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F é d é r a t i o n n a t i o n a l e d e s t r a v a u x p u b l i c s
JUILLET-AOÛT 2003
◆
RECHERCHE ET INNOVATION
n°799
• LA RECHERCHE
ET L’ÉTAT
• LA RECHERCHE
UNIVERSITAIRE
Recherche
et innovation
TRAVAUX
• LA RECHERCHE
PARTAGÉE
• LA RECHERCHE
PROFESSIONNELLE
• LA RECHERCHE
DANS LES
ENTREPRISES
• LA RECHERCHE
DANS L’INGÉNIERIE
N°799
sommaire
ISSN 0041-1906
juillet-août 2003
Travaux
numéro 799 Recherche et innovation
éditorial 1
Daniel Tardy
Notre couverture
Le pont de Rion Antirion
actualités 6
© VINCI
matériels 12
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION
Roland Girardot
PRÉFACE
Michel Ray 19
RÉDACTION
Roland Girardot et Henry Thonier LA RECHERCHE ET L’ÉTAT
3, rue de Berri - 75008 Paris
Tél. : (33) 01 44 13 31 44
SECRÉTAIRE DE RÉDACTION
◆ Le RGC&U : un instrument de recherche
pour la profession
- RGC&U : a research instrument for the industry
20
Françoise Godart A. Colson
Tél. : (33) 02 41 18 11 41
Fax : (33) 02 41 18 11 51
Francoise.Godart@wanadoo.fr
◆ Vingt-cinq innovations labellisées par le comité IVOR
- Twenty-five innovations labelled by the IVOR Committee
H. Thuillier
24
VENTES ET ABONNEMENTS
Agnès Petolon
10, rue Clément Marot - 75008 Paris
◆ La recherche au LCPC par des exemples
- Examples of research at French road and bridge
research institute LCPC
32
Tél. : (33) 01 40 73 80 05 J. Roudier, L. Delattre
revuetravaux@wanadoo.fr
France (11 numéros) : 163 € TTC
Etranger (11 numéros) : 200 €
◆ De pont à bridge par OA_Express. Vers un standard
international d’échange de données de projets de ponts
- From "pont" to "bridge" via OA_Express. Towards
38
Etudiants (11 numéros) : 56 € an international standard for data interchange on bridge
Prix du numéro : 20 € (+ frais de port) projects
MAQUETTE Ph. Brehmer, J. Gual, Cl. Simon, G. Veylon
T2B & H
8/10, rue Saint-Bernard - 75011 Paris LA RECHERCHE UNIVERSITAIRE
Tél. : (33) 01 44 64 84 20
PUBLICITÉ
Régie Publicité Industrielle
◆ Contribution des universitaires à la recherche,
au développement et à l’innovation en génie civil.
Organisation de la recherche universitaire et partenariats
43
Isabelle Duflos avec les entreprises
61, bd de Picpus - 75012 Paris - Contribution of university staff to civil engineering
Tél. : (33) 01 44 74 86 36 research, development and innovation. Organisation
of university research and partnerships with companies
Imprimerie Chirat
Divers auteurs
Saint-Just la Pendue (Loire)
51
de ses lecteurs, à permettre l’expression
de toutes les opinions scientifiques et techniques. ◆ Le Projet National CRITERRE
Mais les articles sont publiés sous la responsabilité
de leurs auteurs. L’éditeur se réserve le droit - Le Projet National CRITERRE
de refuser toute insertion, jugée contraire aux intérêts
de la publication. G. Verrier, P. Le Tirant
Tous droits de reproduction, adaptation,
totale ou partielle, France et étranger,
sous quelque forme que ce soit, sont expressément LA RECHERCHE PROFESSIONNELLE
réservés (copyright by Travaux).
Ouvrage protégé ; photocopie interdite, même partielle
(loi du 11 mars 1957), qui constituerait contrefaçon
(Code pénal, article 425).
◆ L’innovation, les entreprises françaises
et les initiatives européennes
- Innovation, French companies and European initiatives
58
Editions Science et Industrie S.A.
3, rue de Berri - 75008 Paris V. Cousin
Commission paritaire n° 0106 T 80259 ◆ Recherche et innovation dans la profession routière ®
Travaux n° 799 • juillet-août 2003 3
sommaire
Dans les prochains numéros
Environnement
®
juillet-août 2003
Recherche et innovation
- Research and innovation in the highway
engineering industry
Ph. Gresset, L. Maison
65
LA RECHERCHE DANS LES ENTREPRISES
Travaux urbains ◆ Appia fait rimer recherche et développement durable
- Appia performs research for sustainable development
J.-P. Antoine, J. Marcilloux
69
Réhabilitation
◆ Le Concours international de l’Innovation du groupe Colas
- The International Innovation Contest of Colas Group
J.-P. Reymonet
72
◆ L’exploitation du Prix de l’innovation VINCI 2001
chez Eurovia
- Exploitation of the VINCI 2001 Prize for Innovation
76
d’ouvrages at Eurovia
M. Cyna
◆ Recherche, développement et innovation, moteurs
du développement international
- Research, development and innovation, driving forces
80
Ponts for international development
D. Gouvenot, J.-P. Hamelin
◆ L’innovation chez Spie au cours des cinq dernières
années
- Innovation at Spie over the last five years
84
International P. Chassagnette
◆ Prix de l’Innovation VINCI 2003. Sa nouvelle formule
stimule et favorise la créativité
- VINCI 2003 Prize for Innovation. Its new formula
88
stimulates and encourages creativity
Routes P. Coppey
Sols
◆ Egis : toujours plus d’innovation, pour les maîtres
d’ouvrages, avec les entreprises
- Egis : ever more innovation, for the contracting
94
authorities, with the contractors
M. Ray, J.-M. Morin, M. Croc, S. Ghobad
et fondations
◆ La recherche appliquée et l’innovation au LERM
- Applied research and innovation at the LERM
A. Ammouche
98
ABONNEMENT
Eau
TRAVAUX
Encart après p. 48
répertoire
des fournisseurs
102
INDEX DES ANNONCEURS
APPIA.........................................................2 OTUA .............................3È DE COUVERTURE
CNETP .....................................................13 SIKA SA .........................2È DE COUVERTURE
Terrassements EGIS GROUPE...........................................18 SMA BTP..................................................15
IDETEC ......................................................4 SOLETANCHE BACHY ..................................9
IHC ..........................................................11 SPIE FONDATIONS ....................................87
JEAN D'HUART............................................7 SYNDICAT DES MATÉRIAUX ÉRUPTIFS ........79
JMB MÉTHODES .......................................31 VINCI CONSTRUCTION GRANDS PROJETS .......
LERM.........................................................4 .....................................4È DE COUVERTURE
Le RGC&U : un instrument
La création du réseau est présentée
dans la continuité du Plan Génie ci-
pour la profession
vil et dans le cadre national des ré-
seaux de recherche et d’innovation
technologiques mis en place à partir
de 1999. Le mécanisme de labellisa-
tion des projets, qui représente une ■ PRÉSENTATION GÉNÉRALE peut à tout moment proposer ou suggérer une ac-
part importante de l’activité du Co- DU RÉSEAU tion ou un programme de recherche. Le comité
d’orientation, après examen approfondi conduit par
mité d’orientation, est décrit. Une at- Le Réseau Génie Civil et Urbain (RGC&U) a été créé des rapporteurs et délibération en composition plé-
tention particulière est consacrée à en avril 1999 dans la continuité du Plan génie ci- nière, peut accorder son label au projet de recherche
la seconde part importante de l’acti- vil. C’est l’un des seize réseaux de recherche et s’il estime le projet pertinent et réaliste tant dans
d’innovation technologiques mis en place conjoin- sa thématique que dans son organisation et sa fai-
vité du Comité qui consiste à mener
tement par le ministère de la recherche et les mi- sabilité.
