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FAO LIBRARY AN: 347089

DI PA PROGRAMME POUR LE DÉVELOPPEMENT 3YÉGRÉ S


PÊCHES ARTISANALES EN AFRIJE DE L'OLlEST

IDAF

PROGRAMME DU

Rapport Technique N° 53 décembre 1 993

Rapport de l'atelier sur les Conflits dans les


Pêcheries Côtière en Afrique de ¡'Ouest
(Cotonou, Bénin, 24-26 novembre 1993)

i Mauritanie 0.
2 Sénégal
3 Cap-Vert
4 Gamble
5 Guinée Bissau
6 Guinée e

7. Sierra Léone
8 Libéria
9 Côte d'ivoire Guinée Equatoriale
10. Ghana Gabon
11 Togo São Tomé et Principe
12. Bénin Congo
13 Nigéria Zaire
14 Cameroun Angola

DANDA DEPARTEMENT DE COOPERATION ET DU DEVELOPPEMENT INTERNATIONAL DU DÄNEMARK

ORGANISATION DES NATIONS L1!iES POUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE


Rapport Technique N° 53 décembre 1993

Rapport de l'atelier sur les Conflits dans les


Pêcheries Côtière en Afrique de ¡'Ouest
(Cotonou, Bénin, 24-26 novembre 1993)

édité Iar

B.P. Satia, Coordonnateur DIPA

et

B. Horemans, Socio-économiste DIPA

ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE

Cotonou, décembre 1993


Les opinions exprimées par les auteurs des études dc cas ne sont pas
nécessairement celles du DIPA ou de la FAO. La reproduction du matériel
présenté est autorisée pourvu que la source soit mentionnée

Les appellations employées dans cette publication et la présentation des


données qui y figurant, n'impliquent de la part de l'Organisation des Nations
Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture aucune prise de position quant au
statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou dc leurs autorités ni
quant au tracé de leurs frontières ou limites.

La référence bibliographique de ce document est:

Satia, B.P. et Horemans, B., (éds), Rapport de l'atelier sur les Conflits dans les Pêcheries
1993 Côtières en Afriquc de l'Ouest, Cotonou, Bénin, 24-26 novembre 1993.
Cotonou Projet DIPA, 68p., DIPA/WP/53

Projet DIPA
FAO
B.P. 1369
Cotonou, République du Bénin

Télex: 5291 FOODAGRI Fax: (229) 33.05.19 Tél: (229) 33.09.25


AVANT-PROPOS

En Afrique de l'Ouest, région couverte par le Programme DIPA, les pêcheries marines sont
caractérisées depuis longtemps par la coexistence de deux flottes, l'une artisanale et l'autre
industrielle. Or, ces deux pêcheries ont tendance à interagir non seulement en termes
biologiques, mais également en termes physiques et économiques. Ces interactions, qui
peuvent parfois dégénérer en conflits ouverts, se produisent également au sein même de la
pêche artisanale.

La nature cónflictuelle de l'exploitation des ressources halieutiques est dû, en tout premier
lieu, au caractère commun dc la ressource et au libre accès à celle-ci. Cependant, les
politiques nationales d'industrialisation et/ou d'octroi de licences de pêche à des armements
étrangers ont, en bien des endroits, accru le nombre et aggravé les conflits. Les actions de
développement de la pêche artisanale elles-même, en permettant d'augmenter le rayon
d'action et l'autonomie des pirogues les ont amenées à se rapprocher des zones de pêches
jusque là accessibles aux seules embarcations industrielles.

Afin d'encourager une prise de conscience quant à l'importance du problème et de permettre


à ses partenaires d'échanger leurs expériences sur la question, le Programme DIPA a
demandé à des ressortissants de six pays de la région de rédiger chacun une étude de cas sur
les conflits dans les pêcheries côtières de leur pays. Ces études portent sur le Cameroun,
la Côte d'Ivoire, le Gabon, la Gambie, le Ghana et le Sénégal. Elles ont servi de base à un
atelier qui s'est déroulé à Cotonou, Bénin, du 24 au 26 novembre 1993 à la suite de la 7ème
réunion des fonctionnaires de liaison du DIPA.

Les vingt-neuf participants de la région qui ont assisté à l'atelier ont analysé la situation
existant dans les divers pays, en ont tiré des conclusions et formulé des recommandations.
Le présent docüment contient le rapport de l'atelier ainsi que les six études de cas rédigées
pour l'occasion.

Nous espérons que ce rapport permettra de sensibiliser les autorités de la région et leurs
différents partenaires au développement quant à l'importance et à la gravité du problème des
conflits dans les pêcheries côtières d'Afrique de l'Ouest afin que des solutions locales
puissent y être trouvées.

B.P. Satia
Coordonnateur du Programme

Rapport Technique du DIPA N° 53


TABLE DES MATIERES

Page

Avant-Propos: par B.P. Satia Coordonnateur du Programme i

Table des Matières ii


Section 1: 1

1. 1 Résumé des Discussions et Recommandations 2

Section 2: Etudes de cas: 5

2.1 Conflits dans les Pêcheries Côtières au Cameroun 6

2.2 Conflits dans les Pêcheries Côtière en Côte d'ivoire 13

2.3 Conflits dans les Pêcheries Côtières au Sénégal 21

2.4 Conflits dans les Pêcheries Côtières eri Gambie 35

2.5 Conflits dans les Pêcheries Côtières au Ghana 43

2.6 Conflits dans Pêcheries Côtières au Gahon 59

Section 3: Annexes 64

Ordre du Jour 65

Liste des Participanls. on

ji Rapport Technique du DIPA N° 53


SECTION 1

Rapport Technique du DIPA N° 53


Atelier sur les Conflits dans les Pêcheries
Côtieres en Afrique de l'Ouest

RESUME DES DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS

Six études de cas sur les conflits dans les pêcheries côtières en Afrique de l'Ouest ont
été présentées. Elles ont concerné le Cameroun, la Côte d'Ivoire, le Gahon, la
Gambie, le Ghana et le Sénégal.

Les cas étudiés mettent en évidence l'ampleur du problème dans le secteur des
pêches, ce qui a été confirmé par les participants. Ces derniers ont exprimé en
conséquence leur vive appréciation pour la tenue de cet atelier.

Les discussions qui ont suivi la présentation des études de cas se sont concentrées sur
la typologie des conflits, leurs causes, les moyens de résolutions el les implicalions
socio-économiques de ces conflits; Il en a résulté un certain nombre de
recommandations sur les moyens d'éviter, de réduire et de résoudre ces conflits.

Les conflits dans le secteur des pêches peuvent être regroupés comme suit:
- les conflits entre pêcheurs artisans;
- les conflits entre pêcheurs artisans et les administrations;
les conflits entre pêcheurs artisans et industriels.

Au sein du secteur de la pêche artisanale les causes des conflits incluent le libre accès
à la ressource, la concentration de différentes flottilles et le non respect de la
réglementation. Les principaux types de conflit entre pêche artisanale et industrielle
identifiés sont (i) la présence des deux secteurs dans des zones de pêche communes
et (ii) la compétition pour des ressources identiques.

11 a été souligné que les conflits ne sont pas seulement liés à la ressource mais
également à l'accès aux moyens de production (capital et travail) et aux marchés,
ainsi qu'aux problèmes avec l'administration des pêches.

Les participants à l'atelier ont reconnu qu'une quantification adéquate des conflits
dans les eaux d'Afriquede l'Ouest était presqu'impossíhle en raison de l'absence de
données.

Les participants ont observé que les artisans pêcheurs éprouvent souvent des
difficultés face aux pêcheurs industriels pour prouver la réalité des pertes subies en
raison de l'absence de tout enregistrement préalable de leurs pirogues et engins dc
pêche.

II a été noté que la pêche nocturne favorise les conflits entre pêcheurs artisans e.
industriels.

2 Section 1: Résumé des Discussions et Recommandatiom.


Les participants ont réparti les procédures de résolution des conflits en deux groupes
principaux: (i) les règlements à l'amiable et (ii) les procédures législatives et
d ' application.

Les participants ont encouragé l'idée d'un règlement à l'amiable des conflits,
procédure déjà assez répandue lorsqu'ils se produisent entre pêcheurs artisans.

En cc qui concerne la législation et SOfl application, les participants ont souligné la


nécessité d'un Système de Suivi, Contrôle et Surveillance (SCS) performant supporté
par les autres administrations appropriées dans le pays. Quoique l'expérience du
Sénégal dans ce domaine constitue un exemple positif pour les autres pays, il a été
noté qu'il est basé sur les particularités du secteur des pêches sénégalaises et ne peut
par conséquent être directement exportable.

Les participants ont unanimement reconnu que les implications socio-économiques de


ces conflits sont plus dommageables pour les pêcheurs artisans que pour les pêcheurs
industriels. Ils ont ensuite discuté des possibilités de mettre en place un fonds de
solidarité destiné à aider les victimes en attendant la décision de justice lorsqu'un
réglement à l'amiable n'a pu intervenir. Ce fonds devrait être alimenté par les
pêcheurs artisans, les armateurs et tout autre intervenant dans le secteur.

Sur la base des ohervations, les participants ont recommandé que:

l'accent soit mis sur les moyens de prévention des conflits plutôt que sur leur
résolution par des procédures judiciaires et autres voies de règlement

il soit conseillé aux pêcheurs artisans d'éviter de mouiller leurs filets sur le
passage des bateaux de commerce;

(e) l'Administration des pêches ou le secteur privé dispose d'un stock de bouées
lumineuses à vendre aux pêcheurs;

la création J 'un buds dc solidarité afin dc permettre aux pêcheurs artisans de


continuer leurs activités en attendant le règlement des conflits;

la priorité soit accordée au règlement des conflits à l'amiable au lieu dc


transmettre le dossier à la justice;

la législation soit adaptée aux conditions spécifiques des communautés de


pêcheurs;

la mise en place d'une Commission nationale des pêches pour le suivi et le


règlement des conflits;

la création, au plan sous-régional d'Unités de Suivi, de Contrôle et de


Surveillance (USCS) dotées de pouvoir de sanction rapide des fautifs;

Rapport Technique du DIPA N° 53 3


(i) le renforcement des activités des USCS pendant la nuit;

(i) l'intensification des études sur les conflits en vue de quantifier les implicatio s
socio-économiques dc ce phénomène;

(k) les zones interdites au chalutage soient balisées par l'Administration et que Is
amendes infligées soient dissuasives.

4 Section 1: Résumé des Discussions et Recommandatiis


SECTION 2

Etudes de Cas

Rapport Technique du DIPA N° 53 5


Conflits clans les Pêcheries Côtières
au Cameroun

Par

Djama Théodore
Station des Pêches cl de Recherche Océanographique.
343, Krihi, République du Cameroun

Introduction
La principale caractéristique des pêcheries marines est la coexistence entre petite;
pêcheries traditionnelles ou artisanales et grandes pêcheries commerciales OU industrielle;
(Panayotou, 1982). En raison des natures différentes des deux secteurs - la pêche
commerciale étant considérée comme un secteur où une grande priorité est accordée :;
l'efficacité économique et aux revenus d'exportations, et celle artisanale comme un secteu
où la préoccupation sociale (par exemple la nourriture et l'emploi) et économique sort
importants - ces pêcheries ont traditionnellement été étudiées séparément. Cependant, dan.
la réalité comme en théorie, il y a souvent des interactions entre elles, directement (pêch
dans des zones communes, ressources communes) ou indirectement (interactions spécifiques).
Ces interactions engendrent souvent des conflits qui ont été identifiés comme des freins a
développement des secteurs. L'étude de ces conflits (qui peuvent aussi surgir au sein d;
secteur de la pêche artisanale) est une condition sine qua non dans toute formulation d
politique de développement durable de ces pêcheries.

Le présent document porte sur l'étude des aspects socio-économiques des conflits a;
sein des pêcheries artisanales et également entre ces dernières et les pêcheries industrielle.
au Cameroun, avec un accent particulier sur le maintien des ressources biologiques, i.
performance économique et l'équité sociale.

Conflits au sein des pêcheries artisanales.


Les 70% de la production totale des pêches de l'Atlantique Centre-Est provient de 1;.
pêche artisanale. Par conséquent éviter les conflits contribuera à améliorer l'auto-suffisanc
alimentaire et l'emploi. Au Cameroun plus de 85% de la production annuelle estimée
100.000 tonnes par an provient de la pêche artisanale.

2.1 Les contraintes dans le secteur de la pêche artisanale.

La pêche artisanale au Cameroun est pratiquée par les nationaux et les étrangers q.
contribuent à la promotion de l'auto-suffisance alimentaire en protéines animales dans
pays. Le mode d'interaction entre ces communautés peut déterminer le bien-être soci;
présent et futur des Camerounais de la côte.

6 Section 2(a) Etude de Cas: Camerou.,


Les contraintes entre pêcheurs camerounais.

Traditionnellement, la pêche artisanale marine est pratiquée par les camerounais de


la côte. Les principales tribus concernées sont: les Yassa, Batanga, Babimbi, Douala et
Bakuerian. Ces tribus, sur le plan géographique, se répandent le long de la côte et sont peu
mobiles. Leurs zones de pêche sont restées les mêmes à tel point qu'on peut penser à des
droits territoriaux de pêche. Aucun cas, aucune preuve manifeste de conflits majeurs entre
ces groupes ethniques n'ont été rapportés. De même, à l'intérieur de chaque tribu, il y a des
règles traditionnelles de conduite qui régissent la communauté, et tout contrevenant est jugé
en conséquence. Cependant, les pêcheurs camerounais sont très individualistes, ce qui
constitue un frein à leur développement.

Coexistence entre pêcheurs étrangers et nationaux

Sur les 20.000 pêcheurs traditionnels au Cameroun, 80% sont des étrangers parmi
lesquels les Nigérians, les Béninois et les Ghanéens sont prédominants. Les Nigérians se sont
installés sur la côte camerounaise depuis le début des années 1930. Ils formaient des
communautés de tribus homogènes qui ont un grand respect pour la hiérarchie du groupe.
La plupart de leurs captures étaient fumées et vendues dans leur pays, ce qui constituait un
frein à la pérennisation de l'auto-suffisance alimentaire en protéine au Cameroun. Les
bénéfices qu'ils tiraient étaient utilisés pour acheter du matériel de pêche qui était moins cher
chez eux. Mais depuis 1982, avec la dévaluation de la monnaie locale nigériane et la
réduction du prix des matériels de pêche au Cameroun, la situation a changé à tel point que
les Nigérians vendent maintenant leurs captures et achètent leur matériel de pêche sur place.

Les Ghanéens et les Béninois se sont installés au début des années 70. Ils ont une
bonne expérience en matière de pêche de pélagiques à la senne tournante et coulissante, une
méthode de pêche qu'ils ont eu à introduire au Cameroun.

Considération socio-économiques de la coexistence dans le secteur de la pêche artisanale.

Le fait que des pêcheurs étrangers et nationaux cohabitent depuis si longtemps est très
révélateur de la non-existence de conflits majeurs entre eux. Les pêcheurs étrangers vivent
souvent paisiblement avec les communautés locales et sont quelque peu impliqués dans la vie
économique du pays, quand bien même il faudrait reconnaître qu'ils ne sont que très
rarement intégrés socialement et culturellement. C'est ce qui explique qu'ils soient parfois
les victimes des caprices de certains agents locaux.

En effet, la coexistence dans le secteur de la pêche artisanale de gens d'origines et


de tribus diverses luttant pour les mêmes ressources dans les mêmes zones de pêche, n'a pas
encore dégénéré en conflits très ouverts au Cameroun. C'est probablement en raison d'une
part, du fait que les communautés en migration permanente sont très organisées et respectent
des règles quant à la manière dont ils doivent se comporter dans la communauté d'accueil,
et d'autre part, du fait que l'hospitalité africaine est respectée par les pêcheurs nationaux.
Cependant, l'introduction de la pêche à la senne tournante et coulissante par les pêcheurs
étrangers dans le pays, reste une préoccupation majeure pour ce qui est de l'exploitation
durable des ressources pélagiques.

Rapport Technique du DIPA N° 53 7


3. Conflits entre pêches artisanale et industrielle.
La plupart des nombreux problèmes liès aux conflits entre pêches artisanale et
commerciale sont dus à la concurrence pour les mêmes zones de pêche (conflits physiques)
et / ou les ressources communes (conflits technologiques). Nous allons voir comment ces
conflits affectent le bien-être des artisans-pêcheurs.

3.1 Analyse des conflits physiques.

Les conflits physiques incluent la destruction des équipements causée par I' ingression
des chalutiers appartenant à des sociétés commerciales dans des zones de pêche traditionnelle.
L'ingression elle-même résulte de la concurrence pour les mêmes ressources et / ou les
mêmes zones de pêche.

Quelques observations sur le problème d'ingression.

La destruction des équipements de pêche artisanale par un chalutier transgressant la


zone limite des 2 milles (zone que la législation des pêches interdite aux engins trainants) peut
se produire à tout moment de la journée ou de la nuit. C'est facile lorsqu'il fait jour
d'identifier un chalutier de loin (numéro d'enregistrement et nom de la Société), mais lorsque
la destruction des filets se produit à l'aube, le soir ou la nuit c'est plus difficile. Cependant
l'identification du chalutier par le pêcheur-artisan n'est même pas importante puisque la
législation en vigueur ne reconnaît que les rapports d' officiers assermentés soit de la Marine
Marchande, la Marine Nationale ou de l'Administration chargée de la pêche. Et comme très
souvent ils ne sont pas présents lorsque les dommages sont causés, il est difficile de
considérer les preuves apportées par le seul pêcheur-artisan. De plus, même lorsque le rapport
est présenté par un officier assermenté, la législation des pêches en vigueur ne prévoit pas de
compensation pour le pêcheur artisan, mais plutôt l'amende doit être versée au trésor public.

Restrictions écologiques - Conflits entre pêche artisanale et industrielle.

La première raison qu'on pourrait avancer pour expliquer pourquoi les deux types de
pêche pratiquent la pêche cotière réside dans le fait qu'il y a une plus forte densité de poisson
dans les eaux tropicales peu profondes (Crosnier, 1964; Longhurst, 1969 et Robertson, 1977).
La deuxième raison qui justifie la prédilection pour la pêche cotière provient de la nature du
fond du plateau continental. En effet, l'existence d'une barrière corallienne fossile linéaire,
parallèle à la côte à la limite de la pente du plateau continental rend le chalutage difficile.

