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Mémoire de fin d'étude

présenté pour l'obtention du diplôme


d'études supérieures de la marine marchande

GROIX L'ILE DES THONIERS


Par
Ivi STÉPHANT

Mémoire préparé sous la direction de: Noël DINOIR


Centre de: Le Havre

Année de soutenance: 2011/2012


Abstract :

The island of Groix lived a tremendous adventure thanks to the solidarity, the tenacity
and the courage of its inhabitants. While the main activity, the coast fishing collapsed, at Groix
as on all the coast, they knew how to distance themselves by perceiving and by quickly
adapting themselves to a new activity, the fishing of tuna.
It brought work and prosperity on the island, feeding all the groisillonnes families, so
much that Groix became, between the end of the XIXth century and the beginning of the XXth
century, the first fishing port of tuna for the Atlantic facade. To do so, they had to adapt their
tools, to invent an united system for their purchase of sailboats and an association of mutual
insurance.
Regrettably for groisillons, war, competition of the steam fishing boats, use of new
methods and new equipment for fishing, marking the beginning of the overfishing, the
impoverishment of the traditional funds of fishing, and a mismanagement of their port
facilities will ring the end of this time of prosperity....

Keywords :

Groix, Island, Tuna, fishing, Dundee, sailboat


Résumé :

L'île de Groix a vécu une formidable aventure grâce à la solidarité, la ténacité et le


courage de ses habitants. Alors que l'activité principale, la pêche côtière périclitait, à Groix
comme sur tout le littoral, ils ont su se démarquer en percevant et s'adaptant rapidement à une
activité nouvelle, la pêche au thon.
Cela amena du travail et de la prospérité sur l'île, nourrissant toutes les familles
groisillonnes, à tel point que Groix a été, entre la fin du XIX ième siècle et le début du XXième
siècle, le premier port de pêche au thon de la façade Atlantique. Pour ce faire , ils ont dû
adapter leurs outils, ont inventé un système solidaire pour leur achat de voiliers et une
association d'assurance mutuelle.
Malheureusement pour les groisillons, la guerre, la concurrence des bateaux de pêche à
vapeur, l'utilisation de nouvelles méthodes et de nouveaux engins de pêche, marquant le début
de la surpêche et l'appauvrissement des fonds de pêche traditionnel, et une mauvaise gestion
des infrastructures portuaires ont sonné le déclin de cette industrie lucrative....

Mots-clés :

Groix, Ile, Thon, Pêche, Dundee, Voilier


Table des matières :

Remerciements

Introduction

De la petite pêche à la pêche hauturière...........................................................I)


La pêche saisonnière..............................................................................I.1)
La pêche aux maquereaux...................................................................I.1.1)
La pêche des crustacés.............................................................I.1.2)
La pêche à la sardine...............................................................................I.2)
Le cabotage de la sardine........................................................................I.3)
La naissance de la pêche au large...........................................................I.4)
La grand drague........................................................................I.4.1)
Les débuts de la grande drague................................................I.4.2)
Début de la pêche au thon.......................................................................I.5)
La pêche au thon................................................................................................II)
Les techniques de pêches de l'époque...................................................II.1)
Les hommes de la pêche au thon...........................................................II.2)
Les équipages.........................................................................II.2.1)
L'école de pêche.....................................................................II.2.2)
Évolution de la flottille.........................................................................II.3)
Le rôle des conserveries........................................................................II.4)
Les travaux portuaires...........................................................................II.5)
Groix, île sans port.................................................................II.5.1)
La refonte de Port-Tudy.........................................................II.5.2)
Le choix du site.......................................................II.5.2.1)
Les premiers travaux.....,.........................................II.5.2.2)
Le déclin............................................................................................................III)
L'échec de Port-Tudy...........................................................................III.1)
La fin de la grande drague...................................................................III.2)
Les premiers vapeurs............................................................III.2.1)
L'otter-trawl..........................................................................III.2.2)
La grande guerre..................................................................................III.3)
La guerre et les dragueurs.....................................................III.3.1)
La guerre et la pêche au thon.................................................III.3.2)
L'après-guerre......................................................................................III.4)
La reconstitution de la flottille..............................................III.4.1)
Problème de conservation du thon........................................III.4.2)
Derniers temps de gloire......................................................................III.5)

Conclusion

Bibliographie et sources

Tables des illustrations

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Remerciements

Je tiens à remercier l'écomusée de l'île de Groix, véritable mine d'informations pour ce


mémoire, l'association des « Pauses Cafés » qui ont bien voulu me mettre à disposition la
plupart des photographies et illustrations qui sont présentes ici.

Je tiens à remercier tous particulièrement les groisillons qui ont eu la patience de lire
ce mémoire et de relever ou corriger les éventuelles erreurs, ainsi que tous mes lecteurs
d'avant la finition de ce mémoire.

Je remercie chaleureusement mon père, André Stéphant, qui m'a beaucoup aidé en
confrontant son expérience personnelle d'ancien naviguant sur les Dundees aux divers sources
et informations que j'ai collectées.

Enfin, je remercie mon tuteur de mémoire, Noël Dinoir, pour ses conseils, ses
corrections et surtout sa patience.

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INTRODUCTION

Groix, petite île 14,82 km², longue de 8 km sur 3, est située au large de Lorient, à 3
miles de la côte, à la latitude 47°38'Nord et la longitude 003°28'Ouest. Formée de nombreux
vallons et bordée de falaises abruptes, elle a porté en son sein, dans ses 34 villages, une
population de marins qui a su exploiter la mer pour devenir, au début du XX ième siècle, le plus
grand port thonier de la façade Atlantique: en 1911, l'île comporte 5 500 habitants, dont 1 770
hommes naviguent sur des bateaux de pêches.

Le Docteur Lejanne, que son métier a emmené à beaucoup fréquenter l'île et ses
habitants, décriera les Groisillons ainsi:
« La population est remarquable par sa force physique et son énergie morale: les hommes
avec leurs larges épaules, leur poitrine développée, leur cou épais, leur muscles saillants et
leur barbes fournies sont doués pour la plupart d'une constitution athlétique. »

Jean-Pierre Calloc'h, lui même originaire de Groix, poète de la langue Bretonne, en


parlera en ces termes:
« Rien n'égale la passion qu'ils ont de leurs métier, si ce n'est l'immense dédain qu'ils
manifestent en toutes occasions pour les autres professions. "Parisien, paysan, terrien" sont
des injures sanglantes dans leur langue: ils n'aiment que la mer, ils ne voient qu'elle. »

Rivalité de marin pêcheur oblige, ils sont alors considérés comme les plus chicaniers
de la Bretagne Sud, on les nomme Chikourien Groai (chiqueurs de Groix), ce à quoi ils
répondent en nommant les marins pêcheurs côtiers Patouir-lear (pattes de cuir). Avec le temps
le terme Chikourien disparaît et on les nomme Grec ou Grek, en rapport avec la Grek, célèbre
cafetière groisillonne et leur consommation proverbiale de café.

