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Annls Limnol.

30 (4) 1994: 297-312

Régime alimentaire de Tilapia, Oreochromis niloticus,


du Lac Muhazi (Rwanda)
1
R. M u k a n k o m e j e
2
F . Laviolette
J . - P . Descyi*

Mots clés : Tilapia, Oreochromis niloticus, régime alimentaire, Cyanobactéries, phytoplancton, Lac Muhazi, Rwanda.

Le régime alimentaire de Tilapia, Oreochromis niloticus, principale espèce exploitée commercialement au Lac Muhazi,
a été étudié de décembre 1989 à septembre 1990, en fonction des saisons, des stations et de la taille des individus capturés
dans les filets de pêche. Tous les indices considérés montrent que O. niloticus du Lac Muhazi consomme bien le phyto-
plancton et que les Cyanobactéries sont les plus représentées dans les contenus stomacaux comme c'est le cas dans le
lac. Pour les 118 contenus stomacaux analysés, l'indice d'occurence arrive à 100 % pour certaines espèces de Cyanobac-
téries (Merismopedia tenuissima). Pour ce groupe dominant, l'indice d'abondance est en moyenne de 64,3 % , l'indice
volumétrique de 83 % et l'indice de dominance de Lauzanne de 58,1. Deux espèces, Microcystis aeruginosa et Ceratium
hirundinella représentent à elles seules plus de 90 % de la biomasse contenue dans les estomacs des poissons dont la
taille est supérieure à 90 mm quelles que soient la station et la saison de prélèvement. Pour la période d'étude, nous
avons constaté que O. niloticus a une activité essentiellement diurne (il se nourrit entre 6 h et 21 h 30), avec une ration
1
journalière élevée (26,5 g.j )- Ceci explique sans doute la bonne croissance de cette espèce dans les milieux où le phyto-
plancton est abondant. Cependant, au Lac Muhazi, la population d'O. niloticus n'atteint qu'une biomasse relativement
faible et ne consomme qu'une faible fraction de la production primaire nette (6 % ) .

Diet of the Nile Tilapia, Oreochromis niloticus, in lake Muhazi (Rwanda)

Keywords : Tilapia, Oreochromis niloticus, diet, Cyanobacteria, phytoplankton, Muhazi lake, Rwanda.

The diet of Oreochromis niloticus, the mainly exploited species in Lake Muhazi, was studied from December 1989
to September 1990. The diet was investigated in terms of sites, seasons and size of the specimens caught. O. niloticus
feeds on phytoplankton, and Cyanobacteria make up an important fraction in the stomach contents analyzed. In the
118 stomach contents, belonging to fishes larger than 90 mm, the index of occurrence reaches 100 % for some Cyano-
bacteria (Merismopedia tenuissima). For this dominant group, the mean abundance index is 64,3 %, the mean volume-
tric index is 83 % and the dominance index of Lauzanne is 58,1. Two species, Microcystis aeruginosa and Ceratium
hirundinella represent more than 90 % of the biomass in the stomach contents analyzed from the two sites and in all
seasons. For the period of study, we established that O. niloticus feeds only during the day (from 6 h to 21 h 30) and
1
has a high daily ration (26,5 g . d ) - This may explain the good growth of this species in an environment where phyto-
plankton is abundant. However, the population of O. niloticus of Lake Muhazi has a relatively small biomass and feeds
on a small fraction of the phytoplankton primary production (6 % ) .

1. Unité d'Ecologie des Eaux Douces, Facultés Universitaires Notre Dame de la Paix, Rue de Bruxelles, 61, B-5000 Namur, Belgique.
2. Faculté des Sciences Agronomiques, Unité des Eaux et Forêts, Université Catholique de Louvain, Belgique.
* Auteur pour la correspondance.

Article available at http://www.limnology-journal.org or http://dx.doi.org/10.1051/limn/1994022