Contraintes économiques.

Un autre facteur important qui pourrait expliquer l'incursion est la capitalisation de


l'industrie de pêche. Concrètement, en raison de la modeste nature des ressources
halieutiques, les investissements dans de larges chalutiers se sont avérés non économiques.
En fait, presque tous les bateaux pour lesquels la pêche est rentable sont plutôt petits, jusqu'à
20 m et une puissance de 250 chevaux. Les plus grands bateaux qui ont des engins plus

8 Section 2(a) Etude de Cas: Cameroun


compliqués et des coûts de fonctionnement plus élevés ont généralement fait faillite et quitté
le secteur.

Considérations socio-écononi iq ues.

Du point de vue écologique et économique (voir paragraphe ci-dessus), il apparaît que


l'ingression n'est pas un acte délibéré pour nuire aux artisans-pêcheurs. Cependant, ses effets
leur sont préjudiciables, vu la destruction et / ou les pertes de leur équipement de pêche. Par
exemple des enquêtes de terrain menées à Limbe (1983) et à Kribi (1988) ont révélé
qu'environ 70% et 55 % respectivement des artisans-pêcheurs se sont plaints de la destruction
de leur équipement par la pêche industrielle.Les 13 plaintes enregistrées par l'administration
des pêches dans les principales zones de pêche de 1986 à 1990 n'ont reçu aucune attention
de la part des autorités chargées du secteur. La conséquence de cette situation c'est que la
pêche commerciale est devenue un frein au développement de la pêche artisanale. En effet,
un filet maillant calé (Djama et al., 1990) de 900 m de long coûte environ 614 US D et une
pirogue de 7 m 227 à 364 US D. Ce qui veut dire qu'un minimum de 909 US D est
nécessaire pour couvrir les coûts d'investissement ou pour entrer dans la pêche artisanale non-
mécanisée. Le prix est multiplié par deux dans le cas de la pêche artisanale mécanisée, c'est
à dire 1800 US D. Certaines évaluations des coûts des pertes de la pêche artisanale indiquent
des valeurs de 200 000 US D. par an (Djama et al; 1990). Pour un secteur touché par la
crise, ce montant est énorme, ce qui constitue une menace pour le bien-être social de
nombreux pêcheurs.

Une caractéristique importante de la pêche artisanale au Cameroun est que c'est une
activité éternelle, c'est la vie des camerounais de la côte. Qu'ils attrapent du poisson ou pas,
ils iront pêcher de toute façon puisque cela fait partie de leur vie. Au cas où il n'y aurait pas
de poissons en mer, ils deviendraient de plus en plus pauvres. C'est pour cette raison que la
situation des ressources océaniques devra être améliorée afin que le mode de vie traditionnel
puisse être maintenu.

Vers la résolution des incursions

Les conflits physiques entre les pêcheries artisanale et commerciale sont dus
essentiellement à l'occupation des zones de pêche traditionnelle par la pêche industrielle. Il
se pose alors le problème des droits territoriaux de pêche. En effet le problème de droits de
propriété ou de Droits territoriaux d'utilisation dans les pêcheries (TURFs) reste un épineux
problème en économie des ressources (Furubotn et Peorich. 1974; Scott et Johnson 1985).
Linstitutionalisation ainsi que l'acceptation légale des TURFs se justifient de deux manières
(Christy, 19982): (1) les revenus perdus dans le cas du libre accès peuvent être récupérés,
(2) le contrôle de la communauté sur ces droits d'utilisaìo ri. les avenus genérés peuvent
fournir les moyens permettant d'améliorer le bien-être des communautés de pêche. Anton
(1987) a suggéré que, étant donné que les pêcheurs côtiers sont généralement impuissants dans
le domaine socio-économique, le système de droit de pêche protège avant tout les pêcheries
côtières contre la concurrence des pêcheries de technologie avancée.

De ce qu'il précède, il ressort qu'il est souhaitable qu'ils soient propriétaires d'une
partie du territoire marin où ils peuvent se consacrer paisiblement à leurs activités. Comme

Rapport Technique du DIPA N° 53 9


il est suggéré dans la législation en vigueur, ils devront pêcher dans la zone 2 milles. Les
nurseries de poissons actuellement exploitées par les pêcheries commerciales seront ainsi
protégées, de même que les ressources.

3.2 Analyse des interactions technologiques

Les conflits entre la pêche artisanale et commerciale ne se limitent pas seulement aux
dommages causés par les chalutiers aux équipement des artisanspêchcurs. La concurrence
pour les stocks de poissons - et dans ce domaine les bateaux mécanisés ont une technologie
dc capture supérieure est une autre source de conflit si l'on considère l'équité sociale entre
les deux secteurs (distribution équitable des ressources).

Technologie des équipements et exploitation du poisson.

Traditionnellement, c'est l'âge du poisson à la première capture et le niveau de


mortalité dans la pêche qui déterminent la stratégie de l'exploitation maximale. (Beverton et
Holt, 1957). C'est donc dire que la technologie des équipements qui détermine la structure
et l'âge des captures peut jouer un rôle essentiel dans le développement présent et futur des
pêcheries. La pêche commerciale utilise des chaluts qui se sont révélés dévastateurs pour les
jeunes poissons ( Taille de la maille tendue 30 - 40 mm) tandis que la pêche artisanale utilise
des filets maillants, très sélectifs pour les jeunes poissons (taille de la maille tendue 4-7 cm).

Effets de la politique de capture selon l'âge.

La pêche commerciale pêche des poissons de la classe d'âge relatif 1, 2 tandis que la
pêche artisanale pêche ceux de la classe d'âge 2 et 3. La classe d'âge 1 (23 cm de long) est
constituée de poisson immature. Si la pêche industrielle se conformait à la politique dc capture
selon l'âge, la production de la pêche artisanale serait augmentée de 90% et son revenu de
79% (Djama, 1992).

Options de gestion applicables aux conflits physiques et technologiques.

La solution au problème des conflits physiques et technologiques serait de réserver une


zone exclusive de 2 milles à partir de la côte aux artisans-pêcheurs (législation des pêches en
vigueur). Cette attribution a des avantages sociaux, biologiques et économiques. L'avantage
social le plus important du droit de propriété conféré aux artisans-pêcheurs est qu'ils seront
contents de cette ré-acquisition qu'ils considèrent comme un héritage traditionnel. Ainsi les
valeurs socio-culturelles inhérentes à la pratique de la pêche artisanale pourront être
maintenues.

L'avantage biologique, c'est la diminution de la pression excessive qu'exerce la pêche


industrielle sur les pépinières de poissons et par conséquent la diminution des captures de
poisson de classe d'âge 1 d'autant que ces poissons se trouvent dans des eaux profondes. Le
développement de la surexploitation sera évitée. L'avantage économique c'est qu'avec la
diminution des captures des poissons de classe d'âge 1, les deux pêcheries verront leurs
revenus s'accroître.

IO Section 2(a) Etude de Cas: Cameroun


4. Recommandations
Une application effective des droits territoriaux «utilisation passe par la réorganisation
de l'Administration des Pêches et l'amélioration de la législation des pêches en vigueur. En
ce qui concerne I'Administrationdes Pêches, l'accent doit être mis surie rôle d'appui qui est
celui des Autorités Maritimes et Portuaires dans le contrôle en mer des bateaux étrangers et
nationaux qui transgressent les frontières établies. Quant à la révision de la législation des
pêches en vigueur, il est nécessaire d'apporter un changement de fond au problème des
conflits. En fait, la législation en vigueur condamne ceux qui ne respectent pas la loi à payer
des amendes. Cet argent est versé au trésor public (comme nous l'avons dit plus haut) mais
les victimes ne recoivent aucun dédomagement. Une solution possible serait d'avoir une
double amende pour infraction, l'une pour le non - respect de la loi et l'autre pour la
compensation des dommages causés, ce dernier visant à protéger les intérêts des pêcheurs.
D'autre part, la pêche des pélagiques à la senne tournante devrait être rigoureusement
contrôlée afin d'empêcher la surexploitation des ressources marines. A ce niveau, la
recherche devra jouer son rôle traditionnel de conseiller de l'Administration des Pêches.

A l'intérieur du secteur de la pêche artisanale, les artisans-pêcheurs doivent être


encouragés à se regrouper en petites coopératives. Le projet DIPA peut, ici, jouer un rôle
important en aidant les artisans-pêcheurs à s'organiser en grandes unités de production
appelées coopératives. Les bénéfices de ces associations serviraient les intérêts de la
communauté toute entière.

Rapport Technique du DIPA N° 53 11


5. References.
Anton, 1987. Indo-Pacific Fishery Commission, Papers presented at the Symposium on the
exposium on the exploitation and Management of Marine Fishery Resources
in South-East Asia. FAO, 552p.

Beverton, R. J. H. ,and S. J. Holt, 1957. On the dynamics of exploited fish


populations. Fish. Invest. Minist. Agric. Fish. Food. G. B. (2 Sea fish), n°.
19: 533p.

Christy, F. T., 1982 territorial Use Rights in Marine Fisheries: Definitions and
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Christy, F. T. JR., 1987. Experiences in dealing with problems of excess fishing effort
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Grosnier, A., 1964. Fonds de pêches le long des côtes de la République Fédérale du
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Djama, T. , L. Nkumbe and F. Ikome, 1990. Catch assessment of Sardinella marderensis


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Djama, T. , 1992. Interactions between the artisanal and the industrial fisheries of
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Furubotn, E. G., and S. Pejovich, 1974. The economics of property Rights. Cambridge,
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Longhurst, A. R., 1969. Species assemblages in Tropical demersal fisheries. in,


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NS. 67/D. 60/Af: l4.7-l68p.

Panayotou, T., 1982. Management concepts for small-scale fisheries: economic and social
aspects. FAO, Fish. Tech. Pap. , n°. 228: 53p

Robertson, I. J. B., 1977. Summary report: Fiolent 1976 Eastern Central Atlantic coastal
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Scott, A., and J. Johnson, 1985. 'Property Rights: Developing the Characteristics of
interests in Natural Resources Economics, cd. A. Scott. Oxford: Clarendon
Press.

12 Secticn 2(a) Etude dc Cas: Cameroun


Conflits dans les Pêcheries Côtières
en Côte d-Ivoire

Par

Mamadou Doumbia
Ingénieur Halieute
Sous-Directeur des Pêches

1. Introduction
Les ressources maritimes de la Côte d'Ivoire sont assez limitées en raison
essentiellement de l'étroitesse du plateau continental (550 km de long, 27 km de large) et de
la faiblesse des phénomènes d'upwelling.

Le plateau continental ivoirien s'étend en effet sur 12 milles marins à partir de la côte
au Cap des palmes sur 19 milles en face de Sassandra, sur 10 milles en face d'Abidjan et sur
15 milles à la frontière du Ghana (voir fig. 1 en annexe).

Il se décompose en "fonds doux aptes au chalutage et en 'fonds durs plus rocheux


surtout abondants dans sa partie occidentale.

Les principales ressources maritimes exploitées par la pêche sont constituées «espèces
pélagiques (ou de surface) et d'espèces démersales (ou de fond).

Les espèces pélagiques comprennent les sardinelles (plates et surtout rondes) les
fritures et accessoirement les maquereaux, anchois, chinchard etc....

L'état de ces ressources ne semble pas connaître de pertubations particulières compte


tenu de la relative stabilité de l'effort de pêche.

Les espèces demersales des "fonds doux" sont constituées grosso modo de deux
importantes communautés: la communauté des scianidés (ombrines, carpes, capitaines) qui
vit à des profondeurs comprises entre O et 50 mères et la communauté des sparidés (daurade,
pageot) qui vit à des profondeurs comprises entre 50 et 120 mètres.

Les espèces démersales des 'fonds durs" dites ressources lithophiles, comprennent les
carpes rouges. les pageots. daurades et merous, abondants dans l'ouest du plateau
continental.

Enfin il y a les espèces du talus et de la pente continentale (120 à 1.000 mètres)


constituées de crabes, de requins, etc....

Rapport Technique du DIPA N° 53 13


L'état d'exploitation de ces ressources démersales indiquerait une surexploitation des
espèces des fonds doux situées entre 0 et 50 mètres de profondeur et une sous-exploitation
par contre des espèces des strates de 50 à 120 mètres et des espèces lithophiles. 11 en serait
de même des ressources du talus et de la pente du plateau continental.

Au niveau de la pêche, l'exploitation des ressources est assurée par diverses unités
de pêche réparties entre le plateau continental et la Zone Economique Exclusive (Z.E.E).

Le plateau continental est le domaine privilégié des armements nationaux dont les
unités de pêche sont assez vétustes et mal équipées pour effectuer des pêches lointaines, plus
au large.

La pêche industrielle est le fait de 20 sardiniers de 15 à 30 mètres, 17 chalutiers de


20 à 28 mètres et 4 crevettiers congélateurs de 25 à 28 mètres, Elles contribue pour environ
65% de la production totale de la pêche maritime estimée à 50 - 65.000 tonnes par an.

La pêche artisanale concerne une population d'environ 10.000 pêcheurs qui utilisent
des techniques et engins de pêche visant les mêmes ressources (pélagiques et démersales)
exploitées par la pêche industrielle.

On y dénombre au moins 2.000 embarcations motorisées pour la plupart, 500 sennes


tournantes coulissantes, 80 sennes de plage, plus de 2.000 lignes et plus de 7.000 filets
maillants de différents types.

L'apport de la pêche artisanale représente grosso modo 35% de la production totale


de la pêche maritime, ce qui est appréciable.

Les flottilles étrangères opèrent dans la Zone Economique Exclusive, la plupart sous
licence de pêche (cas des navires de la Communauté européenne) et sont peu voire nullement
concurrencées par les armements nationaux sur l'exploitation des ressources de cette zone
(thonidés, céphalopodes, crabes profonds).

2. Les conflits de pêche - nature et origines


Natue des conflits

Les conflits de pêche concernent les armements nationaux dans la zone du plateau
continental et opposent pêcheurs artisans aux unités de pêche industrielle en particulier les
unités de pêche chalutière.

De 1988 à 1993 une quinzaine d'incidents ont été enregistrés par les services des
pêches dont 90% occasionnés par les seuls chalutiers. Ce chiffre officiel pourrait bien être
en-deçà de la réalité compte tenu des cas isolés, pour lesquels les pêcheurs artisans victimes,
par crainte (situation de clandestins) ou par résignation, renoncent à porter plainte auprès des
Autorités administratives compétentes.

14 Section 2(h) Etude dc Cas: Côte d'ivoire


CONFLITS DE PECHE DECLARES

ANNEES NOMBRE DE ORIGINES ENGINS


CONFLITS DETRUITS
CHALUTIERS SARDINIERS
1988 5 4 1 Filets mai11 ants

1989 3 3 - Filets maillants


1990 3 2 i Sennes tournantes
filets maillants
1991 3 3 Filets maillants
1992 1 1 - Sennes tournantes
1993 2 2 - Filets niaillants
Total déclaré 17 15 2

Les causes de ces conflits Sont liées à l'exploitation des mêmes ressources (pélagiques
et démersales) certes mais surtout et principalement à la mauvaise pratique de pêche opérée
par les navìres chalutiers.

Des dispositions règlementaires précisent clairement en effet:

que "le chalutage est interdit le long du littoral à l'intérieur du premier mille, réservé
à la pêche artisanale, sous peine de sanctions pour les contrevenants prévoyant une
amende de 36.000 F CFA à 360.000F CFA et un emprisonnement de onze jours à
six mois' (articles 1 et 3 de l'arrêté N°31/MPA/DPML du 16 septembre 1983).

que "les pêcheurs artisans utilisant des engins calés ou flottants sont tenus de les
baliser par des bouées à perche et à pavillon battant à deux mètres au-dessus des
niveaux des eaux et que les navires et autres embarcations en pêche ou de passage
sont tenus de s'éloigner des engins ainsi balisés; les contrevenants à ces dispositions
sont punis d'une amende de 36.000 à 360.000 F CFA et d'un emprisonnement de
onze jours à trois mois' (Article 1, 3 et 4 de l'arrêté N°30/MPA/DPML du 16
septembre 1983).

En dépit de ces dispositions réglementaires, les navires chalutiers n'hésitent pas à


pénérrer clandestinement dans le premier mille et provoquent au cours de leurs opérations
d'énormes dégâts aux engins de pêche posés par les pêcheurs artisans générant ainsi des
litiges avec ces derniers.

La propension des chalutiers à opérer dans la zone interdite du premier mille peut
s'expliquer par des raisons liées à la vétusté de ces navires, à la qualification moyenne des
équipages et sans doute aussi à l'absence de moyens de contrôle et de surveillance des zones
de pêche.

Rapport Technique du DIPA N° 53 15


La vétusté des navires

La flottille chalutière ivoirienne est composée d'unités en majorité vétustes: 12


bateaux sur 17 (soit 65%) ont plus de 20 ans d'âge. Cela se traduit par une forte
consommation de carburant (estimée à 20% des charges d'exploitation des petites unités et
40% pour les plus grosses) que les patrons dc pêche s'évertuent à limiter en chalutant à faible
profondeur tout près de la côte, d'où une forte proportion de petits poissons dans les captures
et des conflits sporadiques avec les pêcheurs artisans.

La qualification moyenne des équipages

Les équipages des navires ne sont pas en effet suffisamment qualifiés pour pêcher
dans les zones potentiellement productives mais à risque que sont l'ouest du plateau
continental abondant en affleurements rocheux et les strates profondes de 50 à 120 mètres
qui impliquent des opérations plus délicates. Ils préfèrent donc demeurer sur les fonds
meubles et peu profonds (0 à 50 mètres) du plateau continental pour exercer la pêche d'où
une concurrence avec les petits pêcheurs artisans,

L'absence de moyens de contrôle et de surveillances des zones de pêche

Le contrôle et la surveillance des zones de pêche ne sont pas encore véritablement


assurés en Côte d'ivoire faute de moyens appropriés et surtout faute d'une politique
gouvernementale affirmée dans ce domaine. Cette situation encourage bien évidemment
certains navires dont les chalutiers à commettre des actes répréhensibles tels que la violation
des zones de pêche interdites, l'utilisation également de petites mailles pour la pêche, etc....

