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DES TENANTS ET DES ABOUTISSANTS DE L’EMIGRATION

DU PROPHÈTE A MEDINE.

A / DU TRIOMPHE DU MONOTHEISME SUR LE PAGANISME

1) L’Islam havre de paix et de Salut pour les âmes.

L’avènement de notre glorieux prophète Mohamed salut divin sur lui, fut , sans nul
doute, une bénédiction pour l’humanité entière, en contribuant puissamment par un message,
d’essence divine, à la destruction du paganisme grossièrement matérialiste et en instaurant un
renouveau de spiritualité dans un monde qui se trouvait tel que le notre, livré aux pires excès
et menacé, comme le nôtre aussi, de perdre son âme.

L’Islam fut une libération pour les esprits, une direction pour les consciences, un havre
de paix et de salut pour les âmes. Le messager de cette paix, de cette miséricorde, de cette
prise de conscience de l’humanité en vue d’un meilleur destin, fut le prophète arabe, le
prophète Mohamed, Salut Divin Sur Lui ,miraculeusement illettré prédit par la Bible et
l’Evangile, celui qui devait être non seulement le “ Digne des louanges “, « le glorifié »
(pariklytos ), mais aussi tel qu’il fut appelé dans le texte grec de l’Evangile qui nous est
parvenu, “le consolateur (parakletos ),par l’effet, peut être,d’un lapsus qui n’était pas si
malheureux.
Ce fut en effet, l’humanité tout entière qui se voyait tirée des ténèbres vers la lumière, et
point uniquement le peuple arabe qui reçut, avec l’islam, sa promotion historique. Le message
de l’Islam naquit à la Mecque, cité marchande, érigée en république, qui contrôlait en ce
début du haut moyen age, la route des caravanes entre l’Océan indien et le Proche Orient, et
qui servait aussi de métropole religieuse au Hidjaz et à une bonne partie de la péninsule
arabique, grâce à la présence du sanctuaire plus que millénaire de la Kaaba.

La prédication du prophète connut trois étapes : d’abord discrète, puis elle vit son cercle
s’étendre lorsque le prophète reçut l’ordre de Dieu d’avertir ses proches les plus immédiats,
enfin devenue publique par ces versets « Proclame hautement ce qui t’est ordonné! Détourne
toi des païens ! Nous te prémunirons contre les persifleurs ! » (Ste El Hijr / 94-95). C’est
ainsi que se manifesta le génie du Coran dans cette progression à la fois logique, rationnelle et
divine. Toute création, toute évolution n’implique –t-elle pas des phases nécessaires,
naturelles, ainsi que le Coran lui même le laisse entendre ?

Ce fut ainsi que se poursuivirent publiquement, à la Mecque durant plus d’une décennie,
les prédications coraniques du prophète. Les clairs et saints principes de l’Islam furent dés
lors solennellement affirmés envers et contre toutes les fausses croyances, les superstitions,
les barbares institutions, les usages inhumains du paganisme. Cette prédication, sapait de fond
en comble tout l’édifice aussi vénérable que monstrueux, à l’ombre duquel prospérait une
société imbue de valeurs purement matérielles et prête à sombrer dans le brasier dévorant
allumé par ses passions et ses erreurs.

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Dieu est Un. Chaque âme doit répondre devant Lui dans l’Au-delà, de ses oeuvres en
cette vie. L’homme doit s’abandonner en toute confiance à la toute puissance, à la bonté
ineffable, infinie de Dieu; faire acte de soumission totale à Ses Volontés suprêmes. L’islam
tire précisément son nom de cette soumission totale à l’Un qui est confiance, crainte
révérentielle, espérance, amour infini. L’Islam enferme l’idée de paix, de salut. « Salam » car
Dieu convie à son Royaume Eternel, qui est essentiellement demeure de paix, de salut.

C’est à l’un, à Dieu que l’homme doit s’adresser pour quêter Sa grâce, implorer son
assistance. C’est par la seule inspiration de Dieu que l’homme se trouve être guidé dans la
bonne voie, celle de son salut éternel. Guide Suprême, Dieu est aussi seul juge des actes
humains, il n’est point d’intermédiaire d’intercesseur qui tienne, devant Ses arrêts souverains.
Se livrer sans réserve à l’Un, sans rien associer à son autorité, seule reconnue, s’humilier
devant Lui, se soumettre à sa Loi, répudier les passions violentes, chercher la paix du
Seigneur : autant de valeurs, à commencer par celle de l’unicité de Dieu, de la survie
nécessaire de l’homme dans l’au-delà qui ne pouvaient que soulever la fureur, déchaîner les
sarcasmes de toute une caste de païens repus.

