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Gestion des eaux pluviales, usages et zone humide

urbaine - parc Ouagadougou de Grenoble


V. Giroud, P. Jacquelin, P. Cantone

To cite this version:


V. Giroud, P. Jacquelin, P. Cantone. Gestion des eaux pluviales, usages et zone humide urbaine -
parc Ouagadougou de Grenoble. Novatech 2013 - 8ème Conférence internationale sur les techniques et
stratégies durables pour la gestion des eaux urbaines par temps de pluie / 8th International Conference
on planning and technologies for sustainable management of Water in the City, Jun 2013, Lyon, France.
�hal-03303479�

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NOVATECH 2013

Gestion des eaux pluviales, usages et zone humide


urbaine - parc Ouagadougou de Grenoble
Rainwater management and social practices in
Ouagadougou Park, town of Grenoble

V.Giroud*, P.Jacquelin**, P.Cantone**


* Bureau d’études SINBIO - Espace Synthèse - 81 route de Bordeaux - 69 670
VAUGNERAY - contact@sinbio.fr
** Ville de Grenoble - 11 boulevard Jean Pain - BP 1066 38021 GRENOBLE -
Direction des projets urbains - philippe.jacquelin@ville-grenoble.fr
Service Maitrise d’Œuvre - patrice.cantone@ville-grenoble.fr

RÉSUMÉ
Cette publication décrit la gestion innovante des eaux pluviales du parc Ouagadougou, sous ses
aspects urbain, paysager, hydraulique, ludique, et écologique.
Ce parc de la ville de Grenoble a été ouvert au public en 2008. Sur environ 1ha, il propose des jeux et
un espace enherbé, recueillant dans le même temps des eaux pluviales de toitures et voiries.
L’originalité du parcours des eaux pluviales est qu'elle comporte de nombreux aspects : collecte
superficielle, traitement des ruissellements par un filtre planté de roseaux, stockage, irrigation de
jardins thématiques, création d’une zone humide urbaine à vocation de rétention.
Le cheminement de l’eau jusqu’au cœur du parc, anime les différents espaces et renforce l’attractivité
de l’aménagement par son caractère ludique pour les enfants.
Cette publication montre également que ce parti pris sur les eaux pluviales transforme des contraintes
de conception en avantage du point de vue paysager (nivellement) et entraine des évolutions
d’entretien qui par exemple diminuent le salage hivernal et ses impacts. Il sera également évoqué des
aspects relatifs à l'appropriation et au ressenti du lieu par les habitants et passants.

ABSTRACT
This publication describes innovative rainwater management in Ouagadougou Park from the
urbanism, landscaping, hydraulic, recreational and ecological points of view.
Ouagadougou Park in Grenoble opened to the public in 2008. Covering an area of about 1 hectare, it
comprises mainly areas for games and grass, as well as collecting rainwater from roofs, paths and
roads.
The water circuit has many aspects: surface water drainage, runoff water treatment by reed bed filters,
water storage, garden irrigation and creation of an urban wetland area with flood storage functions.
Water circulates throughout the park, enhancing certain areas and making it more attractive and
entertaining or children.
This publication also shows that this approach to stormwater transforms design obligations into
landscaping opportunities (grading) and brings changes to maintenance methods, such as reducing
salt use on roads in winter and its impact. Mention is also made of the way in which the park is
perceived and experienced by local residents and passers-by.

MOTS CLES
Collecte superficielle, Gestion des eaux pluviales, Irrigation, Traitement, Zone humide

Finaliste aux Trophées / Awards Novatech 2013.


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A3 - ESPACES PUBLICS / PUBLIC SPACES

1 INTRODUCTION
Situé dans le Sud-Est de la ville de Grenoble, le parc Ouagadougou, ouvert au public courant 2008,
s’inscrit dans la continuité du nouveau quartier HQE de la ZAC Teisseire.
Baptisé ainsi en référence à la capitale du Burkina Faso, jumelée avec Grenoble, ce parc a été réalisé
dans une logique de développement durable et de cohésion sociale. Dès sa conception, il a visé à
satisfaire un triple objectif :
 Offrir aux habitants de cette zone urbaine sensible un espace vert majeur ;
 Faire de l’aménagement, l’articulation entre deux quartiers d’habitats sociaux en cours de
restructuration ;
 Installer une gestion des eaux pluviales alternative et innovante à l’échelle du parc et de la ZAC,
permettant de limiter non seulement les débits mais aussi les volumes cumulés repris par le
réseau unitaire aval.

