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INTRODUCTION.................................................................................................. 4
Chapitre I.............................................................................................................................7
2010-2015...........................................................................................................................25
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CHAPITRE II : LA RÉGULATION DES ACTIVITÉS DES
TÉLÉCOMMUNICATIONS.............................................................................................56
A. Nature juridique...............................................................................................60
B. Les missions de l’ART.....................................................................................65
C. Les structures de l’ART...................................................................................66
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4- L’arbitrage dans le règlement des différends............................................110
RAPPEL METHODOLOGIQUE...............................................................................126
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES......................................................................128
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INTRODUCTION
Au cours de la dernière décennie du XXème siècle, on a assisté à des changements
sans précédent dans l’industrie des télécommunications. De nombreuses entreprises d’État
ont été privatisées dans le secteur et une vague d’initiatives politiques mettant en place la
concurrence dans le domaine des télécommunications a déferlé. Plusieurs États ont mis en
œuvre des méthodes nouvelles, fondées sur le marché, pour la fourniture des services de
télécommunications. La libéralisation du marché des télécommunications a engendré une
régulation de ce secteur. Il s’agit dès lors d’analyser les aspects principaux de ce nouveau
régime, sous l’angle du droit camerounais, français, communautaire et international.
En 1951, le Pape Pie XII déclara l’archange Gabriel “Patron céleste des activités
relatives aux télécommunications ” (Gabriel est le nom de l’Archange chargé de transmettre
aux hommes les communications divines et les instruire des merveilles de la puissance de
Dieu). Le parallèle entre la religion et la communication ici n’est pas fortuit, la
communication est aujourd’hui présentée comme “la religion ” des temps modernes avec un
11ème commandement : “tu dois communiquer même pour ne rien dire”. Cette “religion”
constitue un système de représentations symboliques universel de mise en commun et de
partage qui mobilise les idées, légitime les usages et fonde des politiques. Il devient par
conséquent anormal voire intolérable de maintenir une “fracture numérique” qui priverait
certaines populations d’un « droit au téléphone » (Fracture numérique : expression souvent
utilisée pour évoquer l’extrême inégalité d’accès à l’information qui menace de ralentir la
mise en place d’une société de l’information véritablement mondiale et inclusive).
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Ces sphères, qui étaient fondamentalement distinctes et qui n’avaient pas vocation à
cohabiter ont convergé. Les ordinateurs ont été mis en réseau et l'association de
l'informatique et des télécommunications a donné naissance à l’Internet.
Lorsque l’on parle d’Internet, on désigne une réalité qui est assez particulière, c’est
celle de la transmission des données sur les réseaux de télécommunications, alors que les
réseaux de télécommunications ne sont pas exclusivement dédiés au transfert des données.
Ils transmettent également, la voix des communications téléphoniques, les sons et les
images. Les données ne sont que l’une des 4 composantes des signaux qui sont distribués,
diffusés sur les réseaux de télécommunications.
Nous aborderons dans une première partie, les transformations récentes dans le
secteur des télécommunications (I) et dans une deuxième partie le contentieux des
télécommunications (II).
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PREMIÈ RE PARTIE
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Chapitre I
Définitions utiles et notions essentielles
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public ou de catégories de public, par un procédé de communication électronique, de
signes, de signaux, d'écrits, d'images, de sons ou de messages de toute nature qui n'ont
pas le caractère d'une correspondance privée. On entend par communication
audiovisuelle toute communication au public de services de radio ou de télévision, quelles
que soient les modalités de mise à disposition auprès du public, toute communication au
public par voie électronique de services autres que de radio et de télévision et ne relevant
pas de la communication au public en ligne telle que définie à l’article 1 de la loi n°
er
2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique, ainsi que toute
communication au public de services de médias audiovisuels à la demande”. La loi n°
2007-309 du 5 mars 2007 relative à la modernisation de la diffusion audiovisuelle et à la
télévision du futur ne modifie pas ces définitions.
Elle tient d'abord au fait que les télécommunications sont bilatérales. Elles sont
conviviales. On échange sur un réseau de télécommunications. Alors même que la
communication audiovisuelle est une technique unilatérale. On met à la disposition du
public, des catégories de public, les programmes de communication audiovisuelle.
B. Télécommunication et Télécommunications
1- Le procédé de télécommunication
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Le procédé de télécommunication est commun aux télécommunications et à la
communication audiovisuelle. La télécommunication = communication à distance.
Observons que la télécommunication au singulier est définie de manière très large. Aux
termes de l’article 5 (61) de la loi N° 2010/013 du 21 décembre 2010 régissant les
communications électroniques au Cameroun, modifiée et complétée par la loi N°2015/006
du 20 avril 2015, la télécommunication est : “toute transmission ou réception de signes,
de signaux, d’écrits, d’images, de sons ou de renseignements de toute nature, par fil,
optique radioélectricité ou autre système électromagnétique ”. Cette définition couvre
tous les supports de transmission et les formes de message. Elle est indépendante de
l’espace et du sens de la transmission de l’information. Cette définition est d’application
camerounaise et mondiale (UIT). Elle identifie trois caractéristiques :
Technique, elle recouvre trois types d’opérations Emission, Transmission et
Réception ;
Forme de transmission : Voix, Images, Sons, Ecrits, Données ;
Les supports : deux types filaires (fil), ondes radioélectriques (sans fil) :
La paire de cuivre
Le câble coaxial
La fibre optique
Le faisceau hertzien
Le satellite.
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comme étant un compromis entre l'utilisation du terme de télécommunications pour des
raisons historiques et l'utilisation du terme de TIC (Technologies de l'information et de la
communication) qui est considéré comme l'évolution naturelle des télécommunications en
raison de la convergence avec l'informatique et l'audiovisuel. Cette convergence a favorisé
la libéralisation du marché des télécommunications avec l'entrée de nouveaux fournisseurs
issus du secteur de l'informatique et de l'audiovisuel. De nombreux problèmes juridiques
actuels sont issus de l'impact de la libéralisation du marché et de la convergence des TIC.
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1- Le champ du droit des télécommunications
Par extension de la définition donnée de la communication audiovisuelle, on
considère que le droit des télécommunications est celui qui s’applique aux correspondances
privées. Au-delà de cette considération, le droit des télécommunications s’applique aux
activités des télécommunications à savoir, les infrastructures, les équipements et les
services.
Cependant, il apparaît que le rapprochement des techniques rend parfois difficile une
distinction stricte entre les types de services. Du fait d’une tendance à la convergence entre
les services d’un côté et les supports utilisés, de l’autre. Le droit des
télécommunications/droit des contenants se rapproche du droit de l’audiovisuel/droit des
contenus, alors qu’il s’éloigne du droit de la poste. Les conséquences de ces évolutions
technologiques restent encore à explorer pour en définir leurs prolongements juridiques. A
cause de la mouvance vers la convergence, le critère du droit des télécommunications est en
train d’évoluer.
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où le fil de cuivre permet la transmission des centaines de communications des millions
seront effectuées par procédé numérique. Il s’ensuit les conséquences suivantes :
La déspécialisation des réseaux (Next Generation Network" ou "NGN" (littéralement
“Réseau de Nouvelle Génération”) est une expression fréquemment employée dans
l'industrie des télécommunications, notamment depuis le début des années 1990. Il
n'existe pas de définition unique. Le sens varie en fonction du contexte et du domaine
d'application.
Toutefois, le terme désigne le plus souvent le réseau d'un opérateur de
télécommunications dont l'architecture repose sur un plan de transfert en mode paquet,
capable de se substituer au réseau téléphonique commuté et aux autres réseaux
traditionnels.
L'opérateur dispose d'un cœur de réseau unique qui lui permet de fournir aux abonnés de
multiples services (voix, données, contenus audiovisuels…) sur différentes technologies
d'accès fixes et mobiles) ;
La démultiplication des procédés d’accès à l’information (fixe à fixe, fixe à mobile, fixe à
ordinateur, mobile à ordinateur, ordinateur à ordinateur) On parle désormais
d’ ATAWADAC (Any Time, Any Where, Any Device, Any Content). Il désigne tout
contenu digital accessible de n’importe où, n’importe quand et sur n’importe quel type
d’appareil.
La transformation des terminaux (multimédias) qui offrent une gamme complète de
prestations comprenant la télévision, la radio, la vidéo, le téléphone, l’Internet et de
nombreuses autres fonctionnalités. C’est l'intégration de plusieurs moyens de
représentation de l'information, tels que textes, sons, images fixes ou animées. Ils
désignent un support ou une technologie capable d'enregistrer, de restituer ou de
transmettre une combinaison de textes, de sons, d'images fixes et de vidéo. Il faut ajouter
à cela une diversité d'informations, une interactivité apportée par l'informatique, la
possibilité pour l'utilisateur de "naviguer" à sa guise d'une information à l'autre.
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Pour mieux appréhender cette situation, il faut se mettre en position de comprendre les
politiques de développement sur le plan international. Trois phénomènes de fond
gouvernent cette option :
L’ouverture des frontières (Mondialisation) ;
La révolution des technologies l’Information et de la communication (TIC) ;
Le redéploiement des Etats (privatisations).
Ces trois forces majeures sont en interaction. Dès lors que l’Etat déploie son autorité,
il ouvre ses frontières et abandonne certaines de ses compétences. Plus on ouvre les
frontières, plus on rend perméable la révolution des nouvelles technologies. Le domaine des
télécommunications est plus que nul autre assujetti à ces politiques de développement.
Quand un Etat veut ouvrir son secteur des télécommunications à la concurrence, il adopte
une loi de libéralisation du secteur.
Au titre des exceptions selon lesquelles des monopoles publics assuraient avant la fin
des années 70, les services de télécommunications, figurent les Etats-Unis et le Canada.
Dans ces deux pays, les services de télécommunications étaient fournis par les entreprises
privées monopolistes astreintes à des obligations de service universel et étroitement
régulées.
Cependant, ce type de régulation s’est révélé insuffisant pour garantir l’efficacité des
opérateurs en cause, voire même contradictoire avec ce souci d’efficacité. La nature de la
régulation évolua lentement à partir du début des années 1960, et cette évolution s’accéléra
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à partir des années 80. L’ouverture du secteur des télécommunications à la concurrence
s’est déroulée aux Etats-Unis, principalement sous des plaintes déposées soit devant la
Federal Communications Commission (FCC) qui a de 1956 à 1982 progressivement réduit
le champ du monopole de l’opérateur public, soit devant les juridictions ordinaires chargé
du contentieux de la concurrence.
Dès 1959, une première décision (Above 890 Decision) de la FCC ouvrait le marché
de la transmission longue distance par micro-onde, et dès le début des années 70 diverses
décisions de la FCC ouvraient le marché des services de téléphonie et de transmission des
données longue distances. Tel est en particulier, le cas de la décision prise en 1969 par la
FCC autorisant MCI (Microwave Communications, Inc), société de télécommuniucations
crée en 1963, à entrer sur le marché de la transmission longue distance, puis des décisions
prises à partir de 1971 admettant de nouveaux entrants sur le segment des services privés
sur lignes dédiés. A partir de 1974, MCI décidait de s’attaquer au marché général de la
transmission longue distance et obtint une autorisation après une bataille judiciaire de trois
ans contre la FCC. Parallèlement, la FCC permettait dès le milieu des années 70, la vente
concurrentielle des équipements terminaux.
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évolutions technologiques. Ces évolutions qui modifiaient et élargissaient le périmètre de la
concurrence potentielle et rendaient obsolètes les fondements même de la régulation
judiciaire.
La Commission européenne sera saisie par l’Italie au titre des articles 81 et 82. Le
gouvernement de Grande Bretagne soutient que cette activité n’est pas soumise à la
concurrence. A l’inverse, l’Etat italien soutient que c’est bien une entreprise qui a pris la
décision de fermeture du marché britannique, par conséquent les dispositions du traité sont
applicables.
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La CJCE (Cour de Justice des Communautés Européenne devenue Cour de Justice de
l’Union Européenne) ne se laisse pas influencer par les arguments britanniques. Cette
décision est un coup de tonnerre dans le ciel communautaire des télécommunications.
Comment les Etats vont-ils pouvoir maintenir les monopoles, alors que l’instance judiciaire
communautaire en a décidé autrement. En le faisant, ils sont d’office hors la loi.
1984-1987
En 1987, la Commission publie un livre vert le 30 juin 1987 dans lequel elle fera
certaines propositions sous forme de recommandations pour tenter de faire démarrer le
train des équipements et terminaux des télécommunications. L’option de la concurrence
n’est pas encore envisagée. Dans son livre vert, la Commission propose un certain nombre
de mesures parmi lesquelles :
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1- L’ouverture à la concurrence des équipements terminaux. Le monopole est de trois
types ; réseaux, services, équipements terminaux. Ces équipements terminaux étaient
fournis par un équipementier national sous forme de marché public avec clause nationale,
le système était verrouillé. La Commission fera observer dans son livre vert que ce
monopole ne se justifie plus. Elle va faire valoir le marché européen et ses consommateurs ;
2- L’ouverture à la concurrence des services de télécommunications à valeur ajoutée
(Service à valeur ajoutée : service offert au public à travers les réseaux publics de
communications électroniques au moyen des systèmes informatiques permettant l’accès aux
données relatives aux domaines spécifiques en vue de les consulter ou de les échanger) ;
3- Le droit d’offrir des services transfrontaliers ;
4- La séparation nette des activités de réglementation et celle d’exploitation ;
5- Le reflet des tarifs des télécommunications aux coûts.
Le monopole est caractérisé par l’opacité. La Commission fait des propositions
nouvelles qui vont bouleverser le monde des télécommunications. Dix ans plus tard le
marché sera ouvert à la concurrence.
1987-1993
1- Le retour en arrière ;
2- Le statu quo ;
3- Aller plus loin.
Les Etats choisissent la 3ème possibilité par une résolution du 22 juin 1993 en fixant
le début de l’ouverture à la concurrence au 1er janvier 1998.
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1993-1998
Le second livre vert est adopté en deux étapes, le 25 octobre 1994 et le 25 janvier
1995. Ce livre vert propose d’assouplir le monopole sur les infrastructures des
télécommunications. Le 18 septembre 1995, le Conseil reprend les grandes propositions du
livre vert de la Commission:
1- Le 10 avril 1997, la Directive Licence, elle fixe les conditions d’accès au marché ;
2- Le 30 juin 1997, la Directive Interconnexion.
En 1998, s’engage le processus d’ouverture fixé au 1er janvier 1998.
1998-2002
En 1998, c’est la révision du processus. Le 12 juillet 2000 apparaît le livre vert sur la
convergence, dans lequel la Commission attire l’attention des Etats sur la révolution
numérique comme nouveau défi des communications électroniques.
Le paquet est composé d’une directive « cadre », d’une directive « autorisation », une
directive « accès » et d’une directive « service universel » et enfin de la décision « spectre
radioélectrique ». Hors mis cette décision qui en droit communautaire est d’application
immédiate, les quatre directives devaient être transposées le 25 juillet 2003, la dernière
directive « vie privée et communications électroniques » devait, quant à elle, être
transposée au plus tard le 31 juillet 2003.
2002-2009
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réglementation et la régulation des réseaux et des services de communications
électroniques.
Le « Paquet Télécoms » de 2009 se compose de 3 directives (dont 2 directives
modifiant 5 directives adoptées en 2002), une décision et un règlement :
La directive 2009/140/CE du Parlement européen et du Conseil du 25 novembre 2009
modifie les directives de 2002 ci-après :
• la directive « cadre » (2002/21/CE) définit un cadre juridique harmonisé pour la
réglementation des réseaux et services de communications électroniques et des ressources
et services associés. Elle définit par ailleurs les objectifs généraux d’intervention des
autorités de régulation nationales et leurs obligations de coopération avec la Commission et
entre elles ;
• la directive « autorisation » (2002/20/CE) définit un régime d’autorisation générale
unique applicable à l’établissement et à la fourniture de réseaux et services de
communications électroniques, ainsi qu’un régime d’octroi d’usage des fréquences
radioélectriques et des numéros de téléphone ;
• la directive « accès et interconnexion » (2002/19/CE) définit les conditions d’accès aux
réseaux et aux ressources associées, les conditions de l’interconnexion (qui ne concernent
que les services de télécommunications), ainsi que les obligations des opérateurs puissants
notamment les obligations d’accès à des éléments de réseaux, à des infrastructures
physiques et à des ressources associées ;
La directive 2009/136/CE du Parlement européen et du Conseil du 25 novembre 2009
modifie les directives de 2002 ci-après :
• la directive « service universel » (2002/22/CE) définit le service universel, le droit des
utilisateurs finals et les obligations correspondantes des entreprises. Elle définit aussi le
must carry dont peuvent être bénéficiaires des services de télévision et de radios ;
• la directive « données personnelles » (2002/58/CE) concerne le traitement des données
à caractère personnel et la protection de la vie privée dans le secteur des communications
électroniques ;
La directive « concurrence » (2002/77/CE) de la Commission adapte le droit de la
concurrence au secteur des communications électroniques et interdit le maintien de
droits exclusifs ou spéciaux pour des prestations relatives aux communications
électroniques ;
La décision de la Commission européenne (2009/978/UE) du 16 décembre 2009
modifie la décision « fréquences » 2002/622/CE, qui vise à harmoniser l’attribution des
fréquences radioélectriques aux services de communications électroniques ;
Le règlement (CE) N° 1211/2009 du Parlement européen et du Conseil du 25 novembre
2009 institue l’Organe des Régulateurs Européens des Communications Electroniques
(ORECE).
