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MAI 2002
◆
GÉOSYNTHÉTIQUES
n°786
• DRAINAGES
• REMBLAIS
TRAVAUX
• TRAVAUX
HYDRAULIQUES
• RÉHABILITATION
• ÉTANCHÉITÉ
N°786
Géosynthétiques
sommaire
ISSN 0041-1906
mai 2002
Travaux Géosynthétiques
numéro 786
éditorial 1
Daniel Tardy
Notre couverture
CERN. Puits PX 54
actualités 6
matériels 11
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION
Roland Girardot
PRÉFACE
Daniel Fayoux 15
RÉDACTION
Roland Girardot et Henry Thonier
3, rue de Berri - 75008 Paris
Tél. : (33) 01 44 13 31 44
◆ Le Comité français des géosynthétiques (CFG)
et les associations géosynthétiques
D. Fayoux
17
SECRÉTAIRE DE RÉDACTION
Françoise Godart
Tél. : (33) 02 41 18 11 41
Fax : (33) 02 41 18 11 51
◆ Géocomposite de drainage sur le terminal d’Eurotunnel
à Coquelles
D. Pelletier, F. Ducrocq, B. Castellan, Th. Louge, M. Mass,
18
Francoise.Godart@wanadoo.fr R. Arab
VENTES ET ABONNEMENTS
Olivier Schaffer
9, rue Magellan - 75008 Paris
Tél. : (33) 01 40 73 80 05
◆ Drainage sous remblai. Solution géocomposite SOMTUBE
P. Gendrin, R. Arab, Y.-H. Faure 23
revuetravaux@wanadoo.fr
France : 155 € TTC
Etranger : 190 €
◆ Drainage interne de sols compressibles
et renforcement des matériaux de remblai
pour le franchissement d’une vallée tourbeuse
27
Prix du numéro : 19 € (+ frais de port) P. Brochier, H. Brunel, E. Waschkowski
MAQUETTE
T2B & H
8/10, rue Saint-Bernard - 75011 Paris
Tél. : (33) 01 44 64 84 20
◆ Etude expérimentale d’une fondation superficielle
sur sol renforcé par géotextile
E. Haza, J. Garnier, Th. Dubreucq
30
PUBLICITÉ
Régie Publicité Industrielle
61, bd de Picpus - 75012 Paris
Tél. : (33) 01 44 74 86 36
◆ Remblai renforcé. Association des techniques
Terramesh® et géosynthétiques
R. Trouilhas
35
Imprimerie Chirat
◆ Raidissement de talus. Limitation des poussées
horizontales d’un remblai
P. Gendrin, R. Arab
39
Saint-Just la Pendue (Loire)
Autoroute A89
hydrauliques
D. Fayoux
62
◆ Emploi des géomembranes PVC dans les travaux
Travaux urbains 66
◆ Géomembrane bitumineuse en couverture de stockage.
Une solution adaptée à des conditions difficiles
B. Steiner
Environnement
69
◆ Couvertures flottantes. Application en réservoirs d’eau
potable et bassins industriels
D. Fayoux, F. Ferrand
72
◆ Trois nouveaux barrages équipés de systèmes
de filtration géotextile bicouche
O. Artières
Eau
77
◆ Réhabilitation de réseaux en terre sans tranchée
S. Aubry
d'ouvrages 81
◆ Mise en place d’une géomembrane Coletanche NTP 3
sur la déviation de Kildare (République d’Irlande)
J.-L. Gautier, B. Breul
International
du Stade de France
J.-Cl. Morizot
87
◆ Etanchéité par géomembrane sous la pelouse
89
◆ Réhabilitation d’un terril en Isère
S. Gerbert
Ponts
répertoire des fournisseurs 91
Travaux
souterrains
"
Géosynthétiques" : un mot "nouveau" pour des techniques géotextile, une géomembrane, puis un géoespaceur et un géotex-
"novatrices" (ou "non traditionnelles") ? Nous ressentons tile de renforcement destinés à drainer la couverture végétale et à
souvent le sentiment, dans nos contacts avec des maîtres assurer sa stabilité mécanique.
d’ouvrage, maîtres d’œuvre et même des entrepreneurs, que cer- Si le terme de géotextile a environ 25 ans et celui de géomembrane
tains interlocuteurs ont parfois l’impression que ces matériaux une vingtaine d’années, le développement et l’emploi de ces maté-
viennent d’être inventés et que nous ne connaissons rien, ou peu riaux sont nettement plus anciens. En ce qui concerne l’emploi des
de chose, sur leur comportement à long terme. D’autres, au textiles dans les travaux publics, on trouve la trace de premières
contraire, souhaiteraient avoir affaire à des produits "miracles", alors expériences dès la fin des années 1950. Les produits modernes
qu’il s’agit de produits techniques. Et pourtant, il s’agit de procé- employés actuellement sont apparus à la fin des années 1960. Des
dés largement éprouvés, faisant l’objet d’un long retour d’expérience, essais systématiques ont été entrepris en particulier en 1969 et
permettant en particulier de garantir une durabilité compatible avec ont fait l’objet de suivi à long terme, permettant de démontrer la
les besoins des ouvrages de génie civil, et pour lesquels les règles durabilité de ces produits sur une longue période.
de l’art sont maintenant bien établies. Ils sont d’ailleurs encadrés De même, pour les géomembranes, les premières réalisations
par un certain nombre de textes réglementaires : fascicule 67 du remontent à la fin des années 1950 et le début des années 1960.
CCTG et DTU 14-1 (NF P 11 221) pour les travaux souterrains et En particulier, des membranes PVC, d’épaisseur faible (0,4 à
cuvelages, fascicule 74 du CCTG pour les réservoirs et ouvrages en 0,5 mm) ont été mises en place en 1962/1963 dans des canaux
béton, guide Setra-LCPC sur les bassins routiers, arrêtés de aux Etats-Unis et ont fait l’objet d’une évaluation après 30 ans par
décembre 1992 et de septembre l’US Bureau of Reclamation, mon-
1997 pour les centres de stockage trant que le produit avait encore une
de déchets de classe 1 et 2, etc. longue durée de vie à venir. De même,
Une certification de la qualité les géomembranes utilisées en bar-
(ASQUAL) concerne les produits (géo- rages ont fait l’objet d’évaluation
textiles et géomembranes) et les après des durées supérieures à 20
applicateurs de géomembranes. ans, en particulier par l’ENEL en Ita-
Ce numéro de la revue Travaux doit lie.
contribuer à mettre en évidence la De nombreux autres ouvrages font ou
maturité des techniques employant ont fait aussi l’objet de contrôles et
les géosynthétiques, ce qui n’exclut d’évaluations sur le comportement à
pas l’apport des solutions novatrices long terme. Avec maintenant un recul
et économiques par rapport aux tech- de l’ordre de 20 à 40 ans, nous
niques traditionnelles. Je ne doute sommes assurés de la durabilité de
pas que les présentations de nom- ces matériaux, à condition que ceux-
breuses réalisations et retours d’ex- ci soient correctement formulés et
périences éclaireront les lecteurs. mis en œuvre.
Le terme de "géosynthétique" a été Les travaux scientifiques sur l’éva-
■ DANIEL FAYOUX
créé il y a plus de 15 ans, mais luation des produits, les règles de l’art
concerne des produits beaucoup plus Alkor Draka et les réalisations marquantes font
anciens. Ce terme regroupe l’en- Président du CFG régulièrement l’objet de congrès
semble des produits minces, souples, (Comité français scientifiques qui permettent de conso-
continus, adaptés aux besoins du des géosynthétiques) lider les connaissances et la tech-
génie civil, et comprenant des com- nique. Les congrès mondiaux ont lieu
posants synthétiques. Ils permettent tous les 4 ans. Dans l’intervalle ont
de réaliser, dans les ouvrages, des lieu des congrès régionaux (Europe,
surfaces assurant de nombreuses Amérique du Nord, Asie) également
fonctions. En pratique, les produits se répartissent en familles plus tous les 4 ans. Ces manifestations permettent de conforter les
ou moins spécialisées : connaissances et d’arriver à la maturité de la technique. Le prochain
◆ géotextiles, à base de fibres. Ils sont perméables et assurent les congrès mondial est d’ailleurs organisé par le CFG. Il se tiendra cette
fonctions de séparation, filtration et renforcement, ainsi que la pro- année à Nice, du 22 au 27 septembre. Outre les résultats des der-
tection mécanique des géomembranes ; niers développements, ce congrès comprendra aussi des conférences
◆ géogrilles, grilles assurant soit des fonctions de renforcement soit destinées à faire un état de l’art ainsi qu’une formation de base sur
des fonctions de drainage ; l’emploi de ces matériaux. Une exposition avec plus de 120 expo-
◆ géoespaceurs, produits "épais" assurant la fonction de drai- sants permettra aussi aux participants de se documenter sur l’en-
nage ; semble des produits du marché (informations disponibles sur inter-
◆ produits anti-érosion (incluant aussi des produits à base de net : www.7icg-nice2002.com).
fibres naturelles) ; Ce numéro de Travaux arrive donc opportunément pour montrer à
◆ géomembranes et géocomposites bentonitiques, dont la fonction quel point cette technique est maintenant établie, assise sur une
est l’étanchéité. longue expérience, permettant, dans une très vaste gamme d’ap-
Plusieurs matériaux peuvent être associés pour assurer l’ensemble plications, d’apporter des solutions intéressantes, tant sur le plan
des fonctions nécessaires : par exemple, sur une couverture de technique qu’économique ainsi que, dans certains cas, par les
décharge avec une pente forte, on peut trouver simultanément un gains sur les délais de réalisations.
Le Comité français
des géosynthétiques
(CFG) et les associations
géosynthétiques
L’univers français des géosynthétiques (géotextiles, géomembranes, produits drainants, de ren-
forcement et de lutte contre l’érosion) est structuré autour d’une association scientifique, le L’ASQUAL
CFG, trois associations professionnelles : l’AFPGA, regroupant les producteurs de géotextiles
Cet organisme assure la certification
et produits apparentés, l’APRODEG producteurs de géomembranes et l’AFAG applicateurs de
française des géotextiles, géomem-
géomembranes. L’ASQUAL, association agréée par le COFRAC pour la certification, assure la branes et entreprises de pose des
certification des géotextiles, géomembranes et applicateurs de géomembranes. géomembranes. La certification se
distingue du marquage européen,
car elle introduit des spécifications
e CFG est une association scientifique re- De nombreux groupes de travail continuent à mettre sur la qualité des produits et la dis-
Géocomposite de drainage
Dans le cadre de l’extension de son
terminal de Coquelles, Eurotunnel a
d’Eurotunnel à Coquelles
souhaité améliorer la configu-
ration des voies ferrées du fais-
ceau "arrivée" afin de faciliter
la gestion des voies de son ter-
minal. Cette amélioration a né- Ce canal est asséché par l’une des quatre stations
cessité la création d’une de pompage du site. Les eaux sont ensuite éva-
cuées par le réseau extérieur via un bassin de stoc-
nouvelle voie sur l’emprise kage qui fait office de bassin tampon.
d’une piste de ronde bordée par Pour éviter toute emprise complémentaire, il a été
un canal de drainage. Cette pis- décidé d’édifier la nouvelle voie sur l’emprise de la
piste de ronde puis de couvrir le canal – tout en
te a donc dû être déplacée au-
préservant sa fonction de drainage – pour rétablir
dessus du canal. Une structure la piste.
de couverture du canal en tôle La conception de la couverture a été adaptée aux
ondulée a été mise en place. Cepen- Photo 1 conditions géotechniques du site soit :
Vue du canal avant travaux ◆ une première zone d’environ 300 m de long de
dant, afin de préserver le rôle de drai-
View of the channel before the works terrain compressible (tassements importants pré-
nage (régulation de la nappe visibles) qui a été traité avec une structure sur mi-
phréatique en amont des plates-formes ■ CONTEXTE GÉNÉRAL cropieux ;
ferroviaires) du canal, des ouvertures DE L’OPÉRATION ◆ sur une deuxième zone, également longue de
300 m, le sol de meilleure qualité a permis la mise
ont été prévues au niveau des se-
Pour faire face à la croissance de son trafic fret, Eu- en place d’un remblai au-dessus d’une couverture
melles d’ancrage de la couverture. rotunnel a décidé d’augmenter la capacité de ses préfabriquée. C’est cette zone qui fait l’objet de la
Le Drainatex, géocomposite de drai- terminaux. Si le plan masse de la zone des quais suite de cet article (photo 1).
nage de la société Afitex a été mis est conçu pour accueillir seize voies en phase ulti-
me, huit seulement ont été construites pour la mise
en place avant le remblaiement afin,
en service en 1994. Actuellement deux voies sup- ■ CONDITIONS DE TRAVAIL
d’une part, de capter l’eau et l’ache- plémentaires sont en construction et leur mise en SUR LE SITE DU TERMINAL
miner au droit des ouvertures et service est attendue au deuxième semestre 2002.
d’autre part de jouer le rôle de filtres Profitant de ces travaux, Eurotunnel a souhaité mo- La conception du projet et l’organisation du chan-
difier le fonctionnement du faisceau "arrivée" de tier ont bien entendu tenu compte des conditions
pour éviter la pénétration des fines
ses trains afin de mieux gérer l’entrée des rames d’accès et des conditions de travail liées au site :
vers le canal. dans la zone des quais (hausse du trafic et inté- circulation ferroviaire et caténaires sous tension à
gration des contraintes de maintenance). proximité immédiate du chantier, emprises exiguës
Pour répondre à cette demande les deux nouvelles à proximité du chantier, contrôle d’accès total pour
voies en chantier sont situées de part et d’autre les ouvriers et les livraisons, maintien en perma-
du faisceau existant : nence de la circulation routière sur la piste de ron-
◆ pour l’une d’elle, dont l’emplacement était pré- de pour des raisons de sécurité.
vu dès l’origine, les travaux se sont bornés à la réa-
lisation de la plate-forme ;
◆ de l’autre côté où aucune voie n’avait été plani- ■ DESCRIPTION
fiée lors de la conception originelle du terminal, il DE L’ÉTAT EXISTANT
a fallu trouver une emprise.