Ainsi si cette prédication ouverte fut bien accueillie d’un nombre appréciable de
déshérités, esclaves ou affranchies grecs et iraniens, petites gens de toute provenance qui
vinrent se grouper autour du prophète, elle eut au contraire, pour effet de susciter le
scepticisme railleur puis bientôt les persécutions de la bourgeoisie opulente. Il y eut fort peu
de conversions parmi les personnages de quelque notoriété, hormis celle de l’oncle du
prophète Hamza (plus tard martyr de Ouhoud ) et du futur Calife Omar ibn Al khattab, qui se
trouvait être 1’un des adversaires les plus violents de l’islam.

2) Qu’en est-il de la réaction des païens ??

A mesure que croissait le nombre des convertis, l’animosité des mecquois païens ira, elle
même croissant. Les maîtres battaient sans pitié leurs esclaves convertis. Des gendres du
prophète se voyaient contraints de répudier leurs jeunes épouses. Bientôt, tout le clan des
Hachimites, auquel appartenait le prophète, se trouvait mis au ban de toute la société
mecquoise, par convention expresse qui fut contresignée par les notables Quoraïchites et
affichée au temple de la Kaaba. On dut, Il est vrai, atténuer les rigueurs d’un tel bannissement
au bout de quelque temps. On s’était aperçu, comme le prophète l’avait annoncé du faubourg
où il se trouvait exclu, que les mites avaient tout dévoré du document affiché contre lui,
hormis le nom “d’Allah”qu’elles avaient respecté. Ce miracle comme tant d’autres, laissait les
païens indifférents; ils mettaient tout cela sur le compte de la magie, comme
le souligne éloquemment le Coran dans les versets 1 à 5 de la Sourate « la Lune“. Que voici :
«l’heure du Jugement approche; la lune s’est fendue en deux tronçons. S’ils voient un prodige
marquant, ils s’en détournent et disent « la magie se poursuit ». Ils crient à l’imposture, se
complaisant dans l’erreur, mais tout s’éclairera un jour. Assez de récits leur étaient parvenus
propres, à les mettre en garde. Haute sagesse en vérité. Les menaces, pourtant, n’ont servi de
rien ».

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La Lune s’est bien fendue, se divisant en deux tronçons distincts, que l’on put voir au
niveau de la crête d’Abou Qobays, l’une des montagnes dominant la Mecque. Les païens
avaient demandé, par défi, l’accomplissement d’un tel prodige, qui s’opéra à l’instant sous
leurs yeux. La relation de ce miracle, et de bien d’autres aussi, et rapportée par les deux
grands maîtres traditionnalists de l’Islam, à savoir boukhari et Mouslim dans leurs deux
grands recueils qui font autorité. L’exégèse moderne a tort de récuser ces témoignages dignes
de foi. Le Coran n’est-il pas, au surplus semé de prophéties constituant des miracles plus
probant encore ? Pourquoi donc jetterions nous un voile sur d’autres miracles non moins
authentiques ? « Le Coran ne parle pas de voyage de l’homme dans la Lune » affirme
doctement l’un de nos nouveaux exégètes. Or, le Coran a dépassé infiniment le cadre d’une
randonnée Terre-_Lune. Il a évoqué en deux versets bien nets toutes les tentatives
astronautique possibles de l’Humanité, qui seront d’ailleurs vouées à un échec certain, prédit
dans le second verset: « Races de génies et des humains s’il vous est donné un jour de franchir
les bornes des cieux et de la terre, passez – les ! Une certaine puissance vous sera nécessaire
pour les franchir “ .... “ Les jets de feu, de l’airain fondu seront projetés contre vous : vous
n’aurez pas le dessus ». (Ste le tout clément – 33 et 35),

Ne voyons-nous pas plutôt la guerre des mondes dans cette brève vision grandiose de
science fiction ? La traduction par notre exégète du terme arabe “ soultâne “, par pouvoir
émanant de Dieu, est absolument erronée. Il s’agit plus simplement du sens propre du terme
arabe: puissance, maîtrise, domination “. Or, c’est la maîtrise des éléments, la puissante
organisation des moyens techniques mis en jeu qui a permis cette minime escalade de la lune
qui n’est qu’un petit pas dans le franchissement des bornes spatiales dont parle le Coran. De
toute façon, l’exploit de la lune a déjà été le “ franchissement” de la zone d’attraction
terrestre. Ainsi la randonnée lunaire a bien été prévue par le Coran, comme toutes celles qui
survivront.