298 R. MUKANKOMEJE, F. LAVIOLETTE, J.-P. DESCY (2)

1. Introduction piscicultures. L'application de ces relations au Lac


Muhazi permet d'estimer la production piscicole
Oreochromis niloticus (Linné, 1758), est l'une des 1 1
exploitable à 65 k g . h a . a n (Mukankomeje et al.
espèces de poissons introduites au L a c M u h a z i 1 1
1993) contre 20 k g . h a - . a n exploités actuellement
( R w a n d a ) vers les années 1935, en provenance d u (Plisnier 1990).
L a c E d o u a r d (De Vos et al. 1990). Bien q u ' i l
La présente contribution est consacrée à l'analyse
c o n s o m m e ce qu'il trouve dans le milieu, il est essen-
détaillée du régime alimentaire d'O. niloticus, afin
tiellement p h y t o p l a n c t o n o p h a g e à l'âge adulte d a n s
de vérifier que cette espèce consomme bien le phyto-
la p l u p a r t des eaux tropicales (Fish 1955, Lowe-
plancton. Le régime alimentaire a été envisagé en
M c C o h n e l 1958, Blache 1964, Fryer & Iles 1972,
fonction des saisons, des stations de pêche et de la
M o r i a r t y & M o r i a r t y 1973, B u n e p 1988, Beveridge
taille des individus capturés. L a ration journalière
et al. 1989, Getachew & F e r n a n d o 1989). Des obser-
a été aussi évaluée, ce qui a n o t a m m e n t permis de
v a t i o n s faites ailleurs m o n t r e n t que O. niloticus a
déterminer la fraction de la production phytoplanc-
u n e activité d i u r n e (Moriarty & M o r i a r t y 1973,
tonique consommée par O. niloticus.
D e w a n & S h a h a 1979, Getachew 1989, P a l o m a r e s
1991). S o n régime alimentaire varie suivant l'âge et
le milieu.
2. Description du milieu
C e t t e i n t r o d u c t i o n a u Lac M u h a z i a été considé-
rée c o m m e u n succès. Vers 1952, la p r o d u c t i o n Le Lac M u h a z i est u n lac naturel de vallée bar-
h a l i e u t i q u e d u l a c , à base des tilapias, était estimée rée, situé au sud d e T é q u a t e u r , entre 1°49' et 1°54'
à 350 t o n n e s de poissons par an soit de latitude sud et entre 30° 18' et 30°30' de longi-
-1 1
100 k g . h a . a n - ( D a m a s 1953). C e p e n d a n t , la p r o - tude est (Fig. 1, n° 3). Le niveau du lac est à 1 450 m
2
d u c t i o n a chuté par la suite p o u r atteindre 30 T.an- 1
d'altitude. Il a u n e superficie de 34,6 k m , une lon-
1
soit 9 k g . h a ^ . a n en 1985 (Plisnier 1990). Des étu- gueur de 37 k m et une largeur moyenne de 0,6 k m .
des o n t alors été entreprises p o u r identifier les cau- Sa profondeur moyenne est de 7,6 m, avec u n maxi-
ses de cette réduction de productivité. U n e des hypo- m u m (13 m) à l'est et u n minimum (5 m) à l'ouest,
thèses envisagées est en partie basée sur la c o m p a - vers l'exutoire. Il possède de n o m b r e u x bras qui se
r a i s o n des d o n n é e s d e D a m a s (1953) et des études prolongent en marécages avec des macrophytes
limnologiques récentes qui semblent indiquer que le (Chara s p p . , Potamogetón spp.).
lac a subi de fortes modifications a u cours des quel- Les précipitations annuelles sont en m o y e n n e de
que quarante dernières années. O n remarque n o t a m - 1 100 m m (1988-1990). Les géographes (Sirven et al.
m e n t u n e r é d u c t i o n d e la t r a n s p a r e n c e de l'eau et 1974) subdivisent l'année rwandaise en q u a t r e sai-
u n e productivité p r i m a i r e a p p a r e m m e n t faible, si sons : une petite saison sèche qui va de décembre
l ' o n se base sur la biomasse p h y t o p l a n c t o n i q u e à février ; une grande saison des pluies qui com-
3
(33,7 m g C h l a . m - a u Lac M u h a z i ) c o m p a r é e à mence en m a r s et finit en mai (cette dernière peut
3
d ' a u t r e s lacs p r o c h e s (70 m g C h l a . n r au Lac totaliser à elle seule plus de la moitié des précipita-
I h e m a ) , à productivité piscicole élevée (Plisnier tions annuelles) ; une grande saison sèche qui débute
1990). en juin et se termine normalement en août et enfin,
une petite saison des pluies qui a lieu de la mi-
D a n s ce contexte, le premier objectif d u présent
septembre à fin novembre.
travail fut l'évaluation de la p r o d u c t i o n primaire
p h y t o p l a n c t o n i q u e d u lac, qui est en m o y e n n e de La t e m p é r a t u r e moyenne de l'eau de surface est
7,75 g O 2 . m - 2 . j - (production brute). Cette p r o d u c -
1
de 24°C ; la différence entre la température de sur-
tion situe le lac M u h a z i parmi les lacs africains à p r o - face et celle du fond est généralement faible (2°C).
ductivité m o y e n n e ( M u k a n k o m e j e et al. 1993). De Ces faibles écarts se traduisent néanmoins p a r u n
n o m b r e u x a u t e u r s (Smith & Swingleh 1938, Ryder gradient de densité suffisant p o u r maintenir une
1965, Sreenivisan 1972, Melack 1976, Oglesby 1977, stratification par temps calme. Cette stratification
M c C o n n e l et al. 1977, Liang et al. 1981, O l a h et al. est cependant assez labile, surtout en fin de nuit, des
1986, N a c a 1989, D o w n i n g et al. 1990) ont p r o p o s é vents m a t i n a u x entraînant souvent u n mélange de
des relations entre la p r o d u c t i o n primaire et la p r o - la masse d ' e a u . Ces mélanges, étroitement dépen-
d u c t i o n piscicole en milieux naturels et dans les dants de la profondeur, sont plus fréquents dans la
(3) REGIME ALIMENTAIRE DE TILAPIA DU LAC MUHAZI 299

Fig. 1. Carte du Rwanda montrant la localisation des différents petits lacs, dont le lac Muhazi (3). (D'après Micha et Frank, 1991).
Fig. 1. Map of Rwanda, showing the situation of various small lakes ; among them, Lake Muhazi (3).
300 R. MUKANKOMEJE, F. LAVIOLETTE, J.-P. DESCY (4)