Ces textes couvrent également de manière connexe les systèmes de réception des
services audiovisuels, pour lesquels ils encouragent l’interopérabilité des normes de
télévision interactive et l’utilisation d’interfaces ouvertes. En revanche, ils ne couvrent pas
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« les services fournissant des contenus tels que la commercialisation d’une offre de
contenus de radiodiffusion sonore ou de télévision ».
1960-1988
L’accès à l’indépendance du Cameroun avait été consacré par la mise en place d’une
organisation gouvernementale appuyée par des plans quinquennaux comme outils de
planification des investissements de l’Administration publique. En somme, c’est la période
du monopole d’Etat et des subventions croisées. C’est dans ce cadre que l’on observe que :
L’Administration en charge des télécommunications assure les fonctions de
réglementation et d’exploitation ;
Le réseau et l’architecture national des télécommunications est mis en place.
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ordonnance présidentielle N° 72/2 du 12 juillet 1972, la société International
Télécommunications of Cameroon (INTELCAM) reprenant ainsi l’ensemble des activités
jadis dévolues en 1960 à la société FCR (France CABLES ET RADIO) en vertu d’une
concession de 100 ans. INTELCAM devient une société d’économie mixte au capital de 500
millions de Francs CFA répartis entre l’Etat du Cameroun 60%, FCR 30% CABLES AND
WIRELESS 10%. Elle consacre la séparation de l’exploitation des télécommunications
domestiques et celles internationales.
Au cours de cette période, environ six milliards de francs CFA d’investissement sont
réalisés et concernent :
Malgré ces investissements importants, les résultats obtenus sont mitigés. Les
demandes sociales et politiques sont insatisfaites, la hausse des tarifs n’est pas résorbée.
1988-1998
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années plus tard, le secteur des télécommunications fait partie du portefeuille de la
privatisation.
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Promouvoir le développement harmonieux des réseaux et service de
télécommunications en vue d’assurer la contribution de ce secteur au développement
de l’économie nationale et satisfaire les besoins multiples des populations ;
Optimiser la contribution du secteur des télécommunications au développement
économique et social du Cameroun.
1998-2010
Les mutations technologiques qui se sont traduites dans les années 80 et 90 par la
numérisation des réseaux téléphoniques et l’explosion des télécommunications par satellites
ont ouvert de nouvelles perspectives des services et des besoins nouveaux.
En 2008, la CEMAC adoptera des textes communautaires qui ont eu une influence
significative sur les législations nationales dans le domaine des communications
électroniques :
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La directive N°7/08-UEAC-133-CM-18 du 19 décembre 2008 fixant le cadre
juridique de la protection des droits des utilisateurs de réseaux et services de
communications électroniques au sein de la CEMAC ;
La directive N°8/08-UEAC-133-CM-18 du 19 décembre 2008 relative à
l’interconnexion et à l’accès des réseaux et des services de communications
électroniques dans les pays membres de la CEMAC ;
La directive N°9/08-UEAC-133-CM-18 du 19 décembre 2008 harmonisant les
régimes juridiques des activités de communications électroniques dans les Etats
membres de la CEMAC ;
La directive N°10/08-UEAC-133-CM-18 du 19 décembre 2008 harmonisant les
modalités d’établissement et de contrôle des tarifs de services de communications
électroniques au sein de la CEMAC ;
Le règlement N°21/08-UEAC-133-CM-18 du 19 décembre 2008 relatif à
l’harmonisation des réglementations et des politiques de régulation des
communications électroniques au sein des Etats membres de la CEMAC ;
La décision N°45/08-UEAC-133-CM-18 du 19 décembre 2008 portant création du
Comité Technique de régulation des communications électroniques des Etats
membres de la CEMAC.
2010-2015
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La loi N°2010/013 du 21 décembre 2010 régissant les communications
électroniques, modifiée et complétée par la loi N°2015/006 du 20 avril 2015 ;
La loi N°2010/021 du 21 décembre 2010 régissant le commerce électronique au
Cameroun ;
La loi N°2015/007 du 20 avril 2015 régissant l’activité audiovisuelle au Cameroun.
Une analyse de la loi sur les communications électroniques donne de constater que
certains aspects de la loi constituent des avancées réelles et d’autres n’apportent pas de
solutions aux problématiques de la loi précédente mais en créent de nouvelles. Certaines
directives de la CEMAC restent en veilleuse.
2015-2020
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Pour cette perspective, quelques actions notables ont été menées :
L’acquisition auprès de MTN Cameroon du point d’atterrissement du câble sous-
marin WACS (West Africa Cable System), à Limbé, dans la région du Sud-Ouest, une
infrastructure permit au Cameroun, de disposer d’un deuxième point d’atterrissement après
le SAT-3 à Douala, mais également d’accroître la capacité de connexion du Cameroun à
l’international et d’offrir des communications de haut débit à l’ensemble des populations
camerounaises.
L’objectif du Gouvernement est de couvrir à moyen terme les chefs-lieux des dix (10)
régions du Cameroun par cette infrastructure, dans le but de faciliter l’accès à moindre
coût des opérateurs à cette infrastructure essentielle, et de réduire les coûts de
télécommunications et d’accès à l’Internet pour les populations.
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Le 04 mars 2020, l’Etat du Cameroun a signé trois conventions de concession avec
l’opérateur Cameroon Telecommunications « CAMTEL » respectivement pour :
L’établissement et l’exploitation d’un réseau de communications électroniques
mobile à couverture nationale ouvert au public ;
L’établissement et l’exploitation d’un réseau de communications électroniques fixe à
couverture nationale ouvert au public ;
L’établissement et l’exploitation d’un réseau de transport de communications
électroniques.
2020-2023
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digitale et favoriser l’inclusion à travers l’extension de la connectivité des réseaux et la
connexion du « dernier kilomètre ».
Les réseaux dits privés, que l'on qualifie, dans la loi du 21 décembre 2010, article 5
(45), de réseaux internes ; ce sont des réseaux qui sont établis sur le territoire d'une même
propriété, c'est-à-dire des réseaux qui ne traversent pas le domaine public ou qui ne
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traversent pas le territoire d'une propriété tierce. Pour ces réseaux dits internes, pour ces
réseaux privés, le régime mis en œuvre est simple : c'est un régime de déclaration. A
l'intérieur d’un bâtiment, nous pouvons mettre en place un réseau de télécommunications, et
par conséquent, nous aurions toute liberté pour le mettre en œuvre et dès lors même qu'il
n'est pas connecté au réseau public, qu'il ne traverse pas le domaine public, ou qu'il ne
traverse pas le territoire d'une propriété tierce.
Deuxième catégorie de réseaux, ce sont ceux que l’on peut qualifier de “privatifs”, en
ce sens qu'il s'agit de réseaux qui sont réservés à un usage privé ou à un usage partagé. Et
quand on parle d'usage partagé, on renvoie à une notion du droit des télécommunications,
qui est la notion de groupe fermé d'utilisateurs. Le groupe fermé d'utilisateurs, c'est la
communauté des individus qui ont entre eux, qui partagent un intérêt, qui peut être un
intérêt moral, qui peut être un intérêt philosophique, qui peut être un intérêt financier, qui
peut être un intérêt juridique. Les filiales d'un même groupe de sociétés constituent un
groupe fermé d'utilisateurs. Les adhérents d'une même association peuvent être qualifiés de
groupe fermé d'utilisateurs. Pour ces réseaux, le régime est un régime d’autorisation à
l’exclusion de ceux soumis au régime de simple déclaration, c'est-à-dire les réseaux privés
indépendants autres que radioélectriques dont les points de terminaisons sont distants de
moins de 300 mètres et dont les liaisons ont une capacité inférieure à 10 mégabits par
seconde.
La troisième catégorie de réseaux qu'on appelle les réseaux publics, article 5 (41) :
Réseau de communications électroniques ouvert au public “ensemble de réseaux de
communications électroniques établis ou utilisés pour les besoins du public”. Ce sont des
réseaux qui ne sont pas réservés à un usage privatif, ils sont soumis à un contrôles sous la
forme d'un régime d'autorisation.
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L’article 5 (42) de la loi régissant les communications électroniques entend par
Réseau de communications électroniques : « systèmes de transmission, actifs ou passifs et,
le cas échéant, les équipements de commutation et de routage et les autres ressources qui
permettent l’acheminement des signaux par câble, par voie hertzienne, par moyen optique
ou par d’autres moyens électromagnétiques, comprenant les réseaux satellitaires, les
réseaux terrestres fixes (avec commutation de circuits ou de paquets, y compris l’Internet)
et mobiles, les systèmes utilisant le réseau électrique, pour autant qu’ils servent à la
transmission de signaux, les réseaux utilisés pour la radiodiffusion sonore et télévisuelle
et les réseaux câblés de télévision, quel que soit le type d’information transmise » .
- Réseau de téléphonie mobile : Les réseaux de téléphonie mobile utilisent des ondes
électromagnétiques, tout comme les réseaux pour la radio, la télévision, les satellites
et les autres réseaux de communication privés tels que ceux réservés aux services de
sécurité et autres. Pour transmettre une information (binaire ou analogique) on
utilise un canal. Dans les réseaux GSM, ce canal est porté par une fréquence
spécifique autour de laquelle l'onde est modulée. On préfère garder un certain
espace entre les canaux car si leurs fréquences sont trop proches, ils empiètent les
uns sur les autres en produisant des interférences.
- Réseau FTTH (fibre optique jusqu'au domicile) : Un réseau FTTH (de l'anglais :
Fiber to the Home, ce qui signifie « Fibre optique jusqu'au domicile ») est un type de
réseau de télécommunications physique qui permet notamment l'accès à internet à
très haut débit et dans lequel la fibre optique se termine au domicile de l'abonné.
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terrestre, est un réseau de télécommunications qui permet aux utilisateurs autorisés
d'accéder à différents services (téléphonie, messagerie, transmissions de données,
diffusions de contenus audiovisuels…) en situation de mobilité à partir de terminaux
mobiles ou portatifs. Selon le pays et l'opérateur, il peut reposer sur différentes
architectures normalisées, comme GSM, CDMA, UMTS ou LTE1.
L'acronyme GAFA désigne quatre des entreprises les plus puissantes du monde de
l'internet (et du monde tout court) à savoir : Google, Apple, Facebook devenu Meta et
Amazon. Ces firmes possèdent un pouvoir économique et financier considérable (parfois
supérieur à un Etat).
On peut opérer plusieurs classifications des réseaux selon leur nature juridique
(réseaux ouverts au public, réseaux privés indépendants à usage privé ou partagé, réseaux
internes …..), le support de liaison utilisé (réseaux filaires, principalement les réseaux
câblés, réseaux radioélectriques utilisant les faisceaux hertzien, les satellites ou la fibre
optique). Le degré de développement des réseaux (simple infrastructures ou infrastructures
accompagnées de divers services, tels les téléports.
1
Voir partie relative aux réseaux de 2ème , 3ème et 4ème génération
31
Grâce à elles on identifie les numéros des appelants et appelés. Elles assurent la mise
en relation des personnes en communication. Les commutateurs présentent deux
générations :
Les mécaniques (qu’il fallait activer) ;
Les automatiques (intelligents).
c. La terminaison du réseau
d. La fonction du réseau
Les réseaux des opérateurs mobiles ont été conçus initialement pour le trafic de la
voix. Progressivement, la nature du trafic a évolué vers des services plus complexes de
données tels que les SMS, l’accès Internet ou encore la télévision mobile. Les
équipementiers ainsi que les opérateurs mobiles ont su accompagner cette évolution en
introduisant de nouveaux types de modulations et de technologies d’accès et technologies de
réseau.
La fréquence d’une onde indique le nombre d’oscillations par seconde de l’onde. Elle
s’exprime en Hertz (Hz), du nom du physicien allemand qui mit en évidence l’existence des
ondes électromagnétiques. 1 Hz est égal à une oscillation par seconde. Hertz est l’unité de
mesure de la fréquence. Les multiples les plus utilisés sont :
L’histoire des réseaux mobiles est jalonnée par des étapes principales, auxquelles
on donne couramment le nom de génération. On parle de première, deuxième,
troisième, quatrième et cinquième générations des réseaux mobiles, généralement abrégées
respectivement en 1G, 2G, 3G, 4G et 5G. Ces générations diffèrent principalement par
les techniques mises en œuvre pour accéder à la ressource radio.
L’évolution de ces techniques est guidée par la volonté d’accroître la capacité ainsi
que les débits offerts par le système dans une bande de fréquences restreinte.
33
La première génération de réseaux mobiles émerge au cours des années 1980 et est
caractérisée par une multitude de technologies introduites en parallèle à travers le monde.
Ces systèmes devaient offrir un service de téléphonie en mobilité. Ils ne parvinrent pas
à réellement franchir les frontières de leurs pays d’origine et aucun système ne s’imposa en
tant que véritable norme internationale. Cette hétérogénéité résultait principalement des
cloisonnements nationaux en vigueur à l’époque dans le domaine des télécommunications.
La deuxième génération de réseaux mobiles (2G) est elle aussi marquée par le nombre
de systèmes ayant été définis et déployés à travers le monde. On retrouve le GSM (Global
System for Mobile communications) en Europe, le PDC (Personal Digital Communications)
au Japon et l’IS-95 aux États-Unis. Ces systèmes, dans leurs versions initiales, donnaient
accès au service voix en mobilité, mais aussi aux messages textes courts plus connus sous le
nom de SMS (Short Message Service).
Le succès des systèmes 2G fut et demeure considérable. Fin 2011, plus de deux tiers
des utilisateurs de services mobiles sont connectés via un terminal 2G. Ce succès s’explique
d’une part par le gain des réseaux en capacité, mais aussi par l’ouverture du marché des
télécommunications mise en œuvre dans de nombreux pays au cours des années 1990. Cette
nouvelle donne a introduit la concurrence au sein de marchés jusqu’alors monopolistiques,
réduisant de manière significative les tarifs en vigueur.
34
La troisième génération de réseaux mobiles (3G) regroupe deux familles de
technologies ayant connu un succès commercial : l’UMTS (Universal Mobile
Telecommunications System), issu du GSM et largement déployé autour du globe, et le
CDMA 2000, issu de l’IS-95 et déployé principalement en Asie et en Amérique du Nord. Les
interfaces radio de ces deux familles reposent sur des caractéristiques techniques proches,
notamment un schéma d’accès multiples à répartition par les codes (CDMA).
Le LTE (Long term Evolution) est considéré comme constituant une quatrième étape
de l’évolution des réseaux d’accès mobiles, ou 4G. On peut ainsi véritablement parler d’une
révolution de l’UMTS, plutôt que d’une évolution. À l’instar de chaque nouvelle génération
de réseau d’accès, le LTE a pour objectif de proposer une capacité accrue et fait appel à une
nouvelle technique d’accès à la ressource fréquentielle. Notons que le développement de la
famille de systèmes CDMA 2000 ne connaîtra pas d’évolution comparable au LTE. En effet, les
opérateurs ayant déployé ces systèmes ont fait le choix du LTE pour la quatrième génération de
réseaux mobiles, de sorte que le développement de la famille CDMA 2000 est destiné à
s’arrêter.
La technologie 5G donne accès à des débits dépassant largement ceux de la 4G, avec
des temps de latence très courts et une haute fiabilité, tout en augmentant le nombre de
connexions simultanées par surface couverte. Elle vise à supporter jusqu'à un million de
mobiles au kilomètre carré (dix fois plus que la 4G). Une fois déployée, elle doit permettre
des débits de télécommunications mobiles de plusieurs gigabits de données par seconde,
35
soit jusqu'à 1 000 fois plus que les réseaux mobiles employés en 2010 et jusqu'à 100 fois
plus rapides que la 4G initiale.
Pour certains Etats, c'est une « technologie clé » car ses débits potentiels répondent à
la demande croissante de données suscitée par l'essor des smartphones et des objets
communicants, connectés en réseau. Elle devrait favoriser le cloud computing (informatique
en nuage), l'intégration, l'interopérabilité d'objets communicants et de réseaux électriques
intelligents, dans un environnement domotisé, contribuant à l'essor du concept de « ville
intelligente »(La domotique est l'ensemble des techniques de l'électronique, de physique du
bâtiment, d'automatisme, de l'informatique et des télécommunications utilisées dans les
bâtiments, plus ou moins « interopérables » et permettant de centraliser le contrôle des
différents systèmes et sous-systèmes de la maison et de l'entreprise). La 5G pourrait aussi
développer la synthèse d'images 3D ou holographique, l'exploration de données, la gestion
du big data et de l'Internet des objets, les jeux interactifs et multi joueurs complexes, la
traduction automatique et assistée instantanée ou encore le contrôle commande à distance
dans des domaines comme la télémédecine et les véhicules autonomes, et l'automatisation
industrielle.
L’idée à retenir quand on parle de numéros et de ressources rares c’est que pour
certaines activités en matière de communications électroniques voire pour la plupart des
acteurs, il est nécessaire de pouvoir détenir des numéros pour pouvoir identifier un abonné
ou un service afin de pouvoir acheminer les communications électroniques d’un point A à
un point B. Or, les ressources en numérotation ne sont pas illimitées.
