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UNIVERSITE PARIS-DAUPHINE
DOCTEUR
ES SCIENCES DE GESTION
Jury :
Gérard CHARREAUX
Elie COHEN
Jacques HAMON
Jean-Michel LASRY
Michel LEVASSEUR
Jean MATHIS
Jacques THEPOT
016 213416 1
jVëV-
UNIVERSITE PARIS-DAUPHINE
DOCTEUR
ES SCIENCES DE GESTION
Jury :
Gérard CHARREAUX
Elie COHEN
Jacques HAMON
Jean-Michel LASRY
Michel LEVASSEUR
Jean MATHIS
Jacques THEPOT
dans les thèses : ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs »
A ma mère qui continue à vivre en ceux qu’elle a aimés.
A Pierre-Emmanuel,
Olivier,
Antoine-Léo,
Marie.
Je remercie Messieurs les Professeurs Jacques HAMON et Jean MATHIS pour les conseils
l’intérêt qu’ils ont porté à mes travaux et pour avoir accepté d’en être les rapporteurs. Je dois
Madame le Professeur Nicole EL KAROUI a bien voulu s’intéresser à mes travaux, ses
International, ainsi que Christine BAILLION, Secrétaire Général d’Eurotitrisation, pour leur
amical soutien.
Une collaboration fructueuse avec Katell SAVIDAN a permis de réaliser et tester les premiers
Crédit Mutuel ainsi que Monsieur FLAVEN, Directeur au Crédit Lyonnais, Laurence
montages produits structurés à la CDC, Isabelle PRAS, chargée d’étude ALM à l’UAP, Cheuk
Wai YIP, trader action à la BIP, Gaëlle LE FOL, chercheur au CREST, Corinne SERRANO,
discussions.
Enfin, que toutes les personnes qui m’ont aidé à accomplir cette thèse sachent ma
MARCHAL, Jean-Luc RAJAONA, Mohamed ABDELMOUMNI ainsi que toutes les équipes
SOMMAIRE 1
INTRODUCTION GENERALE 5
Chapitre 1
Chapitre 2
section 2 : Des indicateurs sur la valeur de la banque et sa sensibilité : VAN et point de risque, 39
Chapitre 3
Chapitre 4
^ Chapitre 5
LA MODELISATION DES DEPOTS A VUE 62
section 1 : Une approche classique par simulation 62
section 2 : Une formulation explicite de la valeur des dépôts 63
section 3 : Les variations de la valeur et de la sensibilité des dépôts aux paramètres du modèle 69
section 4 : Le choix de la couverture la plus robuste 71
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
section 4 : Un modèle de taux réel plus prédictif qu'un modèle de taux nominal.. 141
Chapitre 9
Chapitre 10
section 2 : Comparaison des méthodes EIP1S et espérance-variance sur solde final de trésorerie, 163
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
section 4 : Un modèle simple de valorisation des parts des FCC hypothécaires en France 271
Chapitre 19
CONCLUSION 290
EN FRANCE
INTRODUCTION GENERALE 5
Le bilan bancaire
Nous cherchons ici à proposer une grille de lecture de la banque permettant de mettre en
Les banques jouent un rôle financier décisif d’intermédiation entre les agents qui ont une
Un bilan simplifié d’une banque nous éclaire sur ce mécanisme et ses limites.
obligations
Crédits dépôts à terme
dépôts à vue
La banque ne conserve qu’une fraction des dépôts et utilise une large fraction des montants
déposés à initier de nouveaux crédits. Or ces crédits nouveaux engendrent des dépôts sur les
comptes des bénéficiaires du crédit. L’expression traditionnelle « les prêts font les dépôts »
INTRODUCTION GENERALE 6
synthétise la réalité de la création monétaire par les banques. Cette création engendre un risque
de liquidité et justifie la surveillance du ratio de liquidité par la banque centrale qui assure en
Dans la théorie de Modigliani-Miller (1958), toute banque qui a pour objectif la maximisation
Stiglitz (1969) montre que le risque de faillite limite la capacité d’endettement. Ceci est mis en
pratique par le comité Cooke qui définit un ratio prudentiel visant à mettre un montant de
fonds propres minimal en fonction des risques de baisse de valeur des actifs.
Le risque de liquidité consiste pour une banque à ne pas pouvoir honorer les engagements
Le modèle britannique sépare les banques en banques de dépôts et banques d’affaires. Les
premières réalisent le crédit court terme à partir des dépôts et les secondes reçoivent les
dépôts long terme et achètent actions et obligations réalisant ainsi le financement long terme.
Dans le modèle de banque mixte (ou universel ou continental) la transformation, avec des
actifs moins liquides que les passifs, assure une marge positive pour la banque. C’est la
des détenteurs d’encaisses qui ont une préférence pour une grande liquidité. Celle-ci est
justifiée dans le cadre de la théorie de la préférence pour la liquidité qui s’exprime par une
structure par terme ascendante des taux d’intérêt. Donc, dans cette théorie, la rémunération
Dans ce cadre, les dépôts liquides financent des prêts longs et les dates d’échéances du passif
Le risque de taux est le risque de dévalorisation d’un instrument financier du bilan, baisse
Prenons le cas d’une obligation (passif) à 10 ans à 7% finançant un prêt (actif) à 20 ans à 8%.
Supposons que je choisisse d’attendre 10 ans pour financer les dix dernières années de mon
prêt par l’émission d’une nouvelle obligation à 10 ans. Selon l’évolution des taux, il est
possible que mon financement soit dans les conditions du moment à 15%. Ma marge positive
de I % des dix premières années devient une marge négative de 7% les dix dernières années.
INTRODUCTION GENERALE 7
La gestion de bilan
La gestion de bilan est née de l’histoire des faillites bancaires. La déréglementation des
marchés a provoqué des déséquilibres que l’on a dû contrôler. De plus, la volatilité croissante
des prix des actifs conduit de plus en plus rapidement la banque à perdre un montant égal à
celui de ses fonds propres. Pour ces raisons, des techniques opératoires diverses sont apparues
La gestion de bilan permet aux banques de quantifier et contrôler les risques financiers
inhérents à leur métier. Cette gestion appartient à une famille plus large qui vise à gérer les
système d’assurance sur les dépôts ont été mis en place en raison des faillites multiples des
années 30. Le risque de taux est apparu clairement avec les nombreuses faillites des Caisses
d’épargnes américaines causées par la transformation importante réalisée par des prêts long
terme à l’actif et des dépôts volatils au passif. L’introduction de la méthode dite des « GAPs »
vise à limiter les écarts de duration entre l’actif et le passif période par période.
La gestion de bilan n’a pas fait l’objet d’études tant théoriques qu’empiriques à la hauteur des
enjeux que représentent les bilans des banques. Le professeur Finerty souligne que ce
désintérêt doit être lié en partie au fait que les profits dégagés par une bonne gestion de bilan
sont étalés sur des décennies et n’apparaissent pas immédiatement sur le plan comptable. Par
opposition, il existe un intérêt fort (nombreux articles publiés chaque année, embauche de
scientifiques par les maisons de titres spécialisés) lorsque des profits peuvent être dégagés
immédiatement comme sur les produits dérivés des prêts hypothécaires (MBS). La théorie sur
la gestion de bilan est donc pauvre et je n’ai pas trouvé de schéma conceptuel intégrant les
différents acteurs dans la littérature. Celui présenté dans cette introduction est donc issu de ma
La banque d’aujourd’hui est un intermédiaire qui doit acheter et vendre des risques de nature
différente. Leur bonne gestion permet d’assurer la pérennité de l’établissement en évaluant les
risques qui se concrétiseront par des pertes futures. L’évaluation des risques permet d’établir
une tarification afin de faire payer ces risques aux clients. Le pilotage du groupe bancaire,
organisé par centreJde profit, vise à évaluer les performances des équipes et des produits
compte tenu des risques associés. La péréquation des risques cherche à rééquilibrer les
l’évolution des règles législatives et prudentielles. Le fonctionnement des banques est guidé
par des politiques publiques au travers de la politique monétaire (définition des coefficients de
populaire est un bien public dont l’état doit assurer la protection. Dans la plupart des pays, il
existe un système de garantie plafonnée sur les comptes à vue des déposants. Les risques
assumés par les banques sont donc contrôlés par la tutelle publique. Les nonnes de sécurité,
Les postes de bilan dépendent aussi des choix stratégiques internes de la banque qui veut
La banque doit définir sa stratégie commerciale avec une politique tarifaire cohérente assurant
des marges de bénéfice ciblées. Les différents risques doivent être modélisés pour anticiper
"dans tous les états possibles du monde" leurs impacts sur le bilan et les objectifs choisis. La
banque doit sélectionner un refinancement parmi tous les types possibles (taux fixe ou taux
variable, choix de la maturité). Il convient également de réaliser des arbitrages pour équilibrer
l’immobilier. Ces différents ajustements sont souhaitables et possibles mais restent limités par
les obligations réglementaires imposées par la tutelle publique. De même, l’importance des
montants au bilan empêche de changer de cap brutalement et les rééquilibrages vers un autre
banques françaises
Le débat, un temps tabou, sur les causes de la faiblesse du système bancaire français fait
aujourd’hui le propos de vives controverses. Des directeurs de banques n’ont pas hésité à
correspond-il à une juste rémunération pour bancariser une partie pauvre de la population que
les autres banques rejettent ? Les débats corporatistes restent vifs. Une autre critique concerne
la rémunération des fonds propres. Les caisses d’épargnes bénéficient en effet de fonds
propres qui n’appartiennent à personne. Le rendement de leurs fonds propres n’est donc pas
un objectif prioritaire. Cet argument est réel. Les banques AFB, alignant leur tarification, ont
choisi de suivre la concurrence de ces banques. Cette politique a amené certains réseaux à
engranger dans leur bilan des pertes futures certaines. Le gouverneur de la Banque de France
s’est inquiété de cette fuite en avant et a été conduit à établir un contrôle sur les taux des
crédits. Une mutation en France de la vision de la gestion de bilan pourra amener les banques W
c.
à restaurer leur profitabilité.
o
ci
TJ
Une comparaison internationale montre qu’il existe un lien entre type de gestion de bilan et :c
rentabilité.
in
La question clef pour le monde bancaire est la performance de rendement des fonds propres.
Partant de l'analyse des rentabilités de différentes banques dans le monde, nous allons chercher
à établir un lien avec le type de gestion de bilan. Les banques affichent un rendement des fonds
propres nettement insuffisant par rapport aux exigences actuelles des actionnaires. On peut
citer le Président de JP Morgan France qui vise pour 96 un objectif de 20% sur le rendement
Les Etats Unis et le Royaume-Uni ont réalisé des restructurations massives qui leur ont permis
Graphique 1
Année
La France, comme le Japon, a repoussé les restructurations et se retrouve avec des rendements
faibles voir nuis et des concurrents renforcés après leur restructuration. C’est ce que décrit le
graphique 2.
Graphique 2
On peut penser que les banques anglo-saxonnes ont développé un autre type de gestion de
bilan. J’ai cherché les raisons de la différence d’évolution des deux types de banques.
En fait, une bonne typologie des métiers bancaires permet d’expliquer en partie cette
différence d’évolution de rentabilité de ces deux types de banques. La banque a deux métiers :
celui de gérer des fonds propres et celui de rendre des services. Dans le premier métier, elle est
chargée d’investir au mieux l’argent confié par ses actionnaires. Dans le second, elle utilise ses
INTRODUCTION GENERALE 11
compétences pour réaliser des profits supplémentaires destinés aux actionnaires sans utiliser de
fonds propres.
La banque doit constamment arbitrer entre deux métiers : investisseur pour compte des
actionnaires (schéma 1) et services (schéma 2)
Schéma 1
Dans le métier de gestion des fonds propres , la banque est environnée par ses actionnaires,
La stratégie ALM prend en compte les objectifs et l'horizon de gestion de ses actionnaires.
Elle gère les risques des marchés financiers et les aléas de comportement de sa clientèle. Pour
ce faire, elle établit des politiques : la politique commerciale par la tarification des nouveaux
produits, la politique d'investissement sur l'actif du bilan, la politique d'émission sur le passif du
bilan.
Dans ce métier de gestion des fonds propres, les comportements des banques considérées ont
été nettement différents. Une banque anglo-saxonne qui n’a que la moitié de ses fonds-propres
investis dans des activités générant un rendement correspondant aux objectifs de ses
INTRODUCTION GENERALE 12
actionnaires va arrêter ses autres activités et diminuer sa taille de bilan par rachat d’une partie
de ses actions.
Schéma 2
2. Le métier de services
activités non rentables, ont trouvé une organisation pour être rémunérées, pour organiser les
La titrisation est le type même de cette désintermédiation lucrative pour la banque. En effet, la
banque n’immobilise plus ces fonds propres sur les prêts (activité parfois insuffisamment
rentable).
Elle cède ses créances sous forme de titres sur des marchés organisés. Des commissions
secondaire et de la mise à disposition, pour les investisseurs, d’informations sur les risques
Flaven (1995) a montré que, pour les banques américaines, il existait une corrélation très
Une vision plus moderne de la gestion de bilan apparaît de la pratique des banques
licencier rapidement des équipes complètes pour abandonner certains marchés puis embaucher
aussi facilement lorsque de nouveaux créneaux rentables sont apparus. De même, le marché du
distorsion de concurrence mais peut-être aussi des calculs faussés de tarification à cause
d’hypothèses discutables (méthode de prévision d’évolution des dépôts non rémunérés). Les
sanctions malheureusement sont lentes sur des gestions de prêts qui engagent des fonds
propres sur vingt ans. Cependant, il faut souligner que, même dans cet environnement,
certaines banques, comme la Compagnie Bancaire, ont su se structurer par métier. Dans ce
cadre là, il est apparu préférable de pousser le crédit à la consommation sans se lancer dans un
place cette vision plus moderne de l’ALM avec une tarification basée sur une estimation
La gestion de bilan reste un domaine insuffisamment étudié. Sa pratique dans les banques est
encore souvent le fruit d’expériences et de traumatismes liés à des faillites passées. Cette
imprécise.
La titrisation
Cette technique transforme des créances peu liquides en titres négociables sur le marché
financier. Elle permet donc à une banque de revendre une partie de ses créances pour
obtenir des liquidités. La titrisation en France, adaptée des pratiques américaines par la loi
de Décembre 1988, se définit comme une gestion dynamique du bilan, car les prêts
commercialisés par une banque deviennent cessibles, au gré de cette dernière, à une
Elle permet également de réduire l’écart de duration entre l’actif et le passif par vente des
La titrisation permet aussi la gestion de risques associés aux créances tels la défaillance et le
remboursement anticipé. Le risque de remboursement anticipé est le plus souvent le seul cédé
aux investisseurs. La vente des risques au moindre coût pour la banque est du domaine de
l’arrangeur qui doit tirer profit des différentes catégories d’investisseurs pour donner à la
des risques. On peut donc notamment estimer la proportion optimale de prêts à conserver dans
un bilan.
Sous ces quatre aspects, elle apparaît naturellement comme l’outil de gestion de bilan idéal,
financier.
Sur le plan réglementaire, lorsque le ratio « Cooke » n’est pas respecté, deux solutions sont
capitaux pour renforcer les fonds propres. Cet appel se fait soit par augmentation des quasi-
fonds propres (émission de titres subordonnés par exemple) dans la mesure où ceux-ci ne
représentent pas plus de la moitié des fonds propres durs1 soit par une augmentation de
capital. Mais l’appel au marché du capital peut avoir un coût très élevé suivant les périodes et
suivant la notation de la banque. La seconde solution est la titrisation qui permet de réduire le
l’amélioration du ratio dépend de la notation du FCC liée à la qualité des créances cédées
pouvant même être rehaussée par ajout de garanties externes ou internes au FCC. Il ne dépend
Sur le plan comptable, la clôture des comptes peut nécessiter un habillage de bilan de fin
d’année (« Window-Dressing »). Ce procédé vise à dégager des plus ou moins-values pour
atteindre un objectif de résultat pour l’année en cours en réalisant une cession de prêts par la
titrisation. Pour ce faire, on utilise le décalage comptable entre la valeur nominale du prêt
inscrit au bilan et la valeur réelle « marked-to-Market » pour transformer des résultats futurs
peuvent être aussi un motif de titrisation. L’objectif d’arbitrage consiste à comparer la marge
laissée par une titrisation immédiate avec les marges futures d’un financement par des fonds
des risques cherche à optimiser l’équilibre entre les actifs détenus par la banque dans le but de
La théorie du portefeuille
La gestion de bilan consiste à maintenir un cap sur des objectifs et gérer le futur. Le vieux
dicton paysan nous invite à ne pas mettre tous nos oeufs dans le même panier. La théorie de
chaque actif à détenir : là réside l’audace du pari. En effet, il convient par exemple, de
pronostiquer les risques de défaillance de tel emprunteur dans les vingt prochaines années et
d’anticiper les taux d’intérêt dans dix ans. Plus le nombre de pronostics à réaliser est grand,
plus le pari est audacieux. On comprend que cette diversification relève d’une préoccupation
sécuritaire mais paradoxalement combien il est difficile d’assurer une robustesse aux
pronostics. L’enjeu de l’expansion de la banque réside dans cette analyse; l’enjeu de sa survie
désencadrement du crédit, a provoqué, dans les années 80, une forte montée des risques sur
certains postes des bilans. A la variabilité croissante des rendements des actifs s’est ajoutée
une instabilité de la durée de vie des dépôts. Ainsi, depuis une dizaine d’années, la gestion en
INTRODUCTION GENERALE 16
terme d’analyse rendement-risque d’un bilan bancaire est devenue un exercice indispensable
Encadré 1
Harry Markowitz a été le premier à formaliser qu’une décision d’investissement entre plusieurs actifs devait
répondre à un arbitrage entre rendement et risque. La modélisation du comportement d’un investisseur est
1. Le rendement futur de tout actif financier est une variable aléatoire dont la distribution est une loi normale.
2. Les rendements des différents actifs ne sont pas indépendants. Ces dépendances sont définies par les
covariances.
3. Les investisseurs ont un comportement défini, une aversion pour le risque qui se traduit par une fonction
d’utilité concave.
4. Les investisseurs sont rationnels et leur horizon est réduit à une période identique.
La principale limite de cette théorie : l’horizon de gestion est réduit à une seule période de temps. A l’instant
initial les décisions d’allocations d’actifs sont prises et à l’instant final les actifs sont cédés à leur prix de
marché.
INTRODUCTION GENERALE 17
Graphique 3
Encadré 2
Frontière efficiente
Considérons une somme fixée qui doit permettre d’acquérir différents actifs qui constitueront un portefeuille.
La distribution du rendement du portefeuille dépend de la distribution de rendement de chaque actif ainsi que
un plan risque-rentabilité, on peut positionner n’importe quel portefeuille imaginable. Ils se situent tous sous
une courbe appelée frontière efficiente. Les portefeuilles sur cette frontière sont appelés portefeuilles efficients.
En effet, pour un portefeuille non efficient, il est possible de trouver un portefeuille à la verticale de ce dernier
sur la frontière efficiente. Ce portefeuille efficient associé offre le même risque pour une rentabilité plus forte;
Le point bas de cette frontière correspond au portefeuille de risque minimal. Le point le plus haut de cette
frontière correspond au portefeuille de rentabilité maximale. Celui-ci ne contient que l’actif de plus fort
rendement puisque le rendement du portefeuille est la somme pondérée des rendements des actifs.
INTRODUCTION GENERALE 18
La notion de taux
Un des risques que j’ai le plus étudié est celui de variations des taux, l’encadré 3 permet de
Encadré 3
Notion de taux
Un jour donné, il est possible d’observer ou de déduire des prix de marché des obligations, la valeur immédiate
(ou prix de marché) qu’il est possible d’échanger contre 1 Franc à la maturité H. Ce prix est appelé prix zéro-
coupon. L’ensemble des prix pour toutes les maturités forme la structure par terme des prix zéro-coupon.
Cette structure bouge en continu dans le temps. C’est donc la déformation de cette structure qui modifie
constamment les valeurs d’échange dans le temps qui génère le risque de taux. Les modèles de taux cherchent
Le taux est une convention qui permet de comparer deux valeurs exprimées dans la même unité de compte (ou
numéraire) à des dates différentes. II est égal au rapport des valeurs, corrigé d’une fonction qui prend en
compte l’écart dans le temps entre les deux valeurs. Ces fonctions sont multiples. Les conventions de base pour
le calcul des durées sont nombreuses. On peut citer les plus fréquentes : la base Exact/Exact, la base Exact/365,
la base Exact/360, la base 30/360. De plus les taux peuvent être exprimés en temps discret comme le taux
actuariel sur une base annuelle ou en temps continu comme le taux zéro-coupon continu des modèles de taux.
Les instruments financiers permettent des échanges dans le temps d’une série de valeurs (appelée aussi
échéancier de flux). Dans le cas des instruments à taux fixes, ces valeurs sont fixées par avance. Dans le cas
d’instruments à taux variables et révisables, elles varient en fonction des évolutions de la structure par terme
des taux.
par terme des taux : la vision de cette évolution comme régie par des processus stochastiques
Le calcul stochastique
INTRODUCTION GENERALE 19
Louis Bachelier dès 1900, a été le précurseur de l’utilisation des méthodes de calcul
brownien. Ce n’est cependant que dans les années 70 que Black et Scholes appliquèrent la
théorie des processus stochastiques, en transférant les modèles utilisés par la physique
utilisée couramment comme norme de mesure par tous les praticiens de la finance, pour les
L’arbitrage consiste à réaliser un gain certain sans mise de fonds (« free-lunch »). L’AOA est
la théorie qui affirme l’impossibilité de réaliser des gains d’arbitrage sur des marchés efficients.
Elle permet d’évaluer le prix d’instruments financiers. Cette évaluation est faite de deux
façons :
L’analyse mathématique de l’AOA met en lumière qu’il existe une probabilité corrigée du
risque (probabilité appelée « risque-neutre » ), unique sur un marché complet et pour laquelle
tous les rendements sont égaux à celui de l’actif sans risque. L’actif à évaluer vaut alors
On réalise un portefeuille composé d’actifs cotés, qui réplique le revenu futur final de l’actif à
évaluer : ce portefeuille est alors appelé portefeuille dupliquant. L’AOA implique alors que le
prix de l’actif est égal celui du portefeuille dupliquant. Le calcul du prix d’une option par
Black et Scholes consiste à valoriser un actif en trouvant sur le marché financier un « pool »
Les arbitragistes ont pour fonction principale de tirer profit des nombreux arbitrages existants
à l’intérieur d’un même marché organisé ou entre deux marchés cloisonnés. En réalisant ces
arbitrages, ils assurent de fait l’équilibre entre les marchés. Sur des marchés naissants, les
arbitragistes, les marges de gain s’amenuisent pour n’assurer que la rémunération du service.
Pour cette raison, dans la pratique courante sur les marchés établis, les arbitragistes sont
conduits à introduire une part de risque pour que les opérations restent lucratives.
INTRODUCTION GENERALE 20
Pour répondre à la question « faut-il titriser et pour quel montant ? » qui fait l’objet de notre
dernier chapitre (chapitre 19), nous nous sommes posés la question de gestion des risques
dans un bilan. Ceci nous a conduit à réaliser plusieurs recherches. Nous présentons cette étape
indispensable dans un premier module consacré à la gestion de bilan. Une fois les enjeux de la
gestion de bilan clarifiés, nous pouvons appliquer la titrisation dans une gestion de bilan. De
plus, la titrisation contient des risques spécifiques associés aux créances et nous avons étudié
Dans chaque module, les recherches ont été regroupées dans le but d’une lecture linéaire. Bien
que d’autres plans nous semblent tout à fait possibles, nous avons repris une présentation
Pour chaque estimation du risque, nous nous sommes attachés à quantifier l’incertitude sur sa
mesure. En effet, pour les lois physiques relativement stables, ce sont les mesures
expérimentales qui sont entachées d’erreurs. Ces erreurs sont prises en compte par les
chercheurs qui bâtissent des modèles théoriques. De façon analogue, pour les lois
comportementales, ce sont les comportements eux-mêmes qui sont entachés d’incertitude sur
leur pérennité. Il ne suffit donc pas de définir un modèle et d’en estimer les paramètres. Il faut
bilan. Il situe l’importance de la gestion des risques pour les autorités de tutelle et pour les
banques. La diversité des pratiques d’analyse (simulation de bilan, méthode des GAPs,
Le chapitre 2 intitulé « Les indicateurs classiques dans la gestion de bilan » souligne l’aspect
pragmatique et conjoncturel des indicateurs utilisés. Une réflexion plus théorique apparaît
nécessaire pour clarifier risques et objectifs des méthodes. Ceci légitime nos recherches.
Le chapitre 3 intitulé « La gestion des risques de bilan » utilise l’histoire bancaire des faillites
américaines et les difficultés des banques françaises pour expliquer comment la gestion de
Après ces travaux d’analyses sur le monde bancaire, nous entrons dans le cœur de nos
recherches.
Le chapitre 4 intitulé « La gestion de bilan au cœur de la banque » est un travail réalisé dans le
Populaires. La Compagnie Bancaire est exemplaire dans la clarification de ses objectifs. Elle
souhaite que ceux-ci soient connus de tous les agents de la banque. Elle intéresse les
commerciaux du réseau sur la marge nette actualisée dégagée par chaque opération. Les
barèmes des crédits visent à couvrir le coût de la ressource au taux de marché, le coût des frais
généraux, le coût des risques commerciaux et le coût des fonds propres. La liaison entre
l’intérêt du commercial et celle de l’actionnaire est ainsi réalisée. Par contre, ce type de liaison
n’existe souvent pas dans les réseaux bancaires comme les Banques Populaires où le volume
de prêts réalisés est la variable de commissionnement des commerciaux. Mes propositions ont
BDAUPHIN
lïl
eu deux types d’impact. Sur le plan méthodologique, l’outil initialement envisagé comme outil
de mesure du risque s’est transformé en outil d’aide à la décision (en intégrant des contraintes
de part de marché, de volume de production, on cherche à trouver le taux optimal de vente des
produits pour répondre à la délicate question « doit-on produire plus avec une marge plus
faible ou moins avec une marge plus forte ? »). Sur le plan pédagogique, la transcription sous
forme graphique et dans le langage des commerciaux de la mesure du risque a permis une
Le chapitre 5 intitulé « La modélisation des dépôts à vue » traite du problème plus large de
cadre du risque de clientèle du schéma 1 de notre conception de la gestion de bilan. J’ai pris
l’exemple des dépôts à vue qui représentent encore plus de 30% du passif du bilan des
banques AFB mais, j’aurai pu tout aussi bien modéliser les Plans d’épargne Logement qui
INTRODUCTION GENERALE 22
contiennent de nombreuses options pour la clientèle. Je montre que les dépôts à vue, couverts
avec des prêts très longs, forment un ensemble très convexe positivement par rapport au
niveau du taux long et de la volatilité. Il apparaît que ce risque est mal appréhendé dans la
pratique de bilan des banques. Dans le cadre de la CAR, pour la gestion du Livret A, nous*
avons montré qu’un lien entre les taux et le comportement permettait une valorisation de cette
duration étendu peut en effet permettre d’intégrer des pans entiers du bilan dans la gestion de
bilan.
Cette recherche a fait l’objet d’une publication : Dupré D., (1996) : « Modélisation des dépôts
Le chapitre 6 intitulé « La gestion du risque de taux d’un portefeuille » cherche à établir une
L’objectif est de s’abstraire des difficultés techniques de la méthode pour remonter à l’idée de
la méthode. Le but est de pouvoir réutiliser ces idées en les adaptant plus tard à la gestion de
bilan. Nous** proposons et justifions le concept de duration étendu, utilisé dans le chapitre 5.
Le chapitre 7 intitulé « L’objectif à atteindre dans la gestion de bilan » réalise une typologie
des objectifs à atteindre dans la gestion de bilan pour les méthodes existantes. Le schéma 1 de
portefeuilles nous montre que les investisseurs sont friands de produits indicés avec un niveau
CAC est un exemple de cette tendance. L’objectif pour un actionnaire est de suivre au moins
objectifs défendus vont être différents selon qu’il s’agit de défendre les intérêts des
progressivement dans le monde entier est la pression des actionnaires via des organismes de
Dans le cadre de travaux réalisés avec les professeurs Nicole El Karoui et Jean-Michel Lasry
De la diversité des pratiques de gestion de bilan que nous avons observées dans différentes
banques, il apparaît que les actionnaires peuvent avoir des objectifs différents. Il s’agit souvent
des fonds propres doit donc être comparé à différents référentiels. De cette analyse, nous
portefeuille et de la gestion de bilan. Le modèle ARMUR, que nous proposons, fait l’objet de
tests en cours. Cette recherche a fait l’objet d’une présentation au colloque de l’A.F.F.I :
Dupré D., Savidan K., (1994) : « Application d’un modèle de diffusion de taux à un problème
Nous prenons ensuite en compte les réalités comptables et prouvons sur un cas réel que les
écarts entre réalités financières et comptables sont en France suffisamment importantes pour
justifier un modèle pour l’objectif intégrant la transcription comptable. Cette recherche a fait
Dupré D., Savidan K., (1994) : «Gestion de bilan bancaire : des objectifs financiers et
Les modèles gaussiens permettent mal d’apprécier les risques extrêmes. On peut séparer tout
risque financier en deux composantes. Le risque de crise, constitué par les grandes déviations
répartition des rendements correspond à ce que nous appelons le risque ordinaire. C’est la
deuxième composante. Le graphique 4 montre que les rendements extrêmes historiques sont
mal représentés par une distribution gaussienne. En effet, les « queues de distribution » des
rendements sont souvent plus épaisses que la distribution gaussienne ne le laisse présager. De
plus, la probabilité de rendement tendant vers l’infini est nulle dans la réalité contrairement à la
distribution gaussienne : le pire rendement n’a pas de sens dans ce type de distribution.
INTRODUCTION GENERALE 24
Graphique 4
rendement
Les fonds propres doivent permettre d’éponger les pertes en cas de crise. Ils sont donc
cascade d’un établissement à l’autre pouvant entraîner une crise économique grave est, depuis
1929, la hantise des nations modernes. Un nouvel outil générique comme la « Value at Risk »
définit pour chaque actif sur un horizon donné, la perte maximale qui ne sera dépassée que
dans x% des cas. Son utilisation est recommandée depuis 1995 par le Groupe des Trente. La
Bank of International Settlements (BIS) autorise son utilisation pour le calcul des fonds
L’objectif d’éviter la faillite pour une banque n’a, à notre connaissance, jamais été quantifié.
la technique des moments partiels inférieurs. Dans ce cadre, nous prouvons qu’un ratio Cooke
imposant une norme de risque soit contrôle mal la faillite pour des prêts trop risqués soit
pénalise l’objectif des actionnaires pour des prêts peu risqués. Cette étude étaye le point de
vue des banques qui souhaitent une norme adaptée à l’historique des pertes. Cette recherche à
Dupre D., Méhu C., (1996) : « Modélisation du risque de faillite bancaire », Congrès A.F.F.I
Le chapitre 8 intitulé « Le rendement nominal est-il bien adapté à la gestion de bilan ? » fait
partie de la réflexion sur les objectifs. Je montre ici que si un actionnaire vise à comparer son
placement avec un placement qui maintient son pouvoir d’achat alors c’est le taux réel qu’il
convient de modéliser dans le futur. Cet objectif se différencie d’une méthode utilisée en
gestion de bilan basée sur l’étude du solde final de trésorerie où le taux nominal intervient.
conception de la gestion de bilan alors que les chapitres 7 et 8 sont consacrés au premier
facteur. Nous comparons deux méthodes utilisées en gestion de bilan. La première vise à
minimiser la variation à la date initiale de valeur du bilan alors que la seconde vise à minimiser
les variations de valeur à l’horizon H. Il apparaît, en étudiant les résultats des tests effectués,
que la première méthode aboutit à un bilan qui ne minimise pas le risque à l’horizon H. De
même, la deuxième méthode aboutit à un bilan dont les variations de valeur à la date initiale ne
sont pas négligeables. L’importance de l’horizon dans la gestion de bilan est démontrée. Cette
Dupré D., Savidan K., (1994) : «Gestion de bilan bancaire : des objectifs financiers et
risque. Cette recherche se situe dans le cadre de la politique d’émission du schéma 1 de notre
conception de la gestion de bilan. J’ai traité le cas d’un prêt refinancé sur deux souches
obligataires. Dans ce cadre, j’ai montré qu’un positionnement précis sur la frontière efficiente
et donc un calcul précis du montant à émettre sur chaque souche est indispensable. En effet,
deux tendances s’opposent. La première tendance pousse à prendre plus de risque car le
minimum de risque correspond à une vraiment forte aversion au risque (forte pente initiale de
la frontière efficiente). La deuxième tendance pousse à limiter les risques car la taille de la cible
dans le plan rendement risque liée aux incertitudes sur les paramètres du modèle de taux croît
INTRODUCTION GENERALE 26
prêts à titriser lorsque le prix d’achat des créances est fixé. Je propose de définir une fonction
linéaire des deux objectifs qui permet de les pondérer. Il existe une autre possibilité qui est de
considérer que l’horizon d’investissement n’est pas défini précisément. Dans cette optique, il
apparaît intéressant de définir une mesure du risque qui intègre la réalisation de l’objectif sur
toutes les dates jusqu’à l’horizon final de gestion (voir notre méthode ARMUR).
Le chapitre 12 intitulé «De nouveaux acteurs» présente les métiers autour de l’activité du
crédit aux Etats-Unis. Ce sont soit des spécialisations de tâches encore imbriquées dans la
Le chapitre 13 intitulé « Les américains » met en perspective la titrisation par une étude
historique de ce marché.
Le chapitre 14 intitulé «Les français» décrit les opérations réalisées et analyse de façon
Le chapitre 15 intitulé « Analyse économique générale » montre les intérêts tant macro
plus efficace de leur économie. Les banques y trouvent une gestion optimale du crédit et des
risques inhérents à cette activité. La titrisation optimise la ressource rare qu’est le capital et
Le chapitre 16 intitulé « La titrisation dans la gestion de bilan en France » recherche les causes
des opérations réalisées. Elle souligne la différence de la gestion de bilan entre les banques
spécialisées dans le crédit et les banques généralistes. Cette recherche a fait l’objet d’une
présentation à un colloque :
INTRODUCTION GENERALE 27
Dupré D., El Babsiri M., (1994) : « Sécuritisation in Asset-Liability Management : the Case of
France », The Architecture of Capital and Money Market Transactions, The Financier’s Paris
principaux à respecter dans la structuration d’un fonds dans une optique de gestion de bilan.
Le chapitre 18 intitulé «Valoriser les parts de FCC» porte sur l’organisation du marché
titrisation.
Après avoir souligné que pour attirer massivement les investisseurs, la liquidité du marché
secondaire devait être assurée, j’ai proposé une gestion du risque de remboursements
français, un premier modèle économétrique simple qui correspond aux données disponibles de
Dupré D., (1995) : «Titrisation : le développement d’un marché secondaire organisé attirant
les investisseurs passe par le pricing des parts de FCC ». Colloque AFFI, Bordeaux, Juin 1995.
Le chapitre 19 intitulé «Combien faut-il titriser?» permet de calculer sur un bilan réel
simplifié le montant de prêts à titriser. J’ai considéré l’actif d’un bilan composé de prêts,
d’actions, d’immobilier et de trésorerie. J’ai montré sur cet exemple précis que la gestion
quantitative appliquée au rendement des fonds propres d’un bilan permet de préciser les
risque car si c’est l’écart entre la réalisation et l’objectif qui définit le risque, c’est l’aversion au
Dans le cas réel où la proportion de prêts est trop forte par rapport à l’optimum, la titrisation
est l’outil adapté pour diminuer cette proportion. Cette recherche a fait l’objet d’une
présentation à un colloque :
Dupré D., (1995) : «Faut-il titriser: l’allocation optimale des actifs d’un bilan». Colloque
Cette introduction décrit nos choix d’études ainsi que les apports de nos travaux. Nous
entrons maintenant successivement dans le module 1 consacré à la gestion de bilan puis dans le
PREMIERE PARTIE
‘Définition Cagestion
cCe(Ce 6iCan
de l'inventaire des risques à leur gestion
L’objet de cette partie est de définir ce que peut-être une saine gestion pour la banque. Je
présente les principaux aléas financiers qui affectent la stabilité des résultats d’une banque.
J’étudie ensuite plus précisément le risque de taux sur lequel la titrisation peut effectivement
avoir une influence. Pour cela, je décris les indicateurs classiques de la gestion de bilan.
L’objectif final étant de satisfaire l’actionnaire et de gérer les risques de faillite.
Les contraintes de saine gestion 31
Chapitre 1
La gestion de bilan bancaire (« Assets and Liabilities Management ») s’est imposée en France
comme une nécessité depuis une dizaine d’années. Le désencadrement du crédit et la vague de
déréglementation plus globale ont généré une explosion de l’innovation financière. Les faillites
des Entrepreneurs ont fait entrer dans les moeurs la nécessité d’une gestion de bilan. La
gestion globale des risques consistait avant 1970 à la gestion du passif. Puis elle s’est étendue
Depuis, elle s’est intéressée au calcul du rendement des fonds propres. Les travaux actuels
La gestion globale des risques concerne la banque qui veut affecter ses fonds propres aux
opérations les plus rentables. Suivant l’analyse rendement-risque, elle doit fixer le niveau de
risque qu’elle souhaite prendre et contrôler que son portefeuille d’activité est alors bien un
portefeuille efficient. La gestion de bilan concerne également les autorités de tutelle qui
doivent assurer la stabilité du système financier et donc mettre en place des ratios qui
La diversité des risques nécessite de mettre en place une méthodologie générale afin de les
cerner et de les quantifier. Un nouvel outil générique comme la « Value at Risk » définit pour
chaque actif sur un horizon donné, la perte maximale qui ne sera dépassée que dans x% des
cas. Notre propos ici est tout autre. Nous voulons préciser en quoi consiste la gestion du
risque de taux. Nous décrivons dans une première section la diversité des risques en partant
d’un exemple de produit financier courant : un prêt au particulier. Dans un second temps, nous
précisons les contraintes réglementaires. Enfin, nous décrivons les approches classiques de
Bessis (1996) considère deux sortes de risques : les risques financiers et les risques
opérationnels. Ces derniers sont les risques liés au mauvais fonctionnement interne de
l’organisation. Ils ne doivent pas être sous-estimés mais dépendent du contrôle interne de
gestion et non d’une approche financière. Les risques financiers comprennent six types de
Le risque de contrepartie est le risque de défaut d’un emprunteur face à ses obligations.
Le risque de taux est le risque de voir les résultats affectés par des mouvements adverses des
taux d’intérêt.
Le risque de marché est celui de variation défavorable des positions pendant la durée
Le risque de change est le risque de voir les résultats affectés par des mouvements des taux
de change.