3. Procédures de règlement des conflits


Le règlement des conflits générés par les chalutiers dans la zone du premier mille
n'est pas toujours aisé compte tenu du fait que la cause du conflit (destruction des engins de
pêche des pêcheurs artisans) a lieu eri mer, en présence d'aucun témoin sauf les deux parties
en conflit.

L'administration appelée à régler le différend est donc confrontée au problème de la


véracité des faits et de la bonne foi des plaignants. Elle doit apprécier les faits d'après les
rapports présentés par les 2 parties en conflit: l'un, celui du pêcheur victime, qui accuse avec
à l'appui comme preuves un morceau du filet détruit et les références du bateau incriminé,
le lieu et l'heure approximative de l'incident; l'autre, celui du patron de pêche du navire de
pêche incriminé, qui peut reconnaître ou rejeter les faits qui lui sont reprochés.

Deux voies de règlement peuvent donc être envisagées:

la procédure judiciaire normale qui forcément peut durer longtemps si des preuves
suffisantes démontrant la culpabilité du navire ne sont pas clairement établies;

16 Section 2(h) Etude de Cas: Côte d'ivoire


la procédure de règlement i l'amiable qui fait appel au bon sens des parties en
présence et surtout à la compréhension de l'armateur propriétaire du navire incriminé.

En Côte d'Ivoire, l'Administration des Pêches a toujours préféré la procédure de


règlement à l'amiable pour permettre un dédommagement rapide du pêcheur artisan.

Aujourd'hui cette administration a de plus en plus de difficultés à résoudre ces conflits


compie tenu de la mauvaise volonté manifestée par les armateurs propriétaires des navires
mis en cause et qui préfèrent s'en tenir aux rapports naturellement complaisants de leurs
patrons de pêche.

Aussi, de nouvelles dispositions sont-elles envisagées par l'administration visant entre


autres à freiner l'intensification de ces conflits préjudiciables aussi bien aux pêcheurs artisans
qu'au stock de ressources halieutiques par le fait de la destruction des juvéniles dans le
premier mille.

4. Les dispositions envisagées pour limiter les conflits de pêche côtière


Plusieurs mesures sont actuellement envisagées en Côte d'Ivoire par les
administrations chargées des pêches pour prévenir d'une part les conflits occasionnés par les
chalutiers dans la zone du premier mille et pour assurer d'autre part une meilleure protection
des zones de pêche.

Elles concernent principalement:

Le renforcement des dispositions réglementaires en vigueur notamment:

l'extension de la zone d'interdiction de chalutage à 2 milles des côtes qui présenterait


selon le Centre de Recherches Océanologiques (C.R.O.) le double avantage
d'augmenter la zone réservée à la pêche artisanale en préservant l'essentiel de la
ressource de la pêche industrielle et de relâcher un peu la pression exercée sur le
stock des petits poissons dominants dans cette zone (qui englobe des fonds de O à 30
mètres) et moins menacé dans ces conditions par une exploitation de type uniquement
artisanal;

la mise en place de mesures plus dissuasives à l'égard des contrevenants consistant


au retrait temporaire de la licence de pêche et/ou de l'autorisation de ravitaillement
en carburant détaxé du navire incriminé jusqu'à réparation complète des dommages
causés.

La sensibilisation des armateurs, patrons de pêche et équipages sur l'intérêt biologique


et économique de la zone du premier mille pour la survie de la pêche.

Rapport Technique du DIPA N° 53 17


L'encouragement à la modernisation de la flottille de pêche industrielle pour qu'elle
ait accès à de nouvelles zones de pêche lointaines (le projet de création d'un Fonds de
Développement de la pêche actuellement à l'étude pourrait être d'un concours appréciable
à cet effet).

L'encouragement à la formation efficace des équipages pour permettre une


exploitation des zones de pêche jusque-là sous-exploitées notamment les strates de 50 à 120
mètres et la partie ouest du plateau continental.

Enfin le renforcement des mesures de contrôle et de surveillance de la pêche grâce


à la présence d'un "service de garde-côtes" dont la création fait l'objet d'un projet qui
pourrait débuter dans les prochains mois grâce à une assistance financière américaine.

Ce service de gardes-côtes conçu comme une structure autonome disposera


d'équipements adéquats et performants comprenant:

des stations d'écoute côtière-radio ou sémaphores pour faciliter les communications


le long des côtes ivoiriennes entre les opérations en mer et les moyens d'assistance
et de secours disponibles à terre;
- des vedettes rapides;
- des aéroglisseurs;
- éventuellement un avion à version maritime.

Nul doute que le démarrage effectif de ce projet permettra d'assurer un contrôle


efficace et plus régulier des zones de pêche et obligera progressivement les navires de pêche
à plus de discipline à l'égard des dispositions réglementaires en vigueur.

5. Conclusions et recommandations

Les conflits de pêche côtière connus en Côte d'Ivoire peuvent être considérés comme
des conflits localisés qui opposent de façon sporadique des pêcheurs artisans à des unités de
pêche industrielle notamment les chalutiers dans la zone du 1er mille reservée à la pêche
artisanale.

Le phénomène semble relativement de moindre importance au vu des statistiques


officielles disponibles (une quinzaine de cas).

Cependant les effets socio-économiques immédiats ou encourus à moyen ou long


terme demeurent naturellement évidents à savoir:

pour les pêcheurs: préjudices moraux et financiers liés à la destruction partielle ou


totale de leur matériel de pêche;

- pour l'activité pêche: menace dc destruction progressive des stocks et donc


d'extinction des ressources par suite du chalutage intensif sur les petits fonds;

18 Section 2(b) Etude de Cas: Côte d'Ivoire


- pour les sociétés d'armements: baisse progressive des rendements des navires et
risque de faillite;

- pour l'Etat: risque de déséquilibre de la balance commerciale de la pêche du fait de


la réduction de la part de la production nationale en faveur des importations;
accroissement du chômage.

Quoiqu'elle soit de dimension encore réduite en Côte d'ivoire, la Situation des conflits
de pêche côtière interpelle les administrations de pêche et au-delà les gouvernements.

Elle implique pour les Gouvernements une réelle volonté qui permette:

- la mise en place de réglementation complète et appropriée pour la pêche prenant en


compte ces conflits;

- l'application effective des dispositions de cette réglementation;

l'octroi de moyens suffisants pour le suivi, le contrôle et la surveillance de la pêche;

enfin, l'intégration suffisante des professionnels (pêcheurs, patrons de pêche,


armateurs) dans la conduite des politiques de gestion des ressources grâce à des
campagnes d'éducation, de formation, d'information et de sensibilisation à la chose
de la pêche.

Le DIPA pour sa part pourait contribuer à la réalisation de certaines de ces actions


dévolues aux Gouvernements en apportant son appui soit sous la forme d'une assistance aux
pays pour la rédaction des textes législatifs en matière de pêche soit sous la forme
d'organisations de voyages d'études spécifiques dans les pays qui auraient une certaine
expérience dans le domaine de résolution de ces conflits de pêche où dans le domaine tout
court de contrôle et de surveillance des pêches.

Rapport Technique du DIPA N° 53 19


Conflits dans les Pêcheries Côtières
au Sénégal

Par

Moustapha KEBE
Economiste CRODT/ISRA, Dakar, Sénégal

&

Cdt Makane Diouf NDIAYE


Directeur projet PSPS, Dakar, Sénégal.

i Introduction
La pêche maritime sénégalaise est devenue depuis quelques années le premier secteur
de l'économie nationale, devant l'arachide (pénalisée par la sécheresse) et le phosphate
(affecté par le choc pétrolier). Ainsi, elle débarque plus de 300.000 tonnes par an pour un
chiffre d'affaires de près de 60 milliards de CFA. Ce secteur a connu une croissance certaine
au cours de la dernière décennie. Sa contribution au produit intérieur brut (FIB) du secteur
primaire est estimée à 11 % en 1988, soit 35 milliards de FCFA contre 12,7 milliards de
FCFA en 1980.

Cette croissance tient bien sûr à l'existence des conditions naturelles propices à ces
activités (phénomène d'upwelling) mais également à une politique volontariste de
développement ainsi qu'à un dynamisme certain du sous-secteur artisanal (Kébé et Samba,
1993).

Le système des pêches sénégalaises est caractérisé par une très grande complexité. En
effet, les pêcheries sont séquentielles, multispécifiques, pluri-engins et multi-flottilles. On
peut distinguer cinq grands groupes de stocks halieutiques: (i) les pélagiques côtiers
(sardinelles, chinchards, maquereaux, petits thoniers côtiers, istiophoridés), (ii) les démersaux
côtiers (poissons de fond, crustacés, mollusques), (iii) les pélagiques hauturiers, (iv) les
démersaux profonds et (y) les espèces estuariennes. Chacun d'eux correspond à une unité soit
géographique. soit biologique bien nette et est souvent liée à un système «exploitation
particulier (artisanal, industriel) possédant ses propres contraintes d'ordre biologique, social
et économique.

Les ressources démersales et pélagiques côtières sont exploitées à la fois par les unités
de pêche artisanale, les chalutiers et les sardiniers. Ces différentes pêcheries se côtoient ainsi
dans le temps et dans l'espace avec des moyens et des stratégies différents, et développent
entre elles des relations de concurrence (compétition) et de complémentarité (coopération).

Rapport Technique du DIPA N° 53 21


La flottille chalutière es:
compoSée de bateaux basés au port dc
Dakar (132 congélateurs et glaciers en
1990) qui y débarquent leurs captures
soit partiellement soit en totalité
(47.0001), et des chalutiers étrangers.

La pêche sardinière dakaroise


GRANDE COTE connaît une crise depuis 1985. L'effectif
actuellement en activité est de 9 unités
débarquant près de 18.000t.

Assurant les 2/3 des mises à terre


totales (250.000 tonnes par an), la pêche
artisanale maritime représente
actuellement le sous-secteur le plus
important. C'est une activité pratiquée
par une population de 35.000 pêcheurs
traditionnellement tournés vers la mer et
opérant à bord de 4.500 pirogues dans
plus de 200 centres de pêche répartis su
700 km de côtes (fig. 1). Cette
population de pêcheurs appartient à troL
principaux groupes ethniques: les léhoi
du Cap-Vert et de la Petite Côte, 1e
sérère-nyominka des lles du Saloum e
les wolof de Guet-Ndar (Saint-Louis)
On note une extrême diversité de:
engins de pêche et combinaisons de
moyens de production mis en oeuvre.
Ainsi, plus de 20 métiers sont pratiqués
suivant des stratégies qui varient à court
et à moyen termes en fonction dc
facteurs biologiques, sociaux e:
économiques.

La pêche artisanale a connu au


cours de ces dernières années une
évolution rapide liée aux différente
Figure 1. Les grandes zones de pêche du plateau innovations technologiques. Lt
continental sénégalais. (Source CRODT/ISRA) motorisation des pirogues, démarrée
dans les années 50, a eu un impact
considérable tant du point de vue technique qu'économique. Elle a permis une extension des
zones de pêche, une diminution des temps de route et un agrandissement de la pirogue pour
y adapter la senne tournante et coulissante en 1972 puis les caisses à glace (pirogues
glacières) à partir de 1976. Elle a également engendré un développement des migrations de
longue distance et une modification du capital mis en oeuvre (Kéhé, 1993).

22 Section 2(c) Etude de Cas: Sénéga


Ce dynamisme du sous-secteur est à l'origine de la fréquence et de l'importance des
conflits non seulement avec la pêche industrielle mais également à l'intérieur de la pêche
artisanale. Ils opposent les pêcheurs artisans travaillant avec des engins mobiles à ceux
opérant avec des engins fixes dans les mêmes zones de pêche. Des conflits existent également
entre les pêcheurs et les autres acteurs de la filière pêche artisanale, notamment les
mareyeurs (Kehe, 1985; Chahoud et Kehe, 1989).

2. Typologie des conflits

Les conflits naissent lorsque l'action d'une des pêcheries entrave celle de l'autre au
point de la rendre moins efficiente (Diallo, 1993). La compétition est directe quand les
pêcheries visent les mêmes stocks. Si l'interaction se situe ailleurs qu'au niveau de la
ressource, la concurrence est indirecte. Dans ce cas, plusieurs origines potentielles peuvent
être dégagées en rapport avec l'espace géographique, les marchés et les facteurs de
production (capital et force de travail).

2.1 Conflits au niveau de l'espace: violation de la réglementation

Les unités de pêche qui opèrent dans les mêmes secteurs sont potentiellement en
compétition pour l'espace lorsque leurs activités s'exercent en même temps. Les conflits
survenant entre pêcheurs artisans et industriels se situent généralement au niveau de la
violation de la réglementation en vigueur par les bateaux industriels.

Au Sénégal, la pêche maritime est régie par des dispositions réglementaires et


législatives contenues dans le Code de la pêche maritime et ses décrets d'application (loi
87.27 du 18 août 1987).

Une licence de pêche est délivrée à tout bateau autorisé à pêcher dans les eaux sous
juridiction sénégalaise. Sauf dispositions particulières, la pêche industrielle est interdite dans
la zone des 6 milles marins, zone côtière protégée (nurseries et reproduction), tandis que la
pêche artisanale n'est astreinte à aucune limite spatiale légale.

Des bateaux avec licence de pêche opèrent régulièrement dans des secteurs de pêche
interdits. Certains violent la réglementation en vigueur en matière d'engins de pêche en
travaillant avec un maillage trop petit. L'empiétement de zone (passage ou pêche) est à
l'origine des interactions spatiales avec les pêcheries artisanales.

2.2 Conflits directs: exploitation commune de stocks

Les stocks pélagiques côtiers sont exploités aussi bien par les pirogues pêchant à la
senne tournante, au filet maillant encerclant, à la senne de plage, à la ligne que par les
sardiniers. Les pirogues pêchant au filet maillant encerclant, à la ligne, au casier et les
chalutiers (basés ou non à Dakar) s'intéressent aux stocks démersaux côtiers.

Rapport Technique du DIPA N° 53 23


Les pêcheurs artisans, disposant d'une autonomie plus grande avec l'utilisation dc
moteurs puissants et de pirogues glacières, vont exploiter des zones de pêche de plus en plus
éloignées (au delà de la zone réservée) qui étaient jusque là fréquentées par les chalutiers.

Les situations conflictuelles se rencontrent dans les zones à forte concentration de


l'effort de pêche. Une analyse de l'importance relative des flottilles artisanale et industrielle
opérant dans chaque zone donne une idée de l'ampleur des conflits

Zone nord ou Grande Côte

Cette zone est située entre Dakar et la frontière sénégalo-mauritanienne. Elle est
fréquentée par les chalutiers crevettiers et poissonniers basés à Dakar qui y concentrent 19%
de leur effort de pêche (exprimé en nombre de jours de marée) (fig. 2). Avec 2 centres de
débarquement importants (Kayar et Saint-Louis), la pêche artisanale est pratiquée par plus de
1.000 pirogues

Figure 2. Effort de pêche exprimé co me nombre de jours de marée dans les différentes zones

24 Section 2(c) Etude de Cas: Sénégal


Entre 1991 et 1993, le nombre de conflits déclarés est passé de 12 à 40 (fig. 3). Ceci
ne représente en fait que 30 à 40% de l'ensemble des conflits. Pour l'année 1992, on notera
que 18% des conflits ont lieu dans la zone nord, principalement au large de Lompoul et de
Fass-Boye. Ils ont opposé surtout les chalutiers et les unités de pêche artisanale utilisant des
filets dormants.

Zone cent re
30 -

25

20

15

10

1991 1992 1993

Figure 3. Evolution des cas de conflits déclares entre chalutiers et pirogues scion la zone.

Du fait des migrations de poissons et de la difficulté du passage de la barre à certaines


périodes, la pêche est saisonnière dans cette zone. Les pêcheurs saint-louisiens, qui ont fait
des migrations une composante essentielle de leur mode de vie, se déplacent toute l'année sur
le littoral sénégalais. C'est ainsi qu'ils se retrouvent nombreux à Kayar pendant la campagne
de pêche, en saison froide (de décembre à mai). En avril 1993, le CRODT y a dénombré 488
unités saint-louisiennes, représentant 57% du parc en activité. Depuis 1985, on assiste à un
conflit chronique entre ces pêcheurs migrants pratiquant le filet dormant à sole et les
sédentaires travaillant à la ligne (CRODT, 1985). Les difficultés de cohabitation entre les deux
communautés de pêcheurs remontent à plusieurs décennies (1953 pour le moins, divers
documents témoignent) et s'expliquent surtout par deux conceptions différentes de la notion
d'accès aux ressources halieutiques. Les saint-louisiens qui sont des pêcheurs exclusifs
considèrent le libre accès à la mer comme un droit inaliénable et une condition vitale à la
survie de leur mode d'organisation socio-économique. Par contre, les kayarois qui sont pour
la plupart des pêcheurs-agriculteurs considèrent la zone de pêche de leur village comme le
prolongement de leur terroir et donc comme leur bien exclusif qu'ils n'exploitent que
saisonnièrement.

Rapport Technique du DIPA N° 53 25


Zone centre ou Petite Côte

La saison de pêche est permanente dans cette zone, située entre Dakar et la frontière
nord gambienne. C'est ce qui explique la forte présence des flottilles chalutière et piroguière,
caractérisées par une diversité et une grande mobilité. Les chalutiers y concentrent plus de
50% de leur effort. La pêche artisanale est également très active avec 2.500 à 3.000 unités
(70% du parc total), Mhour, Joal et Hann constituant les principaux centres de
débarquement.

L'importance relative des différentes pêcheries traduit l'ampleur des conflits. En effet
le nombre de conflits déclarés entre chalutiers et pirogues dans la zone centre (surtout à Joal)
est passé de 11 en 1991 à 30 en 1993 (fig. 3). L'essentiel des conflits entre pêcheries a lieu
dans ce secteur: 92% en 1991, 50% en 1992 et 75% en 1993. Ce sont surtout les unités
ciblant les espèces démersales qui sont concernées (filets dormants, lignes, casiers et
palangres). Les unités de pêche à la senne tournante et au filet maillant encerclant en activité
dans la zone entrent en compétition indirecte avec les chalutiers poissonniers.