Le paganisme des premiers temps de l’Islam comme le nôtre, baptisé du nom de progrès
à tout casser de civilisation, s’avérait résolument réfractaire à toute tentative de redressement
salutaire, de correction bienfaisante. Le Coran servit, dans une large mesure, surtout durant la
période ingrate du début, à soutenir, affermir le prophète dans la lutte ardue, épuisante qu’il
devait mener jusqu’au bout, à le consoler des déboires, des déceptions qu’il lui arrivait
souvent d’essuyer au cours de ses vaines tentatives de la période mecquoise, où il s’entendait
ouvertement traité d’imposteur, d’illuminé, de poète délirant, de magicien.

Vers l’année 620 de l’ère chrétienne ayant perdu coup sur coup son oncle Abou Talib et
sa femme Khadidja, le prophète Mohammed Salut Divin Sur Lui se vit désormais sans
soutien. Il chercha à se faire des adeptes en dehors de la Mecque. Sa tentative pour convertir
les Thaquifites, habitants d’At-Taif, seconde ville importante du Hidjaz faillit tourner au
drame. Ce fut alors que, profitant des solennités du grand pèlerinage annuel et s’entourant du
plus grand secret, il s’adressa à des personnalités de “ Yathrib”, ville située au Nord du
Hidjaz, à dix jours de marche de la Mecque (la future Médine de 1’Islam) pour leur exposer
les rudiments le la nouvelle religion et le inviter à y adhérer. Déjà influencés par des
prédications de source juive annonçant la prochaine apparition d’un prophète en Arabie, les
pèlerins médinois se convertirent sur le champ; ils firent promesse solennelle de répandre
l’Islam parmi leur frère des deux tribus soeurs, les Aws et les Khazradj. Ils donnèrent rendez-
vous au prophète pour les solennités de l’année à venir.

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Un grand nombre de conversions fut donc opéré entre-temps par la voie de ces premiers
pionniers médinois. Les gens de yathribe” étaient tous désignés, de par les prophéties
méssaniques répandues par leurs voisins juifs pour jouer la carte de l’Islam contre le
paganisme, en donnant asile chez eux au nouvel élu de Dieu. L’année suivante, une
importante délégation des deux tribus Aws et Khazradj vint confirmer au prophète
l’engagement Solennel de l’importante agglomération. Désormais, le prophète était assuré de
trouver un refuge sûr d’où il pourrait braver le paganisme et faire rayonner le culte de l’Un sur
toute l’Arabie. Le destin de l’Islam allait changer de face.

Devant la réaction violente des païens, le prophète se vit contraint d’ordonner à tous les
fidèles musulmans d’émigrer à médine. Ces derniers se mirent à partir dans la discrétion, de
peur d’être empêchés par Quoraîch. Les émigrés cherchaient à préserver leur foi et un lieu
favorable pour adorer Dieu dont l’amour a pénétré leur chair et leur sang. Ni la séparation
d’avec leur pays natal, ni l’éloignement d’avec leurs parents et leurs enfants ne leur
importaient tant qu’ils agissaient, en cela pour l’amour de Dieu.

Quant à Quoraîch, elle était comme atteinte de folie furieuse lorsqu’elle avait appris que
les Ançars (Fidèle de Médine) avaient conclu un pacte de défense du prophète. Aussi, ses
chefs et ses dirigeants se sont-ils réunis, dans la ”maison du conseil “ celle de Quoraîch, lieu
où Quoraîch décidait des affaires importantes de la cité. Un débat houleux fut engagé et trois
propositions se dégagèrent : expulser le prophète de son pays natal, le placer sous les verrous
ou l’assassiner purement et simplement. L’Assemblée se rangea du coté de leur tyran, Abou
Djehl qui dit-il « Nous le tuerons plutôt », et nous empêchons ses proches de tirer vengeance
de son meurtre. De chaque tribu de Quoraïch, il sera choisi un jeune, bien aguerri. Ces jeunes,
assemblés devant sa porte le surprendront à la sortie de chez lui et le tueront, tous, d’un seul
coup d’épée; et ainsi, la responsabilité du meurtre sera partagée entre toutes les tribus. La
famille Manaf ne pourra pas, en conséquence, engager une guerre générale, et acceptera le
prix du sang “. Cet avis reçut l’approbation de tous. Telle a été leur machination perfide. Mais
la volonté de Dieu est au dessus de tous. Le saint Coran relate éloquemment ces faits :
« Rappelle-toi, prophète, ce complot que tramaient naguère contre toi, les mécréants pour
s’emparer de ta personne, te mettre à mort ou t’expulser. Aux manoeuvres qu’ils déployaient,
Dieu opposa les Siennes propres plus efficaces : il n’est plus sûres voies que celles de Dieu ».
(Ste le Butin / 30). Dieu a avisé son prophète des machinations ourdies à son encontre et lui a
ordonné de rejoindre la ville de l’Emigration, ville où il pourra répandre l’islam, acquérir la
dignité et la puissance.