une réflexion prospective sur les fu- nistères spécialisés pour développer et intensifier L’un des critères les plus importants examiné en
tures thématiques de recherche à le couplage entre la recherche publique et les en- vue de la "labellisation" est la composition du par-
soutenir par le réseau et les enjeux treprises. C’est naturellement le ministère de l’Equi- tenariat qui doit être le plus ouvert et le plus re-
pement qui est associé au ministère de la Recherche présentatif possible, tout en se limitant à un chiffre
qui y sont associés pour la profes-
pour assurer la tutelle du RGC&U. garant de la faisabilité. Les partenaires potentiels
sion. L’article se termine par un bi- L’organe "fort" de pilotage du réseau est son co- sont les "grands acteurs" de la profession : maîtres
lan chiffré de l’activité du réseau qui mité d’orientation, sur lequel nous reviendrons d'ouvrage publics et privés, maîtres d'œuvre, ingé-
démontre tout l’intérêt de cette pro- ultérieurement, composé pour 75 % de personna- nierie, architectes, entreprises, industriels, labora-
lités du monde des entreprises et des secteurs toires publics et privés. Pour être labellisé un projet
cédure incitative qui se traduit par
économiques et professionnels concernés et pour doit rassembler un nombre suffisamment significatif
un réel engagement de la profession, 25 % par des personnalités du monde "acadé- de ces partenaires potentiels. A ce jour on peut dis-
tant sur le plan financier que sur ce- mique". Ainsi à côté d’établissements ou d’orga- tinguer deux catégories de projets : les projets na-
lui de la définition des thèmes de re- nismes publics ou semi-publics – Laboratoire central tionaux essentiellement gérés par l’IREX (Institut
des Ponts et Chaussées, laboratoires universitaires de Recherche appliquée et d’Expérimentation en
cherche. Il reste à amplifier largement
et d’écoles d’ingénieurs, Centre scientifique et tech- génie civil) qui comportent de 20 à 40 partenaires
ce dispositif, notamment son budget, nique du Bâtiment, centres techniques spéciali- émanant pratiquement de toutes les catégories ci-
pour atteindre un volume d’activité sés,… – qui définissent et conduisent leur politique dessus, et les projets RGCU "standards" de taille
en rapport avec l’importance du sec- de recherche, la profession dispose-t-elle d’un ins- plus réduite, trois à huit partenaires représentant
trument de pilotage direct, sur une masse finan- trois ou quatre des catégories ci-dessus.
teur économique du bâtiment et des
cière certes limitée mais quand même significative, A partir du moment où un projet est labellisé, il peut
travaux publics et ainsi maintenir une des aides publiques à la recherche. faire l’objet d’une aide financière de l’Etat, dans la
capacité d’innovation indispensable Le principe fondamental de fonctionnement des ré- limite des possibilités budgétaires annuelles, qui
à la compétitivité des entreprises. seaux de recherche et d’innovation technologiques est fixée à un maximum de 20 % du coût global du
est la procédure dite "bottom-up" qui est une for- projet pour les projets nationaux et 20 à 40 % pour
me d’appel à propositions permanent sur une (ou les projets "dits" standards.
des) thématique(s) déterminée(s) et reconnues prio- Au-delà de l’activité de labellisation des projets, le
ritaires (cf. encadré "Liste des huit thèmes actuels"). RGC&U organise ou contribue à l’organisation de
Ainsi toute entreprise ou groupement de partenaires diverses manifestations de communication et de
promotion comme "Les entretiens du RGC&U" ou
Essai sur la plate-forme
du LCPC d’un voussoir les journées techniques de l’IREX. Les Entretiens,
préfabriqué de tunnel organisés conjointement avec la FNTP, la FFB, l’IREX
en béton de fibre. et le Réseau doctoral génie civil, se tiennent sys-
Projet National BEFIM
(Béton armé de fibres tématiquement au mois de janvier de chaque an-
métalliques), terminé née et sont destinés à approfondir les contacts
en 2002 entre les professionnels et les doctorants.
Testing, on the LCPC
platform,
of a prefabricated
fibre-reinforced ■ LE COMITÉ D’ORIENTATION
concrete tunnel DU RGC&U : SON RÔLE
segment. National
BEFIM project
ET SON FONCTIONNEMENT
(metallic fibre
reinforced concrete), Il est composé de 23 personnes venant du panel
completed in 2002
représentatif des "grands acteurs" de la profession
© LCPC
de recherche
Etude de la réponse et dans le but d’être plus pertinent dans ses conseils
dynamique de poutres et recommandations le comité entreprend une re-
en béton armé atteintes
d’alcali-réaction : projet définition de ses huit thèmes de départ, en vue,
RGC&U "Evaluation aussi, d’une meilleure lisibilité et d’une meilleure
dynamique des ponts" attractivité. Les toutes premières réflexions sug-
Study of the dynamic gèrent de regrouper certains thèmes, pour en sim-
response of reinforced
concrete girders affected plifier la présentation, tout en distinguant les enjeux
by alkali-aggregrate socio-économiques d’une part et les enjeux tech-
reaction : RGC&U project nologiques d’autre part car les "leviers d’action"
on "Dynamic assessment
of bridges"
vis-à-vis de ces deux types d’enjeux sont certai-
nement différents. Les conclusions de ces travaux
seront sur le site électronique du réseau dès l’été
2003.
© LCPC
LABELLISÉS
Actuellement 49 projets sont en cours de réalisa-
® à un problème plus général de communication. Le
secteur du BTP souffre du caractère peu média-
tion, dont 39 ont reçu le label RGC&U. Les dix autres
avaient débuté sous l’égide du Plan génie civil et
tique de son activité et malgré la bonne volonté de ont été repris pour leur suivi. La liste exhaustive,
ses acteurs ne parvient pas à "remonter la pente". avec cinq à dix lignes de présentation de chaque
Le comité entreprend en 2003, avec l’aide d’un projet, figure sur le site électronique du réseau et
professionnel de la communication, une action de accompagne le bilan des Entretiens 2003 [2].
valorisation des résultats des recherches qu’il sou- En moyenne le comité labellise chaque année une
tient, tant en direction des utilisateurs potentiels dizaine de projets : 7 en 1999 et 2001, 12 en 2000
qu’en direction des milieux éducatifs espérant ain- et 13 en 2002. Les financements publics annuels,
si toucher de manière pérenne les familles et le qui ne sont pas "synchrones" des labellisations
grand public au niveau de l’image de la profession. car les délais de montage administratifs introdui-
Sur le thème de l’urbain, c’est une action plus di- sent des décalages, sont en moyenne de 3,6 M€
recte qui a été choisie puisque le comité a lancé pour un financement privé correspondant de 11,2 M€.
dès le printemps 2002 un appel à propositions sur Ainsi la part du financement public s’établit à 25 %
la thématique : "Technologie des infrastructures du coût total de la recherche. En d’autres termes
urbaines". Cet appel à propositions vient complé- le financement incitatif de l’Etat génère "un effet
menter la procédure "bottom-up" d’appel perma- de levier" de 4, ce qui est un résultat qualitative-
nent. Quatre projets ont été labellisés dès l’été ment positif en regard de l’objectif premier des ré-
2002 sur un total de 13 propositions. D’autres seaux de recherche et d’innovation technologique
pourront l’être car la thématique reste "ouverte". qui est d’assurer "le couplage" de la recherche pu-
Pour ce qui est de l’environnement, aujourd’hui on blique et des entreprises.
utiliserait plus volontiers le terme développement Ainsi la profession peut être "satisfaite" de son ré-
durable (ou mieux soutenable), il a fallu un peu plus sultat et considérer que le RGC&U est un "instru-
de temps pour faire émerger un enjeu très fort sur ment" qu’elle utilise avec pertinence tant de son
lequel il y a maintenant un réel consensus : "la vul- propre point de vue que de celui de l’Etat. Cepen-
nérabilité des infrastructures vis-à-vis du change- dant cette satisfaction qualitative ne doit pas mas-
ment climatique". L’appel à propositions quer le problème quantitatif qui est celui du montant
correspondant a donné lieu à 18 propositions par- total des financements dédiés à la recherche en
mi lesquelles trois ont été labellisées rapidement. génie civil par rapport à d’autres secteurs profes-
Là aussi d’autres projets pourront être réexaminés sionnels. Le comité se fixe comme objectif à 3 ans
après prise en compte des avis du comité émis lors de passer d’un financement public de 3,6 M€ à
du premier examen. 6 M€, ce qui, sur la base des ratios ci-dessus cor-
Le caractère transversal, et systémique, de ces respondrait à un montant total de recherche de
deux appels à propositions traduit l’évolution de la 24 M€. Ce chiffre apparaît comme tout à fait réa-
recherche en génie civil évoquée par François Per- liste compte tenu du nombre de projets qui sont
drizet dans une récente préface de la revue Travaux dans les "cartons" et de l’intérêt croissant des par-
[1]. Cette évolution est rendue nécessaire par la tenaires potentiels pour cette recherche collabo-
complexité des problèmes qui sont à résoudre main- rative. C’est par ailleurs un taux de croissance
tenant, dans un contexte de compétitivité accrue essentiel pour maintenir et développer l’innovation,
et dans une situation économique pour le moins au sens large, dans les métiers du bâtiment et des
"fluctuante". Afin de se donner de nouveaux repères travaux publics.
RESUMEN ESPAÑOL
El RGC&U : instrumento
de investigación
para la profesión
A. Colson
Vingt-cinq innovations
Qu’y a-t-il de commun entre les pan-
neaux KLH, le coulis Ecosol®, la tech-
nique des âmes plissées, le collage
par le comité IVOR
de TFC, le PIMM®, les fusibles de la
couverture PSD et la chasse auto-
matique pour drains siphons ?