Des confrontations régulières ont lieu d'une part entre les utilisateurs de filets
dormants ou des casiers, et d'autre part les pêcheurs pratiquant le filet maillant dérivant de
fond (yolale) ou le filet maillant encerclant ou la senne tournante (Bakhayokho et aL, 1986;
Bakhayokho, 1990).

Zone sud ou Casamance

Les chalutiers concentrent plus de 50 % de leur effort de pêche dans cette zone,
comprise entre la frontière gambienne et la frontière sud du Sénégal (fig. 2). Pendant la
morte saison de pêche à la crevette, de juillet à septembre, certains crevettiers opérant dans
la zone nord, se déploient vers le stock de crevettes situé au sud. Du fait de la proximité de
la Gambie et de la Guinée Bissau, les violations de la réglementation en vigueur par des
bateaux étrangers sont fréquentes dans ce secteur. Dès lors, les conflits entre pêches
artisanale et industrielle y sont importants même si le nombre de pirogues opérant dans cette
zone est réduit (entre 3 et 6% du parc piroguier selon les saisons). Les 9 cas de conflits
observés (32% du total en 1992 et 15% en 1993) ont opposé chalutiers crevettiers et pirogues
pêchant aux filets maillants dormant et dérivant de surface (félé-félé).

La pêche crevettière artisanale en Casamance a toujours été conflictuelle. La nature


des conflits a cependant changé au fil des années. Entre 1960 (origine de la pêcherie) et
1984, les pêcheurs entraient en compétition avec les usiniers de Ziguinchor. Actuellement
les conflits opposent d'une part les pêcheurs de poissons à ceux de crevettes, et d'autre part
les pêcheurs de crevettes qui utilisent les filets fixes à ceux qui pratiquent les félé-félé,
introduits en 1985. II semble que les conflits actuels soient dus au non respect de la
réglementation en matière de pêche crevettière (Kébé et Le Reste, 1992).

26 Section 2(c) Etude de Cas: Sénégal


2.3 Conflits liés à l'accès aux facteurs de production

Disponibilité en main d'oeuvre

Des bateaux-usines coréens et espagnols procèdent depuis quelques temps à un


recrutement souvent clandestin ile pêcheurs artisans, soit comme guides pour leur indiquer
les lieux de pêche favorables soit en les embarquant avec leurs moyens de production pour
la pêche dans les eaux relevant de la juridiction d'autres pays pour lesquels les bateaux
possèdent une licence de pêche. Le produit pêché est traité à bord pour une éventuelle
exportation. Malgré les avantages pour les pêcheurs artisans (sécurité de l'emploi,
apprentissage de nouvelles techniques de navigation et de pêche...), ce recrutement est source
de conflits. En effet, très souvent les délais sont très longs pour le règlement des salaires
aux piroguiers puisqu'il ne se fait qu'après la vente du produit pêché, de retour dans le pays
d'origine.

Accès au capital

La pêche artisanale, longtemps considérée par les "développeurs comme une forme
de production 'dépassée qu'il s'agit de faire évoluer vers des formes "supérieures" (Weber
et Fontana, 1983), se finançait en marge du secteur financier structuré ou privé. L'évolution
récente de la politique des pêches montre certes des efforts accrus pour alléger la contrainte
de financement de la pêche artisanale. Des crédits sont octroyés par les projets de
développement de la pêche sur la Petite Côte (PAPEC) et dans la région de Ziguinchor
(PAMEZ) à travers la Caisse nationale du crédit agricole du Sénégal (CNCAS). Cependant
l'ère des grands projets "industriels" financés avec l'aval de l'Etat sur fonds étrangers n'est
pas close, comme le montre l'expérience du projet Sea-Food (Chaboud, 1992).

Les pêcheurs artisans font appel à leurs propres ressources et au crédit informel pour
le financement des activités. Ils travaillent avec plus de 70% de fonds propres contre 4 à 5%
pour la pêche industrielle qui a longtemps bénéficié du soutien de l'Etat, des banques et
organismes financiers (Kéhé, 1992). Cette inégalité constatée dans l'allocation interne des
ressources financières avantage le sous-secteur industriel par rapport à l'artisanal et met en
évidence les conflits entre les deux composantes du système.

2.4 Compétition pour l'accès au marché

La qualité des produits débarqués par la pêche artisanale s'est beaucoup améliorée
avec l'utilisation des cales à glace et des caisses en polystyrène à bord des pirogues.

L'exportation des poissons pélagiques vers les pays africains (Golfe de Guinée) est
fortement limitée par la concurrence des flottilles des pays de l'Est. Dès lors, le marché
intérieur reste le seul débouché pour la sardinelle, principale espèce débarquée par les
sardiniers dakarois et les unités de pêche artisanale (sennes tournantes notamment). C'est à
ce niveau que la pêche artisanale exerce une concurrence efficace au secteur industriel. Les
faibles coûts de production des unités de senne tournante ainsi que l'intégration des circuits
commerciaux, sont à l'origine des has prix offerts aux sardiniers (Chahoud et Dème, 1991).

Rapport Technique du DIPA N° 53 27


Avec l'avènement des sociétés mixtes, s'est développée l'exploitation artisanale de
certaines espèces destinées uniquement à l'exportation (crevettes, soles, langoustes, seiches,
poulpes, mérous, pageots, pagres...). On est en présence de deux filières:

- des mareyeurs ou simples commerçants expédient des produits achetés sur la plage
directement sur les marchés extérieurs où ils entrent en concurrence avec le poisson
débarqué par la pêche industrielle;

devant l'insuffisance de matière première, les usines de traitement du poisson


s'approvisionnent régulièrement auprès des pêcheurs artisans par le biais des
mareyeurs. La pêche artisanale contribue ainsi pour plus de 40% à
l'approvisionnement des usines (Dème, 1983). Cette orientation de la production des
pêcheurs artisans vers l'exportation est de nature à favoriser les conflits entre
commerçants présents sur les plages.

3. Procédures de résolution des conflits


Une des lacunes de la législation sénégalaise en matière de pêche est sans doute son
mutisme sur les conflits entre les différentes pêcheries.

Le projet de protection et de surveillance des pêches au Senegal (PSPS) es chargé


depuis 1991 de la gestion des conflits et des accidents en mer (Ndiaye, 1992). Cette
structure, mise en place en 1983, répond à un double objectif: la protection des eaux
territoriales sénégalaises et l'exploitation rationnelle des espèces qui y vivent. Elle dispose
actuellement de cinq centres de surveillance côtière dans les points de débarquement les plus
sensibles (Mbour, Joal, Fass-Boye, Saint-Louis et Kayar), ce qui permet une implication des
populations côtières.

Les conflits qui Ont lieu dans la zone interdite aux bateaux sont qualifiés de flagrant
délit (délit de zone') et sont punis par la loi (Code la pêche maritime).

Le règlement des conflits par le PSPS n'a aucun caractère juridique. Il se fait sur la
base des rapports fournis par les deux parties en recherchant le consentement mutuel, bien
qu'une forte pression soit exercée sur les industriels pour dédommager les pêcheurs artisans
victimes.

On assiste souvent à des contestations ou à des refus de dédommagement de la part


des armements industriels présumés coupables. Dans ces cas, le dossier est transmis à la
justice, par le biais de la Marine Marchande, ce qui désavantage les pêcheurs artisans en
raison des lenteurs judiciaires et surtout de l'absence de preuve. La responsabilité n'est pas
toujours facile à établir. Généralement ce sont les pêcheurs artisans eux-mêmes qui, une fois
les dégâts constatés, procèdent à l'identification du navire en l'absence des agents
assermentés basés dans les centres de surveillance, dont le seul constat suffit à établir la
preuve de destruction.

28 Section 2(c) Etude de Cas: Sénégal


Pour l'année 1991, tous les cas de conflits (au nombre de 12) transmis au PSPS ont
été réglés. La somme de 4.665.000 FCFA a été versée aux sinistrés pour réparation des
préjudices subis, ceci en dehors des dédommagements en nature (réparation de matériel...).
Seuls 10 cas sur les 28 enregistrés en 1992 ont été résolus, le reste, n'ayant pas pu être réglé
à l'amiable, a été transmis à la juridiction compétente.

Le Centre de recherches océanographiques de Dakar-Thiaroye (CRODT) est


constamment sollicité par l'administration des pêches pour formuler des avis scientifiques
indispensables à la gestion des conflits. Devant l'ampleur et la régularité des conflits internes
à la pêche artisanale, il a initié en 1988 la création d'un Conseil des pêches à Joal. Cette
structure de concertation formelle de liaison entre la Recherche, le Développement et les
professionnels, comporte une commission des conflits. Animée par des personnes âgées, cette
commission s'appuie sur des vertus comme la tolérance, l'ouverture d'esprit, la générosité
et la responsabilité pour régler les différends entre les acteurs du système. Ce mode de
gestion de la pêche à l'échelle locale s'est par la suite généralisé dans les autres centres de
débarquement du littoral sénégalais.

4. Effets et considérations socio-économiques


Il est évident que ce sont les pêcheurs artisans qui sont les principales victimes d'une
cohabitation mouvementée avec les industriels. Les conflits se traduisent par la destruction
voire la disparition d'engins de pêche et d'embarcations (fig. 4). Ce sont surtout les filets et
sennes qui sont visés (71% des pertes subies par les pêcheurs artisans). Les dégâts matériels
et corporels occasionnés par les collisions avec des bateaux sont assez importants. Entre 1988
et 1992, le PSPS a enregistré pour les régions de Dakar et de Thiès, des pertes de matériels
évaluées à près de 42 millions de FCFA (embarcations détruites et engins de pêche disparus
ou détruits), 12 morts et 7 blessés.

Des cas d'externalités technologiques existent également entre les différents métiers
de la pêche artisanale. Les pertes subies par les jeunes pêcheurs formés et encadrés par les
projets de développement (PAMEZ et PAPEC), ont entraîné de sérieuses difficultés de
gestion de leurs unités de pêche et sont citées parmi les causes de défaillance dans les
emprunts souscrits auprès de la CNCAS (Marot et al, 1991).

Entre le début des conflits et leur règlement, les unités de pêche victimes peuvent
rester immobilisées à quai pndant longtemps. Par ailleurs, on peut s'interroger sur le
caractère licite ou non du recrutement de pêcheurs artisans avec tous leurs moyens dc
production à bord des bateaux industriels, la loi n'étant pas explicite en la matière. Ces deux
phénomènes sont à l'origine de la réduction de l'activité des pirogues, et donc des
débarquements de la pêche artisanale. Il s'en suit un manque à gagner pour les pêcheurs,
leurs familles et la population locale, privée en partie de poisson. Une telle situation de
pénurie de produits halieutiques est difficile à gérer dans une société où le poisson constitue
la principale source de protéines d'origine animale.

Rapport Technique du DIPA N° 53 29


Les chalutiers, qui opèrent dans la zone réservée à la pêche artisanale avec des engins
non réglementaires, rejettent 40 à 60% de leurs prises (Cavérivière et Rabarison, 1988). Ces
rejets concernent souvent des espèces non encore commercialisables ou n'ayant pas encore
atteint leur taille commerciale, d'où un appauvrissement des stocks. Outre le fait qu'il
engendre de fréquents conflits entre pêcheurs artisans et industriels, ce problème est
extrêmement grave pour la conservation des ressources, notamment si on veut augmenter
l'effort de pêche.

Les destructions d'engins de pêche surviennent généralement la nuit au moment où


l'activité des pirogues est réduite voire inexistante. Les infractions deviennent de plus en plus
fréquentes dans les points de débarquement peu peuplés et enclavés. Les armements
industriels profitent ainsi de ces situations pour s'approcher du rivage, tous feux éteints et
détruisent tout sur leur passage. Ce phénomène se traduit par une sérieuse baisse de la
productivité des unités de pêche artisanale qui voieñt diminuer rapidement les ressources qui
leur sont accessibles et se trouvent contraintes d'aller chercher le poisson de plus en plus loin
sur des fonds de pêche plus rentables. Il s'ensuit une hausse de la consommation de carburant
qui n'est pas nécessairement répercutée sur le prix de vente du poisson.

En ce qui concerne les conflits intervenant hors de la zone des 6 milles, les
responsabilités sont en général partagées. De part de d'autre, on observe des manquements
graves aux règles de sécurité maritime les plus élémentaires (Ndiaye, 1992). II est reproché
aux chalutiers d'abuser du pilotage automatique et de faire preuve d'imprudence dans les
manoeuvres. Du côté des piroguiers, on note un mauvais balisage des filets (balises invisibles
la nuit) et le non respect des consignes de sécurité réglementaire (pirogues dépourvues de
feux la nuit, de réflecteur radar).

Il est très difficile aux piroguiers de porter plainte en cas de destructions de filets par
les chalutiers lorsque les faits se déroulent de nuit ou en l'absence de témoins directs. Ainsi,
les pêcheurs artisans sont dans l'impossibilité de récupérer la valeur des équipements perdus.
La situation est si critique que certains qui se sentent lésés, sont tentés de faire justice eux-
mêmes en montant à bord des chalutiers coupables pour confisquer les livres de bord ou
forcer les capitaines à rejoindre la côte. Pire, certains essaient de mettre le feu à ces bateaux.

Par ailleurs, il n'existe aucun système d'assurance formel pour la pêche artisanale
alors que les industriels ont la possibilité de s'assurer contre les risques de perte ou de
destruction des moyens de production. On peut noter différentes causes de la réticence des
assureurs de la place à garantir les risques des artisans: absence d'existence juridique
formelle des firmes artisanales, non immatriculation des pirogues, hasard moral jugé trop
important (Marot et al, 1988).

En plus de la destruction ou de la perte de matériel de pêche, les conflits internes au


sous-secteur artisanal se traduisent souvent par des accrochages violents en mer et des actes
criminels comme l'incendie dc campements de pêcheurs.

30 Section 2(c) Etude de Cas: Sénégal


5. Recommandations
Conscient du danger de transformation rapide des zones de pêche en champs de
bataille entre les différents acteurs du système, le PSPS a organisé en décembre 1992 un
séminaire national sur la sécurité en mer des pêcheurs artisans. Les recommandations
formulées à cet effet mettent l'accent sur la nécessité d'une mise en place d'un ensemble de
mesures urgentes et appropriées. Il a été préconisé la création d'une commission nationale
chargée de régler les nombreux conflits dans le secteur et d'un fonds de solidarité pour aider
les pêcheurs victimes dans l'attente d'un éventuel dédommagement.

Pour arriver à une solution globale et définitive, ces initiatives doivent être complétées
par une réelle implication des populations concernées. Un travail de sensibilisation à tous les
niveaux, soutenu par un projet d'équipement des pêcheurs artisans en réflecteurs radar,
bouées lumineuses et radios VHF est devenu une nécessité. Par ailleurs, la déclaration
préalable auprès des services locaux de l'océanographie et des pêches maritimes de tous les
engins de pêche acquis par les pêcheurs serait de nature à permettre d'apprécier, de manière
plus exacte, les pertes déclarées par les pêcheurs artisans. Ces derniers ont tendance à
surestimer le montant des dégâts matériels.

C'est essentiellement à travers la législation des pêches que les autorités africaines
responsables de la politique des pêches entendent jusqu'ici influer sur leurs dynamiques
respectives et réduire les possibilités de conflits. Or il a été démontré que les interactions
peuvent échapper au domaine d'application des textes (relations économiques), et que
l'application de l'arsenal juridique est loin d'être aisée. Dès lors il est nécessaire de revoir
le contexte actuel dans lequel sont censées être appliquées les mesures réglementaires et
législatives. Ceci serait de nature à corriger la forte dissymétrie existant entre artisans et
industriels pour l'accès à l'information, tant pour la connaissance des textes que pour les
procédures à entreprendre en cas de litige. Les pêcheurs artisans devront s'organiser en
conséquence pour disposer d'un groupe de pression capable de changer les rapports de force.

Les solutions 'taillées sur mesure", reconnues tacitement ou appropriées aux


différents conflits entre les pêcheurs artisans risquent, à terme, d'affecter le développement
de la pêche. L'accès à la ressource doit en effet être libre dans le cadre des règlements
existants. Il faudrait donc tendre vers une réglementation des zones de pêche artisanale qui
soit la plus générale possible et qui soit issue d'une large concertation entre les différents
acteurs.

La recherche de solutions aux différents conflits survenant dans le secteur doit donc
s'inscrire dans le cadre d'une politique globale d'aménagement et de gestion des ressources
halieutiques. Il serait intéressant d'orienter la pêche industrielle vers l'exploitation des stocks
situés plus au sud, au niveau de la Casamance. L'exploitation industrielle du stock disponible
de petits pélagiques au large de la Casamance pourrait justifier une implantation d'un port
secondaire en Basse Casamance pour éviter la concentration des bateaux industriels dans la
zone de Dakar; toutefois une telle réalisation demandera une étude socio-économique
préalable.

Rapport Technique du DIPA N° 53 31


Cette politique doit tenir compte non seulement des intérêts biologiques mais aussi
économiques et sociaux souvent contradictoires qui sont en jeu. Dans cette optique, cette
politique doit s'appuyer sur des recherches de base: évaluation des ressources et de leur
capacité de renouvellement, des coûts et revenus aux différents niveaux du système avec une
analyse précise des interrelations entre ces niveaux. En raison du caractère migratoire de
nombreuses espèces pêchées dans les eaux sénégalaises, et du fait que le Sénégal partage avec
les pays voisins les mêmes stocks, il convient d'évaluer et d'aménager ensemble les
ressources halieutiques. L'exploitation de ces ressources doit être envisagée sous un angle
régional.

Le DIPA pourrait intervenir à ces deux niveaux importants pour apporter son appui
aux pays concernés.

32 Section 2(c) Etude de Cas: Sénégal


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34 Section 2(c) Etude de Cas: Sénégai


Conflits dans les Pêcheries Côtières
en Gamble

Par

Mr Momodou Njie
Officier des Pêches/Fonctionnaire de
liaison des Pêches DIPA

1. Introduction
La Zone Economique Exclusive gambienne se trouve au Nord de l'Atlantique Centre-
Est, lune des régions de pêche les plus riches au monde. La Gambie est très riche en
ressources halieutiques marines. Leau fraîche du fleuve Gambie contribue à accroître cette
richesse, car l'estuaire attire également des poissons de mer qui cherchent à se nourrir ou à
se reproduire.