partie ouest d u lac, moins profonde que la zone est. 15 % , les Euglénophycées et les Dinophycées font
E n conséquence, le profil d'oxygène est le plus sou- ensemble 1-3 °?o. L'estimation des biomasses à par-
vent c o n t r a s t é , avec des sursaturations en surface tir des biovolumes montre une prédominance très
et des concentrations chutant rapidement sous la m a r q u é e de deux espèces : Microcystis aeruginosa
z o n e de mélange. Les profils de p H sont similaires, (Kütz.) Kütz. représente plus de 75 °Jo et Ceratium
avec des valeurs supérieures à 8 en surface, descen- hirundinella ( O . F . Müll.) D u j . 9 % . La biomasse
2
d a n t à des valeurs proches de 7 d a n s le fond du lac. phytoplanctonique moyenne (50 mg Chía . n r ) sur
Ces profils, typiques d ' u n lac eutrophe, ont été illus- la zone photique varie très peu en fonction des sai-
trés et discutés p a r M u k a n k o m e j e et al. (1993). Les sons ; elle est plus élevée à l'ouest, à cause d ' u n e
eaux du Lac M u h a z i sont bien minéralisées, la plus grande disponibilité des nutriments (voir
c o n c e n t r a t i o n t o t a l e en ions majeurs est d e M u k a n k o m e j e et al. 1993).
9,6 m é q . H avec u n e conductivité de l'ordre de
1
La faune piscicole du Lac Muhazi comprend très
500 ¿ t S . c n r à 2 5 ° C . L ' a m m o n i u m est la principale
peu d'espèces indigènes : Haplochromis sp., Ciarías
source d ' a z o t e inorganique, avec des concentrations
liocephalus (Boulenger 1898), Barbus neumayeri
très faibles d a n s la z o n e photique, atteignant rare-
(Fischer 1884) appelé aussi Barbus mohazicus (Pap-
m e n t 30 ¿ig.H à la surface après mélange. Le p h o s -
penheym & Boulenger 1914) et Barbus apleuro-
p h o r e particulaire représente plus de 90 °7o du p h o s -
1
gramma (Boulenger 1911). Les autres espèces ont
p h o r e total, qui atteint 46 ^ g . l ' , concentration typi-
été introduites : Tilapia rendalli (Boulenger 1898),
q u e d ' u n milieu e u t r o p h e .
Oreochromis spilurus niger (Günther 1894) et
Oreochromis niloticus (Linné 1758) auraient été
U n e centaine de taxons phytoplanctoniques ont été
introduits en même temps vers les années 1930. Les
identifiés au L a c M u h a z i . Les Cyanobactéries sont
deux dernières espèces semblent s'être hybridées, à
représentées par 33 espèces regroupées a u sein d e
tel point que peu à'Oreochromis niloticus de sou-
13 genres. C'est le groupe le plus abondant dans tous
che p u r e sont actuellement péchés au Lac M u h a z i .
les échantillons (à toutes les saisons). Les formes
Afromastacembelus frenatus (Boulenger 1901) a été
coccoïdes dominent : Merismopedia spp., Microcys-
introduit vers 1960 ; les trois espèces de carpes,
tis s p p . , Aphanothece spp. ainsi que certaines for-
Cyprinus carpió (Linné 1758), Ctenopharyngodon
m e s filamenteuses : Anabaenopsis s p p . , Lyngbya
idella (Valencienne 1844) et Hypophtalmichtys moli-
s p p . et Oscillatoria s p p . . P o u r les Dinophycées et
trix (Valencienne 1844) auraient été introduites au
les Cryptophycées,>5 genres ont été identifiés, cepen-
Lac Muhazi vers 1979. Ciarías gariepinus (Burchell
d a n t Ceratium et Peridinium sont les plus fréquem-
1822), u n silure de grande taille, a été introduit entre
m e n t observés, les autres genres se rencontrant d e
1982 et 1984. Enfin, l'introduction de Protopterus
façon occasionnelle. Les Euglénophycées constituent
aethiopicus (Heckel 1851) date de 1990. O n peut
le g r o u p e le plus p a u v r e en espèces au Lac Muhazi :
ajouter à cette liste deux autres espèces d o n t o n sus-
seuls Euglena, Phacus et Trachelomonas ont été
pecte la présence au Lac Muhazi (Plisnier 1989) :
identifiés et sont rares dans les échantillons. P a r m i
Pseudocrenilabrus multicolor (Schoeller 1903) et
les 15 espèces de Diatomées déterminées, les plus fré-
Haplochromis burtoni (Günther 1893).
q u e n t e s a p p a r t i e n n e n t aux genres Synedra, Nitzs-
chia, Aulacoseira (anciennement Melosira), Achnan- Des pêches expérimentales réalisées entre 1986 et
tes et Cyclotella. Le groupe de Chlorophytes c o m - 1987 ont permis d'estimer la proportion des espèces
p r e n d le plus g r a n d n o m b r e de genres et d'espèces : capturées (Plisnier 1989). Les Haplochromis viennent
17 genres et 44 espèces d e Chlorococcales et 3 gen- en tête avec 78 °7o des captures pondérales, suivies
res a p p a r t e n a n t aux Desmidiales (Cosmarium, Stau- par O. niloticus (15,4 % ) , T. rendalli (3,6 % ) et Cia-
rastrum et Staurodesmus). Les genres les plus fré- rías gariepinus (2,3 % ) . Les statistiques de pêche
q u e m m e n t rencontrés sont des Chlorococcales : récoltées auprès d ' u n échantillon de pêcheurs ont
Monoraphidium, Tetraedron, Coelastrum, Scene- montré que les Tilapia spp. représentent 94 °lo et Cia-
desmus... C e p e n d a n t , malgré la relativement grande rías gariepinus 6 % de leurs captures pondérales.
diversité, ce g r o u p e n ' e s t pas le plus a b o n d a n t . E n L'exploitation des Haplochromis spp. pourrait
p r e n a n t c o m m e référence la densité relative des contribuer à l'augmentation de la production pisci-
« unités algales », les Cyanobactéries représentent cole du lac, car leur rendement maximum soutenu
47-58 % , les Chlorococcales 27-32 °Io, les Diatomées 1
a été estimé à 24,4 k g . h a ^ . a n (Plisnier 1990).
(5) REGIME ALIMENTAIRE DE TILAPIA DU LAC MUHAZI 301

3. Matériel et Méthodes (Nyarubuye, à l'ouest et K a r a m b i , à l'est) pendant


la grande saison des pluies, afin de c o m p a r e r le
Les poissons ont été péchés avec des filets maillants régime alimentaire à'O. niloticus en fonction des sta-
dont le vide de maille varie entre 20 m m et 60 m m . tions. Enfin, u n lot de 30 poissons, de taille com-
Les filets, posés le soir, ont été relevés le matin. P o u r prise entre 90 m m et 140 m m (jeunes) et u n autre
les cycles de 24 h , les filets ont été relevés toutes les de 30, de taille supérieure à 140 m m (adultes), ont
3 heures. U n e a u t r e partie des poissons a été pêchée été retenus et leurs contenus stomacaux analysés
à la senne t o u r n a n t e (lors des pêches des Haplo- p o u r vérifier l'alimentation en fonction de la taille
chromis, pendant la nuit) pour avoir un nombre suf- des individus.
fisant d'estomacs à analyser dans u n intervalle de
temps r a p p r o c h é . U n échantillon de p h y t o p l a n c t o n C h a q u e poisson a été pesé, mesuré (longueur
était prélevé en m ê m e temps pour comparer son totale et longueur s t a n d a r d ) , sexé et disséqué p o u r
contenu avec celui des contenus stomacaux. prélever l'estomac. On a déterminé la masse de ce
dernier et u n indice de repletion (IR) lui a été attri-
Q u a t r e campagnes de pêche ont été réalisées à la bué (IR = 0 pour les estomacs vides et IR = 4 p o u r
station de N y a r u b u y e , dans la partie ouest du lac les estomacs pleins). Les enveloppes stomacales ont
(Fig. 2), à c h a q u e saison. Trente estomacs (en été enlevées et pesées à leur t o u r afin de déterminer
moyenne) ont été examinés pour chaque campagne. par différence la masse des contenus stomacaux. Ces
U n e autre campagne a été réalisée aux deux stations contenus ont été conservés dans d u formol à 10 %.

N
\<8
t
8k
Exutoire

O : Stations de pêche

1 : Nyarubuye M : marais Echelle: 5 km


2 : Karambi
: rivière

Fig. 2. Carte du lac Muhazi montrant la localisation des stations de pêches. (D'après Plisnier 1989).
Fig. 2. Map of lake Muhazi, with the sites of the sampling stations.
302 R. MUKANKOMEJE, F. LA VIOLETTE, J.-P. DESCY (6)