Ce mémoire de fin d'étude montre comment les Greks ont réussi l'exploit de passer de
la pêche saisonnière à la pêche hauturière, devenant le premier port thonier d'Europe, mais
aussi les mécanismes qui ont fait péricliter cette activité.

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I) De la petite pêche à la pêche hauturière
I.1) La pêche saisonnière

I.1.1) La pêche aux maquereaux

Très abondant sur les côtes groisillonnes, la pêche aux maquereaux n'a jamais été une
grosse source de revenue, elle restera donc, même aujourd'hui, peu exploitée.
Le maquereau est surtout présent en grosse quantité l'été, époque où on le pêche à la ligne et
où il n'a que très peu de valeur à l'époque, le poisson ne supportant pas le transport.
Au printemps il arrivait qu'on le pêche au filet.

Dans la Croix de Groix du 5 avril 1896, on résume très bien la situation:


« [A Groix,] il n'y a guère que les retraités à faire la pêche du maquereau »

I.1.2) La pêche des crustacés

Le long de l'île les espèces pêchées sont de la langouste, du homard,, du crabe et des
crevettes tout au long de l'année. Toutefois, cette pêche s'intensifie du mois de mai au mois
d'octobre, période ou leur corps est le plus plein et ou ils s'aventurent en eau moins profonde.
Cette pêche s'effectue principalement à l'aide de casiers et de filets. A l'époque, elle n'est pas
suffisamment rémunératrice pour être l'activité de pêche principale.

I.2) La pêche à la sardine

La sardine est pêchée au large de Groix à l'aide de filets maillants (généralement


fournis par les armateurs), la répartition des gains de cette pêche est ainsi faîte:
Bateau: 4 parts, Patron: 1 part, matelot: 1 part, novice: ¾ part, mousse: ½ part
Pour pouvoir parler de l'activité de pêche à la sardine sur Groix, il est important de
noter la présence de plusieurs presses à sardines, permettant l'essor et un soutien à cette
pêche. Il y en avait alors 4, une à Port-Mélite, une à Port-Lay, une à Port-Melin et une à Port-
Tudy.
En 1820, les 105 bateaux de l'île sont des chaloupes non pontées qui jaugent au
maximum 6 tonneaux et pêchent la sardine.
En 1830, tous pêchent la sardine.
En 1850, la sardine est pêchée par 130 chaloupes pontées de 9 à 18 tonneaux ainsi
qu'environ 90 barques non pontées de 2 à 6 tonneaux qui pêchent la sardine l'été et le « gros
poisson » l'hiver.
Après ceci, la flottille de petite pêche se verra en constante diminution alors que la
flottille de pêche hauturière augmentera: en 1878, la flottille groisillonne de petite pêche est
composée de 109 chaloupes non pontées jaugeant ensemble 616,52 tonneaux et 96 canots
jaugeant ensemble 129,29 tonneaux.

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A la fin du XIXième siècle, l'évolution de la technologie de la pêche à la sardine, détruit
peu à peu l'industrie de cette pêche à Groix: l'évolution des bateaux la pratiquant et
l'apparition de nouveaux types de filets alors que les groisillons, ne se servant que de filets
ordinaires et que de leurs bateaux sardiniers lourds à manœuvrer, prennent de moins en moins
de sardines.
La présence d'une forte concurrence à proximité telle que Douarnenez et le pays Pen
Sardin, Concarneau, Les Sables-d'Olonne et les petits ports vendéens amène les groisillons à
abandonner totalement cette pêche en 1900.

Le 21 janvier 1910, le courrier de l'inscription maritime écrira:

« En réponse à la note émargeant la Dépêche ministérielle du 18 janvier 1910, relative à la


pêche sardinière, je vous fais connaître que:
1.le quartier de Groix armant exclusivement pour la pêche au thon, il n'y a dans le
quartier aucun bateau sardiniers ;
2. Aucun marin groisillon ne pêche la sardine ;
3. La rogue est inconnue à Groix ;
4.Une seule usine, celle de Port-Lay, appartenant à M. Jégo, se livre à la fricasse de la
sardine concurremment avec la préparation du thon, lorsque la saison du thon est passée.
Cette usine peut préparer 200 000 sardines par jours. Elle occupe 150 femmes, 8
friteurs, 15 soudeurs. Les pêcheurs d'Etel, de Riantec, de Larmor, de Port-Louis et du
Finistère approvisionnent l'usine. »

I.3) Le cabotage de la sardine

Jusqu'à la révolution, les groisillons pratiquent majoritairement la petite pêche: pêche


côtière saisonnière et pêche à la sardine.
Peu voire pas d'informations ne proviennent de Groix à cette époque, mais on peut
savoir que dès le XVIIième siècle, Belle-île exporte des barils de sardines salées et pressées.
Le commerce actif de la sardine « en vert », c'est à dire fraîche ou bien alors juste
légèrement salée, apparaît à Belle-île au XVIII ième siècle avec les chasses-marée, sorte de forte
chaloupe.
A cette époque à Groix, point de chasse-marée, mais on se sert plutôt de petites
chaloupes non pontées. En effet, dans les premiers mois de pêche, pendant la saison calme,
ces petites chaloupes plus légères font presque seules le cabotage de la sardine, car leur
légèreté permet l'utilisation de l'aviron comme propulsion et permet d'arriver bien plus vite
sur les lieux de pêche.

Dès lors, dès le début du XIX ième siècle, les Belle-îlois abandonnent peu à peu cette
pêche pour en laisser le monopole aux Groisillons.
Une fois la concurrence Belle-îloise écrasée, on décide de se lancer encore plus
activement dans le cabotage à la sardine, tout d'abord sur des bateaux creux, puis la flottille
évolue à cause des impératifs du cabotage de la sardine en vert: la nécessité d'aménagement
permanent pour les équipages et le besoins de bateaux rapides au tonnage élevé: les premières
chaloupes pontées sont achetées.
De plus en plus de commerçants spéculant sur le cours de la sardine et les différences
de prix selon les points de vente sur le littoral font leur apparition:
Ils seront nommer les Sardiniers, par opposition aux pêcheurs.

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I.4) La naissance de la pêche au large

La zone de pêche des dragueurs de Groix, d'abord limitée au Bank Vras, s'étend peu à
peu à tout le golfe de Gascogne.

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I.4.1) La grand drague

La grande drague est, à l'origine, un filet en forme de sac, maintenu ouvert par une
grande perche, lestés par deux blocs de pierres amarrés à la perche.
L'ouverture du chalut se compose alors de deux bourrelets, le bourrelet inférieur, en
contact avec le fond sableux, appelé bourrelet trainard, lesté par une chaîne ou et corde de
plomb et le bourrelet supérieur, maintenu en position haute par une corde de liège.

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I.4.2) Les débuts de la grande drague

Les origines de la pêche au chalut sont très incertaines, sans doute avant le XIX ième
siècle, alors qu'il est beaucoup plus simple de placer l'apparition de la grande drague sur le
littoral Atlantique de la France.

On appellera ici drague, tout chalut maintenu ouvert à la perche.