Ces matériaux et ces procédés de ■ LE COMITÉ IVOR nent les éléments techniques de validation des in-
construction ont, parmi 25 autres, novations, sont publiées par la DRAST et diffusées
Créé en 1994 par les ministres chargés de l’Equi- à 8000 exemplaires aux acteurs du génie civil
reçu le label délivré par le comité pement et de la Recherche, le comité IVOR (ou co- (maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre publics et
IVOR (Innovations Validées sur Ou- mité des ouvrages de référence) est à l’heure actuelle privés, architectes, entreprises, bureaux d’études,
vrages de Référence). présidé par M. Georges Mercadal, vice-président industries).
de la Commission nationale du débat public. Il est Une appréciation sur l’innovation et un dossier tech-
composé de onze personnalités de compétence et nique de validation sont associés au label et consti-
d’impartialité reconnues et se réunit au moins deux tuent le dossier de référence, mis à disposition des
fois par an pour décider des labellisations. La Mis- maîtres d’ouvrage publics ou privés.
sion génie civil de la DRAST (Direction de la Re-
cherche et des Affaires Scientifiques et Techniques)
assure le secrétariat du comité. ■ LES LABELS IVOR
L’application Les réponses à l’enquête de satisfaction, menée
de la technique
de la précontrainte
en 1997-98 par le secrétaire du comité, attribuaient
par post-tension au label IVOR une forte image "TP/ouvrages
à un dallage industriel d’art/grandes entreprises".
Application Depuis 1999, les domaines d’application des in-
of the post-tension novations labellisées se sont diversifiés. A ce jour,
prestressing technique
to industrial slabbing le "bâtiment" compte deux ouvrages de référence,
de même que le domaine fluvio-maritime ; huit la-
bels sur 25 concernent la géotechnique et dix concer-
nent la construction, la réparation ou la déconstruction
des ponts. D’autre part, sur les 14 labels attribués
depuis 1999, neuf innovations sont portées par
des PME ou des TPE.
Panneaux structurels
en bois massif Les 25 labels en bref
contrecollés KLH
Structural panels Dans le domaine du bâtiment
of glue-backed ◆ L’application de la technique de la précontrainte
massive wood, KLH par post-tension à un dallage industriel sollicité
par des charges lourdes et variables.
L’ouvrage de référence est un dallage de l’usine
du groupe O.C.G. Cacao S.A. à Grand Quevilly (Sei-
ne-Maritime), pour lequel le maître d’ouvrage ne to-
lérait aucune fissuration pour des raisons sanitaires.
Innovation de VSL France, cette technique exige,
pour être efficace, que les forces de précontrainte
mises en œuvre soient établies dans l’épaisseur
Le comité IVOR a pour objet de faciliter la valida- de la dalle, celle-ci étant par-là comprimée préala-
tion des innovations techniques mises en œuvre blement à sa mise en service. L’interface dalle-sol
avec succès dans des ouvrages de référence, et a donc été rendue glissante pour limiter les pertes
d’en encourager la diffusion. A cette fin, il attribue par frottement de la précontrainte dans le sol lui-
son label aux innovations jugées intéressantes sur même.
la base d’une expertise réalisée majoritairement Les avantages de l’innovation sont :
par le réseau scientifique et technique du ministè- - une absence totale de fissures en surface de dal-
re de l’équipement. Tous les types d’innovations lage,
(matériaux, procédé, méthode de calcul…) inté- - une dalle monolithique sans joint,
ressant le génie civil sont concernés par cette la- - une diminution de l’épaisseur par rapport à une
bellisation. solution traditionnelle.
A l’appui de ces labels, les fiches IVOR, qui contien- ◆ Les panneaux structurels en bois massif contre-
labellisées Civil
collés KLH, commercialisés par la SAS Lignatec, quai de l’Anse Gerbal à Port-Vendres (Pyrénées
ont été utilisés par l’architecte, M. Paillard, en tant Orientales), par l’entreprise Chagnaud, sous maî-
que murs extérieurs et panneaux supports de cou- trise d’ouvrage du département des Pyrénées-Orien-
verture assurant le contreventement du bâtiment tales et maîtrise d’œuvre du Service Maritime
et, pour la zone de bureaux, en tant que plancher. Navigation du Languedoc Roussillon.
L’ouvrage de référence est un bâtiment industriel
Le système duplex
construit par l’entreprise Claudet pour la société de protection
Pro Lignum, à Frasne (Doubs). anticorrosion
Les panneaux KLH sont constitués de planches en des ouvrages
maritimes
bois massif, empilées en couches croisées à 90°
et collées entre elles sur toute leur surface, au The duplex system
for structure corrosion
moyen d’une colle à base de résine polyuréthan- protection
ne. A l’échelle et au domaine d’emploi près, ces
panneaux peuvent être assimilés à des panneaux
de contreplaqué, avec les avantages suivants :
- utilisation des produits connexes de scierie,
- rapidité de mise en œuvre (panneaux de grande
dimension, qui peuvent être prédécoupés et munis
des ouvertures (portes, fenêtres, trémies…) du fu-
tur ouvrage),
- amélioration des performances mécaniques liée
à l’effet "système".
Exemple innovant en terme de prolongation de la
Pour la construction des ouvrages fluviaux durée de vie d’un ouvrage et en terme de diminu-
et la protection des ouvrages maritimes tion de frais et d’interventions ultérieurs, la solu- LE LABEL IVOR
◆ L’utilisation de matériau composite pour la tion conservatrice retenue consiste à stopper les
Le label IVOR constitue une référence
construction de portes d’écluse n’a pas seulement attaques dues au milieu agressif en abaissant le
pour les rapports entre inventeurs
consisté à remplacer l’acier par du composite ver- potentiel électrochimique des pieux et en les iso-
et maîtres d’ouvrage, en France mais
re-résine : la conception architecturale de la por- lant de l’électrolyte (eau de mer) sur leurs parties
aussi à l’exportation. En effet, grâce
te a été entièrement repensée en fonction des hautes :
au dossier technique de validation
caractéristiques de ce matériau afin de tirer plei- - les parties immergées des pieux sont protégées
et à l’appréciation du comité sur l’in-
nement parti de ses propriétés intrinsèques. Le par des anodes sacrificielles,
novation, qui accompagne le label,
produit final annonce une nouvelle génération de - les parties hors d’eau et la zone d’éclaboussures
l’utilisateur futur dispose d’éléments
portes d’écluse. sont protégées par mise en place d’un chemisage,
de jugement indépendants du concep-
Après une étape de pré qualification sur modèle constitué d’un tube polyéthylène (PE) destiné à évi-
teur de l’ouvrage et de l’inventeur
réel, cette innovation a été validée par l’installation ter tout contact entre les têtes de pieux et l’élec-
de l’innovation.
et la mise en service des nouvelles portes sur l’éclu- trolyte. L’espace annulaire entre le pieu métallique
Le label IVOR est ainsi un outil d’aide
se n° 14 de la chaîne d’écluses de Golbey, sur le et le tube PE est rempli d’un mortier de calage à
à la décision pour les maîtres d’ou-
canal de l’Est, branche sud (Vosges), qui constitue retrait compensé. Le tube PE protège le pieu sur
vrage, en leur donnant des informa-
l’ouvrage de référence pour ce label IVOR 97.5. une hauteur de 1,30 m dont 0,65 m hors d’eau et
tions utiles à l’exercice de leur res-
Cette réalisation démontre l’intérêt, pour un pro- 0,65 m sous l’eau.
ponsabilité quant à l’acceptation
cessus d’innovation, des techniques dites "duales" Cette technique est limitée aux mers à faible mar-
d’une innovation dans un ouvrage à
puisqu’il a permis de faire bénéficier le domaine nage.
construire.