Le terminal à cet endroit est réalisé sur une an- Le canal 1 bis est un ouvrage en forme de U. Il a
cienne zone marécageuse remblayée et surconso- une profondeur de 1,20 m pour une largeur inté-
lidée avant l’édification des plates-formes. En bordure rieure de 1,80 m. Les bajoyers et le radier ont une
des voies, une piste de ronde et un canal de drai- épaisseur de 0,40 m. Sa pente longitudinale est
nage marque la limite entre les zones marécageuses très faible.
qui demeurent et les zones consolidées et assai- Comme indiqué plus haut, le canal a trois fonctions
nies du terminal principales :
Le canal en béton a la forme d’un U. Il permet de ◆ réguler le niveau de la nappe phréatique (af-
gérer le niveau de la nappe dans le terminal et fleurant dans le marécage voisin) ; il agit comme
de l’eau dans les zones marécageuses (fonction- un déversoir, l’eau dont le niveau dépasse celui
nement par déversement au-dessus de ses ba- des bajoyers, est recueillie dans le canal ;
joyers). Il reçoit également les eaux provenant de ◆ recevoir le déversement des quelques collecteurs
collecteurs transversaux de drainage et d’assai- transversaux qui drainent le site ;
nissement pluvial. ◆ acheminer les eaux recueillies vers la station de
Bernard Castellan
INGÉNIEUR
Setec TPI
Thierry Louge
ADJOINT TECHNIQUE
Setec TPI
pompage qui relève les eaux vers les bassins tam-
pons. Marc Mass
CONDUCTEUR DE TRAVAUX
Il peut également servir de stockage provisoire afin
Colas Nord Picardie
de soulager les bassins tampons en cas de fortes
précipitations ou de phases d’entretien de la sta-
tion et des bassins.
Rabah Arab
INGÉNIEUR GÉOTECHNICIEN
Les terrains au-dessus des bajoyers sont consti- Afitex
tués de talus inclinés à environ 30°. Des enroche-
ments, protégeant un masque drainant en sable,
Photo 2
sont disposés dans la partie basse des talus. Vue intérieure du canal
Interior view of the channel
■ DESCRIPTION DE LA SOLUTION
Photo 3
RETENUE Vue générale du chantier
avant mise en place
La principale difficulté a été de concevoir un rem- de la membrane
blai qui permettrait le rétablissement de la piste General view of the site
au-dessus du canal sans mettre en péril sa fonc- before laying the membrane
tion drainage.
La solution retenue consiste en :
◆ la réalisation de deux longrines au-dessus des
bajoyers de canal. Une nappe drainante (Delta MS
12 mm) est prévue entre les bajoyers existants et
LES PRINCIPAUX
les longrines afin de permettre le drainage de la
nappe phréatique. Dans les zones de fortes venues
INTERVENANTS
d’eau, des barbacanes additionnelles mises en pla-
Maître de l’ouvrage
ce dans l’épaisseur de la longrine sont prévues. La
Eurotunnel
nappe drainante est régulièrement interrompue afin la longrine et le bajoyer existant destiné au drai-
de permettre une liaison entre l’ancienne et la nou- nage. Maître d’œuvre
velle structure ; Les travaux de structure se firent à partir d’une pis- Setec TPI
◆ la couverture du canal a été étudiée selon deux te de chantier réalisée en terrassant le talus exis- Coordination Santé Sécurité
principes : des éléments en béton armé et des élé- tant. Au cours de cette phase, il est apparu que les Apave
ments métalliques (buses métalliques). Ces élé- terrains en place étaient très fins et sableux et par- Entreprises
ments sont prévus clavés en continu sur les longrines; ticulièrement sensibles à la teneur en eau. De plus, • Couverture du canal : Norpac
◆ le remblai doit incorporer une zone drainante (gra- les pluies provoquaient un entraînement de maté- • Terrassement, remblais et plates-
ve drainante 20/40) mise en place au-dessus des riaux pendant l’édification de la piste. Sa chaussée formes ferroviaires : Colas Nord Picar-
talus afin de capter et d’acheminer les venues d’eau a dû être renforcée par rapport au projet initial (pho- die
vers les orifices aménagés entre les longrines et to 3).
• Fondations profondes : Soletanche
les bajoyers. Il a donc été décidé de mettre en place un géo-
Bachy
composite de drainage sur les talus avant le rem-
blaiement. Un drainage tridimensionnel était requis :
■ DESCRIPTION DES TRAVAUX le géocomposite devait pouvoir capter l’eau pour
ensuite l’acheminer vers les orifices de drainage
L’entreprise a choisi la solution d’éléments métal- ménagés entre la longrine et les bajoyers du canal
liques essentiellement pour des raisons d’appro- existant.
visionnement, garantis dans un délai très court par Le choix s’est porté sur le Drainatex de la société
le fournisseur (Tubosider). Afitex. Les lés ont été placés transversalement à
La réalisation des longrines n’a pas posé de pro- l’ouvrage. La couverture métallique a également
blèmes particuliers, la mise en place des éléments été recouverte avec le géocomposite afin d’assu-
métalliques non plus et d’une manière générale, rer un maintien efficace de l’ensemble et de drai-
la partie structure s’est déroulée sans incidents. ner l’interface sol/structure.
La photo 2 montre une vue intérieure du canal une Le talus avait été préalablement traité avec une
fois la couverture finie. On peut voir l’espace entre grave 20/40 afin d’obtenir une surface d’appui ré- ®
Travaux n° 786 • mai 2002 19
GÉOSYNTHÉTIQUES
RESUMEN ESPAÑOL
Material geocompuesto de
drenaje en la terminal de
Photo 4 Eurotunnel, en Coquelles
Mise en place du géocomposite
Laying the geocomposite D. Pelletier, F. Ducrocq, B. Castellan,
Th. Louge, M. Mass y R. Arab
Figure 1
® gulière pour la membrane (figure 1 et photo 4). Au-
dessus du géocomposite, une grave drainante
Coupe type de l’aménagement
Operando en el contexto de la amplia-
Typical cross section
of the development ción de su terminal de Coquelles, Euro-
20/40 servant de drain longitudinal a été appliquée
tunnel ha deseado mejorar la configu-
pour régulariser une éventuelle une arrivée d’eau
ración de las vías férreas del haz de
(photo 5).
"llegada", para así facilitar la gestión
Après l’édification du remblai avec un matériau type de las vías de su terminal. Esta mejora
D2 et interposition d’un géotextile de classe 6, la ha precisado la creación de una nueva
chaussée de la piste a pu être mise en œuvre. vía en la zona propia de una pista de
ronda bordeada por un canal de dre-
naje. Por consiguiente, esta pista se
■ CONCLUSION ha tenido que desplazar por encima del
canal sobre el cual ha sido instalada
Cet ouvrage simple dans sa conception, a toute- una estructura de chapa ondulada. Para
fois été réalisé dans des conditions peu habituelles preservar el cometido de drenaje del
et dans un délai très court – moins de 4 mois entre canal (regulación de la capa freática
aguas arriba de las plataformas ferro-
le choix de l’entreprise (fin avril) et l’achèvement
viarias), se han dispuesto aberturas al
de la chaussée (mi-août). L’utilisation du géo-
nivel de las zapatas de anclaje de la
composite a permis de mettre en place un moyen cubierta. El Drainatex, material geo-
efficace de drainage tout en assurant une excel- Photo 5
Mise en place compuesto de drenaje de la empresa
lente qualité des travaux dans des délais très ten- de la grave drainante Afitex ha sido instalado antes del rel-
dus. au-dessus leno final con objeto de, por una parte,
L’appel à cette technique de drainage par géo- de la membrane captar el agua y dirigirla hacia la per-
composite a donné, jusqu’à présent, entière sa- Laying the draining ABSTRACT pendicular de las aberturas y, por otra
gravel-sand mixture parte, desempeñar un papel de filtro
tisfaction (photo 6). above the membrane Drainage geocomposite
on the Eurotunnel terminal para evitar la penetración de partícu-
at Coquelles las finas hacia el canal.
Les auteurs présentent une solution géocomposite pour le drainage sous remblai en rempla-
cement de la solution traditionnelle en couche granulaire. Après une description du géocom-
posite de drainage SOMTUBE FTF et ses principales caractéristiques, sont présentées deux études
de cas : un remblai construit sur un sol de fondation de bonnes caractéristiques mécaniques et
un remblai construit sur sol compressible. Dans les deux cas, les équivalences de transmissi-
vité par rapport à la solution traditionnelle sont indiquées.
Figure 1
■ INTRODUCTION Solution traditionnelle
en couche granulaire
Le drainage est l’ensemble des opérations artifi- et filtres géotextiles
cielles d’évacuation de l’eau présente dans le sol. Traditional solution
C’est un élément important dans la stabilité des with granular layer
and geotextile filters
ouvrages, particulièrement les ouvrages en terre,
notamment les remblais.
Dans cet article nous distinguerons les remblais
construits sur des sols compressibles (vases,
tourbes, argiles molles, etc.) et les remblais construits
sur des sols de bonnes caractéristiques méca- Figure 2
Structure
niques. Le drainage par la base est indispensable du géocomposite
afin d’éviter des pressions interstitielles excessives de drainage SOMTUBE
dans le corps du remblai et de réduire les phéno- Structure
mènes de capillarité. of the SOMTUBE
La solution traditionnelle (figure 1) est générale- drainage geocomposite
ment constituée par :
◆ un filtre géotextile inférieur destiné à retenir les
particules fines du sol support ;
◆ un matériau granulaire à forte perméabilité ; de Nancy et le Laboratoire Interdisciplinaire de Re-
◆ un filtre géotextile supérieur qui remplit les rôles cherche Impliquant la Géologie et la Méca-
de séparateur et de filtre entre le matériau granu- nique (LIRIGM) de l’université de Grenoble 1.
laire et le corps du remblai.
L’épaisseur du matériau granulaire est habituelle- Présentation du géocomposite
ment de quelques dizaines de centimètres.