La petite drague correspond à un chalut modeste voire petit utilisé sur des fonds
sableux.
La grande drague est un engin très similaire à la petite drague, mais, comme son nom
l'indique, elle de plus forte dimension et est donc utilisée sur des fonds supérieur à 40 ou 50
brasses, plus profond que les fonds d'utilisations de la petite drague.
La différence entre petite drague et grande drague est assez arbitraire, mais utile. En
effet la grande drague ne peut être tirée que par des bateaux d'un plus fort tonnage et
nécessitant plus de place pour pouvoir la ranger à bord.
L'utilisation de la grande drague se verra généralisée vers la moitié du XIXième siècle.

Les groisillons ne sont pas en reste, dans l'optique de pouvoir utiliser toute l'année
leurs chaloupes pontées, utilisées à la belle saison pour la pêche à la sardine, ils vont tenter
l'expérience de la grande drague au large de Groix, sur des fonds propices au chalutage, que
l'on appelle le Banc ou Bank Vras (le grand banc) vers 1850.

Ces fonds réunissent les conditions idéales: ils sont situés à une distance très proche de
Groix et de la côte et on trouve les espèces recherchées en nombre suffisant, pour que l'on
n'ait pas à craindre de les voir, un jour trop proche, disparaître.

Dès lors, la pêche devient réellement profitable et rémunératrice, mais le besoin de


plus grosses unités pontées, pour pouvoir tenir la mer en cas de gros temps, mais surtout d'un
equipage plus nombreux pour manœuvrer les lourds chaluts va se faire ressentir.

Un nouveau problème surgit alors: presque aucun groisillon n'est assez riche pour
pour se procurer les fonds nécessaires à l'investissement pour le matériel de cette pêche. Une
solution toute naturelle, mais pourtant presque inédite à cette échelle dans le milieu de la
pêche en découlera tout naturellement, la création d'associations d'armateurs pour réunir les
capitaux.
Cette idée d'association sera très largement et rapidement appliquée à tous les
armateurs de Groix. Les retours sur investissement permettent de racheter d'autre bateaux
rapidement et ainsi d'élargir la flottille très rapidement. Les groisillons obtiennent ainsi le
premier rang parmi les pêcheurs de la côte ouest.
La population valide de Groix pêche alors sur toute l'étendue du littoral, à bord de
chaloupes pontées de 20 à 40 tonneaux. Sur ces chaloupes on compte alors des équipages de 6
à 8 hommes.
Il devient dur alors de connaître précisément le nombre d'embarcations exploitées par
des groisillons, en effet toutes ne renouvellent pas leurs immatriculations au quartier maritime
de Groix:
En 1868 on dénombre 108 chaloupes armées à Groix et environ une quarantaine ayant
des équipages groisillons armés à La Rochelle ou au Salbes-d'Olonne.
Plus rapidement que prévu, le « Banc » s'épuise, les chaloupes pontées groisillonnes
se mettent en quête de nouveau terrains de pêches adaptés à la grande drague:
Quelques uns passent alors la saison dans les cardinaux
Le plus grand nombre d'embarcation met le cap au sud, dans le golfe de Gascogne, de
l'île d'Yeu aux côtes espagnoles.

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I.5) Début de la pêche au thon

Depuis déjà des siècles en France, les marins pêcheurs basques pratiquaient
traditionnellement la pêche au Germon, imités ensuite par les pêcheurs de l'île d'Yeu. Les
marins Islais commencèrent d'abord autour de leur île puis ont rapidement investi tout le golfe
de Gascogne, avec de petites unités destinées au cabotage.

Entre 1850 et 1855, des pêcheurs de l'île de Ré embauchèrent des marins pêcheurs de
l'île d'Yeu sur des leurs embarcations. Ils leur firent alors connaître les techniques et méthodes
qu'ils utilisaient alors pour la pêche au thon. Les marins de l'île d'Yeu, qui fréquentaient le
port des Sables-d'Olonne, en firent de même avec les pêcheurs de Groix rencontré là-bas, et
ces derniers ramenèrent ce savoir sur leur île.

Il faut voir dans la pêche au thon, à l'époque, une promesse de prospérité pour tous les
armateurs capables d'y envoyer au moins une unité: les progrès de la fabrication des
conserves alimentaires laissent alors préjuger du potentiel de la vente, et non plus seulement
de la vente locale, du poisson.

La pêche au thon se propage très rapidement dans les mœurs des marins Greks, qui
découvrent ainsi un nouveau moyen de compenser la pêche à la sardine, alors de moins en
moins rentable et de moins en moins abondante.

Le vif succès remporté par la pêche au thon à Groix est tel que, vers 1870, la flottille
groisillonne est trop petite pour pouvoir accueillir tous les marins de l'île. En plus,
l'inscription maritime encourage discrètement cette nouvelle industrie, comme nous pouvons
le voir dans ce courrier de l'inscription maritime de Groix, daté du 7 août 1879:

« J'ai l'honneur de prier Monsieur le commissaire de l'inscription maritime à Lorient de


vouloir bien me faire connaître si je puis, ainsi que cela c'est toujours fait dans le sous quartier
de Groix, attendre l'arrivée des chaloupes pontées faisant la pêche au thon, pour m'occuper de
la levée [l'auteur parle ici de conscription] de quelques jeunes gens qui se trouve à bord de
ces embarcations.
[…]
Or les chaloupes sur lesquelles ces jeunes gens sont embarqués reviendront dans la
première quinzaine de septembre. »

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II) La pêche au thon
II.1) Les techniques de pêches de l'époque

Le passage des thons débute en juillet dans le golfe de Gascogne et c'est à ce moment
et à cette période que la pêche est la plus productive. Vers fin juillet, les thons prennent route
vers le Nord Ouest, alors la pêche commence dans l'Ouest de l'île d'Yeu et au Sud Ouest de
Belle-île.

Le capitaine Véron, en 1870 déclara:


« La pêche du thon, bien qu'elle se fasse pendant la belle saison, exige, à raison de la
distance des côtes à laquelle elle se pratique, des embarcations à la fois bien défendues, afin
de pouvoir tenir au service de la grosse mer, et rapides, afin de pouvoir satisfaire au service de
coureurs entre les lieux de pêche et les ports où les chaloupes sont abandonnées. »