Le risque de solvabilité est celui de ne pas disposer des fonds propres suffisants pour
Des causes multiples rendent le résultat des banques aléatoires. La liste des risques est
impressionnante. Elle consiste à décliner tous les types de risque sur tous les produits achetés
et vendus par la banque. Nous en citerons simplement quatre qui concernent les prêts pour
illustrer notre propos: le risque de perte qui apparaît après épuisement des recours
de taux lié à l’option cachée de remboursement qui a été cédée à l’emprunteur par la banque
avec le prêt (cette option apparaît dès que l’indemnité de remboursement demandée au client
n’est pas actuarielle) et le risque de taux global suite à un décalage possible des taux entre les
emplois et les ressources. Au cours de ces dix dernières années, il est apparu pour les prêts
que le coût des options cachées pouvait être du même ordre de grandeur que celui des pertes
(ceci a été montré par une étude interne du Crédit Foncier de France en 1988). La gestion des
Les contraintes de saine gestion 33
recouvrement du service du contentieux. La gestion des autres risques dépend d’une gestion
globale de bilan.
ensuite déclinée pays par pays par les autorités nationales. Dans un premier temps, il s’est
solvabilité (ratio de liquidité) ou la faillite (ratio « Cooke »). Les fonds propres comprennent
un « noyau dur » et des « quasi fonds propres » (titres subordonnées comme les TSDI par
exemple, réserves) en proportion maximale de moitié. Les risques sur les prêts sont pondérés
suivant la qualité de la contrepartie. Pour cette raison, les prêts à la consommation reçoivent
une pondération de 100%, les prêts hypothécaire de 50%, et les collectivités locales de 20%.
Les calculs conduisant à des exigences minimales de fonds propres ont profondément évolué
pour tenir compte de la multiplication des produits et des risques financiers. L’encadré 4
montre pour exemple le nouveau traitement du risque de position sur les instruments de taux.
Encadré 4
Elle réglemente trois types de risques : le risque de position, le risque de change et le risque
de règlement et de contrepartie.
« L’évaluation de chacun des risques est faite sur la position résiduelle issue de la
compensation des positions de sens opposé sur un même instrument, émis dans une même
On notera que cette mesure est extrêmement prudente. En effet, la rigidité des compensations
et l’interdiction de tenir compte des corrélations de risque entre deux produits proches
conduisent à bloquer réglementairement plus de capital que le risque réel en exigerait pour les
arbitrages.
GESTION DE BILAN 34
Dans la directive européenne, le risque de position sur les instruments de taux comporte deux
Le risque spécifique se traduit par des quotités jusqu’à présent imposées par le ratio Cooke.
- les éléments éligibles en raison d’un niveau de notation donné par les agences
internationales mais déterminés par les autorités de chaque pays, dont la pondération
Le risque général est basé soit sur un calcul de duration, soit sur l’application de variation de
rémunération pour un service et pour les risques associés à celui-ci. Pourtant, en dépit de ce
principe, les traumatismes des faillites liées à la totale négligence de ces risques ont
naturellement poussé les banques à vouloir les annuler. Il faut souligner que gérer le risque de
Cette gestion peut être effectuée à un niveau local (micro-couverture) ou global (macro
compensations entre positions. La micro-couverture revient à gérer un risque sur une unique
position. De par la théorie de Markowitz (1952), l’optimum financier ne peut être assuré que
par une gestion globale centralisée de l’ensemble des positions. Pour des questions
d’organisation des banques en centre de profits, la gestion décentralisée peut s’avérer plus
facile et moins coûteuse en traitement. La plus cruciale des questions d’organisation est de
définir les risques qui gagnent effectivement à être gérés de manière agrégée.
établissements financiers spécialisés dans le crédit. Pour des banques généralistes ayant de
multiples activités, il convient d’optimiser la diversification comme nous l’avons souligné dans
notre introduction générale. La seconde analyse utilise donc les techniques de gestion
quantitative de portefeuille pour optimiser l’allocation des fonds propres entre diverses
maturité des souches obligataires lors d’une émission est le résultat d’un arbitrage
rendement-risque. Dans ce cas, pour un risque choisi, le refinancement optimal est déterminé.
Le problème alors posé est l’évaluation du risque lié à l’évolution des taux d’intérêt. Des
méthodes d’adossement considérant les taux futurs déterministes ont été les premières
développées. Puis sont apparus les modèles considérant les taux futurs aléatoires qui
quantifient le risque représenté par la variance d’une variable objectif préalablement choisie.
Celle ci détermine le rendement minimal pour inclure un actif dans le portefeuille global des
covariance des rendements. Le chapitre 19 montre comment calculer l’allocation optimale des
Sur un horizon long terme, un objectif courant consiste à maximiser le rendement moyen des
rendement impose un calcul des flux financiers jusqu’à l’horizon et une valorisation du bilan à
cet horizon.
Pour le calcul année par année, il convient d’étudier le risque de bilan (ou d’exploitation) sur
chaque résultat. L’approche comptable des résultats financiers reste proche d’une comptabilité
de caisse (au sens crédit moins débit) et l’on peut étudier la chronique des résultats et sa
sensibilité aux mouvements de taux. La méthode des « GAPs » est de ce type. Elle permet de
mettre en évidence le risque de bilan lié à la sensibilité des résultats comptables aux variations
de taux. Plihon (1995) montre que les variations annuelles des résultats des banques françaises
peuvent être extrêmement importantes puisqu’elles ont été supérieures à 50% dans les années
80 en France.
Conclusion
Les risques sont de natures variées. Pour être évalués, ils nécessitent des systèmes
d’informations et des théories parfois très sophistiquées. Leur gestion intéresse à la fois la
supranationales. Pour ces trois raisons, une saine gestion s’avère extrêmement complexe.
Les indicateurs classiques de la gestion de bilan 37
Chapitre 2
Il est très vite apparu nécessaire d’envisager une méthode d’analyse globale et cohérente de la
sensibilité d’une position aux variations de taux : la méthode des « GAPs » introduite en 1980
aux USA a été largement diffusée pour étudier les variations de marge des stocks. Elle vise à
minimiser le risque de déformation parallèle de la courbe des taux. Elle a été perfectionnée
Le calcul de la Valeur Actuelle Nette (VAN) est l’indicateur complémentaire qui fournit la
valeur de la banque quand les points de sensibilité (extension de la méthode des « GAPs »)
L’analyse du bilan par ces indicateurs permet de bien voir où intervient le risque de taux. Dans
cette optique, de multiples difficultés d’appréciation surgissent comme la durée de vie des
dépôts et les hypothèses de la production future. Cependant cette méthode reste descriptive et
ne permet pas de déterminer quelles sont les décisions financières à prendre. Cette simulation
doit donc être intégrée dans un optimiseur qui agit sur les variables de contrôle jusqu’à ce que
l’optimum d’un objectif fixé soit atteint. C’est ce que nous proposons au chapitre 4.
années 80. Son objectif est d’analyser l’impact sur les résultats d’une translation de la courbe
Elle décompose un bilan bancaire en actif et passif, contenant chacun des postes dégageant des
flux caractérisés par un taux et un échéancier. Il est possible de classer ces postes par taux puis
par échéance et de scinder chacune de ces classes en deux parties. La première partie contient
GESTION DE BILAN 38
les flux non affectés par un mouvement de taux. La seconde inclut les flux affectés par un
mouvement de taux (ce sont ceux des postes à taux variables et ceux de la production nouvelle
On définit un GAP comme l’écart, à une date donnée t, entre l’actif et le passif. En particulier,
on appelle GAP à taux fixe, la différence entre l’actif et le passif non affectés par un
avec :
O : la date aujourd’hui.
t= 1,...,H : les périodes futures ( la durée des périodes peut être la semaine, le mois,
l’année).
Tt : le total du bilan en t.
On appelle marge, la différence à la date t, des intérêts reçus provenant des postes de Pactif et
A, eBilan [ 7) - A, ] eBilan
avec :
Cette marge peut s’exprimer d’une autre manière. En décomposant le bilan en stock et
production nouvelle, on écrit la marge comme la marge sur le stock augmentée de la marge
La marge sur le stock est définie à partir du revenu du stock d’un bilan comprenant n actifs
c / n .
Il a la particularité d’avoir, avant la date de révision des taux une valeur indépendante de tout
La marge sur la production nouvelle est une marge moyenne sur chaque période. Dans
notre cas, la production nouvelle pour chaque ligne de bilan est considérée constante en
volume, en durée, en type de taux. La production est annuelle, centrée en milieu de période.
Le revenu de la production nouvelle des nouveaux actifs et nouveaux passifs est défini par :
j • n' m'
Les encours sont les encours moyens estimés sur la période considérée. Le coût de
production
I. Le calcul de la VAN
La valeur actuelle nette (VAN) est la valeur « à la casse » de la banque en considérant une
vente instantanée de tous ses actifs et passifs. C’est la valeur de marché des emplois
augmentée de celle des engagements hors bilan, diminuée de celle des ressources. Pour un titre
coté, le prix retenu est celui du marché. Pour un titre non négociable, le prix correspond à la
somme des flux financiers qu’il génère, actualisés suivant la structure par terme des taux.
GESTION DE BILAN 40
La création d’un nouveau marché comme celui de la titrisation, offre la possibilité de valoriser
des créances sur un marché et donne ainsi une estimation du prix à retenir pour un « pool » de
comptabilité française n’est pas toujours le reflet de la valeur réelle des actifs. Il convient de
retraiter les valeurs comptables inscrites au bilan pour certains actifs. On citera pour exemple
l’enregistrement comptable de la valeur d’achat pour les biens immobiliers et celui du capital
le montant de gain ou perte qui résulte d’une variation donnée des taux d’intérêts (par exemple
1%). Pour calculer les points de risques pour des échéanciers à taux fixes, il est classique de
passer par un indicateur appelé duration. La sensibilité d’une obligation à taux fixe a été
définie par Macaulay et Hicks (1938) comme la variation relative du prix de l’obligation à une
variation de taux. Dans cette acceptation, les taux sont déterministes et la courbe des taux est
plate.
La méthode des « GAPs » se limite aux produits à échéanciers bien déterminés et est
entièrement basée sur l’exploitation des données comptables. Par contre, les produits
complexes, comme les dépôts avec les problèmes de loi d’écoulement dans le temps (voir
d’investigation du risque de taux est étendu à tous les produits inscrits aussi bien dans le bilan
que le hors-bilan.
prévisions de bilan et de compte de résultat sur les exercices futurs en intégrant l’évolution des
taux et la production nouvelle. Dans la pratique, se déterminent des règles d’analyse du risque
et des conventions de retraitement applicables à certaines lignes de bilan sont fixées. Ces règles
Les indicateurs classiques de la gestion de bilan 41
I. La période d’analyse
Il est nécessaire de fixer un échéancier des résultats à partir duquel on calcule les marges
bancaires sur l’exercice comptable en cours. Puis, il faut réaliser un découpage du temps pour
chaque ligne.
Pour avoir, à chaque résultat annuel, une bonne photographie du bilan, il faut que celui-ci
contienne toute l’information pour chaque ligne de bilan considérée. Or, certaines ne sont pas
échéance sont alors établies. Elles permettent de traduire une réalité de renouvellement
automatique des encours ou de leur évaporation. Elles donnent aussi la possibilité de simuler
l’évolution du bilan. Selon les postes, les conventions sont déterminées à partir d’analyses
Ces postes de bilan, de part leur complexité (certains impliquent des options cachées, d’autres
ont des taux non référencés), nécessitent une analyse préliminaire à leur insertion dans le
cependant être intégrés dans le bilan car ils représentent des montants à financer ou à placer et
donc ils sont générateurs de risque de taux. De plus, il convient de réaliser une analyse du
risque sur un bilan réel où le montant des actifs équilibre celui des passifs. Pour les fonds
propres, le taux choisi est nul pour ne pas perturber le calcul de la marge; son échéance est
celle de l’horizon de gestion à savoir le poste dont la durée de vie est la plus lointaine. Pour les
immobilisations d’exploitation, le taux choisi est nul et son échéance est la plus lointaine. Son
résultats constatés.
GESTION DE BILAN 42
La première hypothèse se trouve dans les scénarios de mouvement de taux et les anticipations
du gestionnaire. Plusieurs situations sont envisagées (telles une hausse des taux court terme et
une baisse des taux long terme) et appliquées au bilan afin de mesurer les effets sur la marge
prévisionnelle.
La seconde hypothèse est faite lors de la reconstruction d’une structure par terme des taux
basée sur les prix zéro-coupon. Elle fournit les taux « forwards » nécessaires aux anticipations
La troisième hypothèse est faite sur les corrélations futures des différents marchés de taux. Ces
corrélations sont nécessaires pour garder la cohérence des scénarios des divers taux.
Enfin, la dernière hypothèse (forte) repose sur le choix d’un indicateur du risque de taux. La
duration reste à l’heure actuelle le plus employé. La duration d’une valeur financière est liée à
son élasticité aux variations de taux d’intérêt auxquelles elle est soumise. Dans cette
plusieurs paramètres.
La marge est une fonction des taux qui génèrent les flux des postes du bilan. Ils peuvent être
divers et leur multiplicité est la cause de nombreuses difficultés dans l’analyse du risque de
taux. Trois natures de taux peuvent cependant être dégagées : les taux de marchés (TAM,
TMO, PIBOR), les taux négociés (comptes à terme), les taux réglementés (plans ou prêts
d ’ épargne-logement).
Il s’agit de s’assurer que les scénarios d’évolution des taux sont compatibles avec les prix de
marché des instruments cotés et avec la théorie de l’Absence d’Opportunité d’Arbitrage. Ceci
est vrai notamment pour les modèles de structure par terme des taux dérivés de celui de
Vasicek.
Dans la première approche, les taux à terme sont calculés à partir d’un raisonnement
différentes maturités. Les corrélations entre les taux obligataires sont calculées historiquement.
Dans la seconde approche, la gamme des taux est aléatoire, définie à toute date par un modèle
à une ou plusieurs variables d’état. Dans ce cas, la corrélation entre les taux du marché
Les indicateurs classiques de la gestion de bilan 43
obligataire est interne au modèle. Elle est entièrement déterminée par la fonctionnelle du
modèle.
Le bilan est modifié par la production nouvelle. Il faut intégrer les prévisions de productions
sur les années à venir pour obtenir une évolution dans le temps du bilan plus proche de la
réalité. La simulation de l’évolution de bilan devient erronée si l’on n’y intègre pas les
conséquences des stratégies commerciales dans l’analyse du risque de taux. Aussi des
catastrophe « Stress-test » peut alors être défini correspondant à une sensibilité maximale du
Conclusion
Des indicateurs sont utilisés dans les banques. L’approche américaine est très pragmatique et
cerne les enjeux majeurs qui ont engendré les problèmes financiers ces trente dernières années.
Un label commun de gestion de bilan ou ALM laisse présager une uniformité des pratiques. La
réalité fait apparaitre une certaine diversité. Pour cette raison, une réflexion plus théorique
DEUXIEME PARTIE
QueCCes banquesgèrent r
L'accroissement des risques
L’objet de cette partie est de décrire les causes du besoin croissant d’une gestion fine des
risques d’un bilan bancaire. Nous montrons comment la déréglementation, dans les années
1960, en libérant des contraintes a créé des déséquilibres. Après une série de faillites,
l’adaptation à l’environnement fluctuant des marchés est gérée au coeur du métier de la
banque et se nomme gestion de bilan. Des causes similaires en France ont abouti à la même
nécessité de gestion de bilan.
La gestion des risques de bilan 45
Chapitre 3
permettaient aux banques de gérer leur bilan suivant la règle du « 3-6-3 » : payer 3% pour
les dépôts, consentir des prêts à 6% et partir pour le golf à 3 heures de l’après-midi.
Alors que la « réglementation Q » limitait le taux de rémunération des dépôts, les taux
Un vent de déréglementation forte, dès 1980, permit l’apparition sur le marché américain
de titres rémunérés à des taux de marché : ce furent les « Money Market Mutual Funds »,
Le résultat fut une fuite des dépôts faiblement rémunérés et une obligation pour les caisses
d’épargne de trouver les financements substitutifs pour les anciens prêts. Ces financements
avec des taux très élevés, bien supérieurs aux taux consentis pour les prêts, modifièrent le
déficits. La faillite retentissante des « Saving and Loans » obligea le gouvernement à mettre
leurs bilans. Les informations ont fait état dès 1985 de plus de 500 caisses d’épargne dont
la valeur des fonds propres était négative principalement en raison de l’écart entre
ressources et emplois à taux fixe non couvert dans leur bilan par des instruments appropriés
(« swaps », « caps »....). L’ALM (« Assets and Liabilities Management ») est née à
l’occasion du problème de faillite des caisses d’épargne américaines. La question s’est alors
posée de limiter les écarts de maturité entre l’actif et le passif. Ces écarts ont un impact sur
les variations de valeur réelle du bilan et peuvent aussi générer des problèmes de liquidité,
donc de refinancement.
GESTION DE BILAN 46
banques françaises, ainsi que la vague de produits financiers complexes tels que les
« swaps », les options, les produits « dérivés » ont bouleversé également le bilan des
transformation d'une épargne courte (des dépôts à vue) en prêt éventuellement refinançable
(pour les prêts hypothécaires) sur un marché organisé se retrouve aujourd'hui avec un bilan
juxtaposant des éléments sur lesquels reposent des risques de natures diverses. De plus, la
baisse importante des taux d’intérêt a montré aux banques qu’elles avaient jusqu’alors
vendu des options de taux sans les avoir fait payer : ceci est vrai pour les options de
remboursements anticipés dans les prêts à taux fixe dont les indemnités faibles compensent
rarement la perte actuarielle subie par la banque. Ceci est également exact pour l’épargne-
logement qui comporte à la fois une option de durée sur un taux d’épargne fixé (qui a
Le bilan de la banque est souvent considéré comme un lourd paquebot lent à la manoeuvre.
La réalité des chiffres est bien différente. En cinquante ans, marqués par trois réformes
passif des bilans des banques régies par l’Association Française des Banques (AFB). Les
trois réformes réglementaires qui ont marqué l’évolution des tendances des bilans, sont
Graphique 5
100% -i
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$ in NO VO r- r- 00 00 On
On On ON ON ON ON ON On ON ON
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Année
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fin i B 1 -Cb.il -Dbl IlLnJ m JOL
1946 1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1993
Année
La nationalisation des quatre grandes banques de dépôt avait pour objectif d’accompagner
moitié des emplois en titres de la dette publique en 1946, les banques réalisaient leur rôle
moteur dans l’économie avec des crédits bancaires passant de 50% à 90% des emplois
La banque universelle a été consacrée par les décrets de 1966 et 1967. Les crédits
bancaires représentaient de 80% à 90% de l’actif du bilan. Les dépôts dont l’interdiction de
dépôt furent créés à partir de 1985. L’encadrement du crédit fut aboli en 1987 et la
titrisation créée par la loi de 1988. La part du crédit baissa fortement à l’actif, en passant de
85% en 1980 à 55% en 1993. En 13 ans, la part des dépôts diminua de moitié passant de
73% à 35% de 1980 à 1993. Dans le même temps, les certificats de dépôt passèrent à 40%.
B. La rentabilité
Nous avons vu dans l’introduction que la rentabilité des banques françaises s’est dégradée
dans le temps et parait aujourd’hui très loin des normes de rentabilité anglo-saxonnes qui
banques est encore la part de marché et non la rentabilité des fonds propres immobilisés.
Pour préserver cette part, ces banques ont tendance à vendre au coût marginal voire à
perte. La baisse des dépôts non rémunérés au profit des instruments financiers rémunérés
n’a pas été suffisamment prise en compte par les banques de dépôts dans la tarification de
leurs crédits. Le graphique 7 montre cependant que cette chute des dépôts non rémunérés
dans le refinancement a été spectaculaire passant de 80% en 1960 à moins de 60% en 1980
Graphique 7
100%
I 80%
0>
Q
*5 60%
JU
& 40%
f
B
0>
ü
§ 20%
0%
Année
Des marges faibles, parfois même négatives, engrangées depuis des années, présagent une
l’influence notable de l’hypothèse de baisse des dépôts non rémunérés sur la marge des
crédits dans le chapitre 16. La gestion de bilan est tout d’abord un moyen d’éviter les
faillites. Dans une phase constructive, elle est le moyen de viser toujours une rentabilité
élevée. Seules les banques les plus rentables trouvent facilement des capitaux et assurent
leur avenir dans un environnement bancaire mondial où les fusions ne vont laisser qu’un
TROISIEME PARTIE
tPourquoigérer Ce 6iCcm?
un objectif de gestion commun à tous
La gestion de bilan est au coeur des objectifs de la banque. Trop souvent, cependant, la
banque se limite encore à mesurer le risque. La réussite de la gestion de bilan nécessite
d’intéresser les différents acteurs de la banque. Les banques cherchent de plus en plus à
impliquer et convaincre les forces commerciales dans la politique de gestion des risques. Pour
cela, je montre qu’il est possible de définir des types d’indicateurs suffisamment simples et
significatifs pour être unanimement acceptés par tous les acteurs de la banque. Les banques
disposent pour élaborer leur politique commerciale et financière des résultats d’analyse des
différents scénarios relatifs aux évolutions de taux et à l’activité commerciale. Les marges
financières doivent être scindées en marge commerciale et en marge de transformation pour
établir les parts respectives du travail des commerciaux et des financiers. Je montre comment il
est possible d’intégrer les préoccupations du pilotage de la banque dans des problématiques de
stratégie et de tarification commerciales.
La gestion de bilan au coeur de la banque 51
Chapitre 4
Pour une banque spécialisée, la gestion de bilan, vue comme un arbitrage rendement risque, se
limite à une gestion de la politique des émissions obligataires. Dans le cadre le plus simple, un
bilan peut se schématiser par des prêts sans risque à taux fixe et des souches obligataires à
taux fixe. Ceci est le cas des banques spécialisées dans les prêts immobiliers (CFF, Banque la
Hypothécaire).
Bilan
ACTIF PASSIF
Trésorerie Obligations
En France, la CAR réalise une « titrisation » dans son bilan. Elle achète des créances à taux
mission de la CAR est de gérer très finement le seul risque de taux qui, pour une banque,
aurait une importance moindre en raison de la présence d’autres types de risques. Pour ce
problème peut être étendue à des situations plus complexes. Nous voyons au chapitre 7 que de
Lasry (1988), Ekeland et Yip (1992) puis Dupré et Savidan (1994) ont mis en place des
Par contre, le problème d’une banque à réseau, même simplifié à l’extrême, se révèle beaucoup
plus complexe. En collaboration avec la direction financière de la Caisse Centrale des Banques
Populaires, nous proposons une analyse de la gestion du risque pour ce type de banque.
Dans une première section, nous présentons une simplification "réaliste" d’un bilan de banque
mutualiste.
Dans une seconde section, nous proposons des indicateurs de gestion du risque. Les
graphiques des indicateurs présentés n’utilisent pas de données réelles, celles-ci étant
indisponibles. Cette limitation n’est cependant pas un handicap majeur car l’objectif de la
banque est, avant même de présenter et récolter les informations, de concevoir les indicateurs.
Le gestionnaire de bilan doit fournir des données synthétiques de représentation des risques
qui soient visualisables par tous les agents de la banque. En effet, il importe d’expliquer à
chacun son impact dans le processus de création des bénéfices futurs : les forces commerciales
Dans une troisième section, nous proposons une méthode de gestion dynamique. Elle est basée
sur le calcul d’un optimum de gestion. Trop souvent, la difficulté de rassembler les données
nécessaires réduit l’exercice à une mesure du risque. Les méthodes de « GAPs » et de VAN
sont limitées à la description du phénomène mais ne permettent pas de tirer des conclusions
sur la stratégie commerciale à envisager pour éviter les pertes ou pour tirer parti des profits
problème : plus qu’un outil de mesure du risque, il faut un outil d’aide à la décision pour la
gestion de ce risque. Le gestionnaire peut alors agir dans des plages déterminées sur deux
types de variables de contrôle. Les volumes et les taux sur chaque production nouvelle
composent le premier type alors que les volumes sur chaque souche obligataire de
La composition du bilan est agrégée en prenant en compte 10 postes. Cela permet une
Tableau 1
ACTIF PASSIF
Trésorerie
Trois problématiques se dégagent : les dépôts sans échéance contractuelle, les lignes de bilan à
taux réglementé, les productions nouvelles. Les dépôts sans échéance contractuelle font l’objet
du chapitre 5 suivant. Les lignes de bilan à taux réglementé peuvent représenter une part
importante du bilan, certaines peuvent être considérées comme des bilans cantonnés
autonomes (épargne-logement). Les productions nouvelles doivent être prises en compte car
Pour établir une politique tarifaire, un indicateur comme le VAPE, définit par Alard (1994) et
décrit dans l’encadré 6 permet de comparer des stratégies commerciales. Cet indicateur est
analogue à celui de marge par produit que les industriels utilisent depuis des décennies.
Notre approche est similaire. Elle rajoute à ce calcul, une estimation plus poussée du risque en
prenant en compte la partie aléatoire des profits liée à l’évolution des taux.
GESTION DE BILAN 54
Encadré 6
La marge commerciale est calculée par différence entre le taux client et le taux d’adossement
production est engrangée. Cet adossement doit assurer une immunisation contre les risques
La marge commerciale sert à rémunérer trois composantes que sont le coût des risques, les
Avec un objectif de rentabilité des fonds propres et une connaissance analytique des
différentes catégories de coûts, il est alors possible de déterminer un objectif sur la marge
commerciale.
La VAPE correspond à l’actualisation des profits correspondant à la marge nette. Celle ci est
calculée par produit et génération de production. La VAPE a une propriété d’additivité qui
Une VAPE globale permet d’analyser la rentabilité d’un client. Il est ensuite possible
d’étendre l’analyse en regroupant des segments de clientèle. Un contrôle de gestion peut alors
être mis en oeuvre comparant les VAPE ex-ante et ex-post. La qualité des prévisions est ainsi
contrôlée.
arbitraires et non probabilisés. Notre calcul des indicateurs considère la marge comme une
variable aléatoire. L’atout est que l’on prend en compte une multitude de scénarios possibles
et on calcule la marge espérée comme une moyenne des marges prévisionnelles possibles.
C’est un estimateur du risque plus réaliste que la marge prévisionnelle calculée à partir d’un
Il est alors possible de fournir la répartition de cet indicateur et de contrôler ses variations
conséquentes à une diffusion d’un modèle d’évolution aléatoire de la structure par terme des
La gestion de bilan au coeur de la banque 55
scénarios est donc différente de celle ordinairement adoptée. On considère l’évolution des taux
d’une méthode de type Monte-Carlo. Les corrélations entre taux réglementé et taux du marché
de la direction générale aux commerciaux en contact avec les clients. La réussite d’une mission
gestion du risque de taux dépend très largement de la compréhension par tous de la pertinence
des choix demandés. Pour cette raison, il faut soigner la communication et le choix de
L’objectif doit pouvoir être traduit sur le plan comptable, commercial et financier. Nous
proposons trois options de visualisation pour nos indicateurs. Le premier est le résultat
comptable. Le second est la marge dégagée qui est le rapport du résultat sur le montant de
l’actif. Le dernier est le rendement des fonds propres qui est le rapport du résultat sur le
montant des fonds propres. Chaque indicateur cité étant plus proche de la réalité quotidienne
privilégier l’un par rapport à l’autre. Progressivement, en effet, l’ensemble de ces indicateurs
doivent devenir la base de discussion commune à tous les acteurs de la banque dans les
processus de décision.
L’organisation mise en place dans de nombreuses banques (BNP, Crédit Mutuel) vise à
séparer la part de la marge générée par la commercialisation des produits et celle provenant de
la transformation financière. Seule cette dernière (appelé aussi « Mismatch » du bilan) est
pilotée uniquement par l’équipe responsable de la gestion de bilan. Dans cette optique, chaque
visualisation de nos indicateurs exprime les parts respectives des commerciaux et des
financiers dans les résultats dégagés. Il est en effet intéressant que la transformation financière
Pour ce faire, la marge commerciale de chaque produit de l’actif ou du passif, doit être
calculée par différence entre le taux brut du produit concerné et son taux notionnel équivalent.
produit. Dans la pratique, cela oblige à considérer l’adossement parfait réalisé sur chaque
GESTION DE BILAN 56
production. Pour un scénario d’évolution des taux d’intérêt, il faut alors comparer le
rendement de ce bilan fictif adossé avec le bilan réel existant. On notera cependant la difficulté
de connaître ce taux pour les dépôts non rémunérés. Une méthode est proposée au chapitre 5
Sur un horizon de gestion donné, un premier indicateur synthétique doit donner une
information sur la qualité de gestion sur l’horizon. Une vision plus détaillée peut parfois
s’avérer nécessaire. Elle est alors fournie par un indicateur pour chaque année de gestion.
moyenne sur l’horizon. Pour le résultat, il représente le résultat final cumulé. Pour le
rendement des fonds propres il est le rendement moyen. Les barres représentent la répartition
lu sur l’échelle de gauche. Bien que la somme des contributions fasse 100%, il est possible
qu’une des deux courbes ait des contributions négatives en certaines parties de la distribution.
Graphique 7
13
.1
O)
-d
<D
U
G
v
G
O*
U
La gestion de bilan au coeur de la banque 57
Le graphique 8 représente un indicateur pour une année donnée. Les barres représentent la
répartition de l’indicateur en pourcentage lue sur l’échelle de droite. Les courbes représentent
Graphique 8
Année 2001
I
.a
•o
v
u
e
v
s
O"
t
ta
est de savoir sur quels paramètres de contrôle la direction peut agir pour piloter sa variable
objectif.
Deux possibilités de décisions sont ouvertes. Il est possible de choisir les options de
refinancement comme nous le voyons au chapitre 10. Il est également possible d’influencer la
tenant compte des possibilités de variation de la production. Dans une première analyse, on
peut estimer que les deux premiers moments de la distribution de l’indicateur sont
comme nous le voyons plus tard), en fonction de son aversion au risque, le point à choisir sur
la frontière efficiente. Celui ci donne alors la répartition optimale des volumes de production
pour obtenir le rendement maximum pour un niveau de risque sélectionné. Un des indicateurs
passifs à émettre.
nouvelle. Il est solution d’une minimisation de variance de l’indicateur. Cet indicateur global
est lié à un stock de produits dans le bilan augmenté d’une production nouvelle aussi bien à
Mill Var(Indicateur(Vhilan,
| ai -P j i=aclifs j= passifs
nouveaux nouveaux
Nous considérons que la trésorerie est un actif parmi les autres. La contrainte de solde de
avec :
concurrentiel est tellement fort qu’il n’est plus financièrement rentable de produire. Dans ces
conditions, la direction de la banque ne peut pas laisser les forces commerciales sans activité.
Elle peut être amenée à fixer un minimum de production. De même, lors de lancement de
produits nouveaux, il peut paraître stratégique d’imposer une part de marché minimale. Pour
ces raisons, le programme doit donc pouvoir intégrer des contraintes sur les volumes de
V/e{l,m'} P7<P,<P7
variation de production de la banque pour différents niveaux de prix pour un même produit.
Cette approche consiste à supposer un certain taux de croissance de base gB qui se produirait
da ,
Puis, il s’agit de calculer quel serait le taux de croissance gr si l’institution pratiquait des taux
tt plus grands ou plus petits que la concurrence. On peut supposer que la variation du taux de
8p = 8B+a(t,-L)-
<1 + 8b)
La concurrence est de plus en plus vive, il est donc utile de gérer concrètement cette élasticité
de la demande par rapport au prix. La solution permet de déterminer pour un niveau de taux
fixé la frontière efficiente correspondant à ce taux fixé pour un produit nouveau. La limite de
production pour le taux t, est simplement définie en fonction de la différence entre ce taux et
L dt
Il suffit ensuite, par itérations successives sur les niveaux de taux, de déterminer le point de la
frontière efficiente optimale entre toutes les frontières efficientes possibles. On choisit alors le
Conclusion
La gestion de bilan nécessite une remontée d’informations de la part du réseau. Il est évident
que de la qualité et de l’utilité des indicateurs fournis par les gestionnaires du risque dépend
l’investissement de chacun dans des projets à long terme. Nous avons présenté des indicateurs
pouvant permettre une communication plus claire entre les différents acteurs de la banque
concernés par cette gestion de la marge. Notre modèle permet de répondre à l’arbitrage
constant sur la production nouvelle : « Doit-on produire plus avec une marge plus faible ou le
contraire? ». La réponse est propre à chaque banque car le résultat de l’optimisation dépend
QUATRIEME PARTIE
Commentgérer Ce biCan?
de la modélisation des états du monde au choix des objectifs
et de Vhorizon de gestion
Les méthodes classiques butent sur les produits qui dépendent du comportement des agents.
Nous montrons comment les dépôts à vue, par exemple, peuvent être intégrés dans une
gestion globale de bilan. Les paramètres d’un modèle synthétisent au mieux l’information
disponible sur les marchés financiers à une date donnée. Présupposer d’autres ensembles de
paramètres possibles demain est indispensable pour tester la robustesse de la décision prise.
Après un classement des méthodes de gestion de risque de taux, nous montrons que deux
réflexions sont un préalable nécessaire à la mise en place d’une gestion de bilan dans une
banque. La première réflexion porte sur le choix de l’objectif à atteindre qui influe fortement
sur les décisions à prendre. Nous montrons la réalité opérationnelle et les difficultés du choix
de l’objectif dans une institution financière spécialisée dans le refinancement de prêts. Cette
réflexion peut remettre en cause l’objectif de rendement nominal au profit du rendement réel
suivant le « benchmark » de l’actionnaire. L’horizon de gestion est le second axe de réflexion.
Il permet de fixer la durée sur laquelle on cherche à suivre l’objectif. Le choix de l’adossement
optimal est en effet sensible à l’objectif et à l’horizon de gestion.
GESTION DE BILAN 62
Chapitre 5
L’hypothèse d’évolution des dépôts non rémunérés est capitale en ce qui concerne la marge.
La position rendement-risque sur les prêts long terme entre les banques spécialisées et les
banques à réseau s’inverse suivant les hypothèses d’écoulements retenues sur les dépôts non
Dans une première section, nous montrons une méthode envisagée dans une approche par
simulation. Cette approche ne lie pas l’évolution des taux à celle des dépôts.
Dans une deuxième section, nous calons un modèle économétrique d’évolution des dépôts. En
utilisant une méthodologie proposée par Abdelmoumni, Cohen, Dupré, El Karoui, Simonneau
(1996) sur le livret A, nous calculons explicitement, dans la troisième section, la valeur et la
sensibilité au taux des dépôts. Nous déterminons ensuite, dans la quatrième section,
l’instrument financier optimal pour couvrir le risque de taux sur les dépôts.
Une des approches adoptées par les banques consiste à fixer des hypothèses d’évolution des
montants des dépôts. L’hypothèse moyenne peut être le résultat d’un modèle économétrique.
plusieurs scénarios. Pour cette raison, il peut apparaître judicieux lors de la présentation des
indicateurs que nous avons décrits au chapitre 4, de présenter les distributions d’indicateurs
pour trois scénarios d’évolution des dépôts : le scénario le plus probable, celui le plus
dépôts. Chaque petit dépôt correspond à un scénario particulier d’évolution des dépôts. Son
montant est égal au dépôt global pondéré de la probabilité associée au scénario qu’il
La modélisation des dépôts à vue 63
représente. Cette méthode présente un inconvénient majeur : elle considère que l’évolution des
Nous cherchons la « valeur de marché des dépôts », l’enjeu étant de valoriser le bilan d’une
banque. Cela permet également de déterminer les types de prêts, les obligations à émettre et
même les actifs complémentaires de couverture dont il faudrait disposer de manière à réduire
Ceci s’explique raisonnablement en supposant que les comptes à vue représentent une fraction
des salaires qui varient en première approximation au rythme de l’inflation. Depuis 1988, la
diffusion massive des SICAV de trésorerie a rompu cette relation avec une chute des comptes
ordinaires des banques AFB de 62,6 milliards de francs en 1990 à 58,1 milliards en 1991.
GESTION DE BILAN 64
Graphique 10
Année
Un modèle économétrique peut utiliser des grandeurs telles que le taux de chômage et la
croissance du PIB. Même dans le cas où l’adéquation avec la réalité observée d’un tel modèle
est bonne, cette approche n’est pas adaptée à la gestion de bilan sur le long terme. Elle reporte
en effet la difficulté sur les variables explicatives puisqu’elle rend nécessaire un modèle
explicatif du taux de chômage par exemple. Ce type d’équation est donc surtout utile pour la
La prévision à long terme de la croissance des dépôts, tout comme celle des taux d’intérêt, est
illusoire. Nous cherchons plutôt à trouver un modèle dont les coefficients sont interprétables
et pour lesquels nous pouvons raisonnablement estimer une plage de variation. Nous étudions
alors la relation entre ces paramètres et les risques du bilan. Une telle relation ouvre la porte à
r, : taux court.
On comprend pourquoi cette grandeur n’est pas stable. Elle est influencée par les
contexte économique. Une valeur faible est néfaste à la banque et correspond à une
évaluation prudente.
à la hausse les dépôts car les salaires, liés à l’inflation (elle-même liée aux taux
nominaux), progressent. La deuxième tendance pousse à la baisse les dépôts car une
gestion fine du compte de dépôt est d’autant plus justifiée que le manque à gagner
est important. Il ne faut pas oublier cependant que les frais d’achat de SICAV et le
temps à passer pour rendre minimal son compte courant joue en faveur d’une inertie
de ces dépôts.
P est négatif lorsque la première tendance l’emporte, p est nul lorsque les deux
plus rationnelle du comportement financier des épargnants, à des taux réels de plus
en plus forts ou à une désindexation défavorable aux salariés des salaires sur les prix.
Une forte valeur est défavorable à la banque et correspond donc à une évaluation
prudente.
Le tableau 2 montre l’instabilité des paramètres qui s’explique par une variation de la
Tableau 2
valeur de a 7% -7%
Tableau 3
OC
chaque année diminuent, il faut que < r
M P +1
La modélisation des dépôts à vue 67
~ = (<X~P r,)dt,
les dépôts s’assimilent à un actif purement financier (dans le sens où, dès que le taux d’intérêt
est connu, l’encours de dépôts l’est aussi). Il est donc possible d’utiliser la méthode classique
d’Arbitrage.