"civil" Voies Navigables de France (VNF) de l’ex-
pertise en matériaux composites acquise depuis Dans le domaine de la géotechnique
des années par la Direction des constructions na- ◆ Le troisième label IVOR, décerné en 1995, concer-
vales DCN-Lorient dans le domaine "militaire". nait l’utilisation du clouage pour réaliser un mur
◆ Le système duplex de protection anticorrosion de soutènement. Cette technique consiste à ren-
des ouvrages maritimes a reçu le 25e label, en oc- forcer un sol en déblai, au fur et à mesure de l’ex-
tobre 2002. Ce système a été mis en œuvre dans cavation, par la mise en place de barres passives
le cadre d’une politique de prévention préconisée peu inclinées sur l’horizontale, parallèles les unes
par le Centre d’études techniques maritimes et flu- aux autres et travaillant essentiellement à la trac-
viales (CETMEF), sur les pieux-tubes supports du tion. ®
Travaux n° 799 • juillet-août 2003 25
LA RECHERCHE ET L'ÉTAT
La recherche au LCPC
La réflexion stratégique qui a été me-
née par le LCPC à l’issue de sa trans-
formation en établissement public à
caractère scientifique et technolo-
gique et qui a abouti à la signature
d’un contrat avec l’Etat à la fin 2000
l’a amené à mettre à jour et explici- ■ RAPPEL Une ouverture croissante
ter ses priorités en matière de re- SUR LES ORIENTATIONS aux partenariats
STRATÉGIQUES DU LCPC
cherche. Les grandes orientations Le programme de recherche mis en œuvre au LCPC
stratégiques déterminent les princi- Des orientations prioritaires est constitué d’environ 50 opérations de recherche
pales caractéristiques des activités de la recherche touchant à ces six axes de recherche. La recherche
menée dans ces opérations est menée en parte-
du LCPC au moins jusqu’en 2004
Le programme de recherche du LCPC touche à nariats au sein des différents réseaux auxquels le
(LCPC, 2000). six axes de recherche (tableau I) du domaine du LCPC prend part (tableau II). Parmi ces réseaux,
Ces grandes orientations stratégiques génie civil, des infrastructures et de leur environ- celui des CETE est au premier rang des partenaires
touchent aussi bien aux axes de re- nement et des risques naturels. Parmi ces six axes du LCPC, les programmes de recherche du LCPC
de recherche, les cinq premiers constituent les et des CETE, dans le champ de compétence du
cherche auxquels le LCPC entend
orientations prioritaires énoncées en 1999 par le LCPC, étant totalement intégrés. Au-delà de ce pre-
contribuer, qu’à la façon de mener schéma directeur de l’organisme au terme d’une mier cercle, le LCPC poursuit le développement de
les recherches. Elles ont été pré- démarche impliquant largement la profession, les partenariats engagé avec les autres établissements
sentées dans Travaux (n° 772, février institutions et le laboratoire. Ces orientations prio- publics de recherche, mais aussi avec les univer-
ritaires traduisent la volonté du LCPC de davanta- sités, par le biais notamment d’unités mixtes, mais
2001) et nous n’entendons donc pas
ge contribuer, dans son domaine de compétence, aussi d’autres formes de partenariats comme l’ins-
revenir en détail sur ces orientations, à la résolution des problèmes pour lesquels la de- titut Navier fédérant les unités mixtes du LCPC et
mais davantage, après un bref rap- mande de la société est en croissance, comme de l’ENPC, un laboratoire de l’université de Marne-
pel, illustrer leur mise en œuvre au c’est à l’évidence le cas en matière de sécurité rou- la-Vallée ainsi que la division de géotechnique du
tière, mais aussi en matière d’interaction des ques- site parisien du LCPC.
travers d’exemples.
tions d’aménagement avec l’environnement ou de Enfin, le LCPC se trouve associé au monde pro-
génie civil urbain. fessionnel, soit dans le cadre général des pro-
grammes et réseaux de recherche nationaux, tels
que le Réseau génie civil et urbain (RGC&U), ou eu-
ropéens, PCRD en particulier, cadre dans lequel le
Valoriser le patrimoine d'infrastructures et d'ouvrages existants LCPC affirme une présence croissante, soit lors-
Maîtriser le rôle de l'infrastructure dans la sécurité de la route qu’il est fait appel à lui pour mener des recherches
particulières, dans le cadre de contrats.
Maîtriser les impacts des infrastructures sur l'environnement tout au long
Orientations de leur cycle de vie ; sécuriser les ouvrages et les sites par une meilleure
prioritaires connaissance et maîtrise des risques Une recherche finalisée
Optimiser les ouvrages de génie civil en zones urbaines en prenant en
compte leur caractère multi-usage Le LCPC dispose pour la conduite de ses recherches
Favoriser l'introduction de nouveaux matériaux et de nouvelles d’une combinaison de moyens unique constituée
technologies dans le génie civil et l'exploitation des infrastructures routières de moyens d’expérimentation à différentes échelles,
d’outils de modélisation avancés et d’un accès au
Programmes Conception et construction des routes, des ouvrages d’art et des ouvrages
sectoriels géotechniques terrain pour la validation des produits de la re-
cherche, au travers des laboratoires régionaux et
Tableau I plus largement du réseau de l’équipement en par-
Les axes de recherche du LCPC ticulier, mais aussi des partenariats avec les en-
Tableau II
Main areas of research at the LCPC treprises. Cette combinaison de moyens permet de
Les réseaux du LCPC
mener des recherches finalisées, bénéficiant de
The LCPC networks
différents niveaux de validation, en particulier au-
Réseau scientifique et technique de l’Equipement (dont le réseau des Laboratoire régionaux des près des utilisateurs finaux.
Ponts et Chaussées) Ainsi, si les actions de recherche du LCPC font l’ob-
Etablissements publics de recherche : INRETS, ENPC, CNRS ; mais aussi CSTB, ENS Cachan, ENTPE, jet d’une valorisation scientifique soutenue, sous
CEMAGREF ou BRGM la forme de publications dans les revues scienti-
Laboratoires universitaires, notamment ceux existant à proximité des localisations du LCPC de Paris, fiques et dans les actes des colloques, elles se
Nantes, Marne-la-Vallée mais aussi Grenoble veulent également aussi finalisées que possible en
Monde professionnel : Entreprises productrices de matériaux du génie civil, entreprises de travaux, conduisant à des produits utilisables par les ac-
exploitants d’infrastructures, et de services de transport, bureaux d’étude ou d’ingénierie teurs économiques. Ces produits finaux prennent
essentiellement trois formes, celle de l’écrit, re-
RESUMEN ESPAÑOL
■ BIBLIOGRAPHIE Investigación en el LCPC
por medio de ejemplos
◆ [LCPC, 2000] Contrat quadriennal 2001-2004 -
Paris : LCPC, 78 p. Autores diversos
◆ [Roudier, J., 2001] Les réseaux du Laboratoire
Central des Ponts et Chaussées, Travaux, n° 772, El artículo menciona, en una etapa pre-
pages 26-29. liminar, la estrategia del LCPC (Labo-
ratorio central de puentes y caminos
de Francia), en el aspecto de la inves-
tigación : se han definido ya diversas
orientaciones prioritarias de investi-
gación, relacionadas con las expecta-
tivas de la sociedad. Las investigaciones
se deben emprender siempre que así
sea posible dentro del marco de aso-
ciaciones entre los diversos protago-
nistas científicos, técnicos y económi-
cos. Tales investigaciones se deben
finalizar y dar lugar a productos utili-
zados por parte de la profesión. Figu-
ran también en una segunda etapa algu-
nos ejemplos de investigación. Tales
ejemplos guardan relación con el com-
portamiento de las cimentaciones pro-
fundas de edificios y grandes estruc-
turas, así como con el comportamiento
mecánico de los hormigones de eleva-
das prestaciones y su aplicación a
las estructuras, a los métodos de cál-
culo dimensional de los pavimentos
asfálticos aeronáuticos y a la reduc-
ción del ruido viario.
De "Pont" à "Bridge"
L’industrie du bâtiment dispose ac-
tuellement avec les IFC (Industry Foun-
Vers un standard international
dation Classes) d’une standardisation
internationale de la définition infor-
de projets de ponts
matique d’un bâtiment. Ce standard
est appelé dans le jargon des infor-
maticiens un modèle de données. Les ■ LES ÉCHANGES DE DONNÉES ■ LES EDT ET LE GÉNIE CIVIL
IFC sont mises en œuvre dans le cadre TECHNIQUES (EDT)
Aussi bien du point de vue organisationnel que du
d’une association internationale de Des standards d’échanges de données se sont dé- point de vue des données concernées l’approche
structuration des données de construc- veloppés aussi bien dans le domaine de la gestion EDT du génie civil est partagée en deux grandes
tion : l’IAI (International Alliance for financière selon la norme ISO appelée Edifact, que branches :
dans le domaine des données techniques selon la ◆ le domaine de la construction ;
the Interoperability). Elles sont en
norme ISO appelée STEP. La norme STEP (STan- ◆ le domaine des infrastructures.
cours de transformation en normes dard for Exchange of Product) permet de définir des
ISO. données géométriques, graphiques, scientifiques Le domaine de la construction
Le domaine du génie civil en général et technologiques associées à un produit, objet ou
ouvrage. Les échanges de données dans le domaine de la
et des ouvrages d’art en particulier
STEP offre un langage de formalisation des mo- construction son organisés en France dans le cadre
ne dispose pas d’un tel outil. C’est dèles de données : le langage EXPRESS et deux ni- de l’association Médiaconstruct. Cette association
pourquoi, le Setra a pris l’initiative veaux de modélisation. Le niveau le plus bas, a plusieurs missions :
de proposer la mise en œuvre d’un c’est-à-dire le moins spécifique, est constitué par ◆ promouvoir l’échange électronique, sous tous
les ressources intégrées : données géométriques, ses aspects, dans le secteur de la construction (in-
modèle de données d’ouvrage d’art
mathématiques, graphiques, etc. Le deuxième ni- formations, manifestations, séminaires) ;
dans le cadre de l’IAI qui viendrait veau est le niveau métier qui est désigné sous le ◆ préparer les normes et standards de l’échange
compléter celui relatif aux bâtiments. terme de protocole d’application. Le protocole d’ap- électronique, soit à l’initiative de ses membres,
A cet effet, le Setra met à la dispo- plication et les ressources intégrées utilisent le lan- soit à la demande d’organismes ayant un rôle of-
gage E XPRESS pour définir les données ficiel ;
sition de l’IAI un modèle de données
correspondantes. ◆ référencer les produits d’échange électronique
d’ouvrages d’art utilisant le langage Les différents protocoles d’application, encore ap- et services à valeur ajoutée pour le secteur du BTP.
