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PC* - Travaux pratiques de physique TP-Cours : Polarisation de la lumière

TP-Cours : Polarisation de la lumière


La lumière naturelle émise par les sources usuelles n’est pas polarisée ; le champ électrique présente
une orientation variant aléatoirement au cours du temps. Dans ce TP-cours, nous abordons la manière
dont on peut, on moyen de dispositifs appropriés, obtenir de la lumière polarisée à partir de lumière
naturelle.
Anticipons un peu sur le cours d’optique. Les détecteurs de lumière, par exemple nos yeux, ne per-
çoivent pas directement le champ électromagnétique. Ils sont sensibles à la puissance moyenne reçue par
chaque cellule rétinienne, donc à la valeur moyenne du vecteur de Poynting. Pour une onde plane pro-
gressive, il est proportionnel au carré du champ électrique. Nous nommerons donc intensité lumineuse en
un point M la quantité
~
I(M) = ǫ0 c < E(M, t)2 >
qui nous informe sur le caractère plus ou moins bien éclairé au point M d’un écran. Comme on ne réalise
jamais d’application numérique pour I, on abandonne souvent, en optique, le préfacteur ǫ0 c.

I Obtention de lumière polarisée rectiligne


I.1 Polarisation par réflexion vitreuse
a. Réflexion vitreuse

Considérons une onde électromagnétique plane progressive tombant sur un dioptre plan séparant deux
milieux transparents d’indices n1 et n2 . Elle donne naissance à un rayon réfléchi et à un rayon réfracté
obéissant aux lois de Descartes. En particulier, ces deux rayons appartiennent au plan d’indicence défini
par la normale ~n au dioptre et par le rayon incident. Sur la figure 1, il se confond avec le plan de la feuille.

E~ik
E~r⊥
E~i⊥ ~n
i
i1 −i1
fléch E~rk

on
n1 ray
n2
ray
on
tran
smi

i2
E~tk
s

E~t⊥

Figure 1: Décomposition des champs pour l’étude de la réflexion et de la réfraction sur un dioptre

Les OEM planes sont transverses. Le champ électrique est, pour chacune des trois rayons, inclus dans
le plan perpendiculaire au rayon lumineux. Écrivons qu’il est la somme de deux composantes, l’une incluse

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dans la plan d’incidence et l’autre perpendiculaire au plan d’incidence :


~ i (M, t) = E~ik (M, t) + E~i⊥ (M, t)
E
E~r (M, t) = E~rk (M, t) + E~r⊥ (M, t)
~ t (M, t) = E~tk (M, t) + E~t⊥ (M, t)
E

Das la suite, l’onde transmise ne nous sera pas utile. L’onde incidente et l’onde réfléchie peuvent être
considérées comme la superposition de deux ondes. Leurs intensités respectives s’écrivent

Ii = Iik + Ii⊥ Ir = Irk + Ir⊥ ,

chacune des intensités se déduisant du champ électrique correspondant. Par exemple,


2
Iik =< E~ik >.
On définit un coefficient de réflexion pour l’intensité lumineuse comme le rapport de la puissance
réfléchie à la puissance incidente. Distinguons ici le coefficient de réflexion Rk pour l’onde parallèle au
plan d’incidence de celui R⊥ correspondant à l’onde réfléchie :
Irk Ir⊥
Rk = R⊥ =
Iik Ii⊥

Nous apprendrons dans un prochaîn chapitre d’électromagnétisme à exprimer ces coefficients en fonc-
tion de n1 , n2 , i1 et i2 . Contentons nous pour l’heure de résultats expérimentaux. La figure 2 donne les
variations de R⊥ et R k en fonction de l’angle d’incidence i = i1 .

Variations de R // et R perp avec l’incidence i

1
Coefficients de réflexions

Rperp

R\\

0
0 iB
Angle d’incidence i

Figure 2: Coefficients de réflexion de l’intensité lumineuse en fonction de l’angle d’incidence i

Ces courbes nous enseignent plusieurs choses.