Ce troisième objectif est l’objet principal de la présente publication, qui montre également la
compatibilité de cette approche avec l’objectif premier d’espace vert.

2 LE PARCOURS DE L’EAU
Après avoir rappelé les objectifs du parcours de l’eau dans le quartier, nous le décrivons pas à pas
depuis la collecte jusqu’à la zone humide de cœur du parc.

2.1 Objectifs
Dans un esprit de développement durable, il a été demandé par la ville de Grenoble en préalable à la
conception du parc de réutiliser au mieux les eaux pluviales au droit du parc. Cet aménagement est le
premier parc urbain de ville pour lequel cette demande a été une priorité.
Cette gestion des eaux pluviales peut être abordée suivant différents aspects :
 Collecte des eaux pluviales, stockage et réutilisation en arrosage pour limiter la dépendance de
l’aménagement au réseau d’eau potable ;
 Mise en valeur du parcours de l’eau par la réalisation d’événements animant le parc (jeux
d’eau,...) ;
 Collecte des eaux pluviales afin de permettre la création d’une végétation spécifique de milieu
humide, à vocation ou non de zone de rétention.
Le parti pris de l’équipe de maitrise d’œuvre (Paysagiste Mandataire: ADP Dubois ; BET Gestion des
eaux pluviales : SINBIO ; BET VRD : E2CA) a été de mettre en valeur l’eau pluviale dans
l’aménagement, sous toutes ces facettes, mais surtout de faire du cheminement de ces eaux une
ligne directrice connectant le parc au nouveau quartier et dirigeant le promeneur de l’extérieur,
jusqu’au cœur du parc.

2.2 Bassin versant collecté versus besoins en irrigation


Afin de proposer un aménagement, basé sur la réutilisation des eaux pluviales, qui présente un
fonctionnement pérenne dans le temps et suivant les saisons, la gestion des eaux pluviales au droit
du parc de 1ha s’est vite révélée insuffisante en terme de volume d’eau disponible par rapport au
besoin (irrigation de jardin, création de zone humide,...).
Il a rapidement été question dans la conception du parc de collecter une partie des eaux pluviales
disponibles en périphérie du parc. Au final, le parc collecte dans sa partie Ouest :
 Les ruissellements de la rue Kaunass, créée en même temps que le parc et desservant le
nouveau quartier Teisseire. La surface active collectée est de 1300 m², y compris trottoirs ;
 Les ruissellements des cheminements piétons traversant la ZAC Teisseire et pentés vers le parc

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(venelles et allée Essen), soit 1000 m² environ ;


 1500m² de toitures terrasses des nouveaux immeubles du quartier Teisseire permettant un renvoi
gravitaire des eaux de pluie vers l’allée centrale Essen constituant la coulée verte de la ZAC
Teisseire.
À ces surfaces s’ajoutent également les 850 m² du parvis à l’Est du parc, réalisé en béton désactivé.

Rue Kaunass

Parc

ZAC Teisseire

Allée Essen Jardins thématiques


Coulée verte

Vue aérienne du parc et de la ZAC Teisseire (Source ADP Dubois)

2.3 Cheminement des eaux


Le cheminement des eaux est
réalisé entièrement en surface et
gravitairement. Au fil de l’eau se
succèdent : collecte, traitement,
rétention, événement ludique,
irrigation, et alimentation d’une zone
humide.

Parcours de l’eau

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A3 - ESPACES PUBLICS / PUBLIC SPACES

2.3.1 Collecte des eaux pluviales


Au cœur du quartier Teissier, un caniveau en béton a été mis en place le long de l’allée Essen. Il
collecte les ruissellements provenant de l’allée, des venelles transversales et des eaux de toitures des
bâtiments périphériques.
Les eaux de toitures sont acheminées par des petites rigoles, protégées par des caillebotis, jusqu’au
caniveau central. Ces rigoles seront intégrées dans le modelé paysagé prévu au niveau de l’allée
Essen.
A la jonction de l’allée avec la rue Kaunass, les eaux sont collectées par un regard de décantation et
canalisées vers un canal d’irrigation.