EXPRESS. Ce modèle, appelé OA_EX- pelés modèles de données, déjà réalisés ou en Médiaconstruct abrite en particulier le chapitre fran-
PRESS, a été élaboré ces dernières an- cours de réalisation concernent l’industrie auto- çais de l’IAI. Douze sociétés impliquées dans l’in-
mobile, l’aéronautique, la tuyauterie, etc. C’est ain- dustrie de la construction sont à l’origine de l’IAI.
nées avec le concours d’acteurs
si que parmi les objets décrits dans le protocole Elles ont pour objectif "d’inter-opérer" : cela si-
majeurs de la construction en Fran- relatif à l’industrie aéronautique on trouvera l’aile gnifie que chacune veut pouvoir travailler avec l’in-
ce. d’avion, le fuselage, etc. décrites par des entités formation des autres sans se préoccuper du logiciel
L’article présente en premier lieu la géométriques prises dans les ressources intégrées qu’elle utilise ou que les autres utilisent. L’IAI comp-
de STEP. te aujourd’hui neuf chapitres dans le monde, cha-
problématique générale des EDT
La définition d’un protocole permet aux éditeurs de cun couvrant les besoins d’une région géographique,
(Echanges de données techniques) logiciels concernés de développer des interfaces et ses membres représentent aujourd’hui plus de
et leur mise en œuvre dans le domaine capables d’écrire et/ou de lire des données du do- 600 entreprises de 20 pays.
maine concerné au format neutre STEP. Ce format L’IAI a pour objectif de favoriser l’interopérabilité
du bâtiment. Vient ensuite le modè-
neutre détermine la représentation physique des des logiciels dans le secteur de la construction en
le OA_EXPRESS, son utilisation par le instances des entités du projet ou du produit mo- créant une base universelle pour l’amélioration du
Setra et les premiers pas du projet délisé. processus et le partage d’informations dans le sec-
Bridge. Les données sont au bout du compte stockées teur de la construction et de la gestion de patri-
dans un fichier, dit neutre, car il est indépendant moine. En son sein, des professionnels du secteur
de l’application dont il est issu. de la construction travaillent en collaboration avec
A côté des protocoles d’application officiels, des les éditeurs de logiciels pour spécifier le standard.
modèles de données métier sont développés dans Les spécifications sont ouvertes à tous les éditeurs
des cadres non normatifs. de logiciels pour l’implémentation et l’utilisation.
Par exemple, dans le domaine du bâtiment, des Les représentants des sociétés participant aux tra-
modèles de données ont été élaborés par le vaux de l’IAI peuvent se classer en deux catégo-
secteur professionnel en collaboration avec le ries :
CSTB. ◆ les experts de domaines tels que les architectes,
Ces modèles de données ont vocation à constituer les bureaux d’études, les entreprises et les ges-
des contributions à l’élaboration de protocoles d’ap- tionnaires de bâtiments. Ils représentent les utili-
plication de la norme STEP pour les secteurs concer- sateurs finaux qui profiteront au premier chef des
nés. bénéfices de l’IAI et des applications basées sur
Claude Simon
CHEF DE PROJET
les spécifications des IFC qui sont en quelque sor- Enjeux Setra
te les "briques de base" d’un langage commun ;
◆ les experts techniques ayant un vécu de recherche, Le projet OA_EXPRESS a été initialement lancé dans
de conception de logiciels, et ayant une certaine le but de supprimer les tâches fastidieuses de sai-
expérience du secteur de la construction. sie et donc réduire les délais de conception et de
Guillaume Veylon
Ces deux groupes d’experts mettent en commun contrôle des ouvrages d’arts. Il répond égale- INGÉNIEUR D’ÉTUDES
leurs compétences respectives pour concourir à ment à la politique de dématérialisation de la com- Setra
l’objectif commun de définition du modèle partagé mande publique lancée par l’état et qui devrait
du projet. se traduire à terme par la dématérialisation du DCE
et, en particulier, des pièces techniques de ce dos-
Le domaine des infrastructures sier : plans, etc.
Sur le plan technique, ce projet bénéficie de l’uni-
Deux initiatives majeures concernent les modèles versalisation des modes de communications mo-
de données d’infrastructures : LandXML et aecXML. dernes tels qu’Internet qui rendent réalisables les
Le premier concerne les données de conception échanges de données entre les différents acteurs
des infrastructures, le deuxième des données de de la profession. Par ailleurs, des outils de struc-
gestion des projets et de logistique. Ces deux mo- turation des données tels que XML se sont large-
dèles s’appuient sur le langage XML qui permet, ment répandus, banalisant en quelque sorte
en marquant les données, de définir une série d’en- l’approche structuration de données.
tités et d’attributs associés. Ces deux modèles
sont conçus de manière complémentaire. Mais au Domaine couvert
plan organisationnel, alors que pour le LIAC (LandXML
Industry Advisory Comittee) un rapprochement avec Les données OA_EXPRESS sont classées dans quatre
l’IAI semble amorcé, le "club" aecXML est d’ores familles :
et déjà intégré par le chapitre nord-américain de 1 - Données géométriques :
l’IAI. ◆ géométrie du coffrage courant des éléments pris-
Dans le domaine des infrastructures, la crédibilité matiques en béton : poutre, tablier, arc, pile, pylô-
du projet LandXML repose sur le fait que ce sont ne ;
les principaux éditeurs de logiciels liés aux infra- ◆ géométrie de la précontrainte ;
structures routières qui l’ont lancé. ◆ géométrie des éléments prismatiques des struc-
tures métalliques.
2 - Données mécaniques :
■ LES EDT DANS LE DOMAINE ◆ données de modélisation en éléments de barres :
DES OUVRAGES D’ART : matériaux, caractéristiques physiques des élé-
LE MODÈLE OA_EXPRESS ments, etc. ;
◆ données de modélisation des liaisons ;
Parallèlement aux initiatives concernant les EDT ◆ résultats d’une simulation : efforts, contraintes,
dans des domaines divers du génie civil, le Setra réactions et déplacements.
a lancé un projet d’informatisation des échanges 3 - Données d’implantation topographique :
des données techniques les plus usuelles relatives ◆ implantation des différents éléments ;
aux ouvrages d’art. Ce sont l’ensemble des échanges ◆ ligne rouge.
se déroulant durant les phases d’études, de contrô- 4 - Données de gestion des échanges :
le et de construction entre les entreprises, les bu- ◆ indices ;
reaux d’études et les maîtres d’œuvre qui sont ◆ étapes de projet ;
concernés. Ce projet fait suite au rapport publié par ◆ statut d’émission ;
l’AFPC (Association française pour la construction) ◆ avis de validation.
en 1994 sous le titre "Les échanges de données
informatisés dans le domaine des structures du gé- Historique d’élaboration
nie civil". du modèle de données
Ce projet a été mené en collaboration avec un cer-
tain nombre de partenaires du Setra : SNCF, Du- Première phase : expression du modèle
mez/GTM, Campenon Bernard, Spie-Batignolles, L’objectif était d’établir un modèle de données com-
Baudin-Chateauneuf et Bouygues. mun aux différents partenaires. Pour cela un grou- ®
Travaux n° 799 • juillet-août 2003 39
LA RECHERCHE ET L'ÉTAT
®
Figure 1 pe d’experts métier a été constitué afin d’assurer
Extrait la description du modèle de données dans le lan-
d’une formalisation
NIAM gage métier.
Excerpt Le modèle de données a été exprimé en langage
from a NIAM quasi-naturel : le langage NIAM (acronyme de
formalisation NIJSSEN Information Analysis Method) (figure 1)
puis exprimé en EXPRESS (figure 2) qui est un sous-
ensemble de la norme STEP.
■ UTILISATION D’OA_EXPRESS
DANS LE CADRE
DES ÉCHANGES DE DONNÉES
CAO/LOGICIELS DE CALCUL
Il est de plus en plus fréquent que la conception
des ouvrages d’art relève autant d’une logique ar-
chitecturale que d’une logique purement fonction-
nelle et mécanique. Il s’ensuit des objets
géométriques plus complexes pour lesquels des
outils s’avèrent indispensables à la fois pour la
Figure 3 phase de conception/visualisation mais aussi pour
Extrait d’un fichier neutre.
