. Contre elles se
dressent les femmes épousées par les hommes du lignage et qui entendent
bien ne pas se laisser dessaisir d'une chance possible de fécondité excep-
tionnelle.
Les deux partis en viennent donc aux mains et, bien qu'il s'agisse
malgré tout d'un jeu, les coups pleuvent drus et le porteur est sérieusement
houspillé. Aux approches du village, un koronate (intercesseur coutumier)
sépare les antagonistes.
Une ultime cérémonie aura lieu à l'occasion du retour de l'autel
kÜiye dans la maison de lignage et c'est le ramasseur de mil, substitut
vivant des ancêtres avons-nous dit, qui seul peut faire franchir le seuil au
réceptacle des âmes des jumeaux.
De nouveaux sacrifices seront faits en présence des mères de jumeaux
et des jumeaux du village et ce sont eux qui consommeront enfin le mil sI
et za du dernier panier.
Ainsi, par cet exemple puisé dans les croyances relatives à ces êtres
un peu exceptionnels que sont les jumeaux, voyons-nous qu'il est postulé
la possibilité d'une manipulation des principes spirituels c.onstituant la per-
sonne. Grâce à des procédés rituels relativement simples, les Bobo pensent
s'assurer un certain pouvoir sur les phénomènes naturels comme sur le
desti n des êtres.
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Collqques Internationaux du C.N.R.S.
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L'IMAGE DU CORPS
ET LES COMPOSANTES DE LA PERSONNE
CHEZ LES DOGON
Germaine DIETERLEN
206
I. Les 8 kikinu
207
lumière du foyer projette sur les parois une forme nette entourée d'un
liseré de pénombre, ces deux zones exprimant la qualité de l'âme. Mais
à l'inverse du kikinu say, il se sépare rarement de son support; après la
mort, il est attaché à la dépouille jusqu'à la dernière poussière et à
l'ultime ombre portée par elle.
Ces 8 principes, «souffles» ou «essences», ne sont pas tous en
permanence liés au corps de l'individu auquel ils ont été attribués. En
ce qui concerne les kikinu de corps: pour un homme, le say mâle séjourne
dans le corps du porteur, le say femelle dans l'eau de la mare familiale
sous la protection du Nommo. Les sexes des âmes sont inversés pour une
femme.
Les kikinu bumont de corps fixent, dans une large mesure, ses rapports
avec son clan: pour un homme, le bÛmont ya siège dans le sanctuaire
totémique, le bumont ana avec l'animal interdit du clan.
Doublets des âmes de corps, et de ~ême essence qu'elles, les âmes
de sexe sont associées à la procréation et à la gestation donc à la fécon-
dité de leurs porteurs. Les kikinu bumont quittent rarement le sexe alors
que les kikinu say sont mobHes et n'interviendront effectivement qu'après
la circoncision et l'excision et au moment du mariage. Ils participent aux
cultes rendus sur les autels individuels (kutogolo et jabye) consacrés à ce
moment-là par les pères des conjoints respectifs.
Il convient de souligner les caractéristiques principales de ces prin-
cipes :
10) leur stricte appartenance à celui auquel ils sont affectés.
Tous les kikinu siègent dans l'eau et particulièrement dans les mares
sacrées dites «de famille» , réservées à chaque lignage étendu, sous la
garde du géniteur mythique de l'humanité, le Nommo, maître de l'eau.
C'est ce dernier qui octroiera à l'enfant ses kikinu dès le début de sa
vie intra-utérine. Chaque être humain reçoit des kikinu, qui lui sont per-
sonnellenlerit affectés et le resteront pendant toute sa vie comme après
sa mort: ils seront les bénéficiaires des rites funéraires et des cultes rendus
aux ancêtres. Les kikinu participent à l'individualité de l'être, car ils ne
sont jamais transmis à ses descendants.
2°) leur bi-sexualité.
Elle implique, au niveau spirituel, la présence dans chaque individu
du principe fondamental de la gémelléité. L'homme et la femme possèdent
grâce à eux une bi-sexualité permanente laquelle leur confère d'une part
la complétude voulue aux origines par le Créateur qui réalisa androgyne
le premier être vivant (la graine de po pi/u - image de l'atome); d'autre
part la fécondité, sur le plan physique comme sur le plan intellectuel et
psychique.
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*
**
20Y
))
II. Les « graines des clavicules
14
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2I1
Ainsi les jumeaux et les enfants dits kU1Jo (nés sans que leur mère
ait eu des menstrues depuis la parturition précédente), symboles des jumeaux
primordiaux, reçoivent une double dotation. Il en est de même du for-
geron. D'où le rôle considérable des premiers dans les rites agraires et
du second dans les rites cathartiques qui ont tous pour but l'accroissement
du rendement, des richesses, la prospérité du commerce et des échanges.
C'est ainsi qu'un don fait à des jumeaux est profitable au donateur
qui reçoit en retour, symboliquement, un bénéfice double de celui qu'il
eût reçu dans un cas ordinaire: sa récolte sera plus belle, ses troupeaux
prolifiques.
Le gaucher est placé dès sa naissance dans un cas spécial: cette
particularité est interprétée comme due au fait que la mère enceinte de deux
jumeaux mâles a rompu un interdit de clan. Nomma la punit en unissant
dans son sein les deux enfants pour n'en faire qu'un, mais gaucher, afin
d'en prévenir la mère. Considéré comme le plus fort et le plus adroit des
hommes, puisque sa main gauche est l'égale de sa main droite, il inau-
gure tous les travaux. Cette égalité lui donne de plus, la qualité théorique,
et religieusement parlant, d'androgyne.
Certaines fonctions religieuses confèrent à leurs agents un contingent
analogue à celui des jumeaux. Les prêtres des cultes de Binou et du Lébé
reçoivent, en même temps que les perles dug;), insignes de leurs fonctions~
huit graines supplémentaires au moment de leur intronisation.
Un certain nombre d'individus sont privés de l'[mi ya qui est
remplacée par l'une des variétés de fonio, le p6 ban (Digitaria exilis).
Cet état - qui leur est transmis par l'ascendant dont ils ont hérité une
part de Jlàma, leur nani ancêtre - les place dans une situation parti-
culière au sein de la société: de nombreux interdits frappent les autres
hommes vis-à-vis d'eux.
Pour des raisons dont l'exposé déborderait le cadre de cet article, la
graine pa ban est privée de son âme femeHe; eUe ne détient qu'une âme
mâle et n'est composée que de deux des quatre éléments, à savoir air et
terre; elle n'a point de .f1àma. Cet état d'incomplétude la rend impure,
pùru. De plus, son âme mâ1e séjourne avec elle pendant le temps de la
germination, tandis que pour les autres céréales, l'âme mâle, qui réside
habituellement en eUes, est remplacée par l'ân1e femelle, normalement
détenue dans l'eau par Nomma entre la récolte précédente et les premières
pluies. Celles-ci apportent cette âme femelle aux semences enfouies dans
la terre.
Pour ces raisons, le porteur de pa ban est privé de l' [mi ya et consi-
déré comme en état d'impureté vis-à-vis de tout individu détenant cette
dernière graine. De ce fait~ la société dogon est divisée en deux grands
groupes: les ine 3m:J (litt. : hommes vivants) porteurs de l' [mi ya, et les
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fne pÙru (litt. : homn1es in1purs) porteurs du pa impur. Les premiers, dont
l'interdit principal est justement le fonio impur, sont seuls habilités à
consomn1er la chair des victimes offertes au Binou de leur clan comme à
devenir prêtres de ce culte. Ils sont soumis~ de plus, à un certain nombre
d'abstentions dont sont déchargés les ine pÙru du fait de leur relative
in1pureté. Ceux-ci sont relevés de tous les interdits des Ene 6m:J concernant
la mort: ils lavent les cadavres, les vêtent, les portent à la nécropole et
conson1n1ent la chair des victimes offertes aux funérailles. Ils interviennent
également dans les cas de morts particulièrement graves (mort violente,
foudroiement, mort durant l'accouchement ou pendant la période mens-
truelle). Ils sont égalen1ent habilités à la construction et à l'entretien de la
demeure où séjournent les femmes chaque Inois.
En effet, une femme en état de menstruation perd l'emi ya qui est
remplacé par la Digitaria. Pendant sa retraite de cinq jours, dans la maison
affectée aux femmes, elle peut se nourrir de cette dernière graine, même si
d'habitude celle-ci est son interdit. Le délai écoulé, elle se purifie pour
éliminer la graminée. puis, après une ablution au point d'eau, elle croque
une graine d'emi ya, afin de rétablir l'état antérieur de ses clavicules.
Dans la même situation que les Ene pùru sont placés les griots, les
travailleurs du cuir, les travailleurs du bois, les fabricants de vannerie.
Ces artisans forment des castes endogames et sont, dans une large mesure,
tenus à l'écart des cultes principaux. De plus, aucun ine :Jm:J ne saurait
boire dans la mên1e calebasse que l'un d'eux, sous peine de perdre l'Emi ya
de ses clavicules, c'est-à-dire de devenir impur. Nul ne leur donne jamais
d' fIni ya et, s'ils cultivent des champs qui leur sont propres, ils ne sau-
raient attendre de récolte fructueuse que de la seule Digitaria.
Il convient de citer ici Je cas spécial du magu « parent à plaisanterie»
et « aJJié cathartique ». L'analyse de la situation réciproque des alliés, les
représentations comportant certains aspects du principe de gémelléité qui
sont associées à ces relations dépassent Je cadre de cet exposé.
I-,'alJiance se traduit par- des interdits dont la rupture entraîne les plus
graves conséquences: le miigu ne doit, en aucun cas, verser le sang de son
allié. L'jnlpuissance sanctionnerait l'infraction. Quant au meurtre, il est
censé entraîner la mort du coupable. Tout rapport sexuel est également
prohibé entre les deux groupes; iJ constituerait un véritable inceste qui
aurait pour effet de vider complètement les deux complices des nourritures
de leurs clavicules. C'est dire que le Dogon y perdrait même le petit mil, yu,
céréaJe de base qu'aucune autre infraction ne saurait atteindre. De ce fait,
le coupab]e serait comme vidé de sa substance.
CarnIne tout autre individu. le Inagu ne possède normalement que huit
graines, mais en présence de son partenaire et dans l'exercice de ses préro-
gatives, tout se passe comme s'il en avait seize. « Ce qui est le plus important
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dans la chose (l'institution) du mâgu, disent les Dogon, ce sont les graines
des clavicules ». La fonction cathartique de l'allié, vis-à-vis de son parte-
naire intervient en cas de rupture d'interdit: il procède lui-n1ên1e à la puri-
fication, sa présence ayant pour effet de favoriser la réintégration des graines
dans les clavicules du fautif et 1e rétablissement de ses forces perturbées.
.~
::~
*
III. Le Jlùma
214
(3) D'une façon générale «le J1àma est une énergie en instance, impersonnelle,
inconsciente, répartie dans tous les animaux, végétaux, dans les êtres surnaturels,
dans les choses de la nature et qui tend à faire persévérer dans son être le support
auquel elle est affectée temporairement (être mortel) ou éternellement (être in1morte1) ».
GRIAULE, Masques Dogons, p. 160 et ss.
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ascendants relevant d'une parenté plus large que celle du lignage, le clan
(parenté dite mÈnE, de mÈ:, placenta).
En principe, chaque jour, une paire de ces éléments, provenant de
ces deux séries, veille sur l'individu, occupant son corps entier; le reste des
deux séries séjournent dans les clavicules, le pàma étant de ce fait lié au
contenu claviculaire symbole de la vie organique. Ainsi, les forces de l'inté-
ressé opèreront-elles pendant la vie selon un cycle de 40 jours.
Plus tard, si l'enfant assiste aux fêtes du Sigui, sa personnalité s'accroît
d'une part du )1àma du Grand Masque, c'est-à-dire de l'ancêtre mythique
qui, le premier, subit la mort. Enfin, au cours des sacrifices auxquels il
participe, sa personnalité s'augmente de parts octroyées par chacune des
puissances auxquelles il rend un culte: dieu Amma, Nomma, Lébé, etc...
Ces parts, qui sont d'importances différentes, celles du nani et du
Binou étant les principales, restent indépendantes les unes des autres et
ne se mélangent point, étant parfois incompatibles. Un homme a donc en
réalité, non pas un, mais des 1Jàma, et si l'on emploie ce mot au singulier
il faut le concevoir comme définissant un amalgame d'éléments distincts,
et non un mélange. Un individu est en relations constantes avec tous les
êtres (parents, ancêtres et puissances surnaturelles) qui lui ont octroyé ces
forces, chacune d'elles contribuant à assurer son intégrité spirituelle et, de
ce fait, à maintenir l'équilibre de ses forces physiques.
Le )1àina croît régulièrement avec les années et se fortifie de celui
qu'apportent les nourritures, notamment celles dont les symboles siègent
dans les clavicules. Mais il est susceptible d'usure, de diminution, du fait
du travail, des efforts, des accidents et des fautes rituelles, ces modifications
se répercutant sur le contenu substantiel des clavicules. Pour conserver
son intégrité, l'homme entretient son Jlàma en offrant régulièrement des
sacrifices ou des libations aux donateurs dont il est le ressortissant. Les rites
comportent communion en même temps qu'offrande; tout individu qui sacri-
fie à l'une des personnalités dont il détient le J1àma en reçoit le bénéfice sur
cette part même.
Ces liens, noués dès la naissance ou au cours de la vie et entretenus
par le culte, sont sanctionnés. Les ancêtres et les puissances surnaturelles
contrôlent la conduite de celui auquel est donnée une part de leurs forces:
des interdits, dama, sont attachés à chacune d'elles. Un individu se trouve, de
ce fait, dès sa naissance et jusqu'à sa mort, dans l'obligation absolue, à la fois
religieuse et sociale, de respecter les interdits des êtres auxquels il participe
ainsi que ceux des puissances surnatureHes dont lui-même et le groupe dont
il est membre sont tributaires. C'est dire qu'il lui faudra observer les
interdits de son père, de son nani, de son Binou, du Grand Masque, du
Lébé, du Nommo, du dieu Amn1a et de toutes les puissances sur les autels
desquelles il sacrifie.
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B. Dans la seconde partie est exposée la façon dont les Dogon conçoi-
vent la foro1ation du corps humain pendant la vie intra-utérine, l'action et
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Procréation.
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Grossesse.
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Accouchement.
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Tant qu'une femme n'a pas expulsé le placenta on ne dit pas qu'elle
a accouché, on ne prévient pas le père. On dit: «on a eu l'enfant, on
n'a pas eu son petit frère». Car le placenta (mi) est comme le jumeau
de l'enfant.
Lorsqu'il a été expulsé, le cordon ombilical est coupé au rasoir ou
au couteau par l'une des matrones.
Le placenta et le cordon ombilical adhérent sont déposés dans une
poterie que l'on place dans la cour, sous le fumier constitué de tiges de
mil qui restent là à pourrir. Une pierre plate la recouvre: la poterie est
assimilée à une mare; la pierre plate qui la recouvre dite «pierre du
Nomma» au Nommo qui y séjourne. L'accouchée procède à ses ablutions
matinales sur cette pierre, et y lave également le nouveau-né, ceci durant
7 semaines. La poterie, qui reçoit théoriquement l'eau, est abandonnée en
ce lieu et finit par se casser. Laisser pendant 7 semaines - 7 étant le
nombre affecté à la multiplication de «la parole» - le placenta «dans
l'eau de la mare», l'abandonner sous le fumier qui contient la force
vitale, Jlàma des céréales, revient à le maintenir indéfiniment vivant.
On dit: « la femme qui a enfanté, le placenta reste pendant 7 (semaines)
à la place où ils se laveront; il est (là) comme vivant dans l'eau; il est
comme vivant dans l'eau avec le Nomma ».
«Le placenta est toujours vivant, toujours pur». Cette affirmation
- que nous avons déjà relatée - souligne la sacralisation du placenta
et justifie les actes rituels exposés ci-dessus. Elle ne peut se comprendre
que si le problème est posé en fonction des représentations dont il est
l'objet. Tout placenta est, sur la Terre, le doublet du placenta du «sein
d'Amma» où furent inscrits les «signes» préfigurant toute sa création.
Sa fonction au cours du développement du foetus est associée à son essence,
celle qui fait de lui le porteur des signes sacrés. De très nombreux exemples
de ces rapprochements pourraient être donnés.
Le «signe» de l'enfant qui vient de naître est préalablement inscrit
dans son placenta. A ce titre l'organe est la garantie de sa vie intra-utérine;
son action directe cesse, mais le symbole demeure même après son expul-
sion. D'où le traitement du délivre conservé à l'abri pendant une période
de temps (7 semaines) impliquant symboliquement la pérennité.
En relation avec l'intégrité de tout placenta, un être, un objet qui
n'est jamais susceptible d'impureté est dit kidé mint, «chose (dans) le pla-
centa ». Le nouveau-né est vivant~ son placenta est, et reste, son jumeau
vivant.
Pendant les 7 semaines de réclusion, l'accouchée est impure - pùru -
car elle perd du sang comparable à celui des règles. Elle ne peut sortir
et doit manger seule: l'entrée de la pièce où elle vit est interdite aux
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L'image du corps.
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10) La coiffure des jeunes filles et des femmes, leurs parures, souli-
gnent l'assimilation du fœtus au poisson.
Jusqu'à ses premières règles la fillette portait ses cheveux relevés et
tressés en forme de crête au sommet de la tête, celle-ci représentant un
silure: les tresses partant de la nuque formaient la tête du poisson, puis
son corps, la dernière, très longue, descendait sur son front formant une
queue, celle du poisson.
Après ses premières règles, la coiffure était réalisée dans l'autre sens,
la tête du «poisson» au sommet du front et ]a queue derrière: la tresse
enroulée formait une sorte de chignon sur la nuque, dans lequel la jeune
fille piquait l'arête d'un silure.
En effet, la jeune fine décortiquait avec soin et mangeait la chair qui
entoure l'attache hélicoïdale de la nageoire pectorale (dite, chez le silure,
ta i «serrure» et qui correspond à la clavicule de l'espèce humaine) du
« poisson des règles » qu'elle avait consommé avec un plat de riz. Aujour-
d'hui, elle n'utilise plus l'organe ainsi dégarni, mais autrefois, elle l'em-
ployait comme ornement, piqué dans les cheveux, derrière le chignon,
après l'avoir fait décaper par le forgeron, qui en formait une sorte de
petit peigne étroit à trois dents inégales. Cet objet qui servait également
de démêloir, était planté sur le devant de la coiffure pour la nuit.
Plus tard, elle mettra autour de sa coiffure un «mouchoir de tête»
noir, cette couleur symbolisant l'eau. Ainsi la jeune femme porte sur sa
tête le poisson-f(~tus qu'elle souhaite engendrer, préfiguré dans les eaux
matricielles.
Le symbolisme du poisson se traduit aussi dans les parures. Les
oreilles ornées des femmes représentent l'intérieur des branchies. Les perles
rouges de nez sont les barbillons latéraux et le labret, les barbillons du
dessous. Autrefois, l'ornementation était compJétée à l'aide de végétaux
ayant joué un rôle au début de la création.
Si la grossesse se faisait attendre, la jeune femme faisait exécuter sur
son abdomen des scarifications représentant schématiquement les arêtes
dorsales du silure, pour favoriser la procréation. On réalisait généralement
quatre schémas placés en étoi1e autour du nombril, soit deux paires des
jumeaux souhaités.
2°) Les jeunes gens et les jeunes filles, ayant atteint la maturité et
qui avaient reçu l'enseignement traditionnel se faisaient autrefois Hiller les
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incisives, ceci pour que leurs dents ressemblent aux dents pointues du
poisson, et particulièrement à celles du Nommo qui révéla dans l'eau de
la mare la « parole orale», le langage, aux ancêtres primordiaux.
Témoignage de l'acquisition du savoir - assimilé aux «articulations
de la parole», c'est-à-dire à sa richesse et à son pouvoir - cette coutume
avait aussi pour but de favoriser l'émission du langage et la formulation
du discours.
229
Luc de HEUSCH
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233
234
235
mauvais morts et d'en brûler les ossements (17). Van Avermaet s'étonne
d'une apparente difficulté logique: la pensée luba admet que le défunt
(mufu), l'homme privé du souffle (mÛya) réside simultanément près de
son cadavre et au Kalunga. Or la contradiction s'évanouit dès que l'on
considère la théorie de la pluralité des âmes, dont l'éminent linguiste ne
semble pas soupçonner l'existence. Theuws, plus attentif à la complexité
des représentations luba, en esquisse un tableau cohérent où subsiste néan-
moins quelques ambiguïtés. Lorsqu'il indique que l'haleine de vie, le mûya
« continu à vivre sous forme d'ombre» il faut probablement comprendre
que le souffle est indissolublement lié au principe vital indestructible, la
troisième ombre, dont il serait en quelque sorte la manifestation sensible (18).
La douleur physique se définit comme une perte de souffle: si l'on souffre
à l'épaule, c'est que l'haleine de vie abandonne cette partie du corps. L'on
voit ainsi que la maladie est métaphysique ment l'inauguration de la mort,
une perte d'âme. Le souffle particulièrement puissant de certains hommes
prestigieux se transforule purement et simplement en génie de la nature
(vidye) : un lac, par exemple se forme à l'endroit où le mort fut enterré {lB);
son ombre «habite» une chute d'eau, une montagne, une source d'eau
chaude (~O). Mais il s'agit là d'un phénomène exceptionnel. Seuls les grands
ancêtres d'un lointain passé historico-mythique, les guerriers ou les devins
fameux, connaissent cette métamorphose qui les rapproche d'une certaine
façon de l'Etre suprême auquel le terme Vidye s'applique par excellence.
Les esprits vidye communiquent avec les devins par la voie de la possession
médiumnique. Les vidye comme les morts ordinaires séjournant au Kalunga
sont susceptibles de « suivre les vivants, hommes et femmes » (Vidye ulonda
bana, ba/ume ne bakazi) (:~11. Nous nous séparerons de Van Avermaet et de
Theuws lorsqu'ils déchiffrent dans cette formule la croyance à la réincar-
nation. Les Luba disent exactement qu'un esprit ou un défunt «suit» un
enfant et rien d'autre. Ce rapport de contiguïté se manifeste par l'homo-
nymie et la protection: le même mot ngudi désigne cette double relation
privilégiée qui relève clairement du parrainage (221. Lorsque les Luba
affirment que le défunt renait «selon Je nom), ils indiquent clairement
que cette «réincarnation» est une façon de parler, éliminant toute idée
de métempsychose. Sans que l'on soit autorisé à généraliser cette conception
à l'ensemble du n10nde bantou, l'on pourrait relever maintes conceptions
voisines. C'est ainsi que les parents Thonga se plaisent à évoquer la
mémoire de leurs ancêtres en choisissant le nom de leurs enfants; lorsque
236
le parrain est un ami qui s'est « nommé lui-même dans l'enfant »" il offrira
des cadeaux une fois par an à son filleul, c'est-à-dire «à son nom» (231.
Hadelin Roland a parfaitement saisi le mécanisme de la dation du nom
dans une tribu lubaïsée, les Sanga: quand bien même le père et la mère
s'adressent-ils à l'enfant en utilisant le terme de parenté dont ils usaient
à l'égard du défunt, « celui-ci ne réside pas pers.onnellement dans son ngudi,
il n'y est présent qu'en esprit, par la pensée, par l'intention» (241. Sur ce
point au moins, l'on donnera raison à rTempels, contre Theuws (2:) I. Les
Sanga vont jusqu'à prendre de singulières libertés avec l'esprit protecteur:
s'ils ne sont pas satisfaits de l'influence qu'il exerce sur l'enfant, ils n'hési-
teront pas à briser la relation et à faire appel à un autre défunt. Mais chez
les Luba le lien semble plus impérieux: un pi'oche parent défunt apparaît
en rêve et révèle à la future mère ses intentions beinveillantes à l'égard de
l'enfant qui portera dès lors son nom. Le devin
(~()
peut aussi être le médiateur
entre le parrain de l'au-delà et son filleul I. Le nom de l'ancêtre, «reçu
à l'intérieur, dans le sein de la mère», est véritablement sacré, frappé
d'interdit. C'est pourquoi les Luba utilisent dans la vie quotidienne un
sobriquet, «un nom pour l'appeler» (:.!ïI. L'on ne peut s'elnpêcher de
mettre en rapport cette double dénomination avec la dualité de la personne.
En effet, l'ombre solaire et l'ombre de la taille sont étroitement associées
au corps et à ce titre sont immédiatement perceptibles, alors que l'ombre
de vie constitue réellement l'âme invisible. Or le nom caché dénote l'être
immatériel, tandis que le sobriquet désigne le paraître. Au plan sociologique
le premier relie la personne aux morts, le second aux vivants. En vérité la
fonction du nom chez les Luba semble être de transformer la personne
en personnage; il n'est nullement le véhicule d'un principe spirituel auto-
nome. Le sobriquet est d'une certaine façon un masque, engageant la
personne dans le présent, dérobant aux atteintes de la sorcellerie le per-
sonnage secret, inséré dans la trame des ancêtres. L'on notera cependant
que le mécanisme aléatoire de la dation du nom secret, par le truchement
du rêve ou de la divination, ne renforce pas nécessairement la solidarité
du lignage patrilinéaire; l'interprétation fonctionnaliste n'a guère prise sur
le phénomène puisque les parents de la mère comme ceux du père sont
susceptibles de sortir dans cette loterie qui mériterait une analyse statis-
tique (:.!H,.En tout état de cause, loin que les morts se réincarnent, l'on
pourrait plutôt dire que les vivants se projettent sur les morts proches et
237
238
( 3 4) Id (!
171.
239
240
241
qui paraissait le plus faible. Si cette règle a été abolie, on prête toujours
mauvais caractère aux jumeaux; chez les Luba, ils ne sont pas complète-
(4H).
ment responsables de leurs actes
La personne ne se réfère donc en aucune façon à l'idéal gémellaire
dans le monde bantou. Bien au contraire, et quel que soit le jeu dialectique
auquel ils se prêtent, les jumeaux menacent d'abord l'ordre culturel ou
cosmogonique, soit qu'on interprète le mystère de leur origine comme une
projection monstrueuse de l'animalité dans la fécondité féminine, soit qu'on
y déchiffre un rapprochement du ciel et de la terre. Si les Bantous admettent
sans difficulté la multipJicité spirituelle de l'être, la duplication du corps est
à leurs yeux une véritable monstruosité. Mais l'ombre intérieure, noyau d(;
la personne luba, est elle-même source d'angoisse puisqu'elle est tantôt
l'objet tantôt le sujet de la sorcellerie. Le rêve, lieu de dissociation de l'âme
et du corps est la scène de tous les crimes: non seulement les sorciers
affamés de chair humaine s'y ruent sur les ombres de vie, mais encore,
c'est là que se décide véritablement la survie ou l'anéantissement des morts.
Dévoreuse d'âmes, la mémoire est aussi à sa façon, sorcière. Mais lorsque
sa tiède lumière, semblable à celle d'une lanterne magique, 'anime de
manière illusoire le peuple des ombres sur l'écran du sommeil, les malé-
ficiers s'écartent des petits enfants luba que bercent les invisibles parrains
de l'au-delà.
Ouvrages cités
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Françoise HERITIER-IZARD
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Après cette succession d'ascèses, le mErE éternel de l'homme passe soit dans
un arbre et changera de support tout en restant dans la même variété à
chaque fois que son support meurt, soit, et moins fréquemment, se trans-
forme en génie d'une espèce particulière, les dyirin' patara, ou génies des
morts, qui sont purement domestiques. Dans l'arbre, le mErE de l'homme
cohabite avec le mEre de l'arbre, également immortel. Il ne s'agit pas de
n'importe quels arbres, mais de grands arbres où la sève (da yému, litt.
l'eau de l'œil de l'arbre) ne coule pas de façon apparente lorsqu'ils sont
blessés: tamarinier, raisinnier, caïlcédrat, baobab, néré, poupartia birrea,
gardenia esculantus, et non porteurs d'épines (les mErE des hommes ne
vont pas de la sorte dans les balanzans, au tronc épineux).
Bien qu'il n'y ait pas de correspondance temporelle exacte avec le
monde des vivants, les deux vies de mort correspondent au temps où les
hommes sacrifient nommément sur les auteuls ya l:Jr:J (autel du père) et
yilo l:Jr:J(autel du père du père). Lorsque d'une série de frères qui sacri-
fiaient à l'autel de leur père et du père de leur père, le dernier meurt à son
tour, les autels se trouvent si l'on peut dire, décalés d'un cran. La géné-
ration suivante sacrifiera au yi/o l:Jr:Jpour l'ancêtre q~i résidait au ya l:Jr:J
de la génération précédente. L'arrière-grand-père, pour qui on cesse alors de
sacrifier nommément, rejoint tous les ancêtres lignagers au grand autel
des morts (dirimba l:Jdolo), l'un des trois principaux autels de la maison
des morts. On admet de la sorte qu'il a épuisé, peut-être dans une tempo-
ralité différente, ses deux vies de mort et qu'il a entamé sa vie éternelle
d'arbre. C'est seulement pendant le temps où il réside au premier village
des morts qu'un ancêtre peut revenir, s'il le désire, dans un support neuf,
sous l'aspect du b:JrE. Ce retour se fait, en général, dans un délai de six
ans maximum après la mort. Ce qui revient dans l'enfant est le yi:ri du
défunt, sa pensée, dont on reconnaît la marque dans les actions de l'enfant.
Il ne lui dicte pas ses actes, mais leur donne une forme et une orientation
particulières, aisément discernables par ceux qui ont connu le défunt de son
vivant. Le yi:ri n'a pas d'autres connaissances que celles que l'homme a
eues de son vivant. Un homme revient dans les fils ou les petits-fils de
ses fils ou de ses frères, une femme revient dans les filles de ses fils ou
les filles de ses filles.
Au moment où il vient au monde~. à l'instant où la vie le pénètre,
l'homme déclare ce que sera sa mort. LEpErE signifie textuellement « la bou-
che parle». C'est le sceau irrémédiable de sa vie et de sa mort que le
nouveau-né détermine en naissant. Dieu fait prononcer son destin à l'enfant.
Dans le ventre de la mère, on considère que le fœtus est en communication
directe avec Dieu, seul stade où cela soit possible. Une fois qu'il l'a pris
en charge, quand sa bouche a parlé, l'homme devient responsable de son
destin, qui est un destin de mort, car tous les hommes doivent mourir et
ce sont eux-mêmes qui l'ont voulu. Lorsque les hommes vivaient au ciel,
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ils ne mouraient pas. Comme ils se multipliaient par trop, sur l'initiative
divine un certain nombre d'entre eux est descendu sur terre avec l'aide du
forgeron. Des mythes détaillés racontent cette descente sur la terre et l'orga-
nisation sociale qui en est résultée. Sur terre, les hommes ne mouraient
pas non plus. Se rendant compte que l'immortalité, de pair avec la vieillesse
et l'impuissance totale qui l'accompagne, était insupportable, ils ont désiré
et cherché la mort. Dans certains zumbri de fossoyeurs (noms d'éloge ligna-
gers), on raconte comment les fossoyeurs ont reçu mission d'aller acheter
la mort contre un chat noir et ont ensuite inventé les techniques qui l'accom-
pagnent. Si donc Dieu a bien voulu la mort, c'est à la demande des hommes.
Chaque être hun1ain la reprend à chaque fois en charge, inscrite dans son
destin individuel. A chacune des actualisations de composantes que suscite
le mErE aux différents seuils mortuaires qu'il franchit (mort de vivant, pre-
mière mort de mort), un nouveau lEpErE est décrété, qui ne doit rien au
précédent. Un enfant mort en bas-âge dans sa vie de vivant peut avoir de
la sorte de longues et fructueuses vies dans ses vies successives de mort.
Au tut:Jmbo, interrogatoire du cadavre pour connaître la cause de la
mort, la première question qu'on pose au corps concerne son IEpErE:
«Regarde tous ces gens rassemblés pour toi, ils t'ont mis sur ce
brancard, si tu as quelque chose à dire, viens d'abord prendre l'eau et boire.
« Tu es venu et tu as bu l'eau. Cette chose (i.e. la mort) qui t'a trouvé,
si c'est ton L5r3 (autel personnel représentant le IEPErE), approche; si c'est
ton lEpErE qui t'a tué, avance. »
Si la réponse est négative, si ce n'est pas la volonté pure du LEpErE qui
est en cause, mais un accident particulier, également déterminé par le
lEpErE, on poursuivra l'interrogatoire:
« Si c'est une affaire avec ton père, approche
« Si c'est une affaire avec ta mère, approche
« Si c'est une affaire qui te concerne toi seul, approche (transgression
d'un interdit, prise d'un autel justicier sans avoir demandé l'avis des pro-
ches, etc.)
«Si quelqu'un t'a tué, approche
« Si tu connais l'homme_ va sur lui. »
Dans tous les cas, même si la mort est le fait d'un crime de sorcellerie,
reconnu au tut3mbo, l'auteur n'en est jamais que l'instrument de la volonté
exprimée par le LEPErEde la victime. Ceci explique qu'aucune sanction
n'est prise à l'encontre du sorcier reconnu lors de cette cérémonie. Il n'est
pas chassé du village et il n'y aura pas d'exercice de la vengeance. Le
sorcier apparaît ainsi comme J'instrument nécessaire du destin.
Comme le mErE, le LEpErE appartient à l'individu en propre. Cepen-
dant une lourde contrainte pèse sur la décision oraculaire du nouveau-né.
Le LEpErEde l'enfant est fonction du lEpfrE de la mère; il ne peut jamais
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LE LIEN A LA MÈRE
ET LA NOTION DE DESTIN INDIVIDUEL
(1)
CHEZ LES GOURMANTCHÉ
M. CARTRY
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(3) Certains informateurs disent qu'il ne se rend dans la rivière que pendant la
saison sèche. Dès le retour de l'hivernage, il suivrait le courant des eaux et ainsi
reprendrait contact avec l'homme.
(4) Située à quelques dizaines de kilomètres du Gobnangou, la Pendjari (lit.
.
Kpenjoari, «fleuve mâle») est un affluent de ] a Volta qui marque sur 180 km la
frontière Haute-Volta --Dahomey. C'est dans cette rivière que les habitants du
Gobnangou vont pêcher et c'est sur ses berges que les chasseurs se mettent à l'affût
pour surprendre le gros gibier.
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de l'invoquer de façon assez vague lors du sacrifice qu'on offre à son père
défunt. En ce qui concerne le propre YEmiali d'Ego, il est invoqué en
même temps que le kikilga et que le 1Jali"l'ancêtre qui, entre autres agents,
a rendu la conception possible en imprimant une forme à la matrice- de la
(111. Le rite
gestatrice et qui joue également le rôle de puissance tutélaire
dit tampugu qui a lieu au pied du lit de l'intéressé est une sorte de sacrifice
d'expiation, où le sacrificiant, après avoir demandé pardon à toutes ces
puissances pour les fautes commises à leur égard, fait appel à leur aide et
à leur protection: «Je demande pardon à mon VaU, à mon kikilga, à mon
YEnu, à mon cyabU, à mon YEmiaU... Donnez-moi le bon sommeil, le corps
dispos, terrassez pour moi l'ennemi, homme ou femme ... ».