Cette émigration a été un fait d’une haute sagesse, car si l’Islam s’était répandu au sein
de la Mecque, ses détracteurs n’auraient pas manqué de dire: Quoraîch a cherché la
domination du peuple Arabe; à cet effet; ils ont fait appel à un individu parmi eux, et lui ont
demandé de jouer le rôle de prophète pour servir leur dessein. Mais au lieu de tout cela, elle
s’est constituée en un ennemi mortel du prophète et n’a cessé de le persécuter jusqu’au jour
où Dieu Lui a enjoint de quitter son pays.

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L’Hégire, ce départ clandestin du prophète quittant la Mecque à destination de Médine,
pour y prendre possession de la nouvelle citadelle de l’Islam, ne fut nullement une fuite,
comme certains se plaisent à le répéter dans le but plus on moins avoué de dénigrer tant la
personne que l’oeuvre de notre Prophète Mohammed Salut Divin Sur Lui. Cette clandestinité
se justifiait pleinement par le complot qu’avaient ourdi contre lui les notables Quoraîchites
alertés par le départ en masse vers Yathrib d’un flot d’émigrants musulmans et décidés à en
finir avec l’ennemi numéro un de leurs pitoyables divinités.

Aussi est-il utile de rappeler ici dans quelles conditions providentielles s’effectua ce
voyage, qui fut le point de départ de l’ère islamique, en même temps qu’il marque un tournant
décisif qui vit la conversion de l’Arabie toute entière sous la bannière de l’islam.

B) L’IMPACT DE L’EMIGRATION DU PROPHETE SUR LE DESTIN DE L’ISLAM

1) L’EVENEMENT DE L’EMIGRATION DE L’ELU, PROPHETE MOHAMMED,


SALUT DIVIN SUR LUI: L’HEGIRE.

Le prophète s’est rendu, chez son ami Abou Bakr, que Dieu agrée son âme, et l’a
informé de la volonté de Dieu qui lui a enjoint d’émigrer. Abou Bakr lui demande s’il pouvait
l’accompagner, "Oui" lui répond le prophète. Il lui propose alors, une de ses montures qui
avaient été préparées pour ce voyage. Puis le prophète s’est séparé d’Abou Bakr en lui
promettant de le retrouver, la nuit, en un endroit, en dehors de la Mecque. Or cette nuit là,
c’était celle où Quoraich se préparait pour exécuter son odieux dessein. Les gens désignés se
sont rassemblés autour de la porte de la maison du prophète pendant qu’il se trouvait à
l’intérieur. Lorsque l’heure du rendez-vous est arrivée, le prophète demande à son cousin Ali,
que Dieu agrée son âme, de se coucher dans son lit pour ne point éveiller les soupçons des
ravisseurs, qui regardaient de temps à autre, à travers les interstices et vérifiaient ainsi sa
présence. Puis, il recouvre Ali de son manteau et sort par devant les meurtriers en récitant un
verset du Coran: « Et nous avons mis devant eux un écran et derrière eux un écran ; ainsi nous
les avons enveloppés de toute part; aussi n’ont-ils rien vu ». (Ste Yacine /9). Le sommeil
gagne les gens aux aguets, et personne ne le vit sortir. Le prophète, Salut Divin Sur Lui,
rejoint son ami. Ils se mettent tous deux en route et arrivent enfin à la caverne "Thaour", où ils
se cachèrent.

Quant aux païens, lorsqu’ils ont constaté que leur complot a été déjoué, et qu’ils ont
passé la nuit à surveiller Ali, fils d’Abou Talib, et non point "Mohammed, fils d’Abdou
Allah", la colère s’est emparée de leurs esprits, et ils ont dépêché des émissaires dans toutes
les directions, et ont promis des primes à quiconque amènerait Mohammed vivant ou
dénoncerait sa cachette. Dans leur recherche, ils sont arrivés devant l’entrée de cette caverne
où se cachaient les nobles fugitifs. Ils étaient si près de ceux-ci, que si l’un d’entre eux s’était
mis à regarder devant ses pieds, il les aurait aperçu. L’issue de la caverne fut ensevelie par la
grâce de Dieu, à l’aide d’un nid de pigeons monté aussitôt de toutes pièces et d’une toile
tissée vaillamment par une famille d’araignées. La présence de ces êtres fit dérouter les
chasseurs de prime de leur proie. Cependant, l’angoisse a fait couler les larmes du vertueux

