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REVUE DES INGENIEURS

PARIS - ST-ETIENNE - NANCY

 Les biocarburants

 Rebondir à la
cinquantaine
MINES
PARIS • ST-ETIENNE • NANCY
RÉDACTION :
INTERMINES
32, rue du Mont Thabor 75001 Paris
Actualités
Tél. : 01 46 33 23 20 - Fax : 01 58 62 20 21
E-mail : intermines@wanadoo.fr
Edito 3
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION :
Jean-François MACQUIN (N66) Nominations 4
RÉDACTEUR EN CHEF : Club Mines-Stratégie : 6
François VINÇOTTE (P58)
LA CRISE DE SUEZ DE 1956
SECRÉTAIRE DE RÉDACTION :
Catherine DELPET Club Mines-Environnement et Développement Durable et Club Mines-Énergie : 8
COMITÉ DE RÉDACTION
LES BIOCARBURANTS : UNE ALTERNATIVE DURABLE ?
Rachid ABOURA (P76), Marie-Maxence ANGLEYS (E79),
Guillaume APPÉRÉ (P02), Jean-Pierre BADELLON (E61),
Jean-Frédéric COLLET (N68), Henri DENIAU (P45),
Jean ESTIVALET (E59), Christine GOUNI (E76), André GRAND- Dossier LES BIOCARBURANTS
JEAN (P56), René JOATTON (E49), Francis LANCELOT (E62),
Christian MAILLARD (N63), Alain MARECHAL (N65), Les biocarburants : un sujet à la mode, passionnant et passionné !!! 11
Alexandre MONTIGNY (P01), Jacques SCHROBILTGEN (N57), Jean-François MACQUIN (N66)
François VINÇOTTE (P58)
MAQUETTE : What Role for Biofuels in the Global Energy Scene ? • Claude MANDIL (CM64) - Fatih BIROL 12
COOL GREY, 7, rue Pierre Haret • 75009 Paris
Tél. : 01 42 81 95 15 • cool.grey@wanadoo.fr Les biocarburants : de quoi parlons-nous ? • Denis BABUSIAUX (P63) - Stéphane HIS 15
IMPRESSION : Imprimerie CHIRAT
42540 Saint-Just-la-Pendue TOTAL et les biocarburants • Jacques de NAUROIX (N67) 19
RÉGIE PUBLICITAIRE : F.F.E.
Patrick Sarfati / Jean Latour RENAULT : un constructeur très engagé vis-à-vis des biocarburants 22
18, avenue Parmentier 75523 Paris Cedex 11 Noël LAMORATTA- Bernard LARRICQ (N67) - Gaël FABRE (N00)
Tél : 01 46 28 18 66 • Fax : 01 46 28 18 62
j.latour@ffe.fr
Biocarburants : la voie étroite • François SAGLIER (E69) - Françoise COMBELLES 26
N° d’inscription 0907G79522 de la Commission Paritaire
des Publications et Agences de Presse Biocarburants : une politique dynamique se met en place • Philippe GUILLARD (CM71) 27
ISSN 0150-7516
Abonnement (6 numéros) : 15e (France)
Dépôt légal : Mars/Avril 2007 1990-2006 : quel bilan pour les biocarburants en Allemagne ? • Evelyne GONIA (E90) 30

Les opinions exprimées dans cette revue


n'engagent que leurs auteurs.
Dossier L E R E B O N D À L A C I N Q UA N TA I N E

Introduction • Jacques SCHROBILTGEN (N57) - Christian MAILLARD (N63) 34

Pour réussir son rebond à la cinquantaine • Jacques DARMON (P59) 35


THÊMES DES PROCHAINS
NUMÉROS Le point de vue du DRH • Francis WOUTS (P60) 38
Les camarades ayant des informations
sur les prochains dossiers Portage salarial, mode d’emploi • Bernard ORIOL (E67) 38
et désireux de participer à ces numéros
sont priés de contacter : Impressions sur le management de transition • Gérard NOZIÈRES (N73) 39
INTERMINES au 01 46 33 23 20
ou intermines@wanadoo.fr Histoire d’une mission de management de transition • François FINET (X, INSEAD) 41

Témoignage sur une reprise d’entreprise • Ghislain VIELLARD (E71) 42


n°426
•Les biocarburants (2ème partie)
•Valorisation de l’innovation Aller vers le Conseil à la cinquantaine • François GLÉMET (P69) 44

n°427
•Le Maroc
Nouvelles des Écoles et des Associations

n°428 PARIS 47
•le Conseil SAINT-ÉTIENNE 50
•Génie des procédés NANCY 55

Intermines Actualité / Annonce cocktail 2007 58


Vous aimez
la Revue des Ingénieurs, Événements Carnet 61
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(bulletin d’abonnement page 61)
EDITO

L’histoire revient
François VINÇOTTE
au galop
(P58)

P
ar le jeu de l’évolution du langage, le mot le bon sens et nous rapproche de l’époque des
latin “quadrare” (donner une forme car- grands inventeurs qui, ignorant encore le principe
rée à la pierre) s’est transformé en “car- de précaution, se permettaient toutes les audaces.
rier” puis “carrière”. S’il a en effet normalisé les techniques, le pétro-
Le contenu, le tailleur de pierre, est devenu le le a balayé en revanche, sans ménagement, les
contenant. Mais en même temps le mot latin “car- solutions concurrentes pendant un siècle. Elles
rus”, chariot, après des détours méditerranéens, a ressortent des dossiers sous l’empire de la
évolué en “carrera”, chemin ou route, pour se sta- nécessité.
biliser chez les “oilophones” en... carrière. Les lec- Ainsi, les centrales à charbon augmentent leur
teurs ne manqueront pas de rappeler qu’il s’agit rendement de 36 à 45% en produisant de la
de la règle du contenu-contenant, que l’on retrou- vapeur à plus de 600°C. Elles rejettent (globale-
ve dans l’expression “je bois une tasse”. ment) moins de C02 si la biomasse est mélangée
A défaut de carrière, le mineur peut réussir au charbon à hauteur admissible de 20%. Elles
dans l’expertise internationale. Ce qui le rejettent moins de NOx si l’oxygène est utilisé à la
conduira à effectuer des missions à l’étranger place de l’air comme comburant. Elles seront défi-
pour le compte des bailleurs de fonds (ceux de nitivement acceptées lorsque des arrêtés gouver-
Bruxelles par exemple).
nementaux les obligeront à prélever un peu de
Ceux-ci déplorent en effet que les français soient
l’énergie produite pour liquéfier le gaz carbonique
aussi peu nombreux à mener des missions de ce
à la sortie des chaudières et l’envoyer à plusieurs
genre et que les anglophones se les partagent à
milliers de mètres sous terre.
peu près toutes.
Intermines est en train de voir comment former Pour envisager à quel point l’éventail des possi-
nos anciens élèves à cette discipline qui les autorise, bilités va s’élargir, il suffit de se plonger dans la
de manière défiscalisée, à travailler jusqu’à 70 ans. vie de Pierre Clerget (“Un motoriste de génie
Le mineur peut aussi s’engager dans le combat 1875-1943”, de Gérard Hartman, aux Editions
contre la pollution solide ou gazeuse. de l’Officine).
Sans compter celle qui se mesure en décibels et qui En 1892, celui-ci ajoute au pétrole successivement
nous empoisonne déjà la vie. du nitrate de méthyle puis de l’acétate d’amyle
Nul doute que l’utilisation des énergies nouvelles contenant de l’acétylène dissous et enregistre une
débouchera sur des mises au point, des adapta- puissance de un cheval vapeur à 1000 t/mn sur
tions et des installations qui généreront beaucoup son moteur monocylindre. En 1895, Clerget utilise
plus d’emplois que n’en ont procuré, dans les un combustible à base de schiste blanc finement
années soixante, l’implantation des industries pulvérisé. Il note ensuite que de l’eau ajoutée au
lourdes et...la disparition concomitante des pétrole élimine les fumées, que le mélange de
métiers de niche (microscope, machine-outil, pétrole et d’alcool a un meilleur rendement et que
appareils optique, matériel médical, moto etc.). l’alcool peut être remplacé par du bichromate de
Ce qui devrait conduire les allemands et les fran- potasse en phase aqueuse, moins cher.
çais à comparer les emplois générés respective- Pierre Clerget était loin d’un amateur : il a décou-
ment par l’énergie nucléaire et les énergies nou- vert le principe du moteur mis au point ultérieure-
velles (pour plusieurs objectifs de réduction de CO2 ment par Diesel (avec la pompe injection) et il a
par TWh produit en plus). fabriqué, entre autres choses, près de vingt mille
La vogue croissante des biocarburants provient moteurs d’avion (en étoile) entre 1915 et 1918.
du fait que la quantité de gaz carbonique rejetée
est à peu près équivalente à celle que les plantes, Les lecteurs pourront s’amuser à trouver le nom
qui en sont à l’origine, ont absorbé jusqu’au de ce professeur de chimie de l’École des Mines
moment de leur récolte. Même si l’identité n’est de Saint-Étienne qui a validé en 1899 le principe
pas rigoureuse et même si l’on oublie la fabrica- du moteur de Pierre Clerget, fonctionnant “à l’hui-
tion de NOx dans la combustion, l’action va dans le lourde” avec triple injection.

■ Revue des Ingénieurs - Mars/Avril 2007 3


Direction générale de la Bibliothèque de France en 1993. Il y assurera de nom-
ACTUALITÉ Nationale de France. En 1993, il devient breuses responsabilités avant de devenir en
Directeur du cabinet de Simone Veil, Ministre 2002 Directeur délégué d’EDF-GDF Services.
Nominations des Affaires Sociales et de la Santé, avant Depuis 2004, il était Directeur délégué aux
d’être nommé, en 1995, Commissaire à la activités GNL.
réforme de l’État. Revenu au Conseil d’État
Alain BENQUET (P69) en 1998, Jean-Ludovic Silicani est, depuis Bertrand BARTHELEMY (CM86)
2003, Président d’une des dix chambres de
Il a été nommé Directeur général Europe du la section du contentieux du Conseil d’État.
Groupe COLAS. Il a été nommé Directeur général de
Entré dans le groupe COLAS en 1971 comme Outre la Présidence du conseil d’administra- Capgemini France, Technology Services.
Ingénieur Travaux, il fut durant plusieurs tion de la RMN, Jean-Ludovic Silicani est Après avoir démarré sa carrière dans
années chef d’agence dans différents pays toujours resté très actif dans le monde des l’Administration, il passe dans le groupe
d’Afrique avant de devenir Directeur Europe médias et de la culture : il préside en effet le Usinor en 1997 puis entre chez Capgemini
de l’Est en 1990 puis Directeur Europe cen- Conseil supérieur de la propriété littéraire et en 1999 comme Directeur de la division
trale. artistique depuis 2001 et le Fonds de soutien “Industrie” de Capgemini France et devient
Il était depuis 1999 Directeur général adjoint à la modernisation de la presse depuis 2004. en 2004 Directeur général adjoint de
à la direction générale internationale Est. Capgemini France.
Michel BAUDIN (P74) Il occupait, depuis 2006, la fonction de
Directeur exécutif de la branche Technology
Olivier MAREMBAUD services du groupe Capgemini.
Il a été désigné récemment Directeur général
(N71)
de KAIZEN INSTITUTE France, cabinet de
conseil en management spécialiste de l’amé- Marc PALAZON (E96)
Il est depuis décembre 2006 le
lioration continue.
nouveau Directeur général Il vient d’être nommé Président du Directoire
Il a été précédemment consultant internatio-
délégué de Fret SNCF. Anne- de SMILE, société spécialisée dans la mise
nal en production, notamment aux États-
Marie Idrac, Présidente de la SNCF, le pré- en oeuvre de solutions web à valeur ajoutée.
Unis.
sente comme “bilingue : patron d’entreprise Il conservera également la fonction de direc-
et cheminot” en raison du parcours riche et teur commercial qu’il occupe depuis janvier
varié qu’il a réalisé entre la maison mère et Gilles PLUNTZ (P76) 2004.
ses filiales depuis 1977. Chef d’établisse-
ment exploitation, Responsable des res- Senior Vice President Europe Il a rejoint Smile en 2000 en tant que déve-
sources humaines pour la Région de Paris- du Sud pour le groupe Ferring, loppeur puis chef de projet avec notamment
Nord, Directeur adjoint de l’Action Régionale, il est également devenu res- un important projet d’e-commerce pour
puis Directeur du cabinet du Président, il ponsable de la Scandinavie, Nestlé.
devient en 1997 P.D.G. de Frantour. des Pays Baltes et du Benelux au 1er janvier
Il revient à la SNCF en 1999 comme 2007. Le siège de la nouvelle région David LOURY (N98)
Directeur du transport public régional et “Western Europe” ainsi créée demeurera à
local. Tout en étant membre du Comité exé- Paris. Dans le cadre de ses responabilités Il a remporté en décembre
cutif de la SNCF, il est P.D.G. du groupe élargies, Gilles Pluntz a, par ailleurs, été 2006 le premier concours de
Keolis de 2000 à 2005. Il réussit à placer ce nommé au comité stratégique des investis- créateurs d’entreprise organi-
groupe dans le trio de tête des entreprises de sements du groupe Ferring. Gilles Pluntz, 49 sé par BFM dans le cadre de
transport public comprenant Veolia ans, a rejoint le groupe Ferring l’émission BFM ACADÉMIE qui donne l’occa-
Transport et Transdev, grâce à une augmen- Pharmaceuticals en 2004 après une carrière sion aux apprentis entrepreneurs de tester
tation du chiffre d’affaires de 20% par an et à internationale chez Merck & Co. leur pouvoir de conviction face au public de
une internationalisation accrue. BFM tout en bénéficiant d’un coaching per-
sonnalisé.
Olivier Marembaud se retrouve aujourd’hui Grégoire VARENNE (P81)
chargé de relever l’un des défis majeurs de la Collaborant avec la NASA sur le programme
SNCF : redresser et développer l’activité Fret Il codirigera la division mar- Ultra Efficient Engine Technology, David
dans le contexte nouveau de libéralisation chés de taux, changes et Loury sera contraint de la quitter, comme
des transports ferroviaires. matières premières récem- tous les étrangers sans carte verte, suite aux
ment créée, à l’intérieur du évènements du 11 septembre 2001. Après
Comité de Direction élargi de la Société un rebond chez Altran pour connaître diffé-
Jean-Ludovic SILICANI Générale Corporate & Investment Banking rentes cultures d’entreprises au fil des mis-
(SG CIB). sions chez les clients, il choisit de conjuguer
(N72)
sa passion pour le pilotage des avions et sa
Entré chez SG CIB en 1988, il avait été volonté d’être son propre patron en créant
Il a été nommé en octobre nommé en 2004 Directeur des activités de Cobalt, un nouveau constructeur aéronau-
2006 Président du conseil marchés de taux & dérivés, matières pre- tique français, proposant une gamme
d’administration de la Réunion mières et trésorerie en Europe et en Asie. d’avions privés de 2 à 4 places de nouvelle
des Musées Nationaux (RMN). Titulaire d’un
génération permettant de voler “plus vite,
DEA en Sciences économiques, Jean-
Didier HOLLEAUX (CM82) plus beau et moins cher”.
Ludovic Silicani est sorti, en 1980, major de
la promotion Voltaire de l’ENA (celle de Ces avions sont vendus à un prix de lance-
Dominique de Villepin, Renaud Donnedieu de Il vient d’être nommé Directeur de ment extrêmement attractif et Cobalt offre la
Vabres, François Hollande et Ségolène l’Exploration-Production de Gaz de France. formation de pilotage à tous ses clients.
Royal). Après quelques années passées au Après avoir occupé diverses fonctions dans David Loury vise la clientèle des consomma-
Conseil d’État et à l’ANVAR, il devient en l’administration dont celle de Directeur de teurs aisés au sens large et compte dévelop-
1986 Directeur de l’Administration Générale Cabinet du Ministre de l’Energie, il rejoint Gaz per Cobalt le plus tôt possible aux USA avec
au Ministère de la Culture et prend ensuite la la création de Cobalt LLC.

4 Mars/Avril 2007 - Revue des Ingénieurs ■


ACTUALITÉ Club Mines-Stratégie

Clubs
LA CRISE DE SUEZ DE 1956
Son contexte, ses conséquences, ses enseignements
Échos de notre séance du 15 Février 2007 autour du Vice-Amiral (2S) François Pézard ancien adjoint au Directeur
de la Délégation aux affaires stratégiques du Ministère de la Défense, Directeur du département “Conseil en stra-
tégie (STRATCO)” du Groupe Défense Conseil International.
Jacques BOIVIN (P52)
Président du Club
Mines-Stratégie Un ordre ancien disparaît… Un prestige immense
remplacé par un nouveau
Nasser est un officier d’origine modeste héros de la pre-
mière guerre israélo-arabe de 1948. Alors que partout
La crise de Suez de 1956 constitue un moment singulier
les forces arabes se sont effondrées sous les coups des
de notre histoire. En quelques semaines, on observe une
contre-offensives israéliennes, le Capitaine Nasser a
transformation radicale des relations internationales. Un
résisté dans la poche de Fallouga. Dès 1943, il avait mili-
ordre ancien, en quelque sorte en surfusion, disparaît...
té dans les milieux nationalistes en association avec les
remplacé par un nouveau.
frères musulmans. Arrivé au pouvoir, il a instauré un
Partant des spécificités et des intentions des protago- régime autoritaire, dissolvant les partis pour les rempla-
nistes, nous allons voir un processus échapper à tout cer par un Rassemblement de la Libération dont il est le
contrôle et tout pronostic. Secrétaire Général et éliminant ses concurrents, commu-
nistes et frères musulmans notamment. Il acquiert très
L’Égypte entretenait de longue date des relations com- vite un prestige immense grâce à une réforme agraire et
plexes avec les français et les anglais. L’expédition de à une participation active à la conférence de Bandoeng
Bonaparte qui avait brisé la féodalité des Mamelouks (avril 1955) dont il devient de fait co-organisateur aux
avait été le point de départ d’une véritable renaissance côtés de géants comme Nehru et Tito. Il apparaît comme
du pays et de son entrée dans la modernité. Méhémet- le champion de l’anticolonialisme, de la lutte contre
Ali, vice-roi ottoman d’origine grecque actif et intelli- Israël, du développement et du non-alignement (non-
gent, avait poursuivi l’action contre les Mamelouks et alignement d’ailleurs formel vis-à-vis des soviétiques qui
pour le développement du pays avec l’appui d’ingé- ne cesseront de manipuler le mouvement à leur profit).
nieurs et de militaires français. L’influence française cul-
mine en 1859 avec l’inauguration du Canal de Suez par La nationalisation du canal pour
Napoléon III. financer le barrage

De nouvelles émeutes anti-anglaises En bon dictateur, Nasser cherche des armes notamment
fomentées par Nasser pour se lancer dans la reconquête de la Palestine. Les
États-Unis se méfient et avant toute vente d’armes veu-
Mais après 1870 les anglais vont très vite supplanter les lent faire signer, comme à tous leurs autres partenaires,
français. L’épreuve de force a lieu à Fachoda au Soudan un pacte antisoviétique, ce que Nasser refuse. Les sovié-
égyptien où la France réalise qu’elle n’a plus les moyens tiques, eux, sont ravis et fournissent tout ce qu’on leur
de contenir l’expansion anglaise en Afrique de l’Est. En demande. Parallèlement, Nasser veut engager l’Égypte
1914 l’Égypte passe sous protectorat anglais jusqu’en dans un projet pharaonique, celui de la construction d’un
1922 date à laquelle une révolte anti-anglaise fait accé- barrage à Assouan pour pouvoir réguler les crues du Nil,
der le pays à l’Indépendance. Mais les anglais restent mais pour cela il a besoin d’un financement. Sollicités, les
très présents ; en 1942 ils font renverser un gouverne- américains et les anglais, inquiets du rapprochement
ment jugé trop favorable aux allemands pour le rempla- entre Nasser et les soviétiques, tirent arguments des
cer par un nouveau à leur botte. achats d’armes pour se récuser le 20 juillet 1956. Trois
jours plus tard, Nasser décrète la nationalisation du canal
pour financer le barrage.
En 1952 de nouvelles émeutes anti-anglaises fomentées
par Nasser amènent la déposition du roi Farouk totale- C’est un véritable coup de tonnerre qui prend de court
ment discrédité par son inféodation aux anglais et son tout le monde. La symbolique du coup de force est vive-
train de vie de potentat oriental. En 1953 la République ment condamnée, beaucoup plus que la spoliation car
est proclamée et Néguib, vieux Général mis en avant par une indemnisation est prévue. Sur le fond, les motiva-
Nasser, en devient le premier Président. Celui-ci n’arri- tions des protagonistes sont très différentes.
vant pas à obtenir le départ des troupes anglaises, cen-
sées nécessaires pour parer aux troubles dans la région Des gesticulations qui n’impressionnent
est déposé à son tour par Nasser en 1954. Le 18 Juin pas Nasser
1956 les troupes anglaises évacuent l’Égypte, les Les anglais sont furieux. Depuis dix ans, ils ont fait beau-
grandes manœuvres peuvent commencer. coup de concessions sur le plan politique pour garder

6 Mars/Avril 2007 - Revue des Ingénieurs ■


leur influence économique. Et Nasser les prend à contre-pied. Le L’Angleterre et la France ne sont plus de grandes
premier Ministre Anthony Eden était le Ministre des Affaires Étran- puissances
gères de Chamberlain à Munich ; il ne veut à aucun prix céder au
dictateur du Nil. Le 6 novembre un cessez-le-feu intervient et le 15 une force d’in-
terposition de l’ONU est mise en place. Le canal restera fermé jus-
Les français non encore remis de Dien Bien Phu et de la perte de qu’en mars 1957.
l’Indochine doivent fournir de gros efforts en Algérie où le contin-
gent est engagé. Le FLN a été invité à Bandoeng et le GPRA est Le monde entier constate que l’Angleterre et la France ne sont plus
hébergé au Caire. L’opinion française aspire à sortir d’une longue de grandes puissances. Ce ne sont plus non plus des puissances
période d’humiliations et de frustrations. coloniales, elles ne peuvent plus s’opposer à des mouvements d’in-
dépendance.
Les israéliens que l’exiguïté de leur territoire prive de toute possibi-
lité de manœuvre sont inquiets de l’agressivité de ce voisin désor- Les britanniques reviennent à la vision de Churchill, ils ne peuvent
mais surarmé, qui apparaît de plus en plus comme le rassembleur rien faire sans les États-Unis et doivent s’efforcer d’aligner leurs
du monde arabe pour une guerre de revanche contre Israël. positions sur celles de ces derniers.

Les américains sont peu intéressés par le canal dont ils n’ont pas Les français en tirent une conclusion inverse : décidément, toute
vraiment l’usage, et en pleine guerre froide, ils souhaitent éviter de alliance a ses limites et on ne doit compter que sur ses propres
se laisser entraîner dans l’engrenage d’un conflit périphérique qui forces. L’alliance avec les États-Unis n’échappe pas à cette règle et
finirait par les opposer aux soviétiques. Ils vont tout faire pour il faut s’efforcer de se passer des américains dans toute la mesure
rechercher une solution négociée. du possible ; la création d’une force nucléaire indépendante, le
maintien d’une industrie d’armement nationale diversifiée et per-
Le 2 août, anglais et français décident de réagir ensemble. Ils com- formante, le retrait de l’OTAN opéré par De Gaulle quelques années
mencent bien sûr par des gesticulations qui n’impressionnent pas plus tard s’inscrivent dans cette ligne.
Nasser. Une opération est projetée, dont le commandement est
La IVe République est condamnée.
attribué aux britanniques, ce qui est assez logique compte tenu du
niveau encore élevé des forces armées britanniques et du manque Israël a seul atteint son objectif minimum, casser l’appareil militaire
relatif de disponibilité des forces françaises engagées par ailleurs, égyptien. Mais il n’a toujours pas d’espace stratégique. Il s’éloigne-
notamment en Algérie. Sa planification, faute d’objectifs bien défi- ra progressivement de la France pour se rapprocher des États-Unis,
nis, est passablement chaotique. seuls à même de faire contre-poids aux Soviétiques dont l’influen-
D’autant plus que les américains vont tenter de gagner du temps en ce va croissant dans les pays arabes.
s’évertuant à régler le problème via l’ONU. Mais toutes les solutions
Nous entrons dans une période où les succès militaires seront sou-
sont récusées tour à tour par l’un ou l’autre camp quand ce ne sont
vent suivis de défaites politiques.
pas les soviétiques qui mettent leur veto au Conseil de Sécurité.
Nasser en profite pour durcir sa position notamment en interdisant L’une voulait débarquer à Port-Saïd,
le canal aux israéliens. L’impasse est totale. l’autre à Alexandrie
De très fortes réactions inattendues Au total la Grande-Bretagne et la France ont fort mal géré la crise.

Pour autant, les opinions publiques britanniques et françaises sont Elles ont gravement sous-estimé l’enjeu et pris le risque de se
toujours très remontées et le 18 octobre leurs gouvernements s’ac- déconsidérer.
cordent sur la nécessité d’une intervention militaire comme seule Elles ont personnalisé l’événement à l’extrême, tout était de la faute
solution possible. Il est bien sûr tentant de s’allier aux israéliens, de Nasser et il suffirait de l’éliminer. C’était d’ailleurs le seul objec-
mais les anglais sont garants des frontières israélo-arabes issues de tif qu’elles avaient en commun. La Grande-Bretagne voulait récu-
l’armistice de 1948. Finalement, on décide assez hypocritement que pérer le canal, la France affaiblir la rébellion algérienne, l’une vou-
les israéliens attaqueront seuls et que les franco-britanniques inter- lait débarquer à Port-Saïd, l’autre à Alexandrie.
viendront ensuite, après un ultimatum, pour s’interposer entre les
belligérants. Elles ne se sont absolument pas souciées des répercutions possibles
sur l’opinion internationale. Déclencher l’opération sans prévenir à
Les israéliens attaquent le 29 octobre et les franco-britanniques la veille des élections présidentielles américaines était pour le moins
effectuent une opération aéroportée, un peu retardée par les aléas, maladroit ; c’était mettre devant le fait accompli un allié très puis-
le 5 novembre. Tout va bien sur le plan militaire mais... il y a de très sant que l’on savait anticolonialiste et pacifique.
fortes réactions inattendues.
Les saoudiens et les autres états arabes cessent leurs approvi- Mais les américains, pourtant prévenus, n’ont pas fait mieux lors de
leur intervention militaire de l’Irak de Saddam Hussein.
sionnements en pétrole (la Syrie coupe tous les oléoducs à l’ex-
ception de celui de l’Aramco).
Question Comment se fait-il que les américains qui ont su magni-
Les américains, furieux de ne pas avoir été prévenus alors qu’ils
fiquement reconvertir l’Allemagne nazie et le Japon militariste en
sont à quelques jours du scrutin de réélection d’Eisenhower, font
1945 se soient comportés de façon aussi évidemment contre-indi-
chuter le cours de la livre (Londres perdra quelque 15% de ses
quée vis-à-vis de l’Irak ?
réserves de devises en un mois).
Les soviétiques menacent le 5 novembre à 23h30 d’envoyer deux Réponse C’est évidemment très surprenant. Peut-être parce qu’en
fusées à tête nucléaire, l’une sur Londres, l’autre sur Paris. 1945 la génération aux commandes avait connu la crise et savait

■ Revue des Ingénieurs - Mars/Avril 2007 7


qu’elle devait se montrer prudente et pragmatique, alors que celle Question Après la crise de Suez l’aura de Nasser s’est-elle mainte-
aux commandes soixante ans plus tard n’avait connu que des suc- nue ?
cès et avait vu son idéologie libérale venir à bout du communisme.
Réponse L’aura de Nasser en tant que champion de l’anticolonia-
Question Comment se situent les événements de Hongrie par rap- lisme est restée intacte. Mais après 1956 il a prétendu, via des
port à la crise de Suez ? entreprises de prise de contrôle de la Syrie et du Yémen qui ont
échoué, à une hégémonie dans tout le monde arabe, ce qui lui a
Réponse Ils sont presque concomitants. La révolte hongroise qui
beaucoup nui.
couvait depuis avril 1955 avait pris une forme aiguë le 21 octobre
1956 avec le tir des forces de sécurité sur une manifestation étu-
Question La décision des saoudiens et des autres pays arabes de
diante, le déclenchement d’une grève générale, le ralliement de la
couper les approvisionnements en pétrole a-t-elle eu des répercu-
police ordinaire et de l’armée aux côtés des insurgés,... Le 27 était
tions concrètes importantes ?
formé un nouveau gouvernement qui négociait avec les sovié-
tiques; le 30 les forces soviétiques commençaient à se retirer du Réponse Oui, bien que la dépendance de l’Occident vis-à-vis du
pays. Mais elles revenaient le 4 novembre et le 7 la révolte était pétrole du Moyen-Orient fut à l’époque bien moindre qu’actuelle-
écrasée. Les américains et les européens, peut-être obnubilés par la ment. La France a connu à nouveau des tickets d’essence jusqu’en
crise de Suez, n’ont pas bougé. En quelques jours, sur deux fronts mars 1957 date de la réouverture du canal. Surtout cette décision a
les soviétiques ont montré leur force. fait comprendre à tous le poids de cet argument.

ACTUALITÉ Club Mines-Environnement et Développement Durable et Club Mines-Énergie

Clubs
Les biocarburants :
une alternative durable ?
Conférence-Débat du 4 décembre 2006

Par André Douaud


Directeur technique du Comité des constructeurs français de l'automobile

Président de séance : Jean Zettwoog (N66)


Rapporteur : Hervé Cueff (E65)

Les diapositives utilisées par M. Douaud pour sa conférence sont consultables sur le site http://www.inter-mines.org, dans la
rubrique “Clubs professionnels” de l’espace privé. Sélectionner le club “Mines-Environnement et Développement Durable” puis
en milieu de page la rubrique “RDV passés”.

André Douaud est depuis 2003


le Directeur technique du Comité des
Données préalables
constructeurs français d'automobiles.
Il les représente dans les instances natio- Les enjeux de la mobilité durable
nales et internationales pour
la recherche, le développement, la
réglementation et l'utilisation des Les principaux enjeux de la mobilité durable aux plans
véhicules automobiles.
Il a participé en 2003 à l'élaboration du environnemental et économique sont :
rapport sur les Nouvelles Technologies • La pollution locale résultant des émissions gazeuses
de l'Énergie pour la France à l'horizon
André DOUAUD 2050 et en particulier sur les thèmes polluantes et de particules.
concernant le transport, les énergies • L’émission de CO2, qui n’est pas un polluant, mais qui
alternatives et les biocarburants.
Il a présidé le groupe de travail biocarburants de la Commission participe à l’effet de serre.
Interministérielle Véhicule Propre et Économe, qui a publié
le rapport "Recommandations pour un Développement Durable des • La consommation d’énergies fossiles dont le stock est
Biocarburants en France". limité.
Il est vice-président du Centre interprofessionnel technique d'études
de la pollution atmosphérique.
Il a occupé précédemment le poste de directeur des recherches du La pollution locale par l’automobile est
centre de résultats "Moteurs et Énergies" à l'Institut Français du un problème en voie d’être résolu
Pétrole.
Il est l'auteur de publications sur les moteurs propres et leurs
énergies, et a initié la méthodologie des bilans de gaz à effet de • Sur les 10 dernières années les quantités d’émissions
serre CO2 "du puits à la roue" des énergies conventionnelles
et alternatives. polluantes en Ile-de-France ont été divisées par :
André Douaud est diplômé de l'École Centrale de Nantes et de - 5 pour le monoxyde de carbone (CO),
l'École du Pétrole et des Moteurs.
- 3 pour le monoxyde d’azote (NO),

8 Mars/Avril 2007 - Revue des Ingénieurs ■


- 4 pour le dioxyde de soufre, fort pourcentage (on parle de E85) dans une voiture il faut adap-
- 5 pour le benzène, ter les moteurs et c’est la filière flex-fuel qui accepte tout mélange
- 1,5 pour le dioxyde d’azote (NO2), de 0% à 85% qui se généralise.
- 2 pour les fumées noires (particules). • Substituables au gazole : il s’agit du biodiesel issu de l’estérifica-
• Ces résultats sont dus au durcissement continu des normes anti- tion d’huiles végétales et de méthanol (EMHV : Ester Méthylique
pollution européennes, dont l’effet l’emporte sur celui de l’aug- Huile Végétale) ou d’éthanol (EEHV). On peut utiliser ces carbu-
mentation du trafic, et cela malgré l’effet retardateur dû au poids rants en mélange dans les moteurs diesel sans transformation jus-
des véhicules anciens dans le parc “l’effet de parc”. qu’à 10% et même 30% moyennant quelques précautions de
maintenance.
Si tous les véhicules du parc respectaient la dernière norme Euro4,
entrée en application le 1er janvier 2006, les niveaux d’émissions Les émissions de CO2 des différents carburants
polluantes seraient inférieurs aux niveaux actuels, de 70% pour les “du puits à la roue”
NOx, et de plus de 80% pour les HC, CO, et les particules.
Les quantités de CO2 émises par la combustion des différents bio-
carburants sont sensiblement les mêmes, et sont équivalentes aux
Les gaz à effet de serre
quantités émises par les carburants auxquels ils sont substituables,
Les émissions de gaz à effet de serre dans le Monde se sont élevées lorsqu’on les mesure en quantités par unité de puissance (kg/kWh).
en 2000 à près de 42 milliards de tonnes, dont 77% de CO2, et Mais il n’en va pas de même lorsque l’on raisonne en quantité de
14% de méthane. CO2 émis “du puits à la roue”.
Dans ce total les transports ont représenté 14% (10% pour la route,
2% pour le maritime, 2% pour l’aérien), l’agriculture 18%, le rési- Pour les carburants fossiles il s’agit du CO2 émis à la combustion,
dentiel et le tertiaire 19%, la déforestation 18%, l’industrie 31%. auquel on ajoute le CO2 émis pour sa production.
Bien que les transports routiers ne représentent qu’une part relati- Pour les biocarburants le CO2 émis lors de sa combustion a préala-
vement faible des émissions des gaz à effet de serre, cette part a blement été capté par la plante, par photosynthèse, et n’a donc pas
tendance à augmenter et il est donc important d’étudier des solu- à être compté. Il faut donc prendre seulement en compte le CO2
tions permettant de diminuer ces émissions, en développant des émis pour sa production, s’il est d’origine fossile (engrais, trac-
énergies alternatives à “bas carbone”, telles que les biocarburants teur,...). C’est pourquoi le bilan CO2 de l’éthanol brésilien est très
tout en améliorant l’efficacité énergétique des véhicules. bon (beaucoup de main-d’oeuvre, peu de tracteurs) quand celui de
l’éthanol US est mauvais, pour les raisons inverses.
La production et la consommation des énergies fossiles En raisonnant ainsi le bilan CO2 des biocarburants devient bien plus
dans le monde favorable que celui des carburants fossiles. Mesuré en g de
• La production d’énergies dans le Monde en 2002 a été d’environ CO2/km, les émissions du puits à la roue sont :
10000 Mtep, dont : • pour les carburants fossiles de 150 à 200 g/km,
- 80% d’énergies fossiles : gaz naturel 21% - charbon 24% - • pour les biocarburants de 20 à 80 g/km.
pétrole 35% (dt 20% pour le transport, et 15% pour les instal-
lations fixes), Coûts de production des biocarburants et
- 20% d’énergies non fossiles : renouvelables 13% (dt hydro surfaces nécessaires
2%) - nucléaire 7%.
• La consommation d’énergies dans le Monde en 2002 a été d’en- Le tableau ci-après regroupe les chiffres-clés concernant les diffé-
viron 7000 Mtep, dont : rents carburants :
- 77% d’énergies fossiles : gaz 16% - charbon 7% - pétrole 44%
(dont 25%, soit 1750 Mtep pour le transport), Les biocarburants : les chiffres-clés
- 14% d’énergies
renouvelables, Surf nécess Coût prod HT
Facteur en E/litre Coût en E/T
- 16% d’électricité, en m2/litre de CO2 évité
C02* équiv essence équiv essence
- 3% d’autres énergies.
• Sur les 1750 Mtep de Gazole de synthèse extrait du bois ** 12 4 0,33/0,60 30/160
consommation pour les Ethanol canne Brésil 2004 7 2,4 0,19 0, pris comme réf
transports, l’essence et Ethanol de synthèse extrait du bois ** 5 4 0,25/0,56 0/160
le gazole ont représen-
Ester d'huile de tournesol 4 9 0,3/0,6 25/300
té 98%, et les carbu-
Ester d'huile de colza France 2004 4 6,3 0,34 50/200
rants alternatifs seule-
ment 2%. Ethanol de betterave France 2004 3 2,4 0,56 160/370
Ethanol céréale 1,7 5,5 0,42/0,67 145/400
Les biocarburants Gazole de pétrole (pétrole à 40$/baril) 1,2 0,25/0,28
Essence de pétrole (pétrole à 40$/baril) 1 0,25/0,27
Les biocarburants de
1ère génération * facteur par lequel il faut divisé le CO2 émis par rapport à essence
** procédés en cours de développement, au stade R&D seulement
• Substituables à l’essence : il s’agit de l’éthanol issu du sucre de
betterave, de blé, de maïs ou de canne, et de son dérivé l’Ethyl Sur la base d’une hypothèse d’un pétrole à 40$ le baril, les coûts de
Tertio Butyl Ether (ETBE) de synthèse. Jusqu’à 10% en mélange production de la plupart des biocarburants restent plus élevés que
dans l’essence pour l’éthanol ou 20% pour l’ETBE tous les véhi- ceux de l’essence ou du gazole, sauf le coût de production de
cules récents acceptent ces alternatives Pour utiliser l’éthanol à l’éthanol au Brésil.

