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THÈSE DE DOCTORAT

Soutenue à l’Université d’Aix-Marseille


en codirection avec l'Université Paul-Valéry (Montpellier)
le 11 décembre 2020 par

Camille GUERIN
Königsnovelle (« narration royale »)
pharaonique et littérature biblique
Volume 1 : Étude

Discipline Composition du jury


Mondes arabe, musulman et sémitique Susanne BICKEL (Rapporteure)
Prof., Université de Bâle
École Doctorale 355
Dany NOCQUET (Rapporteur)
Espaces Cultures Sociétés
MCF HDR, IPT Montpellier
Youri VOLOKHINE (Examinateur)
Laboratoire/Partenaires de recherche
MCF, Université de Genève
Institut de Recherches et d’Études sur les
Thömas RÖMER (Président du jury)
Mondes Arabes et Musulmans - IREMAM
Prof., Collège de France, Paris
(UMR 7310) -Aix-en-Provence
Katell BERTHELOT (Directrice de thèse)
Égypte Nilotique et Méditerranéenne
DR CNRS UMR 7297, Aix-Marseille
(ASM - UMR 5140) - Montpellier
Bernard MATHIEU (Codirecteur de thèse)
Prof. UPV Montpellier 3

1
AFFIDAVIT

Je soussigné, Camille Guerin, déclare par la présente que le travail présenté dans ce
manuscrit est mon propre travail, réalisé sous la direction scientifique de Katell Berthelot et
de Bernard Mathieu, dans le respect des principes d’honnêteté, d'intégrité et de responsabilité
inhérents à la mission de recherche. Les travaux de recherche et la rédaction de ce manuscrit
ont été réalisés dans le respect à la fois de la charte nationale de déontologie des métiers de la
recherche et de la charte d’Aix-Marseille Université relative à la lutte contre le plagiat.

Ce travail n'a pas été précédemment soumis en France ou à l'étranger dans une version
identique ou similaire à un organisme examinateur.

Fait à Excenevex le 16 août 2020.

Cette œuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative
Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification
4.0 International.

1
TITRE DE LA THÈSE : Königsnovelle (« narration royale ») pharaonique et littérature biblique

RÉSUMÉ (FRANÇAIS) : Durant l’Antiquité, de nombreux récits ont vanté les mérites
des rois. Parmi eux, le genre littéraire de la Königsnovelle rapporte l’accomplissement
d’événements extraordinaires par le souverain qui est présenté comme un héros. Vecteur de
légitimation mais également gage de postérité pour les rois, ces textes ont activement
participé à l’élaboration de l’historiographie relative aux monarchies égyptiennes et bibliques.
Afin d’appréhender les mécanismes littéraires mis en œuvre par les auteurs de ces récits, la
présente enquête se propose d’analyser le contenu de ces « narrations royales » à travers
l’étude des thématiques et des motifs narratifs qui les caractérisent, ainsi qu’à travers les
caractéristiques formelles particulières que révèlent les corpus. Une partie est également
consacrée à l’examen de la documentation historique et idéologique afin de déterminer les
raisons et le contexte de l’apparition du genre au sein des deux civilisations. Ce travail
doctoral aborde par ailleurs les notions de royautés propres aux monarchies égyptienne et
biblique telles qu’elles sont dépeintes dans les Königsnovellen, permettant ainsi d’envisager le
rôle du roi par rapport à celui des divinités et de comprendre la fonction de ces récits au sein
de ces deux sociétés.

MOTS-CLÉS : Königsnovelle, « narration royale », genre littéraire, propagande,


postérité, idéologie, historiographie, monarchie, royauté, Égypte, Ancien Testament.

2
DISSERTATION TITLE : Königsnovelle (« royal narration ») pharaonic and bibical literature

ABSTRACT (ANGLAIS) : During Antiquity, many accounts praised the merits of kings.
Among them, the literary genre of Königsnovelle reports the accomplishment of extraordinary
events by the sovereign who is presented as a hero. A vector of legitimation but also a pledge
of posterity for kings, these texts have actively participated in the development of
historiography relating to Egyptian and biblical monarchies. In order to understand the
literary mechanisms implemented by the authors of these stories, the present investigation
proposes to analyze the content of these “royal narrations” through the study of the themes
and the narrative motifs which characterize them, as well as through the particular formal
characteristics revealed by the corpora. A part is also devoted to the examination of the
historical and ideological documentation in order to determine the reasons and the context of
the appearance of the genre in the two civilizations. This doctoral work also addresses the
notions of royalty specific to Egyptian and biblical monarchies as they are depicted in the
Königsnovellen, thus making it possible to consider the role of the king in relation to that of
the deities and to understand the function of these accounts in the within these two
companies.

KEY WORDS : Königsnovelle, « royal narration », literary genre, propaganda, posterity,


ideology, historiography, monarchy, kingship, Egypt, Old Testament.

3
REMERCIEMENTS

Souvent perçue comme un travail solitaire, la thèse m’a pourtant permis de constater que sans
l’aide d’autrui il est bien difficile d’achever sa recherche dans de bonnes conditions. Il est
donc maintenant temps pour moi de remercier les personnes qui ont fait que ce projet ait pu
voir le jour.

L’achèvement de cette thèse n’aurait pas été possible sans le soutien sans faille de Philippe
Cassuto, professeur à l’université d’Aix-Marseille. Sans aucune hésitation, il accepta dès
notre rencontre d’encadrer ce travail doctoral. Sa gentillesse, sa franchise et son expérience
furent essentielles à l’achèvement de cette thèse. Sa disparition brutale en février 2020 laisse
un grand vide, j’ai donc une pensée émue pour lui, qui aurait dû prendre place au sein des
chercheurs de ce prestigieux jury.

Je tiens évidemment à remercier mon directeur de recherche Bernard Mathieu, professeur à


l’UPV Montpellier 3, qui depuis sept ans m’encourage à poursuivre mes efforts. L’admiration
que je lui porte ainsi que la confiance qu’il m’accorde depuis le début m’a permis de ne pas
baisser les bras dans les moments de doute. Je le remercie pour ses conseils, sa patience et sa
bienveillance à toute épreuve. Ses précieuses relectures et annotations ont été essentielles à ce
travail, tout comme ses nombreuses remarques et suggestions.

Je souhaiterais exprimer ma profonde gratitude à Katell Berthelot, Directrice de Recherches


au CNRS à Aix-Marseille, qui n’a pas hésité à devenir ma directrice de thèse après le décès de
Philippe Cassuto. Toujours avec générosité, elle a su me conseiller et me guider dans la bonne
direction. Nos échanges ont toujours été constructifs et m’ont fait me remettre en question de
nombreuses fois. Je la remercie vivement de l’intérêt immédiat qu’elle a porté à mon sujet et
de sa disponibilité pour corriger mon travail.

Mes remerciements vont également à Thomas Römer, professeur au Collège de France, avec
qui je suis en contact depuis quelques années. Grâce à son appui constant, j’ai pu aborder
d’autres facettes de la recherche : publication d’articles et participation à un colloque
international. Je le remercie donc infiniment pour son soutien et pour sa gentillesse
permanente. Aussi, je sais gré à Dany Nocquet, Maître de conférence habilité à diriger des

4
recherches à l’Institut Protestant de Théologie de Montpellier, qui m’a enseigné les
fondements de l’Ancien Testament et qui m’a donné le goût pour les études bibliques. Son
extrême bonté et son amabilité m’ont permis de me sentir en confiance au sein de l’Institut
Protestant de Montpellier. Je les remercie tous deux de faire partie de mon jury de thèse.

Enfin, je souhaiterais adresser mes remerciements à Susanne Bickel, professeur à l’université


de Bâle, ainsi qu’à Youri Volokhine, maître d’enseignement et de recherche à l’université de
Genève, d’avoir accepté de faire partie de mon jury de thèse. Ils ont chacun dans leur
domaine, au fil des ans, fait accroître ma passion égyptologique à travers leurs brillantes
publications.

Ce travail n’aurait pas été possible sans le soutien de l’université Aix-Marseille, de l’ED 355
ainsi que du laboratoire IREMAM. L’obtention d’un contrat doctoral fut fondamentale dans la
bonne réalisation de mes recherches auxquelles j’ai pu me consacrer entièrement.

Au terme de ce parcours, je remercie celles et ceux qui ont de près ou de loin joué un rôle
dans mon travail. Leurs encouragements m’ont permis d’avancer au quotidien et de garder ma
motivation intacte : amis, famille et belle-famille, ils se reconnaîtront j’en suis certaine. Je
tiens toutefois à exprimer ma reconnaissance à ma mère Sonia qui depuis toujours m’incite à
faire mes propres choix. Mon oncle, « mon tonton », qui a passé de longues heures à relire et
à annoter mes textes après ses journées de travail. Mes amies Émilie, Soso et Christine qui
n’ont eu de cesse de s’intéresser à mon sujet et de me poser des questions au fil des ans. Et
puis l’amour de ma vie qui est à mes côtés depuis des années, qui sait me dire les mots justes
quand il le faut, avec qui j’ai pu débattre de certaines idées pendant des jours sans
nécessairement être en accord. Ce travail est terminé dans les temps aujourd’hui en partie
grâce à lui. Enfin, je souhaite dédier cette thèse à la mémoire de mon père qui je pense aurait
été très fier de sa fille.

5
ABRÉVIATIONS

AcArch (B) Acta Archaelogica Acad. Scientiar. Hungar. Akad. Kiadó (Budapest)
ÄAT Ägypten und Altes Testament (Wiesbaden)
ACE-Stud Australian Centre for Egyptology Studies. Macquarie Univ. (Sydney)
ADAIK Abhandlungen des Deutschen Archaäologischen Instituts Kairo
(Glückstadt, Hambourg, New York)
AegLeod Aegyptiaca leodiensia. Univ. de Liège, fac. de philos. et lettr. (Liège)
ÄgAbh Ägyptologische Abhandlungen (Wiesbaden)
AltorForsch Altorientalische Forschungen (Berlin)
AOAT Alter Orient und Altes Testament (Kevelaer, Neukirchen-Vluyn)
AOTC Apollos Old Testament Commentary
AnOr Analecta Orientalia (Rome)
ARWAW Abhandlungen der Rheinisch-Westfälischen Akademie der
Wissenschaften (Opladen)
ASAW Abhandlungen der Sächsischen Akademie der Wissenschaften
AT Ancien Testament
AThANT Abhandlungen zur Theologie des Alten und Neuen Testaments
BAR-IS British Archaeological Reports, International Series (Londres)
BACE Bulletin of the Australian Centre for Egyptology (Sydney)
BARCE Bulletin of American Research Center in Egypt (Le Caire)
BBAW Berlin Brandenburgische Akademie der Wissenschaften (Berlin)
BETL Bibliotheca Ephemeridum Theologicarum Lovaniensium (Louvain)
BEHE Bibliothèque de l’École pratique des hautes études (Paris, Louvain)
BiEtud Bibliothèque d’Étude. Inst. franç. d’archéol. orient. (Le Caire)
BIFAO Bulletin de l’Institut Français d’Archéologie Orientale (Le Caire)
BiGen Bibliothèque générale. Inst. franç. d’archéol. orient. (Le Caire)
BiOr Bibliotheca orientalis. Nederlands Inst. voor het Nabije Oosten (Leyde)
BZAW Beihefte zur Zeitschrift für die Alttestamentliche Wissenschaft (Berlin)
CBOT series Coniectanea Biblica Old Testament series
CBR Currents in Biblical Research
CBQ The Catholic Biblical Quarterly. Cathol. Bibl. Assoc. of America
(Washington, D.C.)

6
CEA Cahiers des Études Anciennes. Univ. du Québec (Montréal)
CEPOA Centre d’Étude du Proche-Orient Ancien. Univ. de Genève (Louvain)
CENiM Cahiers d’Égypte Nilotique et Méditerranéenne. Inst. d’égyptol. Fr.
Daumas, univ. Montpellier 3 Paul-Valéry (Montpellier)
Chr Chroniques
ChronEg Chronique d’Égypte. Fond. égyptol. Reine Élisabeth (Bruxelles)
CJT Canadian Journal of Theology
CNIP The Carsten Niebuhr Institute of Ancient Near East Studies,
Publications (Copenhague)
CRAIBL Comptes Rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres (Paris)
CSA Cahiers de la Société Asiatique (Paris)
DBAT Dielheimer Blätter zum Alten Testament und seiner Rezeption in der
Alten Kirche (Dielheim)
Dtr Deutéronomiste
EDAL Egyptian and Egyptological Documents Archives Libraries
Égypte Égypte, Afrique & Orient (Avignon puis Paris)
EgArch Egyptian Archaeology. The Bull. of the Egypt Explor. Soc. (Londres)
EJARS Egyptian Journal of Archaeological and Restoration Studies. Sohag
Univ. Public. Center (Sohag)
Gn Genèse
GöttMisz Göttinger Miszellen. Beitr. zur ägyptol. Diskuss. (Göttingen).
HÄB Hildesheimer Ägyptologische Beiträge (Hildesheim)
HANE Studies History of the Ancient Near East Studies
HAR Hebrew Annual Review. Ohio State Univ.
HbOr Handbuch der Orientalistik (Leyde, Cologne)
HBT Horizons in Biblical Theology (Leyde)
HSM Harvard Semitic Monographs (Cambridge, Mass.)
HTR Harvard Theological Review. Harvard Univ. (Cambridge, Mass.)
IBAES Internet-Beiträge zur Ägyptologie und Sudanarchäologie (Berlin)
ISTA Institut des Sciences et Techniques de l’Antiquité
JARCE Journal of the American Research Center in Egypt (Boston, New York)
JBL Journal of Biblical Literature. Soc. of Bibl. Lit. (Chico, Calif.)
JEA Journal of Egyptian Archaeology. Egypt Explor. Soc. (Londres).

7
JNMES Journal of Near & Middle Eastern Studies. A Near & Middle Eastern
Civiliz. Students’ Union Public. (Toronto).
JSSEA Journal of the Society of the Studies of Egyptian Antiquities (Toronto)
JSOT Journal for the Study of the Old Testament. Dept. of Bibl. Stud., univ.
de Sheffield (Sheffield)
JSOTSup Journal for the Study of the Old Testament. Supplements Series. Dept.
of Bibl. Stud., univ. de Sheffield (Sheffield)
KÄT Kleine Ägyptische Texte (Wiesbaden)
KATTE Kommentar zum Alten Testament mit der Einheitsübersetzung
KSG Königtum, Staat und Gesellschaft früher Hochkulturen
LAPO Littératures Anciennes du Proche-Orient (Paris)
LingAeg Lingua Aegyptia. Journ. of Egyptian Stud. Semin. für Ägyptol. und
Koptol. (Göttingen)
LingAeg, StudMon Lingua Aegyptia, Studia Monographica
MÄS Münchner Ägyptologische Studien (Berlin, Munich)
MEEF Memoir of the Egypt Exploration Fund (Londres)
MDAIK Mitteilungen des Deutschen Archäologischen Instituts, Abt. Kairo
(Wiesbaden, Mayence)
MIFAO Mémoires publiés par les membres de l’Institut Français d’Archéologie
Orientale (Le Caire)
MMAEE Metropolitan Museum of Art, Egyptian Expedition. Metropol. Mus.
(New York)
MonAeg Monumenta Aegyptiaca (Bruxelles)
MRE Monographies Reine Élisabeth. Fond. égyptol. Reine Élisabeth
(Bruxelles)
MSGB Mitteilungen der Sudanarchäologischen Gesellschaft zu Berlin (Berlin)
NAWG Nachrichten von der Akad. der Wissenschaften zu Göttingen, phil.-hist.
Kl. (Göttingen)
Nikephoros Nikephoros Zeitschrift für Sport und Kultur im Altertum (Hildesheim)
NRT Nouvelle Revue théologique (Tournay)
NT Nouveau Testament
OBO Orbis Biblicus et Orientalis (Fribourg, Allemagne, Göttingen)
OLA Orientalia Lovaniensia Analecta. Dép. d’étud. orient., univ. cathol.
(Louvain)

8
OLZ Orientalistische Literaturzeitung (Berlin)
OP EES Occasional Publications Egypt Exploration Society (Londres)
Orientalia Orientalia. Comment. periodici Pontif. Inst. biblici (Rome).
OrAnt Oriens Antiquus. Riv. del Centro per le Antich. e la stor. dell’arte del
Vicino Oriente (Rome)
OrMonsp Orientalia Monspeliensia. Centre d’égyptol. de l’univ. Paul-Valéry
(Montpellier)
OTS Oudtestamentische Studiën (Old Testament Studies) (Leyde)
PAM sup. Polish Archaeology in the Mediterranean. Supplement Series. Polish
Centre of Mediterranean Archaeol. Univ. de Varsovie (Varsovie)
ProblÄg Probleme der Ägyptologie (Leyde)
PM Porter and Moss
PSBA Proceedings of the Society of Biblical Archaeology (Londres)
R Rois
RdE Revue d’Égyptologie. Soc. franç. d’égyptol. (Paris, Louvain)
RECAPO Revue d’Études des Civilisations Anciennes du Proche-Orient. Assoc.
des études du Proche-Orient ancien, Univ. de Montréal (Montréal)
RecTrav Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l’archéologie
égyptiennes et assyriennes (Paris)
RevArch Revue Archéologique (Paris)
RevBibl Revue biblique. École prat. d’étud. bibl. (Paris)
RIHAO Revista del Istituto de historia antigua oriental (Buenos Aires)
RTP Revue de théologie et de philosophie (Lausanne)
S Samuel
SAOC Studies in Ancient Oriental Civilizations (Chicago)
SAK Studien zur Altägyptischen Kultur (Hambourg)
SBL Society of Biblical Literature (Chico, Calif.)
SBL Series Society of Biblical Literature Series (Chico, Calif.)
SBTS Sources for Biblical and Theological Study
SCA Supreme Council of Antiquities
SCO Studi Classici e Orientali (Pise)
SPAW Sitzunggsberichte der preussischen Akademie der Wissenschaften
(Berlin)
SSEAN Society for the Study of Egyptian Antiquities Newsletter

9
SSN Studia Semitica Neerlandica
StudMon Studia Monastica (Abadia de Montserrat)
TAPS Transactions of the American Philosophical Society (Philadelphie, Pa.)
Urk Urkunden
VarAeg Varia Aegyptiaca (San Antonio, Tex.)
VarAeg sup. Varia Aegyptiaca supplément (San Antonio, Tex.)
VetTest Vetus Testamentum. Quart. publ. by the Internat. Organiz. of Old Test.
Scholars (Leyde).
VetTest-Suppl. Vetus Testamentum Supplements (Leyde).
W&W Word & World
Wb Wörterbuch der Ägyptische Sprache
WBC Word Biblical Commentary
WVDOG Wissenschaftliche Veröffentlichungen der deutschen Orient-
Gesellschaft (Berlin, Leipzig)
WZKM Wiener Zeitschrift für die Kunde des Morgenlandes. Verb. der
wissenschaftl. Gesellsch. Österreichs (Vienne)
WZL Wissenschaftliche Zeitschrift der Karl-Marx-Univ (Leipzig)
YES Yale Egyptological Studies (New Haven, Conn.)
YNER Yale Near Eastern Researches
ZÄS Zeitschrift für Âgyptische Sprache und Altertumskunde
(Leipzig, Berlin)
ZÄS sup. Zeitschrift für Âgyptische Sprache und Altertumskunde Supplement
(Leipzig, Berlin)
ZATW Zeitschrift für die alttestamentaliche Wissenschaft (Giessen, puis
Berlin)

10
TABLE DES MATIÈRES

Volume 1 - Étude
AFFIDAVIT............................................................................................................................ 1
RÉSUMÉ (FRANÇAIS).............................................................................................................2
ABSTRACT (ANGLAIS)...........................................................................................................3
REMERCIEMENTS.................................................................................................................. 4
ABRÉVIATIONS..................................................................................................................... 6
TABLE DES MATIÈRES........................................................................................................... 11
INTRODUCTION..................................................................................................................... 18
1. DÉFINITIONS ET PROBLÉMATIQUES.............................................................................. 18
a) La désignation et le genre de la Königsnovelle...................................................... 18
b) Définition de la Königsnovelle pharaonique..........................................................19
c) Définition de la Königsnovelle biblique................................................................ 20
d) Datation et contexte d’émergence de la Königsnovelle......................................... 21
e) Les apports de la « narration royale ».................................................................... 23
f) Méthodologie, problématiques et objectifs............................................................ 25
2. ÉTAT DE LA QUESTION................................................................................................. 30
a) A. Hermann (1938)................................................................................................ 30
b) B. Van de Walle (1939)......................................................................................... 32
c) E. Otto (1952)........................................................................................................ 32
d) S. Herrmann (1953-1954) (1985).......................................................................... 33
e) E. Blumenthal (1970)............................................................................................. 34
f) R.J. Williams (1971).............................................................................................. 35
g) M. Görg (1975)...................................................................................................... 35
h) A. Spalinger (1982) (2011).................................................................................... 36
i) J. Brophy (1991)..................................................................................................... 37
j) D.B. Redford (1992)............................................................................................... 38
k) K. Jansen-Winkeln (1993)..................................................................................... 38
l) I. Shirun-Grumach (1993)...................................................................................... 39
m) N. Grimal (1994).................................................................................................. 40
n) A. Loprieno (1996)................................................................................................ 41
o) S. Grallert (2001)................................................................................................... 42

11
p) L. Török (2002)..................................................................................................... 43
q) B. Hofmann (2004)................................................................................................ 43
r) A.M. Gnirs (2007).................................................................................................. 45
s) Sh.-W. Hsu (2012)................................................................................................. 45
t) D. Farout (2012) (2013) (2014).............................................................................. 46
u) L.L. Grabbe (2016)................................................................................................ 48
v) W.W. Watty (2016)............................................................................................... 48

PREMIÈRE PARTIE : CORPUS ÉGYPTIEN ET BIBLIQUE


Introduction des corpus.............................................................................................. 50
CHAPITRE 1. CORPUS ÉGYPTIEN..................................................................................53
Texte A1 - Sahourê.................................................................................................. 53
Texte A2 - Sahourê.................................................................................................. 56
Texte A3 - Ounas..................................................................................................... 59
Texte A4 - Montouhotep II...................................................................................... 67
Texte A5 - Sésostris Ier............................................................................................ 73
Texte A6 - Néferhotep Ier.........................................................................................81
Texte A7 - Râhotep.................................................................................................. 91
Texte A8 - Kamosis................................................................................................. 94
Texte A9 - Âhmosis................................................................................................. 100
Texte A10 - Thoutmosis II...................................................................................... 104
Texte A11 - Hatchepsout......................................................................................... 109
Texte A12 - Hatchepsout......................................................................................... 116
Texte A13 - Thoutmosis III..................................................................................... 120
Texte A14 - Thoutmosis IV..................................................................................... 134
Texte A15 - Thoutmosis IV..................................................................................... 141
Texte A16a - Amenhotep III....................................................................................146
Texte A16b - Amenhotep III................................................................................... 149
Texte A17 - Akhénaton........................................................................................... 152
Texte A18 - Séthy Ier............................................................................................... 156
Texte A19 - Ramsès II............................................................................................. 163
Texte A20 - Ramsès II............................................................................................. 172
Texte A21 - Ramsès II............................................................................................. 181

12
Texte A22 - Mérenptah............................................................................................ 187
Texte A23 - Smendès...............................................................................................202
Texte A24 - Taharqa................................................................................................ 206
Texte A25 - Tanoutamon......................................................................................... 211
Texte A26 - Aspelta................................................................................................. 219
Texte A27a - Psammétique II.................................................................................. 228
Texte A27b - Psammétique II.................................................................................. 231
Texte A27c - Psammétique II.................................................................................. 234
Texte A28 - Amasis................................................................................................. 238
Texte A29 - Ramsès II............................................................................................. 244
Texte A30 - Djoser.................................................................................................. 253

CHAPITRE 2. CORPUS BIBLIQUE.................................................................................. 265


Texte B1 - Saül (1 S 11,1-15).................................................................................. 265
Texte B2a - David (2 S 5, 17-27)............................................................................ 268
Texte B2b - David (1 Chr 14,8-17)......................................................................... 270
Texte B3a - David (2 S 7,1-29)............................................................................... 272
Texte B3b - David (1 Chr 17,1-27)......................................................................... 278
Texte B4 - David (1 Chr 22,1-19)........................................................................... 283
Texte B5a - Salomon (1 R 3,3-15)...........................................................................286
Texte B5b - Salomon (2 Chr 1,1-13)....................................................................... 290
Texte B6 - Salomon (1 R 3,16-28).......................................................................... 293
Texte B7a - Salomon (1 R 5,15-32/1 R 6,1-38)...................................................... 297
Texte B7b - Salomon (2 Chr 1,18/2 Chr 5,1).......................................................... 304
Texte B8a - Joas (2 R 12,5-17)................................................................................ 312
Texte B8b - Joas (2 Chr 24,4-14)............................................................................ 315
Texte B9 - Ézéchias (2 Chr 32,1-23)....................................................................... 318
Texte B10a - Josias (2 R 22,1-20)........................................................................... 323
Texte B10b - Josias (2 Chr 34,3-33)........................................................................ 327

DEUXIÈME PARTIE : THÉMATIQUES ET MOTIFS NARRATIFS


CHAPITRE 1. THÉMATIQUES DES KÖNIGSNOVELLEN ÉGYPTIENNES......................... 332
1) Roi pieux et ingénieux........................................................................................... 332

13
a. Activités de construction et de restauration.................................................... 332
b. Rétablissement et création de nouvelles offrandes......................................... 336
2) Roi guerrier et conquérant..................................................................................... 338
a. Rébellions et répression des révoltes.............................................................. 338
b. Conquêtes militaires........................................................................................341
c. Expéditions vers l’étranger............................................................................. 344
3) Manifestation de la nature divine du roi................................................................ 347
a. Exploits physiques.......................................................................................... 347
b. Élection divine................................................................................................ 349
c. Activités économiques.................................................................................... 351
d. Guérison divine............................................................................................... 354
Tableau récapitulatif des thématiques égyptiennes.................................................... 356

CHAPITRE 2. THÉMATIQUES DES KÖNIGSNOVELLEN BIBLIQUES.............................. 357


a. Guerre contre les étrangers..............................................................................357
b. Sagesse royale................................................................................................. 360
c. Oracles divins au bénéfice du roi.................................................................... 364
d. Activités de construction et de restauration.................................................... 366
Tableau récapitulatif des thématiques bibliques........................................................ 371

CHAPITRE 3. MOTIFS NARRATIFS DES KÖNIGSNOVELLEN ÉGYPTIENNES................ 372


1) Description d’un roi guerrier et champion.......................................................... 372
a. Le pharaon athlète........................................................................................... 372
b. Le souverain belliqueux.................................................................................. 374
Le roi comparé à un animal....................................................................... 374
Le roi assimilé à un dieu et à ses attributs guerriers.................................. 377
2) Un contre tous..................................................................................................... 380
3) Récompense des courtisans et de l’armée........................................................... 383
4) Songe et oracle du roi.......................................................................................... 385
5) « Acte de parole » ou performativité................................................................... 391
a. Discours performatif....................................................................................... 391
b. Le pharaon créateur.........................................................................................391
6) Eulogies royales.................................................................................................. 395

14
7) « Première Fois », surpassement et postérité...................................................... 399
8) Aide divine.......................................................................................................... 405

CHAPITRE 4. MOTIFS NARRATIFS DES KÖNIGSNOVELLEN BIBLIQUES......................410


1) Roi guerrier..........................................................................................................410
2) Contrariété et colère du roi.................................................................................. 412
3) Songe et oracle du roi.......................................................................................... 414
4) Soutien divin au roi............................................................................................. 417
a. Aide de Dieu................................................................................................... 417
b. Privilège royal : dialogue avec Dieu............................................................... 422
5) Offrande et sacrifice............................................................................................ 423
6) Renommée et surpassement................................................................................ 427