Le journal Le Yacht décriera parfaitement, en 1884, les gréements employés pour


pêcher:
« Les bateaux affectés à cette pêche sont de plus fortes dimensions que ceux que l'on
emploie à la pêche à la sardine.
Ce sont des chaloupes pontées et gréant généralement un tapecul. Leur longueur
moyenne est de 12 à 13 mètres avec un bau de 5 mètres et un creux de 2,30 m. Elles tirent à
l'arrière 2 mètres environ et jaugent 35 à 40 tonneaux. L'équipage est généralement composé
de 5 hommes.
Ces bateaux partent de nos côtes de l'Ouest vers le 20 juin pour désarmer à la mi-
septembre. Les ports d'attache sont Groix, Belle-île, Le Croisic, les Sables et La Rochelle. Ils
vont jusque sur les côtes d'Espagne, à Bilbao et Santander.
La pêche se fait sous voile avec une vitesse moyenne de 5 à 6 nœuds, nécessaire pour
faire mordre le poisson.
La chaloupe est armée à l'avant du mât de misaine [cf annotations] de deux tangons de
15 mètres de longueur; les espars portent chacun 5 lignes placées à distance égale. La ligne la
plus courte, la première en partant du bord, à 8 brasses de long, la deuxième 12 brasses et
ainsi de suite jusqu'à la dernière placée au bout du tangon et qui mesure 25 brasses. A
l'extrémité se trouve l'avançon de fil de laiton de 3 brasses terminé par un hameçon à deux
branches en forme de croc analogue aux deux pattes d'un grappin. Cet hameçon est garni d'un
faisceau de paille de maïs qui constitue l'appât. Il n'a point d'ardillon, ce qui permet de le
retirer plus facilement du ventre de l'animal [cf annotations].
Chaque ligne est armée d'une clochette qui, lorsque le poisson mord, annonce la prise.
A l'arrière se trouvent encore deux lignes frappés sur un mâtereau appelé bonhomme.
Enfin une dernière ligne est fixée sur la vergue du taillevent [ou tapecul]. C'est la plus longue
de toutes.
Toutes les lignes, sauf celles de l'arrière, sont munies de hâle-bas destinés à haler le
poisson à bord.
Voici maintenant comment on procède:
Le thon ayant mordu, un homme hale rapidement la ligne le long du bord, tandis qu'un
deuxième, muni d'une petite gaffe très fine, croche le poisson et l'embarque. Le poisson est
alors nettoyé, vidé, lavé à grande eau et arrimé sur le pont.
Généralement, pour ce genre de pêche,les bateaux s'associent et font campagne en
commun.

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Tous les jours une des chaloupes est détachée de la flottille pour aller porter le poisson
au port d'armement. Le soir, la pêche est interrompue et tous les bateaux, à un signal convenu,
se rallient pour passer la nuit en tenant la cape sous la misaine.
Celui des bateaux qui a porté le poisson au port attend l'arrivée d'une autre chaloupe
qui vient lui faire connaître la position des autres, et retourne sur le lieu de pêche avec des
provisions de ravitaillement. »
Annotations :
On pourra toutefois compléter cet article en relevant qu'en fait les tangons ne sont pas
à l'avant du mât de misaine, toutes les chaloupes n'en ayant d'ailleurs pas forcément, mais à
l'arrière, c'est à dire à l'avant du grand mât. Il est aussi intéressant de savoir qu'avant d'utiliser
des faisceaux de paille de maïs, on a longtemps utilisé comme appât des anguilles de rivière.
On les a rapidement abandonnées car elles étaient coûteuses et difficile à trouver dans le
commerce. A noter aussi que lorsque le poisson mord, l'hameçon ne va pas dans le
ventre de l'animal, la vitesse du navire le lui déchirerait, mais simplement dans sa gueule.
Lorsqu'il arrive à bord, le thon est tué par le mousse par un picot, sorte de manche muni d'un
clou à son extrémité. Le picot est tout de suite enfoncé sur la tête du thon, entre les deux yeux,
afin de l'empêcher de s'abimer en se débattant dans l'air. Pour finir, le poisson n'était pas
forcément porté au port d'armement, surtout pour les groisillons, souvent loin de chez eux,
mais au port de vente le plus proche.

Arrimage du germon sur le pont

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II.2)Les hommes de la pêche au thon

II.2.1) Les équipages

Sur les embarcations de 20 à 60 tonneaux, on retrouve, suivant la saison, deux sortes


« d'équipages types ». L'été, il est formé d'un patron, de trois matelots, d'un novice et d'un
mousse. Tandis que l'hiver, alors qu'il part pêcher à la grande drague, on y retrouve
généralement un matelot en plus.
A bord, le rôle du mousse est très ingrat, les hommes disent qu'il fait des « tâches de
femme », c'est à dire cuire les repas, nettoyer et aider à tout, à tout instant. Il est souvent
martyrisé par les hommes, qui voient en lui un défouloir de leurs vies de dur labeur. Certains
partons étaient terribles avec les mousses qui « manquaient », c'est à dire qui n'effectuaient
pas bien leurs tâches ou qui faisaient une erreur (ou quelque chose considérée comme une
erreur). Certains racontent avoir été ceinturés par un bout autour du torse, puis jetés à la mer
et trainés derrière le voilier.
Après ce dur apprentissage, qui dure jusqu'à 16 ans, le mousse devient alors novice,
puis à 18 ans ou parfois plus, devient un matelot à part entière.
Pour devenir patron, nul besoin alors de diplôme, ce sont les armateurs du navire qui
vont décider quel matelot, en se basant sur l'expérience, le sérieux et l'aptitude à commander,
vont nommer le patron. Ils le rendent alors propriétaire d'un quart du navire et récupèrent au
fils des marées les avances consenties au patron pour l'achat de ses parts, jusqu'à
recouvrement total de la valeur du quart du navire lors de son premier armement.
Pour protéger leur capital d'un naufrage ou d'un perte totale, les patrons et armateurs
de l'île ont alors fondé sur l'île une association d'assurance mutuelle (au taux de 1,5%) qui
assure le bateau et son gréement pour les 5/9 ème de sa valeur. Ainsi, une perte de navire oblige
seulement à débourser 4/9ème de sa valeur, dont seulement 1/9ème est à payer par le patron,
somme qui peut être réunis en réembauchant sur un autre bord, plusieurs fois.

II.2.2) L'école de pêche

Grâce au mécénat de Marie-Louise Lemonnier, qui aida aussi pour la création d'une
école "Anne de Bretagne" pour les filles, une autre pour les garçons, une maison pour les
maîtres, un théâtre et la chapelle de Plaz-ar-C'horn à Locronan un orphelinat de la marine à
Pornic et une station de sauvetage en mer à Primelin, le 10 mai 1895, la première école de
pêche et de navigation de France fut créée, à Groix, par un instituteur à la retraite: Victor
Guillard, instituteur pourvu du brevet supérieur et professionnel d'hydrologie, chevalier du
mérite agricole et ex-membre du conseil départemental de l'instruction publique.

La formation dispensé dans cette école se décompose en deux cours:


-le cours théorique, ouvrant le 1er septembre et s'étalant sur toute l'année,
-le cours pratique, ouvrant le 1er décembre et terminant le 1er mai.

Deux professeurs y dispensent les cours:


-M. Guillard qui enseigne les divers cours théoriques,
-M. Tonnerre qui enseigne le ramandage et le gréement.

Avec le temps, l'idée d'apprendre les rudiments de navigation se propage et gagne les
groisillons, mais seulement les jeunes. Il ne sera pas rare, jusqu'en 1920/1930 de voir les
vieux patrons faire faire le point quotidien par le novice ou un jeune matelot

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II.3) Évolution de la flottille

En 1840, aucune embarcation ne pêche le thon, mais la croissance de la flottille


thonière sera considérable sur les 50 années suivantes, surtout grâce aux structures
d'associations d'armateurs, déjà mises en place (vue précédemment).