■ Revue des Ingénieurs - Mars/Avril 2007 9


Au plan strictement économique il serait plus inté-
ressant d’importer de l’éthanol du Brésil que de Débat
développer une filière française, mais la politique
française dans ce domaine prend également en Question : les biocarburants pourront-ils un jour remplacer les carburants fossiles ?
compte les problèmes purement agricoles Réponse : non, pas totalement. Compte tenu des surfaces requises et des coûts de
(PAC,...). production espérés à terme, on peut viser un taux de substitution de 30% à long
Au plan des surfaces nécessaires, l’objectif qui terme.
paraît ambitieux mais réaliste à terme pour l’étha-
nol est d’un m2/litre d’équivalent essence, car les Question : que pensez-vous de l’alternative hydrogène produit à partir du nucléaire ?
plantes utilisées aujourd’hui pour produire des Réponse : personnellement, je n’y crois pas, du fait du problème que poserait sa pro-
biocarburants ont été optimisées pour l’alimenta- duction sans gaz à effet de serre et sa distribution.
tion et non pour la production de carburants. Un
potentiel de progression de leur “rendement Question : compte tenu que la pollution locale est un problème déjà réglé avec la
énergétique” existe donc certainement. norme Euro 4, si l’on intègre “l’effet de parc”, ne serait-il pas plus judicieux d’inves-
tir dans le développement des biocarburants, plutôt que dans la mise en place de
Les biocarburants dans le Monde normes encore plus dures, comme Euro 5, puis Euro 6 ?
Réponse : je suis tout à fait d’accord avec vous, mais il est difficile d’empêcher le
En 2004, la consommation de biocarburants dans législateur de légiférer. A noter toutefois que la norme Euro 5 sera bienvenue pour
le Monde a été de 28 millions de m3 pour l’étha- totalement résoudre le problème des particules des diesels.
nol, presque exclusivement aux USA+Canada
(12,7) et au Brésil (14,5), et de 1,5 millions de m3 Question : où en sont les projets d’usines de production de biocarburants, et les
pour le biodiesel, presque exclusivement en usines d’aujourd’hui pourront-elles être utilisées pour produire les biocarburants de
Europe. demain ?
Réponse : les projets de construction suivent leurs cours, et les usines de production
Le plan biocarburants en Europe et en France d’éthanol pourront être utilisées à l’avenir: elles produiront le même produit à partir
de matières premières qui pourront être différentes.
La Directive incitative de l’UE du 8 mai 2003
retient à l’horizon 2020 un objectif de 8% de bio- Question : quid du problème des surfaces nécessaires ?
carburants, pour environ 2% aujourd’hui. Réponse : avec les taux de substitution évoqués plus haut, les spécialistes considè-
Le plan français de septembre 2004, durci en sep- rent que les surfaces disponibles seront suffisantes, si l’on intègre à l’agriculture
tembre 2005 retient des % de substitution de l’es- actuelle les deux sources de biomasse que sont les forêts et les déchets végétaux, ce
sence et du gazole par les biocarburants de : qui impliquera évidemment une gestion performante des forêts et des déchets.
5,75% en 2008, 6,25% en 2009, 7% en 2010,
10% en 2015.
Ce plan conduit à multiplier par 3 la production de ANNONCE
2005 à 2007, et prévoit 19 sites de production de
3,6 millions de tonnes de biodiesel et de six sites Le Club Mines-Environnement & Développement Durable
de production de 1,2 million de tonnes d’éthanol, s’associe au Club ESSEC-Environnement
à l’horizon 2010.
Les producteurs ont assuré qu’ils disposaient des pour l’organisation d’une conférence-débat :
surfaces nécessaires, mais pour investir dans de
nouvelles usines, ils ont demandé à l’état un le jeudi 26 avril 2007 à 18h45
engagement de pérennité de la détaxation des à l’École des Mines de Paris
biocarburants, afin de garantir leur compétitivité. 60 boulevard Saint-Michel - 75006 PARIS
L’offre des constructeurs va évoluer en consé-
quence, avec la mise sur le marché de véhicules Harilaos Loukos, Président de la Société Climpact
flex-fuel dès 2007, sachant que les véhicules nous parlera de
actuels acceptent déjà des mélanges à 10%
d’éthanol ou de biodiesel, voire jusqu’à 30% de
biodiesel en flottes captives (fréquence de révision
l’impact de la météo
plus grande). et du climat sur l’économie
Il est à noter que les Constructeurs sont farouche-
ment opposés à l’utilisation d’huile végétale pure
ou en mélange, pour cause de casse des moteurs. L’objectif de cette présentation est de faire un tour d’horizon des modes d’in-
fluence des aléas climatiques sur l’économie, de leur impact financier et des
modes de gestion du “risque climatique”.
En conclusion
Harilaos Loukos est également “Expert Climat” auprès de l’Union
Les biocarburants sont idéalement adaptés à une Européenne. Climpact est une entreprise innovante issue de l’Institut Pierre
utilisation dans le transport, du fait qu’ils se pré- Simon Laplace (CNRS, CEA, X, ENS, IRD, UPMC, UVSQ) spécialisée dans
sentent sous forme liquide. la gestion du risque climatique.
Ils constituent la meilleure alternative “bas CO2”
au tout pétrole, et constituent une solution massi- Vous pouvez vous inscrire avant le 23 04 2007 directement sur le site
ve pour remplacer à long terme 20 à 30% des internet d’intermines : www.inter-mines.org
carburants fossiles.

10 Mars/Avril 2007 - Revue des Ingénieurs ■


DOSSIER LES BIOCARBURANTS

Les biocarburants : un sujet à la


mode, passionnant et passionné !!!
es biocarburants sont-ils une réponse à une problé- tulent leur article : les biocarburants, de quoi parlons
Jean-François
MACQUIN (N66) L matique complexe touchant l’Environnement, les
besoins d’énergie et donc toute l’Economie, la
Politique ?
nous ?
• Jacques de Nauroix (N67) nous livre quelques
réflexions sur la façon dont Total se prépare à l’incor-
Délégué général poration des biocarburants dans les carburants exis-
d’Intermines Environnement : la grande majorité du monde scienti- tants et les problèmes opérationnels que cela pose.
fique est désormais d’accord pour dire que les activités • Noël Lamorrata, Bernard Larricq (N67) et Gaël
humaines ont une influence rapide sur le réchauffement Fabre (N00) de Renault nous présentent, comment un
climatique et tous les bouleversements qu’il engendre. constructeur, fort de son expérience au Brésil, se prépa-
Économie : dès que nous parlons Énergie, des centaines re à répondre aux directives européennes et françaises
de milliards d’“e” et de “$” sont concernés. en la matière.
Politique : un tel sujet concerne les états développés, • L’article de François Saglier (E69) et Françoise
les états en voie de développement, les états producteurs, Combelles illustre la problématique de la RATP pour sa
les états consommateurs, les aides et subventions flotte captive vis-à-vis des biocarburants.
diverses, l’OMC et la PAC. • Philippe Guillard (CM71) du ministère de
Nos besoins en énergie ont cru de façon très significative l’Economie, des Finances, et de l’Industrie nous expose
en quelques dizaines d’années. A titre d’exemple, en l’ambitieuse politique française sur ce sujet.
France, ceux-ci ont été multipliés par 2,6 par individu • Evelyne Gonia (E90) nous décrit quelle a été la poli-
entre 1960 et 2004. Notre civilisation est liée au dévelop- tique allemande en matière de biocarburants, comment
pement si possible maîtrisé de nos besoins énergétiques... elle évolue et en quoi elle diffère de l’approche française.
Une échelle de temps et des chiffres difficiles à
appréhender : Les matières fossiles fournissant les car- Le numéro 426 de la Revue traitera de la production des
burants traditionnels auront été épuisées en quelques cen- biocarburants et de leurs bilans économiques et environ-
taines d’années (102) alors que la nature et l’énergie solaire nementaux :
les ont crées en centaines de millions d’années (108). • Tout d’abord Corinne Lepage nous a accordé une inter-
Les gaz à effet de serre représentent en l’an 2000 l’équi- view pour nous donner son point de vue sur les biocar-
valent de 40 milliards de tonnes de CO2 émis dans l’at- burants, sa vision sur les autres énergies et le rôle des
mosphère dont 14% environ sont attribuables au trans- grandes Ecoles dans une politique de développement
port. durable.
En 2002 le pétrole représentait 35% de l’énergie mondia- • Technip sous la plume de Guy Arlette (CM70) et de
le produite dont 20% pour les transports. Gilles Queinnec nous présenteront l’Ingénierie des uni-
Heureusement, la nature, sous l’action de la photosyn- tés de production de bioéthanol et de biodiesel pour les
thèse, et les océans transforment une part importante de construire et les rendre opérationnelles en un an.
ces gaz à effet de serre mais l’équilibre général entre leur • Deux producteurs, Roquette (bioéthanol) et Sofiproteol
production et leur destruction n’est plus atteint. Le systè- (Biodiesel) dans un article écrit par Jean-Hubert Graulier
me asservi se dérègle sous l’action des activités humaines. (N73) et dans une interview par Jean-François Macquin
(N66) de Georges Vermeersch nous décriront les inves-
Énergie renouvelable sous forme liquide, les biocarburants tissements industriels entrepris par leur société.
sont là pour partiellement remédier au problème posé. • Olivier Muller (P89) et son équipe sur la base d’une
étude ADEME menée en 2002 par Ecobilan, membre du
Devant l’importance de ce dossier et de la place disponible département Développement durable du cabinet
dans la Revue des Ingénieurs, il a été décidé de répartir les Pricewaterhouse Coopers fera un point sur les résultats
articles sur deux numéros de la revue : le 425 et le 426. environnementaux, les externalités et les effets induits
du développement des biocarburants.
Ce numéro 425 pose les problèmes liés à l’évolution des • David Treguer de l’INRA traitera de la rentabilité écono-
besoins d’énergie et aux conséquences climatiques liées à mique des biocarburants en France, de leur bilan éner-
l’émission des gaz à effet de serre et explicite les réponses gétique selon un modèle différent de celui de l’ADEME
politiques apportées à ce jour, en France et en Allemagne. et de leur impact possible sur le monde agricole.
De grands acteurs économiques, un pétrolier et un • Dans une interview réalisée par Jonathan Houver (P05)
constructeur automobile, exposent comment ils se prépa- et Jonathan Baudier (P05) élèves de deuxième année,
rent à répondre aux directives européennes et nationales Michel Lopez de la Direction Stratégie du Crédit
sur les biocarburants. Agricole, nous donnera une dimension financière et
• Il revenait à Claude Mandil (CM64) et à Fatih Birol évoquera les risques liés à ces investissements. ■
de l’Agence Internationale de l’Energie de planter le
décor sur l’évolution des besoins d’énergie au niveau Bonne et je l’espère agréable lecture. Vos ques-
mondial et la place envisagée pour les biocarburants. tions, remarques et réactions sont les bienvenues
• Stéphane His et Denis Babusiaux (P63) de l’IFP inti- sur intermines@wanadoo.fr

■ Revue des Ingénieurs - Mars/Avril 2007 11


Dossier : Les biocarburants

What Role for Biofuels in the


Global Energy Scene?
Introduction World Primary Energy Demand in the Reference Scenario
Claude MANDIL (CM64)
Directeur exécutif de The world is facing twin energy-
l’Agence Internationale related threats: that of not having
de l’Énergie (IEA)
adequate and secure supplies of
energy at affordable prices and
that of environmental harm cau-
sed by consuming too much of it.
Safeguarding energy supplies is
once again at the top of the inter-
national policy agenda. Yet the
current pattern of energy supply
carries the threat of severe and
Fatih BIROL irreversible environmental damage
Chief Economist, IEA - including changes in global cli-
mate. (Mtoe : Million tons of oil equivalent)

The need to curb the growth in fossil-energy demand, 2030. The share of oil drops, though oil remains the lar-
to increase geographic and fuel-supply diversity and to gest single fuel in the global energy mix in 2030. Global
mitigate climate-destabilising emissions is more oil demand reaches 99 million barrels per day (mb/d) in
urgent than ever. 2015 and 116 mb/d in 2030 - up from 84 mb/d in 2005.
Coal sees the biggest increase in demand in absolute
The International Energy Agency’s World Energy terms, driven mainly by power generation. China and
Outlook 2006 confirms that fossil-fuel demand and India account for almost four-fifths of the incremental
trade flows, and greenhouse-gas emissions would fol-
demand for coal. It remains the second-largest primary
low their current unsustainable paths through to 2030
fuel, its share in global demand increasing slightly. The
in the absence of new government action - the under-
share of natural gas rises marginally. Hydropower’s
lying premise of their Reference Scenario. It also
share of primary energy use also rises slightly, while
demonstrates, in an Alternative Policy Scenario, that a
package of policies and measures that countries that of nuclear power falls. The share of biomass falls a
around the world are considering would, if implemen- bit, accounting for 10% of total primary energy demand
ted, significantly reduce the rate of increase in demand in 2030, as developing countries increasingly switch to
and emissions. Importantly, the economic cost of using modern commercial energy, offsetting the gro-
these policies would be more than outweighed by the wing use of biomass as feedstock for biofuels produc-
economic benefits that would come from using and tion and for power and heat generation. Other rene-
producing energy more efficiently. wable energy technologies, including wind, solar, geo-
thermal, wave and tidal energy, see the fastest increase
Reference Scenario: in demand, but their share of total energy use still
Global Energy Demand to 2030 reaches only 1.7% in 2030 - up from 0.5% today.

Global primary energy demand in the Reference


Scenario is projected to increase by just over World Primary Energy Demand by Fuel
in the Reference Scenario
one-half between now and 2030 - an average
annual rate of 1.6%. Energy demand grows by
more than one-quarter in the period to 2015
alone. Global energy-related carbon-dioxide
(CO2) emissions increase by 55% between 2004
and 2030, or 1.7% per year, in the Reference
Scenario. They reach 40 gigatonnes in 2030, an
increase of 14 Gt over the 2004 level.

Globally, fossil fuels will remain the dominant


source of energy to 2030. In the Reference
Scenario, they account for 83% of the overall
increase in energy demand between 2004 and

12 Mars/Avril 2007 - Revue des Ingénieurs ■


Dossier : Les biocarburants

Over 70% of the increase in demand over the projection period of sions more than double between 2004 and 2030, driven by strong
this scenario comes from developing countries. The OECD’s share economic growth and heavy reliance on coal in power generation
of world demand drops, from just under half in 2004 to 40% in and industry. China overtakes the United States as the world’s
2030, while that of the developing countries jumps, from 40% to biggest emitter before 2010.
50%. The share of China alone rises from 15% to 20%. The tran-
sition economies’ share falls from 10% to 8%. The increase in the Current trends in energy consumption are neither secure nor sus-
share of the developing regions in world energy demand results tainable - economically, environmentally or socially. Inexorably
from their more rapid economic and population growth. rising consumption of fossil fuels and related greenhouse-gas
Industrialisation and urbanisation boost demand for modern com- emissions threaten our energy security and risk changing the
mercial fuels. The developing regions account for 23 million bar- global climate irreversibly. The trends described above, howe-
rels per day (mb/d), or 71%, of the 33 mb/d increase in oil ver, are not set in stone. Indeed, governments may take stronger
demand between 2005 and 2030, with demand growing most action to steer the energy system onto a more sustainable path
rapidly in volume terms in the developing Asian countries. Oil than the one projected in the Reference Scenario.
demand increases less quickly in the OECD regions and the tran-
sition economies. In volume terms, gas demand expands most in An Alternative Policy Scenario Energy Future
the Middle East. Coal demand grows most in developing Asia, The World Energy Outlook 2006 provides an Alternative Policy
where there are large, low-cost resources. Coal continues to domi- Scenario, where the policies and measures that governments are
nate the fuel mix in India and China. By 2030, they account toge- currently considering aimed at enhancing energy security and
ther for 57% of world coal demand, up from 43% in 2004. On the mitigating carbon-dioxide emissions are assumed to be imple-
policy assumptions of the Reference Scenario, nuclear power mented. This scenario results in significantly slower growth in fos-
declines in Europe, but increases in all other regions. Overall, sil-fuel demand, in oil and gas imports and in emissions. These
nuclear power’s share of world primary energy drops from 6% in interventions include efforts to improve efficiency in energy pro-
2004 to 5% in 2030. Hydropower continues to expand, mostly in duction and use, to increase reliance on renewables, including
developing countries. Most of the growth in the share of other biofuels, and nuclear power, and to sustain the domestic supply
renewable energy sources occurs in OECD countries. of oil and gas within net energy-importing countries.
Oil production in OPEC countries, especially in the Middle East, is World primary energy demand in 2030 is about 10% lower in the
expected to increase more rapidly than in other regions, because Alternative Policy Scenario than in the Reference Scenario - rough-
their resources are much larger and their production costs are ly equivalent to China’s entire energy consumption today. Global
generally lower. Saudi Arabia remains by far the largest producer demand grows, by 37% between 2004 and 2030, but more slow-
ly: 1.2% annually. The biggest energy savings in both absolute and
World Oil Supply by Source percentage terms come from coal. Policies already under conside-
ration are projected to achieve a 27% share of renewables by 2030,
compared with 22% in the Reference Scenario.
In stark contrast with the Reference Scenario, OECD oil imports
level off by around 2015 and then begin to fall. Even so, all three
OECD regions and developing Asia are more dependent on oil
imports by the end of the projection period, though markedly less
so than in the Reference Scenario. Global oil demand reaches 103
mb/d in 2030 in the Alternative Policy Scenario instead of 116
mb/d in the Reference Scenario. Measures in the transport sector
produce close to 60% of all the oil savings in the Alternative Policy
Scenario. More than two-thirds come from more efficient new
vehicles. Increased biofuels use and production, especially in
Brazil, Europe and the United States, also helps reduce oil needs.
Including NGLs (Mb/d) : Million barils/day)
Increase in Net Oil Imports in Selected Importing Regions
of crude oil and natural gas liquids. Most of the rest of the increa- in the Alternative Policy Scenario
se in OPEC production comes from Iraq, Iran, Kuwait, the United
Arab Emirates, Libya and Venezuela. Outside OPEC, conventional
crude oil production in aggregate is projected to peak by the midd-
le of the next decade and decline thereafter. By 2030, the OECD
as a whole imports two-thirds of its oil needs in the Reference
Scenario, compared with 56% today. Much of the additional
imports come from the Middle East, along vulnerable maritime
routes. The concentration of oil production in a small group of
countries with large reserves - notably Middle East OPEC members
and Russia - will increase their market dominance and their abili-
ty to impose higher prices.
Developing countries account for over three-quarters of the increa-
se in global CO2 emissions between 2004 and 2030. China’s emis-

■ Revue des Ingénieurs - Mars/Avril 2007 13


Dossier : Les biocarburants

Globally, gas demand and reliance on gas imports are also sharply The growing interest in biofuels stems partly from the potential
reduced vis-à-vis the Reference Scenario. that is thought to exist for lowering the costs of production
The adoption and implementation of the set of policies and mea- through technological advances. In most parts of the world outsi-
sures analysed in the Alternative Policy Scenario would be a major de Brazil, biofuels cost significantly more to produce than conven-
step on the road to a more sustainable global energy system. They tional gasoline or diesel, even with crude oil prices of over $70 per
would begin to steer the world onto a markedly different energy barrel. This is a critical barrier to commercial biofuel development.
path from that depicted in the Reference Scenario - a path that But costs have been declining over the last few years as the tech-
could lead, well beyond 2030, to a truly sustainable energy future nology has improved and economies of scale have been exploited.
in which energy supplies are secured and climate change is arres- Further cost reductions are achievable, even using existing tech-
ted. But adoption and implementation of those policies needs to nologies. It may also be possible to produce better-quality bio-
begin immediately. Even in the Alternative Policy Scenario, howe- fuels, with more favourable performance characteristics. This
ver, fossil fuels will continue to dominate the global energy sys-
would allow biofuels to be blended with gasoline and diesel in
tem, without major technological breakthroughs. Indeed, techno-
higher proportions than are currently feasible without engine
logies exist today that could permit even more radical changes
modifications. New biofuels technologies being developed today,
over the projection period, but there are many barriers to their
notably ligno-cellulosic ethanol, could allow biofuels to play a
deployment. The life span of the existing capital stock limits com-
mercial opportunities for new plant construction - particularly in much bigger role than that foreseen in either scenario. But signifi-
OECD countries. Moreover, even existing highly-efficient techno- cant technological challenges still need to be overcome for these
logies have yet to be widely adopted. The costs are, in some second-generation technologies to become commercially viable.
cases, likely to be considerably higher than those of established
technologies. Rising food demand, which competes with biofuels for existing
arable and pasture land, will constrain the potential for biofuels
The Contribution of Biofuels production using current technology. About 14 million hectares of
land are now used for the production of biofuels for transport,
Biofuels are expected to make a significant contribution to mee- equal to about 1% of the world’s currently available arable land.
ting global road-transport energy needs, especially in the This share rises to 2% in the Reference Scenario and 3.5% in the
Alternative Policy Scenario. They account for 7% of the road-fuel Alternative Policy Scenario. The amount of arable land needed in
consumption in 2030 in that scenario, up from 1% today. In the 2030 is equal to more than that of France and Spain in the
Reference Scenario, the share reaches 4%. Biofuels production Reference Scenario and that of all the OECD Pacific countries -
increases from 15.5 Mtoe in 2004 to 92 Mtoe in 2030 in the including Australia - in the Alternative Policy Scenario.
Reference Scenario and to 147 Mtoe in the Alternative Policy
Scenario. In both scenarios, the United States, the European
Policy Implications
Union and Brazil account for the bulk of the increase and remain
the leading producers and consumers of biofuels. A growing number of governments are actively supporting the
Share of Biofuels in Road-Transport Fuel Consumption
development of the biofuels sector in recognition of the environ-
in Energy Terms mental benefits and energy-security benefits from reduced oil
imports and from more diverse sources of energy supply.
Although national circumstances vary markedly, in every country
that has managed to develop a sizeable biofuels industry, strong
government support has been required to kick-start the industry
and bridge the gap between the market value of the fuel and its
production cost.

Current trade in biofuels is modest, but it is growing rapidly. Trade


barriers and other forms of subsidy, however, currently prevent the
emergence of an international market in biofuels. It is very uncer-
tain to what extent major centres of biofuels demand will allow
imports of biofuels in the future. Trade and subsidy policies will
be critical factors in determining where, and with what resources
and technologies, biofuels will be produced in the coming
Ethanol is expected to account for most of the increase in biofuels decades, the overall burden of subsidy on taxpayers and the cost-
use worldwide, as production costs are expected to fall faster than effectiveness of biofuels as a means of reducing carbon-dioxide
those of biodiesel - the other main biofuel. The share of biofuels emissions and promoting energy diversity. ■
in transport-fuel use remains far and away the highest in Brazil -
the world’s lowest-cost producer of ethanol. (More on IEA website : www.worldenergyoutlook.org)

Vous pouvez trouver la traduction en français de ce texte sur le site :


www.inter-mines.org/Revue des Ingénieurs/Supplément revue

14 Mars/Avril 2007 - Revue des Ingénieurs ■


Dossier : Les biocarburants

Les biocarburants :
de quoi parlons-nous ?
existe aujourd’hui deux grands types de biocar- éthanol, les phases essence et alcool peuvent se sépa-
Denis BABUSIAUX
(P63)
Directeur à l’IFP et
Professeur de l’IFP
Il burants : l’éthanol qui est utilisé dans des
moteurs de type “essence” et les esters méthy-
liques d’huiles végétales (EMHV) destinés à un usage
rer (phénomène de démixtion) ; l’ajout d’éthanol à de
l’essence accroît sa propension à s’évaporer (augmen-
tation de la tension de vapeur). L’utilisation de l’ETBE
dans les moteurs de type “diesel”. L’éthanol est le bio- essentiellement réalisée en Europe supprime ces incon-
carburant dont l’usage est le plus répandu à l’échelle vénients.
mondiale. Sa production est pratiquement dix fois plus
importante que celle du biodiesel (en 2005, 36 Mt dont Les EMHV sont produits à partir d’huiles végétales
80% utilisés en tant que carburant contre un peu moins issues par exemple de colza, de tournesol, de soja ou
de 4 Mt de biodiesel). Après une présentation des même de palme. Dans le cas où l’huile provient du
filières de production, nous évoquerons rapidement broyage de graines (colza, soja, tournesol), un résidu
certains aspects économiques et environnementaux et solide (le tourteau) est produit (1 à 1,5 tonne de tour-
consacrerons la dernière partie de cet article aux diffé- teau/tonne d’huile) , réservé à l’alimentation animale.
Stéphane HIS rents marchés des biocarburants dans le monde. Inadaptées à l’utilisation directe des moteurs diesel
Ingénieur économiste
à l’IFP modernes des véhicules particuliers, les huiles végé-
Les biocarburants de première tales sont transformées par une réaction de transestéri-
génération
fication avec un alcool, aujourd’hui le méthanol, pour
Les filières traditionnelles produire des esters méthyliques d’huiles végétales et
de la glycérine (0,1 t de glycérine/t d’EMHV). Le rôle
L’éthanol est aujourd’hui produit à partir de deux de la glycérine, un coproduit aujourd’hui incontour-
grands types de cultures : les plantes sucrières (cannes nable, demeure important dans la rentabilité finale de
à sucre, betteraves) et les plantes amylacées (blé, la filière.
maïs). Ces différentes filières passent toutes par une
étape de fermentation, qui transforme les sucres en Tout comme l’éthanol, l’EMHV peut être utilisé pur ou
éthanol, et une étape plus ou moins poussée de distil- en mélange. L’utilisation pure nécessite des adaptations
lation qui sépare l’alcool de l’eau. Sont également géné- du véhicule. Aujourd’hui, l’EMHV est principalement
rés des coproduits dont la valorisation est souvent utilisé en mélange à des teneurs variant de quelques %
importante pour la rentabilité des projets. À titre jusqu’à 30% en flottes captives.
d’exemple, la filière ex-maïs ou blé produit des quanti-
tés importantes de drêches (de
l’ordre d’un peu plus d’une tonne
de drêches par tonne d’éthanol)
valorisées sur le marché de l’alimen-
tation animale.

L’éthanol peut être utilisé pur, en


mélange ou bien encore sous sa
forme d’ethyl tertio buthyl ethet,
plus connu sous sa forme “ETBE”,
produit par réaction avec de l’isobu-
tène issu des raffineries ou de la
pétrochimie. Son usage pur ou à de
très fortes concentrations (par
exemple 85 % ou E85) nécessite une
adaptation spécifique du véhicule
(systèmes d’injection, réglages
moteur, compatibilité des plastiques
et des joints, stratégies spécifiques pour le démarrage à
froid pour l’éthanol pur). Les nouvelles filières de production de bio-
carburants
Il est plus généralement utilisé à des teneurs plus
faibles, comprises entre 5 et 10 %. À ces teneurs, aucu- D’autres filières, mobilisant d’autres types de ressources
ne adaptation du moteur n’est nécessaire, même si cet ou utilisant d’autres voies de transformation, apparais-
usage peut impliquer certaines difficultés techniques : sent actuellement avec comme objectif à la fois de
en présence de traces d’eau à de faibles teneurs en diversifier la ressource mais aussi d’améliorer la qualité

■ Revue des Ingénieurs - Mars/Avril 2007 15


Dossier : Les biocarburants

des produits. Il s’agit en particulier du diesel de synthèse obtenu dant cohérente avec les gisements de biomasse mobilisables.
par hydrogénation des huiles végétales dont deux unités sont pré- Dans ses dernières estimations l’AIE envisage seulement un taux
vues à court terme en Finlande. Peuvent également être cités les de substitution de 4 à 7% de carburants pétroliers par des carbu-
esters éthyliques d’huile végétale (EEHV). Cette variante des rants d’origine végétale à l’horizon 2030, en se basant sur les bio-
EMHV utilise, pour la synthèse de l’ester, de l’éthanol à la place du carburants de 1ère génération. On saisit bien là tout l’enjeu de la
méthanol issu du gaz naturel. Le produit final a des propriétés mise en place des filières biocarburant de seconde génération : sans
équivalentes à celles de l’EMHV. Au Brésil, cette filière, en phase leur mise en oeuvre, les biocarburants ne représenteront qu’une
de développement, bénéficie d’une large disponibilité d’éthanol part relativement modeste, sans pour autant être complètement
peu cher. En Europe, il s’agit surtout d’arriver à introduire de l’étha- marginale, de la consommation mondiale d’énergie dans le sec-
nol dans le gazole. Le marché européen des carburants est en effet teur des transports.
caractérisé par une forte demande en gazole, qui pourrait encore Deux filières sont essentiellement envisagées aujourd’hui : une
s’accentuer dans le futur, conduisant à préférer la filière EMHV. voie visant la production de carburant gazole et de kérosène (la
Mais la logique d’optimisation des surfaces mobilisées pour la pro- filière BtL) et une voie visant la production d’éthanol.
duction de biocarburants pousse au développement de l’éthanol
(meilleur rendement à l’hectare). La tentation d’introduire de La filière BtL pour le gazole et le kérosène
l’éthanol dans le gazole est donc forte. Enfin, cette liste ne serait
pas complète si les récentes annonces faites pas BP en collabora- La filière BtL, en anglais “Biomass to Liquid”, est une voie dite
tion avec Dupont sur le Butanol n’étaient pas citées. Le butanol “thermochimique” comportant trois grandes étapes. Une première
est un alcool plus lourd que l’éthanol qui a la vertu de gommer étape de conditionnement de la biomasse a pour objectif de trans-
une grande partie des inconvénients de l’éthanol (notamment en former la ressource végétale, par pyrolyse ou torréfaction, en un
ce qui concerne les aspects de volatilité). matériau homogène et injectable dans un gazéifieur. La pyrolyse
(pyrolyse rapide) produit majoritairement du liquide tandis que la
La seconde génération de biocarburants torréfaction facilite le broyage du bois pour obtenir un solide fine-
ment divisé.
Les filières biocarburants dites de seconde génération peuvent être
définies comme étant celles qui utilisent de la biomasse lignocel- Les étapes suivantes sont semblables à celles des procédés utili-
lulosique, source de carbone renouvelable la plus abondante de sant comme matière première du gaz naturel (GtL, Gas to Liquids)
notre planète. Elle est principalement constituée des trois poly- ou du charbon (CtL, Coal to Liquids) développés pour contourner
mères de la paroi cellulaire végétale : la cellulose, les hémicellu- les difficultés d’approvisionnement en pétrole pendant la seconde
loses et la lignine. Ceux-ci sont présents en proportions variables guerre mondiale en Allemagne ou durant l’embargo du régime de
selon la plante considérée, la cellulose représentant de 30 à 50% l’apartheid en Afrique du Sud.
de la matière première. Au niveau mondial, on estime aujourd’hui Deuxième étape, la gazéification est une opération thermique à
que 5% au moins de la production totale de biomasse pourraient très haute température (1 200°C à 1 300°C) qui s’effectue en pré-
être mobilisables pour la production d’énergie soit un total de 13,5 sence d’un réactif gazeux (vapeur d’eau, oxygène) et produit un
Milliards (Mds) de tonnes de matières premières représentant près gaz dit de synthèse contenant principalement de l’hydrogène et
de 6 Mds de tonnes équivalent pétrole, près de 50% de la du monoxyde de carbone. Au cours de ces différentes opérations,
consommation mondiale d’énergie. Seul 1/5ème de ce potentiel est de grandes quantités de CO2 sont générées. Aucune technologie
actuellement exploité, dont la majeure partie sous la forme de bois spécifique de gazéification de la biomasse n’est aujourd’hui arri-
énergie (80%) et une part minime pour le transport (1% en 2005). vée au stade industriel. L’essentiel des solutions proposées sont en
fait issues des technologies utilisées au stade industriel pour le gaz
Tableau 1. Quantités de biomasse énergétique dans le Monde naturel, le charbon ou le pétrole.
Quantités de biomasse
Après purification du gaz de synthèse, la troisième et dernière
Produits forestiers 2,36 Gt
étape dite de synthèse du carburant se fait par le procédé
Produits agricoles non alimentaires 5,33 Gt
Fischer-Tropsch, et permet de produire de l’essence, du gazole et
Résidus de culture 3,5 Gt
Résidus d'industrie du bois 2,1 Gt
du kérosène à partir du gaz de synthèse issu de la gazéification.
Autres résidus (graisses animales...) 0,19 Gt
En présence d’un catalyseur à base de fer, la réaction Fischer-
Total 13,5 Gt
Tropsch est surtout orientée vers la production d’essence. En pré-
sence d’un catalyseur à base de cobalt, la synthèse produit éven-
tuellement des bases pour gazole et kérosène. Les produits ainsi
Grâce à la mise en culture des terres à potentialités agricoles, l’ex- obtenus ne contiennent ni soufre, ni azote, ni aromatiques. Le car-
ploitation des résidus ainsi que l’augmentation attendue des ren- burant obtenu offre une opportunité de réduire les émissions de
dements dans les pays en voie de développement, ce potentiel gaz à effet de serre dans le secteur des transports aériens, où les
pourrait croître pour atteindre environ 18 Mds de tonnes de bio- substitutions au pétrole restent très limitées.
masse en 2050 (soit environ 9 Gtep en énergie primaire). Il existe plusieurs technologies Fischer-Tropsch dont certaines sont
arrivées au stade industriel ou de la démonstration (Sasol, Shell,
Seule une part de cette ressource pourra être utilisée pour la pro- Statoil, Exxon, BP, Conoco, Rentech, IFP/ENI, Syntroleum).
duction de biocarburants, part difficile à estimer aujourd’hui. Mais
l’extrapolation à 2050 à l’échelle mondiale du taux de substitution La production d’éthanol ex-matières
de 30% de biocarburants envisagé en Europe et aux États-Unis lignocellulosiques
pour 2030, permet néanmoins de fixer les ordres de grandeur : cela
signifierait la production d’environ un Mds de tep de biocarbu- Les procédés de production d’éthanol à partir de matériaux ligno-
rants. Cette estimation qui peut paraître ambitieuse reste cepen- cellulosiques sont proches de ceux utilisés à partir de maïs ou de

16 Mars/Avril 2007 - Revue des Ingénieurs ■


Dossier : Les biocarburants

blé. Le glucose est converti en éthanol par fermentation. controversés sur la quantification des gains attendus. Les écarts
Auparavant deux premières étapes sont spécifiques à cette filière. d’évaluation observés entre différentes études sont principalement
expliqués par des considérations d’ordre méthodologique (affecta-
La première, après broyage pour la paille ou découpage en tion aux co-produits). Parmi les études de référence, citons celle
copeaux pour le bois, consiste en une préparation de la matière réalisée en 2002 par Price Waterhouse Coopers/Ecobilan pour
première par explosion à la vapeur ou cuisson en présence d’aci- l’ADEME et la DIREM et celle faite en 2004 et 2006 par le Centre
de dilué. Ces opérations ont pour but de déstructurer la matière Commun de Recherche de la Commission Européenne, le
lignocellulosique pour permettre l’accès aux parties “sucrées” de CONCAWE (association représentant les pétroliers pour les ques-
la biomasse (hémicellulose et cellulose), cette dernière étant la tions d’environnement à Bruxelles) et l’EUCAR (bras R&D de
seule à pouvoir au final être transformée en éthanol. l’Association des Constructeurs Européens d’Automobile).