Après les expériences de 2001 où le Cameroun est passé de six (06) chiffres à sept
(07) et de 2007 de sept (07) à huit (08), les numéros de téléphone fixes et mobiles sont
passés de huit (08) à neuf (09) chiffres en 2014.
36
égal et simple des utilisateurs aux différents réseaux et services ainsi que l’équivalence des
formats de numérotation. Les ressources d’adressage comportent notamment, les codes de
points sémaphores, les codes des réseaux de communications électroniques ”.
Les conditions de location, d'utilisation des adresses, des préfixes, numéros ou blocs
de numéros sont précisées dans les règles de gestion édictées par l’Agence, le cas échéant,
dans les cahiers de charges des opérateurs.
Pour que la concurrence soit effective dans le secteur des télécommunications, elle
doit impérativement passer par un accès au réseau public, mais aussi à tout réseau ouvert
au public. La loi instaure donc au profit de tout exploitant de réseau ouvert au public et au
fournisseur de service de communication électroniques un droit à l’interconnexion.
L’interconnexion suppose l’aboutement des réseaux appartenant à des opérateurs
différents.
1- La notion d’interconnexion
La problématique de l’interconnexion naît de la nécessité pour les opérateurs de
partager les “ressources essentielles” pour offrir leurs services. On entend par ressources
essentielles, les facilités dont dispose un acteur économique dans un marché concurrentiel,
qu’il ne serait pas économique de dupliquer et qui, par conséquent, doivent être ouvertes à
la communauté des acteurs qui en font la demande (exemple: les liaisons de transmission
interurbaines au Cameroun). Les réseaux des opérateurs sont considérés comme des
“ressources essentielles”.
Le concept de “ressources essentielles” tire son fondement d’un litige né aux États-
Unis en 1890. Pour construire le pont sur le Missipi, 24 compagnies de chemin de fer
37
avaient constitué un consortium dénommé Terminal Railroad Association (TRA). Les
entreprises de la TRA contrôlaient l’accès au pont, dans des conditions que les compagnies
non membres de la TRA ont jugées non transparentes et inéquitables. La TRA disposait
ainsi d’une “ressource essentielle” pour contrôler le trafic de toutes les compagnies de
chemin de fer.
La Cour saisie d’une plainte des compagnies non membres de la TRA, décida que le
consortium ouvre l’accès au pont dans des conditions raisonnables et transparentes.
Dans le cas d’espèce, l’aéroport constitue une ressource essentielle qui doit être
partagée entre les différentes compagnies aériennes qui y recourent pour desservir une
localité et qu’il ne serait pas judicieux de dupliquer pour des raisons économiques,
sociales et environnementales notamment.
38
d’interconnexion prohibitifs, le refus de mettre des ressources à la disposition des
demandeurs etc.
2- Le droit à l’interconnexion
L’article 42(1) de la loi oblige les exploitants de réseaux, les opérateurs de réseaux de
communications électroniques ouverts au public, sont tenus de faire droit, dans les
conditions objectives, transparentes et non discriminatoires, aux demandes d'interconnexion
et d’accès au réseau de tout opérateur de services de communications électroniques ouvert
au public, titulaire d’une concession, d’une licence ou d’un récépissé de déclaration.
L’application des textes pose encore problème au Cameroun surtout pour ce qui est
de l’interconnexion des réseaux des concessionnaires et des fournisseurs de services des
télécommunications. Peut-être est -ce parce les textes ne mettent pas suffisamment en
exergue cet autre aspect de l’interconnexion qui veut que les prestations d’accès au réseau
soient offertes dans les mêmes conditions par un exploitant de réseau ouvert au public à un
fournisseur de service de télécommunications au public.
3- La convention d’interconnexion
L'interconnexion et l’accès au réseau font l'objet d'une convention entre les parties
qui en déterminent notamment, les conditions techniques et financières, conformément aux
dispositions de la loi et de celles de ses textes d'application.
Tout opérateur exploitant un réseau de téléphonie fixe ouvert au public publie chaque
année une offre de référence pour l’accès dégroupé à sa boucle locale et aux ressources
connexes, conformément à son cahier de charges.
39
Les ressources connexes recouvrent, notamment, les ressources associées à la
fourniture de l’accès dégroupé à la boucle locale, telles que la co-localisation des câbles de
connexion et les systèmes informatiques pertinents auxquels l’accès est nécessaire pour
permettre à un bénéficiaire de fournir des services de base concurrentiels.
Les opérateurs titulaires de concession publient, suivant les conditions prévues dans
leurs cahiers des charges, les catalogues d'interconnexion préalablement approuvés par
l'Agence.
Ils comprennent une partie fixe (accès, location annuelle) et une partie variable (fonction du
trafic).
40
le système de “réciprocité tarifaire” ou “la symétrie tarifaire ” : chaque opérateur
pratique la même charge pour la terminaison du trafic de son concurrent. (Système
indiqué en cas de trafic équilibré et de coûts identiques).
La notion d’“opérateur dominant” n’est pas une condition pour la publication des
catalogues.
41
Comparativement au décret n°2012/1640/PM du 14 juillet 2012 désormais abrogé, le décret
n°2023/08473/PM du 23 novembre 2023 fixant les conditions d’interconnexion, d’accès aux
réseaux de communications électroniques ouverts au public et de partage des
infrastructures présente les éléments suivants :
42
Les opérateurs qui reçoivent une demande de partage des infrastructures
disposent d’un délai maximum de quinze (15) jours, à compter de l’émission de
l’accusé de réception. Ce délai est à trente (30) jours, en cas de sollicitation de
compléments d’informations ;
Lorsque les conditions de concurrence et/ou d’interopérabilité des réseaux ne
sont pas garanties, l’Agence peut exiger des parties, la modification d’une
convention de partage, dans un délai qui ne peut excéder soixante (60) jours ;
Désormais, lorsque des prestations sont contenues dans la convention mais ne
figurent pas dans le catalogue, l’Agence fixe par décision, les tarifs applicables
en attendant la modification des catalogues.
D. Le régime juridique des réseaux et des services des
communications électroniques
Au Cameroun, le processus de réforme sectorielle des télécommunications a démarré
en juin 1995 lorsque le Chef de l’Etat, dans un message à la Nation a annoncé les grandes
orientations de la restructuration et de la libéralisation du secteur des télécommunications.
A la faveur de la loi n° 98/014 du 14 juillet 1998 régissant les télécommunications au
Cameroun, le secteur des télécommunications a été libéralisé.
Les régimes juridiques des réseaux et l’octroi des Concessions, des Licences et des
Déclarations dans le corpus juridique camerounais reviennent à traiter des conditions pour
accéder au marché camerounais des télécommunications.
Pour décrypter les régimes juridiques applicables au Cameroun et l’octroi des titres
d’exploitation dans le secteur des télécommunications, il est indispensable d’aborder le
dispositif légal et réglementaire de l’octroi des titres (1), ensuite nous verrons les régimes
applicables et les procédures (2).
43
la directive n° 9/08-UEAC-133-CM-18 du 19 décembre 2008 harmonisant les
régimes juridiques des activités de communications électroniques dans les Etats
membres de la CEMAC ;
la loi n° 2010/013 du 21 décembre 2010 régissant les communications
électroniques, modifiée et complétée par la loi N°2015/006 du 20 avril 2015 ;
le décret n° 2012/1639/PM du 14 juin 2012 fixant les modalités de déclaration, ainsi
que les conditions d’exploitation des réseaux et installations soumis au régime de la
déclaration ;
le décret n° 2013/0396/PM du 27 février 2013 fixant les modalités d’exploitation et
de contrôle de l’utilisation des fréquences radioélectriques ;
le décret N° 2017/2580/PM du 06 avril 2017 fixant les modalités ou d’exploitation
des réseaux et de fourniture des services de communications électroniques soumis
au régime de l’autorisation;
le décret n° 2020/727/PM du 03 décembre 2020 portant réorganisation et
fonctionnement de l’Agence de Régulation des Télécommunications ;
l’arrêté n° 080/MINEFI/MINPT du 20 février 2002 relatif aux droits, frais,
contributions et redevances perçus par l’Agence de Régulation des
Télécommunications abrogé ;
l’arrêté conjoint n°00000769 MINPOSTEL/MINFI du 28 décembre 2023 fixant les
montants, contributions et modalités de calcul des redevances d’utilisation des
fréquences radioélectriques, ainsi que leurs modalités de paiement.
Ces textes s’inscrivent dans la mouvance souhaitée par les acteurs du secteur et
marquent l’adoption de l’arsenal juridique camerounais aux réalités de la convergence
numérique et de l’innovation technologique désignés par “triple play” où un seul support
dessert l’Internet, la voix et l’audiovisuel au consommateur.
La nouvelle loi vient modifier la terminologie “télécommunications ” au profit de
“communications électroniques ” qui a le même contenu que les télécommunications :
“émission, transmission ou réception de signes, des signaux, d’écrits, d’images ou de sons,
par voie électromagnétique ”.
Un régime juridique est un ensemble de règles de droit applicables à une activité, une
personne, une institution, une chose, quelle qu'elle soit. Un régime juridique s'applique
lorsque ses conditions d'application sont réunies. L'application d'un régime suppose donc
que, préalablement à l'application d'une règle, soit procédé à l'opération de qualification
juridique.
La qualification juridique consiste à attribuer une qualité juridique à une chose, une
personne, une activité. Il s'agit, pour le juriste, de passer d'un élément de fait à une
catégorie juridique, au moyen de critères juridiques. La qualification juridique indique
naturellement le régime de droit applicable.
44
Le régime juridique des réseaux et service des communications électroniques en
vigueur au Cameroun résulte de la loi n° 2010/013 du 21 décembre 2010 modifiée et
complétée par la loi du 20 avril 2015.
Les opérateurs sont tenus de fournir les services dans des conditions de transparence
et de non-discrimination et dans les mêmes conditions que celles accordées à leurs filiales
ou à leurs associés.
La non-discrimination visée ci-dessus, n’exclut pas les réductions de tarifs liées à des
conditions d’abonnement spécifiques ou à des volumes de trafic importants, sous réserve
que ces conditions soient publiées avec les tarifs et que les réductions soient applicables
sans discrimination à tout client remplissant ces conditions.
Les tarifs appliqués par les opérateurs des réseaux ouverts au public, les fournisseurs
de service à valeur ajoutée et les revendeurs de trafic doivent être orientés vers les coûts
réels.
La loi en vigueur prévoit deux (2) régimes juridiques des réseaux et services des
communications électroniques, l’autorisation et la déclaration, contrairement à sa
devancière qui en prévoyait trois (3), la concession, l’autorisation et la déclaration.
45
b. Le régime de l’autorisation
L’autorisation est le droit conféré par l’Etat à une personne physique ou morale pour
exercer une activité donnée dans le secteur des Télécommunications et des Technologies de
l’Information et de la Communication, emportant un certain nombre d’obligations. Le
régime de l’autorisation consacre les principes de neutralité technologique, de
convergence, de multiplicité des services et d’interopérabilité des réseaux et système
d’information dans un environnement concurrentiel. Il existe trois types d’autorisation : la
Concession, la Licence et l’Agrément.
La concession
Le privilège accordé par l’Etat à une personne morale, en vue d’exploiter un réseau et
de fournir des services de communications électroniques est une concession. Aux termes de
l’article 6 (nouveau) (2) de la loi, relèvent de la compétence de l'Etat et peuvent faire l'objet
de concession à une ou plusieurs personnes morales de droit public ou privé, dans les
conditions définies par la loi régissant les communications électroniques :
la construction et l'exploitation sur toute l'étendue du territoire national, des
points d'atterrissement des câbles sous-marins ;
la construction et l'exploitation de téléports vers un ou plusieurs réseaux à
satellites ;
l'établissement et l'exploitation des multiplex et des réseaux de diffusion.
Aux termes de l’article 9.-(nouveau) (1) , peuvent faire l'objet d’une concession, en
tout ou partie, à une ou plusieurs personnes morales de droit public ou privé par des
conventions fixant notamment les droits et obligations du bénéficiaire de cette concession,
les domaines de l'Etat ci-après :
l’établissement et l’exploitation des réseaux de communications électroniques à
couverture nationale ouverts au public ;
l'établissement et l’exploitation de réseaux de transport de communications
électroniques.
Aux termes de l’article 9 nouveau (2) La concession est octroyée à toute personne
morale qui s’engage à respecter les dispositions de la présente loi, les clauses du cahier des
charges, ainsi que les dispositions générales y annexées.
La licence
C’est un titre qui représente une opération administrative permettant, pour une durée
déterminée, d’exercer suivant un cahier de charges, certaines activités dans le secteur des
télécommunications et des technologies de l’information et de la communication.
46
La licence est délivrée à toute personne physique ou morale pour établir et
exploiter notamment. Elle est délivrée à toute personne physique ou morale pour établir
et/ou exploiter un réseau ou fournir des services de communications électroniques :
L’agrément
C’est un titre délivré à une personne physique ou morale pour exercer l’activité
d’installateur, de laboratoire ou de vendeur d’équipements terminaux dans le domaine des
communications électroniques.
c. Le régime de la déclaration
47
Sont soumis à une déclaration préalable contre récépissé, les activités suivantes :
la fourniture au public de services à valeur ajoutée ;
la fourniture au public du service Internet ;
la revente du trafic téléphonique ;
tout service de communications électroniques à partir des terminaux de systèmes
globaux de communication par satellite (GMPCS : Global Mobile Personnal
Communication by Satellite) Systèmes globaux de télécommunications par satellite :
système à satellite fixe ou mobile, à large bande ou à bande étroite, mondial ou
régional, géostationnaire ou non géostationnaire, existant ou en projet, fournissant
des services de communications électroniques directement ou indirectement aux
utilisateurs finaux à partir d'une constellation de satellites ;
l’utilisation d’une liaison louée de capacité supérieure à 10 mégabits par seconde.
Peuvent être établis sur simple déclaration contre récépissé :
les réseaux privés internes ;
les réseaux privés indépendants autres que radioélectriques dont les points de
terminaison sont distants de moins de 300 mètres et dont les liaisons ont une
capacité inférieure à 10 mégabits par seconde ;
les installations radioélectriques exclusivement composées d'appareils de faible
puissance et de faible portée, dont les catégories sont déterminées par
l’Administration chargée des Télécommunications.
Nul ne peut, dans les eaux territoriales, à bord d’un navire ou d’un bateau, dans
l’espace aérien, à bord d’un aéronef ou de tout autre support soumis au droit camerounais,
détenir un appareil émetteur et/ou récepteur de radiocommunications, ni établir et faire
fonctionner une station ou un réseau de radiocommunications non public, sans avoir
déclaré et obtenu une licence.
La concession est octroyée à toute personne morale qui s’engage à respecter les
dispositions de la loi, les clauses du cahier des charges, ainsi que les dispositions générales.
48
L’octroi d’une concession est de la compétence du Chef de l’Etat qui l’exprime à
travers le Chef du Gouvernement qui répercute le besoin auprès du Ministre en charge des
télécommunications qui à son tour transmet les prescriptions de la haute hiérarchie au
régulateur. La procédure est schématisée ainsi qu’il suit :
La licence est délivrée à toute personne physique ou morale pour établir et/ou
exploiter un réseau ou fournir des services de communications électroniques. Il existe deux
catégories de licence :
la licence de première catégorie ;
la licence de deuxième catégorie.
49
le nom ou la raison sociale, ainsi que l’adresse complète du demandeur ;
le statut juridique de la société, ainsi que la composition de son capital et la
répartition des droits de vote ;
la déclaration, l’objet et les caractéristiques des services à offrir ;
l’objet et les caractéristiques techniques du réseau ;
les spécifications techniques des équipements ;
le calendrier de mise en œuvre, en précisant, en particulier, la capacité et la zone de
couverture année par année ;
l’expérience acquise dans le domaine des communications électroniques, en
précisant les partenaires techniques à la réalisation du projet et leurs réalisations
antérieures.
Au cours de la période visée ci-dessus, le demandeur peut être appelé à fournir des
informations complémentaires. Dans ce cas, le délai de la prise de décision de l’Agence est
suspendu jusqu’à la fourniture par le demandeur des informations requises.
Si la demande reste sans réponse après le délai visé ci-dessus, le demandeur peut
saisir directement le Ministre en charge des télécommunications.
Le dossier remplissant toutes les conditions requises est soumis à l’étude. Si les
conclusions sont favorables, l’Agence notifie au demandeur le montant des droits d’entrée
50
ou de renouvellement à payer selon le cas, tel que prévu par la réglementation en vigueur.
Le justificatif de paiement des droits visés ci-dessus est joint au dossier, assorti d’un cahier
de charges le cas échéant, et transmis au Ministre en charge des télécommunications pour
délivrance formelle de la licence.
Les licences de première catégorie ne peuvent être accordées qu’à des sociétés de
droit camerounais ayant un capital social minimum de cinq millions (5.000.000) de francs
CFA. Toutefois, le montant fixé peut être révisé par un acte du Ministre en charge des
télécommunications, sur proposition de l’Agence.
Les licences de première et de deuxième catégorie sont attribuées pour une durée
maximum de cinq (05) ans renouvelables et ne confèrent aucune exclusivité à leur titulaire.