CHAPITRE 5. ASPECTS STRUCTURELS DES KÖNIGSNOVELLEN ÉGYPTIENNES ET

BIBLIQUES....................................................................................... 433

1) Caractéristiques formelles des récits................................................................... 433


a. Date et titulature.............................................................................................. 433
b. Scène initiale................................................................................................... 439
c. Élément déclencheur....................................................................................... 443
d. Prise de décisions et actions du roi................................................................. 447
e. Analyse des protagonistes des « narrations royales » égyptiennes................. 450
Mention des personnages.......................................................................... 450
Dialogue entre pharaon et ses courtisans, utilisation de la 1re personne 453
Ignorance de la cour.................................................................................. 456
f. Analyse des protagonistes des « narrations royales » bibliques...................... 458
Mention des personnages.......................................................................... 458
Dialogue entre le roi et ses courtisans, utilisation de la 1re personne........ 460
2) Contre-exemples.................................................................................................. 462

TROISIÈME PARTIE : ENJEUX IDÉOLOGIQUES ET HISTORIOGRAPHIQUES


CHAPITRE 6. APPARITION DU GENRE
(CONTEXTE, DATATION, CAUSES ET INFLUENCES).............. 470
1) Königsnovelle égyptienne....................................................................................470

15
a. Prémices de la Königsnovelle égyptienne dans les biographies privées......... 470
b. Modifications architecturales et réforme osirienne.........................................477
2) Königsnovelle biblique........................................................................................ 482
a. Naissance de la dynastie davidique................................................................. 482
b. Rédacteurs bibliques et tentatives de datations............................................... 487
c. De possibles influences étrangères ?............................................................... 493

CHAPITRE 7. NOTIONS DE ROYAUTÉS ÉGYPTIENNE ET BIBLIQUE......................... 496


1) Le roi, berger de son peuple................................................................................ 496
2) Respect de la maât et respect de la Loi............................................................... 498
3) Prédestination et filiation divines........................................................................ 505

CHAPITRE 8. FONCTIONS DE LA KÖNIGSNOVELLE :


LÉGITIMATION ET POSTÉRITÉ......................................................511

1) Une propagande royale........................................................................................ 511


2) L’ancêtre du storytelling ?................................................................................... 516
3) La recherche de la postérité................................................................................. 518
4) Support, lieu et contenu....................................................................................... 522

CHAPITRE 9. « LITTÉRATURE HISTORIQUE » ET HISTORIOGRAPHIE :


LA CONSTRUCTION DE L’HISTOIRE........................................... 529

1) Historiographie égyptienne et littérature « historique »...................................... 529


2) Historiographie biblique : Temple, exil et sources multiples.............................. 532
3) Les « dirigeants » modèles : David, Salomon et Moïse...................................... 537

CONCLUSION................................................................................................................. 546
BIBLIOGRAPHIE/WEBOGRAPHIE..................................................................................554
CRÉDITS PHOTOS........................................................................................................... 607

16
« (...) le ROI, cette ancienne et terrible figure,
espèce de faux destin créé par l’homme entre le ciel et lui »
Honoré de Balzac, La Peau de chagrin (1831)

17
INTRODUCTION
1. DÉFINITIONS ET PROBLÉMATIQUES

§ 1. Le terme Königsnovelle a été introduit pour la première fois dans le monde


égyptologique en 1938 par Alfred Hermann avec sa monographie intitulée Die ägyptische
Königsnovelle. Il établit un corpus de textes relevant de ce genre littéraire spécifique et ouvre
la voie à de nombreuses publications sur le sujet. C’est en établissant une liste de motifs
individuels disposés chronologiquement dans certains textes, que A. Hermann présente une
vingtaine de documents égyptiens qui, selon lui, peuvent être caractérisés comme étant des
Königsnovellen. Pour ce dernier, la « narration royale » est constituée de cinq motifs : une
introduction décrivant la situation dans laquelle le roi se trouve ; un événement extérieur qui
vient perturber cet état de stabilité ; un dialogue entre le roi et ses conseillers ; un plan
d’action mis en place par le souverain pour résoudre la situation ; enfin, la mise à exécution
du projet. Le pharaon est toujours au centre de l’action, il est le héros de l’histoire1. Il est
pertinent de relever la mise en forme de ces récits car elle est présente dans toutes les
« narrations royales », cependant la méthode de A. Hermann a soulevé beaucoup d’objections.

a) La désignation et le genre de la Königsnovelle

§ 2. En 1969, W. Helck conteste le choix de A. Hermann car selon lui la notion moderne
de « nouvelle » que nous connaissons n’est pas nécessairement en adéquation avec les codes
génériques de la littérature égyptienne que la recherche tente encore de comprendre 2 .
Cependant, comme l’indique K. Jansen-Winkeln, l’emploi des vocables allemand
« Königsnovelle » ou, en anglais « King’s Novel », est devenue une pratique courante et il
serait probablement inutile d’user d’un autre nom, bien qu’il conçoive que cette désignation
ne soit pas appropriée à ce genre littéraire3. C’est pourquoi dans la suite de l’étude, seront
employés de manière indifférente les termes « Königsnovelle » et « narration royale ».

§ 3. D’autre part, l’idée même de faire de la Königsnovelle un genre littéraire a suscité des
débats. Du côté égyptologique, K.A. Kitchen souhaite proscrire le terme de Königsnovelle

1
. A. HERMANN, Die ägyptische Königsnovelle, LÄS 10, 1938, p. 11.
2
. W. HELCK, Überlegungen zur Geschichte der 18. Dynastie, OrAnt 8, 1969, p. 281-327.
3
. K. JANSEN-WINKELN, « Die ägyptische “Königsnovelle” als Texttyp », WZKM 83, 1993, p. 110.

18
qu’il ne considère pas comme un genre littéraire4. Du côté des études bibliques, J. Van Seters5
affirme également que la Königsnovelle n’est pas un genre littéraire. Puis, L.L. Grabbe en
20166, explique qu’il faudrait la prendre dans un sens plus large bien qu’il entende que la
« narration royale » corresponde à un type de récits identifiables.

b) Définition de la Königsnovelle pharaonique

§ 4. La définition de la Königsnovelle égyptienne s’est affinée au cours des décennies,


chaque chercheur apportant, au fur et à mesure, sa pierre à l’édifice. Grâce à l’étude des
motifs établis à partir de son corpus textuel, A. Hermann caractérise la « narration royale »
comme le récit d’un événement marquant dont le roi est le protagoniste7. D.B. Redford parle
alors de « mighty acts of the king » et donne quelques exemples tels que l’édification et la
restauration d’un temple ou encore la réalisation de statues 8 . Pour A. Spalinger, la
Königsnovelle rapporte assurément l’accomplissement de l’action par le souverain9, mais elle
présente l’instantané d’un événement ayant pu occuper une longue période de sa vie, d’où la
brièveté de sa forme10. En 1993, K. Jansen-Winkeln complète la définition de la « narration
royale ». Il indique que l’action du souverain doit être perçue comme une œuvre pieuse, son
devoir étant de maintenir l’ordre cosmique en réalisant la maât. C’est pourquoi les
Königsnovellen seraient vouées à une forme d’affichage étant donné qu’elles sont destinées à
être connues des hommes, mais également des dieux11. Selon A. Loprieno, la Königsnovelle
est à comprendre comme un type textuel, et non pas réellement comme un genre ; cette forme
littéraire permettrait de mieux appréhender le rôle du roi dans la société à travers sa position
vis-à-vis de l’humanité et de l’Histoire, étant donné qu’il se trouve par nature au carrefour de
l’interface humaine et divine12. En 2004, à la suite de son étude philologique de textes datant
de la XIe à la XVIIIe dynastie, B. Hofmann conclut qu’à part quelques exceptions, la
Königsnovelle possède une structure bien définie et qu’il s’agit d’une forme de texte royal qui

4
. K.A. KITCHEN, « Recension de A.J. Spalinger, Aspects. », BiOr 44, 1987, p. 639.
5
. J. VAN SETERS, In Search of History. Historiography in the Ancient World and the Origins of Biblical History,
New Haven/London 1983, 160-172.
6
. L.L. GRABBE, 1 & 2 Kings. An Introduction and Study Guide: History and Story in Ancient Israel, Londres,
2016, p. 31.
7
. A. HERMANN, loc. cit.
8
. D.B. REDFORD, Egypt, Canaan, and Israel in Ancient Times, Oxford, 1992, p. 376.
9
. A. SPALINGER, Aspects of Military documents of the Ancient Egyptians, YNER 9, 1982, p. 102.
10
. Id., « Königsnovelle and Performance », dans V.G. Callender (éd.), Times, Signs and Pyramids. Studies in
Honour of M. Verner, Prague, 2011, p. 360.
11
. K. JANSEN-WINKELN, op. cit., p. 107.
12
. A. LOPRIENO, « The King’s Novel », dans A. Loprieno (éd.), Ancient Egyptian Literature, ProblÄg 10, 1996,
p. 277-295.

19
se distingue des autres. En effet, elle est fondée sur une composition narrative spécifique qui
s’inspire d’autres genres littéraires tels que les éloges, les hymnes, les décrets royaux afin
d’accroître la part prodigieuse des actes royaux13.

§ 5. Incontestablement, ces informations s’accumulent, se superposent mais aucune


définition précise ne ressort de ces recherches. L’un des objectifs premiers de cette thèse sera
donc de proposer une définition qui prendrait en compte à la fois les caractéristiques
égyptiennes et bibliques.

c) Définition de la Königsnovelle biblique

§ 6. Outre ces questions de sémantique et de catégorisation, la principale difficulté tient à


la définition de ce genre littéraire qui, à ce jour, n’est pas encore fixée. Il existe en effet
différentes approches qui se complètent parfois, mais aussi se contredisent, et un certain flou
persiste quand il s’agit de devoir définir précisément la Königsnovelle. Toutefois, un élément
incontestable n’engendre aucun débat : la « narration royale » est un récit littéraire prétendant
rapporter un épisode de la vie d’un roi. A. Loprieno souligne à juste titre que cette forme
textuelle ne se limite pas à l’Égypte et qu’elle est perceptible dans d’autres traditions du
Proche-Orient notamment dans le corpus biblique14. Ce n’est donc pas un hasard si les
biblistes se sont intéressés avant les autres à la Königsnovelle. En 1953, S. Herrmann est le
premier à discerner dans l’Ancien Testament des passages relevant selon lui de la « narration
royale ». Ce dernier la définit selon des caractéristiques très proches de celles relevées par
A. Hermann en 1938 dans le corpus égyptien. Il y ajoute en revanche quelques précisions : a)
l’action du roi a pour but d’avoir une incidence dans l’avenir15, et c’est pourquoi elle est
exceptionnelle ; b) la particularité de la « narration royale » réside dans son caractère
étiologique16. S. Herrmann définit la Königsnovelle biblique comme étant un genre littéraire
ayant pour but de retracer les actes et les événements liés au roi dans un contexte bien
particulier. En communiquant sa volonté à sa cour, cette dernière l’acclame et approuve donc
sa position de fils adopté par Dieu. Malheureusement, comme A. Hermann, il se fonde
13
. B. HOFMANN, Die Königsnovelle: “Strukturanalyse am Einzelwerk”, ÄAT 62, 2004, p. 329.
14
. A. LOPRIENO, op. cit., p. 294.
15
. D’après S. Herrmann, les décisions « historiques » des souverains bibliques dans les Königsnovellen doivent
continuer d’opérer dans le futur. Par exemple, la construction du Temple de Jérusalem par Salomon
représente un événement majeur qui a marqué toute la suite de l’histoire judéenne.
16
. S. HERRMANN, « The Royal Novella in Egypt and Israel. A contribution to the History of Genre in the
Historical Books of the Old Testament », dans G.N. Knoppers, J.G.McConville (éds), Reconsidering Israel
and Judah. Recent Studies on the Deuteronomistic History, SBTS 8, Winona Lake, 2000, p. 494.

20
uniquement sur quelques motifs spécifiques17. Bien que l’objectif de cette étude ne soit pas de
mettre en évidence une quelconque influence égyptienne sur les récits vétérotestamentaires, il
semble important de préciser que S. Herrmann est convaincu que la Königsnovelle biblique
s’inspire largement de la Königsnovelle pharaonique, à l’inverse de W.M. Schniedewind18.
Selon S. Herrmann, le jeune royaume davidique avait besoin de suivre le modèle d’un Empire
reconnu et prestigieux, ce qu’était l’Égypte à cette époque. Ce point sera développé plus en
détail par la suite afin de comprendre le contexte d’apparition de ce genre littéraire dans la
Bible.

d) Datation et contexte d’émergence de la Königsnovelle

§ 7. Le second point qui divise les chercheurs concerne la datation de l’apparition du genre
ainsi que le contexte dans lequel la Königsnovelle s’est développée en Égypte. D’après les
publications parues ces cinquante dernières années, l’émergence de la Königsnovelle se
situerait durant la Première Période intermédiaire ou durant le Moyen Empire 19 . Pour
J. Brophy20, la Königsnovelle apparaîtrait sous la XIIe dynastie21 car avant cette période le
statut du roi ne faisait pas débat et n’avait nul besoin d’être réaffirmé. À l’inverse, des
fondateurs de la XIIe dynastie qui ont été confrontés à la nécessité de légitimer leur accession
au trône. Ce serait dans ce contexte de tension politique que cette littérature propagandiste
aurait émergé. J.-C. Moreno Garcia22, quant à lui, rappelle que certaines expressions et motifs
caractéristiques des Königsnovellen apparaissent pour la première fois durant la Première
Période intermédiaire sur des inscriptions de particuliers, qui auraient servi par la suite de
modèle aux inscriptions royales. Enfin, pour A. Spalinger, la Königsnovelle ne devient une
forme littéraire qu’à partir de la XIe dynastie23.

17
. S. HERRMANN, op. cit., p. 493-495.
18
. W.M. SCHNIEDEWIND, Society and the Promise to David: The Reception History of 2 Samuel 7:1-17, New
York/Oxford, 1999, p. 31
19
. Pour certains la première Königsnovelle connue serait la stèle de Deir-el-Ballas datant probablement du règne
de Montouhotep II. E. OTTO, « Annalistik und Königsnovelle », dans B. Spuler (éd.), Handbuch der
Orientalistik, Erste Abteilung: Der Nahe und der Mittlere Osten, Ester Band: Ägyptologie, Zweiter
Abschnitt: Literatur, HbOr 1/1/2, 1952, p. 173 ; H. G. FISCHER, Inscriptions from the Coptite Nome,
AnOr 40, 1964, p. 105 ; Sh.-W. HSU, « The Development of Ancient Egyptian Royal Inscriptions », JEA 98,
2012, p. 275.
20
. J. BROPHY, « Die Königsnovelle: an Egyptian Literary Form », BACE 2, 1991, p. 17.
21
. XXe s. av. notre ère.
22
. J.-C. MORENO GARCIA, Études sur l’administration, le pouvoir et l’idéologie en Égypte, AegLeod 4, 1997
p. 52.
23
. A. SPALINGER, « The Eulogy to Ahmose at Karnak and Connected Texts », dans A. Spalinger (éd.), Five
Views on Egypt, LingAeg, StudMon 6, 2006, p. 102 ; XXIe s. av. notre ère.

21
§ 8. Ce n’est que récemment que ces données ont été remises en question par D. Farout. Ce
dernier a en effet signalé qu’il existait des textes beaucoup plus anciens correspondant aux
critères de la Königsnovelle. Ces deux textes datent de l’Ancien Empire, soit plus de 500 ans
avant la supposée émergence du genre. D. Farout étudie un texte du décor de la chaussée
montante du roi Sahourê24 et un autre de la chaussée d’Ounas25. Le premier raconte que le roi
Sahourê engage une expédition au pays de Pount afin d’en rapporter des arbres à encens ;
mention est faite ensuite des exploits du souverain qui parvient à manipuler ensemble dix
filets de pêche grâce à son ingéniosité et sa force. L’importance de ce texte est sans équivoque
et cela pour plusieurs raisons. Pour D. Farout, il s’agit de la première attestation d’un pharaon
s’adressant à la première personne à sa famille et à ses courtisans. D’ailleurs, A. Spalinger
prend précisément pour exemple les vignettes accompagnant les textes de la chaussée de
Sahourê pour montrer les origines visuelles de la Königsnovelle26. Or de nombreux éléments
caractéristiques de la Königsnovelle se retrouvent dans le texte et les représentations de
Sahourê ; il s’agit sans conteste du plus ancien exemple du genre connu à ce jour. Concernant
le pharaon Ounas, le texte raconte une expédition dans les carrières d’Assouan qui avait pour
but de rapporter des colonnes de granit. Ce récit permet de mettre en exergue les capacités
exceptionnelles du roi face à l’ignorance de ses courtisans. La Königsnovelle semble donc être
beaucoup plus ancienne que ce que l’on croyait et certains événements de cette époque plus
reculée pourraient expliquer son émergence. Par exemple les changements d’organisation du
complexe funéraire royal, ainsi que la création et la diffusion du dogme osirien27. En outre, il
semblerait que les « narrations royales » égyptiennes se soient incontestablement inspirées des
(auto)biographies de particuliers datant de l’Ancien Empire. Il apparaît donc nécessaire
d’étudier ce corpus textuel, d’établir leurs points communs afin de déterminer les multiples
étapes de rédaction des Königsnovellen28. En analysant en profondeur ces textes plus anciens
correspondant au genre littéraire de la Königsnovelle, il sera possible d’appréhender les
circonstances exactes qui ont fait éclore cette nouvelle forme de littérature officielle.

§ 9. Comme notifié précédemment, plusieurs chercheurs affirment que la Königsnovelle


pharaonique aurait inspiré la Königsnovelle biblique à l’instar de S. Herrmann ou de

24
. D. FAROUT, « Les déclarations du roi Sahourê », RdE 63, 2012, p. 103-113.
25
. Id., « Les déclarations du roi Ounas », RdE 65, 2014, p. 49-73.
26
. A. SPALINGER, op. cit., p. 370.
27
. D. FAROUT, RdE 63, 2012, p. 109.
28
. J. STAUDER-PORCHET, Les autobiographies de l'Ancien Empire égyptien: étude sur la naissance d'un genre,
OLA 255, 2017, p. 45-73.

22
M. Görg29. Néanmoins, ce qui est réellement intéressant, c’est de comprendre pour quelles
raisons ce genre littéraire a vu le jour et dans quel contexte la Königsnovelle biblique s’est
développée, indépendamment d’une quelconque influence extérieure. S. Herrmann expose les
prémisses d’une explication qu’il faudra approfondir dans la suite de cette étude. D’après ce
dernier, l’apparition de la « narration royale » dans la Bible serait à replacer dans le contexte
spécifique de la naissance du royaume davidique. Cette jeune monarchie, qui se met en place
avec David puis avec son fils Salomon, aurait ressenti le besoin de légitimer sa position et par
conséquent de mettre en avant l’activité du roi désigné par Dieu, la création d’une cour pour
l’assister ainsi que la mise en place de diverses cérémonies royales30. Étant donné que cette
époque lointaine reste difficile à saisir pour le bibliste, il est préférable de tenter
d’appréhender la description de la structure de la monarchie israélite au sein du programme
théologique des auteurs qui ont rédigé ou remanié les « narrations royales » plus tardivement.
Déterminer une époque relative à l’éclosion du genre de la Königsnovelle pharaonique et
biblique ainsi que comprendre les causes qui l’ont engendrée sera le second objectif principal
de cette thèse.

e) Les apports de la « narration royale »

§ 10. Pour A. Loprieno, la Königsnovelle a principalement pour objectif de définir la


position du roi envers l’humanité et l’Histoire. Les anecdotes mettant en scène le roi et les
courtisans sont caractéristiques de l’étiquette palatiale de la monarchie absolue. L’un des
messages essentiels de la Königsnovelle concerne la place du roi en tant que récepteur de
l’inspiration divine mais également en tant que personne humaine31. C’est sur cette interface
entre le monde divin et la condition humaine que la « narration royale » se focalise. Elle offre
ainsi un milieu idéal et propice pour l’émergence de l’historiographie 32 : l’étude de la
« narration royale » permettrait donc de mieux comprendre la manière dont les Égyptiens et
les Israélites construisaient le récit de leur propre Histoire. D.B. Redford fait d’ailleurs un
parallèle judicieux entre la fonction de la Königsnovelle et le storytelling moderne qui permet
de mettre en avant les succès des actes passés mais également les réussites de la politique

29
. M. GÖRG, Gott-König-Reden in Israel und Ägypten, Stuttgart, 1975.
30
. S. HERRMANN, op. cit., p. 497.
31
. A. LOPRIENO, op. cit., p. 277.
32
. Ibid., p. 287.

23
future33 ; cela rappelle fortement l’impératif de surpassement inhérent à la définition de la
maât égyptienne qui impose aux pharaons de faire davantage que leurs prédécesseurs.

§ 11. De plus, il est probable qu’étudier tous les textes bibliques et pharaoniques
s’apparentant à une Königsnovelle permettra d’apporter des informations précieuses sur la
fonction du roi dans la Bible et en Égypte ainsi que sur le rapport qu’il entretient avec le
divin. La Königsnovelle ne se résume pas, en effet, à l’exposé d’un (prétendu) événement
historique : elle présente également le roi dans l’accomplissement de son rôle de représentant
nommé par la divinité34, élément que l’on retrouve, mutatis mutandis, dans les monarchies
égyptienne et israélite. Analyser de quelle manière s’articule la « narration royale » dans la
Bible et en Égypte permettra de mieux comprendre les modifications des idéologies royales
israélite et égyptienne au fil des siècles.

§ 12. Enfin, il reste à noter que les Königsnovellen ont influencé d’autres écrits littéraires.
A. Loprieno parle ainsi des Götternovellen, récits mythologiques dans lesquels les
protagonistes sont les divinités. Il donne plusieurs exemples, dont le plus significatif est celui
du mythe de la Vache Céleste datant de la XVIIIe dynastie35. Ce dernier est organisé sous la
même forme qu’une « narration royale » : le dieu créateur Rê, qui joue ici le rôle de pharaon,
appelle une assemblée composée de dieux, qui tiennent le rôle de courtisans, pour annoncer
son projet de se retirer, les hommes ayant osé conspirer contre lui. Il prend alors conseil
auprès des divinités et décide d’anéantir sa création, bien qu’à la fin il décide d’épargner
l’humanité. Ce texte reprend le schéma typique de la Königsnovelle : le roi est face à une
difficulté, il consulte son entourage et prend une décision qui vise à rétablir un état de paix.

§ 13. Par la suite, le terme Königsnovelle sera utilisée pour caractériser des textes se
rapportant à des personnages privés. Deux cas de figure se présentent alors : premièrement le
récit de l’action d’un individu qui à travers son autobiographie fait référence aux actes
extraordinaires du roi. C’est par exemple le cas d’un grand prêtre de Ptah sur la stèle de
Taïemhotep (BM EA 147) datant du règne de Cléopâtre VII 36 , bien que l’on trouve
vraisemblablement des autobiographies plus anciennes (Nouvel Empire) dans des tombes

33
. D.B. REDFORD, loc. cit.
34
. J. BROPHY, op. cit., p. 20.
35
. A. LOPRIENO, op. cit., p. 290-291.
36
. M. PANOV, « Die Stele der Taimhotep », LingAeg 18, 2010, p. 169-191 ; K. JANSEN-WINKELN, op. cit.,
p. 114.

24
privées thébaines qui portent déjà certaines caractéristiques de la Königsnovelle 37 .
Deuxièmement, il s’agit d’écrits de particuliers façonnés sur le modèle des « narrations
royales » sans mention aucune du roi. C’est le cas d’une petite stèle de la XXIIe dynastie38
(UCL 14496)39 que mentionne K. Jansen-Winkeln. Un prêtre y raconte la manière dont il a
trouvé une stèle en se promenant dans la nécropole memphite et comment par la suite il a
restauré et remis en activité ce lieu sacré40.

f) Méthodologie, problématiques et objectifs

§ 14. Comme le souligne A. Loprieno, la définition de la Königsnovelle est vouée à


générer une confusion étant donné que le pharaon apparaît dans un nombre considérable de
récits. En effet, cette définition est appliquée à la culture égyptienne, qui reste
idéologiquement fidèle à un modèle pyramidal de la société dans lequel le roi remplit de
multiples rôles : il est le symbole de la cohésion du pays et représente métaphoriquement la
société égyptienne dans son ensemble41. En raison de cette quasi omniprésence du roi dans les
textes égyptiens, il semble alors primordial de définir les éléments caractéristiques de la
Königsnovelle afin de pouvoir trier et classer la multitude de récits qui se présentent. La
plupart des égyptologues et des biblistes qui se sont intéressés à la Königsnovelle signalent
ces éléments mais de manière ponctuelle, ne se référant qu’à quelques documents, d’où
l’intérêt d’établir un corpus plus complet afin d’analyser le genre littéraire dans son ensemble.

§ 15. La présente enquête repose sur deux corpus distincts composés de trente-trois récits
égyptiens ainsi que de seize textes vétérotestamentaires. Il est indispensable de noter
l’hétérogénéité de ces deux corpus dès à présent étant donné qu’ils concernent deux
civilisations très différentes. Le cadre chronologique égyptien étudié s’étend de l’Ancien
Empire (Ve dynastie 42 ) à la période ptolémaïque. Les documents ne présentent aucune
difficulté particulière de datation (à l’exception de la « Stèle de Bentrech » et de la « Stèle de
la Famine »), étant donné qu’un récit est généralement associé à un individu particulier. Il est
donc aisé de situer ces inscriptions dans le temps. De plus, étant donné que tous les récits ont

37
. A.M. GNIRS, « Die ägyptische Autobiographie », dans A. Loprieno (éd.), Ancient Egyptian Literature,
ProblÄg 10, 1996, p. 215, n. 122.
38
. VIIIe-VIIe siècle av. notre ère.
39
. H.K. JACQUET-GORDON, « The illusory year 36 of Osorkon I », JEA 53, 1967, p. 63-68.
40
. K. JANSEN-WINKELN, op. cit., p. 116.
41
. A. LOPRIENO, op. cit., p. 277.
42
. XXVe-XIVe s. av. notre ère.

25
été gravés dans la pierre (à l’exception du « Rouleau de cuir » de Sésostris Ier), il est possible
de connaître l’emplacement de chacun de ces textes et donc d’envisager la manière dont
étaient diffusées les Königsnovellen égyptiennes dans le Double-Pays. Lecture orale,
diffusion des récits dans tout le pays par écrit ou encore multiplication des versions d’un
même texte, il ne fait aucun doute que les « narrations royales » égyptiennes étaient diffusées
en Égypte afin que tout un chacun fût informé des prouesses de pharaon. En analysant un
genre s’étendant sur trois millénaires d’histoire égyptienne, le chercheur moderne est à même
de déterminer non seulement la fonction littéraire de ces récits mais également la fonction
historique de ceux-ci dans des contextes bien précis.