À noter que ces deux technologies vont peser sur le coût du pro- Les résultats de ces études sont donnés dans le tableau ci-dessus.
cédé, notamment en termes d’investissements, car elles nécessi- Ils sont plutôt convergents sur les filières EMHV qui offrent les
tent des équipements résistant à la pression et à des conditions meilleurs bilans et divergents sur la filière éthanol de première
acides corrosives. génération.. On remarquera également les gains très importants
obtenus pour les filières biocarburants de seconde génération.
La seconde étape consiste à casser les molécules de cellulose en Le coût des biocarburants reste élevé en Europe. Il se rapproche
glucose par hydrolyse enzymatique. Cette opération est aujour- cependant, avec l’augmentation du cours du baril, aux prix hors
d’hui très pénalisante sur le plan économique car la quantité d’en- taxes des carburants traditionnels, essence et gazole.
zymes nécessaire se situe dans un
rapport estimé entre 10 et 100 par Etude Etude JRC/EUCAR/CONCAWE
rapport à celle des filières tradition- ADEME/DIREM
nelles (maïs, blé). De nombreux tra- Gain en Gain en Gain en Gain en
vaux de R&D visent ainsi à amélio- Consommation émission Consommation émission
d'énergie (%) de GES (%) d'énergie (%) de GES (%)
rer cette conversion par optimisa-
tion directe du procédé et un travail Ethanol ex blé 57 60 22 30
spécifique pour augmenter l’activité Ethanol ex betterave 58 61 24 32
des enzymes (biologie moléculaire). Ethanol ex ligno cellulosique - - 76 78
EMHV colza 69 70 64 53
Une autre piste pour l’amélioration EMHV tournesol 71 75 74 78
de la compétitivité de cette filière BtT - - 94 94
est l’utilisation des hémi-celluloses
pour produire de l’éthanol. En effet, aujourd’hui seule la cellulose Les coûts particulièrement bas de l’éthanol au Brésil, sont même
qui représente au maximum 50 % de la matière lignocellulosique dès aujourd’hui compétitifs avec ceux des carburants pétroliers. Le
peut générer du glucose : les hémicelluloses contiennent des pen- développement des biocarburants nécessite ainsi encore, dans la
toses, sucres non convertibles en éthanol par les organismes clas- grande majorité des cas, un soutien adapté de la part des pouvoirs
siquement utilisés en fermentation. Ceci limite bien évidement la publics.
rentabilité de la filière.
De nombreux travaux de recherches sont menés sur ces filières de À noter également que tout comme pour les carburants pétroliers,
seconde génération, en particulier aux États-unis et en Europe. le coût de production des biocarburants est très dépendant du prix
L’IFP est d’ailleurs très impliqué dans ces projets tant au niveau de la matière première qui représente entre 50 % et 90 % du coût
national (Plan national de la recherche sur les bioénergies) qu’au final. Ainsi, les évolutions des cours du blé, du maïs, des huiles
niveau européen (l’IFP est leader du projet NILE1 qui étudie la pro-
végétales ou même des graines de colza qui peuvent subir de
duction d’éthanol à partir de matières lignocellulosiques).
fortes variations auront une influence importante sur la compéti-
tivité relative des biocarburants par rapport aux produits pétroliers.
Un des objectifs majeurs de ces travaux est la réduc- Ceci d’autant plus que le marché des biocarburants peut repré-
tion des coûts de production : aujourd’hui de l’ordre senter une part importante de la valorisation de ces matières pre-
de 1e/l équivalent pétrole pour les deux filières ; mières : 20% de la production de maïs aux États-Unis sont aujour-
des cibles ambitieuses pour l’horizon 2010-2015 de d’hui “brûlés” en éthanol ; 50% de la production européenne de
0,4e/l équivalent pétrole pour l’éthanol et 0,7e/l colza sont aujourd’hui transformés en biodiesel. On peut même
pour la filière BtL ont été fixées. À plus long terme, s’attendre à l’avenir, à ce que les cours de ces matières premières
certains annoncent même pouvoir atteindre 0,5e/l soient tirés vers le haut par la demande en biocarburants. À titre
équivalent pétrole pour la filière BtL. d’exemple, les dernières évolutions des cours du maïs aux États-
Unis (décembre 2006) sont les plus élevées observées depuis 10
ans (de l’ordre de 120$/t), en partie en conséquences du dévelop-
Les biocarburants, une alternative crédible pement important de la filière éthanol outre Atlantique.
au pétrole pour le secteur des transports ?
Il faut également noter que les rendements à l’hectare des princi-
Les bilans énergétiques et environnementaux faisant l’objet pales filières sont relativement faibles : 1 Tep/ha pour l’EMHV
d’autres articles de ce numéro, nous nous limiterons ici à quelques issu de colza ou de tournesol, 1 à 2 Tep/ha pour l’éthanol ex-blé
brèves observations. Ces bilans sont toujours positifs, mais ou maïs et, enfin, 3 à 4 Tep/ha pour l’éthanol ex-betterave et ex-

■ Revue des Ingénieurs - Mars/Avril 2007 17


Dossier : Les biocarburants

canne à sucre. Par ailleurs, un certain nombre de contraintes agro- Moyen-Orient. L’Energy Policy Act de 2005 affiche un objectif
nomiques font que toutes les espèces ne peuvent pas être culti- ambitieux qui est de faire croître la production de près de 12 Mt
vées sur toutes les terres dans les mêmes conditions. En consé- en 2005 à 22,5 Mt en 2012 par des mesures d’obligation d’incor-
quence, le développement massif des biocarburants sur la base poration. Le président Bush, lors de son dernier discours sur l’état
des filières aujourd’hui développées signifie à terme une concur- de l’Union, a donné une impulsion encore plus forte en fixant à
rence avec l’alimentaire pour l’usage des terres. Par ailleurs, les l’horizon 2017 un objectif de production de 35 Mds de gallons de
quantités importantes de coproduits risquent de saturer leurs carburants de subsitution (soit 100 Mtep en grande partie de bio-
débouchés ce qui se traduirait à terme par un renchérissement du carburants). Les États-Unis devront très largement s’appuyer sur
coût de production des biocarburants. les filières de 2ème génération pour atteindre cet objectif.

10% de substitution des consommations d’essence et de gazole L’Europe présente un certain retard par rapport au Brésil et aux
en Europe et aux États-Unis nécessiteraient respectivement de États-Unis. En 2005, elle n’a pas atteint son objectif de substitu-
l’ordre de 20% et de 25% des terres arables dans ces régions. Ces tion de 2% de la consommation de carburants pétroliers, les bio-
chiffres montrent bien les limites des filières biocarburants déve- carburants n’ont représenté que 1,2% de la consommation finale
loppées aujourd’hui (première génération) et la nécessité d’envi- du secteur transport (4,2 Mt dont 80% d’EMHV). La production
sager de nouvelles options dans ce domaine si des objectifs plus européenne d’éthanol en 2005 s’est concentrée en Espagne,
ambitieux de substitution des carburants pétroliers doivent être Suède, Allemagne et France. Fait marquant par rapport à 2004,
atteints (au delà de 10%). c’est le développement de la distillation des surplus de vins euro-
péens qui a représenté l’essentiel de la croissance en 2005 (pour
Les marchés des biocarburants l’essentiel utilisé en Suède). Les imports d’éthanol se sont large-
dans le monde ment développés au Royaume-Uni, en Allemagne et en Suède, en
provenance essentiellement d’autres pays européens, mais égale-
Les marchés matures
ment du Brésil. En Europe, à l’exception de la Suède et contraire-
ment aux États-Unis ou au Brésil, l’éthanol n’est généralement pas
Trois grandes régions dominent actuellement le marché des bio-
utilisé directement mais il est transformé en ETBE (produit issu de
carburants : les États-Unis, le Brésil et l’Europe.
la réaction entre l’isobutène, issu du raffinage du pétrole, et l’étha-
L’éthanol nol) qui est lui-même mélangé aux essences. Cette spécificité
L’éthanol constitue la majeure partie de la production mondiale, régionale tient en partie à l’obligation du respect des propriétés
avec deux contextes très différents : le Brésil et les États-Unis. des carburants, comme la volatilité (l’utilisation pure de l’éthanol
rend le mélange éthanol/essence plus volatil) et a, de plus, l’avan-
Au Brésil, l’évolution de la consommation d’éthanol a été mar- tage d’éviter des phénomènes de démixtions en présence de traces
quée par trois périodes : une période de croissance entre 1975 et d’eau (séparation de la phase alcool et de la phase “essence”).
1990, conduite par le programme gouvernemental Proalcool ; une
période de relative stagnation entre 1990 et le début des années L’EMHV
2000, du fait du contre-choc pétrolier ; et enfin une nouvelle Contrairement au marché de l’éthanol le marché mondial de
période de croissance entre le début des années 2000 et aujour- l’EMHV est dominé par l’Europe. La part croissante de la consom-
d’hui, liée à l’augmentation du prix du pétrole sur les marchés mation de gazole (60% de la consommation de carburants)
internationaux et plus localement à l’introduction des FFV (Flex explique, en partie, le développement rapide de l’EMHV. Sa pro-
Fuel Vehicle). Ces derniers ont joué un rôle déterminant sur l’évo- duction en Europe a ainsi augmenté de manière très importante
lution de la consommation d’éthanol carburant. Ils permettent au pour atteindre plus de 3 Mt en 2005 (le taux de croissance annuel
consommateur brésilien de choisir à la pompe (en fonction des moyen est de 35% sur les 5 dernières années). L’essentiel de cette
prix affichés) entre un carburant essence contenant déjà 20 à 25% croissance s’est fait dans trois pays : la France, l’Allemagne et
d’éthanol, taux fixé par le gouvernement, et de l’éthanol pur. l’Italie. Il convient de mentionner que certains des pays qui ont
Le secteur de la production d’éthanol au Brésil est aujourd’hui en récemment intégré l’Union européenne, la République tchèque et
pleine expansion. Un certain nombre d’infrastructures, terminaux la Pologne, ont des capacités déjà en place et affichent une réelle
portuaires et pipelines, sont en cours de construction pour favo- volonté de devenir des acteurs importants du domaine.
riser l’exportation. Le premier marché visé est le Japon dont le gou-
vernement étudie actuellement la possibilité d’imposer des Aux États-Unis les EMHV ont longtemps été ignorés des textes
teneurs en éthanol dans les essences (de 3 à 10%) et qui dispose réglementant l’usage des biocarburants. Ils apparaissent aujour-
de capacités propres de production très limitées. d’hui clairement et font partie des alternatives aux gazoles
moteurs pour des véhicules lourds, accessibles en particulier aux
Les États-Unis sont le 2ème pays consommateur d’éthanol carbu- gestionnaires de flottes publiques, donnant accès, à des aides
rant : la production, issue essentiellement de maïs, a atteint envi- financières. La production de biodiesel aux États-Unis est en très
ron 12 Mt en 2005 avec une croissance de l’ordre de 30% par rap- forte croissance : de moins de 100 000 t en 2004, elle a atteint
environ 250 000 t en 2005 et est annoncée à près de 850 000 t en
port à 2004 et de 100% sur les cinq dernières années. La consom-
2006, avec une capacité de production estimée à 2Mt. Cette évo-
mation actuelle n’est pas très significative à l’échelle des États-
lution devrait faire des États-Unis un acteur majeur de la filière à
Unis : les volumes consommés correspondent à environ 1,5% de
brève échéance.
la consommation de carburants routiers, proportion comparable à
celle observée en Europe (1,2%). Mais l’augmentation devrait se Les marchés émergents
poursuivre pour s’affranchir de la dépendance pétrolière au Fait nouveau, dans un contexte énergétique mondial marqué par

18 Mars/Avril 2007 - Revue des Ingénieurs ■


Dossier : Les biocarburants

le retour à des prix élevés du baril, de nombreux autres pays envi- pales zones concernées par l’usage des biocarburants, à savoir
sagent aujourd’hui le lancement de programmes nationaux ambi- l’Union européenne, les États-Unis et le Brésil, la consommation
tieux en faveur des biocarburants. Certains pays d’Amérique lati- totale de biocarburants pourrait atteindre près de 60 Mtep à l’ho-
ne comme le Paraguay, L’Argentine, la Colombie, le Costa Rica, le rizon 2015, soit un peu plus de 3% de la consommation mondiale
Guatemala suivent ainsi l’exemple brésilien. Des politiques de pro- de carburants routiers à cette échéance, contre 1,3% actuellement.
motion de l’usage des biocarburants et surtout de l’éthanol en Pour aller au-delà de 10% de substitution de carburants pétroliers,
mélange à l’essence à des teneurs comprises entre 5 et 10% sont le recours aux biocarburants de 2ème génération est indispensable.
mises en place en Chine, deuxième producteur de maïs et en Ces nouvelles filières utilisent la matière lignocellulosique (bois,
Inde, deuxième producteur mondial de canne à sucre. paille), ressource plus abondante et non en concurrence avec
Les principaux pays producteurs d’huile de palme que sont la celle issue des cultures alimentaires. ■
Malaisie ou l’Indonésie soutiennent l’usage du biodiesel en fixant
des objectifs de substitution par incorporation de 2 à 5% de la Pour en savoir plus
consommation de gazole d’ici à 2008/2010. Fiches “Panorama IFP 2007”, www.ifp.fr
Daniel Ballerini, Nathalie Alazard-Toux “Les biocarburants, état
Perspectives des lieux, perspectives et enjeux du développement” Ed. Technip,
Paris, 2006.
En se basant sur les perspectives de croissance de capacité de pro-
duction et les différents objectifs de consommations des princi- 1 New Improvment for Ligno-cellulosic Ethanol

TOTAL et les biocarburants


politique de Total en matière de biocarbu- faire leurs besoins financiers nécessaires à leur dévelop-

Jacques de NAUROIX
La rants s’inscrit à la fois dans la vision du grou-
pe de la situation pétrolière générale et du
contexte particulier des marchés où il opère.
pement interne. Ils n’ont pas de raison de satisfaire une
demande extérieure supplémentaire qui diminuerait
d’autant leurs réserves. La hausse du prix du pétrole
n’est plus un incitatif à l’augmentation de l’offre.
(N67) Les dynamiques des différents marchés de l’énergie et
Directeur des Relations le défi posé par le réchauffement climatique servent Enfin les réserves de pétrole non conventionnel sont
Institutionnelles aussi de base à la définition de la politique du Groupe considérables, mais les défis technologiques, environ-
TOTAL en matière d’énergies renouvelables et en particulier de nementaux et financiers qu’elles génèrent pour être
biocarburants. exploitées le sont au moins autant. Le développement
des sables bitumineux du Canada et du Venezuela,
Le contexte global
de l’offre et de la
demande de pétrole
Depuis 2004, les marchés pétro-
liers sont extrêmement volatils.
Les tensions qui ont pesé aussi
bien sur l’offre que la demande
en sont à l’origine.
D’un point de vue de l’offre, la
croissance de la production de
pétrole est modérée et est proba-
blement appelée à le rester.
Plusieurs raisons poussent
aujourd’hui à cette affirmation :
Le Pétrole conventionnel non-
OPEP est dans l’ensemble exploi-
té dans des bassins matures,
dont la production décline
comme aux États-unis (hors champs en mer), en Mer
du Nord au Royaume-Uni et en Norvège, mais aussi au voire des schistes bitumineux américains nécessite tel-
Canada, dans certains pays d’Amérique du Sud comme lement d’investissements que la stabilité des conditions
la Colombie ou l’Argentine et dans certains pays du géopolitiques, financières et fiscales est un pré requis et
Moyen-Orient comme Oman. Les réserves de pétrole que la montée de la production sera étalé sur plusieurs
conventionnel se concentrent pour près des 2/3 dans dizaines d’années. Ces réserves permettant une diversi-
les pays de l’OPEP. Or l’objectif de ces pays est de satis- fication par rapport au Moyen-Orient sont d’autant

■ Revue des Ingénieurs - Mars/Avril 2007 19


Dossier : Les biocarburants

plus intéressantes qu’elles offriront des profils de production plus Les biocarburants
longs contribuant ainsi à une amélioration de la sécurité d’appro-
visionnement. La “date” à la laquelle apparaîtrait le “peak oil” Dans ce contexte, les biocarburants contribuent à la fois à l’allè-
(c’est-à-dire le moment où la croissance de l’offre ne suivra plus la gement des contraintes géopolitiques sur l’offre et sur la demande
croissance de la demande) peut dans ce contexte apparaître de pétrole, et à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
comme secondaire par rapport à ces effets structurels, même s’ils Mais la faible intensité énergétique des matières premières agri-
sont partiellement liés. La géopolitique du pétrole et les facteurs coles utilisées ainsi que leur dispersion géographique pénalisent
technologiques sont en fait peut-être plus déterminants que le leurs coûts de collecte, de logistique et de transformation. Ils sont
montant des réserves. donc le plus souvent non compétitifs avec les énergies fossiles,
nécessitant donc des subventions, mais ce handicap pourrait se
La demande de pétrole a été caractérisée par une croissance très réduire dans le futur dans un contexte d’hydrocarbures chers, per-
forte ces dernières années, croissance dopée par la robustesse à la mettant ainsi de valoriser une part croissante du potentiel de bio-
fois de la croissance économique américaine et par une demande masse utilisable pour faire des carburants.
chinoise non maîtrisée. Les disponibilités abondantes en
matière de réserves, les prix et les technologies dispo-
nibles font que les usages énergétiques liés à la produc-
tion d’électricité comme aux besoins de chauffage seront
principalement couverts par des ressources non pétro-
lières (gaz naturel, charbon, énergie nucléaire, énergies
renouvelables comme l’hydraulique, l’éolien ou le solai-
re). Les usages du pétrole vont donc continuer de se
concentrer sur ceux où il est le plus difficilement substi-
tuable à savoir le transport et comme matière première,
principalement pour la pétrochimie. Le plus important
est de loin le premier, et au sein de celui-ci, donc le
transport routier. La croissance du transport aérien et du
besoin de kérosène peuvent devenir une contrainte forte
selon la flexibilité de la conversion dans les raffineries. La
compatibilité d’un développement économique, que l’on
ne peut que souhaiter mondial, avec une croissance maî-
trisée des besoins de transport, et avec une croissance
de l’offre pétrolière que tout indique comme devant être
limitée, est l’un des premiers défis auquel aura à faire face notre
Aujourd’hui, pour les biocarburants, deux voies sont opération-
industrie.
nelles :
La contrainte climatique
La voie biologique permettant de produire de l’éthanol à partir de
Le réchauffement climatique est une réalité maintenant “sans équi- céréales ou de plantes dédiées à la production de sucre (telles que
voque” et l’origine anthropique du phénomène est aujourd’hui la betterave ou la canne à sucre). L’éthanol est incorporé directe-
considérée comme “très vraisemblable”. La prise de conscience ment dans les essences ou combiné avec un composant pétrolier,
des conséquences du phénomène se développe de manière uni- pour produire un éther (ETBE) dont les caractéristiques améliorées
verselle. Les politiques publiques pouvant apporter leur contribu- permettent une incorporation plus facile dans le pool des essences
tion à une correction ou une maîtrise de la situation sont, suivant de raffinerie. Il peut être aussi utilisé quasiment pur dans des véhi-
les pays, dans des états d’avancement plus ou moins importants. cules presque dédiés (flex-fuels). Cette voie s’est principalement
Elles sont les plus avancées en Europe, se développent maintenant développée dans les pays où les motorisations “essences” sont
très vite aux États-Unis en partant d’initiatives souvent locales, prédominantes (États-Unis et Brésil) et où les conditions clima-
encore embryonnaires dans les pays en voie de développement ou tiques et d’ensoleillement permettent l’obtention de rendements
émergents. agricoles élevés et donc une quasi-rentabilité avec les carburants
fossiles classiques. Le développement de cette filière en Europe est
Trois axes principaux d’action émergent : l’amélioration de l’effica- aussi limité par la décroissance structurelle du marché des
cité énergétique, le développement des énergies renouvelables et la essences, le continent européen exportant massivement ses excé-
capture-séquestration du CO2. dents de production d’essences vers les États-Unis.
Ces trois axes d’action se situent dans des perspectives tempo-
relles différentes. Les trois axes nécessiteront des développements La voie oléochimique permet de produire des esters d’huiles végé-
technologiques importants, mais aussi le développement de poli- tales (EMHV) par réaction de méthanol (ou d’éthanol) sur une
tiques publiques favorisant leur développement, alors que les équi- huile. Il peut être utilisé pur dans des véhicules diesel dédiés ou
libres actuels de marché ne le permettent pas. Les progrès dans ce en mélange à hauteur de 5% pour tous les véhicules diesel et jus-
domaine devront à la fois être rapides, efficaces et équitables, sous qu’à 30% pour des flottes captives. Les esters sont principalement
peine de générer des tensions sociales ou internationales fortes et utilisés en Europe où les motorisations diesels sont prédomi-
potentiellement non maîtrisables. Le protocole de Kyoto ne consti- nantes. Ils sont produits à partir d’huiles de colza et dans une
tue aujourd’hui qu’une ébauche d’architecture politique permet- moindre mesure de tournesol de palme ou de soja. Le développe-
tant de progresser dans ce domaine. ment du biodiesel contribue significativement à l’amélioration de

20 Mars/Avril 2007 - Revue des Ingénieurs ■


Dossier : Les biocarburants

ce qui constitue actuellement des déchets en limitant la concur-


BtL et gazéification de biomasse rence avec l’alimentaire, tout en continuant à produire des carbu-
rants compatibles avec les carburants fossiles actuels. L’enjeu est
Considérée comme l’une des voies possibles pour d’éviter les investissements dans des filières logistiques dédiées,
produire des biocarburants de deuxième généra- nécessairement très lourdes, et de permettre à l’industrie automo-
tion, la voie BtL (Biomass to Liquid) consiste à bile de continuer à développer des motorisations sans besoin de
gazéifier de la biomasse et produire un carbu- faire appel à des carburants spécifiques.
rant à partir du gaz de synthèse préalablement
purifié et conditionné. Cette filière nécessite un Total et les biocarburants
enchaînement complexe d’étapes et de techno-
logies, un niveau très élevé d’investissement et Total est un acteur pétrolier majeur de la filière biocarburants en
de grandes quantités de matières premières. Europe.

Une unité de gazéification de biomasse, serait en Pour répondre aux défis du futur énergétique, Total a choisi deux
revanche susceptible de s’intégrer en raffinerie axes prioritaires : la promotion de l’efficacité énergétique et la
et de contribuer à abaisser les coûts d’investisse- diversification de l’offre d’énergie, en privilégiant une gestion opti-
ment et d’exploitation, préfigurant ainsi ce que male des énergies fossiles et le développement des énergies renou-
pourrait être une bio-raffinerie de pétrole et de velables et alternatives. Dans ce cadre, l’utilisation de la biomasse
biomasse. en complément des ressources fossiles est incontournable, même
si cette contribution reste encore modeste.

la sécurité d’approvisionnement en Europe, le continent important Total souhaite donc augmenter l’usage de carbone renouvelable
massivement ses déficits de diesel principalement de Russie. dans ses produits, en synergie avec ses activités industrielles. Face
à la multiplicité des options de valorisation de la biomasse, Total
La production de biocarburants a été multipliée par 7 entre 1994 ne cherche pas à identifier de façon générique la meilleure filière
et 2005, mais les filières actuelles présentent cependant des fai- ou la meilleure technologie, mais plutôt à sélectionner les options
blesses structurelles : les plus pertinentes en synergie avec ses activités et adaptées au
• L’utilisation de ressources au potentiel agronomique est limitée, contexte local. Total privilégie les partenariats avec les acteurs
en particulier pour les huiles végétales, en concurrence avec des concernés : producteurs de ressources, fournisseurs de technolo-
usages non substituables, en particulier pour les cultures ali- gies, industriels, recherche académique...
mentaires. La mobilisation de l’ensemble des terres en jachères Ses partenariats sont nombreux. Depuis 1993, Total participe acti-
de l’Union Européenne (environ 6 millions d’hectares) représen- vement au développement des biocarburants. En 2006, il confor-
te un potentiel de 7 à 15 millions de tonnes de biocarburants te sa position d’acteur majeur pétrolier de la filière biocarburants
soit de l’ordre de 2 à 5% des carburants consommés en Europe. en Europe en produisant plus de 450 000 tonnes d’ETBE dans sept
• La consommation interne d’énergie par les filières de production raffineries et en incorporant plus de 500 000 tonnes d’EMHV dans
depuis le champ jusqu’à la mise sur le marché, en particulier les gazoles produits dans huit raffineries européennes.
pour la production d’éthanol à partir d’amidon ou de betterave,
Le Groupe a par ailleurs identifié différentes filières et technologies
n’est pas négligeable, et peut remettre en cause les gains en
susceptibles de présenter des synergies intéressantes avec ses acti-
matière de CO2, surtout pour des végétaux fortement consom-
mateurs d’engrais et d’eau comme le maïs. vités et mène des travaux, le plus souvent en partenariat, pour en
• Le coût de production des biocarburants, dépendant des coûts confirmer le potentiel et les développer.
des matières premières agricoles, demeure bien supérieur à celui
des carburants fossiles (hors toutes taxes). Une politique fisca- Voici quelques exemples de partenariats engagés depuis 2005 :
le et réglementaire est donc nécessaire à leur développement. • En mai 2005, Total a signé avec Sofiprotéol et Diester Industrie
• Les biocarburants actuels ne sont pas entièrement compatibles un accord de partenariat portant sur :
avec les carburants fossiles classiques. Leur usage entraîne de ce - un approvisionnement à moyen terme de Total par Diester,
fait des problèmes logistiques et de formulation qui freinent et - une assistance technique pour la construction des nouvelles
renchérit leur développement. Pour l’éthanol il s’agit principale- unités de production de Diester,
ment de la miscibilité du produit avec l’eau et les hydrocarbures - une coopération en R&D,
et la tension de vapeur qui a une incidence sur les émissions de - le développement éventuel des relations en particulier dans le
composés organiques volatils et pour les esters, l’indice de céta- cadre européen.
ne et la stabilité du produit dans le temps. • En juillet 2005, Total a signé un protocole d’accord avec le fin-
• Les marchés des biocarburants sont encore dans une très large landais Neste Oil pour le développement d’un nouveau biodie-
part des marchés nationaux obéissant à des réglementations sel (NEX BTL) de haute qualité à partir d’huiles végétales ou de
nationales, alors que les marchés pétroliers sont totalement inté- graisses animales.
grés. Cette différence de maturité induit aussi des surcoûts sur • Biomass to Liquid (BtL) : Total a rejoint trois partenariats en
l’ensemble de la filière. Allemagne (voir encadré).
L’enjeu à long terme des biocarburants est donc de parvenir à • Hydro Thermal Upgrading (HTU) : valorisation de biomasse
étendre le champ et la disponibilité des ressources possibles, humide par pyrolyse à haute pression pour produire un “bio-
notamment à travers le développement agronomique vers des brut” susceptible d’être valorisé en raffinerie. Procédé innovant
plantes dédiées et l’utilisation de la totalité de la plante, donc de développé avec des partenaires néerlandais.

■ Revue des Ingénieurs - Mars/Avril 2007 21


Dossier : Les biocarburants

• Nouvelles bases de biocarburants : • ENERBIO : participation à la création du fonds ENERBIO dédié


- partenariat R&D avec Sofiprotéol, leader français de la produc- au financement de recherches et études exploratoires sur les bio-
tion d’oléagineux et d’EMHV (cf. plus haut), énergies (www.fondation-tuck.fr).
- participation à un projet d’évaluation des performances des • Total participe également à plusieurs projets financés par l’ANR
esters éthyliques d’huiles végétales (EEHV) comme base gazo- - Agence Nationale de la Recherche (www.gip-anr.fr) et contri-
le dans le cadre d’un partenariat piloté par l’IFP, bue activement aux travaux de la Plateforme Technologie
- évaluation de nouvelles bases de synthèse issues de res- Biofuels mise en place par la Direction Générale Recherche de la
sources végétales. Commission européenne en juin 2006 (www.biofuelstp.eu). ■

RENAULT : un constructeur
très engagé vis-à-vis des
biocarburants
Noël LAMORATTA
Directeur chargé de utilisation de produits issus de l’agriculture de canne à sucre. L’éthanol est généralement utilisé en
mission Synthèse Client

L’ comme carburants n’est pas une innovation


récente. Ainsi, dans l’entre-deux-guerres, la
France a connu une importante consommation de bioé-
mélange à taux faible (de 5% à 25%) mais les mélanges
à taux élevés, courants au Brésil (présence d’un “étha-
nol carburant hydraté” E100 contenant 8% d’eau), se
thanol. L’objectif recherché alors, consistait à réduire la développent dans le monde grâce à la technologie des
dépendance vis-à-vis du pétrole. Celui-ci est toujours véhicules “Flex Fuel”.
d’actualité mais doit être mis en perspective aujour-
d’hui, dans un cadre plus global prenant également en Les véhicules “Flex Fuel” sont des véhicules dans les-
compte des dimensions économiques, agricoles et quels le calculateur électronique d’injection adapte les
environnementales. paramètres liés à la combustion en fonction du taux
Bernard LARRICQ d’éthanol contenu dans le carburant afin d’assurer au
(N67) Les constructeurs automobiles doivent répondre à un client le même niveau de prestation, indépendamment
Chef de projet marché hautement normalisé par les différentes ins- du carburant utilisé. Cette situation a plusieurs origines :
industrialisation tances nationales et européennes. Cette normalisation • La prédominance de la consommation d’essence
s’applique aux carburants et donc aux biocarburants. pour le transport dans le monde ce qui explique que
En l’état actuel des technologies, il existe deux grandes l’incorporation de l’éthanol ait été privilégiée.
filières industrielles, celles de l’éthanol et des esters • L’importance de la culture de la canne à sucre au
d’huiles végétales. Brésil associée à une politique d’indépendance éner-
Il est à noter qu’une essence contenant x% d’éthanol gétique mise en œuvre dès les années 70.
en volume est couramment appelé Ex. Par exemple, une • Le poids aux Etats-Unis des cultivateurs du maïs dans
essence contenant 85% d’éthanol en volume est appe- le Middle West.
lée E85.
La filière des esters d’huiles végétales est essentielle-
Gaël FABRE (N00)
Les esters d’huiles végétales principalement développés ment concentrée en Europe. Celle-ci a produit de l’ordre
Président du Club sous forme d’esters méthyliques d’huiles végétales, de 3 200 000 tonnes en 2005. Les pays leaders dans ce
Mines-Automobile
plus connus sous le nom de “EMHV”, peuvent être domaine sont l’Allemagne, la France et l’Italie.
incorporés directement dans le gazole. Toutefois, des capacités de production sont en cours
d’installation dans tous les pays d’Europe et la
De façon similaire à l’essence, un gazole contenant y% Commission Européenne a mis en place une politique
d’EMHV en volume est couramment appelé By. Par volontariste puisque la directive 2003/30/CE, fixe un
exemple, un gazole contenant 30% d’EMHV en volume taux d’incorporation de 5,75% en contenu énergétique
est appelé B30. à l’horizon 2010.

La situation des biocarburants dans le Normes et directives européennes


monde
Seuls l’essence (norme EN228), le gazole (norme
Le biocarburant dont la production est la plus impor- EN590) et le B100 (EN14214) bénéficient de normes
tante dans le monde est l’éthanol. La production mon- européennes. Dans ce contexte, la Suède et la France
diale est estimée en 2006 à environ 50 millions de m3, développent aujourd’hui un E85 sans agrément com-
dont 19 millions aux USA essentiellement produits à munautaire ni de spécification reconnue par l’ensemble
partir de maïs et 17 millions au Brésil produits à partir des états membres. Ceci est également vrai pour tous

22 Mars/Avril 2007 - Revue des Ingénieurs ■


Dossier : Les biocarburants

les gazoles contenant un taux intermédiaire entre 5% et 100%, et moteur à très faible température, les États-Unis ont choisi de limi-
notamment le B30 que l’on trouve en France. ter le taux d’éthanol à 85%.
Les directives et normes communautaires actuelles fixent déjà des
seuils maximaux d’incorporation de ces divers types de biocarbu- En Europe, compte tenu des températures beaucoup plus basses
rants dans les carburants fossiles. Ces seuils sont de 5% en volu- qu’au Brésil, les mêmes orientations qu’aux États-Unis ont été
me du carburant fossile pour l’EMHV et l’éthanol, et de 15% pour retenues. Pour les EMHV, des modes d’utilisation à taux élevés
l’ETBE. Compte tenu de la composition de l’ETBE, il est possible existent également : jusqu’à une teneur de 30% dans les flottes
en respectant les normes fixant les caractéristiques de l’essence, captives en France (B30) ou pur (100% - B100) comme cela est
d’incorporer 7% d’éthanol sous forme d’ETBE, soit un taux supé- autorisé en Allemagne ou en Autriche, avec des véhicules spécia-
rieur à celui de l’incorporation directe. L’ETBE présente des quali- lement dédiés.
tés intéressantes comme base de mélange pour le fonctionnement
des moteurs car ayant un indice d’octane particulièrement élevé : Le marché des véhicules utilisant
117 (l’indice d’octane de l’essence sans plomb est de 95). des biocarburants
Les caractéristiques physiques de ces biocarburants imposent des Comme nous l’avons vu, l’éthanol est généralement utilisé en
contraintes différentes d’incorporation, de stockage et de trans- mélange à taux faible (de 5% à 25%) mais les mélanges à taux éle-
port dans les carburants d’origine fossile : vés, courants au Brésil (présence d’un “éthanol carburant hydra-
• L’incorporation directe du bioéthanol pose problème du fait de té” E100 contenant 8% d’eau), se développent dans le monde
deux caractéristiques physiques attachées aux interférences de grâce à la technologie des véhicules “Flex Fuel”.
ce produit avec l’essence ou l’eau :
- Incorporé à faible teneur, l’éthanol (~ < 30%) augmente signi- Le Brésil a clairement, depuis les années 70, misé sur l’éthanol.
ficativement la volatilité de l’essence, caractérisée par la “ten- Lancés dès la fin des années 90, les véhicules “Flex Fuel” repré-
sion de vapeur” dont le seuil est réglementé par la sentent aujourd’hui près de 50% du parc automobile et toutes les
Commission Européenne pour des raisons sanitaires, environ- grandes marques, dont Renault, proposent une gamme complète
nementales et d’impact sur le fonctionnement des moteurs. de modèles. Cette part de marché a grimpé aux alentours de 70%
- Le caractère hydrophile de l’éthanol peut occasionner des pro- au premier semestre 2006.
blèmes de démixtion (c’est-à-dire une séparation de phases du
mélange : une constituée d’un mélange riche en éthanol et en Aux États-Unis, tous les grands constructeurs parmi lesquels
eau résiduelle que l’on trouve au fond du réservoir appelée Chrysler, Ford, GM proposent des modèles “flexibles”.
“pied d’eau” et une autre riche en hydrocarbures mais avec un Dans ces deux pays, des ristournes fiscales pour le client contri-
indice d’octane moins élevé que prévu) qui nécessite des pré- buent à favoriser ces véhicules.
cautions particulières pour son stockage et sa distribution.
Selon les pétroliers, le vecteur pipe-line n’est pas utilisable. En Europe, les Suédois ont été les premiers à adopter cette tech-
• A priori, les EMHV peuvent être incorporés dans n’importe quel nologie en 2005. Saab, Volvo et Ford, en s’appuyant sur ce mar-
gazole, se mélangent sans difficulté et peuvent être stockés et ché, commercialisent d’ores et déjà plusieurs modèles : Saab
distribués par tout mode de transport dont les pipe-lines (à hau- BioPower 9-5 2 litres turbo, Volvo “Flexifuel”, Ford Focus FFV.
teur de 5% pour le transport en pipe-line, pas au-delà selon
l’UFIP). L’offre actuelle des véhicules compatibles avec des EMHV est plus
restreinte. Seul PSA annonce que sa gamme est compatible B30.
L’offre biocarburants aux usagers Les constructeurs allemands qui ont produit des véhicules spéci-
fiques B100 sont en train de faire machine arrière pour les véhi-
L’offre biocarburants varie d’un état à l’autre en fonction principa- cules équipés de filtres à particules et semblent privilégier l’incor-
lement des conditions climatiques. poration du biodiesel dans le gazole à faible teneur.

Le Brésil propose à la pompe deux carburants : du E25 (entre 22 Renault (Contrat 2009 C.Ghosn - février 2006) est le seul
et 25% d’éthanol anhydre) et du E100 (92% d’éthanol et 8% constructeur européen à avoir annoncé disposer en 2009, d’une
d’eau). Leur distribution est banalisée. gamme dont :
• 50% des véhicules à moteur essence proposés à la vente en
Aux États-Unis, on trouve des E10 et E85. Les pompes distribuant Europe pourront fonctionner avec un mélange essence et étha-
de l’essence contenant de l’éthanol sont concentrées dans les nol.
états fortement agricoles du Middle West. Le nombre de pompes • Tous les moteurs diesel seront capables de fonctionner avec un
distribuant du E85 est marginal. En 2006, on estime aux alentours taux de 30% de EMHV.
de 800 le nombre de pompes distribuant du E85, chiffre qu’il
convient de rapporter aux 170 000 qui couvrent le pays. Importance de la valeur énergétique des
Si l’on s’en tient aux orientations de la Commission Européenne, biocarburants pour l’usager
les stations-service européennes devraient proposer également de
l’essence avec un taux d’éthanol anhydre pouvant atteindre 5,75% La valeur énergétique d’un carburant est mesurée par le “Pouvoir
en contenu énergétique (ou 8,75% en volume) en 2010. Calorifique Inférieur” (PCI). Celui-ci mesure la quantité d’énergie
Cette différence d’offre de carburants contenant de l’éthanol est libérée lors de la combustion. Le PCI des biocarburants est infé-
notamment imposée par les basses températures. La vaporisation rieur à celui des carburants auxquels ils se substituent. Le rapport
de l’éthanol ayant pour effet de refroidir considérablement le est de 0,92 pour les EMHV par rapport au gazole et de 0,66 pour
mélange, donc de générer des problèmes de fonctionnement l’éthanol par rapport à l’essence.