La variation de cette valeur en fonction des paramètres est très utile pour la couverture. En
effet, ces paramètres évoluent tous les jours en fonction des prix de marché. La valeur des
dépôts évolue donc également. Si l’on peut trouver un actif de marché dont la valeur évolue
en sens inverse, on aura moyen de réaliser une couverture et donc de contrôler le risque du
bilan en permettant de choisir un degré de risque acceptable et non plus en le subissant. L’idée
sous-jacente est donc de trouver un « benchmark » de marché pour les dépôts (et donc plus
La valeur de 100 Francs de dépôt est comptablement de -100 Francs. Cependant il faut
rajouter pour la banque l’option qu’elle détient et qui vaut l’espérance de la somme des flux
Elle gagne chaque année les intérêts de ces dépôts qu’elle place au taux court sans risque. Si
l’espérance des flux futurs actualisés. Dans ce cas, l’option, quel que soit l’horizon T choisi
vaut le cas limite pour r = +°°. Cette vision est cependant moins prudente. L’encadré 7 montre
Encadré 7
ï+iy,*
dt
3 +1 )rsds
Il faut calculer Er connaissant les prix zéro-coupons
B(0,t)=E,
1 r»
'actualisation : Jq<rsds = Jq / (0, s)ds - Jq a (5, t )dWs +—£
2
a2 (5, t )ds
Avec :
/(0, s) : taux « fonvard » instantané pour la maturité s lu sur la courbe des taux
1 —e
interpoler la courbe des taux f(0,s) = R+Se 05 -ye
= e
liées à des mouvements de la courbe des taux peuvent être couvertes par des produits de taux.
Cette couverture optimale sera étudiée dans la section suivante. Il convient également de tester
les sensibilités par rapport aux paramètres du modèle de dépôt pour apprécier la robustesse
d’une couverture malgré les erreurs sur la dynamique des encours de dépôt. Les paramètres du
modèle GAMTAUX sont calés à partir de la courbe des « swaps » et présentés sur le
graphique 11.
Graphique 11
Le graphique 12 montre l’influence de R et de S sur la valeur des dépôts (la valeur sans option
Graphique 12 Graphique 13
4%
2%
0% S
-2%
-4%
10% 9% 8% 7% 6% 10% 9% 8% 7% 6%
R R
Une baisse de valeur de 15 Francs des dépôts correspond à une baisse du taux long R de 1%, à
plus, suivant la courbe des taux, ces dépôts correspondent à une dette plus faible que le
nominal des dépôts (valeur négative) voire à un actif (valeur positive). Dans la situation
Graphique 14
20-60 0 60-100
1.0
0.5
2
0.0 J
-0.5
-1.0
-15% -10% -5% 0% 5%
alpha
Il apparaît que les sensibilités sont fortes dans la partie (a = [ 0%; -10%] ; P = [ -1; 0]) qui
correspond à la zone la plus probable des paramètres actuels. L’étude de ces paramètres
intégrant des données plus récentes doit permettre de mieux cerner la zone concernée.
dans la proportion adéquate peut assurer une couverture en assurant une variation opposée à
celle du portefeuille couvert. Pour sélectionner le bon actif, nous proposons de visualiser les
variations du portefeuille et de la couverture pour toute une plage de variations possibles des
Nous étudions la couverture de ces dépôts par des zéro-coupon in fine dont le prix est défini
Le tableau 4 donne le montant de la couverture. Il faut donc réaliser par exemple 66% de prêts
à 20 ans.
Tableau 4
dépôt
in fine à 20 ans 66 F
L’influence de R et a sur la valeur globale des dépôts couverts est étudiée pour les quatre
couvertures précédentes dans les graphiques 15,16, 17 et 18. Les paramètres sont
Graphique 15 Graphique 16
Graphique 17 Graphique 18
4% 4%
3% 3%
E
2% 2%
.SP
en «3
1% 1%
0% 0%
10% 9% 8% 7% 6% 10% 9% 8% 7% 6%
R R
GESTION DE BILAN 74
Il apparaît que les dépôts isolés sont très sensibles aux taux. Cette forte sensibilité est opposée
à celle des prêts. Dans un bilan avec des prêts en proportion non maîtrisée, on peut se
retrouver avec une sensibilité de bilan fortement négative ou positive. L’équilibre des
La meilleure couverture est réalisée pour des prêts à 5 ans. Cependant, les dépôts avec les
prêts pour les couvrir, forment un produit dont la sensibilité a une convexité positive d’autant
plus forte que les prêts sont longs. Contrairement à l’intuition qui porte à dire qu’il faut
réduire la durée des prêts en raison de l’incertitude sur les dépôts, il apparaît qu’il vaut mieux
Conclusion
Une première étude montre qu’il est possible de modéliser l’évolution des dépôts et de
calculer la couverture du bilan global en fonction de celle-ci. Dans ce type de problème sur des
horizons suffisamment longs pour que l’histoire des comportements soit bouleversée par des
réduit de paramètres correspondant à des tendances lourdes apporte une aide précieuse pour
Un tel modèle nous permet de proposer des couvertures quantitatives pour un bilan global tout
Chapitre 6
Les études sur les rendements de portefeuille ont intéressé très tôt les gérants. En effet, les
classements des rendements publiés annuellement consacrent en fait à la fois des fonds de
gestion et leur gestionnaire. Par contre, la modélisation des bilans fait l’objet d’une littérature
Quel que soit l’indicateur de gestion de bilan, il convient de cerner les possibles évolutions de
taux d’intérêt sur le futur. La première section est un survol de quelques modèles de taux.
Dans un deuxième temps, il faut s’intéresser aux variations de valeurs d’un portefeuille. La
deuxième section réalise une classification des modèles de gestion de bilan. Pour chaque
couverture des dépôts ou des prêts lorsque ceux-ci suivent une dynamique aléatoire dépendant
La littérature sur ce sujet est tellement abondante qu’il est difficile de décrire ce domaine avec
(1995). La modélisation des taux revient à trouver le prix de 1 Franc aujourd’hui à la date T. Il
faut modéliser les états possibles du monde en T. Choisir un modèle de diffusion correspond
' Ce travail a été réalisé avec François-Xavier Chevallier. Nous remercions Elyes Jouini, Nicole El Karoui et Jean-Michel
Lasry pour de fructueuses conversations.
GESTION DE BILAN 76
en effet à représenter le plus précisément possible avec quelques paramètres l’ensemble des
L’information sur les prix des actifs aujourd’hui et l’Absence d’Opportunité d’Arbitrage sont
Le modèle de Vasicek décrit dans l’encadré 8 est le plus connu et nous l’utilisons largement
Encadré 8
La construction du modèle précédent, de structure par terme des taux, repose sur deux
hypothèses :
1. Toutes les déformations de la structure des taux d’intérêt sont expliquées par le
2. Le taux court suit, sous la probabilité risque neutre Q, une diffusion de type Omstein-
Uhlenbeck :
avec :
dz, : un Q-brownien.
• un taux court qui évolue en moyenne vers un niveau qui dépend du niveau anticipé
aujourd’hui
• une volatilité O et une force de rappel a qui a tendance à ramener le taux r, vers son
niveau anticipé.
La gestion du risque de taux d’un portefeuille 77
Les modèles d’évaluation d’instruments de taux sont de trois types : les modèles de type Black
et Scholes, les modèles d’évolution aléatoire des taux d’intérêt et les modèles d’AOA. Le
modèle de Black et Scholes modifié par Merton (1974) permet de valoriser les options sur
obligations. Il est fondé sur un modèle d’évolution du prix de l’obligation. Les deux derniers
types de modèle sont normaux ou log-normaux. Le tableau 5 résume quelques modèles usuels.
Tableau 5
(1985)
(1979) dl = o2 l dw
dw dz = p dt
(1990)
Morton ( 1990)
Les recherches les plus récentes veulent représenter au mieux la probabilité des chemins de
taux les plus extrêmes. Il faut respecter la probabilité des taux pour des faibles valeurs. Roger
(1996) montre que les modèles gaussiens de type Vasicek induisent une proportion de taux
négatif parfois importante qui introduisent des distorsions fortes dans la valorisation de
certains produits dérivés. Les modèles lognormaux ont eux des proportions trop fortes de taux
GESTION DE BILAN 78
important pour des horizons lointains. Flesaker et Hughston (1996) proposent par
variation de prix d’un instrument à taux fixe. L’hypothèse forte dans son calcul est de
La première direction est liée à la manière de concevoir l’évolution de la structure par terme
des taux. L’approche déterministe est une hypothèse très forte quotidiennement mise à mal par
la simple constatation de l’évolution réelle. Les recherches ont porté sur la possibilité
d’envisager l’évolution de la courbe des taux suivant des lois stochastiques. Le chapitre 8 nous
montre cependant que la validité du processus peut être rejetée par les tests statistiques.
L’espérance du taux futur est, dans ce cas, aussi mal prévue que le taux futur dans une
d’apporter des informations sur la variance des taux futurs qui est un indicateur possible du
risque. L’introduction d’aléas dans l’évolution des taux conduit à une duration stochastique.
Dans cette approche, nous décrivons dans l’encadré 9 le modèle de Cox, Ingersoll et Ross
(1979), modèle classique à un facteur de risque. Le modèle GAMTAUX (1990), que j’ai
souvent utilisé, permet une représentation de la structure des taux à partir de trois paramètres
structure des taux. En effet, il apparaît que la minimisation peut être très sensible au modèle de
cherchant l’équilibre le moins sensible quel que soit le modèle de structure de taux choisi.
Dans cette approche, nous décrivons dans les encadrés 11, 12 deux modèles analogues : le
modèle de Fong et Vasicek (1988) et le modèle de Prizman et Shores (1988). Les chocs sur
la structure des taux ne sont pas quelconques. L’étude des facteurs explicatifs des
La troisième direction vise un optimum de gestion dynamique qui prend en compte les
couverture périodique. Celle-ci peut être intégrée dès l’origine par le choix de la meilleure
stratégie suivant chaque évolution possible des taux. Dans cette approche, je décris dans les
(1994).
La quatrième direction intègre la gestion du risque de crise. Gérer le risque de crise dans le
cadre de rendement gaussien s’exprime en fixant une probabilité maximale que le rendement
soit inférieur à un pallier de risque : c’est l’apport du modèle Leibowitz, Kogelman et Bader
(1994 décrit dans l’encadré 16. Sur les actions ou sur l’immobilier, l’historique des rendements
se caractérise par une distribution comprenant plusieurs pics décalés par rapport à une
distribution gaussienne. Il convient alors d’approcher la distribution réelle. Ceci est pris en
compte dans le modèle d’Artus, Flamarion et Moreau (1994) décrit dans l’encadré 17.
Encadré 9
Cox, Ingersoll et Ross (1979) ont recherché les conditions d’immunisation à horizon H
Ils montrent qu’un portefeuille peut être immunisé, sous réserve de validité du processus et
Encadré 10
Le modèle de diffusion du taux « spot » pris en compte est celui de Vasicek à une variable
d’état :
Une fonctionnelle du taux zéro-coupon, en cohérence avec le modèle, peut s’exprimer ainsi
/?(0)=jR„-5G,(0) + 7G2(0)
avec :
1i-cxp^e)
- exp(-a0 )
1V ’ aQ
aQ
r , (l(l -- exp(-«0
exp(-o0 ))))’
G'(9)- 4^6
4rz0
1. lim R(Q)= r„,r„ est donc le taux long. Une variation de ce paramètre implique
0—»°o
une variation égale de l’ensemble des taux zéro-coupon (translation de la courbe des taux).
taux.
Encadré 11
Les auteurs considèrent des chocs « arbitraires » sur la courbe des taux. La minimisation
de la mesure du risque vise à constituer un portefeuille ayant le plus faible impact quel que
soit le changement de taux. Ils montrent qu’il existe une limite inférieure de variation de
dArr(t)
si Vf > 0 f-^<K
dt
alors
^- > -0.5 K M2
avec :
m1 —
*0 i=l
Cette limite de variation de valeur est le produit de deux termes. Le premier, K, dépend
seulement de l’intensité de la variation de la structure des taux. Le second, M2, dépend lui
de la structure du portefeuille : il fournit donc une mesure du risque d’immunisation car la
Encadré 12
Les auteurs mettent en avant les difficultés pratiques de connaître le processus stochastique
qui gouverne l’évolution des taux. La structure par terme des taux est définie par un vecteur r.
Le processus stochastique envisage des chocs aléatoires Ct , caractérisés par un vecteur, sur
cette structure de taux. Le vecteur r est composé des coefficients du polynôme approximant la
courbe des taux. L’immunisation réalisée fait apparaître un vecteur pour la duration. La ième
composante assure l’insensibilité contre une fonction polynomiale de degré (i-1) des chocs. On
retrouve que la première composante est la duration car elle assure contre une variation de la
Ar = k r'
(1982) par une maximisation d’un minimum. Il convient en effet de maximiser la valeur
minimale du portefeuille dans tous les cas possibles de chocs sur la structure des taux. Pour un
Dj{x)= Hj pour
T,
%xijcK')e'"
'J <*
1=1 0
D,(x) = pOUr j= \ J ’^me composante du
" TL -Y*,/1
*' dt
1=1 o
vecteur duration.
La mesure de risque de Vasicek et Fong peut être simplement liée aux composantes de ce
Encadré 13
Ce modèle de couverture a été repris par Kanony et Mokrane (1992) ainsi que par Boulier,
Fitousi et Keime (1992) sur les données françaises. L’objectif est d’isoler les facteurs
Cette étude consiste à réaliser une Analyse en Composantes Principales (ACP) de la structure
par terme des taux d'intérêts. La méthode ne peut être utilisée que sur des observations non
corrélées. Pour cette raison, il est apparu nécessaire de ne pas travailler sur les rendements par
maturité, mais sur l’excès de rendement par rapport au taux court pour différentes maturités.
La structure des taux est représentée par un vecteur X correspondant à certaines maturités
est alors expliquée par l’ACP et le vecteur X se décompose suivant les directions principales :
LesFa sont des lois normales, indépendantes, centrées, de variance Xa et les coordonnées des
marché français, pour lequel sur la période 1990-1991 on a montré que trois facteurs
Sous l’hypothèse d’une évolution stochastique des taux incluant les modèles de Vasicek
on peut montrer que l’évolution du prix d’un actif est solution de l’équation différentielle
suivante :
1 2d2P r , ,d P d P „ -
-rO.^-+[ilr-Xa,]j-
2 r d + ~-rP-0
temps » du portefeuille est 0 ,on trouve alors qu’il existe une relation univoque liant ces trois
paramètres :
La duration et la convexité sont donc bien les deux variables de contrôle sur la variation de
valeur dans le temps. Pour la couverture, deux effets justifient alors d’égaler la duration du
taux induira une modification de duration équivalente sur les deux portefeuilles, et donc
Encadré 15
Le problème est, pour les auteurs, d’étudier les stratégies d’immunisation en duration et
convexité. Ils se placent dans le cadre d’évolutions stochastiques des taux d’intérêt avec
e?(logr) = dt + o (t)dz
Trois types de stratégies sont comparés pour six combinaisons de structure par terme des
• Gestion statique qui correspond à une initialisation en duration sans rééquilibrage au cours
du temps.
Duration = 'ÿ' t w,
/=i
Convexité = ^ (t2 - f ) wt
r=l
La supériorité de la gestion dynamique est montrée par les tests. Cependant, l’ajout d’un
résultat.
GESTION DE BILAN 86
Encadré 16
Les auteurs veulent suivre un portefeuille « benchmark » composé d’une fraction fixée
d’action et d’obligation. On tiendra compte d’éventuelles variations des taux d’intérêt avant la
période suivante. Lorsque un pallier de rendement minimum est ajouté à l’objectif en terme de
rendement-risque, ils montrent que l’allocation n’est pas fixe jusqu’à la période suivante mais
que cette fonction de répartition entre actifs dépend du niveau de taux d’intérêt.
celui du « benchmark » :
rD=(W-WyE+(l-WyB-(\-w)rb
La contrainte porte sur l’excès de rendement qui doit, avec une probabilité k donnée, excéder
Pr ob[rD > ]= k
Sous l’hypothèse que les obligations de toutes maturités ont les mêmes rendements :
2
la variance du rendement est définie par a = E\
c2D=(W-w)2o1E(\-p2EB)
+ [(lt'-w>£p£s j2
Le rendement des obligations est lié à la volatilité des taux :
rB ~ M-b Db& i
avec :
indépendant de la variance des taux et un second intégrant la variance des taux multipliée par
avec :
°?=46?]
oB=DBat
: duration de l’action
Encadré 17
Les auteurs notent les limites du calcul des moyennes et de la matrice de variance-covariance
des rendements sur des horizons long terme. Ils envisagent une distribution bimodale de
probabilités :
avec :
/, : la fonction de densité d’une variable gaussienne avec une moyenne |X[ négative
f2 : la fonction de densité d’une variable gaussienne avec une moyenne |12 positive
R=rb+as{Rs-rb)+ ar< [K ~ h )
avec
as et are les parts des actions et de l’immobilier dans le portefeuille et Rs et Rre les
Max
a,’ar'
[zi(exp(-a. £))
Dans le cas d’une corrélation entre le rendement de l’immobilier et celui des actions
f(r„r„)=\f,(r„r!,
les deux distributions gaussiennes correspondent pour Fl à la probabilité d’une crise de
marché, et pour F2 aux conditions normales. Cette méthode permet d’écrire directement la
Nous voulons ici étendre le concept de couverture à la « valeur » des dépôts lorsque ceux-ci
suivent une dynamique aléatoire dépendant des taux d’intérêt, taux qui eux-mêmes suivent un
processus stochastique.
Une telle démarche est assez classique sur certains actifs, notamment les prêts immobiliers.
Chacun sait que les remboursements anticipés font varier l’encours. L’application à d’autres
éléments du bilan a déjà été faite par certaines banques américaines sur certains passifs comme
les prêts. Jusqu'à présent, ceci n’a pas été appliqué sur les dépôts à vue en France. Il s’agit
pourtant de notions dont le caractère fondamental justifierait son enseignement dans les cours
Dans une première partie, nous cherchons à définir une méthodologie générale pour la
couverture d’un actif, à partir du concept classique de duration dans un cadre très simplifié de
aléatoire des dépôts et des taux d’intérêt (modélisation Vasicek). Deux approches guident
temps » pour mesurer la sensibilité de la valeur des dépôts aux changements de taux et sa
variation dans le temps. Les paramètres du modèle de diffusion des taux sont alors supposés
constants, ce qui revient à considérer ce modèle comme le « vrai modèle ». Mais la robustesse
du modèle de taux n’est pas assurée dans le temps dans la mesure où les coefficients
considérés comme fixes varient notablement d’une année sur l’autre (volatilité, taux court
instantané, taux long). Dans ce cas, il apparaît nécessaire d’étudier la sensibilité de la valeur
aux variations des paramètres. Cette seconde approche présente, par rapport à la première,
l’avantage de considérer des déformations non parallèles de la courbe des taux, et de prendre
notion de temps dans la variation de la valeur. On voit alors qu’il est intéressant de combiner
les deux approches, pour faire apparaître à la fois la sensibilité par rapport aux paramètres et le
Nous nous plaçons dans un cadre statique où un actif quelconque n’est sensible qu’à une
variation instantanée des taux. Considérons à l’instant 0 une obligation caractérisée par des
flux Fl (supposés constants) aux dates t. ( 1 <i< N ). La valeur de cette obligation, V, et son
V(r) = f,Fle-r,‘ •
(=i
Le taux de rendement actuariel (ou « yield to maturity ») suppose que l’obligation est
La duration est très souvent utilisée dans les techniques d’immunisation de portefeuilles. Un
investisseur a une dette à rembourser à une certaine date, et désire construire un portefeuille
tel que, quelle que soit l’évolution des taux, la valeur de son portefeuille soit au moins égale à
celle du passif à l’échéance. Dans sa conception la plus simple (voir encadré 18),
l’immunisation est obtenue lorsque la valeur du portefeuille est égale à la valeur présente du
passif (calculée à partir de la courbe actuelle des taux) et lorsque la duration du portefeuille,
définie comme la moyenne pondérée des durations de chacun des actifs est égale à celle du
passif.
La gestion du risque de taux d’un portefeuille 91
Encadré 18
Par définition, la duration est la moyenne des temps auxquels sont reçus les flux,
pondérée par les rapports des flux actualisés sur la valeur. C’est ainsi une
recevoir les « cash flows ». On peut voir alors que la duration s’exprime comme
1 dV
D = .
V dr
hi ne~r
La duration est définie par D =
n
i=1
Hicks (1939) montre que la duration est une bonne variable explicative de la variation de
P
BDAUPHIN
Cette théorie traditionnelle montre qu’un investissement est immunisé pour un horizon H
si celui ci égale sa duration. Les hypothèses restrictives nécessaires sont les suivantes :
• la translation parallèle de la courbe des taux [Ingersoll, Skelton et Weil (1978) prouvent
que la duration n’est pas un bon indicateur du risque dans les autres cas]
On connaît bien certaines limites classiques de cette approche. Tout d’abord, le cadre statique
dans lequel on se place est évidemment très simplifié. Ensuite, pour des variations non
négligeables des taux, il peut être important de prendre en compte le terme de second ordre (cf
la convexité). Enfin, dans le portefeuille constituant l’actif, les taux (de rendement actuariel)
de toutes les obligations varient de la même valeur. Cette hypothèse de déplacement parallèle
GESTION DE BILAN 92
de la courbe est très contestable : en particulier, les taux courts sont souvent plus volatils que
les taux longs. Toujours dans un cadre statique, on peut résoudre ce dernier problème en
évaluant les instruments non pas à partir de la « yield curve », mais à partir de la courbe des
zéro-coupons. La duration d’une obligation s’exprime alors comme la somme des durations
des zéro-coupons, et il est alors possible d’envisager des déplacements non parallèles de la
courbe.
La stratégie d’immunisation d’un actif peut être considérée sous un autre angle.
L’immunisation est obtenue lorsque la valeur du portefeuille est égale à la valeur présente du
passif (calculée à partir de la courbe actuelle des taux), et lorsque sa variation totale est égale à
la variation totale du passif. Cette approche, par rapport à la précédente, ne tient plus compte
de la notion de duration (en particulier de son interprétation de temps pondéré), mais est plus
satisfaisante intuitivement et plus générale lorsque les hypothèses sont moins restrictives,
comme nous le verrons plus loin dans un cadre dynamique des taux avec des paramètres
3 V
dV(r) = dr
a r
dVA / dr = dVp / dr. Ces deux relations entraînent l’égalité des durations.
Pour compléter l’étude, nous introduisons la notion de temps. Le cadre est toujours statique,
en ce sens que la variation des taux se fait toujours de manière instantanée, mais le temps est
pris en compte dans l’évaluation des actifs : en d’autres termes, le temps et le taux sont
V(r,t) = X/;’ie-r(''-')
i=i
dV dV
dV(t,r) = —dt + ——dr .
d t d r
La gestion du risque de taux d’un portefeuille 93
Ainsi, le principe de l’adossement est de vouloir qu’un actif A ait la même valeur qu’un passif
P, et que quels que soient dt et dr, ils aient la même variation de valeur :
dVA(t,r)=dVP(t,r)
rav, _av’P'i
u r A _ w r P
d r 3 r ;
De la première égalité du système (1) on retrouve l’égalité des valeurs de l’actif et du passif
V =V
VA ¥P ‘
Pour cette raison, si les prix des actifs sont non nuis, la seconde égalité de (1) peut s’écrire
i a y,
da=- = Dr
VA Vp d r
Dans cette dernière démarche, on retrouve les mêmes résultats que précédemment en ne
Cette dernière démarche met en lumière une contradiction dans le concept de base de la
duration. D’une part, le taux de rendement actuariel d’un instrument est supposé uniforme sur
sa durée de vie : on suppose en particulier que les coupons sont réinvestis au même taux.
D’autre part, on envisage des variations de taux. La duration est ainsi liée à une remise en
cause des hypothèses du modèle utilisé ; elle est une mesure de l’écart entre le marché et le
modèle.
« sur-modèle ».
Nous voulons ici montrer qu’il existe au moins un modèle de taux dans lequel une mesure
cohérente du risque est la duration. Ce modèle est le cas limite d’une classe de modèle plus
large. Nous prenons pour exemple un modèle discret d’évolution des taux. Considérons un
arbre de taux à N périodes. Donnons nous deux paramètres r0 et r, , ainsi qu’un paramètre
K compris entre 0 et 1. A chaque étape, le taux prend soit la valeur r0 avec la probabilité
GESTION DE BILAN 94
l-7t , soit la valeur r, avec la probabilité rc. Notons V la différence des valeurs entre l’actif
vw - if. Es
n-l k-0 (l + ror*(l + r,)‘
A"
1 -7t
- TT
1 + r0 1 + r,
/ , n-l
1 1 1
— = fF„nA + 7CÀ OÙ À
1 + r, l + rn 1 + r,
La probabilité n est arbitraire. On aimerait que quel que soitjt, la valeur reste stable. Ceci se
dV
= 0 ,Vrt,
dtt
Ceci n’étant pas possible à assurer quel que soit K , on se contente de l’assurer pour K = 0 .
V(0) =0 , et
dV f j A"'1
0 .soit Y^nFn 0
dit 1+r,i
K-0 n= 1
Sous la probabilité Tt = 0 , le taux est égal à r0 à toutes les dates. Mais les paramètres r0 et
r, sont arbitraires. On peut donc faire tendre r, vers r0 dans la relation précédente. On
. n-l
1
IX 0 .
n=i
1 + r,o y
Le modèle ainsi construit tend vers le modèle initial dans lequel les taux sont constants, et
A. Approche générale.
Nous rappelons dans ce paragraphe les concepts de duration, de convexité et de valeur temps
dans le cadre général d’un actif de maturité T dépendant du taux d’intérêt court terme et du
temps. Sous l’hypothèse d’une évolution stochastique du taux d’intérêt (modèle à un facteur)
incluant les modèles de Vasicek, Courtadon, et Cox, Ingersoll et Ross, et pour la probabilité
historique :
Ainsi, la variation pendant dt d’un actif dépendant du taux et du temps s’écrit à l’ordre 1 en dt:
d V 0 V 1 .a v a v
dV(r„t,T) = dl+»(r,.l,T) — + -o^r„,,T)-ÿ r, dt +o(rt ,t,T)-—dWr
o r
1 a v
D =
V(r,,t,T)dr
Sa convexité s’écrit :
1 a 2v
C = <rt,î,T).
2V(r,,t,T)dr7
Dans le cadre le plus simple, une stratégie d’immunisation est obtenue en choisissant un actif,
passif.
Dans un cadre un peu plus élaboré, la stratégie d’immunisation consiste en plus à choisir un
actif de convexité maximale (du moins supérieure à celle du passif) pour obtenir les gains les
Enfin, le concept d’immunisation peut encore être affiné en considérant la sensibilité de l’actif
Jusqu’à présent, l’argument utilisé pour une stratégie d’immunisation est fondé sur l’hypothèse
que l’actif n’est sensible qu’à une variation instantanée des taux d’intérêt. Si cette variation n’a
pas lieu, on suppose implicitement que la courbe des taux change de manière prévisible de telle
sorte que le taux court futur peut être lu sur la courbe des taux « forward ». Cette hypothèse
est contestable. On définit alors la valeur temps comme la sensibilité de l’actif au temps :
V d t ‘
On voit alors qu’il n’est pas suffisant de chercher un actif de convexité maximale puisque les
gains de valeur obtenus par une plus grande convexité sont compensés par des pertes de
Une synthèse de ces résultats est proposée dans l’encadré 17 du modèle de Christensen et
Sorensen (1994).
Selon le principe d’adossement énoncé dans la première section, nous cherchons à égaliser
valeur d’un actif A avec celle d’un actif P, ainsi que leur variation de valeur pendant une
V.(r„l,ThVr(r„t,T)
En égalisant les parties déterministes et aléatoires des variations, on obtient les relations
Da=Dp (2a)
Si la duration, la convexité, et la valeur temps de l’actif sont calées de telle sorte que les
relations (2a) et (2b) soient vérifiées, alors notre actif est bien immunisé pendant une variation
En fait, la relation (2b) est automatiquement obtenue par l’AOA et, bien entendu, l’égalité des
durations. On en déduit que, par l’hypothèse d’AOA, le principe d’adossement est équivalent à
On retrouve les arguments avancés dans le paragraphe précédent. Mais cette approche est plus
claire.
Il est important de préciser les liens avec la première partie. Tout d’abord, le cadre est ici
duration mesure toujours un écart, mais celui-ci est ici intégré dans le modèle par le processus
de Wiener W. On comprend donc bien que les concepts de duration introduits dans les cas
précédemment au calcul de la sensibilité de la valeur des dépôts. Les dépôts sont supposés
de ce processus et pour une formulation explicite de la valeur des dépôts. On suppose d’autre
part une modélisation Vasicek pour le processus de taux. Rappelons que nous considérons ici
que le modèle est « vrai », dans le sens où les paramètres considérés comme fixes dans le
temps par le modèle de Vasicek le sont bien. En d’autres termes, l’hypothèse selon laquelle les
Dans ce modèle, le taux « spot » n’est pas un paramètre mais un processus stochastique. Il est
Le « forward » s’écrit :
avec
GESTION DE BILAN 98
O 2
Yx=b-\ - ——— le taux long « forward ».
a 2a
Dans ce cadre, la variation de valeur qui nous intéresse est l’évolution de cette valeur avec le
Pour déterminer la duration, la convexité, et la valeur temps, nous avons besoin de calculer les
prise par la variable aléatoire et la modification des paramètres du modèle. Le premier facteur
a fait l’objet de la section précédente. Dans cette section, le concept de duration consiste à
quantifier les variations de valeur lors de variation des paramètres du modèle. Cela revient à
considérer que le prix unique donné par un modèle dépend trop fortement de ces paramètres.
Dans le cadre du modèle de Vasicek, la variation de prix liée à la variation du taux court est
inhérente au modèle. Par contre la variation de valeur liée à l’évolution des paramètres du
modèle (r0,b,a ) est due à la faible robustesse du modèle de taux. Dans la réalité aucun
modèle ne peut prévoir un taux dans 10 ans. Les graphiques 27 et 31 du chapitre 10 illustrent
Ce niveau étant bien traduit par la valeur de b, Duffie (1996) propose de valoriser l’actif avec
Cette partie généralise les notions développées dans la précédente, en ce sens que le cadre
dans lequel nous nous plaçons est statique, mais que d’autres paramètres en dehors du taux
court, liés au modèle de Vasicek, sont pris en compte. Contrairement à la partie précédente, le
taux court est considéré ici comme un paramètre et non comme un processus stochastique.
Pour la couverture, nous avons besoin des dérivées premières de la valeur des dépôts par
rapport au taux court, au taux long et à la volatilité (voir annexe C). Les dérivées secondes ne
La gestion du risque de taux d’un portefeuille 99
sont pas calculées puisque la variation totale de la valeur sera évaluée à l’ordre un en chaque
paramètre.
Nous cherchons de la même manière à écrire l’égalité de deux variations de prix. Le prix
valeur s’écrit:
d V dV dV
dV(0,T,r0,Y„,o)= — dr0 + — dY„ + — do .
o r0 dY„ do
V,(0,T,r0,Y„,o)=Vp(0,T,r0tY„,o),
'3vA(Q,r,r0,y„a) avf(0j,ro,y.,q)>
dr0 3 r0
ay^(o,r,r0,r,,a) = ayf,(o,r,r0,r,,p)
a y„ a Ym
avi)(o,r,r0,y.,g)^avf(o,r,r0,y.,o)
ao ao J
On peut définir une duration et une sensibilité au « spread » qui prolongent le concept
classique. La duration est alors la sensibilité pour une variation égale du taux court et du taux
variation du « spread » :
dv dv
D(0,T,r0,YJ = —
a rn a y
dv dv
S(0,T,r0,YJ =
2V
• lorsque l’on fait tendre o vers 0 avec b = r0 alors la courbe des taux tend vers une courbe
dV dV 1 dV
D(0,T,r0,YJ = +
2V d r0 d Vdr'
Vdr0,dY„ dVA(0,T,ro,Y„)=dVP(0,T,ro,Y„)
Da = Dp'
(4)
~ $P ;
par l’écoulement naturel du temps et à celle due aux modifications des paramètres. Mais ces
évolution des taux pendant dt (si l’on considère une variation infinitésimale de premier ordre
en dt) avec une certaine incertitude traduite par dWt ; le modèle de taux est supposé refléter la
réalité. La seconde variation correspond à une remise en cause du modèle. On considère que la
non constance des paramètres explique les écarts des valeurs prises par la variable aléatoire et
les valeurs de marché. Cet ajustement des paramètres est supposé se faire de manière
instantanée. Chaque paramètre supposé non constant ajoute une dimension à l’espace de
départ (dt,dWt ) .
Ainsi, toujours pour une modélisation Vasicek des taux, on écrit la variation totale d’un actif
de la manière suivante :
d r. dt
(0.7>o) (0.7>o) (0.7>0)
La gestion du risque de taux d’un portefeuille 101
dV(t,T,r,)
+o dW,
(O.TVo)
Nous avons utilisé les mêmes notations pour exprimer le taux court comme processus
(cadre statique : variations de V en fonction des paramètres). Les dérivations de la valeur par
rapport au taux et au temps sont prises pour des paramètres (taux long, volatilité des taux
courts) constants.
La couverture revient alors à égaliser la valeur de l’actif avec celle du passif, ainsi que la
VA(0,T,r0,Y„,o)=Vp(0,T,r0,Ym,o),
D a = Dp
dVA(0,T,r0,Y„,o) =dVp(0,T,r0,Y„,o)
do do j
La gestion de bilan peut se résumer par la définition d’un objectif à atteindre sur un horizon de
Pour l’objectif à atteindre, dans une première section, nous voulons réaliser une classification
des méthodes de gestion du risque de taux. Celle-ci bénéficie des modèles de gestion de
de réunir en un même modèle les avantages de plusieurs modèles existants. C’est notre
Dans une deuxième section, nous prenons en compte les réalités comptables. Nous montrons
que les écarts entre réalités financières et comptables sont en France suffisamment importantes
pour définir des objectifs en terme comptable. Nous proposons un modèle basé sur des
objectifs comptables.
Dans une dernière section1 nous nous intéressons à l’objectif d’éviter la faillite pour une
banque.
Nous allons classer les méthodes à partir d’un exemple concret de prêts à taux fixe pour
puisse émettre sur n souches obligataires constituant des gisements ou sur tout autre
instrument à taux fixe. L’adéquation parfaite des flux fixes des échéanciers de l’actif et du
passif est souvent impossible du fait des différences de périodicité de paiement et des dates de
tombée des coupons. Pour ces raisons, une trésorerie non nulle est souvent inévitable et le
Une classification des méthodes montre des divergences de conception notamment sur les trois
points suivants : les indicateurs de risque, la stratégie dans le temps et l’attitude face au risque.
Les indicateurs de risque sont variés et nous le montrons dans ce chapitre. Les plus classiques
sont la duration lorsque la courbe des taux est considérée comme plate et la variance quand un
La stratégie dans le temps offre deux grands choix. L’immunisation peut être « instantanée »
lorsque l’objectif est ciblé sur une date unique, celle de l’adossement. L’immunisation peut
chercher à couvrir des objectifs sur un horizon de gestion. Dans ce cas, elle peut être ciblée sur
quelques dates précises ou continue lorsque tous les instants de l’horizon de gestion sont pris
en compte.
L’attitude face au risque est soit la minimisation du risque quelque soit l’impact sur le
rendement soit la gestion du couple rendement-risque. Dans ce dernier cas seulement, il nous
recherche.
La première direction consiste à considérer une courbe des taux régie par des processus
trésorerie qui considère que toute trésorerie est une erreur dans une optique de gestion
structure des taux. Dans cette approche, nous décrivons la méthode LAST (Lissage Anticipé
du Solde de Trésorerie).
La troisième direction vise un optimum de gestion dynamique qui prend en compte les
d’adossement.
également à ce critère. Elle offre en effet l’avantage de contrôler le risque maximal pour toutes
évolutions de la structure par terme des taux sous réserve que les « spread » maximaux entre
deux maturités des taux « forward » ne dépassent pas une valeur fixée.
La séparation entre les méthodes de minimisation du risque et celles de gestion du risque nous
semble être primordiale. Les différentes méthodes vont donc être présentées soit dans l’une
A. Méthode flux-duration
La méthode « flux-duration » a été introduite par Macaulay dès 1921 et reprise par Cox,
Ingersoll, Ross (1979). Cette notion est appliquée pour l’immunisation du rendement d’un
L’actif
On considère un prêt de montant M effectué par une banque au taux actuariel rp. La fonction
On appelle EA l’échéancier de ce prêt représenté par l’ensemble des couples (<$> Vy)avec :
M= 'rc (rp,.)
j
rp , le taux actuariel du prêt, est maximisé par le commercial de la banque, dans une fourchette
Le passif
L’actif est couvert par l’émission sur le marché, d’une combinaison de passifs {Ei )(, de poids
E. est l’échéancier du i'ème passif émis (dans la suite on identifiera un titre et son échéancier)
Le taux pris en compte pour estimer la fonction « valeur actualisée » est celui du financement
l’opération. La méthode « flux-duration » suppose que la courbe des taux est plate avec un
1 le problème est équivalent à chercher pour un niveau de taux de refinancement tj les portefeuilles de couverture
admissibles, soit sélectionner le Ty le plus bas admettant des portefeuilles solutions.
GESTION DE BILAN 106
max YX<P‘~M
\ i
svaJEb .*('>.)]
V / )
D(E,r,)=-(\ + rfy YE .*('>.•))
soit :
D(E,r/) =
d’égalité de duration :
f \
D
5> = D(EA,r,)
v i y
plus nulle et un nouvel équilibrage doit être réalisé selon des critères qu’il reste à déterminer.
Or, sur un horizon lointain, ces rééquilibrages peuvent s’avérer trop coûteux. Pour palier à cet
A partir de n passifs servant à T adossement, on considère une courbe des taux constante par
morceaux sur les intervalles correspondants aux dates de fm d’échéancier des passifs choisis :
ry sur7, =[7;,ri+l[.
1
t elv
Les rk sont donnés en écrivant que les prix des obligations sont les valeurs actualisées des
flux :
V/ =
La formalisation du problème permet de répondre à deux objectifs dont Ekeland et Yip (1993)
ont montré l’équivalence. Le premier objectif consiste à annuler la sensibilité aujourd’hui, pour
des déformations de la courbe des taux indépendantes sur chaque segment considéré.
L’objectif équivalent est d’annuler la sensibilité du bilan cantonné, pour chaque début de
segment de temps. Ceci assure l’insensibilisation à chaque date de début de segment dans la
mesure où les taux futurs sont bien prédits par la courbe des taux aujourd’hui.
dVAo
V I dy4>(£x.rcfo.-.r„.))_0
a rj
Si l’on appelle VA,\ tE„n (r,,...,rn,.) la valeur en t des flux restants après la date t, on
montre que le système est équivalent à l’insensibilisation de la valeur future des flux restants à
GESTION DE BILAN 108
Vj-1 n
dVArhX'E^k,...^,.)
dvATj(EA,n{rx r„,.))
d r. drj
La méthode annule la sensibilité des flux restant à tomber sur le bilan cantonné aux dates
d’échéances des obligations. On peut se poser le problème de la pertinence de ces dates par
rapport à d’autres dates choisies par le gestionnaire. Le nombre de contraintes étant égal au
nombre des contraintes, en conservant la notion de sensibilité des flux restant à tomber sur le
Une autre méthode consiste à considérer que tout solde de trésorerie constitue une erreur dans
l’adossement et qu’il convient donc de minimiser la somme des carrés des soldes de trésorerie
sur toute la période considérée. La solution trouvée est proche de celle provenant de la
Cette méthode s’applique à un échéancier E qu’il faut couvrir avec des actifs de marché E1
pour que, dans le pire des cas, le solde final de trésorerie soit positif. Les auteurs formalisent
le problème ainsi :
maxIX Pj
* j
V J
Les hypothèses sur les familles de taux admissibles sont que le taux court est borné et que ses
m<rt< M
s.