Mais ce rite tampugu n'a d'efficacité sur le YEmiaU que si ce dernier
a une orientation virtuellement favorable. Il ne peut «redresser» un mau-
vais YEmiali en en changeant en quelque sorte le signe. Pour opérer un tel
renversement, l'unique solution qui s'offre à l'individu est d'en faire la
demande au y€miali de sa mère. Ce nay€miali est bien la clef de voûte du
système et nous devons maintenant tenter d'en approfondir la signification.
Mais avant de prolonger notre analyse, nous résumerons les résultats acquis
à l'aide d'un schéma (fig. 1).
Possibilités d'interven-
Effets "naturels" sur Ego
tion rituelle
FIG. 1
(11) L'analyse de cette notion de VaU justifierait à elle seule une longue étude.
Il nous suffit ici d'indiquer que J'ancêtre donne une forme mais ne se réincarne pas
à proprement parler.
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3. Le yrmiali de la mère.
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qu'il faut accomplir pour acquérir sans tarder une première épouse.
Le devin finit par lui dire que son mariage et la guérison de sa mère,
dépendent du Jienguili de sa mère et qu'il lui faut sans tarder édifier l'autel.
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celui qui est offert au jienguili de la mère. Que la mère d'Ego soit malade,
que la maladie frappe Ego lui-même, son épouse ou ses enfants, qu'il
veuille acquérir une nouvel1e épouse, que son épouse actuelle ait une
grossesse difficile, qu'il convoite une charge importante, voire simplement
qu'il se prépare à un voyage, le message divinatoire fourni en réponse à
ces différents problèmes fera souvent état du naytlniali; le géomancien
consulté remettra à son client - ou lui fera remettre - un kOYtjienga
portant les signes du nayrmiali et du napom.ar.iienguili ainsi que les signes
des offrandes sacrificielles requises en la circonstance (221.
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enfants, voire contre toute sa descendance. Les burl sont impuissants. C'est
désormais l'affaire de Dieu (23I .
On peut classer les fautes sanctionnées en quatre catégories: 1) les
fautes commises envers la mère elle-même ou ses mânes; 2) celles commises
envers les frères ou les sœurs germains; 3) celles commises envers les parents
maternels et notamment envers les oncles maternels; 4) celles commises
envers les épouses. Bien que cela puisse sembler paradoxal, cette dernière
catégorie de faute (par exemple un comportement brutal à l'égard de
l'épouse) peut être sanctionnée en rendant difficile la grossesse de l'épouse
en question. La mentalité gourmantché ne voit aucune anomalie dans le
fait que la souffrance infligée pour sanctionner un dommage, atteigne aussi
la victime du dommage.
Mais le sacrifice au jienguili de la mère peut aussi avoir pour fonction
d'obtenir une aide exceptionnelle pour la réalisation d'un désir ou l'exé-
cution d'un projet. Si l'aide est consentie, tous les moyens indispensables
sont mis en œuvre par le nay£miali et ses buri pour obtenir le résultat
souhaité. Si tel rival d'Ego fait obstacle à la réalisation de ses projets,
le y£miali de la mère n'hésitera pas à procéder à son élimination, y compris
son élimination physique. Cette assistance dans le crime va si loin qu'elle
ne recule pas devant l'élimination de ces rivaux par excellence d'Ego que
sont ses parents agnatiques. On dit même que pour permettre à son fils de
succéder à une charge importante (chefferie ou diedandi (24), la ft.mme
pré-terrestre avec son YE:miali peut faire «tomber» son propre mari,
voire J'un des fils que son mari a eu d'un autre Iit (donc respectivement
le père et le demi frère d'Ego).
Face à toutes les interventions de son YEmiali, la mère réelle, si elle
est encore vivante, reste parfaitement étrangère. Elle aura éventuellement
sous les yeux le spectacle des malheurs de son fils, de sa bru, ou de ses
petits enfants (par les fils); elle pourra éventuellement savoir que son propre
y£miali est l'agent causal de toutes ces infortunes, mais elle n'en restera pas
moins parfaitement impuissante à changer quelque chose. S'il y a quelque
chose à faire, c'est du ressort de son fils; c'est entre son fils comme sacri-
fiant et quelque chose d'elle-même qui lui échappe que la partie est engagée.
Le sacrifice se déroule de ]a manière suivante. S'agenouillant près de
l'autel, avec à ses côtés, soit son épouse, soit sa mère, Ego offre le sala
et les divers poulets sacrificiels que lui indique le koyejienga. Sur chaque
pierre de l'autel, il verse à plusieurs reprises un peu de sala et de sang,
et colle des touffes de duvets des poulets immolés. Variable selon la nature
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iiengr7
E90~
~ mère d'Ego
yemiali d'Ego
- - -.. direction de la prière
di recti on des effets
FIG. 2
, ,
mère décédée dEgo
/
Y. .,
- - - - - - - j'engu,,_
/
' '
yemlallmered Ego
~"""'"
Ego
~
- - -. directionde la prière
direction des effets
FIG. 3
~ yemiali d'Ego
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plus importante fille/garçon, sous ce rapport, n'est pas là; elle est dans le
fait qu'en se mariant, la fille effectue un passage qui la destinant à subir
dans sa chair et dans son pouvoir de procréatrice les effets de l'emprise
considérable qu'exerce sur son mari le y£miali de sa belle-mère se libère
du même coup partiellement du y£miali de sa propre mère. Les rites de
mariage effectués dans la maison paternelle juste avant qu'elle rejoigne la
maison de son mari, ont, entre autres, pour but, de faire converger vers
elle tous les flux de procréation contrôlées par les puissances et les ancêtres
de cette maison, comme si on voulait lui assurer le meilleur viatique de
départ en cette matière (2;-)). Mais quand elle est entrée dans la maison de
son mari, elle tombe désormais sous l'emprise de sa belle-mère tant sur
le plan réel que sur le plan mystique. Si, malgré son bon viatique de départ,
elle ne peut procréer, c'est que le yt:miali de sa belle-mère bloque les flux
de procréation dont devrait d'abord bénéficier son mari.
(25) Les puissances concernées sont des buri: soit des buri d'ancêtres paternels,
soit des buti d'aïeules de la maison paternelle (mère du père, mère du grand père
et surtout mère du fondateur de la maison). Dans les prières adressées à ces derniers
bu[i, on trouve notamment cette formule: «Enlevez la procréation de là où elle
n'est pas rare et donnez la lui» (à la jeune fille). Pour les bu[f d'aïeules de la
maison paternelle, voir p. 27].
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qu'après avoir introduit l'autel qui y est associé dans l'autel du jienguili
de la mère (26). Cette association dans le rite est figurée sur le koyejienga
que le géomancien remet à l'intéressé, par une combinaison des signes gra-
phiques représentant les deux autels. Quand tel est le cas, cela implique
que le sacrifiant doive associer les deux burt dans sa prière pour leur
demander de joindre leurs interventions auprès du y€miali de la mère. En
dehors des particularités que nous venons de mettre en évidence, le culte
adressé au nabufcyabu est soumis aux mêmes règles que celui qui est
adressé au jienguili de la mère.
Nous avons vu que dans son y€miali, la femme peut atteindre son fils
en la personne de ses enfants. On sait donc déjà que le y€miali d'une
femme a une influence de fait sur ses petits-enfants par les fils. Mais les
croyances gourmantché concernant le y€miali vont au-delà de cette simple
constatation. Durant sa vie pré-terrestre, la femme peut émettre des vœux
concernant directement la descendance que lui donnera éventuellement son
fils et ceci jusqu'à quatre générations au-dessous d'elle. C'est ainsi qu'en
dehors de ses enfants, ses vœux peuvent concerner les catégories de per-
sonnes suivantes: 1) les enfants (garçons et filles) de ses fils et de manière
plus indirecte les enfants de ses filles; 2) les enfants des fils de ses fils
(jamais les enfants des enfants de ses filles); 3) les enfants des fils des fils
de ses fils. A l'exception des enfants des filles (d'ailleurs très peu concernés),
on voit que la descendance prise ici en considération est uniquement la
descendance masculine, la descendance agnatique des fils (27).
(26) Quand par exception, le jienguili de la mère n'a pas été posé avant la
fabrication du bu!,cyabu, on sacrifie auprès de ce dernier bu!o en déposant l'autel
sur le seuil de la case.
(27) Les enfants des filles ne sont que très peu marqués par le y€miali de leur
grand mère maternelle. Dans les sacrifices qu'ils font à leurs ancêtres maternels, ils
ne doivent certes pas l'oublier, mais un peu par dérision. ils remplacent J'offrande
habituelle de sala par de l'eau simple. L'appellation humoristique de bidoyala
qu'ils lui donnent dans ce contexte du sacrifiçe, est une moquerie à son encontre.
Elle signifie que comparée à la grand mère paternelle, elle a fait une mauvaise mise
dans 'le jeu de la procréation. Cette mauvaise nlise, elle l'a faite au profit de la
n1ère de son gendre (leur grand mère paternelle), car devant donner sa fille à son
gendre. elle a placé sa fille et les enfants de sa fille sous la coupe de cette femme.
D'où bidoyala qui signifie littéralement: «elle (la grand mère materneJle) a gâté
son affaire (sa procréation) à son profit» (au profit de la grand mère paternelle).
Ces données, on l'aura remarqué. sont congruentes avec l'idée énoncée plus haut
(p. 269) selon laqueJle une femme. au fur et à mesure qu'elle se dégageait de
J'emprise du }'fmiali de sa n1ère. tombait sous l'emprise du YEn1iali de la mère de
son mari. Il aurait été intéressant d'étudier l'ensemble de ces données en relation
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avec le système de parenté. Faute de temps, indiquons seulement que membre d'un
patricIan déterminé, Ego est apparenté avec les lignées agnatiques de sa mère, de
la mère de son père et de la mère de sa mère. Mais la profondeur et l'extension
de la lignée cbncernée changent selon les cas et cela a des implications sur les
règles de nlariage. Toute femme du patricIan de sa mère est pour un Ego masculin
une épouse prohibée. En ce qui concerne la lignée agnatique de la mère du père.
l'interdit ne porte que sur le patrilignage maximal. Mais pour la lignée agnatique
de la nlère de la mère, la prohibition ne porte plus que sur le patrilignage mineur.
(28) On aura ainsi les buti suivants: 1) le ba /la bu,"cyabu et le ba na jienguili;
2) le yadja na bu!"(:yabu et le yadja 11a jienguili; 3) le ba yadja na hurcyalju
. et le
ha yadja na jienguili.
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de chacun de ces autels ainsi que le droit d'y sacrifier échoit à celui des
descendants qui est le membre le plus âgé de la génération la plus proche
de l'aïeule concernée. A la mort de ce dernier, c'est un cadet de la même
génération, descendant de la même aïeule, qui succède à la charge. Après
l'épuisement de la génération, la charge de l'autel revient aux membres
de la génération suivante, toujours selon la loi de succession d'aîné en
cadet. En ce qui concerne le burcyabu, l'officiant est en même temps le
gardien d~ l'autel (comme dans le cas du naburcyabu, l'autel est conservé
dans la chambre de celui qui en a la charge).
L'un des autels principaux de la maison collective est celui qui est
associé au jienguili d'une aïeule dont descendent (par les fils) tous les
membres du segment de patrilignage correspondant à cette maison. On
l'appelle o-tingkpipwa jienguili, ce qui signifie littéralement «le jienguili
de la femme parente de la terre». Placé au milieu de la maison (on l'appelle
aussi le «jienguili du milieu»), il est conçu sur le même modèle que le
jienguili de la mère mais il est de plus vaste dimension. C'est le maître
de la maison (le diedano), le membre le plus âgé de la plus ancienne géné-
ration du segment de lignage de la maison, qui en a la charge. Les sacri-
fices qu'il y fait sont principalement destinés à assurer la prospérité de
l'ensemble de la maison. Néanmoins, un membre quelconque du segment
de lignage, peut, pour des motifs personnels, demander au diedano d'y
officier en son nom (2H,. Théoriquement on doit promouvoir au rang de
tingkpipwa jienguili, le jienguili de l'aïeule qui est située à quatre généra-
tions au-dessus des enfants du segment de 'lignage appartenant à la dernière
génération (descendante). Comme nous l'avons déjà indiqué, quatre géné-
rations représentent la limite au-delà de laquelle Je y£miali d'une aïeule
(30).
n'a plus d'efficacité sur ses descendants En principe, à chaque géné-
ration nouvelle apparue dans la maison, on devrait changer de tlngkplpwa
jlenguili et ériger à ce rang le jienguili d'une aïeule de la génération qui
suit immédiatement celle de la précédente «parente de la terre» . Nous ne
pouvons pas affirmer qu'il en soit toujours ainsi en pratique. Ajoutons
qu'à l'aïeule «parente de la terre» correspond également une variété de
burcyabu détenue également par le diedano. Le jour du mariage d'une
des filles du segment de lignage de la maison, le diedano introduira cette
variété de burcyabu dans la variété de jienguili correspondante et fera un
sacrifice pour dell1ander à la « parente de la terre» et à ses burl de donner
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(31) Cela ne se vérifie pas toujours pour les enfants de même mère issus de
pères différents.
(32) Comme dans toute organisation segmentaire, solidarités et conflits ne peu-
vent être décrits qu'en termes relationnels. Les membres d'un matrisegment A ayant
pour aïeule commune la mère de leur père pourront se disputer le burcyabu associée
à cette aïeule. Mais ils pourront agir de manière solidaire contre les membres du
matrisegment B dès lors qu'il s'agira de s'assurer la possession du bu'[cyabu de l'aïeule
qui leur est commune (la mère de leurs grands-pères respectifs).
(33) Dans la prière associée à ce rite, on demande pardon au buro de le
« diminuer» mais en échange de sa venue, on lui promet par de nombreuses
offrandes, un «accroissement» «une extension». Le buro est censé se diviser et se
partager entre les deux supports.
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et à l'heure du repas de midi attend souvent en vain qu'on lui apporte son
plat (35). La fin de l'initiation (entre 14 et 16 ans) marque une autre
rupture. Pendant le début de l'initiation, on dit qu'elle réabsorbe son fils
dans son ventre et prépare une nouvelle gestation (36). A la fin du camp,
l'enfant transformé renaît comme membre à part entière du lignage de son
père. Mais pas plus que la précédente, cette dernière coupure ne met
fin à la relation de dépendance entre la mère et le fils. A chaque change-
. ment de statut du fils correspond une modification du couple mère fils.
D'anciens liens se relâchent, mais de nouveaux se tissent. C'est un
peu comme si à chaque fois que le fils changeait de statut, il était réen-
gendré par sa mère.
Mais le changement de statut du fils peut aussi entraîner un change-
ment de statut pour la mère. Le mariage de son fils produit en effet pour
une femme une transformation décisive tant en ce qui concerne sa position
statutaire et symbolique que le rythme de ses activités quotidiennes. Elle
devient maintenant une pwokiamo, «une vieille femme », c'est-à-dire une
femme qui ne peut plus engendrer ou qui n'a plus le droit d'engendrer.
Que le mariage de son fils intervienne avant ou après le cap de la méno-
pause, il signale le moment où elle doit cesser d'avoir des relations sexuelles
avec son mari. Son fils étant désormais en mesure d'engendrer, elle doit
elle-même renoncer à toute activité reproductrice. Je reviendrai sur cet
étrange interdit mais je veux déjà relever deux de ses implications. En
continuant à engendrer, la mère monopoliserait à son profit les flux de
procréation qui dans l'intérêt du fils doivent maintenant passer à sa bru.
La nouvelle «machine» reproductrice qu'amène avec elle la personne de
sa bru ne peut vraiment produire que pour autant que la sienne propre
s'arrête de fonctionner. Ces deux machines s'excluent réciproquement et
s'il advenait qu'elles produisent ensemble, un prodigieux désordre en résul-
terait. Un désordre tel, disent les Gourmantché, que les enfants du fils
seraient en même temps les enfants de la mère, et les enfants de la mère,
les enfants du fils (37).
(35) Le repas de midi est comme facultatif et les responsables des unités de pro-
duction de la maison ne sont pas tenus d'y pourvoir. Pour calmer la faim de ses
enfants, une femme fera réchauffer les restes de la veille ou confectionnera hâtive-
ment quelque mets, en prélevant sur son propre stock.
(36) On dit la même chose pour un chef nouvellement nommé qui accomplit
sa retraite d'investiture dans une case sans ouverture qui symbolise le ventre maternel.
(37) Autrefois l'âge moyen du mariage pour un homme était très tardif (rare-
ment avant 30 ans). Les femmes se mariant très jeunes (15 ou 16 ans), elles avaient
au minimum 45 ans lorsque leurs fils étaient en âge de se marier. Elles avaient donc
dépassé le cap de la ménopause. Mais si limitées que soient en fait les possibilités
pour une femme de pouvoir encore procréer après le mariage de son fils, la société
gourmantché a estimé qu'elle ne pouvait prendre le risque de lui permettre une pro-
longation de ses activités sexuelles. Elle a donc édicté un interdit.
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(38) Une pwokiamo est enterrée devant la maison de son mari et l'ancêtre
(ancestress) qu'elle est appelée à devenir doit normalement se «réincarner» dans le
segment de lignage de son mari. Ces faits tendent à confirmer l'hypothèse d'une très
forte intégration dans le lignage du mari.
(39) Si la femme s'est remariée et a eu un autre fils, les demi-frères utérins
une fois mariés se disputeront la présence de leur mère. La règle veut cependant
que la pwokiamo rejoigne son fils aîné.
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Les relations d'une femme avec sa fille mariée restent également très
étroites mais en raison même des règles de résidence sont beaucoup plus
espacées dans le temps. La jeune femme rend visite à sa mère mais l'inverse
ne se produit qu'exceptionnellement. Si une veuve n'a pas de fils et si elle
a par ailleurs perdu toute attache avec les maisons de son ex-mari et de
son père, elle devra se résoudre à aller rejoindre sa fille dans la maison
de son gendre. C'est là l'un des pires destins que puisse connaître une
pwokiamo. Si forts que soient les liens entre une mère et sa fille, on ne
peut parler d'un couple mère-fille comme on peut parler d'un couple mère-
fils. Cela ne tient pas seulement à l'éloignement dans l'espace mais au
relâchement des liens mystiques qui unissent une femme à sa fille, dès lors
que celle-ci tombe sous l'emprise de la mère de son mari.
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(40) Dans notre étude de 1966 consacrée aux attitudes familiales (op. cit., p. 274),
nous voyions surtout dans le nayemiali une solution élaborée par l'inconscient col-
lectif pour ne pas abandonner «au hasard des sentiments individuels la réalisation
de l'exigence de réciprocité qui est requise d'un fils en réponse à l'amour de sa mère ».
(41) En collaboration avec Alfred ADLER,nous avons longuement commenté ces
développements dans une étude consacrée à la relation avunculaire chez les Dogon.
Cf. ADLER A., CARTRYM., «La transgression et sa dérision », L'Homme, Il (3),
juil.-sept. 1971: 5-63.
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Meyer FORTES
Résumé
Chez les Tallensi du Nord du Ghana, de même que dans les populations vol-
taïques voisines auxquelles ils sont apparentés par la langue et la culture, la notion
de personne correspond bien au concept de «personne morale» dans la théorie de
Mauss. D'un point de vue objectif, les Tallensi considèrent que la personne est créée
par la société et la culture. De ce fait, les animaux, les plantes, les êtres spirituels
et d'autres entités non-humaines peuvent être investis, dans certaines circonstances,
du statut de personne. Toutefois, le modèle idéal est l'humain. Les -composantes
significatives de la personne, à savoir le corps, la vie et l'âme sont distinguées lin-
guistiquement, de même que les étapes du cycle de vie. Idéalement, le statut de
personne complète ne peut être acquis que par les mâles à qui un destin favorable
a permis d'avoir des descendants. Toutefois, les femmes peuvent aussi devenir des
personnes, bien qu'à un degré moindre. La naissance normale, légitime, protégée
par les ancêtres au sein du patrilignage est une condition indispensable. Cependant,
l'épreuve réelle est à la fin de la vie. En effet, une personne complète doit nécessaire-
ment avoir une mort normale ainsi que des descendants mâles qui puissent le
promouvoir au rang d'ancêtre et lui rendre un culte. Une telle fin est la preuve de
l'acquisition d'un statut de personne complète durant la vie. TI semble donc que,
chez les Tallensi, la personne soit externe à l'individu et que ce statut s'acquiert
davantage par la chance que par l'effort individuel ou par la bonne conduite. Cela
pose le problème de l'assimi1ation, par l'individu, des rôles constitutifs de sa «per-
sonne ». Chez les Tallensi, la notion de moi n'est pas tout à fait équivalente à
celle de personne. L'usage de noms distinctifs, de titres et, avant tout, les pratiques
religieuses relevant du totémisme constituent les principaux moyens d'assimilation
des attributs et des rôles liés au statut de personne.
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Il
I spent a few days visiting my Tallensi friends earlier this year; and
right beside the striking Catholic church that now stands within a stone's
throw of the central t01Jgban (Earth shrine) at Tongo, I found myself in
the midst of a ritual crisis of the kind I had only heard of in 1934-37.
A tense and anxious divination session was in progress at the sacred
pool of the Zubiung clan. All the elders, still traditionalist, of course, and
quite a few of the younger men, were present, and the problem was one
that Mauss would have been greatly intrigued by. It appeared that spilt
blood and other signs had been found showing that one of the crocodiles
which have from time immemorial dwelt in the pool, had been wantonly
killed in the night. As one elder explained té>me, in these days it has been
found that crocodile skins and claws are worth a lot of money. So thieves
and rascals have been known to come from the neighbouring cosmopolitan
town to the sacred pool to trap and kill the crocodiles. He affirmed that
no local man, indeed no Tallensi, would commit the crime and sacrilege
of injuring these animals. Every Tallensi knows that these crocodiles are
the incarnation of important clan ancestors (see Fortes, 1945, p. 142).
To kill one of these is like killing a person. It is murder of the most
heinous kind and it would bring disaster on the whole clan. The divination
session was aimed at finding out what sins of omission or commission on
the part of the clan had brought down this calamity on them.
A consideration of this crisis points to the heart of my inquiry.
It appears that in some contexts and some situations a crocodile from a
certain special place is a person (nit), to a particular group of Tallensi -
as, of course, also happens amongst other Voltaic peoples who share the
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the same broad cultural system. A crocodile in the bush, in the wild
(rnoog) however - for instance, in the rivers that are fished in the dry
season - is not a person, not sacred. It can be killed and eaten as the
home crocodile must not be by those people of Zubiung for whom the
whole species is not a totem.
Here, then, we have a peculiar and striking illustration of Mauss's
recurrent emphasis on the social derivation of the category of personhood.
A decade before the 1938 paper (commenting in 1929, on Lévy-Bruhl's
L'Arne Primitive) he drew attention to the Roman transformation of the
notion of the mask - " personnalité mythique" - into the notion of the
" personne morale", best glossed, in English, as the social person. (See
Mauss, Œuvres, 1969, p. 132.) Noting the importance of names for
placing the individual in society, for defining his personality, and perhaps
his destiny, he propounded the generalisation that" la personnaltié, l'âme,
viennent avec Ie nom, de la société". In other words, it is the society
that creates, defines, indeed imposes the distinctive signs and indices that
characterise, and the moral and jural capacities and qualities that constitute,
the personne morale as we find it in that society.
The concept of the personne morale is central to Mauss's analysis;
and the significant feature is its social derivation. If personhood is socially
generated and culturally defined, how then is it experienced by its bearer,
the individual? This is the question of the awareness of the self, moi of
Mauss' analysis, that is of the connection between the "inner man" (the
Unatural man" some would say) and the " outer" socially formed person;
and it has occupied men of learning from ancient times until today in the
Orient as well as in the West, as Krader has shown (1967). It is worth
nothing that Durkheim and Mauss were not the only social theorists of
modern times who gave precedence to the social sources of person and self.
The American sociologist C. H. Cooley had a similar point of view. His
countryman, G. H. Mead, in an early paper in 1913 sketched a theory,
later elaborated in a famous book (1934) which he summed up in the
U
formula the 'l' of introspection is the self which enters into social
relations with other selves".
Ethnologists like Hallowell (1955) and Margaret Mead (1949) and
psychologists like E. Goffman (1959) have carried the analysis further.
They have brought together observational and field data showing how
social organization and culture shape the expression of personhood~ and
channel the correlative awareness, in contexts as diverse as those of the
Ojibway Indians, New Guinea tribes and custodial institutions in urban
America; and the same questions are also occupying the attention of various
philosophers.
It is evident, therefore, that our theme has wider theoretical implica-
tions than merely to add to the ethnographical confirmation of Mauss's
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III
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(Richards, 1956) and the Koumen of the Fulbe (Hampate Ba & Dieterlen,
1966) reveal the other side. Initiation ceremonies are aimed as. much at
legitimizing for the individual his rights to assume and to exercise openly
the capacities that pertain to the status acquired by initiation, as at imparting
esoteric knowledge Bemba girls are well acquainted with the facts of
sexual life and procreation before their chisungu but it is only after the
ceremony that they are free to act as sexually mature persons fit for
marriage and motherhood.
It is not surprising, perhaps, that what I have been here so laboriously
expounding is brought vividly to life by a Parisian novelist of Durkheim's
and Mauss's generation. I refer, of course, to Proust who was doubtless
responding to the same intellectual climate as they were. In Du Côté de
chez Swann, there is a gem of a digression on the fille de cuisine who is
sent up with the coffee. This is what he says:
" La fille de cuisine était une personne morale, une institution permanente
à qui des attributions invariables assuraient une sorte de continuité et
d'identité, à travers la succession des formes passagères en lesquelles elle
s'incarnait, car nous n'eûmes jamais la même deux ans de suite. "
(Editions Gallimard, Paris, 1954, p. 97).
Mauss himself could hardly have put this more elegantly. And what
is specially interesting about this statement is C. K. Scott-Moncrieff's
brilliant English translation of it (in Swann's Way, The Modern Library
edition, New York, 1928, p. 99). This is how it goes:
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IV
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found dead, just as human persons are. Nevertheless, the murdered cro-
codile though a person would not be described as human. There is a
special term for this, ni-saale The obvious etymology of this word suggests
an inference that being human presupposes the possibility of personhood
(nit). It is difficult to elicit from informants a precise definition of nisaal.
The synonym nin-voo (literally person-alive) often used for it, indicates
that it is presumed to imply life and personhood. It also implies certain
attributes of normality to which I will presently come.
But the best way of indicating the significance of the concept of
nisaal, human, is to note how it contrasts with other constituents of the
more general category of living things, bon-var (pl. bon-voya) (etymo-
logically bon, thing, var, alive) on the one hand and with inanimate objects
on the other. Among bonvoya, living things, contrasted with humans,
animals come first. The most general term for an animal is duu, yini-duus,
home-animals like cattle often being in turn contrasted with yeog-duus,
animals of the wild, that is, game. However, whereas nisaal is a single,
universal category, the animal world is split up among a diversity of eco-
logically -ordered classes or species - earth creatures, water creatures, birds,
etc., etc.
Tallensi connect life with the breath, va-hem, hence bon-var. Humans
and animals are the possessors of life par excellence and the living humans
(vo-pa) are contrasted with the dead (kpeem) as in the common proverb,
zorn kpeem ka di zo vopa. (One must fear the dead (ancestors) and not
fear the living.) At the same time, as we shall presently see, qualities of
livingness, and not merely metaphorically, are attributed to certain quasi-
personified religious entities, notably the Earth and ancestral shrines.
Furthermore, trees and plants are described as belonging to the living
part of the non-animate world as opposed to stones, clay, rivers, etc. (1).
To return to animals, it is accepted that they do not differ from
humans in the biological sense. They move of themselves and mate and
breed, live and die in the same way. The anatomical and physiological
isomorphism is well understood since it is principally from animal hus-
bandry and from sacrificing and butchering animals that the details are
(1) I often talked about these matters with Tallensi of all ages. They were
unanimous that animals are" living things" because (a) they move about of their
own accord - in contrast to, for instance, an automobile, which can only move about
when driven; (b) they grow and change - in contrast to non-living things like stones,
which neither move about voluntarily, nor grow and change; (c) they die like humans.
Trees and plants were said to be living things, though they do not move about,
on the grounds that they grow from seed, undergo changes, shed leaves and
regenerate like humans. Some Tallensi insisted also that the sun and the moon must
be living things since they move and the moon changes, dies as it were and is reborn
every month, but others disagreed.
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learnt. Animals and humans have the same bodily substances of flesh
(numût), blood (zeem), bones (koba), etc.
Wherein, then, does the critical difference lie? A good test lies in
the attitudes about depriving its bearer of life. If a human is killed,
whether in war or in a private quarrel, the killer must be prophylactically
treated with a special ritual medication; but so must he be if he kills
certain large animals of the bush believed to be by nature capable of
aggressive retaliation. These include not on1y the big carnivores such as
lions and leopards, but also large antelopes. The purpose of the prophy-
laxis in both cases is to prevent the' soul' (sU) of the slain human or
animal from becoming magically dangerous. There is, however, a fundamental
difference, -in that to kill a human, individually, not in war, is sinful, a
desecration of the Earth to be atoned for by sacrifice i.e. purificatory ritual,
whereas killing an animal is thought of as a justifiable, through possibly
dangerous act, a kind of wrong, perhaps, but not a sin.
Not only is there an overlap between animals and humans on the
biological side, there is believed to be some connection between them
also on the cultural side. In Tallensi folk tales and myths animals are
often presented as speaking, and as acting in a quasi-human manner in
other respects too. Dogs and to a lesser extent cats are regarded as
quasi-human. They live with humans, eat the same kind of food, and
- dogs in particular - respond to human speech. In other ways, too,
they behave like humans. Dogs have humanlike traits such as loyalty,
courage, intelligence and on the other side greed and thievishness.
Cattle, sheep and goats and poultry are domestic animals without qualifica-
tions. But some animals of the bush are represented in folktales as living
in families and communities like humans.
It is difficult to elicit definite statements as to where the critical
difference lies. My inference is that it lies in the facts epitomised by the
observation that animals have no genealogies. Though animal species have
continuity by reproductive succession, animals do not have descent and
kinship credentials. They do not have social organization with the implica-
tions of moral and jural rules. They have no ritual practices, no ancestors;
they have life and individuality and continuity as species, but not their
own forms of society or morality. All the same, animals have attributes
and capacities that make them potentially humanisable, if I might coin
a word to convey the Tallensi idea. They can be partially incorporated
in human society, for example in the totemistic ideology that confers
kinship morality on selected species.
And yet, Tallensi are emphatic that animals as animals are not
humans and definitely not persons (niriba). This is true even of those
animals that are partially incorporated as a species subject to totemic
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Now in the Tallensi cult of the ancestors and the Earth almost any
item of the natural or the social environment is capable of becoming a
vehicle of ancestral or other mystical presence to those who are under its
power. A tree, a stone, an artefact, thus comes to be ritually charged
with what appear to be elements of personification. However, this does
not amount to personhood, in the specific sense. Tallensi say categorically
that the tree, the stone, the old hoe, and so on, which serves as the altar
(bagher) for the offering of sacrifices to particular named ancestors or the
Earth, is not the ancestor but is only his or her sitting place (zi-ziiga),
his locus of accessibility to prayer and other ritual acts. It is comparable
to the homestead where a living elder is accessible. Medicine (teem) {which
refers both to substances and prescriptions for treating disease and states
of pollution, and to purely magical agencies, defensive or aggressive, is
also made manifest in material objects and paraphernalia. These are
usually of a symbolic kind, similar to the constituents of ancestral shrines.
Magical medicines are often said to wander about and to catch or tie up
their victims (magically of course) as if they were alive in some way, and
Tallensi often speak in the same way of the Earth. Nevertheless, they are
quite clear that it is not the material objects as such that are" alive"
but the mystical agencies located in them; and it is equally clear that the
livingness attributed to them is only analagous to but not indentical with
the livingness of physically alive creatures. Ancestors, medicines, and the
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Earth are personified but not invested with the kind of personhood that
accrues primarily to living humans, though it may be conferred in cur-
tailed form and in special circumstances, on a particular animal. Let us
look at this a little more closely.
When ancestors and other mystical agencies are credited with forces
analagous to life, they may be said to be bon-voya, living things, but
they are not said to have 1)o-vor, the life that is made manifest in breath,
that is, biological life. They are not embodied in flesh and blood. To have
a body (neng) thus constituted is the indispensable foundation for being
alive in the way humans have to be to become persons, even though they
share this property with other living creatues. A crucial feature of this is
that living creatures come into being by birth and what is almost more
important, that they are mortal. The significant point here, as I shall have
to repeat in different contexts, is the paradox that, according to the
Tallensi theory of the person, no one can be certainly known to have
been a full human person until he is shown, at the time of his death, to
have been slain by his ancestors and therefore to deserve a proper funeral.
This carries the implication that the person thus marked is qualified to
join his ancestors and become one of them. So one can say that the real
test of having achieved personhood is to have had the potentiality, all
through life, of becoming a worshipped ancestor - or of incorporating
one.
The limiting principle then, for personhood, strictly defined, is to
begin or rather to be born with a mortal body. To this I will return again
presently. Ancestors and other mystical agencies are not thus endowed.
When they are said to be alive, the allusion is to their powers of mystical
intervention in human affairs. Tallensi refer to ancestors by kinship terms
used for living forbears, such as banam, fathers, yaanam, grandfathers,
manam, mothers. Nevertheless, these usages do not reflect the merging
or identification of the living with the ancestors. The latter are among men
but not of mankind. They belong to the world of the dead, the kpeem, and
intervene in human affairs in modes of action reserved for those who have
mystical not mundane power. The kinship terms by which they are addressed
in prayer and sacrifice and the associated ritual usages reflect their genea-
logical origins and the attributes and powers assigned to them in Tallensi
religious doctrine. They are represented as endowed with untrammelled
power and authority over human existence, ultimately over life and death.
It is as if they were endowed with the quintessence of parental autocracy
purged of the elements of affection, solicitude and devotion, and unen-
cumbered by the rational constraints and material sanctions that human
parenthood is of necessity subject to.
Ancestors are the dominant supernatural agencies believed to control
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human existence. In conjunction with the Earth and other mystical agencies
they are believed also to be instrumental in regulating the course of nature
as it affects human existence. But it is not only by reason of the arbitrary,
quasi-juridical powers projected on them that they have this aura of
personification. It is also because they are believed to respond to men's
needs and claims and to take cognizance of human conduct, in ways
analogous to those of human parents and elders. But this is where a critical
distinction arises. Ancestors and other supernatural agencies have their
sitting places in the homes and settlements of living people; to this extent
they are incorporated in the social order. But not as humans are. Their
place in their dependants' homes and communities is behind an invisible
but precisely defined conceptual and dogmatic screen, as it were. This is
the screen of religious ideology and ritual prescription, which can only
be penetrated at proper times and places by the special instrumentality of
prayer and sacrifice and the associated practices and observances which
Tallensi call taboo rules (kihar). Tallensi identify this domain by gene-
ralising the concept of baghêJr, the term primarily signifying the objective
vehicle of mystical agencies, as I have mentioned above, in other words,
which refers to personified mystical agencies of all kinds as they are fixed
in their tangible and material loci of accessibility. It is contrasted with the
domain of mundane life with its routines of direct contacts in family and
community relations, in work, and in the general affairs of society and its
material, rational, framework of order. This is the everyday, normal
universe of action for which there is no special label and where ritual is
inappropriate. The Tallensi think of the two spheres as mutually com-
plementary, rather than opposed, locked together in the inescapable mutual
coercion attempted by the living and the mystical agencies upon one another.