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Abou Bakr auquel le Coran rend hommage en ces termes:" Si vous refusez votre appui au
prophète, il aura toujours celui de Dieu ! C’est Dieu qui l’a déjà secouru quand, expulsé par
les infidèles et se trouvant au fond de la grotte, seul à seul avec son compagnon, il se mit à lui
dire, l’encourageant: « Ne t'aflige pas ! Dieu se trouve avec nous" .Dieu fit descendre sur lui
Sa sérénité réconfortante et l’assista de troupes invisibles. Il fit tomber au plus bas le prestige
des infidèles, tandis que s’élevait bien haut le Verbe de Dieu. Dieu est tout Puissant, détient la
Sagesse Suprême ». (Ste le Repentir- 40).

Ce fut une grâce de Dieu que les païens se fussent aveuglés à ce point et qu’aucun d’eux
ne fut tenté de regarder à l’intérieur de la caverne. Bien mieux, le pire ennemi du prophète
Omeya fils de Khalef, s’est mis à dissuader ses compagnons de la possibilité d’une cachette
dans cette caverne. Les deux fugitifs y sont demeurés trois nuits, jusqu’au moment où toute
recherche a cessé.

Lorsque les recherches ont cessé, ils sont sortis de la caverne. Ils sont allés retrouver le
guide qui les attendait avec les deux montures, et ont entrepris le voyage le long de la côte. En
cours de route, ils ont été rejoint par un chasseur de prime Soraqua, fils de Malik de Modlidj.
Ce dernier avait appris que Quoraîche avait promis une prime contre la capture du prophète et
d’Abou Bakr, morts ou vifs. Soraqua saisit l’occasion qui lui est offerte, prit discrètement une
monture et partit à la poursuite du prophète. Lorsqu'il s’approcha de lui, son cheval buta
contre une pierre et tomba à terre. Il remonta sa cavale, reprit sa course et se trouva si près du
prophète qu’il l’entendit réciter le Coran; Abou Bakr, ne cessait de se retourner, mais bientôt
les jambes de son cheval s’enfoncèrent dans le sable jusqu’aux genoux et lui, s’abattit alors à
terre. Il aiguillonna la cavale qui se redressa. Mais sitôt qu’elle sortit ses jambes, un nuage de
poussière, plein d’éclairs se dégagea de ses sabots et monta au ciel comme une fumée.
Soraqua comprit alors, que ses tentatives seront peine perdue; une terreur immense s’empara
de lui. Il se mit à crier: Grâce! Grâce!

Le prophète et ses compagnons (Abou Bakr, son serviteur Ameur Ibn Fohira et leur
guide ibn Arqath) firent halte et l’attendirent. Soraqua a dit plus tard: "Après avoir subi toutes
ces épreuves. J’ai eu la conviction profonde, qu’un jour, la cause du prophète triomphera". Il
dit au prophète: "Tes compatriotes ont promis une rançon pour ta capture" et il lui donne des
précisions sur les intentions de Quoraîche. Puis il propose aux voyageurs des provisions et des
effets. Ils ne prirent rien, mais ils lui dirent:"Tache de garder le silence". Soraqua demande
alors au prophète de lui faire établir un sauf conduit et celui-ci lui fut aussitôt délivré par
Abou Bakr.

Ainsi s’est achevé ce drame où la providence a démontré, une fois de plus, avec quelle
sollicitude elle s’intéressait au prophète et comment elle assurait la protection du Messager de
Dieu, contre le péril de ses ennemis.

Depuis que les habitants de Médine ont appris que le prophète avait quitté la Mecque
pour les rejoindre, ils n’avaient cessé, chaque jour, de se rendre à "El-Harra" (terre recouverte
de pierres noires d’origine volcanique) qu’ils ne quittaient qu’au moment où ils étaient
chassés par la chaleur de midi. Un jour après une longue attente, ils s’en retournèrent chez eux
lorsqu’un juif aperçut à travers le col de la montagne le Messager et ses compagnons émerger

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du mirage qui, tantôt les engloutissait et tantôt les faisait apparaître. Le juif cria du plus haut
de sa voix "Peuple arabe voilà votre bonne fortune ! (La chance que vous attendiez)". Ils se
jetèrent sur leurs armes et allèrent à la rencontre du Messager à "El-Harra".

Le prophète longe le côté droit d'El-Harra, jusqu’au moment où il arrive devant les
maisons de la famille Amr fils d’Aouf, à Qouba, où il mit pied à terre. Il ressort des travaux
du célèbre astronome de feu Mohamed Bacha, que cet événement de l’Hégire fut le 2 eme jour
du mois lunaire Rabia 1er qui correspond au 20 septembre 622 de l’ère chrétienne.