L ' e x a m e n des contenus stomacaux a été réalisé après — l'indice d'occurrence (Io), qui tient compte du
dilution a d é q u a t e et ajout de 1 ml de Lugol. Les nombre d'estomacs (N¡) dans lesquels une proie i est
algues o n t été identifiées en microscopie optique, à observée ;
l'aide des ouvrages de Bourrelly (1966, 1968, 1970), — l'indice d'abondance (lab) qui considère uni-
C o m p è r e (1974, 1975, 1976, 1977), litis (1980) et quement le nombre d'observations d'une catégorie
K o m a r e k & Fott (1983). Le volume de la plupart des d'aliments par rapport au nombre total d'individus
t a x o n s a été calculé p a r assimilation à u n e forme p o u r l'ensemble de l'échantillon ;
géométrique simple (sphère, cube, cylindre...), selon — l'indice volumétrique (Iv) qui tient compte du
Vollenweider (1974) et Sournia (1978), à partir d ' u n biovolume des proies et permet d'évaluer la bio-
échantillon de 25 individus p a r taxon. U n e cellule masse relative des différentes proies ;
de Bïïrker a été utilisée p o u r le comptage du planc-
— l'indice alimentaire ou de dominance (IA) de
t o n des contenus stomacaux. Vu l'impossibilité
Lauzanne (1976) ; ce dernier tient compte à la fois
d ' a n a l y s e r t o u t le contenu stomacal (et au total
de l'indice d'occurrence de chaque proie (Io) et de
118 c o n t e n u s s t o m a c a u x ) , n o u s avons utilisé une
son indice volumétrique (Iv). Lauzanne (1976) a pro-
p r o c é d u r e empirique pour sous-échantillonner.
posé une classification des valeurs d'indices : lors-
Cette p r o c é d u r e est préconisée dans le cas où la dis-
que I A est supérieur à 50, la proie est dite domi-
t r i b u t i o n des algues d a n s l'estomac est inconnue ou
nante ; s'il est compris entre 50 et 25, elle est dite
hétérogène (Abel 1973). C'est ainsi que p o u r cha-
essentielle. La proie est considérée comme impor-
q u e c o n t e n u s t o m a c a l , nous avons trouvé que trois
tante lorsque IA est entre 25 et 10. Enfin, la proie
sous-échantillons n o u s permettaient de rencontrer
le m a x i m u m de t a x o n s présents dans l'estomac. est dite secondaire si IA est inférieur à 10. P a r rap-
P o u r c h a q u e sous-échantillon, un comptage d e port aux autres indices, celui-ci est utile q u a n d on
18 carrés de la cellule de Bürker s'est révélé large- veut comparer les régimes alimentaires d ' u n e même
m e n t suffisant. L a densité des unités algales d a n s espèce en fonction de la taille, des saisons et du
les suspensions de contenus stomacaux a été calcu- biotope.
lée p a r comptage de trois échantillons totalisant Ces différents indices sont calculés de la manière
3
0.2 m m environ. suivante :

U n e analyse en composantes principales ( A C P ) soit N¡ = n o m b r e d'estomacs où la proie i


a été appliquée sur les matrices suivantes : une de est présente
d i m e n s i o n « 73*118 » (73 espèces phytoplanctoni- N = n o m b r e total d'estomacs examinés
t

ques et 118 c o n t e n u s stomacaux) pour l'analyse d u n¡ = n o m b r e d'individus de la proie i


régime alimentaire en fonction des saisons et de deux P
autres de m ê m e dimension, « 73*60 » (73 espèces £ n¡ = nombre total d'individus des p
phytoplanctoniques et 60 contenus stomacaux) pour proies
l'examen du régime alimentaire en fonction des sta- i=l
tions et en fonction de la taille des poissons. D a n s V, = biovolume de la proie i
les trois cas, les variables ont subi une t r a n s f o r m a -
t i o n logarithmique, puis ont été réduites (soustrac- P
t i o n de la m o y e n n e et division par Pécart-type) afin £ n¡v¡ = biovolume total des p proies
de les rendre équivalentes au départ. i=l
Alors Io = 1 0 0 ( N i / N t )

P o u r t o u s les contenus stomacaux analysés, n o u s


P
n ' a v o n s retenu que les taxons algaux dont l'abon-
d a n c e est supérieure à 50 i n d i v i d u s . m H . Le p r o - lab = 100 (n¡ / D n¡)
g r a m m e d'analyse multivariée utilisé est inspiré de i=l
P
L e b a r t et al. (1979).
Iv = ( n i V j / L n¡v0 100
i=l
4. Expression des résultats IA = (Iolv) / 100
Q u a t r e indices o n t été retenus pour décrire le L'indice d'électivité (E¡) d'Ivlev (1961) a été
régime alimentaire : utilisé p o u r apprécier une sélection éventuelle du
(7) REGIME ALIMENTAIRE DE TILAPIA DU LAC MUHAZI 303

phytoplancton p a r O. niloticus. Cet indice se défi- donnée, obtenus à partir d'expériences de labora-
nit c o m m e : toire e t / o u les observations de terrain. P o u r O. nilo-
E¡ = (r¡ - Pi) / (r¡ + p¡) ticus du Lac Muhazi, nous avons considéré :
r¡ = a b o n d a n c e relative du taxon i dans les — les valeurs suivantes de l'équation de V o n Ber-
contenus stomacaux (indice d'abondance du talanffy, le poids m a x i m u m (Veo) de 1 300 g, le
1
taxon i) coefficient de croissance (K) de 0,33.an- , l'âge à la
Pi = a b o n d a n c e relative du taxon i dans le taille 0 (to) de 0,12 a n et le coefficient b de 3,21 ;
p h y t o p l a n c t o n du lac — le taux de mortalité (M) de 0,77.an-! calculé
à partir de l'équation d e Pauly (1980) :
La sélection est dite totale (positive) si E¡ est égale
à 1 ; elle est dite négative (pas de c o n s o m m a t i o n du Log M = 0,0066 - 0,279 log L co + 0,065431
taxon i) si E¡ vaut - 1. Le poisson a u n c o m p o r t e - log K + 0,4631 log T, en considérant une longueur
ment indifférent vis-à-vis du taxon i si E¡ vaut 0. standard à l'infini (Lco) de 38,5 c m , une tempéra-
ture moyenne (T) de l'eau de 2 4 ° C et un coefficient
L a ration journalière a été estimée à l'aide d e : de croissance K de 0 , 3 3 . a n ; 1