La production maximale équilibrée (M S Y) pour les espèces pélagiques varie entre


60 et 75.000 tonnes métriques, dont 15 à 17.000 tonnes métriques d'espèces démersales et
1 000 tonnes de crustacés et de mollusques. On ignore la production maximale équilibrée pour
les stocks de pêche fluviale mais les captures peuvent dépasser 2 500 tonnes l'an.

En Gambie, le secteur de la pêche est divisé en 3 zones administratives: la strate Côte


Atlantique/Marine, et les strates en-deçà et au-delà du fleuve. On trouve les activités de la
pêche artisanale au niveau des 3 strates et celles de la pêche industrielle seulement au niveau
de la strates Côte Atlantique/Marine. La production totale de poissons en 1992 est estimée
à environ 46.000 tonnes dont 44% proviennent du sous-secteur artisanal et le reste du sous-
secteur industrie!.

Selon les statistiques préparées par la Direction des Pêches, il y avait, en 1992, plus
de 1 500 pêcheurs artisans dont environ 500 opéraient sur la côte maritime et le reste sur le
fleuve. Toujours en 1992, 87 bateaux de pêche industrielle avaient une licence leur permettant
d'opérer dans les eaux gambiennes. Ces bateaux industriels comprennent des chalutiers, des
ligneurs, des bateaux de pêche à la senne coulissante. Bien qu'ayant une licence gambienne,
la plupart des bateaux industriels-sont immatriculés ailleurs et débarquent leurs captures dans
des ports étrangers.

Les bateaux de pêche artisanale comprennent des pirogues monoxyles et en planches,


mais très peu en fibre de verre. Une bonne partie de ces pirogues (49%) appartiennent à et
sont opérées par des étrangers notamment des sénégalais et d'autres nationalités de la sous-
région. Les pirogues artisanales sont motorisées ou non. Cependant, il y eut une importante
motorisation au fil des ans, ce qui a permis aux pêcheurs d'aller plus loin exploiter des zones
de pêche plus riches, même au-delà des zones réservées à la pêche artisanale. Pour ce qui est
du secteur de la pêche maritime, les pêcheurs artisans venant de différentes bases d'opération

Rapport Technique du DIPA N° 53 35


(différents pays) se retrouvent en concurrence avec les bateaux de pêche industrielle dans les
mêmes zones de pêche. Ccci est particulièrement vrai de la Gambie où il est établi (par les
enquêtes) qu'il y a beaucoup dc poissons dans un rayon dc 20 m autour de la zone légale de
pêche artisanale.

Bien que les espèces visées par les pêcheurs artisans et industriels puissent varier, ils
se rencontrent sur les lieux communs dc pêche en raison dc la nature des ressources
halieutiques qui sont propriété commune, de leur relative abondance dans certaines zones, de
la nature exploratoire de la pêche ainsi que du nombre croissant des pêcheurs, ce qui tend à
diminuer les stocks de pêche. Tous ces facteurs concourrent à une concurrence plus forte et
créent un environnement propice aux conflits.

En Gambie, les secteurs de la pêche artisanale et dc la pêche industrielle ont coexisté


pendant longtemps. Malheureusement cette coexistence a eu des inconvénients qui se
manifestent sous la forme de conflits. Ces conflits ne se limitent pas seulement à ceux qui
opposent pêche artisanale et pêche industrielle. Même au sein des pêcheries artisanales il y
a des conflits.

2. Typologie des conflits

Bien qu'il n'y ait pas de données statistiques, on sait que les raisons des conflits sont
nombreuses et qu'ils sont de différente nature. Le Gouvernement de Gambie accorde une
grande priorité au développement et du sous-secteur des pêches artisanales, et ce pour
plusieurs raisons évidentes:

le sous-secteur fournit presque tout le poisson nécessaire à la consommation locale;


le sous-secteur crée beaucoup d'emplois pour les nationaux et produit du poisson pour
l'exportation, ce qui permet de gagner des devises étrangères.

Le gouvernement a par conséquent consenti beaucoup d'efforts pour aider au


développement de ce sous-secteur, en apportant l'infrastructure, le crédit, la formation et le
soutien organisationnel. Quant au développement de la pêche industrielle, il est laissé
essentiellement à l'initiative du secteur privé, bien que le Gouvernement ait pris d'importantes
mesures d'incitation tels que l'exemption de droits de douane pour le carburant, les
exportations, les importations et les équipements connexes de pêche. En retour le
Gouvernement tire des revenus du sous-secteur par la vente de licence, les devises étrangères
que rapporte l'exportation de poisson etc..

Soucieux de gérer et dc protéger les ressources halieutiques, le Gouvernement a


promulgué des lois pour rêglementer les activités aussi bien de la pêche artisanale
qu'industrielle, et également pour délimiter les zones d'opération des deux sous-secteurs. La
réglementation des pêches a alloué 7 mille marins à partir de la plage aux opératiQns de pêche
artisanale. Quant aux grands bateaux industriels ils sont autorisés à pêcher au-delà de 12 mille
marins à partir de la plage.

36 Section 2(d) Etude de Cas: La Gambie


Cependant, cette réglementation de 7 mille marins ne s'applique pas à la pêche à la
senne coulissante qui est autorisée dans les zones de pêche artisanale, ce qui crée des
conflits. D'autre part, étant donné que les activités de pêche s'intensifient du fait de
l'accroissement du nombre des bateaux de pêche artisanale et industrielle, les conflits sont
devenus fréquents dans le secteur.

Malgré les restrictions, les bateaux de pêche industrielle équipés d'écho sondeurs et
d'instruments de recherche de poissons, poursuivent les poissons jusque dans les zones de
pêche artisanale généralement la nuit. Il en résulte d'importants dégâts causés aux
équipements de pêche artisanale et une violation de la réglementation des pêches.
Evidemment les perdants sont les pêcheurs les moins nantis qui utilisent des équipements
statiques tels que des filets et qui sont mal équipés notamment en termes d'engins et
d'équipement de sécurité. Leur équipement de pêche, souvent de mauvaise marque, sont
emportés ou emmêlés ou détruits par les bateaux industriels, ce qui représente une lourde
perte.

Les pêcheurs nocturnes (qui utilisent généralement des filets dérivants) qui dérivent
la nuit lors des opérations sans équipement de sécurité (torches, lanternes, sifflets, etc...)
risquent de se faire écraser ou d'entrer en collision avec des bateaux de pêche industrielle
pirates pendant leur sommeil. De tels accidents peuvent être fatals et provoquer d'importantes
pertes. Ces pertes peuvent être catastrophiques pour les artisans pêcheurs, provoquant parfois
la perte de tous les investissements.

Les opérations de braconnage du poisson par les bateaux industriels violent la


législation des pêches et commettent des infractions. Ces bateaux entrent dans la zone
réservée à la pêche artisanale et causent des dommages aux équipements de la pêche
artisanale. Pire, ils ne sont jamais poursuivis.

Une autre forme de conflit, la plus récente en Gambie, est apparue lorsqu'un pêcheur
a eu ses filets détruits par un paquebot. Les recherches ont montré que le pêcheur a déployé
ses filets le long du couloir de navigation matérialisé par plusieurs bouées qui guident les
bateaux entrant au port. Le pêcheur devait perdre car il était en faute.

Au sein des pêcheries artisanales marines, des conflits opposent les pêcheurs qui
utilisent des équipements de pêche similaires ou différents et qui pêchent dans la même zone.
Ainsi les pêcheurs qui utilisent des filets dérivants passent accidentellement sur des
équipements de mauvaise qualité appartenant à d'autres pêcheurs. Les filets s'enchevêtrent
et lorsque le propriétaire n'est pas là les pêcheurs les coupent et détruisent le matériel. Des
accusations et des conirontations s'ensuivent qui peuvent aller jusqu'aux hostilités cutre
pêcheurs de différentes communautés, entre pêcheurs de la même communauté ou entre
pêcheurs de différentes nationalités.

Les pêcheurs qui utilisent des filets calés considèrent que certains actes des pêcheurs
qui utilisent des filets dérivants sont délibérés, ce qui augmente les tensions. Les accusations
de vol d'équipement et de poisson retrouvés dans les filets sont également considérés comme
sources de conflits.

Rapport Technique du DIPA N° 53 37


Le long du fleuve Gambie et de ses affluents, les pêcheurs de crevettes sont souvent
en conflit avec les pêcheurs qui utilisent des filets maillants calés dans les mêmes zones de
pêche qu'eux. Les pêcheurs qui utilisent des filets maillants calés se plaignent du fait que les
pêcheurs de crevette coupent délibérément leurs filets afin de se créer un espace de pêche.
Ils se plaignent également du fait que la maille de petite taille utilisée par les pêcheurs de
crevette détruit beaucoup de jeunes poissons qui sont pourtant d'une grande importance
économique, et qui sont visés par les pêcheurs qui utilisent des filets maillants. Ces conflits
opposent des pêcheurs de différentes communautés ou, de la même communauté donnant lieu
parfois à des bagarres.

Les réserves et les affluents peuvent être fermés pendant certaines saisons / années
sur décision des communautés ellesmêmes ou du Gouvernement comme une mesure
d'aménagement. Et pourtant certains pêcheurs passant outre la mesure ou faisant montre
d'inconscience pénètrent dans ces zones, ce qui crée des conflits.

Les régions de palétuviers sont des abris ou des lieux de reproduction pour certains
poissons. Mais les pêcheurs d'huitres et les bûcherons continuent de couper et d'endommager
les abris, exposant du coup la zone. Les tentatives de pêcheurs consciencieux et d'autres
membres de la société pour faire face à ce problème ont donné lieu à des discussions.

3. Effets et consìdérations socio-économiques


Les incidents qui provoquent la perte des équipements de pêche artisanale étaient
devenus plus fréquents ces derniers temps et les pêcheurs qui en sont les victimes sont
toujours handicapés par cette situation fâcheuse. A cause de la fréquence de ces incidents,
la Direction des pêches leur a demandé d'identifier les bateaux concernés en relevant leurs
numéro d'immatriculation, ce qui facilitera les recherches. Les pêcheurs qui arrivent à
relever les numéros de ces bateaux déposent leurs plaintes auprès de la Direction des pêches
qui les aide à recevoir des dédommagements. Malheureusement nombreux sont les bateaux
qui, ayant commis des infractions ne sont pas retrouvés, ce qui représente une perte pour les
pêcheurs artisans. Etant donné que les pêcheurs généralement ne sont pas riches et que
l'équipement de pêche coûte relativement cher, ces pêcheurs attendent un certain temps avant
qu'ils ne puissent remplacer le matériel perdu. Beaucoup d'entre eux ne peuvent pas pêcher
au cours de cette période. La situation est aggravée par le fait qu'ils ne peuvent pas obtenir
de prêts facilement - en raison de procédures de prêts défavorables dans le secteur de prêt
formel - et que le crédit octroyé par le secteur informel est insuffisant. Etant donné que c'est
la pêche qui les nourrit eux et leurs familles, certains de ces pêcheurs passent souvent des
moments très difficiles. La situation est pire lorsque le matériel perdu a éte acquis grâce à
un prêt non encore remboursé - du Gouvernement ou d'autres sources. Il leur est difficile de
s'acquitter de leurs dettes et ils doivent faire face aux conflits qui peuvent en découler.

Le Gouvernement intervient parfois pour aider les pêcheurs à remplacer les matériels
perdus. Mais cette situation devient préoccupante avec la fréquence des équipements perdus
et le faible pourcentage de remboursement des prêts.

38 Section 2(d) Etude de Cas: La Gambie


Lorsqu'il y a des collisions, elles peuvent être fatales et les parents dc défunts, sont
dans la tristesse. Il n'y a pas de compensation dans ces cas puisque les coupables peuvent ne
pas être retrouvés et aussi généralement les pêcheurs ne prennent pas d'assurance. On ne peut
donc que déplorer la situation.

Les pertes d'équipement résultant d'interactions au sein du secteur marin entre


pêcheurs artisans de la même communauté ou de communautés différentes donnent lieu à des
accusations et à des hostilités qui menacent l'ordre social. Certains pêcheurs essaient
d'envisager des mesures dc représaille pour leurs équipements endommagés ou perdus, et
provoquent ainsi davantage de dommages aux équipements de pêche. Des pêcheurs
découragés accusent et arrêtent ou saisissent le matériel de leurs collègues qu'ils suspectent,
les menaçant avec des couteaux ou des coutelas. Ces manifestations créent des tensions aussi
bien au sein des communautés de pêcheurs. Dès lors, les anciens doivent se réunir, souvent
en présence de représentants du gouvernement, pour analyser la situation et régler les
problèmes.

Certains pêcheurs peuvent, par la suite rechercher d'autres zones de pêche afin
d'éviter celles communes. Il en résulte une baisse dans la productivité et une diminution des
bénéfices.

4. Procédures de résolution des conflits.


Les gouvernements devraient prévenir tout conflit dans une industrie aussi sensible
que celle des pêches. Malheureusement la prévention n'est pas toujours la dernière solution
dans la mesure où la nature dynamique de l'industrie peut créer de nouvelles circonstances
qui feront apparaître des problèmes particuliers. Une approche efficace pour résoudre les
conflits devrait inclure une bonne compréhension des sources et de la nature des conflits, et
l'établissement de règles et réglementations à suivre pour éviter les conflits. Il va sans dire
que ces règles et réglementations devront être correctement appliquées grâce à des
programmes efficaces de contrôle ainsi qu'à des campagnes de sensibilisation et d'éducation
par les agences gouvernemantales chargées des pêches. Mais il se fait que les coûts de mise
en application peuvent être élevés, c'est pourquoi, les agents chargés de cette mission ne
peuvent pas être présents tout le temps de façon permanente.

La Direction des pêches et son organe de tutelle le Ministère des ressources naturelles
et de l'environnement sont, en Gambie, les institutions gouvernementales chargées de la
gestion, du développement e de la protection des ressources halieutiques des eaux
gambiennes. Ces institutions ont également les pleins pouvoirs pour protéger, promouvoir
et réglémenter l'industrie locale de pêche, en collaboration avec les institutions
gouvernementales concernées y compris les Ministères de la Défense et de la Justice.

Les Actes et Réglementations en matière de pêche sont des instruments devant


permettre à ces institutions d'assumer les responsabilités de gestion qui leur ont été confiées.

Rapport Technique du DIPA N° 53 39


Les Actes et Réglementations qui ont été pris tiennent Compte des causes éventuelles
des conflits au sein du secteur dc la pêche.

Une clause de révision de ces Actes et Réglementations a été incluse de même qu'il
est prévu des clauses qui tiennent compte des réalités actuelles du secteur de la pêche. Le
gouvernement a pris conscience des dommages que ces accidents causent aux équipements
de pêche artisanale ainsi que d'autres dangers potentiels pouvant provenir de l'interaction
entre flotte de pêche artisanale et industrielle dans les zones de pêche. Des délimitations des
zones de pêche des deux soussecteurs ont été faites qui interdisent à certains bateaux
industriels de pénétrer dans les zones de pêche artisanale. Ces délimitations ont été revues
avec le temps afin de réduire l'incursion des bateaux industriels dans les zones de pêche
artisanale.

L'Unité Marine du Ministère de la Défense chargée de la surveillance des eaux


territoriales mène des patrouilles de routine qui ont conduit à l'arrestation de bateaux
industriels pirates qui ont reçu le traitement prévu par les textes. Au cours des trois dernières
années, ces patrouilles ont été renforcées par un avion de surveillance offert par le
Gouvernement du Luxembourg dans le cadre d'un projet pilote de surveillance. Ainsi les
activités de contrôle de routine ont non seulement permis de connaître les zones de pêche
riches convoitées par les bateaux industriels mais également fourni d'utiles informations sur
les opérations de pêche. Ces activités ont contribué pour une large part à la réduction de la
fréquence des violations ainsi qu'à celle du nombre de cas de dommages causés aux
équipements de pêche artisanale.

La Cambie et son voisin le Sénégal ont signé et mis en application avec succès des
accords sur la pêche maritime. Les négociations sont également bien avancées quant à la mise
sur pied d'une commission conjointe de surveillance des eaux territoriales par les unités de
surveillance des deux pays. On espère que ces arrangements permettront de renforcer la lutte
en faveur de la protection des ressources et de réduire les conflits dans les zones de pêche
des pêcheries marines.

Actuellement un projet sous-régional de suivi, de contrôle et de surveillance (MCS),


en fait un prolongement du projet pilote de surveillance de la Gambie, est entrain d'être
exécuté. Il comprend la Gambie, la Guinée Bissau, la Guinée Conakry, la Sierra Léone. On
espère qu'il contribuera à accroître davantage la protection des ressources et à réduire encore
plus les conflits entre les pêcheries industrielles et artisanales.

Au sein des pêcheries artisanales, les principaux moyens qui ont été utilisés pour
résoudre les conflits comprennent des procédures traditionnelles où les anciens se concertent
et organisent des réunions pour régler les différends. Les représentants du Gouvernement (du
ministère/de la Direction des Pêches) qui sont mandatés pour promouvoir la coopération
entre les pêcheurs, sont souvent invités ou pourraient être les initiateurs de ces rencontres.
Grâce à ces médiations les conflits au sein des pêcheries artisanales sont réglés. Cette
procédure s'est révélée très efficace. Cependant il arrive des fois où un concensus n'est pas
trouvé immédiatement lors des réunions. Dans ces cas, des réunions de suivi s'imposent afin
de régler définitivement les conflits, Il s'avère donc que la présence des représentants du
gouvernement à un haut niveau ainsi que celle des Chefs des communautés sont très utiles

40 Section 2(d) Etude de Cas: La Gambie


et représentent une très bonne procédure si l'on veut résoudre les conflits au sein du sous-
Secteur de la pêche artisanale.