■ Revue des Ingénieurs - Mars/Avril 2007 23


Dossier : Les biocarburants

Il faut donc 1,087 litre d’EMHV pour produire la même énergie La modification du contrôle moteur est bien évidemment l’adap-
qu’un litre de gazole et 1,5 litre d’éthanol pour produire la même tation la plus sensible. Le calculateur doit déterminer avec préci-
énergie qu’un litre d’essence. sion la quantité de carburant à injecter et le phasage de l’injection
Un client utilisant un gazole B30 subira une déchéance faible (1% en fonction du taux d’éthanol “mesuré”. Compte tenu de son PCI,
à 2%) en terme d’autonomie par rapport au gazole “pur”. En l’utilisation de l’éthanol se traduit par une augmentation sensible
revanche, la surconsommation sera sensible en cas d’utilisation de la consommation. Pour maintenir des performances équiva-
d’une essence E85 par rapport à l’essence SP95 (surconsomma- lentes à l’essence, le calculateur devra donc injecter davantage de
tion de 30% à 40%). carburant.

Impact de l’éthanol sur les véhicules - Pour mesurer le taux d’éthanol du carburant, la sonde à éthanol
les véhicules “Flex Fuel” n’est pas une solution intéressante car coûteuse. La principale

Si la technologie
“Flex Fuel” est large-
ment maîtrisée par
l’ensemble des
constructeurs pré-
sents au Brésil, une
adaptation des
modèles aux spécifi-
cités du marché
européen est indis-
pensable.

La chaleur latente de
vaporisation de
l’éthanol est de 854
kJ/m3 contre 289
kJ/m3 pour l’essence
SP95. Ce phénomè-
ne entraîne des pro-
blèmes de démarrage
et de prestations à
froid. Au Brésil, la
solution retenue a
consisté à injecter
pendant quelques
secondes, si néces-
saire, de l’essence
stockée dans un
réservoir additionnel.
En Europe du Nord, la solution privilégiée actuellement en l’ab- stratégie consiste à mesurer la richesse réelle du moteur. L’éthanol
sence de norme sur les valeurs de chaleur latente de vaporisation contient de l’oxygène. Il va donc, pour une quantité de carburant
(taux de vapeur) est celle du thermoplongeur placé dans le circuit injectée donnée, générer une richesse mesurée différente de celle
de refroidissement. obtenue avec l’essence. En corrélant la richesse mesurée par la
sonde du moteur et le temps d’injection qui a été commandé, le
Les modifications des véhicules à essence pour fonctionner en calculateur détermine le pourcentage d’éthanol du carburant.
mode flexible sont multiples ce qui implique que, d’une manière
générale, sauf prescription des constructeurs, les véhicules à Mais la propriété la plus intéressante de l’éthanol est son fort indi-
essence du parc roulant ne peuvent fonctionner à des taux d’étha- ce d’octane. La présence d’éthanol permet donc d’augmenter les
nol supérieurs à 5% en volume (norme de l’essence EN228). performances du moteur en repoussant l’apparition du cliquetis à
forte charge. Pour exploiter ces caractéristiques, le calculateur
La présence d’oxygène dans l’éthanol (35% environ en masse) commande une augmentation de l’avance à l’allumage propor-
rend ce combustible particulièrement corrosif pour les matériaux tionnelle au taux d’éthanol. Des cartographies moteur associées à
utilisés. Il est donc nécessaire de prendre en compte cette des taux d’éthanol de référence sont stockées dans le calculateur.
contrainte au niveau conception des réservoirs, pompe à essence, Ce dernier interpole la commande d’avance à l’allumage à partir
tuyauteries de carburant, polymères, ligne d’échappement et siège des deux cartographies les plus proches du taux d’éthanol mesuré.
d’injecteur. Au niveau culasse, les sièges de soupapes et les sou-
papes doivent être également renforcés : des matériaux adaptés Impact des huiles végétales brutes sur
doivent être retenus car les surfaces de contact sont moins bien les véhicules
lubrifiées par le fonctionnement à l’éthanol ce qui peut provoquer De nombreuses études ont été menées sur l’impact des huiles
une usure accrue. végétales brutes ou en mélange avec du gazole sur les moteurs

24 Mars/Avril 2007 - Revue des Ingénieurs ■


Dossier : Les biocarburants

diesel équipant les véhicules particuliers. Concawe (2005-2006) et validée par la Commission Européenne,
Toutes ont démontré que compte tenu de leur indice de cétane on peut estimer que pour un véhicule de la gamme M1, type
(environ 37 à comparer au 51 du gazole), de leur teneur en oxy- Renault Mégane, sur cycle d’homologation, la réduction globale
gène, et de leurs caractéristiques de viscosité, l’incorporation des (du “Puits à la Roue” - WtW) des émissions CO2 équivalent,
huiles végétales brutes dans le gazole est totalement incompatible serait en valeur moyenne :
avec un fonctionnement correct des moteurs diesels actuels. • L’utilisation du E10 se traduirait par une réduction d’environ 4 %
par rapport à la production et à l’utilisation de l’essence.
Les principales conséquences sont : • L’utilisation de l’éthanol à taux élevé (E85) se traduirait par une
• Une altération profonde des systèmes de combustion due à la réduction plus significative de l’ordre de 38 % des émissions glo-
formation de dépôts. bales WtW en CO2 équivalent.
• Des dégradations de performances.
• Une dégradation de la qualité des émissions. De la même manière, on peut estimer la réduction globale (“du
• Une augmentation des émissions sonores. Puits à la Roue” - WtW) des émissions CO2 équivalent :
• Des problèmes de démarrage à froid à basse température. • L’utilisation du B30 se traduirait par une réduction d’environ
• Des risques de dilution des lubrifiants du moteur. 15% par rapport à la production et à l’utilisation du gazole
conventionnel.
Cette position est partagée par tous les constructeurs automo-
• L’utilisation du biodiesel à l’état pur (B100) se traduirait par une
biles.
réduction encore plus significative de l’ordre de 50 % des émis-
sions globales WtW CO2 équivalent.
Impact du biodiesel B30 sur les véhicules
L’analyse des caractéristiques d’un carburant incorporant 30% Il convient d’être prudent sur l’utilisation de ces chiffres car les
d’EMHV montre des écarts sensibles par rapport au gazole. Ceux- données sont très dépendantes des ressources biomasse et des
ci portent principalement sur : procédés utilisés pour la production du biocarburant et ne s’appli-
• La température limite de filtrabilité. quent qu’à des biocarburants produits en Europe (blé, betteraves
• La résistance à l’oxydation et à la stabilité thermique. pour l’éthanol, colza pour les EMHV).
• La teneur en eau et la limite de solubilité.
• La masse volumique. Conclusion
• Le contenu énergétique (PCI).
Le développement des biocarburants fait l’objet d’un large consen-
• La courbe de distillation.
sus en Europe, notamment en France. Il revêt une grande actuali-
té dans le contexte actuel de hausse du cours du baril, de problé-
Ces éléments conduisent donc, pour chaque couple
matique d’indépendance énergétique, de lutte contre l’effet de
véhicule/moteur concerné, à vérifier et à valider de façon précise
serre et de révision de la politique agricole commune.
et détaillée la compatibilité de ce carburant avec les organes
constituant le circuit à carburant, moteur et ligne d’échappement, Aujourd’hui, les biocarburants apparaissent comme une voie cré-
à savoir : dible d’avenir, porteuse de retombées technologiques, de revenus
• La robustesse des organes, donc traiter les risques de fiabilité liés dans les secteurs agricoles, de maîtrise des émissions de CO2.
à la présence de dépôts, de grippage des pièces en contact, de
colmatages, de durabilité des systèmes de post-traitement, etc. La politique produit et la forte implication de Renault dans ce
• La compatibilité des matériaux utilisés (y compris les polymères) domaine sont là pour le confirmer.
avec ce carburant.
Cependant les biocarburants actuels ne doivent être considérés
• Les prestations : démarrage à froid, respect des normes de
que comme des solutions limitées. Seules de nouvelles filières de
dépollution, dilution des lubrifiants moteur.
production (biocarburants dits de seconde génération), qui sont
en cours d’étude, utilisant par exemple la conversion de matières
Impact des biocarburants sur l’effet de serre lignocellulosiques provenant de déchets et résidus végétaux ou
L’intérêt des biocarburants n’est démontrable que par une analyse l’hydrotraitement de matières végétales, permettront d’apporter
globale de cycle de vie d’un carburant que l’on appelle “du Puits des réponses plus globales aux défis qui nous sont posés. ■
à la Roue - Well to Wheel”, c’est-à-dire en additionnant la quan-
tité de CO2 émise pour fabriquer le carburant : “du Puits au
Réservoir - Well to Tank” à la quantité de CO2 émise par le moteur Peu d’industriels, impliqués dans les bio-
lors du roulage “du Réservoir à la Roue - Tank to Wheel”. carburants, ont passé une page publicitaire
• Les biocarburants présentent un bilan CO2 favorable par rapport dans ce numéro 425 de la Revue. Ils sont
aux émissions d’un moteur essence ou diesel. pourtant nombreux à vanter par-
tout leurs produits ou leurs solu-
En définitif, le bilan global “du Puits à la Roue - Well to Wheel” tions. Paradoxe ? S’ils regrettent a posteriori
CO2 des biocarburants est plus favorable et directement propor- l’occasion de se montrer, la rédaction leur offre
tionnel au taux d’incorporation de biocarburants dans l’essence la possibilité de se rattraper dans le prochain
ou le diesel. numéro 426 qui présente la deuxième partie du
dossier sur les biocarburants.
En considérant l’approche et les hypothèses retenues dans l’étude
“Well to Wheels Analysis of Automotive Fuels and Powertrains in La rédaction
the European Context” réalisée en collaboration par Eucar et

■ Revue des Ingénieurs - Mars/Avril 2007 25


Dossier : Les biocarburants

Biocarburants dans les


transports publics : la voie étroite

Le
parc de 4000 bus de la RATP embarque 35% MAIS
du nombre de voyageurs du réseau RATP, qui
François SAGLIER est un bon indicateur d’attractivité commer- Un besoin de qualité garantie
(E69) ciale, mais n’en représente plus que 18% en termes de La fiabilité de nos transports, la disponibilité de nos bus
Directeur du voyageurs*kilomètres, qui est l’indicateur utile concer- ne peuvent se satisfaire de carburants de qualité
Département Bus
RATP nant l’efficacité énergétique. Il consomme 35% de son variable qui menaceraient la durée de vie de nos
énergie et totalise 86% des émissions de gaz à effet de moteurs. La garantie de performance d’émission des
serre de nos transports. biocarburants “du puits à la roue” nous importe. Nous
À contrario, nos modes ferroviaires représentent 82% ne disposons pas encore aujourd’hui du tissu de pro-
de notre trafic (voyageurs*kilomètres) et totalisent 13% ducteurs et du cadre de normalisation et de labellisa-
de nos émissions. C’est dire si nos modes ferroviaires tion qui nous permettent d’avancer dans de bonnes
sont à la fois : conditions dans la voie d’une extension massive de
• énergétiquement performants : 8 à 9 fois plus sobres l’emploi du biocarburant.
que la voiture particulière (V.P.),
• et écologiquement performants : près de 50 fois Une réglementation à adapter
moins d’émissions de G.E.S. que le parc actuel de V.P. La réglementation actuelle n’autorise pas aujourd’hui
Françoise COMBELLES l’incorporation de biocarburant dans le diesel à un taux
en ville : 4gequ CO2/kmxvoyageur.
Chargée de mission supérieur à 30%.
Énergie C’est aussi dire, si la sobriété de nos bus et leurs émissions
RATP Un supplétif des énergies fossiles, pas un substitut
de gaz à effet de serre nous préoccupent. Même si son
efficacité énergétique globale est à peu près 2 fois meilleu- Le biocarburant peut être considéré comme un substi-
re que celle de la voiture particulière, le mode bus partage tut possible au pétrole par la RATP ou la SNCF, il ne le
avec la voiture particulière un faible rendement énergé- sera pas à plus grande échelle. Son potentiel est d’em-
tique et les fortes émissions de la motorisation thermique. blée limité et doit être regardé comme un moyen de
Aussi la RATP a expérimenté de façon significative le retarder le peak oil, de prolonger le recours à des éner-
carburant B301 sur son parc de bus, et compte pouvoir gies fossiles déjà fortement accusées.
évoluer dans des conditions économiques acceptables N’apporte pas en soi de gain de sobriété énergétique
vers un emploi étendu du B30 dans l’année à venir ; elle Le recours au biocarburant n’apporte aucune réponse
testera dans les mois à venir l’utilisation du B100, en au problème de la faiblesse du rendement des moteurs
partenariat avec des constructeurs. thermiques, et nous recherchons en priorité des
moyens d’améliorer la sobriété énergétique de nos
POUR transports.
Une économie de pénurie
Les biocarburants sont indispensables. Ils sont
Le risque spéculatif portant sur l’accès aux énergies fos-
indispensables à court terme : plus tôt nous modère-
siles va s’étendre de façon identique à l’accès à la filiè-
rons nos émissions, moins vite le stock de gaz à effet
re biocarburants. Le monde du biocarburant va être
de serre dans l’atmosphère augmentera ; nous le savons
celui d’une économie de pénurie, on a déjà pu en
désormais, les experts du G.I.E.C.2 nous l’ont redit en
mesurer l’impact aux États-Unis, dans un contexte non
ce mois de février, le temps nous est compté. Plus rapi-
contraint.
de sera leur développement industriel, plus leur apport
sera bénéfique. Permet d’alléger les contraintes et de reculer le
moment des conversions technologiques
Un élément d’indépendance énergétique nationale Les investissements consacrés aux outils de production
L’Agence Internationale de l’Energie nous le dit, les ten- du biocarburant ne sont pas des moyens consacrés aux
sions géopolitiques pour l’accès à l’énergie ne vont ces- gains de sobriété énergétique et retardent le moment
ser d’augmenter et le souci de la sécurité nationale pré- des conversions technologiques de l’automobile.
side à la décision du chef de l’Etat de rendre les 2 pre-
miers transporteurs nationaux, la SNCF et la RATP, Aussi, nous considérons aujourd’hui les biocarburants
indépendants du pétrole à échéance 2020. comme une solution de transition.
Notre demande vers les constructeurs de bus va vers
Des progrès technologiques certains qui vont l’amélioration de la sobriété des bus, aujourd’hui dotés
améliorer fortement l’intérêt du produit de moteurs de poids lourds, inutilement sur-motorisés,
La RATP, comme d’autres entreprises de transport, ont vers des solutions de motorisation optimisées pour
besoin à court terme que cette ressource, qui réduit les l’usage spécifique de l’urbain. Nos efforts de recherche
émissions des modes thermiques, soit disponible dans et de développement explorent par ailleurs des solu-
de grandes quantités. Qu’il s’agisse de l’utilisation de la tions innovantes de motorisation électrique. ■
biomasse (y compris algues) dans des carburants de
2ème génération, et des biotechnologies, nous espérons 1 B30 : Biodiesel avec incorporation de 30% de Bio
beaucoup de l’amélioration des rendements à l’hectare 2 G.I.E.C. : Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du
que vont apporter les progrès technologiques. Climat

26 Mars/Avril 2007 - Revue des Ingénieurs ■


Dossier : Les biocarburants

Biocarburants : une politique


dynamique se met en place
France a mis en place, depuis le début des corporation de 5,75% de biocarburants dans les carbu-
Philippe GUILLARD
(CM71)
Sous-directeur raffinage
et logistique pétrolière.
La années 1990, divers dispositifs de soutien
aux biocarburants. Il est en effet admis
aujourd’hui que ces produits présentent un bilan favo-
rants, initialement prévu pour 2010, est avancé à 2008
et porté à 7% en 2010 (loi de finances 2006). Un objec-
tif de 10% est envisagé pour 2015.
rable en terme d’émission de CO2 et qu’ils permettent
Direction Générale de
l'Energie et des Matières donc de diminuer les émissions de gaz à effet de serre Le dispositif fiscal de soutien aux
Premières.
Ministère de l'Industrie.
dans le secteur des transports. biocarburants est composé de deux
instruments
Pour cela, les deux filières, éthanol agricole pour les
essences et huiles végétales pour le gazole, ont déve- Parce que les biocarburants présentent un coût de pro-
loppé des produits élaborés dont les caractéristiques se duction supérieur à celui des produits pétroliers aux-
rapprochent de celles des carburants auxquels ils peu- quels ils sont amenés à se substituer, un premier dis-
vent être mélangés sans modifier les réglages du positif de soutien, fondé sur une diminution de la taxe
moteur, ni ajouter de dispositif technique additionnel intérieure sur les produits pétroliers (TIPP) appliquée
sous le capot : aux biocarburants (défiscalisation partielle) a été mis
• l’ETBE (éthyle tertio butyle éther), fabriqué à partir en œuvre au début des années 1990.
d’éthanol agricole (betterave, blé ou maïs) peut être
Ce premier dispositif pèse directement sur le budget de
incorporé dans les essences à hauteur de 15% en
l’État, puisqu’il s’agit d’une dépense correspondant à
volume,
une moindre rentrée de recette fiscale. Les montants de
• l’éthanol peut être incorporé directement dans l’es-
défiscalisation sont ajustés chaque année pour tenir
sence jusqu’à 5% en volume,
compte de l’évolution des conditions économiques
• l’EMHV (ester méthylique d’huile végétale) fabriqué à
(prix du baril et des matières premières agricoles). Pour
partir d’huile de colza ou de tournesol peut être incor-
l’année 2005, le montant global de l’exonération fisca-
poré dans le gazole à hauteur de 5% en volume.
le, dont ont bénéficié les biocarburants, a été de 195,5
L’accélération de la politique de Me. La prévision pour 2006 est de 340 Me, et pour
développement des biocarburants 2007 de 650 Me. À fiscalité constante, la perte de
recettes fiscales serait de 1,3 milliard d’euro en 2010 (la
En août 2004, le gouvernement a annoncé qu’il enten- TIPP représente une vingtaine de milliards d’euro), soit
dait poursuivre le développement des bioénergies dans environ 180 millions d’euro pour chaque point de pour-
le cadre du plan climat et du centage incorporé.
Dir ective 2003/30/CE projet de
loi d’orien- TOTAL : Impôt sur Impôt sur TIPP Autres
Dans le cadre de sa politique globale
tation sur 268 milliards d’euro TVA le revenu les sociétés
de lutte contre l’effet de serre, l’Union
européenne a adopté la directive l’énergie. Il Montant (Ge) 126 59 48 19 16
2003/30/CE du 8 mai 2003 visant à a présenté Pourcentage 47% 22% 18% 7% 6%
promouvoir l'utilisation de biocarburants le 7 sep-
ou autres carburants renouvelables dans Recettes fiscales de l’Etat (2006)
tembre 2004 le lancement
les transports (Journal officiel L 123 du
17.05.2003). d’un programme de déve- Le calcul de la défiscalisation, et son acceptation par les
loppement des biocarbu- Assemblées lors de la discussion de la loi de finances,
Destinée à créer à terme un cadre com- rants qui visait à atteindre est un exercice difficile qui suscite tous les ans un
munautaire de promotion des biocarbu-
rants, cette directive fixe des taux indica- l’objectif indicatif de la débat passionné. Il est en effet difficile d’admettre, pour
tifs d’objectifs d’incorporation en valeur directive 2003/30/CE pour les filières concernées, que l’augmentation des prix du
énergétique, de 2% en 2005 et de 2010 : incorporation de pétrole justifie une baisse assez sensible de la “subven-
5,75% en 2010. 5,75% (équivalent énergé- tion” qui leur est attribuée. La difficulté est renforcée
tique) de biocarburants. Ce par le fait que les conditions de défiscalisation peuvent
plan visait donc à multiplier par sept à l’horizon 2010 être plus favorables à l’étranger, notamment en
la production de biocarburants par rapport à 2004. Allemagne, où le principe de défiscalisation totale est la
Le projet de loi de finances pour 2005 a renforcé le dis- règle pour les biocarburants (ce qui induit par exemple
positif par l’introduction d’une nouvelle taxe calculée, une défiscalisation de 47e/hl pour le biodiesel depuis
dans un premier temps, pour atteindre les objectifs de plusieurs années dans ce pays, et donc une “explo-
la directive européenne en 2010. Mais la flambée des sion” du marché de ce produit qui bénéficie d’un effet
cours du pétrole constatée jusqu’à l’été 2005 a conduit d’aubaine).
le Premier Ministre à présenter le 13 septembre 2005 à
Rennes de nouvelles mesures destinées à accélérer le Le montant de défiscalisation est déduit de la TIPP du
développement des biocarburants. Ainsi l’objectif d’in- carburant (essence pour l’ETBE et l’éthanol ; gazole

■ Revue des Ingénieurs - Mars/Avril 2007 27


Dossier : Les biocarburants

pour biodiesel et EEHV). La TIPP sur l’essence est 58,92 e/hl (et On peut constater une augmentation significative de la consom-
donc réduite à 25,92 e/hl pour les biocarburants) ; la TIPP sur le mation de biocarburants pour l’année 2005. L’objectif de 1,2% n’a
gazole est de 41,62 e/hl (et donc réduite à 16,62 e/hl pour le bio- pas été atteint, notamment parce que les opérateurs n’ont pas
diesel). totalement adapté leurs systèmes d’achats et de distribution à la
“nouvelle donne fiscale”. Mais il y a tout lieu de penser que
Montants de défiscalisation depuis 2000 (lois de finances)
En dernière ligne le cours annuel moyen du brent daté (pour mémoire l’année 2006 verra la réalisation de l’objectif de 1,75% fixé par
la loi. L’année 2007, quant à elle, fixe un objectif très ambi-
e/hl (ce/l) 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 tieux de doublement de la consommation de biocarburants
ETBE 50,23 50,23 50,23 38 38 38 33 33 (de 1,75% à 3,5%).
Ethanol Non défiscalisé 37 37 33 33
Biodiesel 35,06 35,06 35,06 33 33 33 25 25 Le marché des biocarburants
EEHV Produit n’existant pas avant 2006 30 30 sur la période 2005 - 2010
Pétrole brut ($/bl) 29 24 25 29 38 54 65 -
Le marché des carburants en France et en Europe, dans une
moindre mesure, est caractérisé par une baisse de la consomma-
Le deuxième dispositif a été créé par la loi de finances pour 2005
tion d’essence de 1,6 %/an depuis 10 ans et par une augmenta-
qui a introduit une nouvelle taxe s’appliquant aux entreprises dis-
tion corrélative de la part du gazole. Cette tendance est liée à
tributrices de carburants. Elle renforce notablement l’incitation à
l’évolution de la part des véhicules diesel dans le parc automobile
consommer des biocarburants, puisque le système qui reposait sur
français qui atteint 50% en 2006, avec une croissance de plus de
le volontariat (seuls les distributeurs qui souhaitaient incorporer
2% par an depuis quinze ans. Il en résulte que le développement
des biocarburants faisaient appel à la défiscalisation), évolue vers
des biocarburants doit se faire principalement sur les produits de
une quasi obligation : à partir de 2005, tous les distributeurs doi-
substitutions au gazole, dont la consommation progresse forte-
vent incorporer des biocarburants ou bien payer la nouvelle taxe.
ment et dont la production est largement déficitaire au niveau du
Il convient de noter que le montant de celle-ci est suffisamment
raffinage national.
élevé et qu’elle incite donc réellement les sociétés distributrices à
incorporer des biocarburants dans leurs ventes de carburants Prévision de consommation de carburants en France pour la période 2006-2010
pétroliers (1% non incorporé représente environ 450 millions d’eu- Tonnes 2005 2006 2007 2008 2009 2010
ro de pénalité fiscale). Cela est d’ailleurs d’autant plus vrai que la
défiscalisation des biocarburants a été maintenue. Essences 10 969 668 10 750 000 10 200 000 9 650 000 9 100 000 8 550 000
Gazole 31 048 330 31 518 500 32 279 000 33 085 975 33 913 124 34 760 952
Les objectifs d’incorporation
Bilan des quantités totales de biocarburants pouvant bénéficier
% PCI 2005 2006 2007 2008 2009 2010 d’une réduction de TIPP :
Objectifs 1,2% 1,75% 3,5% 5,75% 6,25% 7% Tonnes 2005 2006 2007 2008 2009 2010
% Volume équivalent
Ethanol 207 003 307 005 561 795 891 795 1 041 795 1 041 795
EMHV (1) 1,3 1,9 3,8 6,3 6,8 7,6
EMHV 417 502 677 502 1 342 503 2 527 503 2 777 503 3 227 503
ETBE (2) 3,1 4,5 9,0 14,8 16,1 18,0
Ethanol (1) 1,9 2,7 5,3 8,8 9,5 10,7
L’augmentation considérable de la consommation de biocarbu-
(1) limite technique admissible dans les moteurs actuels : 5% en volume rants pose un véritable défi aux filières industrielles concernées. La
(2) limite technique admissible dans les moteurs actuels : 15% en volume
plupart des agréments délivrés en 2006 devront être effectifs en
2008 et au-delà, dans des usines qui restent à construire. Une véri-
Consommation de biocarburants table course de vitesse est donc engagée pour rendre disponibles
jusqu’en 2005
Déf iscalisation
Consommation de biocarburants
En application de l’article 265 bis A du code des douanes,
Tonnes 2002 2003 2004 2005 l’exonération partielle de TIPP, prévue au titre du régime fis-
ETBE (éthanol) 87 000 82 000 87 000 117 000 cal privilégié des biocarburants, est réservée aux seuls bio-
Ethanol - - 665 3 374 carburants produits dans des unités agréées par le ministre
chargé du Budget. Les agréments sont attribués à l’issue
Biodiesel 307 500 321 000 315 500 368 500 d’une procédure d’appel à candidatures publiée au JOUE
et de l’examen des dossiers par une commission interadmi-
nistrative composée de représentants des ministères de
Consommation de carburants en France :
l’agriculture, de l’environnement, de l’industrie, du budget,
Tonnes 2002 2003 2004 2005 de l’ADEME et de l’IFP.
Essence 13 098 495 12 271 770 11 706 275 10 969 668
Gazole 29 494 920 29 903 160 30 577 680 31 048 330 les très grandes quantités de biocarburants nécessaires pour éviter
de payer la TGAP. Il convient notamment de souligner que les
années 2007 et 2008 entraînent deux très fortes augmentations de
Taux de pénétration, en pourcentage énergétique, des biocarburants en France
l’objectif d’incorporation.
% PCI 2002 2003 2004 2005
Essence 0,56% 0,55% 0,58% 0,89% Interrogations à court et moyen terme
Gazole 0,91% 0,94% 0,93% 1,04% À court et moyen terme, le plan biocarburants va devoir affronter
Global 0,80% 0,81% 0,82% 1,00% certaines difficultés qui vont nécessiter une coopération étroite

28 Mars/Avril 2007 - Revue des Ingénieurs ■


Dossier : Les biocarburants

revanche, l’usage du B30 (gazole mélangé avec 30% de bio-


T GAP e t objectif s d’incor por ation diesel) est autorisé pour les véhicules des flottes captives
L’article 32 de la loi de finances pour 2005, codifié à l’article disposant d’une logistique spécifique.
266 quindecies du code des douanes, a institué un prélèvement
supplémentaire de la taxe générale sur les activités polluantes Les opérateurs pétroliers doivent choisir les bonnes filières
(TGAP) destiné à inciter les opérateurs qui mettent à la consom- parmi la multiplicité des choix qui s’ouvrent à eux. Ils vont
mation des produits pétroliers à incorporer un volume global de devoir investir massivement, tant au niveau du raffinage pour
biocarburants dans les carburants fossiles. Le taux de cette taxe optimiser la production de biocarburants, qu’au niveau de la
est progressif et peut être réduit à due concurrence des volumes logistique (transports massifs et dépôts pétroliers) et de la
de biocarburants incorporés dans chacun des types de carbu-
rants (gazole ou essences). distribution en station service pour pouvoir présenter une
offre diversifiée de carburants.
L’assiette actuelle de la TGAP biocarburants est le prix hors TVA
des carburants ; cette assiette varie avec le prix des carburants, L’ensemble de ces considérations, et la combinaison des dif-
ce qui en période de hausse de ceux-ci valorise le prix des bio- férentes filières, laisse penser qu’un objectif de 7% est réali-
carburants.
sable, mais dans des délais vraisemblablement plus longs que
Les objectifs d’incorporation sont les suivants : ceux fixés par la loi. En effet, la mise en œuvre des filières
logistiques (dépôts et stations services), ainsi que la diffusion
% PCI 2005 2006 2007 2008 2009 2010
des nouveaux véhicules dans le parc automobile demande-
TGPA 1,2% 1,75% 3,5% 5,75% 6,25% 7% ront du temps et il est donc probable que les objectifs du plan
biocarburants seront atteints, mais avec un décalage de
quelques années (deux à trois ans ?). Il est d’ailleurs intéres-
entre les filières industrielles et les pouvoirs publics. S’il est clair que sant de noter que l’Allemagne abandonne le principe de la
l’on assiste depuis 2005 à une phase de (re-)naissance des filières bio- défiscalisation totale à partir de 2007, et qu’elle a adopté un
carburants en France et dans certains pays européens, il apparaît égale- plan biocarburants “à la française” (combinaison de la défis-
ment que la phase future de croissance, et l’objectif qu’elle permettra calisation et de la pénalité fiscale), en fixant un objectif de
d’atteindre, peuvent faire aujourd’hui l’objet d’interrogations. 4,4% PCI de 2007 à 2010 pour le gazole (soit environ 4,8%
en volume) et de seulement 1,2% en 2007, à 3,6% en 2010
Ces évolutions vont devoir s’inscrire dans le cadre des nouvelles direc- pour l’essence, parce que cette filière n’y avait jusqu’à présent
tives sur les carburants et les biocarburants qui seront proposées par la pas incorporé de biocarburants.
Commission cette année et mises en application vraisemblablement à
partir de 2010. Les propositions récentes en matière d’énergie suggèrent Perspectives
de fixer à 10% en 2020 le taux de biocarburants consommés par les
États membres (20% pour les énergies renouvelables dans les autres À plus long terme, les études réalisées sur les biocarburants
secteurs de l’économie). montrent que la génération actuelle de produits peut effecti-
vement permettre d’atteindre 7 à 10% de taux de remplace-
Les filières agro-industrielles vont devoir investir massivement dans un ment des carburants fossiles. Au-delà, il faut trouver des solu-
contexte économique fortement subventionné et susceptible d’évoluer tions aux problèmes de coût, de limite des volumes de pro-
au niveau communautaire, voire international dans la cadre des négo- duction (concurrence à l’usage alimentaire des terres) et de
ciations de l’OMC. Il sera en particulier sans doute difficile de mainte- gestion des volumes de coproduits des biocarburants d’au-
nir la coexistence d’une défiscalisation élevée et d’une taxation forte- jourd’hui.
ment pénalisante en cas de non incorporation, qui en pratique suffit à
elle seule à inciter à l’utilisation des biocarburants. Des travaux de R&D sont en cours pour la mise au point de
nouvelles filières. Elles devraient utiliser la matière lignocellu-
Les constructeurs automobiles se trouvent désormais placés devant losique (bois, paille), ressource plus abondante et meilleur
l’obligation commerciale de développer une offre de moteurs compa- marché que celle issue des cultures alimentaires, en s’ap-
tibles avec des taux de biocarburants relativement élevés. En effet, la puyant aussi bien sur des procédés catalytiques ou biolo-
réglementation des véhicules et des carburants n’autorise à l’heure giques que sur la gazéification.
actuelle qu’un taux maximum de mélange de 5% en volume dans l’es- L’IFP étudie notamment les pistes de production des carbu-
sence et le gazole (15% pour l’ETBE). Au-delà de ce pourcentage le fonc- rants de synthèse avec la filière BtL (biomasse transformée en
tionnement normal des moteurs n’est pas garanti par les constructeurs. liquide). Les biocarburants sont obtenus en transformant,
Pour dépasser ce taux et atteindre des objectifs significatifs de consom- dans une première étape, la biomasse en gaz de synthèse par
mation de biocarburants, il faut donc explorer de nouvelles pistes : gazéification à haute température. Cette étape est étudiée
• développer des moteurs diesel et essence “standards” dont le fonc- actuellement en collaboration avec le CEA. Ensuite, après
tionnement soit garanti à 10%. Ce qui posera le problème du passa- purification, ce gaz est transformé en gazole suivant le pro-
ge de 5 à 10% pour un parc automobile hétérogène (les anciens véhi- cédé dit Fischer-Tropsch que l’IFP a développé par ailleurs pour
cules demanderont du 5% et les nouveaux accepteront le 10%) et la filière gaz. Les hydrocarbures liquides obtenus sont d’excel-
donc la nécessité de distribuer les deux mélanges en station service, lente qualité et parfaitement adaptés aux moteurs diesel.
avec les difficultés matérielles et logistiques qui en découlent pour les
réseaux distributeurs ; Le Président de la République a annoncé en octobre 2006 que
• développer des moteurs spécifiques qui acceptent des fortes teneurs la France se doterait de deux réacteurs pilotes de démonstra-
en biocarburants. C’est déjà le cas avec le superéthanol (85% d’étha- tion d’ici 2010 (dans chacune des deux voies : gazéification
nol et 15% d’essence) et la filière de véhicules dits “flex-fuel”. Ce et biologique). Ces filières pourraient alors aboutir à une mise
type de véhicule n’existe pas actuellement pour la filière diesel. En en œuvre industrielle à l’horizon 2015-2020. ■

■ Revue des Ingénieurs - Mars/Avril 2007 29


Dossier : Les biocarburants

1990-2006 : quel bilan pour les


biocarburants en Allemagne ?
orsque nous parlons du développement des éner- Des années 1990 jusqu’en 2001 :
Evelyne GONIA (E90)
Résidant en Allemagne,
consultante indépen-
dante spécialisée en
L gies renouvelables et de la protection de l’envi-
ronnement, nous ne pouvons oublier le rôle
important joué par l’Allemagne. L’engagement politique
une forte impulsion en France
pour le biodiesel
veille technologique de ce pays en a fait l’un des acteurs incontournables Avant d’aborder plus en détail l’évolution des mesures
Itinéraire professionnel: dans ces deux domaines, tant au niveau Européen que fiscales adoptées par l’Allemagne pour soutenir le déve-
Mines de Saint-Etienne, mondial. loppement du biodiesel, j’aimerais faire un petit retour
1990 en arrière de 15 ans à l’époque où la France et
Thèse en matériaux,
EMP, 1994 L’Allemagne a pris de l’avance sur la France sur plu- l’Allemagne ont commencé à développer cette filière.
Recherche Post-doc, sieurs de ces marchés. Le premier exemple qui me vient En 1992, la nouvelle politique agricole européenne
NRIM Japon , 1997
JITEX Japon (consul- à l’esprit m’est inspiré par les parcs d’éoliennes qui impose le gel de 15% de la surface céréalière. Des deux
tants spécialisés en “fleurissent” dans la région de Nord Westphalie (cf côtés du Rhin, des programmes sont lancés pour étu-
veille technologique) :
1998-2000 photo ci-dessoux). dier les débouchés possibles dans la culture sur jachère
Depuis 2001, de productions non alimentaires (y compris les cultures
Consultante indépen- L’Allemagne est depuis plusieurs années le leader mon-
dante dial de l’énergie éolienne avec 18 427,5 MW de puis- énergétique).
sance installée à la fin de l’année 2005. La même En Allemagne, les premières installations de production
année, la France prenait le rang de 9ème producteur de biodiesel restent de taille modeste (capacité de
d’énergie éolienne en Europe avec 756 MW de puis- 1.000 à 8.000 t/a) à l’exception de celle construite à
sance installée. Leer en 1995 (capacité de 100.000 t/a). Il faudra
attendre jusqu’en 2001 pour voir de nouvelles installa-
tions de grande capacité.
Du côté français, un programme d’envergure est lancé
au début des années 1990 pour produire du biodiesel à
partir de colza. À l’époque des acteurs importants de
toute la filière coopèrent : des représentants de l’agricul-
ture, des constructeurs automobiles (PSA, Renault), des
groupes pétroliers (Total, Fina Elf) et les autorités
publiques (ADEME, institut du pétrole). Ce programme
permet à la France de consolider sa place de premier pro-
ducteur européen, place qu’elle occupera jusqu’en 2001.
D.R.