En 1893, les types de bateaux qui alternent la pêche au thon et la pêche à la grande
drague, ou au chalut, sont des dundees, d'un tonnage moyen oscillant entre 35 et 40 tonneaux
pour une valeur entre 16 000 et 17 000 Francs, ou des chaloupes pontées d'une moyenne de
31 tonneaux pour une valeur moyenne de 10 000 Francs. La valeur du train de pêche et du
chalut est alors de 2 000 Francs et la valeur des tangons et des lignes à thons de 100 Francs.

Un dundee (prononcé dindé) est un cotre à tapecul, avec un arrière en cul de poule
dont le grand mât est toujours à pible (d'une seule pièce). Bateau d'origine Anglo-saxonne,
l'origine de son nom est incertaine. Il vient peut-être du port de Dundee, du Nord Ouest de
l'Écosse, ou alors serait une francisation de Dandy, qui caractériserait la finesse et la beauté de
ses traits.

Un dundee sous voile en pêche

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En 1898, la pêche à voile paraît compromise par les chalutiers motorisés à vapeur.
Presque tous les ports du littoral arrêtent la construction de voiliers de pêche

En 1903, c'est la crise. Les chantiers des Sables-d'Olonnes, qui construisent en


majorité les thoniers groisillons la subissent de plein fouet, elle va durer quelques années sur
tout le littoral.
Les pêcheurs bretons souffrent de la faim: d'abondants secours leurs sont versés. Dans
le Sud du Finistère, on souffre du manque de sardine.

A Groix, on ne se risque plus à construire de nouveaux dundees, le chalutage à la voile


ne rapporte alors plus de quoi payer les frais de l'armement.

A cette crise du chalutage s'ajoute une crise du thon:


Le germon ne s'approche plus des côtes Atlantiques comme avant.

En 1907, c'est une période faste pour les groisillons, on relance les constructions de
nouveaux dundees de façon intensive, près de 15 par an. Les tonnages sont de plus en plus
fort et le prix moyen des navires augmente à 20 000 Francs tout gréé. Le prix du thon atteint
des sommets, à 230 Francs la douzaine, sachant que le prix rémunérateur tourne alors autour
de 40 à 60 Francs la douzaine.

Le 31 août 1911, un rapport des ponts et chaussés notera:

« Aucun quartier de l'Atlantique ne possède une flottille de voiliers de pêche à comparer


à celle de Groix. »

Pour bien démontrer qu'il ne s'agit pas ici d'une légende mais de faits réels, largement
entretenus par la mémoire collective, voici un tableau chiffré, provenant d'un rapport de
l'inscription maritime de la fin de l'année 1910 et d'un rapport des ponts et chaussés du 31
août 1910, qui le prouve sans équivoque:

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Tonnage et valeurs de flottilles de pêche par quartier pour les ports de l'Atlantique en 1910

Quartier Tonnage de jauge Valeur des bateaux Valeur moyenne du


(engins compris) tonneau de jauge
en francs en francs
Le Conquet 2223 454000 204,23
Brest 2035 296000 145,45
Camaret 3214 780000 242,69
Douarnenez 7250 331000 45,66
Audierne 4544 916000 201,58
Quimper 3441 730000 212,15
Concarneau 4389 1675000 381,64
Lorient 9917 2155000 217,3
GROIX 11340 3991000 351,94
Auray 4703 1502000 319,37
Belle-île 869 361000 415,42
Vannes 1408 202000 143,47
Le Croisic 2538 661000 260,44
Saint-Nazaire 692 99000 143,06
Noirmoutier 1760 549000 311,93
Nantes 1340 255000 190,3
Ile d'Yeu 1330 964000 724,81
Saint-Gilles 715 462000 646,15
Les Sables 4286 2932000 684,09
La Rochelle 3860 1080000 279,79
Ile d' Ré 1027 493000 480,04
Oléron 567 194000 342,15
Rochefort 868 395000 455,07
Marennes 1801 605000 355,92
Royan 653 270000 413,48
Pauillac 126 33000 261,9
Libourne 543 204000 375,69
Bordeaux 279 166000 594,98
Arcachon 2233 400000 179,94
Bayonne 565 156000 276,11

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II.4)Le rôle des conserveries

Les principaux acheteurs de germon sur l'île, qui seront et resteront le soutien
indispensable de cette industrie de pêche, ce sont les conserveries. La première conserverie de
thon fondée sur l'île est la maison Jégo. La date de sa création est toutefois incertaine, en effet
selon la fédération nationale des conserveurs de produits de la mer, elle aurait vu le jour en
1860 alors que le papier à entête de la maison Jégo nous indique que sa création remonte à
1864.

Lettre de la maison Jégo sur son papier à entête

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Après ce précurseur, on verra éclore un peu partout sur le littoral des conserveries de
thon: l'association indispensable et complémentaire à l'industrie de la pêche au thon, alors en
pleine expansion, se développe au rythme de la pêche, contribuant ainsi à ne pas couper son
essor.

L'abbé Noël constatera dans la Croix de Groix daté du 16 juillet 1893:


« Chez nous depuis quelques 25 ans, la pêche au thon est à présent l'une de nos
principales ressources. »

II.5) Les travaux portuaires

II.5.1) Groix, île sans port

En 1878, il y a à Groix 130 chaloupes pontées et environ 120 chaloupes non pontées.
Une fois la session de pêche terminée, les armateurs des ces voiliers sont alors obligés de les
amener passer l'hiver sur le continent.
Il y a, à cette époque, différents ports sur Groix, mais aucun d'entre eux n'offre un abri
suffisamment sûr.
Le port de Locmaria est tout d'abord pressenti pour hiverner les navires de pêches, par
beau temps la baie s'y prête parfaitement, mais on préférerait trouver un abri sous terre, c'est à
dire sur la côte nord.
Ainsi la plage de Locmaria ne peut servir que par beau temps au nettoyage des
bateaux.

Port et plage de Locmaria

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C'est seulement en 1840 que l'administration commence à se préoccuper des ports de
Groix, jusqu'ici, seuls les habitants de l'île avait effectués quelques travaux d'entretien.
En 1860, à Port-Tudy, il n'y a qu'un vieux môle fait de pierres sèches de 50 mètres de
long, n'abritant que 1000 m².

II.5.2) La refonte de Port-Tudy

II.5.2.1) Le choix du site

Cette étude de choix du site provient des archives des Ponts et Chaussées, du rapport
de l'ingénieur du 13 septembre 1879 nommé « Création d'un port refuge à Port-Tudy (île de
Groix) ».

Le site à choisir devra pouvoir abriter de 120 à 130 chaloupes de 8 à 15 mètres de long
et 2 à 3 mètres de large, ce qui limite déjà grandement les choix, la falaise de schiste de 20 à
30 mètres bordant une bonne partie de l'île ne laisse que peu de possibilités, dont la plupart ne
sont que des criques mal abritées et peu profondes. Le site ne pourra pas se trouver sur la côte
sud, à cause de son exposition. Les ports de Port-Melin et Port-Lay sont abandonnés d'office,
leurs alentours sont encombrés de roche qui s'oppose au louvoyage et rendent les travaux trop
coûteux.