5. Discussions et recommandations
La surveillance accrue au cours des trois dernières années lorsque le projet pilote de
surveillance était en train d'être exécuté, a permis de réduire considérablement la fréquence
des cas de conflits entraînant des dommages et les pertes de matériel de pêche artisanale.
Bien qu'on ne puisse pas attribuer ce succès à la seule présence de l'avion de surveillance
et des bateaux de patrouille, on peut à juste titre affirmer que leur présence, ainsi que
quelques arrestations de bateaux industriels pirates, ont dissuadé beaucoup de bateaux
industriels non autorisés de pénétrer dans la zone de pêche artisanale. Il en a résulté une
baisse du nombre de conflits qui entraînent la perte des matériels de pêche artisanale.
Cependant, ces conflits reprennent en raison de l'exploitation accrue des zones à laquelle se
livrent les sous-secteurs de la pêche industrielle et artisanale, surtout si on n'intensifie pas
les activités de contrôle et de surveillance. Il est donc souhaitable que le gouvernement étudie
sérieusement et adopte des mesures pour équiper correctement l'unité marine afin de
multiplier les activitées dc contrôle et de surveillance permettant de protéger les eaux
territoriales et de réduire les conflits au sein du secteur de la pêche. Les institutions
gouvernementales chargées des pêches (la Direction des Pêches) devraient également acquérir
des bateaux à grande vitesse qui feront des contrôles réguliers dans la zone de pêche
artisanale. Ces bateaux pourraient également être utilisés comme bateaux de secours.

Etant donné qu'il est nécessaire de coopérer, il est souhaitable aussi que le
Gouvernement continue de collaborer avec les autres pays de la sous-région sur les aspects
activités de contrôle et de surveillance ainsi que sur des questions se rapportant à la réduction
des conflits de pêcheries. Dans ce sens, les négociations de la commission conjointe de
surveillance entre la Gambie et le Sénégal devraient se poursuivre avec pour objectifs la mise
en application de mesures susceptibles de résoudre les conflits au sein des secteurs des pêches
des deux pays ainsi que la création entre autres de services de secours.

Les causes de certains accidents qui ont entraîné des pertes de vie humaine restent un
mystère, mais il y a des chances qu'ils soient dus aux conflits. C'est pour cette raison, et
aussi pour des raisons de sécurité, qu'il est souhaitable qu'il y ait des clauses contre les
pêcheurs imprudents qui vont en mer sans matériel de sécurité.

Pour ce qui est des conflits de la pêche artisanale, il est souhaitable que le
gouvernement (la Direction des pêches) organise des campagnes de sensibilisation visant à
fournir des informations d'ordre général aux pêcheurs sur le secteur de la pêche. Ces
informations pourraient inclure, entre autres, des informations sur des règles et
réglementations, la nature des ressources ainsi que la nécessité de coopération entre pêcheurs,
entre communautés de pêche et également avec le gouvernement. On pourrait le faire à
travers des programmes dc radio et des séminaires à l'intention des pêcheurs. Mais il est tout
aussi important que les règles et réglementations visant la prévention des conflits soient

Rapport Technique du DIPA N° 53 41


soigneusement préparées et harmonisées de concert avec les communautés de pêche qui
peuvent aussi être impliquées dans leur application.

Le Programme DIPA peut contribuer à cet effort concerté car son objectif final est
la réduction, la prévention et la résolution des conflits. Le Programme devrait entreprendre
des études sur les conflits; collecter des informations sur la nature du phénomène, sur les
stratégies ainsi que sur les leçons retenues dans la région et ailleurs dans le cadre de la
résolution des conflits. Le Programme devrait faire l'inventaire des différentes approches
utilisées et aider les gouvernements de la sousrégion à s'attaquer correctement au problème.
Ceci peut faciliter les échanges d'information et d'expérience et constituer la base de
l'assistance DIPA aux gouvernements nationaux pour prévenir les conflits au sein du secteur
de la pêche.

42 Section 2(d) Etude de Cas: La Gambie


Conflits dans les Pêcheries Côtières
au Ghana

Par

Martin A. Mensah
&
Kwamé A. Koranteng
Direction des pêches, service recherche et utilisation,
Tema, Ghana

1. Introduction
Le Ghana a une longue tradition de la pêche maritime dans ses eaux côtières. Elle a
commencé tout près de la côte sous forme d'une pêche artisanale avec des pirogues taillées
dans du bois, propulsées par des rames et des voiles, et des instruments de pêche
rudimentaires et inefficaces. La mécanisation des pirogues est apparue plus tard, vers la fin
des années 50 et au début des années 60 avec l'introduction de moteurs hors-bord qui
permettaient aux pirogues d'aller loin des côtes pêcher et aussi de pêcher plus de poissons
qu'autrefois.

A peu près au même moment, de petits chalutiers (bateaux à moteurs internes) et plus
tard des senneurs furent introduits dans la pêche côtière. Le développement de la pêche
s'accélèra avec l'importation de grands chalutiers, la construction sur place des senneurs de
taille moyenne et enfin l'ouverture d'un commerce de thon. Ces développements s'expliquent
par la création d'installations de manutention et de traitement des captures croìssantes en vue
de réduire au minimum les pertes après-captures. Généralement les flottes qui opèrent dans
les eaux côtières du Ghana sont les suivantes : i) pirogues; ii) flotte de petite taille opérant
près de la côte; iii) flotte de taille moyenne opérant près de la côte; iv) grande flotte
industrielle (chalutiers); y) crevettiers; vi) thoniers.

Toutes ces flottes de pêche opèrent sur le même plateau continental étroit dont la
superficie est de 24.300 km2 environ. De plus, à l'exception des thoniers, ces flottes
exploitent presque les mêmes espèces de poisson. Par ailleurs, I'upwelling, qui est la base
de la production de poisson en mer continue, plus que .jamais, d'être saisonnière - l'upwelling
le plus fort des eaux ghanéennes se produisant tous les ans pendant trois mois seulement
juillet - septembre) et le pIus faible dure en moyenne 3 à 4 semaines en janvier/février OU
mars. Au sein de la pêche artisanale elle même, (pirogue) on ne compte pas moins de six
sous-secteurs distincts, ayant des intérêts différents. Ce sont: pêche Ali, pêche Poli/Watsa,
pêche à filet maillant flottant, pêche à filet câlé, pêche à l'hameçon et à la ligne, pêche à la
senne de plage.

Ainsi, la pêche maritime est devenue un système complexe et sophistiqué avec des
intérêts différents et, bien entendu, beaucoup dc conflits.

Rapport Technique du DIPA N° 53 43


La pêche continentale est dominée par la pêche sur le Lac Volta où les nombreux
types de pêche (toutes artisanales) engendrent aussi d'innombrables conflits.

2. Typologie des conflits


Juridiction des pêches

On convient généralement que les ressources de pêche sont inépuisables et constituent


une propriété commune aux citoyens d'un état côtier donné. Ainsi chaque citoyenne ou
citoyen a le droit inaliénable de les exploiter quand ii/elle le veut. C'est là la source
première du conflit entre les citoyens et l'administration gouvernementale des pêches lorsque
cefte dernière essaie de contrôler l'accès aux ressources de pêche.

Au Ghana le Gouvernement ne contrôle pas les activités des artisans-pêcheurs et


semi-industriels, mais plutôt l'entrée dans les pêcheries des grandes flottes industrielles:
crevettiers et thoniers. Ce contrôle se fait par la délivrance d'un permis d'importation de
bateaux par le Ministère de l'Alimentation et de l'Agriculture à l'individu ou à la compagnie
qui souhaite s'adonner aux activités de pêche, et aussi par l'autorisation délivrée à ces
navires. Au cours des premières années, ces permis étaient délivrés plus facilement que
maintenant et il n'y avait pratiquement pas de conflits. Aujourd'hui, vu la diminution des
stocks de poisson, ces permis s'obtiennent difficilement, et dans le cas des chalutiers et
crevettiers toute importation est interdite. Dès lors, il y a un conflit entre ceux qui veulent
intégrer le secteur de la pêche et l'administration des pêches.

Mécanismes de gestion mis en place par le Gouvernement

C'est dans Ia mise en application des mécanismes de gestion instaurés par le


Gouvernement que les plus grands conflits entre pêcheurs, propriétaires de navires de pêche
et administrateurs des pêches interviennent.

En 1991 le Gouvernement a décrété une loi sur les pêches, la loi PNDCL 256, 1991
qui définit en détail les systèmes de gestion et prévoit une clause pour la création d'une Unité
de Supervision, de Contrôle, de Surveillance et d'Application (MCSE) relevant du Ministère
de l'Alimentation et de l'Agriculture dont la fonction est d'appliquer la loi sur les pêches.
Compte tenu du manque de ressources financières, cette unité n'a pas été mise en place et
ainsi la loi n'a pas pu être appliquée de façon satisfaisante. Et pourtant, l'application partielle
des mesures de gestion ci-après a créé des conflits entre l'administration des pêches et les
différents opérateurs

Autorisation d'importation de navires. Comme déjà expliqué plus haut, la nécessité


d'obtenir une autorisation avant toute importation de chalutiers, crevettiers et de
thoniers est un mécanisme de gestion désapprouvé par les pêcheurs débutants.

Taille des mailles des chaluts et d'autres filets. Au terme du PNDCL 256, aucun
chalut dont la maille étirée de la poche est inférieure à 60 mm, ne peut être utilisé

44 Section 2(e) Etude de Cas: Ghana


dans les eaux ghanéennes ; les crevettiers peuvent utiliser des mailles de 40 mm.
D'autre part, les sennes dont les mailles mesurent moins de 25 mm peuvent être
utilisées pour pêcher dans les eaux côtières ghanéennes.

Cette réglementation n'est pas respectée et des mailles de petite dimension sont
utilisées. Afin de rendre la maille de dimension illégale introuvable dans le pays, le
Gouvernement a interdit l'importation ou le tissage de ces mailles dc petite dimension.
Néanmoins, les pêcheurs continuent à faire rentrer illégalement des filets à mailles de petite
dimension. Cependant, depuis peu, ils le font très difficilement à cause du contrôle plus strict
et de la vigilance du Service des Douanes et du Service de la Prévention aux frontières du
pays. Il s'ensuit que lorsque ces filets à petite maille sont sérieusement endommagés pendant
la pêche, les pêcheurs les rapiècent, ce qui réduit leur dimension originale. Les principales
flottes dévastatrices sont : les chalutiers, le poli et les floUes de senne de plage.

iii) L'exploitation excessive de petits poissons par les crevettiers. Bien que la loi limite
les opérations des crevettiers à des zones spécifiques notamment là ou les recherches
ont montré qu'ils peuvent rencontrer moins de jeunes poissons et où leurs opérations
seraient plus rentables, très souvent ces opérateurs pêchent en dehors des zones
prescrites et attrapent ainsi beaucoup de jeunes poissons. Les opérateurs se
comportent ainsi parce que les stocks de crevettes dans les eaux ghanéennes sont
limités et par conséquent, ils ne gagnent assez d'argent qu'en vendant les poissons
qu'ils attrapent, qu'ils soient petits ou grands.

Utilisation de filets illégaux pour la pêche sur le lac Volta. Un conflit très grave
oppose l'administration des pêches et une section des pêcheurs du lac Volta. Ces
derniers sont déterminés à utiliser des sennes illégales sur le lac, ce qui est interdit
par la loi sur les pêches. Ils attrapent plus de jeunes poissons avec la senne qu'avec
le filet dormant calé prescrit.

y) Entrée limitée dans la zone de profondeur de mains de 30 m. Strictement parlant, il


n'y a pas de zones délimitées au sein desquelles chaque flotte de pêche doit opérer.
Cependant, la loi sur les pêches interdit l'usage de remorqueur dans les eaux côtières
de moins de 30 mètres de profondeur.

De plus, il est interdit aux navires de pêche de 50 tonnes brut ou plus d'utiliser un
chalut de fond dans les eaux côtières de moins de 30 m de profondeur. Il s'agit là non
seulement d'une mesure de gestion mais également d'une tentative pour éviter les conflits
physiques entre les artisans-pêcheurs et d'autres usagers de la mer. En outre, de telles zones
côtières constituent des nurseries pour les jeunes poissons qui ont besoin d'être protégés. La
puissance de pêche des chalutiers notamment ceux qui utilisent des mailles de petite
dimension est telle que s'il leur était permis d'opérer dans des profondeurs de O à 30 m,
même les jeunes poissons qui se trouvent dans ces zones seraient capturés exagérément. Les
pirogues sont autorisées à opérer dans cette zone puisqu'elles n'utilisent pas de chalut. De
plus la puissance de pêche des pirogues utilisant des filets calés, des filets encerclants ou des
sennes (poli) est moins dévastatrice pour les stocks de petits poissons que celle des chalutiers.
En outre le fait d'exclure les chalutiers de ces zones côtières réduira l'impact des navires qui,
dans leur traversée, détruisent les filets posés par la flotte piroguière. Cette loi a engendré

Rapport Technique du DIPA N° 53 45


des conflits entre administration des pêches et opérateurs de flottes de chaluts d'une part, et
entre flottes de chalut/ de senne et flottes piroguière d'autre part. Les chalutiers souhaitant
attraper les céphalopodes font fi de cette loi.

vi) L'utilisation de produits chimiques toxiques, d'explosifs et d'herbes pour pêcher.


L'utilisation de produits chimiques toxiques, d'explosifs et d'herbes a engendré un
conflit très ouvert entre l'administration des pêches et les pêcheurs qui utilisent ces
méthodes dangereuses de pêche en mer, sur les fleuves et sur le lac Volta. Ces
produits chimiques et herbes ainsi que ces explosifs tuent flOfl seulement les grands
poissons visés mais aussi les jeunes poissons non visés et d'autres organismes vivants
y compris le plancton. L'écosystème est ainsi endommagé. Les membres de la
communauté qui devraient connaître ces malfaiteurs ne fournissent pas d'informations
suffisantes permettant leur arrestation. Ces pêcheurs ne semblent pas comprendre le
mal qu'ils font à leurs propres moyens de subsistance. L'administration des pêches
continue, avec sérieux, d'éduquer les pêcheurs sur l'utilisation de ces méthodes
dangereuses de pêche ainsi que sur d'autres méthodes illégales de pêche.

2.3 Allocations internes et externes

Compte tenu de l'étroitesse du plateau continental ghanéen qui s'étend sur 15 km au


moins et 80 km au plus du rivage, toutes les flottes pêchent à peu près dans la même zone.

La pêche artisanale à l'hameçon et à la ligne opère à la même profondeur et même


au delà de celle des grandes flottes de chalutier. La pêche piroguière à filet calé exploite la
même zone que les navires de dimension moyenne (semi-industriels) opérant près de la côte.
Les flottes Ali et Poli/Watsa opèrent le long des senneurs et chalutiers près de la côte. Même
les embarcations utilisant des appâts à thon attrapent des anchois tout près de la côte
ensemble et en concurrence avec les opérateurs de poli.

Cette situation a entraîné de sérieux conflits entre les flottes équipées de différents
appareils. Au nombre de ces conflits, il y a le fait que les navires de pêche motorisés
traversent les filets posés par la flotte piroguière et parfois cognent les pirogues la nuit. La
loi sur les pêches dispose que la nuit les appareils submergés ou flottants doivent porter des
signaux lumineux par intervalles de 25 mètres tout au long du filet. Très souvent cette loi
n'est pas respectée parce que les signaux lumineux ne sont pas disponibles sur place et les
solutions de remplacement que préconisent les pêcheurs ne sont ni convenables, ni adéquates.

Un développement malheureux de ce type de conflit est que certains artisans-pêcheurs


posent sur le passage des chalutiers et autres navires, des filets pas solides facilemem
dommageables par les bateaux. Ensuite ils portent plainte contre les navires dans l'espoir
d'être dédommagés par les opérateurs.

Les conflits peuvent également opposer un navire de pêche motorisé et une pirogue
ou deux navires de pêche motorisés et une pirogue ou deux navires de pêches motorisés ou
des pirogues se bagarrant pour jeter leurs filets à la senne tournante autour de la même zone
de poissons.

46 Section 2(e) Etude de Cas: Ghana


Le Ghana ne pratiquant pas le système d'allocations de quota, la détermination dc
chaque bateau de pêche à attraper autant de poissons que possible en vue d'être
financièrement rentable, a donné lieu à ce genre de conflits, comme le reflètent les
débarquements des différents sous-secteurs de l'industrie de pêche. Les figures 1-3 illustrent
le dynamisme de la flotte de pêche pendant cette dernière décennie et les figures 4a - 4d
montrent la tendance en ce qui concerne la contribution de chaque sous-secteur de la pêche
maritime aux besoins en poissons du Ghana. Elles dépeignent l'ampleur de la concurrence
entre les différents sous secteurs.

Les figures 1-3, indiquent clairement que, tandis que la flotte piroguière semble se
stabiliser autour de 8000 embarcations, le nombre de navires opérant près de la côte lui
diminue, surtout depuis 1988 pendant que le nombre de navires industriels augmente. L'une
des conséquences de ces changements est l'augmentation de la quantité de poissons capturés
par les bateaux industriels, bien évidemment aux dépens des navires ou pirogues opérant près
de la côte.

Par exemple, le volume croissant des seiches débarquées surtout par les navires
industriels (figure 5) montre jusqu'à quel point la réglementation sur les profondeurs
minimales de chalutage est violée. Les chalutiers préfèrent capturer la seiche à des endroits
peu profonds interférant ainsi avec les activités des pirogues. De même, en observant les
tendances des totaux de débarquements de poissons pélagiques et démersaux, on note une
baisse remarquable depuis 1987. Compte tenu du fait que les chalutiers augmentent
régulièrement leur taux de capture, il est évident que c'est au détriment des autres flottes qui
pêchent les espèces démersales puisque actuellement les stocks de démersaux des eaux
ghanéennes sont exploités près de ou probablement au delà des niveaux de production
maximale supportable.

Les figures 7-9 illustrent davantage le conflit qui oppose les diverses flottes. Tandis
que la capture par unité d'effort (e p u e) des filets calés, des lignes, des sennes de plage et
des navires opérant près de la côte a de toute évidence baissé, celle des navires industriels
a considérablement augmenté.

L'administration des pêches

L'administration des pêches est très souvent en conflit avec les chalutiers industriels,
les crevettiers et les thoniers, parce que ces derniers s'acharnent à ne pas faire connaître les
bénéfices de leurs captures à l'administration des pêches comme c'est pourtant exigé. Dans
beaucoup de cas ils n'obtempèrent que sur menace de suspension ou d'annulation de leurs
autorisations de pêche. Pour ce qui est des données sur les captures des flottes artisanales et
semi-industrielles, l'administration des pêches se charge elle-même de leurs collectes par le
prélèvement d'échantillons des captures de ces flottes. Dans l'exercice de leur fonction les
officiers de pêche sont généralement en conflit sur le terrain, avec les pêcheurs qui très
souvent ne veulent pas faire peser leur débarquement par eux.