Les contraintes écologiques, les contraintes d’ou- La structure du géocomposite est illustrée sur
verture de nouvelles carrières, les coûts de trans- les figures 2 et 3. Elle résulte de l’assemblage par
port et de mise en œuvre assez élevés, rendent les aiguilletage des éléments suivants :
solutions de drainage traditionnelles par couche ◆ une nappe filtrante non tissée aiguilletée en po-
granulaire dans certains cas onéreuses. La solu- lypropylène (filtre inférieur) ;
tion géosynthétique SOMTUBE s’impose comme ◆ une nappe drainante non tissée aiguilletée en
une alternative efficace. polypropylène ;
◆ des mini-drains de diamètre 20 mm, perforés ré-
gulièrement selon deux axes alternés à 90°, les
■ LA SOLUTION GÉOCOMPOSITE mini-drains sont en polypropylène ;
◆ une nappe filtrante non tissée aiguilletée en po-
Figure 3
Le géocomposite de drainage bénéficie d’une ex- lypropylène (filtre supérieur). Disposition du géocomposite
périence d’utilisation sur le terrain supérieure à 15 L’espacement entre les mini-drains est variable de drainage sous remblai
années. Il est utilisé dans le drainage des ouvrages (0,25, 0,5, 1 et 2 m) et, est fonction des débits Layout of the drainage geocomposite
de travaux publics et de génie civil. Il a été déve- à drainer et des caractéristiques géométriques de under embankment
loppé de manière concomitante avec son logiciel l’ouvrage.
de dimensionnement en collaboration avec le La- Les différents composants du géocomposite sont
boratoire Régional des Ponts et Chaussées (LRPC) développés par un procédé de fabrication par ai- ®
Travaux n° 786 • mai 2002 23
GÉOSYNTHÉTIQUES
®
Figure 4 guilletage à partir de fibres selon le processus ca-
Schéma des courbes drage/nappage/aiguilletage, ce qui confère au pro-
de pression d’eau
entre mini-drains duit :
Diagram of water ◆ une forte épaisseur pour une masse surfacique
pressure curves donnée qui lui donne une forte porosité, condition
between mini-drains indispensable à la circulation de l’eau dans la struc-
ture du géotextile ;
◆ des caractéristiques de traction qui se traduisent
par une grande déformation avant rupture, condi-
tion indispensable à l’adaptation du matériau aux
Figure 5 supports irréguliers et aux tassements du sol sup-
Caractéristiques port ;
géométriques
de l’ouvrage et pression ◆ les filtres sont liés à la nappe drainante par un
entre mini-drains aiguilletage dense ce qui permet d’accroître le ci-
Geometric saillement interne et d’éviter tous déplacements
characteristics of the relatifs lors de la mise en œuvre particulièrement
structure and pressure
between mini-drains
sur les pentes.
Les caractéristiques principales d’un géosynthé-
tique liées aux fonctions filtre et drain sont :
◆ la perméabilité normale au plan (anciennement
permittivité) ;
◆ l’ouverture de filtration;
◆ la résistance à la pénétration de l’eau (ancien-
Photo 1 nement mouillabilité);
Déroulement ◆ la capacité de débit dans le plan (anciennement
du géocomposite transmissivité).
de drainage
sur le fond de forme La résistance à la pénétration de l’eau est un pa-
ramètre important dans les applications des géo-
Unrolling
the drainage textiles en filtration et en drainage, particulièrement
geocomposite dans le cas des sols non saturés.
over the subgrade Les éléments du géocomposite ont fait l’objet
d’études particulières, notamment la transmissivi-
té du composite sans les mini-drains, la résistan-
ce de pénétration de l’eau dans les mini-drains,
leur capacité de décharge et leur résistance à l’écra-
Photo 2
sement.
Transmissivité du composite
sans les mini-drains
La fonction de cette nappe est de faciliter l’écou-
lement de l’eau vers les mini-drains. La caracté-
ristique à prendre en compte est la capacité de
débit dans le plan ou la transmissivité θ. Cette ca-
ractéristique dépend directement de l’épaisseur du
géotextile non tissé, sous la contrainte de com-
pression considérée.
Photo 3
Remblaiement Les mini-drains
sur le géocomposite La fonction de ces mini-drains est de collecter l’eau
et montée du remblai
afin de l’évacuer rapidement vers les exutoires. Les
Backfilling
over the geocomposite
caractéristiques principales à prendre en compte
and rising sont la perte de charge à l’entrée des mini-drains
of the embankment et leur capacité de décharge en fonction du régime
d’écoulement (laminaire, turbulent, etc.). Ces deux
caractéristiques ont fait l’objet d’essais spécifiques.
Les résultats expérimentaux ont permis de propo-
ser :
◆ une relation pour les pertes de charge à l’entrée
des mini-drains de la forme ∆h = aQb ou a et b sont
deux constantes expérimentales ;
■ MÉTHODE
DE DIMENSIONNEMENT
Le logiciel développé par le Laboratoire Interdisci-
plinaire de Recherche Impliquant la Géologie et la
Mécanique (LIRIGM) de l’université de Grenoble 1 et
validé en collaboration avec le Laboratoire Régio-
nal des Ponts et Chaussées (LRPC) de Nancy per- en matériaux granulaires de 0,50 m d’épaisseur
met de déterminer le produit le mieux adapté pour est prévu dans la solution de base.
drainer le flux attendu en optimisant le nombre de Le drainage à la base est réalisé avec le géocom-
mini-drains de façon à limiter la pression hydrau- posite avec deux mini-drains/m. Le calcul du flux
lique admissible dans le produit et donc dans le drainé en prenant en compte les caractéristiques de
corps du remblai. Les conditions de flux considé- l’ouvrage (hauteur de 12 m, longueur d’écoulement
rées sont les suivantes : de 54 m et une pente de 1,5 %) a conduit à une
◆ alimentation en eau avec flux homogène per- transmissivité équivalente de 6,1.10-3 m2/s, ce qui
pendiculaire au produit drainant ; correspond à une épaisseur de l’ordre de 0,60 m LES PRINCIPAUX
◆ alimentation en eau avec une charge hydraulique de matériaux drainant de perméabilité 1,10-2 m/s. INTERVENANTS
constante à une certaine distance dans le sol. La pression dans le produit exprimée en mètre d’eau RD 964 - Labessière Candeil
Dans le logiciel, les écoulements sont considé- demeure inférieure à 1 cm (figure 5). (Tarn)
rés mono-directionnels et perpendiculaires au mini- Le géocomposite a été déroulé perpendiculairement
drains dans la nappe drainante. à l’axe du remblai (photos 1 et 2). Le remblaiement Maître d’ouvrage et d’études
Le logiciel prend en compte les paramètres sui- se fait à l’avancement (photo 3). B.E.D. 81 Albi
vants : Maître d’œuvre
◆ la transmissivité de la nappe drainante sous com- Remblai sur sol compressible : DDE du Tarn
pression ; A89 Libourne (33) - Remblai Entreprise de pose
◆ la longueur des écoulements dans les mini-drains; de culée OH Connes T.P.
◆ la pente éventuelle des écoulements dans les
mini-drains ; Pour cet ouvrage, la hauteur du remblai est de Contrôle extérieur
◆ l’espacement entre les mini-drains ; 7,60 m et l’emprise en pied de remblai est de EEG-Simecsol
◆ les conditions d’écoulement dans les mini-drains 12,0 m. Le tassement prévisible du remblai était Contrôle externe
(saturés ou non). de 2,40 m. Le géocomposite avec un mini-drain/m Fondasol
La circulation hydraulique dans le géocomposite a été étudié en tenant compte du tassement final Bureau d’études Drainage
SOMTUBE est décomposée suivant quatre phases : avec une pente d’écoulement de - 4 % (figure 6). Georoute Ingénierie
◆ à travers le filtre ; Le calcul du flux drainé a conduit à une transmis-
Date de réalisation
◆ dans l’épaisseur de la nappe drainante non tis- sivité équivalente de 1.10-2 m2/s, ce qui corres-
Décembre 2000
sée (âme drainante) ; pond à une épaisseur de l’ordre de 1 m de matériaux
◆ à l’entrée des mini-drains ; drainants de perméabilité 1.10-2 m/s. Dans ce cas
◆ à l’intérieur des mini-drains. la pression dans le produit est de 10 cm (figure 6),
Le logiciel permet également de déterminer la pres- ce qui permet à l’eau de remonter dans les mini-
sion maximale entre les mini-drains (figure 4). drains vers les tranchées collectrices. La présen-
ce des mini-drains permet de limiter la pression
d’eau dans le corps du remblai.
■ ÉTUDES DE CAS
Remblai routier : RD 964 - ■ COMPARAISON SOLUTION
Labessière Candeil (81) GÉOCOMPOSITE ET SOLUTION
TRADITIONNELLE
Les caractéristiques de l’ouvrage sont : une em-
prise en pied de remblai de 54,00 m et une hau- Dans le tableau I sont résumés quelques para-
teur de 12 m (figure 5). Afin d’éviter les remontées mètres de comparaison pertinents entre la solution
d’eau dans le corps du remblai, un tapis drainant traditionnelle et la solution géocomposite. ®
Travaux n° 786 • mai 2002 25
GÉOSYNTHÉTIQUES
ABSTRACT
Drainage under
embankment. SOMTUBE
geocomposite solution
Tableau I
Comparaison entre solution traditionnelle RESUMEN ESPAÑOL
et solution SOMTUBE
Drenaje bajo terraplén.
Comparison between traditional solution Solución mediante material
and SOMTUBE solution
geocomposita SOMTUBE
Maître d’ouvrage
ASF
Maître d’œuvre
Scetauroute
Entreprise de pose
Valerian – Fougerolle Ballot
Bureau d’études Drainage
Georoute Ingénierie
Date de réalisation
Novembre 1999
pour le franchissement
d’une vallée tourbeuse
Les travaux de terrassement pour le franchissement de vallées tourbeuses, posent très sou-
vent des problèmes de drainage pour la consolidation et le renforcement de matériaux d’ap-
port. Des applications, basées sur des géosynthétiques sont présentées, ainsi que les résultats
permettant d’apprécier leur comportement.
Les ouvrages hydrauliques, permettant le fran- Tassement des sols Vue d'ensemble de la construction
chissement des quatre cours d’eau, présentent une compressibles du remblai sur la base drainante
synthétique Teradrain
travée de l’ordre de 30 m et sont fondés sur pieux
Overall view of construction
forés, exécutés après le préchargement des sols Les tassements maxima ont été estimés entre 55
of the embankment on the Teradrain
compressibles. et 70 cm. La durée retenue pour les tassements synthetic draining base
Deux ouvrages de "ressuyage", d’une section de primaires atteignant un degré de consolidation
4 m2, et situés à la base des remblais, améliorent de 90 %, est de 2,5 mois entre deux étapes de réa-
les conditions d’écoulement des eaux en cas de lisation du remblai. Ce délai de consolidation rela-
crue. tivement court, impose un dispositif de drainage ®
Travaux n° 786 • mai 2002 27
GÉOSYNTHÉTIQUES
10
4
Tassement (cm)
20
3
Hauteur de remblai (m)
30
2 ABSTRACT
40
1 Internal drainage
50 0 of compressible soils
100 200 300
and reinforcement of filling
Temps (jours) / time (days)
materials in crossing
of a peaty valley
Exemple de l'évolution des tassements
en fonction du temps et de la hauteur du remblai P. Brochier, H. Brunel, E. Waschkowski
Example of settlement evolution with time
and embankment height Drainage problems often arise with work
necessary for the consolidation and
reinforcement of fill materials in ear-
thworks for crossing of peaty valleys.
This paper presents applications based
■ CONCLUSION
on geosynthetics, and results that can
be used to evaluate their behavior.
La résolution de certains problèmes géotechnolo-
giques, dans le cadre du franchissement en rem-
blais d’une vallée présentant 2 à 4 m de sols RESUMEN ESPAÑOL
compressibles, contribue à montrer que les solu- Drenaje interno de suelos
tions géosynthétiques bien définies et correctement compresibles y refuerzo
dimensionnées, tout en étant compétitives, condui- de los materiales
sent à des résultats fiables pour des applications de relleno para el franqueo
comme : de un valle turboso
◆ la réalisation d’un dispositif drainant pour l’ac-
P. Brochier, H. Brunel y E. Waschkowski
célération de la consolidation de sols compres-
sibles en substitution à des matériaux sableux,
Las obras de movimientos de tierras
autorisant ainsi une économie des ressources na-
para el franqueo de valles turbosos,
turelles en granulats non disponibles dans l’em- vienen a plantear con suma frecuencia
prise du projet ; problemas de drenaje para la conso-
◆ le renforcement des sols de fondation d’un pas- lidación y el refuerzo de los materiales
sage supérieur provisoire, facilitant l’exécution des de aportación. Se presentan en este
travaux dans des délais très courts, avec une bon- artículo diversas aplicaciones de los
ne maîtrise de la sécurité vis-à-vis de la stabilité materiales geosintéticos, así como los
de l’ouvrage. En outre, cette technique facilite gran- resultados que permite evaluar su com-
dement le démontage final de l’ouvrage. portamiento.