— l'équation d e régression linéaire simple utili- — B, variable qui relie le coefficient de conver-
sée p a r Moriarty & Moriarty (1973) p o u r la m ê m e sion de la nourriture (lq) à la masse du poisson (W)
espèce, équation uniquement applicable aux pois- de la façon suivante : ki = 1 - (W / Woo)B, a été
sons d o n t la taille est supérieure à 50 m m . Elle tient estimé d'après Jarre et al. (1991), à l'aide du p r o -
compte de la masse du poisson : g r a m m e Maxims, à partir d e la ration journalière
Y = 271 + 13,3 W et de la masse individuelle d e chaque poisson. L a
avec Y = m a s s e du p h y t o p l a n c t o n ingéré valeur obtenue est de 0,0155.
(matière sèche) p a r poisson par j o u r
1
(mg.j- ) ;
W = masse du poisson frais (g) ;
5. Résultats
— l'équation de régression linéraire multiple, uti- La figure 3 présente les résultats principaux de
lisée par Palomares & Pauly (1989), qui tient compte l'examen des contenus stomacaux pour les grandes
à la fois de la masse du poisson, des conditions de catégories taxonomiques, aux différentes saisons. Il
l'environnement et des caractéristiques propres de en ressort clairement que le phytoplancton présente
l'espèce, d o n t son indice d'activité, le type de nour- la fraction la plus a b o n d a n t e , le zooplancton et les
riture c o n s o m m é e ainsi que de son statut t a x o n o - macrophytes étant peu représentés (Fig. 3 A ) . L a
mique. Après simplification, l'équation établie p o u r figure 3 B permet de situer les préférences alimen-
O. niloticus (Palomares & Pauly 1991) est de la taires à'O. niloticus parmi les différents groupes
forme suivante : algaux. L'indice d'occurrence varie entre 100 %
log R d = -1,406 + 0,782 log W + 0,571 log T p o u r certaines Cyanobactéries telles Merismopedia
tenuissima L e m m . Microcystis holsatica L e m m . et
où Rd = r a t i o n journalière (g)
1,3 % p o u r une Cryptophycée, Cryptomonas sp.
W = masse d u poisson frais (g)
Les différents indices m o n t r e n t que les C y a n o b a c -
T = la t e m p é r a t u r e de l'eau (°C)
téries constituent une proie importante pour O. nilo-
— le logiciel M a x i m s , mis a u point p a r J a r r e et ticus au Lac Muhazi (Io = 69,9 % , l a b = 64,3 % ;
al. (1991), qui se base sur l'évolution des contenus Iv = 83,1 % et IA = 58,1). Les Dinophycées vien-
stomacaux échantillonnés sur des cycles de 24 h. Ce nent en deuxième position au point d e vue biomasse
logiciel offre l'avantage d'estimer le m o m e n t de (Iv = 14,2 % ) à cause d e C. hirundinella qui repré-
l'alimentation ainsi que la quantité de nourriture sente u n indice volumétrique d e 13,04 %. P a r m i les
c o n s o m m é e p a r unité de biomasse ( Q / B ) . Cyanobactéries, Microcystis aeruginosa (Kütz.)
Le calcul de la quantité de phytoplancton consom- Kütz. a u n indice d'occurrence de 94,6 %, u n indice
mée p a r unité de biomasse ( Q / B ) est basée sur volumétrique de 81,5 % et un indice alimentaire de
l'équation de Pauly (1986) qui nécessite les p a r a m è - 77,1, alors que son indice d'abondance est seulement
tres de la croissance et de la mortalité en milieu natu- de 3,9 % . Ainsi, cette espèce est la seule proie domi-
rel ainsi que les coefficients de conversion de la nour- nante (IA > 50) et toutes les autres sont des proies
riture et(ou) les rations journalières pour une masse secondaires.
304 R. MUKANKOMEJE, F. LA VIOLETTE, J.-P. DESCY (8)

Fig. 3. Répartition des indices d'abondance (A) et volumétriques (B) des grandes catégories d'aliments dans les
contenus stomacaux d'O. niloticus du Lac Muhazi, à la station ouest au cours des différentes saisons, de
décembre 1989 à septembre 1990.
Fig. 3. Distribution of abundance (A) and volumetric (B) indices of the main prey categories in the stomach
contents of O. niloticus in lake Muhazi, at the western station during different seasons, from December 1989
to September 1990.

L ' a l i m e n t a t i o n d ' O . niloticus varie sensiblement Cyanobactéries sont les mieux représentées : l'indice
en fonction des saisons. Ceci est confirmé par l ' A C P d ' a b o n d a n c e (lab) varie entre 59,8 °7o et 87,9 %
qui m o n t r e u n e assez b o n n e discrimination des (Fig. 3A) et l'indice volumétrique (Iv) entre 78,7 %
échantillons suivant la saison (Fig. 4). C e p e n d a n t et 88,3 % (Fig. 3B). Quelques espèces d o n t l'indice
la figure 3 m o n t r e que, en toutes saisons, les d'abondance est supérieur à 1 % pour au moins une
(9) REGIME ALIMENTAIRE DE TILAPIA DU LAC MUHAZI 305

F2 GSS
GSS
6 -
GSS GSS
GSS
GSS GSS 35
GSÎ
PSS PSS PSS P S S
GSS GSS
„„„ ESS. PSS PSS GSS
PSSVSS p PSS S S
GSS
2 - G S
&SS
PSS PSSpcc GSS GSS
p s s
^^PSS GSS
Ift&PSSpsS GSS GSS S S

PSP GSS

fïcpGSP G S P GSS GSS. PSP


G S P
G S P GSP PSP PSP
ps
GSP GSP GSS GSS Psppsp PSP
PSP PSP PSP
GSP G S P PSP
PSP
PSP
PSP 'SP
PSP ™ - PSP
P S ?'PSP
PSP
PSP PSP PSP

T
10

Fl

Fig. 4. Régime alimentaire d'O. niloticus du lac Muhazi : comparaison entre les saisons par l'analyse en composantes principales pour
les poissons péchés à la station ouest de décembre 1989 à septembre 1990 (PSS = petite saison sèche ; GSP = grande saison des
pluies ; GSS = grande saison sèche ; PSP = petite saison des pluies).
Fig. 4. Diet of O. niloticus in lake Muhazi : comparaison between seasons by principal components analysis for fishes caught at the
western station from December 1989 to September 1990 (PSS = small dry season ; GSP = great rainy season ; GSS = great dry
season and PSP = small rainy season).