§ 16. Ces deux points sont fondamentalement différents lorsqu’il s’agit du corpus biblique.
Premièrement, il est très difficile d’appréhender les contextes historiques particuliers dans
lesquels ont été rédigées les Königsnovellen bibliques. En effet, la datation des récits
bibliques s’étend environ du Xe au IIe siècle av. notre ère. Ils sont le résultat d’une multitude
d’interventions rédactionnelles, envisager leurs datations exactes est donc quasiment
impossible. Dans une publication de 1943 43 , M. Noth parle pour la première fois de
l’« histoire deutéronomiste » 44 . Selon lui, certains passages des livres bibliques dits
« historiques » témoignent d’une parenté étroite avec le Deutéronome et seraient donc issus
d’un auteur unique. D’après le bibliste, ces textes ont pour fonction de structurer l’ensemble
de l’œuvre afin de renforcer sa cohérence. Le Deutéronomiste, véritable auteur biblique
s’inspirant parfois de traditions très anciennes, construirait donc une présentation du passé
d’Israël en fonction d’une théologie qui lui serait propre. À travers l’élaboration de l’histoire
d’Israël et de Juda, il tente d’expliquer la destruction de Jérusalem ainsi que la déportation
d’une partie de la population45.

§ 17. La théorie de M. Noth a soulevé de nombreuses interrogations, ce qui explique


pourquoi aucun consensus n’a depuis été trouvé. Il est toutefois possible d’exposer quatre
positions principales dans le débat actuel de la recherche46. Si l’on suit la position « néo-

43
. M. NOTH, Überlieferungsgeschichtliche Studien. Die sammelnden und bearbeitenden Geschichtswerke im
Alten Testament (1943) 3, Darmstadt, 1967.
44
. Th. RÖMER, The so-called Deuteronomistic history: a sociological, historical and literary introduction,
Londres, 2005, p. 21-25.
45
. Id., « L’histoire deutéronomiste (Deutéronome-2 Rois) », dans J.-D. Macchi, Chr. Nihan, Th. Römer (éds),
Introduction à l’Ancien Testament, Genève, 2009, p. 317-319.
46
. Pour un résumé précis et complet de l’histoire de la recherche relatif à l’historiographie deutéronomiste voir :
A. DE PURY, Th. RÖMER, « L’historiographie deutéronomiste (HD) : Histoire de la recherche et enjeux du

26
nothienne » de J. Van Seters et de S.L. MacKenzie, un seul auteur deutéronomiste serait
responsable de l’œuvre allant du Deutéronome jusqu’aux livres des Rois. Ensuite, la position
« crossienne », majoritaire dans la recherche anglo-saxonne, prône l’idée d’une première
édition à l’époque de Josias. Une autre théorie considère une multiplication des couches
deutéronomistes de manière successive. Enfin, certains exégètes contestent la théorie
nothienne au nom de l’hétérogénéité des textes étudiés. À l’existence d’un auteur
deutéronomiste se substituerait donc celle de plusieurs auteurs deutéronomistes47. Comme le
précise Th. Römer, bien qu’aucun consensus définitif ne semble avoir été trouvé, un certain
nombre de convergences relatives à l’histoire deutéronomiste semble émerger, permettant
ainsi de reconstruire un modèle hypothétique48. L’école deutéronomiste aurait œuvré sur
plusieurs siècles, entre époques néo-assyrienne49, babylonienne50 et perse51, c’est pourquoi il
est possible de parler de rédaction deutéronomiste préexilique, exilique ou postexilique52. Les
récits étudiés au sein du corpus des Königsnovellen bibliques nous sont connus par un texte
massorétique tardif, alors qu’ils ont eux-mêmes connu plusieurs contextes historiques de
rédaction. Par conséquent, appréhender la fonction de ces textes historiquement est
difficilement envisageable. Il semble donc plus judicieux de comprendre ces récits au sein
d’un programme théologique complet. Étant donné que l’historiographie deutéronomiste se
rapporte aux récits des livres de Samuel et des Rois, les récits des Chroniques sont envisagés
différemment. Il semble que ces textes aient été rédigés aux alentours du IVe siècle av. notre
ère, dans le cercle des lévites du Second temple. À l’inverse de l’historiographie
deutéronomiste, un cadre théologique mais également chronologique précis semble se
dessiner53.

§ 18. Tout comme pour l’Égypte, la question de la diffusion des Königsnovellen bibliques
en Israël se pose étant donné que ces récits ne sont pas gravés dans la pierre. Qui était
concerné par les exploits du souverain ? Comment les individus avaient-il accès à ces textes et
sous quelle forme ? Les « narrations royales » étaient-elles diffusées dans tous le pays ? Bien

débat », dans A. De Pury, Th. Römer, J.-D. Macchi (éds), Israël construit son histoire : l’historiographie
deutéronomiste à la lumière des recherches récentes, Le Monde de la Bible 34, 1996 p. 9-120.
47
. Th. RÖMER, The so-called, p. 26-33 et p. 45-49 ; Id., « L’histoire deutéronomiste (Deutéronome-2 Rois) »,
p. 324-325 ;
48
. Id., The so-called, p. 45-49.
49
. Ibid., p. 67-71.
50
. Ibid., p. 107-124.
51
. Ibid., p. 165-169.
52
. Id., « L’histoire deutéronomiste (Deutéronome-2 Rois) », p. 324-329.
53
. Ph. ABADIE, « 1-2 Chroniques », dans J.-D. Macchi, Chr. Nihan, Th. Römer (éds), Introduction à l’Ancien
Testament, Genève, 2009, p. 714.

27
qu’il soit ardu de répondre à ses questions, il est possible d’envisager plusieurs scénarii,
comme des lectures orales à la population et à la cour ; ou bien la diffusion d’un même récit
qui aurait été copié sur plusieurs rouleaux distribués à l’élite capable de lire. L’auditoire était
nécessairement lié au support et au moyen de transmission. Reste à savoir si les auteurs de ces
Königsnovellen avaient eu accès à des annales royales pour rédiger leurs textes et à quel
moment ces récits ont été figés dans leur forme actuelle de Königsnovelle.

§ 19. La dimension novatrice de ce sujet réside dans l’examen à parts égales des sources
égyptiennes et bibliques. Aucun corpus n’a la primauté sur l’autre, chaque récit est donc
étudié pour ce qu’il est dans un contexte qui lui est propre. Cette thèse ne tente à aucun
moment de démontrer l’influence d’un corpus sur un autre. Ainsi, la démarche intellectuelle
de cette recherche s’inscrit dans une approche comparatiste qui cherche à mettre en avant les
points communs, les divergences et les spécificités de chacun des corpus afin de répondre à
cette question : par quels moyens le genre littéraire de la Königsnovelle a-t-il participé à
l’élaboration de l’historiographie relative aux monarchies égyptiennes et bibliques ?
L’étude de ces récits a plusieurs objectifs principaux : comprendre le contexte d’émergence
de ce genre littéraire en Égypte et dans la Bible ainsi que déterminer sa datation (malgré les
difficultés mentionnées plus haut dans le cas des textes bibliques) ; définir les critères de la
fonction royale et le lien qu’entretient le souverain avec le divin ; appréhender les fonctions
du genre littéraire dans chaque corpus. Ces différents points permettront finalement de
percevoir les mécanismes historiographiques utilisés par les auteurs afin de construire leur
Histoire respective, notamment à travers la Königsnovelle.

§ 20. La présente étude est structurée en trois parties principales composées elles-mêmes
de plusieurs chapitres. La première partie est constituée du corpus, elle présente trente-trois
récits égyptiens ainsi que seize textes vétérotestamentaires. Sauf lacune dans le récit, ces
« narrations royales » comportent systématiquement les mêmes éléments formels : un élément
déclencheur qui sera notifié en gras, une prise de décision de la part du roi qui sera soulignée,
enfin l’action royale indiquée en italique. Cette typographie particulière met en évidence au
premier regard les passages importants de chaque Königsnovelle.

§ 21. La deuxième partie aborde tout d’abord les thématiques des Königsnovellen
égyptiennes regroupées sous plusieurs chapitres (roi pieux et ingénieux ; roi guerrier et
conquérant ; manifestation de la nature divine du roi), puis les thématiques des

28
Königsnovellen bibliques (guerre contre les étrangers ; sagesse royale ; oracles divins au
bénéfice du roi ; activités de construction et de restauration). Chaque thématique concerne un
sujet précis qui permet de classer sous différentes catégories les « narrations royales » ayant
en commun un thème particulier. Ensuite, ce sont les motifs narratifs visibles dans ces textes
qui sont réunis puis étudiés. Ils correspondent à la répétition de certaines idées, formules et
expressions, parfois identiques, participant à l’élaboration narrative des Königsnovellen.
Certains de ces motifs vont de soi : la description d’un souverain guerrier, les songes et les
rêves, l’aide divine, alors que d’autres ne sont explicités que dans un nombre plus restreint de
textes. Étudier les thématiques et les motifs narratifs des corpus permettra de classer de
manière rigoureuse toutes les « narrations royales » afin de comprendre dans quel cas précis
le genre littéraire était employé. L’établissement de la liste des motifs narratifs et des
thématiques constitutifs des Königsnovellen résultera ainsi du contenu relatif au corpus
retenu. Ces listes ont été regroupées dans des tableaux comparatifs.

§ 22. Il sera par la suite nécessaire d’analyser la forme de ces « narrations royales ». Par
exemple, K. Jansen-Winkeln insiste sur la distinction, classique, entre forme du discours et
forme du récit. Pour ce dernier, c’est la forme narrative qui sert de cadre à la Königsnovelle et
il parvient ainsi à éliminer de nombreux textes considérés comme Königsnovellen car
adoptant selon lui la forme d’un « discours »54. Quant à B. Hofmann, elle explique qu’une
étude approfondie des aspects syntaxiques et stylistiques de ces textes permettrait selon elle
de discerner dans les « narrations royales » une structure concentrique avec pour centre
l’éloge des courtisans55. En ce qui concerne les corpus égyptien et biblique de la présente
étude, ils révèlent des formes bien précises, c’est pourquoi l’examen des aspects structurels
est proposé. Les caractéristiques formelles s’appliquant aux inscriptions sont comparées et
mises en perspective. Enfin des contre-exemples égyptien et biblique sont détaillés afin
d’expliquer précisément pourquoi de nombreux récits n’ont pas été intégrés dans le corpus
final. L’examen de la phraséologie et de la linguistique permet de mettre en relief des termes
et des formes récurrentes typiques des « narrations royales ». La méthodologie employée
prendra naturellement en compte les spécificités des récits vétérotestamentaires et égyptiens.

§ 23. La troisième partie est consacrée à l’analyse de la documentation historique et


idéologique. Un premier chapitre traite de l’apparition du genre, c’est-à-dire de son contexte

54
. K. JANSEN-WINKELN, « Die ägyptische “Königsnovelle” als Texttyp », WZKM 83, 1993, p. 108.
55
. B. HOFMANN, Die Königsnovelle: “Strukturanalyse am Einzelwerk”, ÄAT 62, 2004, p. 318.

29
d’éclosion, de sa datation, de ses causes et de ses influences. Pour la Königsnovelle
égyptienne, les biographies privées sont examinées et les modifications architecturales de
l’Ancien Empire sont étudiées parallèlement à l’émergence du culte osirien. Concernant la
Königsnovelle biblique, le besoin de justifier la naissance de la dynastie davidique est
envisagé comme explication de l’éclosion plus tardive de ce genre littéraire. Une datation
large est proposée pour les « narrations royales » de l’Ancien Testament, et sans entrer dans
les détails un sous-chapitre est consacré aux possibles influences étrangères. Un second
chapitre aborde les notions de royautés égyptienne et biblique, comme le thème du souverain
considéré comme un berger, le respect que doit pharaon à la maât et le roi biblique à la Loi de
Dieu, ainsi que la prédestination et la filiation divines dont bénéficie le roi. Un troisième
chapitre concerne la fonction de la Königsnovelle, en particulier les aspects de propagande et
de postérité, analysés aussi à la lumière du storytelling moderne. Enfin un dernier chapitre
examine le concept de « littérature historique » et d’historiographie afin de comprendre de
quelle manière les auteurs égyptiens et bibliques ont construit l’Histoire de leur civilisation
notamment en ayant recours au genre de la Königsnovelle.

§ 24. Finalement, la conclusion propose une définition commune de la Königsnovelle pour


les deux corpus, en tenant compte des ressemblances et des différences d’objectifs et de
fonctions de la « narration royale » ainsi que des descriptions royales propres à chaque
corpus. En définitive, cette recherche se conclut par les études qu’il serait utile de mener à
l’avenir pour parvenir à mieux comprendre ce genre littéraire dans d’autres civilisations et en
lien avec des sous-genres littéraires (princenovelle et götternovelle entre autres).

2. ÉTAT DE LA QUESTION

a) A. Hermann (1938)56

§ 25. C’est en 1938 que le terme Königsnovelle fait son apparition dans la discipline
égyptologique grâce à A. Hermann qui lui consacre une monographie. La nécessité de
regrouper ces récits ayant des traits similaires s’explique d’après lui par le fait que cette
littérature participe à la conscience historique des Égyptiens anciens57. Il établit alors une liste
de vingt Königsnovellen classées par grandes thématiques (restauration de sanctuaires et

56
. A. HERMANN, Die ägyptische Königsnovelle, LÄS 10, 1938.
57
. Ibid., p. 7.

30
d’anciens cultes, achèvement des bâtiments des prédécesseurs, usage cultuel, conquête,
répression des révoltes, expulsion des ennemis, expédition à l’étranger, approvisionnement
des travailleurs et artisans, guérison des malades) qu’il caractérise de « groupes littéraires »58.
L’auteur donne ensuite une définition de la « narration royale » : il s’agit d’un récit se
focalisant sur les actes extraordinaires du roi qui apparaît donc aux yeux de tous comme un
héros. A. Hermann répertorie la liste des événements pouvant entraîner cette fameuse action
(rêve, messager, expédition...) en se référant aux groupes de textes signalés auparavant59. Il
présente également les motifs se retrouvant de manière chronologique dans les
Königsnovellen : le roi demeure dans son palais en présence de sa cour, un événement vient
troubler cette situation, le roi réfléchit à un plan d’action et en informe ses conseillers (qui
peuvent ou non l’approuver), enfin la décision royale est accomplie et est couronnée de
succès60.

§ 26. L’égyptologue, dans un second chapitre, s’intéresse aux variations pouvant se trouver
dans ces récits spécifiques. Il analyse notamment la « Stèle de Bentrech » qui a pour objectif
premier de mettre en avant la personne du dieu Khonsou et non pas celle du roi, ainsi que la
stèle funéraire de Taïemhotep qui est en réalité une « narration royale » de particulier61.
A. Hermann traite également du support des Königsnovellen, effectivement en raison de
l’importance de ces événements royaux, elles doivent être gravées sur des matériaux
impérissables c’est pourquoi ces « narrations royales » sont inscrites sur des stèles, la
postérité de l’action est ainsi préservée62.

§ 27. Enfin dans un dernier chapitre, il tente de repérer le lieu de naissance de cette forme
textuelle et explique que cette manière de juxtaposer plan et action royale est, selon lui, à
rapprocher de la conception memphite du Moyen Empire qui aurait perduré jusqu’à la période
ptolémaïque. Pour finir A. Hermann étudie la présence de la Königsnovelle hors des frontières
égyptiennes notamment chez Tacite, Plutarque ou encore Xénophon63.

58
. Ibid., p. 9-11.
59
. Ibid., p. 11-13.
60
. Ibid., p. 14-20.
61
. Ibid., p. 21-22.
62
. Ibid., p. 30-34.
63
. Ibid., p. 37-48.

31
b) B. Van de Walle (1939)64

§ 28. La parution de la monographie d’Alfred Hermann en 1938 suscita de nombreux


commentaires au sein de l’égyptologie notamment ceux de B. Van de Walle. Ce dernier
introduit sa recension en rappelant que les documents historiques égyptiens gravés sur les
stèles et les parois de temples sont considérés par les Égyptiens comme des œuvres littéraires
à part entière. Ils doivent donc se distinguer des proses ordinaires et ont eu besoin d’être fixés
par la tradition. Depuis le Moyen Empire, les scribes égyptiens ont alors dû adopter une mise
en scène caractéristique des Königsnovellen comme l’explique A. Hermann. B. Van de Walle
reprend un à un les chapitres de la monographie de son confrère en expliquant les points
essentiels. Il conclut enfin que cette étude marque une nouvelle étape dans l’analyse de la
littérature égyptienne bien qu’il ne soit pas en accord avec toutes les conclusions de l’auteur.

c) E. Otto (1952)65

§ 29. Dans son article datant de 1952, E. Otto focalise sa recherche sur les annales royales
et sur la Königsnovelle. Selon lui, la « narration royale » est une des formes de
l’historiographie égyptienne dans laquelle la figure du roi est l’élément central66. Il y indique
que la « narration royale » la plus ancienne remonte à la XIe dynastie et qu’il s’agit du récit
attribué à Montouhotep II provenant de Deir el-Ballas. Il donne encore quelques exemples
relevant d’après lui de cette forme et se demande si des traces de ce genre ne seraient pas
visibles dès l’Ancien Empire. E. Otto explique que les Königsnovellen ont évolué au fil des
siècles, les derniers exemples visibles datant de Plutarque et de Tacite67. Bien que sa forme ait
peu changé, les motifs de la « narration royale » sont multiples : réprimer une rébellion,
édifier ou restaurer un nouveau monument... E. Otto note que l’action se déroule souvent au
début du règne du souverain. Ce moment particulier est primordial explique-t-il, car un
nouveau règne est la répétition de la réorganisation du monde, il s’agit donc du moment
opportun pour mettre en avant une action efficace de la part du pharaon68.

64
. B. VAN DE WALLE, « Recension de A. Hermann, Die ägyptische Königsnovelle », ChronEg 14/28, 1939,
p. 317-319.
65
. E. OTTO, « Annalistik und Königsnovelle », dans B. Spuler (éd), Handbuch der Orientalistik, Erste
Abteilung: Der Nahe und der Mittlere Osten, Ester Band: Ägyptologie, Zweiter Abschnitt: Literatur,
HbOr 1/1/2, 1952, p. 169-179.
66
. Ibid., p. 172.
67
. Ibid., p. 173.
68
. Ibid., p. 174.

32
d) S. Herrmann (1953-1954)69 (1985)70

§ 30. Dans son article datant de 1953, S. Herrmann tente de prouver qu’il existe dans le
texte biblique des Königsnovellen qui se sont inspirées des « narrations royales » égyptiennes.
Dans un premier temps, il explique que l’adoption de ce genre littéraire en Israël permet au
jeune empire davidique de mettre en place une nouvelle idéologie royale dans un souci de
légitimer l’avenir de cette nouvelle administration71.

§ 31. S. Herrmann reprend les dires de A. Hermann et de E. Otto : la Königsnovelle ne se


restreint pas au Double-Pays et a laissé des traces dans d’autres corpus textuels de l’époque72.
L’auteur définit alors la « narration royale » comme étant une cérémonie de cour dans
laquelle le roi propose des solutions à un problème donné. Plusieurs éléments individuels tels
que le dialogue entre le roi et sa cour ou encore la louange des courtisans se retrouvent
systématiquement dans les Königsnovellen, dans un ordre non déterminé mais fournissant
toutefois un schéma littéraire répétitif73.

§ 32. C’est la création du royaume indépendant d’Israël chaperonnée d’un intérêt


renaissant pour la personne du roi qui aurait, selon S. Herrmann, rendu plausible l’influence
égyptienne sur la littérature et les mœurs israélites. La réalisation d’une historiographie
consacrée à David et à Salomon aurait été le point de départ de cette appropriation74. Afin de
mettre en évidence les liens qui existent entre les littératures royales égyptienne et biblique,
S. Herrmann tend à comparer les corpus des deux civilisations. Le premier passage 1 R 3,4-
15 concerne Salomon qui voit Dieu en rêve. L’auteur rapproche ce récit de l’Ancien
Testament à la « Stèle du Sphinx » datant de Thoutmosis IV, étant donné que dans cette
inscription le roi égyptien s’assoupit et voit lui aussi une divinité lui parler. Par ailleurs, ces
deux récits ont en commun l’absence de dialogue entre le souverain et sa cour, ainsi que le
besoin pour chacun des deux rois de légitimer sa position royale. Par la suite, S. Herrmann

69
. S. HERRMANN, « Die Königsnovelle in Ägypten und in Israel: Ein Beitrag zur Gattungsgeschichte in den
Geschichtsbüchern des Alten Testaments », WZL 3, 1953-1954, p. 51-62. Traduit récemment en anglais : Id.,
« The Royal Novella in Egypt and Israel. A contribution to the History of Genre in the Historical Books of
the Old Testament », dans G.N. Knoppers, J.G.McConville (éds), Reconsidering Israel and Judah. Recent
Studies on the Deuteronomistic History, SBTS 8, Winona Lake, 2000, p. 493-515.
70
. Id., « 2 Samuel VII in the Light of the Egyptian Königsnovelle – Reconsidered », dans Pharaonic Egypt. The
Bible and Christianity, Jerusalem, 1985, p. 119-128.
71
. Id., « The Royal Novella in Egypt and Israel », p. 493.
72
. Ibid., p. 494-495.
73
. Ibid., p. 495.
74
. Ibid., p. 497-498.

33
cite des exemples de Königsnovellen égyptiennes afin d’établir un rapprochement avec
certains récits vétérotestamentaires75 et explique la notion de « bon roi » dans la Bible selon
les préceptes divins vétérotestamentaires76.

§ 33. Puis l’auteur donne un second exemple de « narration royale » biblique, il s’agit du
document fondateur de la dynastie davidique 2 S 7. Pour lui, les caractéristiques communes
du matériel biblique et égyptien sont une preuve des relations existantes entre Königsnovellen
vétérotestamentaires et égyptiennes. Il mentionne, entre autres, le récit des réalisations
d’Âhmosis pour sa grand-mère Tétichéri77. Pour conclure, il affirme de nouveau le rôle
majeur que l’Égypte, avec la Königsnovelle qu’elle a inventée, a pu jouer dans l’établissement
de la dynastie davidique78.

§ 34. Quelques décennies plus tard, S. Herrmann consacre un article entier au récit biblique
2 S 7. Son but est de comprendre à travers l’étude de ce texte quel est le fond religieux et
idéologique du concept de la dynastie de David79. Si pour certains chercheurs la prophétie de
Nathan a été influencée par des inscriptions royales mésopotamiennes, de nombreux biblistes
ont maintenu que le fond spirituel et idéologique de la royauté davidique a été influencé par
l’Égypte80. L’auteur compare le récit biblique étudié à la « narration royale » du « Rouleau de
cuir » de Sésostris Ier en mettant en relation leur contenu respectif81. S. Herrmann conclut que
2 S 7 a été influencé à la fois dans sa forme et dans son contenu par la Königsnovelle
égyptienne, précisant toutefois qu’il ne faut pas exclure les parallèles de terminologie existant
entre les textes bibliques et les actes d’intronisation attestés dans le corpus du Proche-Orient
ancien82.

e) E. Blumenthal (1970)83

§ 35. C’est en 1970 que E. Blumenthal publie une monographie ayant pour sujet les
inscriptions royales du Moyen Empire. Selon elle, la culture égyptienne tend à conserver des

75
. Ibid., p. 498-502.
76
. Ibid., p. 503-505.
77
. Ibid., p. 506-513.
78
. Ibid., p. 515.
79
. Id., « 2 Samuel VII in the Light of the Egyptian Königsnovelle – Reconsidered », p. 119.
80
. Ibid., p. 120.
81
. Ibid., p. 121-122.
82
. Ibid., p. 126.
83
. E. BLUMENTHAL, Phraseologie. Untersuchungen des ägyptischen Königtums des Mittleren Reiches I: Die
(Phraseologie), ASAW 61/1, Leipzig, 1970, p. 7-15.

34
formes bien définies lorsqu’il s’agit des moyens d’expression employés84. L’auteure étudie
donc les témoignages royaux sous deux angles : le contenu et la phraséologie85. Les sources
primaires sont divisées en cinq catégories : les inscriptions officielles, les récits
commémoratifs royaux, les rapports d’expédition, les inscriptions biographiques ainsi que les
textes littéraires86. D’après E. Blumenthal, cette dernière catégorie représente une classe
hétérogène étant donné qu’elle est composée d’innombrables récits, possédant une
multiplicité de genres indépendants, parmi lesquels la Königsnovelle87.

f) R.J. Williams (1971)88

§ 36. Selon l’auteur, une influence égyptienne indéniable est visible dans la littérature
biblique datant des règnes de David et de Salomon. R.J. Williams donne sa définition de la
Königsnovelle égyptienne expliquant que le modèle est devenu stéréotypé : le roi est
représenté de manière héroïque, il prend une décision en présence de ses courtisans et
accomplit un exploit. Il date l’apparition du genre de la XIIe dynastie avec le « Rouleau de
cuir » de Sésostris Ier et cite d’autres « narrations royales » plus tardives89. R.J. Williams
établit un lien entre certaines expressions hébraïques et égyptiennes et commente plusieurs
Königsnovellen bibliques : 2 S 7, 1 R 3,4-15 et 1 R 8,1-5,6690.

g) M. Görg (1975)91

§ 37. Dans sa monographie Gott-König-Reden in Israel und Ägypten, M. Görg étudie


plusieurs textes bibliques pour lesquels il propose une analyse textuelle (contenu et forme)
ainsi que des comparaisons avec des récits égyptiens. Il consacre un chapitre à la
Königsnovelle et s’attelle à confronter le récit vétérotestamentaire de 1 R 3,1-15 à la « Stèle
du Sphinx » de Thoutmosis IV dans le but de démontrer les liens qui les unissent et les
éléments qui les distinguent à travers le traitement littéraire établi par les deux civilisations92.

84
. Ibid., p. 8.
85
. Ibid., p. 9.
86
. Ibid., p. 10.
87
. Ibid., p. 11-12.
88
. R.J. WILLIAMS, « Egypt and Israel » in the Legacy of Egypt, Oxford, 1971, p. 273-274.
89
. Ibid., p. 273.
90
. Ibid., p. 274.
91
. M. GÖRG, Gott-König-Reden in Israel und Ägypten, Stuttgart, 1975.
92
. Ibid., p. 54-65.

35
h) A. Spalinger (1982)93 (2011)94

§ 38. En 1982, Spalinger s’intéresse pour la première fois en détail à la Königsnovelle


caractérisant certains récits militaires égyptiens. Se plaçant dans la continuité de A. Hermann,
il considère que la « narration royale » est une forme littéraire spécifique décrivant un
événement singulier dans la vie du souverain, une action unique, simple et extraordinaire. Ce
texte à la fois historique et personnel rapporte la réalisation d’une décision prise par le
souverain permettant de conclure sur une restauration de l’état de paix95.

§ 39. L’auteur aborde également la composition de chaque récit et explique


qu’A. Hermann et S. Herrmann n’ont pas, au sein de leurs études respectives, subdivisé
morphologiquement les Königsnovellen, mêlant donc plusieurs formes et genres distincts.
A. Spalinger s’oppose alors au classement de certains textes placés dans la liste des
Königsnovellen telle que la « Stèle du Sphinx » de Thoutmosis IV96. Ainsi A. Spalinger passe
en revue de nombreux textes et explique précisément pour chacun d’entre eux les différentes
portions qui les composent étant donné que plusieurs genres apparaissent dans un même
récit97. Il établit également une liste de « narrations royales »98.

§ 40. En 2011, A. Spalinger se penche de nouveau sur la Königsnovelle et lui consacre un


article. Il ajoute quelques éléments non négligeables à sa précédente étude. Tout d’abord, il
complète par quelques données la définition de la narration royale : la forme du récit doit être
brève ; généralement la date et le lieu sont précisés99 ; il s’agit de l’instantané d’un long
événement historique 100 . Ensuite, l’auteur cherche l’origine de cette forme littéraire et
argumente qu’il devait au départ s’agir de la présentation orale d’un épisode historique qui
aurait pris une forme écrite à la fin de la XIe dynastie101. Cependant, A. Spalinger pousse sa
réflexion plus loin en s’intéressant aux liens qui existent entre image et texte102. Il cherche
donc du côté de l’Ancien Empire et propose de faire remonter les origines visuelles de la

93
. A. SPALINGER, Aspects of Military, p. 101-119.
94
. Id., « Königsnovelle and Performance », p. 351-374.
95
. Id., Aspects of Military, p. 101-102.
96
. Ibid., p. 103.
97
. Ibid., p. 104-118.
98
. Ibid., p. 113.
99
. Id., « Königsnovelle and Performance », p. 360.
100
. Ibid., p. 361.
101
. Ibid., p. 363.
102
. Ibid., p. 352-353.