M *0»*2 M
< f ' r ds - f2 r ds < S. , , ,
J 5 M—*0 »*2 ~^1
Des produits financiers complétants le marché, les « Forward Spread Agreement » (FSA) sont
créés fictivement. Ceux-ci matérialisent les bornes de variabilité des taux sur une période de
temps. On considère, pour ce faire, des « dipôles » qui consistent en un prêt et un emprunt
décalés sur des périodes courtes. Le prix d’un dipôle est nul par construction.
doit être envisagée comme un processus aléatoire. Les remboursements anticipés peuvent être
intégrés dans les méthodes en espérance-variance, ce qui rend ces méthodes particulièrement
attractives. Pour la clarté de notre exposé, nous supposons que le taux court continu rt suit un
fV
processus aléatoire. Un franc placé de la date t0 à la date f, donne e 0 . Les valeurs futures
et actualisées d’un échéancier de flux sont aléatoires car les coefficients d’actualisation ou de
rsds
capitalisation e ,J sont des variables aléatoires. Le risque est représenté par la variance de
classement des investissements peut être quantifié par la valeur Esp - X Vvar .
Rosenblatt (1993) prend comme objectif la valeur future du bilan à la date du dernier flux
d’échéancier. Nous montrons qu’un objectif sur la valeur actuelle évite certains biais de la
méthode précédente. C’est de plus l’objectif utilisé pour la valorisation des MBS. Nous
montrons ensuite qu’il est facile d’introduire les fonds propres pour redéfinir les objectifs.
Dans ce cas, nous présentons un objectif direct sur le rendement des fonds propres. Nous
proposons également une formulation pour un rendement de fonds propre qui cherche à suivre
le « benchmark » du taux court sans risque. Nous présentons pour terminer notre méthode
ARMUR qui offre l’avantage d’un contrôle continu du risque sur tout l’horizon de gestion.
GESTION DE BILAN 110
fTr,ds
trésorerie final d’un échéancier E à la date finale T s’écrit VF(E,r,T)=2^FJe ‘ . La
J
critères : l’espérance et la variance. Il doit donc trouver le bon arbitrage entre ces deux
V V / J)
. sous la contrainte :
\
f f N
Esp VF Ea ~ iEt,r,T
\
V i J/
les montants à émettre sur chaque souche. Une formulation explicite (voir annexe A) peut être
L’objectif basé sur un « benchmark » de type obligataire est alors sensible aux variations de
taux.
que celui de la première année. Une autre façon de cerner ce biais est de constater que le solde
final de trésorerie est pris en compte de la même manière pour le chemin de taux le plus bas et
Il faut souligner que les méthodes de valorisation de titres sur prêts hypothécaires ont toutes
adopté des techniques analogues. Cependant elles sont basées sur la valeur actuelle qui
L’objectif à atteindre dans la gestion de bilan 111
compte la valeur actuelle d’un échéancier E aujourd’hui, à savoir VA,(E,r) = ^ F’J"0 ' .
sous la contrainte :
( f W
\ V
( ( \ \
f
VF -Y,X,E„r,T
RDT — 1
a
\\
. sous la contrainte
f ( \\
L’objectif basé sur un « benchmark » de type obligataire peut facilement aboutir à des
rendements négatifs. Ce mécanisme est le même que pour une obligation à taux fixe qui si elle
est vendue avant sa maturité a le risque d’avoir une valeur de marché inférieure à son nominal.
GESTION DE BILAN 112
Si l’actionnaire veut réaliser un investissement à taux variable plutôt qu’à taux fixe, il voudra
dans ce cas une prime de risque par rapport à une rémunération de trésorerie. Cristalliser un
rendement fixe revient à rendre le prix de la banque aussi sensible qu’un portefeuille
obligataire à taux fixe. Un objectif basé sur un « benchmark » de taux court permet de limiter
les variations de valeur de la banque. Cet exemple nous prouve qu’il convient de bien définir
l’objectif de l’actionnaire par rapport au taux de rémunération des fonds propres. Nous
développerons une gestion par rapport à différents « benchmark » (CAC, inflation, taux court)
dans le chapitre 19. Si l’actionnaire vise un objectif d’excès de rendement par rapport au taux
f f \ '\
f
VF Ea~Y,X ,Ei'r'T
V _J
EXRDT
Ea~YX iE<'r'T -K (T)
a
V
on remarquera que les variables aléatoires VF \ea - X , Et, r, T et n (T) sont corrélées.
W
f f
min Var EXRDT
ea ~Y*xiEi'r'T
V V //
. sous la contrainte :
cinq premières années, puis à réaliser un équilibre en duration entre cinq et trente ans. Cette
façon de faire est testée comme plus efficace que la simple méthode « flux-duration ».
Nous proposons une méthode adaptée à une structure des taux aléatoire ou déterministe, qui
utilise les recherches de Leibowitz et combine les avantages des méthodes EIPIS et
« flux-duration ».
L’objectif à atteindre dans la gestion de bilan 113
ft ^
nous définissons une courbe des taux continue K (0,t) = e paramétrée par
On cherche donc une combinaison ^X iEj qui maximise la valeur actuelle de l’opération
/
max
K
V i /
EquilibreH - 0
1 dans le cas d’un taux constant, cette condition revient à un équilibre de duration entre l’actif et le passif pour les flux
restant à tomber au-delà de l’horizon H.
COMMENT GERER LE BILAN - L’objectif à atteindre 114
souvent évident que les inscriptions comptables doivent refléter les réalités financières. Sous
cette hypothèse qui correspond en fait à supposer une comptabilisation en valeur de marché
Les actionnaires reçoivent des informations directes et brutes, comme le résultat comptable
de l'année, qui font l'objet d'une attente impatiente pouvant jouer sur le cours de l'action
réalisées par les analystes financiers. Pour les investissements long-terme, il n'y a pas
le bilan comptable qui, en tant que reflet de la réalité, devrait théoriquement être égal au
bilan financier, l’est effectivement à long terme, après extinction du dernier flux à payer ou à
recevoir. A court terme par contre, cela n’est plus vrai. Il y a un décalage dans le temps des
écritures : les bénéfices peuvent n'apparaître dans le bilan comptable que cinq ans plus tard.
Ces biais qui font que les bilans financier et comptable ne coïncident plus à une date donnée,
sont souvent liés aux lois fiscales. Le dirigeant de banque, dont un des souhaits est de
satisfaire les actionnaires, doit intégrer cette dimension comptable. Il est important pour lui,
le bilan comptable. Les comptables doivent, dans le cadre d’évolutions agréées par les
remédier.
correspondre au mieux les bilans et montrons qu’un objectif comptable sur les résultats futurs
peut légitimement être considéré comme la variable aléatoire à piloter par le choix des
d’obligations repose sur une idée simple: une ressource de coût actuariel r permet de financer
115
un emploi de rendement actuariel (r+ m) pour toute la durée de l’opération avec une
insensibilisation au premier ordre du niveau futur des taux d’intérêt. L’objectif serait
d’adopter une représentation comptable dégageant chaque année la marge m sous l’hypothèse
Elle consiste
• à calculer le taux actuariel qui équilibre le prix de marché, intégrant les frais financiers,
p + F-XF,*B(t,T1)
i=l
OÙ
F : frais
B(t,Tj)
•
: coefficient d’actualisation en t de 1 F en T( qui dépend du TAO.
Cette méthode, normalisée par les commissaires aux comptes, exige que le taux soit constant
BDAUPHINE
La méthode ARC (Amortissement Réel Constant)
La méthode EIPIS, utilisée pour racheter les prêts, introduit une courbe des taux déterministe
par pallier. Elle détermine les TIF (Taux Implicites Futurs) pour réaliser un adossement actif-
passif. La méthode ARC vise à adapter la méthode du TAO à une courbe de taux par pallier
Dans la méthode EIPIS, la marge désirée induit une translation de la courbe des taux de la
valeur voulue. Cette nouvelle fonction de taux permet alors de calculer le prix d’achat des
créances. Le rachat du prêt se faisant à des taux de marché souvent très éloignés du taux
nominal des créances, l’amortissement de la surcote (ou décote) attachée aux créances,
Pour cette raison, la méthode ARC généralisée veut permettre aussi un amortissement
,(l-r)k+l-(l-r)k
(P+C)
<>-r)d-l aVec
P : prime d’émission
C : commission
r : taux actuariel
d : durée totale
Nous allons prendre un exemple fictif simple en considérant une marge nulle et montrer que
le résultat par la méthode ARC est effectivement nul à la différence d'un résultat dont les
Considérons une créance à deux annuités constantes de 100 F rachetée par la CAR à la
section d’épargne de la Caisse des Dépôts pour lui permettre de gérer l’équilibre entre les
Supposons que la CAR puisse se refinancer en émettant sur les deux souches suivantes le
01/01/1995. Le tableau 6 montre les caractéristiques de l’actif et des deux passifs de ce bilan
Tableau 6
01/01/1997 110,00 F
30/06/1996 100,00 F
Les taux implicites futurs par pallier de la méthode EIPIS sont calculés pour que la somme
des flux futurs actualisés des emprunts corresponde aux prix des emprunts (Tembely et Yip
(1992)) :
100 100
+ = 184,49Frs
créance,01-01-1995 ( 1 + JIp J)(l + •pjp2)I82/365 ' (J + JIFl )'“ ^
fmS| = 0,8623
K =0-4757
Nous présentons les deux comptes de résultat de fin d’années 1995 et 1996 dans le tableau 7.
GESTION DE BILAN 118
Tableau 7
dont :
Intérêt S1 8,62 F
dont :
Plus-value S2 ARC :
Pot--01-1996 ~ f*ot-01-|995 = /, , rp,,- * m2 ~ 101,76 * n\
(1 +TIF2)
Plus-value créance:
L’objectif est donc atteint d’équilibrer année par année le résultat sous l’hypothèse que les
taux courts réels soient les taux implicites futurs déterminés à partir du coût du refinancement
La transcription comptable réelle est biaisée pour trois raisons dont la dernière a un impact
obligation de taux nominal 10,5% avec une prime d’émission de 2,5% pour un montant de
La surcote (ou décote! des obligations émises au passif du bilan est amortie
selon la méthode linéaire classique qui reste la seule acceptée par les commissaires
Graphique 19
Cela provoque les 5 premières années un rendement plus faible que la réalité. Le
Les commissions sont amorties linéairement sur une période limitée à cinq
alourdissant les charges sur les premières années et en les allégeant sur les dernières
Graphique 20
Année
121
La méthode EIPIS découpe la période globale en sous périodes suivant les dates de
paragraphe précédent et à l’hypothèse trop forte de cette méthode qui suppose des taux
Il est clair cependant que le bénéfice de l’exercice est la marge nette comptable perçue à
priori charges déduites. Ces dernières se décomposent entre les coûts fixes de la structure
financière connus à priori et les pertes éventuelles liées aux mouvements averses des taux
Le résultat comptable de chaque exercice est donc une variable aléatoire dont la réalisation
dépend du taux d’intérêt que l’on peut représenter par un modèle stochastique d’évolution.
Il s’agit donc d’établir le mode de représentation comptable. Puis en fonction d’un modèle de
comptes de résultat de la trésorerie, exercice par exercice. Cette partie aléatoire est alors
agrégée avec la partie fixe du résultat pour donner le résultat de chaque exercice.
direction de la banque comme la somme sur tous les exercices des résultats actualisés
pondérés
j=N
SA(s) = *n.*
Z.Pj
J=1 J j
r.
J»s
avec
Des contraintes supplémentaires peuvent permettre d’imposer sur les exercices voulus un
Les ratios prudentiels, édictés par le comité de Bâle, comme le ratio Cooke correspondent aux
postes de bilan les plus risqués. Progressivement, l’extension à tous les postes de bilan et de
hors-bilan doit permettre de cerner la probabilité de perdre la totalité de ses fonds propres
suite à des crises. Le calcul du ratio utilise des valeurs standards pour les prêts plus ou moins
adaptés à la réalité du portefeuille géré. Récemment, le risque de taux a été intégré, avec la
possibilité pour la banque d’intégrer des modèles internes de risque. Dans une première
section, nous analysons le risque sur un bilan bancaire simplifié. Nous proposons alors
différentes mesures du risque asymétriques dans la deuxième section. Dans la dernière section,
Nous calculons ensuite un ratio adapté pour minimiser le risque de faillite ainsi que
Nous considérons un établissement avec un bilan simple décrit dans le tableau 1. Son actif
filiales), des prêts à taux fixe et une trésorerie. Son passif est composé de fonds propres et
Bilan considéré
ACTIF PASSIF
Trésorerie 5
rendement des fonds propres ainsi que les historiques de rendement sont détaillés dans le
chapitre 19
J’ai étudié ce bilan bancaire au chapitre 19 et montré qu’une approche de gestion indiciel sur le
rendement des fonds propres était facilement opérationnel. Cependant, la répartition des actifs
s’avère sensible à l’aversion au risque considéré. De plus les rendements non gaussiens de
Ainsi qu’on l’a évoqué précédemment, en l’absence de distribution gaussienne des rendements,
plus réunies. Il convient donc de rechercher des mesures de risque alternatives, permettant de
contourner les difficultés inhérentes au cadre moyenne-variance : c’est ce que permettent les
moments partiels inférieurs. Aussi simples d'utilisation que le critère de Markowitz, leur
principal attrait réside dans le fait qu'ils permettent, sous des hypothèses simples et réalistes
sur les préférences des investisseurs (utilité croissante de la richesse, aversion au risque,
Dans l’annexe D, nous présentons des mesures de risque alternatives et mettons en évidence
leur équivalence avec les règles de dominance stochastique, nous montrons l'utilisation qui
développera une approche du risque quelque peu affinée, les moments partiels inférieurs
pondérés.
mesure où elle satisfait plus ou moins ses actionnaires. Les objectifs de rendement des fonds
propres peuvent être variables suivant les optiques des actionnaires. Le « benchmark » pris en
en SICAV obligataire.
pouvoir d’achat.
Le deuxième risque est lié à la survie de la banque et intéresse tout autant les autorités de
contrôle du système financier. Il revient à réduire à néant la valeur des fonds propres.
Graphique 21
Quel que soit l’objectif, on observe un pourcentage de prêts très élevé. Cela provient du profil
Les graphiques 22, 23 et 25 analysent le risque pour un objectif de rendement inflation puis
action puis obligation. Pour chaque graphique, on lit sur l’échelle de gauche le rendement du
utilisent les LPM pondérés. La différence entre LPM et LPM pondérés n’est nettement
marquée que pour le « benchmark » action (le plus difficile à suivre). Dans le cadre des LPM
pondérés, le niveau de crise est nettement diminué du seul fait qu’il est peu tenu compte des
crises ayant eu lieu dans un passé lointain. Cependant, l’intérêt des LPM pondérés reste de
(benchmark inflation)
risque
Année
GESTION DE BILAN 128
Graphique 23
(benchmark action)
%erndmt
1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992
risque
Année
Graphique 24
1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992
Année
129
Graphique 25
(benchmark obligation)
Année
Graphique 26
Année
Le risque de faire moins que l’inflation est nul. Ceci est lié au type de prêt peu risqué
sélectionné. Le risque de faire moins que le CAC est non négligeable pour ce type de prêts. Le
GESTION DE BILAN 130
risque de faire moins que les obligations est nul jusqu’en 1990. A partir de cette date les pertes
plus fortes traduites dans l’historique des rendements se matérialisent par une montée du
Graphique 27
1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992
Année
Il apparaît que le niveau de ratio de 4% pour les prêts hypothécaires est bien adapté et n’obère
pas les chances de réaliser des objectifs de rendement des fonds propres supérieur au CAC.
Pour des prêts non hypothécaires de profil de rendement identique (par exemple bénéficiant de
Nous considérons le risque de diminution de moitié des fonds propres (ce n’est pas le risque
Pour tester l’influence du niveau de ratio, nous avons considéré un prêt fictif très risqué. Le
Graphique 28
Année
Le graphique 29 montre que le montant optimum de prêt est stable à 20%. Parallèlement, la
proportion optimale de fonds propres se situe à 10% (passif moins obligations). Ainsi, le ratio
Graphique 29
évolution des proportions des postes du bilan pour minimiser le risque de crise
Supposons que la banque dépasse la quantité optimale (environ 20%) assurant le risque
dans le bilan. On observe qu’en fixant arbitrairement à 40% des actifs la proportion de prêts, le
risque de faillite est multiplié par 5. On voit donc l’importance de bien proportionner un ratio
Graphique 30
3
4)
3
Z 2
2
1
Année
Conclusion
Nous avons montré que différents objectifs peuvent être poursuivis. Gérer le risque ou le
minimiser quelqu’en soit le prix sont deux manières profondément différentes d’envisager le
problème. L’objectif peut être indifférent au comportement des autres actifs : c’est le cas du
rendement des fonds propres. Il peut aussi être de faire au mieux par rapport à un autre actif :
c’est le cas d’une gestion « benchmark » comme l’excès de rendement des fond propres. Le
chapitre 9, prouve que bien gérer jusqu’à une date de l’horizon ne correspond pas à bien
gérer jusqu’à une autre date de l’horizon. C’est pourquoi, dans le cadre d’une gestion du
risque, nous proposons la méthode ARMUR qui permet de contrôler le risque sur un horizon
de gestion fixé.
133
En France, une vision financière ne peut cependant pas être directement transposable dans les
comptes de la banque car des distorsions comptables importantes subsistent. On notera à cet
égard que la comptabilité anglo-saxonne qui tend à s’imposer à travers le monde permet, le
plus souvent, de garder la cohérence entre vision financière et comptable. C’est pourquoi,
actuellement en France, seul un modèle comptable semble permettre un pilotage fin des
satisfaction intégrant la dimension comptable à travers les résultats annuels avec une volonté
de gestion plus ou moins long terme traduite par des coefficients de pondération pour chaque
année comptable.
Des mesures de risque asymétriques sur le rendement des fonds propres peuvent relayer pour
inappropriés. Nous avons montré la supériorité d’un ratio financier adapté au bilan sur une
norme forcée de ratio à travers deux exemples. D’une part, dans le cas de prêts peu risqués qui
présentent un risque de faillite nul, un ratio arbitraire trop élevé augmente en fait le risque de
optimal, dans le cas de prêts très risqués, en doublant la proportion de prêt peut multiplier par
« benchmark » cible et limiter le risque de faillite peut permettre dès aujourd’hui aux banques
Chapitre 8
gestion de bilan?
Nous avons vu dans le chapitre précédent que la réflexion sur l’objectif à atteindre est
variation de la valeur actualisée de la banque au taux d’intérêt nominal. Pour le rendement des
fonds propres, l’objectif fixé est bien un taux nominal dont l’évolution depuis 1950 est
montrée sur le graphique 31. Deux choix s’offrent alors comme nous l’avons déjà vu. Le
premier est d’avoir pour objectif un rendement long-terme avec le solde final de trésorerie : on
vise un « benchmark » de type obligataire avec les risques de fluctuations de prix avant
l’horizon de gestion sur ce type d’instrument Le second est d’avoir pour objectif un
rendement court terme en annulant le risque de taux de la valeur actualisée (sensibilité nulle de
L’histoire nous rappelle en France que, dans les années 1956 à 1964 et avant 1952, le taux réel
était négatif. Dans le cas du Mexique de 1980 à 1988, le taux réel a dépassé par deux fois la
valeur de -20%. Dans ce cas, vouloir suivre un « benchmark » monétaire s’avère un mauvais
Le graphique 32 nous montre que le taux réel a été constamment positif depuis trente ans. De
cela, il est probable que notre mémoire courte en a déduit que suivre un « benchmark »
figure, même si notre objectif est d’assurer au moins l’inflation, il est réalisé lorsque l’on
assure au moins le taux monétaire. Les trente glorieuses sont derrière nous, et nous ne
pouvons préjuger d’une nouvelle époque identique pour les trente prochaines années qui sont
Graphique 31
1992
Graphique 32
Taux
Année
Graphique 33
Année
Graphique 34
Taux
Cox, Ingersoll et Ross (1985) ont mis en place un modèle d’équilibre général dans un monde
sans inflation. De ce modèle, il est possible de déduire la structure par terme des taux
d’intérêts réels puis nominaux en modélisant l’inflation. Nous proposons une approche
La gestion de bilan cherche à savoir ce que l’on pourra faire du montant de fonds propres
propres. C’est donc bien l’actionnaire qui en revendant son action, réalisera une plus value et
Dans une première section, nous considérons comme objectif possible pour l’actionnaire le
choix de faire mieux que le « benchmark » inflation. Dans cette optique, c’est alors le taux réel
qu’il convient d’étudier. Dans une seconde section, nous montrons la divergence entre le taux
nominal et le taux réel sur le long terme. Dans une troisième section, nous comparons le
modèle de Vasicek sur les taux nominaux et une formulation analogue sur les taux réels. Dans
une quatrième section, nous testons les deux modèles de diffusion du taux réel et du taux
nominal. Il apparaît, aux résultats des tests statistiques, que la prédictibilité de l’espérance de
l’objectif est nettement meilleure pour le taux réel que celle du modèle de Vasicek sur le taux
nominal.
Calculer la valeur actualisée est devenu un automatisme dans le domaine financier. Nous nous
proposons ici d’analyser l’utilisation des étalons de mesure. Ils doivent permettre :
c’est donc le poids sec qui doit être retenu. Dans le cadre de l’utilisation du blé pour
engraisser des animaux, ce n’est plus le poids mais la valeur calorique qui nous intéresse.
Nous réalisons combien les étalons peuvent être multiples. C’est l’objectif visé qui détermine
Quelle réflexion vous permet de définir le montant V tel que vous n’avez pas de
Le choix des étalons que nous allons extraire des désirs de ces deux agents est spécifique.
Celui du financier est usuel et s’applique à des comparaisons de placement financier. Nous
nous poserons cependant la question de savoir s’il s’applique avec le même caractère normatif
sur le rendement de l’argent des actionnaires. Celui du particulier fluctue avec sa richesse et
ses désirs de consommation future. On peut supposer qu’une fraction de la population, avec la
peur de l’avenir, voudra se garantir l’accès à la nourriture et au logement Dans ce cas, c’est
bien l’inflation du pays concerné qui entre en jeu. Une fraction de la population veut garantir
sa part de détention d’entreprise sur le plan mondial pour ne pas être tributaire du déclin d’un
pays. Un jeune retraité voudra lui continuer à voyager de par le monde en avion : il souhaite
Nous choisissons arbitrairement le premier objectif cité pour le particulier à savoir de faire
Le financier cherche le montant V qui placé lui donnera 1 Franc à l’horizon H. L’objectif est
alors exprimé en terme de substitution possible entre des quantités de monnaies à des dates
Le marché financier étant complet, il est possible par l’achat d’instruments de marché de
générer à toute date un flux futur certain. La valeur d’un flux est alors donnée par l’espérance
V = E
actualisée Q
avec :
r le taux nominal.
La valeur actualisée est-elle la mieux adaptée à la gestion de bilan ? 139
Le particulier se demande plutôt quelle est la somme qui lui permet d’acheter les mêmes biens
particulier n’est pas complet en France car, de par la loi, il n’est pas possible d’indexer des
instruments financiers sur l’inflation. La valeur est alors déterminée par l’arbitrage rendement-
r"
-("((i+r./i+s ,H)* 3
-J/r ds
i ri
i
V = F e Jo -a var e 10 = EP -a var e Jo
r Pouvoird'achat P
s : taux d’inflation
t
En Angleterre par exemple, il existe des obligations d’état indexées sur l’inflation (c’est même
pour 1996, un des axes de développement de la bourse de Londres). Dans ce cas, le marché
devient complet, et il est possible de générer n’importe quel flux dans ce nouveau numéraire
V = F
Pouvoird'achat Q
On voit ici mathématiquement le rôle des marchés financiers qui est d’annuler les incertitudes
mesures divergent
Les deux mesures précédentes sont légitimes suivant les utilisations. Si, à court terme, le choix
des étalons a une faible importance, cela n’est plus le cas à long terme.
* On ne tient pas compte pour simplifier ni la préférence d’une consommation immédiate ni des stratégies de répartition
entre consommation et épargne.
GESTION DE BILAN 140
A court terme, l’inflation peut-être considérée comme fixe car bien anticipée. Dans ce cas, les
deux étalons sont homothétiques. Les stratégies qui consistent à maximiser l’espérance de la
A long terme, l’inflation et les taux sont des variables aléatoires. On ne peut rien dire sur
Nous considérons les modélisations les plus simples dans le but de mieux cerner les enjeux
b est le niveau de taux moyen. L’espérance de la valeur actualisée dépend très fortement de b
(comme nous le montrons dans le chapitre 10). La question « peut-on prévoir le niveau moyen
des taux sur les 20 prochaines années ? » est sans réponse actuellement La palette des
Ce modèle de taux conduit naturellement à des taux « spot » négatifs dans le futur.
Intégrons dans notre modèle élémentaire l’information que l’accroissement moyen du pouvoir
Les prévisions économiques sont plus à même de nous fournir une information sur
La régression des paramètres sur les prix de marché des instruments de taux nous donne
Les taux négatifs dans le futur de ce type de modèle restent parfaitement acceptables dans le
Au vu des graphiques 31 à 34 précédents, il semble plus facile de prédire le taux réel futur que
le taux nominal. Pour valider cette intuition, nous avons étudié deux modèles discrétisés :
Tableau 8
Prédictibilité 5% 20%
La modélisation du taux réel a une prédictibilité quatre fois plus forte que celle du taux
nominal. De plus, les paramètres du modèle du taux réel sont les seuls à satisfaire le test de
Student.
GESTION DE BILAN 142
Tableau 9
Prédictibilité 8% 45%
La modélisation du taux réel a une prédictibilité six fois plus forte que celle du taux nominal.
Cependant les paramètres du modèle du taux réel ne répondent pas aux critères du test de
Student.
Conclusion
La phase d’expansion économique que nous avons traversée peut nous avoir conduit à
confondre deux objectifs : l’objectif de faire mieux que l’inflation (objectif sur le rendement
réel) paraissant satisfait dès que l’on fait mieux que le taux nominal. Or cela n’a pas toujours
été vrai dans le passé. Le cas du Mexique est sur ce plan instructif. En raison de son horizon
nHNiadnv
lointain, la gestion de bilan doit remettre en question ce préjugé. Dans ce cas, pour certains
actionnaires, un objectif de rendement réel peut paraître plus satisfaisant. Pour ce faire, la
l’espérance et de la variance. Nous montrons que la prévision du niveau moyen du taux réel
Chapitre 9 **0?
L’horizon de gestion
Nous venons de voir dans les deux chapitres précédents l’importance du choix de l’objectif
à atteindre. Dans ce chapitre, nous considérons que la banque a réalisé un choix d’objectif
classique : le rendement nominal des fonds propres. Ce choix étant fait, il reste à fixer la
période sur laquelle ce rendement est l’objectif. C’est ce que nous appelons l’horizon de
gestion.
Nous considérons deux méthodes de minimisation du risque pour deux horizons différents.
La première consiste à annuler le risque sur le rendement court terme en rendant nulle la
variation de valeur du bilan à tout mouvement de taux. Ce type de méthode est basé sur des
rendement long terme. Ces deux approches existent dans différentes banques. En effet, un
dirigeant de banque doit assurer à la fois une rentabilité court terme des fonds propres de la
banque, limiter les risques de faillites et assurer une rentabilité à long terme de ces fonds
Ces méthodes sont similaires à celles employées dans le cadre d’une gestion de portefeuille
du fait que le bilan bancaire est comparable à un portefeuille: un bilan bancaire élémentaire
peut être constitué de fonds propres et d’obligations au passif, de prêts et d’une trésorerie à
banquier ne peut pas le faire à tout moment pour des raisons de liquidité de marché et à
Dans une première section, nous exposons les formulations en horizons court et long terme.
Dans une deuxième section, nous testons la cohérence de ces deux gestions à horizons
différents. Pour satisfaire tout type de gestions à plus ou moins long-terme, nous définissons
gestionnaires de portefeuilles obligataires dans les instruments collectifs que pour les
responsables des équilibres bilantiels des banques spécialisées. Les premiers sont jugés
régulièrement sur leurs performances par des clients utilisant ces SICAV composées
d’instruments long terme comme des placements à court ou moyen terme. Les seconds,
malgré l’utilisation possible de techniques permettant de rendre liquides les actifs (titrisation
pour les prêts) et les passifs (« defeasance » pour les dettes), considèrent souvent un
maintien dans le bilan jusqu’à l’horizon long-terme du dernier flux à payer ou à recevoir.
Il est proposé ci-après un exposé rapide des méthodes de gestion statique, suivi d'une
courbe des taux zéro-coupon. Le modèle de taux zéro-coupon utilisé, GAMTAUX est
décrit au chapitre 6. Nous rappelons ici la formulation du prix d’une obligation. Considérant
un taux R(t,r ) d’une obligation zéro-coupon émise la date t qui verse 1F à la date T,, le
l-exp(-a(Ti-t)) l-«p(-a(Tl-t))5
+Y
aoyo 4aCrrl)
s’écrit alors comme la somme des flux F] aux dates Tj du titre j actualisés à la date t, de la
manière suivante :
l-exp(-a(T,-t)) l-exp(-a(Tj-i))2
R» —S
"j (Tj—t)* +7
a(Tj-t) 4a(Tj-t)
PfCD^Rexp J)
i=i
avec :
L’horizon de gestion 145
portefeuille sur une courte période ou à limiter sa variation de prix aux déformations
possibles de la courbe des taux. Il y a donc deux approches qui coexistent : la gestion
portefeuille.
données par :
E=É^iE, etV=5>iA.jC0vu
1=1 i,j=i
avec :
problème de programmation quadratique. Les données initiales de gestion sont, à chaque date
d'optimisation, les rendements anticipés des titres et leur matrice de variance-covariance qui
représente leurs corrélations. Cette méthode fournit une répartition optimale des titres dans le
portefeuille. Le gestionnaire peut alors utiliser les informations dont il dispose et imposer des
MIN (x.W.x,)
t
SOUS
avec :
GESTION DE BILAN 146
des titres,
contraintes linéaires,
La matrice de variance-covariance des rendements des actifs peut être estimée de deux façons
rendement théorique. Celui-ci est considéré comme une différence entre les dates t et t+1
théorique
Y (fl -fl.)
p théorique (t _|_ J } — p (0 1=1 afi
l
R j,marché +1) ** théorique ) théorique
p. (0 (t)
j
avec
f 3P,h>
: dérivée à la date t du prix théorique du titre j par rapport au facteur f,
v
J,
(f h*. -f.,) : variation d’une source de risque f l entre les dates t et t+1.
r 1
f MÏ
M
3Pf
3f. af
v = i-L L cov(Af,,Afm)L
HL
pth
rj
M M
j
Avec Af, = f, - fit et les notations précédentes.
rendement de marché des titres constituant le portefeuille est déduit d’une anticipation des
variations des trois sources de risques. Des tests réalisés par Cognât (1994) sur les deux
méthodes ont montré que la gestion quantitative dans ce dernier cas est meilleure.
dérivées par rapport à chacun des paramètres, du prix théorique du portefeuille, divisées par
-I t=0
avec :
K : quantité du titre i,
GESTION DE BILAN 148
les dérivées secondes. Gagnon et Johnson (1994) ont utilement montré que des contraintes
de convexité n’améliorent en général pas les performances de gestion. Il parait donc plus
intéressant d’utiliser les degrés de liberté supplémentaires du système avec d’autres types de
contraintes (notamment d’équilibre de duration en des dates futures comme dans la méthode
rendement à toute date donnée, n'a qu’une seule solution (ou une infinité), sous réserve que
long terme, la prévision d’un rendement est difficilement réalisable car les techniques de
prédiction appliquées aux bases de données usuelles ne sont pas assez sophistiquées pour
étendue au long terme. Goetzmann et Edwards (1994) ont montré que sur les données
profondément différents :
Pour notre objectif long terme, une étude de la matrice historique des variances et
covariances des rendements des obligations de diverses maturités doit intégrer un historique
sur plus de 20 ans. Aussi la recherche d’un portefeuille optimal se fait à partir de simulation.
horizon court au sens où elles reposent toutes deux sur un modèle de diffusion de taux et où
variance-covariance. Ici, elle n’est plus historique mais calculée théoriquement comme
L’horizon de gestion 149
taux du jour (ou de quelques taux de la courbe de taux). On en déduit les rendements des
titres du portefeuille, leur espérance et leur variance. Ensuite, on optimise la répartition des
titres du portefeuille afin que la variance du portefeuille soit minimale sous contrainte d’une
espérance seuil.
La stabilité à long terme des paramètres du modèle de taux est loin d’être assurée mais des
zones d’évolutions pour des plages de variations critiques de ces paramètres peuvent être
• Dans quelle mesure les portefeuilles correspondants à une approche répondent aux
• Dans le cas où les approches ne sont pas compatibles, comment formuler une approche
mixte ?
Nous répondons à ces questions à partir d’un exemple en rappelant que nous nous plaçons
dans le cadre d’une gestion statique. Les résultats sont ceux de deux méthodes,
échéance constante, au taux de 8.2%, de prix initial de 1000 F et de taux nominal 8,2%,
trois emprunts (OAT 4266 / 27-05-2000 / 10.0% ; OAT 11351 / 27-02-2004 / 8.25% ;
échéance du prêt. Ce bilan (ou solde final de trésorerie) peut être assimilé à un portefeuille
global, résultant d’un portefeuille à couvrir (le prêt) et d’un portefeuille de couverture (les 3
GESTION DE BILAN 150
emprunts). Aussi nous appellerons par la suite, par abus de langage, le bilan ou solde final
A toute date, ce portefeuille est caractérisé par son rendement (qui n'est rien d'autre que
restant inchangé). Le rendement est soumis aux fluctuations de trois sources de risque,
Nous cherchons la composition du portefeuille optimal (au sens de Markowitz) avec une
variance de rendement minimale, ceci dans le cadre d’une gestion à horizon long terme
(quinze ans). Ensuite, nous cherchons la composition d’un portefeuille optimal obtenu dans
le cadre d’une gestion à court terme lorsque celui-ci est contraint à être insensible aux trois
facteurs de risque (le niveau de taux, le « spread » de taux, la convexité de la courbe des
taux) ou à la duration.
La comparaison porte sur l’espérance et la variance des rendements dans 15 ans des deux
portefeuilles. Elle porte également sur les sensibilités instantanées des deux portefeuilles.
supposons une diffusion de taux dont on simule 3000 trajectoires de taux par une méthode
aléatoire (comme différence de deux prix théoriques qui dépendent de la diffusion de taux),
son espérance et sa variance sont alors calculées avec les 3000 réalisations des rendements
couverture est déterminée de façon à obtenir une variance minimale. En faisant varier ces
Graphique 35
Ecart-type en Francs
Pour des soldes espérés inférieurs à 600, les portefeuilles sont équivalents car le point
optimal n’intègre pas de vente à découvert. Cette possibilité introduit des arbitrages de
vente d’obligations dont le prix réel est supérieur au prix théorique et d’achat d’obligations
dont le prix réel est inférieur au prix théorique. Il faut noter qu’une telle étude d’arbitrage
nécessite une étude sur une longue période de l’évolution des écarts "prix théorique - prix
de marché" et que cet arbitrage n’est pas l’objectif de gestion d’un adossement actif-passif.
taux (ou la duration). La recherche du portefeuille optimal sous contrainte se fait en deux
étapes.
Le calcul du prix théorique pour chacun des trois emprunts et pour le prêt au 04-01-93 a été
deuxième portefeuille annule les sensibilités du portefeuille global par rapport aux trois
courbe (G). Le troisième portefeuille réalise un portefeuille global de valeur nulle et annule
les sensibilités du portefeuille global par rapport aux deux paramètres principaux du modèle
Les portefeuilles optimaux obtenus dans le cadre d’une gestion court terme sont portés à
manière que lorsque l’on pratique une gestion long terme par simulation du processus de
diffusion de taux.
Graphique 36
Ecart-type en francs
Au vu du graphique 26 précédent, il apparaît que les gestions courtes et longues ne sont pas
comparables en variance. Les portefeuilles (ou soldes finaux de trésorerie) assurant une
gestion court terme sont largement inefficients suivant les critères associés au long terme.
La gestion en insensibilisation sur une courbe des taux à trois paramètres avec valeur du
Le tableau 10 présente, pour différents horizons de gestion du risque, les risques à court
terme. Nous constatons également qu’ils ne sont pas comparables. En effet, les dérivées d'un
portefeuille optimal pour une gestion long terme ne sont pas nulles.
Tableau 10
mbiï 4*3*
V=0, duration |V=0, R, S |R, s, g I
Rendement Risque
Espérance 250 330 560 250
Ecart-type 21 24 36 6
m i m : iü W0
Dérivées en t=0
en R 0 60
en S 0 -17
en C 0 4
La méthode consiste à générer des trajectoires de taux courts. On se place alors à un horizon
la valeur du mini-bilan (variable aléatoire) par capitalisation ou actualisation des flux à la date
ciblée H.
La valeur initiale FP est de 8 F, somme initiale du mini-bilan avant réalisation des transactions
de vente du prêt et des obligations. Il est alors facile de calculer le rendement rH qui est la
avec :
Pjh(H) : prix théorique à la date H du titre j dont tous les flux sont actualisés ou
H.
Il est intéressant d’essayer de trouver un compromis entre des objectifs court et long terme
entre lesquels oscillent régulièrement les dirigeants de banque. Un simple paramètre peut
permettre au décideur de les pondérer. On peut définir par exemple une fonction objectif
avec :
a : l’aversion au risque,
r
court : rendement pour un horizon Hcourl
long
a
: le barycentre horizon de gestion*.
spécifier la probabilité que le rendement court ou long soit inférieur à un seuil que l’on fixe :
' Ct- 0 correspond à une gestion courte, Ct- I correspond à une gestion longue de type ALM et ,Ct- 0.5 est un compromis
entre des préoccupation de résultat immédiat et de rentabilité à long terme.