Etude expérimentale
Une couche de sable est souvent uti-
lisée en substitution pour améliorer
la capacité portante d’un sol argileux
superficielle sur sol
de faible consistance. Cette couche
de sable peut elle-même être ren-
forcée par une nappe géosynthétique.
par géotextile
Cependant, le comportement d’une ■ INTRODUCTION & Pardi (1989) se sont intéressés simultanément
telle structure n’est pas encore bien aux contributions de la nappe géosynthétique et du
Des nappes géosynthétiques sont communément confinement latéral de la couche granulaire. Une
connu. Des modèles réduits à l’échel- employées sous les remblais, culées, chaussées seconde nappe géosynthétique, placée dans la
le 1/40 sont testés en macrogravité, bitumineuses, voies ferrées ou encore dans des couche de sable, permet d’améliorer aussi la rai-
pour respecter les lois de similitudes, murs de soutènement. Généralement, une nappe deur verticale du sol de fondation (Gourc et al.
est étendue sur le sol peu résistant, surmontée 1982). Cette dernière observation a été confirmée
dans la centrifugeuse géotechnique
d’une couche de matériau granulaire de faible épais- depuis, lors d’expérimentations en grandeur réel-
du LCPC. Trois sols de fondation sont seur, ou simplement déroulée sous le remblai. Les le (Delmas et al. 1986). De plus, les contraintes
comparés : argile seule, argile avec premières fonctions remplies par les géosynthé- verticales sont plus largement diffusées dans le
une couche de sable en substitution, tiques sont la séparation ou la filtration entre sols sol de par la présence de cette seconde nappe
de nature très distincte. A présent, la fonction propre (Watn et al. 1996).
renforcée ou non par une nappe géo-
de renforcement leur est aussi demandée. Cette
synthétique. La capacité portante du technique reste cependant à développer pour les
sol de fondation est principalement fondations superficielles sur sol mou. Dans la lit- ■ MODÉLISATION
améliorée par la présence de la térature, de nombreux auteurs font part d’expéri- EN CENTRIFUGEUSE
mentations de chargement vertical de modèles
couche de sable. La nappe géosyn-
réduits de fondations superficielles posées sur un Dans les expérimentations au laboratoire précitées,
thétique évite une soudaine chute de sol bicouche : argile surmontée d’une couche de la déchirure de la nappe géosynthétique est rare-
capacité portante au-delà de la char- sable pour simuler une substitution de sol. Une ment atteinte lorsque des textiles couramment uti-
ge critique. Pour assurer une capa- nappe géosynthétique est parfois déposée soit à lisés sur site sont employés. En raison des charges
l’interface sable/argile, soit dans la couche de sable très faibles appliquées dans ces modèles, la rup-
cité portante satisfaisante, un
de façon à optimiser la capacité portante du sol et ture se produit par défaut d’ancrage et aucun dé-
compromis peut être trouvé entre minimiser ses déformations (Milligan 1983, Milli- chirement n’est observé dans les nappes (Garnier
l’épaisseur de la couche de substi- gan & Love 1984, Khing et al. 1994; Kenny 1998). 2001). Suite à ces différents tests menés sur mo-
tution et la résistance en traction du Plusieurs paramètres ont ainsi été étudiés tels que dèles de laboratoire, des nappes de très grande
l’épaisseur de la couche de sol, le nombre de nappes longueur sont généralement recommandées. A la
géosynthétique. Cet article est la re-
de renforcement, leur distribution géométrique, ain- rupture cependant, les contraintes de traction mo-
prise d’une publication à paraître en si que la nature et la résistance du géosynthétique. bilisées dans le modèle restent plus faibles que la
anglais lors du prochain congrès in- D’autres paramètres du sol doivent être pris en résistance intrinsèque du géosynthétique. Ce manque
ternational sur les géosynthétiques compte comme ses caractéristiques mécaniques, de similitude des valeurs de contraintes dévelop-
son degré de saturation, ou encore son mode de pées dans les nappes géosynthétiques les em-
(à Nice, en septembre 2002).
mise en place (Resl & Werner 1986, Abduljauwad pêche de se comporter comme elles le feraient en
et al. 1994). Au moyen de radiographie aux rayons vraie grandeur, sur chantier. Ce phénomène re-
Mots-clés : modèle réduit, fondation, renfor- X, lors d’expérimentations au laboratoire, Bourdeau présente le principal défaut des modèles réduits
cement, géosynthétique, centrifugeuse géo-
technique
Figure 2
Figure 1
Modèle réduit de fondation superficielle filante
Centrifugeuse
et capteurs de suivi des tassements
géotechnique
du LCPC Reduced-scale of shallow strip foundation
and displacement sensors to measure settlements
LCPC geotechnical
centrifuge
Jacques Garnier
renforcé DIRECTEUR DE
RECHERCHE, HDR, CHEF
DE LA DIVISION RMS2
LCPC Nantes
Thierry Dubreucq
INGÉNIEUR-DOCTEUR,
testés au laboratoire, sous gravité normale (appe- en centrifugeuse sont menés à un niveau de gra- CHEF DU GROUPE
GÉOTECHNIQUE
lé "niveau de gravité à 1 g", avec g = 9,81 m/s2, vité de 40-g, figure 2).
ET OUVRAGE D’ART
accélération de la pesanteur). De plus, comme les Trois sortes de sol de fondation sont testées : LCPC Saint-Brieuc
contraintes sont beaucoup plus faibles qu’en vraie ◆ a) argile ;
grandeur (appelée "échelle prototype"), le sable ◆ b) argile surmontée d’une couche de sable de
présente une tendance à se dilater : le frottement largeur 3 fois la largeur B de la fondation et d’épais-
sol/géosynthétique tend à augmenter, ce qui ne va seur B (H = B) ;
pas dans le sens de la sécurité. ◆ et enfin c) idem b) avec une nappe géosynthé-
1. RMS-MSC : Reconnaissance et Mécanique
L’avantage indéniable de la modélisation en cen- tique placée à mi-hauteur dans la couche granu- des Sols - Mécanique des Sols et Centrifugeuse
trifugeuse est que les contraintes et donc les dé- laire (figure 3). 2. RMS : Reconnaissance et Mécanique des Sols
formations développées dans les modèles réduits Cette position du géosynthétique a été choisie sui-
sont identiques à celles qui règnent à l’échelle pro- vant les propositions faites par Ismail & Raymonds
totype. En effet, si un modèle réduit à l’échelle (1995 a, b) pour optimiser l’efficacité de la struc-
1/100e par exemple est soumis à cent fois l’ac- ture.
célération de la pesanteur, les contraintes et les
déformations qui se développent sont égales à Figure 3
celles produites dans l’ouvrage réel. Essais de chargement
en centrifugeuse de fondation
De plus, la relation entre la compressibilité du géo- superficielle filante sur trois
synthétique et son épaisseur est respectée lors sols de fondation différents
d’un essai sur modèle centrifugé. Après une ap- Centrifuge loading tests
proximation initiale, aussi bien le module de rai- of shallow strip footing
on three different soil
deur J que la résistance en traction du géosynthétique
foundations
restent proportionnels à son épaisseur (Dubreucq
et al. 1995).
Désignons les valeurs d’un paramètre particulier
du modèle et du prototype respectivement par Xm
et Xp. Le facteur d’échelle X* est égal au rapport Caractéristiques du Modèle Prototype Paramètres X*
Unité
géosynthétique
Xm/Xp. Dans le tableau I, 1/N représente le fac- Acceleration N
teur d’échelle sur les dimensions. Notons que, si Masse surfacique g/m 2 70 2800 Densité 1
les mêmes sols et géosynthétiques sont utilisés, Epaisseur mm 1.9 76 Longueur 1/N
le déplacement relatif Up nécessaire entre le sol Traction critique kN/m 2 80 Déplacement 1/N
et le géosynthétique pour mobiliser la résistance Traction de rupture kN/m 3.2 130 Déformation 1
au pic reste le même dans le modèle et dans le Déformation critique % 15 15 Effort 1/N2
prototype. Le facteur d’échelle sur le déplacement Déformation de rupture % 130 130
1/N n’est donc pas satisfait par Up. Cependant, Contrainte 1
Raideur sécante kN/m 13 533
Dubreucq (1995) a modélisé de façon satisfaisante, Tableau I
à des niveaux de gravité différents (20-g et 40-g), Tableau II Facteurs d’échelle pour un modè-
Caractéristiques du géosynthétique modèle et du prototype le réduit à l'échelle 1/N testé
la même fondation superficielle prototype, placée
équivalent sous N fois la pesanteur terrestre
sur un sol de fondation granulaire, renforcé par le
Characteristics of the model geosynthetic and the equivalent Scale factors for a 1/N reduce
même géosynthétique. Cet écart par rapport aux scale model tested under N time
prototype
conditions théoriques de similitude ne semble pas earth gravity
modifier notablement le comportement du modèle.
Les modèles réduits ont été testés dans la cen- Un géosynthétique courant en polypropylène, non
trifugeuse du LCPC (Corte & Garnier 1986, figure tissé thermo-soudé, avec une faible résistance en
1) où des fondations superficielles filantes sont traction a été choisi. Ses caractéristiques sont lis-
chargées verticalement (Dubreucq, 1999). Les di- tées dans le tableau II. Les essais de résistance
mensions de la structure prototype sont : L = 7,20 m en traction du géotextile ont été menés suivant la
et B = 1,20 m. norme NF G 38.014.
L’échelle du modèle est au 40e (ainsi, les essais Le sable fin de Fontainebleau et l’argile kaolinite ®
Travaux n° 786 • mai 2002 31
GÉOSYNTHÉTIQUES
Figure 7
■ CONCLUSION Déformation verticale
du sol après la rupture,
La capacité portante d’une fondation superficielle à trois profondeurs
différentes
filante posée sur un sol renforcé est mesurée lors sous la fondation
d’essais menés à un niveau de gravité de 40-g dans Vertical soil deformation
la centrifugeuse géotechnique du LCPC. Trois types at three different depths
de sol de fondation sont comparés : argile, argile after failure
surmontée d’une couche de sable, et argile sur-
montée de cette même couche de sable renforcée
cette fois par une nappe géosynthétique.
Les résultats montrent que la raideur verticale n’est
pas modifiée de façon significative par la présen-
ce de la couche de sable (qu’elle soit ou non ren-
forcée). Par contre, la charge critique est
considérablement améliorée. Dans le cas présent,
elle augmente de 62 % quand le sable n’est pas
renforcé, pour 81 % lorsqu’une nappe géosynthé- of Transportation, Communications and Energy - Fe-
tique est disposée à mi-hauteur dans cette couche deral Highway Office, June. 55 p.
de sol. L’ajout de la nappe géosynthétique ne mo- ◆ Corte, J.-F. & Garnier, J. 1986. Une centrifu-
difie pas notablement la portance, mais elle em- geuse pour la recherche en géotechnique. Bulletin
pêche cependant un tassement brutal lorsque le de liaison des laboratoires des Ponts et Chaussées
chargement dépasse la valeur de la charge critique. 146 (Nov-Déc) : 5-28. LCPC.
Des prochaines études sur la modélisation à dif- ◆ Delmas, Ph., Matichard, Y. & Gourc, J.-P. 1986.
férents niveaux de macrogravité de structures ex- Les chaussées non revêtues renforcées par géo-
tensibles comme les nappes géosynthétiques textiles - 7 ans d’études. Proc. 3rd International
devraient être menées afin de quantifier plus pré- Conference on Geotextiles, Vienna 4 : 1015-1020.
cisément différentes lois d’échelle : sur le com- ◆ Dubreucq, Th. 1999, Renforcement des fonda- Figure 8
Hypothèse classique de diffusion
portement à l’interface sol/renforcement, et sur la tions superficielles par inclusions planes horizon- des contraintes verticales
mobilisation de la résistance en tension d’un tel tales extensibles - Quelques effets de taille dans Typical assumption of vertical stresses
élément de renforcement. L’objectif final de ces tra- le frottement sable-inclusion, Ph. D thesis, Ecole diffusion
vaux est de fournir une méthode simple de dimen- Nationale des Ponts et Chaussées, 340 p.
sionnement des fondations sur sol amélioré par ◆ Dubreucq Th., Garnier, J., Favraud, C. & Noblet,
substitution et inclusion d’une nappe géosynthé- S. 1995. Fondation sur sol renforcé par géotex-
tique. tiles : comparaison d’essais sur modèles centrifu-
gés et modèles sous la gravité normale. AUGC
Sessions, May 18, Ecole Centrale de Nantes : 123-
■ RÉFÉRENCES 128.