des saisons, o n t été retenues p o u r déceler l'origine (Dbic) et Monoraphidium tortile ( W . & G . S . West)
de la variation saisonnière mise en évidence par K o m . - L e g n (Moto). L a distribution des indices
l ' A C P alors que la composition du p h y t o p l a n c t o n d ' a b o n d a n c e de ces espèces pour les poissons péchés
du lac ne m o n t r e p a s de variation temporelle signi- pendant la petite saison sèche et la grande saison des
ficative ( M u k a n k o m e j e et al. 1993). Il s'agit essen- pluies est différente de celle obtenue à partir des
tiellement des Cyanobactéries : Aphanothece spp. poissons prélevés p e n d a n t la g r a n d e saison sèche et
( A p h a ) , Lyngbya contorta L e m m . (Leon), L. lim- la petite saison des pluies. E n effet, pour les pois-
netica L e m m . (Llim), Lyngbya spp. (Lspp), Meris- sons de la petite saison sèche et de la grande saison
mopedia punctata Meyen (Mepu), Merismopedia des pluies, quelques espèces sont très a b o n d a n t e s
tenuissima (Mete), Microcystis aeruginosa (Miae), dans les contenus stomacaux : Merismopedia tenuis-
Microcystis densa G . S . West (Mide), Microcystis sima (Mete), Microcystis holsatica (Miho), Oscilla-
holsatica L e m m . ( M i h o ) , Microcystis incerta toria s p p . (Ospp) ont un indice d ' a b o n d a n c e supé-
( L e m m . ) L e m m . (Miin), Oscillatoria s p p . (Ospp), rieur à 10 % (Fig. 5A). P a r c o n t r e , pour les conte-
Synechocystis leopoliensis (Racib.) K o m . (Sleo), et nus stomacaux des poissons péchés p e n d a n t la
les Nostocales indéterminés (Nost). Les autres grou- grande saison sèche et la petite saison des pluies, tou-
pes sont représentés p a r très peu d'espèces : Cera- tes les espèces prennent une part plus ou moins égale
tium hirundinella (Cehi), une Dinophycée, deux dans l ' a l i m e n t a t i o n . Merismopedia tenuissima
Bacillariophycées : Cyclotella (Cycl), Nitzschia (Mete) reste la plus i m p o r t a n t e avec u n indice
(Nspp) et trois. Chlorophycées : Dictyosphaerium d ' a b o n d a n c e de 8 % en petite saison des pluies
s p p . (Diet), Didymocystis bicellularis ( C h o d ) K o m . (Fig. 5B).
306 R. MUKANKOMEJE, F. LA VIOLETTE, J.-P. DESCY (10)

Fig. 5. Comparaison des indices d'abondance des principales espèces phytoplanctoniques dans les contenus sto-
macaux d'O. niloticus du Lac Muhazi, à la station ouest, pendant la petite saison sèche et la grande saison
des pluies (A) et pendant la grande saison sèche et la petite saison des pluies (B) 1990. Voir dans le texte la
signification des abréviations.
Fig. 5. Comparison of abundance indices of the main phytoplankton species in the stomach contents of O. nilo-
ticus in lake Muhazi, at the western station during the small dry season and the great rainy season (A) and
during the great dry season and the small rainy season (B) 1990. See text for the meaning of the abbreviations.

Ces différences en fonction des saisons sont surtout des Cyanobactéries (Lyngbya contorta,
confirmées p a r les coefficients d'électivité d'Ivlev Merismopedia s p p . , Microcystis spp., Oscillatoria
calculés p o u r quelques espèces. Nous avons cons- spp.) et C. hirundinella sont sélectionnées positive-
t a t é q u e , p e n d a n t la petite saison sèche et la grande ment par le poisson. P a r contre, pendant la grande
saison des pluies (Fig. 6A), seules quelques espèces, saison sèche et la petite saison des pluies (Fig. 6B),
(11) REGIME ALIMENTAIRE DE TILAPIA DU LAC MUHAZI 307

Tmin -
Moci -
Kera Grande saison des pluies
Dipl Petite saison sèche
Dibic -
Coelo -
Ctet -
Crée
Nspp
c Mgra -
o Cyspp-
X

«2 Cehi
Syaq -
-

Sleo -
Sac -
Ospp
Miho-
Mide
Miae -
Mete
Mepu
Megl
LIim
Lcon
Apha
Atan •
Aphi -

-2 O 1 2
Coefficient d'électivité

Tmin
^^^taa^ D Petite saison des pluies
•^••••i 1 Grande saison sèche .

Ctet

Syaq
Sleo
Sae
Ospp
Miho
Mide
=

Miae

Apha
Atan
Aphi •

Coefficient d'électivité

Fig. 6. Coefficient d'électivité d'Ivlev de certains taxons abondants dans le phytoplancton du lac et des contenus stomacaux d'O. nilo-
ticus du lac Muhazi, à la station ouest, pendant la petite saison sèche et la grande saison des pluies (A) et pendant la grande saison
sèche et la petite saison des pluies (B) 1990.
Fig. 6. Ivlev's electivity index of some phytoplankton taxa abundant in the lake water and in the stomach contents of O. niloticus,
at the western station during the small dry season and the great rainy season (A) and during the great dry season and the small
rainy season (B) 1990.
308 R. MUKANKOMEJE, F. LAVIOLETTE, J.-P. DESCY (12)

la m a j o r i t é des espèces, y compris des Chlorococ- adultes que dans les contenus stomacaux des jeu-
cales (Monoraphidium circinale (Nyg.) Nyg., Kera- nes poissons.
tococcus) et les diatomées (Nitzschia spp.) sont sélec-
tionnées p a r le p o i s s o n . F3

L'analyse en composantes principales m o n t r e que J


3.91 - 1
1
le régime alimentaire de O. niloticus est différent en J
JJJ 1
fonction des stations (Fig. 7). U n e interprétation 1.15 - J a J
3
j

détaillée a permis de mettre en évidence que la dif- ¡1 > J


férence réside dans le nombre des colonies et le nom- -1.60 -

bre des filaments de quelques Cyanobactéries trou- -4.35


vées d a n s les c o n t e n u s s t o m a c a u x . C'est ainsi que
Lyngbya s p p . et Oscillatoria spp. sont a b o n d a n t s Fl
d a n s les c o n t e n u s stomacaux des poissons péchés à
la station est, alors q u e les Microcystis spp. sont plus Fig. 8. Régime alimentaire d'O. niloticus du lac Muhazi : com-
a b o n d a n t s d a n s les contenus stomacaux de la sta- paraison entre les poissons adultes (A) et les jeunes (J) péchés
t i o n ouest. à la station ouest en mars-avril 1990, par l'analyse en com-
posantes principales.
Fig. 8. Diet of O. niloticus in lake Muhazi : comparison between
F3
the adults specimen (A) and the juveniles (J) by principal com-
4.15 - ponents analysis.

0.94 Qj OC? « 00 °
H1
o o o
Enfin, le m o m e n t d'alimentation a été déterminé
grâce au suivi du remplissage de l'estomac au cours
de cinq cycles de 24 h, réalisés par tranches de 3 h
-3.55 -3.18 (20 poissons par tranche) pendant la grande saison
Fl
des pluies de l'année 1990 aux deux stations. Les
résultats montrent que O. niloticus se nourrit entre
Fig. 7. Régime alimentaire d'O. niloticus du lac Muhazi : 6 h et 21 h (Fig. 9). Suivant la m é t h o d e de calcul,
comparaison entre les stations est (E) et ouest (O) par l'analyse la ration journalière de phytoplancton frais est de
en composantes principales sur les contenus stomacaux des 1 1

poissons péchés en mars-avril 1990.