Ce fut le début d’une ère nouvelle pour l’Islam qui a survécu à treize années de
persécutions durant lesquelles le Messager était dans l’impossibilité de prêcher ouvertement la
foi en Dieu.

Le prophète séjourna à Qouba le mardi, le mercredi et le jeudi Il y fut rejoint par son
cousin et plus tard son gendre, Ali fils de Abou Talib, qui après avoir remis entre les mains de
leurs propriétaires tous les dépôts à lui confiés, arriva, ayant marché de jour et de nuit, les
talons sillonnés par de larges crevasses. Le prophète Salut Divin Sur Lui, l’embrassa avec
effusion, le pansa de ses mains bénies et l’installa à ses côtés dans la maison de Keltoum.

2°) PAR L’EMIGRATION, UN NOUVEAU DESTIN DE L’ISLAM

a) - Premier édifice de l’Islam Mosquée de Qouba

Le prophète s’occupa aussi à poser les fondations d’une Mosquée - la première de


l’islam - et laissa le soin de l’achever à Amar fils de Yasser. Cette Mosquée reçut le nom de
"At-Taqwa" c’est-à-dire la Mosquée de "la crainte de Dieu", c’est d’elle qu’il est question
dans ces versets : « Il en est qui ont édifié une mosquée, agissant par haine et impiété, et se
proposant d’en faire un tison de discorde entre les fidèles. Ne l'offraient-ils pas en repaire à
ceux qui naguère, avaient combattu Dieu et son prophète? Ils protesteront avec force de leurs
bonnes intentions. Mais Dieu est témoin qu’ils mentent effrontément. Prend garde de prier en
ce lieu maudit! Car il est un autre édifice assis dès le premier jour sur la piété, et autrement
plus digne pour que tu y célèbres l’office. C’est là que se rendent ceux qui mettent la pureté
par dessus tout. Ceux qui recherchent la pureté sont toujours aimés par Dieu ».
(Ste le Repentir / 107-108).

Le Saint Coran ne cesse d’éveiller la conscience des fidèles musulmans et de les


prévenir contre les rivalités de leurs ennemis. En effet, le verset 107 sus-visé fait état d’une
mosquée rivale construite par certains hypocrites lors de l’absence de prophète, occupé dans
la bataille de Tabouk, dans l’Arabie de l’extrême Nord qu’il dirigeait en l'an 9 H contre le
territoire Byzantin où l’on avait assassiné un ambassadeur musulman. Au retour, le prophète
ordonna d’incendier cette mosquée rivale qui fut construite seulement dans le but de semer
haine et doute dans les esprits des musulmans, et se réserver ainsi une zone d’influence.

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La longueur de l’édifice mesurait cent coudées, et sa largeur était un peu moindre. Trois
portes y donnaient accès, et la principale fut désignée sous le nom de " bab-ar-Rahma " ou
porte de la miséricorde. LE “Minbar”, ou chaire, était formé d’un simple tronçon de palmier,
sur lequel montait le prophète pour prêcher. On voit combien cette première Mosquée,
analogue è celles des plus pauvres villages sahariens, était loin de ressembler aux merveilleux
édifices qui devaient bientôt être élevés pour le culte de l’islam.

Les Mosquées de l’époque étaient extrêmement simples et n’avaient point les


accessoires que les bâtisseurs ont conçus les tous derniers siècles. L’attention du prophète et
de ses compagnons était plutôt retenue par la purification des coeurs et l’embellissement des
intentions. C’est ainsi que les murs de la Mosquée ne dépassaient guère la taille d’un homme;
au dessus des murs, on étendait une ombrelle qui abritait contre la chaleur.

b) - La fraternisation par l’Islam

Le prophète, après ce bref séjour à Qouba, s’est dirigé ensuife sur Médine qu’il a
pénétrée en compagnie des Ançars (résidants de Médine) ceints de leurs épées. La joie des
habitants de Médine était indicible, qu’on ne peut exprimer. Pour eux, ce jour était un jour de
liesse, de jouissance collective; et jamais ils ne furent aussi heureux ni aussi joyeux qu’ils
furent du prophète. Les femmes et les enfants étaient sortis dans les rues et chantaient leur
hymne universel :
"La pleine lune s’est levée,
Du coté du col des adieux
On doit toute gratitude
A tout appel fait au nom de Dieu
O messager envoyé parmi nous
Ton appel, ne manquera pas d’être obéi "