36
« narration royale » aux vignettes accompagnant les textes de la chaussée de Sahourê103. En
effet, déjà durant la Ve dynastie, une série de reliefs narrativement organisés participent au
programme royal de décoration. Ces instantanés ont été étendus à travers deux inscriptions
distinctes : la scène de l’arbre à encens ainsi que celle de la pêche au filet 104 . Ces
Königsnovellen sont donc assez courtes à l’Ancien Empire et ont été développés durant le
Moyen Empire105.

i) J. Brophy (1991)106

§ 41. La « narration royale » correspond d’après elle à une forme littéraire commémorant
des événements, historiquement significatifs, pouvant être d’ordre cultuel, administratif ou
encore politique. Cette forme d’expression historiographique a pour but principal de renforcer
la position du roi qui a le rôle central dans ces récits divers. J. Brophy traduit le terme
Königsnovelle par « royal novella ». Trois éléments principaux composent le récit : a) le
prétexte qui a motivé l’action entreprise par le souverain ; b) la prise de décision ainsi que sa
réalisation ; c) la situation dans laquelle se trouve le roi lorsqu’il est en présence de sa cour107.
J. Brophy date l’apparition du genre de la XIIe dynastie, expliquant qu’après la période
trouble de la Première Période intermédiaire, les monarques ont eu besoin de légitimer leur
règne et ont donc consolidé leur littérature propagandiste108. Elle ajoute deux informations
notables : d’une part que la Königsnovelle est utilisée par la suite dans la composition de
textes mythologiques (elle donne l’exemple du Livre de la Vache Céleste)109. D’autre part,
J. Brophy se demande s’il serait possible, à travers la « narration royale », de discerner des
personnalités royales distinctes étant donné que la représentation héroïque systématique du
110
souverain semblerait effacer toute individualité . Enfin, l’auteure s’intéresse aux
Königsnovellen bibliques et cite quelques récits qui se présentent selon elle sous la forme
d’une « narration royale »111.

103
. Ibid., p. 363.
104
. Ibid., p. 370.
105
. Ibid., p. 366.
106
. J. BROPHY, « Die Königsnovelle: an Egyptian Literary Form », BACE 2, 1991, p. 15-22.
107
. Ibid., p. 15.
108
. Ibid., p. 17.
109
. Ibid., p. 18.
110
. Ibid., p. 18.
111
. Ibid., p. 19.

37
j) D.B. Redford (1992)112

§ 42. Dans sa monographie, D.B. Redford rappelle de manière pertinente que le terme
Königsnovelle ne correspond à aucun terme égyptien ancien. Selon lui, la « narration royale »
se fonde sur un événement historique, embelli par les scribes afin de mettre l’accent sur
plusieurs thèmes tels que l’intelligence extraordinaire du roi, sa piété envers les dieux, le
succès de ses actes ainsi que l’adoration de sa cour. Pour l’égyptologue, la particularité
principale des textes rassemblés par A. Hermann est qu’ils soulignent les actes du roi au
moyen d’un lourd traitement littéraire, la Königsnovelle n’est donc pas un genre formel113.

§ 43. D.B. Redford propose ensuite une liste de vingt-cinq textes qu’il considère comme
relevant de la « narration royale ». Il y repère quatre types de textes : a) les rapports d’une
audience royale (ce qu’il qualifie de storytelling moderne) ; b) les bulletins de la Maison
royale et les bulletins de gestion ; c) les récits spécifiques commandités par le souverain ; d) le
recueil des actions remarquables du pharaon114.

§ 44. Finalement, l’auteur conclut qu’aucun de ces types de textes n’est visible dans la
littérature hébraïque. Il ne trouve aucun parallèle entre l’idéologie égyptienne et israélite : en
effet lorsque des topoï communs (par exemple celui de l’oracle et du rêve) sont trouvés, ils
sont si habituels dans ces civilisations antiques que d’après le chercheur, il ne faut pas y voir
un quelconque rapprochement. Il n’y aurait donc aucune Königsnovelle biblique qui s’inspire
du Double-Pays115.

k) K. Jansen-Winkeln (1993)116

§ 45. K. Jansen-Winkeln prend comme point de départ pour son article les résultats
proposés par A. Hermann quelques décennies plus tôt. L’auteur s’oppose fortement à la
méthode et à la définition proposées par A. Hermann. Selon lui, ce dernier ne présente que
quelques traits communs entre les récits caractérisés comme étant des Königsnovellen, sans
proposer une véritable définition. À l’inverse d’A. Hermann, K. Jansen-Winkeln ne pense

112
. D.B. REDFORD, Egypt, Canaan, and Israel in Ancient Times, Oxford, 1992, p. 374-377.
113
. Ibid., p. 374.
114
. Ibid., p. 376.
115
. Ibid., p. 377.
116
. K. JANSEN-WINKELN, « Die ägyptische “Königsnovelle” als Texttyp », WZKM 83, 1993, p. 101-116.

38
donc pas que toutes les « narrations royales » suivent un même schéma composé de certains
éléments individuels117. L’auteur donne ensuite un rapide aperçu de l’histoire de la recherche
concernant la Königsnovelle 118 et cite notamment S. Herrmann lorsqu’il se réfère aux
Königsnovellen vétérotestamentaires119. Selon lui, il est possible que les récits relatifs à la
royauté davidique aient pu trouver une inspiration dans les caractéristiques de la royauté
égyptienne120.

§ 46. K. Jansen-Winkeln soumet alors sa propre définition : l’objectif principal des


« narrations royales » est la propagande du roi, ce dernier est par conséquent le héros du récit.
Les exploits du souverain doivent être perçus comme étant des actes pieux visant à restaurer
l’ordre mondial, l’événement qui se déroule doit donc être mémorable. Ensuite, le texte doit
être destiné à une exposition publique, de préférence dans un lieu sacré, car il s’adresse aux
hommes mais aussi aux divinités. Enfin, la forme textuelle qu’adopte le texte est celui d’un
« rapport », rédigé selon un cadre narratif, et non pas celui d’un « discours »121. Ainsi, le point
de départ de l’action est nécessairement fixé localement et temporellement122. Pour finir, le
chercheur donne des exemples de Königsnovellen de particuliers : la stèle de Taïemhotep
(Ier siècle av. notre ère), la chronique d’Osorkon ainsi qu’une petite stèle, toutes deux datant
de la XXIIe dynastie123.

l) I. Shirun-Grumach (1993)124

§ 47. Dans sa monographie datant de 1993, I. Shirun-Grumach s’intéresse à la


Königsnovelle égyptienne et plus précisément aux notions d’oracle et de révélation. D’après
elle, « la représentation indirecte d’un oracle » est l’une des caractéristiques récurrentes des
« narrations royales » égyptiennes.

§ 48. Comparant un certain nombre de récits entre eux (Moyen Empire et Nouvel Empire),
l’auteure indique que les révélations sont toujours caractérisées par les mêmes expressions

117
. Ibid., p. 101-102.
118
. Ibid., p. 103-104.
119
. Ibid., p. 105.
120
. Ibid., p. 111.
121
. Ibid., p. 107-108.
122
. Ibid., p. 111.
123
. Ibid., p. 115-116.
124
. I. SHIRUN-GRUMACH, Offenbarung, Orakel und Königsnovelle, ÄAT 24, 1993.

39
égyptiennes (wḏ, bjȝ.t, ḫprw, wbȝ, sbȝ.yt, spr.t...) et donne plusieurs modèles de
Königsnovellen. Cette dernière se focalise par exemple sur l’inscription d’Hatchepsout
relatant l’expédition de Pount, à laquelle elle associe l’oracle de Pount d’Amon qui indique à
la reine ce qu’elle doit accomplir. Parlant de « grappe d’inscriptions », fonctionnant donc de
pair, I. Shirun-Grumach montre que dans le premier récit, l’oracle indirect se manifeste au
travers des paroles de la reine qui rapporte à ses courtisans les commandements qu’elle a
précédemment entendus de la part de son père Amon125. Outre plusieurs Königsnovellen
datant d’Hatchepsout, elle se concentre sur les textes de la XVIIIe dynastie auxquels elle
consacre tout un chapitre et tente de mettre en exergue les « oracles indirects » perceptibles
dans différents contextes 126 . Enfin, l’auteure conclut en expliquant que l’enchaînement
habituel des événements qui déterminent une « narration royale » (tels qu’énoncés par
A. Hermann) constitue selon elle le Sitz im Leben de la Königsnovelle127.

m) N. Grimal (1994)128

§ 49. Dans le Dictionnaire universel des littératures, N. Grimal consacre une entrée au
« récit royal » dans le monde égyptien. Il y explique que l’on désigne sous ce nom une forme
particulière de récits dans lesquels le roi est censé garantir l’ordre de l’univers. Ensuite,
l’auteur précise qu’un certain déroulement fixe se répète chaque fois : le roi se montre au sein
de son entourage, un tiers apparaît afin d’exposer une situation délicate, le pharaon doit
trouver une solution, il consulte donc généralement ses conseillers et bénéficie
systématiquement d’une aide divine. Enfin, le texte se termine par la réussite de la mission du
souverain, soulignée par les éloges des courtisans. N. Grimal établit alors un lien entre récit
historique et mythe : tout acte est décrit comme étant une vérité absolue, les récits s’inspirent
donc souvent d’archétypes bien connus en Égypte. Ainsi il donne quelques exemples de
Königsnovellen et ajoute que selon un point de vue stylistique, le récit royal connaît diverses
formes et se rapproche souvent de l’autobiographie, dont il dérive par certains aspects129.

125
. Ibid., p. 109.
126
. Ibid., p. 123-145.
127
. Ibid., p. 119.
128
. N. GRIMAL, Dictionnaire universel des littératures III, dans B. Didier (dir.), Paris, 1994, p. 3131.
129
. Ibid.

40
n) A. Loprieno (1996)130

§ 50. A. Loprieno utilise l’expression anglophone « King’s novel » lorsqu’il traite de la


Königsnovelle. L’auteur divise son développement en plusieurs sous-parties. Il commence par
aborder le problème du genre de la « narration royale ». Il souligne alors dès le début de son
article un point fondamental : le roi égyptien remplit en même temps tous les rôles de la
société égyptienne et a pour devoir de maintenir la cohésion du pays. Il devient alors difficile
de discerner quels sont les textes qui font simplement référence au roi face aux autres qui
s’apparentent à des Königsnovellen. Ainsi, il est nécessaire, bien que plus ardu, d’identifier
les spécificités des récits mentionnant le roi comme étant le protagoniste131 car les critères
proposés pour caractériser la « narration royale » engendrent de nombreux corpus textuels
différents, sur une très longue période de l’histoire égyptienne132.

§ 51. L’auteur définit la « narration royale » comme un texte traitant de la personne


humaine du roi133 en se focalisant sur ses actes134. Plus précisément, la Königsnovelle est un
récit qui met l’accent sur la fonction du roi dans l’interface auquel il appartient, c’est-à-dire
entre plan divin et condition humaine135. Selon A. Loprieno, lorsque le discours littéraire est
appliqué à la sphère royale, le résultat est toujours une Königsnovelle, à savoir une « enquête
sur la position du roi envers l’humanité et l’histoire »136. C’est pourquoi pour ce dernier, la
« narration royale » n’est pas nécessairement un genre littéraire mais plutôt une
« caractéristique » de l’écriture égyptienne137.

§ 52. Ensuite, l’auteur s’intéresse à la place du roi comme intermédiaire, expliquant que du
fait de son statut, il participe à toutes les réalités existantes (l’intermédiaire des dieux pour les
prêtres, le donateur des défunts et le juge pour l’humanité). Par conséquent, tout texte dans
lequel le roi apparaît comme l’acteur plutôt que le médiateur de l’histoire peut s’apparenter à

130
. A. LOPRIENO, « The King’s Novel », dans A. Loprieno (éd.), Ancient Egyptian Literature, ProblÄg 10, 1996,
p. 277-295.
131
. Ibid., p. 277-279.
132
. Ibid, p. 281.
133
. Ibid, p. 279.
134
. Ibid, p. 280.
135
. Ibid, p. 281.
136
. Ibid, p. 295.
137
. Ibid.

41
une Königsnovelle, ainsi la « narration royale » relaterait invariablement un épisode de la vie
du pharaon138.

§ 53. Puis, l’égyptologue se questionne sur la place du roi en tant qu’objet littéraire. En
effet, la figure royale a toujours été un objet privilégié de la création littéraire car le monarque
est le pivot entre réalité politique, histoire culturelle et privée139. L’étude du concept de
l’historiographie égyptienne émerge donc : la « narration royale » offre un cadre idéal pour un
usage politique de l’histoire à travers les actions du roi, elle participe au processus général
d’historicisation de la réalité140.

§ 54. Enfin, tout comme J. Brophy, A. Loprieno établit un lien entre les Königsnovellen et
les récits mythologiques, dans lesquels les dieux agissent en tant que protagonistes. Il les
qualifie en conséquence de Götternovellen. Il donne ainsi trois documents qui se démarquent
selon lui au sein de ce sous-genre : le mythe de la Vache Céleste, la « Stèle de l’an 400 » et
le naos d’El-Arish141. Il conclut que cette forme textuelle se retrouve dans d’autres traditions
du Proche-Orient, notamment dans l’épopée de Gilgamesh mais aussi dans le corpus
biblique142.

o) S. Grallert (2001)143

§ 55. La monographie de S. Grallert a pour sujet principal les inscriptions relatives à la


construction et à la restauration royale de monuments durant l’histoire égyptienne. C’est donc
tout naturellement que l’auteure s’intéresse aux Königsnovellen ayant pour thématique ce
motif particulier. Elle définit ce qu’est une « narration royale » 144 et elle présente, en
s’appuyant sur des exemples textuels, les composantes d’une Königsnovelle : cadre, contenu
et fonction du récit145. Pour l’auteure, la première « narration royale » date de Sésostris Ier.
Elle explique que la thématique de la restauration et de la construction de bâtiments peut être
combinée avec d’autres types de textes. D’ailleurs, elle note que la forme de la Königsnovelle

138
. Ibid, p. 283-284.
139
. Ibid., p. 285-286.
140
. Ibid., p. 286-287.
141
. Ibid., p. 290-294.
142
. Ibid., p. 294.
143
. S. GRALLERT, « Königsnovelle », dans Bauen - Stiften - Weihen: ägyptische Bau- und
Restaurierungsinschriften von den Anfängen bis zur 30. Dynastie. Bd. I: Text, ADAIK 18, 2001, p. 110-113.
144
. Ibid., p. 110.
145
. Ibid, p. 111-113.

42
évolue au fil des siècles car durant le Nouvel Empire les inscriptions royales peuvent être
associées à des représentations censées appuyer les faits exprimés dans les récits. C’est
notamment le cas durant la XVIIIe et la XIXe dynasties146.

p) L. Török (2002)147

§ 56. En s’intéressant à la période des rois nubiens, L. Török se trouve face à un corpus
de textes kouchites important. En premier lieu, il rappelle le « flou » qui entoure la définition
de la Königsnovelle et résume quelques études majeures sur le sujet148. Citant quelques récits
nubiens, qui sont généralement attribués au genre de la « narration royale » par les érudits, il
en choisit certains et propose une analyse personnelle de ces derniers (la stèle de Piânkhy149,
certaines stèles de Taharqa150 ou encore la « Stèle du Songe » de Tanoutamon151). L’auteur
soumet ensuite un tableau comparatif en indiquant certains des éléments caractéristiques de la
« narration royale » (discours direct, eulogie, présence d’un conseil...) qui se présentent ou
non dans les textes kouchites152. L. Török montre donc que certaines composantes de la
Königsnovelle égyptienne sont omniprésentes dans les récits de la XXVIe dynastie. Si les rois
nubiens s’inspirent des modèles de « narrations royales » égyptiennes des époques
antérieures, c’est avant tout dans le but de reformuler leur vision de la royauté égyptienne en
en conservant les fondements. Néanmoins, ils utilisent ces textes en les adaptant à leur propre
idéologie153.

q) B. Hofmann (2004)154

§ 57. La thèse de B. Hofmann a pour but de redéfinir la notion de Königsnovelle grâce à


une analyse philologique comparative. Elle étudie donc précisément la forme de chaque texte
afin d’en comprendre leur structure. Dès les premières pages de son ouvrage, elle revient
longuement sur l’étude de A. Hermann, notamment sur la notion de « nouvelle »155 et se

146
. Ibid., p. 110-111.
147
. L. TÖRÖK, The Image of the Ordered World in Ancient Nubian Art. The Construction of the Kushite Mind
(800 BC-300 AD), ProblÄg 18, Leyde/Boston/Köln, 2002, p. 342-367.
148
. Ibid., p. 342-346.
149
. Ibid., p. 346-348.
150
. Ibid., p. 348-352.
151
. Ibid., p. 353.
152
. Ibid, p. 362-364.
153
. Ibid, p. 363-364.
154
. B. HOFMANN, Die Königsnovelle: “Strukturanalyse am Einzelwerk”, ÄAT 62, 2004.
155
. Ibid., p. 3 et p. 6-14.

43
distingue de son analyse par des aspects méthodologiques. B. Hofmann n’examine pas
seulement le contenu des « narrations royales » car elle étudie également les différents
discours présents dans les textes, les caractéristiques grammaticales (en particulier les formes
verbales) ainsi que le style, la sémantique et la syntaxe des récits. De plus, elle se concentre
sur la composition globale des textes afin d’en délimiter différentes portions156.

§ 58. Elle consacre ensuite tout un chapitre à la Königsnovelle dans la recherche


égyptologique et fait le point sur les multiples points de vue qui ont été adoptés depuis
1938157. Puis, elle établit chronologiquement la liste des « narrations royales » de chaque
chercheur, permettant d’en avoir une vue d’ensemble 158 . Par la suite, elle étudie
philologiquement vingt-cinq textes s’échelonnant de Montouhotep II à Amenhotep IV,
présentant pour chacun d’eux une courte bibliographie, la transcription accompagnée de sa
traduction, un tableau récapitulant son analyse structurelle ainsi qu’un commentaire textuel159.
Enfin, elle reprend tous ses résultats dans le but de classer tous les récits sélectionnés
auparavant, les uns par rapport aux autres, 160 et propose une nouvelle définition de la
Königsnovelle 161 : l’analyse grammatico-stylistique et structurale comparative permet de
mettre en évidence une composition de base pour la majorité des textes étudiés (combinaison
d’au moins un discours direct avec des parties narratives) bien que ce ne soit pas le cas pour
tous, posant de ce fait la question de la cohérence du groupe des « narrations royales ». En
outre, pour la plupart des textes des composantes semblables se révèlent, telles que la
description de la situation (partie narrative), puis de l’état du discours (direct dans ces cas) et
enfin l’exécution du projet sous une forme narrative ou un discours direct. B. Hofmann
associe ses critères à ceux proposés par K. Jansen-Winkeln pour définir la Königsnovelle et
donne un contre-exemple à travers la stèle d’Ermant de Thoutmosis III162. Elle finalise sa
recherche en signalant plusieurs points qu’il reste à approfondir : a) l’examen des
Königsnovellen égyptiennes plus tardives ; b) l’étude des récits participant à l’idéologie royale
mais n’étant pas des « narrations royales » ; c) l’analyse des Königsnovellen bibliques ; d) les
liens possibles qui existent entre les « narrations royales » et la littérature mésopotamienne163.

156
. Ibid., p. 5.
157
. Ibid., p. 14-32.
158
. Ibid., p. 33-39.
159
. Ibid., p. 42-288.
160
. Ibid., p. 289-323.
161
. Ibid., p. 324-330.
162
. Ibid., p. 328.
163
. Ibid., p. 332.

44
r) A.M. Gnirs (2007)164

§ 59. Quelques années après la parution de la monographie publiée par B. Hofmann,


A.M. Gnirs en fit une recension afin d’en exposer les points traités. Après un bref récapitulatif
des chapitres du livre, cette dernière exprime de nombreux points de désaccord. En premier
lieu, A.M. Gnirs désapprouve l’« orientation de recherche » empruntée par B. Hofmann : elle
explique que la forme textuelle de la Königsnovelle est utilisée dans le domaine littéraire et
non littéraire, sur des supports de textes multiples. Cette interpénétration des genres et des
formes, élément caractéristique des « romans royaux », est à mettre en lien avec
l’historiographie égyptienne, élément non développé par B. Hofmann. En réalité, cette
intertextualité n’est pas nouvelle car elle touche également l’autobiographie et la biographie,
précision dont B. Hofmann traite en exposant l’état de la recherche mais qu’elle ne développe
pas par la suite165. En deuxième lieu, A.M. Gnirs discrédite la méthode d’étude des textes
utilisée par B. Hofmann, qu’elle juge inadéquate : selon elle, les catégories formelles et
grammaticales sont analysées sans structure hiérarchique et sont présentées dans un ordre
indifférencié. En outre, aucune relation n’est faite entre les niveaux grammaticaux et
sémantiques des récits, le concept de forme des textes est flou et l’élaboration de nouvelles
catégories de structure textuelle est absente. A.M. Gnirs explique que B. Hofmann ne dépasse
guère les critères de forme mis en place par A. Hermann et K. Jansen-Winkeln166 et qu’elle
fait l’impasse sur les travaux concernant la littérature historique167 ainsi que sur certaines
œuvres linguistiques égyptologiques fondamentales168.

s) Sh.-W. Hsu (2012)169

§ 60. Dans son article, Sh.-W. Hsu étudie les différentes inscriptions royales de l’Égypte
ancienne. Elle tente de les définir, de les classer et d’expliquer dans quels buts elles ont été
rédigées. Concernant son étude spécifique de la Königsnovelle, elle reprend la définition
proposée par K. Jansen-Winkeln pour caractériser le genre littéraire170. D’après l’auteure, il
est possible de déterminer ce type de texte selon trois critères essentiels : a) le thème

164
. A.M. GNIRS, « Recension de B. Hofmann, Die Königsnovelle », OLZ 102/6, 2007, p. 664-672.
165
. Ibid., p. 666-667.
166
. Ibid., p. 668-670.
167
. Ibid., p. 672.
168
. Ibid., p. 668-669.
169
. Sh.-W. HSU, « The Development of Ancient Egyptian Royal Inscriptions », JEA 98, 2012, p. 269-283.
170
. Ibid., p. 274-275.

45
(l’événement mémorable) ; b) la fonction (propagande royale) ; c) la forme linguistique (récit
et discours)171. Elle ajoute qu’une Königsnovelle peut être associée à d’autres formes de
textes : décrets royaux, textes d’annales, éloges royaux...172

§ 61. Sh.-W. Hsu date l’apparition de la « narration royale » de la XIe dynastie grâce à
l’inscription de Deir el-Ballas de Montouhotep II. À la fin du texte, elle y voit un parallèle
direct avec les anciennes (auto)biographies. En revanche, elle ne détecte aucune preuve
attestant de l’existence de la Königsnovelle à l’Ancien Empire173. Elle donne ensuite quelques
caractéristiques qui semblent communes à toutes les Königsnovellen : la date et la titulature
sont habituellement indiquées, elles sont suivies ensuite d’une formule banale servant à
introduire un dialogue entre le roi et ses courtisans, généralement à la première personne.
S’ensuivent la décision et l’action du roi, qui se voit encensé par ses sujets174.

t) D. Farout (2012)175 (2013)176 (2014)177

§ 62. En 2012, D. Farout s’intéresse au complexe funéraire de Sahourê à Abousir, plus


précisément à deux tableaux dans lesquels le roi est mis en scène : la scène des arbres à
encens ainsi que la chasse au filet. Il s’agit des représentations et des inscriptions qui avaient
interpellé A. Spalinger quelques années auparavant. Dans son article, D. Farout s’attèle à
décrire les représentations, transcrire et traduire les textes et les légendes. De manière
pertinente, il étudie le contenu des inscriptions ce qui lui permet d’affirmer que le récit de
Sahourê correspond à « la première attestation d’un souverain s’adressant au discours direct à
sa famille et ses courtisans, sur les parois de son monument funéraire »178. Un roi athlétique et
ingénieux est dépeint : plusieurs caractéristiques (formes et thèmes) des Königsnovellen se
retrouvent dans ces courts récits fournissant le plus ancien exemple de « narration royale »179.
L’auteur tente alors de comprendre pourquoi s’est développée cette forme littéraire
égyptienne et propose d’y voir une corrélation avec des changements politiques majeurs

171
. Ibid., p. 275.
172
. Ibid.
173
. Ibid.
174
. Ibid., p. 275-276.
175
. D. FAROUT, « Les déclarations du roi Sahourê », RdE 63, 2012, p. 103-113.
176
. Id., « De Khéops à Ounas. Le “roman royal” à l’Ancien Empire », Égypte 72, 2013, p. 61-66.
177
. Id., « Les déclarations du roi Ounas », RdE 65, 2014, p. 49-73.
178
. Id., RdE 63, 2012, p. 105.
179
. Ibid., p. 108.

46
survenus à cette époque tels que les modifications d’organisation du complexe funéraire royal
ainsi que la création du dieu Osiris180.

§ 63. Subséquemment en 2013, D. Farout porte un intérêt aux « romans royaux » de


l’Ancien Empire et affirme qu’un lien intime existe entre les images et les textes. Le
chercheur essaie de déterminer dans quels documents les caractéristiques de la Königsnovelle
apparaissent pour la première fois. Il fait alors référence à des stèles-dalles datant du règne de
Khéops et certaines tombes de particuliers : des événements extraordinaires arrivés au
bénéfice des propriétaires sont racontés et le roi y occupe la place centrale. Le défunt
s’exprime à la première personne mais ce n’est pas encore le cas du souverain181. D. Farout
reprend ensuite ses études des chaussées funéraires de Sahourê puis d’Ounas182 . Il conclut
que l’exaltation littéraire de la nature royale n’est pas une nouveauté du Moyen Empire car
déjà à l’Ancien Empire de nombreuses réformes administratives se mettent en place et vont de
pair avec les efforts nouveaux d’intensification de la propagande royale183.

§ 64. Enfin, en 2014, l’égyptologue consacre un article aux blocs de la chaussée funéraire
du roi Ounas qui correspondent aux caractéristiques des textes de ceux de Sahourê. L’auteur
transcrit et traduit les inscriptions qu’il est parvenu à connecter ensemble, ainsi il isole
certains passages propres aux Königsnovellen 184 . Par la suite, D. Farout décrit les
représentations mettant en scène le souverain en détaillant précisément le contexte juridique
qui entoure la scène 185. Cette expédition en direction d’Éléphantine envoyée par le roi
implique des bateaux et des marins, un dialogue se met en place entre ces derniers et
Ounas186. D’autres caractéristiques de la Königsnovelle sont visibles telles que l’ignorance des
courtisans ou encore les déclarations loyalistes prononcées par ces derniers. Il s’agirait de la
seconde « narration royale » élaborée durant l’Ancien Empire187.

180
. Ibid., p. 109.
181
. Id., « De Khéops à Ounas », p. 61.
182
. Ibid., p. 62-64.
183
. Ibid., p. 65.
184
. Id., RdE 65, 2014, p. 51-52.
185
. Ibid., p. 53-54.
186
. Ibid., p. 58-59.
187
. Ibid., p. 70.