La licence peut être refusée dans les cas suivants, sans que ceux-ci soient exhaustifs :
la sauvegarde de l’ordre public ;
les besoins de défense nationale ou de sécurité publique ;
l’incapacité technique ou financière du demandeur à faire face durablement aux
obligations de l’exercice de son activité ;
le demandeur fait l’objet d’une des sanctions prévues à l’article 68 de la loi
régissant les communications électroniques. Tout refus de la Licence doit être
motivé et notifié au demandeur.
Le refus motivé est notifié au demandeur. Celui-ci peut déposer, après avoir effectué
les modifications nécessaires, une demande révisée. Le dépôt de cette demande n'est pas
assujetti au paiement de frais d’étude de dossier.
51
1,5% du CA/HT au titre des frais de gestion et de régulation du secteur ;
3% du CA/HT pour la contribution au FST ;
Les redevances liées à l’utilisation des ressources (même si la licence n’est pas
exploitée).
Le droit de renouvellement est obtenu à l’issue d’une négociation qui tient compte
notamment:
de l’évolution du marché ;
du chiffre d’affaires de l’opérateur ;
du respect du cahier des charges.
Le montant du droit d’entrée et de renouvellement des licences ainsi que les modalités
de paiement sont fixées par un arrêté-conjoint des ministres chargés des finances et des
télécommunications. L’arrêté N° 0000006/MINPOSTEL/MINFI du 02 mai 2017 fixant les
montants et les modalités de paiement des droits d’entrée et de renouvellement des licences
dans le domaine des communications électroniques, modifié par l’arrêté
N°00000001/MINPOSTEL/MINFI du 17 janvier 2018. Les droits d’entrée et de
renouvellement sont recouvrés par l’Agence de Régulation des Télécommunications.
52
la copie certifiée conforme du Registre du Commerce et du Crédit Mobilier ;
la copie certifiée conforme de la carte de contribuable ;
l’origine des fonds destinés au financement prévu en précisant les principaux
bailleurs de fonds ;
l’objet et les caractéristiques générales du service ;
les modalités d’ouverture du service ;
la nature des prestations objet du service ;
la zone de couverture et le calendrier prévisionnel de mise en œuvre ;
le plan de localisation ;
les prévisions des dépenses et des recettes sur une période de deux (02) à cinq
(05) ans ;
l’expérience acquise dans le domaine des télécommunications en précisant les
partenaires techniques et leurs réalisations antérieures ;
la nature et les caractéristiques techniques des équipements ;
le justificatif de paiement auprès de l’Agence, des frais d’étude de dossier.
Toute demande de déclaration préalable doit faire l’objet d’une réponse de la part de
l’Agence dans un délai de trente (30) jours au maximum à compter de la date d’accusé de
réception de la demande.
Au cours de la période visée, le demandeur peut être amené à fournir des informations
supplémentaires.
Le récépissé de déclaration préalable est assorti d’un cahier de charges précisant les
conditions d’exploitation portant notamment sur :
la nature, les caractéristiques techniques des équipements, la zone de couverture et
le calendrier prévisionnel de mise en œuvre ;
les conditions de permanence, de disponibilité, de qualité et de neutralité du service
- le respect des prescriptions techniques concernant l’accès au service, son
interconnexion avec les autres services-supports et la compatibilité de son
fonctionnement avec ceux-ci ;
les prescriptions exigées pour la défense nationale et la sécurité publique ;
les modalités de calcul des contributions exigibles au titre de la participation au
développement des communications électroniques sur l’ensemble du territoire.
Le récépissé de déclaration préalable peut être refusé notamment dans les cas
suivants :
la sauvegarde de l’ordre public ;
les besoins de défense nationale ou de sécurité publique ;
l’incapacité technique ou financière du demandeur à faire face durablement aux
obligations de l’exercice de son activité ;
53
Le dossier de simple déclaration, déposé à l’Agence en cinq (05) exemplaires, comprend
notamment les pièces suivantes :
le formulaire de demande fourni par l’Agence, timbré au tarif en vigueur, dûment
rempli et signé ;
le nom ou la raison sociale, ainsi que l’adresse complète du demandeur ;
les renseignements relatifs à la personne physique responsable du réseau ;
des renseignements relatifs à la personne morale responsable du réseau ;
les caractéristiques techniques et la description détaillée du réseau ainsi que des
équipements du réseau.
Dans un délai de trente (30) jours à compter de la date de dépôt du dossier de simple
déclaration, l’Agence délivre un récépissé de déclaration ou, le cas échéant, invite le
requérant à compléter son dossier. Passé ce délai, le récépissé est réputé délivré.
Les redevances liées à l’utilisation des ressources (même si le récépissé n’est pas exploité)
Production d’un rapport annuel d’activités ;
54
CHAPITRE II : LA RÉGULATION DES ACTIVITÉS DES
TÉLÉCOMMUNICATIONS
Le mot régulation est trompeur, il est la francisation du terme anglais “regulation”
qui désigne la réglementation. Le mot régulation recouvre une réalité un peu différente de
la réglementation. Le terme “régulation” trouve son origine latine dans les locutions
“regere” diriger et “regula” la ligne droite, la règle au sens large. L’apparition moderne
du mot est attestée au milieu du XIX ème siècle dans le vocabulaire scientifique et
correspond au fait d’assurer le fonctionnement correct d’un système complexe. La
régulation est d’origine économique et s’est développée dans les pays anglo-saxons.
L’usage américain a voulu que le terme soit employé pour désigner l’intervention des
autorités publiques fédérales, dans le contrôle de certaines activités économiques à la fin du
XIXème siècle. A l’origine cette fonction économique tente de corriger diverses formes du
marché, telles que le pouvoir des monopoles. Cette utilisation économique du
terme “régulation” a été reprise dans la littérature britannique au moment de la mise en
œuvre des privatisations et l’ouverture à la concurrence des grands services publics sous le
Gouvernement THATCHER au Royaume Uni.
Dans le processus de régulation, les pouvoirs publics abandonnent une partie de leurs
compétences à des structures de régulation plus ou moins indépendantes. Avec la
régulation, c’est la philosophie traditionnelle du droit des télécommunications qui est
remise en cause. La régulation recouvre la nécessité permanente à laquelle est confrontée
l’activité des télécommunications. Ce mot correspond à la fonction de thermostat (appareil
servant à maintenir la température constante) juridique de l’activité des
télécommunications.
55
Tableau récapitulatif des modèles de régulation
Coups de projecteur Bilan, rapport Recueil de Task Force Coups de projecteur. Auto
(Commission annuel sur la l’information. (3personnes) saisine. Sélection des sujets et des
Massachussets USA, performance et Audience dans les Salaires élevés cas à traiter. Sectoriel.
Rail, 1870, Charles l’abus de médias Budget de l’Etat Publication de rapports
Adams) (Approche monopole,
sectorielle) recherche de
solution par le
dialogue
Main légère Arbitrage, respect Définition d’un Sur le budget de Approche transversale
(New Zeland des lois sur la régime de l’Etat Structure (concurrence)
Commerce concurrence publication de légère (70 Décision finale devant les cours
Commission, 1990) surveillance des l’information. De personnes) qui de justice
(Approche sectorielle) évolutions des façon ultime couvre l’ensemble
marchés contrôle des prix de l’économie
Source : Hervé Dumez & Alain Jeunemaître : Quel modèle de régulation pour les services publics? Vous
avez dit public ? Situation de gestion dans le secteur public : de la coproduction à la régulation.
Coordination Emmanuelle Levy in L’Harmattan. Logiques de Gestion 2003. P 210.
56
L’ouverture à la concurrence du secteur des télécommunications au Cameroun a
institué l’Agence de Régulation des Télécommunications (ART). Les organes compétents en
matière des télécommunications au Cameroun sont :
le MINPOSTEL, pôle politique ;
l’ART, pôle technique ;
l’ANTIC pôle de la cybersécuruté et de la cybercriminalité.
Au compte des nouvelles prérogatives issues de la loi du 21 décembre 2010, l’on peut
noter la détermination du nombre d’opérateurs dans chaque segment de marché en tenant
compte des ressources rares. Le lancement des appels d’offres pour les concessions et les
licences naguère de la compétence du régulateur, la définition d’une politique tarifaire et la
conduite des études stratégiques sectorielles viennent accroitre les prérogatives du
Ministère des Postes et Télécommunications.
57
§1 : Organisation du Ministère des Postes et Télécommunications
Le décret n° 2012/512 du 12 novembre 2012 organise le Ministère des Postes et
Télécommunications, il est le quatrième après la libéralisation du secteur des
télécommunications. Il abroge le décret N° 2005/124 du 15 avril 2005, ceux N° 99/151 du
13 juillet 1999 et N° 2000/185 du 14 juillet 2000 modifiant et complétant certaines
dispositions du décret N°99/151 du 13 juillet 1999 l’ont précédé.
Le Ministère des Postes et Télécommunications est placé sous l'autorité d'un Ministre.
Le Ministre des Postes et Télécommunications est responsable de l'élaboration et de la mise
en œuvre de la politique du Gouvernement en matière des postes, des télécommunications et
des technologies de l'information et de la communication. À ce titre :
Il exerce en outre, la tutelle technique sur l'Ecole Nationale Supérieure des Postes et
Télécommunications (ENSPT devenu SUP’PTIC).
58
La division des affaires juridiques ;
La Direction de la Réglementation des Postes, des Télécommunications et des
Technologies de l'Information et de la Communication.
L’Agence est placée sous la tutelle technique du Ministère chargé des Télécommunications
et sous la tutelle financière du Ministère chargé des Finances.
A. Nature juridique
L’Agence de Régulation des Télécommunications est instituée par l’article 36 de la loi n°
2010/013 du 21 décembre 2010 régissant les communications électroniques au Cameroun,
modifiée et complétée par la loi N°2015/0006 du 20 avril 2015.Le décret N° 2020/727 du 03
décembre 2020 portant réorganisation et fonctionnement de l’Agence de Régulation des
Télécommunications en fait un établissement public administratif doté de la personnalité
juridique et de l'autonomie financière.
59
Au sens de l’article 2 (1) du décret n°2020/727 du 03 décembre 2020 portant
réorganisation et fonctionnement de l’ART, l’Agence passe d’un statut d’établissement
public administratif à celui d’établissement public à caractère spécial, doté de la
personnalité juridique et de l’autonomie financière. Cette forme spéciale reconnue à
l’Agence se justifie par le fait que son organisation reposera sur les principes de gestion des
sociétés commerciales et des groupements d’intérêt économique (GIE) adopté par l’Acte
Uniforme OHADA du 30 janvier 2014 relatif au droit des sociétés commerciales et des GIE
d’une part, et le régime financier de l’Etat et des autres entités publiques d’autre part. A
l’alinéa 2 du même article 2, il est précisé que l’Agence est gérée suivant les règles de la
comptabilité privée, conformément aux dispositions de l’Acte Uniforme OHADA relatif au
Droit des Sociétés Commerciales et du Groupement d’Intérêt Economique. En outre, il y a
lieu de souligner que le caractère spécial octroyé à certains établissement publics est
mentionné à l’article 2(4) de la loi sus-citée.
La tutelle technique est chargée de s’assurer que les activités menées par l’Agence
sont conformes aux orientations des politiques publiques du Gouvernement dans le secteur
des télécommunications, sous réserve des compétences reconnues au Conseil
d’Administration.
En outre, elle s’assure que les résolutions du Conseil d’Administration sont conformes
aux lois et règlements, ainsi qu’aux orientations des politiques sectorielles.
60
De plus, elle s’assure de la régularité des résolutions du Conseil d’Administration à
incidence financière, de la soutenabilité des engagements financiers et de la cohérence
générale des plans de performance de l’Agence aux programmes sectoriels.
S’agissant des missions assignées à l’Agence, il convient de noter que les missions
mentionnées dans le décret de 2012 ont été intégralement reconduites.
Dans ce contexte, il est nécessaire d’attirer l’attention sur le fait que le décret n°
2019/150 du 22 mars 2019 portant organisation et fonctionnement de l’ANTIC, en son
article 6 (1), précise que ce régulateur connait en premier recours les différends entre les
autorités de certification d’une part, et les autorités de certification et les utilisateurs
d’autre part.
Pour une compréhension de ces dispositions, une concertation entre les deux
régulateurs est nécessaire en vue de faciliter la mise en œuvre de la réglementation en
61
vigueur. Par ailleurs, les services compétents de l’Agence doivent mettre en place la
procédure de traitement des litiges y afférent.
• Le Conseil d’Administration
A cet effet, alors que dans l’ancien décret, le Conseil d’Administration nommait les
responsables du rang de Directeurs et assimilés, il est indiqué dans le nouveau décret que le
62
Conseil d’Administration nomme, sur proposition du Directeur Général, les responsables
du rang de Sous-directeurs, Directeurs et assimilés.
Les convocations et les documents relatifs à la session sont envoyés quinze (15) jours
au moins avant la date prévue pour la réunion. Toutefois, en cas d’urgence, ce délai peut
être réduit à cinq (05) jours.
Les conditions de tenue d’une session extraordinaire, le quorum exigé pour la tenue
d’une session extraordinaire du Conseil d’Administration est passé d’un tiers (1/3) à deux
tiers (2/3).
6. Le privilège du Trésor
L’article 35 (3) du nouveau décret a doté l’Agence du privilège du trésor. Cette prérogative
accordée à l’Agence constitue un moyen efficace de recouvrement des sommes dues à
l’Agence par les opérateurs et exploitants des réseaux de communications électroniques.
63
Cette disposition vient lever l’obligation de loger les comptes de l’Agence au trésor public.
Pour ce qui concerne, les excédents budgétaires constatés à la fin de l’exercice, ils sont
repartis suivant l’article 41 du décret susvisé ainsi qu’il suit :
— cinquante pour cent (50%) est affecté au Fonds Spécial des Télécommunications,
— cinquante pour cent (50%) est consacrée à l’acquisition des équipements de régulation et
de contrôle.
Après les décrets de 1998 et 2012 qui portaient sur l’organisation le fonctionnement
de l’ART, le Décret n° 2020/727 du 03 décembre 2020 portant réorganisation et
fonctionnement de l’Agence de régulation des Télécommunications accorde à l’Agence le
statut d’établissement public administratif à caractère spécial doté de la personnalité
juridique et de l’autonomie financière. Ainsi, les nouvelles missions d’ordre juridique,
économique et technique de l’Agence sont les suivantes :
64
- Sanctionner les manquements des opérateurs à leurs obligations ainsi que les
pratiques anticoncurrentielles.
65
juillet 2017 portant statut général des établissements publics et des entreprises publiques,
ainsi que le décret n° 2020/727 du 03 décembre 2020 portant réorganisation et
fonctionnement de l’Agence de Régulation des Télécommunications.
Le cadre visé à l’alinéa 1 ci-dessus est chargé des affaires réservées du Président du
Conseil d’Administration. A ce titre, il assure :
- la gestion du courrier personnel du Président du Conseil d’Administration;
- les missions personnelles et les affaires réservées du Président du Conseil
d’Administration;
66
- la bonne organisation des sessions du Conseil d’Administration, en relation avec la
Direction Générale;
- toutes autres missions à lui confiées par le Président du Conseil d’Administration.
La Direction Générale est placée sous l’autorité d’un Directeur Général, assisté d’un
Directeur Général-Adjoint.
- la Direction Technique ;
- la Direction de la Gestion des Fréquences ;
- la Direction des Licences, de la Concurrence et de l'Interconnexion ;
- la Brigade des Contrôles ;
- la Direction de la Stratégie et de la Prospective ;
- la Division des Affaires Juridiques et de la Protection du Consommateur;
- la Division de la Communication et de la Coopération ;
67
- la Direction des Finances ;
- la Direction du Patrimoine ;
- la Direction du Recouvrement ;
- la Direction des Ressources Humaines.
Des Délégations Régionales peuvent être créées dans d’autres chefs-lieux de Région
en tant que de besoin.
68
Pour l’accomplissement de ses missions, l’Agence dispose des pouvoirs de
régulation, de contrôle, d’investigation, d’injonction, de coercition et de sanction. A ce
titre, elle est habilitée notamment à :
69
A. La procédure de sanction du régulateur
En France, Le Conseil Constitutionnel s’est prononcé sur la légalité du pouvoir de
sanction qui est reconnu par la loi aux Autorités administratives indépendantes. En effet, la
haute juridiction a estimé dans sa décision n° 96-378 DC du 23 juillet 1996 que “la loi
peut, sans qu’il soit besoin porté atteinte au principe de la séparation des pouvoirs, doter
une autorité administrative indépendante de pouvoirs dans la limite nécessaire à
l’accomplissement de sa mission. Qu’il appartient toutefois au législateur d’assortir
l’exercice de ces pouvoirs de sanction de mesures destinées à sauvegarder les droits et
libertés constitutionnellement garantis ; qu’en particulier, une sanction administrative de
nature pécuniaire ne peut se cumuler avec une sanction pénale ” (à propos de la loi de
réglementation des télécommunications).
70
Elle est applicable à toutes les procédures en cours devant l'ARCEP ainsi qu'à toutes
les instances non définitivement jugées à cette date.
Les dispositions de l’article 66 dressent une liste des personnes qui ont qualité pour
saisir l’Agence d’une demande de sanction (a) et prévoient la possibilité pour le régulateur
de s’autosaisir (b).