But whereas on the human side, future persons are recruited biologically
by birth and shed by death, the bagher entities can only be brought into
being by the deliberate social actions of rituals' malung' establishing them
and of the jural allocation of the rights and duties to their custody and
service to persons entitled to it.
Considering therefore what I said earlier, namely that full personhood
is only finally validated by proper death and qualification for ancestorhood,
it emerges that the human persons who make up society remain the
ultimate arbiters of personhood. To be sure they are not free to act
against the dictates of their religious and metaphysical beliefs and values;
but they are the responsible agents; and they fulfil their task by conferring
what looks like quasi personhood on the dead who become ancestors. It
is of interest, by the way, that ancestors are, in my experience, never
referred to by the term niriba, persons. I have heard nonancestral mystical
agencies so alluded to but the contexts showed that it was in a metaphorical
sense exactly like our use of the pronoun" she" to refer to a ship.
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This brings me back to the apparent paradox that the crucial test of
personhood comes at the end of life as we saw with the crocodile. Goody's
analysis of the mortuary and funeral ceremonies of the Lo Dagaba (Goody.
1962) helps to explain why. The basic reason, as he shows, is that it is
only when the person is dissolved into his or her constituent parts and
statuses that his claims to genuine personhood can be evaluated. He may
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all his life have been very efficiently masquerading, leading a double life
as a non-person concealed under the outward trappings of personhood.
He might not even have been conscious of this, in his capacity as an
individual, for the cause - necessarily a supernatural agency from the
Tallensi point of view - would very likely have been undisclosed until
revealed by divination at his death.
For the Tallensi, death kum (from ku = to kill, hence the killed
thing) is the end of an individual life (1Jovor) in the first place. The word
for corpse is also kum, though death is often referred to in the abstract,
e.g. in proverbs. It is significant that a dying individual must be propped
up in the arms of close kin or a spouse. For a person to die unppropped
up is a sin that pollutes the whole household and all its goods. This
pollution must be immediately removed by a ritual specialist else more
deaths will ensue. Having seen these happenings, I can testify to the anxiety
of the deceased's relatives and their relief after the medication. Tallensi
describe this as a very serious ancestral taboo which they cannot explain.
One can see, however, from the context, and from comparable customs,
that if an individual is left to die without such support it would be treating
him like an animal which, by definition, has no kin. A dying person's
kinsfolk must demonstrate their acknowledgment that he belongs to them
and their consequential obligatory concern for him at the moment when
he is about to leave them.
Tallensi say that the corpse, kum, is like a husk, foreng, which they
compare to the skin cast by a snake. What, then, has left it that was the
source of its life? Firstly, the breath, vohem. Death is known to have
supervened when the breath stops, but breath is considered to be the
expression, not the source, of life. What is essentially lost by death is the
soul, sU.
It is convenient to translate this notion by the conventional Tylorian
term, the soul, but the classical Greek concept of the psyche (as explained
for example, by Onians, page 93 ff) seems to me to come nearer to the
relatively diffuse and of course much less sophisticated, Tallensi idea.
The sU is not identified with the breath. As with similar entities that figure
in other West African systems of thought, the sU is sometimes spoken
of as if it were a double of the individual, accompanying him rather than
being integral with him. Correspondingly" the sU can wander about leaving
its embodiment behind in sleep and appear in dreams to someone else.
It is definitely not identified with the ghost-like wraith (kok) I mentioned
earlier; it is part of a living person's constitution having a reality of its own.
The sU is vulnerable to magical injury. Thus, when a grave is being dug,
souls of people attending the mortuary ceremonies are apt to be enticed
into the grave without the persons thus affected being aware. It is difficult
to get explanations of how this is brought about. The most plausible is that
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the soul of the deceased, whose body is still lying in his house, has entered
the grave which will be his" home" in due course, and is enticing souls
of people the person was attached to in his life to accompany him in death.
At all events, it is believed that clairvoyant buriers of the dead (bayaase)
can detect these souls and rescue them. Medicinal roots and herbs are burnt
in the grave to drive out these souls and thus prevent death from overtaking
their owners.
These beliefs correspond to an illuminating usage of the notion that
can not inappropriately be translated by a term like" personal identity".
It is put forward to account for special attachments and aversions of
individuals, both those that are conventional and those that are idiosyncratic.
A person's most intimate belongings are said to be his or her normal
clothing, a man's bow and arrows, and such normal tools as a hoe or an
axe and for a woman, personal ornaments such as brass armlets and
beadwork. These are all said to be imbued with the owner's sU. More
particularly, a man's sU is said to be specially associated with his granary
and a woman's with a selection of her choicest calabashes and storage pots.
Sii, therefore, in one of its aspects, is the focus, one might almost say the
medium, of personal identity which is objectively represented in possessions
characteristic of a person's sex and status. In accordance with these
representations, when a deceased parent or ancestor reveals himself or
herself as an agency claiming service from a particular descendant, the
chosen vehicle is usually some such intimate and characteristic possession,
or its replica, owned by the descendant.
I have .described elsewhere (Fortes, 1949, ch. 8) the Namoo taboo on
a first-born son's looking into his father's granary or wearing his clothes or
using his tools or weapons, during his lifetime, and the parallel taboo on a
first-born daughter's opening her mother's storage pot or wearing her clothing
during her lifetime. These are represented as rules for preventing a hostile
confrontation between their respective sUs. It is in keeping also with these
beliefs that a feeling of strong affinity with another person is accounted for
by the mutual attraction of their sUs; and, by contrast, a marked aversion is
accounted for by the revulsion of the sUs. Sii, in this context, reflects traits
of character and disposition.
What seems paradoxical about the notion of the sU is that it is
credited with a kind of existence in its own right, yet must always remain
integrally part of the living person. His very life depends on this until death
parts them; yet one could describe the sU as a spiritual double of the person.
Thus when discussing dreams, Tallensi give the impression that they think
of them as nocturnal encounters, during sleep, with the sUs of people seen
in a dream. But they are generally vague as to how this comes about.
It is not quite certain how they conceive of the sU of a sleeper detaching
itself temporarily from his body or of a deceased person returning and
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forth, myoId friend Naabdiya once declared, 1Jgman ni i meng, stand for
(resemble) yourself. A polite way of saying that someone is ill is to say
, u pu so u meng' he does not own himself. To enquire of someone politely
how he is one asks' i so i meng? ' do you own yourself? that is, are you
well. Truth is yel mengr a thing in itself; a personal possession is u meng
bon} his own thing. It is a notion that embraces the whole person, the
way he is at a given time and over time.
The picture that emerges can be summed up as follows:
(1) Breath (vohem) plus body (nengbin) = a living creature (bonvor).
(2) Human living creature (nisaal) plus soul (sU) = the individual.
Though he is normally fused with the person the two are quite
clearly distinguished by institutional as well as linguistic and
customary indices. Expressions such as 'u a nit pam' which we
can translate as 'he is a fine person' as opposed to 'u ka nit'
(' he is not a person '), that is to say, he has discreditable qualities,
reflects the disjunction. It is the individual who is credited with
qualities like courage (suhkpeemer), truth (yelmengr), kindness
(sugeru) and their opposites. It is the individual for whom a whole,
healthy body and a long life is the most desired goal.
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the moral claims and sentiments of amity that bind mother's brother and
sister' s son in a classical patrilineal avunculate.
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would be around the age of seven to eight years. Here the criterion of
maturity counts. A pre-adolescent boy, even if he is fatherless, would still
be thought of as only incipiently a person. The criterion of responsibility
comes out in another context. A madman is not regarded as a person,
in the full sense. Like a child, he is said to "have no sense" (u ka yam)
which means, in this context, no sense of right and wrong, no capacity
for responsibility. The notion of yam deserves further comment. According
to context it can be glossed as wisdom or good judgment, but it also
implies a sense of responsibility and of reality, and an understanding of
customary norms. In part, it is supposed to grow with experience of life,
but it is also, in part, thought of as an inborn trait. A mature person
should have yam and the wiser, more responsible he is, the higher the
esteem in which he will be held; but though yam enhances, deficiency
in this respect does not extinguish personhood, as its ostensible absence in
a madman does.
I might add that yam is located inside the body, pooni, in the region
of the abdomen. This is where thought and imagination (poteem) as well
as moral dispositions like goodness and kindness (popelem) or its contrary,
wickedness, (potoog) are deemed to reside. The physiological basis of these
ideas is indicated by the general term, poo, for all abdominal illnesses.
Furthermore, yam can suffer not only deterioration, as in madness, but
acute disturbance, as in terror or despair when it is said u yam akme, his
yam leapt up distraught. (Whether or not this is associated with the bile,
as M. Cartry states, is difficult to be certain about. I was unable to find
out for certain whether or not the Tallensi word yam for the bile is the
same morpheme as their word for wisdom, or rather a homonym.) However,
while I am on this theme I might as well note that in contrast with poo,
the abdominal region, the head, zug, is regarded as the seat of luck (zugsong,
good luck or zugbiog, bad luck); illness, if accompanied by headache is
" head illness". To the best of my knowledge no functions are attributed
to the brain, zopoot. The heart, suh or sensuh, is believed to be the seat
of fortitude (suhkpemer) and courage and their opposites, fear and co-
wardice as well as of a wide range of emotional states and dispositions,
such as mercy (sugeru), repose (sumahem) chagrin (suhkpeleg), anger (suur).
In all these respects individuals are expected to be as .different as they
are in appearance, in their habits and in their likes and dislikes.
I have noted that a madman stops being a person. This needs qualifica-
tion. Life and the soul are at some risk where there is severe emotional
disturbance or disruption of personality. But the connection is indirect.
Madness does not rob a person of them. What is more important, it does
not extinguish credentials of status by kinship and lineage or generation.
But above all, a man might well have achieved a high level of personhood
before his unpropitious Destiny or offended ancestors permitted madness
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to overtake him. He (or she) might have had, and might still have, a
spouse and children, not to speak of possessions and property appropriate
to his or her age. He might thus, at his death, qualify for ancesterhood
and so be recognized as having been at one time a full person. In brief,
a madman is not a non-person, like an animal or thing, he is human and,
as it were, a fragmented and marginal person. That is why he cannot be
thrown out but must be cared for by his kinsfolk at home like any ordinary
member of a family (cf. Fortes and Mayer, 1966). Similar considerations
apply to the very old. A person who becomes senile is treated like a child
who is not capable of responsibility, but with the respect and motions of
compliance that recognize his seniority and the authority this entitles him to.
The rule for the elderly is that once a person has attained a given
degree of personhood he cannot be deprived of it during his lifetime. It
is not without significance that, whereas mental infirmity diminishes person-
hood, physical disease does not. For example, his body (nengbin) which is
the indispensable vessel of his personhood, may deteriorate (sagham) and
wither away to death owing to a disease like leprosy (kunkomer), which
is known to be incurable. But he cannot be disowned by his family or
deprived of any of his rights and capacities as a person. Modern drugs
have enabled leprosy to be successfully controlled in Northern Ghana.
Before the war this treatment was not available, but lepers lived at home
with their families even though, as I have noted, there was some under-
standing that it was a contagious disease. Not being catastrophic, like
smallpox, death by leprosy was not classified as a bad death. Nevertheless,
a leper was buried separately as if to obviate magical contagion. By contrast,
a person can endanger his personhood by acts of sacrilege (such as shedding
human blood by homicide on the earth) or by mortal sins (such a fratricide)
or even lesser wrongdoing such as adultery with a father's wife. Such trans-
gressions destroy kinship amity and the community of worship in the
ancestor cult that goes with it. Unless properly atoned for, the outcome
is believed to be a childless and forlorn death which means, of course,
eventual extinction. Bad deaths carry a worse taint implying as they do
transgression on the part of tbe victim, or of someone responsible for
him, that cannot be atoned for. Behind such a death may well be the
person's evil Destiny which has prevented his fulfilling his potentialities
as a person, or else an irreparable breach of relationship with the ancestral
guardian of his life. The supposedly inborn predisposition figured in the
notion of Destiny can be the enemy of the long processes of development
that lead to personhood.
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exercising the roles of office and the prescribed patterns of behaviour and
observance that go with them show up how individuals appropriate to them-
selves the attributes and capacities of personhood.
When holders of such high offices are selected and installed they
become new persons, transformed as it were from ordinary citizens into
their new status (cf. Fortes 1962). A conspicuous element in these installa-
tion ceremonies is the public robing of the new Chief in his tunic of
Chiefship and the girding of the new Tendaana with the antelope skins
that Tendaanas must wear. It is then that they announce the new names
they will take and will subsequently be kno~Nn by in their lifetime and
to their descendants. From now on they must carry themselves with
gravity even in the privacy of their home and never appear in public
without the garb and other insigna of their office. Most important of
all are the new ritual observances in the form of taboos and injunctions
that devolve on them by reason of their office. There are new food taboos
symbolising their separation from the mundane life of ordinary people,
taboos restricting their movements to keep them from contamination by
death and misfortune, new injunctions concerning their duties to offer
sacrifice and libation to ancestors and the Earth in order to ensure the
well-being of the community, and the prescriptions of moral conduct and
social behaviour calculated to emphasize the authority and the ritual
responsibilities now vested in them. They are thus constantly reminded
of their duties and their responsibilities and thus also are they constantly
declaring to society who they are and receiving in return recognition of
their office and its significance from society.
Applying this analysis to ordinary people, I believe it is through such
institutions as their totemistic observances, as I have previously pointed out,
that they are constantly reminded and made aware of who and what they
are as persons, of the sources of these attributes in their descent group
membership and other kinship connections, of their dependence on their
ancestors, of the rights and duties, both secular and ritual that bind
them. The representation and the implementation of personhood in all
its aspects, in these ways, are carried through with great consistency in
Tallensi culture. Every conceptually and institutionally distinguished consti-
tuent of the complex whole that is a person is identified to the individual
by this means. As I mentioned earlier, a man's Destiny ancestor might
impose special obligations on him, for example, to wear only white garments
or to give up farming on pain of sickness or even death if he refuses to
comply. Particular ritual observances are associated with parenthood and
filiation, as we have aJready seen. Connections with matrilateral kin are
similarly marked for each individual. The totemistic observances I have
previously referred to play an important part in this connection. Con-
formity to the taboos on killing and eating animals of the species respected
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XIII
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Bibliography
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Acknowledgements
LE NOM ET LA PERSONNE
CHEZ LES SAB~ (DAHOMEY)
(1) Les ~ab~ sont une ethnie qui habite la région du Dahomey central, de part
et d'autre du 8(' parallèle; vers l'ouest ils s'étendent jusqu'au fleuve Qfç (appelé Wemé
par les Fon et qui est noté Ouémé sur les cartes géographiques); à l'est, l'ancien
royaume de ~abç possédait de nombreux villages au-delà de l'Op ara (cours d'eau qui
constitue actuellement la frontière entre le Dahomey et la Nigéria). lIé ~abç (Savé
sur les cartes géographiques) est la capitale du pays.
(2) Les ~abç se rattachent, par la langue. au grand groupe yoruba. bien que le
parler ~ab~ garde des caractères spécifiques et particuliers. Par exemple, les termes
eék9 et eéki sont notés oruk9 et orikL respectivement, dans le dictionnaire d'Abraham.
Pour l'écriture. nous nous sommes conformés aux règles préconisées par cet auteur.
Les principales correspondances de cette notation avec les français sont les suivantes:
g toujours dur (gâcher), j ~ dj (djinn). p kp, u
== == coup). s == ch (châle); e et 0
représentent les voyelles fermées correspondantes, ~ et <) les voyelles ouvertes corres-
pondantes. Les tons sont indiqués par l'accent aigu (ton haut) et l'accent grave (ton
bas). les voyelJes non accentuées se prononçant sur un ton moyen.
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registre d'état-civil sous des noms de famille tels que Ouo, Chabi, Biaou (3).
En effet, les administrations coloniales et les églises chrétiennes, parmi
d'autres innovations, introduisirent le registre d'état civil en Afrique selon
les modèles européens, en attribuant aux individus un prénom personnel, plus
le nom du père, pris comme nom de famille. Or, le nombre de personnes
dont le père peut s'appeler Wbû, Sàbi ou Biyàu est assez considérable puis-
que ce sont là les appellations qui correspondent, automatiquement, aux
trois premiers garçons d'une même mère.
Ces eék9, qui sont des appellations qui indiquent le rang de naissance
des enfants par relation à la mère (qu'ils soient issus d'un ou de différents
géniteurs masculins) comptent deux séries de cinq noms, une pour chaque
sexe, et qui sont obligatoirement attribués dans l'ordre prévu; si l'un des
enfants vient à mourir, la mère ne pourra pas attribuer le nom resté ainsi
disponible à un autre enfant né par la suite; de toutes façons, lorsque la
série des cinq noms est épuisée, on la recommence si un sixième enfant
du sexe correspondant vient à naître de la même femme, et les noms ainsi
nouvellement attribués sont accompagnés du mot kejl qui signifie deuxième.
Voici la double série des noms de rang de naissance:
garçons filles
1er enfant NiYQQn
Wbu
2e » Sàbi B6né
3e » Biyàu Sàku
4e » O.,
B9ni (ou Dim<.)n) . JQ
Se » Agé Belu
6e » Wou keji Niyo6n kejl
7e » Sàbi keji BçSné kejl
etc., etc.
(3) Ces noms sont écrits suivant l'orthographe française, lorsqu'ils sont employés
en guise de nom de type européen, comme nous venons de le faire ici. Autrement,
nous utilisons l'orthographe phonétique yoruba classique (cf. note 2).
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précise la relation d'un individu avec sa mère et ses frères utérins, peut tou-
jours lui être appliqué. L'eékr qui lui correspond au titre d'aîné ou premier
enfant de son père peut également être délaissé pour adopter un autre
nom de la catégorie eékp choisi spécialement pour l'enfant.
Il y a des « noms qui ont été apportés du ciel» par leurs possesseurs
eux-mêmes en venant au monde; il s'agit des « eékp àmun t'Qun wa» dont
l'attribution est automatique et correspond à certaines circonstances parti-
culières en relation avec la naissance. Font partie de cette classe les noms
de jumeaux, toujours prévus par paires, aves indication précise du desti-
nataire, aîné ou cadet des jumeaux (4). Il existe ensuite toute une série de
noms se référant à des observations plus proprement obstétricales; ainsi,
par.. exemple, on nommera Igè l'enfant qui est né les pieds en avant,
ou Ajàyf celui qui s'est présenté par le siège, etc.
Un nouveau-né peut être considéré comme la réincarnation d'un
grand-père ou d'une grand'mère, suivant son sexe; pour confirmer ce fait
aux yeux de tous, on appellera le garçon Babatundé «< le grand-père est
revenu») ou la fille Ina bÇ>dé «<la grand'mère qui revient») (G).
Un enfant peut recevoir un nom par référence à un événement conco-
mitant ou rapproché de sa venue au monde, par règle générale, intéressant
la famille; on pourra aussi le nommer de façon à perpétuer le souvenir d'un
petit frère ou une petite sœur morts; ainsi, Rèmilékun est une fillette « venue
pour chasser les larmes» et consoler sa mère de la perte de l'autre enfant.
Il existe des eék9 dans, lesquels on trouve le nom d'une divinité:
un chasseur et adorateur de Ogun (qui est le dieu de la chasse et de la
forge) pourra choisir pour son garçon le nom d'àgun~ola, ce qui veut dire
« àgun fait la gloire», et plus explicitement, Ogun fait ia gloire et l'honneur
de notre famille, il nous apporte la gloire, etc.
Les eékl représentent une catégorie de noms ou appellations plus spé-
cifiques, individualisées et intimes que les eékp; ils évoquent des traits de
caractère, des circonstances liées de façon particulière à l'individu qui les
porte. Ces noms sont choisis avec beaucoup de soin par les parents ou
aînés de la famille; on s'inspire souvent des révélations du babalawo
qui consulte l'oracle d'Ifâ sur l'avenir .de l'enfant le jour de la cérémonie
«()).
de dation de }'eék(J Si Ifa indique qu'une heureuse existence sera celle
(4) On ne fait pas de distinction entre les jumeaux vrais. venus dans le même
placenta et obligatoirement de même sexe, et les faux jumeaux qui peuvent être de
sexe différent. Est considéré l'aîné des jumeaux celui qui est né le dernier.
(5) Baba signifie père, à strictement parler. Mais on peut appeler de la même
façon le grand-père, ou n'importe quel autre homme âgé, parent ou non. Les termes
propres pour grand-père et grand-mère sont, respectivement, baballldkâ et llldlakÛ.
(6) Cette cérémonie a lieu le 9" ou le 7C jour après la naissance d'un garçon ou
d'une fille. respectivement. et au 8l' jour, s'il s'agit de jumeaux.
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(7) La mère peut saluer ses enfants en leur adressant son propre eékl; il s'agit
done de l'eékl du grand-père maternel des enfants mais qui ne leur eorre~pond pas,
selon les règles strictes de parenté (en effet, les lignages ~abç sont patrilinéaires).
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(8) Qta désigne une fornle arrondie, et les dômes de granit qui se dressent à
différents endroits du pays ~abç sont ainsi appelés.
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nom ne doit pas être divulgué à tout propos, et il ne doit pas être employé
par ceux qui ne sont pas dans l'intimité de l'intéressé. Même s'il connaissait
l'eékl d'un autre, il serait malséant qu'un étranger ou un inconnu l'adresse
à celui qu'il n'a pas l'habitude de fréquenter. Dans l'eékl, on trouve ce côté
d'intimité et aussi un contenu de louange et de flatterie, voire de cajolerie,
très bien senti par tout le monde. Cela permet de marquer, de façon discrète,
son mécontentement envers un ami ou un familier en lui adressant son
eékp, au lieu de lui dire l'eékl, comme d'habitude.
Le nom (eékfJ et eékl) fait partie de l'individu. Celui qui connaît bien
les noms d'un autre peut exercer sur lui un pouvoir ou une influence, en
bien ou en mal (Ie sorcier demande toujours qu'on lui livre les noms de
celui sur qui il se propose d'exercer son art).
Les Sabç, qui disposent de divers types de noms, ne les attribuent
jamais aux enfants au hasard, il existe des règles et des signes bien précis
auxquels il est indispensable de se conformer. Les noms révèlent et affirment
la condition, situation, etc. de l'individu par rapport à lui-même et en rela-
tion avec les autres et sa société. La notion de nom chez les Sab~ semble
coïncider assez bien avec la notion de personne proprement dite.
Paris, juillet 1971 .
Bibliographie
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE
DE LA NOTION D'ÊTRE HUMAIN
DANS LA PENSÉE
ET LA SOCIÉTÉ KABRÈ (TOGO)
R. VERDIER
Ce texte est une version provisoire et schématique d'une étude en cours sur
l'ontologie Kabrè. II n'a pas été relu et vérifié par mes amis et collaborateurs du
Centre d'Etudes et de Recherches de Kara (C.E.R.K.).
Je dois donc en assumer s~ul la responsabilité, tout en exprimant mes profonds
remerciements à Mme Bagnah, MM. B. Karma et P. Kitema pour m'avoir fait
partager leur savoir.
Le lecteur pourra se référer à mon étude: «Structures socio-religieuses des
Kabrè du Nord Togo» (Thèse de sciences religieuses. Paris, 1962, dactylo), à divers
articles parus dans les Documents du C.E.R.K. et à «Ontology of the judicial thought
of the Kabrè », in Law in culture and society, éd. L. Nader. 1969, pp. 14]-146.
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I. Aspects cosmologiques
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REPRÉSENTATIONS
ET CONNAISSANCES DU CORPS
CHEZ LES SONGHAY-ZARMA :
ANALYSE D'UNE SUITE D'ENTRETIENS
AVEC UN GUÉRISSEUR
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333
le médecin, pour le sorcier et pour les autres hommes. En effet, pour les
deux premiers, le biya est une évidence puisqu'ils ont reçu l'un et l'autre,
de sources différentes il est vrai, le pouvoir de voir le biya. Pour les autres
hommes, le biya est un objet de croyance ce qui crée chez le malade par
rapport au médecin une dépendance de foi qui le met dans l'impossibilité
de juger et de critiquer les principes qui guident la connaissance sur
lesquels se fonde la thérapeutique utilisée à son égard.
Ces deux notions qui sont pensées comme analogues en entraînent
une troisième appelée hundi que nous avons traduite dans le texte par « vie »
et qui est inextricablement liée aux deux autres: «le biya, c'est lui la vie
de la personne ».
Cependant, lorsque le médecin a été interrogé sur le biya - réalité
visible pour lui - aucune tentative d'image figurative n'a été fournie, et
son refus d'assimiler le biya à l'ombre, comme cela est souvent fait, fut
formel.
Toutes les descriptions du biya sont positionnelles, qu'il s'agisse d'un
espace où l'on pourrait disposer des objets et que nous dirions concret
(contre, autour, éloigné, parti) ou d'un espace non mesurable où les deux
réalités se superposent, sans être dans un même lieu: n'est-il pas, sans
être aucunement divisé, dedans et dehors?
Ce système implique tout d'abord une certaine manière de voir
l'homme. En effet, l'homme complet, c'est-à-dire l'ensemble corps et biya
n'est visible qu'à des initiés, qu'ils soient bénéfiques ou maléfiques. D'autre
part, il implique une certaine façon de concevoir les troubles qui peuvent
affecter la vie physique et la vie mentale. Si, très souvent, l'explication des
troubles requiert l'intervention des deux réalités, il reste un bon nombre de
maladies qui paraissent être traitées en utilisant seulement la notion du
corps. Dans cette optique, il est concevable d'imaginer, après une enquête
rigoureuse, que l'on puisse aboutir à une classification des maladies en
fonction de ces deux types généraux. Enfin, ce système entraîne une
conception particulière de la vie et de la mort.
Dans le système où l'on ne se réfère qu'aux notions physiques, la
maladie se comporte comme un être matériel qui a un logement, qui circule,
qui entre et qui sort. Cela implique toute une médecine de l'expulsion à
base de vomissements, d'éternuements, de purgations et des thérapeutiques
capables à la fois de provoquer, de contrô1er et d'arrêter ces expulsions.
Dans ce système, le rôle curatif des plantes est essentiel; ce sont elles uni-
quement qui, sous forme de poudres aspirées ou ingérées ou d'onguents,
assurent la guérison.
Dans le système où l'on se réfère aux deux notions du corps et du
biya, la thérapeutique consiste essentiellement à lutter contre les forces de
dissociation, de séparation qui peuvent les disjoindre. Cela explique que
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la lutte contre certaines maladies soit liée à la lutte contre les sorciers
et les génies, c'est-à-dire contre ceux qui ont le pouvoir d'opérer le rapt
du biya.
Cela explique également qu'une grande partie de cette médecine soit
consacrée à la lutte contre la peur et ses conséquences qui peuvent être
mortelles. Il nous paraît significatif que, dans le texte, le seul classement
élaboré assez finement soit celui qui s'applique aux différentes sortes de
peurs.
Une autre caractéristique intéressante de cette catégorie de maladies
consiste dans le fait que le médecin affronte des délits sociaux commis
collectivement par les sorciers: ces derniers se réunissent pour «manger»
le biya volé; ou bien, lorsque l'un d'entre eux n'a pas réussi à arracher
le biya qu'il convoitait, un autre fait don à la collectivité du biya d'un de
ses propres enfants, etc. Cependant, les procédés par lesquels les sorciers
opèrent la dévoration du biya, nous voulons dire la métamorphose du biya
en poulet ou en un animal de troupeau, rappellent ceux que la société
utilise dans ses rites animistes ou musulmans de propiation, de protection,
de remerciement où prend place le sacrifice de ces mêmes animaux.
La manière dont le médecin voit l'homme lui présente donc deux
plans d'évidences. Le premier est celui des connaissances assurées par
l'apprentissage, lequel est extrêmement long puisqu'il est, semble-t-il~ tou-
jours lié aux circonstances. Cela rend le contenu de cet apprentissage
fluctuant selon les moments et échappant à toute classification organisée
selon des concepts directeurs.
Ces évidences des connaissances n'épuisent d'ailleurs pas les plans de
référence. Il y a celui de la volonté de Dieu liée à l'idée de chance qui
intervient pour expliquer l'origine, le cours ou la fin des maladies ainsi que
l'impossibilité de les soigner dans certains cas. Le médecin peut ainsi
toujours reporter la responsabilité de l'échec éventuel de ses cures sur la
tradition et les limitations des connaissances acquises «< nous ne savons
pas... nous avons hérité d'un certain chemin», nous répond-on souvent)
où, de manière encore plus inéluctable, sur l'intervention divine. Deux
explications que le malade accepte et ne remet pas en caus'e; pour lui,
son seul souci est de trouver le médecin dont le chemin est le plus long
et le plus complet.
Nous nous trouvons donc jci en face d'une connaissance de l'homme
d'où sont absentes les hypothèses aussi bien que les doutes et les confron-
tations. Cette connaissance accepte la coexistence avec d'autres connais-
sances aussi bien que ses propres limites sans ressentir le besoin d'appro-
fondir le champ des savoirs traditionnels. Cette connaissance sans angoisse,
sans curiosité - si le médecin constate son ignorance, il ne demande jamais
à augmenter son savoir - n'implique nullement qu'il s'agisse d'un savoir
rudimentaire mais, au contraire, d'un savoir très vaste, acquis lentement,
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savoir ne s'affirme pas comme universel: il est individuel autant que tradi-
tionnel et social. Tout ceci fait penser qu'une cohérence interne rigoureuse
organise ce savoir. Mais de quelle cohérence s'agit-il? Peut-être peut-on
espérer du travail futur quelque lumière sur cette question.
GUIDE DE LECTURE
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je fais boire au malade. Quand il l'a bu, le sang qui avait noirci se
sépare de sa noirceur et redevient rouge. Dès que le sang devient
rouge, le patient retrouve la santé. Si la maladie a rassemblé le sang
dans le ventre, je fais avaler au malade une poudre qui le fait vomir.
Lorsqu'il a vomi, je lui donne une décoction (bakandi) d'herbes
(subu) prises près des racines des arbres situés près des pierres sur
lesquelles coule l'eau pour descendre dans un petit cauri. Cette décoc-
tion arrête le vomissement. Après l'arrêt des vomissements le malade
se remet à manger, à manger jusqu'à ce qu'il ait du sang nouveau.
Q: Où se trouve le sang dans le corps?
R: Chez nous les noirs, car je ne sais rien des blancs, le sang se trouve
dans les reins (dumize). Les reins sont situés entre la colonne verté-
brale (zanzan) et la hanche (ankoro). Parce que lorsqu'une maladie
attrape l'homme à cet endroit-là elle arrête rapidement le sang qui
noircit vite. De même, lorsqu'une personne a eu peur, le corps
s'arrête de faire du sang qui devient noir et la personne se met à
dépérir. Si on la soigne à ce moment, elle retrouve sa santé, si
c'est un noir et si c'est moi qui administre mon médicament.
Q: Bien que l'on pense que le sang se trouve dans les reins, est-ce que,
à votre avis, il circule dans le corps?
R: Il marche dans le corps; s'il ne marche pas et s'arrête, la personne
devient malade.
Q: Quand la personne est malade et que le sang ne circule pas, est-ce
qu'il va s'installer là-bas dans les reins? Si la personne se coupe,
le sang ne vient-il pas jusqu'à la blessure?
R: Naturellement si la personne est tombée malade et qu'on l'a coupée
sans que le sang vienne la personne ne va pas du tout. Car, même
si on est malade et qu'on se coupe on voit le sang, en petite quantité;
il est noir et pas rouge.
Q: Au cours de sa circulation, le sang passe-t-il par le ventre avant
d'arriver aux reins?
R: Le sang va partout, il va au cœur, aux poumons, au foie; s'il n'allait
pas dans toutes ces parties la personne ne serait pas. Toutes ces parties
ont des chemins par lesquels le sang passe pour aller en elles et
leur être utile.
Q: Est-ce que le centre du sang se trouve dans la région des reins?
R: Sa maison est là-bas.
Q: Explique-lui la vie du sang, son fonctionnement, ce qui fait qu'il
sort pour aller circuler dans le corps.
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Q: Est-ce que toutes les maladies font noircir le sang ou bien y en a-t-il
qui transforment le sang en eau et d'autres qui le font blanchir?
R: Selon mon héritage (fondo), lorsqu'un sorcier a attrapé une personne
et l'a rendue malade, le sang de cette dernière devient noir. Il y a
aussi d'autres maladies qui noircissent le sang. Si on te soigne, tu
retrouves la santé et ton sang devient rouge; par ailleurs il y a des
maladies dues à des génies (gangi) au cours desquelles le corps de
l'individu devient frais, c'est cette fraîcheur qui lui donne froid mais
son sang ne noircit pas bien qu'il soit malade. Nous savons aussi,
lorsqu'une personne est malade et que son sang a noirci, cela veut
dire que la maladie a saisi tout son corps, qu'elle est en train de
souffrir et que, même si elle se tient debout elle est malade, même
si elle est couchée nous savons que la maladie a envahi tout son corps.
Si, après avoir mangé les plantes, le malade retrouve goût à la nour-
riture, son sang redevient rouge, c'est-à-dire que la noirceur disparaît.
Nous savons que certains sangs peuvent devenir comme de l'eau;
c'est comme si le corps du malade ne contenait pas de sang. Dans
ces cas-là, tout le sang se trouve réuni dans le ventre.
Q: A quel endroit du ventre va se rassembler son sang?
R: Il va dans les intestins, je le dis parce que, lorsque nous lui donnons
des plantes, il a la diarrhée.
II
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III
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Q: Est-ce que les Zarmas pense~t que tout ce qu'on apprend, qu'il
s'agisse de la lecture ou de la pensée, est du ressort du cœur?
R: Oui, c'est le cœur qui permet d'apprendre vite. C'est le cœur qui
permet d' « avoir une tête» «< a gonda bon») (de comprendre).
Q: Est-ce que la peur est provoquée par le cœur?
R: La peur ordinaire, la compréhension, la bravoure, tout cela vient du
cœur.
346
VIla
VIII
Q: Quelle est la partie du corps qui fait dire des «paroles droites» (cohé-
rentes) ?
R: C'est la cervelle qui, lorsqu'elle a été touchée par quelque chose,
provoque «la parole d'autrui»; par exemple, si elle a été blessée
ou fatiguée par une maladie.
Q: Quand la personne n'a rien, qu'est-ce qui fait penser, la cervelle ou
le cœur?
R: Le cœur. C'est le cœur qui pense et la parole entre (existe); la cervelle
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ne joue aucun rôle dans la parole. Si son cœur est sain et si sa cer-
velle est malade il ne peut pas dire de «paroles droites» mais si
sa cervelle est saine et son cœur malade, il peut dire des «paroles
droites». Si tous les deux se portent bien, c'est le cœur qui parle.