— Tout d’abord, R⊥ et Rk sont numériquement différents : la lumière ne se réfléchit pas de la même
manière selon la direction du champ électrique.
— Les deux coefficients R⊥ et Rk dépendent de l’angle d’incidence i. Tous les deux deviennent plus

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forts lorsque i s’approche de π/2. 1


— Le coefficient R⊥ monotone et strictement positif, est toujours supérieur à Rk : la composante du
champ perpendiculaire au plan d’incidence se réfléchit davantage.
— Le coefficient Rk s’annule pour une incidence particulière. On la nomme incidence de Brewster
et on la note iB .
Nous aurons l’occasion de démontrer que

n2
 
iB = arctan
n1

Dans l’exemple fréquent d’un dioptre air-verre, n1 = 1 et n2 = 1, 5 de sorte que iB ≃ 56◦ .

b. Conséquences
Considérons un faisceau de lumière tombant sur un dioptre. En général, et en particulier s’il s’agit
de lumière naturelle, son champ électrique présente deux composantes E~ik et E~i⊥ . Dans le cas particulier
où i = iB , le champ parallèle au plan d’incidence ne se réfléchit pas puisque Rk (iB ) = 0. Dans ce cas, le
champ réfléchi se compose uniquement de E~⊥ . D’où la conclusion à retenir :
Lorsqu’un faisceau rencontre un dioptre sous l’incidence de Brewster, l’onde réfléchie est pola-
risée perpendiculairement au plan d’incidence
La figure 3 en donne l’illustration. Remarquons que si i est voisin de iB sans lui être exactement égal,
Rk demeure très inférieur à R⊥ : un réglage même approximatif de i permet donc d’obtenir une onde
réfléchie qui se rapproche suffisamment, pour nos applications, d’une polarisation rectiligne.

plan d’incidence

E~ik

E~i⊥ E~r⊥
iB iB

Figure 3: Polarisation par réflexion vitreuse à l’angle de Brewster

c. Démonstration expérimentale avec l’appareil de Nuremberg (hors cours)


Cet appareil comporte deux plaques de verre réfléchissant que le faisceau rencontre successivement
et dont on peut modifier l’orientation relative. La première sert à produire de la lumière polarisée rec-
tilignement par réflexion de Brewster, la seconde permet de constater cet état de polarisation. Dans la
configuration représentée ci-dessous, le plan d’incidence Π1 sur le premier miroir, défini par le rayon 1
et n~1 , est parallèle à (Oxy). Le rayon 2 est dirigé selon u~y . On oriente le second miroir de sorte que
1. C’est la raison pour laquelle le tableau noir sur lequel le professeur écrit brille particulièrement pour les élèves qui se
situent aux extrémités des premiers rangs.

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2
Π
Ray
on 3

i2
M2
n2

Rayon 2
y
~
E Π1

x
n1
z
i1
Ray
on 1
1
M

Figure 4: Mise en évidence de la polarisation par réflexion vitreuse avec l’appareil de Nuremberg

sa normale n~2 soit dans le plan (u~y , u~z ). Ainsi le plan d’incidence Π2 , définir par n~2 et le rayon 2, est
parallalèle à (u~y , u~z ) c’est à dire orthogonal à Π1 .
Si i1 = iB , le rayon 2 est polarisé rectilignement dans la direction u~z perpendiculaire à Π1 mais
parallèle à Π2 . Si de plus i2 = iB , le rayon 3 disparaît.

I.2 Polarisation par dichroïsme


a. Matériau dichroïque
Certains matériaux sont transparents ou bien opaques selon la direction du champ électrique (figure
5). On les dit dichroïques et la propriétés associée se nomme le dichroïsme. Certains cristaux naturels tels
que la tourmaline la présentent. Mais on sait aussi fabriquer des matériaux dichroïques artificiels connus
sous le nom de polaroïds. Retenons la défintion

Un matériau dichroïque transmet sélectivement une composante du champ électrique et absorbe


l’autre.
Les matériaux dichroïques envisagés ici sont idéaux dans le sens où l’une des deux composantes est
transmise à 100% et l’autre à 0%. En pratique, une composante est nettement plus transmise que l’autre
sans que celle-ci soit totalement éteinte. Dans la suite, nous négligerons cette imperfection.