La Rue Kaunass, quant à elle, a été profilée en direction du parc et des systèmes de caniveaux
grilles ont été mis en place pour permettre le transfert des eaux vers le parc.

Système de collecte des eaux de toitures – caniveau de l’allée Essen – collecte des eaux de voirie

A l’heure actuelle, le caniveau central et la reprise des eaux de toiture sont en cours de construction.
Du fait des délais importants de livraison des différents immeubles du quartier, cette source
d’alimentation en eau du parc n’est pour l’instant pas effective.

2.3.2 Le traitement des eaux de voirie


Pour satisfaire ses besoins en eau, le parc collecte deux types de ruissellements :
 Des ruissellements issus de voies de circulation piétonnes, couplés à des eaux de toitures. Ces
ruissellements sont considérés comme « propres » et directement utilisables pour l’irrigation de
jardins.
 Des ruissellements de voirie, potentiellement chargés en hydrocarbures et en métaux lourds, avec
un risque de pollution accidentelle (fuite de carburant,...). Afin de ne pas présenter de nuisances
pour les plantations irriguées et pour les visiteurs du parc, il a été choisi de traiter ces
ruissellements.
Le système de traitement jugé le plus efficace pour ce type de micro-polluants est la filtration plantée,
qui en outre trouve bien sa place dans ce contexte de parc. Elle consiste en une percolation des eaux,
à débit limité, au travers d’un massif filtrant de 35 cm d’épaisseur, planté de roseaux (Phragmites
Communis). Ce traitement présente également l’avantage de réaliser une rétention des eaux, par
temps de pluie, à la surface de ce filtre végétalisé.
Comme indiqué dans la publication de Giroud.V et Al., Les filtres plantés de roseaux pour le traitement
des eaux pluviales : Notion d’efficacité, 2007, ce type de traitement présente un bon abattement des
MES (95%), des métaux lourds (80% environ pour Pb et Zn) et des hydrocarbures (>80%).
Une fois traitée, les eaux peuvent être mélangées avec les eaux de toitures et stockées en vue d’être
utilisées pour l’irrigation.

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Coupe de principe du canal de traitement des ruissellements de voirie

Ce traitement et cette rétention sont réalisés dans deux canaux en béton, en bordure Est du parc.
Par temps de pluie, le niveau d’eau dans le canal d’irrigation augmente et met en charge une rangée
de « pissettes » ou « barbacanes », animant le parc et rendant ludique les promenades par mauvais
temps.

Canaux de traitement par filtre planté de roseaux et d’irrigation délimitant l’Est du parc – Pissette d’irrigation

La hauteur de ces canaux a été déterminée pour permettre la rétention d’une pluie de période de
retour 6 mois pour la voirie, avant surverse des eaux vers le canal d’irrigation puis vers le parc.
Des vannes d’irrigation sont présentes tous les 20 m au droit du canal pour permettre, par temps sec,
l’alimentation en eau des jardins thématiques.

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A3 - ESPACES PUBLICS / PUBLIC SPACES

2.3.3 L’irrigation des jardins


Coté Est, le parc présente quatre jardins thématiques symbolisant chacun un conte du Dauphiné, et
mettant en scène des jeux pour enfants (poutres en bois, parcours à travers des pas japonais,....).
Afin de limiter au minimum la pose d’arrosage automatique, la végétation des jardins est arrosée par
les eaux pluviales amenées par des canaux d’irrigation alimentant des sillons tracés à travers les jeux.

Plan et photo du système d’irrigation (Coupe BB’)

2.3.4 La création d’une zone humide


En hiver et en période de forte pluie, les canaux d’irrigation sont saturés et le débit d’eau excédentaire
surverse vers le point bas du parc.
De plus, les jardins sont équipés de drains agricoles. En cas d’apports d’eau excessifs, le surplus est
également évacué au point bas.
Cette zone plus humide constitue un bassin de rétention jusqu’à une pluie de récurrence supérieure à
2 ans. Pour cette pluie, la zone humide s’étend sur 800m².
L’infiltration étant très faible, la zone se vidange avec un débit limité vers le réseau d’assainissement
unitaire longeant le parc. Ce débit de vidange est conforme au règlement d’assainissement de la ville
(5l/s/ha), soit en l’occurrence 4,3 l/s, gérés par deux orifices calibrés de 50 mm.

Plus qu’un bassin de rétention, cette zone permet une diversification des milieux présents en
permettant la création d’un écosystème humide.