Aux termes de l’article 66 de la loi, l'Agence peut, soit d'office, soit à la demande de
l'Administration chargée des Télécommunications, d'une organisation professionnelle, d'une
association agréée d'utilisateurs ou d'une personne physique ou morale concernée,
sanctionner, après constatation ou vérification, les manquements des exploitants de réseaux
ou des fournisseurs de services de communications électroniques, conformément aux
dispositions législatives et réglementaires afférentes à leurs activités ou aux décisions prises
pour en assurer la mise en œuvre.
En application des dispositions de l’article précité, l’Agence peut être saisie par :
71
le ministre chargé des télécommunications ;
une organisation professionnelle ;
une association agréée d’utilisateurs ;
une personne morale ou physique permettant ainsi à toute personne (morale ou
physique) utilisatrice de services ou d’un réseau de communications
électroniques de saisir l’Agence.
b. L’auto saisine
L’article 66 donne compétence à l’Agence de s’autosaisir dès lors qu’elle constate des
manquements de la part des exploitants de réseaux de communications électroniques
ouverts au public ou des fournisseurs de services de communications électroniques.
La procédure de sanction dont l’Agence peut être saisie revêt un caractère exclusif en
ce sens que lorsque le manquement constaté doit recevoir une qualification pénale, il
convient d’exclure l’application de l’article 66. La loi en ses dispositions pénales, article 74
et suivants prévoit une procédure.
Les agents visés ci-dessus bénéficient, à leur demande, de l'assistance des forces de
l'ordre dans l'exercice de leur mission et notamment, pour l'identification et l'interpellation
des suspects.
72
En cas de refus de signature du contrevenant, le procès-verbal fait foi, jusqu’à preuve de
contraire et n’est pas soumis à confirmation.
Elle décrit les différentes étapes de la procédure de sanction mise en œuvre par
l’Agence de Régulation des Télécommunications (ART), à l’issue d’un contrôle effectué par
ses agents assermentés. Les différentes phases de la procédure sont :
le contrôle ;
les entités ou personnes visées par le contrôle ;
la a nature et les types de contrôle ;
la détermination de la qualification du manquement ;
les dispositions administratives ;
les dispositions pénales ;
les étapes de la procédure de sanction ;
la mise en demeure ;
la sanction et son exécution.
Les contrôles menés par l’ART portent sur les activités des opérateurs, des exploitants
des réseaux et des fournisseurs des services de communications électroniques ainsi que les
équipements et infrastructures des communications électroniques.
S’agissant du contrôle des activités des opérateurs, des exploitants des réseaux et des
fournisseurs des services de communications électroniques, il consiste à s’assurer de la
régularité de celles-ci et à déterminer la nature, le régime dont elles dépendent
(autorisation ou déclaration) et à vérifier la conformité de l’exercice de ces activités avec la
législation et la règlementation en vigueur.
En ce qui concerne le contrôle des installations et/ou des équipements, il porte
notamment, sur l’examen de la conformité des installations et/ou des équipements, la
validité des documents administratifs dont disposent la structure contrôlée, le respect des
normes et spécifications techniques approuvées sur le plan national et/ou international, et le
73
respect des dispositions contenues dans le cahier des charges annexé au titre d’exploitation
ou à tout autre document y tenant lieu.
Le contrôle concerne :
- les opérateurs concessionnaires du domaine des communications électroniques ;
- les exploitants des réseaux des communications électroniques ;
- les fournisseurs des services des communications électroniques ;
- les installateurs des équipements et infrastructures de communications électroniques ;
- les vendeurs des équipements de communications électroniques ;
- les laboratoires d’essai et mesures des équipements des communications électroniques ;
- les personnes physiques ou morales exerçant des activités connexes.
74
Le contrôle effectué à la demande d’une personne physique ou morale : toute
personne physique ou morale justifiant d’un intérêt peut saisir l’Agence aux fins de lui
demander de procéder à un contrôle des activités et/ou des installations d’un opérateur,
d’un exploitant de réseau, d’un fournisseur des services, d’un installateur des équipements
et infrastructures, d’un laboratoire d’essai et mesures des équipements, d’un vendeur des
équipements ou tout autre entité/personne exerçant une activité dans le domaine des
communications électroniques.
Tout contrôle donne lieu à l’établissement d’un procès-verbal visé par les agents de
contrôle assermentés et signé de leur chef d’équipe et du représentant de la partie contrôlée
qui en recevra copie. Si la partie contrôlée refuse de signer le procès-verbal, mention en est
faite en marge et la copie du procès- verbal laissée à sa disposition. Le refus de signer ou
de recevoir les copies n’affecte en rien la validité du procès-verbal de contrôle.
75
Sont considérés comme manquements au sens des dispositions prévues au titre VI,
chapitre II de la loi n⁰ 2010/013 du 21 décembre 2010 régissant les communications
électroniques au Cameroun, modifiée et complétée par la loi n°2015/006 du 20 avril 2015 :
76
- le défaut de mise à disposition des contrats d’abonnement aux consommateurs.
B. Dispositions pénales
Les infractions prévues au titre VI, chapitre III de la loi sus visée sont relatives à:
77
A. Les formalités nécessaires
A l’issue d’un contrôle et sur la base du procès-verbal établi et transmis à la Division
en charge des Affaires Juridiques, est élaborée une mise en demeure adressée au
contrevenant, soumise à l’approbation et à la signature du Directeur Général, puis
transmise à la Délégation Régionale compétente pour notification par voie d’huissier.
Lorsqu’il s’agit d’une infraction pénale, le Directeur Général saisit par plainte le
Procureur de la République territorialement compétent pour dénoncer les faits constatés
sur procès-verbal. Il peut commettre à cet effet un Conseil pour le suivi du dossier, sous la
supervision de la Division en charge des Affaires Juridiques et de la Délégation Régionale
territorialement compétente.
- Mesures d’urgence :
En cas d’irrégularités dont la gravité nécessite des mesures immédiates, les agents
assermentés peuvent procéder, sous le contrôle du Procureur de la République, à des
perquisitions ainsi qu'à la saisie des matériels ayant servi à la commission des faits
délictueux et à la fermeture des locaux, conformément aux textes en vigueur.
1- Dans la perspective d’un contrôle, la Brigade des Contrôles saisit la Division en charge
des Affaires Juridiques ;
2- La Division en charge des Affaires Juridiques soumet pour approbation, au Directeur
Général un projet de correspondance à adresser au Procureur de la République
territorialement compétent dans la zone objet du contrôle ;
3- Dans ce projet de lettre, le Directeur Général :
78
A l’issue de la saisie du matériel ou de la fermeture des locaux, il est dressé un
procès-verbal de constatation des pièces saisies signé par le chef de mission de contrôle et
contresigné par la partie contrôlée. Une copie du procès-verbal est transmise au Procureur
de la République territorialement compétent, à toutes fins utiles, sous huitaine.
Après le contrôle, les objets saisis qui sont sous la responsabilité de l’Agence, sont
référencés et conservés dans les locaux de la Délégation Régionale territorialement
compétente. Le Délégué Régional enregistre lesdites pièces dans un registre de décharge.
B. La mise en demeure
La mise en demeure est une injonction adressée par le Directeur Général de l’Agence
à un opérateur, un exploitant, un installateur des équipements et infrastructures, un vendeur
des équipements, un laboratoire d’essai et mesures des équipements ou un fournisseur de
services de communications électroniques, en vue de mettre fin à un comportement allant à
l’encontre d’une loi ou d’un règlement. L’injonction est faite à la personne physique
contrôlée ou au représentant légal de la personne morale contrôlée.
- la date du contrôle ;
- le motif du contrôle ;
- les irrégularités relevées lors du contrôle ;
- les dispositions de la loi ou du règlement qui ont été violées ;
- les sanctions encourues ;
- les conditions de régularisation.
Le contrevenant quant à lui dispose d’un délai de quinze (15) jours à compter de la
date de notification pour se conformer ou apporter une réponse satisfaisante aux
irrégularités constatées.
La Division en charge des Affaires Juridiques communique au Directeur Général la
suite réservée à la mise en demeure, dans un délai de cinq (05) jours suivant la date de
réception de la lettre du contrevenant.
Lorsque la réponse à la mise en demeure a été adressée au Directeur Général de
l’Agence dans les délais prescrits, la Division chargée des Affaires Juridiques, une fois en
79
possession de ladite correspondance, en tient copie à la Brigade de Contrôle. La charge de
la preuve du respect de la règlementation incombe au contrevenant.
Si les arguments du contrevenant sont convaincants et les justifications fondées,
proposition est faite au Directeur Général de procéder à une vérification éventuelle aux fins
de s’assurer de la conformité pour classement du dossier.
En cas de non réaction à la lettre de mise en demeure par le contrevenant dans les
délais prescrits, de non satisfaction aux exigences de la loi ou du règlement en vertu de
laquelle il a été mis en demeure, d’absence d’arguments convaincants, la procédure de
sanction se poursuit.
80
- les visas ;
- l’identification du contrevenant sanctionné ;
- les griefs reprochés ;
- la nature de la sanction ;
- le rappel des dispositions règlementaires qui précisent que les sanctions de
l’Agence sont devenues des titres exécutoires ;
- -l’indication d’une disposition relative au paiement des frais d’honoraires du
Conseil pour la partie qui succombe en cas de contestation.
LE DIRECTEUR GENERAL,
81
1. Sur les axes routiers Yaoundé-Nanga-Eboko-Bertoua, la couverture mesurée en
2G est égale à 51.32% inférieure à 92% de taux exigé ; la couverture mesurée en
3G est égale à 88.15% inférieure à 92% de taux exigé ;
2. Sur les axes routiers Douala-Nkongsamba-Bafang-Bafoussam, la couverture
mesurée en 3G est égale à 89.1% inférieure à 92% de taux exigé) ;
3. Sur les axes routiers Bafoussam-Bagangté-Bafia-Yaoundé, la couverture mesurée
en 3G égale à 93.2% inférieure à 95% de taux exigé.
- Attendu que ces faits sont constitutifs de manquements prévus par l’ article 4 (1) du décret
n°2013/0399 du 27 février 2013 fixant les modalités de protection des consommateurs
des services de communications électroniques, qui dispose que le consommateur des
services de communications électroniques a droit « à la qualité et à la permanence du
service (…) à l’accès aux communications électroniques, avec des standards de
qualité et de régularité inhérents à sa nature, partout sur le territoire national (…) »
et réprimés par l’article 69 (7) de la loi n° 2010/013 du 21 décembre 2010 sus-évoquée
qui dispose que « « sont passibles d’une pénalité de 100 000 000 (cent millions) de
francs CFA à 200 000 000 (deux cent millions) de francs CFA, les opérateurs et
exploitants de réseaux de communications électroniques qui ne respectent pas une
clause de leurs cahiers de charges ».
- Attendu qu’une mise en demeure a été adressée à XXXXXX en date du 28 octobre 2022 de se
conformer à la réglementation en vigueur ;
- Attendu qu’aucun élément de réponse n’a été apporté par XXXXXX à l’échéance du délai de 15
jours prescrit par la mise en demeure ;
- Attendu qu’un contrôle de vérification a été effectué dans les mêmes localités pour s’assurer de la
mise en œuvre des recommandations prescrites lors du contrôle susvisé ;
- Attendu qu’au terme dudit contrôle il a été constaté sur procès-verbaux des 12, 13, 14, 15, 16, 17
et 20 février 2023 que certaines irrégularités n’ont pas été corrigées.
DECIDE
Article 1er.- Il est infligé à l’Opérateur concessionnaire XXXXXX une pénalité de 200 000 000 (deux
cents millions) de francs CFA pour non-respect des clauses du cahier de charges relatives à la
couverture et à la qualité de service ;
Article 2 : Cette sanction constitue un titre exécutoire et est d’exécution immédiate, nonobstant toutes
voies de recours ;
Article 3 : En cas de contentieux, les honoraires du conseil de l’Agence et autres frais de justice nés à
l’occasion de la procédure concernée sont imputés à XXXXXXX ;
82
LE DIRECTEUR GENERAL
Ampliations:
-DGA
-CTs
-DS/ART
-DT/ART
-DGF/ART
-BC/ART
-DLCI/ART
-DCG/ART
-DREC/ART
-DF/ART.
83
- Décision N° 00000070/ART/DG/DAJPC/CCON du 25 mai 2023 pour non-respect des clauses
du cahier des charges relatives à la couverture et la qualité de service de communications
électroniques ;
- Décision N° 00000071/ART/DG/DAJPC/CCON du 25 mai 2023 pour non-respect des clauses
du cahier des charges relatives à la couverture et la qualité de service de communications
électroniques ;
- Décision N° 00000072/ART/DG/DAJPC/CCON du 25 mai 2023 pour non-respect des clauses
du cahier des charges relatives à la couverture et la qualité de service de communications
électroniques ;
- Décision N° 00000073/ART/DG/DAJPC/CCON du 25 mai 2023 pour non-respect des clauses
du cahier des charges relatives à la couverture et la qualité de service de communications
électroniques ;
- Décision N° 00000086/ART/DG/DAJPC/CCON du 25 mai 2023 pour non-respect des clauses
du cahier des charges relatives à la couverture et la qualité de service de communications
électroniques ;
- Décision N° 00000074/ART/DG/DAJPC/CCON du 25 mai 2023 pour utilisation et exploitation
sans autorisation d’un réseau radioélectrique ;
- Décision N° 00000075/ART/DG/DAJPC/CCON du 25 mai 2023 pour utilisation et exploitation
sans autorisation d’un réseau radioélectrique ;
- Décision N° 00000076/ART/DG/DAJPC/CCON du 25 mai 2023 pour utilisation et exploitation
sans autorisation d’un réseau radioélectrique ;
- Décision N° 00000077/ART/DG/DAJPC/CCON du 25 mai 2023 pour utilisation et exploitation
sans autorisation d’un réseau radioélectrique ;
- Décision N° 00000078/ART/DG/DAJPC/CCON du 25 mai 2023 pour non-respect des clauses
du cahier des charges sur la tarification des services des communications électroniques.
84
- Décision N°00000067/ART/DG/DAJPC/CCON du 25 mai 2023 portant sanction de pour
non-respect des clauses du cahier de charges relatives à la couverture et la qualité de service de
communications électroniques ;
- Décision N°00000068/ART/DG/DAJPC/CCON du 25 mai 2023 portant sanction de pour
non-respect des clauses du cahier des charges sur la tarification des services des
communications électroniques.
85
DEUXIEME PARTIE
86
CHAPITRE I : LA DÉFINITION MATÉRIELLE DU
CONTENTIEUX DES TÉLÉCOMMUNICATIONS
Un différend peut être défini comme un désaccord sur un point de droit ou de fait, une
contradiction, une opposition de thèse juridique ou d’intérêt entre des parties. La question
qui se pose est de savoir quels sont les différends qui relèvent potentiellement ou
effectivement du contentieux des télécommunications.
Exemple : Plainte d’Orange Cameroun contre CAMTEL au sujet de son réseau mobile
CT Phone, en date du 10 mai 2006. L’opérateur ORANGE concluait en ces termes sa
correspondance au régulateur : “Afin de respecter la législation en vigueur, il serait bon
87
nous semble-t-il, soit de déclarer ce mode d’exploitation illégal et y mettre fin
immédiatement, soit de déclarer la troisième licence mobile en exploitation, la technologie
CDMA remplaçant celle du GSM initialement prévue dans les textes et annulant ainsi de
facto la licence GSM à venir ”
88
2. Les clauses abusives
Les clauses abusives ont pour effet ou pour objet de créer un déséquilibre important
dans les relations contractuelles entre les opérateurs et les consommateurs aux dépens de
ces derniers. Les différends qui surviennent entre fournisseurs de services et
consommateurs sont courants, particulièrement en ce qui concerne la téléphonie de base.
Les consommateurs peuvent se trouver désavantagés en raison de leur manque de pouvoir
de négociation ou de l’absence de choix concurrentiel. Les régulateurs appliquent une
variété de mécanismes afin de veiller au règlement efficace des différends avec les
consommateurs.
Pour ce qui est de la jurisprudence, il faut se rendre dans l’hexagone pour rencontrer
certains jugements :
3. La publicité mensongère
La publicité mensongère ou trompeuse est celle qui a pour résultat d’induire le
consommateur en erreur ou susceptible de fausser son choix. En consacrant cette infraction,
le législateur montre le caractère agressif des publicités et engage par le fait même la
responsabilité pénale de ses auteurs. La publicité mensongère peut se réaliser par le moyen
d’une comparaison visant à établir les différences entre des produits ou services d’origine
ou de fabrication différente en insistant sur les points de défaillance des produits ou des
services concurrents. Elle favorise par des comparaisons trompeuses, dénigrantes,
l’induction des consommateurs en erreur, faussant ainsi le jeu de la concurrence.
Quel que soit sa forme, la publicité est interdite dès lors qu’elle comporte une
présentation de nature à induire en erreur, lorsque celle-ci porte sur les qualités
substantielles des services qui font l'objet de la publicité ou sur les résultats pouvant être
obtenus de leur utilisation et la portée des engagements pris par les annonceurs.
L’interdiction de certains procédés de vente ou refus de vente est l’un des deux axes
principaux autour desquels s’articule la protection du consommateur sur un marché
concurrentiel. Elle est même un élément des droits du consommateur. Seulement, d’autres
intérêts côtoient ces droits, en l’occurrence l’intérêt lié à la baisse des tarifs de
communications et l’intérêt lié à la diversité des offres et des concurrents. L’encadrement
du jeu de la libre concurrence sur le marché est donc nécessaire puisqu’il contribue à
protéger les consommateurs contre les effets indésirables de pratiques anticoncurrentielles.