Il y est décrit une série le cycle complet : conception/visualisation/calcul.
d’instances de l’entité En effet, il est évident que le comportement mé-
CARACTMATERIAU canique d’un ouvrage et sa forme son intimement
("caractéristiques
du matériau") pour les liés. De sorte que toute forme originale demande
matériaux MAT1 et MAT2. une étude préliminaire poussée. La première pha-
On y trouve les attributs se relève d’outils de CAO. Le cycle complet relè-
nécessaires
au renseignement ve d’une association itérative CAO/calcul.
des masses volumiques, Pour répondre à cette nouvelle donne, le Setra a
des coefficients réalisé une liaison via OA_EXPRESS entre son logi-
de dilatation thermique,
des coefficients ciel de CAO dédié ouvrages d’art OPERA et son lo-
de poisson, etc. giciel de calcul de structure PCP.
Excerpt from a neutral file. La mise en œuvre d’un échange de données via
A series OA_EXPRESS entre ces deux logiciels permet de réa-
of occurrences
liser les opérations suivantes :
of the Caractmateriau
("material characteristics") ◆ réduire le volume des données produites ma-
entity is described there for nuellement ;
materials Mat1 and Mat2. ◆ fiabiliser la production des données ;
The attributes needed to
enter densities, coefficients ◆ valider immédiatement toute modification au ni-
of thermal expansion, veau de la conception ;
Poisson’s ratios, etc. can ◆ introduire la traçabilité depuis la conception jus-
be found there
qu’au calcul ;
■ INTERNATIONALISATION
D’OA_EXPRESS
Organisation
Mise en œuvre
permis de mettre en œuvre très rapidement une
Techniquement le projet Bridge consiste à com- première version des entités du modèle Bridge et
pléter les IFC par des entités spécifiques aux ponts de la proposer au comité d’experts. Elle couvre la
sans bouleverser leur structure actuelle. Dans le description géométrique des éléments structuraux
nouvel ensemble vont donc cohabiter des entités de l’ouvrage d’art.
communes aux bâtiments et aux ponts et des en- Cette première version est consultable sur le site
tités spécifiques à chacun de ces métiers. de l’IAI (cf. adresse ci-dessous). Les entités et leur
La mise en œuvre des nouvelles entités s’est ap- signification sont directement accessibles par des
puyée sur des outils et sur le formalisme déjà éta- liens hypertextes attachés à des représentations
blis au sein de l’IAI. Les éléments de départ apportés graphiques d’ouvrages d’art. Pour faciliter cette va-
par les IFC d’une part et OA_EXPRESS de l’autre ont lidation une première série de scénarios d’échanges ®
Travaux n° 799 • juillet-août 2003 41
LA RECHERCHE ET L'ÉTAT
Dans la série Documents scientifiques et techniques Ph. Brehmer, J. Gual, Cl. Simon y
G. Veylon
de l’AFPC :
• "Les échanges de données informatisés dans le
La informatización de los intercambios
domaine des structures du génie civil" - Février de datos técnicos (IDT) se ha conver-
1994. tido en una realidad en el aspecto de
• STEP - Product data representation and exchan- la edificación, debido a la normaliza-
ge. ISO DIS 10303 - 1er janvier 1993. ción de datos propuesta por la IAI (Inter-
national Alliance for the Interoperabi-
Liens utiles lity), que toma la forma de los IFC
IAI France : http://www.iai-france.org/bridge (Industry Foundation Classes). Al tra-
IAI : http://www.iai-international.org tarse de los puentes, el modelo de datos
franco-francés OA_Express presenta
los mismos fines, pero su empleo tro-
pieza con sus propios límites geográ-
ficos.
Por estas razones, la aplicación de los
IFC a las grandes estructuras ha sido
propuesta por el capítulo francófono
de la IAI acorde al modelo OA_Express.
Este modelo, denominado Bridge, se
encuentra en curso de aplicación. El
presente artículo se propone presen-
■ RHÉOLOGIE ET TRIBOLOGIE
DES PÂTES MINÉRALES
Figure 5
Christophe Lanos Adaptation d’une formulation visant à limiter la fissuration sans pénaliser la tenue au feu du produit
GROUPE DE RECHERCHE GÉNIE CIVIL - ÉQUIPE
MATÉRIAUX Adaptation of a mix design aiming at limiting cracking without adversely affecting the product’s fire
resistance
Insa de Rennes
Savoir mesurer la viscosité, le seuil de cisaillement Quelques résultats obtenus en appliquant la mé-
ou toutes autres propriétés rhéologiques de sus- thode de dépouillement sont présentés sur la fi-
pensions très concentrées telles que les sols, les gure 6.
boues, les pâtes, les mortiers et bétons est es- Le test de compression permet ainsi d’identifier la
sentiel à la compréhension des relations existant courbe d’écoulement de fluides fermes dans une
entre la composition de tels mélanges et leurs condi- gamme de faibles vitesses de déformation. Il est
tions d’écoulement. donc particulièrement adapté à l’étude des fluides
Les viscosimètres commerciaux, permettant d’iden- à seuil.
tifier la courbe d’écoulement des matériaux, sont L’utilisation d’applicateurs d’effort présentant des
en général inadaptés à l’étude de ces fluides fermes, rugosités différentes permet d’évaluer les condi-
intégrant des particules parfois centimétriques. Dif- tions de friction du matériau contre une paroi. Le
férents appareils spécifiques ont été conçus pour test de compression simple est donc également
étudier certaines gammes de matériaux (citons le
rhéomètre à cylindres coaxiaux à large entrefer du
un tribomètre efficace mais limité à des vitesses ®
CEMAGEF utilisé en présence de boues ou le Figure 6
BTRheom du LCPC utilisé en présence de bétons). Validation de la méthode de construction de la courbe d’écoulement du fluide
d’Ostwald-DeWaele modèle de consistance théorique 2 Pa.sn et pour trois index
La généralisation de l’utilisation de ces appareils
d’écoulement différents 0,3, 0,5 et 0,9
dédiés reste cependant difficilement envisageable.
Validation of the method of construction of the Ostwald-DeWaele fluid flow curve,
Afin de caractériser le comportement des pâtes mi- with a theoretical consistency model of 2 Pa. sn and for three different flow indices
nérales, le test de compression simple, test très 0.3, 0.5 and 0.9
simple d’utilisation, est exploité par le GRGC de
l’Insa de Rennes. L’effort de compression est me-
suré en fonction de la hauteur de l’échantillon. Lors
de la compression d’un échantillon de faible élan-
cement, l’écoulement induit est complexe et se tra-
duit par des champs de contraintes de cisaillement
ou des vitesses de déformation non homogènes.
L’identification de la relation entre ces deux para-
mètres, la courbe d’écoulement, n’est donc pas di-
recte.
Toutefois, ce test engendre des écoulements pré-
sentant des vitesses de déformation moyennes as-
sez semblables. Il a donc été possible de construire
un algorithme de dépouillement permettant de
construire point par point la courbe d’écoulement
en ajustant à chaque étape de l’enregistrement la
solution de l’écoulement d’un fluide viscoplastique
de type Bingham.
Pierre Le Tirant
CRITERRE IREX
Les travaux de construction et de maintenance des ouvrages de génie civil sont très souvent
confrontés à des difficultés liées à une connaissance préalable insuffisante des anomalies des
terrains, de leurs pollutions éventuelles… Dans cette perspective, le Projet National CRITERRE
a pour objectif d’améliorer les méthodes et les procédés de reconnaissance géophysique et
géotechnique pour la détection des anomalies physiques ou des pollutions des terrains et le
contrôle des colonnes de jet grouting.
G. Verrier, P. Le Tirant
■ PRÉSENTATION
DES RÉSULTATS Works of construction and maintenance
of civil engineering structures are very
En conclusion à cette présentation sommaire du often encountered difficulties because
Projet National, on mentionnera seulement les do- of the insufficient knowledge of soils.
cuments de synthèse en préparation. The CRITERRE National Project has for
objective to improve methods and pro-
Documents de synthèse cedures of geophysical and geotechni-
en préparation cal survey for (1) detection of soil faults,
(2) detection of polluted soils, (3) control
Les stades d’avancement et de validation très dif- of jet grouting columns.
férents des résultats des trois thèmes du Projet
National ne permettent pas la rédaction de docu- RESUMEN ESPAÑOL
ments de synthèse comparables. En conséquen- El proyecto nacional
ce : CRITERRE
◆ sur le thème 1 : deux guides pratiques sont en
préparation : G. Verrier y P. Le Tirant
- la détection des cavités par des méthodes géo-
physiques, Las obras de construcción y de man-
- le diagnostic des digues à sec. tenimiento de las estructuras de inge-
◆ sur le thème 2 : deux documents de synthèse niería civil se ven situados frecuente-
sont prévus sur l’état de l’art et les travaux effec- mente ante dificultades relacionadas
con un conocimiento preliminar insu-
tués :
ficiente de las anomalías de los terre-
- la détection des hydrocarbures dans les sols,
nos, de sus posibles contaminaciones,
- la détection des pollutions générées par les in- etc. Situándose en esta perspectiva, el
teractions sols/ouvrages. Proyecto Nacional CRITERRE tiene por
◆ sur le thème 3 : un manuel de recommandations objetivo mejorar los métodos y los pro-
pratiques est en préparation sur : cedimientos de reconocimiento geofí-
- le contrôle des colonnes de jet grouting. sico y geotécnico para la detección de
las anomalías físicas o las contamina-
ciones de los terrenos y el control de
■ CONCLUSION las columnas de jet grouting.
seaux mis en place au niveau européen à cet ef- ment Friendly Construction Technologies) le suivi
fet sont également nombreux. et la coopération entre projets pour le 5ème PCRD.