IXa
348
IXb
Q: Pourquoi dit-on que le biya des circoncis, d'une femme qui vient
d'accoucher, d'une jeune mariée, d'une veuve, est «fragile» (peut
être facilement pris par les sorcières) ?
R: Parce que le sang n'est pas loin d'eux.
Q: Dans ces conditions, s'il y a du sang à côté d'une personne, son
biya est un peu éloigné d'elle?
R: Non, le biya ne va pas loin, et c'est cela que le sorcier aime.
Q: Est-ce que le biya abandonne la personne pour aller se promener?
R: Le biya ne quitte pas la personne, il ne s'éloigne pas de son corps.
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XI
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IXc
XIIa
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352
IXd
XIII
Q: Elle constate que les Zima et les Sonances et tous ceux qui soignent
disent des paroles et crachotent, après. Dans ce cas cas-là, qu'est-ce qu'il
y a dans la salive?
R: Les paroles qu'on a prononcées, les paroles qu'on a prononcées, ce
sont elles qui suivent la salive.
IXe
Q: Les Zarma disent: un tel a du biya, un tel n'a pas de biya, pourquoi?
R: Ceci n'a rien à voir avec le biya dont on t'a parlé; un tel n'a pas de
biya veut dire qu'il n'a pas d'ascendant (gakuTz) auprès des autres.
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353
XIV
Q: Est-ce le lakkal qui fait que le cœur pense ou est-ce le cœur qui fait
que le lakkal se manifeste?
R: C'est le cœur qui pense et le lakkal se manifeste.
Q: On dit souvent «le lakkal d'un tel s'est levé », pourquoi? «< lakkalo
tun» ).
R: On le dit lorsqu'une personne fait ce qu'elle n'aurait pas fait si son
lakkal était complet.
Q: Est-ce que le lakkal se trouve dans le cœur, vivant de la même vie que
le cœur ou bien est-ce qu'il est comme le biya ?
R: Non, il ne ressemble pas au biya; le cœur pense de bonnes choses et
lorsque la personne fait ces bonnes choses on dit qu'il a du lakkaI.
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xv
XVI
XVII
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XIIb
XIX
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VIIb
Q: Y a-t-il des maladies qui pénètrent dans le corps ailleurs que par le
nez ou par la bouche?
R: On peut contracter une maladie par l'anus (inaudible) qui remonte
alors dans le corps et peut même rendre fou; une telle maladie, les
Rausa l'appellent Dankanoma (inaudible) et nous, nous l'appelons
weyno beeri. Tu peux même voir qu'on le lave avec du savon noir
(sa/un solio); cette maladie mange, mange et tire sur l'individu; elle
peut même « emporter sa tête» (le rendre fou).
xx
357
IVb
VIIb
IXf
358
IXg
XXI
XXII
(13) On n'a pas trouvé de mot qui traduise exactement notre mot «volonté ».
Colloques Internationaux du C.N.R.S.
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LA'. N'OTION
-
DE PERSONNE
.
Agnès DIARRA
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361
(2) «La traite des Noirs ne fut jamais une affaire de tout repos; elle exigeait
sa justification; aussi fit-on du Nègre un demi-animal, une marchandise. Et c'est ainsi
que l'on inventa la notion de fétiche comme symbole d'une religion africaine. Marque
de fabrique européenne! Quant à moi, je n'ai vu dans aucune partie de l'Afrique
noire les indigènes adorer les fétiches. L'idée du «Nègre barbare» est une invention
européenne qui a par contre-coup dominé l'Europe jusqu'au début de ce siècle ».
Léa FROBENIUS,in Histoire de la civilisation africaine, tr. fro Gallimard, Paris, 1952,
p. 15.
(3) «Il y aurait donc bien de naïveté ou d'absence d'esprit critique, en tous cas
beaucoup d'ignorance, à croire que la personne, conçue à l'occidentale, est une «réa-
lité », qu'il suffira d'observer et de décrire. Encore plus ethnocentrique est l'attitude
de ceux qui pensent qui'l y a une «évolution» et que cette évolution aboutit comme
dernier stade à ce que nous sommes nous-mêmes. A ces interprétations visiblement
trop étroites, on serait tenté d'opposer une théorie fonctionnaliste: chaque conception
du moi dans une société donnée est reliée aux institutions et aux valeurs de cette
société à la fois comme effet et comme cause ». J. STOETZEL,La psychologie sociale,
Flammarion, Paris, 1963, pp. 155-156.
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La possession et le traitement.
(4) On choisit une fourmilière parce que les fourmis symbolisent le savoir et que,
par extension, la fourmilière représente la maison du savoir. Lorsque les génies dans
leur langage parlent de maison, c'est de la fourmilière qu'il s'agit.
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jitalizé entre dans la case, le zima prend des petits cailloux ou du sable
qu'il bénit et dépose aux quatre coins d'une natte étalée à l'envers et sur
laquelle le patient devra s'asseoir ou se coucher pendant tout le temps
que durera son traitement (7). La bawiya est chargée de la surveillance
et de l'entretien du patient. L'homme bawiya (servant du culte) surveille
le jitalizé du sexe masculin de même que c'est la femme bawiya qui veille
sur les femmes à initier. C'est seulement à partir de 50 ans qu'une femme
bawiya peut surveiller indifféremment les hommes et les femmes.
C'est la femme bawiya qui préparera le repas de l'initiée avec les
plantes et les poudres magiques. Elle pilera le mil nécessaire à la prépara-
tion du repas dans un mortier béni par le zima et enterré devant la case
d'initiation. C'est également elle qui effectuera, pendant huit jours, la toi-
lette de l'initiée avec des bains magiques préparés par le zima à la demande
des parents. Ces bains auront pour propriété de rendre ce dernier agréable,
plaisant, prestigieux aux yeux de tous.
Non loin de la case, on bâtit un hangar (tanda) sous lequel s'installeront
les musiciens goje kari, et les batteurs de calebasses. On prépare le jitalizé,
on l'habille et on lui confectionne une ceinture faite de trois bandes de
cotonnade: une bande noire, une blanche et une autre en noir et blanc.
Cette ceinture permet de le retenir pour lui éviter des chutes mais aussi
pour e.mpêcher que de méchants zima fassent disparaître son foley. Sur
cette ceinture sont cousus des cauris, symbole de la richesse d'autrefois,
des fleurs éclatantes de liseron talahana et de sinsan. Le mot bosi, fleur,
est à rapprocher de bosu (enfler, écumer), car le foleyizé, enfant du foley,
doit pouvoir bien écumer pour faire honneur au zima qui le fait boire
hanandi. Il faut que tout ce que prédira le jitalizé puisse se réaliser. Ainsi
il plaira comme les fleurs éclatantes plaisent aux regards de tous.
Les musiciens jouent l'air appelé sagaji goje. Le jitalizé s'apprête à sor-
tir. Chaque fois qu'il tentera de le faire, le zima le ramènera dans la case et
cela par trois fois, s'il est du sexe masculin, et par quatre fois s'il s'agit
de l'initiation d'une femme. Lorsqu'il sort, il a la tête recouverte d'un
pagne bongouln; les musiciens changent d'air et jouent yabi yabo wey
talata. Le jitalizé apprend à danser, encadré par deux personnes déjà
initiées et possédées par le même génie que lui et qui sont seules à pouvoir
l'approcher . Tous les trois dansent en cercle (windi). Généralement, après
quelques mesures jouées par les musiciens, le génie arrive. Ce n'est plus
alors un homme ou une femme qui danse, c'est le foley qui s'empare
de son cheval Chari) et qui le possède tandis que, à travers la danse de
possession, l'homme ou la femme cesse d'être lui-même pour être le génie.
L'identification est totale.
(7) La natte est retournée pour préserver le jitalize des mauvais sorts et des
mauvais génies.
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- «Non! »
- «Et si tu l'as vu que doit-il t'arriver? »
- «Que je sois déchiqueté par n'importe quelle maladie! »
Ce jeu au mensonge continue jusqu'à épuisement de la préparation.
C'est à partir de cet instant que le foleyizé peut jurer par toutes sortes de
calamités sans que cela prête à conséquence.
Ce qui précède se déroule à partir du crépuscule du septième jour.
Le huitième jour, au matin, c'est hamni si zumbu a ga (9), les autres
foleyizey, qui participent à l'initiation, se répandent dans le village et attra-
pent tout ce qu'ils voient comme volaille et bétail, sans que les proprié-
taires puissent aller se plaindre au chef du village. On organise un festin
tandis que le zima habille l'initié et le fait danser. Au cours de cette
danse, on promènera au-dessus de la tête de ce dernier un mélange de
graines afin que tout ce que sémera la collectivité produise bien. Par
ailleurs, le zima promènera au-dessus de la tête de l'initié chacun des
cadeaux apportés par les membres de la communauté villageoise, s'expri-
mant ainsi: «Vois, génie, ce que telle personne t'a apporté pour ton
bon windi (tour de tête); que cette année soit pour elle une année de
bonheur (10) ».
La cérémonie terminée le zima fait jurer (zee) le génie, il le met au
pied du mur (gongormendi) en ces termes: «Voici ton cheval! Toutes
les fois qu'il se disputera avec quelqu'un d'autre, tu n'as pas à intervenir.
Si tu es ganji, tu dois rester dans la brousse. Si un jour le père ou la
mère de cet enfant lui porte la main dessus, ce n'est pas toi qu'il aura
frappé, mais son enfant. En revanche, si, par exemple, quelqu'un en
s'adressant à cette personne lui dit: «Ah! c'est donc à cause de ton
génie que tu te comportes de la sorte? » alors tu peux intervenir, car c'est
cet interlocuteur qui t'aura appelé en prononçant ton nom dans cette cir-
constance. '
367
avec le zima auquel elle rendra souvent des visites, auquel elle apportera
des cadeaux. En retour, le zima lui donne des produits magiques destinés
à assurer son prestige.
Après l'initiation, le sujet foleyize qui est appelé également foleytam,
esclave du foley, assistera désormais aux cérémonies des foleyey au cours
desquelles il pourra entrer en crise, c'est-à-dire en état de possession par
son génie. Comment se manifeste la possession chez les foleytamey ? Vu de
l'extérieur, le phénomène se traduit par l'entrée en transe de l'intéressé.
Ce processus de la crise est déclenché par un ensemble de faits tels que
la musique rythmée, la forte résonance des calebasses battues avec des tiges
rassemblées en éventail et la danse accompagnée de balancements du corps.
On voit alors un sujet calme auparavant s'agiter en poussant des hurlements.
Cette agitation s'accélère et le sujet transpire et bave. C'est alors que le
génie s'incarne dans le possédé. Ce dernier reçoit les habits réservés au
génie dont il adopte aussi le comportelnent. S'il s'agit, par exemple du génie
Nyaberi, le possédé se conduit à la manière d'un paralytique et s'il s'agit
de Cirey, le sujet fait le borgne, etc... En effet, de même que chaque génie
a ses vêtements qui le distinguent des autres, il a un trait physique ou
un comportement qui permet son identification.
D'après les travaux du Dr Ch. Pidoux, comme autre manifestation
de l'état de transe, on peut constater une variation du diamètre de la
pupille (11).
On peut souhaiter la poursuite de tels travaux afin que soient mieux
connus les effets physiologiques des danses de possession et leurs réper-
cussions psychiques. Certes la valeur psycho-thérapique du rituel dont nous
venons de parler, est indéniable, mais il importerait que des recherches
soient entreprises pour mesurer avec précision la part des sonorités instru-
mentales, celle des rythmes de la danse, enfin celle des louanges adressées
aux génies, avec une virtuosité remarquable par le zima.
En plus de la valeur psycho-thérapique, on notera que le culte des
foleyey est un moyen de régulation et de résorption des déséquilibres
sociaux. Aussi au terme du septième mois de l'année se déroulent les
cérémonies de yenendi (rafraîchissement). Au cours du yenendi on demande
aux torey qu'il pleuve abondamment, que les récoltes soient bonnes, que la
foudre ne tombe pas et qu'il n'y ait pas trop de vent, enfin que la société
soit préservée de tous les fléaux possibles. Les initiés sont invités à parti-
ciper à ces cérémonies, qui durent sept jours. On notera que le yenendi
ne se déroule pas simultanément dans deux endroits, de même qu'un même
génie ne possède jamais simultanément deux foleyize.
368
La sorcellerie.
369
matin ils couchèrent. Les femmes amies, en venant le matin, les réveillèrent.
Hadiza dit: « Par Dieu, parce que tu es venu, il ne faut pas te laisser voir,
car j'ai juré que je n'approcherai jamais un homme », et elle le cacha
sous le lit. Les femmes entrèrent et s'assirent. Elles bavardèrent. Mais
l'homme, sous le lit, faisait beaucoup de bruit. Hadiza eut peur, elle lui
frappa la tête et il se transforma en mouton. Mais certaines femmes avaient
vu que c'était un homme. Une d'elles dit: «Si on mangeait ce mouton».
Hadiza égorga le mouton, le fit cuire et le donna à manger à tout le monde.
Elle en mangea aussi. Mais elle était enceinte de l'homme qu'elle avait
mangé. Elle en eut une fille, qui est l'ancêtre de tous les tyarkow, qui se
sont répandus dans le monde entier (13).
En dépit de la diversité des récits qui racontent l'origine des cerkowey,
il semble généralement admis que c'est uniquement par le lait maternel
que se transmet le don de mangeur de doubles. Cependant, il existe des
cerkowey du sexe masculin et féminin. Lorsque nous avons voulu savoir
comment le cerkow s'emparait du double d'une personne, voici ce que
Sarka Simiri nous a répondu: «Quand un individu est couché, le cerkow
vient se pencher au-dessus de lui. Si la personne ne prend pas peur, il ne
se passe rien. Mais si elle est effrayée et se redresse vivement, le sorcier
s'empare de son double». Tout se passe donc comme si, au moment de
la déroute psycho-physiologique qu'est la peur, il se produisait un dédoubl~-
ment de l'ensemble gal bia (corps/double). L'individu privé de son double
tombe malade: il souffre le plus souvent de diarrhée et son regard devient
terne comme si sa vue était altérée. Si les parents du malade font appel à
un zima ou un sonance} celui-ci n'aura pas de peine à découvrir l'origine
du mal qui est le fait du cerkow. Notre informateur so1iance Adamu Jeni
Tango ne nous a pas donné plus de précisions quant à la démarche au
terme de laqueIJe il établit son diagnostic.
Lorsqu'après de vaines recherches le sor'lance n'arrive pas à retrouver
le double ,il brûle dans la brousse de l'encens spécialement préparé par lui.
Irrésistiblement attiré par l'odeur de l'encens, le cerkow accourt. A ce
moment-là, le Sa/lance s'empare de sa personne et le presse au risque de
l'étouffer. Le sorcier indique alors l'endroit où il a caché le double qui
sera récupéré et rendu à son propriétaire.
Nous avons cherché à savoir la différence entre le cerkow du sexe
masculin et le cerkow du sexe féminin. Voici ce qui nous a été répondu:
«La femme est plus mauvaise que l'homme, car l'homme, lui, a honte
(se gêne), alors que la femme, non; elle se moque de tout, n'a d'égard pour
rien. Les jeunes filles passent pour plus intraitables que les «femmes».
En effet, il semble que celles-ci n'ayant pas eu d'enfants ou étant consi-
dérées comme telles sont moins conciliantes que celles-là.
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La mort.
(14) Les femmes mortes en couches sont tenues pour des symboles de malheur.
A ce titre, elles sont enterrées hors du village, tandis que les autres sont enterrées
à l'intérieur. D'une manière générale, chaque fois que le sonance ou le zima aura
un double à récupéer, il ira le chercher dans les tombes et plus particulièrement
dans les tombes des femmes mortes en couches.
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partie, avec les foleyey, du monde des génies. A travers l'existence des
froids, les morts poursuivent une sorte d'odyssée dans un monde qui leur
est propre et sur lequel la tradition ésotérique ne nous dit presque rien.
Ce qui est certain, en tout cas, c'est que le hargu ne peut continuer son
œuvre de mort, après l'avoir accomplie une première fois, qu'en subissant
une forme particulière d'initiation dont se chargent les autres hargey.
Cette initiation au pays des morts s'accomplit dans une case spéciale
dont on dit qu'elle consiste seulement en un toit posé sur une charpente.
C'est là que le froid est couvé par les autres froids. Au bout de sept jours,
il sort de la case initiatique et il est à nouveau capable de s'emparer du
double d'un être humain.
Une autre preuve de l'existence des hargey nous est fournie par les
contacts qui se produisent parfois entre eux et le zima. Ainsi, lorsqu'un
homme est en péril de mort et que le zima constate la disparition de son
double, il peut être amené à constater qu'un froid s'est emparé de ce
double. Pour tenter de sauver le malade, à supposer que Dieu consente à
ce qu'il vive, le zima s'entretient avec les hargey afin de leur faire savoir
qu'il connaît le nom et l'emplacement de leur case initiatique. Cela lui
permet de demander au froid qui s'est emparé du double du malade,
J'endroit où ce double a été caché.
Au cours de ce dialogue entre le zima et le hargu, le prêtre révèle
au génie le nom du malade et lui propose de s'emparer, à la place de
celui qu'il veut sauver, d'autres personnes portant le même nom et habitant
dans d'autres endroits. Une fois le marché conclu, le hargu se rend dans
les rues d'un village indiqué par le zima pour écouter les conversations
et entendre appeler une personne portant le même nom que sa victime
antérieure. Il tentera de s'emparer d'un nouveau double.
En somme, un être humain dont le double est pris par un hargu peut
connaître trois destinées: ou bien il meurt, ou bien il guérit tandis que le
hargu s'empare de l'un de ses homonymes, ou bien encore, il échappe à la
mort en devenant un possédé, c'est-à-dire, en passant par une initiation
qui le met dans un rapport privilégié avec son hargu. Dans ce dernier cas,
l'homme se comporte vis-à-vis du hargu comme d'autres possédés se com-
portent vis-à-vis de leur foley.
D'une manière générale, la mort, selon la tradition zarma n'est pas
essentiellement imputée à des causes naturelles. Pour le moins, on estime
qu'à ces causes naturelles s'en ajoutent d'autres qui sont infiniment plus
importantes. Ce sont les génies, spécialement les hargey et les cerkowey
qui font passer les humains de la vie à la mort et qui les entraînent dans
leur monde mystérieux. Ainsi, non seulement les morts ne disparaissent
pas, mais encore ils demeurent liés aux vivants sans que ceux-ci connaissent
le plus souvent la nature de ces liens.
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Il ne faut pas oublier que les cadavres sont enterrés non pas dans
des cimetières, mais dans le village même, parfois tout près des cases,
à l'exception des femmes mortes en couches dont nous avons déjà dit
qu'elles portaient malheur.
Aujourd'hui, les funérailles sont célébrées conformément au rituel
musulman et nous ne disposons d'aucun indice qui nous permettrait de
savoir comment se déroulaient les funérailles avant la venue de l'Islâm.
Finalement, le problème du salut et de la damnation se pose aujourd'hui
en termes musulmans de telle sorte que nous ne savons pas si, au cours
des périodes anté-islamiques, les Zarma nourrissaient une inquiétude spé-
cifique relativement à leur survie spiritue11e.
Colloques Internationaux du C.N.R.S.
NI)
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Jean-Paul LEBEUF
374
2) sahe est une force « douce», désignée parfois par le terme kanadi
(litt.: calme), qui permet de résister aux iblisa, êtres invisibles initiateurs
d'actes répréhensibles (4). C'est le double, qui se dit: sahe na ni pour
l'homme, sahe na hi pour la femme. Dans l'union sexuelle, les sahe de
l'homme et de la femme « communiquent» en s'unissant à la semence et
à l'humidité féminine pour assurer la fécondité (il).
Ces deux forces, dQno et sahe, de sexe opposé chez un même individu,
sont complémentaires et constituent un couple. dQno donne la force de
combattre tandis que sahe permet de se maîtriser et incite l'être humain
à la conciliation. Chez les adultes, le premier est mâle pour l'homme,
femelle pour la femme alors que les sahe sont dans le rapport contraire.
dQno, qui est féminin chez les incirconcis, devient mâle après l'opération
et il le demeure jusqu'à la mort de l'intéressé tandis que sahe, sans changer
de sexe, disparaît après que l'homme est sorti de la septième et ultjme
classe d'âge (baIe bala) qui précède l'extrême vieillesse (têi1Jgukale), époque
après laquelle les hommes sont considérés comme incomplets «()). Chez les
femmes, dQno est mâle jusqu'à l'apparition des premières règles, époque
à laquelle il devient femelle pour disparaître après la ménopause qui fait
des femmes des êtres considérés comme asexués. Les eunuques sont réputés
ne pas avoir de dQno.
3) visi est le « cœur» immatériel qui assure la respiration, le souffle
(vusi); on en dit qu'il « tient l'homme, attire l'air et le repousse» (inspirer
se dit srçl visi, expirer, dégonfler, pousser, riçl visi) (7\ .
4) vusi est le souffle (nardS, ar., litt.: âme); pendant le sommeil, il
fait sortir le sahe qui, en vagabondant, provoque le rêve (swane; hilim, ar.)
dont une partie correspond à la réalité présente et dont l'autre, réputée
être fausse, se développe sous l'influence du souffle.
5) r.~el5isert à désigner les deux ombres, l'une visible, l'autre invi-
(4) ihlisa, (de Iblis, Satan, en ar.) est un terme général qui sert à d~signer les
invisibles parmi lesquels on distingue notamment les gw~gw~y, les aljin (ar.) et maryan1
kurugu.
(5) L'acte sexuel est comparé à une re-création du Monde, à un renouvellement
des temps nlythiques, à un retour à cette période de la vie de l'humanité; en outre,
pendant la saison des pluies, il est assioli1é à l'accouplement de la femme primordiale
et du Serpent tandis que, pendant la saison sèche. il connote j'union de cette même
femnle avec le Varan.
(6) Dans l'expression baIe bala, le terme hala désigne la région qui s'étend au
pied du mur de la ville et à l'extérieur; sa présence ici s'explique par le fait que
les vieillards très âgés sont exclus de la communauté aux activités de laquelle ils sont
devenus incapables de participer. (Les détritus sont déposés au pied de la muraille
mais à l'intérieur de la viI1e).
(7) Le cœur. organe, se dit /lulu à Logone Birni. gelh en arabe.
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375
sible (8); l'ombre d'un homme se dit rsesi na ni, celle. d'une femme,
rsesi na i (ou hi); l'ombre invisible n'est sensible que pour les mudann~
(masas, ar.), rares hommes soupçonnés de pratiquer la « sorcellerie».
6) zezi est le corps humain (on dit zezi a balam, litt.: [le] corps de
[1'] homme) qui est censé compter deux-cent-soixante os chez l'homme, les
femmes étant réputées en posséder un moins grand nombre en raison de
la constitution particulière attribuée à leur colonne vertébrale qui «com-
prend un nombre de vertèbres inférieur à celui des hommes».
7) hal désigne le caractère.
8) salan ha z~y (litt. : cuivre [qui] est rouge (H)), le bronze - qu'il
faut entendre par l'essence, l'esprit de l'alliage - est présent dans les
clavicules avec lesquelles il forme un couple où le bronze, salan (ton haut)
ha Z€y est mâle, la clavicule, salan (ton bas) ha zçy, femelle.
La présence de bronze - et non de fer - dans les clavicules montre
le lien unissant les Kotoko à leurs plus lointains ancêtres reconnus dont
une partie de la personne leur est transmise par ce truchement. Autrement
dit, l'alliage marque la continuité entre les 7 fois 7 générations mythiques
- total des ancêtres -, qui comptaient seulement des bronziers parmi les
métallurgistes, et les 7 fois 7 générations. «actuelles» - somme des
humains vivants et à naître - héritières du premier forgeron du fer, lui-
même successeur - antithétique - des bronziers, manipulateur imprudent
(1()}.
de l'enclume céleste
Cette répartition primaire du corps et des sept principes sexués peut
se schématiser comme suit:
dono ci 9
sahe 9 ci
.....
VlSl ci 9
vusi ci 9
to v.
rseSl ci 9
zézi ci 9
hal ci
~salanha zçy ci
(8) Aucun terme n'a été fourni pour ces deux catégories qui semblent bien être
désignées par le même mot.
(9) Opposé au salan ha paw (Htt.: cuivre [qui] est blanc), de la «couleur des
cartouches », qui est le laiton. Confondu couramment avec l'or, le bronze est aussi
appelé dinar (J.-P. LEBEUF, Archéologie tchadienne, Paris, Hermann, 1962, p. 108-114).
(10) A. et J.-P. LEBEUF, Monuments symboliques du palais royal de Logone-
Birni (Nord-Cameroun). J. Soc. Africanistes, 1. XXV, 1955, p. 33.
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(11) Ce mélange, chez tout être humain, de masculinité et de féminité, fait que
les jeunes enfants et les vieillards très âgés n'ont pas encore et n'ont plus de sexe
défini, ce dernier l'étant après la circoncision ou après l'apparition des premières
règles (époque à laquelle la coiffure des jeunes filles est modifiée: la chevelure est
alors répartie en douze nattes, trois sur le front, trois sur la nuque et autant de
chaque côté de la tête).
(12) Liu. : homme (de la) terre; au pluriel: mia/[wada; il n'existerait pas de terme
féminin équivalent.
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377
378
rwada mdalga
BRISURE DE
----
l'IIUF PRIMORDIAL
madaha
I
rahama
I
taata
/
Gazelle (mutali)
/
sare ourwada watan
Taureau (durumi)
laremi ha kawe
379
Laiton (salan ha paw), le 3e est usa maba (lH) (arfawn, ar.) (19)), le 4e est
fait de fer rsafu (litt. : sang [du] fer), le Sc, d'argent (tuzi), le 6e, de quartz
(matkan), le 7e, «plus beau que l'or» (dinar) », est appelé marvisa, du
nom d'une petite graine rouge marquée d'une tache noire (Arbus preca-
torus). (En mandagué, les appellations correspondantes sont: mdulgo,
ngarkeme, samee, sya~v, pilla, barta et ebam).
Les terres et les ciels sont très éloignés les uns des autres et l'on
estime que «cinq cents ans sont nécessaires pour aller de l'un à l'autre»
comme pour parvenir à l'horizon. Les ciels sont réputés avoir une tempé-
rature très élevée sauf le plus proche. Tous sont vides à l'exception de
celui qui est visible où se trouvent les étoiles «< rondes comme du beurre
de vache » ?) (20 I et la lune, du troisième où se déploie l'arc-en-ciel, qui est
appelé populairement « )a queue du singe rouge » (21), et du quatrième où
briIle le soleil (sa, ton bas).
La tradition orale des Peuls (du Tchad). les FêJ/latye (ar.), mentionne des faits
qui, avec quelques variantes, rappeHent les précédents. Les terres et les ciels reposent
5ur l'écume d'une vaste étendue d'eau au fond de laquelle vit «un taureau aux
:}uarante mille cornes» sur 'le dos duquel un homnle «rouge» (22) debout maintient
à bout de bras l'ensemble du monde. On ajoute que les peuples «rouges» auxquels
appartiennent les Peuls sont tombés du premier ciel.
Les sept terres, !,"wadfln katul (litt.: terres sept), sont toutes censées
être habitées par des êtres humains qui y vivent de la même manière que sur
notre terre. Groupés en famille dans des agglomérations, ils cultivent leurs
champs, pêchent, chassent, etc.; la population de chacune des terres peut
contempler le dessous de celle qui lui est directement supérieure.
En outre, les sept terres et les sept ciels constituent sept couples de
jumeaux formés des ciels, masculins, et des terres, féminines; la terre sur
laquelle nous vivons, comptée seul~, est mâle et femelle à la fois. A ces
sept couples, il faut ajouter celui que forment l'échafaudage des sept terres
et le groupe des sept ciels. L'ensemble connote les huit couples de jumeaux
primordiaux. Encore, le pays kotoko, réparti en trois principautés, est assi-
milé à cette représentation du monde dans laquelle les ciels correspondent
à la zone septentrionale halaka (principauté de Makari), mâle, les terres,
à la zone méridionale alage (principauté de Logone Birni), femelle, de la
région, tandis que notre 1erre, placée au milieu, correspond à la Limite
(principauté de msar, Kousseri) qui est androgyne (fig. 2).
380
CIE LS
cf "Nord.
haut
LIMITE
mil ieu
cent re
~Sud.
Q bas
TERRES
(23) Depuis que, sous l'influence de l'islam, les Kotoko ont renoncé à modeler
des représentations humaines, on considère que le sahe accompagne les autres prin-
cipes pendant leur déambulation chtonienne.
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381
TERRASSE
CIELS
halaka
vusi
mzaga
1
~)
2
3
~)
TERRES
4
~) d9no
visi
rsesi
alage
5
~) hal
salan ha paw
sahe
~)
6
~)
LAC
7
~)
FIG. 3. - Déambulation post mortem des principes de ]a personne.
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382
rotations qui sont censées animer les deux parties, septentrionale ou halaka
et méridionale ou alage) du pays kotoko (fig. 3). Ces mouvements concer-
nent l'être humain complet, principes spirituels et enveloppe charnelle
laquelle s'intègre progressivement et en totalité à la terre (sous ses 7 + 1
formes) au cours de sa décomposition. Une fois parvenus au ciel supérieur
pour l'un, à la terre inférieure pour les autres, après une nouvelle période
de sept années, le souffle rejoindra la «terrasse» et, les autres principes,
les eaux primordiales pour ensuite se réincarner dans un être humain à
naître. Les éléments de la personne mettent donc ainsi sept fois sept soit
quarante-neuf années, plus une période finale sur la terrasse ou dans le lac
primordial, pour accomplir un cycle fermé qui correspond à la succession
chronologique complète des classes d'âge, au nombre de 7 + 1, entre
lesquelles est divisée l'existence humaine. Le séjour sur les plus proches
des ciels et des terres est associé à la première de ces classes d'âge, le ciel
et la terre les plus lointains à la dernière des catégories sociales, ce qui
est résumé dans le tableau ci-dessous (:24).
383
384
*
**
Les idées que possèdent les Kotoko sur la personne et le système du
monde, qui allient étroitement être humain et cosmos, correspondent à
une vision dynamique de l'univers. Les déambulations verticales des prin-
385
25
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386
dimension verticale. Les formes sont pensées dans l'espace plutôt que
dans le temps. Nos penseurs ne voient pas le monde en « évolution» dans
un sens rectiligne horizontal, mais en ascension; le passé n'est pas derrière
nous mais sous nos pieds » (:1:)
\. Au double mouvement vertical des prin-
cipes de la personne s'allient les déplacements horizontaux des principautés~
c'est-à-dire, dans cette perspective philosophique, l'ensemble des terres
et des ciels, et la conjonction de ces deux fois deux mouvements, verticaux
et horizontaux, donne au système le volume sans lequel il ne pourrait être
complet. Ce système total est figuré sans conteste pour les actuels Kotoko
par les sépultures en urnes unanimement considérées dans le pays comme
autant d'images des ensembles céleste et terrestre. Nous serions alors en
présence d'un mode d'inhumation qui, tout en étant reconnu sans conteste
comme pré-islamique, concrétise pourtant des notions empruntées aux
mahométans, ce qui pourrait être aberrant si l'on n'était pas en droit
d'estimer que cette explication, forgée après coup, n'a fait que recouvrir
-- partiellement - un symbolisme voisin. On sait en effet que ces sépul-
tures constituent traditionnellement des figurations du sein maternel et de
la Terre, équivalents dans la pensée kokoko. Ces tombes sont d'ailleurs
aménagées de telle façon que le corps en putréfaction se trouve en contact
direct avec le sol auquel il s'intègre d'autant plus sûrement et complète-
ment qu'il est considéré mythiquement comme étant lui-même fait de terre.
On peut donc estimer que le double symbolisme originel de ces sépultures
aurait, sous l'éclairage de la nouvelle religion, été réinterprété comme
constituant des représentations totales du monde tel que le conçoivent les
musulmans. Tout en ayant adopté les croyances importées, les penseurs
demeurent fidèles ainsi à leurs conceptions traditionnelles, la nouvelle reli-
gion n'étant pas assez forte à tout prendre pour faire disparaître une foi
(:-H;,.
ancienne qu'elle a estompée sans sérieusement l'atteindre
Paris (C.N.R.S.) et Fort Lamy (LN.T.S.H.)
(Travaux de la R.C.P. 117).
LE PLURALISME COHÉRENT
DE LA NOTION DE PERSONNE
EN AFRIQUE NOIRE TRADITIONNELLE
L. V. THOMAS
(1) Ce ternle doit être entendu au sens le plus général, celui que donne notam-
ment Gordon W. ALLPORT (Personality. A psychologie Interpretation. Holt, New-
Yark 47. XIV): La personnalité est l'organisation dynamique des systèn1es psycho-
physiques qui. dans un individu, déterminent son adaptation oriRinale à SOil /11iliell.
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C'est sur ce plan que se situe la présente étude, laquelle vise à rassembler
des matériaux typiques concernant l'idée que l'homme noir d'Afrique se
fait de la personne (bien qu'aucun terme ne corresponde à cette réalité dans
la plupart des langues locales). Le second seul est vraiment scientifique
qui voit, dans la personnalité, un système vivant de rapports sociaux entre
les conduites: «Mais en même temps, dès que les conduites s'insèrent
dans le monde des rapports sociaux, et d'abord au titre de travail social,
elles deviennent aussi quelque chose qui produit et reproduit ces rapports
sociaux, et de ce point de vue, elles ne sont plus les conduites d'un sujet,
mais les conduites d'une formation sociale déterminée. Elles sont alors
sociales dans leur contenu et biologiques dans leur forme» (2). Il ne suffit
plus donc de souligner que la personne négro-africaine reste inséparable
de ses dimensions sociales, ni même qu'elle est relative aux systèmes socio-
culturels «< idéologie» du groupe ethnique considéré); encore faut-il expli-
quer quel mode de production à la fois elle exprime et occulte, quelle
formation sociale elle prolonge et justifie. L'état actuel de .la psychologie
et de la socio-économie africaines permettent difficilement d'envisager ce
second aspect du problème.
389
390
391
392
Nous savons qu'il existe des lieux soit d'attente, soit de localisation
des âmes (de c'orps ou de sexe) singulièrement chez les Dogon (Mali),
et que le moi reste en étroite connexion avec certaines forces de la nature
(jeu de correspondances et de participations bien connues des FaLl -
Cameroun - ou des Ka/oko - Tchad). A ces attaches cosmiques s'ajou-
tent les liens sociaux: avec le génie qui nous possède, notre jumeau,
le double totémique, certains membres privilégiés du clan (l'Ancêtre iné-
galable, le défunt réincarné, le Père initiateur, l'homme avec qui on a
conclu un pacte de sang ou qui est notre parent à plaisanterie, voire le
sorcier avec qui s'engage un singulier rapport de forces) f41. Il peut se faire
encore que le Moi ait des rapports privilégiés avec le placenta ou le cordon
ombilical qui furent les siens... «Placenta et cordon sont organiquement
liés au nouveau-né. Comme ils servent, d'autre part, aux phénomènes mys-
térieux entre tous de la gestation, ils baignent dans une atmosphère de
393
4. De la synchronie à la diachronie.
394
395
396
397
1. La personne et le -nom.
398
(10) Les lacaniens d'aujourd'hui définissent de façon assez proche le bébé qui
n'a pas atteint le stade de l'échange symbolique (langage).