47
u) L.L. Grabbe (2016)188

§ 65. Dans sa monographie, L.L. Grabbe analyse en profondeur les récits bibliques
composant les livres de 1 et 2 Rois, dont fait partie l’histoire de Salomon. L’auteur pense que
cette dernière serait un type de Königsnovelle, qu’il faudrait définir dans un sens plus large
que celui conféré aux « narrations royales » égyptiennes. Bien que la Königsnovelle ne soit
pas réellement un genre littéraire pour le bibliste, il conçoit qu’elle corresponde à un type
d’histoire reconnaissable et qu’il est donc possible d’en discerner un certain nombre. Il donne
plusieurs exemples, mais il s’agit plutôt de récits tardifs, étant donné que ces derniers sont
souvent des écrits anciens du Proche-Orient repris par les auteurs grecs et latins. Ensuite, il
s’intéresse à l’histoire de Sésostris Ier telle que l’a rapportée Hérodote ou encore Diodore de
Sicile. D’après lui, ces récits seraient composés d’un noyau historique datant de la
XIIe dynastie puis des portions romancées auraient été ajoutées ultérieurement. L.L. Grabbe
voit en ce modèle littéraire des parallèles importants avec l’histoire de Salomon189.

v) W.W. Watty (2016)190

§ 66. En 2016, W.W Watty consacre une étude complète au passage biblique 2 S 7,1-17.
Un chapitre traite de la « narration royale » (W.W. Watty fait remonter l’attribution du nom
Königsnovelle à ce genre littéraire à S. Herrmann alors qu’il s’agit en réalité de
A. Hermann)191. Par la suite, il travaille à partir des recherches de S. Herrmann étant donné
qu’il a vraisemblablement été le premier à s’interroger sur la « narration royale » dans
l’Ancien Testament. Après avoir rappelé la définition de la Königsnovelle proposée par
S. Herrmann, W.W. Watty mentionne les résultats auxquels ce dernier est parvenu 192 .
L’auteur se pose alors deux questions : la « narration royale » est-elle à l’origine orale ou
écrite ? Quelles sont les limites de la flexibilité de cette forme littéraire ? Il tente alors d’y
répondre193 : ce genre littéraire biblique ne proviendrait pas selon lui d’une transmission
littéraire propre mais plutôt d’un besoin de participation au culte monarchique194. En revanche

188
. L.L. GRABBE, 1 & 2 Kings. An Introduction and Study Guide: History and Story in Ancient Israel, Londres,
2016, p. 31-33.
189
. Ibid.
190
. W.W. WATTY, The Nathan Narrative in 2 Samuel 7:1-17: A Traditio-historical Study, Eugene, 2016, p. 150-
155.
191
. Ibid., p. 150.
192
. Ibid., p. 150-152.
193
. Ibid., p. 152-153.
194
. Ibid., p. 153.

48
dans le processus de réinterprétation de l’alliance avec Dieu au moment de l’émergence de la
dynastie davidique, d’autres traditions (écrites ou orales) ont influencé les écrits bibliques, ce
qui expliquerait les emprunts étrangers visibles dans les textes195.

195
. Ibid., p. 154.

49
PREMIÈRE PARTIE : CORPUS ÉGYPTIEN ET BIBLIQUE
Introduction des corpus

§ 67. Dans cette première partie sont exposées toutes les Königsnovellen égyptiennes et
bibliques selon un ordre précis. Étant donné que le sujet de cette thèse ne concerne que les
Königsnovellen égyptiennes et bibliques, ont été mises de côté les « narrations royales »
propres aux autres civilisations antiques qui pourraient toutefois être le point de départ d’une
nouvelle recherche. Le choix de ces récits s’est basé sur plusieurs critères : le souverain est le
héros principal de l’histoire et doit en retirer les mérites. C’est pourquoi nous avons par
exemple exclu du corpus Gn 41 qui met principalement en avant les capacités divines de
Joseph bien que pharaon soit présent durant l’action. Il s’agit selon nous d’une Königsnovelle
inversée, point qui sera développé postérieurement.

§ 68. Ensuite les Königsnovellen doivent, en plus de contenir les motifs littéraires étudiés
par la suite, comporter trois éléments essentiels : un élément déclencheur de l’action, une
prise de décision de la part du monarque, puis l’action royale en elle-même. En outre, les
récits sélectionnés doivent être dans leur forme entière des « narrations royales ». Bien que
certains textes présentent de courts passages caractéristiques des Königsnovellen, ils n’ont pas
été intégrés au corpus car ils n’exposent pas les trois éléments essentiels mentionnés en
amont. Leur nature hétérogène ne serait pas pertinente car elle ne permettrait pas d’y décerner
une quelconque cohérence littéraire.

§ 69. Enfin, les Königsnovellen doivent se concentrer sur une seule et même action
principale. Le récit peut être composé d’actions annexes concises si leur objectif commun est
l’accomplissement de l’acte primordial. Ainsi la stèle de Piânkhy n’a pas été retenue, très
longue dans son développement elle présentait par-dessus tout un nombre considérable de
scènes différentes ayant des buts divers. Ce sont toutes ces conditions réunies qui font d’un
récit une « narration royale » et qui expliquent l’établissement restrictif de ce corpus.

§ 70. Concernant les récits égyptiens, ils sont classés de A1 à A30 dans un ordre
chronologique relatif à la rédaction de chaque texte. Par exemple, bien que la « narration
royale » nommée A30 fasse intervenir le roi Djoser, pharaon de l’Ancien Empire, elle se
trouve classée en dernier dans la liste car l’élaboration de la « Stèle de la Famine » daterait de

50
la période ptolémaïque ce qui fait de cette Königsnovellen égyptienne la plus récente du
corpus. Chaque récit égyptien comprend une présentation générale, une bibliographie
sélective ainsi que sa transcription, sa translittération et sa traduction. La pluralité des récits
d’Amenhotep III et de Psammétique II pour une même action s’explique par l’existence de
plusieurs versions du même texte. Ces dernières sont nommées à l’aide de lettres et se
complètent car elles fonctionnent ensemble. Chaque version apporte une information
supplémentaire que le texte précédent ne donnait pas, c’est pourquoi ces « narrations
royales » ont été ajoutées les unes après les autres dans le corpus. À l’inverse de certaines
Königsnovellen qui se suffisent à elles-mêmes et pour lesquelles les copies n’ont pas été
incluses : c’est le cas de l’inscription parallèle de la stèle de Kouban (Texte A19) se trouvant
dans le temple d’Akcha ainsi que la stèle d’Amada qui relate les mêmes faits dépeints dans la
stèle de Buhen d’Akhénaton (Texte A17)196. Enfin pour que l’inscription du « Bulletin de
Qadech » (Texte A20) soit complète, les multiples inscriptions fragmentaires ont été
fusionnées.

§ 71. Les « narrations royales » bibliques sont au nombre de seize et sont classées par
ordre d’apparition dans le canon de la Bible hébraïque. Chaque Königsnovelle biblique du
corpus propose une présentation du texte, une bibliographie, sa transcription et sa traduction.
Cette dernière provient de la Traduction Œcuménique de la Bible (TOB) parue en 2010197. Ce
choix s’explique par la nature hétéroclite des auteurs qui permet d’obtenir des traductions et
des interprétations qui se veulent être impartiales. Comme pour les textes égyptiens, certaines
« narrations royales » bibliques sont réunies sous le même numéro complété par l’utilisation
de lettres. Ces récits décrivent la même action mais proviennent de livres bibliques différents.
Les auteurs ne sont pas les mêmes, les objectifs rédactionnels et idéologiques de chacun sont
donc différents. Il est alors utile d’étudier toutes ces versions car elles peuvent apporter des
informations variées.

§ 72. Pour finir cette brève présentation du corpus, il reste à expliquer la typographie
particulière employée pour chaque Königsnovelle. Afin que les trois données essentielles de
ces récits soient mises en relief, elles ont été exposées sous la présentation suivante :
- En gras : l’élément déclencheur.

196
. C.J. EYRE, « Is Historical Literature “Historical” or “Literary” ? », dans A. Loprieno (éd.), Ancient Egyptian
Literature: History and Forms, ProblÄg 10, 1996, p. 430.
197
. L’orthographe de certains noms proposés par la TOB a été modifiée afin de rendre le tout cohérent.

51
- En souligné : la prise de décision.
- En italique : l’action royale.
Il sera ainsi plus facile de se référer de manière immédiate à ces éléments dans les récits.

52
CHAPITRE 1. CORPUS ÉGYPTIEN

Texte A1 : Sahourê

PRÉSENTATION DU TEXTE

Le récit royal très fragmentaire ainsi que les représentations qui l’accompagnent se situent
dans le complexe funéraire de Sahourê à Abousir. Il a été fouillé pour la première fois par
J.S. Perring en 1837198. Toutefois ce sont les travaux de L. Borchardt199 en 1907-1908 qui ont
permis d’en apprendre davantage sur cet ensemble pyramidal. Par la suite, le SCA200 a repris
les fouilles en 1994 jusqu’en 2004 afin d’étudier en détail le programme architectural de
l’ensemble ainsi que les reliefs représentés. Les blocs utiles pour la présente étude
proviennent du côté Sud de la chaussée monumentale de la pyramide. Plusieurs d’entre eux
représentent Sahourê face aux arbres rapportés de Pount. Cette scène domine le premier
registre supérieur201. Quant à l’inscription accompagnant ces représentations, il ne subsiste
malheureusement que les extrémités inférieures des trois colonnes verticales202.
Étant donné la nature parcellaire du texte traitant des arbres de Pount, ce sont
principalement les représentations qui permettent de relater les actes extraordinaires du roi.
Dans un premier temps, il se tient face à un arbre à encens rapporté de l’expédition avec son
herminette et entaille l’arbre. Puis dans un second temps, assis sur son trône, il récupère les
larmes de résine coulant de ce même arbre (voir annexe).

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Expédition vers l’étranger (Roi guerrier et conquérant).

DATATION

Ve dynastie203.

198
. T. EL-AWADY, Abusir XVI: Sahure - the Pyramid Causeway: History and Decoration Program in the Old
Kingdom, Prague, 2009, p. 121.
199
. L. BORCHARDT, Das Grabdenkmal des Königs S’a3-ḥu-reʿ, Bd. 1: Der Bau, WVDOG 14, 1910 ; Id., Das
Grabdenkmal des Königs S’a3-ḥu-reʿ, Bd. 2: Die Wandbilder, WVDOG 26, 1913.
200
. The Supreme Council of Antiquities.
201
. T. EL-AWADY, op. cit., p. 155.
202
. Ibid., p. 160.
203
. XXVe-XIVe s. av. notre ère.

53
BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

L. BORCHARDT, Das Grabdenkmal des Königs S’a3-ḥu-reʿ, Bd. 1: Der Bau, WVDOG 14,
1910.

L. BORCHARDT, Das Grabdenkmal des Königs S’a3-ḥu-reʿ, Bd. 2: Die Wandbilder,


WVDOG 26, 1913.

T. EL-AWADY, « King Sahura with the precious trees from Punt in a unique scene! », dans
M. Barta (éd.), The Old Kingdom Art et Archeology. Proceedings of the conference held in
Prague May 31 - June 4, Prague 2004, Prague, 2006, p. 37-44.

T. EL-AWADY, Abusir XVI: Sahure - the Pyramid Causeway: History and Decoration
Program in the Old Kingdom, Prague, 2009, p. 160-170.

D. FAROUT, « Les déclarations du roi Sahourê », RdE 63, 2012, p. 103-113.

D. FAROUT, « De Khéops à Ounas. Le “roman royal” à l’Ancien Empire », Égypte 72, 2013,
p. 61-66.

J. KREJČÍ, Abusir XVIII : The Royal Necropolis in Abusir, Prague, 2010, p. 103-120.

TRANSCRIPTION

Première colonne

Deuxième colonne

Texte

1 2 3

4 5

TRANSLITTÉRATION

Première colonne : [...] Wṯs-nfr.w-Sȝḥw-Rʿ

Deuxième colonne : [... ʿnd] r nh.t n(y).t ʿnd

54
Texte : 1 [... k]ȝ204 Ḥm⸗f n mw.t (ny)-sw.t Nfr-ḥtp⸗s 2 [n ...].wt n ẖkr(.w) (ny)-sw.t 3 [n ...].w n
smr.w 4 [...] n sp ḫpr 5 [...] m-bȝḥ nṯr.w nb(.w) ḏr pȝw.t tȝ

TRADUCTION

Première colonne : [...] Support-de-l’image-divine-de-Sahourê

Deuxième colonne : [... résine-ʿnd] pour l’arbre à résine-ʿnd

Texte : Sa Majesté [dit] à la mère du roi Néferhétepès, [aux (personnages féminins)], aux
ornements royaux, [aux (personnages masculins)], aux courtisans [aux (personnages
masculins)] : « [cet] événement ne s’était jamais produit [...] en présence d’aucun dieu depuis
le temps primordial. »

204
. En haut de la première colonne sont visibles les restes de la queue d’un oiseau qui est probablement le signe
G1. Il est alors possible de restituer le mot sbȝ « enseigner, instruire » ou encore kȝj « dire ». Tout comme
D. Farout nous penchons pour la seconde solution car elle semble plus adaptée au récit (D. FAROUT, RdE 63,
2012, p. 105).

55
Texte A2 : Sahourê

PRÉSENTATION DU TEXTE

Tout comme la Königsnovelle précédente (Texte A1), le récit royal très fragmentaire ainsi
que les représentations qui l’accompagnent se situent dans le complexe funéraire de Sahourê.
Les blocs nécessaires à la présente étude proviennent de la chaussée monumentale de la
pyramide.
C’est une scène à grande échelle qui couvrait à l’origine de nombreux blocs sur la partie
inférieure du mur Nord mais seulement deux blocs ont été découverts. La légende
accompagnant l’inscription, quant à elle, est assez complète205. Le récit met en lumière la
force surhumaine du roi lors d’une activité de chasse. Il parvient à refermer dix filets à l’aide
d’une seule et même corde.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Exploits physiques (Manifestation de la nature divine du roi).

DATATION

Ve dynastie206.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

L. BORCHARDT, Das Grabdenkmal des Königs S’a3-ḥu-reʿ, Bd. 1: Der Bau, WVDOG 14,
1910.

L. BORCHARDT, Das Grabdenkmal des Königs S’a3-ḥu-reʿ, Bd. 2: Die Wandbilder,


WVDOG 26, 1913.

T. EL-AWADY, Abusir XVI: Sahure - the Pyramid Causeway: History and Decoration
Program in the Old Kingdom, Prague, 2009, p. 215-219.

D. FAROUT, « Les déclarations du roi Sahourê », RdE 63, 2012, p. 103-113.

D. FAROUT, « De Khéops à Ounas. Le “roman royal” à l’Ancien Empire », Égypte 72, 2013,
p. 61-66.

J. KREJČÍ, Abusir XVIII : The Royal Necropolis in Abusir, Prague, 2010, p. 103-120.

205
. T. EL-AWADY, op. cit., p. 217.
206
. XXVe-XIVe s. av. notre ère.

56
TRANSCRIPTION

Légende de la scène

Texte

1 2 3

4 5

6 7

8 9

10 11

12 13

14

TRANSLITTÉRATION

Légende de la scène : (ny)-sw.t ḏs sḫt jȝd.t 10 m ʿḥ wʿ

Texte : 1 n(y)-sw.t ḏs rd ḥm⸗f njs⸗t(w) n⸗f 2 sȝb ʿḏ-mr Ṯy (j)m(y)-r(ȝ) sš Ṯy 3 ḥnʿ (j)m(y).w-r(ȝ)
wḥʿ.w 4 ḏd~jn n⸗sn ḥm⸗f jr(.w) n⸗j jȝd.t 10 5 sḫt(⸗j) sn r sp m ʿḥ wʿ 6 ḏd~jn ḫr ḥm⸗f jwty sp 7
mȝ⸗sn mjt(y).t ky sp 8 [n] ḥm sp ḏd nn rmṯ nb 9 [nt(y).t] w(j) d~n(⸗j) mȝȝ⸗sn mjt(y).t 10 m tȝ pn
ḏr pȝw.t tȝ ḏd~jn ḥm⸗f 11 ḥn fnḏ(⸗j) m ʿnḫ wnn rd~n ḥm(⸗j) jr⸗t(w) 12 jȝd wt ʿšȝ.wt r sḫt sn
ḥm(⸗j) 13 [m] ʿḥ wʿ štȝ(⸗w) nn ḥr jb⸗sn 14 [...] f

TRADUCTION

Légende de la scène : Le roi en personne, fermer 10 filets avec une seule corde.

Texte : Le roi en personne. Sa Majesté a ordonné qu’on appelle pour lui le dignitaire207
territorial du service du vizir Ti, le directeur du marais Ti, ainsi que les directeurs des
pêcheurs-oiseleurs. Sa Majesté leur dit : « Faites moi 10 filets, je les fermerai en une fois
avec une seule corde ! » Ils dirent à Sa Majesté qu’ils n’avaient jamais vu chose semblable

207
. « L’administrateur territorial du service du vizir Ti », D. FAROUT, RdE 63, 2012, p. 106.

57
une autre fois. Personne n’avait jamais dit cela [à savoir] : « Moi, j’ai fait qu’ils voient chose
semblable dans ce pays, depuis le temps primordial ! » Sa Majesté dit : « De même que mon
nez prospère en vie, (Ma) Majesté aura fait fabriquer de nombreux filets jusqu’à ce que (Ma)
Majesté les referme avec une seule corde ! » Ceci était mystérieux à leurs yeux208 [...]

208
. Littéralement : « pour leur esprit ».

58
Texte A3 : Ounas

PRÉSENTATION DU TEXTE

Le récit royal ainsi que les décors proviennent de la paroi Sud de la chaussée d’Ounas
située à Saqqâra. Ces onze blocs ont été publiés en 2002 par A. Labrousse et A.M. Moussa
bien que la fouille de la chaussée d’Ounas ait débuté en 1930209. Certaines transcriptions ne
sont pas proposées dans leur intégralité étant donné que les deux égyptologues n’ont pas
utilisé les notes de J. Černy qui s’avèrent être parfois plus complètes210. H. Goedicke a
également identifié un des blocs de la chaussée d’Ounas comme étant un réemploi dans la
pyramide d’Amenemhat Ier à Licht conservé au Metropolitan Museum of Art de New York211.
C’est en 2014 que D. Farout tente d’établir une reconstitution générale à partir de toutes ces
données afin de signaler que ces blocs faisaient partie d’un seul et même ensemble212.
Le texte raconte que le roi fait envoyer une expédition à Éléphantine dans le but
d’approvisionner le chantier de son complexe funéraire d’éléments architecturaux en granit.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Expédition vers l’étranger (Roi guerrier et conquérant).

DATATION

Ve dynastie213.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

A. DIEGO ESPINEL, « Around the Colums. Analysis of a Relief from the Causeway of Unis
Mortuary Temple », BIFAO 107, 2007, p. 97-108.

A. DIEGO ESPINEL, « Blocks from the Unas Causeway Recorded in Černy’s Notebooks at the
Griffith Institute, Oxford », dans N. Strudwick, H. Strudwick (eds), Old Kingdom, New
Perspectives: Egyptian Art and Archaeology 2750-2150 BC, Oxford, 2011, p. 50-70.

209
. A. LABROUSSE, A.M. MOUSSA, La chaussée du complexe funéraire du roi Ounas, BiEtud 134, 2002. Voir en
particulier p. 1-3.
210
. A. DIEGO ESPINEL, « Blocks from the Unas Causeway Recorded in Černy’s Notebooks at the Griffith
Institute, Oxford », dans N. Strudwick, H. Strudwick (eds), Old Kingdom, New Perspectives: Egyptian Art
and Archaeology 2750-2150 BC, Oxford, 2011, p. 50-70.
211
. H. GOEDICKE, Re-used Blocks from the Pyramid of Amenemhet I at Lisht, MMAEE 20, 1971, p. 24-26.
212
. D. FAROUT, RdE 65, 2014, p. 49. Étant donné que le découpage du récit ne correspond pas nécessairement
aux limites des blocs, nous emploierons les codifications qu’utilise D. Farout pour sa reconstitution. En effet,
cette dernière permet d’avoir une vue d’ensemble instantanée sur l’apparence que devait avoir ce tableau
malgré sa nature fragmentaire, facilitant ainsi la compréhension de la Königsnovelle d’Ounas (voir annexe).
213
. XXVe-XIVe s. av. notre ère.

59
D. FAROUT, « Les déclarations du roi Ounas », RdE 65, 2014, p. 49-73.

D. FAROUT, « De Khéops à Ounas. Le “roman royal” à l’Ancien Empire », Égypte 72, 2013,
p. 61-66.

H. GOEDICKE, Re-used Blocks from the Pyramid of Amenemhet I at Lisht, MMAEE 20, 1971,
p. 24-26.

G. GOYON, « Les navires de transport de la chaussée monumentale d’Ounas », BIFAO 69,


1971, p. 11-41.

A. LABROUSSE et al., Mission archéologique de Saqqara II : Le temple haut du complexe


funéraire du roi Ounas, BiEtud 73, 1977.

A. LABROUSSE, A.M. MOUSSA, Le temple d’accueil du complexe funéraire du roi Ounas,


BiEtud 111, 1996.

A. LABROUSSE, A.M. MOUSSA, La chaussée du complexe funéraire du roi Ounas,


BiEtud 134, 2002.

A. ROCCATI, La littérature historique sous l’Ancien Empire égyptien, LAPO 11, 1982, p. 131-
132, §101-105.

TRANSCRIPTION

Segment A

Légende devant le roi

Face à lui

Segment B

B1 B2

Segment C

C1 C2

C3 C4

60
Segment D

D1 D2

Segment E

E1 E2

E3 E4

E5 E6

E7

Segment F

F1 F2 F3 F4

Segment G

G1 G2 G3

G4 G5

G6 G7

Segment H

H1 H2

H3 H4

H5 H6 H7

Segment J

J1 J2 J3 J4

J5 J6 J7

J8 J9

J10

61
Segment K

K1 K2

K3 K4

K5 K6 K7

Segment L

L1 L2

Segment M

Segment N

Segment O

Segment P

Segment Q

TRANSLITTÉRATION

Segment A

Légende devant le roi : Ḥr wȝḏ(w)-Tȝ.wy (ny)-sw.t bjt(y) sȝ Rʿ Wnjs

62
Face à lui : Wȝḏy.t nb(.t) Mḥw

Segment B : B1 sȝ Rʿ Wnjs n(y)-sw(.t) [...] B2 [...] mȝ(w) wsr [...]

Segment C : C1 [... mȝ]ṯ wḫȝ.w mḥ 10[+10] C2 [... r] Nfr(w)-s.wt-[sȝ-Rʿ-Wnjs] wḏȝ [...] C3


[...].y sp.y r [...] C4 sqd.w wjȝ/jmw r dp.t [...]

Segment D : D1 [...] jḫr sḏm⸗s[n ...] D2 [...] ḏd~jn=sn ḥ[m⸗f..]

Segment E : E1 [...] mrr(w).t kȝ⸗k n ʿȝ [...] E2 bȝ.w n(y).w sȝ Rʿ Wnjs r nṯr.[w nb.w ...] E3 jwt
sȝṯ.w (j)pn m ȝb[w ...] E4 ȝṯpy m [mȝṯ ...] E5 wḫȝ.w mḥ 20 sȝ[t.w ...] E6 sbȝ.w sp.wt r
[Nfr(w)-s.wt sȝ] Rʿ [Wnjs...] E7 [... ḥm]⸗f mȝȝ[⸗f ...]

Segment F : F1 sȝṯ jr [...] F2 jmy-bȝḥ jr(w) n [...] F3 jr[.t] dp[.t ...] F4 [...] ȝ [...]

Segment G : G1 [...] w [...] G2 [...] m ḫt ḫȝst(y) ḫr nṯr.w [...] G3 [...] jn.y m [...] G4 [...] r
Nfr-s.wt-sȝ-Rʿ-Wnjs [...] G5 [...] nṯr nfr nb jr.t ḫ.t ḏd~jn⸗s[n ...] G6 [...] jr.t jw n⸗j jr.t nfr
mn[ḫ ...] G7 [...] ȝṯp(=w) m qr(.w)t n(y.w)t r [...]

Segment H : H1 [...] jḥ.w ȝpd.w wr[.t ...] H2 m mfkȝ.t m ḏʿmw m nbw m ḥs[mn ...] H3 m sšr
n(y) n(y)-sw.t jr(w) n⸗s nbwy [...] H4 ḥm⸗f r ḫ.t nb(.t) n mnḫ sḫr ḥm[⸗f ...] H5 dbḥw jm mj
jrr(w).t n n(y)-sw(.t) H6 [...] d⸗t(w) n[⸗sn] dbḥw nb n [...] H7 [...]

Segment J : J1 [...] J2 jm⸗s n mnḫ [...] J3 j [...] jgr sḏr⸗s [...] J4 [...].w [...] J5 [...] m bw nb
wnn [...] J6 [...] wn jmȝḫ [...] J7 [...].w smr[.w ...] J8 [...].w [...] J9 [...] jmȝḫw ḫr [...] J10
[...] m [...]214

Segment K : K1 [...] msw.w (ny)-sw(.t) smr.w wʿty.w [...] K2 šps.w n(y)-sw.t ḫtm.w
nṯr215 [...]K3 (j)m(y)-r(ȝ)-mšʿ jmy[.w ...] K4 štȝ(⸗w) ḥr jb⸗sn pḫ[ȝ ...] K5 ḫ]r[⸗s]n r⸗sn ḥr
ḥr⸗s[n ...] K6 jȝw n sȝ Rʿ Wnjs nṯr[⸗ṯn ...] K7 n špss bȝ.w n sȝ Rʿ Wnjs r [...]

214
. Le passage étant trop lacunaire, il est difficile d’en donner une traduction. On peut toutefois remarquer
l’utilisation des mots jmȝḫ « vénérable » et smr « ami, courtisan » qui sont des titres de cour. Comme
l’explique D. Farout, ce segment devait donc faire allusion aux personnages récompensés après l’expédition
(D. FAROUT, RdE 65, 2014, p. 66).

63
Segment L : L1 [...] ḏ(d) mdw(.w) d~n(⸗j) n⸗k hʿ.w nfr(.w) m [...] L2 [ḏ(d) mdw(.w) [d] ~n(⸗j)
n⸗k [...]

Segment M : [...] r Nfr(w)-s.wt-sȝ-Rʿ-Wnjs

Segment N : jw.t m ȝbw ȝṯp(⸗w) m wḫȝ.w n(y.w) mȝṯ r [Nfr(w)-s.wt-sȝ-Rʿ-Wnjs]

Segment O : jw.t m ȝbw ȝṯp(⸗w) m mȝṯ snbw.w r Nfr(w)-s.wt-[sȝ-Rʿ-Wnjs]

Segment P : jw.t m ȝbw ȝṯp(⸗w) m wḫȝ.w n(y.w) mȝṯ r [Nfr(w)-s.wt-sȝ-Rʿ-Wnjs]

Segment Q : [... snbw].w [ny.w] mȝṯ r Nfr(w)-s.wt-sȝ-Rʿ-Wnjs

TRADUCTION

Segment A

Légende devant le roi : L’Horus Ouadjtaouy, le roi de Haute et Basse-Égypte, le fils de Rê


Ounas.

Face à lui : « Ouadjyt maîtresse de la Basse-Égypte. »

Segment B : [...] le fils de Rê Ounas roi [...][...] qui a vu la puissance216 [...]

Segment C : [...] colonnes de granit de [20] coudées [... pour] la pyramide « Les places
[du fils de Rê Ounas sont parfaites »]. Allez à [...][...]ez et assemblez des bateaux217 pour
[...][...] marins de la flotte dans les bateaux [...]