Port-Tudy s'impose donc comme le meilleur emplacement, il a d'ailleurs été


unanimement désigné par les pêcheurs de l'île dans l'enquête pour le projet, ouverte en 1854:

–Ses abords maritimes sont sains,


–Ses alentours sont dégagés et permettent un louvoyage facile,
–Tout le monde s'accorde déjà à dire qu'il s'agit du meilleur mouillage de l'île,
–Il y a déjà des intérêts en place:
-Une conserverie est présente sur le port,
-Ce port assure la meilleure desserte du Bourg, Loctudy.

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II.5.2.2) Un faible espace disponible

Pour pouvoir disposer le nombre de bateaux de l'île, alors très important, dans un
espace aussi restreint, les ponts et chaussées n'ont qu'une seule alternative: créer un abri
disposant d'un calme absolu.

Le choix est donc fait d'établir des bassins complètement abrités, communiquant avec la
mer uniquement par l'intermédiaire d'un avant port amortissant l'agitation extérieure.

Le port de l'époque servira alors à former un des bassins et un bassin d'environ la même
superficie suffirait alors à abriter tout le matériel.

Aspect du port avant le départ de la flottille, on y voit les deux bassins abrités et, au deuxième
plan à droite, l'avant port.

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III) Le déclin
III.1) L'échec de Port-Tudy

En 1890, les premiers travaux de Port-Tudy s'achèvent: ils ont, jusqu'alors, coûté plus
d'un million de francs-or. Le conducteur des travaux, Daumas, dans un rapport des Ponts et
Chaussées du 31 janvier 1890 reconnaîtra lui même l'échec de la refonte du port:

« Le môle nord est pris, en raison de sa direction, en écharpe par la houle qui est nord-
ouest.

A basse mer sur les 40 premiers mètres, elle déferle jusqu'à hauteur de parapet, sans
déverser par dessus, puis court le long de l'ouvrage. Arrivée au musoir, elle pivote et entre
dans l'avant-port en donnant des différences de 2 mètres au maximum à l'entrée.

A partir de la mi-marée, la houle déferle par dessus le parapet sur 60 mètres environ à
partir de l'origine.

Cette houle, en entrant dans l'avant-port prend la direction nord-est et sud-ouest. En


s'étalant, une fraction entre dans le bassin de l'est, et une autre, après avoir rencontré le
prolongement de la jetée nord actuellement en construction, court le long de la cale intérieure
et du mur du quai... elle monte au-dessus du niveau de la jetée nord et se déverse en partie
dans le port actuel...

La houle qui entre dans le bassin de l'est prend le long de ce môle une direction nord-
ouest/sud-est et donne à l'entrée du port actuel des dépressions de 1 m à 1,50 m environ; ce
qui cause dans le bassin de l'est et le port actuel un courant très violent, lors du retrait de la
lame. »

Les années qui suivirent, les Ponts et Chaussées tentèrent, avec des organeaux et des
tonnes d'amarrages, d'assurer un abri correct à Port-Tudy, toutefois le problème n'est pas là: le
ressac entre et les accidents s'accumulent, ainsi que les naufrages DANS ou DEVANT le
port:

-Le Mirabeau en 1911,


-La rose printanière en 1912,
-Les quatre sœurs, le France, le Soleil d'Austerlitz, le Sadi Carnot et l'Écume des mer en
1917.

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Non seulement le port, tel qu'il est laissé achevé à la fin du XIX ième siècle, est un port
dangereux par gros temps, mais il deviendra très rapidement incapable de recueillir la flottille
de thoniers groisillons. En 1910, comme vu précédemment, on compte 260 bateaux pontés
jaugeant 11 340 tonneaux, d'une dimensions moyenne de 17 mètres de long et 6 mètres de
large, soit un encombrement d'environ 100 à 110 mètres carrés. Il faudrait donc 26 000 à 29
000 mètres carrés pour abriter les dundee de l'île, plus environ 1 000 à 2 000 mètres carrés
pour les bateaux non pontés, plus 6 000 mètres carrés à laisser libre pour permettre l'entrée
dans l'avant-port et du bassin du sud-est, ainsi qu'en bordure du môle intérieur avec cales, où
se font les accostages des courriers à vapeur: on en est bien loin....
Le port ne peut accepter que 160 des 260 dundee....

Port-Tudy dans les années 1950. on voit ici la prolongation de 115m de la jetée du nord-ouest,
effectuée en 1935, réduisant enfin les effets du ressac (on voit sur la photo le pivotement de la
houle autour du musoir). Trop tard, le port est déjà quasiment vide.....

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III.2) La fin de la grande drague

III.2.1) Les premiers vapeurs

En 1837 apparaît le premier bateau de pêche à propulsion vapeur, à Arcachon. Lors


des premiers temps du chalutage à vapeur, il n'y a pas d'inquiétude à Groix, mais en 1893,
lorsqu'on voit apparaître les premiers chalutiers vapeurs anglais sur le plateau de
Rochebonnne, la donne est changée, et on lira dans la Croix de Groix du 13 mai 1893:

« Au mois de février, quand les tempêtes ne sont plus à craindre et que le poisson,
paraît-il, sort de la roche où il se cachait, arrivent 7 ou 8 vapeurs anglais qui se cantonnent
aux environs des bouées de Rochebonne. Manœuvrant rapidement et par tous les temps, ils
enlèvent d'énormes quantités de poisson. Comme ils sont d'accord, l'un d'eux se détache -à
tour de rôle- pour aller porter en Angleterre la pêche de tous, puis il revient travailler avec la
bande.

J'ai vu que de riches armateurs français ont aussi l'idée de faire construire des navires à
vapeur pour la pêche au chalut.... Je crois qu'il serait imprudent d'entrer dans cette voie. Les
premiers chalutiers à vapeur réussiront peut-être, mais s'il y en avait un grand nombre, le
métier serait vite perdu. On ne peut pas être jour et nuit, été comme hiver, à chasser le poisson
du fond sans qu'à la fin le gibier ne disparaisse. »

Les vapeurs de pêche français sont alors équipés de chalut à perche, ou grande drague,
et font déjà une concurrence sensible aux voiliers. Ils peuvent travailler par tout les temps,
alors que le calme oblige les voiliers à chômer. Du fait de leur grande taille, ils peuvent avoir
sans difficulté deux trains de pêche complets: un en travail et l'autre au raccommodage. Le
treuil à vapeur hisse la drague seule, épargnant cette corvée à l'équipage. Ils ramènent
tellement plus de quantité de poisson que leur cours s'effondre, au grand dam des voiliers.

III.2.2) L'otter trawl

Depuis 1893, les chalutiers anglais utilisent déjà cet engin, et c'est en 1898, soit 5 ans
après, que les chalutiers à vapeur rochelais vont se mettre à utiliser l'otter-trawl, ou le chalut à
panneaux divergents.