Il faut souligner que l’Allemagne et la France se sont


Qu’en est-il des biocarburants? La Commission lancées dans le biodiesel à la même époque mais que
Européenne a proposé dans sa directive du 8 mai 2003, leurs stratégies s’avèrent être dès le début foncièrement
qu’aux horizons 2005 et 2010, les biocarburants puis- différentes. En France, il a toujours été prévu d’utiliser
sent contribuer respectivement pour 2% puis 5,75% à le biodiesel uniquement en mélange dans le gazole,
l’approvisionnement énergétique des transports ter- sous forme de bio-additif (concentration de 0 à 5%) ou
restres. éventuellement de bio-composant (de 5 à 30%) mais
jamais sous forme pure. L’Allemagne en revanche a pris
Comment se situent la France et l’Allemagne par rap- une autre voie car son objectif était d’utiliser au contrai-
port à ces objectifs ? Quels ont été les choix straté- re le biodiesel à l’état pur (B100) pour concurrencer le
giques de ces deux pays au cours de ces 10 dernières gazole classique. D’ailleurs jusqu’à la fin 2003,
années? Que va changer la nouvelle législation de l’Allemagne ne vend le biodiesel que sous forme pur
novembre 2005 qui modifie complètement le mode de (B100).
soutien aux biocarburants en Allemagne? Cet article
sera limité au développement du biodiesel pour les rai- 2001 et 2004 : deux années
sons suivantes: importantes pour le développement
• le biodiesel reste encore le biocarburant préféré des spectaculaire du biodiesel en
européens. En 2005, il représente 81,5% de la pro- Allemagne
duction totale des biocarburants en Europe(1),
• L’Allemagne est le leader européen du biodiesel Alors que le frein majeur au développement des biocar-
avec 1900 stations services équipées en juin 2005 et burants reste leur coût, l’essor du biodiesel va forte-
une capacité de production estimée à 2.300.000 ment dépendre de l’engagement des gouvernements et
tonnes pour l’année 2005. des mesures prises pour promouvoir les biocarburants.

30 Mars/Avril 2007 - Revue des Ingénieurs ■


Dossier : Les biocarburants

Ainsi après les premiers essais des années 1990, il faudra attendre
la mise en place de mesures fiscales en 2000 (introduction de la
taxe écologique dont les effets se feront sentir en 2001) puis en
2004 (introduction de l’exonération totale des biocarburants)
pour voir un véritable essor des investissements en Allemagne.
Entre 2001 et 2002, cinq installations importantes de production
sont construites avec une capacité de 100.000 t/a pour Bitterfeld,
Marl, Schwarzheide et Neuss et 120.000 t/a pour Hamburg. Ces
nouvelles installations permettent à l’Allemagne de prendre la
place de premier producteur européen, place qu’elle maintient
depuis cette date loin devant la France. En trois ans, l’Allemagne
multiplie par cinq sa capacité de production passant de 140.000 t
en 1999 à 730.000 t en 2002 (cf. graphe ci-après).
de l’union européenne avec un total de 1.669.000 t. Le réseau de
distribution s’étend à 1900 en juin 2005 (contre 424 en 1996). À
l’heure actuelle, une station sur neuf propose du biodiesel en alle-
magne.
Les ventes de biodiesel connaissent un véritable essor atteignant
1.800.000 t en 2005. Le biodiesel représente déjà 7% du marché
du diesel allemand (60% du biodiesel consommé est vendu sous
la forme pure B100).

2005 changement de cap : abandon partiel de


l’exonération fiscale pour les biocarburants
Le nouveau gouvernement allemand de la grande coalition a choi-
si récemment de réduire les subventions et les avantages fiscaux
pour consolider ses finances publiques. Depuis le 1er août 2006,
Mais le véritable développement spectaculaire du marché alle-
l’exonération totale des biocarburants accordée en 2004 n’existe
mand arrive en 2004. C’est à cette époque que le biodiesel en
plus et les biodiesel pur et en mélange sont taxés respectivement
mélange est autorisé en Allemagne mais c’est surtout l’année où
à un taux de 9 cents/L et 15 cents/L. Il prévu que ces taux aug-
le gouvernement Allemand choisit de mettre en place des mesures
mentent dans le futur (cf. tableau ci-dessous), dès 2007 le bio-
fiscales très incitatives. En janvier 2004, une exonération totale de
diesel en mélange sera taxé au même taux que le gazole à savoir
la taxe sur les produits pétroliers pour les biocarburants purs ou
mélangés à des carburants fossiles est mise en place. Taux de taxation (Cent /L) imposé dans la nouvelle législation
Contrairement à d’autres pays, ce système n’est pas limité à un allemande
quota donné. Cette mesure est approuvée par la commission Taux de biodiesel biodiesel huiles Ethanol Biocarburants
Européenne qui fixe néanmoins la fin de son application au 31 taxation en en mélange pur végétales (E85) de seconde
décembre 2009. cent par litre avec le pures génération
diesel
Grâce à l’exonération fiscale des biocarburants (taxe écologique et 2006 15 9 0 0 0
taxe sur les produits pétroliers), le prix d’un litre de biodiesel à la 2007 47 (a) 9 0 0 0
pompe est environ 10 cents moins cher que celui de gazole (cf.
2008 47 15 10 0 0
graphe ci-dessous). Cette différence de prix s’est avérée très sti-
2009 47 21 18 0 0
mulante pour le marché du biodiesel.
2010 47 27 26 0 0
Ainsi l’Allemagne double sa capacité de production en un an, pas-
2011 47 33 33 0 0
sant de 1.100.000 t en 2004 à 2.300.000 t en 2005. En 2005,
A partir de 2012 47 45 45 0 0
l’Allemagne produit à elle seule plus de la moitié de la production
2015 47 45 45 0 0

(a) correspond à l’abandon de l’exonération

47 cents/L. En revanche, le biodiesel et les huiles végétales (bio-


carburants de première génération) utilisées dans le domaine de
l’agriculture et de l’entretien des forêts conserveront les avantages
fiscaux et resteront exonérés de taxe et cela sans limite de volume.

De plus, le nouveau système prévoit (à compter du 1er Janvier


2007) d’imposer aux compagnies pétrolières d’incorporer dans
leurs carburants des quotas minima de biocarburants (ce quota se
calculant sur une année). La définition de ces quotas se fait à deux
niveaux (cf. tableau page suivante). Dès 2007, seront introduits
des quotas spécifiques, (Unterquoten) suivant le type de moteur.

■ Revue des Ingénieurs - Mars/Avril 2007 31


Dossier : Les biocarburants

Puis à partir de 2009 un quota global (diesel + essence) qui vien- des filières du futur. L’enjeu est important car il s’agit d’exploiter
dra ajouter une contrainte supplémentaire, laissant néanmoins le l’ensemble de la plante (tige et feuiles compris) au lieu de trans-
choix du biocarburant aux compagnies pétrolières. former seulement les graines ou les racines. Au-delà même des
plantes agricoles, il s’agit de tirer parti des déchets biomasse (rési-
Définition des quotas minimum d’incorporation dus de l’agriculture, sylviculture, etc...).
des biocarburants
Année Quota global Quota spécifique Quota spécifique Quelles conséquences pour l’avenir
Moteur Diesel Moteur essence
1,20 % (cal.)
L’Allemagne a donc abandonné le système fiscal qui avait permis
2007 - 1,20 % (cal.) de développer de façon spectaculaire le marché du biodiesel. Le
2008 - 2,00 % (cal.) nouveau système prévoit d’octroyer aux producteurs à partir de
2009 6,25 % (cal.) (b) 2,80 % (cal.)
2010 6,75 % (cal.)
2011 7,00 % (cal.) 4,40 % (cal.)
2012 7,25 % (cal.)
3,60 % (cal.)
2013 7,50 % (cal.)
2014 7,75 % (cal.)
2015 8,00 % (cal.)

(b) les quotas sont définis dans la loi en fonction contenu énérgétique de chaque carburant

Pour montrer comment le calcul des quotas spécifiques et globaux


fonctionne, nous reprenons dans le tableau ci-après un exemple
donné (horizon 2015) par l’AQB (Arbeitsgemeinschaft
Qualitätmanagement Biodiesel e.V., association professionnelle
contrôle qualité biodiesel).
2007 de biocarburants une garantie de débouchés mais
Quota spécifique (moteur diesel) Quota spécifique (moteur essence)
Horizon 2015 Horizon 2015 taxe en revanche depuis août 2006 le biodiesel pur qui
perd ainsi ses privilèges accordés en 2004. Pour l’instant,
Volume gazole 100 000 L Volume Essence 100 000 L le nouveau système ne désavantage pas le consommateur
Contenu énergétique gazole 35,87 MJ/L Contenu énergétique essence 32,48 MJ/L pour qui le prix du biodiesel change à peine (cf. graphe ci-
Energie gazole 3 587 000 MJ Energie essence 3 248 000 MJ dessus). Les producteurs de biodiesel ont en effet com-
Quota énergétique moteur diesel 4,40% (cal.) Quota énergétique moteur essence 3.60% (cal.) pensé l’augmentation des prix. Plusieurs experts alle-
Energie biodiesel 157 828 MJ Energie bioéthanol 116 928 MJ mands craignent que la filière biodiesel pur (B100) soit à
Contenu énergétique biodiesel 32,65 MJ/L Contenu énergétique bioéthanol 21,06 MJ/L long terme désavantagée par ce nouveau système. Ils cri-
Volume de biodiesel 4 834 L Volume bioéthanol 5552 L tiquent par ailleurs la dépendance des producteurs de bio-
carburants vis-à-vis des compagnies pétrolières.
Ces tableaux montrent Quota global (moteur diesel)
que les quotas spéci- Horizon 2015 Il est encore trop tôt pour dire si ces craintes sont justifiées ou
fiques imposeront aux Energie gazole + essence 6 835 000 MJ non.
compagnies pétrolières Quota énergétique global 8,00% (cal.)
d’incorporer un mini- Energie biocarburant 546 800 MJ Comme la nouvelle législation le confirme, l’Allemagne se tourne
mum de 4,8% (vol.) de Energie biodiesel (quota spéc.) - 157 828 MJ désormais aussi vers le développement du E85 et des biocarbu-
biodiesel dans le gazole. Energie bioéthanol (quota spéc.) -116 928 MJ rants de deuxième génération (BtL et carburants riches en hémi-
Le quota global contraint Biocarburants supplémentaires à cellulose). L’Allemagne, qui avait délaissé longtemps la filière du
à introduire sur le mar- fournir (en plus de ceux imposés 272 044 MJ bioéthanol, se fraie un passage vers les leaders de ce marché en
ché des carburants une multipliant par 6 sa production de bioéthanol entre 2004 et 2005,
par les quotas spécifiques)
quantité supplémentaire soit un total de 120 000 tonnes(1). Elle possède également une
de biocarburants (sous forme pure, en mélange) correspondant à usine pilote (capacité 15.000 t/an)) produisant du BtL et compte
une énergie de 272 044 MJ. Le choix est laissé aux compagnies parmi les pays les plus avancés dans ce domaine. ■
pétrolières de remplir cette nouvelle contrainte avec les propor-
tions de biodiesel et de bioéthanol qui leur conviennent (en
mélange ou pur). Des sanctions sont prévues pour éviter le non-
respect des quotas (quota diesel : 60 cent/L, quota essence : 90
Cent/l , quota global : 90 cent/L). Bibliographie et notes

La création de quotas octroie aux producteurs de biodiesel une (1) EuRObserv’ER 2006, Baromètre des biocarburants, mai 2006,
garantie de débouchés qui se substitue aux efforts fiscaux. http://www.biomatnet.org/publications/2090bfuel.pdf
(2) Biomass to Liquid
Certains avantages fiscaux subsistent néanmoins pour le superé- (3) Dans une plante, le carbone (que l’on cherche à récupérer) est concen-
thanol E85 et les biocarburants de seconde génération (BtL(2) ou tré à la périphérie des cellules et se présente sous trois forme, la cellu-
les biocarburants synthétisés à partir de plantes riches en hémi- lose, l’hemicellulose et la lignine. L’hémicellulose est une longue molé-
cellulose(3)) qui resteront exonérés totalement de taxe jusqu’en cule carbonée que l’on ne sait pas transformer pour l’instant en produit
2015. Ces biocarburants de seconde génération correspondent à combustible.

32 Mars/Avril 2007 - Revue des Ingénieurs ■


DOSSIER L E R E B O N D À L A C I N Q UA N TA I N E

difficultés que peut rencontrer dans une Après un tour d’horizon de Jacques Darmon (P59) sur

Les recherche d’activité professionelle un


cadre “senior”, c’est-à-dire approchant
ou ayant dépassé la cinquantaine, sont bien connues et
les préalables à un rebond réussi et sur certaines formes
de rémunération que peut offrir une nouvelle activité, et
avoir profité du point de vue du DRH qu’a été Francis
ont fait l’objet, depuis au moins 20 ans, de la part des Wouts (P60), Bernard Oriol (E67) fournit un mode
gouvernements successifs, de tentatives de solutions d’emploi du portage salarial.
plus ou moins réussies comme la contribution
Christian MAILLARD Delalande, le CDD senior, ... François Finet (X, INSEAD) et Gérard Nozières
(N63) (N73) témoignent de leur expérience de management
Conseiller carrières Or, le nombre de cadres concernés devrait s’accroître de transition, Ghislain Viellard (E71) de son vécu de
dans les prochaines années, malgré les départs en repreneur d’entreprise.
retraite des générations du “Papy boom”, en raison de
la conjonction de l’augmentation du nombre d’annui- François Glémet (P69) présente ensuite les questions
tés nécessaires pour profiter d’une retraite méritée et de à se poser avant de rejoindre le conseil, activité qui a
l’abaissement de l’âge d’entrée dans la catégorie des profondément évolué ces dernières années.
seniors, certaines entreprises parlant aujourd’hui de 42-
43 ans ! Dans la rubrique Intermines Carrières du prochain
numéro de la Revue, Yves Lagier (N62) présentera des
Ce sujet a déjà fait l’objet le 2 décembre 2003 d’un propositions d'outils permettant de piloter en continu
Jacques remarquable colloque organisé par l’Amicale des non seulement sa carrière mais également sa vie afin de
SCHROBILTGEN (N57)
Anciens Élèves de Saint-Étienne et par poser le plus tôt possible les jalons d'un rebond
Membre du Comité de
Rédaction Intermines (compte rendu publié dans réussi à la cinquantaine.
la Revue des Ingénieurs de
Mars/Avril 2004) : deux Le lecteur pourra également se
points de vue apparem- reporter au dossier “Vade-
ment contradictoires mecum à l’usage des
nous étaient alors plus de 45 ans en
apparus, d’une réflexion sur leur
part un pessimis- avenir profession-
me lorsque les nel” que vien-
inter venants nent de publier
parlaient de les associations
statistiques d’anciens
nationales, élèves regrou-
d’autre part un pées au sein du
relatif optimis- G16+ et à la
me lorsque l’on rédaction duquel
évoquait les a participé
opportunités Jacques Darmon,
pour un senior : dossier téléchar-
• relevant le défi de geable depuis le site
devenir “entrepre- internet de chaque
neur de soi” (cf. l’ar- Association, rubrique
ticle de Jacques Darmon “Intermines Carrières”, sous
dans ce dossier), rubrique “Gestion de Carrières”,
• et acceptant d’autres formes de onglet “Dirigeants et seniors”.
rémunération qu’un CDI lorsqu’il ne pou-
vait pas en décrocher un. Et Intermines s’implique de plus en plus dans la mise
en œuvre pratique de ces conseils, afin d’aider des
Ce dossier, qui n’est pas une synthèse définitive, se camarades seniors dans leur passage délicat de la vie au
veut porteur d’informations et de témoignages sur ces chaud, dans la pyramide de l’entreprise, vers l’exercice
deux points, que le senior en recherche d’activité pro- d’une activité en indépendant avec le soutien de
fessionnelle veuille : réseaux professionnels partenaires : c’est ainsi que
• faire profiter une entreprise ou un organisme comme depuis cinq ans, par exemple, Intermines oriente régu-
une fédération professionnelle des compétences lièrement des camarades vers le parcours de M3 Conseil :
managériales acquises tout au long de sa carrière, par 33 ingénieurs (trans)formés dont 18 Mineurs. ■
exemple dans le cadre d’une mission de management
de transition,
Les dessins de Le Hir sont extraits de l’album ‘Recrutement y’ad’la
• valoriser son expertise, par exemple dans le conseil, joie !!!” Editions Eyrolles et sont reproduits grâce à l’aimable
• créer ou reprendre une entreprise. autorisation de l’auteur.

34 Mars/Avril 2007 - Revue des Ingénieurs ■


Dossier : Le rebond à la cinquantaine

Pour réussir son rebond


à la cinquantaine
evenir “entrepreneur de soi” et ne pas se blo- moins dans sa communication : ceci n’empêche pas
Jacques DARMON
(P59)
Directeur de
D quer sur un CDI permettent au plus grand
nombre de seniors de rebondir lorsqu’un acci-
dent de carrière les contraint à rechercher un nouvel
chacun d’envoyer quelques dizaines de candidatures
spontanées aux chasseurs de têtes et de répondre à
certaines annonces. Il s’agit plutôt d’éviter de se rigi-
"Dirigeants et emploi. difier et de trouver ou retrouver de la souplesse et de
Partenaires",
Conseiller carrières l’écoute dans sa relation à l’autre. Ceci peut permettre
Devenir entrepreneur de soi d’entendre des propositions voilées de la part des
décideurs que l’on rencontre.
L’expérience acquise dans notre cabinet “Dirigeants et • Identifier ses domaines d’expertise : “Je suis DRH,
partenaires” nous a enseigné que la démarche classique pense un senior, j’ai touché à tous les aspects de mon
de recherche d’emploi n’était plus de l’âge des seniors. Ils métier mais je suis devenu un spécialiste de l’aména-
doivent acquérir une confiance absolue en leur capacité gement du temps de travail”. “Je suis financier, pense
à rebondir et déterminer leur plan d’action : un autre senior, mais je suis devenu un spécialiste de
• d’abord, renoncer à trouver un job associé à un titre la mise en place de systèmes d’information pour des
(par exemple DRH ou Directeur Financier), ces postes sociétés en phase de fusion/absorption”. Pour beau-
étant donnés de préférence à des quadragénaires. coup d’entre nous, ceci n’est pas facile, nous nous
• Ensuite, identifier leurs domaines d’expertise et com- voyons plus en “généralistes de haute volée” qu’en
muniquer simplement sur leurs spécialités. spécialistes et nous pensons qu’en simplifiant le dis-
• Puis rencontrer beaucoup de personnes de leur cours, nous pouvons perdre des opportunités. C’est
entourage pour faire part de leur démarche, leur ins- oublier qu’un dirigeant qui fait face à un problème ou
pirer confiance et en faire des prescripteurs zélés. souhaite développer un projet a besoin avant tout
• Enfin, mettre à profit les contacts obtenus avec des d’avoir confiance en celui ou en celle à qui il fait
décideurs potentiels pour identifier leurs besoins, appel. Et que le généraliste peut être vu par lui comme
faire des propositions, garder beaucoup de souplesse un touche à tout.
dans la relation contractuelle et obtenir les résultats • Communiquer simplement : les seniors doivent
escomptés. trouver les mots qui permettent à leur entourage de
• Au-delà, ne plus perdre de vue que tout travail est les comprendre sans être des spécialistes de leur
volatile, donc préserver sa valeur ajoutée et entretenir métier. Ceci ne leur est pas facile et les premiers
le tissu relationnel que l’on a développé. entretiens avec leurs proches leur permettent de sim-
plifier et d’affiner le discours. Communiquer c’est
Un senior doit donc cesser d’être demandeur d’emploi aussi échanger, car l’autre fait part de ses incompré-
pour devenir “entrepreneur de soi”. Revenons briève- hensions, de son appréciation, des idées qu’il peut
ment sur chacun des points : avoir. Les membres de l’entourage trouveront à l’oc-
• Avoir une confiance absolue en sa capacité à casion les mots pour “vendre” le senior auprès de leur
rebondir : rebondir pour un senior, c’est retrouver réseau, les mots efficaces qui provoqueront des entre-
une activité professionnelle, intéressante et qui tiens avec des décideurs potentiels.
donne un revenu suffisant pour poursuivre tant qu’il • Rencontrer beaucoup de personnes de son entou-
a envie de travailler à un rythme qui lui convient. rage : ceci est plus facile pour certains que pour
C’est aussi accepter certaines formes de précarité, d’autres. Les grands communicateurs feront attention
précarité dans la durée (contrats à temps partiel ou à ne pas tomber dans le verbiage, les timides se ras-
multi employeurs), précarité salariale (salaire avec une sureront en communiquant sur leurs compétences,
part variable importante liée au résultat). L’indemnité les sélectifs élargiront leurs entretiens à des milieux
transactionnelle (non imposable) et les allocations variés (parents d’élèves, clubs sportifs, relations de voi-
Assedic peuvent y contribuer en apportant la sécuri- sinage). Quelques données qui étonnent toujours :
té financière. rechercher cinq à dix contacts par semaine, au plus
• Avoir confiance en soi, c’est également savoir com- deux personnes par jour en évitant les repas, au total
muniquer cette confiance à l’autre, l’employeur éven- une centaine d’entretiens, remplacer le CV qui fait
tuel qui a peur de se tromper dans ses choix. très demandeur d’emploi par une fiche de synthèse
Identifier ses attentes et ses besoins et y apporter des des savoirs faire avec un rappel en quelques lignes du
réponses contribuent à développer cette confiance et parcours.
à pousser l’interlocuteur à confier une mission. La • Identifier les besoins des décideurs potentiels et
nature de la relation contractuelle ne se discutera qu’à leur faire des propositions : un senior ne doit pas se
la fin lorsque la nature exacte de la collaboration aura décourager par des premières maladresses. Là encore,
été précisée. il aura beaucoup d’écoute, il saura répondre briève-
• Renoncer à trouver un job associé à un titre tout au ment aux questions (trois minutes est un maximum).

■ Revue des Ingénieurs - Mars/Avril 2007 35


Dossier : Le rebond à la cinquantaine

Même si l’offre n’arrive pas, son correspondant gardera de lui le consultant, et s’occupe de l’aspect administratif, moyennant
une image très “pro” et deviendra un de ses prescripteurs. une commission. La société de portage prélève une commission
• Garder beaucoup de souplesse dans la relation contractuelle : entre 5 et 15% sur le chiffre d’affaires généré. Déduction faite des
sous certaines conditions, une part variable importante peut être cotisations patronales et salariales, le “porté” gagne au final envi-
compensée par une indemnité Assedic, des honoraires peuvent ron 40 à 50% net de la somme totale facturée à l’entreprise clien-
être transformés en salaires par une société de portage, un travail te par la société de portage.
à temps partiel peut être complété par un autre travail du même
Légalement et plus en détail, le “porté” signe un contrat de travail
type et dans la phase transitoire le manque à gagner peut être
classique avec l’entreprise de portage. Il peut s’agir d’un CDD,
compensé par l’indemnité Assedic. J’y reviendrai plus loin.
d’un CDI ou d’un contrat de travail intermittent. Soit l’entreprise
• Au delà, préserver sa valeur ajoutée et son tissu relationnel :
de portage reverse sa part au “porté” à chaque fois que celui-ci
pour “rester entrepreneur de soi”, le senior devra préserver le
signe un contrat, soit, elle lui paye un salaire fixe mensuel, établi
fonds de commerce qu’il vient de créer.
sur des projections de chiffre d’affaires. En fonction de sa réalisa-
tion effective, des primes ou une augmentation lui sont versées.
Les différentes formules de salariat possibles
pour un senior Le multisalariat correspond tout simplement au fait de travailler
pour le compte de plusieurs employeurs en partageant son temps
Ce chapitre est extrait du document “Vade-mecum à l’usage des plus de
45 ans en réflexion sur leur avenir professionnel” (disponible sur le site de travail sur la base des 35 heures hebdomadaires. Ce sont prin-
Internet de chaque association) et est le fruit d’un travail collectif des res- cipalement les PME-PMI auxquelles profite le plus cette forme de
ponsables d’associations d’anciens élèves du G16+. travail dans la mesure où, ne pouvant bien souvent pas s’offrir les
compétences d’un cadre de haut niveau à temps complet, elles
Un senior qui ne souhaite pas créer sa propre structure et qui n’a
peuvent tout à fait se satisfaire de son service à temps partiel.
pas l’opportunité de pouvoir bénéficier d’un CDI a le choix entre
plusieurs solutions. Encore faut-il qu’un cadre trouve la complémentarité de travail
adéquate pour boucler un temps complet. De plus, le multisalariat
Une entreprise peut proposer un CDD, un CNE ou un CDD senior : se heurte encore à des freins essentiellement culturels de la part
certes ces contrats n’offrent pas la même sécurité qu’un CDI (mais des entreprises et n’est pas encore complètement “passé dans les
quelle entreprise peut garantir aujourd’hui qu’elle ne sera pas ame- moeurs”. La peur du secret technique divulgué, les clauses de dis-
née pour des raisons diverses à se séparer brutalement d’un senior crétion et de confidentialité, d’une part, les problèmes de compa-
en CDI ?) ; ils permettent cependant au senior de rester “dans le tibilité, du point de vue code du travail et de la sécurité sociale que
coup” tant professionnellement que financièrement, d’observer le pose le multisalariat, d’autre part, sont autant de raisons qui entra-
marché et de continuer à prospecter. Et il est toujours possible vent encore son adoption tant par les entreprises que par les cher-
qu’ils se transforment en un CDI ! cheurs d’emplois.
L’Intérim Cadres concernait environ 10 000 postes en équivalent Le temps partagé peut être un moyen de débloquer ces freins : la
temps plein au 2ème semestre 2005 et a été multiplié par 10 en 10 FNATTP (Fédération Nationale du Travail à Temps Partagé) réalise
ans. La population de cadres intérimaires a augmenté de 12,3% en tout un travail de sensibilisation auprès des entreprises pour les
2004 par rapport à 2003 et de 9,5% en 2005 par rapport à 2004. faire adhérer à l’idée de se regrouper en association ou en GIE
L’Ile-de-France rassemble à elle seule 35% des cadres intérimaires. (Groupement d’Intérêt Economique) voire en GEIE (Groupement
7% environ des offres Apec proviennent des entreprises de travail Européen d’Intérêt Economique).
temporaire. Leur volume a progressé de 57% entre le 1er semestre Le temps partagé correspond au fait d’être employé par une struc-
2004 et le 1er semestre 2005. 6 300 agences d’Intérim se partagent ture unique tel qu’un GIE ou un GEIE et de partager son temps sur
le marché et sont également autorisées à recruter en CDI depuis la la base des 35 heures hebdomadaires entre plusieurs entreprises
loi Borloo de cohésion sociale du 18 janvier 2005, certaines socié- dudit groupement. C’est en quelque sorte pour les PME d’un
tés d’intérim ayant d’ailleurs créé des structures directement même GIE, une manière de co-embaucher une même personne.
dédiées au recrutement des cadres en CDI. C’est alors l’association ou groupement ainsi réalisé en structure
Le tiercé gagnant des cadres intérimaires se situe actuellement unique qui salarie la personne, permettant de résoudre le problè-
dans les fonctions de la Finance, de la Recherche/Développement me de la gestion de paie et de temps de travail chez chacune des
et du BTP. entreprises concernées, et, en outre, limitant les risques d’indis-
crétion grâce au cadre contractuel.
Le Portage Salarial est une forme de travail qui permet de conci-
lier l’indépendance du statut de consultant avec la sécurité et la L’optimisation de la rémunération
protection sociale du salariat. Le principe du portage est le suivant :
un professionnel propose ses compétences à une entreprise sou- La réglementation Assedic pour les plus de cinquante ans est faite
haitant son intervention sans qu’elle puisse pour autant l’embau- pour favoriser la reprise d’activité des seniors. En effet, elle les inci-
cher de manière durable. Ce professionnel se tourne donc vers une te à accepter des activités à temps partiel dans des conditions par-
société de portage afin de conclure un contrat tripartite, enga- ticulièrement avantageuses.
geant autour de la mission, l’entreprise, la société de portage et le
Contrairement aux idées reçues, les Assedic font plus que com-
consultant qui devient, à la signature, le “porté”.
pléter les salaires perçus et, à titre d’exemple, une activité à temps
Le contrat se traduit par un prix de mission estimé et fixé suivant partiel rémunérée à hauteur de 50% du salaire antérieur, dans les
l’accord entre les trois parties. La société de portage agit comme limites de la tranche B (au 1er novembre 2006, 124 272e) permet
un prestataire auprès du client : elle facture la prestation, verse le d’obtenir avec le complément Assedic une rémunération nette de
salaire avec tout ce qu’il implique comme couverture sociale pour l’ordre de 88% du salaire net antérieur.

36 Mars/Avril 2007 - Revue des Ingénieurs ■


Dossier : Le rebond à la cinquantaine

La réglementation est détaillée sur le site Internet des Assedic • Le variable doit être attractif et reconnaître le risque pris par le
(référence Ntc 142 et 143). Rappelons que le maintien des indem- salarié.
nités Assedic suppose une activité à temps partiel de moins de
Pour que les conditions de travail à temps partiel s’appliquent, il
110 heures par mois (soit au plus 15 jours de travail effectif) et un
est impératif d’obtenir un contrat de 110 heures, ce qui peut être
niveau de rémunération inférieur à 70% de la rémunération anté-
difficile à négocier. Il n’est pas recommandé d’expliquer au futur
rieure.
employeur la réglementation Assedic car ce dernier pourrait en
La durée d’indemnisation est sensiblement prolongée puisqu’elle abuser. C’est un moyen intéressant pour monter en régime, en
est calculée en nombre de jours effectivement indemnisés. Bien particulier quand le variable est lié à l’activité commerciale.
gérée, elle peut permettre à un plus de 55 ans de rester aux
Assedic et d’atteindre les 60 ans fatidiques (ou 60 ans + 6 mois L’emploi avec un salaire inférieur à celui que l’on
pour les départs récents) au-delà desquels l’indemnisation est avait précédemment
maintenue jusqu’à l’âge de la retraite. Développons quatre cas
classiques : Cette situation se trouve souvent dans des PME qui n’ont pas les
• accepter un emploi à temps partiel, moyens d’offrir des niveaux de rémunération de grandes entre-
• accepter un emploi avec un salaire très indexé sur le résultat, prises. Avant de refuser l’emploi, posons-nous la question de
• accepter un salaire inférieur à celui que l’on avait précédemment, savoir si la mission est intéressante ou pas, si la perte de revenu
• prendre des missions payées en honoraires. évaluée après prélèvement de l’impôt sur le revenu n’est pas large-
ment compensée par l’indemnité de rupture, si un temps partiel ne
L’emploi à temps partiel serait pas suffisant pour l’assumer pleinement.

Une entreprise propose une mission intéressante à temps partiel Le plus difficile sera de faire accepter l’idée d’un temps partiel. Les
pour une durée limitée ou sans limite de durée. deux conditions à remplir sont toujours:
• Un contrat à temps partiel (moins de 110 heures),
1er cas : l’activité proposée représente moins de 110 heures par • Un salaire au plus égal à 70% du salaire antérieur.
mois et le salaire moins de 70% du salaire antérieur.
C’est le cas des activités à mi-temps. Le senior est lié à l’entrepri- Il reste toujours la possibilité de se faire payer la mission sous
se par un contrat de travail à temps partiel sous forme de CDD ou forme d’honoraires par le biais d’une société de portage. Attention
de CDI. Les indemnités Assedic ne sont pas interrompues et vien- aux risques des aides à l’employeur qui n’ont qu’un temps et peu-
nent compléter le salaire perçu. Le salarié peut toujours, s’il le sou- vent l’encourager à rompre le contrat dès que les aides ont cessé.
haite, chercher un complément sous forme de mission. Il a surtout
un pied dans la place et, le moment venu, peut être sollicité pour Missions payées en honoraires
un poste à temps plein par l’entreprise qui le connaît bien et l’ap-
précie. L’entreprise peut souhaiter confier une mission au candidat mais
ne pas souhaiter signer avec lui un contrat de travail. Ce qui
2ème cas : l’activité dépasse les 110 heures mensuelles. Les indem- implique des versements d’honoraires. Les raisons sont diverses :
nités sont suspendues pour la durée de la mission. Accepter un • des restructurations en cours ou passées freinent l’embauche de
CDD ou un CDI peut se traduire par un salaire mensuel net infé- seniors, mais l’activité peut être un plein temps,
rieur aux indemnités Assedic touchées en l’absence d’activité, ce • la mission peut se faire en pointillés mal définis,
qui n’est pas très incitatif. • l’organisation ne permet pas de pratiquer les prix souhaités (cas
Une solution peut être envisagée : demander à être payé en hono- d’administrations ou d’entreprises nationales).
raires par le biais d’une société de portage. Elle signe un contrat Créer une activité reste toujours possible mais dans un premier
commercial avec l’entreprise et un contrat de travail avec l’interve- temps, il est souvent préférable de passer par une formule de por-
nant. Ce contrat de travail peut respecter la règle des 110 heures tage qui consiste à faire signer entre le client et la société de porta-
ce qui permet à l’intervenant de continuer à toucher des indemni- ge (qui est une société de conseil) un contrat commercial et à rever-
tés complémentaires. ser au candidat des salaires après déduction des différentes charges.
Par ailleurs, en cas de retour à la case chômage après une période Ceci permet, si nécessaire, de ne pas interrompre le versement
d’activité à temps partiel ou complet, les Assedic retiennent le cal- d’indemnité Assedic. Les consultants des sociétés de portage sont
cul le plus intéressant pour l’allocataire, entre le reliquat des droits en général de bons conseillers pour optimiser les formules de
non consommés au moment de la reprise temporaire d’activité et reversements.
les droits acquis pendant cette activité. Donc si la mission est inté-
ressante, allez-y ! Ceci permet également au senior de mettre un pied dans une
entreprise et de se faire apprécier. Souvent, la société transforme-
L’emploi avec un salaire très indexé sur le résultat ra la relation commerciale en contrat de travail.

C’est souvent ce qui est proposé par des petites structures de Si ce n’est pas le cas et sous réserve de se créer une clientèle, le
conseil. Le nouveau contrat CNE favorise cette démarche. Trois senior devenu consultant pourra quitter la société de portage et
conditions à vérifier avant d’accepter le poste : créer sa propre structure. Néanmoins, pour les plus de 55 ans, il
• La mission est intéressante et les chances de succès bonnes. vaut mieux rester dans une relation de portage jusqu’à l’âge de la
• La structure s’engage en versant un fixe même faible et prend en retraite et ne créer une structure qu’après. A noter que les droits
charge les frais de fonctionnement et de formation. N’être payé Assedic acquis restent valables trois ans plus la durée des indemni-
qu’au variable est toujours très risqué, car la structure ne forme tés restantes et qu’en cas de fermeture de la structure dans ce délai,
et n’encadre le senior que si elle en a le temps. le candidat retrouvera le solde des droits antérieurement acquis. ■

■ Revue des Ingénieurs - Mars/Avril 2007 37


Dossier : Le rebond à la cinquantaine

Le point de vue du DRH


embauche de cadres seniors est bien plus sou-

L’
• Particulièrement dans le conseil, possibilité d’ac-
vent qu’on ne l’imagine une option à laquelle les croître le nombre des contacts clients potentiels grâce
DRH souhaitent recourir. Voici un échantillon de au réseau relationnel du senior.
Francis WOUTS (P60) motivations pour ce choix : • Besoin d’urgence de quelques commerciaux expéri-
Conseiller carrières • Recherche d’un cadre dirigeant après avoir constaté mentés et de haut niveau.
qu’il n’y a pas de potentiel suffisant en interne. • Nécessité de redresser une pyramide des ages tron-
• Recherche d’un cadre dirigeant lorsque une entreprise quée, de préparer une succession, ...
possède plusieurs candidatures internes valables,
mais dont aucune ne saura s’imposer aux autres. Le Et, pour répondre à ces besoins, le cadre senior peut
recours à l’embauche externe évacue une guerre des proposer :
chefs potentielle. • Ses compétences managériales et/ou son expertise
• Après une diversification par croissance externe, une dans un domaine donné.
entreprise veut acquérir des compétences affirmées • Son réseau relationnel et sa connaissance des entre-
dans son nouveau domaine d’activité, sans se repo- prises d’un secteur.
ser uniquement sur les compétences existant déjà • Sa maturité et son expérience de situations conflic-
dans l’entreprise rachetée. tuelles.
• Constat de l’entreprise qu’elle maîtrise mal certaines • Sa capacité à être porteur de sens et vecteur d’image
opérations sous-traitées : elle peut souhaiter embau- tant en interne qu’en externe.
cher un cadre issu de la sous-traitance pour améliorer • Sa capacité à transmettre aux plus jeunes ses savoirs-
ses produits et services. faire et savoir-être.
• Embauche au sein des clients grands comptes pour • Et enfin sa disponibilité et sa mobilité une fois les
mieux intégrer leurs problématiques. enfants adultes ! ■

Portage salarial, mode d’emploi


Q uels Mineurs ce “Mode d’emploi” est-il suscep-
tible d’intéresser ?
• Jeunes qui voudraient se lancer en indépendant,
• tester une activité indépendante en gardant une pos-
sibilité de retour aisée,
• apprécier la proximité d’une structure et les contacts
Bernard ORIOL (E67) • moins jeunes dans une période sans emploi qui se avec d’autres indépendants,
prolonge, • se décharger des contraintes administratives et des
Conseiller carrières
• quinqua qui doivent faire durer leur activité jusqu’à risques liés à cette activité,
160... trimestres, • être dans une situation très temporaire de perte d’em-
• retraités souhaitant conserver une activité salariée ploi et éviter un trou dans le CV,
partielle, • ou toute autre raison !
vous êtes tous potentiellement intéressés par le portage
salarial, aujourd’hui ou demain. Il recherche alors une société qui va le “porter”, c’est-à-
dire :
Né dans le milieu des années 80, le portage salarial a • l’embaucher comme salarié (CDD ou CDI selon le
pris un véritable essor dix ans plus tard. D’après contexte),
diverses estimations, il y aurait maintenant plus de 20 000 • signer les contrats d’intervention apportés par le
“portés”, en France. Cette forme d’activité est beau- consultant et assurer la responsabilité juridique res-
coup plus développée dans d’autres pays comme
ponsabilité civile,
l’Italie, le Royaume Uni ou l’Allemagne.
• éditer les factures selon ses directives et en assurer le
recouvrement,
Comment cela fonctionne-t-il ? • enregistrer au nom du consultant les encaissements,
Un consultant, un prestataire de service, ou un tra- • déduire une part de frais de gestion rémunérant la
vailleur indépendant, peut préférer s’installer dans un société de portage,
régime salarié, pour de multiples raisons : • alimenter le compte bancaire du consultant,
• conserver un statut de salarié plus protecteur, com- • assurer la paye et le remboursement des frais de mis-
patible avec des indemnités de retour à l’emploi, sions et professionnels,
• être autonome sans avoir à créer et gérer sa structure • faire les déclarations légales et régler les organismes
personnelle, sociaux (Urssaf, retraites, ...).