Par définition, les matériaux dichroïques sont anisotropes puisque leurs propriétés dépendent de la

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~i
E
~t
E

Figure 5: Lors du passage du faisceau au travers d’un matériau dichroïque, une composante du champ
électrique est transmise, l’autre aborbée.

direction du champ électrique 2 . Pour comprendre leur fonctionnement, observons comment une grille
métallique se comporte vis-à-vis d’ondes électromagnétiques centimétriques (figure 6). Lorsque le champ
électrique est parallèle aux fils, il entraîne un mouvement des électrons. La grille de comporte comme
une plaque conductrice et empêche le passage de l’onde électromagnétique. Si, comme sur la figure 6, le
champ est perpendiculaire aux fils, la grille se comporte comme un isolant car les électrons ne peuvent
pas sauter d’un fil à l’autre. L’onde électromagnétique est donc peu affectée par la grille et la traverse. Les
polaroïds repoduisent une structure analogue mais à l’échelle micrométrique correspondant aux longueurs
d’onde optique. De longues molécules disposées parallèlement les une aux autres assurent l’anisotropie
du matériau ; il transmet sélectivement la composante du champ électrique qui leur est perpendiculaire.

~i
E

Figure 6: Passage d’une onde électromagnétique polarisée rectiligne au travers d’une grille métallique

2. Nous reviendrons sur l’anisotropie dans le cours sur les ondes électromagnétiques dans les milieux diéelectriques

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b. Identification de la direction privilégiée d’un polaroïd

Les feuilles de polaroïds artificielles sont généralement montées sur un support et comportent une
aiguille permettant de matérialiser leur orientation. Selon le matériel choisi, cette aiguille indique soit à
la direction dans laquelle le champ électrique est transmis (perpendiculaire aux « fils »), soit la direction
dans laquelle le champ électrique est absorbé (parallèlement aux « fils »). Avant tout utilisation, il convient
donc d’identifier ces deux directions et de savoir comment l’aiguille a été placée.
Pour cela, on produit de la lumière polarisée rectiligne par réflexion de Brewster. Soit u~0 le vecteur
unitaire perpendiculaire au plan d’incidence donnant la direction de polarisation du faisceau réfléchi. On
observe ce faisceau au travers du polaroïd. En le faisant tourner dans son plan, on constate des variations
d’intensité lumineuse. Quand la lumière s’éteint, u~0 est dans la direction absorbante du polaroïd. La
direction transmissive lui est perpendiculaire. Si l’appareil est bien réglé, l’aiguille devrait alors se situer
sur la graduation 0˚du rapporteur inscrit sur le support. S’il est faussé, il faut le régler avec l’aide du
professeur.

plaque de
verre
iB
Source
lumineuse ~ k u~0
E
polaroid

Figure 7: Identification des directions privilégiées d’un polaroïd

Évidemment, on peut facilement identifier les directions privilégiées d’un polaroïd si on les connaît
sur un autre polaroïd. Mais nous nous somme ici placés dans la situation où l’on dispose uniquement de
polaroïds inconnus. En l’absence de verre noirci, n’importe quelle surface isolante réfléchissant la lumière
peut faire l’affaire : essayez en observant les reflets de la lampe de bureau sur votre paillasse.
Dans toute la suite, nous représentons par une flèche la direction privilégiée dans laquelle le polaroïd
transmet le champ électrique. On note u~P le vecteur unitaire correspondant.

c. Utilisation d’un polaroïd comme polariseur

Considérons de la lumière polarisée ou naturelle tombant sur un polaroïd (figure 8). Le champ élec-
trique incident possède deux composantes : l’une selon u~P , l’autre selon la direction orthogonale.
~ i = Ei P u~P + E
E ~ i ⊥P

Après le polaroïd, seule subsiste la composante parallèle à P~ . D’où l’écriture du champ transmis :

~ t = Ei P u~P = u~P .E
~ i u~P
 
E

Un polaroïd parfait transmet la projection du champ électrique sur sa direction de transmission


privilégiée.
La lumière transmise par la polaroïd est donc polarisée rectiligne dans la direction u~P . Un polaroïd
permet de transformer de la lumière naturelle en lumière polarisée rectiligne. Pour cette raison, on utilise
indifféremment les mots « polariseur » ou « polaroïd ».