Toute publicité comprenant sous quelque forme que ce soit des informations fausses
ou de nature à induire en erreur celui qui les voit. La loi N° 2006/018 du 2 décembre 2006
89
régissant la publicité au Cameroun proscrit toute référence qui puisse déconsidérer une
entreprise ou un produit spécifique ainsi que toute déclaration ou présentation visuelle qui
offense les bonnes mœurs, l’ordre public et la morale en général, ou qui soit de nature par
voie d’omission, d’ambiguïté ou de mensonge délibéré à abuser de la confiance du
consommateur.
La publicité mensongère est une forme de fraude. Ces actes ne correspondent pas aux
prestations fournies.
TGI de Nanterre 22 mai 2002 UFC Que choisir contre C/ Société BOUYGUES
TELECOM, le même jour UFC Que choisir contre Société Orange France.
Publicité de nature à induire en erreur. Dans les deux cas le tribunal dit que la
publicité diffusée en matière de téléphonie mobile par laquelle les deux sociétés
invitent les consommateurs à souscrire un abonnement à un forfait sans spécifier
que la facturation est opérée par tranche de 30 secondes après la première minute
indivisible constitue une publicité de nature à induire le consommateur en erreur.
Plus proche de nous, la vaste campagne sur l’offre des services 4G.
En dates des 18 et 21 décembre 2015, l’Agence a respectivement été saisie par les
opérateurs MTN et Orange, le premier pour protestation contre les pratiques illégales et
publicité mensongère d’Orange Cameroun et le second pour les campagnes publicitaires
sur la 4G de l’opérateur MTN Cameroon. Il ressort de l’argumentaire des différentes
parties ce qui suit :
90
sociaux, un ensemble de signes visuels et sonores vise à dénigrer la notoriété attachée à sa
marque commerciale et à ses signes distinctifs.
Les protagonistes sollicitaient que le régulateur prenne toutes les mesures utiles pour faire
cesser d’une part cette campagne mensongère et d’autre part que les dispositions appropriées
soient prises pour retirer de la circulation les signes sonores et visuels dénigrants.
Les faits incriminés interpellaient au premier chef l’Agence dans sa mission de garant
du contrôle et du suivi des activités des opérateurs et des fournisseurs de services des
communications électroniques.
Pour résoudre ce problème, l’Agence a organisé des assises qui ont permis d’aborder
les autres problématiques inhérentes au déploiement des réseaux 4G telle que : les
ressources fréquentielles y afférentes, les homologations des équipements et la réécriture
des cahiers des charges des opérateurs sur des bases équitables.
2
BAÎZ S., cité par LAMBI KOH A. D., Les ententes entre opérateurs de téléphonie mobile au Cameroun,
Mémoire de Master en Contentieux et Arbitrage des Affaires, Université Catholique d’Afrique Centrale, 2008,
P.40.
3
La Commission nationale de la concurrence est un organe rattaché au Ministère chargé de la concurrence.
Elle a pour mission d’examiner et d’émettre un avis sur toutes les questions relatives à la politique de la
concurrence au Cameroun, notamment sur les projets de textes législatifs susceptibles d’influencer l’exercice
de la concurrence sur le marché intérieur ; de rechercher, contrôler et, le cas échéant, poursuivre et sanctionner
les pratiques anticoncurrentielles définies dans la loi, d’apporter une expertise et l’assistance nécessaires à la
prise des décisions de justice en matière de concurrence.
4
L’ART et la C.N.C. peuvent commettre des agents assermentés dont le rôle est de rechercher, de constater
et de poursuivre les infractions commises en matière de télécommunications. Ces attributions de police
91
effectuer un contrôle d’office ou sur saisie par requête ou demande de toute personne ou
organisation prévue par la loi, selon les modalités en vigueur (notamment l’administration
chargée des télécommunications ou toute administration, toute organisation professionnelle
ou toute association agrée d’utilisateurs, toute personne physique ou morale qui s’estime
victime d’une pratique anticoncurrentielle)5.
La mise en place d’un marché où le jeu de la concurrence est effectif et régulé, doit
nécessairement avoir des retombées significatrices pour le consommateur. La présence sur
le marché des communications électroniques mobiles mobile, de plusieurs opérateurs et
fournisseurs de services est révélatrice d’une importante concurrence. La concurrence doit
en principe servir l’intérêt public en incitant les opérateurs à faire preuve d’une plus
grande efficacité et à proposer un plus grand choix de produits et de services à des prix
moins élevés. Sur ce plan justement il faut bien reconnaître que l’ART a fortement œuvré
pour les baisse des prix des services de communications électroniques.
judiciaire font de ces agents partie intégrante de la police judiciaire et les place sous l’autorité du procureur
de la République en vertu de l’art 78 (1) du CPP.
5
Voir art 66 de la loi n° 2010/013 du 21 juillet décembre 2010 régissant les communications électroniques au
Cameroun, art 10 du décret n° 2005/1363/PM du 6 mai 2005 fixant la composition et les modalités de
fonctionnement de la commission nationale de la concurrence.
92
rencontrer des compétences additives attribuées à l’Agence en matière de règlement des
différends entre consommateurs et opérateurs, en plus des dispositions de l’article 52 de la
loi : “le consommateur des services de communications électroniques a droit notamment :
….. à la saisine de l’Agence et des organismes de protection des consommateurs, des
plaintes contre le fournisseur de services…. ”. En somme, il faut retenir que les parties aux
différends en matière de contentieux des communications électroniques sont les opérateurs,
le régulateur et les consommateurs.
1- Le régulateur
L’Agence peut être partie à un différend devant les juridictions saisies par les parties
qui contestent sa décision. Les décisions de l’Agence sanctionnant les manquements des
opérateurs sont susceptibles de recours devant les juridictions compétentes.
2- Les Opérateurs
Les différends entre opérateurs relavant des matières énumérées à l’articles 65 (1) de
la loi régissant les télécommunications sont portées devant l’Agence qui est tenue de rendre
sa décision dans un délai d’un mois après sa saisine. Les décisions prises par l’Agence sont
susceptibles de recours devant des juridictions compétentes.
3- Les consommateurs
La protection du consommateur était implicite dans la loi de 1998, elle est consacrée
par la loi du 21 décembre 2010 et la saisine de l’Agence est désormais ouverte au
consommateur pour les plaintes contre les fournisseurs de services (article 52). La décision
N°00000245/ART/DG/DAJPC du 24 septembre 2021 prescrivant aux opérateurs et autres
intervenants des directives sur les modalités de traitement des réclamations des
consommateurs et utilisateurs des produits et services des communications électroniques
détaille les modalités d’intervention du régulateur. Cette compétence du régulateur est
également prescrite dans les cahiers des charges des opérateurs.
6
Lire à ce propos le rapport de Claudia Liliana Rodríguez Espitia sur Le consommateur et les services publics
publié par le Groupe Suisse de l’Association Henri Capitant des amis de la culture juridique française, pp 4 à 5.
93
l’opérateur, soit toute personne autorisée par un client ou par l’opérateur à utiliser le
service.
Dès lors, comme pour la notion d’abonné, il apparaît que l’existence d’un contrat n’a
pas été retenue comme un critère essentiel de la définition de la notion de consommateur.
En effet, la notion d’abonné repose sur l’existence d’un contrat d’abonnement entre toute
personne physique ou morale et un prestataire de services de communications électroniques
accessibles au public, en vue de la fourniture de tels services 7. Elle permet donc de
distinguer le consommateur qui est client d’un opérateur et lié à celui-ci par un contrat
d’abonnement, du consommateur qui ne l’est strictement pas parce que n’étant que simple
utilisateur du service sans être ni client, ni cocontractant d’un opérateur. La définition ainsi
retenue du consommateur est consacrée par l’article 4 de loi N°2015/018 du 21 décembre
2015 régissant l’activité commerciale au Cameroun.
7
Voir article 5 alinéa 1 de la loi régissant les communications électroniques au Cameroun.
94
On qualifie dès lors de contentieux, les questions qui peuvent être l’objet d’une
discussion devant les tribunaux. Cette définition présente un défaut majeur. Elle fait
abstraction des règles de procédures applicables dans chaque catégorie de différends et par
les instances qui ne seraient pas juridictionnelles.
L’Agence est compétente pour connaitre, avant la saisine de toute juridiction, des
différends entre opérateurs des réseaux de communications électroniques relatifs à :
95
o Le Chef de Division des Affaires Juridiques et de la Protection du
Consommateur qui coordonne les activités du CRD.
Deux rapporteurs :
- Le Chargé d’Etudes Assistant n°1 ;
- Le Chargé d’Etudes Assistant n°2 ;
Le Président du CRD peut, en tant que de besoin, faire appel à toute(s) autre(s)
personne(s) physique(s) ou morale(s) en raison des expertises, compétences et de la nature
du différend, pour la participation aux travaux du Comité.
96
Le CRD se réunit, en tant que de besoin, sur convocation du Président. Les
convocations, jointes au dossier en examen, doivent parvenir aux membres et invités au
moins trois (03) jours avant la date de la session.
1 : La saisine de l'Agence
Tout opérateur des réseaux de communications électroniques tel que défini dans la loi
peut saisir l’Agence en règlement des différends. L'Agence peut, soit se saisir d’office, soit
être saisie par les parties. Les parties avant toute saisine du Comité, doivent au préalable :
- Ne pas être sous le coup d’une sanction de l’ART ;
- Ne pas être redevable vis-à-vis de l’ART.
La date de réception est celle enregistrée par le Service du Courrier et des Archives
ou toute autre structure en tenant lieu. La requête et les pièces sont adressées à l’Agence
contre décharge en autant d'exemplaires qu’il y a de parties, plus deux (02).
Toutes les requêtes adressées à l'Agence sont consignées dans un registre des
différends tenu au secrétariat de la DAJPC.
L’Agence se saisit d’office par une Décision notifiée aux parties, à l’issue d’un
procès-verbal de constat sur les manquements relevés au cours d’un contrôle. La saisine
d’office de l’Agence intervient dans un délai de trois (03) mois après notification du procès-
verbal à la partie ou aux parties mise(s) en cause.
Les comportements abusifs au sens de la décision peuvent, sans que la liste soit
exhaustive, être relatifs à :
97
- La facturation aux autres opérateurs des frais d’accès, de location des capacités ou
d’interconnexion supérieurs à ceux qu’il facture lui-même ou qu’il facture à ses filiales des
fournitures comparables ;
- La vente des services d’interconnexion à des prix inférieurs à leur coût de revient établi en
tenant compte des tarifs appliqués aux autres opérateurs ;
- La préférence injustifiée ou la discrimination d’un opérateur par rapport à un autre.
Lorsque le dossier litigieux évoqué ci-dessus est incomplet, l’Agence invite les
parties à fournir les pièces manquantes, dans un délai de huit (08) jours calendaires. Le
dossier complet est transmis au Comité de Règlement des Différends (CRD) pour
instruction.
2 : La recevabilité de la requête
98
Lorsqu’il apparaît que la saisine est irrecevable, en l’absence de qualité pour agir ou
si les faits invoqués n’entrent pas dans le champ d’application des compétences de
l’Agence, le Directeur Général de l’Agence le notifie au demandeur par lettre motivée.
Dans l’un ou l’autre cas visé ci-dessus, l’Agence en informe les parties.
3 : La conciliation
Les audiences de conciliation sont présidées par le Chef de Division des Affaires
Juridiques et de la Protection du Consommateur ou le Chef de la Cellule du Contentieux, et
peuvent se dérouler en présence des conseils des parties.
En cas de consensus sur une partie des points objet du différend, il est dressé un
procès-verbal de conciliation partielle, auquel est annexé un protocole relatif aux aspects
réglés. En cas de désaccord sur tous les points objets du différend, il est dressé un procès-
verbal de non conciliation.
Les procès-verbaux sus-indiqués sont signés des parties et contiennent les indications
suivantes :
- L'identification des parties, notamment les noms, prénom, raison sociale, la nationalité,
l’adresse, les représentants légaux ;
- L’exposé des prétentions respectives des parties et des moyens évoqués ;
- L’issue de la procédure de conciliation et la mention des engagements réciproques des
parties ;
- Le calendrier précis d’exécution de l’accord ;
- La date et le lieu de signature du procès-verbal et du protocole afférent ;
- Les noms des signataires du procès-verbal.
L’Agence est garante du respect des engagements pris par les parties. Le protocole et
le procès-verbal doivent être signés par les parties au plus tard dix (10) jours calendaires
après leur transmission. Au vu du procès-verbal qui vaut accord entre les parties, l’Agence
prend une décision de conciliation consacrant la solution à l’amiable du différend. Cette
décision de conciliation est notifiée aux parties par voie d’Huissier. Celles-ci doivent s’y
conformer dans un délai de trente (30) jours calendaires.
99
A défaut de signature, l’Agence les met en demeure de s’exécuter dans un délai
maximum de quinze (15) jours calendaires. En cas de non-respect des termes du protocole
d’accord ou de son calendrier, l’Agence met en demeure la partie défaillante de s’y
conformer dans un délai de quinze (15) jours calendaires. A défaut, la partie défaillante
peut faire l’objet des sanctions prévues par la réglementation en vigueur et/ou la convention
de concession et les cahiers des charges des opérateurs concernés.
En cas d’échec de conciliation sur tout ou partie du différend à l’issue dudit délai de
trente (30) jours, un procès-verbal de non-conciliation est établi et signé par les parties.
Le procès-verbal de non-conciliation contient les indications suivantes :
- L’identification des parties ;
- L’exposé des prétentions ;
- L’issue de la procédure et l’indication selon laquelle l’Agence rendra une décision pour
donner une solution définitive au différend ;
- Date et le lieu de la signature du procès-verbal de non-conciliation.
- Le Directeur Général transmet, le procès-verbal de non-conciliation, assorti du dossier, au
CRD pour statuer sur le différend.
C- L’instruction du différend
100
parait utile. Elle peut, en particulier inviter les parties à fournir, oralement ou par écrit, les
explications nécessaires à la solution du différend.
Les membres de l’instance technique peuvent être mandatés afin de procéder, en accord
avec les parties concernées, à certaines constatations. Les parties sont invitées à assister à
ces constatations qui donnent lieu à l'établissement d'un procès-verbal signé
contradictoirement et notifié à celles-ci. Le procès-verbal ainsi dressé, est signé par les
parties et peut contenir les observations éventuelles.
L’instance technique peut procéder à des consultations techniques, économiques, et
juridiques ou expertise, en respectant le secret de l’instruction.
Durant la phase de l’instruction, les débats sont consignés dans des procès-verbaux signés
par tous les participants. L'instruction est close au plus tard cinq (05) jours avant
l'audience devant l’instance de supervision. La clôture de l’instruction implique que les
parties ne peuvent plus produire de nouvelles écritures et pièces utiles.
1 : Les audiences
Au terme de l'instruction, l’instance technique transmet le dossier assorti de son
rapport à l’instance de supervision.
Le secrétariat technique initie les convocations des parties à une audience devant le
CRD, y compris lorsque celui-ci se prononce sur une demande de mesure conservatoire.
La convocation à l’audience est adressée aux parties au moins trois (03) jours avant
la date de l'audience, par tout moyen laissant trace et permettant d'attester de sa date de
réception.
Pour les mesures conservatoires, la convocation à l'audience est adressée aux parties
trois (03) jours avant la date d'audience, par tout moyen laissant trace et permettant
d'attester de sa date de réception.
Lors de l'audience, le secrétaire de l’instance de délibération du CRD expose
oralement les moyens et les conclusions des parties. Les parties présentent leurs
observations et peuvent se faire assister par un conseil.
A tout moment de la procédure, et tant que l’instruction n’est pas close, le Président
du CRD peut demander ou accepter des parties des documents additionnels utiles. Toutes
les correspondances sont échangées entre le CRD et les parties au différend soit par lettre
recommandée avec avis de réception, soit par porteur avec avis de réception.
A l'instar des membres du CRD, les parties sont tenues au respect de l'obligation de
confidentialité de la procédure de règlement du différend qui les concerne. De même,
aucune information ou pièce de la procédure ne peut être utilisée ultérieurement par l'une
des parties au détriment de l'autre au cours d'une instance ou pour en tirer quelque
avantage.
101
2 : Les accords entre les parties
3 : Les délibérations
Le CRD délibère à huis clos, en l’absence des parties. Le CRD, ne peut délibérer que
si au moins deux tiers de ses membres sont présents. Les décisions sont prises à la majorité
des voix. En cas de partage, la voix du président est prépondérante.
Un relevé de conclusions des séances est établi par l’instance technique du CRD. Il
comporte notamment les questions examinées, le résultat des délibérations et les noms des
présents. Les décisions et avis adoptés y sont annexés.
Le projet de relevé de conclusions est transmis et adopté au début de la séance qui
suit sa transmission.Les décisions du CRD sont co-signées du Président et du Secrétaire de
l’instance de délibération du CRD. Elles sont conservées par ordre chronologique.
Par ailleurs, Les membres du CRD sont astreints au secret professionnel pour les
informations dont ils ont connaissance à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions.
Lorsque les investigations préliminaires engagées par l’Agence révèlent l’existence
d’une infraction pénale, l’Agence transmet le dossier au Procureur de la République
territorialement compétent.