Segment D : [...] puis ils entendirent [...][...] ils dirent à [Sa Majesté ...]

215
. K.O. KURASZKIEWICZ, « The title ḫtmj nṯr – god’s sealer – in the Old Kingdom », dans M. Barta (ed.), The
Old Kingdom Art and Archeology. Proceedings of the Conference Held in Prague, May 31 – June 4, 2004,
Prague, 2006, p. 193-202.
216
. D. Farout propose également mȝ(⸗j) wsr « je vois la puissance » (D. FAROUT, RdE 65, 2014, p. 55).
217
. Il pourrait s’agir de la dernière étape de construction d’un bateau ou de l’opération de remise à flot de
bateaux démontés (D. FAROUT, RdE 65, 2014, p. 57).

64
Segment E : « [Nous agirons conformément à] ce que désire ton ka tant [...] le pouvoir-
baou218 du fils de Rê Ounas [... que tous] les dieux [jusqu’à ce que] ces navires de transports
soient revenus d’Éléphantine219 [...] chargés de (pièces en) gra[nit ...][...] des colonnes de 20
coudées, seuils220 [...] des portes, des bases de colonnes221 pour [la pyramide « Les places du
fils de [Rê] Ounas sont parfaites » ...][...] Sa [Majesté] verra [...] »

Segment F : navire de transport faire [...] qui est en présence de celui qui a agi pour [...]
faire (...) barque [...]

Segment G : [...] du bois étranger222 auprès des dieux [...][...] rapportez de [...][...] pour la
pyramide « Les places du fils de Rê Ounas sont parfaites » [...][...] le dieu parfait, seigneur de
l’accomplissement des rites. Ils dirent [...][...] faire (...) Je possède la capacité d’agir à la
perfection (?)223 [...] chargés de vases-qrḥ.t de [...]

Segment H : [...] énormément de bœufs, canards [...] en turquoise, en électrum, en or, en


cuivre [...] en lin du roi fait pour eux/elles [...] Sa Majesté [...] plus que toutes choses tant sont
bénéfiques les desseins de [Sa] Majesté [...] matériel là comme ce qui est fait pour un roi
[...][...] on leur accorde tout le matériel pour [...]

Segment K : [...] les enfants royaux, les amis uniques [...] les nobles du roi, les chanceliers du
dieu [...] les généraux qui étaient dans [...] [cela] était mystérieux à leurs yeux224 [mais quand

218
. M. Labrousse et A.M. Moussa propose de lire bȝ.w nḫn « les baou de Nékhen » (A. LABROUSSE,
A.M. MOUSSA, op. cit., p. 29). Dans sa traduction A. Diego Espinel reprend cette traduction (A. DIEGO
ESPINEL, « Around the Colums. Analysis of a Relief from the Causeway of Unis Mortuary Temple »,
BIFAO 107, 2007, p. 101). Quant à D. Farout, il propose « les pouvoirs-baou » (D. FAROUT, RdE 65, 2014,
p. 58).
219
. M. Labrousse et A.M. Moussa suggèrent de lire sbȝ traduit par « porte(s) », il semblerait qu’il faille plutôt
lire Éléphantine (A. LABROUSSE, A.M. MOUSSA, loc. cit.).
220
. A. Diego Espinel soumet la traduction « orthostates » (A. DIEGO ESPINEL, loc. cit., note e) alors que
D. Farout, en raison de la nature de la pierre (granit), suggère plutôt « seuils » ou « base de murs »
(D. FAROUT, RdE 65, 2014, p. 58, note 36).
221
. A. DIEGO ESPINEL, op. cit., p. 101-103.
222
. A. ROCCATI, La littérature historique sous l’Ancien Empire égyptien, LAPO 11, 1982, p. 132, §103 : « avec
du bois d’importation » ; A. DIEGO ESPINEL, « Blocks from the Unas », p. 52 : « with foreign wood » ;
D. FAROUT, RdE 65, 2014, p. 58 : « en bois exotique ».
223
. A. Roccati suggère : « Nous allons faire une chose plus belle que le monument » (A. ROCCATI, loc. cit.).
Quant à D. Farout, il propose : « Je possède la capacité d’agir à la perfection » (D. FAROUT, RdE 65, 2014,
p. 62).
224
. Littéralement : « pour leur esprit ».

65
cela leur fut] révélé225 ils tombèrent alors face contre terre. Hommage au fils de Rê Ounas
votre dieu [...] en raison de l’auguste pouvoir-baou du fils de Rê Ounas par rapport à [...]

Segment L : Parole dites : « Je te donne les apparitions en gloire parfaites en tant que [... »].
Paroles dites : « Je te donne [...]. »

Segment M : [...] pour la pyramide « Les places de fils de Rê Ounas sont parfaites. »

Segment N : Revenir d’Éléphantine chargés de colonnes de granit pour la pyramide « [Les


places du] fils de Rê [Ounas] ».

Segment O : Revenir d’Éléphantine avec des corniches226 de granit pour la pyramide « Les
places [du fils de Rê Ounas sont parfaites] ».

Segment P : Revenir d’Éléphantine chargés de colonnes de granit pour la pyramide [« Les


places du] fils [de Rê Ounas sont parfaites] ».

Segment Q : [Revenir d’Éléphantine chargés de] corniches de granit pour la pyramide « Les
places du fils de Rê Ounas sont parfaites ».

225
. H. Goedicke indique qu’il s’agit de l’unique attestation du verbe pḫȝ durant l’Ancien Empire. H. GOEDICKE,
op. cit., p. 26.
226
. A. LABROUSSE, A.M. MOUSSA, op. cit., p. 31.

66
Texte A4 : Montouhotep II

PRÉSENTATION DU TEXTE

Ces deux fragments de stèles proviennent d’une fouille datant de 1900. Leur origine n’est
pas certaine. Des bâtisseurs du Nouvel Empire auraient réutilisé cette stèle comme base de
colonne dans le monument qu’ils construisaient à Deir el-Ballas. Ils auraient trouvé cette stèle
à proximité ou l’auraient transportée de Dendera227.
Dans ce texte, un roi (probablement Montouhotep II) a planifié une expédition militaire
afin de conquérir et de rallier de nouvelles terres à la Haute-Égypte. Ce récit est
particulièrement important pour l’étude des « narrations royales » car pour plusieurs
égyptologues il est le premier témoin du genre littéraire de la Königsnovelle en Égypte228.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Conquête militaire (Roi guerrier et conquérant).

DATATION

L’identité du roi de cette stèle a fait débat durant plusieurs années. D.B. Redford attribue
ce récit à Antef II car selon lui les références à la Haute-Égypte suggèrent une date de règne
antérieure à la réunification du Double-Pays qui se serait déroulée après les crises de la
Première Période intermédiaire 229 . Cependant, plusieurs éléments semblent montrer que
l’inscription de Deir el-Ballas raconte les exploits de Montouhotep II230. Tout d’abord, nous
savons grâce à la stèle funéraire d’un dénommé Hénénou, qui a vécu durant le règne de ce
dernier, que Montouhotep II envisageait le rattachement territorial mais également
économique de la Nubie et des oasis alentours à l’Égypte. Hénénou taxait alors certains de ces
nomes. C’est exactement ce que décrit cette stèle : la mise en place d’un nouveau programme
économique231. De plus, le texte indique que le souverain de la stèle a ouvert des routes qui
demeuraient bloquées (ligne x+8). Une inscription du Ouadi Hammamat ainsi que la stèle de

227
. J.C. DARNELL, « The Eleventh Dynasty Royal Inscription from Deir el-Ballas », RdE 59, 2008, p. 81.
228
. H.G. FISCHER, loc. cit.; Ibid., p. 82 ; Sh.-W. HSU, op. cit., p. 275 ; R.B. PARKINSON, Poetry and Culture in
Middle Kingdom Egypt: a Dark Side to Perfection, Londres, 2002, p. 63.
229
. D.B. REDFORD, « The Oasis in Egyptian History. Part II, c. 2100 B.C. – c. 1650 B.C. », SSEA Newsletter 7/2,
1977, p. 2-3, note. 21.
230
. XXIe s. av. notre ère.
231
. W.C. HAYES, « Career of the Great Steward Henenu under Nebheptre Mentuhotpe », JEA 35, 1949, pl. 4,
ligne 4 ; J.C. DARNELL, op. cit., p. 100.

67
Hénénou attestent d’une activité de Montouhotep II sur des routes du désert oriental. Une
armée aurait été envoyée par le roi et aurait combattu des populations de contrées désertiques.
Hénénou se serait alors rendu sur les côtes de la mer Rouge durant le règne de ce souverain. Il
semblerait bien que Montouhotep II ait rouvert les routes reliant le Nil à la mer Rouge en
affrontant et soumettant ses ennemis comme le raconte la stèle de Ballas232.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

PM V, p. 117.

J.C. DARNELL, « The Eleventh Dynasty Royal Inscription from Deir el-Ballas », RdE 59,
2008, p. 81-109.

H.G. FISCHER, Inscriptions from the Coptite Nome. Dynasties VI-XI, AnOr 40, 1964, p. 112-
118 et pl. 34.

L. HABACHI, « King Nebhepetre Menthuhotep : His Monuments, Place in History, Deification


and Unusual Représentations in the Form of Gods », MDAlK 19, 1963, p. 28-30.

B. HOFMANN, Die Königsnovelle: “Strukturanalyse am Einzelwerk”, ÄAT 62, 2004, p. 54-57.

H.F. LUTZ, Egyptian Tomb Steles and Offering Stones of the Museum of Anthropology and
Ethnology of the University of California, Leipzig, 1927, pl. 34.

W. SCHENKEL, Memphis-Herakleopolis-Theben, Die epigraphischen Zeugnisse der 7.-11.


Dynastie Ägyptens, ÄgAbh 12, 1965, p. 214-216 (341).

TRANSCRIPTION

Ligne x+2

Ligne x+3

Ligne x+4

232
. J.C. DARNELL, op. cit., p. 98.

68
Ligne x+5

Ligne x+5-6

Ligne x+6-7

Ligne x+8

Ligne x+9

Ligne x+10-11

Ligne x+11

Ligne x+12

TRANSLITTÉRATION

Ligne x+2 : [...]⸗s jj.w sk(.w) ḫdy⸗n ptpt~n⸗n ḫȝs.wt

Ligne x+3 : [...] ḥr dbḥ⸗s m-ʿ⸗ṯn d(⸗j) n⸗ṯn ḫtm.t⸗s nb.t m sšr nb mry⸗ṯn jḫr m-ḫt [ḥw]~n⸗sn
[mnj.t snb(.w)]

Ligne x+4 : [...] n⸗k m ksw ḥr sn⸗k r ʿ.t⸗k nb.t sḏr⸗k jb⸗k m ẖ.t⸗k Šmʿ/Rsy ḫȝs.wt

69
Ligne x+5 : [...] jt.w m ẖr(y.t)-nṯr r bw nty nṯr.w jm mȝȝ⸗sn nn ḫpr.w n [...]

Ligne x+5-6 : [...] Wȝwȝ.t W[ḥȝ.t]233 [...] ḫry.w jm⸗sn sdmj~n(⸗j) s.t n Šmʿ n wn.t n(y)-sw.t
bȝk⸗sn n⸗f m [...] n-ʿȝ.t-n(y).t mrr⸗f w[j]

Ligne x+6-7 : [...] jʿw [...][mšʿ] nḫt n ṯs.t(⸗j) jw nsw.t⸗f ḫr m ḫȝs.[w]t [...] ḫȝsw.wt ḥr sj[n]

Ligne x+8 : pḥw[.w] [...] [wbȝ(⸗j) mṯn].w šr.w ḥsq(⸗j) ḫȝs.tyw jsnw rd(⸗j) ḏfy(⸗j) [...]
šnn.w⸗f234

Ligne x+9 : [...] ḏhn r idb.w Wȝḏ-wr ḫd~n(⸗j) r pr-n-ḏ.t Kḥss n ḥqȝ.t-Tȝ.wy rd~n(⸗j) rwḏw.w
m ȝbw m [...] n⸗s rȝ=s[n]

Ligne x+10-11 : [...] ẖȝm rmn jr~n⸗sn ʿnḫ-nṯr wʿ nb jm ḥr ḏȝḏȝ⸗f bȝk⸗tw ʿ⸗f tp-jm⸗s m [...] rdj
wsḫ n(⸗j) Šmʿ

Ligne x+11 : jr~n(⸗j) nn sk w(j) m (ny)-sw.t jn~n(⸗j) ḥp.t n Wȝs.t d~n(⸗j) jw.t n⸗s tȝ.wy m

Ligne x+12 : [...] Wȝwȝ.t wḥȝ.t sdmj~n(⸗j) s.t n Šmʿ dr~n(⸗j) bt[nw.w]

TRADUCTION

Ligne x+2 : Son [...]235 est venu et a été détruit. Nous naviguerons donc vers le nord et
piétinerons les ennemis des contrées étrangères.

Ligne x+3 : [...] le demander de votre part. « Je vous accorde tous ses trésors236 composés de
toutes sortes de choses que vous souhaitez. » Après qu’ils aient amarré avec succès237.

Ligne x+4 : [...] à toi en s’inclinant et en t’embrassant, chacun de tes membres. Tu t’étendras,

233
. Il est possible de reconstituer le mot « oasis » car « Ouaouat et l’oasis » se retrouvent ensemble à la
ligne x+12.
234
. D. JONES, A Glossary of Ancient Egyptian Nautical Titles and Terms, Londres, 1988, p. 189, n° 161.
235
. Dans la lacune, J.C. Darnell y voit la fin d’une figure humaine assise et propose donc d’y lire le mot
« armée » (J.C. DARNELL, op. cit., p. 83, note. a).
236
. Voir Wb III, 351,1.
237
. J.C. DARNELL, op. cit., p. 84, note d.

70
ton esprit dans ton corps238. La Haute-Égypte et les terres étrangères du Sud [...]

Ligne x+5 : [...] les ancêtres de la nécropole, le lieu où se trouvent les dieux239, ont vu cela, ce
qui est arrivé à [...]

Ligne x+5-6 : [...] Ouaouat et l’o[asis] les ennemis y étaient. Je l’ai rattaché à la Haute-
Égypte. Il n’y a pas de roi pour qui ils ont travaillé [...] tant il m’aimait240.

Ligne x+6-7 : [...] mon courroux [...] [armée] victorieuse de (mon) recrutement, sa flamme
tomba dans les contrées étrangères [...] Les terres étrangères se [...]

Ligne x+8 : [...] l’extrême Nord [...] [j’ai ouvert les chemins] qui étaient bouchés. J’ai
décapité les habitants des contrées étrangères qui bloquaient mes pas et j’ai pénétré [...] son
gréement [...]

Ligne x+9 : [...] nommé241 aux bords de la mer242. J’ai navigué en direction de la propriété de
« Keheses-de-la-souveraineté-des-Deux-Terres »243. J’ai placé des agents dans Éléphantine
et dans [...] pour elle son discours [...]

Ligne x+10-11 : [...] bras courbé. Ils ont fait un serment divin, chacun d’eux, sur sa tête et on
a taxé sa région avant elle [...] ce qui a fait que s’élargisse pour moi la Haute-Égypte.

Ligne x+11 : J’ai fait cela alors que j’étais roi (de la Haute-Égypte)244, je suis allé à la rame
à Thèbes, j’ai fait en sorte que le Double-Pays vienne à elle en [...]

238
. Peut-être une référence au fait que le souverain passe sa nuit éveillé afin de réfléchir à ce qui est utile
(J.C. DARNELL, op. cit., p. 85, note a).
239
. « Le lieu où se trouvent les dieux » pourrait correspondre à une nécropole. Étant donné que la décoration du
temple de Montouhotep II à Deir el-Bahary semble correspondre aux actions décrites sur la stèle de Deir el-
Ballas, notamment l’arrivée de navires et la défaite de troupes étrangères, il pourrait s’agir dans la stèle d’une
référence directe à son propre temple permettant de ce fait aux ancêtres d’être témoins des événements de son
règne (Ibid.., p. 86).
240
. J.C. Darnell suppose qu’à la fin de la ligne, le « il » qui aime le souverain est probablement une divinité qui a
agit pour lui, ce qui expliquerait le changement de personne dans la phrase (Ibid., p. 87).
241
. Cl. Vandersleyen traduit « me tournant vers » (Cl. VANDERSLEYEN, Ouadj our, wȝḏ wr, un autre aspect de la
vallée du Nil, CEA 7, 1999, p. 196, n° 44).
242
. Pour J.C. Darnell, ce passage se réfèrerait à une présence égyptienne sur la côte de la mer Rouge ou près de
Ouadi Gawasis (J.C. DARNELL, op. cit., p. 90, note a)
243
. D’après H.G. Fischer il s’agirait d’Edfou. Voir D. MEEKS, Le grand texte des donations au temple d'Edfou,
BiEtud 59, 1972, p. 93-95, n° 135.
244
. J.C. DARNELL, op. cit., p. 93, note a.

71
Ligne x+12 : [...] Ouaouat et l’oasis, je l’ai rattaché à la Haute-Égypte et j’ai expulsé les
[rebelles].

72
Texte A5 : Sésostris Ier

PRÉSENTATION DU TEXTE

Le « Rouleau de cuir » de Berlin (P. Berlin 3029) se présente sous la forme d’un
palimpseste245 hiératique qui daterait du règne d’Amenhotep II246 ou de Thoutmosis III. Le
papyrus a été acheté en 1858 à Louqsor par H. Brugsch247. La fin du texte est perdue.
La Königsnovelle raconte que Sésostris Ier fait réunir dans son palais ses courtisans afin de
leur exposer son intention de bâtir un temple pour le dieu Horakhty.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Activité de construction (Roi pieux et ingénieux).

DATATION

Depuis la publication de ce récit, de nombreux débats ont émergé à propos de sa date de


rédaction. La titulature de Sésostris Ier est présente au début du texte, la « narration royale »
daterait donc de la XIIe dynastie248. Pourtant les avis sont partagés entre deux affirmations :
le récit serait une copie d’un original du Moyen Empire qui aurait été retranscrit durant le
Nouvel empire ou bien il s’agirait d’un récit pseudépigraphique mentionnant Sésostris Ier mais
dont la conception daterait du Nouvel Empire.

Pour M. Lichtheim le récit original était probablement gravé sur une stèle ou sur la paroi
d’un temple à Héliopolis. La version en notre possession serait donc une copie hiératique
réalisée par un scribe de la XVIIIe dynastie249. En 1992, Ph. Derchain a consacré tout un
article sur le papyrus afin de prouver qu’il s’agissait bien d’une œuvre authentique du Nouvel
Empire. Il s’est basé pour cela sur des critères linguistiques et syntaxiques. Ce dernier a
comparé alors la phraséologie du rouleau avec des inscriptions datant de la XVIIIe dynastie et

245
. M. MÜLLER, « Die administrativen Texte der Berliner Lederhandschrift », dans E. Bechtold, A. Gulyás,
A. Hasznos (éds), From Illahun to Djeme. Papers Presented in Honour of Ulrich Luft, BAR-IS 2311, p. 173-
181.
246
. St.O. SMOOTH, « The Berlin Leather Manuscript and the Development of the Königsnovelle », 2017, p. 1 ;
C. PEUST, « Die Berliner Lederrolle », dans B. Janowski, D. Schwemer (éds), Grab-, Sarg-, Bau- und
Votivinschriften, Texte aus der Umwelt des Alten Testaments. Neue Folge 6, 2011, p. 94.
247
. H. BRUGSCH, Geschichte Aegypten's unter den Pharaonen : nach den Denkmälern, Leipzig, 1877, p. 123.
248
. XXe s. av. notre ère.
249
. M. LICHTHEIM, Ancient Egyptian Literature: a book of readings. Vol 1. The Old and Middle Kingdoms,
Londres, 1973, p. 115. Tout comme pour G. Posener (G. POSENER, Littérature et Politique, Paris, 1956,
p. 139) et St.O. Smooth (St.O. SMOOTH, op. cit., p. 1-20).

73
a conclu que le scribe s’était servi d’archives réelles datant du Moyen Empire pour
retranscrire un acte du passé à la manière d’un véritable historien250. Bien que certains
chercheurs aient été en accord avec la démonstration de Ph. Derchain251, ses propos ont
soulevé de nombreuses objections252 telles que celle de D. Valbelle. Elle explique que les
parallèles existant entre cette Königsnovelle et le texte dédicatoire de Tôd, attribué également
à Sésostris Ier, permettent d’affirmer l’existence au Moyen Empire de ce type de « narration
royale » dans lequel le roi met en avant son aptitude de souverain bâtisseur253. Enfin pour
d’autres encore, il est finalement compliqué de se prononcer car certains éléments peuvent
étayer les deux propositions présentées précédemment254.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

S.A. el-A. EL-ADLY, « Die Berliner Lederhandschrift (pBerlin 3029) », Die Welt des
Orients 15, 1984, p. 6-18.

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J.H. BREASTED, Ancient Records of Egypt, I: The First to the Seventeenth Dynasties, Chicago,
1906, p. 240-245.

A. DE BUCK, « The Building Inscription of the Berlin leather Roll », AnOr 17, 1938, p. 48-57.

Ph. DERCHAIN, « Les débuts de l'histoire: Rouleau de cuir Berlin 3029 », RdE 43, 1992, p. 35-
47.

A. ERMAN, Fr. KREBS, Aus den Papyrus der Königlichen Museums zu Berlin, Berlin, 1899,
p. 59-63.

H. GOEDICKE, « The Berlin Leather Roll (P Berlin 3029) », dans Anonyme (éd.), Festschrift
zum 150 jährigen Bestehen des Berliner Ägyptischen Museums, Mitteilungen aus der
ägyptischen Sammlung 8, 1974, p. 87-104.

E. GRAEFE, « Die Berliner Lederhandschrift », ZÄS 146, 2019, p. 138-143.

R. GUNDLACH, « The Berlin Leather Roll (pBerlin 3029): ritual and royal ideology », dans
R. Gundlach et K. Spence (éds), Palace and temple: architecture - decoration - ritual. 5.

250
. Ph. DERCHAIN, « Les débuts de l'histoire: rouleau de cuir Berlin 3029 », RdE 43, 1992, p. 35-47.
251
. R. JAGGI, « Die Berliner Lederhandschrift eine “Königsnovelle”? », Kemet 3, 2012, p. 66 ; A. STAUDER,
Linguistic Dating of Middle Egyptian Literary Texts. Vol II, LASM 12, 2013, p. 249-257.
252
. A. PICCATO, « The Berlin leather roll and the Egyptian sense of history », LingAeg 5, 1997, p. 137-159 ;
St.O. SMOOTH, loc. cit.
253
. D. VALBELLE, Histoire de l'État pharaonique, Paris, 1998, p. 141, n. 2 et p. 219-220 ; S. DESPLANCQUES,
« L'implication du trésor et de ses administrateurs dans les travaux royaux sous le règne de Sésostris Ier »,
CRIPEL 23, 2003, p. 20, n. 4.
254
. C. PEUST, op. cit., p. 95 ; A. STAUDER, loc. cit.

74
Symposium zur ägyptischen Königsideologie/5th symposium on Egyptian royal ideology.
Cambridge, July, 16th-17th, 2007, KSG 4/2, 2011, p. 103-114.

A. HERMANN, Die ägyptische Königsnovelle, LÄS 10, 1938, p. 49-51.

B. HOFMANN, Die Königsnovelle: “Strukturanalyse am Einzelwerk”, ÄAT 62, 2004, p. 58-73.

R. JAGGI, « Die Berliner Lederhandschrift eine “Königsnovelle”? », Kemet 3, 2012, p. 65-66.

M. LICHTHEIM, Ancient Egyptian Literature: a book of readings. Vol 1. The Old and Middle
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M. MÜLLER, « Die administrativen Texte der Berliner Lederhandschrift », dans E. Bechtold,


A. Gulyás, A. Hasznos (éds), From Illahun to Djeme: Papers Presented in Honour of
U. Luft, BAR-IS 2311, 2011, p. 173-181.

J. OSING, « Zu zwei literarischen Werken des mittleren Reiches », dans J. Osing (éd.), The
Heritage of Ancient Egypt: Studies in Honour of Erik Iversen, CNIP 13, 1992, p. 109-119.

R.B. PARKINSON, Voices from Ancient Egypt: An Anthology of Middle Kingdom Writings,
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I. SHIRUN-GRUMACH, Offenbarung, Orakel und Königsnovelle, ÄAT 24, 1993, p. 149-173.

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StudMon 12, 2013, p. 249-257.

L. STERN, « Urkunde über den Bau des Sonnentempels zu On. Eine hieratische Handschrift
auf Leder im Königlichen Museum zu Berlin », ZÄS 12, 1874, p. 85-96.

TRANSCRIPTION

I.1

75
5

10

11

12

13

14

15

16

17

18

19

20

II.1

76
6

10

11

12

13

14

15

16

17 18

19

TRANSLITTÉRATION

I.1 rnp.t sp 3 ȝbd 3 ȝḫ.t sw 8 ḫr ḥm n n(y)-sw.t bjty Ḫpr-kȝ-Rʿ sȝ Rʿ S(j)-n-wsr.t mȝʿ-ḫrw ʿnḫ
ḏ.t r nḥḥ 2 ḫʿ.t n(y)-sw.t m sḫm.ty ḫpr ḥms.t m ḏȝdw nḏ-rȝ.w jmy.w-ḫ.t⸗f smr.w n(y).w 3 stp-sȝ
ʿ.w.s. srw.w r S.t-wʿʿw.t wḏ-md.t ḫft sḏm st nḏ-rȝ m 4 swn.t ḥr.w⸗sn mṯn ḥm⸗j ḥr šȝ.w kȝ.t sḫȝ
m sp m ȝḫ.t n m-5ḫt jry⸗j mnw smn⸗j wḏ.w rwd n Ḥr-ȝḫ.ty ms~n⸗f wj 6 [...] jr.t jr~n⸗f r sḫpr
wḏ~n⸗f jrj rd~n⸗f wj r mnjw tȝ pn rḫ~n⸗f sȝq n⸗f 7 sw mȝʿ~n⸗f n⸗j sȝw.t⸗f sḥḏ.t jr.t jmj.t⸗f jrj
mj-qd m mr.t⸗f sʿr(w) n⸗j 8 šȝ.t~n⸗f rḫ jnk n(y)-sw.t n ḫpr⸗f jtj ʿ.w.s. n rd⸗tw n⸗f jṯ~n⸗j m ṯȝ
bw9ȝ~⸗j m swḥ.t ḥr~n⸗j tp m jnpw sḫ~n⸗f wj r nb psš.wt⸗j 2 m nḫn 10 n fnḫ(y)t n⸗j mṯȝ<m>
dhn~n⸗f <w>j r nb rḫy.t qmȝ.w 11 m ḥr n ḥnmm<.t> jmt255~n⸗f wj r jmy ʿḥ m wḏḥ n pr.t⸗j m
ȝḥ.ty⸗j [rdj n⸗j] 12 ȝw⸗f wsḫ⸗f rnn⸗kwj m ḫpr⸗f jṯ⸗f d(w) n⸗j tȝ jnk nb⸗f pḥ n⸗j bȝw qȝw 13 n p.t
mnḫ ḥr-m-ʿ jr.t n jrj wj sḥtp nṯr m rd~n⸗f [jnk] sȝ⸗f nḏ(w)⸗f 14 wḏ~n⸗f n⸗j jṯ.t jṯ.t~n⸗f JJ=KWJ
M Ḥr JP~N⸗J Ḏ.T⸗J smn~n⸗j pȝ.wt 15 nṯr.w jry⸗j kȝ.t m ḥw.t ʿȝ.t n jt⸗j Jtm d⸗f wsḫ⸗f mj rd~n⸗f
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255
. A. DE BUCK, « The Building Inscription of the Berlin leather Roll », AnOr 17, 1938, p. 55, n. 18.