L’horizon de gestion 155
Conclusion
Des intérêts parfois différents intéressent trois intervenants : les actionnaires, le directeur et la
Les premiers tests sur un exemple simple montrent qu’un objectif long terme sur le
rendement nominal ne donne pas de garantie suffisante sur le court terme. Réciproquement un
objectif court terme aboutit à un portefeuille optimal qui n’est pas optimal dans une vision
long terme. La fonction objectif multi-horizons que nous proposons permet d’arbitrer
d’un investissement dans une obligation à taux fixe. Un objectif fixant un rendement court-
doit être revu à chaque date avec l’évolution de la courbe des taux. Il apparaît que viser le
même objectif de rendement nominal sur un horizon court et un horizon long peut être vu
sous un autre angle. Cet autre angle correspond à deux objectifs différents sur le même
horizon long : faire mieux qu’un « benchmark » monétaire ou faire mieux qu’un
« benchmark » obligataire.
Une gestion dynamique dans laquelle les portefeuilles évolueraient en composition serait
achat d’options) pourraient permettre sa mise en oeuvre. Cependant, cette gestion est encore
Chapitre 10
actif-passif
Nous nous proposons1 ici de comparer une méthode de minimisation du risque avec une
méthode de gestion du risque. Dans ce but, il faut préalablement estimer les paramètres d’un
modèle de diffusion. C’est l’objet de la première section. Dans la deuxième section, nous
du risque et les portefeuilles efficients de la méthode de gestion du risque. Dans une troisième
section, nous étudions la robustesse des portefeuilles aux paramètres du modèle de diffusion
de taux. En effet, tout modèle financier économétrique ne fait qu’approcher une réalité qui
évolue avec le comportement des agents économiques et l’environnemenL Sur une longue
période, il est illusoire de penser que des paramètres fixes, aussi nombreux soient-ils, puissent
approcher sans incertitude la réalité. La preuve en est que ces paramètres, considérés comme
fixes par le modèle, lorsqu’ils sont estimés historiquement sur une période glissante, sont
variables dans le temps. Un bon modèle doit satisfaire au critère d’avoir des paramètres
variables dans le temps dans des plages raisonnables. Pour apprécier si ces plages sont
raisonnables, nous regardons la cible objectif pour l’ensemble des valeurs de nos paramètres.
Dans notre cas, cela consiste à visualiser toutes les positions dans le plan rendement-risque de
notre portefeuille sélectionné avec la valeur « considérée comme la plus probable » de nos
paramètres.
1 Ce travail a été réalisé avec la collaboration de Katell Savidan. Nous remercions Nicole El Karoui pour de fructueuses
discussions.
Comparaison de modèles d’adossement actif-passif 157
Les méthodes de gestion de risque reposent sur un modèle de diffusion de taux (certains sont
décrits dans le chapitre 6). Ces modèles, connus dans la littérature sous le nom de modèles
d’équilibre général, supposent que les déformations de la courbe des taux sont régies par un
certain nombre de facteurs (variables d’état) qui suivent des processus de diffusion. Nous
avons décidé d’utiliser un modèle linéaire gaussien à un facteur (celui de Vasicek généralisé)
dont nous estimons les paramètres. Il considère le taux « spot » comme une variable d’état qui
suit un processus de diffusion de type Orstein Uhlenbeck, ce qui rend cette variable aléatoire
gaussienne. Le choix d’un tel modèle de diffusion de taux a été dicté par sa simplicité. De plus,
El Karoui et Cherif (1993) ont obtenu des formules explicites pour un très grand nombre
d’actifs contingents.
Le calage des paramètres se fait, d’une part sur la structure par terme des taux d’intérêt de la
date de calcul (paramètres de la courbe des taux) et d’autre part, pour les fonctions qui font
intervenir la volatilité des taux (paramètres du processus de diffusion de taux), soit sur un
historique, soit en implicite en ayant recours aux prix des options sur produits de taux. Nous
Nous reprenons ici le modèle GAMTAUX dont nous allons estimer les paramètres.
Le prix, à la date t, d’un actif i versant des flux FtJ aux dates tJ peut s’exprimer comme une
;'=i
On définit ainsi tout prix à partir des prix zéro-coupon B(f,fy)(notées aussi fi (, ). Aussi, il
suffit de construire une courbe des taux zéro-coupon. La relation entre taux zéro-coupon et
5(o,r)=exp[-r*/?(o,r)]
avec :
GESTION DE BILAN 158
rt : taux court.
R(0,T)=R„-SGl(T)+y G2(T)
avec :
Q-expt-ar))
lV ’ aT
On notera que la détermination de ces prix zéro-coupon B(0,T) est nécessaire pour le calcul
N 2
D(R„,S,y)=2’ni(Pl"''or“’ue(R^S,y)-P,™*')
(=1
P‘heoriq‘*(R„,S,y)=YB(o,tJ)FlJ
M
avec :
mj : facteur de pondération, qui peut être lié soit à la liquidité du titre, soit à
estimation de a
Plusieurs raisons ont conduit El Karoui, Cherif, Dicoum, Savidan (1994) à fixer préalablement,
à l’aide de tests empiriques, une valeur pour a. En effet les procédures numériques de
minimisation ne permettent pas d’ajuster a de façon fiable. De plus, trois paramètres suffisent
Comparaison de modèles d’adossement actif-passif 159
pour tracer les formes de la courbe des taux, et a tel qu’il est défini dans l’expression de
estimation de a,Rm,S,y
Le graphique 37 montre que le paramètre qui correspond à un taux long, est variable dans
Graphique 37
Date
taux court. Celui-ci est soit positif soit négatif suivant que la courbe des taux est normale ou
inversée.
Graphique 38
Date
GESTION DE BILAN 160
Graphique 39
Date
A. Estimation de o
rendement d’un actif. On montre ensuite, sur des données historiques, qu’il est indépendant du
titre choisi.
Estimation historique o
P, =fiB(t,t')Fl
M
dBt T = Bi T r, dt + Bi T o (t,T)dz,
le rendement de l’actif peut se décomposer alors en une partie fixe et une partie aléatoire :
Comparaison de modèles d’adossement actif-passif 161
£ S (/,/')>
;=i
d— = r, dt + -dz,
£ b(i,i'
M
avec :
1-e
a (t,tJ)=o
a
f N / ,, \2
Var fi
p,j
Tester si le modèle est effectivement à volatilité constante, consiste à suivre son évolution au
cours du temps et à montrer que cette volatilité est "stable" dans le sens où elle reste dans une
R„,S,7 sont estimés à partir d’un panier de 11 OAT dont les échéances varient entre 3 et 30
ans. Les rendements choisis sont ceux de trois OAT représentatives des OAT du marché
financier :
• OAT 4266 de maturité comparable à celle d’un titre du gisement pour le MATIF (échéance
Le graphique 40 montre l’évolution des variances des rendements des OAT : celles-ci
maturité des titres justifie les efforts de modélisation vers des volatilités variables déterministes
ou aléatoires. Néanmoins, on note que les évolutions restent parallèles entre elles.
GESTION DE BILAN 162
Graphique 40
Date
que a dépend peu du temps. La dépendance à la maturité du titre considéré est moins
importante pour a que pour la variance des rendements. En conséquence, dans le cadre de la
Graphique 41
B. Estimation de b,
Heath, Jarrow, Morton (1992) ont mis en évidence la relation entre la tendance du taux court
des taux aléatoires. Nous avons pris le parti d’utiliser la méthode de Monte-Carlo pour tracer
la frontière efficiente, plutôt que d’utiliser les solutions explicites, dans la mesure où les
I. Méthodologie de la comparaison
Actif et passif
Nous sommes le 04 Janvier 1993 et nous considérons un prêt sans risque {In Fine à taux
préférentiel 8,2%, d’échéance 12 ans) dont le refinancement est réalisé sur deux souches
obligataires :
graphique 42 montre la courbe bt ainsi que la courbe des taux « forward » à cette date.
GESTION DE BILAN 164
Graphique 42
forward
bt
• On simule une trajectoire possible du taux (un scénario) par tirage aléatoire de la partie
brownienne.
• On calcule sur 2000 scénarios le solde final de trésorerie pour chaque passif unitaire, pour
soldes.
II. Résultats
Graphique 43
frontière
efficiente
A EIPIS
MR
Ecart-type en francs
efficients.
Il apparaît clairement, qu’il faut une très forte aversion au risque1 pour choisir comme
paramètres du modèle
On considère que le directeur financier a choisi son refinancement soit par la méthode du
minimum de risque soit par la méthode EIPIS avec les paramètres du jour de l’adossement. On
notablement ( la notion de demain est large et relative pour des horizons de gestion de 20 ans).
Le portefeuille choisi suivant la théorie de Markowitz est la tangente à la frontière efficiente de pente X
GESTION DE BILAN 166
cas qui donnent une idée de variations extrêmes autour du cas moyen correspondant à la
courbe b, calculée. Le premier cas envisage une augmentation de 50% de chaque valeur de b.
Le deuxième cas envisage une diminution de 50% de chaque valeur de b. Les portefeuilles E et
Graphique 44
Ecart-type en francs
Que l’on choisisse les portefeuilles E, MR ou un quelconque portefeuille efficient, les écarts de
l’espérance liés à des variations de b, sont d’autant plus forts sur la frontière efficiente que
l’on s’éloigne du point de minimum de risque. La variance, elle, est beaucoup moins affectée.
Nous savons que b, peut fortement varier sur un horizon correspondant à celui de la gestion
de bilan. Si l’on veut se situer dans une cible raisonnable dans le plan représentatif du
Comparaison de modèles d’adossement actif-passif 167
donne une certaine légitimité aux méthodes visant à minimiser à tout prix le risque.
En cas de prise de risque, l’adossement doit donc être révisé par achats-ventes de passifs
reporter au graphique 36) sur la période 1990-1993 montre que ce paramètre varie dans la
jusqu’à une valeur de o de 0,8. Une étude sur une période beaucoup plus longue pourrait
Graphique 45
Ecart-type en francs
GESTION DE BILAN 168
Que l’on choisisse les portefeuilles E, MR ou un quelconque portefeuille efficient, les écarts de
variance liés à des variations de a sont d’autant plus forts sur la frontière efficiente que l’on
s’éloigne du point de minimum de risque. L’espérance, elle, est beaucoup moins affectée. Le
Le risque peut donc être assez simplement plafonné en considérant une valeur maximale
admissible pour a .
Conclusion
La méthode espérance-variance est la seule qui permet au directeur financier de choisir son
niveau de risque. Cependant pour s’assurer que l’objectif rendement-risque peut être touché, il
convient de fixer une plage réaliste de variations (avec peut-être des marges de sécurité
comme pour les calculs des ponts) pour ces paramètres. Pour un portefeuille choisi, son point
Dans notre exemple d’un prêt refinancé sur deux obligations, un choix précis nous parait
prendre plus de risque car le minimum de risque correspond à une vraiment forte aversion au
risque (forte pente initiale de la frontière efficiente). La deuxième tendance pousse à limiter les
risques car la taille de la cible liée aux incertitudes sur les paramètres du modèle croît très
rapidement.
Cet exemple simple montre qu’un adossement fin est un objectif stratégique car rentable pour
la banque. Un positionnement arbitraire même sur la frontière efficiente est dans la plupart des
cas néfaste. Le risque lu sur la frontière est nettement sous-évalué car il ne rend pas compte de
la taille de la cible.
TITRISATION
TITRISATION 170
PREMIERE PARTIE
(Définition Ca titrisation
de
un mot de 1988 et de nouveaux métiers
L’objet de cette partie est de décrire le nouvel outil financier qu’est la titrisation et de
présenter les intervenants sur ce marché. Pour ceux déjà familiarisés avec la titrisation en
France, il s’agit là de rappels.
Un nouvel outil financier 171
Chapitre 11
Le Fonds Commun de Créances (FCC) est cette coquille financière « copropriété qui a pour
but exclusif d’acquérir des créances détenues par des établissements de crédits, des
compagnies d’assurance, en vue d’émettre en une seule fois des parts représentatives de ces
créances ».
La titrisation en France a été lancée à l’initiative des pouvoirs publics. Ceux-ci ont voulu
reproduire le modèle anglo-saxon mais ont buté sur l'absence du concept de « trust » en droit
français. Aussi, lui ont-ils substitué le Fond Commun de Créances, copropriété sans
personnalité morale dont la société de gestion défend les intérêts. Les textes initiaux de 1988
ont été allégés en 1993 et ont introduit notamment la possibilité de recharger l'actif des FCC.
La loi 88-201 du 23 Décembre 1988 lance en France le cadre législatif permettant la titrisation.
Le marché des créances en France à cette date représentait un encours de 4 600 Milliards de
locales. A cette date, les autorités ont voulu se montrer prudentes en n’ouvrant pas aussi
largement le cadre législatif que l’aurait souhaité le milieu bancaire, excluant de fait la
d’éviter les tentations de titrisation interne (ce serait le cas d’une banque possédant une société
Cinq ans après et suite au rapport RIGAUD (1991) portant sur les mesures propres à favoriser
La loi définit le FCC comme « une copropriété constituée à l’initiative d’une société chargée
Contrairement au « trust » anglo-saxon, le FCC n’est pas une société dotée d’un capital social,
mais une copropriété. Cette copropriété n’est pas dotée de personnalité morale.
• les créances doivent avoir une durée supérieure à 2 ans et n’être ni douteuses ni litigieuses,
• le FCC ne peut détenir une trésorerie initiale ni utiliser des instruments de couverture des
marchés à terme,
• les pouvoirs publics ont estimé que le risque de défaut devait être géré sous une de ces
• la société de gestion est une société commerciale dont l’objet exclusif est de gérer des
FCC,
• la société dépositaire des actifs du FCC est un établissement de crédit agréé par le Ministre
chargé de l’Economie avec un siège social en France. Elle est dépositaire des créances
• la cession des créances s’effectue par simple remise d’un bordereau dont les énonciations
caractéristiques des parts que le fonds est appelé à émettre et des risques sur les créances
qu’il se propose d’acquérir, doit être établi par un organisme figurant sur une liste arrêtée
Un nouvel outil financier 173
par le Ministre chargé de l’économie après avis de la COB (par arrêté du 31 Juillet 1989,
« ne peuvent détenir plus du tiers des actions de la société de gestion : les établissements
ayant cédé des créances au fonds; les personnes morales sous contrôle d’un établissement
ayant cédé des créances au fonds; les personnes morales contrôlant un établissement
Deux règlements du Comité de Réglementation Bancaire (CRB) ont été homologués : celui
Le rapport RIGAUD avait indiqué que l’impossibilité d’acquérir de nouvelles créances après la
titrisation en France.
L’article 30-2 lève cette interdiction et les conditions d’acquisition sont fixées par décret. La
Cette possibilité permet par exemple à un FCC de structurer des parts de type obligataire In
Fine avec des prêts à annuités constantes sans gérer une accumulation de trésorerie.
La disposition de la loi prévoyant des créances de maturité supérieure à 2 ans est abrogée, ce
qui ouvre la voie à la titrisation de créances court terme (cartes de crédits, crédit à la
consommation).
France est supprimée. La Commission des Opérations de Bourse appose désormais un simple
Les garanties pour la défaillance sont appréciées en fonction de la garantie des créances et des
sûretés qui leurs sont attachées et l’obligation pour le fonds de se couvrir contre le risque de
résolu par l’article 34 qui stipule que : « la remise du bordereau entraîne de plein droit le
transfert des sûretés garantissant chaque créance et son opposabilité aux tiers sans qu’il soit
L’interdiction faite, par l’article 34, alinéa 3 de la loi de 1988, aux FCC d’emprunter rend
beaucoup plus difficile le montage des fonds. De nombreux montages ont déjà intégré des
mécanismes d’avances de trésorerie faites par le cédant au FCC pour compenser la lenteur des
L’article 35, alinéa 2 de la même loi, interdit tout démarchage pour les FCC. Cette association
de la notion de risque exceptionnel aux parts de FCC n’est pas réaliste pour des parts notées
AAA par les agences de notation. En marge de la loi, certaines parts sont déjà utilisées dans
des produits « packagés » (par exemple, une part de FCC a été associée à un Plan d’Epargne
L’article 36 de la loi de 1988 nécessite un accord écrit de chaque créancier pour le transfert du
important n’a pas été introduite dans les possibilités légales. Les réticences des banques devant
cette nouvelle étape vers la désintermédiation qui fragiliserait encore plus le système bancaire
Les parts représentatives des créances continueront à être émises par le fonds en une seule fois
(article 30-1). Après la possibilité de recharger l’actif, les conditions d’émissions de nouvelles
L’inégalité de traitement des modes de couverture. Les pertes potentielles liées au défaut des
créances ne sont comptabilisées qu’au fur et à mesure de leur réalisation. La part subordonnée
ou le droit au boni ne permet pas de provisionner ce risque. Seule, une extériorisation du coût
actualisées.
La notion de cession parfaite (« True Sale »). Pour favoriser l’émergence de la titrisation en
France, les autorités ont admis un système en parfaite opposition avec les normes comptables
banque cédante rachète la part spécifique ou détient un droit sur tout ou partie du boni de
liquidation ou bien encore, accorde au FCC une garantie (article 6 - règlement 89-07 du 26
Juillet 1989). Depuis la loi de 1993, la France est revenue à la norme internationale
parfaitement justifiée.
TITRISATION 176
Chapitre 12
De nouveaux acteurs
Nous allons passer en revue les différents intervenants dans le processus de titrisation. Entre la
société de gestion et chacun d’eux sera passé un contrat juridique qui, avec la notice du Fonds
Commun de Créances, gérera l’ensemble de la vie du FCC. Le schéma 1 montre les différents
Schéma 1
SCHEMA SIMPLIFIE DE
COMMUN DE CREANCES
Intermédiaires agréés :
Organismes de Crédit
Placement
Générateur et gestionnaire
Distribution
des créances
Dépôts
I I
^crvice des créan ^^ervice des part^^
i
Em pruntcurs Investisseurs
De nouveaux acteurs 177
La banque cédante
Elle cède les créances au FCC par la simple remise d’un bordereau qui assure le transfert des
garanties de plein droit avec opposabilité aux tiers. Le législateur a voulu interdire les
opérations dites de « titrisation en rond » où la banque cédante émet des parts de FCC à
destination des OPCVM qu’elle gère. La loi précise que les OPCVM du cédant ne peuvent
1. Une convention de gestion est signée avec la société de gestion pour établir le contrat de
gestionnaire des créances, dit « servicing ». Le FCC étant propriétaire des créances, la
banque cédante doit fournir l’ensemble des informations dont elle dispose à leur propos.
2. Une convention de cession est signée avec le FCC. Elle prévoit éventuellement, en plus, la
façon dont le fonds est couvert contre le risque de retard de paiement et de défaut. Dans le
cas où le cédant assume une partie du risque, ses droits sur le boni de liquidation sont
spécifiés.
Le FCC
C’est la structure juridique qui assure un écran entre les établissements cédants et le marché
financier. Son bilan se compose, à l’actif des créances et éventuellement d’une trésorerie, et au
Les emprunteurs
relations avec la banque qui leur a accordé la créance ne devront pas changer après la cession.
Comme stipulé par la loi de Décembre 1988, la banque reste le recouvreur, donc
La société de gestion
C’est une société commerciale dont l’objet exclusif est de gérer les FCC. Elle agit et
à l’émission
La société de gestion est cofondatrice du fonds avec le dépositaire et à ce titre elle signe
la convention de cession des créances avec le cédant. Elle établit le règlement du fonds
qui doit définir la conduite du FCC dans tous les cas de figures imaginables, notamment
les règles d’emploi de la trésorerie, les couvertures contre les risques et les modalités de
transformation des flux. Elle procède à l’émission des parts, après avoir rédigé le
prospectus d’émission qui contient une description précise de l’actif, du passif et de son
justice. Elle contrôle principalement les tombées de flux des créances et doit mettre en
oeuvre les mécanismes de garantie pour payer à bonne date les sommes exactes dues aux
porteurs de parts. Elle détermine sous le contrôle des commissaires aux comptes, les
à la liquidation
lorsqu’il ne reste plus que 10% des créances, le FCC peut prononcer une liquidation
anticipée.
L’agence de notation
Les agences ont un rôle indispensable dans le processus de titrisation car les opérations sont
souvent complexes et le jugement sur la probabilité de paiement des parts nécessite des tests
lourds. Les investisseurs se reposent donc sur la notation pour estimer le niveau de risque sur
chaque part d’un FCC. De plus, la réglementation prévoit l’obligation, uniquement pour les
parts publiques, de recevoir une appréciation de la part d’une des trois agences agréées :
De nouveaux acteurs 179
Moody’s, Standard & Poor’s, Euronotation. Le jugement de l’agence de notation ne porte pas
sur le taux de rémunération des parts, mais sur la capacité du fonds d'honorer à bonne date les
échéances prévues par le prospectus. Le jugement se traduit par une note sur une échelle,
Elle a pour mission d’assurer la transparence des marchés financiers. Jusqu’en 1993, la
procédure d’agrément portait sur chaque FCC. Cette procédure, coûteuse en temps, a été
remise en cause et seul un agrément préalable des sociétés de gestion est aujourd’hui exigé.
L’arrangeur
Son rôle n’est pas prévu par la loi de Décembre 1988. Il apparaît dans la pratique souvent
intervenants dans l’opération de titrisation. C’est notamment lui qui définit les structures
financières et les procédés de garantie qui assurent les meilleures conditions de cession des
DEUXIEME PARTIE
Qui titrise ?
La titrisation créée aux Etats-Unis s’est étendue progressivement au reste du monde. Elle
touche le crédit bancaire sous toutes ses formes et s’étend à tous les types de crédit. Nous
Chapitre 13
Les Américains
Les américains utilisent la titrisation comme outils de refinancement depuis des décennies.
Kurt Viermetz, directeur de J.P. Morgan, dans un article des Echos du 6 Février 1996,
soulignait l’impact de la titrisation. « En 1980, 60% de tous les actifs financiers des Etats-
Unis étaient détenus par des banques, tandis qu’aujourd’hui cette proportion dépasse à
peine un tiers et sera ramené à moins de 20% à l’horizon 2000. ». Dans la première section
nous mettons en perspective la titrisation par une étude historique de ce marché. Dans la
deuxième section, nous montrons la diversité des structures financières alors que la
hypothécaire américain qui est resté pendant des dizaines d’années le seul lieu
par les caisses d’épargne (« Saving and Loans »). Le refinancement sur le marché national
américain a été à l’origine assuré par les compagnies d’assurance-vie. Puis, le marché s’est
élargi aux banques hypothécaires spécialisées, aux agences fédérales de garantie et aux
début du 19ème siècle. A la suite du « krach » de 1929, un cadre légal très strict concernant
la collecte des dépôts et l’octroi des prêts a été mis en place. La forte poussée du chômage
entraîna une augmentation massive des saisies d’hypothèques et les établissements prêteurs
refusèrent de reconduire les crédits en raison de la montée des risques et des crises de
C’est à cette époque que des institutions sont apparues qui allaient jouer un rôle important
(Fédéral Home Loan Bank Board), décrite dans l’encadré 1, assure une garantie plafonnée
Encadré 1
Fondée en 1932, elle assure à ces membres la garantie sur les dépôts de moins de 100 000
Fédéral Home Loan Corporation, acteur important du marché secondaire des créances
hypothécaires.
La FHA (Fédéral Housing Administration), décrite dans l’encadré 2, assure les crédits et
Encadré 2
Créée en 1934 par le National Housing Act, elle a pour mission d’attirer les capitaux
privés sur le marché du logement, pour ce faire, elle assure des prêts octroyés par des
investisseurs privés. Cette garantie rehausse le crédit en diminuant les risques pour les
investisseurs.
Housing Act pour permettre à la FHA de contrôler des entités dont le but est de gérer un
« Fannie Mae » (Fédéral National Mortgage Association), décrite dans l’encadré 3, a pour
vocation initiale d’assurer un marché secondaire hypothécaire par rachat direct des
créances.
Les Américains 183
Encadré 3
Créée en 1938, elle est sous l’autorité du Trésor bien que son capital soit réparti dans le
Sa fonction est d’acheter des prêts hypothécaires aux caisses d’épargne, aux banques
commerciales et aux banquiers hypothécaires. Depuis 1970, elle peut acheter des
« conventional mortgages » selon des critères très stricts ne bénéficiant pas de la garantie
uniquement les banques commerciales. Une imposition de 2% sur les bénéfices ainsi qu’une
supérieur à 100 points de base entre les banques commerciales et les caisses d’épargne en
1960.
L’équilibre général du système était basé sur un écart sensible entre taux des dépôts et taux
des prêts ainsi que sur une hypothèse de stabilité dans le temps des taux d’intérêt.
Cependant des déséquilibres structurels existaient entre les dépôts abondants sur la côte
Ouest, riche mais économiquement peu dynamique, et les besoins de financement sur la
côte Est dont l’activité économique était en pleine expansion mais dont la population était
régionales. Les compagnies d’assurance par l’achat direct des créances aux caisses,
répondaient aux crises de liquidité provisoires des caisses d’épargne suite à la fuite des
bankers » ne recevaient pas de dépôts mais pouvaient originer le crédit, le revendre et agir
l’Etat, basé sur une politique monétaire des années 70, a provoqué une montée brutale des
commerciales d’augmenter leur taux plafond créditeur et d’enlever aux caisses d’épargne
alors ouverts au grand public par le biais d’instruments de gestion collective (« mutual
funds »).
Les caisses d’épargne réalisaient une massive transformation en finançant les prêts à long
terme par des dépôts à vue. La baisse de ces derniers a obligé les institutions, soit à
accepter une augmentation brutale du coût des ressources sans augmentation du taux des
emplois, soit à vendre leurs prêts décotés et encaisser leurs pertes dans le compte de
retentissantes parmi les caisses d’épargne dont le coût énorme a été finalement payé par le
contribuable.
Une des conséquences de cette crise a été la mise en place d’instruments de mesure du
risque de taux (par exemple la méthode des « GAPs ») afin de mieux gérer l’adéquation des
un bilan la duration du passif avec celui de l’actif. La titrisation a été favorisée par
l’encadré 4 et d’une agence fédérale de garantie « Freddie Mac » décrite dans l’encadré 5.
Encadré 4
Issue de « Fannie Mae » sur décision du congrès en 1968, elle appartient à l’Etat
Son activité essentielle n’est pas de réaliser des opérations mais de les garantir. Les
émetteurs doivent avoir reçu un agrément préalable pour pouvoir présenter des « pools »
de créances homogènes à « Ginnie Mae » qui apporte alors une garantie de paiement
Encadré 5
Elle a été créée en 1970 pour faciliter le refinancement des Caisses d’Epargne sur le
marché secondaire.
En 1982, la levée par le FHLBB (Fédéral Home Loan Bank Board) de l’interdiction de
réaliser des crédits hypothécaires à taux variable a limité notablement le risque de taux.
la structuration la plus simple par transfert immédiat des sommes reçues. Les « Pay-
Throughs » qui gèrent une trésorerie et permettent une allocation différenciée des risques.
I. Les « Pass-throughs »
simple et la plus accessible aux investisseurs. Ce sont des parts de copropriétés d’un
Encadré 6
Le « trust »
Le « trust » est une entité juridique intégrée au droit anglo-saxon. Il est le pivot des
Sa personnalité juridique lui permet d’agir légalement et d’ester en justice en tant que
représentant des intérêts des porteurs de parts. Il achète les actifs, reçoit les paiements et
prorata des parts qu’ils détiennent, minorés d’un coût contractuel de gestion du prêt
TITRISATION 186
(« servicing »), de gestion du fonds et de garantie. La banque cédante sort l’actif de son
bilan dans la mesure où la vente est sans recours (« true sale »). Lorsqu’un « pool » de
prêts a été structuré, l’émetteur cherche l’approbation de garantie d’une des agences
fédérales (les principales étant Freddie Mac, Fannie Mae, Gennie Mae) dont le coût varie
certificats de « Pass-Throughs ». Les acteurs les plus actifs sur ce marché sont les caisses
des prêts. Les prêts ne font que transiter dans leur bilan car elles encaissent quasi
standardisation imposée par les agences pour recevoir l’agrément de garantie permet
(« Conduits »). Ces titres présentent une qualité de crédit (souvent AAA) ainsi qu’un
la banque. Les flux financiers reçus des créances ne sont pas transférés directement aux
porteurs de parts. Différents types de produits se sont développés ces dix dernières années
expansion rapide avec des émissions multipliées par cinq de 1984 à 1986. L’encadré 7
décrit le fonctionnement du CMO par différentes classes de parts avec des allocations
différentes des classes (voir tableau 1) permettent de cibler des investisseurs différents
Encadré 7
Description du CMO
de titres en dissociant les flux et les niveaux de paiement. Sa structure repose sur la
création d’une série d’obligations à échéances différentes avec une distribution des flux
Quatre catégories de titres (A, B, C, Z) sont généralement émis. Les trois premiers paient
un intérêt à taux fixe dès leur émission alors que le dernier s’apparente à un zéro-coupon.
A chaque date de paiement, les « cash-flows » des prêts servent à payer les frais de
structure, les intérêts des parts puis à amortir le capital de l’obligation la plus courte. Les
servent à payer immédiatement une partie de capital des obligations les plus courtes et
réduisent la duration avec un impact décroissant des classes les plus courtes aux classes les
plus longues.
Graphique 1
Tableau 1
Le premier réside dans une meilleure périodicité des versements et évite la lourdeur de
Le second correspond à la possibilité d’offrir un choix ciblé de maturité suivant les besoins
tranches. Pour cette qualité de crédit, les CMOs offrent des avantages de taux de 50 points
Tableau 2
Les CMOs présentent un inconvénient majeur qui est lié à la possibilité pour l’emprunteur
remboursements anticipés des prêts hypothécaires, toutes les tranches du CMOs doivent
supporter une incertitude quant à leurs « cash-flows ». L’investisseur doit se livrer à une
Graphique 2
3
E
Année
En période d’évolution rapide des taux d’intérêt, les méthodes basées sur des séries
historiques perdent leur valeur instructive et il convient d’avoir recours à des modèles
à la variable aléatoire des rendements des prêts une variance plus forte que pour les
obligations classiques.
Le statut de « trust » nécessite l’égalité des bénéficiaires. Il ne peut être accordé (clause
« Sears ») à une structure soit qui émet des titres à plusieurs classes d’intérêt soit qui ne
répartit pas les « cash-flows » au prorata. De plus, le régime fiscal de la société classique
Une évolution de la législation a permis la création des REMICs (« Real Estate Mortgage
Investments Conduits »). Ce fut la « Tax Reform Act » de 1986 qui a abouti à la création
d’un nouvel instrument permettant de regrouper des prêts dans une structure et d’émettre
avec des flux de paiement, indépendants de ceux des prêts, des titres représentant des
intérêts différents dans cette structure. L’imposition est perçue au niveau des détenteurs
des parts mais les sociétés portant cette structure sont exemptées d’impôt sur le revenu.
TITRISATION 190
Un premier groupe de parts de « regular interest » émis sous forme de dettes, d’actions,
d’intérêts dans un « trust » donne droit au détenteur de recevoir un échéancier fonction des
prêts hypothécaires sous-jacents. L’intérêt éventuel à taux fixe dépend des droits des autres
parts et des différents aléas subis par la structure. Une seule classe d’intérêts résiduels
existe et tous les détenteurs de ces parts reçoivent les paiements au prorata.
La structure REMICs a permis aux arrangeurs de concevoir des produits de plus en plus
Apparues en 1987, les variantes PACs et TACs veulent répondre au désir de nombreux
création de deux types de parts : les classes supports et les classes privilégiées. Les classes
montre la répartition des flux de paiements entre les classes d’un PAC.
Encadré 8
Les simulations sur un « pool » de prêts avec des hypothèses de remboursements anticipés
On peut alors construire un type de classes qui va rester insensible aux remboursements
anticipés dans le cadre des hypothèses. Ces titres affichent donc à la cote un intervalle de
protection contre le remboursement anticipé. Le reste des flux est affecté entre des classes
séquentiellement.
Les Américains 191
Graphique3
0«OOtOQ»OOtOQtOOtnQtOO
Durée en mois
Encadré 9
Les TACs créent des classes équivalentes à celles des CMOs classiques remboursées
• en cas de baisse des remboursements anticipés, toutes les classes subissent comme dans
• en cas de hausse des remboursements, les excédents sont affectés à la classe finale,
La proportion de classe support détermine le risque neutralisé pour les classes TACs.
risque de RA. Ce sont des titres recevant une proportion déterminée du capital et des
intérêts. Ils fonctionnent par deux, l’un recevant le complément en principal et intérêt de
l’autre. Les agences fédérales de garantie exigent un minimum de 1% de capital pour les
STRIPs exclusivement d’intérêt. « Fanny Mae » propose par exemple deux types de
STRIPs : une division du capital en 99% et 1 % ou une division du capital 50% et 50% avec
Apparus sur les MBSs (« Mortgage Backed Securities ») à partir de 1986, les STRIPs 10
CMOs. Ces instruments permettent aux établissements financiers de couvrir les options de
TITRISATION 192
remboursement anticipé des prêts dans leur bilan. Les risques sont importants en raison de
Les PO de maturité courte entre 2 et 5 ans sont recherchés par les gestionnaires qui veulent
sensibiliser leur portefeuille sur cette partie de courbe des taux. Entre 5 et 15 ans, ce sont
les compagnies d’assurance-vie qui couvrent leur sensibilité négative à la hausse des taux.
Les maturités supérieures ont pour clients principaux les fonds de pension.
maturité de 20 ans peut voir avec une baisse des taux de 100 points de base sa duration
Encadré 10
d’intérêts pendant moins longtemps. Si les taux montent, les remboursements ralentissent,
Dans ce cas, la somme des montants reçus est fixe et égale au capital des prêts, les
PO qui touche immédiatement un montant identique à celui qu’il aurait touché plus tard.
Celui ci touchera les montants de capital des prêts qui ne sont plus remboursés aussi vite.
Lorsque le fonds reçoit des intérêts à taux variable, il lui est possible en achetant un
« floor », d’émettre deux parts complémentaires : l’une à taux fixe au taux du « floor »,
Quand le fonds reçoit des intérêts à taux fixe, il peut émettre deux parts complémentaires :
l’une à taux variable avec un « cap » correspondant au taux fixe, l’autre percevant le
complément de rémunération.
Les Américains 193
I. Un marché profond
Le marché est du même ordre de taille que celui des « T-bonds » ( obligations du trésor). Il
Graphique 4
il MBS EDCMO/REMICS
Année
source : C.I.E.C
Le marché du crédit, décrit par le graphique 5, est une source de titrisation diversifiée. En
effet, sauf les titres du trésor, tous les autres crédits forment un gisement potentiellement
titrisable.
TITRISATION 194
Graphique 5
Autres
Prêts FED
Crédit
consommation
Obligations
état+collectivités
Crédit
Obligations
hypothécaire
entreprise
titrisés en dehors des prêts hypothécaires. Ceci explique que des grands constructeurs
automobiles et des banques avec les cartes de crédit soient parmi les dix premiers émetteurs
Graphique 6
<D
T3
Divers
"Home Equity"
Cartes de crédit
El Automobiles
Année
Graphique 7
Green Tree
Financial Corp.
Chrysler
MBNA
Ford Motor
Citicorp
First USA Bank
GMAC
Colonial National
Household
Bank
Affinitv/
Pour les CMOs, trois types d’émetteurs dominent le marché : les agences de garantie, les
« investment banks » et les sociétés de construction (« home builders »). Les agences de
garantie visent à augmenter leur part de marché. Les « investment banks » ont profité à
plein des possibilités d’arbitrage très lucratives entre les « Treasuries » et les produits
dérivés hypothécaires au démarrage du marché. Dès 1988 les arbitrages ont induit une
diminution notable du « spread » entre les deux marchés. Les « home builders » ont
largement utilisé les regroupements de titres (« conduits ») pour financer les ventes de
maisons.
Graphique 8
Les titres hypothécaires émis ou garantis par les agences fédérales (1988)
D 300
"G
200
G S
O
S 100
Agence
Le graphique 9 fait apparaître des « spreads » très attractifs pour les investisseurs.
Graphique 9
2 3 5 7 10 20
Durée en année
Les PACs de type I présentent une grande stabilité face à la volatilité des taux avec un
« collar » compris entre 75 et 300% PSA. Les PACs de type II ont un « collar » réduit
entre 125 et 225% PSA. Le Z bond est la dernière tranche du CMO. Les « support bonds »
paiement du capital en cas de baisse des remboursements anticipés et sont rémunérés pour
En quelques semaines, en février 1994, le rendement des « Treasuries » à 10 ans est passé
de 5,17% à 7,50%. Des institutions spécialisées telles Kidder Peabody et Bear Stearns ont
subi des pertes considérables. Les fonds de gestion « hedge funds » prétendus couverts
contre les risques par arbitrage avec des STRIPs (PO/IO) ont du être liquidés.
Sur le graphique 10, les rendements ex-post offerts aux investisseurs pour les obligations du
trésor américain et pour les prêts hypothécaires sont présentés de 1980 à 1988. Le
rendement pour les titres hypothécaires est beaucoup plus volatil. Cependant la nette
supériorité de la moyenne des rendements des titres hypothécaires justifie l’engouement des
Graphique 10
Backed-Secrurities ») sur des données récentes montrent qu’à l’intérêt croissant des
investisseurs correspond un marché à maturité avec des « spreads » de plus en plus faibles
Graphique 11
3%
- 2%
a
g
Q.
on
-- 1%
0%
Date
Graphique 12
La titrisation aux Etats-Unis est en extension constante. Elle est alimentée successivement
par différents types de crédit. Le marché des cartes de crédit vient ces dernières années
relayer celui de l’immobilier. Il semble se nourrir autant des récessions (faillites bancaires)
que des phases d’expansion où la titrisation est le moyen de ne pas limiter son activité de
crédit.
Les Français 199
Chapitre 14
Les Français
décrit les opérations réalisées et leurs motivations. La section 3 est une analyse prospective de
est apparu aux autre pays suffisamment attractif pour que nombre de pays adaptent leur
législation. On peut citer quelques dates de première titrisation dans différents pays :
1987 - Royaume-Uni,
1989 - France,
1990 - Italie,
1990 - Suède,
1993 - Espagne,
1994 - Finlande,
1995 - Allemagne,
1995 - Danemark.
Ces dates différentes expliquent les volumes émis par les différents pays en 1994. Comme le
montre le graphique 13, les deux marchés dominants sont le Royaume-Uni et la France.
TITRISATION 200
Graphique 13
B 1993 DD 1994
6000
/—s
V*
5000 -
U
T3
c/3
a 4000
.2
1 3000
G
s-/
4-»
2000
G
O
S 1000
. JB .