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~i
E ~i
E
P
~ t = (E
E ~ i .u~P ) u~p

u~P

Figure 8: Utilisation d’un polaroid : il transmet la projection du champ électrique incident sur sa
directoin de transmission priviliégiée u~P

I.3 Utilisation d’un polaroïd comme analyseur


Le but de ce TP-cours est non seulement de savoir produire de la lumière polarisée, mais aussi
de savoir la reconnaître et de déterminer son état de polarisation. Cette seconde opération s’appelle
couramment « analyse de lumière polarisée ». On peut dans ce but utiliser un polaroïd qui joue alors le
rôle d’analyseur. Dans ce cas, nous notons le polaroïd A et le représentons par une flèche indiquant sa
direction de transmission priviliégiée.

a. Loi de Malus
Soit une onde de champ électrique E ~ i polarisée rectiligne. Elle rencontre un analyseur A de
\
~ i , u~A ). L’intensité lumineuse transmise par
direction de transmission privilégiée u~A . Soit α = (E
l’analyseur varie avec α selon It = I0 cos α 2

L’intensité maximale I0 s’obtient pour α = 0 ce qui correspond à une onde incidente polarisée selon
la direction de transmission de l’analyseur. Dans ce cas, un analyseur parfait laisse intégralement passer
le faisceau : I0 s’indentifie donc à l’intensité lumineuse incidente.

~i
E ~i
E
A
~ t = (E
E ~ i .u~A ) u~A
α
u~A

intensité I0 intensité I0 cos2 α

Ladémonstration de ce résultat n’est par très compliquée. Le champ transmis par l’analyseur vaut
~t = E ~ t 2 >=< cos2 α E
~ i .u~A u~A = Ei cos α u~A . L’intensité transmise vaut par définition It =< E ~ i 2 >.

E
Comme α ne dépend pas du temps, It =< E ~ i 2 > cos2 α = I0 cos2 α.

b. Analyse de lumière polarisée rectiligne


Soit une onde PR dans une direction ~u inconnue. Selon la loi de Malus, un analyseur permet de
reconnaître expérimentalement cet état de polarisation et de trouver ~u 3 . En effet, en faisant tourner A
dans son plan, on observe des variations d’intensité avec un maximum (lorsque α = 0[π]) et un minimum
3. À π près, l’état de polarisation est défini par une droite

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nul (lorsque α = π/2[π]). Ces constatations permettent d’affirmer que la lumière incidente est polarisée
~ produisant l’extinction du faisceau transmis.
rectiligne. La direction ~u est orthogonal à celle de A

Manipulation :
Placer le diaphragme au foyer d’une première lentille pour obtenir un faisceau de rayons grossièrement
parallèles. Par la deuxième lentille, former l’image de ce trou sur l’écran. Cela n’est pas essentiel mais
fournit un meilleur confort d’observation. Le polariseur P permet d’obtenir une polarisation rectiligne,
l’analyseur A de l’analyser. Pratiquer dans le binôme un jeu de devinettes : un élève polarise, l’autre doit
trouver la direction du champ électrique.
L’exctinction se produit quand P et A forment un angle de 90˚. On dit dans ce cas que le polariseur
et l’analyseur sont croisés.

P A

f′
f′

Figure 9: Production et analyse de lumière PR

I.4 Analyse de lumière naturelle


Dans le montage utilisé précédemment, retirer le polariseur et faire tourner A. Que dire des variations
de l’intensité transmise ?

....................................................................................................

Pour de la lumière naturelle, la direction de E~ varie de manière aléatoire au cours du temps ; il n’existe
aucune direction privilégiée dans le plan d’onde. Si un tel faiceau traverse un analyseur, la direction de
celui-ci sera donc sans influence sur l’intensité lumineuse transmise.

Lors de l’analyse d’un faiceau de lumière naturelle, l’intensité transmise ne varie pas lorsqu’on
fait tourner l’analyseur dans son plan

II Propriétés des lames biréfringentes


Dans la première partie nous avons mis à profit les propriétés des matériaux dichroïques pour produire
et analyser de la lumière PR. La manipulation de lumière PE ou PC nécessite l’emploi d’autres dispositifs
auxquels nous consacrons toute la partie II.