Zone humide vue en 2009 et en 2012 : après 3 ans, la palette végétale se diversifie

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2.4 Impact sur la conception du parc


La volonté de collecter et de valoriser les eaux pluviales au niveau du parc a généré un certain
nombre d’adaptations par rapport à l’esquisse initiale envisagée pour l’aménagement. Ces
adaptations, issues au départ de contraintes techniques, sont devenues des avantages en terme
d’intégration urbaine et paysagère.

2.4.1 Echanges avec les promoteurs


La récupération des eaux de toitures des bâtiments a nécessité tout un échange avec les promoteurs
des différents immeubles et leurs bureaux d’études Fluide, pour dimensionner le plus en amont
possible le réseau d’évacuation des eaux pluviales à l’intérieur des bâtiments.
Suivant l’état d’avancement des études des bâtiments, cela n’a pas toujours été possible.
Cependant, pour les projets où la récupération a pu être réalisée, tout le monde y a gagné :
 Davantage d’eau pour faire vivre le parc ;
 Economie financière et d’emprise pour le promoteur, qui a ainsi pu réduire ou supprimer, suivant
le cas, les dispositifs de rétention des eaux pluviales obligatoires avant tout rejet dans le collecteur
unitaire, déjà saturé par temps de pluie. A noter que le débit de restitution au réseau ne doit pas
être supérieur à 5l/s/ha.

2.4.2 Profil des cheminements périphériques


Afin de collecter le maximum d’eau pluviale, les profils en long et en travers des voies ont été revus.
Coté Ouest, le dévers réalisé sur le parvis permet de diriger les ruissellements pour partie :
 vers les massifs plantés dans cet espace, et ainsi de s’affranchir de l’arrosage automatique ;
 vers la pelouse centrale, par un réseau de diffusion et drainage sous la terre végétale.

2.4.3 Optimisation du nivellement et des terrassements


Compte tenu du contexte globalement plat, le parc n’aurait pas pu reprendre et valoriser les eaux
pluviales si elles avaient été collectées en amont par des réseaux enterrés classiques. En effet ces
derniers auraient imposé des décaissements rédhibitoires au niveau du parc (supérieurs à 1,8 m,
donc trop proche de la nappe de l’Isère située à -2m environ). Grâce à la collecte en surface, et même
en tenant compte de l’épaisseur de la filtration plantée, la dénivelée globale amont – aval a pu être
limitée à 1,2 m : le décaissement du parc ainsi a été jugé acceptable à deux conditions :
 La maîtrise de la qualité des déblais. Le parc étant implanté en lieu d’une friche industrielle, il a
fallu s’assurer sur le sol ne soit pas pollué. Des études spécifiques ont été réalisées à cet effet.
 L’équilibrage entre déblais et remblais : les déblais extraits sur la moitié Est du parc, pour
permettre une gestion superficielle des eaux pluviales efficace, ont été remis en place sur la partie
Ouest. Cela a permis un modelage de la grande pelouse centrale en offrant ainsi une légère pente
ouverte sur des vues lointaines.

En intégrant le traitement et la rétention sous forme de deux canaux en béton, cette contrainte est en
outre devenue un élément structurant et identitaire du projet, créant depuis la rue Kaunass une vue
surplombant le parc.
Ainsi, la collecte en surface a constitué un avantage au départ (possibilité de reprendre et de valoriser
les eaux pluviales dans le parc) qui a généré ses propres contraintes (nécessité d’avoir un dénivelé
suffisant pour permettre le traitement et l’écoulement des eaux de pluies à travers les jardins, donc
décaissement du parc,...) qui se sont finalement à nouveau transformées en avantage, en permettant
la création de milieux variés (zone humide en point bas, zone de déblai ; modelage en remblai de la
pelouse centrale) donnant une nouvelle perspective au parc : en se retrouvant ainsi encaissé par
rapport au quartier voisin, et en présentant un traitement périphérique soigné (présence de murs et
gradins) atténuant le premier plan de la ville, le parc offre une ambiance intimiste et propose au
promeneur une ouverture vers les sommets montagneux entourant la ville.