21,2 g . j - (régression linéaire multiple), de 22,2 g . j -
1
(régression linéaire simple) et de 26,5 g . j (logiciel
Fig. 7. Diet of O. niloticus in lake Muhazi : comparison between
the eastern (E) and the western (O) station by the principal Maxims). E n se basant sur cette dernière valeur, la
components analysis on fishes caught in March-April 1990. quantité consommée par unité de biomasse ( Q / B )
est de 25,7.an-!.

6. Discussion et conclusion
P o u r les poissons de taille comprise entre 90 m m
et 140 m m (jeunes) et pour ceux supérieurs à Le phytoplancton est très a b o n d a n t dans les
140 m m (adultes), le p h y t o p l a n c t o n était a b o n d a n t contenus stomacaux d ' O . niloticus. Les Cyanobac-
d a n s t o u s les c o n t e n u s stomacaux. Les C h l o r o p h y - téries sont prédominantes en n o m b r e et en biomasse
tes sont plus c o n s o m m é s p a r les adultes (lab = tout comme dans l'eau du lac. M . aeruginosa repré-
11,5 % ) que par les jeunes (lab = 6,7 % ) et les Cya- sente plus de 80 % de l'indice volumétrique quelles
nobactéries sont aussi bien consommées par les adul- que soient la saison, la station et la taille des pois-
tes ( l a b = 83,5 % ) q u e p a r les jeunes (lab = sons ( ^ 9 0 m m ) . Les valeurs des différents indices
88,9 % ) . L a différence entre les deux groupes (jeu- calculés sont comparables à celles obtenues p o u r la
nes et adultes) est mise en évidence par l ' A C P (Fig. même espèce, pour les individus d e m ê m e taille et
8). L a ségrégation assez m a r q u é e entre jeunes et obtenus p a r les mêmes techniques de pêche dans
adultes provient de la quantité de colonies et de fila- d'autres lacs africains. C'est ainsi q u ' a u Lac George
m e n t s d é n o m b r é s : ainsi, M. aeruginosa est plus (Uganda), les Cyanobactéries constituent plus de
a b o n d a n t d a n s les contenus stomacaux des poissons 70 °/o du régime alimentaire d'O. niloticus (Ganf
(13) REGIME ALIMENTAIRE DE TILAPIA DU LAC MUHAZI 309

8.72

3
C
<D
g
U

0.00
18
Temps (h)

Fig. 9. Régime alimentaire d'O. niloticus du lac Muhazi : estimation de la ration journalière à partir des contenus stomacaux des pois-
sons péchés au cours des cycles de 24 h (février-avril 1990).
Fig. 9. Diet of O. niloticus in lake Muhazi : estimation of daily ration from the stomach contents of fishes caught during 24 h cycles
(February-April 1990).

1972). A u Lac A w a s a (Ethiopie), par contre, les surprenant si l'on sait q u ' à la taille de 90 m m , le
Cyanobactéries représentent 28,1 % et Botryococ- développement branchial est complètement achevé
cus (taxon très a b o n d a n t d a n s le lac) 67,2 % du chez cette espèce (Northcott & Beveridge 1988), ce
régime alimentaire (Getachew & F e r n a n d o 1989). qui leur permet de consommer principalement du
Ces observations confirment bien le régime phyto- phytoplancton. De plus, Tudorancea et al. (1988)
planctonophage d'O. niloticus, qui possède des ont trouvé en abondance des Cyanobactéries et des
enzymes digestives qui lui permettent de bien digé- Diatomées dans les contenus stomacaux des jeunes
rer les algues (Al-Hussaini & Kholy 1954, Moriarty O. niloticus de 30 m m . Il faut enfin souligner,
1973, Trewavas 1983). Ce m ê m e type de régime ali- comme le suggèrent U g w u m b a & Adebis (1992), que
mentaire se rencontre chez de nombreux tilapias, le régime alimentaire des adultes et des juvéniles peut
c o m m e par exemple Sarotherodon melanotheron être influencé par leur habitat : les juvéniles, vivant
( U g w u m b a & Adebis 1992). Chez cette espèce, au en zone littorale, ont à leur disposition u n e nourri-
Lac A w b a (Nigeria), il existe une différence de ture plus variée que les adultes vivant a u large et
régime alimentaire entre les juvéniles, plutôt omni- exploitant surtout le phytoplancton pélagique.
vores, et les adultes, essentiellement phytoplancto-
nophages et détritivores. Des observations similai- Il existe, au Lac Muhazi, une faible variation sai-
res sont faites p a r Ufodike & W a d a (1991) en étang sonnière du régime alimentaire, qui ne correspond
d'élevage : les jeunes sujets, j u s q u ' à 25 m m , préfè- pas à une variation similaire de la composition du
rent le zooplancton à une alimentation artificielle. phytoplancton dans le milieu. De même, o n a pu
Une différence aussi nette ne se retrouve pas chez mettre en évidence une variation stationnelle signi-
les O. niloticus d u Lac Muhazi, ce qui est peu ficative, qui résulte du fait que les colonies et les
310 R. MUKANKOMEJE, F. LA VIOLETTE, J.-P. DESCY (14)