38 Mars/Avril 2007 - Revue des Ingénieurs ■


Dossier : Le rebond à la cinquantaine

Le consultant est donc autonome pour : Vous sentirez vite celles qui :
• définir son offre, proposer ses prestations, en fixer les condi- • jouent la transparence maximale avec des garanties et une offre
tions, étoffée,
• rechercher ses clients et trouver ses missions, • vous proposent de suite un rendez-vous pour voir la réalité de la
• gérer son planning, structure et la qualité des interlocuteurs, et disqualifier les sites
• gérer la relation commerciale et technique avec son client, “esbroufe”,
• prendre toute initiative visant à développer son activité, • offrent un site de gestion de l’activité clair, complet et efficace
• consacrer tout son temps à ce qui le passionne et se décharger (outil très utile pour la suite),
des contraintes administratives, • disposent de documents à en-tête crédibles et sérieux pour vos
clients,
Une profession qui se structure • proposent un correspondant permanent, responsable de votre
dossier (depuis combien de temps est-il en fonction ?),
Trois structures professionnelles se revendiquent du portage salarial. • assurent des formations pour leurs “salariés” consultants et un
Le SNEPS, Syndicat National des Entreprises de Portage Salarial, accompagnement dans la démarche,
regroupe 15 entreprises de portage, possède les marques déposées • sont claires sur les frais de gestion (8 à 12% semblent la bonne
“Portage Salarial”, “Portage Salarial Ethique”, impose à ses adhé- fourchette), négociables selon le volume d’activité,
rents une “Charte de Déontologie” (pour plus de détails, visitez • animent des rencontres ou des clubs d’échange qui permettent
leur site www.portagesalarial.org). de ressourcer l’indépendant,
La FENPS, Fédération Nationale du Portage Salarial, fédère 32 • proposent l’accès à des sites d’échanges entre entreprises et
entreprises de portage autour d’une “Charte Ethique” (pour plus consultants, bourses de missions élargissant le champ de la
de détails, visitez leur site www.fneps.fr). mise en relation.
L’UNEPS, Union Nationale des Entreprises de Portage
En conclusion, contesté comme toute nouveauté par les struc-
Spécialisées, regroupe 12 sociétés de portage dans des domaines
tures préétablies, le portage salarial s’est progressivement installé
spécialisés (pour plus de détails, visitez leur site www.uneps.org).
dans le paysage professionnel français, en adoptant des règles de
fonctionnement et en faisant émerger des sociétés crédibles,
Comment choisir ? structurées et financièrement solides.
Avec 59 sociétés rattachées à trois structures professionnelles, et
bien d’autres non rattachées, cela apparaît comme un maquis à Des milliers de personnes, dont une forte proportion de cadres,
l’heure du choix. utilisent ce mode de travail alliant autonomie et sécurité, à titre
Prendre le temps de la comparaison et ne pas se précipiter est la temporaire, dans une phase de transition de leur vie profession-
sagesse première. Quelques critères pour orienter son choix : nelle ou de façon permanente.
• comparer les déclarations des trois structures professionnelles
ci-dessus et les engagements généraux de leurs adhérents, Pourquoi pas vous ? Mesurez-en les avantages et les contraintes,
• présélectionner quatre ou cinq structures accessibles et visiter choisissez avec méthode et esprit critique la structure qui vous
leur offre. conviendra ! ■

Impressions sur le management


de transition
Gérard, tu es un ancien élève de l’école des fonctions dans le secteur industriel : responsable
Gérard NOZIÈRES Mines de Nancy ; depuis l’obtention de ton méthode dans l’automobile, directeur de production
(N73)
diplôme en 1976, quel a été ton parcours ? puis qualité dans différentes usines du verre, respon-
Manager FT Ressources
J’ai réalisé ma première expérience professionnelle lors sable d’exploitation d’une usine agroalimentaire... Je
de mon service militaire, que j’ai effectué pendant ne peux pas les citer toutes ici tant elles sont variées !
seize mois sur le terrain. J’étais responsable des instal- J’ai vécu chaque poste comme une suite de missions,
lations techniques d’un navire de guerre et encadrais et non comme une fonction. C’est pourquoi je le quit-
une soixantaine de marins professionnels, mécani- tais une fois les projets aboutis. Toujours curieux, sou-
ciens et électriciens. Ce poste m’a permis d’acquérir haitant découvrir de nouveaux horizons et faire parta-
des compétences opérationnelles et managériales, que ger mes expériences, j’ai pu profiter de nouvelles
j’ai développées par la suite. opportunités. J’ai toujours eu le souci d’accompagner
les équipes pour leur permettre d’être plus autonomes,
Tu as construit pendant 27 ans ton projet ce qui est à mon sens une des clés du management.
professionnel : quels en ont été les axes forts ?
L’opérationnel et le management ont été les fils N’y a-t-il pas un risque, lorsqu’on est
conducteurs de ma carrière. J’ai occupé de nombreuses manager, à rendre ses équipes autonomes ?

■ Revue des Ingénieurs - Mars/Avril 2007 39


Dossier : Le rebond à la cinquantaine

Oui, peut-être. Dans mon dernier poste de velle forme de travail. Pour l’entreprise qui j’ai la charge et élabore des pratiques
responsable d’exploitation, j’ai été amené à y a recours, cela revient à confier provisoi- pérennes. Je suis assisté d’un chef de mis-
réorganiser la production en équipes auto- rement la direction de sa société ou de l’un sion MFT et fait un point mensuel avec ce
nomes. A la fin du projet, mon employeur de ses départements à un manager externe. dernier et le client de l’avancement des
m’a fait savoir que le poste que j’occupais Il conduira le management opérationnel de actions.
n’était plus utile ! J’ai donc été licencié à l’entreprise dans un temps limité, dans le Au terme de la mission, qui dure six mois
l’âge de 52 ans et cette fois, il n’y avait pas but de transformer son organisation. en moyenne, nous validons avec le client
d’opportunité en vue. Créé en 2004, MFT Ressources s’est spé- l’atteinte des objectifs et je forme le nou-
cialisée dans le management de transition veau titulaire du poste pour accélérer son
As-tu vécu cette situation comme pour les directions générale, industrielle, adaptation à l’entreprise et ses procédures.
une rupture ? financière et des ressources humaines. Elle Comme vous pouvez le constater, j’inter-
Oui, dans le sens où j’ai compris que rien peut ainsi répondre aux besoins de plus en viens selon une méthodologie définie. Je
ne serait plus comme avant. Ceci dit, j’ai plus importants des PME et des filiales de dispose également du soutien de l’en-
quitté l’entreprise sans amertume, car groupes, sur l’ensemble du territoire. semble de l’équipe MFT afin de garantir le
aujourd’hui encore, je continue à penser succès de la mission (cette dernière néces-
que les équipes doivent progresser vers De quels types de besoins s’agit-il ? site un niveau d’expérience important et
l’autonomie. une intervention quasi-permanente pen-
C’était en 2005. Je me suis alors posé des Les entreprises sont confrontées à une ten- dant six mois en moyenne).
questions sur mon avenir professionnel. Je sion croissante sur le marché de l’emploi
souhaitais toujours me rendre utile mais des cadres (12 400 postes ne sont toujours Quelle est ta place au sein des
étais considéré comme un “senior” sur le pas pourvus après neuf mois de mise sur le entreprises dans lesquelles tu
marché !). Elles ont aussi la nécessité d’ac-
interviens ?
marché du travail. Il fallait donc pouvoir
rebondir hors des sentiers classiques de la célérer les changements pour améliorer Je prends place au sein même de l’organi-
recherche d’emploi et pour cela, dresser un leur productivité. Deux types de besoin gramme des entreprises dans lesquelles
bilan professionnel et personnel. émergent ainsi : la transition pour faire face j’interviens mais je suis salarié de MFT
à la vacance d’un poste clé ou la transition Ressources.
Quels étaient les atouts MFT Ressources a en effet
dont tu disposais ? fait le choix, peu courant
Mon parcours m’avait permis d’acquérir dans la profession, d’inté-
une expérience du management reconnue, grer dans son équipe les
une vision globale et pragmatique de l’en- managers qu’elle missionne
treprise, une capacité à m’intégrer et à auprès de ses clients en les
m’impliquer rapidement. Il faut aussi men- salariant durablement.
tionner, qu’à 52 ans, je bénéficiais d’une Cette position assure les
disponibilité personnelle plus importante, niveaux de compétence et
à l’heure où les enfants quittent le nid. d’expertise requis, la péren-
Ces atouts, j’avais encore envie d’en faire nité des ressources et la
profiter les entreprises et les collaborateurs ! capitalisation des expé-
La question était : “comment ?”. J’ai envi- riences. Je n’ai pas ainsi de
sagé le conseil, mais c’était accepter de ne lien de subordination avec
plus manager. J’ai pensé à l’intérim, mais le client, ni l’ambition
souhaitais conserver un regard extérieur d’occuper un poste définitif
pour être plus efficace. dans l’entreprise. J’apporte
ainsi un regard objectif et
Alors que faire ? complémentaire à l’entre-
Eh bien, la réponse est venue de l’extérieur ! prise et agis dans son seul
J’ai rencontré, par le biais de mon réseau, intérêt.
Emmanuel Buée, le directeur de MFT pour renforcer les compétences afin de
Ressources, à qui j’ai fait part de mes moti- conduire des projets d’évolution. Aujourd’hui, qu’est-ce que l’équipe
de MFT Ressources peut apporter
vations : mener des missions à la fois opé-
Comment tes missions se aux entreprises ?
rationnelles et managériales et ce, de façon
déroulent-elles ?
temporaire. “Mais c’est du management de Nous sommes actuellement une quinzaine
transition” m’a-t-il répondu ! C’est ainsi Tout en prenant dès le début le manage- de managers de transition dans la structu-
que j’ai pu intégrer MFT Ressources et ment au quotidien des équipes, je réalise re, tous cadres expérimentés. Nous appor-
effectuer une première mission dès début un état des lieux, fait le bilan des points tons aux entreprises notre expertise et
janvier 2006. forts et faibles puis propose, en accord notre expérience, la capacité de s’impliquer
avec les objectifs préalables de la mission, et de s’intégrer tout en conservant un
MFT Ressources est justement spé- un plan d’action (trois ou quatre premières regard extérieur, la possibilité d’apporter
cialiste en management de transi- semaines de la mission). des solutions opérationnelles, dans le but
tion. De quoi s’agit-il précisément ? Je pilote ensuite la mise en œuvre de ce de les accompagner dans l’accélération du
Le management de transition est une nou- plan d’action au travers du personnel dont changement. ■

40 Mars/Avril 2007 - Revue des Ingénieurs ■


Dossier : Le rebond à la cinquantaine

Histoire d’une mission de


management de transition
histoire commence en décembre 2003. Après une • le projet du groupe américain nécessitait une remise en
François FINET
(X, INSEAD)
INSEAD,
L’ carrière de manager spécialisé dans les entreprises
en difficulté, j’étais devenu consultant et com-
mençais à trouver de petites missions en partie par mes
cause complète des méthodes de travail ;
• Hans était incapable de “faire passer les messages” et
la guerre était déclarée entre lui et le directeur.
Associé gérant recherches personnelles, en partie grâce à M3 Conseil,
de M3 Conseil structure composée de seniors qui m’avaient accepté La solution s’imposait : le directeur devait quitter ses
comme associé quelques mois auparavant. Ce jour donc, fonctions au plus vite et être remplacé par une personne
Philippe, un fidèle camarade de l’INSEAD, m’appelle : il capable de rétablir la cohésion entre la direction et le per-
venait de croiser dans un aéroport un ancien client cana- sonnel.
dien qui travaillait maintenant pour un groupe américain
dont la récente filiale française ne fonctionnait pas du Le secteur d’activité, l’équipement automobile, m’était
tout comme prévu. Je devais donc appeler au plus vite le bien connu et j’avais une longue expérience de la direc-
président de cette société en France, que nous appelle- tion de sites à problèmes. Ajouté à mes capacités à dia-
loguer avec le Président allemand comme avec la direc-
rons Hans puisqu’il était effectivement allemand. Le
tion américaine dans leurs langues respectives, je me
contact téléphonique avec Hans se conclut rapidement
sentais parfaitement apte à remplir la mission. Mais Hans
par une prise de rendez-vous et quelques jours plus tard
souhaitait un engagement de six mois à deux ans qui
je le rencontrais et faisais connaissance avec son entre-
m’obligeait à mettre en suspens mes autres activités de
prise : 210 personnes, 40 Millions d’Euros de chiffre d’af- conseil. L’accord de principe se fit sur la base d’une
faire et des bâtiments importants (18000m2) mais période d’observation réciproque de trois mois, comme
anciens et presque en centre ville. consultant M3 Conseil et rémunéré en conséquence, qui
serait éventuellement suivie d’un contrat plus long.
Cette solution fut proposée à la direction du groupe amé-
ricain, dont je rencontrai les principaux membres dans
les semaines qui suivirent, et acceptée par tous. Le temps
de boucler ou de transférer les dossiers en cours et je
démarrais ma mission début février 2004. L’opportunité
était belle et à 55 ans cela ne se trouve pas tous les jours.

La mission était triple :


• il fallait rétablir un fonctionnement normal de l’entre-
prise et la faire évoluer progressivement vers un nou-
veau métier, le remanufacturing, celui du groupe en
Amérique du Nord ;
• il fallait trouver la cause de la perte d’exploitation et y
remédier au plus vite (un dérapage des prix d’achats
était l’explication avancée) ;
• et il fallait en conclusion trouver, probablement par
recrutement, la future équipe de direction.

Passée la période un peu houleuse du départ de l’ancien


directeur, je pus prendre rapidement mes marques et
constituer avec le personnel en place une équipe com-
pétente. L’un des premiers signes d’évolution positive fut
l’obtention de la certification ISO/TS quelques mois plus
L’entretien avec Hans bascula rapidement de l’anglais à tard. La recherche de l’origine des pertes conduisit à une
l’allemand ce qui détendit l’atmosphère. Les difficultés conclusion inattendue : le groupe qui avait cédé l’entre-
de l’entreprise, résultats déficitaires contrairement au prise avait, semble-il involontairement, commis une
business plan et gros problèmes de communications erreur dans le calcul des pris de vente à lui-même. La cor-
entre Hans et son équipe, furent clairement abordés et rection fut longue et douloureuse car le montant du liti-
une rapide visite du site - avec rencontre fortuite des prin- ge était important.
cipaux acteurs - me permit de comprendre la situation :
• Hans ne parlait que très peu français et n’avait travaillé Puis vint la phase de démarrage des nouvelles activités
qu’en Allemagne ou en Amérique du Nord ; promises par le groupe et des premières désillusions : le
• toute l’ancienne équipe, directeur d’usine en tête, avait marché européen n’avait fait l’objet d’aucune étude
été conservée ; sérieuse et, même aux Etats-Unis, le groupe avait profité

■ Revue des Ingénieurs - Mars/Avril 2007 41


Dossier : Le rebond à la cinquantaine

d’une opportunité qui se révélait une niche de marché presque bonheur, la nouvelle “DAF” ayant juste besoin de s’élargir un peu
impossible à développer. Je dus mener plusieurs démarches pour aux aspects marketing et direction. Une formation MBA en alter-
faire redéfinir l’orientation stratégique de l’entreprise et les nouvelles nance existait par chance dans le centre universitaire régional, qui
cibles de marché, car tant Hans que la direction du groupe s’entê- allait non seulement apporter aux deux managers les compétences
taient dans leurs a priori, jugeant que toute démarche réussie aux qui leur manquaient mais aussi les aider à se comprendre mutuelle-
Etats-Unis devait immanquablement réussir en Europe ! Hors le ment.
remanufacturing ne peut se faire que sur la base d’un stock de
pièces à reprendre, et la collecte de ces pièces est mal structurée en Je pus ainsi demander à Hans d’être déchargé de la direction des
Europe du Sud. opérations dès la fin de 2005 et l’équipe COO/CFO (Chief Financial
Officer) se révéla tout à fait apte à gérer l’entreprise, voire trop lar-
Car pendant ce temps l’activité traditionnelle de l’entreprise, confor- gement dimensionnée pour un futur qui s’annonçait mal.
mément au business plan, baissait et il devint évident dès mi 2005 Les enseignements à tirer d’une telle expérience sont multiples :
que des allègements d’effectifs de l’ordre de 20% étaient inéluc- • une mission peut arriver à tout moment par les biais les plus inat-
tables. La grande ancienneté des personnels et les pratiques précé- tendus ; il faut toujours être prêt à saisir les opportunités qui se
dentes du groupe rendaient malheureusement d’éventuels licencie- présentent ;
ments très coûteux, de l’ordre de cinq millions d’Euros. Tant Hans • appartenir à une structure simplifie bien des choses ;
que la direction du groupe tergiversèrent donc, cherchant des • dans une entreprise en difficulté, le diagnostic fait par l’équipe en
moyens d’alléger les indemnités ou des engagements du groupe place est souvent erroné : c’est pourquoi elle ne trouve pas de
cédant d’apporter de nouvelles charges de travail. Les deux solutions ;
démarches furent évidemment sans résultat et l’entreprise se retrou- • une difficulté opérationnelle non maîtrisée cache souvent une
vait dès fin 2005 en cessation de paiement de fait. Mais Hans refu- carence dans la stratégie de l’entreprise ;
sa d’engager la procédure ad hoc, soutenu par le client qui craignait • beaucoup d’opportunités sont internationales et une bonne pra-
des mouvements sociaux ou autres. tique des langues est indispensable ;
• les ressources humaines des entreprises sont rarement employées
L’ébauche de la future équipe de management avait été beaucoup au mieux.
plus évidente : un cadre technique possédait toutes les qualités
Cette expérience est très représentative du quotidien d’un manager
requises pour faire un futur COO (Chief Operation Officer), à
de transition qui doit surtout ne jamais penser “avoir déjà vécu la
condition de suivre un cycle de perfectionnement en gestion, mais
même expérience et donc connaître les solutions”. ■
côté finance un recrutement s’imposait. Il fut réalisé avec un certain

Témoignage sur une reprise


d’entreprise
près avoir quitté mon entreprise précédente, j’ai prise. En effet je m’étais rendu compte au cours de mes
Ghislain VIELLARD
(E71)
P.D.G. de CCMA
A commencé à chercher un travail de Directeur
général salarié, qui avait été mon job précédent.
La reprise d’entreprise me faisait peur et je ne voulais
recherches, qu’à 53 ans ce serait très difficile de trouver
un poste de salarié. De plus je ne me voyais plus du
tout avoir un patron et cette première expérience de
Entreprises reprise d’entreprise m’avait mis l’eau à la bouche.
pas prendre le risque.
C’est à ce moment que je me suis lancé, de façon orga-
Dans mes recherches j’ai contacté un dirigeant qui m’a nisée et méthodique, dans la recherche d’une société à
dit vouloir vendre son entreprise. reprendre.
Après réflexion, je me suis dit que c’était l’opportunité Mon projet était de reprendre une entreprise industriel-
de ma vie et je me suis porté candidat à la reprise de sa le réalisant un CA supérieur à 3Me et opérant dans un
société. Je ne connaissais rien à la reprise mais j’ai un des deux secteurs que je connaissais : la métallurgie et
oncle retraité qui anime le club des centraliens repre- les matériaux de construction. Et située en région pari-
neurs. Il m’a aidé à étudier l’entreprise et à monter mon sienne ou dans l’Ouest de la France.
dossier. Après 18 mois d’étude et de négociation en J’ai étudié plusieurs dizaines de dossiers, ai signé trois
partenariat avec un groupe puis avec des investisseurs lettres d’intention mais chaque fois, pour des raisons
en capital, l’affaire a capoté. Le groupe industriel auquel différentes, le dossier n’a pas abouti : Capitaux investis-
j’avais présenté le dossier, avait finalement renoncé à seurs trop âpres et finissant par rebuter le cédant en
l’opération et l’investisseur en capital a vexé le cédant, stade final, prix trop élevé, manque de confiance dans
celui-ci s’est braqué et il a vendu à un autre. le cédant, impossibilité de trouver les capitaux, etc.

J’arrive en février 2006, mon énième dossier est en train


Après cette longue, intéressante et douloureuse expé- de capoter faute de trouver des partenaires financiers, je
rience, je me suis dit que la seule solution possible de suis au chômage depuis près de quatre ans, je cherche
trouver un job, était désormais de reprendre une entre-

42 Mars/Avril 2007 - Revue des Ingénieurs ■


Dossier : Le rebond à la cinquantaine

à reprendre une entreprise depuis trois ans, je suis découragé. expérimenté lors de mon premier dossier je l’aurai réalisé.
Début mars je reçois un dossier par mail d’un centralien qui tra- L’expérience que l’on a acquise dans sa carrière passée est
vaille dans la transmission d’entreprise. Je réponds sans convic- importante : expérience de direction générale, connaissance du
tion car la cible ne correspond pas exactement à mon projet. secteur d’activité, du métier etc. : Mon expérience de Direction
Finalement j’ai repris en trois mois cette entreprise de menuiserie, générale m’a beaucoup aidé dans l’étude et l’évaluation des
d’agencement intérieur, et de service pour le bâtiment TCE (Tout entreprises.
Corps d’Etat) de 45 personnes et réalisant un CA de 4Me.
Ecouter les conseils mais ne pas les suivre aveuglément
J’ai réalisé l’opération seul c’est-à-dire sans le concours financier
de Capital Investisseur et je détiens 82% de la holding de reprise. (juristes, comptables, intermédiaires, etc.), cela risque de coûter
très cher. Se dire que les conseils sont souvent intéressés et
qu’ils peuvent vous coûter cher en frais d’honoraires. Engager le
minimum de frais avant d’être quasiment certain de conclure. La
difficulté dans les conseils que l’on reçoit, d’où qu’ils viennent,
c’est qu’il y en a des bons et des mauvais. Et quand on manque
d’expérience c’est difficile de savoir lesquels suivre.
Se méfier des capitaux investisseurs. Ils n’ont aucune considé-
ration pour le repreneur. Ce qu’ils veulent c’est faire de l’argent.
Ils n’ont aucun état d’âme ni aucun scrupule que ce soit vis à
vis du repreneur ou du cédant. Votre dossier de reprise auquel
vous vous accrochez tant est pour eux un dossier parmi des
centaines d’autres. S’il capote, pour eux ce n’est pas grave alors
que pour le repreneur c’est tous ses efforts, son temps investi et
non rémunéré, ses espoirs, ses projets qui s’écroulent. Les capi-
taux investisseurs peuvent irrémédiablement détériorer les rela-
tions que vous avez patiemment établies avec le cédant. Un
beau jour celui-ci arrête les frais, écoeuré par l’âpreté et l’auto-
suffisance des capitaux investisseurs (ça m’est arrivé deux fois).
Ils ont été formés aux négociations difficiles, c’est leur métier,
alors que le repreneur et le cédant ne sont pas préparés à ce type
de négociations âpres, dures, longues. Pour ma part je n’ai
jamais réussi à réaliser une opération avec les capitaux inves-
tisseurs, ils ont fait capoter mon dossier à chaque fois, le trou-
vant trop risqué, trop cher, trop ceci ou pas assez cela ! Et fina-
Je me suis senti tout de suite en confiance avec le cédant. lement l’opération que j’ai réalisée, je l’ai réalisée seul et en trois
L’ambiance dans l’entreprise, sa culture, son marché tout cela m’a mois de temps.
paru sain et j’ai foncé, d’autant plus que je n’avais pas besoin de Etudier plusieurs dossiers en parallèle mais pas plus de trois
partenaire financier. C’est le cédant qui a joué le rôle d’un investis- sinon vous risquez de papillonner et de ne pas vous décider :
seur en capital avec l’âpreté en moins. Il est clair que mon expé- Lors de mon premier dossier j’aurai dû chercher et étudier
rience acquise au cours des trois années précédentes m’a énormé- d’autres dossiers. J’aurai perdu moins de temps.
ment servi à me décider aussi vite.
Tant que ce n’est pas signé, l’opération peut capoter jusqu’à la
Je vous dirai si mon projet a réussi ou échoué quand j’aurai reven-
dernière seconde : dans mon premier dossier, le cédant avait
du ma société... j’espère dans 7 ans.
fait une note de service me présentant à tout le personnel
comme le meilleur repreneur. Lors des audits nous avons décou-
Les points importants pour reprendre
vert une trésorerie bien inférieure à ce qui nous avait été dit. Les
une entreprise
relations se sont dégradées avec le cédant mais je me disais
Être motivé et déterminé sur son projet de reprise et être tenace. qu’étant “adoubé” comme je l’avais été les choses finiraient bien
Si on est repreneur en dilettante ou tout en cherchant un job de par s’arranger. Finalement le cédant a traité avec un autre
salarié on ne reprendra jamais : C’est parce que je n’avais plus acquéreur! Par dépit ? Par fierté ? En représailles ?
d’autre solution et que j’étais déterminé à y arriver tôt ou tard
que j’ai fini par reprendre. En conclusion, garder courage, être tenace et rester sûr que tôt ou
Avoir un minimum de capitaux à investir : Pour ma part j’avais tard vous y arriverez. ■
300Ke à investir.
Il y a des pièges partout : des cédants malhonnêtes, des comptes Un rappel : parallèlement aux services d'Intermines (entre-
et bilans maquillés, des marchés en perte de vitesse, des équipes tiens avec un conseiller carrières, clubs professionnels,
à reconstituer entièrement, des entreprises qui ne sont plus groupes régionaux, réseau carrières, site internet...), tout
viables, etc. Selon les capitaux investisseurs dans une opération mineur a accès aux conseils et informations de XMP
de MBI (reprise par un repreneur extérieur à l’entreprise), il n’y a Entrepreneurs et de XMP Business-Angels.
que des mauvaises surprises à attendre, c’est ce qui les rend si
timorés. Il faut impérativement se former à la reprise et suivre une Contacts :
intermines-carrieres@wanadoo.fr
formation structurée et complète : J’ai appris sur le tas, ce qui
xmp-entrepeneur@m4x.org, xmp-angels@m4x.org
m’a fait perdre beaucoup de temps. Si j’avais été formé et plus

■ Revue des Ingénieurs - Mars/Avril 2007 43


Dossier : Le rebond à la cinquantaine

Aller vers le Conseil


à la cinquantaine
epuis près de dix ans, les cadres supérieurs et  Ayant acquis une connaissance plus profonde du
François GLÉMET
(P69)
Président de
l’association amicale
D dirigeants arrivant à la cinquantaine se retrou-
vent souvent confrontés à des “accidents de
parcours” ou à un “désir de changement” qui les amè-
secteur, les clients y ont recours de façon plus fré-
quente et plus intensive. En conséquence, ils lui
appliquent des techniques d’achat qui tendent à pri-
des anciens élèves de
nent à envisager une nouvelle carrière : celle de vilégier les prestataires qui offrent un large éventail
l’École Nationale “conseil”. Que penser d’une telle évolution ? Quelles de services et un “coût horaire” faible, car celui-ci
Supérieurs des Mines suggestions leur offrir ? C’est le but de cet article. s’évalue plus facilement (avant la prestation) que la
de Paris,
Administrateur qualité finale de celle-ci.
indépendant de Une profession qui a beaucoup  Certains cabinets de conseil sont devenus de
sociétés et "Director
Emeritus” de McKinsey changé en deux décennies “grosses machines”, ont perdu leur indépendance,
& Company, cabinet de
conseil dans lequel il Pour de nombreux camarades qui arrivent à la cinquan- et mélangent allègrement “conseil” et “prestation de
est entré en 1977, taine, l’image du conseil a été formée par ce qu’ils en service / sous-traitance” pour différentes raisons :
Conseiller carrières
ont vu il y a vingt ans ou plus, quand ils avaient entre • Introduction en bourse ayant pour conséquence une
25 et 35 ans. Au cours des deux dernières décennies, la focalisation sur les résultats économiques à court
profession a beaucoup changé et cela doit être intégré terme ; on privilégie le “volume” pour nourrir les
au regard porté sur elle. actionnaires (qui ne travaillent pas dans le cabinet).
• Objectifs de croissance et taille amenant à se foca-
En premier lieu, il faut distinguer le “conseil” de la liser sur “l’occupation des ressources”, ce qui
“prestation de services / sous-traitance” : entraîne une dérive vers des tâches de sous-traitan-
• Le conseil consiste à dire en toute indépendance (en ce plus que de conseil indépendant.
son âme et conscience) à son client ce que l’on pense • Forte augmentation de la proportion de consultants
du problème qu’il a soumis ou de la question qu’il juniors et concentration des seniors sur des activi-
pose. Cela veut dire que l’on n’hésite pas à donner tés commerciales, ce qui contribue à privilégier le
une réponse qui peut être différente de ce que le conseil “sur l’étagère” plutôt que le “sur mesure”.
client attend, voire “une réponse dont le but n’est pas
de gagner un concours de popularité”. Ces évolutions ont amené un “mélange des genres”
• La “prestation de service / sous-traitance” consiste à regrettable dont il faut tenir compte avant de se lancer
réaliser pour le client des tâches qu’il a spécifique- dans la profession à la cinquantaine. Autrefois, la seg-
ment demandées - et parfois définies en détail - sans mentation de la profession était simple : Stratégie et
remettre en question le bien fondé ou la nécessité de Organisation (BCG, McKinsey) ; Amélioration Opérationnelle
cette prestation. (ATK, Booz Allen Hamilton, Proudfoot) ; Ressources
Humaines (chasseurs de têtes, spécialistes) ; Systèmes
Au cours des deux dernières décennies, la frontière d’Information et Comptabilité (AA, Accenture,
entre ces deux types de prestations et les différents KPMG,...) ; Spécialistes Techniques (logistique, écono-
types de prestataires qui les offrent s’est estompée, mies d’énergie, etc.). Chacun s’en tenait à son rôle et à
sous l’influence de trois grands facteurs : ses compétences, les clients comprenaient facilement
les spécialités individuelles.
Aujourd’hui les cabinets de conseil veulent offrir une
gamme complète et l’étendre. Le “conseil” devient
“prestation de services” avec des “lignes de produits et
services”. On voit apparaître dans le discours de ces
cabinets une confusion croissante entre “impact”
(résultats à long terme, fruits de la réflexion stratégique
et de la réorganisation) et “résultats” (à court terme,
fruits de projets d’amélioration opérationnelle et de
“réorganisations” qui sont en fait des “dégraissages”).
De conseillers indépendants qui réfléchissaient “sur
mesure” à chaque situation, beaucoup sont devenus
des fournisseurs de prestations standardisées qu’ils
s’efforcent de placer dans toutes les situations. Pour ce
faire, ils ont mis au point des méthodologies d’exécu-
tion rigoureuses permettant de confier les tâches à des
personnels moins qualifiés et moins expérimentés,
donc moins coûteux. L’âge moyen d’un “consultant”

44 Mars/Avril 2007 - Revue des Ingénieurs ■


Dossier : Le rebond à la cinquantaine

est aujourd’hui bien plus bas qu’il y a dix ans, a fortiori vingt. vail. Il me paraît donc tout à fait primordial de choisir avant tout
Enfin, comme pour confirmer ces évolutions, le vocabulaire a avec qui l’on va travailler, en se basant essentiellement sur la
changé ; en particulier on dit “consultant” plutôt que “conseiller” qualité de la relation avec les autres collègues. En ce sens, on
pour désigner la personne qui officie, ce qui est un anglicisme en devrait privilégier les petites structures, voire les structures asso-
même temps qu’un détournement de sens. ciatives. Cela est d’autant plus vrai que les “grands cabinets” ne
De toutes ces évolutions, il résulte une dilution de l’image, voire feront que rarement appel à une personne de cinquante ans
des compétences et une interrogation croissante des clients. Une pour intégrer leurs structures. Deux exceptions toutefois : celle
recomposition profonde du paysage du conseil est en cours qui de l’ancien dirigeant qui sera recruté comme “agent commer-
débouche sur une nouvelle segmentation des différents interve- cial” de très haut niveau et celle de “l’expert mondialement
nants. On connaît assez bien les gagnants dans chaque segment, reconnu” qui sera recruté pour son image et ses compétences
pas forcément les segments gagnants à long terme. (question : s’il est vraiment expert mondial, pourquoi attend-il
Quel chemin et quelle attitude choisir pour bénéficier de ces évo- la cinquantaine pour se lancer dans le conseil ?).
lutions ? Comment en tenir compte lorsque l’on envisage d’entrer  Question n° 4 : Dans quel état d’esprit ? Faire du conseil,
dans la profession à la cinquantaine, c’est-à-dire lorsque l’on a c’est convaincre des responsables de prendre des décisions et
accompli entre deux tiers et trois quarts de sa période d’activité de lancer des actions, sans avoir la moindre autorité hiérar-
professionnelle ? Je pense que la clef est dans le respect d’un cer- chique sur eux. Le cimetière de la profession est peuplé d’an-
tain nombre de principes simples qui étaient ceux des fondateurs ciens dirigeants autoritaires qui, en poste, raillaient les conseils
des grands cabinets de conseil. et annonçaient qu’ils les concurrenceraient lorsqu’ils “seraient
à la retraite”. A la cinquantaine, quand ils ont été obligés de s’y
Entrer dans la profession à la cinquantaine mettre, ils ont vite déchanté.
Faire du conseil, c’est être au service des autres et c’est avoir
Quand on entre dans la profession de conseil à cinquante ans pas-
cet état d’esprit, avec noblesse. Je renvoie le lecteur à un texte
sés, on ne le fait pas pour y acquérir des compétences et des
célèbre dans la profession : “The servant as leader”, de Robert
savoirs qui serviront de compléments de formation à ce que l’on a
K. Greenleaf, basé sur l’ouvrage de Hermann Hess “Die
appris sur les bancs de l’école. On n’y entre pas non plus pour ins-
Morgenlandfahrt”.
crire sur son curriculum vitae une marque célèbre qui servira de réfé-
Faire du conseil, c’est aussi être convaincu que personne ne
rence de qualité ultérieurement, en particulier auprès de recruteurs
nous reprochera jamais d’avoir dit ce que nous pensions, mais
professionnels. Se lancer dans la profession à la cinquantaine
toujours de ne pas l’avoir dit. De même, faire du conseil, c’est
implique, à mon avis, une certaine introspection et la réponse à
toujours poser la question du pourquoi et essayer de com-
quelques questions, simples à formuler, parfois difficiles à résoudre.
prendre la situation comme un débutant plutôt que comme un
 Question n° 1 : Pour qui ? Il s’agit par là de définir les entre- expert. Dans le rôle de conseil, il faut se méfier des experts aux
prises que l’on désire conseiller (tout au moins le ou les sec- visions stéréotypées et des consensus rapides et “à la mode”.
teurs industriels). Il faut aussi penser au niveau hiérarchique
auquel on va fournir ses services : PDG, Directeur de Division,  Question n° 5 : Comment dire non ? : Il s’agit là d’un choix
Directeur de centre de profit, Directeur d’établissement, etc. que tout camarade qui se lance dans le conseil doit faire. On dit
souvent que le plus dur dans la vie n’est pas de choisir ce que
 Question n° 2 : Quoi ? Quel est le type de prestation que
l’on veut mais de décider ce à quoi l’on et prêt à renoncer pour
l’on envisage de fournir : “conseil” ou “sous-traitance” ? Dans
avoir ce que l’on veut. Il en est de même dans le conseil : clients
quel domaine fonctionnel ? Basé sur quelles compétences per-
que l’on ne servira pas, missions que l’on n’acceptera pas, per-
sonnelles distinctives ? Comment se différenciera-t-on d’autres
sonnes ou entités avec lesquelles on ne travaillera pas.
prestataires, en particulier ceux qui proposent une armée de
“jeunes sans beaucoup d’expérience “?
En résumé, au cours des dernières années, les changements inter-
A la cinquantaine, on a acquis une grande expérience, ainsi
venus tant chez les principaux acteurs du secteur que chez les
qu’un bon réseau et l’on est parfois resté techniquement “à la
clients font que jamais le besoin de conseil objectif n’a été aussi
page”. Il faut tirer parti de ces avantages compétitifs indé-
fort. Il faut donc, aujourd’hui encore plus que par le passé, mani-
niables. En même temps, il faut se rendre compte qu’il n’est pas
fester la capacité à être “distinctif”. Cela passe avant tout par le
toujours facile de les prouver et il faut donc avoir une argu-
respect d’une éthique professionnelle scrupuleuse et une position
mentation convaincante et factuelle. Enfin, il faut se poser la
d’indépendance rigoureuse. A ces éléments de base, j’ajoute l’im-
question du maintien “à jour” de ses avantages compétitifs. Il
périeuse nécessité de disposer de compétences avancées et per-
faut s’assurer que l’on dispose toujours des compétences les
pétuellement mises à jour dans des domaines spécifiques qui font
plus “pointues” et les plus à jour dans les domaines que l’on a
la réputation et assurent le niveau d’activité future. En découle le
choisis comme champ d’action et de distinction.
besoin de bien choisir le “secteur industriel” auprès duquel on
 Question n° 3 : Avec qui ? C’est là l’une des questions les choisit d’exercer la profession de conseil, la “spécialité fonction-
plus épineuses. Comme me l’a dit, il y a trente ans, l’un de mes nelle ou technique” sur laquelle on fonde la valeur de ses presta-
anciens collègues qui, à 70 ans passés, pratique toujours de tions, et les personnes avec lesquelles on décide de s’associer ou
façon indépendante le conseil à haut niveau, “un conseil c’est de mettre efforts et compétences un commun.
quelqu’un qui a des clients”. Alors, comment obtenir des
clients et comment les garder ? C’est la question du travail indé- Si l’on s’efforce de respecter ces quelques préceptes simples, je
pendant, de l’association avec d’autres conseils ou de l’entrée suis convaincu que l’on peut entrer avec succès dans la profession
dans une structure moyenne ou grande. à la cinquantaine, en retirer beaucoup de satisfaction personnelle
A la cinquantaine, le désir d’indépendance devient plus fort et et professionnelle, et contribuer efficacement à l’amélioration de la
l’on est moins prêt à faire des sacrifices sur l’ambiance de tra- performance de la société dans laquelle on vit. ■