(11) M. Houls. Le nom individuel chez les Mossi. tF.A.N.. Dakar. 1963.
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(12) Connaître le nom secret d'une personne, c'est le «posséder» disent les
y oruba, c'est être capable de lui faire faire n'importe quoi et même de le «contraindre
à mourir ». Chez les Fon (Dahomey), l'enfant reçoit un nom qui rappelle son' du '
(parole ou signe du Fa); c'est le nom d'enfance, vu-iii, nécessairement imposé. «Alors,
comme si ce nom était impersonnel pour lui, l'individu entrant dans la vie, commen-
çant sa propre histoire, prend un nom (so-ni-ko == prend-nom)... Ce nom devient
celui que l'individu a intérêt à cacher au 'vulgaire', car il est ce qui révèle son
être nu (la nudité de son être). Alors pour jouer son rôle dans la société... l'individu
personnalise son entrée dans l'histoire, 'se fait exister' en se donnant un nom».
B.T. Kossou. Sè et Gbê. Dynamique de l'existence chez les Fon (Dahomey). Thèse
de Doctorat, Paris, 1971, ronéoté, p. 156.
(13) Au double sens de civiHsation du Verbe (sans appui de l'écriture) et dans
la perspective analytique.
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La mort africaine si elle n'est pas destruction de tout (Ie moi com-
porte, avons-nous dit, des éléments impérissables), elle implique toutefois
la destruction - du tout (séparation et nouveau destin de chaque élément
constitutif). Percer les secrets de la mort, c'est partiellement appréhender
le mystère de la vie et singulièrement celui de la personne.
L'esprit et la mort.
(14) B.T. Kossou. Sê et Gbê. Dynanlique de l'existence chez les Fon. Thèse de
Doctorat, Paris, 1971, ronéoté. p. 140. Sê == principe' spirituel' fondamental,
essence du moi.
26
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(animus) se confond parfois avec celui de l'âme (anima) mais peut s'en
dissocier sans qu'il soit permis d'en indiquer la raison. Toutefois n'oublions
pas que, dans l'au-delà, si le défunt a perdu la force du pouvoir, il
peut néanmoins guider les survivants car il possède toujours la force du
savoir: ne doit-il pas rester pleinement conscient pour juger de son état
et apprécier le comportement de ses descendants?
Le double et la mort.
L'âme et la mort.
Nous savons qu'il faut absolument parler des âmes au pluriel. Perdre
momentanément l'âme légère, apparentée parfois à l'ombre, n'a rien de
grave, puisque tel est l'état normal du sommeil (pseudo-mort), du rêve
qui l'accompagne ou seulement de la rêverie; encore que, durant ses péré-
grinations, l'âme légère risque de se heurter au 'sorcier' ou à de mul-
tiples ennemis: les traumatismes du cauchemar qui expriment ces ren-
contres peuvent, dans certains cas, provoquer le trépas. C'est encore au
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Le corps et la mort.
2. Signification de la mort.
(15) Le corps, selon la tradition, est de sable ou d'argile. Dans quelle mesure
parlera-t-on à son sujet de destruction lors de la mort? D'une maison qui s'écroule
«il demeure les matériaux qui sont entrés en organisation pour en donner la combi-
naison structurelle globale. Les matériaux de cette maison ou plus essentiellement
'la matière' de cette maison, c'est la terre dont elle a été pétrie. Or, ce n'est pas
la terre qui se détruirait dans cet écroulement, elle demeure comme une substance
impérissable. Il en est de même quant à la substance de la matérialité corporelle.
Tout ce qui est matériel. semble-t-il, s'origine et s'achève dans la terre, ce qui
reviendrait à dire que même la matière se 'survit' dans son retour à la substance-
terre. Dans la putréfaction du corps, se réalise la substantialisation du matériel,
condition nécesaire pour le rétablissement imaginaire de l'équilibre post-mortem.
Car comment pourrait-on expliquer qu'un corps absolun1ent anéanti puisse appartenir
encore à un individu seulement transformé dans l'autre vie. Nous pensons que, pour
répondre aux nouvelles exigences d'un état spirituel ou numineux correspondrait
ainsi dans l'implicite de l'imagination fan, une substantialisation de la matière cor-
porelle, ce à quoi sert sa déliquescence réelle. Cette substantialisation du corps
confère à la déliquescence réelle une signification positive. B.T. Kossou. Sê et Gbê.
Dynamique de l'existence chez les Fan. Thèse Doctorat. Paris, 1971, ronéoté,
p. 272-73.
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destruction destruction
totale partielle aucune
(%) (%) destruction
corps 58 Il 31
om bre 50 9 41
âmes 8 18 74
principe vital 6 6 88
esp ri t 7 17 76
(16) Enquête sur 1 000 personens. Voir L.V. THOMAS. Cinq essais sur la Mort
Africaine, Dakar, Faculté de Lettres, 1968, 502 p.
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partis... Les morts ne sont pas sous la terre... Les morts ne sont pas
morts », déclame le poète. Nul n'a mieux que Van der Leeuw décrit et
expliqué cette conception qui semble devoir s'appliquer à toutes les reli-
gions dites archaïques (20): «Il en est à peu près du mort comme du
vivant; il n'a perdu ni la donnée, ni la possibilité. Sa survivance va de
soi, précisément parce que les rites la garantissent... L'enterrement marque
ainsi le commencement de la vie nouvelle... La mort n'est pas un fait,
mais un état, différent de celui de la vie... La différence entre l'état anté-
rieur à la mort et la survivance n'a rien de plus surprenant que celle qui
distingue de l'âge adulte l'existence précédant l'initiation à la puberté...
Mais essentiellement la mort n'est qu'un passage ,comme un autre et le
défunt n'est pas un individu rayé des rôles... Il est tout au plus quelqu'un
qui revient et, en règle générale, quelqu'un qui est présent».
En un mot:
1 toute mort implique une destruction partielle, une libération par-
0
(20) V AN DER LEEUW. La religion dans son essence et ses manifestations. Payot
1955~ p. 206-207.
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Individu Communauté
Naissance biologique --. Mort symbolique
(utérine) jouée socialement
t
Mort biologique
t
Re-Naissance
(absence ~mutation)
~ ~
domaine du subi domaine de l'institué
domaine de l'imaginaire domaine de l'imaginai
(apparence individuelle) (symbole et rite)
authentifie la naissance
en la socialisant
lutte contre l'effet
dissolvant de la mort
NATURE CULTURE
C'est donc par la vertu du symbole ou de la démarche utopique
(l'idéel, l'imaginaI) et la conduite con1munielle (union communautaire)
que le Noir échappe à la naturalité de sa condition (21}.
409
D'où le sens des conduites que tout homme entretient soit naturelle-
ment c'est-à-dire quotidiennement, soit rituellement, à l'endr~!t du monde
(village, place du marché, rivière, forêt, forces telluriques), envers les
autres (semblables, proches et singulièrement les ancêtres, puis les géni-
teurs, les oncles et les tantes, les frères et s'œurs, les membres du clan
(malédiction ou bénédiction peuvent dé-forcer ou renforcer l'être, donc la
force de vivre). D'où également le rôle imparti à certaines cérémonies qui
permettent à l'individu de réussir sa vie. Justement parce qu'elle se sent
libre, «la personne doit mettre tout en jeu pour inscrire sa liberté dans
et à travers les multiples failles que laissent entre eux les divers secteurs
du déterminisme. Ainsi donc, aux divers déterminismes' inscrits' dans
sa nature s'ajoutent ceux que comporte la vie sociale, et la personne ne
peut s'accompl.ir qu'en utilisant ces mêmes déterminismes (ou leurs lacunes)
pour créer de }'indéterminisme, c'est-à-dire la liberté».
Qui dit liberté et pluralité des déterminismes dit, par là même, possi-
bilité du désordre, donc exigence de cohérence, de re-structuration. Tout
d'abord la personne négro-africaine doit résoudre le problème de l'har-
monie - 'topologique' et 'métaphysique' - entre les éléments consti-
tutifs ou non. Nous savons, en effet, que non seulement ces derniers. sont
au pluriel mais encore que certains viennent d'ailleurs, soit épisodiquement
(possession), soit durablement (type de ré-incarnation, participation toté-
410
411
412
l'homme trouve d'emblée son être ». En d'autres termes, c'est comme être-
situé-dans-le-monde que se saisit l'homme, «non pas en tant que partie du
tout, mais comme ce tout lui-même, dans un tout où se saisit l'homme
absolu. Nous dirions même que c'est dans ce tout complet qu'émerge
l'homme, pas seulement en tant que conscience, c'est là encore une diffé-
rence, mais en tant qu'être, mais un être qui refuse de passer par ['inves-
titure de la conscience, qui ne veut pas d'abord passer devant le miroir
(2;)I.
de la conscience avant de se proclamer être»
Ainsi, la cohérence de l'Etre trouve sa raison profonde dans la valeur:
valeur en soi de l'homme en tant que créature privilégiée (26); va[eur-
tension de la personne qui conquiert un surcroît d'être par la nourriture
source de force, par l'initiation et l'apport d'un nouveau nom, par l'ador-
cisme où la possession devient une épiphanie qui grandit, par la mise au
monde de nombreux enfants ...
L'éthique négro-africaine vise l'homme dans sa dimension presque
cosmique d'homme total, eHe est' un pont entre l'être de l'homme et
l'être du monde', tandis que le rite du sacrifice et celui de l'adorcisme
permettent à la personne de ren-forcer son être ou sa force de vivre:
la transe, par exemple, peut se définir comme une véritable re-naissance,
comme une authentique re-création. Et de même qu'il y a dans l'univers
des zones privilégiées de concentration des forces (lieux sacrés, résidences
des Génies, autels claniques), de même il existe des personnes qui concen-
trent en elles des puissances supérieures, qui par là même ne sont pas
seulement sacrées, mais sacralisantes; non seulement des modèles d'unifi-
cation dynamique, mais des unités dynamisantes de cohésion ou d'ordre.
Le roi bantu, par exemple~ entraîne par sa mort «la mort du royaume»
«< Le Mwami est absent, Je peuple meurt - Le Mwami revient, le peuple
vit», dit-on chez les Bafulero du Rwanda); durant l'interrègne, le temps
est suspendu, les interdits abolis, les hiérarchies renversées, le désordre
ritualisé se substitue à l'ordre tandis que les taureaux sont séparés des
vaches: il s'agit en quelque sorte d'une démonstration par l'absurde de
ce que nous avancions plus haut.
413
v. LA FORMATION DE LA PERSONNE
414
(30) Nous ne parlons bien sûr que de l'age-set et non de l'age-grade que l'on
rencontre
, en Afrique de l'Est, chez les Kikuyu du Kenya par exemple (J.H. DRIBERG.
Age-grades'. Encyclopaedia Britannica, 14th. edn.~ 1929).
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2. La portée de l'éd1Lcation.
(31) Voir sur ce point L.V. THOMAS, L'Etre et le Paraître. Essai sur la signi-
fication de l'initiation en Afrique noire. In: Tra\'aux collectifs sur l'Inconscient et
la Culture, nU II, « Fantaslne ef tornlation ». sous 1a direction de D. Anzieu; Dunod,
1973.
(32) Cette prédominance de la 'classe' des aînés peut conduire à une exploi-
tation de la 'c1asse' des cadets, les prenliers accumulant les surpJus et profitant du
prestige que leur confère leur posiiton (REY, DUPRÉ). Voir L.V. . THOMAS. L'être et le
paraître, op. cit.
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(33) J.P. LALÈYÊ, op. cif., p. 149. Par ailleurs, Th. LETTENS a bien montré que
l'attitude de l'individu oscille entre «d'une part une dépendance fondamentale et
d'autre part une révolte inefficace et purement verbale ». Le Moi et la Société au
Burundi. In: Culturfs et Dëveloppement, I IL L Louvain. 1971. p. 93.
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VII. CONCLUSION
(35) Nous faisons allusion à l'analyse prestigieuse de G. Bachelard sur «le plu-
ralisme cohérent de la chin1Ïe moderne ».
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420
un système en ses éléments et d'étudier le rôle de chaque élément l'un après l'autre
sur la formation de la société de base, au lieu de partir du système comme un tout
organisé. Le psychologue risque, dans les analyses qu'il fait d'une culture en relation
avec le psychisme de suivre des voies dangereuses s'il n'a pas, à ses côtés, la critique
de l'ethnologue. »
(38) R. BASTIDE, op. cil., p. 164.
Colloques Internationaux du C.N.R.S.
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Nil 544.
- LA NOTION DE PERSONNE EN AFRIQUE NOIRE
J. De la personne à la personnalité
422
tant sur la personne n'a rien de ces édifices majestueux et secrets qui sem-
blent prévaloir en pays Bambara, Dogon, Gourmantché...
Magie, rites, sorcellerie, mythes, ne font appel qu'à des notions
simples dont le contenu semble vite épuisé. Seules les procédures sont
complexes, et non leur substrat métaphysique. Si les techniques magiques
font certes l'objet d'une connaissance ésotérique (c'est-à-dire sont le fait
de spécialistes divers: zima, sohance, forgerons, certains captifs horso...)~
il n'y a pas un corps de connaissances pures, un savoir initiatique, une
explication du monde dont seul un petit nombre détiendrait les clefs.
Jean Rouch a fait, depuis longtemps, J'inventaire des quelques
notions de base chez les Songhays :
- hunde, la vie, le souffle vital, qui distingue les être animés des
êtres inanimés,
- biya, l'ombre (== l'âme, le double), qui, au contraire du souffle, est
une notion plus psychologique et métaphysique que physiologique. Le rêve,
c'est le voyage du biya pendant le sommeil. La possession, è'est la substi-
tution du génie holey au biya. La sorcellerie, c'est l'agression sur le biya,
son rapt.
- certains traits de caractère: lak kal (intelligence, compréhension,
savoir), bine (üœur, courage), hawi (honte)...
A l'encontre de cette apparente pauvreté, les représentations et tra-
ditions font intervenir incessamment des rôles et clivages sociaux et la
« religion» renvoie avec insistance à la société, non comme simple entité~
mais dans sa différenciation concrète. Ainsi, les biographies des holey,
génies des danses de possession, qui constituent le noyau du savoir mythi-
que, sont constamment modelées sur celles des hommes; y interviennent
guerres, querelles, mariages, groupes ethniques, chefs, captifs, etc...
Loin d'expliquer la société sous sa forme originelIe, elles utilisent
au contraire la configuration sociale existante comme cadre de référence:
ainsi Dongo, génie de la foudre, et personnage central des danses de
possession, aurait passé son enfance chez les Bellas (captifs Touaregs),
avant de commencer, lors d'une crise de dépit, à foudroyer pour la pre-
mière fois les hommes. A la limite, on pourrait dire que dans les mythes
songhays~ la société (la société constituée et organisée, divisée en ethnies
et en groupes) précède les forces surnaturelles!
Par contre, nul ne peut recueillir un mythe de la création, ou la
légende qui préside à ]a découverte des premiers sortilèges. Aucune média-
tion ne rend compte de l'apparition des ethnies et des castes, celles-ci
étant données d'emblée.
Les sorciers prennent « l'ombre» de leurs victimes pour la manger ou
la donner aux puissances qui se partagent la brousse, tels les zin; mais nu)
ne connaît leur ancêtre et Je pourquoi de leurs relations avec les zin,
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manière. Le zima mettra en valeur les holey, sa spécialité, soit comme cause
d'agression, soit comme médiation nécessaire pour récupérer une «ombre»
en péril; le sohance, lui, insistera sur le duel qu'il est capable de mener
lui-même à bien contre le sorcier qui a dérobé un biya. Certains jouent sur
plusieurs tableaux: ainsi un sohance de Koutougou est en même temps
zlma par sa mère, do par son grand-père et allié aux ganji, puissances
de la brousse, par un ancêtre qui aurait épousé un génie. Mais si les spé-
cialistes reconnus doivent justifier leur compétence par un système minimum
de liens avec le surnaturel (ce qui implique une construction théorique
ad-hoc), bien des détenteurs de charmes ordinaires n'ont pas besoin d'y
avoir recours, et n'invoquent, pour vanter leur «produit», que l'expérience
prouvée de son efficacité.
Cette grande souplesse tactique s'organise, on l'a vu, autour de la
notion de biya, point stratégique de la personne dans ses relations avec
l'au-delà, le surnaturel. Mais il est intéressant de remarquer que biya
connote non seulement un élément de la personne (<<l'ombre») mais aussi
la personne toute entière, prise au sens de personnalité. On dira ainsi de
quelqu'un: a sinda biya, il n'a pas de personnalité.
C'est ce domaine de l'idéologie spontanée que nous voudrions explorer,
ce qu'on pourrait appeler les «stéréotypes» de la personnalité chez les
Songhays-Zermas. La société reconnaît deux types fondamentaux de per-
sonnalité, qui correspondent aux deux pôles sociaux principaux. Il y a un
« portrait-robot» du maître et un autre du captif. Pour être moins élaborée
que les systèmes de la personne spirituelle décrits dans d'autres groupes,
la conception qu'ont les Songhays de la personnalité sociale n'en est pas
moins précise.
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case (horso) est intégré à la famille de son maître. Elevé avec les enfants
du maître, il ne peut être vendu. C'est une sorte de cadet perpétuel. Il peut
même obtenir parfois le droit de cultiver en partie à son propre compte.
3) Les nouveaux captifs, razziés, achetés, ou pris à la guerre, ont
une situation beaucoup plus instable. Ils peuvent être vendus, échangés,
donnés, ou même rendus à leur famille contre rançon.
4) Les castes (forgerons, tisserands, cordonniers...) nécessiteraient une
étude particulière. Nous pouvons en faire ici l'économie, dans la mesure
où ils se rangent tous, chez les Songhays, dans la catégorie générale des
captifs, cette détermination semblant principale.
5) Contrairement au régime patriarcal et patrilinéaire en vigueur chez
les nobles, les captifs sont soumis à une règle d'ordre matrilinéaire, et en
tout cas matrilocale. En effet, en cas de mariage de deux captifs de
maîtres différents, les enfants sont la propriété du maître de la mère
(comme le croît du bétail appartient au propriétaire de la génisse) (1).
Les captifs ne peuvent en aucun cas épouser une femme noble. Cet
interdit fondamental subsiste aujourd'hui, plus de 60 ans après l'abolition
de l'esclavage. Dans la mesure où les règles de mariage songhays sont par-
ticulièrement imprécises, on peut dire qu'enes se limitent à deux interdits
absolus: l'inceste réel et l'hypogamie sociale.
7) Outre cet interdit, les traces idéologiques de l'esclavage sont nom-
breuses de nos jours: chacun peut être désigné encore comme captif ou
maître; et tout ce qui concernera plus loin, à ce sujet, les représentations
collectives et les comportements est encore vivace.
8) Les traces économiques, moins évidentes et moins contraignantes,
existent néanmoins: dépourvus de terres lors de leur libération par le colo-
nisateur, les captifs fournissent une grande part de la paysannerie pauvre.
La promotion est possible, certes, mais à titre individuel.
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En effet, il n'est pas rare d'entendre que, parmi les nobles, ceux qui sont
véritablement «purs» sont les Touaregs et les Peuls.
La suprématie politique s'infiltre ainsi peu à peu jusque dans les
aspects les plus profonds, et parfois même inconscients, de la psychologie
collective, d'où elle tire en retour une justification d'autant plus solide
qu'elle se présente, par un tour de passe-passe, comme «naturelle» et
parée des vertus d'une «évidence».
IJ faut noter par aiIJeurs que l'endogamie respective des nobles et
des captifs pourrait constituer un fondement objectif au maintien de carac-
téristiques physiques différentes. Mais il est évident que les critères retenus
s'éloignent de toute description anthropologique sérieuse, même approxima-
tive.
2) Cette classification devient sociale, dans la mesure où sa base
ethnique est masquée, et où elle se projette sur des réalités qui n'ont
plus rien d'ethnique. Entre des captifs gourmantchés ou peuls amenés à
la fin du XIXI' siècle et des horso songhays dont l'origine est depuis des
générations confondue à un tel point avec celle de leurs maîtres qu'il n'y
a plus aucune trace d'une quelconque autre appartenance ethnique, on
ne peut évidemment parler de caractéristiques physiques objectivement
communes. De même, les nobles songhays, bien que fort différents anthro-
po logiquement des Touaregs et des Peuls bénéficient en quelque sorte
des traits affectés aux maîtres, queIJe que soit la réalité scientifique de
leur apparence.
On a donc le processus suivant: l'ethnie songhay se décompose en
fait en deux. groupes distincts. Seul le groupe des nobles peut, par le
jeu des règles du mariage, préserver une certaine «pureté», se traduisant
par des caractéristiques anthropologiques spécifiques. Par contre, le groupe
des captifs provient de la fusion de couches multiples; chaque génération
s'accroît de nouveaux venus, originaires d'ethnies variables suivant les
époques: noyaux de captifs songhays venus depuis Gao; Gourmantchés
capturés lors de J'éviction de ces derniers de la région du fleuve, après
la dispersion de J'empire songhay; produits de la traite locale ou régionale;
voltaïques ou maliens emmenés vers l'Est; captifs ou nobles songhays des
chefferies voisines, razziés au cours des guerres.
C'est dire à quel point les caractéristiques raciales ne sont qu'un
prétexte aux représentations de la personne physique~ celles-cj ayant
d'abord leur fondement dans les exigences de l'idéologie dominante; il
s'agit ici de trouver dans l'ordre de la nature une légitimation (ou une
preuve) de la division de la société.
Deux types de contradiction se trouvent imbriqués. D'abord la contra-
diction principale entre captifs et maîtres. Ensuite, des contradictions
secondaires entre maÎtres. Le stéréotype physique du noble repose sur ces
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Ceci est encore plus clair dans le domaine des représentations «psy-
chologiques ». Là aussi, le caractère et le comportement affectés aux
nobles et aux captifs divergent radicalement. Il nous faut ici dissiper tout
malentendu. Nous ne prétendons pas à une analyse scientifique de la
« personnalité» chez les Songhay. Nalls nous limitons aux représenta-
tions les plus significatives qui circulent chez les intéressés, et c'est leur
fonction idéologique qui nous intéresse. Nous sommes donc aux antipodes
de la notion de «personnalité de base» de Kardiner, par exemple.
Celle-ci se veut objective et s'appuie sur la convergence entre .les obser-
vations de l'anthropologue et le résultat de batteries de tests; elle est
donc fondée sur les concepts de la psychologie occidentale, et même sur
certaines de ses méthodes (tests) les plus contestables. En outre elle prend
la société ou le groupe étudié comme un tout indifférencié soumis à des
valeurs communes, et ne tient pas compte des divisions et des contradic-
tions sociales, du fait du postulat implicite que les sociétés primitives ne les
connaissent pas.
Chez les Songhays, la notion-clé est celle de «honte» (hawi). L'atti-
tude idéale du noble est définie en négatif par un concept psychologique,
la honte. La honte, c'est le sentiment qu'engendre un comportement
non conforme à une sorte de code d'honneur implicite. Le mot est d'ailleurs
impropre dans la mesure où les motifs de honte sont d'ordre très divers;
là aussi, il n'y a pas un corpus de croyances élaboré en système. En
demandant à divers informateurs de définir la honte, nous n'avons recueilli
qu'une série de situations concrètes: ne pas recevoir comme il se doit
un étranger; faire l'objet de critiques ou de moqueries en public; être
surpris avec la fen1me d'autrui; oubUer de tenir une promesse; proférer une
injure en présence de son beau-père...
Dans notre système conceptuel, la honte pourrait apparaître comme
le manquement à l'honneur, à la générosité ou à la bienséance. Mais il
est frappant qu'il n'y ait aucun terme en songhay pour connoter l'envers
de la honte. C'est qu'il s'agit de la normalité. C'est le simple fait «d'être
un homme >-"'1 aru tare.
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(2) «tare» signifie plus qu'« état» qui est trop statique. C'est en même temps
toutes les pratiques liées à cet état. C'est le «fait d'être », et tout ce qu'implique
tel statut. Cf. sorko tare, le fait d'être pêcheur. et par par là même. le savoir du
pêcheur. la pratique de la pêche.
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rôles sociaux (le cadre dans lequel jeune maître et jeune captif décou-
vrent peu à peu leur relation), mais encore, par son existence ou son
absence, elle surdétermine ces rôles. A la limite, privé de famille, le
captif est privé de honte. Car la honte, c'est ne pas être fidèle à son
nom, ne pas reproduire l'image prestigieuse des ancêtres, la transmettre
déformée à ses descendants. D'ancêtre et de nom, le captif n'en a pas. II
vit dès son enfance dans une sujétion sans appel, et la manifestation
permanente de cette dépendance, c'est la relation psychologique qui le
lie au maître.
Par contre, il est des aspects du comportement où le captif peut
rivaliser avec le maître.
Un exemple caractéristique en est la notion de courage (bine == cœur).
Le captif peut avoir du cœur, et devenir un guerrier redoutable. Plusieurs
légendes évoquent l'épopée d'un maître et de son captif, qui tous deux
accomplissent de multiples exploits, où triomphent leur vaillance et leur
intrépidité.
Cet héroïsme partagé trouve en général sa source dans l'éducation
commune du jeune captif et du jeune maître, éducation qui prend ainsi
une signification ambivalente: fondement de la sujétion du captif, elle
porte également en elle-même une apparente relation égalitaire. Sans aller
jusqu'au cas exceptionnel de l'apprentissage mutuel de l'héroïsme, il est
fréquent que se noue une certaine relation d'amitié, plus ou moins exclu-
sive, entre le captif et le maître.
Ce paradoxe s'interprète à un double niveau:
- l'éducation con1prend non seulement l'assimilation des normes et
idéaux sociaux qui vont orienter dans des voies différentes le captif et le
maître, mais également l'apprenti~sage des rapports avec la nature - entre
autres - où s'abolissent dans une grande mesure les distinctions sociales.
Ensemble, jeunes captifs et jeunes maîtres apprennent à cultiver, chasser?
pêcher. ..
- en second lieu, et surtout, le type de dépendance idéologique du
captif appelle un certain nombre de mécanismes de compensation, qui
permettent au captif de ressentir tout à la fois son existence comme être
humain, au même tjtre que le, noble (et donc susceptible d'amitié ou de
courage, toutes barrières sociales «oubliées»), et d'accepter, par là même,
la différence de nature qui l'en isole.
L'éducation est un pilier de ces mécanismes. ElIe est au centre de
la norian de horso. Celui-ci, privé de famille propre, n'en retrouve une
qu'à travers celle du maître, et dans l'acceptation, au sein de celle-ci,
de sa propre infériorité. Il n'acquiert de statut que par ce biais, son inté-
gration est en même temps le signe de sa dépendance. Le couple «asser-
vissement/ compensation» est donc indissociable, et à l'œuvre dès le plus
jeune âge.
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(3) Cependant, la description donnée par J. Rouch des récents génies hauka,
qui représentent les personnages-type de la colonisation, fait bien ressortir (et plus
encore le film «Les Maîtres-Fous») à quel point, sous l'empire de la possession,
les colonisés jouent à être les colonisateurs, les opprimés à prendre la place des
oppresseurs. Pourquoi ce qui apparaît là évident n'a-t-il jamais été évoqué en ce qui
concerne les génies traditionnels? N'y a-t-il pas une double barrière, la sous-estima-
tion des contradictions sociales pré-coloniales d'une part, une vision un peu idyllique
de la religion traditionnelle d'autre part?
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vaux par les génies. De même les zima se recrutent dans les deux classes.
2. Un génie, qu'il soit captif ou noble, peut choisir aussi bien un
captif qu'un noble pour cheval.
Il faudrait donc savoir si la réalité se conforme à la théorie.
Jean Rouch avait déjà noté que les «chevaux» et les zima sem-
blaient être plus nombreux parmi les captifs. C'est également notre impres-
sion. Mais est-ce que ce déséquilibre est significatif au point de vue sta-
tistique ?
D'autre part, quelle est la répartition exacte, parmi les possédés, et
selon leur classe, des chevaux de « génies-captifs» et des chevaux de
«génies nobles » ?
Nous pouvons déjà noter en tout cas que, alors que les captifs sem-
blent être plus impliqués dans les cultes de possession, la société par
contre met explicitement, sur ce point, captifs et maîtres sur le même
plan. Les hommes sont censés disparaître devant les génies (mythique-
ment, ce sont les génies qui choisissent, délibérément, leurs danseurs, alors
que réellement ce sont les danseurs qui choisissent, inconsciemment, leurs
génies). Et les catégories sociales des hommes sont censées s'effacer au
profit des catégories mythiques des génies.
Si l'inversion est réelle, elle n'est donc pas reconnue comme telle,
elle n'est pas «consciente».
Il semble d'ailleurs que ce soit une caractéristique de l'ensemble des
mécanismes de compensation auxquels nous avons affaire que de se
camoufler derrière une neutralité officieHe. La différence par rapport aux
structures de domination habituelles n'est pas que tout à coup les captifs
soient privilégiés, mais qu'ils soient el égalité. Un peu comme une course
où l'un laisserait secrètement gagner l'autre...
Il est banal, en fait, de voir dans les phénomènes religieux des méca-
nismes de compensation sociale. Ce qui est intéressant, ici, c'est non
seulement qu'on puisse les analyser de ce point de vue pour des sociétés
dites primitives, où la relÏgion apparaît souvent « pure» des contamina-
tions politico-socia1es, mais c'est surtout la forme concrète que prend le
mécanisme de compensation.
Si l'on met de côté les mouvements religieux porteurs d'aspirations
et de révoltes populaires (tels de nombreux mouvements messianiques), les
religions de l'ordre établi, c'est-à-dire celles dont les fonctions jouent au
profit des classes ou couches dominantes, utilisent en général des méca-
nismes d'évasion, lesquels supportent une morale au service des structures
sociales cxistantes. C'est le cas, dans la zone sahélienne, de l'Islam. A la
limite, il s'agirait d'une inversion différée ou utopique, projetée dans
l'au-delà ou à la fin du monde.
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Une objection pertinente nous a été faite par Luc de Heusch: cette
démonstration suppose... que les sorciers existent! Or, outre que rien ne
permet de le prouver, l'essentiel dans la sorcellerie serait l'accusation de
sorcellerie. Non pas qui est sorcier, mais qui accuse qui d'être sorcier?
Cependant, les sorciers songhay sont, pourrait-on dire, différents des
sorciers de la côte ou des sorciers bantous en ce qu'ils ont une existence
sociale légitime (à défaut «d'exercer» réellement); par contre~ en ce qui
concerne l'accusation, elle, elle n'a pas d'existence sociale (alors que son
objet est réel). Expliquons-nous: la société refuse tout procédé d'accusation
des sorciers. Si l'on attribue une mort à l'action d'un sorcier, il n'est pas
question de savoir qui est l'auteur du méfait. Et si l'on s'en doute, il n'est
pas question de le dire. Ainsi, à la suite d'un décès au village de Tessa,
un génie hauka a brusquement possédé son cheval et a déclaré vouloir
dénoncer le sorcier responsable. On l'a immédiatement fait taire et ceux
là même qui avaient des soupçons très précis (portant sur un des sorciers
connus du village) nous en ont expliqué les raisons: ce serait une source
« d'histoires», la famille de l'accusé interviendrait, cela «gâterait» la
vie du village... Le sorcier n'est d'ailleurs pas considéré comme respon-
sable, il est assimilé, dans la fraction de sa vie - en général nocturne -
où il opère, à une de ces diverses puissances d'au-delà dont nous avons
déjà vu qu'elles sont les symboles de l'agression imaginaire. Il y a, autre-
ment dit, un cloisonnement très strict entre la vie sociale et la sorcellerie,
sans interférences possibles. Cependant, chaque village a ses sorciers, ses
familles de sorciers, dont on vous révèlera un jour, en confidence le J
nom. Pour la société, les sorciers ont une existence réelle et naturelle:
ce sont tel et tel paysan, avec qui l'on plaisante et travaille" et qui, le
soir venu, entreront dans ce monde parallèle et terrifiant des forces sur-
naturelles.
Le sorcier, en tant que personne physique, n'est donc pas agent de
désordre; il n'est, à la limite, que le support d'une puissance qui l'envahit
aussi clandestinement que le génie envahit, lui, publiquement, son cheval.
C'est, mettons, un homme comme les autres, à ceci près qu'il porte, aux
(4)
yeux des autres, une sorte de marque de ce pouvoir ou de cette fata-
lité: il peut être désigné. Il n'est qu'un domaine où le sorcier présumé
soit réellement victime d'ostracisme: celui qui concerne sa descendance,
essentiellement pour les femmes. Car c'est là le moyen privilégié d'une
contagion dont, quoi qu'il en soit, on se garde à tout prix. Par ce biais,
il est donc effectif que les nobles aient la possibilité de se préserver d'un
(4) Sorcier et D1agicien (cerkaw et sohance) sont les seuls cas d'hommes qui
entrent quotidiennement de plein pied dans le monde des forces surnaturelles, et peu-
vent se situer au niveau même d'intervention habituelle des génies. Aussi ont-ils,
et eux seuls, un signe concret de ce pouvoir, inscrit dans leur corps: une chaîne
dans l'estomac du magicien. un œuf dans J'anus du sorcier.
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mariage avec une femme sorcière (réputée telle). Il est donc plausible
que les sorciers (ceux que l'on dit être sorciers) soient surtout circonscrits
aux captifs.
Ce que nous appelions l'explication «historique» n'est donc pas for-
cément mis en question par l'objection dont nous faisions état. Par contre,
l'explication «fonctionnelle » pose problème. Car, si l'on refuse de se
situer sur le terrain de l'existence réelle des sorciers, il n'est plus possible
de dire: «la sorcellerie est une compensation offerte aux captifs» . Par
contre, il est légitime de supposer que «la société (qui «croit» aux
sorciers) estime que la condition des captifs les porte plus particulièrement
à être sorciers» .
Ceci - qui, rappelons-le, reste un exercice d'hypothèse - peut
s'éclairer si l'on ne prend plus la sorcellerie dans sa spécificité, mais
comme une des formes parmi d'autres du «pouvoir magique », qui nous
apparaît, par des indices beaucoup plus probants que ce cas de la sor-
cellerie, exister comme contre-partie de l'éviction du pouvoir politique t f)) .
Nous allons voir que cette théorie de la contre-partie est une théorie
songhay authentique.
A l'opposé de la sorcellerie (qui n'est que malfaisante) mais au
même niveau, les horso (captifs de case) sont réputés comme magiciens
et détenteurs de charmes (en général bénéfiques ou d'auto-défense).
Certes les «purs» magiciens, les sohance, sont des nobles, descen-
dants de Si Ali. Mais ce fait pourrait au contraire confirmer notre hypo-
thèse:
- parce qu'il s'agit là d'une corporation restreinte, aux contours très
_
définis, du fait n1ême du jeu des mariages chez les nobles. Les familles
de sohance sont connues et peu nombreuses. Alors que sorciers ou déten-
teurs de charmes sont légion, les sohance forment une aristocratie de la
magie très fermée.