102
G- Un exemple de règlement de différend du régulateur
En date du 23 novembre 2023, le CRD a rendu trois (03) décisions dans le cadre des
différends entre KAKOTEL SA c/ MTN Cameroon, ORANGE Cameroun et VIETTEL
Cameroun. A titre illustratif, une des trois décisions est reprise ici.
considérant que :
I- Faits et procédure
Que par requête datée du 23 février 2017, KAKOTEL S.A, demanderesse, BP 8908 Douala,
ayant pour Conseil Maître BEBE René Roger, Avocat au Barreau du Cameroun, a saisi
l’Agence pour abus d’autorité et refus d’interconnexion de la part de MTNC ;
103
Que les parties ont régulièrement été convoquées pour des séances de tentative de
conciliation et présenté leurs prétentions ;
Que pour la demanderesse KAKOTEL SA, elle a saisi MTNC aux fins d’interconnexion en
date du 17 juin 2013 ;
Qu’en date du 1er aout 2013 MTNC exigera à KAKOTEL de lui faire préalablement parvenir
son Business Plan ;
Que cette situation amènera KAKOTEL à relancer MTNC ;
Mais que nonobstant toutes ces démarches MTNC restera de marbre toute chose qui a
conduit la demanderesse à saisir l’Agence de la requête citée plus haut ;
Que les parties ont été convoquées aux séances de tentative de conciliation ;
Qu’à l’issue des débats menés au cours des différentes séances de tentative de conciliation,
les parties ne sont pas parvenues à un accord et un procès-verbal de non conciliation a été
dressé et signé de toutes les parties le 04 mars 2020 ;
Que le 09 novembre 2020 sous le n° 005/2020, ledit procès-verbal de non-conciliation
ensemble les autres pièces du dossier ont été transmis au CRD ;
Que saisi des faits, le CRD a tenu sa première audience le 02 septembre 2021 en présence de
toutes les parties régulièrement convoquées.
A- KAKOTEL
Que KAKOTEL estime avoir fourni à MTNC toute la documentation légalement requise en
matière d’interconnexion et que la règlementation ne subordonne nulle part la fourniture de
l’interconnexion à la communication préalable du Business Plan qui est un document
confidentiel et stratégique dans un environnement concurrentiel ;
Qu’après la fourniture de ces éléments, l’ART a en date du 04 décembre 2018 enjoint à
MTNC d’interconnecter KAKOTEL mais que cette injonction est restée lettre morte ;
Que le refus d’interconnexion que lui oppose MTNC lui cause un énorme préjudice
financier évalué, du 17 juin 2013 au 30 septembre 2022, à la somme de sept milliards six
cent trente-quatre million deux cent cinquante mille (7 634 250 000) F.CFA ;
Qu’au soutien de sa demande, elle a versé dans le dossier de procédure :
1. La lettre de MTNC datée du 1er aout 2013 adressée à KAKOTEL ;
2. La lettre de KAKOTEL du 23 décembre 2016 adressée à MTNC ;
3. La lettre de MTNC n° 316-16 du 17 décembre 2016 adressée à KAKOTEL ;
4. La plainte de KAKOTEL du 23 février 2017 adressée à l’ART contre MTNC ;
5. La lettre de l’ART n° 4234 du 04 décembre 2018 adressée à MTNC lui rappelant
l’injonction à elle faite par lettre du 23 août 2018 de fournir l’interconnexion à
KAKOTEL, restée sans suite ;
6. La lettre de MTNC du 1er juillet 2019 adressée à l’ART ;
7. La lettre de l’ART n° 2764 du 22 septembre 2020 adressée à MTNC réitérant son
injonction de fournir l’interconnexion à KAKOTEL restée sans suite ;
8. Le mail de KAKOTEL du 04 octobre 2020 à 10 heures 24 minutes indiquant à MTN
des spécifications techniques des services demandés ;
9. Le rapport d’évaluation financière des préjudices subis par KAKOTEL datée de mai
2022.
B- MTNC
104
Que MTNC argue que KAKOTEL s’est réservé le devoir de lui communiquer son Business
Plan sur une période de trois (03) ans ;
Qu’en sus, elle ne dispose pas suffisamment de capacité pour interconnecter KAKOTEL ;
Qu’il y a lieu de constater que les échanges en vue de la signature d’une convention
d’interconnexion entre les parties ne sont pas arrivés à leur terme.
III- Analyse
Qu’au terme des débats et après plusieurs renvois utiles, l’Instance Technique a produit son
rapport en ces termes :
Que l’interconnexion entre les parties n’est pas effective du fait de la non communication du
Business Plan de KAKOTEL à MTNC et des raisons techniques relatives à la saturation des
capacités de cette dernière ;
Que la réglementation en vigueur ne subordonne pas cette dernière à la communication
préalable du Business Plan de l’exploitant à l’opérateur comme le dispose l’article 12 du
décret n° 2012/1640/PM du 14 juin 2012 fixant les conditions d’interconnexion, d’accès aux
réseaux de communications électroniques ouverts au public et de partage des
infrastructures ;
Que par ailleurs, sur son deuxième moyen MTNC n’a fait qu’arguer au cours des débats ne
pas disposer de capacités suffisantes pour interconnecter KAKOTEL sans toutefois
rapporter la preuve de ses prétentions ;
Qu’il échet par conséquent de constater le refus d’interconnexion de l’opérateur MTNC
Cameroon à KAKOTEL et d’inviter les parties à achever le processus de signature d’une
convention d’interconnexion.
Que KAKOTEL estime avoir subi un préjudice financier évalué à sept milliards six cent
trente-quatre million deux cent cinquante mille (7 634 250 000) F.CFA ;
Que cette évaluation financière est un rapport de sieur KUNGNE, expert financier agréé à la
cour d’appel du Littoral, sollicité pour les besoins de la cause par le demandeur ;
Que l’élément pris en considération par icelui est le coût de la minute d’appel fixé à 150
francs CFA ;
Que cependant, aucun document ou méthodologie permettant d’apprécier cette estimation du
coût de la minute n’a été fourni à l’Instance Technique et encore moins une contre-
expertise ;
Qu’il échet de constater la non pertinence de ce rapport établi unilatéralement en dehors de
toute commission du CRD et non soumis par ailleurs à une contre-expertise ;
Qu’en conséquence, cette pièce ne saurait être admise dans les débats.
105
Décide :
Le Secrétaire Le Président
106
H-Les modifications apportées en matière d’arbitrage comme palliatif
à la saisine du juge étatique.
En matière commerciale, le temps est précieux. C’est pourquoi il est important que les
procédures de règlement des différends, soient rapides. Ainsi, les parties à un différend lié
aux communications électroniques ont la possibilité de saisir un arbitre pour le règlement
de leur différend.
L’arbitrage est un mode optionnel de règlement des différends qui oppose des parties,
et qui consiste à recourir à un juge privé, afin qu’il trouve une solution à leur différend. Il
tient son existence de la volonté des parties, à travers une clause compromissoire ou d’un
compromis d’arbitrage. Ce qui n’est pas le cas dans la justice étatique, où la saisine du juge
est la plupart du temps l’initiative d’une des parties au différend. La loi sur les
communications électroniques ne retient pas un mode d’arbitrage pour le règlement des
différends y relatif. Les parties ont donc libre choix entre un arbitrage ad hoc ou un
arbitrage institutionnel. Elles sont libres d’organiser elles-mêmes la procédure d’arbitrage,
ou de la confier à une institution d’arbitrage.
S’agissant de la motivation des décisions rendues par l’Agence. Cette formalité, vise à
s’assurer de la légalité et de l’impartialité de la décision rendue par l’arbitre.
Si le législateur a choisi l’arbitrage comme moyen de recours contre les décisions
rendues par l’ART, c’est simplement parce qu’il présente certains avantages par rapport au
règlement juridictionnel.
il est neutre car, il permet aux parties de choisir le lieu de règlement de leur litiges,
les arbitres, et la langue de règlement du litige ;
il permet aux parties de choisir la loi applicable. En droit international, lorsque les
parties n’ont rien prévus, on applique la lex mercatoria. Au plan interne, lorsque les
parties n’ont rien prévu, on applique la loi nationale des parties ;
107
il est confidentiel : en ce sens que la justice étatique est publique la plupart du temps,
et les arbitres sont tenus de garder le secret sur les propos tenus pendant les débats,
ainsi que sur les noms des parties ;
C’est une justice assez efficace car, l’arbitre est choisi selon ses compétences. Le
juge privé choisi par les parties est très souvent un spécialiste en la matière en
cause ;
il est rapide, en raison de la spécialité de l’arbitre, et des délais impartis aux parties
ainsi qu’au juge ;
Il permet également la maîtrise ou la prévisibilité des coûts. Le coût de l’arbitrage
dépend des enjeux financiers du litige. Dans l’arbitrage ad hoc, les coûts sont
négociés. En cas de désaccord, l’on se fie à un barème.
L’alinéa 5 de l’article 37 sus citée dispose que : « L'arbitre doit se prononcer dans
un délai d'un (1) mois au cours duquel il a l'obligation d'entendre les parties. Sa décision
motivée précise notamment les conditions d'ordre technique et financier qui la justifient ».
Les arbitres commis par l’Agence étaient tenus par un délai. Ils devaient se prononcer
dans un délai d’un mois à compter de leur saisine.
108
de la loi régissant les communications électroniques dispose que : « Les décisions motivées
rendues par les arbitres, précisent les conditions d'ordre technique et financier qui les
justifient. Elles s'imposent aux parties qui doivent s'y conformer dans un délai de trente (30)
jours, et sont communiquées à l'Agence qui peut les publier ».
Quant au délai dans lequel les arbitres doivent se prononcer, l’on doit s’en remettre à
l’article 12 de l’acte uniforme portant droit de l’arbitrage qui dispose que : “Si la
convention d’arbitrage ne fixe pas de délai, la mission des arbitres ne peut excéder six mois
à compter du jour où le dernier d’entre eux l’a acceptée”. L’alinéa 2 rajoute que : “Le
délai légal ou conventionnel peut être prorogé, soit par accord des parties, soit à la
demande de l’une d’elles ou du tribunal arbitral, par le juge compétent dans l’Etat partie ”.
À la lecture de cet article, l’on comprend que la mission du tribunal arbitral ne peut
excéder en principe 6 mois lorsque les parties n’ont rien prévu. Cependant, la durée de la
mission du tribunal arbitral peut être inférieure à 6 mois dans ce cas ou aller au-delà de 6
mois. Il revient aux parties ou au juge compétent dans l’Etat partie d’en décider.
La loi sur les communications électroniques n’impose aucun délai aux arbitres pour
statuer sur les différends relatifs aux communications électroniques. Les opérations de
communications électroniques étant des actes de commerce, les différends y relatifs peuvent
faire l’objet d’arbitrage, conformément à l’acte uniforme portant droit de l’arbitrage.
Les litiges portés devant le juge peuvent être de droit privé ou de droit administratif.
Cependant, la connaissance par le juge de litiges d’une certaine nature est conditionnée par
la saisine préalable de l’Agence de Régulation des Télécommunications. En effet, l’article
65 (1) de la loi régissant les communications électroniques au Cameroun, dispose
que : “L'Agence est compétente pour connaître, avant la saisine de toute juridiction, des
différends entre opérateurs des réseaux de communications électroniques relatifs
109
notamment, à l'interconnexion ou à l'accès à un réseau de communications électroniques,
au dégroupage de la boude locale, à la numérotation, à l'interférence des fréquences, à la
co-localisation physique et au partage des infrastructures ”.
8
Décision computer enquiry II, de 1980 rendue par la FCC.
110
d’un refus d'interconnexion, ou d’un désaccord sur la conclusion ou l'exécution
d'une convention d'interconnexion ou d'accès à un réseau de communications
électroniques ;
des conditions de mise en conformité des conventions comportant des clauses
excluant ou restreignant la fourniture des services de communications
électroniques ;
de l’échec de négociations commerciales relatifs aux possibilités et aux conditions
d'une utilisation partagée entre opérateurs d'installations existantes, à la mise en
œuvre des obligations des opérateurs d’installations, à la mise en œuvre des
conditions et des possibilités d’une utilisation partagée entre opérateurs
d’installations existantes sur le domaine public ou sur une propriété privée, aux
conditions techniques et financières de la fourniture des listes d'abonnés et à la
conclusion ou l'exécution de la convention d'itinérance locale.
L’Agence, bien qu’étant un établissement public, peut connaître des litiges de droit
privé. Cette compétence est clairement reconnue à l’article 65 (1) de la loi régissant les
communications électroniques au Cameroun, qui dispose que l’Agence est compétente pour
connaître des différends relatifs à l’interconnexion, à l’accès au réseau et au partage des
infrastructures. Ces matières relèvent du contentieux privé car, elles font l’objet de
conventions entre les parties9.
Tous les litiges des communications électroniques ne relèvent pas du droit privé.
Certains relèvent plutôt de droit administratif.
9
Article 46 de la loi régissant les C.E sur le partage d’infrastructures ; et l’article 42 (2) de la même loi sur
l’interconnexion et l’accès au réseau.
111
Les litiges relatifs aux conditions d’obtention et d’exploitation des autorisations et des
récépissés de déclaration, relèvent de la compétence du juge administratif, tout comme les
litiges relatifs au financement du service universel, et du développement des
communications électroniques. En effet, le non-paiement des contributions annuelles (3%
du chiffre d’affaires hors taxes) et de la redevance annuelle (1% du chiffre d’affaire hors
taxes) par un opérateur, peut faire l’objet de sanction. En cas de contestation, l’opérateur
sanctionné peut intenter un recours devant le juge administratif.
Dans la deuxième catégorie de litiges, l’on peut classer : les litiges liés à
l’interférence ou au brouillage des fréquences, à la numérotation et à l’adressage, à
l’identification des abonnés et des numéros, à la commercialisation des équipements
terminaux10, à l’exploitation des autorisations ou des récépissés de déclaration préalable
pour la réalisation des prestations de cryptographie, à la violation des servitudes établies
sur le domaine public, et au dégroupage de la boucle locale.
Le non-respect de ces obligations est sanctionné par le régulateur. A cet effet, il peut
prendre des décisions exécutoires. Ces décisions constituent des actes administratifs
susceptibles de recours devant le juge administratif.
L’Agence peut donc s’autosaisir ou être saisie des manquements commis par les
opérateurs de communications électroniques. Il s’agit précisément des manquements nés du
non-respect des obligations inhérentes à une convention de concession 11, un agrément, une
licence ou un récépissé de déclaration préalable, conformément aux textes législatifs et
règlementaires12.
10
L’article 56 de la loi régissant les C.E énonce que les équipements terminaux destinés à être connectés à un
réseau de communications électroniques ouvert au public doivent être homologués avant d’être
commercialisés.
11
L’article 9 (2c) de l'ordonnance 72/6 du 26 août portant organisation de la Cour suprême dispose que : « le
contentieux administratif comprend : (…) les litiges concernant les contrats (à l'exception de ceux conclus
même implicitement sous l'empire du droit privé) ou les concessions de service public » ;
12
Article 67 de la loi sur les communications électroniques.
112
Les litiges en matière de communications électroniques peuvent être de droit privé ou
de droit administratif. L’on en déduit que le contentieux en la matière est éclaté entre le
juge administratif et le juge judiciaire.
les actes qui mettent en œuvre les moyens semblables à ceux qu’auraient pu
utiliser n’importe quel particulier pour l’administration de ses propres affaires ;
les actes de puissance publique qui par leur objet, ont certaines
conséquences en des matières réservées par la volonté du législateur à la compétence
judiciaire. C’est le cas des décisions rendues par l’Agence dans les matières
réservées au juge judiciaire.
Par conséquent, sont dépourvus du caractère d’acte administratif, les actes étrangers
à l’activité de service public, qui ne font pas appel à des prérogatives de puissance
publique, et qui ne mettent pas en œuvre des moyens hors du droit commun13
13
(S) PETIT« Que sais-je », l’administration devant le juge judiciaire, éd. Presses Universitaires de France, p. 42-43.
113
A.L’attribution des litiges de droit privé au juge judiciaire
Cette unification est effective au Cameroun. C’est pourquoi, le juge judiciaire peut
connaître des différends de droit privé réglés par l’Agence.
En effet, le contentieux des communications électroniques fait intervenir aussi bien les
règles de droit privé, que les règles de droit public. C’est pourquoi la jurisprudence propose
une unification entre ces règles. Cette unification doit se faire tant en fonction de l’autorité
dont les décisions sont concernées qu’au regard de la matière concernée.
L’imprécision des juridictions des recours contre les décisions de l’Agence n’est pas
observée dans certains pays.
14 Conseil constitutionnel, décision n° 96-378 DC du 23 juillet 1996, loi de réglementation des télécommunications.
15
Article 65 (1) : « L'Agence est compétente pour connaître, avant la saisine de toute juridiction, des différends entre
opérateurs des réseaux de communications électroniques relatifs notamment, à l'interconnexion ou à l'accès à un réseau de
communications électroniques, au dégroupage de la boude locale, à la numérotation, à l'interférence des fréquences, à la co-
localisation physique et au partage des infrastructures ».
16
Systèmes de transmission, actifs ou passifs et, le cas échéant, les équipements de commutation et de routage et les autres
ressources qui permettent l'acheminement des signaux par câble, par voie hertzienne, par moyen optique ou par d'autres
moyens.