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A3 - ESPACES PUBLICS / PUBLIC SPACES

3 IMPACT DE CE MODE DE GESTION DES EAUX SUR L’EXPLOITATION DU


PARC – EVOLUTION DES ESPECES VEGETALES PRESENTES
Cette gestion alternative des eaux pluviales, et diversifiée de par ces sources, a nécessité un travail
d’adaptation spécifique des services de la ville en charge de l’entretien de ce nouvel espace vert.
En effet, comme des eaux de voiries sont collectées par le parc, cet entretien est partagé entre
plusieurs services :
 Le service propreté urbaine, en charge de l’entretien de la voirie et des systèmes de collecte y
afférant ;
 Le service espace vert, en charge de l’entretien des aménagements paysagés et de leur
arrosage.
3.1 Diminution du salage
Le parc Ouagadougou étant le premier de la ville à présenter une telle gestion des eaux pluviales, le
service voirie a du s’adapter, notamment en ce qui concerne le déneigement au droit du site. Dans un
souci de préservation des différentes espèces végétales (roseaux, plantations des jardins
thématiques, zone humide,...), le déneigement par salage ou application de saumure a été proscrit sur
la rue Kaunass. Seul un déneigement à la lame est réalisé.
Cependant, depuis la mise en service du parc en 2008, le nombre de réalisation adoptant une gestion
des eaux similaire a augmenté à l’échelle de l’agglomération, si bien que des recherches sont menées
par le service pour trouver une solution alternative au salage tout en grandissant une certaine
adhérence à la chaussée : projection de graviers (grenaillage), de copeaux de coquilles de noix,
investissement dans un balai de déneigement,... Incidemment, toute cette démarche, enclenchée à
titre expérimental sur un site, puis généralisée à d’autres, permettra de diminuer les flux de sel
susceptibles de perturber la station d’épuration (via des réseaux unitaires) ou de se déverser à l’Isère
3.2 Diminution de l’arrosage
Pour ce qui est de l’entretien des espaces verts, la priorité est la bonne gestion de l’arrosage. Pour
l’instant, l’irrigation des jardins et l’alimentation de la zone humide sont uniquement réalisées par les
apports des ruissellements de voirie et complétées par un arrosage à l’eau potable.
Actuellement, à la belle saison, un arrosage d’une heure, trois fois par semaine, est réalisé (ouverture
automatique d’une électrovanne du réseau d’eau potable qui met en charge le canal d’irrigation et
déclenche le fonctionnement des pissettes).
En période sèche, les jardiniers ouvrent alternativement les différentes vannes de vidange du canal
d’irrigation, pour apporter un volume d’eau supplémentaire aux jardins et permettre de noyer les pieds
de certaines plantations comme les tressages de saules.
Les allées piétonnes et la récupération des eaux de toitures ne sont pour l’heure par tout à fait
finalisées. Ces nouvelles sources d’eau seront raccordées au parc début novembre 2012. Cela
nécessitera une période d’observation pour vérifier la compatibilité entre les apports et les besoins de
la végétation.
3.3 Diminution des interventions sur le végétal
La politique de gestion des différents espaces plantés (hormis la pelouse, tondue fréquemment) est
de laisser les espèces coloniser l’espace en fonction de leur potentiel (concurrence entre espèces
plantées, adaptation au milieu, apparition d’espèces pionnières,..).
Cette gestion permet d’apprécier le développement et la colonisation des différents milieux créés.
ère
Cela est particulièrement vrai pour la zone humide. La 1 année, la zone humide était densément
peuplée de massettes à large feuille (plantées), puis avec les années, cette espèce a progressivement
été concurrencée par l’apparition d’Aster sauvage comme le montre les photos au §2.3.
Cette espèce s’est bien adaptée aux conditions humides mais non saturées du terrain. Il sera
intéressant de voir si ce développement s’inverse au profit des massettes, avec les nouveaux apports
d’eau pluviale sur le parc.
Il est à noter cependant, que le service espace vert gère cette zone humide en coupant les pousses
de saules s’y développant pour éviter un envahissement non souhaité.

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De même, le canal d’irrigation est devenu au fil des saisons un milieu vivant à part entière. Un substrat
de fond c’est créé au fil du temps par les apports répétés de cailloux, galets,.. par les enfants. Ce
substrat a rapidement été colonisé par des hydrophytes (myriophile) et par une faune adaptée
(escargot d’eau, araignée d’eau,...).
Ce canal est cependant vidangé quelques fois par an pour évacuer tous ces apports extérieurs.
Le retour de Mr NAUDET, service espace vert, responsable de l’entretien de ce parc est positif. Cette
gestion alternative des eaux pluviales apporte un intérêt et un attrait nouveaux à l’entretien de
l’aménagement, par rapport aux espaces verts « classiques ».