- parce que surtout il y a là, au sein même du groupe des nobles,
déjà un phénomène de compensation. Les sohance représentent plus ou
moins la lignée écartée du pouvoir par l'Askya Mohammed. Et c'est la
tradition elle-même qui définit deux «voies» (et non l'interprétation de
l'ethnologue) : celle du pouvoÎr, empruntée par les descendants de }'Askya
(et à laquelle se rattachent toutes les petites chefferies songhay), et celle
de la magie, suivie par ceux qui n'ont pas eu accès au pouvoir, les
sohance (H'.
(5) Notons que les captifs détiennent également le pouvoir technique, puisque
tous les artisans sont captifs. Mais le systèl11e des castes limite justement toute
extension de cette compétence vers la sphère du pouvoir politique.
(6) On peut à ce sujet remarquer qu'on ne rencontre que deux types de généa-
logies qui remontent très loin dans le passé: celles des chefs qui, toutes, prouvent
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]a fi]iation avec l'Askya Mohammed; celles des Sohance, qui, toutes, prouvent la
filiation avec Si Ali.
(7) Dans quelle n1esure cet édifice bâti d'une façon ou d'une autre par la couche
dominante est totalement accept.é par la couche dominée, c'est une autre question.
Il l'est, certes. Mais l'absence d'une enquête systématique, et les modifications sur-
venues depuis la colonisation. laissent ouverte l'hypothèse d'une révolte idéologique
croissante, sous des formes diverses, des anciens captifs. C'est un problème capital,
rendu plus complexe encore par la politique équivoque des autorités coloniales, puis
de la nouvelle bourgeoisie dominante. sur ce sujet.
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trouve donc soumis aux différenciations sociales: c'est en ce sens que la possession,
en étant une changement de biya, est un changement de personnalité, avec ce que cela
implique comnle changement de statut.
Mais le biya, en tant que principe spirituel, distingue l'homme des autres êtres
animés. C'est également le point de jonction entre l'homme et le surnaturel, en
général lieu d'impa.ct du surnaturel (parfois mênle élément de ce surnaturel, chez
le sorcier ou le magicien). De ce point de vue, le biya fonde théoriquement le prin-
cipe d'égalité, en étant neutre socialement, du fait même de son appartenance au
surnaturel.
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(10) Nous pensons en outre que J'introduction des danses de possession pourrait
être non pas antérieure nlais contemporaine ou consécutive à l'islamisation (comnle
par exemple le harrisme à J'égard du christianisme), mais place et preuves manquent
ici pour développer cette hypothèse.
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VI. Conclusion
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LE PERSONNAGE DU ROI
ET' LES STR UCTURES SPA TIO- TEMPORELLES
(1) Nous nous réservons d'élargir nos infofIl1ations à une aire géographique plus
large et à des exen1ples empruntés à d'autres institutions dans une publication qui
paraîtra ultérieurenlent.
(2) Cf. en particulier, Sllcces,~i()1l to high Office, éd. par J. GOODY, Cambridge
U'niversity Press, 1966, et M. FORTES, Of Installation Cerenlonies. Proceedings of the
Royal A nthro[J%gica/ Institute of (]reat Britain and Ire/and, 1967, p. 5-20.
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~ jCie. d~ d
PLUIES! SAIS~E~~~~CHE I I
I SAISO~~E: SA1:~~~~AUDE
FIG. 1
(9) Ph. D. NADEL, A Black Byzancium, Oxford University Press, Londres, 1942,
p. 81. 88. 89.
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453
étendues mais il paraît difficile de vouloir les négliger, les impératifs poli-
tico-économiques invoqués généralement pour expliquer ces systèmes poly-
dynastiques nous paraissant insuffisants.
Examinons maintenant un autre type de succession cyclique ou tour-
nante pour lequel la rotation ne s'établit plus au niveau de l'appartenance
de l'héritier à une branche dynastique particulière, mais à celui du nom
que reçoivent à tour de rôle les descendants d'une même lignée.
L'ancien Rwanda nous offre ainsi l'exemple d'une institution où sont
hautement valorisées les relations entre un personnage royal dont le nom
infère un comportement idéal, et la position qu'il occupe dans le cycle
successoral.
On ne relève pas comme dans les systèmes précédents cette intime
~orrélation entre Temps et Espace ou, tout au moins, si cette corrélation
existe, l'un et l'autre ne procèdent pas du même découpage: il n'y a pas
identité entre domaine spatial et domaine temporel mais déroulement
cyclique du temps décomposé en quatre périodes dans un espace bipartite.
D'après d'Hertefelt et Coupez, depuis le XVIICsiècle «les règnes des
souverains étaient périodisés en cycles de quatre rois dont les noms dynas-
tiques se suivaient dans un ordre fixe. Chaque cycle était ouvert par un
Roi Vacher -- nous nous permettons de préférer à ce dernier terme celui
de Pasteur - qui portait alternativement le nom de Cyirima ou de Mu-
tara», lui succédaient deux Rois Guerriers portant les noms de Kigeri et
de Mibamwe qui étaient suivis par un Roi Forgeron, Yuhi, «de telle sorte
que la succession se structurait selon le modèle suivant: Cyirima.. Kigeri,
Mibamwe, Yuhi, Mutara, Kigeri, Mibamwe, Yuhi, Cyirima, etc.» (1::1)
(fig. 3). -
454
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MUTARA (Pasteur)
(Guerrier)
3. MI BAMWE ( Guerrier)
4. YUHI (Forgeron)
1'. CYIRIMA(Pasteur)
FIG. 3
455
Il faut savoir, de plus, que les rois pasteurs étaient les seuls à être associés
après leur mort aux règnes de leurs quatre héritiers successifs ~ quand
un roi pasteur mourait (dans la moitié II) sa dépouille boucanée était
ramenée dans la moitié I par son fils, le premier des rois guerriers, où elle
demeurait jusqu'à l'avènement du fils de son arrière petit-fils qui, dans
le milieu de son' règne, comme nous venons de le voir, la transférait au
(1S)
« pays des morts» .
Les deux rois suivants étaient des rois guerriers « avides de conquêtes»
écrit Kagamé qui ajoute que «sous leur gouvernement, le rythme normal
(1H). Ils n'étaient soumis à aucune
du pays est celui de la guerre incessante»
restriction dans le choix de leur résidence. Yuhi, leur successeur, le Roi
Forgeron, ne pouvait, à son tour) mener d'action militaire ni quitter, durant
son règne, la province centrale, le franchissement du fleuve lui était stricte-
ment interdit (20).
Ainsi la fixité du Roi Forgeron s'opposait à la mobilité des Rois
Guerriers tandis que les Rois Pasteurs étaient astreints à deux résidences
successives (fig. 4).
On aimerait être en mesure d'étudier les conceptions qui tendent à
justifier ce détern1Înisme et, d'autre part, pouvoir analyser les incidences
de ces manières d'être successives sur l'histoire de l'institution elle-même,
son fonctionnement et le système de relations dans lequel est impliqué
chaque personnage royal, en particulier.
Un dernier exemple illustre le cas d'un personnage royal non plus
associé dans le temps ou dans l'espace avec un ou plusieurs autres per-
sonnages mais dont le règne se décompose en autant de périodes que de
nouveaux dom-aines spatiaux. Les Swazi possèdent un système successoraJ
unilinéaire et les rois semblent être toujours investis de fonctions compa-
rables mais ils ont une vision du développement physiologique de la per-
sonne du Roi qui se traduit par l'extension de l'espace où il vit. H. Kuper
insiste sur cette évolution parallèle du plan des villages royaux et de la
croissance du roi: à chaque étape de son développement corporel corres-
(18) Cette association de quatre rois sllccessifs au Roi Pasteur précédent dont la
dépouille réside temporairement dans la n10itié I est à rapprocher, pensons-nous,
du fait que ces quatre rois sont également soun1is dans le choix de leur épouse prin-
cipale à la volonté de ce Roi Pasteur cornn1e le signale A. KAGAME (La /lotion de
génération appliquée el la {:énéalogie dynastique et à J'histoire du Rwanda des X-XIe
siècles à nos jours, Mén10ire de l'Acadén1ie Royale des Sciences Soloniales, N .S.T.,
IX. fasc. 5, Bruxelles, 1959, p. Il) et surtout M. D'HERTEFELT et A. COUPEZ (ouvr.
cit., p. 334) contrairen1ent à l'avis de L. DE HEUSCH qui estin1e que cette obligation
ne touche que trois rois (Le Rwanda et la civilisation interlacllstre, Université Libre
de Bruxelles, Institut de Sociologie. Bruxelles, 1966. p. 124).
(19) A. KAGAME, op. cÏt., p. 67.
(20) D'HERTEFELD, ouv. cit., p. 49, 55, 495. Contrairement à tous les auteurs,
L. DE HEUSCH attribue à Yuhi la fonction de «roi vacher ». ou\'. cit., p. 125.
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456
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DEPOUILLE
DEPOUillEDUROIPASTEUR
DU ROI PASTEUR MUTARA
CYIRIMA(1')
(1)
FI(,. 4
457
l'Etsu est la somme des trois personnages qui tour à tour règnent à l'orient,
à l'occident et au sud, valorisant, semble-t-il, chaque fois une fonction
spécifique.
Au Rwanda, plusieurs personnages échelonnés dans le temps font le
M wami, et les règles assignées à sa résidence se conforment aux modèles
qu'il représente successivement: le pasteur, le guerrier et le forgeron. Tandis
qu'au Swaziland, le découpage s'opère au niveau de l'individu, mais là
encore, chaque période va s'inscrire dans un domaine correspondant.
Il en est de la composition de la personnalité du Roi comme de celle
de tout espace sacralisé qui est à la fois une représentation de l'univers
dans sa totalité et une des parties constitutives de cet univers. Les notions
qui ordonnent les systèmes qui fractionnent l'étendue et rythment le temps
sont loin d'être maîtrisées. Mais il convient de reconnaître qu'un même
personnage va revêtir des aspects contradictoires si les architectures tem-
porelles et spatiales dans lesquelles les idéologies considérées appliquent le
jeu des corrélations ne sont pas cernées, et nous aurons de lui une image
incomplète si notre observation n'opère pas à ces différents niveaux.
C.N.R.S. (R.C.P. 117) et I.N.T.S.H.
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Colloques Internationaux du C.N.R.S.
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LA PERSONNE DU POUVOIR
OU LA SOUVERAINET'É DU SOUVERAIN
EN PA YS MAWRI
(Rausa du Niger)
M.H. PIAUL T
460
(1) Le pays mawri est situé au Niger à 300 km à l'Est de la capitale, Niamey,
entre le 13'! et le 15(- parallèle; il constitue la limite occidentale de l'aire d'expression
ha usa.
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461
par des règles mais dont l'énoncé permet de réaliser qu'elles ne sont géné-
ralement pas appliquées au point qu'il m'a longtemps paru qu'en pays
mawri les principes mêmes d'accession à la souveraineté avaient pour fonc-
tion d'être transgressés. Je ne m~étais cependant pas interrogé sur la nature
exacte de cette transgression non plus que sur le sens qu'elle pouvait avoir.
Cette rupture dont l'importance était d'autant plus évidente que sa cons-
tance aurait dû renvoyer à la formulation d'autres règles, me paraissait
distinctive du système mawri; malgré cela, je ne faisais pas autre chose
qu'en reconnaître l'importance alors qu'elle paraissait aller de soi et sans
prendre tout son sens de transgression pour mes informateurs que la contra-
diction entre les règles, impératives, qu'ils m'énonçaient, et les événements
qui auraient dû en être l'illustration, n'embarrassait nullement. C'est sans
doute que ce qui m'apparaissait comme une contradiction entre théorie
et pratique de l'héritage souverain n'était de ma part qu'une confusion et
une identification abusive de l'énoncé des modalités rituelles de la succession
avec des règles opératoires qui en réalité se trouvaient investies dans ce
rapport entre rite et pratique. Mais regardons plus précisément ce qu'étaient
les «règles» énoncées et quelques exemples de leur mise en pratique.
Nous verrons en chemin éclairée une contradiction de même ordre et qui
se révèle en de nombreuses sociétés, contradiction toujours apparente
lorsque l'on aborde les relations entre les maîtres du sol et les maîtres des
hommes, entre prêtres et souverains, entre autochtones et conquérants,
entre religion et politique.
En pays mawri, deux groupes constituent l'ensemble désigné sous ce
nom: d'une part les Gubawa, premiers occupants du sol, chasseurs peu à
peu sédentarisés, obéissant aux règles d'une organisation clanique sous la
direction de prêtres-doyens responsables de cultes liés aux ancêtres et à
l'environnement naturel; d'autre part les Arewa, conquérants progressifs,
instigateurs d'une organisation politique sur le modèle des Etats hausa sous
l'autorité d'un souverain, le Sarki'n Arewa dont le pouvoir séculier est en
quelque sorte légitimé par l'accord nécessaire et cependant non suffisant
des prêtres-doyens des Gubawa. En essayant de distinguer rapidement ce
qu'est le prêtre-doyen et comment il est nommé, puis les règles et le mode
explicite d'accession au pouvoir du Sarki, peut-être sera-t-il possible de
formuler quelques hypothèses sur ce qu'on pourrait appeler la personne
du souverain; sans doute est-elle identifiable à l'idée de souveraineté en ce
qu'elle reflète et exprime une notion de totalité ou d'ensemble socio-poli-
tique inscrite dans les personnes, dans l'espace et peut-être aussi dans le
temps.
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Les prêtres-doyens
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La souveraineté
464
dant nécessaire de savoir que les Arewa ont entraîné l'application d'un
système hiérarchique différent de celui des Gubawa fondé sur l'antériorité
dans le temps. Les Arewa étaient des guerriers et ils introduisirent le
cheval. Dès lors ce que l'on appelle le «couteau du sacrifice» devenait
incoITlpatible avec le «miel du pouvoir». Il s'instaurait une relation entre
les maîtres du sol et les souverains que l'on a souvent trop vite confondue
avec une séparation du religieux et du politique. En effet, il est dit que
les souverains sont désignés par l'assemblée des prêtres au cours d'un
rituel divinatoire qui. semble fonder la légitimité du souverain, Sarki, dans
le pouvoir, Sarauta; mais cette désignation s'opère à l'intérieur des règles
de succession des Arewa qui fixent une rotation théorique du pouvoir
entre quatre lignages royaux. En outre il y a un débat bien réel entre
les prétendants à l'héritage, compétition qui peut aller jusqu'à la guerre
et souvent réglée par l'arbitrage d'une autorité politique extérieure plus
puissante. Ainsi il paraîtrait bien qu'il y ait clivage entre le niveau reli-
gieux et le niveau politique où s'établit avant tout un rapport de forces.
Cependant à ce niveau même le souverain n'est pas seulement un homme
qui s'impose par la force, son accession au pouvoir est une accession à
l'ordre des choses. La légitimité que reconnaissent les prêtres dans ce
qui est non pas une nomination mais en quelque sorte une intronistaion,
ne suffit pas à maintenir le souverain en place, elle lui donne seulement
accès à la souveraineté. Par ]a suite, c'est le bien-être même de la société,
son arziki, qui est prospérité, bonne fortune, chance, qui démontre l'iden-
tité et l'accès réel du sarki dans le sarauta. En out~.e la compétition qui
était au départ de son accession, doit être maintenue présente et la
vocation du Sarki au pouvoir qui était appelée au moment de sa désigna-
tion son «amour du pouvoir» doit être sans cesse démontrée par une
provocation à l'égard de prétendants possibles. A tout moment un prince
peut entrer en guerre contre le souverain, à tout moment le souverain
défie des prétendants: ainsi les sonneries de trompettes qui retentissent
chaque jeudi soir devant la porte du Palais royal et présagent à la sérénade
que donneront les griots du souverain, sont une provocation à l'égard des
princes: les trompettes disent: «voilà le Sarki, ceux qui veulent la guerre
n'ont qu'à venir!» La vocation d'un Sarki au pouvoir peut donc être
mise en cause lors de dérèglements naturels graves ainsi que par la
contestation qu'il doit provoquer lui-même de ]a part des Princes. Cette
mise en question permanente est la condition essentielle au maintien du
souverain, cikin arziki, dans la prospérité, la validation nécessaire du
pouvoir.
Il est donc admis que le souverain se situe à l'intérieur même de cet
arziki dont par lui bénéficie l'ensemble de la société. Il est alors zaki,
le lion, mai-girma, celui qui a la grandeur, le prestige, celui dont l'auto-
rité, iko, s'étend sur tout. En pays mawri où s'est développé le culte de
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Colloques Internationaux du C.N.R.S.
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PRINCIPES DE LA PERSONNE
ET CATÉGORIES SOCIALES
Pierre SMITH
468
II
469
III
(2) Cf. P. SMITH,«Les échelons d'âge dans l'organisation sociale et rituelle des
Bedik », in D. PAULME(édit.), Classes et associations d'âge en Afrique de ['Ouest,
Paris, 171, pp. 185-204.
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470
(3) Cf. P. SMITH, «Les Diakhanke. Histoire d'une dispersion» et «Notes sur
l'organisation sociale des Diakhanke », in Cahiers du Centre de Recherches Anthro-
pologiques, n° 4, 1965, pp. 231-302.
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groupes. Quels sont ces groupes? En principe, tous les Soare et tous les
Sissokho, quelle que soit leur origine géographique ou sociale, doivent
s'appeler entre eux sanaku, s'insulter quand ils se rencontrent, se prêter
assistance en diverses occasions et ils ne peuvent contracter de mariages
entre eux. En fait, cette relation spéciale entre Soare et Sissokho ne prend
son sens que dans la région précise où ces derniers dominent mais, en
revanche, elle tend aussi à rendre compte, à travers la relation des deux
familles les plus éminentes de chaque groupe, du rapport entre l'ensemble
des marabouts Diakhanke et l'ensemble des nobles Malinke. Cette indé-
termination ou plutôt cette souplesse est tout à fait caractéristique de la
relation de parenté à plaisanterie dans toute l'aire culturelle considérée
ici, des Dogon aux Wolof. C'est cette même institution qu'on voit jouer
partout pour articuler entre eux, selon les cas, des peuples, des clans,
des lignages, des fonctions et aussi des catégories de parents.
IV
472
473
474
L'inversion dans le cas des cousins croisés est marquée par le fait
que les uns sont les enfants de la sœur et les autres les enfants du frère.
De la même façon qu'il a fallu renoncer à être à la fois homme et femme,
il a fallu renoncer, suite à l'interruption des naissances gémellaires, à être
à la fois enfants du frère et de la sœur, c'est-à-dire à l'ambiguïté. Les
enfants de la sœur ne peuvent se réclamer du lignage du frère vis-à-vis
duquel ils sont en outre en position de débiteurs du point de vue de
l'échange des femmes.
La relation à plaisanterie entre cousins croisés, c'est-à-dire impliquant
le mariage préférentiel, peut dans certains cas, comme chez les Peul du
Sénégal (7), être étendue au rapport entre deux lignages descendant de
deux cousins croisés mâles. Comment passe-t-on alors à la prohibition
du mariage? Les mythes d'origine de la senankuya abordent aussi cette
question. L'un raconte que l'ancêtre des Kaba venait souvent partager le
repas de l'ancêtre des Diakhabi qui était père d'une fille à marier. Un
jour, Diakhabi garnit bien sa table, fit venir sa fille et il proposa à Kaba :
« Choisis le repas ou la femme » - « Mangeons d'abord, répondit l'autre»
- «Puisque tu as choisi le riz, dit Diakhabi, tu n'auras plus le droit de
te marier avec nos filles et nous de même avec les vôtres». Il faut donc
choisir entre le rôle de gendre et celui de commensal. Un autre récit dont
on trouvera une variante dans la légende de Soundjata pour la relation
entre les Traore et les Konde (8), dit que l'ancêtre des Soare offrit un
jour sa fille à son plus proche disciple, l'ancêtre des Diabi qu'il avait lui-
même converti à l'Islam. Mais Diabi après plusieurs nuits ne savait tou-
jours pas, dit le mythe, si son épouse était une femme ou un hom~e. Il
ne se sentait pas capable de la posséder; il lui semblait qu'elle prenait
un aspect terrifiant. Finalement, il rendit la fille à son père, disant: «Je
vous rends votre fille car je suis votre disciple et je ne voudrais pas que
quelque chose puisse se dresser entre nous ». La variante sus-mentionnée
précise que ce qui mettait en difficulté l'époux n'était autre que le double
de la jeune fille, double de sexe opposé, comme il se doit, qui lui donnait
cet aspect terrifiant et qui explique l'incertitude de Diabi sur le sexe de
sa partenaire. Il paraît assez évident que ce double masculin qui s'interpose
est suscité dans son esprit par la relation déjà privilégiée qu'il entretient
avec son maître spirituel. Ce nlythe, comme le précédent, nous dit claire-
ment qu'on ne peut épouser à la fois le père et sa fille. Là aussi l'ambi-
guïté est proscrite. Dès que l'alliance a un contenu autre que l'échange des
femmes, celui-ci est prohibé car il ne permettrait pas de respecter les
limites strictes qu'assigne l'autre complémentarité.
475
VI
Les cas choisis par ces deux derniers mythes sont, pour la valeur de
la démonstratoin, des cas limites; il n'y a guère de différenciation fonc-
tionnelle entre les deux commensaux ou les deux marabouts si ce n'est que
chaque fois, comme dans le mariage, l'un donne et l'autre reçoit. Cette
petite dissymétrie introduit un principe hiérarchique qui est un autre trait
essentiel de la senankuya. En effet, cette relation implique toujours qu'un
des partenaires soit symboliquement le maître et l'autre l'esclave et c'est
même sur ces rôles que jouent souvent les plaisanteries échangées, chacun
revendiquant la position de maître. Dans les cas comme celui du rapport
entre marabouts Soare et nobles Sissokho, ou dans ceux illustrés par
l'échange originel des bébés ou du sang, rien ne permet d'introduire une
dissymétrie; chacun estime avoir droit au titre de maître. Mais dans tous
les autres cas, il est clair aux yeux des tiers que les maîtres symboliques
sont toujours ceux qui sont en position de donner, les esclaves ceux qui
sont en position de recevoir, c'est-à-dire les enfants de la sœur, le disciple,
l'invité. A certaines fêtes, les «esclaves» jouent leur rôle en effectuant
des prestations serviles pour leurs «maîtres» qui les remercient par des
cadeaux.
Ce jeu n'est pas sans importance pour la compréhension du statut par
ailleurs assez mal connu des membres de la troisième catégorie sociale.
Devenait captif, semble-t-il, au niveau de l'idéologie, celui qui ne pouvait
rembourser sa dette, de guerre, ou autre, qu'avec sa propre personne.
Ainsi, chez les Wolof et les Toucouleur, le captif qui voulait changer de
maître n'avait qu'à réussir à trancher l'oreille du maître qu'il se souhaitait,
ou celle de son cheval, pour qu'aussitôt sa personne lui soit dûe comme
seule réparation possible à ce dommage (9).
Entre ce débiteur absolu, puisque c'est lui-même qu'il doit, et le débi-
teur symbolique qui est de même rang que le créancier, se situent tous
ceux dont la personne est relativement dévalorisée par le fait qu'ils ne
sont pas en mesure de rendre quelque chose qui ait la même valeur que
ce qu'ils reçoivent et qu'ils peuvent donc être considérés d'un certain point
de vue comme d'éternels débiteurs et quémandeurs, presque des parasites,
c'est-à-dire les membres de la catégorie sociale intermédiaire, les gens de
caste.
On aura déjà pu relever les affinités profondes entre le mécanisme de
476
477
VII
478
même niveau, mais d'un don auquel on est acculé par les circonstances,
don, non plus d'une goutte de sang symbolique, mais d'un morceau de
chair qui nourrit.
Celui qui donne est avant tout l'agriculteur, ou l'éleveur, qu'il soit
revêtu ou non d'un prestige politique ou religieux. Le statut privilégié de
l'agriculteur dans ces sociétés est sans doute à mettre en rapport avec la
situation démographique qui a permis dans la plupart des cas que soit
évitée l'appropriation privée de la terre, mais il est aussi lié à la notion
de personne dont, on l'a vu, une composante essentielle est constituée par
les graines claviculaires. La nourriture produite est consubstantielle à
l'homme, elle est sa chair et son sang. Les castes d'artisans et de griots
regroupent au contraire tous ceux que leur spécialité écarte de ce type de
production. Si les Bozo, eux, ont des poissons dans leurs clavicules, on ne
trouve pas par contre de minerai de fer dans celles des forgerons; l'homme
ne se nourrit pas de fer. Dans sa description très fouillée de la stratification
sociale des Toucouleur, Yaya Wane (11) s'étonne du fait que le groupe très
spécialisé et fermé des pêcheurs appartienne pourtant à la catégorie sociale
supérieure, comme les agriculteurs et les nobles marabouts et non à celle
des groupes de spécialistes castés. Mais n'est-ce pas justement que leur
type de production les rend autonomes? Comme les Bozo, ils se nourris-
sent eux-mêmes, et, peut-on dire, d'eux-mêmes. Dès lors, c'est littéralement
qu'il faut prendre le mythe qui dit que l'agriculteur nourrit les gens de
caste d'une partie de lui-même, d'un morceau de sa chair considéré comme
superflu, c'est-à-dire, du surplus de sa production agricole. Mais c'est ce
don qui fait aussi l'honneur et la noblesse de l'agriculteur dont les dépen-
dants proclament les louanges. L'honneur est lui aussi fonction de la com-
plémentarité; il ne se fixe dans les uns que face au renoncement des autres
à l'autonomie; et c'est pourquoi il est nécessaire que le griot vienne sans
cesse marquer sa dépendance, quémander et louer pour augmenter le
nyama du noble.
L'éloge et l'insulte institlltionnalisés ont donc la même fonction et, de
même que l'éloge correspond au don qui le suscite et lui répond, l'insulte
est le pendant de la coutume qui autorise votre parent à plaisanterie à
s'approprier par le vol une partie de vos biens; ici aussi parents à plaisan-
terie et gens de caste se rejoignent dans la mesure où la frontière entre ce
don obligé qu'est le vol autorisé et ce vol consenti qu'est le don obligatoire
tend à s'effacer. La même ambiguïté ressort bien d'une expression courante
dans la bouche des nobles, tant Malinké que Peul, de la région de Kédougou
quand ils font référence aux fonctions spécialisées qu'ils laissent à leurs
inférieurs et qui appellent rétribution: «Nous leur permettons de nous
manger! ». Assumer ce risque est le propre du noble.
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VIII
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(20) Pour plus de détails sur ce point, efr. P. SMITH,Notes..., op. cit., p. 265-
77 et L. TAUXIER,La religion Bambara, Paris, 1927, p. 113-138.
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IX
Cette référence au double est donc liée à toutes les articulations, tant
psychologiques que sociologiques, de la pensée soudanaise. Le couple de
jumeaux n'en est en quelque sorte qu'une concrétisation. Or, de même
qu'on n'a pas assez insisté dans la littérature ethnographique sur la diffé-
rence d'attitude qu'il peut y avoir à l'égard des jumeaux de sexes opposés
et de ceux de même sexe, - et chez les Diakhanké, cette différence est
nette, les premiers représentant une bénédiction pour les parents, les
seconds un danger pour le parent de sexe opposé -, de même on n'a pas
assez insisté sur le fait qu'il fallait recourir à une définition structurale
du double. Le double en effet ne se définit que par la relation d'inversion
ou d'opposition à ce dont il est le double, et plus spécialement à celui des
traits distinctifs de la personne qui est mis en valeur dans le contexte donné.
Cette conception ne devrait pas trop nous étonner puisque c'est elle
que nous retrouvons dans notre littérature: dans Le Double de Dostoievski,
le sosie de Goliadkine possède la désinvolture, le charme, I'habileté dont
il souffre d'être lui-même dépourvu et quand il perdra sa place au bureau,
c'est son double qui la prendra; ils sont donc en tous points pareils sauf
que tous les traits à marquer (-) chez Goliadkine sont à marquer (+)
chez son double et que cette inversion fait tout le sujet du livre; de même,
dans le Portrait de Dorian Gray d'O. Wilde, les stigmates de l'âge et de
la corruption _sont épargnés au héros dans la mesure où ils marquent pro-
gressivement son portrait jusqu'au dénouement où la situation s'inverse;
Mr. Hyde est tout ce que n'est pas le Dr. Jekyll et le double du William
Wilson d'E. Poe, présenté clairement comme une incarnation de la voix
de la conscience, se dresse au pire moment pour faire apparaître l'écart
radical entre la vraie personne du héros et l'image inverse qu'il s'efforçait
d'en donner.
Le double est donc toujours en quelque sorte un adversaire, celui qui
en soi aurait pu vaincre, cette tendance de soi réprimée et réalisée par un
autre. Dire que deux êtres dissemblables forment un couple de jumeaux
complémentaires ou des copies inversées l'un de l'autre, c'est dire que
chacun correspond à une tendance à laquelle l'autre a dû renoncer ou qu'il
n'a pu réaliser. Au modèle naturel de cette situation qui est offert dans la
complémentarité des sexes, on ajoute le renoncement symbolique et la recon-
naissance mutuelle que marquent la circoncision et l'excision d'une part,
la senankuya entre cousins croisés d'autre part. A l'autre bout du système,
le renoncement effectif qu'impliquent la spécialisation des fonctions écono-
miques et sociales et la complémentarité contractuelle qu'elle engendre sont
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(24) Manuscrits de 1844, tr. fro de E. Bottigelli, édit. sociales, Paris, 1968,
p. 86.
(25) L'idéologie allemande, tr. fro de R. Cartelle, éd. sociales, Paris, 1953, p. 22.
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(26) Extraits des Manuscrits de 1844 non inclus dans public. des édit. sociales,
cfr. trade de M. Rubel, in Pages choisies pour une éthique socialiste, Paris, 1948,
p. 316-317.
(27) Ibid., p. 317-318.
(28) Yaya WANE, Les Toucouleur du Fouta Tooro, Dakar, 1969, p. 132-133.
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XI
Les rapprochements qui viennent d'être faits, les allusions aux con-
traintes économiques incitent sans doute à se demander à quel niveau de
l'explication il faut situer le modèle qu'on vient de démonter et qui s'in-
carne de la façon la plus nette dans l'institution de la parenté à plai-
santerie. Notons d'abord qu'à travers celle-ci, il est ce qui fait doublement
l'unité de l'aire culturelle envisagée puisqu'il permet aux divers éléments
qui la composent de s'inscrire dans un ensemble dont ils maîtrisent les
articulations. En effet, il est non seulement le plus original des traits
communs à tous ces peuples en dépit de leur grande diversité tant sur
le plan économique que religieux, mais en s'appuyant justement sur cette
diversité il institue de façon explicite les relations inter-ethniques elles-
mêmes (cfr. parenté à plaisanterie entre Dogon et Bozo, Toucouleur et
Sérères, Peul et forgerons de toutes origines, Diakhanké et Malinké, etc...);
c'est lui en outre qui donne son cadre au tableau d'équivalences entre
488
dyamu de divers peuples (ainsi par exemple, on sait qu'un Keita chez les
Malinké devient un N'diaye chez les Wolof et vice versa, chacun assumant
dès lors les parentés à plaisanterie propres au nom de l' autre); c'est lui
enfin qui commande les phénomènes de mutation ethnique proprement
dite: par exemple, un Peul se met à la forge et il perd sa qualité de
Peul, change de «race»; ou cet autre qui pêche sur les bords du lac
Korienzé se déclare maintenant Bozo; ces Bozo en revanche qui cultivent
sur les rives du lac Débo refusent d'être classés comme Bozo: «Regarde
nos mains, tu vois la marque de la daba et du travail du riz! Maintenant
nous sommes SonraÏ»; ou encore les habitants de ce village fraîchement
islamisé dont les voisins disent: «L'année dernière ils étaient Bambara,
et maintenant ils sont Marka» (30). Cette règle est d'ailleurs moins faite
pour encourager l'assimilation des uns par les autres que pour limiter
au maximum de tels transferts d'activité qui, s'ils ne s'accompagnaient
pas d'un transfert de statut, auraient tôt fait d'abolir la complémentarité
des différentes ethnies.
Cette philosophie du nyama qui tend à faire persévérer dans la par-
tialité de son être le support auquel il est affecté, qui vise à l'équilibre
en maintenant une tension suffisante dans les rapports sociaux, beaucoup
voudront sans doute n'y voir qu'un cas typique d'idéologie faite pour
masquer les inégalités. Comment alors expliquer l'absence presque totale
dans cette même région de développements idéologiques de ce type concer-
nant les rapports avec les captifs qui étaient les seuls vrais exploités du
système. Il n'aurait pas été difficile pourtant de transférer à leur cas un
modèle qui s'applique si aisément aussi bien aux rapports psychologiques
qu'aux rapports de parenté et aux rapports de production. Or cela n'est
esquissé nulle part. En fait, le captif ne semble pas, au niveau symbolique,
avoir été considéré comme un élément constitutif de la société; on deve-
nait captif par accident et cet état, à l'échelle des générations, était transi-
toire. La position de captif, loin d'être expliquée et excusée par l'idéologie
dominante, était au contraire la manifestation du mauvais fonctionnement
d'un modèle utopique de la complémentarité qui devait à sa propre logique
d'exclure aussi bien l'endettement irréversible à J'intérieur de l'ethnie, que
la guerre entre les ethnies. Si le nyamakala est un captif symbolique, il
n'est dit nulle part que le captif véritable soit en tant que tel un jumeau
ou un sanaku; il reste certes pris dans le réseau de parentés à plaisanterie
que son dyamu d'origine noble continue à faire jouer mais cela ne fait
que souligner sa déchéance plutôt que de la lui masquer. Loin de s'en-
fermer dans leur rôle, les captifs semblent d'ailleurs avoir eu tendance
soit à retrouver pour eux-mêmes ou leurs enfants le statut d'hommes libres
489
490
symbolisation des rapports humains joue par contre sur un registre aux
possibilités limitées et dont aucune n'est exempte d'ambiguïtés.
Dès lors, notre modèle, présent sous ses diverses formes dans la
pensée de millions d'hommes de cultures, de langues et de statuts sociaux
divers, et commandant en eux, à un niveau où les dimensions propres
à la personne, à la société et à la culture sont encore confondues, un
grand nombre de réflexions, d'attitudes, de sentiments et d'actions, ne
peut être considéré ni comme une description satisfaisante de la réalité,
ni comme le simple reflet de configurations sociales déterminées par une
géométrie aveugle, ni comme une pure rationalisation après coup. Il n'y
a pas de configurations sociales sans modèle préalable comme d'ailleurs il
n'y a pas de modèles sans la perception préalable d'une conjugaison de
contraintes diverses. S'il fallait une image, j'évoquerais les racines à demi-
cachées qui à la fois nourrissent et expliquent l'apparent désordre dans
l'immense frondaison d'un arbre sous lequel les hommes se retrouvent et
dont l'ombre protège toute la vie du village.
Colloques Internationaux du C.N.R.S.
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John MIDDLETON
Abstract
The concepts of "person" and" non-person" and their relationships to various
spiritual powers are central to our understanding of Lugbara society. "Persons" are
adult men and ancestors and contrasted to "things" (women, children, and strangers).
But some" persons" are also" non-persons" in certain situations: first-born female
siblings, rainmakers, and others. "Persons" and" non-persons" have different rela-
tionships to time and to truth. The concept of "self" is related to that of "person".