◆ Garnier J. 1973. Tassement et contraintes –
◆ Abduljauwad, S.N., Baymony, F., Al-Shaikh, A.M. Influence de la rigidité de la fondation et de l’ani-
& Al-Moudi O.B. 1994. Influence of geotextiles on sotropie du massif. Thèse de doctorat, Université
performance of saline sebkha soils. Journal of Geo- de Grenoble, 193 p.
technical Engineering 120 (11) : 1939-1959. ◆ Garnier J. 2001. Modèles physiques en géo-
◆ Bourdeau, P. L & Pardi, L. 1989. Géotextiles uti- technique : I – Evolution des techniques expéri-
lisés en tant qu’armatures. Laboratoire de méca- mentales et des domaines d’application. Revue
nique des sols de l’Ecole Polytechnique Fédérale Française de Géotechnique, N° 97, pp. 3-29.
de Lausanne. Final report for the Swiss Department ◆ Giroud, J.-P. & Noiray, L. 1981. Geotextile-rein- ®
Travaux n° 786 • mai 2002 33
GÉOSYNTHÉTIQUES
Le chantier
R. Trouilhas
Cet article décrit la solution utilisée, dans le cadre de la réalisation d’une rampe d’accès omi-
se lors de la construction d’un bâtiment. La technique de renforcement par des inclusions géo-
synthétiques souples a été utilisée pour limiter les poussées horizontales sur le voile béton
existant en maintenant un vide de 0,10 m entre ce dernier et le parement du mur renforcé.
Photo 1
■ CONTEXTE DE L’OUVRAGE Vue sur le remblai à réaliser
View of embankment to be built
Lors de la conception et du dimensionnement des
voiles en béton armé d’un bâtiment d’habitation,
la réalisation d’une rampe d’accès au premier éta-
ge a été omise (photo 1).
Il a donc fallu trouver une solution simple pour pou-
voir monter le remblai sans qu’il n’y ait de pous-
sées horizontales sur ces voiles béton.
■ SOLUTION RETENUE
La solution proposée et retenue, consiste en la réa-
lisation d’un mur vertical renforcé par géogrille.
La technique utilisée (en boudins), permet de mon-
ter ce remblai régulièrement à l’aide de coffrage
polystyrène de 0,10 m d’épaisseur, garantissant
un vide entre le parement du mur et les voiles bé-
ton après réalisation (figure 1).
La géogrille utilisée est en polyester avec une maille
de 20 x 20 mm. Afin d’éviter les fuites de remblai
Photo 2
à travers ces mailles, un géotextile non tissé est Mise en œuvre du géotextile
placé à chaque rang sur la face avant de la géo- contre les fuites de sol
grille (photos 2 et 3). Application of geotextile Figure 1
against soil erosion Renforcement de remblai par géogrilles
Dimensionnement de l’ouvrage Embankment reinforcement by geogrids
Photo 4
Mise en œuvre
et compactage
du remblai
Application
and compacting
of the embankment
Photo 5
Photo 6 Vue de dessus du vide
Fin de réalisation de 0,10 m après finition
de la rampe d’accès du remblai
avant relevage Plan view
des derniers panneaux of the 0.10 m void
en polystyrène after finishing
End of construction the embankment
of the approach ramp
before raising the last
polystyrene panels
(Allemagne)
Joachim Haberland
PRÉSIDENT - DIRECTEUR
Des cavités sous chaussées et voies ferroviaires peuvent causer des difficultés sérieuses dans GÉNÉRAL
certaines régions d’Allemagne. Le développement de géosynthétiques de haute résistance et Glötzl (Allemagne)
de nouveaux polymères a permis d’offrir de nouvelles possibilités de réduire les risques liés au
sous-sol. Les travaux ferroviaires actuellement en cours à l’échangeur de Groebers compren-
nent huit voies, sur une longueur de 800 m et une largeur de 120 m. Ces nouvelles sections de
voies sont situées sur une ancienne zone minière. Deux des voies sont des voies à grande vi-
tesse (300 km/h). Un nouveau système de franchissement sur cavité constitué d’un système
d’alerte, deux couches de géogrille posées perpendiculairement (résistance à la rupture de
1 200 kN/m) et une couche de matériau traitée au ciment (pour créer une voûte stable) a été
construit et testé en 1998. Les résultats de cet essai à échelle réelle ont été décisifs pour
obtenir l’agrément des Chemins de Fer allemands. Quelques résultats de l’essai et des calculs
statiques par éléments finis effectués pour l’ouvrage définitif sont présentés dans cet article.
Figure 1
Système de franchissement
des cavités (sens travers).
Principe du système
en bordure de remblai
■ INTRODUCTION
Overbridging system
Le nouvel échangeur de liaisons ferroviaires de in cross-section,
rules of extension
Groebers aujourd’hui en construction est localisé of the protection system
sur un ancien site minier sur lequel les affaisse- at the edges of railway
ments sont fréquents. Les huit voies sont fondées enbankment
sur un remblai d’une largeur à la base d’environ
120 m et d’une hauteur de 4 à 5 m. Deux des voies
sont utilisées pour des trains à grande vitesse
(300 km/h).
Les diamètres observés et prévus des cavités dans
cette ancienne zone minière ont été fixés pour les
hypothèses de dimensionnement à 4 m. Malheu-
reusement il était impossible de localiser toutes du projet aujourd’hui en cours d’achèvement) ;
les cavités souterraines, celles-ci pouvant être à ◆ mise en œuvre d’un géosynthétique spéciale-
des profondeurs d’environ 30 m. ment développé permettant le franchissement des
Pendant la première phase du projet, différentes éventuelles cavités remontantes, incluant un sys-
méthodes de fondation ont été analysées (par tème d’alerte à la base et une couche portante de
exemple des fondations profondes sur pieux, un matériaux traités au ciment au-dessus des géo-
dallage rigide en béton armé, du compactage dy- synthétiques de renforcement.
namique après terrassement profond, etc.). Toutes Le système a été dimensionné pour une durée de
ces méthodes ont été jugées trop coûteuses ou vie de 60 ans et doit être capable de franchir des
techniquement irréalisables. En finalité, et spécifi- cavités de diamètre jusqu’à 4 m pendant une du-
quement pour ce projet, un nouveau concept a été rée de 1 mois (correspondant au temps des tra-
développé. vaux d’injection nécessaires pour remplir la cavité).
Ce concept complexe est basé sur un radier gra- Le système d’alerte doit être capable d’indiquer la
nulaire renforcé par des géosynthétiques couplé à position, le diamètre des cavités et de contrôler les
un effet voûte dans la couche supérieure traitée au éventuelles propagations. La précision du système
ciment (CSTC). Le système de franchissement de d’alerte retenu est d’un signal par mètre carré.
l’échangeur ferroviaire de Groebers met en place Le radier granulaire renforcé par géosynthétiques
deux mesures de protection : (posé sur le système d’alerte) fonctionne comme
◆ injection de béton dans les cavités répertoriées, une poutre supportant la voûte stable de la CSTC.
par exemple les vieux puits ou les galeries (phase La déformation permise au niveau de la voie après ®
Travaux n° 786 • mai 2002 41
GÉOSYNTHÉTIQUES
®
ont été remplis avec du gravier 0/8 mm. Finale- dimension 4,0 m x 4,0 m a été créée. Sept jours
ment, les palplanches provisoires ont été suppri- après l’apparition de cette cavité, on appliqua une
mées (figure 3). La construction du remblai (couche charge statique q = 55 kN/m2 en tête de remblai
par couche) fut supervisée par l’EBA (Office fédé- par un chargement dynamique. Cette cavité fut fi-
ral pour les agréments des Chemins de Fer) et tous nalement élargie aux dimensions 4 m x 9 m et on
les produits livrés furent contrôlés selon la norme lui appliqua les mêmes conditions.
DIN 18200. La figure 5 présente l’utilisation de l’équipement
Pendant la construction plusieurs appareils de me- Dystafit avec un diamètre de plaque de chargement
Figure 4
La première couche de géogrille Fortrac® R sures furent installés sur le système d’alerte, sur de 2,5 m et une masse vibrante supérieure à
1200/100-10 AM avec les systèmes les deux géogrilles et dans la couche de sol traitée 12 000 kg (Neidhart et Watzlaw 1998). Le test de
de mesures au ciment (CSTC) : chargement dynamique a été réalisé avec des
The first geogrid layer : Fortrac® R 1200/100- ◆ 60 appareils mesurant les allongements sur la fréquences de 10 à 27,5 Hz, principalement 27,5 Hz.
10 AM with installed measurement devices première et la deuxième couche de géogrille, des- La mesure induite de la vitesse de vibration était
tinés à la déflexion et l’allongement des couches supérieure à 30 mm/s. La résistance en traction
de géogrille. La première couche de géogrille avec dynamique maximale créée n’était pas supérieure
le système de mesure est présentée figure 4 ; à 464 kN/m.
◆ 6 tubes plastiques pour la mesure des tasse- Après l’agrandissement de la cavité à 4,0 m x 9,0 m,
ments avec des inclinomètres horizontaux. Les le système de protection resta stable. L’énergie
tubes sont positionnés dans la couche de gravier transmise au remblai pendant le chargement dy-
séparant les deux géogrilles, dans le corps et sur namique était égale à l’ensemble de l’énergie gé-
le dessus de la surface du CSTC ; nérée par le passage des trains sur deux voies
◆ 120 cellules de pression pour la mesure des ten- pendant un mois, ce qui était égal à l’énergie trans-
sions biaxiales dans les différentes couches au- mise au remblai pendant le temps défini d’un mois
dessus de la cavité ; sur le système d’alerte. Après l’arrêt du test de
◆ 8 géophones triaxials installés dans les diffé- chargement dynamique, le remblai fut coupé en
rentes couches. sens travers jusqu’à la base pour permettre de vé-
Figure 5 Les contraintes, allongement, et tassements sui- rifier les paramètres mesurés et pour établir la géo-
Chargement dynamique avec Dystafit vants ont été instrumentés par la société Gloetzl métrie réelle de la voûte (figure 6).
après apparition de la cavité de 4,0 m x 4,0 m (Ast. non publié) : Les résultats des paramètres mesurés sont re-
jusqu’à 4,0 m x 9,0 m
◆ tassement à la surface de la couche antigel, au portés figure 7 et correspondent très bien aux ca-
Dynamic loading with Dystafit
after simulation of the cavity with dimensions
CSTC et entre les deux géogrilles ; ractéristiques des calculs théoriques.
from 4,0 m x 4,0 m up to 4,0 m x 9,0 m ◆ contraintes dans la couche traitée au ciment
(CSTC) sous les géogrilles ;
◆ contraintes au bord de la cavité ; ■ CERTAINS ASPECTS
◆ résistance à la traction dans les zones d’an- PRIS EN COMPTE
crage des géogrilles en dehors de la cavité ; POUR LE DIMENSIONNEMENT
◆ vitesse des vibrations de la couche traitée au ci- FINAL
ment.
Dans une première phase de l’essai, une cavité de Le dimensionnement final est basé à la fois sur les
réglementations définies dans l’agrément EBA (Ast
et al. en cours) et sur les résultats des calculs sta-
Figure 7 tiques de la géométrie finale du remblai ferroviaire.
Flèche mesurée et allongement des deux géogrilles
après l’apparition de la cavité 4,0 m x 4,0 m L’objectif principal du calcul aux éléments finis était
Measured deflection and elongation of the both de définir la géométrie stable de la voûte, de pré-
geogrid layers after simulation of cavity 4,0 m x 4,0 m voir la déformation de compression dans la voûte
Figure 6
Découpe du remblai pour vérifier et au niveau de la voie et d’estimer les caractéris-
les paramètres et la géométrie tiques nécessaires des renforcements. En réalité,
de la voûte dans la couche CSTC les derniers calculs présentent une répétition plus
Embankment after cut trough détaillée des calculs statiques réalisés au départ
to verification of measured parameter
du projet (Ast, non publié). Ces derniers ont été réa-
and arch geometry in CSBL
lisés avec la version PLAXIS 7.0. Certaines sections
particulières, une et deux voies, dans chaque cas
pour différentes positions sélectionnées de cavité,
ont été examinées. Le renforcement fut modélisé
par une poutre (largeur 1,0 m) avec module :
◆ pour des charges à court terme, immédiatement
après apparition de la cavité Jk = 65,900 kN/m ;
◆ pour des charges à long terme (dans ce cas un
mois) JL = 29,411 kN/m.
La cavité a été modélisée en deux dimensions com-
■ CONCLUSION
■ RÉFÉRENCES
Le système de protection développé et vérifié par
cet essai en grandeur nature présente une nouvelle ◆ Alexiew, D.1997.
méthode de fondation de remblai ferroviaire dans Bridging a sink-hole by high-strength high-modu-
les zones de type karstique. Ce système combiné lus geogrids, Geosynthetics '97, Long Beach, USA.