Rapport Technique du DIPA N° 53 47


Le lac Volta

Les pêcheurs effectuent une migration interne considérable à l'intérieur des zones dc
pêche du pays que ce soit dans les pêcheries maritimes ou celles du Lac Volta. Les pêcheurs
suivent les poissons dans leur migration saisonnière le long des côtes maritime et lacustre.
Traditionnellement, les équipes de pêcheurs migrants paient des taxes au Chef Pêcheur du
village de pêche où ils arrivent, Ceci pour assurer, entre autres, qu'en cas de besoin, L
pêcheur migrant puisse bénéficier d'une certaine assistance. Cette tradition est bien comprise.
et acceptée par tous les pêcheurs le long de la façade maritime. Cependant, quelques
pêcheurs migrants ne payent pas leurs taxes et il s'ensuit des conflits entre eux et le Chef de
la communauté de pêche d'accueil. Tout au long du Lac Volta où la migration, surtout celle
des pêcheurs est un phénomène récent, certains chefs locaux qui ne sont pas de vrais
pêcheurs exigent des droits exhorbitants de ces pêcheurs migrants dont la majorité viennent
des zones côtières. Ceci a souvent entraîné des conflits entre les pêcheurs migrants et les
autorités traditionnelles.

Les migrations

Il n'y a pratiquement pas de migration de pêcheurs de l'extérieur vers l'intérieur du


Ghana. Ce sont plutôt les pêcheurs ghanéens qui émigrent vers d'autres pays de la sous
région ouest africaine. Aucune loi n'interdit aux artisans-pêcheurs étrangers de venir pêcher
au Ghana. Cependant, les compagnies de pêche industrielle étrangères ne sont autorisées à
opérer au Ghana que si elles forment une société en participation avec les compagnies
ghanéennes et ce pour pêcher rien que le thon.

Que ce soit en mer ou sur le lac, il y a habituellement des conflits, comme nous
l'avons expliqué précédemment, mais il faut remarquer que ce ne sont pas les pêcheurs
migrants qui en sont à l'origine, bien que ce soit parfois le cas.

La pêche sportive

Jusqu'ici, il n'y a jamais eu de conflit opposant la pêche maritime ou continentale au


tourisme ou au secteur de recherche du pétrole. Il n'existe pratiquement pas de pêche
d'agrément ou ponctuelle. La recherche de pétrole en mer se fait depuis des années
maintenant sans qu'il n'y ait de conflit apparent avec l'industrie de pêche. Il y a eu très peu
de cas ou les pêcheurs, surtout ceux artisans, ont opéré très près de la zone de recherche,
les installations représentant de bonnes caches pour les poissons que les pêcheurs pourraient
capturer en grandes quantités.

Conflits avec la sylviculture

Par suite de la création du lac Volta, certaines zones de forêt et de prairie ont été
couvertes d'eau. Les habitants de ces zones et les propriétaires de forêt ayant été
correctement dédommagés par le Gouvernement, ne peuvent pas demander de l'argent à ceux
qui pêchent dans leurs zones.

48 Section 2(c) Etude dc Cas: Ghana


L'utilisation continue de l'arbre \Vawa (Triplochiton soleroxylon) pour tailler la
pirogue traditionnelle contribue au déboisement. Bien que ceci ne soit ni du goût des
écologistes ni de celui de l'administration des forêts, il n'y a pas encore de loi interdisant son
utilisation. Cependant, aujourd'hui les grands arbres wawa se font très rares et les tailleurs
de pirogues sont obligés d'aller plus en profondeur dans la forêt pour trouver les arbres
convenables pour tailler les pirogues. Les industries d'ameublement, d'ouvrage de bois et de
construction de même que les exportateurs de bois sont en conflit avec les tailleurs de
pirogues au sujet des arbres wawa. Pendant ce temps, il y a un projet de reboisement la
plantation de jeunes plants "wawa"

L'utilisation du bois de chauffage pour le traitement des poissons est également source
de conflits entre les pêcheurs et l'administration des lorêts. Cependant, le problème du bois
de chauffage n'est pas spécifique au traitement de poisson.

Erosion côtière, pêche artisanale et communautés de pêche

Le problème d'érosion côtière qui se pose aboutit parfois au conflit avec la gestion
des zones côtières. L'érosion des plages a causé la perte des embarcadères artisanaux et
certaines communautés de pêche ont dû se déplacer à d'autres endroits. La véritable source
de conflit est la tentative des gestionnaires de la zone côtière d'arrêter ou de contrôler
l'érosion par la construction de diverses structures de protection de la mer. Ceci aggrave le
problème de perte des embarcadères et les pêcheurs les plus touchés sont ceux qui utilisent
les sennes de plage.

3. Procédure de règlement de conflit


Il y a principalement quatre méthodes de règlement de conflits entre pêcheurs et entre
pêcheurs et autorités gouvernementales.

3.1 Méthodes traditionnelles traditionnellement, les conflits entre les artisans-pêcheurs


sont réglés par le Chef Pêcheur. Dans chaque village de pêche, il y a un Chef
Pêcheur dont l'une des principales fonctions est de veiller à ce que la paix règne entre
les pêcheurs. Les pêcheurs respectent les règlements de conflit prononcés par le Chef
Pêcheur.

3.2 Arbitrage extérieur : avec la création des pêcheries semi-industrielles et industrielles,


les conflits entre les artisans-pêcheurs et industriels ne sont plus réglés selon le
système purement traditionnel. Ceci s'est avéré nécessaire parce que les pêcheurs
semi-industriels et industriels ne relèvent pas des Chefs Pêcheurs. Dans ce cas,
l'administration des pêches joue le rôle d'arbitre assistée par un Chef Pêcheur pour
régler les conflits. Légalement cet arbitrage ne s'impose pas aux deux parties en
conflit. Cependant, généralement cet arbitrage est respecté lorsqu'il s'agit d'un conflit
entre une équipe de artisans-pêcheurs et une équipe de pêcheurs semi-industriels.

Rapport Technique du DIPA N° 53 49


3.3 Règlement en justice : dans très peu de cas, l'arbitrage ne marche pas et l'on doit
avoir recours à la justice, surtout lorsque l'un des protagonistes est une compagnie
de pêche industrielle ou un grand navire opérant en mer. Lorsque les artisans-
pêcheurs ne veulent pas perdre leur temps à la Cour de justice ni leur argent pour
obtenir une aide légale, ils abandonnent tout simplement. Cette situation se produit
très souvent lorsque les coupables sont les ligneurs océaniques

3.4 Cas de conflits entre l'administration des pêches et les pêcheurs : la loi sur les pêches
(PDNC Law 256) 1991, prescrit des sanctions pour diverses infractions commises par
les pêcheurs. Ces sanctions vont du paiement d'amendes pécuniaires à des saisies de
capture et de matériels ayant servi à commettre l'infraction et à la suspension ou
l'annulation du permis de pêche des navires. Il n'y a pas de recours à la cour de
justice. Toutes les sanctions pécuniaires infligées au terme de cette loi sont soumises
par écrit à l'approbation du Ministre de l'Alimentation et de l'Agriculture. Ce dernier
peut atténuer les sanctions mais ne peut imposer une sanction inférieure à la sanction
minimale prescrite par rapport à la contravention qui a amené la sanction. Le Ministre
peut aussi ordonner le rétablissement des permis ou attestation annulés ou suspendus,
ou la remise de toute capture, de tout équipement de pêche ou de tout autre appareil
confisqué par suite d'infraction à cette loi.

Cependant, il faut préciser que cette procédure de règlement de conflit entre


l'administration des pêches et la communauté de pêche n'est pas correctement appliquée dans
le sous-secteur des pêches maritimes. Ceci est dû essentiellement à la non création de l'unité
de supervision, de contrôle, de surveillance et d'application (MCSE) qui doit jouer un rôle
de premier plan dans ce genre d'affaires. L'application correcte s'observe généralement dans
les pêcheries du lac Volta où le Gouvernement a déployé quatre bateaux de surveillance.

Il faut aussi remarquer que l'Administration des Pêches du Ghana a fait une campagne
éducative pour expliquer aux communautés de pêche les dispositions de la loi sur les pêches.
Ceci a été fait dans l'espoir que si les pêcheurs sont au courant des dispositions de la loi sur
les pêches, il se peut qu'ils ne violent pas consciemment la loi et ainsi les conflits seraient
réduits avec l'Administration des pêches.

De plus diverses catégories de pêcheries se sont réunies en association selon les types
d'appareil utilisés, comme par exemple l'Association des Armateurs de bateaux opérant près
de la côte. Ces associations servent à régler les querelles ou conflits entre elles, en plus du
fait qu'elles font pression sur le Gouvernement pour la satisfaction de leurs besoins.

Il n'y a pas d'autres procédures de règlement de querelles entre les pêcheurs, les
tailleurs de pirogues et autres usagers de la ressource de base sauf par le biais des
associations habituelles, des anciens, ou de la cour de justice.

50 Section 2(e) Etude de Cas: Ghana


4. Considération des effets socioéconomiques
Les effets de ces conflits peuvent se résumer en deux grandes pertes:

Le premier effet négatif important est la difficulté à gérer les pêcheries. La pêche
maritime au Ghana a atteint l'apogée de son développement. L'effort de pêche exercé
sur tous les stocks, à l'exception des thons, est trop grande. Et pourtant, les pêcheurs
notamment les propriétaires de navires de pêche industrielle et d'autres qui souhaitent
s'engager dans la pêche, continuent d'envoyer des demandes d'autorisation pour
importer des chalutiers et des crevettiers.

De plus, les pêcheurs continuent d'utiliser des matériels et méthodes de pêche


illégaux. La persistance de l'Administration des pêches pour empêcher une plus grande
expansion de la taille de la flottille de pêche action soutenue par la police officielle - a
intensifié les frictions entre l'administration et une partie des pêcheurs. Il en est de même de
l'utilisation des matériels et méthodes illégaux. Cependant, sur ce dernier point, il faut dire
que certaines communautés de pêche, surtout celles du lac Volta, soutiennent de tout coeur
l'Administration des pêches et aident à arrêter les contrevenants. Les ressources du
Gouvernement sont nettement insuffisantes pour assurer une supervision, un contrôle et une
surveillance efficaces des diverses flottes. En conséquence, il s'avère difficile de maintenir
le niveau de développement de la pêche maritime au Ghana.

ii) L'autre impact résultant de ces conflits a affecté négativement le statut socio-
économique des pêcheurs. Bien que le total des captures nationales annuelles varie
mais avec une tendance vers la hausse, la production par pirogue ou navire diminue,
ce qui rend les pêches moins économiques. Avec l'augmentation générale du coût de
la vie, les pêcheurs deviennent plus pauvres. La plupart des pêcheurs ne pouvant pas
acheter leurs intrants aux prix économiques ou commerciaux, le Gouvernement leur
vient en aide des manières suivantes

a) une exonération des droits de douane et taxe de vente sur tous les intrants de pêche
importés. Ceci vise à réduire le coût de ces intrants aux pêcheurs;

h) chaque fois que le gouvernement obtient des dons des pays amis pour acheter des
intants de pêche, ces derniers sont vendus au prix coûtant aux pêcheurs. Cependant,
généralement ces intrants ne suffisent pas pour satisfaire les besoins des pêcheurs;

c) le Gouvernement a institué récemment la vente de carburant mélangé d'avance aux


artisans-pêcheurs qui utilisent les moteurs hors-bord au tiers de son prix économique
ou commercial. Ce carburant est un mélange d'essence dans les proportions normales
permettant d'avoir une performance efficiente des moteurs hors-bord.

Rapport Technique du DIPA N° 53 51


5. Recommandations

Les recommandations proposées sont les suivantes:

Le Gouvernement doit continuer à faire appliquer les mesures de gestion des


pêcheries en vigueur et les modifier si nécessaire tout en se conformant aux résultats
des recherches en cours dans le domaine des pêches.

Le Gouvernement doit poursuivre ses efforts en vue de l'établissement de l'Unité de


supervision, de contrôle, de surveillance et d'application afin d'avoir l'oeil sur les
opérations des diverses flottes de pêche. A cet effet, on doit continuer à faire de
sérieux efforts pour éduquer les pêcheurs afin qu'ils sachent que les mesures de
gestion sont dans leur propre intérêt et qu'elles constituent un moyen d'assurer la
subsistance des générations présentes et futures. Par conséquent, il s'avère nécessaire
qu'ils se surveillent mutuellement pour une pêche responsable. Ainsi certains conflits
seront considérablement réduits. En d'autres termes, les pêcheurs doivent devenir des
partenaires au cours des opérations de l'Unité MCSE.

iii) Le Gouvernement doit continuer à accorder des exonérations de droits de douane et


de taxe de vente sur les matériels de pêche importés et instituer des mécanismes
susceptibles d'aider les pêcheurs à prendre la relève. La vente au prix coûtant des
intrants achetés avec les dons, la vente de carburant mélangé d'avance aux artisans-
pêcheurs à un prix réduit, ainsi que le reboisement doivent également se poursuivre.
Ainsi les conflits entre pêcheries et administrations des pêches, service des douanes
et service de prévention et autres utilisateurs d'arbres wawa seront considérablement
réduits.

L'application de la loi sur les pêches (PNDCL 256) de 1991 doit se poursuivre.

y) L'éducation de ceux qui formeront d'autres en traitement de poisson afin de réduire


les pertes après captures doit continuer. Ceci augmentera le revenu des pêches.
D'autre part, pêcheurs et mareyeurs seront plus à l'aise financièrement, et ainsi les
conflits résultant du désir d'augmenter les captures seront réduits.

vi) Avec l'exemple des pêcheurs migrants ghanéens, le DIPA peut aider au règlement de
conflits dans d'autres pays de la zone DIPA. On reconnaît généralement que les
pêcheurs ghanéens qui émigrent pour pêcher dans d'autres pays de la zone DIPA
entrent très souvent en ¿onflit avec les autorités locales. Le DIPA peut jouer le rôle
de catalyseur en encourageant une démarche diplomatique pour régler certaines de ces
querelles de façon à ce que les pêcheurs migrants puissent vivre et travailler en paix
dans les pays étrangers.

52 Section 2(e) Etude de Cas: Ghana


FIGURE 1: NUMBER OF CANOES IN SEVEN
CANOE CENSUSES IN GHANA

10000-"

8000

6000 -

4000 -

2000 -

/-
1989 1973 1977 1981 1986 1989 I 992
YEAR OF CENSUS

FIGURE 2; NUMBER OF OPERATIONAL INSHORtE


VESSELS, 1980-1902

300

250- -----
200

150-
-
100

o IÌìììÌìhìIii
1980 1982 l984 1986
YEAR8
1988 1990 1992

Rapport Technique du DIPA N° 53 53


-J

H1
<o
mco

O
LLJ
Ow
WW

r
Lu
o:

\\
LE) C LE) D LE) D LE) D
ca ca c'

FIGURE 4: ANNUAL MARINE FISH PRODUCTION


BY THE VARIOUS SECTORS, 1980 - 1992
30
300 -
250 -
200

150

100 -
9
4

1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992


YEARS

IN8HOfl INDU8TRIAL I TUNA /MARTI8ANAL

54 Section 2(e) Etude de Cas: Ghana


FIGURE 5: CUTTLEFISH PRODUCED BY
GHANAIAN VESSELS, 1980-1992

METRIC TONS
4000 -

3000

2000

1000

1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992


YEARS

FIGURE 6: PRODUCTION OF DEMERSAL AND


PELAGIC FISH, 1980 - 1992
Thousand M/l

350
300 -
250 -

il,
200-
160 -
100 -
50 -
-
7À'JLr4' v14JI4SIJ
o
1980 1981 198219631984196519861987198819891990 19911992
YEARS
DE ME RSAL i,"". PElO

Rapport Technique du DIPA N° 53 55


FIGURE 7A:GATCH PER TRIP OF ARTISANAL
FiSHING GEARS, 1980-1992
KG
600

60

400 -

300 -

200 -

100

o i ' ' I

1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992


YEARS
-4--- B/SEINE -s-- 8/NET 0 LINE

FIGURE 7B:CATCH PER TRIP OF ARTISANAL


FISHING GEARS, 1980-1992
KG
600

500

400

300

200

100

o
1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992
YEARS
-APW x DGN

56 Section 2(e) Etude de Cas: Ghana


FIGURE 8A: CATCH PER TRIP OF INSHORE
PURSE SEINERS, 1980-1992
KG
3000

2600

2000

1500

1000

500

o
1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992
YEARS
- SMALL a--- LARGE

FIGURE 8B: CATCH PER TRIP OF INSHORE


TRAWLERS, 1980-1992
TONNES

o
1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992
YEARS
SMALL 1--LARGE

Rapport Technique du DIPA N° 53 57


FIGURE 9: CATCH PER TRIP OF INDUSTRIAL
TRAWLERS, 1980-1992
TONNES

1980 1982 1984 1988 1988 1990 1992


YEARS

58 Section 2(e) Etude de Cas: Ghana


Conflits dans les Pêcheries Côtières
au Gabon

Par

Mba Nguema Léon


B.P. 1128, LibreviLle
République du Gahon

1. Introduction
Le Gabon possède une façade maritime de 800 km, un plateau continental de 40.000
km2 et une ZOflC éConomique exclusive de 20f) milles marins. Pour des besoins
d'administration de la pêche, on distingue entre la pêche maritime et continentale.

La pêche maritime qui se pratique dans l'océan Atlantique, dans les lagunes et dans
les estuaires, des fleuves .jusqu'à la limite de salure des eaux. A l'intérieur de la
pêche maritime on distingue entre la pêche industrielle et artisanale.

La pêche continentale se pratique dans les eaux douces intérieures des rivières, des
lacs, des fleuves, et des lagunes jusqu'à la limite de salure des eaux.

1.1 Pêche artisanale

Lorsque l'on parle de la pêcherie artisanale gabonaise, le facteur essentiel à prendre


en considération est l'appartenance des différents villages à une certaine ethnie, facteur qui
commande le choix des techniques, l'utilisation du produit, la disponibilité de la main
d'oeuvre. On note des communautés entièrement étrangères (90% du nombre des pêcheurs
artisanaux).