17
Prestation consistant entièrement ou principalement en la fourniture des communications électroniques.
114
Le législateur camerounais est resté imprécis sur la détermination claire de la
juridiction compétente. Alors que chez son homologue français, il est clairement établi que
les décisions rendues par le régulateur en matière d’interconnexion sont confiées à la Cour
d’appel de Paris pour des recours en annulation ou en reformation dans le délai d’un mois
à compter de la notification. S’agissant des décisions administratives prises par le collège
de l’ARCEP (Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes), les
recours peuvent être dirigés devant le Conseil d’Etat dans les deux mois de sa notification
ou de sa publication.
Ces juridictions sont des juridictions d’appel, ce qui suppose que le recours au
régulateur est considéré comme un règlement en première instance, le recours au juge
n’étant que l’appel. En revanche, les décisions prises par le président (en matière
d’ordonnancement des titres de paiement des taxes et redevances) ou par le directeur
général de l’ARCEP (procédure de sanction) relèvent dans le délai de deux mois du recours
contentieux, de la compétence du tribunal administratif de Paris.
Si les litiges de droit privé sont attribués au juge judiciaire, ceux de droit administratif
ressortissent de la compétence du juge administratif.
L’attribution des recours contre les décisions administratives rendues par l’Agence,
au juge administratif, se justifie par le fait que ce dernier est le juge de droit commun de
l’administration. Par conséquent, il connaît du contentieux mettant en cause l’ART, qui est
un établissement public.
18
Tribunaux et cours d’appel administratives (article 40 de la loi du 18 janvier 1996, modifiée et complétée par
la loi N° 2008/ du 18 avril 2008).
115
A date, un abondant contentieux est pendant devant les juridictions administratives.
Tableau récapitulatif de quelques affaires :
N° PARTIES NATURE DE L’AFFAIRE JURIDICTION
S
116
instructions du Minpostel.
08 MTNC c/ ART Recours en annulation contre la décision N°
000135/ART/DG/DAJPC/CRC/PA du 10 août 2017
portant sanction de MTNC pour utilisation sans
autorisation de Fréquences radioélectriques.
Recours en annulation contre ladite décision N°
000137/ART/DG/DAJPC/CRC/PA du 10 août 2017
09 MTNC c/ ART portant sanction de MTNC pour défaut d’identification
des abonnées et des équipements terminaux des réseaux
de télécommunications. TAC
Recours en annulation contre la décision N°
0000116/ART/DG/DLCI du21/06/16 délivrance à la
10 FONDOP société SEME TELECOM d’un titre transitoire
SIEWE c/ ART d’établissement et d’exploitation d’un réseau de type
VSAT en vue de la fourniture au public des services de
communications électroniques.
11 AES-SONEL c/ Recours contentieux contre la décision N° TAL
ART 00000228/ART/DG/DAJPC/SDAJ/SCO du 18/12/13 à la
société AES-SONEL pour exploitation d’un réseau privé
indépendant sans autorisation.
117
L’office du juge pénal dans le contentieux des communications électroniques n’est pas
le même que celui du juge civil et administratif. Celui-ci revêt certaines particularités.
Par infractions, il faut entendre les infractions commises par des personnes morales
dans le cadre de leurs activités. Ces infractions ne sont pas prévues par le code pénal. La
plupart d’entre elles sont plutôt contenues dans la loi du 21 décembre 2010 régissant les
communications électroniques, modifiée et complétée par la loiN°2015/006 du 20 avril
2015.
L’une des particularités du droit pénal des affaires est qu’un même fait peut tomber
en même temps, sous le coup d’une sanction administrative, et d’une sanction pénale.
Lorsque le fait objet du différend est susceptible de recevoir une qualification pénale,
le procès-verbal constatant l’infraction est transmis au juge pénal. Ce procès-verbal fait
état de toutes les infractions dont elle a eu connaissance pendant l’exercice de sa mission de
19
Article 69 (2) de la loi régissant les C.E : « Sont passibles d'une pénalité de 100.000.000 (cent millions) à
100.000.000 (cinq cent millions) de francs, les opérateurs et exploitants de réseaux de communications
électroniques qui établissent, exploitent, un réseau ou service de communications électroniques sans titre
d'exploitation ».
20
Article 69 (6) : « Sont passibles d'une pénalité de 200.000.000 (deux cent millions) à 500.000.000 (cinq cent
millions) de francs, les opérateurs de réseau de communications électroniques et exploitants de services de
communications électroniques qui violent les dispositions de l'article 55 ci-dessus relatives à l'identification
des abonnés et des terminaux.
21
Article 69 (1) : « Sont passibles d'une, pénalité d'un montant de 100.000.000 (cent millions) de francs à
300.000.000 (trois cent millions) de francs, les opérateurs et exploitants de réseaux de communications
électroniques qui, sans motifs légitimes, refusent les demandes d'interconnexion, d'accès à un réseau ou au
service des communications électroniques aux autres opérateurs du secteur.
118
contrôle. Après la transmission, s’ouvre alors une nouvelle instruction judiciaire, qui
pourrait donner lieu éventuellement à inculpation.
En ce qui concerne la compétence territoriale, le juge compétent est soit celui du lieu où
l’infraction a été commise, soit celui du domicile du prévenu, soit celui du lieu de son
arrestation.
En ce qui concerne le délit, la peine d’emprisonnement n’excède pas dix (10) millions
et la peine d’emprisonnement (dix) 10 ans. Quant au crime, l’amende va au-delà de (10)
millions, et l’emprisonnement au-delà de 10 (dix) ans.
Après avoir vérifié sa compétence, le juge pénal doit s’assurer que la demande du
plaignant a respecté une certaine forme. En matière pénale, le juge peut être saisi par le
juge d’instruction, sur ordonnance de renvoi, par arrêt de la chambre de contrôle et
d’instruction, par citation directe ou par procédure de flagrant délit. Ces actes doivent
respecter une certaine forme pour être recevables.
Dès lors que la demande est recevable, le juge doit fixer la date de la première
audience. Il assure la police d’audience. En d’autres termes, il maintient l’ordre et le calme
dans la salle des débats. Dès lors qu’il dispose d’éléments de preuve suffisants, le juge
prend une décision. Il peut condamner l’accusé soit une peine d’amende et/ou à une peine
d’emprisonnement, soit l’acquitter.
119
Cependant, lorsque des sanctions administratives ont déjà été prononcées, le juge doit
procéder à la confusion des peines. Cette exigence découle l’article 51 du code pénal qui
prévoit le principe du non cumul des peines. D’après ce principe, lorsque plusieurs peines
de même nature sont en concours, il ne peut être prononcé qu’une seule, dans la limite du
maximum légal applicable à chacune d’entre elles.
La confusion des peines est en principe facultative. Lorsqu’elle est facultative, le juge
en a la libre appréciation. Toutefois, lorsque l’exécution cumulative de l’amende
administrative et correctionnelle dépasse le maximum prévu par la loi, le juge est forcé de
prononcer la confusion des peines.
120
ANNEXES
121
RAPPEL METHODOLOGIQUE
La présente méthodologie est celle que l’auteur aimerait retrouver dans vos copies.
Votre mission
I. Le fond
Votre tâche principale : faire ce que l’on vous demande explicitement de faire.
Autrement dit, répondre séparément et effectivement à chacune des questions qui vous
sont posées, à la présentation des faits, par l’auteur du cas pratique que vous avez sous
les yeux.
Votre tâche complémentaire : faire ce que l’on vous demande de faire implicitement de
faire. Autrement dit, accomplir le travail générique auquel vous convie le cas pratique
en général, quel que soit le dossier particulier que vous avez sous les yeux :
énoncé de la question à laquelle vous vous apprêtez à répondre ;
définition ou explication sommaire des concepts (juridiques ou non) pertinents de la
question ;
indication du sens de la question ;
définition ou explication sommaire des concepts juridiques pertinents dont vous vous
servez ;
rappel des faits pertinents relatifs à la question ;
indication du sens de ces faits ;
exposé des règles jurisprudentielles et textuelles pertinentes applicables à la
question ;
application des règles pertinentes aux faits pertinents ;
démonstration de votre réponse ;
en somme application de la fameuse règle des quatre D : délimitation, définition,
Décisions et démonstration.
II. La forme
122
MODE D’ÉVALUTION ET NOTATION
Règles communes :
Règles spécifiques :
Au cas où chacune des quatre questions comporterait deux aspects chacun sera noté sur 2.5
123
« Ma société a été scellée par l’Agence de Régulation des Télécommunications (ART). Elle
a été sanctionnée à payer une pénalité de 100 000 000 Fcfa (cent millions) »
Tout commence avec un contrôle inopiné effectué dans les locaux de la société TELE MAX
sise à Yaoundé lieu-dit Ntaba en date du 22 juin 2023, par les agents assermentés de
l’Agence commis à cet effet. Il se dégage du procès-verbal de contrôle dont copie lui a été
remise qu’il est auteur des faits suivants :
Le 25 juin 2023, le Directeur Général de l’ART a notifié à M. MPIT par voie d’huissier une
mise en demeure de se conformer à la réglementation en vigueur sous quinzaine, à compter
du même jour. Le sieur MPIT a refusé de décharger la mise en demeure à lui adressée.
3- Le sieur MPIT a des doutes sur la procédure de sanction suivie par l’Agence êtes-vous
du même avis ? l’Agence pouvait-elle agir autrement ?
4- M. MPIT envisage une action contre la sanction à lui infligée, en vue de se soustraire à
la pénalité. A-t-il une chance ? Quelle juridiction doit-il saisir ?
Documents autorisés. Chaque question est notée sur 5 points. NB : l’ordre des réponses
n’est pas pris en compte.
124
INTRODUCTION GENERALE
Il s’agit non seulement des définitions mais encore d’explications. Les unes et les autres
permettent de clarifier les interrogations et les réponses.
125
L’article 5 (20) de la loi précitée définit l’équipement terminal comme appareil, toute
installation ou tout ensemble d'installations destiné à être connecté à un point de
terminaison d'un réseau et qui émet, reçoit ou traite des signaux de communications
électroniques. Ne sont pas visés, les équipements permettant d'accéder à des services de
communication audiovisuelle diffusés par voie hertzienne ou distribués par câble, sauf dans
le cas où ces équipements permettent d'accéder également à d’autres services de
communications électroniques.
D’après l’article 8 (1) de l’arrêté pré cité, toute personne physique ou morale désirant
installer ou entretenir les équipements, les infrastructures et les réseaux de communications
électroniques est soumise à l’obtention de l’agrément d’installateur dans le domaine des
communications électroniques.
A la lueur des règles textuelles pertinentes, nous pouvons envisager des axes de leur
application. La loi consacre la liberté de la commercialisation des équipements terminaux
sur le territoire national. Cependant un arrêté fixe les modalités de l’obtention de
l’agrément dans le domaine des communications électroniques.
126
Question n°2 A quel régime est soumis l’activité d’exploitation du réseau de
communications électroniques de la société TELE MAX, pouvez-vous aider son Directeur
Général à se conformer à la réglementation en vigueur ?
La question n° 2 sollicite notre appréciation sur le régime de l’exploitation des réseaux de
communications électroniques pour aider le Directeur Général de TELE MAX à se
conformer à la réglementation en vigueur.
Régime : Ensemble des dispositions légales qui régissent une activité particulière.
- l'autorisation ;
- la déclaration
127
Pour se conformer à la réglementation M. MPIT devra remplir les conditions énumérées
dans le Décret n° 2017/2580 du 06 avril 2017, fixant les modalités d’établissement ou
d’exploitation des réseaux et de fourniture des services de communications électroniques
soumis au régime de l’autorisation.
Question n°3 : Le sieur MPIT a des doutes sur la procédure de sanction suivie par l’Agence
êtes- vous du même avis ? L’Agence pouvait-telle agir autrement ?
La question n°3 sollicite notre appréciation sur la procédure de sanction en cas de violation
des dispositions réglementaires.
Procédure de sanction : ensembles de règles régissant les mesures répressives infligées par
une administration pour l’inobservation d’une réglementation.
A l’issue du contrôle inopiné des agents assermentés de l’ART le 22 juin 2023, un procès -
verbal constatant les manquements de la société TELE MAX a été dressé et copie remise au
sieur MPIT. Le 25 juin 2023, il lui a été servie une mise en demeure de se conformer sous
quinzaine. Celle-ci est restée lettre morte. Ces délais passés, une sanction pécuniaire
assortie de la fermeture des locaux a été servie à M. MPIT.
La procédure suivie par l’Agence a-t-elle été respectée ? L’Agence disposait-elle d’une
autre alternative ?
Article 66.- L'Agence peut, soit d'office, soit à la demande de l'Administration chargée des
Télécommunications, d'une organisation professionnelle, d'une association agréée
d'utilisateurs ou d'une personne physique ou morale concernée, sanctionner, après
constatation ou vérification, les manquements des exploitants de réseaux ou des
fournisseurs de services de communications électroniques, conformément aux dispositions
législatives et réglementaires afférentes à leurs activités ou aux décisions prises pour en
assurer la mise en œuvre.
Article 68.- (1) En cas de manquement dûment constaté, conformément aux articles 66 et 67
ci-dessus, l'Agence met en demeure l'opérateur contrevenant de se conformer aux
dispositions législatives et réglementaires ou aux prescriptions du titre en vertu duquel il
exerce son activité, dans un délai maximum de quinze (15) jours. Elle peut rendre publique
la mise en demeure.
128
(2) Sont passibles d’une pénalité de 100 000 000 (cent millions) à 500 000 000 (cinq cent
cinquante millions) de francs, les opérateurs et exploitants de réseaux de communications
électroniques qui établissent, exploitent, un réseau ou service de communications
électroniques sans titre d’exploitation.
Article 74.- (1) Sans préjudice des prérogatives reconnues au Ministère Public et aux
Officiers de Police Judiciaire à compétence générale, les agents assermentés commis
spécialement par l'Agence, sont chargés de la recherche, de la constatation et des
poursuites en répression, des
infractions commises en matière de communications électroniques. Ils prêtent serment
devant le tribunal compétent, à la requête de l'Agence, suivant des modalités fixées par voie
réglementaire.
(2) Dans l'accomplissement de leurs missions, les agents assermentés de l’Agence peuvent :
- effectuer des contrôles inopinés et constater sur procès-verbal les infractions commises en
matière de communications électroniques ;
- procéder, sous le contrôle du Procureur de la République, à des perquisitions ainsi qu'à la
saisie des matériels ayant servi à la commission des faits délictueux et à la fermeture des
locaux, conformément aux textes en vigueur.
(3) Les agents visés à l’alinéa 2 ci-dessus bénéficient, à leur demande, de l'assistance des
forces de l'ordre dans l'exercice de leur mission et notamment, pour l'identification et
l'interpellation des suspects.
L’Agence a strictement appliqué les articles 66, 69 (2) et 74 dans sa procédure de sanction.
Par conséquent, les doutes de M. MPIT à ce sujet ne sont pas fondés.
En outre, l’Agence aurait pu agir autrement en application de l’article 74 (2), cette
procédure donne la possibilité de saisir le matériel ayant servi à la commission des faits
délictueux et à la fermeture des locaux. Il faut tout de même signaler que le contrôle du
Procureur de la République dont il est question ici se manifeste par la présence des officiers
de police judiciaire, c’est sous son ordonnance et son autorité que ceux-ci sont présents lors
de la fermeture des locaux.
Il est à noter que les sanctions énumérées à l’article 68 (2) s’appliquent uniquement aux
exploitants titulaires d’un titre, ce qui n’est nullement le cas de la société TELE MAX.
Question n°4 : M.MPIT envisage une action contre la sanction à lui infligée, en vue de se
soustraire à la pénalité a-t-il une chance ? quelle juridiction doit-il saisir ?
Action : Droit reconnu aux personnes d’agir en justice afin de faire respecter les règles de
droit.
Pénalité : Sanction pour un manquement aux règles, dans le cas d’espèce, elle est
pécuniaire.
129
Juridiction de droit commun : juridiction qui outre ses compétences exclusives, est
compétente pour examiner les litiges portant sur des matières qui ne relèvent pas de la
compétence exclusive d’une autre juridiction (ex : TGI, CA)
Juridiction administrative : juridiction compétente pour connaître des litiges dans lesquels
l’administration est impliquée.
La société TELE MAX a été sanctionnée au paiement d’une pénalité de 100 000 000
millions de franc. M. MPIT son directeur souhaite être exonéré du paiement de cette somme
en attaquant la décision de l’Agence. La question n° 4 sollicite notre éclairage sur les
recours contre les sanctions de l’Agence.
La juridiction que devra saisir le Directeur Général de TELE MAX est à première vue le
Tribunal administratif du centre, après la formalité du recours gracieux préalable.
Il pourra d’un part solliciter sursis à exécution à l’effet de suspendre les effets de la
décision dont l’exécution risque de lui causer un lourd préjudice financier irréparable et
d’autre part demander une annulation de la décision querellée.
Règles jurisprudentielles :
130
- Ordonnance N°49 /OSE/CAB/PTA/YDE/ 2020 du 29 avril 2020 rejetant le sursis à
exécution ;
Société Orange Cameroun C/ Agence de Régulation des Télécommunications
- Ordonnance N°274 /OSE/CAB/PTA/YDE/ 2020 du 17 décembre 2020 rejetant le
sursis à exécution.
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