II.1 Matériau biréfringent


Observons comment la lumière se propage en traversant un cristal de spath.
Sur l’écran, on observe deux images la source. Un rayon lumineux incident se sépare, par réfraction
dans le spath, en deux rayons distincts. Selon la loi de Descartes, le spath présente donc, pour chacun

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2 image du
trou source
source
lumineuse
trou source
lame de spath
Écran

Figure 10: Double réfraction de la lumière dans un cristal de spath

de ces deux rayons, une valeur donnée de l’indice de optique. Un tel matériau, possédant deux valeurs
distinctes de l’indice de réfraction, est dit biréfrigent. En plaçant un polariseur devant le cristal, on
constante que l’un des rayons correspond à une polarisation verticale du champ électrique, l’autre à une
polarisation horizontale. D’où la conclusion à retenir :
Dans un matériau biréfringent, la propagation met en jeu deux indices optiques distincts asso-
ciés à deux directions orthogonales du champ électrique

II.2 Lame à retard


Une lame à retard est constituée d’une fine épaisseur de matériau biréfringent. On l’utilise en incidence
normale ; les deux deux rayons observés plus haut sont alors confondus mais se propagent avec des indices
différentes et des céléritées différentes.

LNr

~
E
LN
l
E~z
E~y
E~y E~z
x

Figure 11: Lignes neutres d’une lame à retard

Dans le plan perpendiculaire aux rayons lumineux, il existe deux directions jouant un rôle particulier ;
on le nomme lignes neutres de la lame (figure 11). L’une, notée LNr , est appelée axe rapide ; l’autre, notée
LNl , axe lent. La composante du champ parallèle à LNr se propage avec un indince nr et une célérité
vr = c/nr ; celle parallèle à LNl se propage avec un indice nl et une célérité vl = c/nl . Les qualiticatifs
« rapides » et « lents » signifient que vr > vl soit nr < nl . Au cours du passage du rayon au travers de la
lame, la composante du champ dirigée selon l’axe lent prend un certain retard sur celle dirigée selon l’axe
rapide. C’est pour cette raison qu’un tel dispositif est appelé lame à retard.

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II.3 Détermination des LN d’une lame à retard


Nous disposons sur les paillasses de TP de diverses lames à retard étiquetées λ/2 ou λ/4 pour des
raisons qui apparaîtront plus loin. En général, l’une des lignes neutres est repérée par une aiguille mé-
tallique. Cependant, ce repère est souvent imprécisément réglé et pourrait ne pas l’être du tout lors des
concours. Vous devez donc être en mesure de déterminer expérimentalement les lignes neutres d’une lame.
Pour cela, remarquons qu’une lame à retard affecte généralement la polarisation de la lumière : le
~ se traduit par une modification du déphasage entre Ey et Ez . Il
retard pris par la composante lente de E
existe cependant une exception à cette règle. Si le champ incident est parallèle à l’une des lignes neutres,
seule la composante lente ou rapide de E~ existe à l’entrée comme à la sortie de la lame. D’où la propriété
à connaître :
Lorsqu’un faisceau est polarisé rectilignement selon une ligne neutre, son passage au travers
d’une lame à retard ne modifie pas son état de polarisation.
Cette propriété justifie l’utilisation des termes « lignes neutres » pour désigner l’axe rapide et l’axe
lent. Le protocole de détermination de ces lignes neutres en découle.
☞ En l’absence de lame, croiser P et A de manière éteindre la lumière sur l’écran.
☞ Interposer alors la lame à retard. En général, la lumière réapparaît car la polarisation rectiligne
créée par P a été modifiée ; A ne l’élimine plus.
☞ Tourner la lame dans son plan jusqu’à ce que la lumière disparaisse à nouveau. Dans cette position,
P et A sont dirigés selon les lignes neutres de la lame.
Ce protocole ne permet malheureusement pas de distinguer l’axe rapide de l’axe lent. Nous ne tenterons
pas de la faire et resterons dans l’incertitude à ce sujet.