■ Revue des Ingénieurs - Mars/Avril 2007 45


PARIS Nouvelles de l’École

L’ÉCOLE DES MINES DE PARIS EST L’Association étudiante “Union ParisTech” qui s’était créée entre
BDE des Écoles membres de ParisTech, s’est choisie un Président :
EN TÊTE DES MEILLEURES ÉCOLES il s’agit de Matthieu Philippot - Mineur de Paris.
D’INGÉNIEURS !
De leur côté, les associations d’anciens Élèves de ParisTech ont

F évrier 2007 : L’École des Mines de Paris est classée 1ère dans
deux classements établis par :
décidé d’unir leurs apports au sein de “ParisTech Alumini” pour
accompagner le développement de ParisTech. Le Président de
notre association, François GLÉMET, participe à l’élaboration
“Le Point” d’un document fondateur.
“Excellent enseignement académique, une recherche dynamique,
ouverture des étudiants à l’international et proximité avec les entre-


prises...”.
DES DOCTEURS DE L’ÉCOLE
“Le Nouvel Economiste”
“Classement établi d’après une enquête auprès des directions des
À L’HONNEUR
ressources humaines”.
Trois médaillés de la SF2M
(Société Française de Métallurgie et Matériaux)

DU CÔTÉ DE PARISTECH Avec une trentaine de participants et encore plus de communication,


deux centres de l’École - Matériaux et Cemef - étaient fortement

w w w. e n s m p . f r
ParisTech a été retenu par le Gouvernement pour faire partie du représentés les 13 et 17 novembre, à Matériaux 2006. L’événement
premier train du “Pôle de Recherche et d’Enseignement fut, par ailleurs un succès avec environ 1 600 participants, 1 200
Supérieur” (PRES), en application de la loi pour la programma- communications, ce qui constitue un record pour cette jeune mani-
tion de la recherche votée en avril 2006. festation qui fédère tous les quatre ans les quelques 23 sociétés
savantes actives dans ce domaine.
La reconnaissance de l’association ParisTech comme PRES ouvre
la voie à sa transformation en Établissement public de coopéra- L’École a été particulièrement honorée par la remise de trois des
tion scientifique (EPCS) qui pourrait notamment lui permettre de quatre médailles Jean RIST 2006 de la SF2M à trois de ces diplô-
délivrer des diplômes en propre ou au nom des Écoles membres més : Gwenola HERMAN (P95) - Astrid PERLADE-LAMBERT
et bénéficier d’un soutien financier de l’État tant en ressources (P94 et Doct Mat), toutes les deux chez Arcelor Research,
humaines que budgétaires. Maizières-les-Metz et Benoît TANGUY (Doct P01) responsable
Le Comité d’orientation stratégique de ParisTech du 20 février a scientifique équipe mécanique et matériaux au Centre des
précisé les 12 actions prioritaires à entreprendre conformément au Matériaux.
plan stratégique et aux missions prévues par la convention consti- Les médailles Jean RIST sont attribuées à titre d’encouragement à
tutive du PRES/EPCS dans les domaines de la recherche, de l’en- de jeunes chercheurs ou ingénieurs qui se sont distingués par leurs
seignement et à l’international. travaux sur les matériaux.
Ainsi que cela a été acté lors des Conseils d’administration de http://www.sf2m.asso.fr/Prix-médailles/Lauréats2006.htm
l’École et de ParisTech et annoncé lors de la cérémonie des Vœux
2007, la marque ParisTech est désormais accolée à celle de Paris.
Le nom ParisTech est en gris et noir et ne comporte plus de “sous-
titres” afin de s’associer aisément aux logos de toutes les écoles Deux lauréats au prix de thèse ParisTech :
de ParisTech.
Quatre prix ont été décernés vendredi 17 novembre.

Pôle d’excellence scientifique Evry/Val de Seine Les deux candidats, présentés par l’École des Mines, ont été récom-
pensés.
Après Saclay, c’est Evry-Val de Seine qui devient pôle d’excellence • Sébastien BLASSIAU, ancien étudiant au Centre des Matériaux,
scientifique. pour sa thèse : Modélisation des phénomènes microstructuraux au
Une charte de collaboration scientifique a été signée entre les diffé-
sein d’un composite unidirectionnel carbonel epoxy et prédiction
rents partenaires concernés : le Centre de Matériaux de l’École des
de durée de vie - Contrôle et qualification de réservoirs bobinés ;
Mines y figure à côté notamment de l’Université d’Evry-Val
• Yann MENIERE, du Centre d’économie industrielle, pour sa
d’Essonne et du Génopole.
thèse : Inside the Patent Thicket : Patent Based Strategies an R&D
Les objectifs poursuivis sont : Efficiency when Innovations are Cumulative and Complementary.
• L’harmonisation des pratiques,
• La mutualisation des moyens, le développement des projets péda- Sur un total de 400 thèses environ soutenues en 2005 dans les écoles
gogiques favorisant l’esprit d’entreprendre.... de ParisTech, neuf avaient été sélectionnées et ont donné lieu à sou-
tenance publique.

■ Revue des Ingénieurs - Mars/Avril 2007 47


PARIS Nouvelles de l’École

prôné le ternaire. Le Taoïsme fait fusionner
UNE OUVERTURE SUR LE DIALOGUE INTERCULTUREL
le Yin, le Yang et le Vide-Médian ; le
CONFÉRENCE ORGANISÉE PAR ESPORIENTO Confucianisme parle de Ciel, Terre et
Homme. Cette vision ternaire insiste sur

L’ Association Esporiento est née aux


Mines de Paris sur l’initiative de trois
élèves de l’École dans le cadre de l’Acte
fois sa propre expérience, mais aussi des
considérations plus générales sur le dia-
logue interculturel franco-chinois. Il a mon-
l’importance d’un troisième élément, le
Vide-Médian pour le Taoïsme et l’Homme
pour le Confucianisme, pour susciter un vrai
d’Entreprendre. Elle a pour objectif de tré que ces deux nations sont ouvertes au dialogue entre les deux autres éléments
développer la connaissance mutuelle entre dialogue depuis des temps anciens. Ainsi la opposés. Malgré une vision différente du
des étudiants français et chinois en réalisant question n’est pas le bienfait du dialogue dialogue, la France et la Chine sont deux
ensemble des projets à vocation humanitaire qui est aujourd’hui reconnu de tous mais pays qui ont sans cesse été influencés par
et culturelle. comment engager et entretenir un vrai dia- des cultures extérieures et qui ont toujours
réussi à rendre leur ce qui était au départ
étranger. Ce sont deux nations qui, malgré
certaines apparences, prônent le dialogue
interculturel. Avec cet arrière-plan histo-
rique si favorable, toutes les conditions sont
réunies pour créer un dialogue riche et
constructif. Ainsi M. Bai a donné des
exemples de projets visant à favoriser le lien
entre les deux pays, encourageant de jeunes
Associations comme Esporiento à pour-
w w w. e n s m p . f r

suivre cette voie du partage. La conférence


a été conclue avec la projection du film
Esporiento et un buffet asiatique.

De nouveaux élèves de la promotion 2006


ont déjà rejoint Esporiento pour promouvoir
Conférence Esporiento du 8 novembre 2006 l’Association et réaliser le projet 2007 qui
Après la réalisation d’une bibliothèque dans logue interculturel. M. Cheng a longuement aura lieu en Chine l’été prochain. Si vous
le nord de la Chine cet été, l’Association a êtes intéressé par nos actions et si vous
explicité la différence des approches occi-
voulez nous aider à réaliser nos projets,
organisé une conférence à l’École le 8 dentales et orientales vis-à-vis du dialogue.
veuillez nous contacter par courriel :
novembre sur le thème du “Dialogue Si le dualisme a dominé la pensée occiden-
esporiento@hotmail.fr ou par courrier à :
Interculturel”. Cette conférence, ouverte au tale que ce soit la matière contre l’esprit
grand public, avait pour objectif de donner chez Platon, le Bien contre le Mal du Association ESPORIENTO
un aperçu sur les échanges culturels entre la Christianisme ou l’objet contre le sujet chez École des Mines de Paris
France et la Chine et leurs contextes histo- Descartes, la tradition chinoise a toujours 60 Boulevard Saint-Michel 75006 Paris
riques d’une part, et de présenter les actions
de l’Association d’autre part. Etaient pré-
sents M. François Cheng de l’Académie INTERMINES LIVRES
Française et M. Zhangde Bai, Ministre
Conseiller de l’Éducation de l’Ambassade UNE SORTE DE DIABLE
de Chine. M. Cheng a proposé à l’assemblée Les vies de John-Maynard Keynes
un très bel exposé en nous présentant à la par Alain MINC (CM58)

Les salaires des Alain Minc est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages. Il a publié “Ce monde qui
vient”, dans la même collection, en 2004, qui fut un grand succès de presse et
docteurs de l’École de librairie ; et, en janvier 2006, “Le crépuscule des petits dieux”.

Un docteur des Mines de Paris gagne 38 “L’homme Keynes est fascinant. Peut-être encore plus grand que
200 e à l’embauche (moyenne du salai- l’œuvre. C’est une permanente alchimie des contraires : l’objecteur de conscience qui sert son
re brut annuel dans le secteur privé pour pays en guerre, le marginal de Bloomsbury qui s’installe au cœur de l’establishment; le grand
l’année 2005) alors que la moyenne bourgeois élitiste qui devient la coqueluche des gauches du monde entier; le dandy homosexuel
nationale pour le secteur privé se situe à qui épouse une des danseuses les plus courtisées de l’époque ; l’antisémite séduit par les Juifs ; le
35 000 e. Son temps de recherche germanophile atlantiste ; le spéculateur qui se méfie des marchés ; l’esthète qui se consacre aux
d’emploi est relativement court : 2,5 disciplines les plus austères ; l’intellectuel qui se rêve homme d’Etat ; le conseiller qui se veut
mois... contre 10 mois pour la moyenne homme d’action... Il existe autant de Keynes qui, pourtant, n’en forment qu’un seul: c’était, pour
reprendre le mot qu’il emploie à l’égard de Freud, une sorte de diable”. - A.M.
nationale.
(sources : ABG) Biographie aux éditions Grasset • Prix 19,90e • 360 pages

48 Mars/Avril 2007 - Revue des Ingénieurs ■


PARIS Nouvelles de l’Association


MODIFICATION DES SOIRÉE ANCIENS ÉLÈVES/ÉLÈVES DE 3ÈME ANNÉE
STATUTS DE L’ASSO-
CIATION DES ANCIENS
ÉLÈVES DE L’ÉCOLE
DES MINES DE PARIS
U ne soirée réunissant anciens Élèves et Élèves de 3ème année s’est déroulée à l’École le
22 février dernier.
Au nom de l’Association Amicale des Anciens Elèves et, en l’absence du Président, François

Le point essentiel de la modification


des statuts proposée
l’Association concerne son ouverture à de
par
Glémet, c’est Corinne Cuisinier, Vice-présidente, qui ouvrait la réunion.
C’était l’occasion de présenter l’Association, à laquelle adhèrent déjà les élèves de 3ème
nouvelles catégories d'anciens élèves diplô- année, en rappelant ses activités d’une part en faveur de l’École et des Élèves, et d’autre part,
més de l'École. son implication au service des anciens élèves, notamment dans le suivi des carrières.
La parole était donnée ensuite aux dix anciens élèves invités (*) pour une présentation rapide
L'École est engagée dans un mouvement de leur situation professionnelle. Puis, chacun d’entre eux, entouré dans un coin de la salle
visant à internationaliser et à élargir son d’un groupe d’élèves, répondit aux nombreuses questions qui leur étaient posées.
recrutement tout en restant un lieu de for-
mation de haut niveau. Après une longue Un cocktail clôturait cette manifestation amicale très appréciée des élèves... et des anciens qui
réflexion et une discussion approfondie pouvaient se projeter quelques années en arrière.

w w w. m i n e s - p a r i s . o r g
avec la direction de l'École, le Conseil d'ad- (*) Etaient présents : Claude BARDY (79) - Gilles BOUSSIN (97) - Gilles CYPRES (95) - Jean-Michel GAY (85) -
ministration a décidé, à l'unanimité, de Olivier GENELOT (87) - Lise GOLDMAN (96) - Olivier MOUTON (01) - Pascal PODVIN (76) - Lionel RABIET
suivre l'École dans ce mouvement. Il est en (95) - Catherine SEYS (97).
effet apparu anormal que les autres
diplômes ne donnent pas accès l'Association
ou que celle-ci devienne peu représentative
par rapport à la population des diplômés de
niveau BAC+5 ou plus de l'École.

Le texte proposé à l’AGE du 9 mars 2007,


où le quorum n’a pas été atteint, va être
remanié suite aux critiques, observations et
suggestions recueillies à cette occasion. Le
texte remanié sera présenté à une nouvelle
AGE qui sera convoquée en même temps
que la prochaine AGO, soit le 23 mai pro-
chain. Le compte rendu de l’AGE du 9 mars
a été transmis à l’ensemble des membres de
l’Association.

RENOUVELLEMENT
DU CONSEIL
D’ADMINISTRATION

La prochaine Assemblée Générale


Ordinaire aura à renouveler les man-
dats de six membres arrivés à expiration.
Les candidats à la fonction d’Administrateur
sont priés de se faire connaître auprès de
l’Association avant le 23 avril au plus tard.
Il leur est demandé de rédiger en quelques
lignes un court CV et de faire connaître
leurs motivations.
Ils doivent être à jour de leur cotisation et
s’engager à prendre une part active aux tra-
vaux du Conseil d’Administration.

■ Revue des Ingénieurs - Mars/Avril 2007 49


SAINT-ÉTIENNE Nouvelles de l’École

VIE ÉTUDIANTE Nuit”, le concours organisé par Unilog (société de consulting)


récompensera au final les meilleurs (prix de 1500 à 4000e)... Les
élèves ont présenté et défendu leurs projets devant un jury profes-
Créa’Danse : le 2ème prix pour les élèves ICM sionnel et un amphi comble le 22 janvier. Parmi les principaux cri-
tères retenus : pertinence et faisabilité du projet, esprit d’équipe et
L’École Centrale de Nantes organisait le 2 février dernier la 3ème édi-
d’organisation, innovation... Suspens donc et résultats mi-mars.
tion du concours de danse inter Grandes Écoles françaises :
Créa’danse, sur le thème de “la Métamorphose”. Reconnu interna-
tionalement, le jury professionnel a pris en compte l’originalité des
Deux nouveaux prix pour les élèves-ingénieurs :
créations chorégraphiques contemporaines ainsi que la qualité de
la microélectronique à l’honneur
l’exécution. Cette fois-ci c’est la for-
mation ISMEA du Centre
Microélectronique de
Provence, site Georges
Charpak, qui se distingue
doublement : deux équipes
ont obtenu les 4ème et 5ème
places sur 200 candidats
lors du concours mondial
des développeurs Gemalto SIMagine 2007 (12-15 février) à
Barcelone (dédié à l’innovation dans le domaine des applications et
w w w. e m s e . f r

des services mobiles reposants sur la technologie Java CardTM).


La compagnie envisage d’organiser un concours à Saint-Étienne l’an prochain.
Laurent Freund (Dépt. Sciences de la fabrication et logistique) a
Avec l’appui financier de la Société des Anciens Éleves, de la mai- coaché les quatre élèves de 3A durant leur projet d’études :
rie de Saint-Étienne et du Bureau des Arts de l’École, la compagnie Sébastien Musialak, Matthieu Viazzi, Zakaria Zbitou, Zouhair Jamal
de l’École, composée de huit élèves, a brillamment concouru puis- Bennis (deux autres étudiants ont aussi œuvré sur ces projets :
qu’elle a remporté le second prix du concours, récompense d’un tra- Damien Levasseur et Sébastien Lorrain).
vail sérieux et acharné. Ils ont été récompensés pour leurs projets en remportant les prix
Telefonica et TIM :
• The Wall, projection d’images ou d’affiches sur un mur électro-
MEP distingué aux trophées de l’Étudiant nique ;
• The bottle in the sea, envoi d’un SMS/MMS aléatoire et suivi de
La Junior
son parcours.
Entreprise,
Mines Études
et Projets Quatre élèves ICM ont pris part au 4L Trophy
(MEP), qui a
Mathieu Rodier, Mickaël Dumas, Arnaud Dhers et Thibaut Dehay
fêté ses 25 ans
sont partis le 14 février pour 15 jours de courses réservées aux étu-
d’existence en
diants entre la France et le Maroc. Deux voitures, 100 kg de maté-
novembre der-
riels scolaires, ils ont rejoint les 2000 participants engagés dans cette
nier, a été dis-
10ème édition, une aventure à la fois sportive et humanitaire où l’im-
tinguée le 19
portant est de participer et d’arriver à bon port !
janvier, lors du
Salon de l’Étu- François Coulongeat, Pierre Marchand (équipe MEP)
et Philippe Guignard, DRIRE Rhône-Alpes
diant à Lyon.
Les organisateurs ont récompensé l’esprit entrepreneurial et le pro-
fessionnalisme dont fait preuve l’association étudiante dans ses
actions et missions. La JE a reçu un prix de 500e.

UNILOG Management
Awards
200 projets dans toute la
France, 35 finalistes dont deux
projets d’Min, “Saint-Étienne
Youth Project” (projet d’accueil
d’étudiants européens) et
“Festival des Mines & une Ils avaient remporté le 2ème prix Ernst & Young pour ce projet en juillet dernier.

50 Mars/Avril 2007 - Revue des Ingénieurs ■


SAINT-ÉTIENNE Nouvelles de l’École

FORMATION

Convention INSTN, 22 nouveaux ingénieurs civils des mines


Un nouveau profil pour les élèves
La majorité des élèves de la promotion 2003 a été diplômée en sep-
L’École et l’Institut national des sciences et techniques nucléaires tembre dernier, sauf 22 d’entre eux en scolarité prolongée, à l’étran-
ont officialisé la convention permettant aux élèves ICM d’acqué- ger pour la plupart (Brésil, Canada, Espagne, États-Unis, Allemagne,
rir une double compétence en génie atomique. Il s’agit du 5ème Autriche et Angleterre).
accord de double-diplôme signé avec un établissement français. Michel Cournil, directeur de la formation, leur a remis leur diplôme
La séance d’informa- le 23 février à la Maison du Parc en présence de leurs familles et des
tions et d’échanges ensei-
sur les métiers du gnants de
nucléaire qui a suivi, a l’École.
permis aux nombreux Dix d’entre
invités, personnels et eux sont
élèves d’approcher le double-
contexte économique diplômés,
de ce secteur d’activi- deux ont
tés, les disciplines et obtenu un
Laurent Turpin, directeur de l’INSTN et Robert Germinet diverses spécialisa- Master
signent la convention ENSM.SE/INSTN pour l’accueil
des élèves ICM de 3ème année en double-diplôme tions possibles. Canadien.

w w w. e m s e . f r

AUTRES TEMPS FORTS

Succès pour les Portes ouvertes & le Gala des Ancien élève (ICM E80), ancien doctorant de l’École (matériaux),
mines... Roland Fortunier a été recruté à l’École en 1998 (centre SMS) avant
de rejoindre Gardanne en 2004.
Plus de 300 visi-
Il remplace à ce poste Régis Blondeau qui a fait
teurs (parents et
valoir ses droits à la retraite le 31 janvier 2007. Il
familles d’élèves
était directeur du centre SMS (qui regroupe 110
ICM, “Grand
personnes) depuis son recrutement à l’École en
Public”, journa-
novembre 1994 en qualité de Directeur de
listes locaux) et 32
recherche (il était auparavant directeur de l’IRSID
élèves et deux
Unieux). Également Président du Cercle d’études
accompagnateurs
des métaux et membre du bureau du pôle de compétitivité ViaMeca,
du Lycée Louis Le
Régis Blondeau a par ailleurs été nommé Chevalier dans l’ordre
Grand (Paris) en déplacement à Saint-Étienne ce jour-là : pari réus-
national du mérite pour ses travaux sur la mise au point de l’acier
si pour cette manifestation d’ouverture, grâce à l’implication active
des sous-marins nucléaires français.
du personnel et des élèves. Près de 70 personnes (doctorants, per-
manents et élèves) s’étaient mobilisées pour accueillir et accompa- L’école classée 6ème au palmarès du Point (février 2007) sur 15
gner le public l’après-midi du 27 janvier. écoles d’ingénieurs les plus professionnalisantes : durée des stages
en entreprise, % de cours assurés par des professionnels, durée de
Malgré le froid et la neige, l’affluence au gala a avoisiné les 850 per-
recherche du 1er emploi... Elle se place par ailleurs 10ème au classe-
sonnes. Film, danse, traditionnelle revue des 3A, spectacle (avec la
ment général (un gain de quatre places par rapport au palmarès
participation de plusieurs membres du personnel) furent très appréciés.
2005) et 15ème à l’international.
Salle comble et public comblé également pour la pièce de théâtre.
La soirée s’est poursuivie dans les différents bars à thèmes où l’am-
biance était très amicale. Qualité des spectacles, prix des places en Edition : le 8ème numéro de “ Ressorts “
baisse et plus accessibles et une organisation parfaite ont contribué
au succès de ce gala 2007. Environnement, systèmes d’information,
aide à la conduite des éco-procédés, simu-
Changement à la tête du centre SMS lateurs pédagogiques, diagnostic environ-
nemental des procédés industriels... sont
Roland Fortunier, professeur, auparavant respon- les principaux mots-clés de ce numéro
sable du département packaging et supports dédié au centre SITE, Sciences, informa-
souples à Gardanne a été nommé Directeur du tion et technologies pour l’environnement .
Centre sciences des matériaux et des structures (Février 2007 - à commander via le site
(SMS). Il a pris ses fonctions le 1er janvier 2007. internet de l’École)

■ Revue des Ingénieurs - Mars/Avril 2007 51


SAINT-ÉTIENNE Nouvelles de l’École

L’ingénierie pédagogique au service L’École a été nommée référente pour la formation sous statut
de l’équipement salarié.

Le 26 février, la Lors de ce colloque, François Loos a aussi souligné la qualité de la


Direction départemen- formation dispensée par l’ISTP sous convention avec l’École dési-
tale de l’équipement gnée pilote “pour encourager la reprise d’études sous statut salarié,
de la Loire a reçu le y compris en utilisant la VAE (validation des acquis de l’expérience)
certificat de qualifica- et référence nationale en la matière”.
tion environnementale
ISO 14001 (délivré Le même jour, à Saint-Étienne, 107 nouveaux ingénieurs spécialité
par ECOPASS, orga- Génie industriel, formés en alternance par l’ISTP, étaient diplômés.
nisme de certification L’occasion de fêter le 1000ème diplômé de cette filière et surtout le
en environnement), 1er étudiant -cadre dirigeant de 45 ans- diplômé par la voie de la
lors d’une cérémonie officielle à l’École en
présence du Préfet de la Loire et des parte-
naires du projet.

L’École a contribué à cette certification : il


s’agit d’un système de management envi-
ronnemental qui vise à identifier les
impacts environnementaux d’un projet
routier pour mieux les diminuer depuis la
phase des études à celle des travaux (amé-
w w w. e m s e . f r

nagement des RN7 et 82). Sa mise en place


s’est faite en étroite collaboration avec le
centre SITE (travaux d’élèves encadrés par
Natacha Gondran, étude de faisabilité, ana-
lyses et enquêtes en 2003 et 2004).

VAE. Le “1er jury VAE” s’est réuni le 24 janvier à l’École (jury pari-
taire composé de représentants de l’établissement de formation et
Les orientations stratégiques des écoles des du monde industriel). “L’alternance a permis à l’École d’aller à la
mines (OSEM) rencontre des PME / PMI avec une prise de contact sur de nouveaux
enjeux (création, reprise d’entreprise), et un rapprochement vers le
“Effectuer une année à l’étranger pour les élèves-ingénieurs, ren-
tissu économique local, une mission enrichissante et bénéfique pour
forcer la place des doctorants, privilégier le rapprochement vers les
tous”, a conclu Michel Cournil lors de cette manifestation.
PME, valoriser la recherche, préconiser une politique commune en
matière de gestion des ressources humaines, jusqu’à doter le GEM En savoir + sur OSEM2 : http://www.industrie.gouv.fr/
d’une personnalité juridique pour porter la marque Mines…”, telles (dossiers de presse - février 2007)
sont les principales recommandations présentées lors du colloque
OSEM2, organisé à Paris le 2 février en présence de François Loos,
Ministre délégué à l’Industrie. Des nouvelles des Associations
“Les élèves doivent systématiquement passer un an à l’étranger et
de Saint-Étienne e t N ancy
la voie du double-diplôme doit être privilégiée. Actuellement, c’est Profitant des locaux laissés vides par le départ
six mois. Ce n’est pas suffisant. Des pays comme la Chine, l’Inde d’Intermines pour la rue de Mont Thabor,
ou le Brésil devront être privilégiés car c’est là que se trouvent les Christine Gouni, pour l’Association de Saint-Étien-
marchés que les futurs cadres devront conquérir”. François Loos, ne et pour le Groupe Ile-de-France, Annie
Ministre délégué à l’Industrie, a insisté sur la poursuite d’une Pasquelin, René Reymond et Pierre Bach, pour
politique d’ouverture accrue et l’augmentation des échanges d’en- l’Association de Nancy, ont quitté en novembre
dernier leurs locaux du 81 boulevard Saint-Michel
seignants-chercheurs. Les écoles doivent aussi recruter davantage Christine pour rejoindre nos amis parisiens et vous accueillir
d’étudiants étrangers : 25 à 30% d’ici cinq ans, contre 12% GOUNI
au 60 dans les locaux de l’École des Mines de
aujourd’hui. Paris.
Ils n’auront donc plus à traverser le boulevard et
Cette présentation était suivie de trois tables rondes : la place des affronter une circulation parfois dense pour venir
Écoles des mines dans l’enseignement supérieur, leurs réponses aux chercher leur courrier, point non négligeable pour
besoins des entreprises et leurs réponses aux attentes de la société. leur sécurité !
Une délégation de l’École a participé à cet événement (comité de Annie
Leurs adresses postales, numéros de téléphone et
PASQUELIN
direction, élèves, doctorants) ainsi que Claude Boyer, directeur de adresses internet restent inchangés.
l’ISTP, intervenant à la 3ème table ronde.

52 Mars/Avril 2007 - Revue des Ingénieurs ■


SAINT-ÉTIENNE Nouvelles de l’Association

RÉUNION DE PROMOTION

Promo 98
Anniversaire de remise des diplômes

La promotion de l’École des Mines de Saint-Étienne


1998 s’est réunie à Paris le 23 septembre 2006, cinq
ans quasiment jour pour jour après sa remise des diplômes.
Ce premier rendez-vous était l’occasion pour une quarantai-
ne de camarades de se retrouver et de diner ensemble, avec
souvent le sentiment de ne s’être quittés que le temps des
grandes vacances !

w w w. m i n e s - s a i n t - e t i e n n e . o r g
Cette belle soirée agrémentée de récits des trajectoires des
uns et des autres et de la mise à jour des états civils de cha-
cun a été une occasion appréciée de tous de se retrouver, et
de relever un peu la tête pour s’intéresser à la variété des pro-
fils sortis du même “moule”...
A noter sur votre agenda :
La promotion 1998 a fêté dignement son cinquième anniversaire, et
les participants saluent chaleureusement tous les camarades qui L’Assemblée Générale 2007 aura lieu
n’ont pu se joindre à eux ce soir-là. le mardi 12 juin 2007 à 18h
Sébastien Perrier (E98) à la MAISON DES MINES, 270 rue Saint Jacques 75005 PARIS

SAINT-ÉTIENNE SAINT-ÉTIENNE ILE-DE-FRANCE • SAINT-ÉTIENNE ILE-DE-FRANCE

apé
R itif
François Devoret (E80) et Laurent En 2005, il crée, avec une ancienne collabo-
Vermot-Gauchy(N82) avaient déjà eu l’oc- ratrice, LEX PERSONA, qui réalise des
casion, il y a quelques années, de nous pré-
senter leurs parcours. Aujourd’hui, leurs encontre missions de conseil et en parallèle dévelop-
pe des produits dans le domaine de la signa-
choix de carrières sont similaires puisque ture électronique, des documents sécurisés
tous deux ont créés des entreprises inno-
vantes. “Entrepreneuriat et authentifiés.

et Entreprises Les solutions logicielles proposées sont des-


innovantes” tinées à faciliter l’usage de la signature élec-
tronique et à simplifier son intégration dans
François Devoret (E80)
les applications existantes. Grâce à un for-
A sa sortie de l’École, Unis, en Suisse et en France, il est recruté en mat de fichier sécurisé, il est possible de
François Devoret part en 1995 par NETSCAPE où, pendant trois ans, créer des originaux électroniques à partir de
coopération pour THOMSON il va contribuer au développement d’inter- n’importe quel type de fichier, les signer et
à Bagdad en Irak. À son net. Puis, en 1998, il part chez LOTUS pour les échanger avec des fournisseurs, des
retour en France, il crée développer un programme de vente dans le
François Devoret clients, en interne ou avec l’administration,
son entreprise pour com- domaine de la messagerie électronique. les collectivités publiques, etc.
mercialiser un logiciel
développé pendant son stage de 3ème année. Mais, au fil du temps, l’emprise d’IBM sur
Mais, confronté à l’arrivée des PC en rem- LOTUS croît et, en 2003, François Devoret LEX PERSONA est installée à Troyes grâce
placement des systèmes de l’époque, il décide de créer sa propre entreprise. Tout à l’aide apportée par la Technopole de
choisit une orientation de carrière “plus d’abord il se forme au domaine de la signa- l’Aube à la suite d’un concours remporté
classique”. Il rejoint une société de services ture électronique au contact d’une entrepri- par l’entreprise. Le financement de LEX
pour laquelle il assure de nombreuses mis- se qui évolue dans ce secteur. Cette expé- PERSONA a été réalisé sur fonds propres
sions pour ORACLE qui, quelques temps rience s’avère très enrichissante en termes dans un premier temps puis a été complété
après, l’embauche. Après six ans aux États- de connaissances techniques et juridiques. par un prêt bancaire.