Les gens avançaient derrière le prophète, les uns à pied, les autres sur des montures, et
tous se disputaient la bride de sa chamelle et chacun voulait l’avoir pour hôte. Le prophète
leur dit alors: “ Laissez là, elle a reçu un ordre “. La chamelle poursuit son chemin jusqu’au
moment où elle atteint la cour de la maison appartenant à l’oncle maternel du prophète, Ady
fils de Nedjar. Elle s’agenouilla alors en face de la maison d’Abou Ayoub El Ançari dont le
nom est Khalid fils de zaid. C’était là l’emplacement de sa sainte Mosquée. Il dit :" C’est là
que nous allons nous installer, si Dieu veut ". Il préféra occuper le rez-de chaussée de la
maison d’Abou Ayoub afin que cela fut moins fatiguant pour ses visiteurs. Mais Abou Ayoub
par égard pour son illustre hôte, ne put y consentir craignant qu’il ne soit affecté par la
poussière soulevée et l’eau jetée ... Aussi sur l’insistance d’Abou Ayoub, le prophète a-t-il dû
accepter finalement de s’installer avec sa famille au premier étage.

Quant aux Mouhadjirine (émigrés), ils avaient tous reçu la généreuse hospitalité des
Ançars. Ceux-ci avaient ramené chez eux, avec joie et orgueil, les Mouhadjirines désignés à
chacun par le sort.

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Le prophète Mohamed, bénédiction et Salut Divins Sur lui, fut particulièrement ému du
cordial accueil fait à ses compatriotes par ses nouveaux disciples. Mais, dans sa profonde
intuition de l’âme humaine, il résolut de resserrer encore les biens de cette amitié si touchante
afin qu’elle résistât aux suggestions de la rivalité, inévitable dans l’avenir, entre les
Mouhadjirine qui avaient tout abandonné patrie, famille, fortune, pour le suivre, et les Ançar
qui lui avaient offert un asile sûr et l’aide à laquelle il devait son triomphe. Chaque parti,
n’avait-il quelque raison de réclamer pour lui seul la première place dans l’affection du
prophète et dans les fastes de l’Islam ?

Dans le but de passer à d’aussi dangereuses éventualités et de donner aux exilés une
véritable famille, le prophète Mohammed, Salut Divin Sur Lui, profita de l’exaltation sans
nuage qui unissait en ce moment Mouhadjirine et Ançar, pour décréter entre eux une parfaite
fraternité, par couples composés chacun d’un Mouhadjir et d’un Ançar, « Fraternisez en
Allah" leur dit le prophète, vous êtes des frères ». Et chaque Musulman de Médina eut, dès
lors pour frère, un musulman de la Mecque. Il serait vain de chercher à exprimer par des mots,
à quel degré de dévouement atteignit cette fraternité de la religion, plus forte que celle du
sang, car elle était d’ordre surnaturel. Tous ces coeurs, réunis par l’amour d’Allah, n’étaient
plus qu’un seul et même coeur, palpitant dans des poitrines différentes chaque frère aimait son
frère plus que lui même et, pendant les premières années de l’Hégire, lorsque l’un d’eux
mourait, l’autre héritait de ses biens, à l’exclusion des héritiers naturels, jusqu’à ce que cette
pratique fut abrogée par une citation du Coran que voici : « Ceux qui sont unis cependant par
les liens du sang seront tenus pour plus proches encore les uns des autres tel que Dieu l’à
prescrit de toute éternité. Dieu est informé de toute chose ». (Ste le Butin/75)

Parmi les unions fraternelles ainsi conclues, nous citerons celles d’Abou Bakr avec
Kharidja fils de zaid de Omar avec Othman fils de Malik, d’Abou Obeida avec Saâd fils de
Moadh de Othman fils de Affan avec Aws fils de Nadjar. Le prophète, le premier, avait choisi
Ali pour frère, confirmant ainsi la fraternité qu’il avait déclarée au début de sa mission; mais
Ali, étant un Mouhadjir (émigré), les Ançars auraient pu être froissés de ce qu’il ne se fût pas
choisi. Un frère parmi eux. Aussi Assad fils de Zorara, un de leur Neguibs (chef respecté)
étant mort, il se déclara leur Neguib à sa place, prétextant qu’il était un des leurs, car son
oncle maternel avait habité leur cité. Ainsi grâce à son sens psychologique et à son habile
diplomatie d’essence divine, le prophète Mohammed était arrivé à un résultat prodigieux: les
guerres entre les deux tribus longtemps antagonistes, Khazradj et Aws qui, depuis des siècles,
ensanglantaient Yathrib, devenue Médine, avaient cessé comme par enchantement aussitôt
après son arrivée et, des habitants de Médine, le prophète Salut divin Sur Lui, avait fait les
frères des émigrants de la Mecque jadis leurs rivaux.