P
A
Filtre
vert
Lame f′
f′ à retard
Figure 12: Montage utilisé pour la détermination des LN d’une lame à retard

II.4 Action d’une lame à retard sur une OEMPPH


Considérons une onde électromagnétique PPH rencontrant en x = 0 une lame biréfringente d’épaisseur
e. L’axe rapide se confond avec l’axe (z ′ z), l’axe lent avec (y ′y). Avant la lame, le champ électrique s’écrit

E0y cos(ωt − kx + θy )
(
~
E(x, t) =
E0z cos(ωt − kx + θz )

avec k = ωc = 2πλ
. Les deux composantes du champ présentent l’une par rapport à l’autre un déphasage
θ = θz − θy . En particulier, sur la face d’entrée de la lame

~ − , t) = E0y cos(ωt + θy )
(
E(0
E0z cos(ωt + θz )

~ + , t).
Par continuité des composantes tangentielles du champ, ces grandeurs représentent aussi E(0
Dans la lame, les deux composantes du champ oscillent donc avec la même pulsation ω. Par contre, elles

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ne possèdent pas la même pulsation spatiale car


c ω ω
v= = →k=n
n k c
La composante Ez se propage avec la pulsation spatiale kr = nr ωc et la composante Ey avec la pulsation
spatiale kl = nl ωc . D’où l’expression du champ à l’abscisse x = e

E0y cos(ωt − kl e + θy )
(
~ t) =
E(e,
E0z cos(ωt − kr e + θz )

À leur sortie de la lame, les composantes du champ présentent le déphasage


ω
θ′ = (θz − kr e) − (θy − kl e) = θz − θy + (kl − kr )e = θ + (nl − nr )e
c
ou encore

θ′ = θ + ϕ avec ϕ = (nl − nr )e
λ
Cette relation va de soi en optique ondulatoire : δ = (nl − nr )e représente une différence de marche et
ϕ = 2π
λ
δ le déphasage associé. Comme nl > nr , on a ici ϕ > 0 ce qui est naturel : (z ′ z) désignant l’axe
rapide, la composante Ez prend de l’avance sur la composante Ey ; cela correspond à une augmentation
du déphasage θ = θz − θy lors de la traversée de la lame.

II.5 Deux types de lame


Les lames commercialisées présentent des épaisseurs e précisément ajustées de manière à conférer à ϕ
des valeurs particulière. On rencontre généralement
— Les lames quart d’onde pour lesquelles δ = λ4 et ϕ = π
2
— Les lames demi onde pour lesquelles δ = λ2 et ϕ = π.
Bien noter qu’un lame n’est demi onde ou quart d’onde que pour une longueur d’onde particulière
choisie par le fabriquant. Les lames du lycées sont prévues pour une utilisation dans le vert. Dans la suite,
nous placerons donc devant la source lumineuse un filtre interférentiel de cette couleur.

II.6 Action d’une lame λ/2 sur une PR


a. Principe
Comme premier exemple d’application des lames à retard, analysons l’effet que produit une lame demi
onde sur une polarisation rectiligne. Comme plus haut, on suppose l’axe lent et l’axe rapide confondus
avec (y ′y) et (z ′ z) respectivement.
Avant la lame le champ électrique s’écrit

~ i = E0y cos ωt
(
E
E0z cos ωt

Après avoir traversé la lame, la composante dirigée selon l’axe rapide a pris une avance de phase de
π. À un changement d’origine des temps près, le champ électrique s’écrit maintenant :

~ t = E0y cos(ωt)
(
E
E0z cos(ωt + π) = −E0z cos(ωt)

On obtient donc une nouvelle polarisation rectiligne, symétrique de la précédente par rapport aux ligne
neutres de la lame.

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z ~i
E
E0z

x E0y y

−E0z
~t
E

Figure 13: Action d’une lame λ/2 sur une polarisation rectiligne

b. Manipulation

On utilise le dispositif de la figure 12.


☞ Croiser le polariseur et l’analyseur puis interposer la lame λ/2 ; orienter ses LN selon P et A. Noter
la position α1 de l’analyseur.
☞ Faire tourner la lame et repérer sa position α0 . La lumière réapparaît en général.
☞ Faire tourner l’analyseur pour rétablir l’extinction. Noter sa nouvelle position α2 .
☞ Établir et vérifier la relation entre α1 , α2 et α0 traduisant la propriété démontrée dans la partie
théorique (se référer à la figure 14).
................................................................................................
................................................................................................
................................................................................................