L’ECCREDI est devenue l’interlocuteur habituel
Les organismes professionnels de certaines des directions de la DG Recherche
et de lobbying en ce qui concerne la construction.
® E-Core
Enfin, le réseau EFCT étant venu à terme, la Com-
nées, plutôt que ce pont à haubans à quatre voies
de 500 m de portée).
mission a bien voulu le remplacer par un nou- Une telle vision n’est certes pas nouvelle, elle est
veau réseau E-Core soutenu par l’ECCREDI et ayant, même lors de certaines réalisations déjà à l’œuvre
pour la durée du 6ème PCRD, des objectifs plus éten- mais elle est encore l’exception, il y faudra encore
dus car chargé d’élaborer en consensus avec l’en- bien des progrès et efforts de R&D pour y arriver.
semble des acteurs du secteur un plan stratégique
de R&D. Un entrepreneur français (GTM Construc- Une chaîne de valeur
tion) est présent au niveau du partenariat de ce ré- à réorganiser
seau, tandis que l’auteur de cet article est membre
du groupe de référence en charge de l’audit des Un des premiers écueils pour rendre réalisable une
travaux du réseau. telle vision est celui de l’organisation du sec-
Tous ces réseaux possèdent des sites internet aux- teur.
quels il est aisé d’accéder. Leur consultation per- Pour des raisons souvent historiques, le secteur
met de trouver toutes les informations et contacts. se trouve extrêmement fragmenté et organisé de
Mais bien sûr le contact individuel est irrempla- façon séquentielle dans sa chaîne de valeur, avec
çable. des clients finaux très éloignés des acteurs pro-
ductifs qui n’ont de ce fait que peu de raisons de
mettre tout en haut de leurs priorités celle de la sa-
■ LES DÉFIS DU SECTEUR tisfaction des besoins et demandes des clients
finaux. Trouver les voies et moyens organisation-
Après avoir brossé à grands traits l’environnement nels et de management pour faire remonter au ni-
institutionnel et professionnel se préoccupant des veau des exécutants – entrepreneurs et
problématiques de R&D du secteur, il est néces- sous-traitants – les demandes et besoins des
saire d’avoir une certaine connaissance du conte- clients est un de ces défis que l’ensemble de la
nu des thèmes sur lesquels travailler. Pour cela, il profession se doit de relever. Tout acteur doit être
convient de préciser vision et enjeux du secteur plus préoccupé de satisfaire son client que de cher-
économique lui-même. cher à organiser le travail de son fournisseur. Il y
a là tout un champ d’études et de recherche pour
Développement harmonieux, local des chercheurs en sciences humaines et en or-
et général, pour une nouvelle ganisation.
mobilité
Environnement, fiabilité,
Dans son ensemble, le secteur se voyait essen- productivité et emploi
tiellement jusqu’à présent comme le producteur ou
le constructeur des environnements physiques, en Parmi les exigences sociétales auxquelles les pro-
particulier des infrastructures, sous-tendant la ma- fessionnels ont à faire face, il y a celles du déve-
jeure partie des activités économiques, de vie et loppement durable. Les ouvrages que nous
de loisirs de la communauté : une route ici, un bâ- construisons, ou les services que nous rendons,
timent de bureaux à cet autre endroit, des loge- sont encore trop souvent des agressions à l’envi-
ments dans cette zone urbaine, un pont pour franchir ronnement que nous pourrions minimiser, ou des
cet estuaire, etc. ouvrages perturbant pour longtemps l’environne-
Cette vision est bien sûr toujours d’actualité, mais ment.
la demande sociétale semble évoluer de cet énon- L’on entend encore parler de retards de travaux
cé purement productiviste vers une demande plus ou de dépassement de budgets ce qui nous don-
performantielle et de qualité, tout autant que de ne l’image d’un secteur peu fiable. Les solutions
services. A l’échelle d’un large territoire, les exi- passent par des études de management et d’or-
gences portent aussi sur un équilibre harmonieux ganisation mais aussi bien sûr par des techniques
entre développement global et respect des contraintes permettant une meilleure maîtrise des aléas tech-
locales et régionales, entre harmonie des espaces niques, de sol, de climat, d’activités humaines. Il
et minimisation des nuisances dérivant de la de- y a aussi de très nombreux progrès à réaliser en
mande croissante de mobilité. termes de productivité et de qualité et sécurité
Enfin, ce n’est pas tant la production d’un objet ré- des postes de travail.
pondant à ces normes qui est demandé que la mise Nous avons là ainsi toutes les facettes du déve-
à disposition fiable et permanente d’un service : loppement durable : l’économique avec les gains
cadre d’exercice de vie, cadre de loisir, de support de productivité, la fiabilité, la qualité, l’environne-
de mobilité, cadre de production ou de travail ré- ment avec les techniques et matériaux moins pol-
pondant à une certaine performance (le lien tou- luants, le social avec la sécurité et l’ergonomie des
jours disponible qui assurera la liaison entre deux postes de travail y compris l’usage de l’informa-
zones économiques pour les 50 prochaines an- tique.
Recherche et innovation
dans la profession routière Louis Maison
PRÉSIDENT
DE LA SECTION
DES TECHNIQUES
ROUTIÈRES (STR)
Pour les entreprises routières, l’innovation, appuyée par la recherche, est une nécessité qui
peut leur permettre d’évoluer dans un contexte de plus en plus concurrentiel.
La finalité d’une innovation étant son application sur chantier, seul un vrai partenariat avec les
clients, basé sur un intérêt commun et des relations de confiance peut favoriser la capacité des
entreprises à innover. Si l’innovation fait partie du "domaine réservé" de l’entreprise, il existe
un réel besoin de "recherches partagées" destinées à établir des référentiels par rapport
auxquels les entrepreneurs pourront valoriser leurs produits et à développer des outils (logi-
ciels ou systèmes de mesures) reconnus pour comparer les techniques entre elles.
L’innovation "à la française", qui représentait un exemple unique de mise en œuvre d’une po-
litique volontariste et partenariale s’appuyant à la fois sur des recherches développées en in-
terne par les entreprises à partir de besoins clairement exprimés par ses clients et sur leur
expérimentation in situ est actuellement "en panne" en raison de l’interprétation restrictive du
Code des marchés publics qui rend quasi-impossible la passation de marchés de gré à gré même
lorsqu’il s’agit de techniques innovantes.
® Le Comité français
pour les techniques routières
au plan national mais également à l’exportation ;
◆ motiver son personnel en développant en inter-
(CFTR) ne un mécanisme propice à l’émergence des in-
novations mais également à leur application et à
La concrétisation formelle de ce partenariat est la leur développement commercial.
création du CFTR en juin 1998. Le CFTR est un or- C’est pour toutes ces raisons que les entreprises
ganisme paritaire (association loi 1901) organisé travaillent à la fois en interne dans des domaines
en deux collèges : les donneurs d’ordre (maîtres ou sur des sujets qui peuvent leur permettre d’avoir
d’ouvrage et maîtres d’œuvre) et les entreprises et un avantage concurrentiel sur les autres entreprises
industriels. mais ont également besoin de mener des recherches
L’association a pour objet, dans le domaine de la communes au niveau de la profession.
conception, construction et l’entretien des chaus-
sées, des ouvrages de terrassement et d’assai-
nissement routier : ■ NÉCESSITÉ D’UNE RECHERCHE
◆ l’établissement d’une expression partagée de COMMUNE
l’état de l’art ayant vocation à servir de référence ENTRE LES ENTREPRISES
pour les professionnels de la route ;
◆ la contribution au progrès et à la qualification Objectifs d’une recherche
des produits, des procédés, des techniques, des commune
moyens et des matériels.