77
m-rȝ-ʿ n ḥtm~n ḫr.t ḏ.t jr.t pw wnn.t ḏʿr pw 20 ȝḫ.t šȝb.w pw jqr rn rs-tp pw ḥr ḫr.t nḥḥ

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ḫft-ḥr ḥr mr.t 18 dmḏ bw wʿ šmʿ.w mḥw 19 jmy bʿḥ tp-tȝ [...]

TRADUCTION

L’an 3, troisième moi d’akhet, jour 8, sous la Majesté du roi de Haute et Basse-Égypte
Kheperkarê, le fils de Rê Sésostris, juste de voix, en vie pour toujours et à jamais. Apparition
du roi avec la double couronne. Une séance eut lieu dans la salle d’audience, une
consultation avec ses suivants, des courtisans du palais v.s.f. et des notables du conseil
privé256. Dès lors, un ordre fut entendu, une consultation fut donnée en les instruisant :
« Voyez, Ma Majesté planifie une œuvre et songe à un acte de valeur257. Pour la postérité, je
réaliserai un monument, je fixerai des décrets permanents pour Horakhty. Il m’a créé [...]
réaliser ce qu’il avait accompli et pour faire advenir ce qu’il avait ordonné de faire. Il a fait en
sorte que je sois le berger de ce pays, il connaît celui qui le rassemble pour lui. Il m’a offert ce
qu’il protège, ce que l’œil qui est en lui éclaire. Agissant entièrement tel qu’il le désire,
m’offrant le savoir qu’il prédestine. Je suis roi de naissance, souverain v.s.f., à qui l’on ne
donne pas. J’ai pris possession (de l’héritage) en tant qu’oisillon, j’ai été investi dans l’œuf. Je
gouvernais en tant que jeune prince. Il me promut seigneur de mes deux portions lorsque
j’étais un enfant encore vêtu de langes258. Il me nomma seigneur de l’humanité et me créa afin

256
. « privy council » (H. GOEDICKE, « The Berlin Leather Roll (P Berlin 3029) », dans Anonyme
(éd.), Festschrift zum 150 jährigen Bestehen des Berliner Ägyptischen Museums, Mitteilungen aus der
ägyptischen Sammlung 8, 1974, p. 87) ; « private apartment » (M. LICHTHEIM, op. cit., p. 116).
257
. M. LICHTHEIM, loc. cit.
258
. La traduction de ce passage a divisé les chercheurs. M. Lichtheim propose « a child yet wearing swaddling
clothes » (Ibid.), sens proposé également par A. De Buck « before the swaddling-clothes were loosened for

78
d’être à la tête de la population henmémet. Il me désigna comme un résident du palais, en tant
qu’enfant qui n’était pas encore sorti des cuisses. [Il m’a été donné] en sa longueur et en sa
largeur, j’ai été élevé pour être « celui qui naîtrait pour saisir (la royauté) »259. La terre est
mienne car je suis son maître. Mon pouvoir baou a atteint la hauteur du ciel. Pourquoi est-ce
si bénéfique d’agir pour celui qui a agi ? Le dieu se satisfait de ce qu’il donne. [Je suis] son
fils et son protégé. Il m’a ordonné de saisir ce dont il avait pris possession. JE SUIS VENU
EN TANT QU’HORUS, EN PLEINE CONSCIENCE260. J’ai établi des offrandes divines et
j’accomplirai une œuvre dans la Grande Demeure261 de mon père Atoum. Il s’enrichira dans
la mesure où il fera en sorte que je prenne possession (de la royauté). Je doterai ses autels sur
terre. J’érigerai ma demeure dans son voisinage. On se souviendra de ma perfection dans son
domaine : la demeure sera mon renom et le canal mon monument car faire ce qui est
profitable, c’est l’éternité. Un roi évoqué à propos de ses biens ne mourra pas. Celui qui se
prépare ne connaît pas [...]. Son nom est continuellement prononcé pour lui car les affaires de
l’éternité ne peuvent être détruites. Ce qui existe est ce qui a été accompli, il faut chercher ce
qui est utile. Un nom est une excellente nourriture, cela signifie veiller aux affaires car c’est
l’éternité. »

ALORS CES COURTISANS du roi répondirent auprès du dieu : « Hou est ta parole, Sia est à
ta suite. Souverain, v.s.f, ce qui advient est ton dessein ! D’apparaître roi afin de réunir les
deux terres pour étendre [la corde] dans ta demeure. C’est utile de constater que les matins de
l’existence sont précieux. La foule ne peut rien atteindre sans toi. En vérité, Ta Majesté, v.s.f,
sont les yeux de tous. Ton image sera grande lorsque tu bâtiras ton monument à Héliopolis, le
sanctuaire des dieux, auprès de ton père le seigneur de la Grande Demeure, Atoum, le taureau
de l’Ennéade ! Lorsque ton temple sera construit, il le pourvoira d’un autel. Il accomplira un
travail pour ta statue et sera favorable envers tes statues pour la durée de l’éternité. » Le roi
EN PERSONNE DIT au chancelier du roi de Basse-Égypte, ami unique, intendant des deux
maisons d’or et des deux maisons d’argent262, chef secret des deux amulettes : « C’est ta
consultation qui fait en sorte qu’on accomplisse [chaque] travaux que Ma Majesté a désirés.

me » (A. DE BUCK, op. cit., p. 54, note 16). En revanche, H. Goedicke y voit une référence à la circoncision
et traduit « before the prepuce went off from me » (H. GOEDICKE, op. cit., p. 94), tout comme J. Osing « als
mir noch nicht die Vorhaut gelöst war » (J. OSING, « Zu zwei literarischen Werken des mittleren Reiches »,
dans J. Osing (éd.), The Heritage of Ancient Egypt: Studies in Honour of Erik Iversen, CNIP 13, 1992,
p. 112) et Ph. Derchain (Ph. DERCHAIN, op. cit., p. 39.
259
. M. LICHTHEIM, op. cit., p. 117.
260
. « I had recognized my duty » (A. DE BUCK, op. cit., p. 52 et p. 55, note 26).
261
. Le temple d’Héliopolis.
262
. S. DESPLANCQUES, op. cit., p. 19-27.

79
Tu en es le chef, agissant conformément à mon envie. Les artisans [...] vigilants. Ils
adviennent en raison d’un manque de paresse. Tous les travaux appartiennent aux visions
perspicaces du seigneur. Celui qui est actif est efficient. Ton heure d’action est [...]
conformément à tes intentions, aux ordres et aux choses faites [...] à la place souhaitée.
Ordonne aux ouvriers d’agir conformément à ce que tu as décidé ! » APPARITION DU ROI
AVEC LA COURONNE AUX DEUX PLUMES AINSI QUE tout le PEUPLE à sa suite. Le
prêtre lecteur en chef et le scribe du Rouleau du dieu tendirent la corde. La corde fut déroulée
et posée au sol pour créer cette demeure divine. Enfin, Sa Majesté fit procéder, le roi se
tourna devant les sujets, la foule, tous ensemble. La Haute et la Basse-Égypte furent inondées,
la terre [...]

80
Texte A6 : Néferhotep Ier

PRÉSENTATION DU TEXTE

Ce sont les fouilles de A. Mariette à Abydos qui ont permis de mettre au jour cette stèle,
très détériorée par l’humidité, à proximité du temple d’Osiris263. D’après J.H. Breasted, la
stèle a été transférée par la suite au musée de Boulaq (JE 6307)264, malheureusement elle a
depuis été perdue265. Étant donné la mauvaise qualité de l’inscription, de nombreuses erreurs
se sont glissées dans les relevés de A. Mariette et de T.C. Devéria266. Certaines ont pu être
corrigées grâce aux travaux de plusieurs égyptologues267 mais c’est principalement grâce au
travail colossal d’analyse de W. Helck qu’il est possible aujourd’hui de proposer une
traduction satisfaisante du récit268.
Le texte raconte le souhait de Néferhotep Ier de renouveler le culte de la statue d’Osiris à
Abydos grâce aux connaissances secrètes qu’il a découvertes dans les archives sacrées.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Rétablissement et création de nouvelles offrandes (Roi pieux et ingénieux).

DATATION

XIIIe dynastie269.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

E. BLUMENTHAL, Phraseologie. Untersuchungen des ägyptischen Königtums des Mittleren


Reiches I: Die (Phraseologie), ASAW 61/1, 1970.

J.H. BREASTED, Ancient Records of Egypt, I: The First to the Seventeenth Dynasties, Chicago,
1906, p. 332-337.

263
. A. MARIETTE, Catalogue Général des Monuments d’Abydos découverts pendant les fouilles de cette ville,
Paris, 1880, p. 233.
264
. J.H. BREASTED, Ancient Records of Egypt, I: The First to the Seventeenth Dynasties, Chicago, 1906, p. 332,
note a.
265
. H. NEALE, The Neferhotep Stela, Revisited: Kingship, Authority and Legitimacy in the Abydos Stela of
Neferhotep I, Sydney, 2016, p. IX.
266
. A. MARIETTE, Abydos, Description des fouilles exécutées sur l’emplacement de cette ville II, Paris, 1880, pl.
28-30.
267
. M. PIEPER, Die grosse Inschrift des Königs Neferhotep in Abydos, Leipzig, 1929 ; R. ANTHES, « Die Berichte
des Neferhotep und des Ichernofret über das Osirisfest in Abydos », dans Anonyme (éd.), Festschrift zum
150 jährigen Bestehen des Berliner Ägyptischen Museums, Mitteilungen aus der ägyptischen Sammlung 8,
1974, p. 15-49.
268
. W. HELCK, Historisch-biographische Texte der 2. Zwischenzeit und neue Texte der 18. Dynastie, KÄT 6,
1975, p. 21-29, § 32.
269
. XVIIIe-XVIIe s. av. notre ère.

81
W. HELCK, Historisch-biographische Texte der 2. Zwischenzeit und neue Texte der 18.
Dynastie, KÄT 6, 1975, p. 21-29, § 32.

B. HOFMANN, Die Königsnovelle: “Strukturanalyse am Einzelwerk”, ÄAT 62, 2004, p. 85-99.

A. MARIETTE, Abydos, Description des fouilles exécutées sur l’emplacement de cette ville II,
Paris, 1880, pl. 28-30.

A. MARIETTE, Catalogue Général des Monuments d’Abydos découverts pendant les fouilles
de cette ville, Paris, 1880, p. 233-234.

H. NEALE, The Neferhotep Stela, Revisited: Kingship, Authority and Legitimacy in the Abydos
Stela of Neferhotep I, Sydney, 2016.

M. PIEPER, Die grosse Inschrift des Königs Neferhotep in Abydos, Leipzig, 1929.

W.K. SIMPSON (éd.), The Literature of Ancient Egypt: An Anthology of Stories, Instructions,
Stelae, Autbiographies, and Poetry3, New Haven/Londres, 2003, p. 339-344.

M. STRACMANS, « Les Lignes 36-38 de la Grande Inscription du roi Neferhotep de la XIIIe


dynastie », ChronEg 25, 1950, p. 27-30.

M. STRACMANS, « La Grande Inscription du Roi Neferhotep Ier (XIII Dynastie Égyptienne) »,


Phoibos 5, 1950/1951, p. 173-181.

TRANSCRIPTION

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TRANSLITTÉRATION

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85
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86
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[n] jr[.t]~n⸗j m ḥtp.w-nṯr⸗f [tm.t]⸗sn rd n⸗j ḥknw.w 39 m ḥb nb n rȝ-pr pn m[-ẖnw] ḥw.t-nṯr
mj-qd⸗s n(y).t rȝ-pr pn jȝw.t nb.t n(y).t ȝbḏw jsṯ jrj~n ḥm⸗j nn mnw.w n jt⸗j Wsjr Ḫnty-Jmnty.w
nb ȝbḏw 40 n ʿȝ.t n mrr⸗j sw r nṯr.w nb.w rd⸗f n⸗j jsw [ḥr] nn [mnw.w⸗j ʿḥʿw⸗j] m ḥḥ.w n(y).w
rnp.wt mtny.t jr⸗j m jr.t~n[⸗f] mȝʿ.t pw ḥr(y)-jb n nṯr

TRADUCTION

L’an 2 sous la Majesté de l’Horus qui a fondé le Double-Pays, celui des Deux Maîtresses qui
accomplit la maât, l’Horus d’or stable d’amour, le roi de Haute et Basse-Égypte
Khasekhemrê, le fils de Rê Néferhotep, né de la mère royale Kémet, doué de vie, de stabilité
et de pouvoir comme Rê pour toujours. Apparition de Sa Majesté sur le trône d’Horus
dans le palais « Révélation des perfections ». Sa Majesté dit aux nobles, aux courtisans,
aux prêtres et véritables scribes qui étaient devant lui les paroles divines et aux chefs
tous les secrets : « Mon esprit désire voir les écrits du commencement des origines
d’Atoum. Révèle ici pour moi l’inventaire. Laisse-moi connaître le dieu dans sa forme et
l’Ennéade dans sa [nature], présenter des offrandes divines et [offrir] des gâteaux sur les
tables d’offrande. Laisse moi connaître le dieu sous sa forme, je le créerai semblable à
son ancien état. Ils m’ont établi en tant que leur protecteur afin de rendre parfait leurs
monuments sur terre. Ils m’ont offert l’héritage [de Geb et tout] ce qui entoure le disque
solaire, et m’ont donné ma fonction de chef du pays. Il sait que je suis sage et que j’agis
comme un dieu. Je vais donner plus à ce qui m’était destiné. Puissent-ils me faire agir pour
leur amour conformément à leur ordre. » Alors ces courtisans dirent : « C’est ce que ton ka a
ordonné qui se produit, souverain, mon maître. Que Ta Majesté aille en direction des
bibliothèques270 pour que Ta Majesté voie toutes les paroles divines. » Sa Majesté alla à la
bibliothèque. Puis, Sa Majesté révéla les écrits en compagnie de ces courtisans. Alors Sa
Majesté trouva les écrits du temple d’Osiris Khentyimentyou, seigneur d’Abydos. Sa Majesté
dit à ces courtisans : « Ma Majesté protège mon père Osiris Khentyimentyou, seigneur
d’Abydos. Je vais le faire naître en compagnie de son Ennéade comme Ma Majesté a vu dans
ses écrits : la nature de sa forme est en tant que roi de Haute et Basse-Égypte à sa sortie des

270
. Littéralement « les maisons des écrits ».

87
entrailles de Nout. Je suis son fils, son protecteur, sa progéniture, sortant en tant que chef de
sa salle. Geb lui a donné son héritage, l’Ennéade était satisfaite à propos de cela. J’occupe la
grande fonction que Rê m’a donné : un fils renommé qui engendre celui qui l’a engendré. Je
vais dire une chose importante, je vais vous la faire entendre : “Ouvrez l’esprit afin qu’il vive
à travers lui” Je fais en sorte que vous connaissiez une existence juste à la manière de ceux
qui vivent un long parcours sur terre. Construire des monuments pour Osiris en faisant
prospérer le nom d’Ounnefer, on fait cela pour que ce soit profitable pour le pays et on rend
parfait (cela) pour tout le pays. Je suis le favori de son père Rê, [seigneur de ce qui est] et de
ce qui n’est pas. Les dieux l’ont rendu parfait dans les entrailles et il est sorti distingué en tant
que roi de Haute et Basse-Égypte, apparaissant parfaitement avec la couronne blanche sur sa
[tête], il a gouverné l’Ennéade entièrement. » Les courtisans dirent : « Quant à [ceux qui se
trouvent dans le ciel], ils appliquent l’œuvre de ton esprit, que ce que Ta Majesté a ordonné se
produise. » Alors Sa Majesté fit que l’on convoque pour lui le connu du roi qui était devant Sa
Majesté et Sa Majesté lui dit : « Empresse toi d’aller vers le Sud [en compagnie] des troupes
et des équipages. Ne dormez ni la nuit ni le jour avant que tu aies atteint Abydos ! Mets en
place la procession de Khentyimentyou, ainsi je bâtirai ses monuments comme durant la
Première Fois. » Ces courtisans dirent : « C’est beau [ce que tu as dit souverain], mon maître,
puisse-tu bâtir [tes monuments] à Abydos pour ton père Khentyimentyou. » Ce notable
s’empressa d’aller vers le Sud conformément à ce que lui avait ordonné Sa Majesté. Il
atteignit [Abydos] afin de faire apparaître [ce dieu]. La Majesté de ce dieu entra en procession
dans la barque-neshemet, maîtresse de l’éternité, [afin de faire sa traversée]. Le [grand] fleuve
était inondé de l’arôme de Pount. Ils atteignirent l’intérieur [...]. On vint rapporter (cela) à Sa
Majesté en disant : « Ce dieu est parti en procession en paix. » Sa Majesté partit en
procession avec la barque sacrée, cette flotte était composée de barques-mesketet et de
[bateaux-imou] [...] le roi lui-même [traversa] à l’avant, sur le lac en compagnie de ce dieu
afin d’offrir et d’établir des offrandes divines pour son père Khentyimentyou : myrrhe, [vin],
les possessions divines du dieu Osiris Khentyimentyou en (l’honneur) de tous ses noms. Il a
permis que [ce] dieu s’apaise, [le destructeur] qui se débarrasse de celui qui se rebelle sur la
barque-neshemet. Alors la Majesté de ce dieu apparut et son Ennéade était unie derrière lui.
Oupouaout était devant lui, il ouvrit les chemins parmi ses [adversaires]. Alors, la Majesté de
ce dieu permit qu’il aille en direction de la chapelle afin qu’il se repose à sa place dans la
Maison d’or pour que Sa Majesté puisse créer (sa) beauté, avec son Ennéade, ses tables
d’offrandes fabriquées en bronze et décorées de toutes les pierres précieuses du pays divin.
Alors, [Sa Majesté] elle-même [pour lui] a dirigé leurs travaux [en argent], or et [cuivre] car

88
Sa Majesté était pure grâce à la purification divine du fait de [son travail] pour le seigneur
de l’Ouest. Quant au compagnon, au scribe et à [l’artisan] de la tombe, ils virent le travail
[dans ce] temple [...]. Alors que Sa Majesté elle-même [trouva] pour lui ces écrits, elle ne
trouva d’ailleurs aucun scribe en présence de Sa Majesté. Le dieu les avait donnés à son esprit
[dans] le secret [comme] Osiris [Khentyimentyou, seigneur d’Abydos]. Il a ordonné ce qui
serait dans l’œuf. Il a abattu le rebelle qui était contre Sa Majesté. Il vénérait le jour comme la
nuit. [Il] a [saisi] les opposants de ton bateau et il a fait taire le rebelle dans l’enceinte de Rê-
Pekher. Il connaît les porches de la [Douat] et les portes des Champs des Souchets. Il est
heureux à propos de tes offrandes au début des saisons, durant les jours de la venue de tous
les dieux à la fête ouag de Thot, jusqu’à la fin de tes années (de règne). Ton fils est efficace,
aucun de ses enfants n’est comme Horus car ce fils [protège son] père. Ta [progéniture]
fournit tes tables d’offrandes. Le parfum rend agréable ton temple, [on a cueilli des fleurs
pour la grande place, on a ouvert] les grands naos de celui qui l’a créé. Il possède en tant
que roi une existence éternelle sur terre. Il [s’affermit] comme le ciel et est stable comme la
terre, il y passe l’éternité comme Nebkaou. Tes prêtres-ouâb sont heureux, ils font des
offrandes à ses statues. Ils sont heureux [en raison de tes adorations], ils font des louanges à
ses statues ! Le roi de Haute et Basse-Égypte Khasekhemrê, le fils de Rê Néferhotep, qu’il
soit en vie pour toujours et à jamais, né de la mère royale Kémet, justifiée. Sa Majesté dit :
« Je récitais pour toi afin de repousser [tes] rebelles sur le chemin [de l’enceinte de Rê-
Pekher]. [J’ai fait pour toi des] louanges et des offrandes sur le chemin divin. Vous atteignez
Abydos dans la joie. Les grands sont devant toi. Tu as apaisé les ennemis et [tu] as baissé les
bras des opposants [...] à Abydos, le soir de l’Offrande de la nuit. Tu seras justifié à l’intérieur
de la salle alors que tes ouvriers seront en liesse et tes sujets seront dans la jubilation car j’ai
repoussé les rebelles de Ta Majesté et j’ai été agréable à l’esprit de [mon père Osiris
Khentyimentyou, seigneur d’Abydos]. Le dieu aime celui qui l’aime. Dans ton esprit, il y a
tout ce que j’ai accompli. Tu as rendu parfait mes monuments dans ton temple. Tu m’as placé
dans l’entourage de Ta Majesté et tu as donné mon nom à la bouche de tes sujets. [Tu]
raffermis mes bras grâce aux prières. Fais que l’on place pour moi les bras des prêtres afin de
sortir du grand autel et qu’ils se rappellent de moi parfaitement dans (leur) mémoire. Ils seront
apeurés quand mon nom sera prononcé et ils se réjouiront car je suis en vie. Ils aimeront me
faire des prières au cours des époques. Ce temple est une transmission de mon père à son fils
et il sera prêtre-ouâb de ce dieu. Âgé, il a dirigé mon office et a préservé les biens de son
héritage. Qu’il demeure sur son trône ! Écoutez cela, réécoutez mon commandement ! À
présent, l’érection d’un monument sert à maintenir les pains d’offrande des dieux. Regardez

89
moi, je fais en sorte que [vous] sachiez que j’ai [fait cela] pour que vos faces soient vigilantes
à propos du temple. Regardez les monuments que j’ai construits ! Je fais en sorte de planifier
l’éternité conformément à mon esprit. Je recherche quelque chose d’utile pour l’avenir en
plaçant cette affaire dans vos esprits. Ce qui s’éloignait de ce qui est maintenant advenu à
l’intérieur de cette place, le dieu a établi cela dans mon esprit afin de rendre parfait mes
monuments dans son temple et de faire prospérer mes contrats dans son temple. Sa Majesté
apprécie ce que j’ai accompli pour lui et se réjouit de ce que j’ai décidé de faire. Tu as
accordé pour lui une justification. Je suis son fils, son protecteur, il m’a donné l’héritage du
pays. Je suis un roi, grand de force et efficace pour gouverner. Celui qui vivra ne me défiera
pas. Mes adversaires ne respireront pas le souffle. Son nom ne sera pas parmi les vivants. Son
ka sera lié devant les notables, il sera éloigné de ce dieu, à savoir tous ceux qui s’opposeront
au commandement de Ma Majesté. Ceux qui n’agiront pas conformément à cet ordre de Ma
Majesté ne feront pas ascension vers moi et ce dieu auguste, et n’offriront pas ses offrandes
divines que j’ai produites. Ils ne me donneront pas d’offrandes à chaque fête de ce temple et à
l’intérieur de ce château conformément à la forme de ce château et de chaque office à
Abydos. Ainsi, Ma Majesté a érigé ces monuments pour mon père Osiris Khentyimentyou,
seigneur d’Abydos car je l’aime plus que tous les autres dieux. Il m’a donné en contrepartie
[de mes monuments, mon existence de vie] composée de milliers d’années. En récompense
pour ce que j’ai accompli c’est ce qu’il a fait. C’est la vérité devant dieu. »

90
Texte A7 : Râhotep

PRÉSENTATION DU TEXTE

Les trois fragments composant la stèle de Râhotep ont été découverts en 1894 par Fl. Petrie
dans les fondations du temple ptolémaïque de Coptos271. Étant donné son état lacunaire, de
nombreux passages font défaut mais l’ensemble du texte est toutefois compréhensible.
La Königsnovelle raconte que le roi Râhotep fait restaurer le temple de Min après avoir
constaté son état de délabrement.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Activité de restauration (Roi pieux et ingénieux).

DATATION

XVIIe dynastie272.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

PM V, p. 129.

E. BLUMENTHAL, « Die Koptosstele des Königs Rahotep (London U. C. 14327) », dans


E. Endesfelder, et al. (éds), Ägypten und Kusch, SGKAO 13, 1977, p. 63-80.

W. HELCK, Historisch-biographische Texte der 2. Zwischenzeit und neue Texte der 18.
Dynastie, KÄT 6, 1975, p. 59-60, § 87.

B. HOFMANN, Die Königsnovelle: “Strukturanalyse am Einzelwerk”, ÄAT 62, 2004, p. 100-


104.

W.M.Fl. PETRIE, Koptos, Londres, 1896, p. 12-13 et pl. XII,3.

H.M. STEWART, Egyptian Stelae, Reliefs and Paintings from the Petrie Collection. Part 2:
Archaic Period to Second Intermediate Period, Warminster, 1979, p. 17-18, n°78 et
pl. 15.1.

TRANSCRIPTION

271
. W.M.Fl. PETRIE, Koptos, Londres, 1896, p. 12-13 et pl. XII,3.
272
. XVIIe-XVIe s. av. notre ère.

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2

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13

TRANSLITTÉRATION

1 [rnp.t sp ... ḫr] ḥm n Ḥr Wȝḥ-ʿnḫ Nbty Wsr-rnp.wt Ḥr nb Wȝḏ-[...] [n(y)-sw.t bjty Sḫm-Rʿ
wȝḥ-ḫʿ.w sȝ] Rʿ Rʿ-ḥtp d(w) ʿnḫ 2 [mj Rʿ ḏ.t] [ḏd~jn] ḥm⸗f n šps.w⸗f smr.w wn.w m-ḫt⸗f jw
mk~n⸗j [nṯr.w] m rȝ-pr ntyw [...] gm~n ḥm⸗j jt⸗j 3 [Mnw m]-ḥȝ.t nṯr.w nb.w sbȝ.w[⸗f] ʿȝ.w⸗f
wȝ r wȝsj wn⸗sn ḥr [ẖ.wt⸗sn] m[-bȝḥ] ḥm⸗f ḏd~n⸗sn [wḏ.]t kȝ⸗k 4 ḫpr⸗tw sn jtj nb⸗n Ḥw js pw
nty m rȝ⸗k Sjȝ [js p]w n[ty m jb⸗k] [wṯt ṯw Pt]ḥ-Skr m m[r.t⸗f] 5 ms~n ṯw nṯr.w [d~]n⸗sn jrj⸗k
n⸗sn r grg rȝ-pr.w⸗sn 6 smȝ~⸗k šmʿ mḥw ȝw-jb⸗k ḥr s.t Ḥr n(y).t ʿnḫ.w d⸗sn [ḫ]r[p⸗k] [...] m
[...] ḥqȝ[⸗k šn.wt] jtn [...] 7 mnjw nfr n rḫy.t jbw n bw nb.w [m] grḥ [...] n⸗f m qd [...] m [...]
8 [...] nṯr.w ḥr ḥḥy ȝḫ.t n tȝ pn rd~n tw Rʿ m ẖnty⸗f [r] šd.t [... n(y).t Gb/bȝ ...]