4 APPROPRIATION DU LIEU PAR LES HABITANTS


Au-delà de la gestion innovante des eaux pluviales, ce parc avait pour premiers objectifs d’offrir aux
habitants de cette zone urbaine sensible un espace vert majeur, point d’articulation et de
rassemblement entre deux quartiers d’habitats sociaux en pleine restructuration.
En amont du projet, et durant toute la phase de conception du parc, une concertation importante, sous
forme d’ateliers de discussion, a été menée avec les habitants du quartier pour faire remonter les
demandes et les prendre en compte dans l’aménagement. Au stade esquisse, les premiers partis pris
de conception, relatifs à cet aménagement paysager, ont été présentés à la population de manière à
l’impliquer pleinement dans ce projet. Cela a parfois entrainé la réalisation de certaines adaptations
pour permettre la satisfaction du plus grand nombre.
Victime de son succès et malgré cette volonté d’impliquer la population pour s’approprier ce nouvel
aménagement et le faire vivre au mieux, des dégradations ont été constatées lors des premiers mois
de l’ouverture du parc (tags, dégradation des jeux, arrachage des phragmites, déchets...). La ville a su
intervenir suffisamment tôt pour résorber ces difficultés le temps que s’installe un respect du lieu. Bien
que ce soit difficilement vérifiable, il est probable que ce dernier ait été facilité par le parti pris sur la
gestion de l’eau.
L’eau animant ponctuellement les différents scènes du parc, permet au visiteur de comprendre le
cheminement de l’eau, de la collecte jusqu’à la zone humide. Les espaces en eau le sont soit de
façon permanente, soit de façon ponctuelle, pour un parc qui prend vie lorsqu’il pleut.
Ces différents espaces humides (canal d’irrigation, pissettes, zone humide,...) sont autant d’espaces
que les enfants se sont appropriés pour jouer en plus des jeux équipés, et jeux informels sur l'espace
enherbé.
Ces espaces humides, comme l'espace enherbé est moins praticable l'hiver du fait du caractère
humide de la zone centrale : le potentiel « loisirs » du parc évolue donc au cours de l'année et selon la
météo, cohabitant ainsi avec un potentiel écologique de sol et d'habitat humide en cœur de ville.
Au final, aujourd’hui, ce parc, placé sous le signe du métissage par l’articulation de deux quartiers
sociaux, remplit pleinement son rôle d’espace d’attractivité, de rencontre et de détente.

5 CONCLUSION
La volonté du maitre d’ouvrage de réutiliser les eaux pluviales dans l’aménagement du parc, s’est
transformée en phase conception en une véritable gestion alternative et innovante des eaux pluviales.
Cette gestion n’a pu être réalisée que par un travail conjoint entre ADP (paysagiste) et le BET SINBIO
(gestion des eaux), permettant de penser en même temps l’aménagement du paysage et la gestion
des eaux pluviales.
In fine, tous les aspects de gestion des eaux pluviales sont mis en œuvre au droit du parc :
 collecte superficielle des eaux de toitures des nouveaux bâtiments, au sein de la coulée verte ;
 traitement et rétention des eaux de voirie par un canal planté de roseaux ;
 réutilisation des eaux traitées pour l’irrigation des jardins thématiques du parc ;
 gestion ludique et pédagogique des eaux pluviales ;
 création en milieu urbain d’écosystème de type zone humide, à fonction de rétention.

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A3 - ESPACES PUBLICS / PUBLIC SPACES

Ce mode de gestion anime le parc, notamment en temps de pluie, et contribue à son identité, pour le
bonheur des enfants et des visiteurs.
Bien qu’imposant une gestion inter-service, avec de nouvelles pratiques (pas de salage des voiries
périphériques,...) cet aménagement paysager est apprécié des exploitants pour son originalité et pour
cette gestion des eaux qui fait vivre et transforme le paysage.
Reste maintenant à attendre que les eaux de toitures soient raccordées sur le parc pour apprécier
cette gestion des eaux à sa pleine capacité.

BIBLIOGRAPHIE
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