Cette union fraternelle qui fut le premier triomphe patent de l’Islam ne fut pas du goût
de certains éléments juifs. Leur orgueil blessé à vif par cette faveur divine, la prophétie
suprême, qui se trouvait accordée à un gentil n’ayant point étudié les anciennes Ecritures,
seules valables à leurs yeux. Pour eux, les Ecritures révélées, la prophétie devaient demeurer
l’apanage exclusif des juifs.

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De là naquit à Médine la sourde compagne que menaient certains éléments juifs notoires
et leurs affidés arabes en vue de d'énigrer systématiquement l’oeuvre du prophète, et faire
planer le doute sur sa mission.

On sait que ces éléments anti-islamiques n’hésitèrent pas à fomenter complot après
complot contre le prophète formant en particulier une dangereuse coalition avec les Mecquois
et les tribus païennes de l’Arabie afin d’étouffer une fois pour toute l’Islam dans sa nouvelle
patrie.

A Médine, le prophète devenait cependant, le chef à la fois temporel et spirituel de la


première communauté islamique organisée, communauté qui reçut peu à peu par la voie du
Coran, un statut social, juridique et politique approprié, permettant de régler les rapports des
croyants entre eux et ceux du nouvel Etat musulman avec les groupements non ralliés à
l’Islam. C’est ainsi que la lutte sacrée pour la cause de Dieu ne tarda pas à être constituée.

Ce fut à Médine, que les révélations coraniques et le hadith, enseignement oral du


prophète jetèrent sur les divers plans spirituel, moral, juridique et social, les fondements
essentiels d’une oeuvre rénovatrice imposante, d’inspiration éternelle, donc adaptable à ce
qu’il est convenu d’appeler révolution. Inspiré par Dieu, le prophète fut à la fois législateur et
juge. On ne peut être croyant et récuser les principes juridiques établis par le Coran et la
Sounna, tradition du prophète. Il n’y a pas en Islam de séparation entre temporel et spirituel.

Ainsi se trouvèrent assises les bases sociales , juridiques voire financières de la nouvelle
communauté, qui put marcher d’un pied fermé vus ses objectifs militaires et politiques, dont
le principal, pour commencer, était l’écrasement du paganisme par la conquête de la Mecque ,
conduisant à l’unification de l’Arabie. Cet objectif essentiel fut atteint en l’espace de huit
années avec des alternatives de succès et de revers.

L’émigration signifie de nos jours un retour aux sources authentiques de l’Islam.


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En effet, les coeurs des premiers croyants, profondément endoloris par la morgue, les
excès du paganisme, durent sans doute trouver un réconfort inégalable, dans cette exaltation
rythmée. Cette évocation imagée de la majesté sereine de la sagesse de Dieu face à
l’ingratitude, à la folie des hommes. Ainsi le Coran doit-il demeurer toute actualité dans notre
monde qui a perdu son âme, qui a fait retour au paganisme le plus grossier.

Plus que jamais, la question angoissante, tragique de notre salut se trouve posée, en ce
tournant de l’histoire humaine, tournant aussi sombre que celui où l’on vit fulgurer la pure
lumière de l’Islam. Plus que jamais, l’humanité dans son ensemble, est sommée de se
convertir, de répondre aux appels toujours pressants, toujours actuels de Dieu Message
simple, net et catégorique.

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Le Message coranique se trouve être le mieux fait pour faire front à l’évolution d’une
humanité atteinte par un scepticisme outrancier, un matérialisme incurable, quoique ignorant
son vrai nom ou se déguisant sous des titres alléchants.

En d’autres termes dans sa netteté, dans sa simplicité, dans sa façon directe d’aborder les
grands problèmes, le Coran s’avère une voie authentique de salut pour une humanité en train
de s’égarer, de se droguer, de se payer de fausses notions, de se donner de fausses divinités.

En cette crise, en cette éclipse de la foi qui sévit de par le monde dévastant les âmes et
atrophiant les consciences humaines, les affligeant d’une cécité, d’une paralysie
déconcertantes, le Coran vers lequel nous devons, tous émigrer, sera la grande lumière
inespérée qui ramènera sûrement nos contemporains sur la voie de Dieu, celle de leur propre
salut…

Références bibliographiques CHEIKH TAHAR BADAOUI


●Traduction du Saint Coran:
 Prof Mohammed Hamidullah
 Prof Sadok Mazigh
●"La vie de Mohammed" de Etienne Dinet et prof Hadj Slimane ben Ibrahim.
● Illumination de la foi à travers la vie du Souverain des Messagers.
Du Cheikh Mohammed EL Khodari Back.

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