– une couche de matériaux granulaires renforcée ◆ Ast, W.1998a, non publié.
par une géogrille (RGRG) et associée à une voûte Felderprobung Groebers, Geotechnische Stellun-
stable dans une couche portante traitée au ciment gnahme
(CSTC) – permet de franchir la cavité en limitant les ◆ Ast, W.1998b, non publié.
déformations des voies à des déformations très Sicherung von Bahnanlagen im Altbergbaugebiet
faibles (l’inclinaison autorisée sur les voies due au bei Groebers gegen Erdfaelle ; Sicherheitstheore-
tassement est limitée à une différence inférieure tische Analyse.
à 1/500°). ◆ Ast, W. & W. Watzlaw (1999).
Le système informatique intégré dans le système Eisenbahnbau in Altbergbaugebieten, Planungsz-
d’alerte permet d’assurer le suivi du sol et de lo- waenge- neue Bautechnik, 25. Lindauer Bausemi-
caliser la position et la géométrie de la cavité qui nar. Hrsg. Fachhochschule Biberach, Wissenschaft
s’est développée. und Baupraxis, Biberach/Riss.
La période d’étude, les essais en grandeur nature, ◆ Ast, W. 2001, H.Hubal & P.Schollmeier, en cours
et les dimensionnements finaux ont permis de dé- de publication.
velopper des procédures capables de permettre la Bewehrter Erdkoerper mit Erdfall Warnanlage fuer
construction de remblais ferroviaires avec le sys- den Eisenbahnknoten Groebers, ETR, Darmstadt.
tème de franchissement présenté ici comme une ◆ Ast, W. W. & H.Hubal (2001), en cours de pu-
méthode sûre et économique. blication. ®
Travaux n° 786 • mai 2002 45
GÉOSYNTHÉTIQUES ABSTRACT RESUMEN ESPAÑOL
Final design Construcción de un franqueo
of an overbridging for railways ferroviario amenazado
endangered by cavities por cavidades, en Groebers
at Groebers
W. Ast, J. Sobolewski y J. Haberland
W. Ast, J. Sobolewski, J. Haberland
Remblais ferroviaires
renforcés sur pieux Wolfgang Vogel
phares
Les remblais sur sols compressibles renforcés par des pieux et des géogrilles à leurs sommets
présentent des avantages indéniables sur des remblais "conventionnels" : indépendance vis-à-
vis du temps de consolidation (le trafic peut commencer immédiatement après la construction),
pas d’apport ni d’excavation de matériau supplémentaire pour accélérer la consolidation ou
pour compenser les tassements, tassement secondaire pendant la période de service quasi-
ment nul, peu d’interférences avec l’environnement, etc.
L’utilisation de ce procédé est en pleine évolution en Allemagne. Les plus importants projets
existants conçus pour les Chemins de fer allemands avec des géogrilles de haute résistance
sont présentés dans cet article qui illustre les différentes évolutions, les matériaux et les agré-
ments.
Les résultats de mesure à long terme sur le "plus ancien" projet sont également développés.
RESUMEN ESPAÑOL
Terraplenes ferroviarios
reforzados mediante
pilotes, en Alemania :
proyectos faro
D. Alexiew y W. Vogel
Figure 1
Mise en place de la géonatte
tridimensionnelle recouverte
de gravillons-bitume en cunette
de déblais
Laying of three-dimensional
geomat covered
with bituminous-bound gravel
in excavated gutter
Florence Comte
DIRECTION TECHNIQUE
◆ par utilisation d’une buse à jet plat, 80 ≤ P, ≤ 160 journées (temps ensoleillé, température ambiante
Sarnafil
bars et EF (température ambiante) ≤ T° ≤ 110 °C. de 25 °C à 30 °C).
Conditions de réalisation
bilier urbain. ®
de l’étude
Lieu
Les essais ont eu lieu aux ateliers municipaux de
la ville de Thiers dans le Puy-de-Dôme (63) le 19
juin 2000 (après-midi) et les 13 (matin + après-
midi) et 14 juin (matin) 2001. Remerciements cha-
leureux à la municipalité et plus particulièrement à
MM. Caillet et Bayle (services techniques) qui se
sont fortement impliqués dans ces essais. Ceux-ci
se sont déroulés sur une aire de lavage des véhi-
cules constituée par une dalle de béton pratique-
ment horizontale, lissée à la règle, présentant par
endroits quelques traces d’usure (légères aspéri-
tés) et bordée d’un côté par un mur d’enceinte en
maçonnerie revêtu d’un enduit taloché fin en par-
fait état formant avec le radier un angle tantôt à
90° et tantôt présentant un congé à 45°. Figure 1
Schéma de principe du support
La météo a été relativement favorable pendant ces
Schematic diagram of the substrate
Tableau II
Parties courantes Parties assemblées Répartition des échantillons
par campagne d’essais
N° géomembranes et Campagne et modes d’assemblage
Epaisseurs Horizontale Angle Sm SM DSM Sc JC JU AT Déf
type de produits d’essais
Breakdown of samples by test
1 PVC1 1 mm 1ère x x x campaign and assembly methods
2 PVC2 1,2 mm 1ère x x x x
3 PVC3 1,5 mm 1ère x x x x
Sm Soudure manuelle
4 PEHD1 2 mm 1ère x x x x SM Soudure Machine
5 PP1 1 mm 1ère x x x x DSM Double soudure machine
6 Bitume E1 4 mm 1ère x x x Sc Soudure par extrusion
JC Joint collé
7 Bitume 01 2ème x x
JU Joint usine
8 EPDM1 1,1 mm 2ème x x x x x AT Assemblage Tape
9 Polyoléfine PF1 2ème x x x x x ART Joint conforme aux règles de l’art
Def Défaut de réalisation
Photo 2
deux géotextiles aiguilletés de 400 g/m2, est pla- Cuvette du barrage
cée sur une couche support en gravillon concassé de Castreccioni
4/7 mm. Le raccordement entre la géomembrane Reservoir basin
et le tapis d’argile est fait sur une risberme située of the Castreccioni Dam
à une cote - 30 m par rapport au niveau des plus
hautes eaux. A ce niveau, la membrane est dispo-
sée sur une couche d’argile compactée de 1 m
et recouverte par 3 m d’argile compactée. Le rac-
cordement à l’extrémité amont du tapis se fait dans
une tranchée de plus de 6 m de large et de 3 à 4 m Structure en fond de bassin
de profondeur.
La protection se présente comme suit : Géomembrane PVC homogène 1,5 mm, non pro-
◆ à proximité du barrage (pente comprise entre tégée, disposée sur un géotextile aiguilleté de
1,5/1 et 2,5/1), par dalles de béton reposant sur 280 g/m2, une couche support de sable compac-
un géotextile de 400 g/m2 ; table de 0,1 m, un géotextile aiguilleté de 500 g/m2,
◆ sur la majeure partie, (pente comprise entre 2,5/1 une couche drainante de 0,4 m, complétée par un
et 4/1) : réseau de collecteur et exutoires, et un géotextile
- géotextile de 400 g/m2, aiguilleté de 500 g/m2, imprégné d’une émulsion
- couche de matériaux alluvionnaires roulés 0/80 mm de bitume pour respecter les conditions de filtre
de 0,5 m d’épaisseur, mise en place à l’avance- par rapport au support argileux. Cette structure a
ment, les engins roulant sur une couche d’au moins été étudiée en prévision de tassements différen-
l’épaisseur finale, tiels pouvant atteindre 1 m.
- couche d’enrochements 100/400 mm de 0,65 m Une auscultation du fond de bassin est assurée
Photo 3
d’épaisseur. par une série de tassomètres et de piézomètres. Bassin de Barlovento ; vue de l’ouvrage
Une risberme intermédiaire est située à 15 m en terminé
dessous du niveau des plus hautes eaux, pour Structure sur talus Barlovento Basin ; view of the completed
faciliter l’approvisionnement des matériaux de pro- (pente : 2,75/1) structure
tection et assurer une meilleure stabilité de cette
couche (photo 2). Les talus sont revêtus sur une hauteur de 20 m
par une géomembrane non protégée en PVC armé
1,5 mm, placée sur un géotextile aiguilleté de
■ BASSIN DE BARLOVENTO 500 g/m2 et une couche de béton poreux. Celle-
(CANARIES) ci assure, outre le drainage sous la membrane,
la résistance mécanique du support à l’action des
Ce bassin est situé dans l’île de la Palma, en vagues (fetch de l’ordre de 600 m). La stabilité au
bordure de mer, à 700 m d’altitude. Il est desti- vent est obtenue par des ancrages en tranchée :
né à l’irrigation. L’étanchéité de l’ouvrage, initiale- ancrage en tête, ancrage en pied, et trois à quatre
ment réalisée par des matériaux naturels en 1976, ancrages intermédiaires sur talus. L’ouvrage a subi
n’a jamais fonctionné. En effet, l’étanchéité des de fortes tempêtes avec des vents de plus de
6 m d’argile volcanique compactée était profondé- 140 km/h, sans dommage (photo 3).
ment altérée par des fissures de retrait. Ces fis- La géomembrane fait l’objet d’un suivi régulier par
sures ne pouvaient pas se refermer lors d’une mise l’administration espagnole et se comporte de fa-
en eau, l’écoulement de celle-ci les maintenant ou- çon très satisfaisante. Les résultats sont reportés
vertes. ci-après dans le paragraphe relatif au comporte-
Toutes les tentatives pour restaurer l’étanchéité ment à long terme des géomembranes PVC.
de cette couche d’argile ont échoué. L’étanchéité
a donc été refaite en 1991/1992 à l’aide d’une
géomembrane en PVC. ■ BARRAGE DE L’ÉCHAPRE
Les caractéristiques principales de l’ouvrage sont : À FIRMINY (LOIRE)
◆ capacité : 5,5 millions de m3 ;
◆ superficie : 250 000 m2 (fond : 80 000 m2 ; ta- Ce barrage est un barrage poids en maçonnerie lé-
lus : 170 000 m2) ; gèrement arqué construit en 1895 pour l’alimen-
◆ profondeur maximale étanchée : 27 m. tation en eau de la ville de Firminy. Sa hauteur ®
Travaux n° 786 • mai 2002 63
GÉOSYNTHÉTIQUES
D. Fayoux
Géomembrane bitumineuse
Dans les réhabilitations de décharges
ou alvéoles de stockage définitif de
Une solution adaptée à des
déchets, les couvertures étanches
doivent non seulement être très du-
rables mais aussi résister à des sol-
licitations mécaniques importantes
dues au tassement différentiel des ’utilisation de dispositifs d’étanchéité par ◆ d’étanchéité à l’eau : il s’agit bien entendu de
matières stockées. Quand ces ma-
tières sont de plus constituées de
L géomembranes est désormais courant dans
le domaine des travaux publics : pas de nou-
velles alvéoles de centres de stockages de déchets
la fonction essentielle ;
◆ d’étanchéité aux gaz pour la maîtrise des flux de
biogaz ;
boues instables par nature, le choix sans étanchéité, pas d’aménagements routiers ◆ de résistance aux sollicitations mécaniques glo-
du dispositif d’étanchéité par géo- sans bassins et fossés étanches… La loi sur l’eau bales ou localisées, en particulier les effets des
est systématiquement prise en compte dans les tassements différentiels ;
membrane mérite une attention par-
nouveaux projets. ◆ de stabilité sur pente, notamment sur celles pré-
ticulière et les entreprises doivent L’expérience acquise est maintenant grande quant vues pour le réaménagement du site ;
faire face à des conditions de chan- à l’utilisation des géosynthétiques, leur assemblage ◆ de durabilité puisqu’il s’agit d’ouvrages défini-
tier difficiles. complexe réalisé en usine ou in situ et l’incorpo- tifs.
ration de ces "sandwiches" constitués de géotex- C’est à ce type de problématique qu’a été confron-
tiles, géomembranes et couches de drainage dans tée la société Tredi à son usine de Hombourg (Haut-
une structure de chaussée, par exemple. Rhin). En effet cette société dont l’activité consiste
Il reste pourtant un domaine dans lequel la connais- à regrouper et traiter des DIS (déchets industriels
sance imparfaite des données géotechniques et spéciaux acides, alcalins, chromatés, cyanurés…)
chimiques du site rend difficile la conception du reçoit chaque année 36 000 t de déchets en vue
dispositif d’étanchéité par géomembrane : il s’agit de leur traitement physico-chimique dans l’usine
des couvertures de stockage de déchets ou des ré- ou de leur élimination sur des filières externes par
habilitations de sites pollués. incinération ou enfouissement profond. Le process
mis en œuvre par la société Tredi la conduit à gé-
nérer des boues d’hydroxydes métalliques inertes
qu’elle doit isoler et stocker dans des "lagunes"
ou alvéoles, équipées de dispositifs équivalents à
ceux des décharges de classe 1.