0 -
CO CO OD
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73
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o-
o
*1 V3
U B
S
S
Pays
BDAUPHINE
Nous allons décrire le marché britannique (voir encadré 11), allemand, espagnol et belge avec
Encadré 11
La titrisation au Royaume-Uni
mandataire d’agir pour des bénéficiaires à partir d’actifs apportés par les initiateurs du
« trust ». Cette législation est directement adaptée à la titrisation ce qui a permis au Royaume-
Le système de prêts hypothécaires est basé sur les « Building Societies » qui en 1980
représentaient encore 80% du marché. Cependant dès cette époque, les « Centralised
Lenders » qui prêtent de l’argent par l’intermédiaire d’agences immobilières et les banques se
sont fortement implantés sur le marché. Fin 1993, la part de marché des
« Building Societies » est tombée à 61%. Dès 1987, les « Centralised Lenders » ont utilisé
de gestion de bilan à part entière. En 1995, pour libérer la ressource rare que sont les fonds
Le marché allemand est doté d’un système de refinancement des prêts hypothécaires très
efficace : ce sont les « Pfandbriefe ». Les « spreads » avec les obligations d’état (« Bunds »)
oscillent entre 16 et 74 points de base. Ceci explique la faible utilité de la titrisation pour ce
pays.
Le marché espagnol a été créé par une loi de Juillet 1992. Celle-ci concerne uniquement les
crédits hypothécaires. En Novembre 1995, 11 opérations ont été réalisées. Sept sociétés de
gestion, filiales de banques et de caisses d’épargne, gèrent ce marché. Une opération avec trois
Le marché belge s’est doté en 1990 d’une loi sur la titrisation s’inspirant du modèle français.
Un OPC (Organisme de Placement de Créance) peut prendre soit la forme d’une société (SIC)
En raison de l’obligation faite aux banques des pays de l’OCDE de respecter la norme
dès 1988 que les banques françaises allaient devoir soit augmenter leurs fonds propres de 80
milliards de francs compte tenu de leurs engagements soit procéder à des opérations de
titrisation.
financement, alternative d’une émission obligataire. Dans ce cas de figure, appelé parfois
« fausse titrisation » (type VALORA), la coquille juridique du FCC est utilisée et une créance
ad hoc est conçue en fonction du produit de placement adapté aux besoins des épargnants-
personnes physiques. L’émission de parts à 10 000 Francs par un réseau bancaire est réalisée
auprès de personnes physiques. Le FCC est ensuite constitué avec la création d’une créance
d’un montant égal aux souscriptions recueillies. Celle ci est cédée immédiatement au fonds. Ce
produit se trouve en concurrence avec des produits d’épargne traditionnelle comme les Plans
Le FCC rachète des créances préexistantes qu’il finance par l’émission de parts ayant la qualité
de valeurs mobilières. Les flux issus des créances acquises servent au paiement des frais de
gestion et des sommes dues aux porteurs de parts du FCC. Cette transmission des flux peut se
Le fonds reçoit les remboursements, intérêts et capital, des prêts et les transmet directement
aux détenteurs des parts émises par le FCC, au prorata de leur participation. Le FCC ne joue
qu’un simple rôle d’intermédiaire transférant les flux reçus. Le remboursement des prêts et le
Les inconvénients sont au nombre de trois. La gestion due à la fréquence des versements peut
s’avérer lourde et coûteuse. Les caractéristiques des parts ne correspondent pas aux souhaits
des porteurs quant au taux nominal, au type d’amortissement ou à la durée de vie. Le risque
remboursés par anticipation sont transmis aux porteurs des parts. Ceci réduit la durée de vie
Pour segmenter les risques entre divers investisseurs et cibler différentes clientèles
d’investisseurs une transformation s’avère souvent très rentable. De ce fait, la somme des prix
des parts après structuration est supérieure au prix des parts correspondant aux mêmes
créances mais avec un FCC sans transformation. L’inconvénient peut résider dans une trop
considérablement la gestion.
La segmentation des risques peut être assurée pour les trois types de risque concernant les
tranches supportant ce risque (voir TSRA pour le FCC Régions de France 1) et permettant
d’immuniser totalement les autres parts contre ce risque. Le risque de défaillance est isolé de
par la loi qui imposait jusqu’en 1993 une couverture contre le risque de défaillance. Dans la
pratique, les couvertures mises en place font des parts de FCC des titres d’excellentes qualités
Les Français 203
(AAA ou AA). Le risque de retard de paiement est couvert par l’existence d’une avance de
La segmentation par type des différents investisseurs est intégrée lors de la conception
financière du FCC. Le principe est de constituer des tranches dont les échéances, les taux et
les modes d’amortissement sont adaptés aux besoins d’investisseurs ciblés. On peut ainsi à
partir des créances dont les caractéristiques sont diverses (souvent des amortissements
fine).
marché important. Ce marché naissant fait cependant preuve d’une croissance modérée et son
Graphique 14
Année
source : OFC2
TITRISATION 204
Le graphique 15 montre les crédits titrisés par type. Il faut souligner, qu’au cours du mois de
Janvier 1996, près de 5 milliards de crédits ont été titrisés (dont 4 de prêts immobiliers ou
hypothécaires). La gestion est dominée par 5 sociétés de gestion comme nous pouvons le
Graphique 15
Année
source : OFC2
Graphique 16
ABC GESTION
B ABM S. A.
CCR TITRISATION
BEUROTITRISATION
FRANCE TITRISATION
GESTION ET TITRISATION
INTERNATIONALES
H PARIS TITRISATION
Source : OFC2
Les Français 205
Au 28 Février 1991, le marché des FCC en France ne représente que 10 FCC pour un volume
total à l’émission de 6,8 Milliards de Francs. Le tableau 3 montre les intervenants pour ces
premiers FCC.
Tableau 3
; • ; ' •'
Les deux moteurs principaux du marché (voir graphique 17) ont été le crédit à la
titrisant une créance sur mesure de la maison-mère à sa filiale. Le graphique 18 montre les
principales banques sachant que les cinq grandes banques actives détiennent alors plus de 85%
Graphique 17
Consommation
B Entreprises
Hypothécaire
Collectivités locales
B Interbancaire
Source : CDC
Graphique 18
CNCA
S Société Générale
B Divers
B Crédit Lyonnais
0 Compagnie
Bancaire
Source : CDC
La « fausse » titrisation.
Le poids des prêts interbancaires dans la titrisation montre que la titrisation a été dans un
phénomène avec le lancement par le Crédit Agricole des produits commerciaux substitutifs des
bons d’épargne puis par des produits « packagés » avec un Plan d’Epargne Logement. Dans
ce dernier cas, le service offert au client consiste à lui éviter les versements mensuels
obligatoires en utilisant les flux financiers provenant d’une part de FCC. L’objectif est bien de
créer des quasi-obligations basées sur une seule créance taillée sur mesure pour assurer le
avec des banques commerciales (Crédit Lyonnais, Banques populaires) soit avec des
de Pégase, tous les FCC sont structurés en « Pass-Through ». Le tableau 4 décrit les cédants
Tableau 4
Le tableau 5 montre qu’ils sont de l’ordre de 30 à 60 centimes. Ils sont plus faibles que ceux
initialement prévus avant la loi de 1988 par les premières estimations des financiers.
TITRISATION 208
Tableau 5
B 14 11,7 OAT+85
Les « fausses » titrisations en 1994 ne représentent plus que 30% des émissions (après 65% en
1993). En effet, l’incitation fiscale, (ces produits bancaires bénéficiant de la fiscalité des
valeurs mobilières), a disparu mettant la fiscalité obligataire et celle des parts sur un pied
d’égalité. Avec la mise en place de la titrisation, les pouvoirs publics visaient essentiellement
les créances hypothécaires. Or, dans un premier temps, ce type d’opération a été extrêmement
rare, avec une seule opération en quatre ans à mettre à l’actif d’une banque spécialisée dans ce
Deux raisons expliquent que les crédits hypothécaires représentent un peu moins de la moitié
Pour les FCC créés après Juillet 1994, le changement réglementaire impose aux banques de
conserver les actifs titrisés dans leur bilan pour le calcul du ratio Cooke lorsque l’établissement
cédant rachète la part subordonnée. Une course contre la montre a poussé les établissements
La modification de la loi a clarifié le régime des transferts de sûretés attachées aux créances en
cadre, joué un rôle moteur en réalisant des émissions annoncées ouvertement comme une
nouvelle source d’accès régulière au financement. A cet égard, une culture financière de vérité
des prix domine aujourd’hui dans la banque face à une conception commerciale de part de
marché qui peut conduire à engranger massivement des pertes futures pour les exercices
ultérieurs. Le Crédit Lyonnais propose même que les banques comptabilisent aujourd’hui ces
pertes futures pour limiter le « dumping » massif réalisé par certains réseaux, comme les
caisses d’épargne, sans contraintes fortes de rémunération des fonds propres. Cette pratique
aurait un effet bénéfique sur la titrisation, dans la mesure où la création de FCC sur ces crédits
bilan.
présence régulière sur ce marché. Ceci montre que la titrisation peut déjà en France être
utilisée comme un outil alternatif de refinancement et de gestion de bilan. Cela est d’autant
plus significatif que la conjoncture qui a vu une baisse de la production de crédits, n’était
Sur les six premiers mois de l’année 1994, la possibilité nouvelle de rechargement du FCC par
rachat de créances a permis pour les FCC NORIA et ATLAS de concevoir des tranches à
remboursement in fine. Sur cette période, les FCC dont le rythme d’amortissement des parts
dépend des remboursements anticipés, ont été lancés avec des marges proches de 65 points de
base au dessus de l’OAT pour les parts situées sur la partie courte de la courbe des taux (2,5
ans à 3 ans de vie moyenne) et de 80 points de base pour les parts longues (8 à 9 ans de vie
moyenne). Les parts dont l’échéancier était déterminé à l’émission, Noria 1 (4 ans et 5 ans in
fine) et Atlas (4,7 ans in fine), ont été lancées avec des marges plus faibles d’environ 40 points
de base au dessus de l’OAT. Ceci nous permet d’évaluer à environ 30 centimes le prix estimé
Les émissions du secteur public, donc AAA, de risque équivalent ont varié dans une fourchette
FCC. A l’opposé, une seule opération a été réalisée en 5 ans sur les prêts immobiliers par le
Crédit Foncier de France. Depuis le début de l'année 1994, trois nouvelles opérations (Titrhylo
2-94 pour le Crédit Martiniquais, Domos 1 pour l’UCB, Titrhylo 3-94 pour le CDE) sont
venues s'y ajouter et de nombreuses autres sont en cours. Avant d’analyser en quoi un
démarrage de la titrisation semble aujourd’hui réaliste sur le marché des prêts hypothécaires,
long terme. Leur encours atteint 2000 milliards de francs dont les 3/4 sont destinés aux
ménages. Les prêts à taux variable ne représentent qu'une faible part (15 %) des crédits
accordés. On note une importance croissante des prêts aux conditions de marché (50 % en
En adoptant une politique agressive, les établissements à réseaux ont gagné des parts de
marché entre 1988 et 1992 au détriment des établissements spécialisés. Les engagements de
crédit immobilier ont diminué de 20% en trois ans. Malgré cette diminution de 265 milliards en
1990 à 208 milliards en 1993, la part de marché du Crédit Agricole et des Caisses d’Epargne a
progressé de 41% à 49%. Ceux-ci ont réalisé des taux plus bas grâce à leur structure de
financement (qui cependant les expose fortement au risque de taux) décrite dans le tableau 6.
Tableau 6
Encours 1988 46 % 38 %
Le dispositif de relance de l’immobilier repose principalement sur le secteur aidé avec 55 000
Prêts à l’Accession à la Propriété en 1993 pour une dotation budgétaire initiale de 35 000
prêts. Pour 1994, 55 000 PAP sont budgétisés. Leur tarification est déterminée en partie par
(APL). La loi Neiertz sur le surendettement qui donne aux tribunaux le pouvoir d’imposer à la
banque un aménagement du crédit pour les emprunteurs en difficulté, a amené les banques à
durcir leurs conditions d’octroi de crédit. Pour lutter contre cet effet pervers, un mécanisme de
garantie partielle du crédit par l’Etat a été créé en 1993. Les Prêts à l’Accession Sociale (PAS)
ouvrant droit à l’Aide Personnelle au logement (APL) sont distribués par les banques et
par les banques et l’Etat. Le taux réglementaire maximum est égal à la moyenne du TME des
trois derniers mois et d'une marge fonction des caractéristiques du prêt (passé de 1,5-2,5 % en
Les prêts ne rentrant pas dans les deux compartiments précédents sont dits du secteur libre.
On remarque seulement que les barèmes des différentes banques se rapprochent, bien que les
Le graphique 19 montre l’évolution sur le plan national du TME, du taux des Prêts
Conventionnés à taux fixe et du taux moyen des prêts éligibles au marché hypothécaire.
TITRISATION 212
Graphique 19
La récession a dégradé les notations des banques françaises et rendu plus difficile et plus
norme minimale de 8%. Les banques pourront difficilement financer une reprise économique
par un octroi de crédits conservés dans leur bilan. Le problème crucial posé aujourd’hui est de
« La marge sur les crédits permet-elle de titriser immédiatement les nouvelles créances en
réalisant un profit ? ».
Le coût de cette gestion dépend très fortement de la masse de crédits gérés ce qui donne un
avantage non négligeable aux établissements spécialisés avec un encours important de crédits.
notamment du montant titrisé et de l’amortissement du coût des logiciels mis en place pour la
Cependant l’ordre de grandeur de ces pertes avant la période de récession peut être estimé à
environ 30 centimes de taux. Depuis, l'impact du risque de défaillance représente sur 1991 une
charge nette en augmentation de 20% sur l'année précédente. Le montant des pertes non
provisionnées reste stable à environ 3% de la dotation nette aux comptes de provisions ce qui
prouve que les prévisions réalisées lors du provisionnement sont fiables. Deux banques,
représentant près des deux tiers de la charge nette totale, ont des pertes atypiques de 1.4% et
1.8% alors que la moyenne actuelle (1991-1992) se situe à 50 centimes de taux. Depuis trois
ans, les études comparatives des conditions débitrices confirment l'atténuation des écarts entre
les barèmes des banques (inférieur à 70 centimes sur les prêts à taux fixe) et l'accroissement
des fourchettes de taux interne au sein d'un même établissement Le « Crédit-Scoring » semble
aujourd'hui intégré à la pratique bancaire après une période de test pendant les années 1985-
1990. Face à la montée des risques et en raison d'un manque de fonds propres, les
établissements ont cependant été conduits à maintenir une sélection rigoureuse, exigeant même
Un régime dérogatoire sur les critères de sortie de bilan des créances, a été concédé aux
banques françaises lors du démarrage de la titrisation pour permettre son essor. La banque
cédante pouvait conserver le risque en achetant les parts subordonnées tout en sortant les
créances de son bilan. Dans ce cas, la banque intégrait uniquement les parts subordonnées avec
une pondération de 100% au dénominateur de son ratio. Depuis le 1er Juillet 1994, cela n’est
plus possible. Le rehaussement de crédit par des assureurs semble donc la voie la plus
50 centimes de taux sur les opérations citées plus haut. Cependant, le prix de cette option de
TITRISATION 214
remboursement anticipé a diminué avec la baisse du niveau des taux et peut permettre le
La titrisation aux USA a démarré avec des historiques simples correspondant aux premières
tables de mortalité sur les prêts permettant la mise en place du modèle normatif élémentaire
modèle de Goldman Sach's fait appel à des techniques numériques de programmation non-
qui atténue la valeur de l’option de remboursement si celle ci n'a pas été exercée dans le passé
alors qu'elle aurait dû l’être. En France, le caractère confidentiel des données, empêche le
développement de tels modèles. Les efforts de modélisation (El Babsiri, Touzi(1992), Boulier
Les données disponibles sur « Foncier-FCC-1991 » montrent une relative stabilité des
remboursements malgré la baisse des taux. Les statistiques présentées dans le prospectus
d’émission sur un portefeuille de 3000 prêts (octroyés en 1973-1974 à des taux compris entre
9,5% et 11%) montrent, après une phase de progression jusqu’en 1976, une stabilisation du
remboursement anticipé autour de 3% par an. Sur la période présentée, ces prêts n’ont connu
octroyés au deuxième trimestre 1989, ont connu des remboursements anticipés analogues
jusqu’en Juin 1993. Depuis, le différentiel de taux atteint le seuil de 3% à partir duquel
l’intérêt financier commence à se faire sentir sur le taux de remboursement anticipé. Ceci se
Il faut structurer des parts en fonction de la courbe des taux pour vendre au meilleur prix les
flux de l’actif. Il faut isoler les risques pour les vendre à certains investisseurs capables de les
objectif alors que des structures de type CMO (Régions de France, Spécifique Départements)
Il est possible de garantir les flux de certaines parts prioritaires par création de parts absorbant
de taux de remboursement anticipé (PAC aux USA; TSRA1 dans le montage des FCC de type
« Régions de France »). Cette technique peut utilement être utilisée pour calibrer des parts In
Fine complémentaires plus facilement commercialisables par les réseaux bancaires. Avec les
taux longs actuels autour de 6%, une baisse des taux longs en dessous de 3% est peu
probable. Pour cette raison, le coût de l'option de remboursement est beaucoup moins cher
que lorsque les taux longs avoisinaient les 15%. L’adaptation des structures PAC ou TSRA
semble très prometteuse notamment sur la production nouvelle. Une autre possibilité consiste
à utiliser la technique du rechargement qui permet le remplacement des prêts remboursés par
du CFF. Les prêts LT60 sont les prêts du CFF du secteur libre finançant à hauteur de 60%
l’acquisition avec une inscription hypothécaire. La marge brute sur les LT60 correspond à
l’écart entre le taux directeur des LT60 et le taux de financement estimé en fonction des
Graphique 20
1 La Tranche Soumise au risque de Remboursement Anticipé utilise une trésorerie affectée et une série de « floors » pour
régénérer les flux des prêts remboursés par anticipation.
TITRISATION 216
CONCLUSION
Il apparaît que les marges ont atteint des niveaux très bas de 1986 à 1990 suite à l’agressivité
des banques de réseaux lors des renégociations massives des prêts immobiliers. Depuis 1991,
elles se sont maintenues à un niveau de 150 centimes ce qui devrait permettre une titrisation
immédiate des nouveaux crédits sans réaliser de pertes. Au début de 1993, la marge a encore
progressé notamment parce que les banques ont différé la transmission de la baisse des coûts
Le marché des prêts hypothécaires semble aujourd’hui très prometteur pour la titrisation. Les
encours sont à des niveaux de taux élevés permettant aux banques de réaliser des plus-values
intéressantes pour piloter le résultat comptable. De plus, ces dernières années les marges sur
les prêts ont évolué à la hausse jusqu’à permettre une titrisation immédiate des nouveaux
crédits accordés sans subir de pertes. Les nouveaux prêts ont des risques de remboursements
plus faibles que les années précédentes, ce qui devrait permettre de développer des structures
ne transmettant pas les remboursements anticipés aux parts principales mais à certaines parts
spécifiques.
titrisation en France, il semble qu’un véritable essor puisse avoir lieu aujourd’hui. La
une source alternative régulière de refinancement. Cela préfigure une nouvelle étape pour ce
TROISIEME PARTIE
tPourquoi titriser?
les raisons macro et micro-économiques
L’efficacité économique de la titrisation est incontestable lorsque l’on analyse son impact sur
le système financier et son rôle dans l’économie. Pour la banque, la possibilité de titriser ses
créances offre des avantages sur différents plans. Sur le plan financier, cette partie veut
clarifier les approches possibles. Les raisons d’une titrisation sont analysées dans le cadre
français.
TITRISATION 218
Chapitre 15
La titrisation est propulsée par deux moteurs : celui des Etats qui voient en elle un
refinancement plus efficace de l’économie; celui des banques qui voient l’intérêt d’acheter et
de vendre des prêts comme n’importe quel autre actif financier liquide.
l’activité économique réelle. La vente séparée des risques permet une efficience maximale de la
gestion des risques. De plus, la séparation des métiers opérationnels nécessaires à l’octroi du
est défavorable pour les uns peut s’avérer favorable pour les autres. Gérer les risques, c’est
aussi les mutualiser, c’est à dire transformer des risques individuels en risques statistiques par
l’agrégation dans un même réceptacle d’une masse diversifiée d’actifs dont les risques sont
peu corrélés.
La manière classique de réaliser cette agrégation est de rassembler ces actifs dans un
patrimoine, dans un bilan, dans le bilan d’une institution financière. Du point de vue
économique, ce traitement bilantiel signifie que les risques sont revendus en bloc et sans
segmentation aux détenteurs du passif : les actionnaires et les créanciers de toute nature
supportent de façon globale et sans discrimination tous les risques et les espoirs de profit liés
aux actifs, au hors-bilan et à l’exploitation. Cette vente groupée de produits liés a pour elle
l’avantage de la très grande simplicité. La titrisation est née plus récemment de l’attitude
TITRISATION - Pourquoi titriser? 219
inverse, celle qui consiste à dissocier et à séparer les risques pour les vendre séparément. Cette
plus grande difficulté induit des coûts supplémentaires. Il faut alors les comparer à la valeur
ajoutée de la dissociation des risques que le marché valorise. Vendre des risques purs sans
intermédiation bilantielle, voilà posé en termes très généraux d’analyse économique, le sens du
phénomène de titrisation.
à leur bilan, a fortement diminué au profit soit des OPCVM soit de l’assurance-vie. Or, pour
du risque. Ces règles rendent de fait une obligation de la notation AA, AAA ou de la signature
d’Etat. La titrisation permet donc aux emprunteurs autres que l’Etat d’accéder aux marchés.
Les marchés sont devenus la première source de financement alors que les conditions d’accès
Schéma 2
Industrie de la gestion
BESOINS DE FINANCEMENT
chacun des intervenants, des prestations, des produits, des services, des ressources (humaines,
Aux Etats-Unis, les agences (Fannie-Mae, Ginnie-Mae, Freddie-Mac) qui garantissent les
prêts, structurent le marché en une organisation professionnelle, en échange des fonds propres
qui leur sont nécessaires pour assurer leur garantie. L’encadré 11 décrit le rôle indispensable
de ces agences. En France, c’est la volonté de faire baisser le coût du crédit qui a incité les
Encadré 11
par ces agences permettent une efficacité optimale et assurent ainsi un coût minimal de
réalisation des prêts. La standardisation aux critères des agences qui assurent 90% des
émissions est une condition sine qua non d’adhésion aux programmes de titrisation (plafond
d’outils assimilés et connus des opérateurs, des statistiques régulièrement publiées et des
Les banques à l’origine des prêts (« originators ») exécutent les fonctions commerciales
impose pour tout rachat de crédit. Elle peut continuer à suivre la vie administrative du prêt ou
transmettre cette fonction à un spécialiste (le « servicer »). Le prix de cette gestion est de
l’ordre de 0,08% des encours en raison de la normalisation totale des procédures et de la forte
La titrisation en France a imposé une discipline rigoureuse et salutaire sur les conditions
d’octroi des crédits dans la mesure où elle nécessite du cédant une mise en place d’indicateurs
totale (créance non recouvrable). Le risque de taux est le risque de perte de valeur d’un
a. r*. • i* < i j j i _ i. _ j
instrument tmancier ne a ues mouvements auverses ue ta couroe ues taux, i^e risque ue
remboursement anticipé existe dans la plupart des prêts octroyés par les banques qui autorisent
le remboursement anticipé du capital restant dû. Pour les prêts aux particuliers, la clause de
pénalité est limitée par la loi Scrivner à 3% du Capital Restant Dû (CRD). Très souvent, dans
certains réseaux, ces remboursements s’effectuent sans clause de pénalité. La perte actuarielle
pour l’établissement est d’autant plus importante que les taux d’intérêt ont fortement baissé
depuis l’octroi du prêt. Une estimation de l’AFB (Association Française des Banques) chiffre à
seulement de contrôler la création monétaire mais aussi de protéger les dépôts du public. Les
banques sont ainsi amenées à limiter la croissance de certains postes de leur bilan afin de
pouvoir respecter ces normes prudentielles. Le ratio de couverture des risques impose de
l’établissement Dans le calcul de ce ratio, les engagements entrent pour des quotités
différentes selon le risque réel qu’ils représentent. Connu sous le nom de « ratio Cooke », il a
imposable de l’exercice au cours duquel la cession est intervenue. Un cas fréquent doit être
cédante. Il est alors possible en conservant un flux financier identique du FCC vers le cédant,
de répartir de façon optimale pour la banque la plus ou moins value immédiate et les produits
futurs à recevoir.
Une banque, par le choix des créances titrisées, influe sur la constitution de son résultat. Elle
peut l’augmenter, au cours d’un exercice moins faste, en cédant des créances à taux élevé. Elle
peut aussi le diminuer, à l’occasion d’exercices exceptionnels, en cédant des créances à taux
faible.
possibilité de modifier leurs produits et leur domaine d’action. Ils peuvent se dégager des prêts
aux particuliers pour s’intéresser à ceux des entreprises ou réciproquement, diminuer leurs
En émettant sous une signature différente, celle du FCC, la banque diversifie ses sources de
refinancement. Pour des banques ayant une note moyenne des agences de notation, la
titrisation permet d’accéder à des niveaux de rating AAA pour les refinancements de leurs
crédits. En effet, la notation du FCC dépend de la qualité du crédit et du montage financier qui
permet de rehausser le crédit par des assurances externes ou des mécanismes internes.
Flaven (1996) montre la possibilité de pilotage du rendement qu’offre la titrisation. Sur les
crédits ne permettant pas d’atteindre l’objectif de rendement pour les fonds propres
immobilisés, la titrisation permet de générer des commissions sans limite d’activité. Si l’on
suppose que des crédits dans le bilan ne produisent plus le rendement attendu, il convient alors
de titriser. Cette opération libère des fonds propres qui, s’ils ne peuvent être employés sur
ce capital consiste à racheter ses propres actions. Cette opération a été massivement utilisée
aux Etats-Unis. New-York Bancorp a ainsi racheté 5% de ses fonds propres. La Banque
d’Angleterre en 1995 a recommandé aux grandes banques de dépôt de retourner une partie de
TITRISATION - Pourquoi titriser? 223
l’excédent de fonds propres à leurs actionnaires. La Barclays, en août 1995, a racheté 1,5% de
Une étude d’IBCA analyse les performances des 140 banques les plus importantes par leur
volume d’actifs. Parmi les banques américaines dont le rendement sur fonds propres est
intensive de la titrisation libère par exemple pour Citicorp plus de 1 milliard de $ de fonds
propres (dont près de 80% sur les programmes de carte de crédit). Le tableau 7 montre les
Tableau 7
actif)
capital)
source : IBCA
Conclusion
Elle permet de gérer de façon optimale l’activité de crédit elle-même et les risques inhérents au
crédit. Elle permet aux banques d’optimiser la ressource rare qu’est le capital et de piloter la
Chapitre 16
taux de marché ont, depuis une dizaine d’années, intégré le risque de taux. Celui-ci s’est
la forte chute des taux à long terme. Les banques « à réseau » ont accentué la baisse de la
rémunération sur le crédit par une politique agressive de conquête de parts de marché. Cette
insuffisance de marge a, sur l’activité de crédit, été compensée par des profits importants
dégagés sur les dépôts non rémunérés. La baisse des taux, couplée avec une fuite des produits
faiblement rémunérés vers des produits grand public comme les SICAV monétaires, a réduit à
néant l’avantage comparatif de ces réseaux collecteurs par rapport aux banques spécialisées.
La vente d’un prêt représente un engagement sur une longue durée et doit donc être associée à
un plan de financement sur la même durée dans une optique de minimisation du risque. Ce
principe simple s’impose donc même dans les banques à réseaux par rapport à un équilibre
dynamique, année après année, des ressources et emplois, et ce de façon globale sur le bilan.
Dans tous les cas, la qualité de l’adossement peut s’analyser en terme de rendement risque.
L’incertitude sur la durée de vie des dépôts non rémunérés introduit des variations
différentes suivant les types de banque. Une convergence de vue, imposée par les réalités
financières, est en cours progressivement. La deuxième section réalise une typologie des
objectifs de la titrisation pour le cédant. Elle est illustrée par quatre Fonds Communs de
indicateurs et suivis des risques mis en place dans les banques françaises. Nous montrerons
l’évolution des concepts d’adossement associés à la gestion des activités de crédit entre 1990
et 1994.
Malgré l’apparente universalité du problème du risque, la gestion de bilan cache des pratiques
concrètes très variables en raison notamment de la diversité des établissements existants dans
le paysage bancaire français, il apparaît en effet que la difficulté réside aussi bien dans la
formulation de l’objectif à atteindre que dans la collecte des données nécessaires à la gestion
des risques.
réglementaire que sont les contrôles des risques par les autorités de tutelle et les objectifs de
liquidité) ou de faillite (ratio Cooke) des établissements financiers. Le ratio imposé par le
comité Cooke impose des normes minimales de fonds propres à mettre en face des risques
associés aux actifs du bilan. Ces fonds propres comprennent un "noyau dur" et des "quasi
fonds propres" (TSDI ,TSR) en proportion maximale de moitié. Cette hiérarchie correspond à
une réalité légale de priorité de remboursement en cas de faillite d'un établissement financier.
Dans le calcul de ce ratio, les risques sur les prêts sont pondérés suivant la qualité de la
contrepartie (consommation 100%, hypothécaire 50%, collectivités locales 20% , état 0%)
Le niveau d'information d'une banque sur ses risques étant beaucoup plus fin, des indicateurs
internes doivent être mis en place. Un bon système d'allocation interne de capital doit affecter
L'approche peut être globale sur le bilan, en raison de l'influence non négligeable du poids des
corrélations entre les actifs (des corrélations faibles ou négatives diminuant fortement une
probabilité de « crash » conjoint de deux actifs). Cette approche globale permet une
optimisation de l’allocation des fonds propres ainsi que des définitions d'orientations
rendement sur fonds propres est alors régulièrement défini. Dans un bilan global, différents
risques doivent être étudiés comme le risque de crédit, le risque de taux, le risque de change et
le risque sur actions. Une importante littérature, ainsi que de nombreux logiciels opérationnels,
se sont développés dans les banques ; nous nous contenterons, dans le cadre qui est le nôtre,
Les premières techniques visent d’une part à analyser les écarts induits par des emplois à taux
fixe refinancés par des ressources à taux variable et d’autre part à minimiser le risque de
déformation parallèle de la courbe des taux : ce sont les méthodes dites des "GAPs" et de
banque, ainsi que sa variation pour différentes évolutions de la courbe des taux. Dans cette
vision globale, de multiples difficultés d’estimation surgissent comme la durée de vie des
Artus (1992) présente une méthode d'allocation des fonds propres sur un panel d’activités.
Cette méthode détermine le rendement minimal pour inclure un actif dans le portefeuille global
des activités gérées. La difficulté réside notamment dans l'estimation de la matrice de variance-
Les opérations peuvent être regroupées par activité et adossées de façon indépendante. Par
exemple, le choix d'adossement d'un prêt à taux fixe peut être envisagé comme un arbitrage
rendement-risque. Dans ce cas et pour un risque choisi, la couverture optimale est déterminée.
Le problème alors posé est la détermination préalable du risque lié à l'évolution des taux
La titrisation dans la gestion de bilan en France 227
d’intérêt. Des modèles de courbes de taux couplés à des techniques de type « Monte-Carlo »
Pour montrer l'influence de l'adossement, nous avons pris un cas simple: un prêt sans risque In
Fine à taux fixe préférentiel de 12 ans, octroyé en janvier 1993 par l'Etat et refinancé sur deux
structure par terme des taux par un processus de diffusion de type Vasicek généralisé (Hull et
White (1990)), processus estimé à partir des prix des obligations. Le rendement du bilan
cantonné, constitué du prêt des obligations émises et de la trésorerie est caractérisé par le
solde final de trésorerie. L’objectif pour la banque est donc de maximiser le rendement anticipé
sous une contrainte de risque maximale admissible. Le rendement est représenté par
l’espérance et le risque par la variance du solde final de trésorerie. L’estimation de ces deux
(exprimée en pourcentage du montant du prêt) pour chaque niveau de risque donné. A chaque
refinancement
TITRISATION 228
Graphique 21
Ecart-type
Cette frontière est fortement croissante. Pour un faible risque supplémentaire, il est donc
possible d'augmenter fortement son rendement. Le prêt étant à taux légèrement préférentiel, ce
établissements spécialisés, sur ressource à taux faible pour les établissements collecteurs. Elles
ont conduit à des approches différentes même si la loi de décembre 1988 lançant la titrisation
en France a eu le grand mérite de poser aux banques le même problème de la tarification des
prêts.
La titrisation dans la gestion de bilan en France 229
1984, existe depuis 1852. De par ses statuts, il a pour activité principale de consentir des
concours immobiliers, des prêts aux collectivités locales et de créer, en représentation de ces
prêts, des obligations. La marge réalisée sur les prêts ne peut statutairement dépasser 1%.
En 1990, le bilan du Crédit Foncier de France dépassait 300 milliards de francs et sa mission
de financement et de gestion des prêts aidés par l'Etat restait son activité majeure, au côté de
laquelle se développait fortement une activité de prêts dans le secteur concurrentiel. Sa gestion
centralisée lui a permis de réaliser rapidement une base de données sur les remboursements
anticipés depuis plus de trente ans. L’écart entre cette qualité des informations et celle des
données disponibles dans les banques à réseaux était énorme. Les banques de réseaux ne
disposaient pas au niveau national des répartitions fines des pertes, des retards de paiement par
Les prêts concurrentiels étaient définis par des barèmes nationaux révisés périodiquement en
un type de prêt (Long Terme CFF-ACFF par exemple), de risque(fmancement à 60% par
exemple), une tranche de montant ( > 300 000 Francs par exemple), un type d'amortissement
(différé 1 an, amortissement constant par exemple), une durée (20 ans par exemple). On
• coût du financement
Ce calcul est basé sur le taux de financement obligataire correspondant à la duration du prêt.
impôt).
C'est un coût moyen historique sur le type de prêts. La prudence statutaire, qui plafonne à 60
% le financement (des quotités plus fortes sont cependant financées grâce à la filiale
l'Auxiliaire du Crédit Foncier de France) et oblige à une garantie hypothécaire, limite ce taux
de défaillance.
Ce coût n'est pas pris en compte, mais une reprise de 30 ans d'historique des remboursements
anticipés est réalisée à cette date dans le but d’estimer le coût de cette option.
TITRISATION 230
Les trois coûts suivants sont disponibles, soit en coût moyen (avec et hors frais liés aux
• coût de commercialisation.
• coût de gestion.
Le taux est enfin ajusté en fonction de la concurrence. Cet ajustement peut amener à des
marges nettes négatives, notamment dans des périodes de guerre commerciale, où les banques
de réseaux considèrent le prêt immobilier comme un produit d'appel pour fidéliser une
clientèle en utilisant l’avantage d’un financement partiel avec des dépôts à vue.
conjoncturel précis. La section des Fonds d’Epargne de la Caisse des Dépôts assure pour le
compte de l’Etat une transformation d’un passif volatil, le Livret A, distribué par les réseaux
de la Poste et des Caisses d’Epargne en un actif long constitué de prêts aux HLM. Pour
maintenir un matelas de liquidités à 20%, malgré la baisse de volume du livret A, la CDC a mis
en place une institution financière spécialisée, la CAR, assurant le rachat de créances au Fonds
La CAR est notée AAA en raison de la qualité de son actif et des techniques de gestion du
risque de taux qu’elle a mises en oeuvre. Son total de bilan en 1993 est de 74 milliards de
francs. Pour gérer la transformation qu'elle réalise entre son passif composé de titres
remboursables in fine et son actif constitué de créances amortissables par annuités constantes,
la CAR a mis en place de façon opérationnelle différentes méthodes, basées sur des évolutions
de taux aussi bien déterministes que probabilistes, visant à assurer la robustesse des résultats.
La CAR réalise une titrisation à l’intérieur de son bilan dans la mesure où elle achète des
créances avec le produit d’émissions obligataires. Le prix d’achat est déterminé en fonction
des émissions réalisées. Les flux des créances sont actualisés suivant la structure des taux du
financement mis en place, structure à laquelle est rajouté un « spread » couvrant le risque
Les caisses d’épargne sont profondément implantées dans le paysage régional français. Elles
d’Epargne (réseau de la Poste) pour lequel elles sont rémunérées par une commission de
gestion de 75 centimes de taux par an. Elles sont habilitées à recevoir des dépôts, consentir
des prêts et faire des opérations de banque avec des organismes n’exerçant pas, à titre
principal, une activité industrielle et commerciale. La réforme de 1990 a étendu ses champs
En 1990, les SOREFI centralisaient la collecte des caisses d'épargne et assuraient la gestion de
bilan. Elles prêtaient à leur tour aux caisses à des taux correspondants à une péréquation entre
le taux des emplois et celui des ressources. La SEE (société émettant sur les marchés
financiers pour le compte des caisses) réalisait des émissions obligataires pour de faibles
par rapport aux emplois. De façon paradoxale, cette péréquation a permis à certaines caisses
de réaliser des prêts à des taux inférieurs à ceux des émissions obligataires de la SEE à la
même date. Une structure centralisée chargée de superviser le risque de taux a été mise en
place par le CENCEP (CEntre National des Caisses d’EPargne) à cette époque, basée sur
Pour le montrer, nous prenons un exemple élémentaire d’un prêt sur 10 ans à taux fixe et de
banque à réseaux : 30% de dépôts non rémunérés (dont le coût de gestion est supposé de
spécialisée se refinance sur deux souches obligataires. Nous étudions l’influence d’une
diminution future du niveau des dépôts non rémunérés: une baisse annuelle de 10% (P10), de
20% (P20), de 30% (P30), de 40% (P40). Les graphiques ci-dessous donnent les résultats en
rendement et risque de ces quatre hypothèses ainsi que la frontière efficiente d’un
Graphique 22
la structure par terme des taux aujourd’hui, on remarque un faible avantage comparatif de ces
banques. Il apparaît cependant clairement que le risque de baisse des dépôts non rémunérés est
non négligeable et doit être intégré dans le coût du prêt, suivant l’hypothèse de baisse des
dépôts, la position rendement-risque de la banque à réseau est meilleure ou moins bonne que
Depuis 1988, la marge sur les dépôts en France s’est notablement réduite. Deux effets négatifs
pourraient laminer encore plus les marges des établissements qui se refinancent soit par les
dépôts à vue soit sur le marché monétaire. Une remontée des taux pourrait matérialiser le
risque de transformation entre les prêts à taux fixe ( certains à 7,5% octroyés pour 20 ans) et
plus en plus rationnel. Les hypothèses sur l’écoulement des dépôts non rémunérés ne peuvent
être anticipées de façon fiable sur 15 ans: des modifications législatives et comportementales,
comme l’apparition et l'explosion des SICAV monétaires, ont prouvé le danger de telles
anticipations.
La titrisation dans la gestion de bilan en France 233
Face à la même évolution observée au début des années 80, les banques américaines ont su
restaurer leur profitabilité en augmentant leur marge sur le crédit. Cette évolution s’est
confirmée de 1988 à 1992 aux Etats-Unis: la marge entre le taux des crédits et le taux variable
de refinancement a monté de 4% à 5% alors que la marge sur les dépôts a fondu de 2% à 1%.