filaments de certains taxons (Microcystis spp., Oscil- 6 % de la production primaire nette moyenne
1
latoria s p p . , Lyngbya spp. et C. hirundinella) sont (7 900 g C . h a ^ . j - , d'après M u k a n k o m e j e et al.
mieux représentés d a n s la partie ouest du lac 1993). P a r contre, en appliquant directement l'équa-
( M u k a n k o m e j e 1992). tion d e Palomares & Pauly (1991) à la biomasse de
tilapias, on obtient une consommation de phyto-
O. niloticus semble consommer de façon préfé- 1 1
plancton frais de 0,78 kg.ha- .j- , soit moins de 1 %
rentielle des taxons algaux de grande taille. Ainsi,
de la production primaire nette moyenne.
les Cyanobactéries filamenteuses et coloniales ainsi
q u e Ceratium sont sélectionnés passivement. Ceci L'objectif initial du présent travail est d'identi-
c o n c o r d e avec les observations de N o r t h c o t t et a l . fier les causes de la faible production piscicole du
(1991) : ils ont constaté (en laboratoire) q u ' O . nilo- Lac Muhazi. Nous avons démontré, d ' u n e part, que
ticus a u n t a u x de filtration et d'ingestion élevé la production primaire planctonique du lac est rela-
lorsqu'il est n o u r r i d'algues coloniales. Suivant les tivement élevée et se situe dans une gamme moyenne
observations de M o r i a r t y (1973), travaillant sur la pour les lacs africains (Mukankomeje et al. 1993).
m ê m e espèce au Lac George, la taille des proies n'est D ' a u t r e p a r t , l'analyse du régime alimentaire d ' O .
p a s seule en cause p o u r la sélection, u n pouvoir niloticus montre que le phytoplancton est bien
d ' a d h é r e n c e différentiel des algues sur du m u c u s consommé par cette espèce, sans sélectivité marquée,
c o u v r a n t les branchiospines j o u e également u n rôle. excepté p o u r les Cyanobactéries filamenteuses, et
Les différentes techniques employées (indice de que la ration journalière ingérée est du m ê m e ordre
repletion, évolution des contenus stomacaux préle- de grandeur que dans d'autres lacs africains eutro-
vés sur des cycles de 24 h) m o n t r e n t q u ' O . niloticus phes. Il faut donc rechercher les causes de la chute
se n o u r r i t entre 6 h et 21 h 30. Les estimations d e de production piscicole ailleurs, vraisemblablement
la r a t i o n j o u r n a l i è r e varient entre 21 g . j - et 1 dans la surexploitation des tilapias. Cette surexploi-
1
26,5 g . j - de p h y t o p l a n c t o n frais. Cette dernière tation est le résultat de l'absence d'une législation
valeur est comprise entre celles obtenues au Lac de pêche adéquate, de l'augmentation de la pression
-1
George (9,5 g . j ) et a u Lac A w a s a (39,3 g . j ) pour -1 démographique à partir des années 1960, ainsi que
la m ê m e espèce (Palomares 1991). de l'absence d'autres espèces à grande valeur com-
merciale, après la régression de T. rendalli. En effet,
L a quantité d e p h y t o p l a n c t o n c o n s o m m é e p a r ce dernier tend à disparaître au Lac Muhazi faute
1
unité de biomasse ( Q / B ) est de 25,7.an.- . L a valeur de nourriture, les macrophytes immergés abondants
estimée à l'aide d e l'équation établie p a r P a l o m a - dans les années 50 (Damas 1953) ayant pratiquement
res (1991) p o u r les tilapias (log Q / B = 0,791 - disparu. L'origine de cette régression est attribua-
0,165 log Woo + 0,759 log T ; T = température d e ble, d'une part, à une consommation par T. rendalli
1
l ' e a u en °C) est d e 2 3 , 4 . a n soit u n Q / B moyen d e et, d ' a u t r e part, à une limitation p a r la lumière. On
-1
2 4 , 5 . a n . Ces deux valeurs sont proches et restent sait en effet que la transparence de l'eau s'est réduite
1
inférieures à celle estimée au Lac Awasa (49,9-an- ) d ' u n facteur 2 depuis les années 50, la profondeur
et supérieures à celles obtenues p a r les mêmes tech- actuelle de la zone photique étant d'environ 2 m.
1
niques au Lac George (12,8. an- ) et au Lac T u r k a n a
1
(17,2-an- ) (Palomares 1991). La valeur relativement On peut émettre l'hypothèse que la surexploita-
élevée de Q / B obtenue au Lac Muhazi est sans doute tion d ' O . niloticus a entraîné la réduction de sa pré-
d u e à la faible biomasse d ' O . niloticus. dation sur les algues planctoniques de grande taille
et a permis la prolifération de celles-ci. D'autre part,
E n f i n , n o u s avons tenté d'estimer la p a r t de la
ce phytoplancton de grande taille, dominé par M.
p r o d u c t i o n primaire consommée par O. niloticus.
aeruginosa et C. hirundinella, est n o n ou peu
P o u r ce faire, n o u s considérons une biomasse maxi-
1
consommé par le zooplancton. Il en résulte q u ' u n e
male de tilapias d'environ 30 k g . h a (Plisnier, 1990)
faible proportion de la production primaire du lac
et u n poids m o y e n individuel de 180 g, soit une den-
1
est exploitée directement dans la chaîne trophique.
sité m o y e n n e de poissons de 167 h a - . Sachant
1 1
q u ' u n individu ingère 26 g . j - , soit 2,86 g C . j - Cette conclusion n'implique pas forcément que
(conversion d'après Lind, 1979) o n peut estimer que l'efficience trophique du lac soit réduite, dans la
la p o p u l a t i o n d ' O . niloticus c o n s o m m e environ mesure où les autres voies trophiques (notamment
1
478 g C . h a - i . j - . Cette valeur représente quelque via le zoobenthos et la production bactérienne)
(15) REGIME ALIMENTAIRE DE TILAPIA DU LAC MUHAZI 311

n ' o n t guère été explorées. Il faut en effet souligner CompèreP. 1975a. —Algues delà région du lac Tchad. III. Rho-
que la biomasse piscicole du lac est largement domi- dophycées, Euglénophycées, Dinophycées, Chrysophycées,
née p a r des Haplochromis 1
(162 k g . h a - ) au régime Xanthophycées. Cah. ORSTOM, sér. Hydrobiol.", IX (3) :
167-192.
alimentaire varié et que d ' a u t r e s espèces principa-
Compère P. 1975b. — Algues de la région du lac Tchad. IV. Dia-
lement b e n t h o p h a g e s c o m m e des Ciarías ont été tomophycées. Cah. ORSTOM, sér. Hydrobiol., IX (4) :
introduites. U n meilleur rendement des pêches, ten- 203-290.
dant vers la production piscicole exploitable estimée Compère P. 1976a. — Algues de la région du lac Tchad. V. Chlo-
er
1 -1
à 65 k g . h a - . a n , p o u r r a i t être atteint grâce à une rophytes : 1 " Partie. Cah. ORSTOM, sér. Hydrobiol., X
(2) : 77-118.
exploitation des Haplochromis (Plisnier 1990), con-
Compère P. 1976b. — Algues de la région du lac Tchad. VI. Chlo-
juguée à une d i m i n u t i o n de la pression de pêche rophytes : 2' Partie : Ulotrichophycées, Zygnématacées (1).
exercée sur O. niloticus et à u n aménagement appro- Cah. ORSTOM, sér. Hydrobiol., X (3) : 135-164.
prié du lac. Cet a m é n a g e m e n t pourrait consister à Compère P. 1977. — Algues de la région du lac Tchad. VIL Chlo-
e

restaurer la p o p u l a t i o n d ' O . niloticus p a r une p r o - rophytes : 3 Partie : Desmidiées. Cah. ORSTOM, sér.
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