L'utilisation de l'otter-trawl par des compatriotes sur leurs propres lieux de pêche fait
naître un mouvement de protestation chez les groisillons, alors en grande majorité parmi les
dragueurs de l'Atlantique. En juin 1898, ils envoient une pétition adressée au ministre de la
Marine, M. Lockroy et écrite le 20 mai 1898:

« Nous soussignés, armateurs, patrons de pêche et marins de l'île de Groix, avons


l'honneur de vous exprimez ce qui suit:
Les marins de Groix voient avec inquiétude leur industrie gravement menacée par
l'emploi d'un filet de largeur exagérée dont se servent les bateaux à vapeur chalutiers.
Ce filet tient à la fois et du chalut et de la senne. Grâce aux panneaux de bois dont il
est muni, il s'ouvre d'autant plus que la vitesse du vapeur est plus grande. La ligne de plomb,
dont la partie inférieure est bordée, lui permet de plonger jusqu'au fond de la mer. Il s'étend

Stéphant,Ivi | DESMM| ENSM centre du Havre | année 2011/2012 25


sur une largeur qui atteint jusqu'à 50 mètres dans les grands bateaux à vapeur.
L'emploi de cet engin est préjudiciable à tous points de vue.

1°- Il dévaste le fond de la mer, à cause de son développement exagéré. Il capture une
quantité de poisson telle que nos meilleurs fonds de pêche seront avant longtemps épuisés.
2°- Il cause un encombrement considérable dans les criées, au point que les pêcheurs
voiliers ont de la peine à s'assurer leur tour pour la vente de leurs poissons
3°- Il a excité et excitera encore -on le prévoit malheureusement!- de graves désordres, de
la part de ceux qu'il va ruiner
4°- Il ruine la pêche à voiles, puisqu'un seul vapeur muni de cet engin capture autant de
poisson que 8 voiliers ensembles. Il ruine, par contre-coup, toutes les industries qui se
rattachent à la pêche à voiles: charpentier, voiliers, forgerons, etc. Cette ruine des bateaux-
voiliers ne profitera pas aux consommateurs, puisque les frais d'exploitation sont aussi
considérables pour un seul vapeur que pour 8 voiliers ensemble.
5°- La ruine de la pêche à voiles entrainera fatalement l'abandon d'une profession qui ne
procurerait plus aux pêcheurs les ressources nécessaires à leur exigence: abandon qui sera
funeste au recrutement de la Marine de l’État....

Nous sollicitons de vous, Monsieur le ministre, une mesure réglementaire, qui


sauvegarde de si graves intérêts et fasse respecter le décret du 21 juin 1853 (relatif à la largeur
maximum autorisée des chaluts) »

Otter-trawl ou chalut à panneaux divergents.

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III.3) La grande guerre

III.3.1) La guerre et les dragueurs

Se rajoutant à une politique nationale systématiquement en faveur du chalutage à


vapeur, ruinant l'économie des pêches locales du littoral Atlantique, la fin du chalutage à voile
va se trouver accéléré par d'autres facteurs.

La société groisillonne, jusqu'alors composée de petits armateurs sans grandes


ressources voit apparaître une classe sociale nouvelle sur l'île, les gros armateurs, qui,
ensemble, possèdent des parts sur tous les voiliers de la flottille.
Auparavant, avant-guerre, les armateurs, dont 9/10ème étaient des inscrits maritimes
voyaient déjà péricliter le chalutage à voile: impossible pour eux de supporter les frais
coûteux occasionnés par l'armement d'hiver. Le train de pêche coutant dans les 3 000 francs,
et assez souvent perdu, pour assurer la conservation du navire et le salut de l'équipage en cas
de croche.
En 1911, 120 dundees arment l'hiver, occupant 840 hommes. Ce chiffre tombera à 85
dundees en 1913.

Non seulement cela mais la guerre de 1914-1918 va asséner un coup fatal contre les
dragueurs, dont les lieux de pêches sont truffés de mines ennemies: en hiver 1915 il reste
encore 40 dundees qui arment à la drague, on en comptera seulement 11 en 1916.
Fuyant les champs de mines, les équipages Groisillons tentent de retourner draguer les
fonds de Groix et les Cardinaux. Mais ces fonds de pêche, inexploités depuis longtemps, ne
sont pas aussi bien connus qu'autrefois, et beaucoup, perdant leur train de pêche, doivent
désarmer.

Malgré la fin des hostilités, l'armement à la grande drague ne recrutera pas plus d'un
dixième d'une flotte qui diminue d'année en année...

III.3.2) La guerre et la pêche au thon

En 1914, année faste pour les pêcheurs de thon groisillons, malgré la chute du
chalutage à voile, les chantiers de construction avaient lancé 18 dundees neufs. Cette année
là, plus de 300 dundees de l'île prennent la mer les premiers jours de juillet, mais au retour de
la seconde tournée, une nouvelle terrible s'abat: le 3 août 1914, l'Allemagne déclare la guerre
à la France.
La mobilisation gagne Groix, sur 1680 inscrits maritimes actifs, environ 40% sont
mobilisés dans les 6 premiers mois de la guerre. Les dundees, inutiles alors, sont désarmés et
mouillés sur les anses de Port-Louis et Kernevel.
La guerre bloque aussi les équipages encore sur l'île. L'inscription maritime va alors
tenter de relancer l'activité, en relançant les conserveries et en proposant de remplacer les
repas de viande des troupes des places fortes de Lorient par du poisson frais, en particulier du
thon, et permet ainsi à 42 thoniers de reprendre la mer.

Par la suite, les marins pêcheurs recevront l'autorisation spéciale de quitter le front
pour pouvoir pratiquer, l'été, la pêche au thon.
Pendant les 18 premiers mois de la grande guerre, Groix vit au ralenti, mais la flottille
thonière continue à faire vivre l'île.

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En 1917, la Marine d'État, incapable d'assurer la protection des navires civils, propose
d'armer certains d'entre eux de canons, et d'y faire embarquer des canonniers. Les pêcheurs,
d'abord hésitant acceptent l'offre, et retournent pêcher, transformés en bâtiments d'escortes.
Les sous-marins allemands, les redoutables Untersee-boats, mieux connus sous le
noms de U-boats, vont alors se déchaîner sur les dundees. Le seul mois de septembre 1917
verra la perte de 9 dundees groisillons sur leurs lieux de pêches, coulés par les U-boats.

III.4) L'après-guerre

III.4.1) Reconstitution de la flottille

La flottille groisillonne a donc terriblement souffert de la guerre, elle est, après la


guerre, réduite aux 2/3 de son effectif de 1914. De plus, la multiplications des usines, la
croissance de la flotte des vapeurs deviennent désormais autant de raisons de l'ascension des
ports continentaux, directement reliés au réseaux de chemins de fer, au dépent des ports
insulaires. Même la nouvelle caste des gros armateurs de l'île préfère, en majorité, la
construction d'un grand port de pêche à Lorient, en même temps qu'il servirait de port de
commerce.
L'avenir de l'île apparaît déjà bien assombri, et l'activité de Groix en tant que centre
d'armement ne va cesser de décliner: n'armant plus qu'au thon l'été et subissant la fuite des
équipages l'hiver, les activités de pêches sont dominées par les gros armateurs qui ne pensent
bientôt plus qu'à leur profit et devant faire face à une augmentation des prix de la construction
navale, la reconstitution de la flottille apparaît bien compromise.
Les groisillons achètent alors majoritairement de vieux bateaux, et naviguent sur les
dundees survivants de la guerre, qui ont bien vieilli aussi.