P
LN

α0 ~t
E

A avant
α1 introduction
de la lame
LN

A après
α2 introdution
de la lame
Figure 14

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III Production et analyse de lumière PC ou PE


III.1 Lumière PC
a. Obtention
Une PC est obtenue lorsque les deux composantes du champ possèdent la même amplitude et pré-
sentent un déphasage de ±π/2. Ce déphasage peut s’obtenir avec une lame λ/4. D’où le principe à
retenir :
Pour obtenir une onde PC, on envoie une onde PR sur une lame quart-d’onde. On oriente
l’onde PR incidente suivant une bissectrice des lignes neutres de la lame
u~z

LN

u~z
~E t
E0
E~i

LN
u~y

E~
i
E0
˚
45

0
E

45˚

u~x E0 u~y
Naturelle PR PC
Lame λ/4

Figure 15: Principe de production d’une onde PC

Pour la démonstration, notons u~y l’axe lent et u~z l’axe rapide de la lame (figure 15). Supposons que
l’onde PR incidente est dirigée selon la première bissectrice de ces axes :

~ = E0y cos ωt
(
E
E0z cos ωt

avec E0y = E0z = E0 puisque le champ est à 45˚des LN. Après la lame quart d’onde nous aurons

~ = E0 cos(ωt)
(
E
E0 cos(ωt + π/2) = −E0 sin ωt

Nous obtenons PC droite. Pour une onde incidente PR selon la second bissectrice des axes, E0y = E0 et
E0z = −E0 ; on obtient finalement une PCG.

b. Analyse de lumière PC
Considérons une onde PC rencontrant un analyseur A. Cette onde incidente ne possède pas de direction
privilégiée ; quelle que soit la direction de A, l’intensité qu’il transmet sera la même.
Par rotation de l’analyseur dans son plan, une onde PC se comporte donc de manière identique
à la lumière naturelle.

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Pour les distinguer, on fait passer le faisceau lumineux au travers d’une lame λ/4 avant de l’analyser
comme le montre la figure 16.

PC ou naturelle ?

λ/4 A
Figure 16: Protocole permettant de distinguer une polarisation circulaire de la lumière naturelle

Dans le cas de lumière naturelle, on obtient à nouveau, après la lame à retard, de la lumière naturelle.
La rotation de l’analyseur sera sans effet sur la lumière transmise. Dans le cas de lumière PC, on obtiendra,
comme le montre le calcul ci-dessous, une polarisation rectiligne que l’on identifiera facilement avec
l’analyseur. Pour ce raisonnement, les axes u~y et u~z sont orientés selon les lignes neutres de la lame.

E0 cos ωt λ/4 E0 cos ωt


( (
PC : −→ ⇒ PR
±E0 sin ωt ±E0 sin(ωt + π/2) = ±E0 cos ωt

Remarquons que cette méthode, qui permet de distinguer la lumière naturelle d’une PC, permet aussi de
trouver le sens de rotation de cette dernière. Dans le cas d’une PCG (signe +), la PR obtenue se trouve
dans la première bissectrice des ligne neutres de la lame λ/4. Dans le cas d’une PCD (signe -), la PR
obtenue se trouve selon la seconde bissectrice.
Attention cependant : cette conclusion suppose le trièdre (u~x , axe lent, axe rapide) direct. Plutôt que
de retenir une conclusion générale, mieux vaut donc reproduire le raisonnement au cas par cas. Signalons
enfin qu’avec les lames disponible au lycée, sur lesquelles nous ne savons pas identifier l’axe rapide, cette
analyse est impossible.

c. Manipulation : production et analyse de PC

Dans le dispositif de la figure 17, on illustre les paragraphes précédents en produisant et analysant
une lumière polarisée circulaire. La cource, les lentilles et le filtre et l’écran occupent les mêmes positions
que sur la figure 12. Comme précédemment, pratiquez un jeu de devinettes : l’un des élèves du binôme
polarise, l’autre analyse. Dans un premier temps, le dispositif d’analyse ne comporte que l’analyseur que
l’on fait tourner. Dans un second temps, on y introduit la lame représentée en pointillés puis on fait à
nouveau tourner l’analyseur.

d. Inversion de l’hélicité

Une lame λ/2 transforme une PCD en une PCG et inversement


Ce résultat se démontre très simplement :

E0 cos ωt λ/2 E0 cos ωt


( (
−→
±E0 sin ωt ±E0 sin(ωt + π) = ∓E0 sin ωt

Dans le montage précédent, ajouter une lame demi-onde à la fin du dispositif Constater par analyse
l’inversion du sens de rotation. Á nouveau, l’un des élèves travaille en aveugle sans regarder si son
camarade a interposé ou non la nouvelle lame.