Essentially "persons" are associated with social stability and perpetuity, whereas
" non-persons" are associated with forms of radical change and with the expression
of evil.
Résumé
Les notions de «personne» et de «non-personne» et leurs rapports avec les
diverses puissanœs spirituelles sont essentiels pour comprendre la société Lugbara.
Ce sont les hommes adultes et les ancêtres qui sont considérés comme des «per-
sonnes », ce concept s'opposant à -celui de «chose» (les femmes, les enfants, les
étrangers). Toutefois, il existe des «personnes» qui sont aussi des «non-personnes»
dans certaines situations: les filles nées les premières dans une famille, les faiseurs
de pluie, etc... Les «personnes» et les «non-personnes» ont des rapports différents
avec le temps et avec la «vérité». La notion de «moi» est liée à celle de «per-
sonne ». Les «personnes» sont associées à la stabilité et la perpétuité sociale, les
« non-personnes» au changement radical et à l'expression du mal.
492
pology at the present time, there are two distinctive ways of analyzing
ethnographic data on the topic - although they are closely linked. The
first is to construct a cosmological or theological pattern of the concepts
used in a given culture, as a pattern or structure of thought sui generis.
The classic and justly famed example of this work is that of Marcel Griaule
and those who worked with and after him among the Dogon and neigh-
boring peoples of West Africa. This work presents, in a sophisticated and
unique manner, a system of thought of a complexity and a logical beauty
of a kind that previously was virtually unknown from preliterate societies
outside the spheres of the" world" religions. The second way of analyzing
the concept of the Person is that of observing the religious and jural
notions of a given people within the social context in which they are
expressed and translated into actual behavior; it is this aspect of the
problem with which I am here primarily concerned.
The concept of "person" is central to any conceptualization and
understanding of social relations. It would appear that whether or not
any system of belief is concerned with such notions as immortality, rein-
carnation, or afterlife, all peoples are concerned with the nature of the
living members of society and with their relationship to a Creator or
Divinity that is in one way or another not bounded in time or space nor
even in obligations to his creatures. The notions of a living person and
a timeless divinity are complementary and although in most theological
systems it is held that the former is contingent on the latter, most anthropo-
logical analyses have considered the two notions as of equivalent socio-
logical significance. In this short paper on the Lugbara concepts of the
person and the non-person and their relationship to divinity, I shall be
concerned only with their significance for the comprehension of the nature
of Lugbara society (1).
The concept of the person among the Lugbara of Uganda has various
meanings. The significance of each of these is defined by a particular
situation or phase in the developmental cycle of lineage, family, or wider
territorial cluster. In each situation its usage is limited to certain categories
of people but the usages overlap in different situations. The principal factor
in the definition of its correct usage is whether or not the particular situa-
tion is one of continuity and stability or of marked and radical change
in everyday social relations. This paper is concerned to analyze these usages
and the associated situations of stability or change.
(1) Field research among the Lugbara was carried out between 1949 and 1953~
\vith assistance from the Worshipful Company of Goldsmiths and the Colonial Social
Science Research Council, London. Initial preparation of the material for publication
was made possible by a grant from the Wenner-Gren Foundation for Anthropo-
logical Research, New )Pork. I am grateful to Dr T.O. Beidelman for his comments
on an early draft of this paper.
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II
(2) For accounts of Lugbara social organization see MIDDLETON 1965, 1958,
1960b.
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be in the stomach or liver (there being also distinct anatomical terms for
these organs). After death the orindi becomes a ghost, that is, a responsible
lineage ancestor whose identity is remembered; the word for ghost is ori,
so that orindi means literally" the essence of the ghost".
Besides the soul an individual possesses the two elements known as
adro and tali. Adro is the word used for spirit or divinity in the sense
of a Supreme Creator Divinity. The Creator is referred to as Adroa or
Adronga, linguistically a diminutive form because it is remote from the
human world, far above it in the heavens. There is also the immanent
aspect of divinity, Adro (I use the capital letter here for convenience but
of course this would be meaningless for a Lugbara in everyday speech
where the context determines the precise meaning), a white anthropo-
morphic figure, cut in half and so having only half a body, one arm, one
leg, that dwells in the bushland, mountains, and river valleys and is
greatly feared. The adro of an individual refers to the" divine spark"
that is carried by every human being as a sign of his divine creation.
TaU is an element that gives an individual the power to influence other
people, especially those of the lineage but not emphatically so. After
death the adro becomes a nature spirit dwelling in the bushland and
feared by living people; tali joins the collectivity of previous lineage tali
in a special taU shrine.
Lastly, an individual possesses breath (ava), a sign of life that
vanishes into the air at death, and a shadow (endrilendrz) that also vanishes
at death. It is thought that a witch may not have a shadow and can
harm other people by stepping on their shadows. Neither breath nor
shadow are very important concepts and Lugbara pay little attention to
them.
III
495
is 'ha. The word is used generally for" people" but has more specific
references which become clear in the particular situations of usage. The
first of these is the distinction from a/a (" thing "). In this usage a
" person" is a mature adult as distinct from an infant who is referred
to as a "thing" (there are of course also specific terms for" infant"
[odekua], "child" [mva], and so on). A "person" is fully socialized,
a " thing" is not. The word" thing" is similarly used for a stranger who
has not yet been assimilated into a domestic group as a client (again,
there are specific words for strangers). There are two points of significance
in this usage: although all are living human beings, an unsocialized human
being is not socially important or responsible; the second is that the
process of development from" thing" to "person" is gradual and not a
sudden step (Lugbara have few rites de passage and no initiation at
puberty); the two terms are thus not totally mutually exclusive. Lastly
in this category of usage, a man (agu) past the age of childhood is always
a "person" but a woman (oku) may be referred to as a "thing". In
this case of course there is no process of development from" thing" to
" person". Again, the usage refers essentially to lineage responsibility
and authority, as may be seen from the distinction made between men as
'ha akua (" persons of the home") and women as afa asea (" things of
the bushland "). The distinction between home and bushland, domestic
and wild, order and disorder, runs through Lugbara cosmological notions
and is central to an understanding of what is meant by "person".
" Persons" include the dead of the 1ineage as well as the living
members. They are distinguished by the use of such terms as 'ba oro dri
(" persons of. the surface of the world", or living people) as against 'ba
nyakua (" persons of the soil", or dead people). The recent lineage dead
are regarded as b'elonging to the" home"; they are buried within its
compounds. The very senior and remote ancestors are given special
shrines outside the compounds and they have a marginal position in this
respect.
Ideally a person has certain clearly defined attributes. He is socially
and physically adult, he can marry and beget children, he can own pro-
perty and he can take part in lineage sacrifice rituals. All these attributes
are acquired gradually, from the age when a child has his lower incisors
removed and his forehead scarified (at about eight years), through the
stage of puberty, when he is regarded as being able to court girls (Lugbara
have no initiation at puberty), to the full acquisition of "personality" by
marrying and begetting children. If at any phase of this development his
father dies then he is given full" personality" even if too young fully to
exercise it.
The position of men with regard to responsibility and authority is
central to the main thesis of this paper. The basic social group of Lugbara
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A concept that is relevant here is that of " blood" (ari). Lugbara say
that they" are all of one blood" but" with different bodies". They hold
no very specific notions about any mystical significance of blood except
that it represents a spiritual unity of all Lugbara. "Blood" never changes,
only the individual physical and psychological characteristics of individuals.
However if asked whether women and children share in this blood, Lugbara
men said that" perhaps it is only men who share this blood; who can
know these things?" Men have this mystical link at least to a greater
extent than do women or children; that is, "blood" is a significant aspect
of being a " person" and a link in the everlasting chain of descent from
the clan founders to those to be born in the future.
IV
497
asocial beings at least not as fully socialized as men. They are said to be
" of the bushland " and" evil" (onzz), notions that link them with divinity (4)
in its immanent form of Adro or Adro-onzi, the form of Divine Spirit
that dwells in the bushland in semi-anthropomorphic shape. Essentially,
women are individuals but not" persons". After death women join the
collectivity of lineage ancestors but do not generally become ghosts.
Lacking souls they cannot become responsible beings after death any more
than they can during their lifetimes.
However there is one exception. This is the position of those women
who are first-born siblings. Lugbara say that Spirit should or would have
created them men but for unknown reasons created them women. Genea-
logically they should be "persons" but physically they are women. Such
a woman, although she marries and bears children, is in an anomalous
position. This is recognized by her being attributed a dangerous power
of cursing, of always being summoned to participate in lineage sacrifices
and other rituals, and of becoming a special kind of "ghost" (oku-ori,
woman-ghost) at death instead of becoming merely part of the ancestral
collectivity. This is especially so if she is the elder sister of a lineage elder
and less so if her brother in in a junior lineage position. She is said to
be " like a man", "like a brother", and" perhaps" to have a soul.
The distinction between person and individual lies essentially in two
factors. One has already been mentioned: persons have lineage and family
authority and moral responsibility (or may do so if genealogically senior
enough). The other, perhaps the same in other terms, is that a person
is, actually or potentially, at the center of a constellation of lineage relation-
ships and positions of both living and dead; an individual is not so.
I am of course here discussing the actual spoken genealogies that are
stated by Lugbara in relevant situations and not to the anthropologist's
formally written down genealogies in which the distinction may not be
easily apparent (5). Those remembered in lineage genealogies are men and
those women who are first-born siblings; those not remembered are other
women and dead infants. All become ancestors not distinguished indivi-
dually but rather merged into a collectivity; only" persons" also maintain
their genealogical and moral individuality in the form of ghosts. A genera-
tion or so after death only a ghost is likely to be remembered in a
genealogy. Males who die young and unassimilated clients are rarely
remembered in genealogies. "Persons" are therefore those who are in
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(7) These are described more fully in MIDDLETON 1968; prophets are described
in MIDDLETON 1963a, witches in 1963b, and diviners in 1969.
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Change is "evil" (onzz). Yet society does change over and above the
everyday processes of lineage growth controlled by the elders. Divine
Spirit created the world and today causes radical structural change by
the intervention of divine power from" outside" into the internal affairs
of the community. Lugbara respond to this occurrence by the use of
human agents who can move from the sphere of order to the" outside"
and back again. These are the various" non-persons" mentioned above:
prophets and rainmakers both represent divine power among men; diviners
redomesticate the dead into ancestors and ghosts; smiths and hunters turn
wild materials and animals into ones for domestic use; witches are
persons who temporarily forget their sociality or " personness ", and others
(lepers, twins, and victims of epidemics) are singled out and depersonalized
by Spirit.
I have briefly presented some ethnographic data from a single African
people. How are we to understand these facts? There would seem to be
at least three levels of comprehension, each associated with further and
different kinds of analysis.
The first is to take the moral, cosmological, theological attributes
of individuals and persons and to form them into a coherent pattern of
thought by which this particular people conceives of the nature of the
individual existence. This the Lugbara do by the use of the notions of
divinity, soul, spirit, time, and so on. These are not very different in
essence from those presented for other peoples in the papers of this Collo-
quium, although they are arranged according to a different logical pattern.
They may easily be arranged into a dualistic pattern, as I have shown. I
find that this is interesting and enlightening, yet it is a static analysis and
would seem not to lead to further analysis nor to valid cross-cultural
analysis.
The second way is to show that the Lugbara also use these notions
as a means of understanding and explaining certain problems to do with
areas of uncertainty and ambiguity in their experience of social life. There
is a danger here, in that I suspect that this analysis is one that is made
more by the anthropologist than by the people themselves, in a conscious
sense. But this is true of any analysis of symbols: presumably people use
symbols because they do not wish or cannot refer directly to whatever
reality lies behind them and is represented by them.
There would seem here to be two main areas of uncertainty in the
sense that I am using the term. The first is that of radical change in the
structure of society. Lugbara see their society as a stable and structured
network of defined social statuses and composed basically of the relations
between" persons". But society and social order are fragile, continually
beset by the" evil" engendered by Divine Spirit in the" outside" sphere
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of chaos. The various forms of evil and change that threaten society and
at times overwhelm it are associated indirectly with Spirit and directly
with the various categories of "non-person". By these notions Lugbara
are able to make sense of the existence of evil and change. The second
area of uncertainty lies in the behavior of individual people, whether
" persons" or not. Lugbara society is based, according to the people,
upon the proper observance of authority and responsibility between
people in formal positions due to age, genealogical seniority, descent,
and sex. Yet in fact they know very well that this proper observance is
not in fact performed. People are different from one another; some are
more or less responsible than others; some behave in selfish and idio-
syncratic and eccentric ways; some are more or less successful than others,
whether in material or mystical terms; some have more influence over
others than their formal status warrants; despite parenthood, some off-
spring are not like their parents in either physical appearance or in
behavior; some are more or less conscientious than others; some people
are simply evil, while others are unnaturally or unexpectedly good people.
It would appear that Lugbara explain and so cope with these unexpected,
uncertain, ambiguous, and often anomalous behaviors by reference to the
notions of non-person that I have mentioned. This analysis needs much
more space than I have been able to give it in this brief paper, and I
present it here as an hypothesis for further work rather than as a proved
conclusion from the facts presented.
The third level is to see whether there are congruences, on a com-
parative level, between these patterns, these ways of understanding un-
certainty and ambiguity, and the forms of social structure and organization
that give rise to them. For example, if either the Yoruba, the Dogan, or
the Lugbara (to mention three peoples discussed in this Colloquium) give
greater social and political importance to influence or intrigue in everyday
life, do they use concepts of the kind discussed in this paper to a greater
or lesser extent than in other societies? To what extent among these three
peoples can idiosyncratic and eccentric behavior be accepted or tolerated?
To what extent among these peoples are inter-generational conflicts impor..
tant and/or disruptive, and are they dealt with in these terms? Are
there differences in the degrees to which these societies have been affected
radically by the impact of colonial change, and do they react by the use
of these kinds of notions? To what extent do these societies tolerate or
accomodate anti-social behavior expressed in terms of witchcraft or sor-
cery? I do not have the answers to these and similar questions; but I
think that a consideration of the notion of the person, as has been made
at this Colloquium, can begin to resolve these problems and by doing so
continue our progress in understanding the nature of human society.
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Refel.ences
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ces mobiles ne venant d'ailleurs pas de lui, mais lui étant imposés. Et,
disait-il, «chacun de ces temps juxtaposés où le sujet se transporte, est
un temps de caractère mythique. Et ses domaines où son esprit se répand
sont des domaines que nous appellerons spatio-mythiques» . Ainsi la
notion de temps et la notÏon d'être ne se distinguent pas l'une de l'autre.
Le mythe est véritablement une manifestation de l'être, il est une parole.
Il est une réalité dont l'être est pénétré au point de conformer à elle son
comportement. Il correspond à un mode de connaissance affective.
Pourtant ce temps et cet espace mythiques ne sont pas, nous le
savons bien, permanents. Ils sont coupés de temps et d'espaces «laïques»
ou vécus simultanément avec eux, en interpénétration constante. Le même
individu défrichant, avec un rituel adapté, l'espace spatio-mythique de la
brousse, peut être, l'instant d'après, l'habile commerçant, le prêteur sur
gage multiple, au budget complexe, et à la mémoire « économique» dépas-
sant largement les bornes du «maintenant». Mais il faut aussi concevoir
que l'univers mythique n'est pas le seul fait d'individus de- certaines cul-
tures bien déterminées, l'univers rationnel étant réservé aux autres. Dans
toutes les cultures, quelles qu'elles soient, il y a des temps et des espaces
vécus, qualitativement différents, où de toute façon affectivité et objectivité
sont toujours intimement liées, mais où chacune de ces composantes prend
plus de poids selon les circonstances et... la bonne foi des individus. Tout
au plus peut-on dire que, dans certaines cultures, le pôle mythique (le
mode de connaissance affective) est organisé, existe sur un plan formel et
explicité, alors que dans d'autres, il reste informel, en principe d'origine
individuelle et non plus sociale, nié par un recouvrement de rationalisation.
Or rationalisation n'est pas pas rationalité assumée. Une des principales
attitudes magiques des cultures occidentales tient justement dans la néga-
tion de ses propres pôles mythiques 'en tant que facteurs dynamiques dans
les comportements sociaux. Mauvaise magie d'ailleurs, assez peu efficace,
leur négation n'ayant jamais empêché les réalités d'exister!
Nous avons rappelé ces temps et espaces mythiques dont l'analyse
est classiquement connue. Nous avons souligné l'existence des deux pôles
affectifs et rationnels en tant que soubassement de modèles explicatifs du
monde. Nous avons indiqué que ces pôles sont parfaitement interpéné-
trables et peuvent être conjointement vécus, et ce, dans toutes les cultures,
bien qu'à des degrés différents par le fait de structures sociales favorisant
plus ou moins l'épanouissement de l'une ou de l'autre. Est-ce dire que
dans toutes les cultures, pôle mythique et pôle rationnel étant également
présents, nous devons alors avoir affaire à une même perception, dans un
vécu corporel identique, du temps et de l'espace? Il est bien évident
que non. Si l'unité de la nature humaine nous paraît devoir ne pas être
mise en doute, elle ne s'en exprime pas moins sur des modes variables
selon les cultures.
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Les bouffées délirantes peuvent être définies comme des crises déli-
rantes transitoires, à thèmes variables (de la persécution jusqu'aux états
mystiques), avec des hallucinations très mouvantes, comme dans un rêve.
Elles sont caractérisées par la soudaineté de leur apparition et leur résolu-
tion, en général rapide, surtout après l'utilisation des médicaments neu-
roleptiques. On parle ainsi de «bouffées». En psychiatrie occidentale, elles
constituent un mode de discussion privilégiée entre psychiatres et, depuis
le XIXesiècle, l'accord n'a pas été trouvé sur leur fréquence, leur situation
nosographique, et leur valeur pronostique. Elles ne sont pas reconnues
dans le cadre nosographique anglo-saxon et en France on admet qu'elles
représentent 5 % des états psychotiques, ce qui est peu. Pour la majorité
des auteurs anglo-saxons, il n'existe pas de crises hallucinatoires chroni-
ques, schizophrénie et paranoïa tout particulièrement. C'est ainsi qu'ils par-
lent de schizophrénie et de paranoïa aiguës, même si l'individu, ultérieure-
ment, ne s'organise pas réellement dans ces deux psychoses, selon le mode
chronique. En France, on admet qu'elles existent comme telles, uniques ou
répétées dans la vie de l'individu, bien qu'un certain nombre d'entre elles
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(1) L'enfant" nit ku bon" est, en milieu sénégalais, un enfant qui présente un
syndrome psychopathologique très particulier. vécu comme pouvant être la revi-
viscence d'un ancêtre réincarné, et promis à un grand avenir ou à une mort immi-
nente.
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Marc AUGÉ
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Il n'est dès lors pas étonnant que les politiques de colonisation puis de
développement, et au plan idéologique la subversion chrétienne, aient pour
conséquence, sinon pour but, de changer à la fois l'individu et la société,
le rapport de l'un à l'autre et, par là, la conception même de la personne.
C'est pourquoi j'étudierai successivement la définition théorique de la per-
sonne (abstraite des différentes théories développées par les spécialistes),
les conceptions de la personne mises en œuvre à l'occasion d'événements
à interpréter et dont il faut chercher les responsables, enfin la conception
de la personne qui se dégage progressivement des efforts du christianisme,
de ses avatars (les prophétismes) et des résistances qui leur sont opposées;
si l'on veut: la personne définie, la personne constituée, la personne ins-
tituée.
Théoriquement la notion de personne chez les lagunaires se comprend
en fonction des notions d'héritage, d'entourage et d'innéité. Dans la concep-
tion akan l'appareil psychique est composé de deux «instances», s'il est
permis d'emprunter ce terme à la psychanalyse; la littérature de langue
anglaise (Rattray, Parrinder, Christaller, Debrunner, Mary Kingseley, Miss
Field) parle de deux «âmes» (souls); sur la fonction et la transmission
de ces deux âmes les auteurs ne sont pas toujours d'accord. L'équivalence
abusuaJ sang, lignage maternel, kraJ «life soul» d'une part, ntoroJ lignage
paternel, sunsumJ «personality soul» d'autre part, telle qu'elle est affirmée
par Debrunner, ne fait pas l'unanimité. Rattray notamment avait, sans doute
à juste titre, dissocié l'abusua «< clan soul») du kraJ ce dernier constituant
à ses yeux une manière de. troisième âme, un signe personnel lié au jour
de la naissance, l'un des sept jours de la semaine ashanti. Si nous passons
de la société ashanti aux sociétés lagunaires nous remarquons, outre une
grande ressemblance dans les représentations, une certaine continuité lin-
guistique (Cf. tableau ci-dessous).
521
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523
au moins dans le cas des lagunaires ,qu'au niveau théorique ou pour mieux
dire abstrait: les mêmes manifestations peuvent être interprétées a priori
indifféremment comme l'effet d'un pouvoir maléfique ou l'effet d'un pouvoir
bénéfique, d'un pouvoir d'agression ou de défense; mais c'est précisément
la situation de l'individu concerné par rapport à l'entourage qui se pro-
nonce (ou significativement, ne se prononce pas) sur sa conduite, qui
commande le jugement de cet entourage.
Les représentations du monde de la sorcellerie rappellent celles de
nombre d'autres sociétés africaines; elles correspondent pour l'ensemble
à un schéma de type persécutif; le malheur ou la maladie qui frappent Ego
sont rapportés par lui à une cause extérieure et le plus fréquemment à la
volonté mauvaise (l'intention vaut l'action) d'un individu (sorcier) de son
matrilignage. Il existe un terme pour désigner ce pouvoir d'agression:
QWUalladian, le logho ébrié sont définis comme le pouvoir spécifique du
l'
wawi (alladian) ou n'simpl (ébrié). L'Qwa ana, le [ogbo lekpa, l'homme
du pouvoir d'agression, est censé pouvoir se porter «en double» sur les
gens de son lignage et se livrer sur eux à une manière d'exorcisme malé-
fique; son principe actif, chargé d'agression, se porte sur le principe vital
de sa victime et le dévore; on dira aussi qu'il le vide de son sang - ce qui
se manifeste dans la vie courante par l'affaiblissement progressif, la mort
lente de la victime. Il est en théorie possible à un sorcier d'attaquer un
homme d'un autre lignage, plus exactement de se faire aider, relayer par
un associé appartenant, lui, au lignage de la victime choisie. La consé-
quence pratique de la croyance aux sociétés de sorciers (villageoises ou
intervillageoise~) c'est 'que personne n'est a priori à l'abri d'une accusation
et qu'un ind~vidu accusé peut toujours porter une contre-accusation, pré-
tendre avoir agi pour le compte d'un autre. La rivalité entre matrilignage
et matrilignage du père d'un individu donné semble avoir souvent pris
cette forme en milieu alladian.
Le pouvoir d'agression est censé se transmettre préférentiellement
dans le matri1ignage, encore qu'il puisse s'acquérir par hasard (un individu
devient sorcier malgré lui en mangeant à son insu de la chair humaine) ou
par éducation (laquelle suppose néanmoins un minimum de dons innés)
A l'inverse le pouvoir de défense (sekr) est censé se transmettre préféren-
tiellement en ligne paternelle, de père en fils ou de grand-père paternel
à petit-fils, encore qu'il puisse aussi s'acquérir par éducation à partir d'un
don inné; le sekr est conçu comme plus fort que l'Qwa ou le logbo; lui
aussi, en quelque sorte, au même titre que le pouvoir d'agression, qualifie
et mesure la force du principe actif (tvawi, nsimpl) du complexe psychique.
La transmission du sekr, une manière d'adorcisme bénéfique, peut se mani-
fester de plusieurs façons et peut expliquer par exemple un changement de
personnalité évident ou une réussite soudaine. L'importap.t est que, d'un
événement; deux interprétations puissent être données a priori: l'une en
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(le wawi alladian). Or le niiniigbi, on s'en souvient, n'est pas conçu comme
hérité; en faire l'agresseur d'autrui sans mentionner ni le n'simpl (instance
transmise en ligne paternelle) ni le lagba (pouvoir porté par et qualifiant
le n'simpi mais hérité en ligne maternelle), c'est tout à la fois unifier
la notion de personne, la détacher des différents héritages qui étaient
censés la constituer, et culpabiliser l'individu: la chaîne des responsa-
bilités est cassée, un seul maillon tient attachés ensemble la prétendue
victime et l'agresseur supposé.
L'entreprise de conversion d'Atcho n'a pas pour autant partie gagnée.
Elle invite bien l'individu à un retour sur soi; mais elle ne l'invite à se
prendre en charge lui-même que dans la logique d'une problématique du
péché; or la force du schéma persécutif est telle que la représentation
de l'échec se substitue à celle du péché; si je suis malade, ce n'est pas que
quelqu'un m'a attaqué: c'est que j'ai moi-mên1e attaqué quelqu'un, qui
était trop fort pour moi. Au besoin, comme en témoignent les confessions
de Bregbo, les guerriers de Dieu, le prophète Atcho ou le président
Houphouet-Boigny lui-mên1e précipitent la défaite et la déroute du « diable»
présomptueux. La faute est ressentie comme une erreur technique, une
erreur d'appréciation. Faute de pouvoir désigner les responsables des
malheurs propres aux temps modernes - échecs scolaires, chômage, etc. -
les malheureux pour guérir allongent la liste de leurs victimes suppos~es.
Ainsi, en pratique, et apparemment à une assez grande échelle en Basse
Côte d'Ivoire, le schéma ancien de la personnalité composite, de la double
appartenance, fait place au sentiment douloureusement vécu du dédou-
blement de la personnalité, au schéma auto-persécutif: je suis moi-même
le bourreau de moi-même, faute de mieux.
Aujourd'hui comme hier, pour incertaines qu'elles soient et sujettes
à transformation, les représentations intéressant la notion de personne sont
conçues comme des éléments servant à interpréter le réel et plus précisé-
ment J'événementiel. L'actualité ivoirienne est affectée, au moins en Basse
Côte, par la pratique et l'idéologie d'une politique de développement qui
dans l'ensemble ignorent délibérément et nécessairement l'organisation et
les représentations antérieures. Cette double contrainte pèse sur la repré-
sentation de la notion de personne: la concept~on chrétienne, unitaire, et
la conception ancienne, composite, ne correspondent ni l'une ni l'autre
à la situation historique de la Basse Côte d'Ivoire, et, significativement,
n'y sont encore pas ou déjà plus pleinement présentes ni l'une ni J'autre.
Une demande s'exerce sur les actuels « prophètes» touchant les raisons des
difficultés du jour: si l'individu peut penser son échec, il peut plus diffi-
cilement se tenir pour responsable d'une situation qui déborde à l'évidence
le cadre de son' entourage habituel; d'un autre côté, cet entourage lui-
même se défait et, en quelque sorte, ne suffit plus aux tâches de l'inter-
prétation: le quotidien regorge de signifiants irréductibles en fin de
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ESSAI
SUR LES AVA TARS DE LA PERSONNE
DU POSSÉDÉ, DU MAGICIEN, DU SORCIER,
DU CINÉASTE ET DE L'ETHNOGRAPHE
Jean ROUCH
Cet essai est basé, d'une part, sur les connaissances acquises auprès
des Songhay-Zarma de la boucle du Niger depuis une trentaine d'années,
et, d'autre part, sur l'expérimentation du « cinéma direct» (dont la théorie
a été magistralement prophétisée dès 1927 par le Soviétique Dziga Vertov
sous le nom de «cinéma-vérité~.) utilisé par moi depuis vingt ans comme
un outil privilégié de recherche ethnographique chez ces mêmes populations
d'Afrique Occidentale.
Si la notion de personne est effectivement l'une des clés des faits
religieux faisant appel à la transe (danse de possession, magie, sorcellerie),
il m'a semblé qu'il serait malhonnête d'en rester là, et que la personne
de l'observateur face à de tels phénomènes méritait également un examen
critique, surtout lorsque cet observateur enregistre et restitue les images
visuelles et sonores des sujets de ces transes, images que les gens filmés
considèrent comme un reflet d'eux-mêmes ou de leurs divinités, c'est-à-
dire comme une partie de la personne des hommes ou des dieux.
C'est donc une première contribution à «l'anthropologie partagée»
que je voudrais présenter ici. Je tenterai tout d'abord de faire le point,
dans les limites de mes connaissances actuelles, sur la notion de personne
chez les Songhay-Zarma à certains moments critiques:
- danse de possession personne du «possédé»
personne du génie «possédant»;
- magie personne du sohantye en état de clairvoyance;
état de clairvoyance;
- sorcellerie personne du tyarkaw «mangeur d'âme»;
personne de sa victime.
~4
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2. La personne du magicien
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qui s'estime le plus fort, entre en transe. La transe a peu de rapport avec
la crise de possession: le magicien tremble violemment et, de sa bouche,
jaillit une partie de la chaîne métallique qu'il a avalée au moment de la
mort de son père (ou de son initiateur).
En fait, cette chaîne est celle de son initiation, c'e.st son «identité
supérieure», la chaîne matérialisée de ses ancêtres initiatiques. Et, pendant
les courts instants où la chaine est visible, le «double» bia du magicien
accomplit rapidement (sous forme de vautour) le voyage au pays des génies
et des «doubles», afin de découvrir la cause de l'impureté du village (ou
de la communauté) et de l'annihiler.
Ici, le risque est considérable: si un ennemi (ou un rival) a plus de
pouvoir que celui qui a « craché sa chaîne », il peut l'empêcher de l'avaler
à nouveau, coupant ainsi toute retraite au «double» du magicien qui
mourra de la perte de ce principe essentiel.
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**
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I
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Publique
Génie parle
- diurne
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- danseur =
cheval p
I
-- dou ble du danseur dans I
I
une peau sanglante 1 transe de possession: le ~ possession: le génie I 3 fin de la possession:
génie g tenant une g
I doua bleprisdula danseur
place du I le génie g est parti
peau p apparait au danseur I D le danseur 0 a retrouvé
D dont le double d dont le double d est son dou ble d
est déplacé
I enfermé dans la peau p
~-\:Y
"
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I
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/",/
I @; CD
- Privée - diurne I
voyage du magicien I
-
chez les génies I
@---0 I
@--0 @-0
- magicien = vautour
1 consultation: le client voyage chez les génies 3 charme magique
- chaîne orale C consulte le magicien M
:2
le magicien envoie le magicien M et son
dont le double m sonde les I son double m chez double m donnant un
véritables intentions du double' les génies g charme au client c et
I à son dou ble
du clien t c .
I
J
~
I
I
S- , G)?
@- I (fj I CD0
-- secrète nocturne
- rapt. du double
de la victime disposé
5
0-0
I
I
I
I (0
I
I
I
--B:
I I
chez les génies par I 2 dévoration : Ie double
1 attaque du sorcier: le I3 mort: Le sorcier S
le sorcier
sorcier S est chez lui, son: du sorcier s va porter I a re trouvé son dou ble s ,
- sorcier = hibou double s attaque le double le double v de la I la victime V meurt
I
- oeuf anal v de la victime V qui a peurl victime aux génies g I mais que devient son
la victime V a perdu I double \ ?
I
son double I
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541
titre que le kinok (ciné-œil), et qui désigne, non pas la vérité pure, mais
la vérité particulière de l'image et du son enregistrés: la ciné-vérité.
A tous les moments de l'élaboration d'un film de cinema direct, une
« ciné-attitude» se manifeste. Contrairelnent aux films de fiction préparés
sur le papier, le cinéaste direct doit à tout moment être prêt à enregistrer
les images et les sons les plus efficaces. Pour reprendre la terminologie
de Vertov, lorsque je fais un film, je «ciné-vois», en connaissant les
limites de l'objectif et de la caméra; je «ciné-entends», en connaissant
les limites du microphone et du magnétophone; je «ciné-bouge» pour
aller chercher l'angle où effectuer le mouvement le plus adéquat; je «ciné-
monte », dès le tournage, en pensant au rapport des prises de vue les unes
par rapport aux autres: en un mot, je «ciné-pense».
Robert Flaherty, rude géologue irlandais, utilisant pour la première
fois une caméra dans le grand Nord, chez les Eskimos de la baie d'Hudson~
ne connaissait pas ces théories dont il n'avait que faire, mais il devait
résoudre sur le terrain des problèmes semblables. Il appliqua d'emblée une
technique empirique extraordinaire, en faisant participer à l'élaboration de
son film l'Eskimo Nanook et sa famille. «< Nanook of the North»).
Pour cela, il réalisa, dans des conditions incroyables, un laboratoire
de développement et une salle de projection: ainsi, il avait inventé la
« caméra-participante », considérant que cet outil n'était pas un obstacle
majeur à l'inter-comunication mais, au contraire, un appareil indispensable
et complice de la réalisation d'un film.
Nous sommes quelques-uns à appliquer en ethnographie, plus ou
moins consci~mment, ces deux méthodes: tous les gens que je filme aujour-
d'hui connaissent la caméra, et savent bien ce qu'elle est capable de voir
et d'entendre; ils ont assisté à des projections successives de leur film au
cours du montage; au moment du tournage, ils sont «ciné-vus» quand je
les «ciné-regarde».
En fait, ils réagissent devant cet art du reflet visuel et sonore comme
ils le font en face de l'art public de la possession ou de l'art privé de la
magie et de la sorcellerie.
On sait que Frazer, dès «Le Rameau d'or», signala la réaction
effrayée de « primitifs » quand on prenait leur photographie, ce reflet dont
leur âme allait peut-être partager les plus grands périls.
Que dire alors de l'image en couleurs, animée, sonore?.. Il faut avoir
assisté une fois à la projection d'un tel film (par exemple «Le Sigui 1969;
La caverne de Bongo» projeté un an plus tard dans le village de Bongo)
pour comprendre le choc émotionnel d'une telle tentative faisant revivre
le temps passé, animant sur un morceau de tissu, les reflets de personnes
disparues, fantômes impressionnant que l'on voit, que l'on entend mais
qui ne voient pas, qui n'entendent pas...
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Conclusion
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Dans cet exposé, nous allons tenter de montrer sous quels aspects se
présente, chez les Mitsogho du sud-Gabon, l'adhésion à un même système
de références et à un même jugement de valeurs dans le traitement des
troubles psychiques par la médecine traditionnelle. Autrement dit comment
s'effectuent le déséquilibre et le rétablissement de l'harmonie des composants
de la personne.
(1)
I. Les éléments du consensus
(1) TI s'agit, ici, du phénomène dont fait état CI. LÉVI-STRAUSSdans son
Anthropologie structurale (Le sorcier et sa magie). Plon éd., Paris, 1958.
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(2) En 1967 est apparue venant des Bandjabi, la pratique religieuse du «poteau:l>
(eeng:J), sorte de confession publique très efficace; elle a été interdite en 1970 par
le gouvernement gabonais (cf. p. 558).
(3) En raison du sujet traité nous excluons de la présente étude tout ce qui
se rapporte à l'anthropomorphisme des instruments de musique, des représentations
rituelles de la personne et des récits initiatiques.
(4) C'est la vanille sauvage: Vanilla a/ricana Lind!. var. laurentiana (De Wild.)