En France, avec la baisse des taux de 1993 -1994, la marge sur les dépôts a baissé au point de
devenir nulle aujourd’hui car le coût de la collecte de la ressource par les réseaux est estimé
entre 4 % et 6%. Par conséquent, la nécessité de restaurer les marges sur la partie crédit de
l’activité bancaire est aujourd’hui essentielle pour l’ensemble des établissements. Les banques
spécialisées ont souffert de la guerre commerciale. Les banques de dépôts doivent prendre
exemple sur les structures de marge aux Etats-Unis pour prévenir une crise en gérant
Nous présentons trois exemples de types de banques différentes. Ceux-ci montrent à quel
point la diversité des approches de la gestion de bilan est de moins en moins grande.
d’affecter à leurs opérations de crédit un niveau de fonds propres en noyau dur de 8%. Cette
contrainte (dans le but de conserver une bonne appréciation des agences de notation) est
intégrée dans la tarification même si la réalité d’affectation des fonds propres par la maison
mère peut différer. L’objectif de rentabilité des fonds propres durs sur une base de 15% après
impôt est retenu. La tarification se fait sur le coût moyen futur des frais généraux, basés sur
Elle a réalisé un modèle de contrôle stratégique et de simulation à moyen terme baptisé MOPA
qui décompose la marge en trois composantes : sur actif, sur passif et de transformation. La
marge sur actif correspond à la différence entre le taux de l’actif et le taux de marché d’un
actif notionnel équivalent. La marge sur passif correspond à la différence entre le taux du
correspond au décalage entre actif notionnel et passif notionnel. Ce décalage induit un risque
Cette décomposition permet de juger des performances par centre de profits en faisant reposer
la marge de transformation sur la cellule de gestion actif-passif et non sur le réseau. Cette
pratique converge avec les méthodes des banques spécialisées dans la mesure où les deux
règles suivantes sont respectées: la marge sur le dépôt est déconnectée de celle sur le prêt, la
marge sur le prêt est calculée par rapport à un passif notionnel de duration équivalente à celle
du prêt.
Les regroupements récents des caisses d’épargne (leur nombre est passé de 480 à 31 en
quelques années) et la disparition des SOREFI ont permis une véritable gestion de bilan au
sein des caisses d’autant plus nécessaire que les caisses réalisent souvent des taux de prêts
parmi les plus compétitifs sur le marché. La Caisse d’Epargne de Paris (1993) met en place
une méthode globale de contrôle du résultat basée sur une analyse de type moyenne-variance.
Certaines caisses continuent cependant à mixer les taux des différentes ressources pour établir
un taux moyen de ressources. La marge est alors estimée par différence entre le taux des
emplois (des prêts par exemple) et ce taux moyen des ressources. De plus, en raison de leur
statut d'établissements de crédit à but non lucratif, elles réalisent un gain (en ne rémunérant pas
groupe.
à la clientèle de Gaz de France. Son total de bilan est passé de 7,3 Milliards de francs en 1991
à 8,1 Milliards en 1992. Fin 1991, elle n’atteignait pas la norme Cooke. Cherchant à recentrer
son activité, Pétrofigaz a d’abord réalisé une augmentation de capital puis a utilisé la titrisation
pour alléger son bilan. L’économie de fonds propres réalisée grâce à l’opération de titrisation a
• les prêts titrisés sont des prêts aux particuliers pondérés à 100% dans le ratio Cooke,
• le montant de la garantie destinée à permettre au FCC de faire face aux paiements dus aux
porteurs de parts pour obtenir la notation AAA est peu élevé: il représente 7% du montant des
emprunts. Le mécanisme de garantie comprend deux étages: une assurance fournie par les
Pétrofigaz. Le montant des pertes est faible car l’assurance est obligatoire pour l’ensemble des
prêts. De plus, le faible taux facial ( 5% ) des créances limite la perte actuarielle et induit
même un gain actuariel tant que la trésorerie du FCC est rémunérée au dessus de 5%.
départements n°l” constitue l’une des réponses au problème structurel de liquidité des Fonds
Afin de maximiser le montant de la titrisation, le FCC a été conçu d’abord dans la perspective
des investisseurs: des parts spécifiques servant un coupon référencé TME ont permis de sortir
un taux maximal sur les parts émises, le résidu des intérêts sur les tranches étant conservé par
la CDC.
Le risque de remboursement anticipé n’est pas géré par une trésorerie immobilisée mais par
une indemnité actuarielle qui permet de reconstituer l’échéancier des créances à taux fixe. Les
risques de liquidité et de défaut sont supportés respectivement par une avance de liquidité
(TSRD).
Le Crédit Foncier de France a réalisé la première opération française de titrisation sur créances
hypothécaires en 1991. Il a été alors considéré que le coût d’un financement obligataire et
celui d’une titrisation était identique. Le tableau 8 compare ces deux financements.
Tableau 8
TITRISATION 236
Economies Surcoûts
\
L’économie de fonds propres a été esümée Les coûts de gestion induits à la création
propres durs). Suivant la proportion de fonds En répartissant ces coûts sur la durée de
propres durs pris en compte et sur la base vie du FCC au prorata des capitaux gérés,
d’une rémunération de 15% après impôt, on peut les estimer entre 7 et 9 centimes de
directement ce risque aux porteurs de parts. façon contractuelle, le coût de gestion est
correspondent au transfert du
nouveauté et de liquidité.
La titrisation dans la gestion de bilan en France 237
dans la mesure où les montants des prêts sont déterminés à la clôture de la souscription par le
montant collecté sur les parts. L’utilisation d’un réseau permet un financement peu cher. De
plus les parts émises ont bénéficié du régime favorable permettant de ne pas considérer la
prime comme un revenu financier. Ce type de montage a permis par exemple un financement
sur 3 ans pour le Crédit Local de France avec des parts émises à environ BTAN - 1%.
mettre en balance les coûts supplémentaires induits par une titrisation et l’économie liée au fait
Ceux-ci sont de deux ordres, le coût des ressources et le prix du montage de l’opération :
Une première estimation de Dufour (1989) en Avril 1989, décrite dans le tableau 9, a montré
la difficulté de titriser sans extérioriser immédiatement des pertes sur les prêts hypothécaires.
En effet, alors que les taux pratiqués sur les prêts hypothécaires variaient dans la fourchette de
9,40% à 10,40%, le prix d’équilibre minimal de cession des créances avec une opération de
Tableau 9
immédiate
40 Frais de fonctionnement :
La majoration pour les porteurs de parts en 1989 semblait alors avoir un prix très important vu
100 points de base). En 1993 Molin (1993) estime une marge de liquidité réelle sur les chiffres
correspondent aux FCC CB 2-3-4. Celle-ci est en fait largement inférieure aux anticipations de
B. Le coût du montage
L’estimation présentée dans le tableau 10 est celle de Molin (1993). Les frais supplémentaires
sur une base d’un FCC de 500 MF représentent entre 0,1% et 0,3% par an.
Tableau 10
Divers 250 KF
La titrisation dans la gestion de bilan en France 239
liée à la libération des fonds propres dans un financement par la titrisation (1991) :
Tableau 11
Deux hypothèses sont sous-jacentes à ces valeurs. Les financements alternatifs sont au taux de
marché monétaire à TMP ( 10% ). La rémunération des fonds propres de 15% après impôts
( soit de 23,5% avant impôts ) est ainsi répartie : 70% aux actionnaires ( taux d’imposition de
34% ) et 30% en réserve pour une augmentation des fonds propres ( taux de 42%).
Conclusion
Dans les conditions de 1994, les rendements et les risques sont à des niveaux comparables
pour les banques spécialisées et les banques à réseaux. Seuls des critères commerciaux
peuvent faire différer les taux directeurs des prêts entre les réseaux. La convergence des
approches ALM est très liée au comportement de plus en plus rationnel des agents financiers.
COMMENT TITRISER? - Les techniques mises en oeuvre 240
QUATRIEME PARTIE
Comment titriser?
Chapitre 17
La première section décrit les concepts de la structuration d’un FCC. Un exemple concret de
La structuration permet d’augmenter la valeur d’une série de flux financiers non certains,
Pour concevoir des parts dont les chroniques de flux sont plus conformes aux attentes des
chronique des flux mensuels reçus des créances. L’écart entre les flux de l’actif et du passif du
FCC doit alors être géré par une trésorerie. On citera pour exemple le Fonds Régions de
France qui transforme des créances à annuités constantes, en des parts In Fine.
Pour minimiser le prix de vente d’un risque aux investisseurs, l’arrangeur peut concentrer le
risque sur une part destinée aux investisseurs ayant une bonne estimation de celui-ci. En effet,
remboursement anticipé qui peut être affecté partiellement à toutes les parts (cas d’un « Pass-
Through ») ou à une part précise (parts spécifiques PAC et TAC aux USA, TSRA sur les
fonds Région de France). La séparation du risque de remboursement anticipé est décrite dans
Encadré 12
Les agences de notation, pour vérifier la robustesse des montages, partent d’hypothèses de « stress-test »
correspondant à la grande récession de 1929. Le mécanisme de garantie, dans la loi de 1988, est obligatoire et
1. Le surdimensionnement : la banque vend les créances à leur valeur de marché, abstraction faite des risques
que ces créances comportent. Le prix de cession égale cette valeur, moins une décote dont la justification est le
coût du risque pris par le FCC sur les créances. A la liquidation du FCC, le solde devient le boni de liquidation
qui peut revenir à la banque, puisque celle ci a dû dévaloriser à la cession initiale très fortement ses créances
2. L’émission d’une tranche subordonnée : cette technique revient à émettre des parts sur lesquelles vont
s’imputer tous les défauts de paiement des créances. Le montant global de ces parts est calculé pour obtenir le
3. La garantie par un tiers (caution de la banque ou assurance) : les assureurs doivent pouvoir estimer le
risque. Le fonds Titricarte utilise une garantie de l’UBS en complément d’un fonds de réserve interne qui vient
( Régions de France n° 1 et 2)
Suite à la diminution du taux d’épargne des ménages et à la réorientation de cette épargne vers
des produits plus rémunérateurs que le livret A, la Caisse des Dépôts et Consignations s’est
de Fonds Communs de Créances, des créances détenues par elles sur des collectivités locales,
a été l’un des moyens utilisés pour résoudre ce problème. Le pool de créances aux collectivités
locales de la Caisse des Dépôts représentait environ 200 Milliards de francs au 31 Décembre
processus de titrisation facilement renouvelable. C’est ainsi qu’en Décembre 1990 a été
L’actif du fonds est constitué de 17 créances résultant de prêts accordés par la CDC à
certaines régions, pour un montant nominal global de 836 Millions de Francs. Ces créances,
d’une durée maximale de 20 ans, sont amortissables par annuités constantes. L’actif comprend
Comment titriser 244
également les sommes momentanément disponibles en trésorerie, investies selon des règles
précises permettant d’exclure tout risque en capital et pour lesquelles a été garantie une
rémunération minimale. Face à cet actif, ont été émises quatre parts ordinaires cotées ( A, B, C
et Z). Les parts A, B et C sont des parts à remboursement in fine et à taux fixe d’une durée de
4, 7 et 12 ans; les parts Z sont des zéro-coupons fondants, d’une durée de 19 ans.
L’objectif est de traiter séparément les risques pour assurer au reste de la structure un
trésorerie affectée à cette tranche comporte une garantie de rémunération au taux des
Pour une couverture totale sur le remboursement anticipé, on calcule la trésorerie initiale pour
un « floor » de taux de rémunération donné. Ceci permet de générer les flux du prêt en cas de
au taux rF.
On a :
Mr(r„)+CRD = ± —ï—
•=> (! + *>)
trésorerie immobilisé :
Min(MT(rF)+ PT(rF ))
'F
première tranche absorbant les remboursements anticipés jusqu’à 30%. Une deuxième tranche,
Concevoir un Fonds Commun de Créances 245
considérée comme très faiblement risquée, absorbant les remboursements anticipés au delà de
ce seuil de 30%.
Une garantie contre le risque de retard de paiement est accordée par la Caisse des Dépôts et
Une garantie à première demande contre le risque de défaillance est assurée par la Caisse
sommes dues au titre d’une sixième échéance d’une créance faisant l’objet d’un retard de
montants optimaux à émettre sur chaque part. Le problème se pose sous la forme suivante :
On peut négocier sur le solde de trésorerie un « floor » au taux rF de prix P . Des essais
Quels montants doit-on émettre sur chaque passif en tenant compte de l’impossibilité pour
le FCC d’emprunter ?
f n \
>0
1=1
Max CX
AX = B
X>0
avec :
f ) r \
0 0
ml P1
V
s.
r i r i ‘2
mn ;C|n + m + lJ = Pn ! B [mj =
*
-1
‘o
0
.
1 s , J
1° J
Concevoir un Fonds Commun de Créances 247
-Floor
E vFloor
V, ,rtt-1 >fw
( \
A |m, n + m + lj =
V y
(‘l-to)
(*~J
Floor
"‘O’1!
V y
Dans le cas d’un montage de parts in fine à taux fixe, à partir de créances à taux fixe,
l’optimum correspond à une trésorerie nulle aux dates de remboursements des différentes
tranches.
Conclusion
La structuration financière d’un FCC vise à séparer les risques et adapter les flux de
versements aux désirs de différentes catégories d’investisseurs. Dans ce cadre, il apparaît utile
chapitre 18
La titrisation a très vite joué un rôle prépondérant dans le financement du logement aux USA.
De la croissance forte de la part des prêts titrisés, est né un intérêt pour la recherche de
modèles d’évaluation de ce type d’instruments financiers. Le point qui rend cette évaluation
remboursement du prêt par anticipation. Les « rocket-scientists » des années 80 ont été
massivement embauchés pour appliquer les méthodes mathématiques, jusqu’alors domaine des
hypothécaires (MBS). De nombreux articles sont publiés chaque année sur cette question.
Les Fonds Communs de Créances (FCC), après cinq années d’existence, nécessitent, en 1994,
pour attirer massivement les investisseurs une liquidité sur le marché secondaire. Ceci
implique, pour les FCC contenant des créances longues à taux fixe avec option de
secondaire. A ce jour, les propositions de modélisation ont buté sur l’absence de données
publiques disponibles.
L’étude de l’évolution de la modélisation aux Etats Unis nous permet de mieux cerner les
points forts et les points faibles des modèles. Il est important de souligner que le phénomène
de secret entourant les modèles des banques pèse lourdement sur la liquidité du marché
secondaire. Nous proposons d’estimer le prix des parts de Fonds Commun de Créances avec
Etats-Unis
Encadré 13
Les auteurs partent de l’hypothèse que les taux suivent un processus de diffusion géré par
processus du prix d’un actif. En écrivant le prix du MBS comme une fonction de cinq
avec :
x : variable prenant en compte l’historique des taux, à savoir x(t)= a J°e~a,l(t - s)ds
anticipé).
K =7U0(f,/Vy)exp(Pv)
avec.
y p(yt)p~'
nQ(t,p,y) =
i + (y t)p
AO,
v3(f)=hl est le rapport du capital restant dû sur le capital restant dû
ao:
j
contractuel. Cette variable appréhende la part des emprunteurs qui n’ont pas encore
remboursé à la date considérée. Ceci explique le phénomène de « bum-out » qui montre que la
valeur financière d’une option de remboursement anticipé décroît lorsqu’elle n’a pas été
P = Y—L-
£T(1 + rf
avec :
si le taux du prêt est différent de son taux de rendement interne (au dessus ou en dessous du
pair).
i=remboursement r? i=n
p= y —5 '— d
1=1
(l r ) <=remboursement ^1 + ^
avec :
Longtemps, cette date a été estimée à 12 ans pour des prêts à 30 ans).
L’utilisation de moyenne de durée avant remboursement anticipé induit des biais importants
Cette technique prend en compte la dispersion des remboursements anticipés dans un pool de
prêts. Les remboursements anticipés sont déterminés par une fonction dépendante de la
maturité du prêt. A partir des flux réels, on calcule de la même façon que dans la méthode
précédente un taux de rendement interne. La diversité des scénarios de taux est infinie et il est
Il correspond à une norme de RA, issue des premières tables de mortalité sur les prêts.
Comme le montre le graphique 23, le taux de RA part de 0% pour monter à 6% après trois
ans. Après cette date, il se maintient stable jusqu’à extinction du prêt. Des comportements
Graphique 23
0 3 6 9 12 15 18 21 24 27 30
Durée en année
Cette norme permet de modéliser différentes vitesses de remboursements anticipés. 150% PSA ^
correspond au taux trouvé sur la courbe 100% multiplié par 1,5. En dehors des effets u
saisonniers qui n’apparaissent pas dans ce modèle, l’extrême influence de la variation des taux
n’y est pas prise en compte. Elle n’est donc plus utilisée que comme une norme d’expression
de vitesse de remboursement. A partir du prix trouvé par des modèles plus sophistiqués, on
calcule le multiple PSA qui donneraient des « cash-flows » représentant le même prix en
3N!HJn«
fonction de la structure par terme des taux.
correspondant.
Ce calcul de taux considère une courbe des taux plate et un taux déterministe: le coût de
l’option de remboursement anticipé induit par le lien entre l’évolution des taux et des
remboursements ne peut être prise en compte. Cette méthode peut être couplée avec des
calcul du « Cash Flow Yield » n’intègre cependant pas le nouveau scénario de taux pour le
réinvestissement des flux et les erreurs sont importantes (voir tableau 12).
Valoriser les parts de FCC 253
Tableau 12
Elle consiste à calculer le rendement des MBS pour un ensemble de scénarios d’évolution des
taux d’intérêt. Pour chaque scénario, les flux sont générés en prenant en compte l’impact des
faible nombre de scénarios. Il choisit les scénarios et leur probabilité en fonction de sa propre
limites :
L’ensemble des scénarios n’est pas cohérent avec les prix des instruments de taux observés
sur le marché. L’ensemble des scénarios choisis peut alors être incompatible avec les prix des
d’Opportunité d'Arbitrage.
Alors que la méthode « vector analysis » reste une technique courante adaptée aux CMOs,
Cheyette (1994) a montré qu’elle devient un mauvais outil de mesure pour les instruments
On cherche une marge moyenne du taux, au dessus du taux sans risque, telle que le prix de
e~'i(R(°-'i Voas)
1=1
avec :
: flux aléatoire en tj
U-T 1 1
1 y Y fsTT 1 1
|s| rs [fs1 U(l + r/)j
actualisé
Le « spread » optionnel (« Option Adjusted Spread ») est obtenu par résolution de l’équation
y)\fFsfi
1
1 1
|s|pi[h ,-o(i+/;+«»)]
marché
avec :
S : ensemble des scénarios des chemins de taux possibles générés par un modèle
Pour chaque chemin de taux, et pour un « spread » de taux donné, la somme des flux
actualisés correspond au prix du MBS. Le taux d’actualisation pris en compte est celui lu sur
le chemin de taux à l’instant considéré, augmenté d’un « spread ». Lorsque la moyenne de ces
prix est égale au prix de marché, alors ce « spread » est par définition le « spread ajusté de
l’option » appelée OAS. Cette évolution répond à la nécessité d’utiliser comme taux de
réinvestissement des flux, le taux courant du scénario de taux et non le Taux de Rendement
UN GENERATEUR DE
SCENARIOS
Une série de chemins de taux est simulée. Les taux d’intérêt peuvent être générés par un
modèle à un facteur (court terme) ou plusieurs facteurs (court et long terme par exemple). La
dynamique des taux choisie doit cependant permettre de recréer la structure par terme des
taux de marché pour expliquer au mieux les prix de marché et d’assurer l’Absence
d’Opportunité d’Arbitrage.
UN GENERATEUR DES
FLUX FINANCIERS
Pour chaque scénario de taux, les flux financiers sont calculés en utilisant un modèle plus ou
UN CALCUL DE
SPREAD
Les flux pour chaque scénario sont utilisés pour calculer un « spread » au dessus d’un taux de
La moyenne n’offre aucune information sur la distribution des valeurs et lorsque l’on va
suivre, dans la réalité, une réalisation de cette évolution des taux, on peut être très loin du
rendement moyen prévu. Hayre, Huang et Pica (1993) ont comparé la répartition des
avec un « T-bond » à 10 ans. Les résultats du tableau 13 montrent que l’excès de rendement
TITRISATION 256
moyen n’appréhende pas le risque et que la variance n’est même pas un indicateur suffisant du
Tableau 13
Distribution du rendement
Kopprasch (1994) considère que la distribution des prix actualisés serait une aide importante
pour les gestionnaires de portefeuille. Le calcul réalisé est un calcul d’espérance. Cet
au dessus du taux des obligations d’Etat. Certains investisseurs par ignorance ont tendance,
aux Etats-Unis, à ne pas considérer cette valeur comme la moyenne d’une variable aléatoire
mais plutôt comme une marge fixe bloquée dans les portefeuilles dès l’achat La variance (ou
de façon plus précise la répartition de cette variable aléatoire par décile) est une information
Hayre, Huang et Pica (1993) proposent une méthode mixte permettant d’obtenir la répartition
de la valeur suivant les scénarios et un modèle cohérent de structure par terme des taux. Une
génération de courbes des taux cohérentes avec un modèle est réalisée. La répartition de la
limites :
Mulvey et Zenios (1994) soulignent que les corrélations historiques dans une gestion globale
peuvent être fausses. Notons comme exemple les cas de l’option de remboursement anticipé et
des produits 10 PO qui ont des rendements fortement dissymétriques par rapport à l’évolution
des taux. L’histoire récente des taux ne contient pas toute l’information connue sur le
Valoriser les parts de FCC 257
chapitre 11) et en calculant pour chaque actif un vecteur de rendement sur un grand nombre
f n Xf « A
1
M O*. h!~txc
V c=i y Ci II V.
G. Estimation de la duration
DeRosa, Goodman et Zazzarino (1993) mettent en avant la perplexité des investisseurs en face
des durations calculées par les principaux «dealers » de la place. Le tableau 14 montre les
Tableau 14
Tableau 2 (suite)
Les auteurs proposent de mesurer empiriquement cette duration par une méthode
-—- = c + b.A
T-bonds 10 ans + h2(/> lOO^r-fronrfrlOiinî
P 1
(P -100) si P >100
+ b3 + e
0 sinon
tient pas compte de la dépendance des remboursements et des taux. La duration réestimée à
B,(1-
D =e D , -e D
y macaulay s macaulay
<f>M 0 (=1 (1-
avec :
a y (1 + 0
l’élasticité du taux de rendement du MBS
> 3r(1 + >)
Valoriser les parts de FCC 259
a<i> 0 + 0
e
y
l’élasticité du taux de survie (i-t)
dr (!-<}))
limites :
Herskovitz (1989) a mis en lumière la sensibilité du coût de l’option à la volatilité des taux et
Le choix d’un portefeuille optimal est aujourd’hui une préoccupation majeure des
titres. Pour beaucoup d’investisseurs, seules les grandes institutions financières ont la capacité
de calculer ces valeurs. Le doute sur la qualité des modèles est renforcé par les variations
importantes des prix prévus d’une banque à l’autre. Un jugement sur le modèle de chaque
banque est impossible car les procédures de calcul et les modèles de remboursements anticipés
restent propriétés des banques intervenant sur le marché. En effet, pour garder leur part de
marché, ces dernières ont tout intérêt à conserver le secret de ces « Black-Boxes ».
Mulvey, Zenios (1994) ont montré que l’estimation historique des matrices de variance-
covariance pour des instruments à taux fixe est peu fiable dans la mesure où le chemin de taux
suivi dans le passé est unique et sa répétition a une probabilité faible sur l’horizon envisagé.
Il est cependant possible de calculer cette matrice par simulation en prenant en compte une
L’horizon de gestion est aujourd’hui un élément déterminant pour les différents investisseurs.
Graphique 24
86 88 90 93 94 96 98 100 102
Prix
modèle élémentaire (PSA) de remboursement anticipé a été élaboré. Son défaut majeur est de
ne pas considérer qu’il existe une relation entre le taux de remboursements anticipés et le
Les banques actives sur le marché hypothécaire ont développé des modèles confidentiels et
très sophistiqués pour mettre les prix calculés à la disposition de leurs clients. Nous décrivons
ci-dessous un de ces modèles. Le modèle de Richard, Roll (1988) prend en compte quatre
Ces valeurs sont explicitées et ajustées sur les données des prêts GNMA-15 ans. Les
paramètres sont estimés par une méthode de moindre carré non linéaire en pondérant
fortement les observations en fonction de leur âge pour prendre en compte l’évolution du
comportement des emprunteurs ( 50% pour une année, 25 % pour deux années , etc.).
Valoriser les parts de FCC 261
C/R (le taux de coupon divisé par le taux de refinancement) est apparu comme un meilleur
Graphique 25
Les remboursements anticipés sont fonction de l’âge en mois du prêt. Cet impact de l’âge
Graphique 26
• « Seasonality »: la saisonnalité
Graphique 27
1.3
1.2
1.1
0.9
0.8
0.7
JAN FEV MAR AVR MAI JUI JUI AOU SEP OCT NOV DEC
Cet effet est pris en compte au travers d’une fonction non linéaire (non divulguée) qui dépend
anticipé en France
Les remboursements anticipés ont provoqué des pertes considérables à partir du milieu des
brutale des taux d’intérêts en France et d’une guerre commerciale farouche. Certains
établissements ont alors pratiqué un « dumping » sur les crédits immobiliers allant même
jusqu’à prêter à un taux inférieur à celui de leurs propres emprunts. Le coût induit a été
équilibre de bilan construit sur un refinancement des prêts par adossement des émissions
Prendre en compte le coût de cette option est devenu alors une nécessité. Seuls les
établissements financiers spécialisés avec une informatique centralisée ont pu construire une
base de données fiable sur les remboursements anticipés depuis 20 ans. Cependant, cet
avantage stratégique n’a pu être fédéré en un outil de place car les données sont restées
confidentielles.
FCC et donc freiné le développement d’un marché secondaire. Le paradoxe apparaît pour les
détenteurs de l’information : leurs données pourraient se révéler des sources de profits pour
réaliser des arbitrages à condition qu’un marché secondaire s’anime ce qui suppose que les
Les premiers FCC publient aujourd’hui des chiffres qui peuvent déjà permettre de développer
cette nécessaire modélisation. De rares valeurs globales sur un bilan de banque existent. Nous
présentons sur le graphique 28 des données agrégées concernant l’ensemble des prêts du bilan
de l’UCB
Graphique 28
RA —Renégociations
Date
source : UCB
TITRISATION 264
Les données sur les remboursements anticipés sont collectées par un organisme de place,
l’Observatoire des Fonds Commun de Créances (OFC2 ). Nous présentons trois FCC dont les
Les créances ont été faites à des taux compris entre 7,45% et 13% pour un taux moyen de
10,41%. Le graphique 29 montre une relative stabilité des RA aux environs de 4%.
Graphique 29
Date
Les graphiques 30 et 31 confirme la même relative stabilité des RA aux environs de 4%. La
hausse en 1994 correspond à une baisse des taux qui offre un différentiel de taux suffisamment
Graphique 30
Date
Graphique 31
Date
Le Crédit Lyonnais a diffusé sur les prêts titrisés pour l’opération TITRHYLO-3-94 un
tableau des taux de remboursements anticipés par date en indiquant le différentiel de taux
associé à chaque date. Nous montrons l’influence du différentiel de taux sur le graphique 32,
Graphique 32
• Le différentiel de taux
Il représente l’écart entre le taux du crédit hypothécaire et un taux de marché à long terme. Le
graphique 33 montre des données pour des différentiels plus importants que ceux du graphique
32. La forte dispersion pour de forts écarts prouve qu’il existent d’autres facteurs explicatifs
Graphique 33
Différentiel de taux
• L’âge du prêt
La forme de la norme PSA ne semble pas réaliste. Le graphique 34 met en avant une forme en
cloche. Cela semble raisonnable car le capital restant dû en fin de prêt est suffisamment faible
Graphique 34
A - 15.71, B - 0.045 et C - 0.41. Cette fonction est une approximation ( R2 corrigé de 0,30 )
Boulier, Levy et Despoux (1992) n’ont pas choisi ces deux variables explicatives, ils calculent
directement l’intérêt de refinancement. Le prix de refinancement d’une telle créance est estimé
par actualisation des flux au taux de marché de refinancement possible. K est le rapport entre
d’autres critères non financiers modifie le modèle de RA pour devenir une fonction du type
Graphique 35
El Babsiri et Touzi (1991) ont proposé un modèle de durée à hasard proportionnel, dont la
fonction de hasard de base est déterminée par un comportement purement rationnel dans le
L’expérience américaine nous montre que la répartition de la variable aléatoire rendement est
mal synthétisée dans la donnée isolée qu’est l’excès de rendement moyen (OAS). Nous
actualisée des flux dans le graphique 36 nous montre la réalité sur notre exemple. La
répartition de l’excès de rendement par rapport au taux sans risque dans le graphique 37 nous
montre la réalité sur notre exemple. Le calcul pour le graphique 37 est donné pour notre prêt
avec une marge apparente ( calcul de la marge sans prendre en compte le remboursement
anticipé ) de 1%.
Graphique 36
Prix
TITRISATION 270
Graphique 37
Excès de rendement
Graphique 38
18%
16%
14%
8 12%
G
%
CT
io%
'P
Ë 8%
6%
4%
2%
0%
$ tp * g * S S s g s g
(N (N vO © OO (N © 00 (N vo © 00
vq
O O © —* (N ri fô rô «ri «ri
On peut voir sur le graphique 39 que la volatilité influence beaucoup le coût de l’option. Il
parait important de tester des volatilités maximales admissibles pour étudier, outre le risque
Graphique 39
aujourd’hui des explications simples et claires sur les risques des produits dérivés souvent non
• une approche de type Monte-Carlo par tirage de scénarios d'évolution des taux
L’objectif est de donner un prix juste pour les parts de FCC sur le marché secondaire. Les
critères financiers permettant de regrouper des prêts sont : même date de départ, même durée,
même taux, même type d’amortissement. Cependant, les données disponibles provenant des
prospectus d’émissions des FCC donnent des tableaux successifs suivant les critères suivants:
capitaux restant dus, durée de vie initiale, date d’octroi, durée de vie restante, taux d’intérêt,
localisation géographique.
Cette analyse mono-critère ne nous permet pas de regrouper les prêts suivant les critères
financiers du paragraphe précédent. Les informations sur les remboursements anticipés sont
mensuelles mais globales. Aussi, il parait réaliste de n’utiliser au plus que deux critères pour le
Des études préliminaires sur plusieurs centaines de milliers de prêts montrent la réalité de ces
facteurs (caisses d’épargne, Crédit Foncier de France). Aucun test ne peut malheureusement
être présenté en raison de la confidentialité de ces données. Il est cependant possible pour
sur la maturité (PSA) ne prenant même pas en compte le coût de l’option induite par la
Nous proposons donc de calculer le prix du titre qui est une variable aléatoire:
avec r, variable aléatoire modélisée par une diffusion du taux court de type Vasicek dont nous
drt = a (bt - rt ) dt + o dW
L’estimation des flux est réalisée à partir des flux contractuels et du modèle de remboursement
anticipé choisi : F/ = K* + //
avec :
Le capital remboursé est calculé à partir du capital contractuel remboursé, corrigé d’un
coefficient de réduction dépendant des remboursements anticipés aux dates précédentes. Les
contractuel
k; = k, * (1 - kra; )+ ra;
t=n-l
/; = prêt
1=0
KRA,5 : coefficient de réduction de capital remboursé par rapport au capital contractuel initial
r , : taux du prêt.
Le coefficient de réduction KRA est défini à partir de la fonction de base (nous prendrons ici
kra;-i-nO-JM/)
r=0
ra; = + K(l-e(-CVmM))
b *e((rpr"r,,) 2)
RA; : taux de capital remboursé (rapporté au capital restant dû) par anticipation à la date t
pour le scénario s.
Conclusion
Les premières séries de données fiables existent aujourd’hui sur les premiers Fonds Communs
de Créances. Des modèles théoriques ont été développés sur le marché français.
secondaire sans attendre un raffinement des modèles. Nous avons montré qu’un modèle
Il reste à réaliser un « back-test » sur le « pricing » des parts avec les données centralisées par
l’Observatoire des Fonds Communs de Créances. Cela nous permettra de savoir s’il est
intéressant d’être « Market-Maker » sur ces parts. Des profits importants sont souvent réalisés
*<«#r Chapitre 19
Un des objectifs possibles de la titrisation est de réaliser un équilibre entre les actifs détenus
par la banque dans le but de maximiser l’utilité de la valeur finale des fonds propres. Dans ce
cadre, nous proposons de définir dans un bilan bancaire la proportion optimale de prêts dans
les actifs. La première section expose la méthodologie, la deuxième analyse les résultats et
réalise un back-test de gestion de bilan depuis 1980 en comparant trois gestions : celle en
proportion de prêts. Pour ce faire, nous considérons le rendement des fonds propres et
Le choix des investisseurs diffère souvent fortement du portefeuille optimal. Thorley (1995)
met en cause le choix de la fonction d’utilité. Artus (1993) montre que l’hypothèse des
rendements gaussiens n’est pas appropriée pour des actifs soumis à des crises comme
chez les investisseurs le réflexe de comparer les couples rendement-risque des différents
semble difficile à estimer. Les solutions des portefeuilles efficients sont parfois rejetées par les
investisseurs. Cerner la fonction d’utilité pour l’investisseur est la clé du choix d’allocation
d’actifs. Franks (1992) considère que l’investisseur veut rester proche d’un portefeuille
l’investisseur qui vise un fort rendement, une faible variance de ce rendement et un faible écart
Thorley (1995) part d’un portefeuille comprenant un actif sans risque et un actif risqué. Le
comportement intuitif de l’investisseur l’incite à investir plus fortement dans l’actif risqué
lorsque l’horizon de gestion s’éloigne. Les modèles qui ne sont pas conformes aux intuitions
• L’optimisation movenne-variance
La proportion d’actif risqué dans un portefeuille efficient diminue au fur et à mesure que
RRA(W) = -WV,
indépendante du niveau de richesse initial. Pour ce modèle, la proportion d’actif risqué est
l’investisseur :
croissante avec le niveau de richesse initial. Pour ce modèle, la proportion d’actif risqué
• La probabilité d’un excès de rendement (par rapport au taux sans risque) négatif
Kritzman (1994) montre que la probabilité qu’un actif risqué réalise des performances
inférieures à celles d’un actif non risqué diminue fortement avec l’horizon de gestion.
Si l’on veut suivre un portefeuille « benchmark » composé d’une fraction fixée d’action et
d’obligation. On tiendra compte d’éventuelles variations des taux d’intérêt avant la période
rendement-risque, Leibowitz, Kogelman et Bader (1994) ont montré que l’allocation n’est pas
fixe jusqu’à la période suivante mais que cette fonction de répartition entre actifs dépend du
A. La gestion quantitative
Celle-ci est définie dans les travaux de Markowitz (1959). Le modèle statique mono-période
période suivante sous contrainte d’une richesse initiale. La stratégie consiste à supposer une
fonction d’utilité quadratique ce qui est équivalent à considérer la normalité des rendements
d’actifs. Le risque d’un portefeuille est représenté par la variance du rendement de ce dernier.
x .V.x. <a
I 1
= 5Xi = 1
avec :
: vecteur unitaire de RN .
On reste dans le cadre d’une minimisation quadratique sous contraintes linéaires en rajoutant
avec :
La façon duale de représenter l’ensemble des portefeuilles efficients est de minimiser le risque
min
X,
sous contrainte
- x .R(t,t+ l)> (i
x, -K = 1
b_ < B.x, < b+
C. La gestion indicielle
<
Nous considérons un établissement avec un bilan simple décrit dans le tableau 15. Son actif
filiales), des prêts à taux fixe et une trésorerie. Son passif est composé de fonds propres et
Tableau 15
Bilan considéré
ACTIF PASSIF
Trésorerie 5
L’équilibre entre actif et passif est réalisé grâce à la trésorerie qui peut être créditrice ou
débitrice. Nous considérons de plus que les actifs et passifs sont des éléments soit cotés soit
négociables et qu’en tout état de cause, on peut en fixer une valeur de marché. Ceci est le cas
bilan. Nous excluons volontairement les différences qui existent entre un portefeuille de titres
et une entreprise. Pour cette dernière, il faut par exemple tenir compte de la valeur ajoutée du
gestion. De même, nous n’intégrons pas les profits tirés du conseil et de l’intermédiation,
activités qui ne consomment pas de fonds propres mais participent in fine à leur rendement
Soit :
V =v 4-V +V +V -V
Y Fonds propres,0 v Immobilier,0 rPrètt,0 r Actionsf0 Trésorerief) Obligarions,0
V -V
~ _ v FP,H v FP,0
rFP.H ~ y
v FP,0
rFP,H ~ + XPr etrrPr tts,H XActions ' ^Actions,H XTré s<frireso,H + XObIig'rOblig,H
Le vecteur xt correspond au poids par rapport au fonds propre de chaque actif ou passif.
x — >0
immo
FP, O
K
Pr ets,0
>0
vPr ets
v
FP, o
v
Actions,0 rv
Actions — U
v.
FP, 0
K
Treso,0
XTrao ~ >0
v,FP, 0
Au passif
VQblig,0 < q
U "
K f/’.O
Nous considérons également que les problèmes d’adossement sont gérés par une cellule ALM.
La marge sur les prêts est définie par rapport au coût de la ressource (à savoir le rendement
du coût de financement :
Ke'M = Obligation + ~
Par rapport au cadre de la gestion précédente, il convient de définir en plus les portefeuilles
« benchmark ». Les objectifs du rendement des fonds propres peuvent être variables suivant
les optiques des actionnaires. Le « benchmark » pris en compte peut donc être :
pouvoir d’achat.
Les analyses et les tests montrent que la matrice de variance-covariance joue un rôle central
Le fort impact de l’horizon de rendement a été mis en évidence par Goetzmann et Edwards
(1994) qui ont testé que le portefeuille (actions, obligations et trésorerie) sous-jacent à un
point de la frontière efficiente est profondément différent entre les données court terme et long
terme. Entre les deux horizons de 1 an et de 15 ans, il y a une plus forte réduction de volatilité
Nous choisissons un horizon de 5 ans puis 15 ans pour nos tests. En effet, le premier
avec les engagements contractés par la banque (prêts à 20 ans). Pour l’horizon 15 ans, le poids
Les rendements de différents types d’actifs (graphique 40) n’ont semble t-il jamais été
répertoriés sur une longue période avant les travaux de Arbulu et Hamonno (1995) et Malpot
et Paquel (1995).
Obligations :
Actions :
Trésorerie :
Le rendement est celui du taux court. Les taux ont été relevés dans le Bulletin Mensuel de
Immobilier :
• le taux de rendement courant qui vaut le loyer net de charges rapporté à la valeur du
bien.