Le CFTR est organisé en trois comités sectoriels : C’est souvent au niveau de la diffusion d’une tech-
◆ Méthodologie, qui : nique innovante que peuvent apparaître quelques
- établit, publie et diffuse des documents exprimant difficultés et lourdeurs :
l’état de l’art, ◆ si la technique proposée paraît trop innovante,
- procède aux réflexions sur les orientations dans les maîtres d’œuvre peuvent avoir des difficultés
le domaine de la recherche, à estimer son efficacité; elle peut donc ne pas être
- assure la coordination de groupes d’échanges et admise à concourir comme solution variante dans
de réflexions nationaux. les appels d’offres ;
◆ Avis, qui : ◆ les donneurs d’ordres sont réticents à donner
- élabore les Avis techniques (AT) sur l’aptitude à une sorte d’exclusivité pour une technique ou un
l’emploi des produits et procédés, produit à une seule entreprise, ce qui peut les
- élabore, pour les matériels, des Certificats d’ap- conduire à banaliser l’innovation en la faisant ap-
titude (CATM) ou autorisations d’emploi, pliquer par d’autres entreprises qui n’auraient pas
- assiste le Setra, en tant qu’organisme d’experti- engagé les mêmes efforts de recherche.
se, pour l’établissement des Agréments techniques Il existe donc une réelle nécessité de recherche
européens (ATE). partagée entre les entreprises sur des sujets de
◆ Qualification/Certification, qui : connaissances générales qui ont pour but de :
- délivre les agréments Laboroute pour les labora- ◆ constituer un référentiel validé à partir duquel
toires routiers, chaque entreprise pourra valoriser les performances
- organise des essais croisés ou d’intercomparai- de ses propres produits ;
son entre laboratoires, ◆ suivre l’évolution du contexte normatif, notam-
- assistera les organismes notifiés pour le marquage ment au niveau européen ainsi que l’application de
CE. nouvelles réglementations ;
◆ accroître les connaissances générales sur un su-
jet, à partir desquelles chacun pourra explorer les
■ L’INNOVATION : UNE ACTION voies qui lui paraissent les plus intéressantes ;
PERMANENTE ◆ développer des outils de mesures communs qui
permettront de comparer les techniques entre elles;
A travers la recherche, la démarche de l’innovation ◆ définir précisément des pathologies ou des pro-
répond aux préoccupations essentielles de l’en- blématiques permettant à chaque entreprise de
treprise : proposer des solutions adaptées.
◆ satisfaire le mieux possible les exigences de ses
clients ; La Commission technique
◆ trouver des solutions plus performantes mais "Routes" de la FNTP
également moins coûteuses afin d’améliorer sa
rentabilité ; Cette commission, qui est une branche de la Com-
◆ prendre de l’avance sur la concurrence dans des mission technique générale de la FNTP, permet
créneaux moins explorés et donc accroître ses parts d’accompagner financièrement les programmes de
de marché ; recherches communes envisagées par les entre-
◆ améliorer son image de marque et sa notoriété prises routières au sein de la Section des tech-
Cet article présente comment les efforts de Recherche et Développement consentis par le grou-
pe Appia ont permis de faire évoluer les formulations des bitumes fluxés, des bitumes modifiés
fluxés et des émulsions utilisés pour les travaux routiers vers des produits meilleurs d’abord
pour la santé des opérateurs, puis pour l’environnement.
Il décrit également les différentes phases d’industrialisation qui ont permis à Appia de décliner
toute sa gamme en utilisant de l’ester méthylique de tournesol.
On trouve aussi l’état des productions qui permet de confirmer la fiabilité technique des diffé-
rents produits ainsi commercialisés.
L
’article paru dans un précédent numéro de des produits, la remontée en consistance des bi-
Travaux (n° 772 de février 2001) décrivait la tumes fluxés se faisant, quelle que soit l’applica-
politique de Recherche et Développement tion, par évaporation des fluxants, l’impact
du groupe Appia [1]. Y étaient mentionnées, outre environnemental est sans doute significatif no-
les activités de recyclage, les techniques à froid, tamment en terme de COV (composés organiques
la lutte contre le bruit, la mise au point d’une gam- volatils), même pour les volumes concernés.
me de produits bitumineux utilisant un monoes- Le marché français représentant à peu près 30000 t
ter d’huile végétale. Ce dernier nous paraît illustrer par an, les enjeux économiques et environnemen-
parfaitement la prise en compte des enjeux du dé- taux paraissent importants.
veloppement durable dès la phase de conception
d’un nouveau produit.
■ CONCEPTION
■ ANALYSE DE L’ETAT DE L’ART Le principe de séchage des peintures est alors ap-
paru intéressant ; en effet, après application, la fil-
Lorsqu’on analyse les activités de la route sous mification de certaines d’entre elles se fait par
l’angle de la sécurité des hommes, des installa- siccativation à l’air. Cette réaction est particuliè-
tions et de l’environnement, une préoccupation re- rement rapide avec l’huile de lin. Par ailleurs, les
vient régulièrement : celle des fluxants. Ces produits, biodiesels souvent cités pour leur vertu écologique
issus, le plus souvent, de l’industrie du charbon ou sont eux-mêmes constitués d’un mélange de ga-
du pétrole, ont pour fonction de modifier la visco- soil et d’ester méthylique de colza. Cette compati-
sité du bitume aux températures d’usages afin de bilité chimique laissait augurer un bon comportement
faciliter sa mise en œuvre. Après évaporation, le avec le bitume. Les premiers essais au laboratoi-
liant retrouve les caractéristiques originales du bi- re ont montré que les huiles végétales mais plus
tume. encore les esters méthyliques qui en résultent
Cette préoccupation constante chez Appia dès le étaient d’excellents fluxants.
début des années 90, a d’abord contribué à re-
chercher la substitution de produits comportant des
phrases de risque R 40 ou R 45 (phrases indiquant ■ ANALYSE DU CYCLE DE VIE
un caractère cancérogène) par des fluxants non éti-
quetés. Cela a nécessité des efforts importants de En matière d’environnement, il convient de se mé-
Recherche et Développement pour modifier les for- fier des solutions trop évidentes. Afin de valider l’in-
mulations afin d’assurer la pérennité des revête- térêt d’une solution de substitution des fluxants
ments après mise en œuvre. Toutefois, plusieurs pétrochimiques par des esters méthyliques de col-
points restent préoccupants. Tout d’abord, ces nou- za (EMC), des analyses de cycle de vie comparée
veaux fluxants non étiquetés à l’origine ont souvent ont été réalisées. Faute de données suffisantes
commencé à l’être et à arborer des étiquettes Xn sur les fluxants pétroliers, le gasoil a été comparé
("nocif"). Par ailleurs, sur le fonctionnement même à l’EMC. ®
Travaux n° 799 • juillet-août 2003 69
LA RECHERCHE DANS LES ENTREPRISES
■ ENROBÉS STOCKABLES
2001 a été l’année de mise en route des liants
® Si l’utilisation d’engrais conduit à un impact sur les
eaux légèrement meilleur pour les produits pétro-
fluxés à l’EMT pour les enrobés stockables. A ce
jour, plus de 100 000 t ont été fabriquées. Les
liers, cet avantage est amené à se réduire par la liants peuvent être anhydres (point éclair du liant
mise en place d’une agriculture raisonnée. Par supérieur à 200 °C) ou en émulsion.
contre, la disparition des COV ainsi que le bilan très Une fois de plus, les nouveaux produits sont sem-
largement positif en matière de gaz à effet de ser- blables, en terme d’utilisation et de caractéristiques,
re (le colza est un piège à CO2 du fait de la pho- aux anciens.
tosynthèse) rend la substitution des fluxants pétroliers
par les esters méthyliques d’huiles végétales très
intéressante. ■ CONCLUSION
Si l’on ajoute que les oléagineux sont renouvelables
et qu’en matière de santé et de sécurité, les avan- L’apparition de la gamme de liants fluxés à l’ester
tages sont incontestables (absence de toute phra- méthylique de tournesol constitue une avancée
se de risque, point éclair à 180 °C au lieu de 100 °C), considérable dans l’industrie routière. Elle permet
le développement de cette technologie devenait de s’affranchir des problèmes sanitaires pour les
quasiment indispensable. équipes de chantier, de tout risque d’explosion à
la fabrication, aussi bien qu’au stockage et à l’uti-
lisation. Enfin, son apport est net en terme de di-
■ LIANTS ANHYDRES minution de la pollution notamment atmosphérique.
DE RÉPANDAGE Pour toutes ces raisons, bien que propriétaire du
brevet n° 97 11 079 [2] qui protège cette techno-
L’impact des liants de répandage en terme de COV logie, Appia, en accord avec le fournisseur d’EMT
mais aussi de problème sanitaire et de sécurité a décidé de la rendre accessible à tous.
[1] B. Héritier, J.-P. Antoine - Revue Travaux n° 772 This article describes how the research
pages 78-79. and development efforts made by Appia
[2] Brevet Appia n° 97 11 079. Group have made it possible to deve-
lop the mix designs for fluxed bitumens,
fluxed modified bitumens and emul-
sions used for road works into products
that are better, first for operator health,
and then for the environment.
It also describes the various stages
of industrialisation that have enabled
Appia to deploy its entire produce range
using sunflower methyl ester.
There is also a production report which
confirms the technical reliability of the
various products thus marketed.
RESUMEN ESPAÑOL
Appia pone en rima
Investigación y Desarrollo
sostenible