L’alvéole faisant l’objet de cet article étant totale-
ment remplie, il a été décidé de la réhabiliter en la
couvrant d’un dispositif d’étanchéité et de terre vé-
gétale, et en enfouissant ainsi les boues de façon
définitive. Constituées de matériaux très fins gor-
gés d’eau, ces boues ont formé avec le temps une
croûte de surface solidifiée reposant sur une mas-
En effet, en l’absence de données précises sur les se déformable et de faible portance.
matériaux stockés et sur la façon dont ils ont été De plus, le choix a été fait lors de la conception de
mis en place, il est parfois difficile d’appréhender l’ouvrage de constituer un fossé périphérique sur
les risques de tassements différentiels et les la zone de stockage elle-même, d’un volume suffi-
contraintes mécaniques auxquelles seront soumis sant pour collecter les eaux de ruissellement en
les géosynthétiques, tout en sachant que ces cas d’épisode orageux, et les stocker temporaire-
contraintes sont le plus souvent importantes. ment avant de les envoyer dans un bassin tampon
Destiné à limiter les échanges entre les produits selon un débit maîtrisé, afin ne pas engorger le sys-
stockés et l’environnement, en maîtrisant les infil- tème de traitement des eaux de l’usine.
LES PRINCIPAUX trations des eaux météoriques et les émissions de On comprend que pour la réalisation des 17000 m2
INTERVENANTS gaz, le dispositif de couverture doit également per- de couverture de ce stockage, le choix du disposi-
mettre un réaménagement du site pouvant aller tif d’étanchéité par géomembrane a été précédé
Maître d’ouvrage d’une simple végétalisation jusqu’à l’implanta- d’un examen attentif de ses performances.
Société Tredi à Hombourg tion de nouvelles activités (infrastructures, bâti-
Entreprise d’étanchéité ments…).
Galopin EGC à Wittenheim (Haut-Rhin) Cela justifie donc un soin particulier dans le choix ■ UNE GÉOMEMBRANE BITUME-
Fabricant
des matériaux employés et leur capacité à satis- ÉLASTOMÈRE-SBS – UN CHOIX
Siplast-Icopal à Paris
faire à un cahier des charges exigeant, prenant gé- RÉFLÉCHI
néralement en compte pour le dimensionnement
Usine de Mondoubleau (Loir-et-Cher)
du dispositif d’étanchéité par géomembranes C’est sur ce type de matériaux, et en particulier le
des critères : Teranap GTX 300 de Siplast-Icopal, réalisé par
conditions difficiles
Vue aérienne
contre-collage en usine de la géomembrane Tera- du chantier
nap 331 TP de 3,5 mm d’épaisseur et d’un géo- Aerial view
textile anti-poinçonnant de 300 g/m2, que la société of the site
Tredi et l’entreprise Galopin EGC ont arrêté leur
choix.
Etanchéité à l’eau
ABSTRACT
Bituminous geomembrane
as roofing for storage area
An appropriate solution for
difficult conditions
B. Steiner
Faust Ferand
Applications en réservoirs RESPONSABLE DU DÉPARTEMENT
ETANCHÉITÉ
industriels
Les géomembranes sont couramment utilisées en étanchéité en fond de bassin et de réservoirs.
Mais on peut aussi les employer pour recouvrir ces bassins, soit pour protéger le contenu contre
l’évaporation et la pénétration d’impuretés ou d’eau de pluie, soit pour éviter la diffusion de
gaz ou d’odeurs. La géomembrane assurant cette couverture flotte à la surface du bassin. Sa
surface va donc être variable en fonction du niveau de l’eau dans le bassin, ce qui implique de
localiser la surface en excédent dans des plis. On emploie donc des membranes spécifiques qui
doivent être souples et susceptibles d’être pliées et dépliées. C’est le cas notamment des géo-
membranes en PVC Alkorplan®, armées de grilles polyester. L’article présente en détail cette
technique ainsi que des chantiers réalisés par Griltex, concernant des bassins d’eau potable ou
des bassins industriels.
équipés de systèmes
bicouche
ont été définies à partir des caractéristiques des Norme Unité GT1 GT2 GT3
enrochements de la couche de revêtement exter- Couche de protection (bicouche) Non Oui Oui
ne. Un second système de filtration Bidim a été uti- Ouverture de filtration NF EN ISO 12956 µm 100 80 80
lisé autour des tranchées drainantes horizontales : Nombre de constrictions - - 25-40 25-40 25-40
les contraintes de mise en place étant moins fortes, Indice de vitesse (perméabilité) NF EN ISO 11058 mm/s 85 60 45
il s’agit d’un système monocouche non protégé Résistance au poinçonnement statique NF G 38019 kN 0,9 2 3
dont les caractéristiques de résistance au poin- Allongement NF EN ISO 10319 % 80/70 85/85 85/85
çonnement ont été jugées suffisantes. Tableau I
Ces systèmes de filtration non-tissés ont été choi- Caractéristiques principales
sis car ils apportent des réponses pragmatiques des systèmes de filtration
géotextile utilisés
au concepteur et à l’entreprise : en particulier, ils
Main characteristics
offrent à la fois une solution économique au pro- of the geotextile filtration
blème de filtration dans cette zone géographique, systems used
ainsi que l’assurance de caractéristiques produit
homogènes, constantes et certifiées. Figure 5
Coupe schématique du barrage
de Samira
Schematic cross section
■ BARRAGE DE DZOUMOUGNE of Samira Dam
(ILE DE MAYOTTE)
le fond et sur les côtés pour collecter et diriger l’eau
Ce barrage en terre a été construit en 2000 par drainée vers un caniveau longeant le pied aval (fi-
l’entreprise Colas Océan Indien pour le compte de gure 4).
la collectivité territoriale de Mayotte. Il est utilisé Cette conception permet de contrôler le compor-
pour l’alimentation en eau de l’île. Sa capacité tement de l’ouvrage et de vérifier l'évolution quan-
de stockage maximum est de 2,8 millions de m3, titative (débit) et qualitative (couleur) des eaux
correspondant à un volume de remblai d’environ drainées, signe de problèmes de colmatage des
250000 m3, à une hauteur totale de 24,5 m et une drains ou d’érosion interne du remblai.
longueur en crête de 300 m (figure 2). Le bureau Les systèmes de drainage réalisés avec du gravier
d’études Stucky Ingénieurs Conseils S.A. mission- sont protégés par un système de filtration. Ce sys-
né dans le cadre d’une maîtrise d’œuvre complè- tème de filtration monocouche GT1 (tableau I) ne
te, et en association avec le bureau d’études nécessitait pas de couche de protection supplé-
Mécasol, a dimensionné cet ouvrage avec dans sa mentaire puisque les propriétés mécaniques de la
partie centrale un évacuateur de crues déversant couche filtrante seules étaient suffisantes pour ré-
Figure 6
dans un coursier sur digue en pérré réalisé avec sister aux contraintes de mise en œuvre.
Réalisation de la cheminée
des enrochements de 200 à 400 kg liés par du drainante du barrage de Samira
mastic bitumineux. Une épaisse couche d’enro- avec système de filtration
chements sépare le remblai du coursier. Des deux ■ BARRAGE DE SAMIRA (NIGER) géotextile périphérique
côté du déversoir, les sections du barrage sont réa- Construction of the Samira Dam
chimney drain with peripheral
lisés avec du sol argileux (d85 < 80 µm) de gran- Ce barrage en terre homogène a été construit entre geotextile filtration system
de plasticité (IP de l’ordre de 45 à 50). les mois d’octobre 2000 et de mai 2001 par l’en-
Le parement amont est protégé par un revêtement treprise DTP Terrassements pour alimenter en eau
en enrochements de 60 cm d’épaisseur, compre- une mine d’or. Sa capacité de stockage est d’en-
nant une couche d’enrochements secondaire de viron 4 millions de m3, correspondant à un volume
0/100 kg surmontée d’une couche d’enrochements de remblais de 370 000 m3, une hauteur totale de
primaire de 150 à 500 kg. Un système de filtration 18 m et une longueur totale de 1 000 m.
géotextile bicouche Bidim F60 (GT2 tableau I) a été Le matériau de remblai de ce barrage est compo-
placé entre le remblai et le revêtement en enro- sé d’un sol latéritique très fin, ce qui nécessite des
chements (figure 3). systèmes de filtration très performants autour des
Le système de drainage du barrage consiste en : structures de drainage, combinant à la fois petite
◆ un tapis drainant dans la partie aval du remblai ouverture de filtration et perméabilité élevée. La
penté à 1v/1h pour intercepter les lignes de cou- cheminée drainante verticale (figures 5 et 6) et le
rant dans le corps de la digue ; tapis drainant horizontal en sable a été dimensionné
◆ des tranchées et des lanières drainantes sur par le bureau d’études sud-africain MDM avec un ®
Travaux n° 786 • mai 2002 73
GÉOSYNTHÉTIQUES
■ UN OUVRAGE DE RÉFÉRENCE :
LE BARRAGE DE VALCROS
Cet ouvrage, construit en 1970 à Valcros dans le
Var, est le premier barrage utilisant des géotextiles
pour la fonction filtration. Ces géotextiles non-tis-
sés aiguilletés de filaments continus ont été utili-
sés à la fois autour des tranchées drainantes à la
base du remblai (figure 12), mais aussi sous la
couche d’enrochements anti-batillage disposés sur
le parement amont (figure 13).
UNE RÉNOVATION – LE BARRAGE DE MONTAUBRY (SAÔNE-ET-LOIRE) Le barrage est suivi depuis sa construction concluant
à un comportement général tout à fait normal : le
Ce barrage en terre a été construit au milieu du XIXe siècle en Saône-et-Loire, près du Creusot,
débit d’eau drainé est notamment stable, ce qui
pour alimenter le canal du Centre, reliant la Loire à la Saône. Il possède un parement amont
indique que le système de drainage fonctionne par-
en maçonnerie (figure 9). Les Voies Navigables de
faitement. Par ailleurs, des échantillons des deux
France (VNF) ont décidé de le renforcer. Le bureau
types de géotextile ont été prélevés en 1977 et
d’études Safege a dimensionné une butée de pied
1992 par le LIRIGM de l’université de Grenoble,
aval réalisée en granulat de 0/63 mm, au-des-
soit respectivement après 6 et 21 années de ser-
sus d’un tapis drainant en gravier protégé par un
vice. Au cours de la dernière campagne de prélè-
système de filtration bicouche Bidim F60 (figures
vements, des coupes et des lames minces des
10 et 11). L’entreprise Pélichet S.A. a commencé
échantillons ont été analysées au microscope à
les travaux en 2001 sous le contrôle de la subdi-
transmission.
vision DDE de Montceau-les-Mines.
La figure 14 montre un exemple de ces coupes :
les particules de sol du barrage à filtrer (taches
Figure 9
blanches) sont stabilisées à l’intérieur des pre-
Parement amont maçonné du barrage mières couches de filaments du non-tissé (points
de Montaubry noirs). Ces particules de sol ne peuvent pas bou-
Bricked upstream facing ger car elles sont confinées proches de l’interface
of Montaubry Dam par la couche de sol sus-jacente et les filaments
du non-tissé en aval.