■ Revue des Ingénieurs - Mars/Avril 2007 53


SAINT ÉTIENNE Nouvelles de l’Association

Laurent Vermot-Gauchy (N82) atteindre la rentabilité. Les filiales sont fer- Réflexions communes sur la création
mées et, en 2003, forte de 50 personnes, d’entreprise
Après un service scienti- l’entreprise est cédée. En juin 2004, Laurent
Vermot-Gauchy quitte MAPORAMA qui, La création d’entreprises reste un parcours
fique, Laurent Vermot-
depuis, a été introduite en bourse. En difficile qu’il est quasiment impossible
Gauchy débute sa carrière
décembre 2005, il crée CRICKEE une d’appréhender seul. Il faut pouvoir toucher
chez XEROX en tant
société dans le domaine des télécommunica- une cible importante, une étude de marke-
qu’ingénieur commercial.
tions mobiles. CRICKEE offre à ses utilisa- ting est impérative. C’est pourquoi, une
Avec cette double compé-
teurs la possibilité d’envoyer des SMS gra- seule personne ne peut suffire car il faut plu-
Laurent tence, il est recruté par un
Vermot-Gauchy sieurs compétences dans plusieurs domaines :
cabinet de conseil spéciali- tuitement en utilisant un autre canal de
technique, juridique, marketing, commer-
sé dans les grands projets - TGV, porte- transmission, en l’occurrence le canal dédié
cial. Le chef d’entreprise doit avoir la capa-
avions, satellites... Il y fait développer un aux données (GPRS). La démarche peut
cité de discuter avec ces différents experts.
logiciel de gestion de tâches et de projets s’assimiler à la téléphonie via internet
En France, il est souvent difficile à une peti-
pour accompagner ses missions de conseil (VOIP) à l’instar de SKYPE. Après douze
te structure de vendre à des grands comptes
et participe ensuite à la création d’une struc- mois de développement et une phase de test,
w w w. m i n e s - s a i n t - e t i e n n e . o r g

d’autant que les processus de décision sont


ture dédiée qu’il va diriger afin d’en assurer le service est accessible gratuitement depuis
très longs et sont loin d’être en phase avec le
la commercialisation. Après la revente de septembre 2006 à l’adresse www.crickee.com.
développement d’une PME. Il est également
cette jeune pousse, il rejoint l’éditeur de Une deuxième version vient de voir le jour
difficile d’acquérir une crédibilité.
logiciel WINCAP Software. Etroitement en février 2007 avec, comme principale
associé à la mise en place de partenariats innovation, une fonction messagerie instan- Conclusion
internationaux, il exerce ensuite les fonc- tanée permettant de discuter en temps réel
tions de Directeur marketing produit jus- depuis son mobile. CRICKEE s’adresse Néanmoins, malgré toutes les difficultés
qu’en 1999. En 2000, il fonde MAPORA- essentiellement aux 15/30 ans, plus de 100 000 rencontrées, François Devoret et Laurent
MA et le site internet associé qui permet, utilisateurs l’ont déjà adopté. Le service est Vermot-Gauchy ne reviendraient nullement
entre autres, d’afficher des cartes et de cal- financé par un écran publicitaire non intru- en arrière et chaque étape avec ses difficul-
culer des itinéraires. En juin 2001, MAPO- sif (Coca Cola, Reebok, etc.). tés, voire ses déceptions, reste un enrichis-
RAMA compte 100 salariés. En pleine CRICKEE a également été créée sur fonds sement.
explosion de la bulle internet, il est décidé propres mais une levée de fonds est envisa-
d’arrêter tous les investissements pour gée courant 2007. Christine GOUNI (E76)

VISITE INSOLITE DU 1ER DÉCEMBRE 2006

Les Catacombes aussi plusieurs cryptes


dont certaines contien-
En cette froide journée de décembre, notre nent un autel ou une
groupe d’une petite quarantaine de partici- petite fontaine. Ces
pants est prêt à descendre dans les lieux ont toujours sus-
Catacombes avec notre conférencier Pascal cités beaucoup de
Payen-Appenzeller. curiosité et, selon les
époques, ont rassem-
Depuis 25 ans, les catacombes sont devenues blés des vivants pour
un lieu très touristique, mais leur création des fêtes ou des célé-
remonte à la fin du XVIIIème siècle. A cette brations quelles soient
époque, commencent des campagnes d’hy- religieuses ou franc-
giène : les couvents deviennent des hôpitaux, maçonniques par
les parisiens se plaignent des cimetières qui exemple.
sont de véritables foyers d’infections en
contaminant l’eau. Aussi, vers 1780, il est Finalement, un esca-
finalement décidé de créer un ossuaire dans Néanmoins, les Catacombes furent aussi lier nous permet de retourner dans la lumiè-
les carrières souterraines de la Plaine de aménagées avec des décorations funèbres, re et le monde des vivants et, pour oublier
Montsouris. Pendant presque deux ans, toutes ces amoncellements de crânes et de tibias,
des citations transcrites. Nous cheminons
les nuits, les ossements du grand cimetière rien ne vaut un bon déjeuner dans un petit
entre deux murs d’ossements qui sont dis-
des Innocents, situé dans le quartier des restaurant de la rue Daguerre, célèbre rue
Halles, furent déplacés et entreposés dans posés de manière à créer une façade plane
avec des crânes ou des tibias. Parfois, ils piétonne du XIVème arrondissement.
l’ossuaire. Par la suite, ce sont près de 300
cimetières parisiens qui ont été transférés et, dessinent même une figure ornementale
Christine GOUNI (E76)
aujourd’hui, on estime que cet ossuaire contient même si, au-delà de ces façades, ils sont
les restes d’environ six millions de personnes. entassés sans aucun ordre. Nous traversons

54 Mars/Avril 2007 - Revue des Ingénieurs ■


NANCY Nouvelles de l’École

LE FORUM l’honneur
d’animer une
EST-HORIZON conférence sur
le thème du
Retour sur l’édition 2006 “Challenge
Indien” en fai-
sant profiter les
P our sa 23ème édition, le Forum Est-
Horizon 2006 s’est affirmé comme le
plus grand forum de rencontre étudiants-
visiteurs de ses
dix années
entreprises de l’Est de la France. Organisé d’expérience à
par l’École des Mines de Nancy, l’ICN, l’international.
l’ESSTIN et l’ENSEM, cet évènement se
Depuis de
veut créateur de liens entre le monde du tra-
nombreuses
vail et l’enseignement supérieur. L’édition
années, BNP
2006 du Forum Est-Horizon a eu lieu les 8 Une vue de l’édition 2006
Paribas apporte un soutien moral et finan-

w w w. m i n e s . i n p l - n a n c y. f r
et 9 novembre derniers au Parc des exposi- cier. La direction du Réseau Est de la France
tions de Nancy. y participe largement. Cette année encore, autres, par des conseillers carrières
Faisant suite à cinq années de repli mar- BNP Paribas a été le premier contributeur d’Intermines, des représentants du Rotary-
quées par une baisse constante du nombre privé du Forum Est-Horizon. Club ainsi que des cabinets de conseil en
de visiteurs et du nombre d’exposants, nous recrutement.
Espace “École et Troisièmes Cycles” : de
avons réussi à inverser cette tendance qui Espace conférences : huit conférences se
grandes écoles et des universités ont présen-
caractérisait l’ensemble des forums natio- sont succédées au cours des deux journées,
té leurs formations, notamment en termes de
naux grâce à une très forte campagne de
troisièmes cycles. Par ailleurs, le “Village abordant entre autres les thèmes suivants :
communication cette année, attirant plus de
Lorrain des Écoles d’Ingénieurs” a permis l’International, la Création d’Entreprises,
3 800 visiteurs, ce qui correspond à une pro-
d’exposer la diversité des formations lor- l’Utilité des troisièmes cycles, les métiers
gression de plus de 38% par rapport à l’édi-
raines. Les quatre écoles organisatrices du de l’Audit, la Recherche...
tion 2005. Forum Est-Horizon (École des Mines, ICN,
Le Forum Est-Horizon conserve donc sa ESSTIN et ENSEM) ont également été L’édition 2007 se prépare
position de leader dans tout l’Est de la mises en valeur.
France et talonne ses plus prestigieux L’équipe du Forum Est-Horizon 2007
Espace “International” : divers orga-
confrères parisiens. Par ailleurs, la variété organisé par l’École des Mines de Nancy, en
nismes sont venus proposer des informa-
des supports de communication utilisés a partenariat avec d’autres écoles nancéennes,
tions sur les perspectives de carrières à
permis de diversifier le profil des visiteurs. a été élue le 7 décembre dernier en obtenant
l’étranger. Ils ont répondu à des questions
Le taux de satisfaction des visiteurs dépasse 83% des voix. L’équipe se compose de 24
concernant la recherche d’emploi à l’étran-
les 76% et parmi les étudiants à profil scien- membres dont 14 de l’École des Mines, 6 de
ger, la rédaction de CV en anglais ou en
tifique, il avoisine les 80%. l’ICN École de management, 2 de
allemand. Les conseillers d’EURES, ONI-
SEP, du CRIJ étaient présents, ainsi qu’un l’ESSTIN, 2 de l’ENSEM.
L’entrée au Forum est pour les visiteurs
entièrement libre. La majorité des stands a pôle de discussion animé par des profes- Cette nouvelle équipe s’est fixée différents
accueilli des entreprises venues à la fois ren- seurs de l’École des Mines de Nancy. objectifs audacieux afin de donner encore
seigner les visiteurs sur le monde de l’entre- plus de poids au Forum Est-Horizon, qui fait
Création d’Entreprises/PME-PMI : cet
prise et leurs opportunités de stage ou d’em- déjà partie des plus grands forums de
espace dédié à la création d’entreprises a
plois. Ils étaient animés par les Directions France. C’est pour cela qu’une alliance
accueilli de jeunes entrepreneurs et des
des Ressources Humaines des entreprises inter-forums mais aussi inter-écoles est for-
pépinières d’entreprises (3I Lorraine,
concernées. tement envisageable lors de l’édition de
INRIA/LORIA, Promotech CEI). Des
2007. L’aboutissement de ce projet permet-
De nombreuse entreprises étaient présentes conseils et un test de créativité étaient pro-
posés aux entreprises. tra d’accroître le rayon d’action du Forum
dans tous les secteurs d’activité : la banque,
en lui permettant de mieux cibler les entre-
la finance, le conseil, l’ingénierie, l’énergie,
Espace “Tables rondes” : des ateliers, prises de tailles nationale et internationale.
l’informatique, l’automobile, le transport, la
d’une capacité de 15 personnes et d’une L’impact médiatique de cette association
construction, les matériaux, la grande distri-
durée moyenne de 45 minutes ont permis de sera beaucoup plus important. Son intérêt
bution, ...
fournir des conseils précieux sur des sujets sera également d’améliorer les relations
Parrainage : Cette année, le Forum Est- aussi divers que les techniques actuelles de entre les différentes écoles. Les entreprises
Horizon était parrainé par Thierry recrutement, la rédaction de lettres de moti- auront alors une vision plus harmonieuse de
Delaporte, Chief Financial Officer de vation et de CV, ou des descriptions de toutes les rencontres qu ‘elles effectueront
Capgemini North America. Il nous a fait métiers. Cet espace a été animé, entre avec les étudiants.

■ Revue des Ingénieurs - Mars/Avril 2007 55


NANCY Nouvelles de l’École

NOUVELLES DES ÉCOLES expérimentées et de nouvelles recrues en première année à l’École
des Mines de Nancy ou à l’ICN se relance notamment dans l’aven-
ture du trophée Poséidon, concours destiné aux Grandes Écoles
Golf d’Ingénieur et organisé par DCN, leader européen du naval miliaire,
pour récompenser les trois meilleurs projets étudiants. L’année pas-
A près une année d’absence très remarquée, le Mines Golf
Trophy revient les 28 et 29 avril 2007. Douze mineurs de pre-
mière et deuxième année ont décidé de recréer cet événement de
sée, le MDV avait ravi la troisième place et s’était vu décerner la
somme de 5000 euros, à partager avec le BDE de l’École des Mines
grande envergure. Le but de ce tournoi de golf est de rassembler sur de Nancy.
les greens les élèves des grandes écoles et les cadres des plus Par ailleurs, le MDV se démène pour s’engager sur la continuité
grandes entreprises. avec son partenaire principal de l’année dernière, Nefective, une
La compétition se déroulera sur les golfs d’Aingeray et de Nancy- société d’informatique qui lance sur le marché le logiciel “Blu Age”,
Pulnoy. Elle réunira 80 participants d’origines très diverses. Les capable de créer automatiquement, en quelques minutes, un logiciel.
équipes seront constituées de deux étudiants et de deux représen- Sur le plan sportif, le Défi Terre a déjà mis en place un entraînement
tants d’entreprises. L’enjeu est de créer une atmosphère conviviale hebdomadaire et le Défi Voile est parti s’entraîner pendant les
propice à des échanges constructifs. vacances de la Toussaint, entre le 29 octobre et le 2 novembre.
Le Mines Golf Trophy est une formidable opportunité d’ouverture et L’entraînement s’est déroulé aux Sables d’Olonnes sur deux “Class
w w w. m i n e s . i n p l - n a n c y. f r

de rayonnement pour l’École des Mines de Nancy. Nous espérons que 8” en partenariat avec les sports nautiques sablais.
cet événement trouvera le soutien qu’il mérite. N’hésitez pas à contac- Les journées commençaient par un briefing théorique avec l’entraî-
ter l’équipe organisatrice pour de plus amples informations. neur afin de mettre en place des objectifs journaliers et de définir
Contact : Charles DECROP - charles.decrop@mines.inpl-nancy.fr - les apports théoriques en relation. Une fois sur l’eau les exercices se
06 61 91 50 51 succédaient à un rythme soutenu. Envoi de spi, virement de bord,
empannage, départ, passage de bouée ; chaque manœuvre a été
décortiquée dans les moindres détails. Un débriefing vidéo et des
Voile : Mines Défi Voile simulations de manœuvres à terre attendaient l’équipe voile à son
retour.

L’ association Mines Défi Voile regroupe 31 étudiants de l’al-


liance pédagogique ARTEM, à savoir des élèves de l’École
des Mines, de l’ICN Ecole de Management et des Beaux Arts de
Après une semaine d’efforts le bilan est plus que positif. Cet entraî-
nement a constitué pour l’équipe un solide point de départ pour la
Nancy. Cette année, le MDV met le cap sur la ville de Brest, qui a préparation à la Course Croisière Edhec. Les bases sont donc posées
été choisie, pour accueillir la 39ème édition de la course croisière pour cette nouvelle année. Nous souhaitons donc bonne chance et
Edhec. En quelques mots, cette course rassemble plusieurs milliers bon vent aux membres du Mines Défi Voile en espérant qu’ils pour-
d’étudiants autour de trois trophées : terre, mer et stand. L’année suivent sur leur lancée !
dernière, la course s’est déroulée à la Rochelle entre le 22 et le 29
avril. Ce fut une semaine particulièrement intense à tous les niveaux !
Poker

S urfant sur la vague de la mode du poker, c’est en avril dernier


qu’Antoine DUGUE (N05) et Olivier GENEST (N05) ont fondé
le Club Poker. Rapidement, le club s’afficha comme un incontour-
nable, avec plus de 30 inscrits à la première ligue, et une présence à
de nombreuses soirées. C’était sans compter sur l’arrivée des nou-
veaux élèves en septembre, qui, après quelques séances d’initiation,
prirent également goût au poker, obligeant le club à tenir deux
séances hebdomadaires pour satisfaire leur soif de jeu. Alors que la
ligue affiche presque cinquante inscrits en ce début d’année, le club
a récemment organisé, pour la première fois dans l’histoire de l’éco-
le, un tournoi de poker de grande ampleur. Ce ne sont pas moins de
33 personnes qui ont participé à cette première édition, jeudi 23
novembre, dont Sylvain EVEILLARD (N05) est sorti vainqueur
L’équipe de Mines Défi Voiles après plus de cinq heures de jeu, repartant avec une mallette de 300
jetons de poker. Fort de la réussite de ce premier évènement, le club
Pour sa sixième participation consécutive, l’équipe mer s’est classée compte continuer son activité de ligue, et organiser bientôt un nou-
36ème en catégorie Grand Surprise, l’équipe terre masculine a termi- veau tournoi de poker.
né 4ème sur 110 et l’équipe terre mixte s’est classée 52ème. Quant au
stand, il s’est vu décerné le titre de meilleur animateur !
La convention Anim’Est
Même si ses résultats sont plus qu’encourageants, Mines Défi Voile
ne s’endort pas sur ces lauriers et se donne les moyens de faire enco-
re mieux cette année ! L’association composée de deuxièmes années T out pour le Japon : Cinquième édition, cinquième succès ! Le
week-end des 18 et 19 novembre 2006, le Palais des Congrès de

56 Mars/Avril 2007 - Revue des Ingénieurs ■


NANCY Nouvelles de l’École

Nancy a attiré cette année encore plus de Œnologie


3000 visiteurs. Grâce à Anim’Est, une
convention sur le thème du manga et du jeu
vidéo organisée par les étudiants de l’École
Le club Œnologie des Mines de Nancy,
le Gewurztramineur, organisait cette
année un voyage de découverte des vins
des Mines et l’École Supérieure d’Alsace le Samedi 16 Décembre. La jour-
d’Informatique et ses Applications de née a véritablement commencé à 9h lorsque
Lorraine. nous sommes arrivés dans le petit village
A l’intérieur de la convention, les visiteurs typique d’Eguisheim pour une visite des
ont notamment pu trouver des boutiques caves de Wolfberger. À la fin de celle-ci
spécialisées, des fanzines (studios ama- notre guide nous a gentiment proposé une
teurs), des stands sur la culture traditionnel- petite dégustation. Comme il nous restait du
le japonaise, différents tournois de jeux
temps avant de repartir d’Eguisheim, nous Le Gewurztramineur
vidéo et musicaux, et de nombreuses activi-
sommes partis à sa découverte : magnifique !
tés en amphithéâtres (concours de déguise-
La journée s’est ensuite poursuivie par un les différentes sortes de vins alsaciens en
ment “ Cosplay “, projection d’animes,
repas spécial accords met-vins chez toute sérénité avec un tajine de bœuf ! Puis
karaoké...) et dans toute la convention
Wolfberger Colmar. A notre arrivée quelle nous nous sommes dirigés vers le marché de
(concours de dessin, quiz...).
n’a pas été notre stupéfaction en voyant la Noël médiéval de Ribeauvillé, avant de ren-

w w w. m i n e s . i n p l - n a n c y. f r
A l’extérieur, ils ont également pu assister à salle qu’on nous avait préparé : un amphi trer sur Nancy avec plein de bons souve-
un concert du groupe de rock japonais 101A ultramoderne avec crachoirs, lumières pro- nirs... (Contacts : Guillaume DEUCHE et
qui a fait la seule date française de sa tour- fessionnelles,… Nous avons pu ainsi déguster Thomas TRAUTSOLT)
née pour Anim’Est.
La convention est devenue un événement INTERMINES
incontournable pour les amateurs de mangas
de la région Lorraine, mais elle attire des
Toutes les ressources
visiteurs de toute la France, et même des de l’annuaire en ligne
pays frontaliers, qu’ils soient intéressés par
les mangas, la culture traditionnelle, ou tout Pour en bénéficier pleinement, vous devez d’abord accéder à votre espace privé. Vous pouvez alors
simplement curieux... Anim’Est bénéficie accéder à l’annuaire en ligne dans le pavé ‘Réseau’ ou par le menu de gauche, sous ‘Réseau des
Mineurs’.

Recherche simple
Les premiers critères sont accessibles sans connexion à l’espace privé, notamment par les visiteurs extérieurs.
“Le Père Noël est un Ils permettent de trouver un mineur particulier ou de lister une promotion entière (il est alors indispensable
Rocker” est un concert qui a lieu de choisir une école et utile de choisir un type de diplôme, voire un diplôme précis). La recherche sur
école-diplôme-promotion se fait sur l’ensemble des diplômes des mines enregistrés pour les anciens.
à Nancy dans le but de collecter des
jouets pour les enfants défavorisés. Recherche avancée
Cette année, la deuxième édition a Les critères suivants, dans la zone encadrée, ne sont accessibles qu’aux mineurs après connexion à l’es-
eu lieu le 13 décembre, organisée pace privé. Ils se combinent avec ceux de la recherche simple.
Ces critères sont destinés à une recherche de type réseau sur des critères professionnels ciblés.
par une équipe d’étudiants de l’Éco-
Pour la sélection de l’entreprise, il faut cliquer sur la loupe, puis choisir l’entreprise en accès alphabé-
le des Mines de Nancy. Des groupes tique ou en saisissant son nom ou une partie de son nom dans la zone ‘Recherche’ en haut à droite.
montants de rock festif ou électro, se La sélection du Secteur d’activité, de la Fonction (code fonction) et de la Zone géographique, se fait sur
faisant connaître surtout par leurs les listes qui sont utilisées pour vos coordonnées professionnelles. Vous pouvez sélectionner un niveau
concerts, s’y sont produits. Les Petites élémentaire ou un niveau regroupé (la hiérarchie est indiquée par le nombre de tirets avant le libellé).
Bourrettes, Oldelaf et Monsieur D ou Bien que les Mini CV soient peu renseignés actuellement, il est possible de faire une recherche sur leur
contenu (vous trouverez le wesmestre via une recherche sur ‘Intermines’).
encore Gravities ont donné un show
exceptionnel, et grâce à eux près de Résultat de la recherche
deux cents jouets ont pu être reversés La liste obtenue est affichée sous les critères de sélection (il faut utiliser l’ascenseur vertical) et comporte
au Secours Populaire. Ces jouets ont au maximum 200 noms, ce qui permet de voir toute une promotion, sachant que les sélections sur des
critères professionnels doivent être ciblées pour être efficaces.
été redistribués lors de la journée de
Tous les diplômes des mines d’une personne sont affichés. La société et l’icône d’accès à la fiche d’iden-
Noël annuelle organisée au profit tité (colonne Coord.) ne sont présentes que si les informations correspondantes sont disponibles. Elles ne
des plus démunis. L’objectif de l’évè- le sont notamment pas si la personne est décédée (indiquée par une croix à gauche) ou perdue de vue
nement est bien sûr de prendre de (indiquée par une loupe dans un cercle à gauche)
l’ampleur, et de devenir à terme un
Bonne navigation sur le site commun à votre association et à Intermines,
festival d’une semaine digne de celui à l’adresse ci-dessous correspondant à votre école :
de Lille (le Père Noël est-il un Rocker ?) www.mines-paris.org • www.mines-saint-etienne.org • www.mines-nancy.org
ou de Nice (le Père Noël monte le
son). Paul KOPP (P64), webmestre du site d’Intermines

■ Revue des Ingénieurs - Mars/Avril 2007 57


INTERMINES Vœux 2007
ACTUALITÉ Inauguration des locaux
d’INTERMINES
Les nouveaux locaux d’Intermines, situés 32 rue du Mont Thabor à Paris 1er, ont
été inaugurés le 16 janvier 2007.
Jean-Yves Koch, Président d’Intermines et Jean-François Macquin, Délégué
général, devant une nombreuse assemblée ont fait part de leur volonté et leurs
Discours de Jean-Yves KOCH
espoirs pour développer les activités d’Intermines.
Président d’Intermines

T out d’abord
bienvenue
et merci à vous
ont participé à notre œuvre. Malgré tout
je ne résiste pas à l’envie de dire merci,
pêle-mêle à Anne-Marie Quévrain, pour
trois enjeux à adresser :
• Continuer l’adaptation / l’amélioration
constante de nos services communs,
toutes et tous son engagement dans la durée, ainsi qu’à mutualisés pour plus de professionna-
d’être venus l’équipe de secrétariat et de support (je lisme, plus d’efficacité économique,
nombreux. salue l’arrivée de notre nouvelle assistante plus d’impact par la richesse d’un
Catherine Delpet), à mon honorable réseau de 16 000 membres, plus de visi-
Je voudrais sim- confrère le BCG, pour sa contribution à bilité,
plement vous l’élaboration de Trajectoires, à Bruno • Partager nos points de vue et si possible
dire quelques Grison qui a dû nous quitter mais a beau- harmoniser nos actions dans nos
mots, avant de coup fait, à François Vinçotte, André influences respectives vers nos trois
passer la parole à notre nouveau Délégué Grandjean, Jacques Schrobiltgen et au écoles et ceux qui décident de leur avenir
général Jean-François Macquin et avant de comité de rédaction tout entier, qui ont • Préserver / accroître notre solidarité et
partager cette soirée avec vous, au nom du notre réputation.
relancé la dynamique de la Revue, à
triumvirat que forment les trois
Francis Lancelot et aux animateurs Ceci pose bien entendu la question des
Présidents des Associations des Anciens
d’Intermines Carrières, au centre de notre moyens humains et financiers qui sont
de Paris - Saint-Étienne et Nancy, sorte de
dispositif, et, last but not least, à Paul encore limités. Jean-François y reviendra.
troïka qui, même si nos avis sont parfois
Kopp qui, avec constance, nous a aidé à Mais ces enjeux appellent aussi des orien-
différents, nous condamne à l’unité d’ac-
traverser cette période quelque peu agitée tations, des politiques claires et partagées
tion, gage de solidarité et d’efficacité,
et s’est magnifiquement occupé du site entre nous tous, qu’il s’agisse :
ainsi que nous l’avons vécu cette année au
Intermines et de notre administration. • D’Intermines Carrières et de la Revue :
travers de quelques épreuves en Province
ou à Paris. Que les autres me pardonnent ... ! beaucoup a été fait, il faut aller plus
Merci aussi aux directeurs des Écoles de loin pour répondre aux évolutions
Mais cette condamnation a été rendue Paris - Saint-Étienne et Nancy qui sont là démographiques, aux besoins / aspira-
d’autant plus douce que nous avons fait ce soir, signifiant ainsi l’importance que tions de nos membres, aux opportunités
preuve de connivence et de convivialité. nous donnons à l’avenir, que nous espé- des technologies (notamment de l’infor-
J’espère donc que François Glémet et rons le plus commun possible, de nos mation / communication). Merci aux
Claude Orphelin ne me contrediront pas, plus jeunes qui ont beaucoup à nous
trois écoles. Je fais d’ailleurs l’hypothèse,
enfin... pas trop ! Mais notre principal apprendre, à apporter et ... à recevoir.
en tout cas le vœu, que la présence de
risque n’est-il pas l’indifférence qui, • Des Clubs Professionnels, dont nous
Paris en la personne de Benoît Legait, qui
comme le disait le Docteur Schweitzer, saluons le dynamisme : quels secteurs /
avait certes une distance moins grande à
est une paralysie du cœur ? thèmes couvrir ? Quelles ambitions /
parcourir, traduit un intérêt et un soutien
pour notre action égaux à ceux des direc- visibilité donner ? Au-delà des interve-
Pourquoi sommes-nous réunis ce soir ? nants, comment associer de hautes per-
Bien sûr pour célébrer, à l’occasion de la teurs de Saint-Étienne et Nancy. Merci
vivement d’ailleurs à Benoît d’avoir à sonnalités ? Quel élargissement, sans
nouvelle année, l’inauguration de nos perdre son âme, aux autres associations
nouveaux locaux Intermines, mais aussi nouveau accueilli cette année les Anciens
de Nancy et Saint-Étienne dans tes murs. d’école ?
pour rappeler que notre communauté n’a • D’XMP Entrepreneurs et XMP
d’existence que par la volonté de ses Pour l’avenir nous avons me semble-t-il, Business Angels.
membres, qui en sont les actionnaires
donc les mandants directs, qu’elle est le
fruit à la fois d’une tradition (Intermines
existe depuis 1983) et d’un engagement
dans la modernité. 2006 a vu en effet la
mise en œuvre de notre projet
Trajectoires, dont François a été l’instiga-
teur, et qui a permis de tracer de nou-
velles perspectives pour Intermines.
De peur, certaine, d’en oublier en voulant
citer des noms, je dis d’abord merci à tous
ceux, largement représentés ce soir, qui

58 Mars/Avril 2007 - Revue des Ingénieurs ■


• Des Groupes Régionaux : comment nant les évolutions des réseaux d’écoles : limites, que notre imagination, notre
renforcer notre esprit d’appartenance, le GEM (quelle suite à OSEM 2 ?), ambition et notre disponibilité.
notre cohésion en restant “soudés” pour Paris Tech qui est une formidable
le “meilleur” emploi, pas seulement à opportunité (nous sommes prêts à aider Vous faites une fois encore la démonstra-
Paris mais aussi en Régions et “over- notre tête de réseau Paris à faire poids tion par votre présence et votre engage-
seas” ? dans cet ensemble qui s’annonce large ment qu’initiative et cohésion sont nos
• De l’élargissement harmonieux de nos et prestigieux). meilleurs principes d’action.
associations à d’autres diplômés que la • De notre place dans le monde, très chal-
filière de référence Ingénieur Civil des lengé par les formations “business”, des Je vous donne rendez-vous autour de l’été
Mines (masters, docteurs) en liaison ingénieurs et scientifiques (CNISF, ...). pour notre rencontre, désormais annuelle,
avec nos écoles des Groupes Régionaux et des Clubs
• De notre image Ni auberge espagnole, ni état-providence, Professionnels, ainsi qu’au printemps
• De nos moyens : l’impact de la non notre communauté de moyens voire d’in- pour notre cocktail annuel, cette fois chez
déductibilité fiscale des cotisations fluence, est d’abord au service de nos AREVA.
devrait être très limité. Mais jusqu’ou adhérents. Même si nous n’avons pas à
devons-nous aller dans le renforcement rougir par rapport à d’autres pratiques,
et l’emploi de nos moyens financiers ? même si nos moyens sont (encore et sur- Merci encore pour votre engagement et
• De notre vigilance / influence concer- tout) limités, nous n’aurons d’autres votre attention et très bonne année.

Discours de Jean-François MACQUIN, Délégué général d’Intermines


d’entre nous. Ce projet visait à s’interroger sur
C hers cama-
rades, chers
amis, Mesdames,
l’offre des services proposés à tous les membres
des associations et, en filigrane, rénover une
déficit de communication. Tout bénévole
se sentant une âme de “grand communi-
cant” sera le bienvenu.
Messieurs, image jugée, je cite, obsolète voire désuète. Le dernier Comité directeur d’Intermines
Déjà certaines suggestions ont été mises en a décidé de la création d’un logo
Comme Jean- œuvre. Ces nouveaux locaux en sont la preuve. Intermines qui sera un signe d’identifica-
Yves l’a si bien tion de toutes nos activités.
fait, et afin de ne Examinons ce qui est en cours d’évolution
pas nous répéter, et je l’espère d’amélioration. • Les clubs sont jugés fort utiles car ils
je me contente- • Il était vivement recommandé de ren- représentent notre potentiel de
rai de vous pré- forcer la Communication et l’animation réflexion et de dialogue. Mais ils ont
senter, au nom de toute l’Équipe des per- du réseau. besoin pour certains d’un bon lifting.
manents et des bénévoles, nos meilleurs - Le site Internet a été rénové et nous Est-il normal que seulement 16% des
vœux et de vous souhaiter une excellent devons chaleureusement féliciter Paul Mineurs se soient intéressés à un club
santé à vous et à tous vos proches. Kopp pour tout ce qu’il a fait. Ce site sans forcément y participer ?
est un solide tronc d’arbre. Il faut que Je tiens vivement à remercier tous les
Cependant, je tiens à saluer vivement la les branches s’y développent. Les sites bénévoles qui les animent.
présence de nos jeunes camarades encore divers et variés des Clubs Les Présidents des trois associations
élèves. Professionnels et des Groupes veulent en augmenter le rayonnement.
Intermines, je le rappelle, est une associa- Régionaux doivent s’y raccorder et Des Présidents de clubs à bonne visibi-
tion de services fondée par les trois l’enrichir dans un esprit d’ouverture et lité devraient nous y aider.
Associations d’anciens élèves diplômés de solidarité. La bonne fréquentation Ces clubs s’associent souvent aux clubs
des Mines de Paris, Saint-Étienne et de ce site sera un atout essentiel de d’autres Grandes Ecoles. C’est très bien
Nancy. notre développement et de nos reve- mais à condition de ne pas nous dis-
nus. Je tiens aussi à citer l’importance soudre trop dans un ensemble plus
C’est un très riche réseau de 16000 de la mise à jour des adresses e-mail de vaste.
membres mondialement implanté, actif nos camarades ce qui va permettre une • Intermines Carrières se renouvelle pro-
et qui a largement contribué, et contribue approche rapide et personnalisée. Paul gressivement. Fort heureusement peu
toujours, au développement de notre Kopp, dans sa grande sagesse, nous de camarades sont en recherche active
industrie, de notre recherche et de nos réserve quelques surprises visant à une d’emplois (moins de 1%). En revanche,
activités de services. meilleure animation du site. sous l’impulsion de Francis Lancelot et
Fin 2005 ont été présentées les conclusions du - La Revue qui, sous l’impulsion de de son équipe, Intermines Carrières
projet Trajectoires auquel ont participé 1200 François Vinçotte, va essayer d’être s’oriente plus sur l’aide au pilotage de
encore plus attractive et plus ouverte carrière et à la mobilité professionnelle.
sur l’extérieur. - De nouveaux conseillers carrières
- L’annuaire va être profondément revu nous ont rejoints. Des antennes en
en 2008 suite à un travail préparatoi- région se développent.
re en 2007. - Le réseau carrière s’est recentré sur 74
- Nous allons aussi essayer de lancer une camarades actifs et disponibles.
newsletter électronique fin 2007 dont - Les divers ateliers fonctionnent très
le contenu reste à valider. J’espère bien : UFF, Tremplin, les ateliers ani-
qu’un petit groupe de bénévoles de més par Jacques Darmon.
toutes générations se sentira d’attaque - Toutes ces activités sont décrites et
pour mener à bien cette tâche. annoncées sur le site internet.
Nous allons ainsi essayer de combler le Nous avons la chance que notre pays et

■ Revue des Ingénieurs - Mars/Avril 2007 59


l’Europe vont manquer d’ingénieurs. Les régionaux Maroc, Tunisie et Brésil
recruteurs sont en recherche, c’est une reprennent une vie plus active. Quant au
chance durable pour nous. club Asie nous ne pouvons qu’encourager Messe des Mines
• Je voudrais aussi citer : XMP son développement.
Entrepreneurs, XMP Business Angels Il est rappelé que la Messe des Mines aura
Bref beaucoup d’attentes à satisfaire et de
où la présence des Mineurs ne peut que recommandations à mettre en œuvre. lieu le 13 mai à 10h à la Chapelle de
se renforcer et enfin l’association X- Celles-ci sont décrites dans la présenta-
Mines Consult qui entretient des liens Saint-Louis de Gonzague (12 rue
tion finale du projet Trajectoires dispo-
étroits avec Intermines. Benjamin Franklin 75016 Paris). Cette
nible sur le site internet pages 18 et 19.
messe sera rediffusée sur France-Culture.
Les Groupes régionaux ont un rôle Cependant rien ne se fera sans du temps,
important à jouer pour relayer les ser- des ressources humaines et financières.
vices proposés par Intermines mais aussi Les ressources humaines, ce sont les béné- Une causerie sera organisée ensuite sur
pour être les promoteurs des activités voles actifs, c’est-à-dire beaucoup d’entre l’enseignement social de l’Église.
locales. Afin d’éviter l’image trop pari- nous et je vous en remercie. Quant aux
sienne d’Intermines, nous comptons sur ressources financières, elles viennent
la technologie avec internet pour nous principalement des cotisations. Chacun a Pour plus d’information vous pouvez
rapprocher de tous nos membres. le devoir d’essayer de toucher les cama- contacter Philippe Lauwick :
rades qui se seraient un peu trop éloignés • Tél : 01 58 55 28 74 (bureau) - 01 45 55
Nous souhaitons aussi mieux nous adres- en leur décrivant les services offerts.
ser aux Mineurs dispersés dans le monde. 98 04 (domicile) et de préférence par e-
Internet va y contribuer. Cependant il Comme le dit Confucius : “On ne voit mail : plauwick@noos.fr
semble indispensable que les Groupes jamais l’orage par beau temps”.

COCKTAIL INTERMINES
Madame Anne LAUVERGEON
Présidente du Directoire d’AREVA

nous recevra

Mercredi 23 mai 2007 à 18 heures

AREVA
33 rue La Fayette, 75009 Paris

Renseignements et inscriptions auprès de vos associations respectives

Paris Saint-Étienne Nancy


01 46 33 23 50 04 77 32 46 13 01 46 33 23 72
73

60 Mars/Avril 2007 - Revue des Ingénieurs ■


INTERMINES
CARNET

Nous avons le plaisir Maurice LADURE (E34) et 5ème arrière arrière (E37) André ROCHE, le 5 février 2007, à St
de vous faire part du petit-enfant de Georges GIRAUD (E1906, décé- Etienne
dé), le 30 mai 2006. (E50) Jean-Michel TRILLON, le 3 mars 2007, à
MARIAGE de : (E96) Stéphane De GELIS, sa fille, Albane, le 16 Angers
avril 2006, à Hainburg (Autriche). (E63) Bertrand MARREL : son épouse Marie-
(E98) Olivier MASSOL avec Julie JAFFRENOU, le
(E96) Muriel PAEPEGAEY, son 2ème fils Clément Thérèse MARREL, fille de Maurice LADURE
3 février 2007, à Plaisir (78)
né le 22 février 2007 à Thyez. (E34) et petite-fille de Georges GIRAUD (E1906,
(E98) Sébastien PERRIER avec Aksah CAPO-
(E00) Luc RELIGIEUX : Léonie, sa 2ème fille, le 13 décédé), le 28 octobre 2006
BIANCO, le 22 décembre 2006, à Santa Cruz
février 2007, à Lille. (E94) Grégoire ROBIN, janvier 2007, à Versailles.
(Bolivie)
(N99) Cédric DINGENS avec Odile BIRI, le 28 (N89) Agnès GRIMONT son fils Antonin le 29
RECTIFICATIF
avril 2006 au Luxembourg novembre 2006, frère de Camille et Paul.
(N95) Chrystel COASSIN et Julie DEFER Une information erronée nous a fait
(N96) leur 2ème enfant Solange le 3 décembre annoncer, dans le précédent numéro, le
Nous sommes heureux décès de notre camarade Jean-Louis
2006.
de vous annoncer la (N97) Michaël ZINDANI sa fille Maeva le 5 Gastine (N66).
NAISSANCE de : décembre 2006. Jean-Louis est heureusement bien en vie
(N99) Cédric DINGENS sa fille Lise le 17 sep- et nous le prions de bien vouloir nous
(P54) Pierre ROUAULT, son petit fils Achille né le excuser pour cette regrettable erreur.
tembre 2006.
2 mars 2007 chez son fils Yann. (N90) Sébastien LEFORT fils de Marc
(P55) Pierre CROISILLE, ses 19ème, 20ème et LEFORT (N60) sa 2ème fille Mila le 26 sep- (N28) Pierre SIFFRE le 13 décembre 2006
21ème petits-enfants, Aude CROISILLE le 6 sep- tembre 2006. (N35) Pierre GAUCHOTTE le 11 octobre 2006
tembre 2006, Blanche DUHESME le 6 décembre (N39) Pierre AICARD le 18 novembre 2006
2006 et Damien MAYAUD le 26 février 2007. (N44) Roland THOMAS le 19 janvier 2007
(P86) Annaïk JUHUETTE, ses jumeaux Manon et Nous avons la tristesse de vous (N84) Mahaman Laouan YACOUBA en
Adrien, sœur et frère de Ludovic, le 24 novembre informer du DÉCÈS de : décembre 2006
2006. (N56) Manuel de ALMEIDA le 22 février 2007
(P88) Véronique MONIER (née MARIAT), sa fille (P38) Jacques CLERIN, février 2007.
Madeleine, née le 12 décembre 2006. (P41) Henri d’AINVAL, le 22 janvier 2007.
(P91) Eric JUILLET DE SAINT LAGER, sa fille (P49) André MISK.
Amandine, sœur de Paul, Alice et Hugo, le 26 (P43) Gustave RAMBAUD, le 23 janvier 2007.
janvier 2007. (CM45) Jean LEREBOURS-PIGEONNIERE, le 16
(P96) Émilie DELACOURTE (née DUBOIS), sa octobre 2006.
fille Clémence, sœur de Marie, le 7 février 2007. (P52) Jean-Paul ROBERT, le 4 décembre 2006.
(E41) Auguste CHAMORET : Basile BEDEL, son (E33) Jean DEVIGNE, le 16 janvier 2007, à Caen
arrière petit-fils, 27 janvier 2007, à Neuilly-sur- (E33) Yvan MICHEL, le 12 janvier 2007, à
Seine Marseille
(E63) Bertrand MARREL : Jules MARREL son (E37) André BERMOND, le 23 février 2007, à St
4ème petit-fils et 5ème arrière petit-enfant de Jean de Luz


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■ Revue des Ingénieurs - Mars/Avril 2007 61


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