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PC* - Travaux pratiques de physique TP-Cours : Polarisation de la lumière

z P LN A
π/4 y LN

Lame λ/4 Lame λ/4

Production d’une PC Analyse d’une PC

Figure 17: Production et analyse de lumière PC

LN (z ′ z)

E0z Ei
Et
LN (y ′ y)
E0y

Figure 18

III.2 Lumière PE
a. Obtention
Le principe est le même que pour obtenir de la lumière PC (figure 18) : on déphase de π/2 l’une des
composantes d’une PR grâce à une lame λ/4. Notons comme plus haut (y ′y) et (z ′ z) les LN de la lame.
Formellement, son action s’écrit :

~ i = E0y cos ωt −→ ~ t = E0y cos ωt


( (
λ/4
E E
E0z cos ωt E0z cos(ωt + π/2) = −E0z sin(ωt)

On obtient donc une PE, les axes de l’ellipse se confondant avec (y ′y) et (z ′ z), c’est à dire avec les LN
de la lame. Selon les valeurs relatives de E0y et E0z , l’une sera le grand axe et l’autre le petit. Le cas
particulier de la polarisation circulaire s’obtient pour E0y = E0z . Si la PR incidente se trouve dans le
premier quadrant du repère (0, y, z), E0y > 0 et E0z > 0 : on obtient donc une PED. Inversement, on
obtient une PEG si la PR incidente se trouve dans le second quadrant. Attention : cette conclusion dépend
du signe du déphasage et suppose donc que (y ′y) désigne l’axe lent et (z ′ z) l’axe rapide.

b. Analyse élémentaire d’une PE


Considérons un faisceau de lumière PE rencontrant un analyseur. Lorsqu’on le fait tourner dans son
plan, comment varie l’intensité qu’il transmet ? La réponse à cette question est assez intuitive et il faut
la retenir :

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PC* - Travaux pratiques de physique TP-Cours : Polarisation de la lumière

L’intensité transmise par un analyseur recevant de la lumière PE varie lorsqu’on le fait tourner.
Elle présente un maximum si A et parallèle au grand axe de l’ellipse, un minimum si A est
parallèle au petit axe de l’ellipse.
La démonstration formelle n’apporte pas grand chose : écrivons la cependant pour le plaisir. On note
(y ′y ′) le grand axe et (z ′ z) le petit axe de l’ellipse. Avant A, E ~ i = E0y cos ωt u~y + E0z sin ωt u~z . Soit α
l’angle formé par la direction de transmission u~A de l’analyseur avec (y ′ y) : u~A = cos α u~y + sin α u~z .
Après A le champ électrique s’écrit donc Et = E ~ i .u~A = E0y cos α cos ωt + E0z sin α sin ωt. D’où l’intensité
lumineuse

I =< Et >2 =< E0y


2
cos2 α cos2 ωt + E0z sin2 α sin2 ωt + 2E0y E0z cos α sin α cos ωt sin ωt >
= E0y
2
cos2 α + E0z
2
sin2 α
= (E0y
2 2
− E0z ) cos2 α + E0z
2

Cette quantité présente un maximum quand α = 0 (analyseur sur le grand axe) et un maximum quand
α = π/2 (analyseur sur le petit axe).

c. Analyse complète d’une PE


Pour affiner l’analyse d’un PE, on procède comme pour l’analyse d’une PC en utilisant une lame λ/4
qui permettra d’obtenir une PR. Mais il faut cette fois placer les lignes neutres de cette lame d’analyse
sur les axes de l’ellipse. Cette méthode est d’un emploi trop rare pour mériter un effort de mémorisation.

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