La technique des pêches varie selon le type de poisson que l'on désire capturer et
selon les coutumes des pêcheurs qui les emploient. De manière générale, les engins les plus
utilisés sont: les filets maillants (fixes ou traînants), les filets tournants ou encerclants, le
trémail, les lignes de fond, les éperviers et les sennes de plage.

Les Embarcations

Les types de pirogues utilisés par les pêcheurs-artisans au Gahon sont: la pirogue
gabonaise à rame; la pirogue béninoise; la pirogue nigériane; la pirogue togolaise; la pirogue
ghanéenne et la pirogue plastique. La puissance des moteurs varie entre 6 CV et 41) CV.

La pêcherie artìsanale compte 2597 pêcheurs pour 757 pirogues. Les principaux
villages de pêcheurs sont:

Rapport Technique du DIPA N° 53 59


Estuaire: (Béninois, Togolais, Nigérians, Gabonais el Ghanéens)
Aviation, Bambou-chine, Pont-Nomba, Poubelle, Petit el Grand Village, Cocobeach,
Donguila, Ile Nende, Lalala.

Ogooué-Maritime: (Gabonais, Togolais, Béninois et Nigérians)


Port-Gentil, Cap Lopez, Matanda, Omhoué.

Nyanga: (Gabonais, Béninois, Togolais, Sénégalais, Zaïrois et Angolais)


Mayumha, SNBG, Ndindi, Mangali.

Espèces cibles capturées

En pêche artisanale, les espèces cibles demeurent: les bars, les bossus, les capitaines,
les poisons rouges, les soles, les dorades grises, les machoirons d'eau douce, la sardine etc...

1.2 Pêcherie industrielle

La pêcherie industrielle est constituée par une structure de bateaux exploitant le stock
de crevettes roses, et les poissons de roches, on note une série de bateaux pratiquant le chalut
de fond. Ces bateaux sont en majorité des glaciers ou des bateaux de pêche fraîche.

On distingue trois (3) types de pêche industrielle:

Pêche cordière: les cordiers exploitent les sparidés, les lutjanidés, les serranidés, et
les captures annexes constituées par les carangues et les thonines.

Pêche crevettière: l'espèce cible est la crevette rose, dite crevette d'estuaire, les
espèces annexées sont les langoustes, les crabes et quelques individus de pénéidés
autres que Penaues notialis, les calmars et certains démersaux.

Pêche chalutière: sont considérés comme espèces cibles par la pêche chalutière tous
les démersaux de fond vaseux et des estuaires parmi lesquels: les bars, les capitaines,
les bossus, les dorades grises, les machoirons, les disques, les carangues, les soles
et les mérous.

La pêcherie industrielle (armements) compte: 9 chalutiers, 13 crevettiers, 5 ligneurs


ou cordiers. Les principaux ports d'attache sont Libreville et Port-Gentil.

2. Typologie des conflits

Dans les eaux sous juridiction nationale, il est institué quatre zones définies ci-après
dans lesquelles la pêche est soumise à des conditions spécifiques.

La première zone est constituée de toutes les eaux continentales des rivières et lacs
ainsi que des fleuves et lagunes jusqu'aux embouchures de l'océan. Dispositions applicables:

60 Section 2(1) Etude de Cas: Gabon


cette zone est réservée aux pêcheurs de nationalité gabonaise se livrant exclusivement à la
pêche artisanale à caractère professionnel ou coutumier.

La deuxième zone s'étend de la limite de la première zone jusqu'à une distance de


trois (3) milles marins au large de l'Océan Atlantique. Dispositions applicables: l'accès à la
deuxième zone est exclusivement autorisé aux pêcheurs artisanaux de nationalité gabonaise
et entreprises conjointes de pêche artisanale. Dans la deuxième zone la pêche au chalut,
pêcheurs étrangers en dehors du cadre des entreprises conjointes et l'utilisation des filets
monofilaments sont interdits

La troisième zone comprend l'étendue des eaux maritimes comprises entre trois (3)
milles et six (6) milles marins. Dispositions applicables: l'accès à la troisième zone est
exclusivement autorisé à tout pêcheur gabonais, la pêche artisanale, aux entreprises
gabonaises de pêche industrielle et aux entreprises conjointes de pêche industrielle. Tout
navire pêchant dans cette zone doit battre pavillon gabonais et jauger quatre cent cinquante
tonneaux au maximum.

La quatrième zone comprend l'étendue des eaux maritimes situées au-delà dc six (6)
milles marins jusqu'à à la limite supérieure de la zone économique exclusive. Dispositions
applicables: elle est ouverte à la pêche industrielle, aux pêcheurs et aux bateaux de toutes
nationalités ayant obtenu auprès de l'administration des pêches gabonaises la licence de pêche
industrielle el les autres autorisations appropriées.

Conflits

Le non respect de ces zones de pêche crée des conflits entre: l'administration et la
pêcherie industrielle; l'administration et la pêcherie artisanale; la pêcherie industrielle et la
pêcherie artisanale et la pêcherie artisanale entre elle.

Conflits entre la pêcherie industrielle et l'administration se produisent en cas de non


paiement de la licence de pêche ou licence périmée, quand la capture est non conforme à la
licence et quand le rôle d'équipage est inexistant.

Les conflits entre le pêcherie industrielle el la pêcherie artisanale se produisent quand,


à certains moments, les bateaux de pêche industrielle viennent chaluter dans la zone réservée
à la pêche artisanale. C'est ainsi qu'à leur passage, ils entraînent les filets et trémails.

Le problème de pêcheurs-artisans entre eux provient du fait que les nationaux


n'acceptent pas que les pêcheurs expatriés accèdent dans les rivières qui leur sont des droits
d'usage coutumiers (Kango el Nfoulezem).

Rapport Technique du DIPA N° 53 61


3. Contrôle et la protection des ressources halieutiques et des zones de
pêche
Pour des fins dc gestion et dc conservation des ressources halieutiques et des zones
de pêche situées dans les eaux sous juridiction gabonaise, il est institué un système de
contrôle des navires de pêche et autres engins de mer dont les conditions et les modalites sont
définies par les dispositions ci-après.

Arraisonnement des navires ou des engins de ruer

Lors des contrôles effectués en mer dans le cadre des présentes dispositions, les
infractions suivantes constatées donnent automatiquement lieu à l'arraisonnement du navire
ou de l'engin de mer se trouvant en infraction et déroutement vers le port le plus proche:

pêche sans licence ou avec une licence périmée;


pêche avec les techniques et les engins prohibés;
pêche en zone interdite;
pollution des zones de pêche.

Procédure de résolution des conflits

Dans le domaine de la pêche industrielle, l'instruction de l'affaire et le règlement du


litige reviennent à l'administration dont relève l'infraction. Celle-ci décide des sanctions
applicables conformément à la réglementation en vigueur, ou, le cas échéant saisit l'autorité
judiciaire. Au niveau du Gahon, les administrations chargées du contrôle sont: les Eaux et
Forêts, la Défense Nationale et la Marine Marchande.

Différents conflits qui on eu lieu en pêche artisanale

Port-Gentil:

lcr conflit en 1977: La communauté des pêcheurs gabonais reprochait aux communautés
Togolo-Béninoises l'utilisation des sennes tournantes. Des bagarres
éclatent entre les deux communautés et le Gouvernement était obligé
d'intervenir en interdisant sur toute l'étendue des eaux territoriales
gabonaises l'utilisation des sennes tournantes.

2ème conflit 1985: Entre la communauté Oroungou et les communautés Togolo-


Béninoises, cette fois-ci, il était reproché aux pêcheurs béninois la
pêche dans les rivières où ils effectuaient des barrages (barrer les cours
d'eau avec des filets): pénétration par des Béninois dans certaines
rivières qui n'étaient pas fréquentées par des pêcheurs gabonais pour
des croyances religieuses (zone beaucoup poissonneuses). D'une
manière générale, ils estiment que les techniques utilisées par les
Béninois sont plus destructives, ils sollicitaient le déversement des
pêcheurs étrangers en mer plutôt que dans les eaux intérieures plus

62 Section 2(f) Etude de Cas: Gabon


poissonneuses, d'une manière officielle, le gouvernement n'a pas
encore trouvé de solution à ce conflit. Les deux communautés
continuant à cohabiter.

Omhoue 1991: Les pêcheurs gabonais demandent aux pêcheurs sénégalais de quitter
la lagune de Fernand-Vaz pour ailler pêcher dans l'Océan Atlantique.

3ème conflit: Conflit des zones de pêche (entre la pêche industrielle et la pêche
artisanale).

4. Recommandations
Dans le domaine dc la pêche, le Gabon veut bénéficier de l'expérience acquise par
les autres pays. Ceci provient du fait que le secteur pêche a été négligé dans notre pays.

Rapport Technique du DIPA N° 53 63


SECTION 3

ANNEXES

64 Section 3: Annexes
ANNEXE I

ORDRE DU JOUR

7 Présentation et discussion des études de cas.

Cameroon
Côte d'ivoire
Sénégal
La Gambie
Ghana
e Gahon

Conclusions et Recommandations.

Evaluation de l'Atelier.

Rapport Technique du DIPA N° 53 65


ANNEXE 2

LISTE DES PARTICIPANTS

Mr. Gilbert Mensah Mr. Atti-Mama Cyriaque


Direction des Pêches Direction des Pêches
B.P. 383 B.P. 383
Cotonou - (BENIN) Cotonou (BENIN)

Mr. Lassissi Akambi Mr. Sènouvo Prosper


Direction des Pêches Direction des Pêches
B.P. 383 B.P. 383
Cotonou (BENIN) Cotonou (BENIN)

Mr. José M. Ramos Mme. Bondja Monique


Institut National du Développement des Economiste des Pêches
Pêches Ministère de l'Elevage, des Pêches et des
Ministère des Pêches Industries Animales
CP 30 YAOUNDE - CAMEROUN
Praia
CABO VERDE

Dr. Djama Théodore* Dr. Toumba Gabriel


Station de Recherches Halieutiques et Division Pêche Lagdo
Océanographiques Projet Nord-Est Bénoué
B.P. 343 B.P. 17 Garoua
Kribi - CAMEROUN CAMEROUN

Mr. André Bitoumba Mr. Mamadou Doumhia*


Direction Générale de la Pêche Direction des Pêches
B.P. 1650 B.P. V19
BRAZZAVILLE - CONGO Abidjan - COTE D'IVOIRE

Mr. José Bikoro Eko Ada Mr. Mba Nguéma Léon*


Ministerio de Ganaderia y Pesca Responsable des Brigades de Pêches
Malabo, Bioko Norte Maritime, Ministère des eaux et
GUINEA ECUATORIAL Forêts, de la Pêche et de l'Environnement
B.P. 1128
Lib revi! le
GABON

Mr. Momodou N'jie* Mr. Martin A. Mensah


Fisheries Department Fisheries Department
Banjul - THE GAMBIA P.O. Box 630
ACCRA - GhANA

66 Section 3(2) Liste des Participants


Mr. Braimah LI. Mr. K. A. Koranteng*
National Director Fisheries Research & Utilization Branch
Yeji Project P.O. Box B-62
Accra Tern a
GHANA GHANA

Dr. Fodé Mamadou Kaha Mr. Fode Aly Camara*


Direction O.P.P.A. Directeur National
B.P. 296 Projet Kahack
Conakry GULNEE Conakry - GUINEE

Mr. Domingos Barros Mr. Isaac Flowers


Direction Générale de la Pêche Artisanale Fisheries Department
B.P. 102 Monrovia, LIBERIA
Bissau - GUINEE BISSAU

Mr. M.L. Quid Meymoun Mr. Olawande Foluso Adehiyi


Ministère des Pêches/DPA Federal Department of Fisheries
B.P. 137 PMB 12529
NOUAKCHOTT - A
URITANIE Victoria Island,
LAGOS - NIGERIA

Mr. Olavo Aníbal Mr. Sylvain A. Boyer,


Cabinet du Ministre du Commerce, Direction de l'Océanographie et
Industrie, Tourisme et Pêche Pêches Maritimes
B.P. 59 B.P. 289
SAO TOME & PRINCIPE Dakar - SENEGAL

Dr, Moustapha Kéhé* Commandant Makane Ndiaye


CRODT/ISRA Direction des Pêches PSPS
B.P. 2241 Dakar - SENEGAL
Dakar
SENEGAL

Mr. Alexander C.V. Forde Mr. Yaovi Addra


Fisheries Department Direction de l'Elevage et des Pêches
Department of Marine Resources B.P. 4041
Youyi Building, LOME - TOGO
Freetown- SIERRA LEONE

Mr. Kisahma Katsongo FAO ROME


Ministère de l'Environnement et
Conservation de la Nature et Tourisme Mr M. Doeff
B.P. 12348
Kinshassa- 1 Mr. G. Everett
ZAIRE

Rapport Technique du DIPA N° 53 67


Equipe du DIPA Appui Logistique

F. Houéhou A.M. Oul'I'oué


L. Hansen
B. Kamphorst A. Quenum
K, Demuynck
R. Reusen R. Kinnon
H. Stokholm
V. Heinbuch V. Adité
J.P. Gallène
B. Horernans D. Hounsou
II)) J.P. Johnson
11) B.P. Satia R. Adidémin

* Auteurs des Etudes de Cas

68 Section 3(2) Liste des Participants


LISTE DES RAPPORTS DLPA - LIST OF WAF REPORT

I. Documents techniques / Technical documents

De Graauw, MA., Etude de préfactibilité technique de l'aménagement d'abris pour la pêche maritime
1985 artisanale au Bénin. Cotonou, Projet DIPA. 55 p., DIPA/WP/l.
Black Michaud, M.J., Mission d'identification des communautés littorales de pêcheurs artisans au
1985 Bénin. Cotonou, Projet DIPA, 24 p., DIPA/WP/2.
Guibrandsen, O.A., Preliminary account of attempts to introduce alternative types of small craft into
1985 West Africa. Cotonou, IDAF Project, 51 p., IDAF/WP/3.
Gulbrandsen, O.A., Un compte-rendu préliminaire sur les tentatives d'introduire des types alternatifs
1985 de petites embarcations en Afrique de l'Ouest. Cotonou, Projet DIPA. 53 p.,
DIPA/WP/3.

Jorion, P.J.M., The influence of socio-economie and cultural structures on small-scale coastal fishe-
1985 ries development in Bénin. Cotonou, IDAF Project, 59 p., IDAFIWP/4.
Jorion, P.J.M., L'influence des structures socio-économiques sur le développement des pêches artisa-
1985 nales sur les côtes du Bénin. Cotonou, Projet DIPA, 59 p., DIPA/WP/4.
Tandberg, A., Preliminary assessment of the nutritional situation of subsistence fishermen's families.
1986 Cotonou, IDAF Project, 31 p., IDAF/WP/5.
Wijkstrom, O., Recyclage des personnels pêche en gestion et comptabilité. Cotonou, Projet DIPA,
1986 25p., DIPA/WP/6.
Collart, A., Development planning for small-scale fisheries in West Africa, practical and socio-
1986 economic aspects of fish production and processing. Cotonou, IDAF Project, 34 p.,
IDAF/WP/7.
Collart, A., Planification du développement des pêches artisanales en Afrique de l'Ouest; production
1986 et traitement du poisson, ses aspects matériels,techniques et socio-économiques.
Cotonou, Projet DIPA, 67 p., DIPA/WP/7.
Van der Meeren, A.J.L., Socio-economie aspects of integrated fisheries development in rural fishing
1986 villages. Cotonou, IDAF Project, 29 p., IDAFIWP/8.
Haling. L.J., et O. Wijkstrom. Les disponibilités en matériel pour la pêche artisanale. Cotonou. Pro-
1986 jet DIPA, 47 p., DIPA/WP/9.
Akester, S.J., Design and trial of sailing rigs for artisanal fisheries of Sierra Leone. Cotonou, IDAF
1986 Project, 31 p., IDAF/WP/10.
Vétillart, R., Rapport détude préliminarie sur laniénagement d'un abri pour la pêche maritime artisa-
1986 nale à Cotonoti. Cotonou, Projet DIPA, 31 p., DIPA/WP/l I.
Van Hoof, L., Small-scale fish production and marketing in Shenge, Sierra Leone. Cotonou, IDAF
1986 Project, 36 p.. IDAF/WP/12.
Everett, GV., An outline of West African small-scale fisheries. Cotonou, IDAF Project. 32p.. IDAF/
1986 WP/13.

Anon., Report of the second IDAF liaison officers meeting; Freetown, Sicrra Leone (11 - 14 No-
1987 vember 1986). Cotonou, IDAF Project, 66 p., IDAF/WP/15.
Anon., Compte-rendu de la deuxième réunion des officiers de liaison du DIPA. Cotonou, Projet
1987 DIPA, 27 p., DIPA/WP/16.
Campbell, R.J., Report of the prcparatory technical meeting on propulsion in fishing canoes in West
1987 Africa (Freetown, 15-18 November 1986). Cotonou, IDAF Project, 88 p.,
IDAF/WP/l 7.
Davy, DB., Seamanship, Sailing and Motorisation, Cotonou, IDAF Project, 85p., IDAF/WP/18.
1987

Anum-Doyi, B., and J. Wood, Observations on fishing methods in West Africa. Cotonou, IDAF Pro-
1988 ject, 53 p., IDAF/WP/19.
Anon., Report of the third IDAF liaison officers meeting (Cotonou, 2 - 4 December 1987). Cotonou,
1988 IDAF Project, 88 p.. IDAF/WP/20.
Anon., Compte-rendu de la troisième réunion des officiers de liaison du DIPA (2-4 Décembre 1987).
1988 Cotonou, Projet DIPA, 85 p., DIPA/WP/20.
Haakonsen, J.M. (Ed.) Recent developments of the artisanal fisheries in Ghana. Cotonou, IDAF Pro-
1988 ject, 69 p., IDAF/WP/21,
Everett, GV., West African marine artisanal fisheries. Cotonou, IDAF Project, 41 p., IDAF/WP/22.
1988

Everett. GV., Les pêches maritimes artisanales en Afrique de l'Ouest. Cotonou, Projet DIPA, 44
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Paraïso, F-X., Rapport sur stages de recyclage en identification des poissons Cotonou, GCP/RAF/
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