A l’intérieur de cette zone d’interface, entre le sol
et le géotextile, le LIRIGM a observé qu’il y avait
moins de particules fines que dans le sol naturel :
une structure très perméable correspondant à un
Figure 11 filtre granulaire a été créée. Malgré les écoulements
Construction de la recharge du barrage
de Montaubry sur tapis drainant Figure 10 alternés, on peut observer un pontage des parti-
granulaire protégé par le système Coupe schématique du barrage de Montaubry cules de sol entre les filaments : le squelette du
de filtration bicouche Schematic cross section of Montaubry Dam sol (les particules du sol les plus grosses qui sont
Construction of the shoulder en contact les unes avec les autres) forment des
of Montaubry Dam on granular draining ponts entre les constrictions délimitées par les fi-
mat protected by the two-layer
filtration system laments et maintiennent le sol au-dessus. Les par-
ticules de sol les plus fines proches du système
®
Travaux n° 786 • mai 2002 75
GÉOSYNTHÉTIQUES
est fait, a permis de mieux comprendre les méca- Three new dams equipped Tres nuevas presas dotadas
nismes d’interactions entre particules de sols et fi- with two-layer geotextile de sistemas de filtración
filtration systems mediante geotextil
laments d’un géotextile non-tissé, d’améliorer les
en doble capa
critères de dimensionnement des systèmes de
O. Artières
filtration géotextile. Pour plus de détails, le lecteur O. Artières
intéressé pourra se référer à la publication du même The first earth dam equipped with fil-
auteur qui sera présentée lors de la prochaine confé- tration geotextile was built in France La primera presa de tierra dotada de
rence internationale sur les géosynthétiques qui se in 1970. This benchmark structure has geotextiles de filtración fue construida
déroulera du 22 au 26 septembre 2002 à Nice. made it possible to analyse the long- en Francia en 1970. Esta estructura
Ces informations ont également permis de déve- term behaviour of geotextiles. The sizing de referencia ha permitido analizar el
lopper de nouveaux produits adaptés à cette fonc- rules have been improved and more comportamiento a largo plazo de los
tion pour offrir à la fois plus de tolérance vis-à-vis reliable filtration systems developed. materiales geotextiles. Las reglas de
des hétérogénéités de terrain, un dimensionnement These products were used in the cálculo dimensional se han mejorado
plus facile, et une meilleure sécurité à ces ouvrages construction of three recent dams and y al mismo tiempo, se han desarrollado
in rehabilitation of an old structure. sistemas de filtración más seguros.
sensibles. C’est le cas de la gamme de systèmes
Estos productos se han utilizado para
de filtration "Bidim F" qui a été notamment utilisée
la construcción de tres presas recientes
dans plusieurs barrages. y, asimismo, para la rehabilitación de
una antigua estructura similar.
Réhabilitation de réseaux
en terre sans tranchée
Les polymères une solution
pour la réhabilitation
Les travaux sans tranchées sont de plus en plus utilisés dans le cadre de la réhabilitation de
réseaux en milieu urbain. Le chemisage continu polymérisé en place est devenu grâce à l’évo-
lution des matériaux une technique incontournable. TDR a su améliorer cette technique en in-
cluant des chemises à revêtement intérieur et extérieur.
Photo 1
’entreprise TDR (Technique De Réhabilita-
L
Chemise principale
tion), filiale de Montcocol, est spécialisée
Main sleeve
dans la réhabilitation de réseaux non visi-
tables. Le chemisage continu polymérisé en place
constitue la part la plus importante de son activi-
té. Cette technique utilisée depuis plusieurs an-
nées dans les pays anglo-saxons et germaniques
est une réponse adaptée aux problèmes rencon-
trés lors de la remise en état de réseaux en milieu
urbain ou site protégé.
En effet les techniques traditionnelles de réhabili-
tation nécessitent l’ouverture de tranchées sous
chaussées ou trottoirs pendant une durée assez ■ ORGANISATION
longue occasionnant : D’UN CHANTIER
◆ des risques de détérioration de réseaux voisins
(EDF, eau potable, gaz, téléphone, chauffage ur- Un chantier de chemisage se déroule toujours de
bain…) ; la façon suivante :
◆ des problèmes de circulation dus aux rétrécis- ◆ stocker ou dériver les effluents en amont ;
sements de chaussées ; ◆ découper les obstacles dans la canalisation (bran-
◆ des difficultés d’accès (commerces, riverains…) chements pénétrants, racines, laitance…) ;
et des risques d’accidents. ◆ curer et retirer les dépôts ;
Les excellents résultats obtenus en terme de ré- ◆ contrôler l’état d’accueil initial de la canalisation
sistance et d’écoulement des conduites rénovées et repérer les branchements (nouvelle inspection) ;
par "gainage", la faible emprise nécessaire lors de ◆ chemisage ;
l’exécution des travaux et le délai d’intervention ré- ◆ essais d’étanchéité ;
duit font de cette technique une solution de plus ◆ ouverture des extrémités et branchements éven-
en plus appréciée pour la réhabilitation de réseaux tuels.
en site urbain.
A titre d’exemple, le groupement d’entreprises DEHE
TP, TP 2000, Sogea, vient de confier à TDR la ré- ■ MISE EN ŒUVRE
novation du collecteur eaux usées Cours Mirabeau SUR CHANTIER
à Aix-en-Provence. Une nuit, c’est à peu près le
temps qui a été nécessaire à la réhabilitation TDR a opté pour le principe dit "de polymérisa-
des 226 m de canalisations. tion par eau chaude". L’introduction de la chemi-
Lors de la première phase de travaux le remplace- se principale est effectuée depuis le véhicule réfrigéré
ment d’une conduite identique à ciel ouvert sur le par tractage à partir de l’un des regards de visite.
même site avait pris plusieurs semaines avec les La chemise principale est ainsi disposée sur tou-
gênes déjà citées ci-dessus. te sa longueur sur le radier de la canalisation exis-
La réussite d’une telle intervention est condition- tante (photo 1).
née par trois facteurs : La chemise d’inversion est introduite depuis une
◆ la préparation et l’organisation ; tour érigée au droit du regard de visite de départ.
◆ la technique ; Sous l’effet de la mise en eau la chemise d’inver-
◆ le matériau. sion plaque la chemise principale sur la paroi de ®
Travaux n° 786 • mai 2002 77
GÉOSYNTHÉTIQUES
Enveloppe extérieure
Les résines
Photo 3
Centrale
de chauffage La résine utilisée le plus souvent appartient à la
Heating plant famille des résines polyesters insaturées. D’autres
résines peuvent être employées pour des appli-
cations spécifiques sur demande.
® la canalisation existante au fur et à mesure de son
avancement (photo 2). L’imprégnation
Les tuyaux de refoulement et d’aspiration d’eau
chaude sont accrochés à mi-longueur et entraînés Les chemises proposées sont pré-imprégnées sous
jusqu’à l’extrémité de la chemise d’inversion (pho- vide en usine ce qui permet d’assurer un produit
to 3), la pression de la colonne d’eau atteint 0,6 à standard de qualité constante. Toute la chaîne d’im-
0,7 bar. prégnation est soumise à contrôles (certification
Les tuyaux de refoulement et d’aspiration sont en- ISO 9001). L’approvisionnement du chantier est
suite reliés à une station de chauffage en poste assuré par des véhicules réfrigérés.
dans un camion atelier. La température de l’eau La qualité du produit final est obtenue grâce à l’ho-
est élevée graduellement jusqu’à 90 °C environ. mogénéité de la polymérisation.
Celle-ci est contrôlée et régulée par des capteurs Cette technique brevetée et dont TDR détient l’ex-
jusqu’à complète polymérisation. Le produit fini, clusivité en France permet de repousser les limites
composé des deux chemises (principale et inver- du chemisage.
sion), constitue le chemisage. Il est par exemple courant de chemiser sur de
grandes longueurs (200 à 300 m) en une seule
Matériau utilisé fois. La section de la canalisation n’est plus un
obstacle. La réalisation d’un T130 à Croissy-sur-
La matrice est composée de quatre couches, dé- Seine sur 350 m nous conforte dans l’idée que
crites ci-après en partant de l’extérieur du chemi- le chemisage peut être une solution variante à la
sage vers l’intérieur (figure 1) : réhabilitation de collecteurs semi-visitables.
◆ chemise principale : Montant estimé de l’ouvrage : 35 000 euros pour
- (1) une enveloppe en film plastique constitué en 226 m de diamètre nominal 250 millimètres.
de l’aéroport international
de Mazatlan au Mexique
Photo 1
Piste de l’aéroport
de Mazatlan
Runway
of Mazatlan Airport
Photos 2 et 3
Géotextile imprégné
sur les joints
des dalles béton
Impregnated geotextile
on the concrete slab joints
inci Concessions est partenaire du groupe
ildare est une petite ville de 5 000 habi- ◆ étanchéité dans la partie subaquatique de son
Photo 2
Coupe type et construction
de la couche drainante
Typical cross section
and construction
of the draining layer
Photo 3
Pose de la membranne
Laying the membrane
Photo 4
Circulation des engins
Machinery traffic
RESUMEN ESPAÑOL
Instalación
de una geomembrana
Coletanche NTP 3
en la variante de Kildare
(República de Irlanda)
B. Breul
Fonctionnement de la barrière
Photo 1
a société Allevard, leader européen des aciers
L
Vue générale
pour ressorts, produit annuellement 180000 du terril
tonnes d’acier dans son aciérie du Cheylas General view
près de Grenoble (38). of the waste heap
Pour satisfaire aux exigences du nouvel arrêté pré-
fectoral régissant la décharge interne dans laquel-
le les poussières générées par le four à arc étaient
déposées, Ascométal Allevard a décidé de créer
des alvéoles de 2 x 2 500 m2 par 10 m de haut,
isolées du milieu environnant par un dispositif de
confinement étanche et recouvertes d’un revête-
ment végétalisé (photo 1).
■ SYSTÈME DE CONFINEMENT
Photo 2
Le dispositif d’étanchéité, de couverture et de vé- Robot de soudure
gétalisation choisi est composé d’une géomem- Welding robot
brane de polyéthylène haute densité Teraline 1,5 mm
(photo 2) assemblée par thermosoudure à l’air
chaud, et d’une couche de protection végétale de
300 mm dont la stabilité est assurée par une nap-
pe d’ancrage Teracro. La géomembrane a été ins-
tallée sur un géotextile tissé servant de couche
séparatrice de propreté sur les matériaux fins du
terril.
■ CONTRÔLE DE LA QUALITÉ
ASSOCIÉ À LA POSE
DE LA GÉOMEMBRANE
Photo 3
La thermosoudure des géomembranes thermo- Contrôle à la cloche à vide
plastiques s’effectue par des robots de soudure à Inspection
air ou fer chaud (photo 2), de façon à fusionner les in vacuum chamber bell jar
matières en contact par recouvrement ; une pres-
sion appliquée par la machine assure le contact et Photo 4
l’homogénéité du joint de soudure (double soudu- Contrôle de la qualité
des soudures par essai de traction
re).
Weld quality control
Cette technique pointue nécessite une équipe spé-
by tensile test
cialisée et le suivi d’un plan de travail prédéter-
miné. La qualité de la soudure dépend entre autres tant l’injection d’air sous pression ; la soudure est
de la température de la machine, de la tempéra- décrétée bonne si cet essai ne révèle pas de per-
ture extérieure, du degré d’humidité, de la vitesse te de pression.
d’avance du robot et de la pression d’assemblage. Aux carrefours de trois panneaux de géomembra-
C’est pourquoi, chaque demi-journée, les machines ne, appelés point triples, des pièces de forme gé-
à souder sont étalonnées afin d’intégrer ces para- néralement circulaires sont rapportées et soudées
mètres au moyen de tests de pelage et de ci- par extrusion. L’étanchéité de ces pièces est en-
saillement effectués sur des échantillons de soudure suite testée par une cloche à vide (photo 3) appli-
prélevés (photo 4). Les soudures réelles sont en- quée sur la zone à contrôler, produisant une
suite testées par la méthode de contrôle à l’air dépression. Un liquide savonneux révèle ou non
comprimé : la technique de la double soudure as- par bullage la présence d’un défaut lors de l’aspi-
sure en effet un canal central non soudé permet- ration. ®
Travaux n° 786 • mai 2002 89
GÉOSYNTHÉTIQUES
®
L’ensemble de ces procédures, appelées tests des- forts du poids des terres, avec une résistance
tructifs et non destructifs, nous renseigne respec- de 200 kN/ml intégrant un coefficient de sécuri-
tivement sur la qualité des soudures en terme de té.
résistance et sur leur étanchéité. Sur ce fond très résistant, des reliefs linéaires tex-
tiles de 20 cm de hauteur sont assemblés en
■ STABILITÉ DE LA COUCHE usine suivant un procédé spécifique de liaison.
DE PROTECTION La photo 5 illustre le produit.
Ces reliefs transverses sur la pente fonctionnent
La couche de protection en terre végétale exerce comme un pare-avalanche et limitent fortement les
une force vers le bas qui ne peut pas être reprise phénomènes de ravinement.
par la force de friction opposée de la géomem- En raison des efforts importants transmis par la
brane lisse. couverture de terre végétale sur le Teracro, l’an-
De plus, il ne serait pas souhaitable de transmettre crage a été étudié et dimensionné pour reprendre
à la géomembrane des efforts de cisaillement alors la force de traction dans le produit.
que son rôle principal est celui d’assurer la fonc- La photo 1 illustre le projet achevé et le dévelop-
tion d’étanchéité. Compte tenu de l’inclinaison (45 pement en cours de la végétation sur le terril. L’ou-
degrés) et des longueurs de pentes, la structure vrage a bien résisté aux violents orages subis depuis
Teracro a été dimensionnée pour reprendre les ef- l’implantation de la végétation.
Photo 5
Vue du produit Teracro
View of the Teracro product