Graphique 40
1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995
Année
C. Faut-il titriser ?
Nous considérons une gestion indicielle sur les objectifs décrits précédemment, et nous
Nous considérons un horizon de gestion de 5 ans et une forte aversion au risque. Le graphique
proportion d’immobilier est nulle voir faible dans le cadre du « benchmark » inflation.
Graphique 41
Type de benchmark
Combien faut-il titriser ? 283
proportion de prêts nulle pour de faibles aversions au risque. Les actifs immobilier et action
action permet de conserver une forte proportion de prêts. Dans tous les cas, l’immobilier et les
Graphique 42
0.5 1 2 10 1000
Aversion au risque
Graphique 43
100
« 50
0.5 10 1000
Aversion au risque
TITRISATION 284
gestion.
l’horizon de gestion. Il semble bien que l’horizon de gestion a une influence comparable peu
dépendante de l’objectif et donc du modèle choisi. Il est à noter cependant que nous nous
sommes placés dans le cadre d’une forte aversion au risque mais avec des rendements annuels
identiques pour tous les horizons de gestion. Le niveau optimal de prêts chute de 80% pour un
horizon de gestion de 5 ans à 60% pour un horizon de gestion de 15 ans. La titrisation doit
Graphique 44
100
1 5 10 15
Horizon en année
rendements.
Graphique 45
1 5 10 15
Horizon en année
Combien faut-il titriser ? 285
d’actions parait logique pour les gestionnaires de portefeuille. Celle-ci est fortement croissante
Graphique 46
1 5 10 15
Horizon en année
La proportion de trésorerie augmente avec l’horizon de gestion. Celle-ci passe de 10% à 35%
entre 1 an et 15 ans.
Graphique 47
Horizon en année
TITRISATION 286
Le « back-test » consiste à modifier les proportions d’actifs suivant les indications des modèles
en 1980 puis en 1985 et enfin en 1990. Le graphique 48 indique les trois réajustements du
bilan réalisés en 1980, 1985 et 1990. Pour chaque réajustement, il n’est tenu compte que des
Graphique 48
Le graphique 49 montre que, lorsque le CAC s’effondre, le modèle de Chow permet de mieux
limiter la chute du rendement que la gestion « benchmark » sur indice CAC (en 1987 et 1990).
Combien faut-il titriser ? 287
Graphique 49
r—» (N CO to NO 00 ON O 1-H CS
00 00 00 00 00 00 00 00 00 C\ ON On
On On ON ON ON On ON ON ON ON On
r—i r—t 1-H
Année
Le graphique 50 montre que le modèle de Chow permet mieux suivre la hausse du rendement
Graphique 50
Taux
Année
Combien faut-il titriser ? 289
Conclusion
Nous avons montré que, pour une forte aversion au risque, la proportion de prêts est peu
dépendante de la fonction d’utilité considérée. L’horizon de gestion, lui, influe fortement sur
cette proportion.
Nous avons démontré la supériorité du modèle de Chow (1995) sur la gestion moyenne-
variance et sur la gestion indicielle. Ce modèle de Chow pondère en effet trois objectifs : fort
« benchmark ». Nous avons considéré un bilan bancaire avec un passif composé de fonds
prêts autour d’un niveau d’aversion au risque faible. Les prêts passent de 75% pour une
aversion de 1 à 0% pour une aversion de 0.5. Face à cette difficulté de spécifier précisément
cette aversion au risque, l’utilisation pratique du modèle est rejetée. Le modèle de Chow ne
réalisé depuis 1980 montre que le modèle de Chow évite de suivre les baisses importantes du
CAC comme la gestion indicielle sur le CAC mais permet de mieux suivre les hausses du CAC
Ce modèle de sélection des actifs du bilan basé sur le rendement, le risque et la performance
relative apparaît suffisamment stable pour décider de la proportion optimale de prêts dans un
bilan bancaire. Une fois l’horizon de gestion choisi, il est possible d’utiliser cet indicateur qui
permet de tester si l’on détient trop de prêts dans son bilan. La titrisation est alors la technique
CONCLUSION GENERALE
La gestion de bilan reste un domaine peu étudié. Un fossé reste à combler entre une pratique
« sans état d’âme » et une théorie encore imprécise. Les recherches commencées ici
nécessitent bien sûr de nombreux développements et tests. Cependant, les résultats obtenus
RESULTATS
Les travaux réalisés font apparaître différentes facettes de la gestion de bilan. De cette
diversité émerge cependant un schéma conceptuel global qui permet de ne pas se tromper sur
l’utilité de la gestion de bilan. Sur ce schéma, il est possible de localiser l’utilité de nos
recherches et d’envisager les axes vers lesquels les recherches doivent tendre aujourd’hui.
J’ai dégagé quatre piliers sur lesquels reposent trois axes de politique de gestion de bilan. Les
quatre piliers de connaissance sont les risques des marchés, les risques de la clientèle, la bonne
appréhension des objectifs et celle des horizons d’investissement des actionnaires. Les trois
Schéma
J’ai montré, pour des produits dépendant du comportement de la clientèle (dépôts à vue, Plan
valorisation d’option.
J’ai prouvé, dans différents cas de figure, que la stratégie optimale de gestion de bilan était très
J’ai enfin montré comment calculer le montant des prêts à titriser dans une stratégie de gestion
de bilan.
CONCLUSION 292
PROSPECTIVE
Parmi les points à développer, nous en citons trois : la prise en compte du risque de perte, la
Notre étude s’est portée plus particulièrement sur le risque de remboursement anticipé qui
correspond au plus grand problème du marché secondaire actuel. Le risque de perte doit être
lui aussi étudié. En effet, son coût est d’ordre comparable à celui du remboursement anticipé,
son coût moyen est plus stable dans les périodes calmes mais des coûts extrêmes doivent être
agents financiers
Nos études constituent un préalable aux recherches futures qui devront cerner les objectifs et
l’horizon de gestion d’un groupe donné d’investisseurs. Une voie envisagée par Thorley
(1995) consiste à déduire les objectifs et aversions au risque des comportements observés des
investisseurs.
La gestion de bilan, comme la gestion de portefeuille, passe par l’étude des rendements des
concernant les rendements. En effet, certains produits de taux, ont un rendement prévisible
pour des taux non observés par le passé et une distribution non gaussienne de rendement. Par
exemple, la distribution du rendement d’un « cap » à 18% ne peut être lue sur les rendements
historiques. Pour cette raison, seule la simulation des processus permet d’intégrer l’ensemble
des informations. La simulation doit tenir compte de distributions de rendement plus réalistes
déclenchée pour un penny par Mickaël, engendre la faillite de la banque. Aujourd’hui, c’est la
mauvaise gestion des risques qui entraine la faillite de la banque Barings. La banque
d’aujourd’hui doit pour conserver son capital, le rémunérer de façon satisfaisante. Elle doit
donc prendre des risques pour assurer un bon rendement puisque le rendement facile du capital
généré par la confiance dans la banque de Bams n’existe plus. Les banques qui ne le font pas
On peut se laisser aller à imaginer la banque de demain. Son rôle est de créer des produits
« purs » de chaque type de risque à partir des produits financiers réels, d’organiser les marchés
de ces risques et enfin de gérer les patrimoines en réalisant l’adéquation entre les désirs des
investisseurs et ces produits « purs » de marché. Pour ce qui est de la rémunération du capital
confié par ses actionnaires, elle doit pouvoir tirer une rémunération supérieure à celle des
produits des marchés qu’elle organise pour deux raisons principales. La première raison
correspond à l’assymétrie d’information qui, de par sa position privilégiée, doit lui permettre
de trouver les meilleures opportunités sur ces marchés. La seconde raison provient du fait
qu’elle se rémunère pour les services qu’elle assure : l’organisation des marchés par des
séparation des risques par des commissions de montage qui ponctionnent une partie des profits
générés par la structuration. La titrisation, dans cette optique futuriste, est donc une évolution
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1993.
Mot Définition
d’Arbitrage (AOA) un paiement positif dans une date ultérieure. On dit qu’il y a Absence
Commercial Bank Le « Banking Act » et le « Glas Steagall Act » ont séparé nettement
émissions de titres.
d’un titre.
Déréglementation C’est un phénomène mondial depuis trente ans qui tend à faire
financier. L’impact, fort dans les résultats, est une chute des produits
commissions.
Duplication On dit que l’on peut dupliquer un actif A à l’aide des actifs B, C et D
actifs B, C et D.
Duration C’est la vie moyenne actualisée des flux d’un instrument financier.
Floor C’est un contrat qui garantit un taux minimum convenu d’un dépôt
Forward (taux) ou taux terme à terme. C’est un taux fixé par anticipation pour une
Indexation C’est un principe qui consiste à rattacher la valeur d’un flux financier
redynamisé en 1996.
Marché complet On dit que les marchés financiers sont complets, s’il est possible, en
formalise l’idée selon laquelle les prix courants des actifs financiers
monétaire).
Marché monétaire C’est le marché de capitaux ouvert à tous les agents économiques (
des Billets de trésorerie, des certificats de dépôt, des BIFS, des Bons
Mismatch C’est une impasse de position qui fait que les flux des actifs et des
fondent à des obligations déjà existantes car elles ont les mêmes
marché des actions est plus risqué qu’un revenu certain (au taux sans
Rating C’est la note accordée par une des agences de notation. Leur
estimée par l’agence. Il faut noter qu’en aucun cas, c’est une
Rendement sans risque Le rendement sans risque désigne la rentabilité d’un actif dont les
Rentabilité La rentabilité d’un actif entre deux dates est le taux relatif
Sensibilité C’est la variation du cours induite par une variation des taux
d’intérêt de 1%.
Spéculateur C’est un opérateur sur les marchés qui anticipe des évolutions
le cas contraire.
Standard & Poor’s Une des deux grandes agences de « rating » de New-York avec
Subordonnée Une dette est dite subordonnée quand, en cas de liquidation, elle sera
honorée après toutes les autres dettes mais avant les actions. Elle est
S wap de taux d’intérêt C’est un échange de deux dettes dans la même devise. En général,
GLOSSAIRE TITRISATION
Mot Définition
Agent financier C’est l’agent payeur assurant le service financier des parts.
oeuvre du FCC.
million de francs.
au fonds.
GLOSSAIRE TITRISATION 318
créances.
opération de titrisation.
d’assurance
acquises.
Marge nominale moyenne C’est la marge nominale pondérée par le capital restant dû.
Notation C’est l’évaluation des parts par une agence spécialisée, habilitée
-S&P-ADEF
-Moody’s France SA
-IBCA NOTATION
GLOSSAIRE TITRISATION 319
Parts Ce sont les parts représentatives des créances acquises par les
Part ordinaire(de type 1) Au sens du règlement numéro 89-01 de la COB, c’est la part
des OPCVM.
Pay-through C’est une technique utilisée pour transformer les flux d’intérêt et
actif.
Placement privé(de type Il concerne les parts qui ne font pas l’objet de négociations en
Placement public Il concerne les parts autres que celles faisant l’objet d’un
sur le marché.
RA Remboursement Anticipé
Société chargée du C’est la société qui assure le recouvrement des créances cédées,
Société de gestion C’est la société dont l’objet exclusif est de gérer les FCC. Elle
Déchéance du terme C’est une décision prise par le créancier, en cas de non-respect
Taux de défaillance des C’est un pourcentage du nominal des créances sur lequel porte la
constituant.
Vie moyenne à l’émission On la définie par la Durée(en année) Restant A Courir (DRAC) à
des créances partir de la date de calcul, pondérée par le nominal des créances.
Pour pouvoir calculer l’évolution du résultat comptable de la CAR, il faut connaître la loi
Pour cela, on se place dans le cadre d’un modèle gaussien de diffusion du taux court et on
calcule la loi du solde de trésorerie à chaque date. Comme ce solde de trésorerie résulte du
réinvestissement des flux reçus à l’actif ou versés au passif, le calcul se ramène à celui de la loi,
eT
On se place dans le cadre du modèle Vasicek étendu (1977), modèle dont les paramètres sont
en zéro):
l’information en zéro.
Comme le modèle conduit à des taux gaussiens, on sait que la variable Xt T = j*rs ds est
1 D’un modèle de diffusion du taux court, on peut déduire par arbitrage la courbe des taux aujourd’hui. L’observation de la
courbe des taux réelle permet de caler les paramètres d’un modèle de diffusion.
ANNEXE A - Formulation explicite du solde final de trésorerie 322
Calculons la partie de l’intégrale à variations bornées (le calcul est identique pour la partie
brownienne).
=du+jvi ,iuj *
= £J e~x^~u\ duds +j J du ds
=^r -^ <r",Kdu)
Introduisons les notations simplificatrices suivantes :
[e~Xl-e-XT] i
Xt,T = roji e( Xs ds +
X ' X
[c X '-e"]
B(x,r)=r0j;«-‘**+ EM+TE(B.j)
e~KS ds + du
covariance. Remarquons tout de suite que les domaines d’intégration étant disjoints, par
= a 2 J0f' elku du
= a ,jjr[l-<rMr-|]I<lu
= £l[1-^(>-<)]_|!.[i.e^>]+ol(r_0
La variance de Xl T est donc égale à :
\e~Xt -g~xrf i
‘'(c,.0=i—p-L',W+-rV(8,.r)
= £ifl[e^' +e-nT-2e-,liT-)\e™ -l]l
d’espérance
de variance
[e-x'+e-XT)
x2=- + À[r-r]
v /
La variable Bl T, qui donne le solde de trésorerie à la date T imputé à un flux unitaire reçu ou
payé à la date t, est donc l’exponentielle d’une variable aléatoire de loi normale N(m,Y.2 ).
ST = M,B,T + MsBsT
E{ST)= M,E(B,r)+M,E(B,fT)
Remarquons tout de suite que la covariance entre BtJ et BsT n’est pas nulle. Calculons
avec
Ce terme est composé d’une partie aléatoire, AX, et d’une partie déterministe, DX. Cette
dernière vaut :
avec :
ANNEXE A - Formulation explicite du solde final de trésorerie 325
Br, A.),i
2(e~ks-e-XT) i
Br2
“ l A,J+xc,J
Br3 = 2 Cs T
Ces browniens sont indépendants deux à deux donc les exponentielles de ces browniens
suivent des lois lognormales indépendantes deux à deux. L’espérance du produit est donc le
avec
m,=2E(C„T)
Il=2V(C„T)
ï* _ -2e-x,(e-Xs-e-XT)I e2X,(e-Xs-e-XTj
O2 X 2X
2(-2eXs+eXT) (-2eXs-exrf
+ s-t
x7~T + 2Xe2XT
ANNEXE A - Formulation explicite du solde final de trésorerie 326
1=1
L’espérance de ST est :
E(Sr)=f>,E(fl,ir)
i=l
i=n inj
ST,=’£M,%r2+2£MlMlB,iSB
(=1 I.J
ANNEXE B - Quelques exemples de FCC 327
investisseurs
Région de France 1 page 108 Premier FCC avec des créances longues
Le fonds CB1 d’un milliard de francs, émis en juin 1990, titrise des créances acquises auprès
du CETELEM représentative de prêts personnels, à échéances mensuelles et à taux fixe.
Des parts de deux types sont émises : les parts A prioritaires et les parts B spécifiques, dont le
paiement des intérêts et le remboursement du nominal sont subordonnés aux paiements dus
aux parts A. Ce mécanisme de subordination constitue la couverture du fonds contre le risque
de défaillance des créances; il est complété par un compte de réserve.
La structure CB1 contient un contrat d’échange de condition d’intérêt passé avec la Société
Générale, qui transforme les paiements mensuels d’intérêts à taux fixe sur les prêts en taux
variables trimestriels sur les parts A.
crédit hypothécaire à taux fixe et mensualité constante avec hypothèque de premier rang,
durée : 7 à 20 ans.
Risque de pertes
Ce risque est couvert par la tranche subordonnée, elle même garantie en capital par le Crédit
Foncier de France. Un niveau maximal de proportion de parts ordinaires bloque tout paiement
sur la tranche subordonnée.
Spécificité
Premier FCC français utilisant la technique du rechargement.
Actif
L’actif du fonds est composé de 57 462 prêts personnels du Cetelem, filiale spécialisée dans ce
type de crédit de la Compagnie Bancaire. Les crédits sont en moyenne de 38 000 FF et sont
amortissables par mensualités constantes. Leur durée varie entre 1 et 70 mois avec une
moyenne de 42 mois, les taux nets annuels sont compris entre 8,12% et 18,96% pour une
moyenne pondérée de 13,51%.
Passif et transformation
Les parts sont à coupons trimestriels sur 3 ans (phase de rechargement) puis à coupons
mensuels sur une phase d’accumulation de deux ans. A la fin de la première année de la phase
d’accumulation, le FCC procède au remboursement In Fine du capital de la part Al. A la fin
de la deuxième année de la phase d’accumulation, le FCC procède au remboursement In Fine
du capital de la part A2. Une procédure de remboursement accéléré du capital peut avoir lieu.
Les critères déclencheurs de ce remboursement anticipé visent à assurer le remboursement en
capital des parts prioritaires ainsi que le service des intérêts :
« A une date de versement, la moyenne de la marge excédentaire des créances sur les trois
dernières dates de versement est négative.
A deux dates de versements consécutives, la somme des encours des créances vivantes et du
risque de pertes
Les droits des parts spécifiques de recevoir des paiements sont subordonnés aux droits des
porteurs de parts prioritaires selon des modalités complexes. De ce fait, les parts spécifiques
assurent la régularité des paiements en capital et intérêts aux porteurs de parts prioritaires
Risque de remboursement anticipé
Le risque de remboursement anticipé, du fait du rechargement se traduit par un risque de
baisse de rendement des créances. La structuration du FCC permet, grâce notamment au
mécanisme de mouvement et d’affectation du compte de complément, de couvrir les porteurs
de parts, dans une certaine mesure, contre le risque de baisse de rendement des créances ou de
ralentissement des paiements en capital.
ANNEXE B - Quelques exemples de FCC 330
Spécificité
Premier FCC réalisant une titrisation de crédits permanents.
Le FCC est composé de 130 000 contrats (ouvertures de crédit permanents). L’encours
moyen par contrat est de 16 000 FF et les taux révisables s’échelonnent à l’émission du FCC
entre 12,9% et 14,9%.
Actif
Les crédits proviennent de contrats Crédilion dont la durée est indéterminée et dont l’encours
varie de façon imprévisible au fil des tirages et des remboursements anticipés du débiteur. Le
Crédit Lyonnais s’est engagé à céder par la suite aux FCC tout tirage ultérieur effectué par le
débiteur.
Passif et transformation
Le montant des créances dépasse le montant des parts souscrites par les investisseurs pour
assurer la note AAA aux parts. Pour compenser le différentiel, le FCC Titricarte 12-94 a émis
en une seule fois des parts réservées au cédant, le Crédit Lyonnais. Ces parts qui s’ajoutent
aux parts destinées aux investisseurs, permettent d’absorber les fluctuations de l’encours des
créances. Quand ce dernier augmente ou quand l’encours des parts souscrites par les
investisseurs diminue, les parts du cédant sont libérées. Inversement, quand l’encours des
créances diminue, les parts du cédant sont amorties.
Le rechargement du fonds
Le fonds achètera les tirages effectués par les débiteurs des contrats sélectionnés et, si
nécessaire, de nouveaux contrats seront sélectionnés selon des critères fixés à l’avance si
l’encours des créances détenues par le FCC devient inférieur au montant minimum déterminé.
Pendant une première période de rechargement de 2 ans, aucun flux de principal n’est distribué
aux parts des investisseurs et tout montant de principal est utilisé au rachat de créances
nouvelles.
Risque de pertes
Une marge de 5,5% entre le taux de rémunération des créances et celui des parts ainsi qu’une
réserve de garantie représentant 3% des parts émises assure la couverture de quatre fois le
niveau historique des pertes. Le risque de défaillance des débiteurs est pris en charge dans
l’ordre suivant :
Spécificité
Premier FCC affectant la totalité du risque de remboursement anticipé grâce à la TSRA
(Tranche Subordonnée au risque de Remboursement Anticipé).
Actif
Il est composé de 17 prêts aux régions pour un montant nominal de 556 MF. Ce sont des prêts
à échéances annuelles constantes au taux de 5,8%.
Passif et transformation
Région de France est une famille de Fonds Communs de Créances. Le risque correspond à une
notation AAA des agences de rating mais le rendement offert à l’émission est de OAT + 70/80
points de base. Ceci correspondait à l’émission à du CLF +15 points de base. Cette prime est
en fait celle de la faible liquidité.
Risque de pertes
Huit des créances titrisées sont couvertes par une garantie à première demande de la CAR.
Pour les autres créances, la Caisses des Dépôts et Consignations a pris l’engagement de faire
l’avance des échéances impayées dans la limite de cinq échéances par créance, ces avances
restant acquises au FCC en cas de non remboursement du débiteur.
Risque de remboursement anticipé
La part TSRA (50 MF) a pour objet de couvrir l’intégralité du risque de remboursement
anticipé. Les versements en intérêts et capital qu’elle est susceptible de recevoir seront affectés
par les éventuels remboursements anticipés. Seul est assuré le remboursement du capital
nominal (10 MF).
Les remboursements anticipés sont placés dans un fonds de trésorerie particulier, la Trésorerie
Affectée, alimenté au départ par les 50 MF de la TSRA et géré en trésorerie de manière à
permettre de conserver l’échéancier initial des créances. A une date normale d’échéance d’une
créance remboursée par anticipation, la Trésorerie Affectée versera l’échéance à la Trésorerie
Principale (dont les flux ne seront donc pas affectés du fait du remboursement anticipé). Des
simulations montrent que la Trésorerie Affectée est à même de faire face à ces versements
dans les hypothèses les plus défavorables.
ANNEXE C - Dérivés dans le cadre de la duration étendue 332
" Ht ~e
On remarque d’abord que : V, (t,T) =
1+ P
<l\e a(“ 'V2(f,«)]
1 -a(u-t)
d V2(t,T) ,
2 =-(l + (3) V2(t,T)
dr.
a(u-l)
-V2 (t,u) du
à r, Jt a
dV
/. , \ r1 1 - e"
„CU J
r(0’r)=Jo e a
a
M°-<)
3 v t _ p~aT
-±(0,T)=-{\ + p)i V2 (0,T)
dV:
—(0, T) = -(1 + (3)$-j- V2 (0,r) c/r
f, a(u-l) A
a 2v:\t,T) -a(u-r)
- e
:-(l + P)jrV(“-')rf a
V2(t,u)
V
a X(t,T)
= 0 + P )2 VAt,T)
dr2,
a V,'(f,r) 1 _ eMu~') Ÿ
a
7^2=(> + P),j,r V2 (t,u) dw
ANNEXE C - Dérivés dans le cadre de la duration étendue 333
a v;
a r,2
(o,r)=-(i + p)J></ V2 (0,0
v a y
-aT ^
a 2v2 1 - e
~d?~,
(o, t)=(i + p)2| V2 (0, T)
/
iX(o,rKl+p)’fe a, y V2(0,t)dt
/
a(u-t)
dV;\t,T) e v '
dt
r,d[e~a(u~')V2 (f,w)]- D,(k -r,)
d V2(t,T)
= r,V2(t,T)
dr,
dVUtJ)
fir, V2 (t,u) du-D,
dr,
a v" rT-ew r 1
It-(°.T)=f0r»V,(0,Odu-D0
ANNEXE C - Dérivés dans le cadre de la duration étendue 334
CT 2
Notons Y„ = b + —— - — le taux long forward.
a 2a
respectivement :
V (0,T) = 1 - V, (0,T),
T A®
avec V. (0,T)= f dX. et
1 Jo i + p »
3 y i _ p-aT
V2(0,7>0X,o)
a
dv:
— = -(1 + P ) C-—— V2 (o,t,r0,r„,o )dt
rn Jo a
SV 1 - e~
«-a,V2(Oft,r0fy.,o)
r Jo a
• n
ANNEXE C - Dérivés dans le cadre de la duration étendue 335
9 V2
= -0 + P)
fT 1 ~ e~aT ^ V2(0,7\r0,F„,a)
dY a
9 V. _ rrf
——— = —(1 + P ) f t V2(0,t,r0,Y„,o)dt
9 Y_ H M a
dvl rr f 1-e-")
f emd t e~wV2(0,t,r0,Y'O,o)
9 F J0
v « )
-2 at \
+ pP E,2 W2(0,t,r0,Yoo,oyiî
9 a •'° \a2 { a 2a /
-2 at \
BV, 1 - rTa' 1 - e
+ pPI, e-a'V2(0,t,r0,F„,o)
a Jo a a 2a
ANNEXE D - Mesure de risque pour des distributions non gaussiennes des rendements 336
au cours des trente dernières années, les individus voient la dispersion de rentabilité d'un
poids aux pertes qu'il peut réaliser qu'aux gains susceptibles de survenir. Ce n'est pas tant les
variations de rentabilité qui constitueront le risque, de son point de vue, que la possibilité que
la rentabilité soit inférieure à un niveau donné. Pour certains, le risque résidera dans la
d'autres, c'est l'importance de la perte par rapport à la rentabilité objectif qui déterminera le
risque. Bien que ces deux conceptions du risque soient quelque peu différentes, elles renvoient
Approches du risque se focalisant sur les dispersions de rentabilités inférieures à une rentabilité
correspondent à cette vision, que l'on pourrait qualifier "d’intuitive", du risque. Intéressantes
de par leur cohérence avec la perception du risque par l'investisseur, elles ont aussi l'avantage
d'être utilisables, sous des hypothèses théoriques simples, de façon beaucoup plus générale que
le critère de variance, leur équivalence avec les règles de dominance stochastique étant établie
Bien que ce concept de "mesure du risque asymétrique" soit plus ancien que la théorie de
portefeuille moderne elle-même, les développements théoriques et empiriques sur ce sujet sont
restés peu nombreux. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette désaffection. En premier lieu,
si Markowitz lui-même, dans son analyse en 1959, reconnaît que la mesure du risque la plus
robuste théoriquement parlant est la semivariance (la valeur anticipée des écarts négatifs par
prétextant des problèmes de calcul et en soulignant que les portefeuilles efficients déterminés
par ce biais seront les mêmes que ceux déterminés par la semivariance si les distributions de
rentabilités sont symétriques. De ce fait, les travaux et recherches se tournent plutôt vers les
sujets liés à l'analyse moyenne-variance, au détriment des mesures de risque asymétriques. Par
ailleurs, des tests empiriques effectués à partir de modèles à mesures de risque asymétriques
ont montré que ce type de modèles n'apportait pas des améliorations substantielles par rapport
ANNEXE D - Mesure de risque pour des distributions non gaussiennes des rendements 337
aux résultats du modèle traditionnel de Markowitz. Telles sont les raisons pour lesquelles ces
portefeuilles alternatifs conformément aux règles de dominance stochastique, sans avoir besoin
probabilités des rentabilités des actifs, elles constituent un outil intéressant pour analyser le
risque, ce d'autant plus que des travaux récents ont mis en évidence que des mesures
asymétriques affinées tels que les moments partiels inférieurs pondérés (Speranza 1993)
mesures de risque asymétriques ayant en commun de ne prendre en compte dans leur calcul
de rentabilités située en dessous d'une rentabilité spécifiée ou "rentabilité cible". Ces types
d'approche du risque renvoient donc directement à l'idée qu'un actif ou un portefeuille n'est
répartition du portefeuille est F(Rp), le moment partiel inférieur d'ordre n, LPMn se définit de
la façon suivante :
LPMn(x,F) = f (x - Rp)ndF(Rp)
J —oo
Pour n = 0, la mesure du risque est un moment d'ordre 0 (LPMq). Le terme entre parenthèses
est élevé à la puissance 0, il est donc égal à 1. Le moment partiel d'ordre 0 est donc
Pour n = 1, la mesure du risque devient la perte anticipée par rapport au taux de rentabilité
cible. En effet, le moment partiel d'ordre 1 (LPMj) est la somme des pertes possibles (écarts
entre la rentabilité cible et la rentabilité du portefeuille, quand cette dernière est inférieure à la
Pour n = 2, la mesure du risque devient une mesure quelque peu analogue à la variance, dans
le sens où le calcul du moment partiel inférieur met en jeu des écarts élevés au carré, pondérés
par leur probabilité de réalisation. Cependant, les écarts considérés ici sont calculés par
ANNEXE D - Mesure de risque pour des distributions non gaussiennes des rendements 338
rapport à un taux de rentabilité cible et non par rapport à la moyenne. De plus, seuls les écarts
positifs (i.e. lorsque la rentabilité du portefeuille est inférieure à la rentabilité cible) sont pris en
compte. Le moment partiel d'ordre 2 est donc une "semivariance par rapport à une rentabilité
cible".
Ainsi, le terme générique de moments partiels inférieurs regroupe un grand nombre de notions
LPMq sera tout simplement la probabilité de perte. Pour n = 2 et un taux de rentabilité cible
des distributions normales ou symétriques, le LPM2 avec un taux de rentabilité cible égal à la
moyenne sera exactement la moitié de la variance. Dans ce cas, la mesure du risque donnée
par le LPM2 sera équivalente à celle donnée par la variance et il en résultera un classement
rentabilité cible
ANNEXE D - Mesure de risque pour des distributions non gaussiennes des rendements 339
Ainsi, les moments partiels inférieurs apparaissent comme une mesure du risque intéressante
de par leur cohérence avec la conception même du risque par les investisseurs. Cependant, si
leur attrait intuitif indéniable peut justifier leur utilisation comme mesure du risque, c'est
beaucoup plus leurs propriétés en matière de classement d'options risquées qui légitiment leur
Ainsi que l'a montré Bawa (1975, 1978), les moments partiels inférieurs constituent des
générale que le critère de variance, qui nécessite, comme on a pu le voir précédemment, des
hypothèses fortes sur la nature des fonctions d'utilité ou des distributions de rentabilité.
L'intérêt principal de l'approche par les moments partiels inférieurs réside donc dans le fait
qu'elle permet d'obtenir un classement des portefeuilles alternatifs cohérent avec les règles de
rentabilité.
Le lien entre les règles de dominance stochastique et l'analyse par le biais des moments partiels
inférieurs peut être résumé par les deux théorèmes suivants, démontrés par Bawa.
Théorème 1 : F domine G pour toutes les fonctions d'utilité de Ui avec i - 1,2 si et seulement
si :
LPMj_i(x,F) < LPMi_i(x,G) pour tout x appartenant à R et avec au moins une inégalité
stricte.
où :
- U1 l'ensemble des fonctions d'utilité u telles que u'(x) > 0 pour tout x appartenant à R
ANNEXE D - Mesure de risque pour des distributions non gaussiennes des rendements 340
- U2 l'ensemble des fonctions d'utilité u telles que u'(x) > 0 et u"(x) < 0 pour tout x
appartenant à R
- U3 l'ensemble des fonctions d'utilité u telles que u'(x) > 0, u"(x) < 0 et u'"(x) > 0 pour tout x
appartenant à R.
D'après les théorèmes 1 et 2, pour des distributions de probabilités quelconques, on peut donc
moyenne et des moments partiels inférieurs pour tous les taux de rentabilité cible x possibles,
sorte que la confrontation soit possible, facilement A titre d'exemple, pour les distributions
pouvant être caractérisées par deux paramètres (moyenne et écart-type), i.e. les distributions
normales, de Student (avec le même degré de liberté), ou stables (avec le même paramètre
Ainsi, pour un certain nombre de types de distributions, une approche simple, à deux
cette analyse réside dans le fait qu'elle permet d'ordonner différentes options risquées pour un
très grand nombre de catégories de fonctions d'utilité. En effet, l'ordre du moment partiel
inférieur détermine le type de fonction d'utilité cohérent avec cette mesure du risque. Le
moment partiel d'ordre 1 est cohérent avec toutes les fonctions d'utilité présentant une
aversion au risque (U2) tandis que le moment partiel d'ordre 2 est bien fondé pour toutes les
fonctions présentant une aversion au risque et une préférence pour l'asymétrie (U3). De la
sorte, la famille classique des fonctions HARA1 est totalement cohérente avec le moment
partiel d'ordre 1, alors que les fonctions d'utilité présentant une aversion au risque absolue
constitue une approche puissante, du fait des hypothèses qu'elle requiert concernant les
l'approche moyenne-variance qui impose des restrictions fortes sur les fonctions d'utilité des
agents ou la nature des distributions, elle repose sur une combinaison d'hypothèses
raisonnables et surtout moins restrictives. En effet, seules des hypothèses générales, d'aversion
au risque et de préférence pour l'asymétrie, sont faites sur les fonctions d'utilité des
investisseurs. Les distributions de rentabilités des actifs peuvent, pour leur part, être n'importe
quel type de distribution entièrement caractérisée par sa moyenne et son écart-type. Ainsi,
cohérence avec la façon dont les investisseurs perçoivent le risque, mais aussi parce qu'elle est
valable sous un nombre d'hypothèses beaucoup plus important que l'analyse moyenne-
variance. Il convient de noter de surcroît qu'elle reste un instrument de classement des options
risquées, à deux paramètres, et par conséquent, simple d'utilisation, beaucoup plus facile à
Après avoir défini la notion de moments partiels inférieurs ainsi que les liens existant entre ces
l'usage qui peut en être fait dans le cadre dans la gestion de bilan bancaire. L'objectif, dans ce
contexte, sera de déterminer la combinaison d'actifs dans le bilan qui rend minimal le risque de
ce dernier, sous contrainte d'un niveau de rentabilité anticipée des fonds propres donnée p.
Ainsi, pour un responsable de banque averse au risque et ayant un taux de rentabilité cible des
fonds propres T, le problème sera de déterminer les parts x = (xi...xn) des actifs l,...,n de
distribution jointe des rentabilités des actifs. On notera Fx la distribution de probabilité des
rentabilités des fonds propres. Si Rx est la rentabilité des fonds propres, le moment partiel
i-t
n n
est une fonction convexe de x. Aussi, pour tout R, la fonction h(x) = (x-Rx)+ est une fonction
convexe de x (composition d'une fonction convexe avec une fonction affine). De ce fait, le
moment partiel inférieur d'ordre n est une fonction convexe de x, pour tout n supérieur ou égal
à 1, l'opérateur espérance étant linéaire. Ainsi, le programme de l'investisseur qui minimise une
On observera de plus que la valeur optimale du moment partiel inférieur est une fonction
supérieures à la rentabilité cible), ne contribue pas au risque, elle est prise en compte dans
l'espérance de la distribution. Ainsi, toutes choses égales par ailleurs, deux distributions ayant
le même moment partiel inférieur, mais des moyennes différentes, ne sont pas considérées
comme semblables.
Par suite des théorèmes liant l'approche moyenne-moments partiels inférieurs et les règles de
énoncées ci-dessus, si une forme quelconque d'aversion au risque veut être prise en compte
l'investisseur est que le moment partiel inférieur utilisé soit d'ordre supérieur ou égal à 1. En
effet, le moment partiel inférieur d'ordre 0, qui est en fait la probabilité que la rentabilité du
portefeuille soit inférieure à la rentabilité cible et qui ne fournit aucune indication sur
l'importance du déficit1 éventuel, est une mesure du risque cohérente avec toutes les fonctions
d'utilité ayant une dérivée première positive, et seulement avec celles-ci, sans aucune
précédemment, cette dernière ne peut être prise en considération que par le biais d'un moment
n'est pas convexe, ce qui rend l'allocation d'actifs difficile à généraliser pour un ensemble
Ainsi, le moment partiel inférieur d'ordre 0 s'avère inapproprié pour déterminer l'ensemble des
Ainsi que l'on a pu le constater, les moments partiels inférieurs constituent une mesure de
risque particulièrement attrayante du fait de leur cohérence avec la perception du risque par
l'investisseur et surtout de leur validité sous un grand nombre d'hypothèses tant au niveau des
préférences des investisseurs, qu'à celui des types de distributions de rentabilités des actifs.
Certains auteurs ont cependant cherché à affiner ce critère en vue d'améliorer la modélisation
du risque. C'est en particulier le cas de Speranza (1993) qui a développé des modèles avec des
Une mesure de risque asymétrique affinée : les moments partiels inférieurs pondérés
Mesures de risque asymétriques affinées développées par Speranza (1993), les moments
partiels inférieurs pondérés ont pour particularité de tenter d'intégrer les modélisations
actuelles courantes du comportement des rentabilités des actifs. L'idée de départ de Speranza
est la suivante : tant l'approche de Markowitz que l'approche par les moments partiels repose
sur l'hypothèse implicite que les taux de rentabilité des actifs, à un moment donné, sont une
est stationnaire et que son état futur ne dépend pas de son historique. Or, la modélisation
courante actuelle du comportement probabiliste des taux de rentabilité des actifs décrit ces
derniers comme suivant un processus stochastique non stationnaire dont l'état futur dépend de
son historique. Afin de tenir compte de la nature non stationnaire des taux de rentabilité des
actifs, sans toutefois compliquer la formulation de la mesure du risque, Speranza présente une
Soit T le taux de rentabilité cible, x = (xi„.xn) les parts des actifs l...n dans le bilan et Rjt le
rentabilité de l'actif i à la date t. Supposons que le terme de pondération soit wt tel que 0< wt
< 1, pour tout t. On peut alors définir une nouvelle mesure du risque LPMP(x)1 :
— n
En choisissant, par exemple, la pondération wt de la façon suivante : wt - ôl, avec 0 < 5 < 1,
pour tout t, on fait l'hypothèse que les réalisations les plus récentes de la variable aléatoire
"rentabilité" sont celles qui se reproduiront avec la probabilité la plus forte dans un futur
proche, ce qui a l'avantage d'être cohérent avec la modélisation courante des taux de
rentabilités et ce que l'on observe généralement sur les marchés, à savoir que l'évolution d'un
titre dépend beaucoup plus de son passé récent que de son passé lointain. Ce faisant, on
considère que les écarts de rentabilité du portefeuille par rapport au taux de rentabilité cible les
plus récents sont plus risqués que les plus anciens (une pondération plus forte leur étant
affectée). Pour ce choix de pondération et une valeur d'a égale à 1, cette mesure du risque
pondérée est homogène avec l'objectif d'un investisseur averse au risque de façon asymétrique,
i.e. qui préfère les portefeuilles qui n'ont pas récemment engendré des taux de rentabilité
Comme dans toutes les autres approches, l'objectif du responsable de banque sera donc de
déterminer la part de chaque actif dans le bilan, de façon à ce que le risque de ce dernier, tel
qu'il vient d'être défini, soit minimal, sous contrainte d'un niveau de rentabilité des fonds
propres donné.
'Speranza présente en fait une mesure du risque plus complexe, combinaison linéaire de moments partiels de premier
ordre, inférieurs et supérieurs pondérés, dont il contraint ensuite les paramètres. On ne présente ici que le cas particulier
où seul le moment partiel inférieur est pris en compte, cas cohérent avec l'hypothèse d'un investisseur averse au risque.
Vu : le Président Vu : les suffragants
Vu et permis d’imprimer
de PARIS IX DAUPHINE