R. Portères (Orchidacées).
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C'est ainsi que dans un rite du Bwete (21), qui se déroule le long d'un
parcours (22) où sont matérialisés symboliquement les différents organes
externes ou internes de la personne (23), le maître des cérémonies (povi)
retrace - au travers de récits initiatiques, et à l'appui de rites symboliques,
- le mécanisme de la transmigration de l'esprit dans le corps humain (24)
suivie des quatre stades de la gestation. Les différentes étapes de l'existence
terrestre de l'Homme sont mimées par un initié au cours du rituel qui
s'achève sur l'évocation de la mort entraînant le retour de l'esprit dans
le monde supra-terrestre.
Rien n'échappe à l'observation dans ce système de références où le
néophyte acquiert d'abord une connaissance visuelle de la vie et de l'éter-
nité avant d'en connaître l'explication. Tout est actualisé, au cours des rites,
depuis la descente de l'esprit le long de la colonne vertébrale, en vue de
sa transmigration, jusqu'à l'apparition des ancêtres (mighondji), lors des
séances nocturnes du Bwete.
Lors de la narcose, due à l'absorption de l'iboga, l'esprit qui s'exté-
riorise «doit remonter la rivière Moboghw£ et jamais la descendre» (25).
Ces conseils, dispensés symboliquement par le récit de l'initiation à la
société du Bwete, l'initiateur les prodigue au néophyte en lui disant de ne
suivre que la «bonne route, celle du bois amer», ce qu'il ne peut faire
qu'en chassant toutes les préoccupations et en ne redoutant point l'épreuve
à subir. Sinon son esprit s'extériorisera dans la « mauvaise route », ne verra
pas l'ancêtre et ne pourra peut-être même plus réintégrer le corps.
Dans le consensus ghetsogho, l'extériorisation de l'esprit joue, en effet,
un rôle de tout premier plan, car c'est au cours du rêve que s'effectue le
déclenchement des maladies par suite des atteintes que peut subir l'esprit
et, partant, la force vitale.
Ainsi, pendant le rêve une personne peut s'extérioriser volontairement
- si elle est, occasionnellement, mal-intentionnée (moghodo) - et nuire
à la force vitale de sa victime en agissant sur l'esprit de celle-ci. Cette
action occulte volontaire (nduk£) (26) peut aussi être obtenue par l'intermé-
diaire de l'esprit d'un défunt auquel une personne vivante, mue par la
jalousie, a, préalablement, ordonné de faire du mal au moyen d'un sortilège
(ghek:Jk:J-amaghangha) (27), à base de substances humaines, animales, végé-
(21) Le rite de deuil nZ:Jbe namakomba (la demeure des disparus).
(22) Depuis l'enceinte privée du Bwete (nzimbe), en passant par la cour du
village jusqu'aux bords de la brousse.
(23) Sous forme de peaux d'animaux, de végétaux, instruments de musique.
(24) Cf. pp. 546-547.
(25) Cf. le symbolisme, p. 547.
(26) Il Y a des nduke protecteurs (préparations rituelles ou crânes).
(27) Les ek:Jka sont des sortilèges ambivalents en ce sens que l'effet bénéfique
pour leur propriétaire est obtenu au détriment des autres ou par condamnation de
soi-même.
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tales et minérales. Les plus connus sont les sortilèges mosingi (genette) (28);
ndjegh;) (panthère) (29); ng:Jnd:J (grand calao à casque noir) (30); nungu
(arc-en-ciel) (31) et mateng:J (fantômes, revenants) (32). Mais l'esprit d'un
mort n'agit pas forcément sous l'emprise de sortilèges. Il peut agir volon-
tairement, sans être subordonné à la volonté d'un vivant. C'est le cas d'un
ancêtre décédé des suites d'une intervention maléfique et qui désire se
venger.
Quant aux extériorisations involontaires, elles se produisent chez les
personnes nullement mal-intentionnées, mais qui éprouvent un grand cha-
grin (perte d'un être cher), qui ont subi une injure publique, qui ont
rompu un interdit ou qui sont victimes d'un sortilège ou d'une extériori-
sation volontaire de la part d'un tiers.
Dans ces deux derniers cas, la victime est «appelée» au cours d'un
rêve, soit par le sortilège, soit par la personne animée d'un désir vénal
selon que l'opérateur s'extériorise, ou non, lui-même. Dans les autres cas,
l'esprit, bien qu'involontairement extériorisé, encourt, cependant, le risque
de rencontrer un nduke agressif ou l'esprit de ses parents décédés qui peu-
vent lui faire rejoindre l'au-delà pour le libérer de sa peine. L'agression
qu'il subira se traduira soit par la mort, soit par des maladies dont la
gravité dépendra du retentissement qu'aura eu sur la force vitale, l'atteinte
portée à l'esprit pendant son extériorisation (33).
Ces sortilèges (34) sont censés déclencher, le plus souvent, la stérilité
chez les femmes du lignage du détenteur (35), la «folie de la panthère»
(oghi:J-a-ndjegh:J), la lèpre (ebea-a-ghegha) ou des hémorragies (guende)
toute la vie, si l'on ne les traite pas, la mortalité infantile, etc...
551
552
devient réel, et le réel, irréel. Et ceci depuis les nouilles qui sont, pour les
vieux Mitsogho, les intestins des Blancs, jusqu'aux danseurs masqués qui
sont les ancêtres eux-mêmes, en passant par l'araignée qui devient, à l'occa-
sion d'un rite, l'esprit extériorisé, lui-même, que l'on va faire réintégrer dans
le corps du patient.
Dans ce schème collectif - où sont codifiées, par un jeu de corres-
pondances cosmo-socio-biologiques, toute la culture, la morale et la religion
de la société, - diagnostic et traitement, maladie et guérison constituent
un jeu inconscient entre le groupe social, l'individu et le thérapeute.
Le diagnostic et le traitement psychosomatique, ou largement psycho-
logique, sont établis par des devins et devins-guérisseurs des deux sexes qui
exercent à titre individuel ou dans le cadre de certaines sociétés à caractère
initiatique. Devins et guérisseurs, qui peuvent d'ailleurs être les deux à la
fois, travaillent toujours en étroite collaboration.
Diagnostic et traitement.
(40) Ce fût le cas pour l'un de nos informateurs qui surgit un jour de grand
matin, de sa case en criant: «J'ai vu en rêve que l'on venait m'attaquer, mais si
je meurs, mon oncle (maternel) il faudra trouver la personne que je dirai en
secret ».
(41) Cf. p. 547.
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Pour lui faire réintégrer le corps, on fait appel à des spécialistes de l'un ou
l'autre sexe, travaillant individuellement, ou aux nganga-a-mis:Jk:J. A cet
effet, on met par terre une peau de genette dont on pique la tête avec une
plume de perroquet (symbole de la parole) et une aiguille (symbole du
corps humain). On place également sur cette dépouille une feuille de gra-
minée (47) et l'on frotte le tout avec de la poudre de padouk (48). On couvre
avec des feuilles de taro (49) et l'on dispose l'ensemble, soit au bout du
village, soit près de la demeure du malade. Le lendemain matin, l'araignée,
que l'on trouve sur la peau de genette, ainsi préparée, est mise dans de
l'eau que l'on fait absorber au patient qui recouvre ainsi son esprit. Après
que le nganga lui aura fait boire, à minuit et vers cinq heures du matin,
une décoction de diverses feuilles (50) et écorces, le patient sera alors prêt
à recevoir les soins d'un spécialiste. Celui-ci devra traiter la «blessure
interne» (pota) que le malade ressent dans le poumon droit et qui n'est
autre qu'une somatisation passagère du choc psychologique qu'il vient
d'éprouver. Si la douleur se présentait à gauche, dans la région précordiale,
l'issue serait fatale quoi qu'on fasse.
Les soins dépendent de la nature de l'extériorisation. S'il n'y a pas eu
intention vénale, ceux-ci sont pratiquement identiques à ceux que le nganga-
a-mY:Jbe dispense en cas de maladie naturelle. Mais ils comportent, en
plus, la bénédiction de la part des initiés du Ya-Mwei. Si, par contre,
l'esprit s'est extériorisé dans une mauvaise intention, le patient ne peut
être traité que par les adeptes de la société du Ya-Mwei devant lesquels
il doit, au préalable, reconnaître obligatoirement, en public, sa culpabilité,
sous peine d'aboutir à une traumatisation qui peut être irréversible. Sous
cette conditiop, le pardon, qui lui sera dispensé, rétablira son équilibre
psychique.
Consensus et psychothérapie.
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(51) C'est, notamment, le cas de ceux qui avouent au cours du rite du «poteau:.
(cf. p. 558 ou dont on a prédit la date de la mort.
(52) W.B. CANNON,cité par CI. LÉVI-STRAUSS, in Anthropologie structurale, Plon
édit., Paris, 1958, p. 184.
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(53) A la suite de la disparition d'une somme de 5000 francs CFA, tout notre
personnel était amené à jurer par Ya-Mwei. Au moment de jurer, une personne
disparut. Le jour suivant, elle nous fit savoir, par écrit, que c'était elle qui avait
dérobé l'argent: «Messieurs, je vais vampirer (c.à.d. m'extérioriser), il ne faut pas
le dire aux autres car je peux même en mourir de honte ».
(54) La gendarmerie de Mimongo avait accusé un membre de notre personnel
d'adultère, sur les dires d'un dénonciateur. L'accusé affirmait qu'il s'agissait là de
pure calomnie. Ayant réussi à persuader les gendarmes de chercher la vérité par des
moyens traditionnels, il ne fallut pas plus de cinq minutes, après avoir fait jurer
par Ya-Mwei, pour que l'accusateur avouât avoir fait une dénonciation calomnieuse.
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(55) On peut aussi ip.voquer Ya-Mwei pour d'autres raisons. C'est ainsi qu'à
Mimongo nous n'avions pu assister à un rite masango auquel nous étions invités
par ceux-ci. Tous nos appareils de prise de vue et de son étant tombés en panne à
cause de l'excès de chaleur et d'humidité, les Mitsogho accusèrent les Masango d'en
être la cause pour que nous ne puissions pas travailler chez les Mitsogho. Ces der-
niers invoquèrent Ya-Mwei afin qu'aucun Masango ne pût traverser vivant une
ligne que les Mitsogho avaient tracée entre les deux quartiers ethniques de la ville.
Et personne ne s'y risqua!
(56) TI arrive, parfois, dans certains cas de vol, notamment, que l'objet dérobé
soit restitué tout juste avant que chacun ne jure par Ya-Mwei. C'est ce qui s'était
produit à Mimongo pour des graines potagères qui nous avaient été dérobées et
qui nous furent restituées, à notre insu, pendant que chacune des personnes de
notre entourage jurait, à tour de rôle, qu'elle n'était pas coupable.
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ciemment, que celles-ci mises à part, toutes les autres maladies ont une
cause psychologique. Et que ce n'est évidemment pas par la voie somatique
que l'on peut, dans ce cas, détecter et guérir les perturbations du méta-
bolisme. Le principe du traitement est, en effet, très simple. Si la concen-
tration psychique du malade - constamment dirigée vers un même schème
collectif psycho-physio-culturel et cultuel - provoque, avec l'accord
inconscient du groupe social, une autopathogénèse, elle peut, aussi, déclen-
cher une autothérapie par l'intermédiaire du guérisseur et de l'assistance
qui jouent le rôle de catalyseur. Les paroles, les rites et les chants de ce
dernier, ainsi que la comparution du prévenu devant les initiés du Ya-Mwei
sont, en effet, autant de manœuvres d'abréaction complétées par des mani-
pulations psychologiques du métabolisme perturbé telles que les danses
nocturnes du nganga et la participation des parents, amis et gens du
village.
(57) est,
Le symbolisme de la préparation de la peau de genette
d'ailleurs, à lui seul, l'illustration même de ce schème collectif, pour ne
citer que cet exemple. Cette dépouillle est, selon l'orientation qu'on lui
donne, la mort (la tête vers la brousse) et la vie (la tête vers le village).
Chacun sait que l'esprit, à l'occasion de la désincarnation et de la réincar-
nation, voyage sur le dos de l'hemiptère aquatique, tsanga-sanga, juché
sur une feuille de la graminée ekakakak:J que le devin a placée, préci-
sément pour cette raison, sur la peau de genette. Dans ce rite, par un
parallélisme de fonction, ce n'est pas l'hémiptère aquatique que l'on
trouve sur la feuille de graminée, mais l'araignée à qui l'esprit fait appel
pour redescendre de l'arbre de vie après son «voyage onirique» (58) à
la faveur des effets hallucinogènes de l'iboga. Ainsi, tout comme l'hémiptère
aquatique est censé transporter l'esprit lors de chacune de ses transmigra-
tions, l'araignée est aussi censée véhiculer l'esprit extériorisé. En avalant
l'eau et l'araignée, le patient sait que son esprit réintègre ainsi son corps,
tout comme l'esprit d'un futur réincarné est avalé par l'homme qui boit
de l'eau recueillie là où «danse» cet hémiptère. Alors il prend conscience
de lui-même et ressent l'atteinte portée à sa force vitale. Si les symptômes
ne révèlent point l'issue fatale, le malade guérira mais à la seule condition
qu'il soit couplé avec un praticien obligatoirement intégré au même schème
dont il tentera de remonter, avec le patient, le circuit en sens inverse.
C'est que, dans ce consensus, la personne apparaît, un peu, comme un
circuit imprimé dont les devins et les guérisseurs font jouer les commandes
selon une programmation constituée par le système de références lui-même.
La parole y joue un grand rôle mais, à cette différence près d'avec l'Occi-
dent, c'est que chez les Mitsogho le patient écoute, le praticien parle et
561
(59) C'est si vrai que lorsque le patient est trop malade, il peut se faire
remplacer par une personne de son lignage.
36
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562
qui ont séjourné de longs mois dans des services hospitaliers, sans succès:
«Les Blancs ont tout essayé sans pouvoir me guérir; je suis revenu au
village et maintenant je ne suis plus malade». Le mécanisme du consensus
avait joué!
Et ceci nous amène à constater que ce phénomène de consensus,
irréel en tant que concept mais d'une indiscutable réalité dans son fonc-
tionnement, explique la notion et le mécanisme de la «sorcellerie» Oes
extériorisations vénales, les sortilèges) et de la «magie» (le traitement par
les nganga et les initiés du Ya-Mwei). Toutefois, si pour admettre l'efficacité
de ces interventions il suffit d'y croire, pour y participer il faut obligatoi-
rement les accepter inconsciemment au travers du mécanisme du consensus.
Autrement dit, il faut les vivre au même titre que n'importe quel événement
quotidien. Pour les comprendre, il faut les analyser dans le contexte du
consensus qui implique un système et un jugement de valeurs propres à
l'ethnie.
*
**
563
intime avec le groupe social comme c'est le cas lors d'un traitement psycho-
thérapique, par exemple.
Car, sur quoi repose finalement la psychothérapie traditionnelle, sinon
sur le rétablissement de l'équilibre perturbé par les tensions interperson-
nelies ou celles affectant un groupe social (tribu, clan, lignage)? Et quels
sont ces conflits, sinon des atteintes à la loi morale telles que ruptures
d'interdits, d'ordre social ou religieux, manifestations de jalousie, outrages
divers, etc..., que le subconscient restitue au cours des rêves (60) selon un
codage ancestral relevant du système de références propre à l'ethnie (cor-
respondances cosmo-socio-biologiques).
Rechercher le mécanisme de cette thérapie revenait donc, en quelque
sorte, à replacer, dans leur véritable contexte, la notion et le mécanisme
de la «sorcellerie» et de la «magie» .
Qu'est-ce, en effet, que la sorcellerie, sinon une phase aigüe d'un phé-
nomène chronique de tension sociale qui se manifeste au niveau de l'affec-
tivité ? Et qui n'est autre, finalement, qu'une manifestation d'un « ça» indi-
viduel ou social, que la magie qui fonctionne comme un «surmoi», tend
à modérer. Celle-ci, qui est apparemment religieuse, par ses rites, n'est,
cependant rien d'autre que ce phénomène de consensus que nous abordons
dans cette communication et qui n'est, tout comme la sorcellerie, qu'un
banal phénomène social. Avec le rétablissement de l'équilibre, le «moi» ,
individuel ou social, réapparaît jusqu'à ce que le cycle recommence.
Cycle qui n'est, somme toute, que la manifestation de la personne
dans sa dimension psycho-sociale, voire même, peut-être, la personne tout
court...
36 .
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viennent de confier leur enfant dans un but de prévention contre toute intervention occulte
maléfique.
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confient, à ce génie, leurs enfants en bas âge dans un but prophylactique. L'adepte, qui a
pour fonctions de transmettre les paroles de Ya-Mwei, frotte ces enfants avec de l'argile
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est atteint. A tour de rôle, chacune des initiées entre en transes et les génies la possèdent:
c'est l'instant de la divination des causes des maladies ou de la prédiction de la mort d'une
personne.
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Colloques Internationaux du C.N.R.S.
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LA THÉORIE DE LA PERSONNALITÉ
EN PSYCHANALYSE ET EN ETHNOLOGIE
Edmond ORTIGUES
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QUELQUES ASPECT'S
DE LA NOTION DE PERSONNE
Lajos SAGHY
L'âme primitive.
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II
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579
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de côté leur support social réel. Il écarte également les éléments idéolo-
giques comportant des références contraires à l'idée unitaire du Moi et nous
ne pourrons que regretter qu'il passe absolument sous silence, dans son
analyse, la réalité juridico-sociale de quelques dix siècles en Occident:
la Féodalité.
581
582
III
Conclusion
(14) L'individualité n'est pas le critère absolu de la personne. Elle est la forme
même du vivant à partir de laquelle la personne peut se développer dans un processus
de socialisation impliquant l'interaction et la participation.
(15) D'après G. GURVITCH: «la conscience n'est pas moins immanente à la
société, au monde, à l'être, que ceux-ci à la conscience. Au point de vue social, le
psychique en général et la conscience en particulier sont des réalités encastrées dans
d'autres réalités ». (Traité de sociologie, p. 165).
(16) La liberté et la spontanéité sont des marques ou des qualités de la personne,
mais leur degré et leur champ de manœuvre varient beaucoup d'un contexte socio-
culturel à l'autre. La libre-entreprise, la liberté de la conscience et la liberté et la
spontanéité sexuelles de la personne sont différentes dans chaque société.
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583
584
Bambara, 23, 26, 28, 29, 131-179, 182- Lele, 29, 238, 240.
192,193, 289, 39~ 394,402, 467, 468, Lobi, 199.
480, 484, 487. La Dagaba, 299.
Bantou, 22, 39, 41, 231-242, 406. Luba, 21, 29, 232, 233, 236, 237, 238,
Batetela, 21. 239, 240.
Bedik, 469, 487. Lugbara, 21, 29, 491-506.
Bemba, 287, 298.
Bobo, 29, 193-203. Malinké, 23, 24, 27, 28, 131-179, 193,
Bororo, 16. 194, 289, 467, 469, 470, 473, 476,
Bozo, 471, 472, 478, 487, 488. 478, 480, 481, 484, 487, 488.
Marka, 488.
Canaque, 33. Maure, 479.
Maori, 577.
Diakhanké, 470, 471, 472, 483, 487. Mawri, 459-465.
DioIa, 392, 403. Melanésiens, 33.
Dogon, 23, 24, 28, 29, 108-109, 117, Mitsogho, 21, 545-563.
118, 205-229, 389, 390, 391, 392, 394, Mossi, 389, 398, 426.
403, 467, 468, 471, 472, 480, 484,
487, 492. Nàg6, 45-60.
Ndembu, 29, 240.
Ebrié, 519-527. Nilotiques, 22.
Eskimo, 574. Nupé, 447, 451.
Ewe, 27,29,91-118, 120-130, 389, 574.
Peul, 182-192, 379, 385, 427, 435, 451,
Fali, 392. 452, 467, 473, 476, 478, 479, 487,
Fang, 389. 488.
Fan, 42, 62, 65, 67, 69, 390, 401, 402, Pueblo, 578.
403, 404. Pygmées, 403.
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586
A c
accouchement, 183, 222, 223, 348, 349, cadavre, 229, 234, 235, 247, 300, 306,
369, 370, 372, 450. 370, 404, 405, 463, 493.
aîné, cadet, 25, 462, 503. captifs, 22, 25, 307, 364, 429-445, 475,
alliance, 462, 463. 488.
ame, 17, 18, 20, 27, 28, 29, 38-42, 124- caractère, 23, 26, 136, 144, 156, 158,
128, 133, 134, 145, 148, 149, 165, 159, 280, 301, 373, 449.
174-178, 189, 206-208, 220, 221, 224- castes, 22, 25, 211, 425, 475-480, 484.
226, 229, 243, 244, 255, 278, 286, cerveau, 138, 145, 147, 149, 335, 336,
291, 300-303, 309, 317, 360, 361, 422, 338, 345, 347, 355, 356, 513.
439, 468, 482, 484, 493, 494, 502, chair, 244, 291, 293, 296, 426.
520, 525, 569, 574. chance/malchance, 27, 29, 163, 309, 522.
analogie, 575-576. changement, stabilité, 492, 499, 500-
ancêtres, 15, 30, 38, 53, 63, 64, 66, 67, 504.
122, 123, 129, 130, 139, 175, 214, chasseur, 21, 116, 325.
215, 218, 225, 237, 244, 246, 259, chose, 290, 293-300, 502-505.
285, 290, 293, 294, 295, 297-299, christianisme, 23, 30, 285, 311, 524, 526,
301, 304-310, -312-315, 317, 376, 461, 579, 580.
496,497,500,521,522,549,551,552. circoncision/excision, 298, 348-349, 374,
androgynie, 222, 226, 329. 468, 480, 483, 534.
animaux, 219-222, 226-229, 285, 286, clan, liguage, 208, 214, 221, 224, 225,
289, 290-292, 300, 306-310, 313, 362, 226, 253, 271, 272, 276, 297-299, 304,
363, 369, 547, 550, 551, 555, 560. 307-310, 314-315, 322, 324, 463, 492-
« animisme », 360, 361. 500, 502-504.
« appartenances », 18, 31, 301, 302, 574. classe sociale, 22, 225, 429, 434, 459.
articulations, 228, 483. classes d'âge, 225, 382, 385, 414.
au-delà (pays des morts), 15, 22, 62, 126, clavicules, 206, 209-213, 215, 221, 222,
127, 229, 234, 235, 237, 245, 246, 277, 373,375,376,385,471,478,484,487,
302. 548.
autorité, 135, 144, 147, 148, 166, 168, clitoris/ prépùce, 143, 222, 226.
464.
avortement, 183. colonne vertébrale, 26, 339, 340, 547.
compensation, 431, 434, 437, 441, 442,
444.
B complémentarité, 470-474, 478, 483-485,
bras, jambes, 137. 488, 502.
bouche, 58, 316, 335-337, 339 354, 356. complétude, incomplétude, 298, 299.
beauté/laideur, 163, 164. conscience, conscience de soi, 19, 206,
bien/ mal, 31, 460, 497. 314, 315, 317, 579.
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consensus, 545, 549-550, 551, 556, 558, espace, 20, 168, 297, 448, 451, 453, 456,
559, 562, 563. 461, 496, 500, 507-518, 534.
cordon ombilical, 66, 136, 137, 480. esprit, 124, 125, 189, 206, 502, 503, 547,
corps, 17, 20, 26, 30, 61, 62, 187, 188, 548, 549, 550, 552, 553, 554, 555,
206, 243, 244, 256, 279, 280-282, 293, 557, 560.
295-297, 301-303, 308, 310, 360, 373, essence (de la personne), 138, 152, 207,
375, 383, 426, 427, 439, 455, 493, 209.
496, 498, 499, 509, 510, 546, 547, estomac, 338, 342, 355, 493, 494.
548, 549-551, 556, 557. eunuque, 374.
cou, 337, 426. excrétions, 304.
crâne, 142, 209. exuvie, 303, 304.
cœur, 136, 143, 217, 309, 335-339, 341,
342, 344, 345, 347, 353, 354, 356, F
357, 373, 374, 377.
coiffure (cheveux), 227, 304. fantôme, 295, 300, 316, 396, 494-497,
500.
faute, péché, 291, 300, 305.
D
fécondité, stérilité, 29, 248, 254, 255,
déesse mère, 29, 101-107, 111-113, 115, 257, 282, 467, 498, 500.
117. féodalité, fief, 580-581.-
descendance, 56, 169, 251-253, 275, 280- foetus, 137, 220, 226-229, 246, 256, 278,
282, 289, 291, 293, 307-308, 313-317, 297.
500. foie, 143, 217, 338, 342.
destin (destinée), 23, 27, 28, 30, 35, 46, folle, psychose, 160, 238, 257, 309, 310,
47, 55, 57, 65, 66, 135, 158, 243-254, 332, 336, 338, 345, 355, 510, 511,
255-282, 299, 304-307, 309-313, 485, 512, 514, 515, 516, 517, 566.
522. force, 153, 161, 168, 373, 374, 384, 464.
Dieu suprême, 35, 46, 141, 187, 188, force vitale, 149, 150, 158-161, 175, 206,
190, 192, 215, 223, 228, 257, 266, 213-217, 221, 232, 233, 360, 361, 370,
362, 494, 497, 498, 501, 502, 504, 403, 468, 472, 478, 480, 484, 487, 488,
538. 520, 546-549, 551-553, 557.
divination, devin, 27, 34, 35, 36, 65, 95, forgeron, 227, 247, 380, 383, 422, 423,
112, 113, 141, 237, 257, 263, 265, 269, 427, 476, 477, 480, 481, 487, 501.
270, 285, 300, 303, 304, 306, 307, 316, forme, 33, 34, 36, 37, 38, 93, 94, 95,
323, 325, 499, 546, 552, 553, 554, 555, 260.
559, 560. front, 63, 521.
divinités, 46, 47, 55, 56, 57, 69, 70, 108-
111, 121. G
double, 38, 134, 141, 149-151, 175, 178,
206, 234, 243-247, 249, 253, 278, 300, gaucher, 211.
301, 328-330, 360-362, 368-371, 373, gémelléité, jumeaux, 22, 28-30, 100, 101,
374, 380, 402, 422, 468, 469, 473, 115-118, 206, 208, 211, 212, 227, 239-
477, 482, 483, 484, 489, 531-539, 542. 241, 295, 296, 323, 379, 468, 471-473,
droite et gauche, 116, 117, 139, 152, 168, 477, 482-489, 501.
449. généalogie, 132, 291, 302, 308, 315, 497,
dualisme, 94-97. 498, 500.
générations, génétique, 177, 214, 251,
E 258, 265, 266, 268, 272.
génies, esprits, 189, 232, 235, 295, 324,
éducation, 413-415, 431. 334, 341-343, 346-347, 349, 350, 354-
éléments (4 éléments), 46, 55, 56, 133, 355, 357, 362, 363, 422-424, 432-436,
137, 148, 149, 209, 221, 226. 439, 463, 465, 494, 497, 498, 530,
embryon, 137, 166, 244, 2S6. 544.
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œil, 315, 316, 344, 347, 357, 367, 532. procréation, 27, 56, 57, 58, 183, 219,
œsophage, 342. 220, 255-282, 296, 304, 328.
ombre, 38, 61, 62, 124, 126, 206, 233, psychanalyse, 17, 565, 566, 567, 570,
234, 235, 244, 302, 373, 375, 402, 571.
422, 423, 424, 439, 468, 494, 520, 546, psychothérapie, 367, 558, 559, 561.
548. puberté, 248, 249.
ordre/ désordre, 29, 362, 460, 464, 499. puissance, 262, 269, 460-467.
ossature, 142, 143, 206, 209, 245, 291,
375, 376, 493.
Q
p qualités morales, 144-169, 309, 336, 340,
353, 359, 360, 363, 422, 431, 439, 465,
pancréas, 143, 217, 342, 355. 495, 497, 500.
parenté, 136, 183, 184, 185, 214, 226,
251-254, 247, 248, 251-253, 255-282, R
296, 297, 300, 305, 307, 308, 312, 315,
317,413,425,430,431,436,473,474, raison, 19, 152.
477, 483, 489, 497, 498, 500, 570, 571. rate, 143, 148, 149, 217.
parenté à plaisanterie, 29, 212, 213, 470- réflexion, 133-135, 144-147, 156, 166.
478, 483-488. réincarnation, 38, 62, 124, 221, 222, 235,
parole (langage), 40, 58, 144, 148, 166, 244, 252, 329, 406, 546, 547, 548.
190, 213, 217, 218, 222, 228, 229, 245, reins, 143, 217, 335, 340.
508, 555, 557, 570, 571. richesse, prospérité, 25, 464, 465.
« participation », 18, 574, 582. rêve, 237, 244, 300, 301, 302, 328, 338,
parures, 227, 245. 349, 374, 40~ 510, 547, 548, 549, 551,
peau, 296, 300, 304, 357, 368, 369, 426. 552, 555, 556, 562, 563.
pensée, 133-135, 144-147, 156-166, 243, rites, 24, 208, 210, 249, 250, 251, 259-
305. 282, 291-292, 300-304, 308, 312, 313,
personnage, 19, 23, 578-579. 464.
personnalité de base, 387, 565. rites funéraires, 15, 21, 55, 64, 98, 99,
personne juridique, 19, 578. 127-130, 207, 229, 256, 257, 277, 293,
personne morale, 19, 286-288, 311, 317. 296, 297, 299-301, 303, 305, 310, 312,
personne psychologique, 19. 314, 315, 498.
personne et nombre, 24, 26, 27, 131-179,
262, 272, 297, 205-229.
phantasmes, 571. s
pied - orteil - ongle, 53, 66, 304, 365, sacrifice, 256, 262, 277-282, 290-295,
426. 298, 306, 315, 462, 463, 464.
placenta, 27, 29, 59-60, 66, 136, 137, salive, 304, 352.
208, 223, 278, 282, 392, 393, 480. sang (sérum, plasma), 149, 159, 214, 217,
plexus solaire, 136. 219, 223, 243, 244, 291, 293, 296,
poils, 304. 338, 363, 376, 473, 480-482, 484, 493,
points cardinaux, 362, 448, 449, 456, 496, 520, 521, 523, 532, 533.
457. savoir, connaissance, 331, 334, 337, 338,
possession, 12, 70, 71, 301-303, 332, 350.
343, 362-365, 422, 423, 432-435, 439, scholastique, 565, 579, 580.
441, 442, 443, 465, 499, 529 et ss., sexe, 137, 140, 143, 152, 217, 219, 220,
544, 546. 222, 250, 364, 365, 368, 369, 480,
poumons, 46, 136, 143, 148, 217, 339. 481, 483, 485, 570-571.
pouvoir, 21, 22, 273, 293, 427, 428, 437, sexualité, 275, 298, 499.
439, 447, 460-464. signes, 16, 27-30, 132-144, 169, 170, 176,
prêtres, 211, 224, 225, 461-465, 498-500. 208, 223, 260, 270.
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sorcellerie, 17, 21, 27, 237-238, 244, 247, 57, 61, 63, 66, 137, 140, 145, 146,
253, 276, 304, 316, 326, 332-334, 338- 159, 187, 271, 309, 337, 345, 346,
342, 347, 348, 361, 422-424, 435-437, 354, 357, 363, 369.
440, 441, 493, 501, SOS, 519, 521, tombe, 383-386, 493.
522, 523, 529, 535, 536, 537, 538, totemisme, interdits totemiques, 17, 287,
549-554, 558, 562, 563. 291, 292, 304, 308, 313, 402.
souffle, souffle vital, 38, 46, 61, 62, 64, transes, 363, 367, 531, 533.
136, 207, 235, 238, 243, 244, 290,
293, 300, 303, 328, 373, 374, 377, u
380, 383, 422, 439, 468.
souverains, rois et chefs, 257, 259, 312, urine, 343, 344,
314, 440, 448-457, 459-461, 463-464.
sperme, 220, 521, 547. v
statut/rang, 19, 275, 287, 288, 295, 296,
301, 304, 305, 308, 309, 313, 314, végétaux, principes des végétaux, 29, 96,
424-445, 459, 497, 569, 578. 117, 209, 211, 212, 213, 224, 246,
substance, 19, 35, 36, 579, 580. 262, 290, 292, 364, 548, 549.
sueur 243, 244, 303, 304. ventre, 58, 308, 344.
vérité et mensonge, 366, 499, 500.
T vésicule biliaire, bile, 143, 309.
veuvage, 348, 349.
temps, saisons, calendrier, 20, 27, 303, vie, mort, 210, 278, 289, 290, 292, 293,
449, 450, 453, 456, 461, 499, 500, 300-303, 309-317, 496, 497, 500.
507-518. volonté, énergie, 135, 144, 147, 148, 166,
testicules, 140, 143. 168, 206.
tête, ouvertures de la tête, 46, 47, 52, voyance, 301, 315, 316, 553.
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Abimbola, W., 79, 80, 81, 82, 84. Fichte, 19, 579.
Adler, A. et Cartry, M., 279. Forde D., 471.
Agblemagnon, N., 412. Forest, A., 37.
Amenumey, D.E.K., 120. Fortes, M., 27, 28, 285, 287, 289, 299,
Aucher, M.L., 70. 301, 304, 305, 307, 312, 313, 314,
315, 447.
Bascon, W., 63, 66, 69. Fortes, M. and Mayer, D., 310.
Bastide, R., 34, 42, 397, 419, 420. Frazer, 541.
Best, E., 577. Freud, S., 575.
Binswanger, 514. Frobenius, L., 69, 361.
Bisiliat, J.; Laya, D; Pierre, E.; Pidoux,
Ch., 359. Gaden, H., 479.
Burton, W.E.P., 239. Gallais, J., 488.
Ganay, de S., 157, 205.
Calame-Griaule, G., 41, 205, 214, 391. Geertz, C., 16.
Camara Laye, 287. Goffman, E., 286.
Camara, S., 473. Goody, J., 299, 447.
Cannon, W.B., 577. Griaule, M., 40, 205, 471, 486.
Cartry, M., 265, 274. Griaule, M. et Dieterlen, G., 108, 118,
Cissé, Y., 175, 194, 484. 205, 471, 480.
Griaule, M. et Lebœuf, J.-P., 383.
Delafosse, M., 156. Guignard, M., 479.
Deleuze, G. et Guattari, F., 280. Gurvitch, G., 582, 583.
Deschamps, H., 61.
Dieterlen, G., et Cissé, 141, 142, 154, Hamilton, E., 102, 115.
158. Hampaté Ba, A. et Dieterlen, G., 288.
Dieterlen, G., 140, 141, 142, 157, 158, Hegbe, M., 392, 410.
159, 165, 205, 468, 481. d'HertefeIt, M. et Coupez, A., 453, 454,
Dostoïevski, 483. 455.
Douglas, M., 238, 240. de Heusch, L., 454.
Doutreloux, A., 232, 233. Hobhouse, L.T., 491.
Dumont, L., 480. Houis, M., 398.
Dupire, M., 474, 476, 487.
Idowu, E.B., 62, 66.
Elbein Dos Santos J. et Dos Santos,
Johnson, S., 68.
D.M., 45, 54, 55, 56, 57, 58, 59.
Erny, P., 393. Junod, H.A., 236, 240, 241.
Evans-Pritchard, E.E., 42. Kagame, A., 455.
Kant, E., 575, 579.
Fabian, J., 34. Kardiner, A., 397.
Peeraer, S., 237. Kety, S.S., 70.
Feraud, B., 368. Krader, L., 286.
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