III.4.2) Problème de conservation du thon

Jusque dans les années 30, le thon est pêché, tué et stocké sur le pont comme décrit
précédemment. Malgré les précautions prises, le problème de conservation de thon à bord se
pose toujours. Pendant la campagne de 1926, qui ne connaîtra pas un déchet particulièrement
exceptionnel, chaque bateau à perdu en moyenne 220 thons, jetés à la mer, jugés impropres à
la consommation. En plus de ceux-ci, 100 thons apportés à l'usine sont en moyenne trouvés
avariés lors de la coupe. L'Austerlitz accuse à lui seul une perte de 1 200 thons pendant cette
même saison. On arrive à une perte de 240 000 thons pour l'ensemble de la flottille, soit une
perte de 12 millions de francs, correspondant à la valeur, à cette époque, de 100 dundees
neufs, barre en main.
La dégradation du thon est liée à 6 causes principales:
-La chaleur,
-Le vent,
-La rosée,
-La brume,
-L'orage,
-La durée des sorties en mer.

Ainsi, quand le temps menace, la seule alternative pour le patron est de parvenir au
plus vite à gagner la terre, dans un port de vente.

Stéphant,Ivi | DESMM| ENSM centre du Havre | année 2011/2012 28


Pour tenter de résoudre ce problème majeur, les conserveurs et usiniers utilisent tout
d'abord des vapeurs chalutiers, qui ne sont pas en service l'été, qu'ils envoient au devant des
thoniers, acheter les pêches et les ramener dans les meilleurs délais.

Un essai de navire comportant une chambre froide de conservation de thon est faîte
sur le Flibustier du patron Jacques Raude en 1931. C'est un succès, le bon état de conservation
du thon par le froid est donc établi, mais on préfèrera l'embarquement de glace dans un
compartiment spécialement aménagé et nommé la glacière.
Au dire des gourmets, le thon y perdrait de sa saveur, mais on voit disparaître
définitivement la crainte d'une perte de pêches entières dues aux conditions météorologiques.

III.5) Derniers temps de gloire

De 1920 à l'abandon définitif des voiliers, vers 1950/1960, la situation de l'armement


des thoniers groisillons se dégrade petit à petit, il est alors de plus en plus fréquent de voir les
thoniers à voile du littoral recevoir des noms comme Va-sans-crainte (Étel) ou Va-sans-peur
(Concarneau), qui au fond, démontre bien un manque de confiance grandissant quant à
l'avenir de cette industrie.
A Groix, c'est tout le contraire. Tout en sachant parfaitement que les dundees seront
bientôt remplacés et leur ère révolue, on passe commande des plus beau spécimens ayant
jamais existés. Plus de jauge, construits avec plus d'attentions, de 1925 à 1937 on assistera à
la naissance de véritable chefs-d'œuvre d'architecture maritime, grâce notamment au cours du
thon qui se maintient très élevé.
Les nouveaux dundees ne navigueront que 100 jours par an, libérés de l'armement
d'hiver au chalutage à voile. Les qualités recherchées évoluent, on veut une meilleure tenue en
mer, manœuvrabilité et plus de vitesse.
En 1934/1935, la flotte de thonier française à voile est à son maximum, avec 774
dundees armés. Groix reste malgré tout au premier rang, avec 215 d'entre eux, devant Étel,
200 bateaux et Concarneau 163.
Mais bien vite la flotte de vieux bateaux disparaît sans être remplacée. En 1938, il
reste 133 voiliers sur l'île, en 1946 ils sont 83, 54 en 1950 et 25 en 1954.
Les tous derniers dundees, fabriqués aux chantiers de Kéroman, la Madeleine-Yvonne
et l'Esmeralda, navigueront jusqu'à la fin des années 1950.

Un des derniers dundees construit, le Biche

Stéphant,Ivi | DESMM| ENSM centre du Havre | année 2011/2012 29


CONCLUSION

Dans cette étude, on voit clairement que les groisillons ont su partir de rien pour créer
la plus puissante flotte de navire thoniers à voile de tout le littoral Atlantique. Ce qui a été à
l'origine leur faiblesse, leur pauvreté, a été leur force, les obligeant à chercher d'autre moyens
de revenus et à créer des infrastructures inédites jusqu'alors dans tous les autres ports, comme
les associations d'armateurs ou encore les associations d'assurance mutuelle et même l'école
de pêche, qui ont permis un essor beaucoup plus rapide.

Malheureusement, les soucis de Port-Tudy, les progrès techniques, la guerre et le


changement des conditions socio-économiques de l'île ont déclenché la mort à petit feu de
l'industrie de la pêche au thon sur l'île.

Aujourd'hui encore, sur Groix, une forte tradition maritime est omniprésente, il existe
encore une petite flotte de bateaux de pêche côtière, et beaucoup de jeunes se tournent vers
des métiers de la mer, que ce soit la pêche ou la marine marchande.

Il reste un seul dundee de Groix, construit aux Sables-d'Olonne en 1934, qui est
actuellement en cours de rénovation, le Biche.

Stéphant,Ivi | DESMM| ENSM centre du Havre | année 2011/2012 30


Bibliographie et sources

Archives de la fédération nationale des conserveurs de produits de la mer

Courrier de l'inscription maritime: du7 août 1879


du 21 janvier 1910

La Croix de Groix: du 13 mai 1893


du 16 juillet 1893
du 5 avril 1896

Dominique Duviard, "Groix - L'île des thoniers: chronique maritime d'une île bretonne 1840 -
1940", Éditions des 4 Seigneurs, Grenoble, 1978

Lucien Gourong,"Grande et petites histoires de l'île", Ed.Kedvisual

Michel Goulletquer, "Groix. Une petite île… une grande histoire", Édition AGC Librairie
principale Ile de Groix, 2004.

Pétition adressée au ministre de la Marine, M. Lockroy du 20 mai 1898

Rapport de l'inscritpion maritime: année 1910

Rapport des Ponts et Chaussés: du 13 septembre 1879


du 31 janvier 1890
du 31 août 1910
du 31 août 1911

Société des Amis du Musée de Groix (SAMG): Parutions " HATOUP le cahier de l'île de
Groix "

Le Yacht: édition de 1884

Stéphant,Ivi | DESMM| ENSM centre du Havre | année 2011/2012 31


Tables des illustrations

Carte postale: La Bretagne pittoresque P6

Carte des fonds de pêche de dragueurs de Groix P9

Schéma descriptif de la grande drague P10

Photographie de l'entreposage du germon sur le pont d'un Dundee P14

Peinture représentant un dundee sous voile en pêche P16

Tableau du tonnage et des valeurs de flottilles de pêche


par quartier pour les ports de l'Atlantique en 1910 P18

Photographie d'un lettre de la maison Jégo sur son papier à entête P19

Photographie du port et de la plage de Locmaria P20

Photographie de Port-Tudy avant le départ de la flottille P22

Photographie de Port-Tudy dans les années 1950 P24

Schéma descriptif de l'otter-trawl P26

Photographie du Biche P29

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