TRADUCTION

[L’an ... sous] la Majesté de l’Horus demeurant en vie, celui des Deux Maîtresses riche en
années, l’Horus d’or florissant [...], [le roi de Haute et Basse-Égypte Sekhemrê-Ouahkhaoû, le

92
fils] de Rê, Râhotep, doué de vie. Sa Majesté dit à ses nobles et ses courtisans qui étaient
face à elle : « J’ai vu [les dieux] dans le temple [...]. Ma Majesté a trouvé mon père Min
devant tous les dieux, ses portes et ses vantaux tombaient en ruine. » Ils se mirent à [plat
ventre devant] sa Majesté et ils dirent : « Ce que ton ka ordonne se produira, souverain, notre
maître car c’est Hou qui est dans ta bouche, Sia est dans [ton esprit], Ptah-Sokar t’a
[engendré] grâce à [son amour]. Les dieux t’ont fait naître, ils [ont fait en sorte] que tu
construises et que tu fondes pour eux leurs temples. Tu as uni le Sud et le Nord, tu es heureux
sur le trône d’Horus des vivants. Ils ont fait en sorte que tu fasses advenir [...] pour que tu
gouvernes [l’entourage] du disque solaire [...] Un parfait berger pour le peuple. Un refuge
comme lieu pour tous [durant] la nuit [...] pour lui en dormant [...]. [...] les dieux sont en quête
de ce qui est utile pour ce pays. Rê vous a donné sa statue pour sauver [...] Geb/le ba [...]. [...
comme] cela avait été durant le jour de vos pères, les rois de la succession d’Horus. »
« Jamais [on] ne détruisit les choses durant mon époque. [...] ce qui avait été auparavant. J’ai
construit des monuments [pour] les dieux sous forme de [merveilles] et de cadeaux [selon]
leurs commandements. [...] les gens [...] le discours est beau [...]. [...] en lui. Je réside et je
récite [...] »

93
Texte A8 : Kamosis

PRÉSENTATION DU TEXTE

La guerre qui a opposé Kamosis à son rival Hyksos se retrouve inscrite sur plusieurs
artéfacts égyptiens. Tout d’abord, sur la tablette dite Carnarvon (JE 41790) découverte en
1908 sur la rive Ouest de Thèbes dans le remblai de la cour d’une tombe à Birabi. D’écriture
hiératique, la tablette en bois présente au recto le texte étudié et au verso le début de
l’Enseignement de Ptahhotep273. Le récit militaire s’interrompt brusquement à la fin. Ce
dernier est parallèle à l’inscription se trouvant sur deux fragments de stèle (TR 11/1/35/1)
découverts entre 1932 et 1935 par M. Chevrier dans le remplissage du troisième pylône
d’Amenhotep III à Karnak et étudiés par la suite par P. Lacau274. Cette stèle hiéroglyphique
monumentale demeurait dans le temple de Karnak et avait dû servir de modèle au scribe,
s’exerçant à la pratique de l’écriture sur sa tablette en bois275. Étant donné l’état très lacunaire
de la stèle, ce sera la transcription donnée par la tablette Carnarvon qui sera utilisée276. Une
seconde stèle a été mise au jour en 1954 par L. Habachi sous le colosse de Ramsès II devant
le deuxième pylône à Karnak277. Très fragmentaire également, certains égyptologues ont
voulu faire de cette dernière la suite de la première stèle278, d’autres ont préféré y voir la
réminiscence du même événement sans affirmer un quelconque lien entre les documents279.
La présente étude se range derrière l’avis de ces derniers car le second récit semble être très
différent du premier au niveau de sa forme et de son contenu. C’est donc le récit de la
première stèle, celui de la tablette, qui est intéressant à analyser dans le cadre de l’étude de la
Königsnovelle280.
Cette « narration royale » décrit un conseil de guerre en présence de Kamosis et de ses
conseillers en vue d’une opération militaire visant à libérer l’Égypte des Hyksôs.

273
. A.H. GARDINER, « The defeat of the Hyksos by Kamōse: the Carnarvon tablet, no. 1 », JEA 3/2, 1916, p. 95.
274
. P. LACAU, « Une Stèle du Roi “Kamosis” », ASAE 39, 1939, p. 245.
275
. B. HARING, « Koning Kamose en de Hyksos (Carnarvon Tablet Nr. I keerzijde, en de eerste stèle van
Kamose) », dans R.J. Demarée, K.R. Veenhof (éds), Zij schreven geschiedenis: historische documenten uit
het Oude Nabije Oosten (2500-100 v. Chr.), Leyde, 2003, p. 86-87.
276
. W. HELCK, op. cit., p. 82-97, § 119.
277
. L. HABACHI, The Second Stela of Kamose and His struggle against the Hyksos Ruler and His Capital,
ADAIK 8, 1972.
278
. H.S. SMITH, A. SMITH, « A reconsideration of the Kamose texts », ZÄS 103, 1976, p. 48-76.
279
. A. PICCATO, op. cit., p. 149 ; R. ENMARCH, « Some literary aspects of the Kamose inscriptions », JEA 99,
2013, p. 253-255.
280
. Une troisième stèle a été découverte par G. Legrain (L. GABOLDE, « Une troisième stèle de Kamosis ? »,
Kyphi 4, 2005, p. 35-42 ; C.C. VAN SICLEN, « Conservation of the Third Kamose Stela at Karnak (Phase 1)
», BARCE 188, 2005, p. 21-23).

94
THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Conquête militaire (Roi guerrier et conquérant).

DATATION

XVIIe dynastie281.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

W. BARTA, « Bemerkungen zum Feldzugsbericht des Königs Kamose », BiOr 32, 1975,
p. 287-290.

R. ENMARCH, « Some literary aspects of the Kamose inscriptions », JEA 99, 2013, p. 253-
263.

A.H. GARDINER, « The defeat of the Hyksos by Kamōse: the Carnarvon tablet, no. 1 »,
JEA 3/2, 1916, p. 95-110 et pl. XII-XIII.

M. HAMMAD, « Découverte d’une stèle du roi Kamosé », ChronEg 30, 1955, p. 198-208.

A. HARAN, « Nationalism and the sin of conquest in the texts of Kamose (Kȝ-ms): Carnarvon
tablet no. 1, stela no. I and stela no. II », dans I. Shirun-Grumach (éd.), Jerusalem studies
in Egyptology, ÄAT 40, 1998, p. 265-269.

B. HARING, « Koning Kamose en de Hyksos (Carnarvon Tablet Nr. I keerzijde, en de eerste


stèle van Kamose) », dans R.J. Demarée, K.R. Veenhof (éds), Zij schreven geschiedenis:
historische documenten uit het Oude Nabije Oosten (2500-100 v. Chr.), Leyde, 2003,
p. 85-92.

B. HOFMANN, Die Königsnovelle: “Strukturanalyse am Einzelwerk”, ÄAT 62, 2004, p. 105-


112.

W. HELCK, Historisch-biographische Texte der 2. Zwischenzeit und neue Texte der 18.
Dynastie, KÄT 6, 1975, p. 82-97, § 119.

P. LACAU, « Une Stèle du Roi “Kamosis” », ASAE 39, 1939, p. 245-271, pl. XXXVII-
XXXVIII.

B. MATHIEU, « Attaquer ou ne pas attaquer ? Le pharaon Kamosis au cœur d’un conflit


idéologique (avec une nouvelle traduction de la “Geste de Kamosis”) », dans M. Brose et
al. (éds), En détail - Philologie und Archäologie im Diskurs. Festschrift für H.-W. Fischer-
Elfert, vol II, ZÄS sup. 7, 2019, p. 703-718.

P. MONTET, « La stèle du roi Kamose », CRAIBL 100e année/1, 1956, p. 112-120.

P.E. NEWBERRY, « Notes on the Carnarvon tablet no. I », PSBA 35, 1913, p. 117-122.

281
. XVIIe-XVIe s. av. notre ère.

95
H.S. SMITH, A. SMITH, « A reconsideration of the Kamose texts », ZÄS 103, 1976, p. 48-76.

W.K. SIMPSON (éd.), The Literature of Ancient Egypt: An Anthology of Stories, Instructions,
Stelae, Autbiographies, and Poetry3, New Haven/Londres, 2003, p. 345-350.

A. SPALINGER, Aspects of Military Documents of the Ancient Egyptians, YNER 9, 1982, p. 34-
47.

TRANSCRIPTION

8 9

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17

TRANSLITTÉRATION

1 rnp.t <sp> 3 Ḥr Ḫʿ-ḥr-ns.t⸗f Nb.ty Whm-mnw.w Ḥr nbw Shr(w)-tȝ.wy n(y)-sw.t bjty [Wȝḏ]-
ḫpr[-Rʿ] [sȝ Rʿ] Kȝ-ms(w) d(w) ʿnḫ Jmn-Rʿ nb nsw.t Tȝ.wy mry mj Rʿ ḏ.t nḥ[ḥ] 2 n(y)-sw.t nḫt
m-ẖnw Wȝs.t Kȝ-ms(w) d(w) ʿnḫ ḏ.t m n(y)-sw.t mnḫ jn [Rʿ] [rd s]w m n(y)-sw.t ḏs⸗f swȝḏ n282
n⸗f nḫt r wn-mȝʿ jw mdw~n ḥm⸗f m ʿḥ⸗f n ḏȝḏȝ.t wr.w nty 3 m-ḫt⸗f sjȝ⸗j sw r jḫ pȝy⸗j nḫt wr m
Ḥw.t-wʿr.t ky m Kš ḥms⸗kw smȝ⸗kw m ʿȝm nḥsy s nb ẖr fdq⸗f m tȝ Km.t ḥr psš tȝ ḥnʿ⸗j 4 nn
sny⸗j sw šȝʿ-r Ḥw.t-<kȝ>-Ptḥ mw n Km.t mk sw ẖr Ḫmnw n ḫnn~n s fk.w m-ʿ bȝk.w sty.w tw⸗j
r ṯḥn ḥnʿ⸗f sḏ⸗j ẖ.t⸗f jb⸗j nḥm Km.t ḥnʿ 5 ʿȝm.w jw mdw~n wr.w n ḏȝḏȝ.t⸗f mk mw pw n ʿȝm.w
šȝʿ-r Qjsy jtḥ~n⸗sn ns⸗sn m-qj-w tw⸗n qn⸗n ẖr tȝ⸗n Km.t nḫt ȝbw 6 ḥr(y)-jb ḥnʿ⸗n šȝʿ-r Qjsy
skȝ⸗tw n⸗n nʿʿ.w n ȝḥ.wt⸗sn jḥ.w⸗n m jdḥw bd.t hȝb r rr.wt⸗n n jṯ.t jḥ.w⸗n n dp 7 r [...] ḥr⸗s sw
ẖr tȝ [n] ʿȝm.w tw⸗n ẖ[r] Km.t kȝ jy nty [ḥr jr.t] kȝ jr⸗n r⸗f wn~jn⸗sn mr ḥr jb n ḥm⸗f jr pȝ⸗tn
sḫr.w 8 [...][...] nȝ n ʿȝm.w nty 9 [...][ḥnʿ] ʿȝm.w ḫpr wȝḏw jr kȝ⸗f r nḏm m [...] [jr.ty]⸗fy m
rmw tȝ mj-qd⸗f 10 [...] ẖnw Wȝs.t Kȝ-ms(w) mky Km.t ḫd~n⸗j n nḫt⸗j r sȝsȝ ʿȝm.w m wḏ Jmn

282
. Pour A.H. Gardiner, il y a un n en trop qui n’a aucune utilité « with a superfluous n » (A.H. GARDINER,
« The defeat of the Hyksos by Kamōse: the Carnarvon tablet, no. 1 », JEA 3/2, p. 98).

97
mtr sḫr.w mšʿ⸗j qn 11 r ḥȝ.t⸗j mj hhy n ḫ.t pḏ.t n(y).t mḏȝy m ḥr(y).t ṯȝr.t⸗n r ḥḥy sty.w r dr
s.t⸗sn jȝbt.t jmnt.t ẖr ʿd jry 12 mšʿ<⸗j> ḥr ḏfȝ.w m ḫ.t m s.t nb.t sb~n⸗j pḏ.t nḫt.t n(y).t mḏȝy
jw⸗j m wršy.t [r ʿ-wȝḥ.]y.t r ʿʿny n [ḫsf m] 13 Ttj pȝ sȝ Ppj m-ẖnw Nfr-wsy nn d⸗j wh⸗f
šnʿy~n⸗j ʿȝm.w btn Km.t jr⸗f [Nfr⸗{w}-s.y] m mḥ(w) n ʿȝmw.w sḫȝ14~n⸗j m jmw⸗j jb⸗j nfr ḥḏ~n
tȝ jw⸗j ḥr⸗f mj wn bjk ḫpr~n nw n sty-rȝ sȝsȝ⸗j sw ḫb~n⸗j sbty⸗f smȝ⸗j rmṯ.w⸗f d⸗j hȝ ḥm.t⸗f 15 r
mry.t mšʿ⸗j mj wn mȝj.w ẖr ḥȝq.t⸗sn ẖr mr.t mnmn.t ʿḏ bj.t ḥr psš ḫ.t⸗sn jb.w⸗sn ȝw [...] pȝ w
n Nfr-wsy 16 m hȝ n n⸗n wr.t r ʿʿn.ty bȝ spȝ.t Pr-šȝq m ḥḥ.w spr⸗j r⸗f ḥtr.w⸗sn wʿr.t r-ẖnw pȝ
pẖr.t [...] sḫ17ȝy.w ḥr jn.t ḫ.t⸗sn [sw ...]

TRADUCTION

L’an 3, l’Horus, celui qui apparaît sur son trône, celui des Deux Maîtresses qui renouvelle les
monuments, l’Horus d’or celui qui a pacifié le Double-Pays, le roi de Haute et Basse-Égypte
[Ouadj]khéper[rê], [le fils de Rê], Kamosis, doué de vie, l’aimé d’Amon-Rê, seigneur des
trônes du Double-Pays, comme Rê pour toujours et à jamais. Le roi victorieux dans Thèbes,
Kamosis, doué de vie pour toujours, en tant que roi efficace car c’est Rê lui-même qui l’a
placé en tant que roi. Il le rendit prospère, victorieux en vérité. Sa Majesté parla dans son
palais au Conseil des grands qui étaient dans sa suite : « À quoi bon connaître ma force
quand un chef est à Avaris, un autre à Kouch et que je siège en étant uni à un Asiatique
et à un Nubien, chacun possédant sa part de l’Égypte et partageant le pays avec moi ? Je
ne peux pas les laisser aller au-delà et aussi loin que Memphis et les eaux de l’Égypte.
Voyez, il est en possession d’Hermopolis et nul ne peut faire halte, anéantis par les taxes
nubiennes. Je vais le rencontrer et je briserai son corps car mon esprit sauvera l’Égypte des
Asiatiques. » Les grands de son conseil parlèrent : « Vois, l’autorité des Asiatiques ne s’étend
que jusqu’à Cusae et ils ont retirés leur langue ensemble283. Nous sommes enchantés de
posséder notre Égypte car Éléphantine est forte et le centre du pays est avec nous jusqu’à
Cusae. On laboure pour nous le meilleur de leurs champs et nos bœufs sont dans les marais du
Delta. Le blé est envoyé pour nos sangliers. Notre bétail n’a pas été saisi et [...] à propos de
cela. Lui possède la terre des Asiatiques, nous nous possédons l’Égypte ainsi si quelqu’un
vient [en commettant (un méfait)] alors nous agirons contre lui. » Alors ils rendirent malade
l’esprit de Sa Majesté : « Concernant votre plan [...], celui des Asiatiques qui [...] [contre] les

283
. B. MATHIEU, « Attaquer ou ne pas attaquer ? Le pharaon Kamosis au cœur d’un conflit idéologique (avec
une nouvelle traduction de la “Geste de Kamosis”) », dans M. Brose et al. (éds), En détail - Philologie und
Archäologie im Diskurs. Festschrift für H.-W. Fischer-Elfert, vol II, ZÄS sup. 7, 2019, p. 707, n. 15.

98
Asiatiques et le succès adviendra [...] [ses deux yeux] pleureront et le pays dans son entièreté
[...] à l’intérieur de Thèbes, Kamosis, le protecteur de l’Égypte. J’ai navigué vers le Nord en
raison de ma force afin de repousser les Asiatiques grâce au commandement d’Amon juste de
desseins. Ma brave armée était devant moi comme une explosion de flammes. Les archers des
Medjay étaient dans notre camp retranché pour épier les Nubiens et pour (les) chasser de leur
position. L’Est et l’Ouest apportèrent la graisse nécessaire et mon armée était approvisionnée
de toutes choses en tous lieux. J’avais envoyé de victorieux archers de Medjay. J’étais en
train de monter la garde [près de l’enceinte] afin de faire coopérer en m’opposant à Téti, le
fils de Pépi dans Neferousy, sans lui permettre de s’échapper. J’ai repoussé les Asiatiques qui
avaient défié l’Égypte en faisant de [Neferousy] un nid d’Asiatiques. Puis, je passais la nuit
sur mon bateau, ma conscience heureuse. Quand la terre s’éclaira, je fus au-dessus de lui
comme si j’étais un faucon. Lorsque le moment advint du repas du midi, je le repoussais, je
détruisis ses remparts et je tuais son peuple. Je fis en sorte que ses femmes descendent vers la
rive. Mes soldats étaient comme des lions sur leurs proies, emportant du bétail, de la graisse
et du miel et partageant leurs possessions. Leurs esprits étaient épanouis [...]. La région de
Neferousy était tombée, il n’y avait rien pour nous, enfermée avec son ba envolé. La région
de Per-Chaq était désorientée quand je l’atteignis, leurs chevaux avaient fui vers l’intérieur
[...] en se remémorant le matériel et leurs possessions [...]

99
Texte A9 : Âhmosis

PRÉSENTATION DU TEXTE

Cette stèle monumentale (CG 34002 ; JE 36335) a été découverte en 1903 par E. Ayrton,
C. Currelly et A. Weigall dans la chapelle funéraire de Tétichéri à Abydos284. La stèle est en
très bon état, le texte est entièrement préservé excepté ses trois dernières lignes qui sont
endommagées285.
Le récit évoque une entrevue dans le palais royal entre Âhmosis et la reine Âhmès-
Néfertary, ce dernier exprimant le vœu d’ériger de nouveaux monuments en l’honneur de sa
grand-mère décédée Tétichéri.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Activité de construction (Roi pieux et ingénieux).

DATATION

XVIIIe dynastie286.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

Urk IV, 26-29.

E. AYRTON, C. CURRELLY, A. WEIGALL, Abydos III, MEEF 25, 1904, p. 35-38 et pl. L-LII.

Chr. BARBOTIN, Âhmosis et le début de la XVIIIe dynastie, Paris, 2008, p. 144-145 et p. 226-
229 (doc. 23).

P. BEYLAGE, Aufbau der königlichen Stelentexte vom Beginn der 18. Dynastie bis zur
Amarnazeit, ÄAT 54/1, 2002, p. 1-9.

P. BEYLAGE, Aufbau der königlichen Stelentexte vom Beginn der 18. Dynastie bis zur
Amarnazeit, ÄAT 54/2, 2002, p. 559-562.

J.H. BREASTED, Ancient Records of Egypt, II: The Eighteenth Dynasty, Chicago, 1906, p. 14-
16.

284
. E. AYRTON, C. CURRELLY, A. WEIGALL, Abydos III, MEEF 25, 1904, p. 35-38.
285
. Ibid., pl. 52.
286
. XVIe s. av. notre ère.

100
R. GUNDLACH, « Der Denkstein des Königs Ahmose: zur Inhaltsstruktur der Königsnovelle »,
dans J. Assmann et al. (éds), Fragen an die altägyptische Literatur: Studien zum Gedenken
an Eberhard Otto, Wiesbaden, 1977, p. 217-239.

A. HERMANN, Die ägyptische Königsnovelle, LÄS 10, 1938, p. 51-53.

B. HOFMANN, Die Königsnovelle: “Strukturanalyse am Einzelwerk”, ÄAT 62, 2004, p. 126-


131.

A. KLUG, Königliche Stelen in der Zeit von Ahmose bis Amenophis III, MonAeg 8, 2002,
p. 15-21.

P. LACAU, Stèle du Nouvel Empire. Catalogue générale des antiquités égyptiennes du musée
du Caire, Le Caire, 1926, p. 5-7 et pl. II-III.

TRANSCRIPTION

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TRANSLITTÉRATION

1 ḫpr swt snḏm ḥm⸗f m ḏȝd.w n(y)-sw.t bjty Nb-pḥ.ty-Rʿ sȝ Rʿ Jʿḥ-ms d(w) ʿnḫ 2 (j)r(y).t-pʿ.t
wr.t ḥs.t wr.t jmȝ.t sȝ.t n(y)-sw.t sn.t n(y)-sw.t ḥm.t-nṯr ḥm.t n(y)-sw.t wr.t Jʿḥ-ms-nfr.t-jry
ʿnḫ⸗tj ḫft ḥm⸗f wʿ ḏd⸗f 3 ḫft sn.nw⸗f ḥr ḥḥy ȝḫ.wt n nty.w jm šps.w st.t mw drp ḥr 4 ḫȝy.t swȝḏ
ʿbȝ m tp(y)-tr nb m psḏnty.w m ȝbd pr.t sm 5 ḫ.t-ḫȝwy ȝbd 5 n(y).t ḥb 6 n(y).t ḥb hȝkr wȝg
ḏḥwtj.t tp6-tr nb n p.t n tȝ ḏd sn.t⸗f wšb⸗s ḫr⸗f sḫȝ⸗tw nn ḥr jšs.t 7 sḏd⸗tw md.t tn ḥr-jḫ ptr pty
spr(w).t r ḥȝty⸗k n(y)-sw.t ḏs⸗f ḏd⸗f ḫr⸗s jnk 8 pw sḫȝ~n⸗j mw.t mw.t⸗j mw.t jt(⸗j) ḥm.t n(y)-sw.t
wr.t mw.t n(y)-sw.t Ttj-šrj mȝʿ.t-ḫrw 9 wnn js⸗s mʿḥʿ.t⸗s m tȝ(y) ȝ.t ḥr sȝtw Wȝs.t Tȝ-wr
ḏd~n(⸗j) nn ḫr⸗t jw 10 ȝb~n ḥm(⸗j) d⸗t(w) jr.t n⸗s mr ḥw.t m Tȝ-ḏsr m-sȝḥ.t mnw.w ḥm(⸗j) šd š⸗f
wd ḫt.w⸗f 11 smn pȝ.wt⸗f grg m rmṯ nḥb.w m ȝḥ.wt sȝḥ.w 12 m mnmn.t ḥm.w-kȝ ẖr(y).w-ḥb(.t)
ḥr jr.t⸗sn s nb rḫ tp-rd 13 ⸗f jst ḏd~n ḥm⸗f md.t ṯn jw nn ḫws m jr.t jr~n ḥm⸗f 14 nn n-ʿȝ.t-n
mrr⸗f s(j)r ḫ.t nb.t n sp jr n(y)-sw.tyw tp-ʿ.wy mjt.t jr n 15 mw.wt⸗sn jst ḥm⸗f ḏȝ⸗f ʿ⸗f qʿḥ⸗f ḏr.t⸗f
jr⸗f n⸗s d n(y)-sw.t ḥtp 16 Gb psḏ.t psḏ.t nḏs.t [...] [Jnpw] 17 ḫnty sḥ-nṯr ḫȝ m tȝ ḥnq.t kȝ
ȝpd.w jwȝ.w [...]

TRADUCTION

En ce temps-là, Sa Majesté était assise dans la salle d’audience, le roi de Haute et Basse-
Égypte Nebpehtyrê, le fils de Rê, Âhmosis, doué de vie pour toujours. La grande princesse,
celle à la faveur vénérable et au charme vénérable, fille du roi, sœur du roi, épouse divine, la
grande épouse royale, Âhmès-Néfertary, qu’elle soit en vie, en présence de Sa Majesté,
l’unique. Il dit en présence de son second de rechercher des choses utiles en faveur de ceux
qui n’étaient plus : verser de l’eau, faire offrande sur les autels, remettre à neuf la pierre
d’offrande durant chaque fête , lors de la nouvelle lune, durant la fête mensuelle et la
procession rituelle, la procession du prêtre-sem, la nuit d’offrande, la fête du cinquième jour,
la fête du sixième jour, la fête religieuse-hȝkr et de la fête religieuse ouag ainsi qu’à toutes les
célébrations de Thot à l’égard du ciel et de la terre. Sa sœur s’exclama et lui répondit :
« Pourquoi songe-t-on à cela ? Pourquoi récite-t-on ce discours ? Qu’est-ce qui a atteint
ton cœur ? » Le roi lui-même lui dit : « Je me souviens de la mère de ma mère et de la
mère de mon père, la grande épouse royale, la mère du roi, Tétichéri, justifiée. Sa tombe
et son cénotaphe seront désormais sur la terre de Thèbes et d’Abydos. Je t’ai raconté cela

102
car Ma Majesté a souhaité que l’on accorde pour elle la construction d’un tombeau et d’une
chapelle funéraire dans la nécropole du Pays-Sacré, dans le voisinage des monuments de Ma
Majesté, avec un lac creusé et des arbres plantés, des pains seront établis et un personnel
attitré, ainsi que des terres arables et des troupeaux attribués. Les prêtres funéraires et les
prêtres ritualistes seront affectés à leurs responsabilités, chacun connaissant ses instructions. »
Ainsi, Sa Majesté prononça ce discours et cela avait été effectivement érigé. Sa Majesté fit
cela tant il l’aimait plus que toutes choses. Jamais les rois d’avant n’avaient accompli une
chose semblable pour leurs mères. Alors Sa Majesté étendit son bras et plia sa main, elle (le)
lui dédia : « Fasse le roi que s’apaise Geb, l’Ennéade, la petite Ennéade [...] [Anubis],
présidant l’alcôve divine consistant en un millier de pains et bière, bovins et volailles, bœufs
[...]

103
Texte A10 : Thoutmosis II

PRÉSENTATION DU TEXTE

La stèle de l’an 1 de Thoutmosis II est gravée sur un rocher se trouvant sur l’ancienne
route entre Assouan et Philae287. Cette dernière présente un bon état de conservation bien que
les hiéroglyphes, irréguliers, soient compliqués à déchiffrer288.
Cette Königsnovelle raconte un soulèvement nubien dans la ville de Kouch que parvient à
réprimer le roi grâce à l’envoi de son armée.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Rébellions et répression des révoltes (Roi guerrier et conquérant).

DATATION

XVIIIe dynastie289.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

PM V, p. 245.

Urk IV, 139,9-141,9.

P. BEYLAGE, Aufbau der königlichen Stelentexte vom Beginn der 18. Dynastie bis zur
Amarnazeit, ÄAT 54/1, 2002, p. 21-27.

P. BEYLAGE, Aufbau der königlichen Stelentexte vom Beginn der 18. Dynastie bis zur
Amarnazeit, ÄAT 54/2, 2002, p. 575-579.

J. CAPART, L’art égyptien I : L’architecture. Choix de documents accompagnés d’indications


bibliographiques, Bruxelles/Paris, 1922, pl. 151.

E. DE ROUGÉ, Inscriptions hiéroglyphiques copiées en Égypte pendant la mission scientifique


de M. le vicomte Emmanuel de Rougé, volume IV, Études égyptologiques 12, 1879,
pl. CCL-CCLI.

287
. L. GABOLDE, « La stèle de Thoutmosis II à Assouan : témoin historique et archétype littéraire », dans
A. Gasse, V. Rondot (éds), Séhel entre Égypte et Nubie: Inscriptions rupestres et graffiti de l'époque
pharaonique, actes du colloque international, 31 mai - 1er juin 2002, Université Paul Valéry, Montpellier,
Montpellier, 2004, p. 129.
288
. A. KLUG, Königliche Stelen in der Zeit von Ahmose bis Amenophis III, MonAeg 8, 2002, p. 83.
289
. XVe s. av. notre ère.

104
M. DESSOUDEIX, Lettres égyptiennes. La naissance du Nouvel Empire : De Kamosis à
Thoutmosis II, Arles, 2010, p. 368-382.

L. GABOLDE, « La stèle de Thoutmosis II à Assouan : témoin historique et archétype


littéraire », dans A. Gasse, V. Rondot (éds), Séhel entre Égypte et Nubie: Inscriptions
rupestres et graffiti de l'époque pharaonique, actes du colloque international, 31 mai - 1er
juin 2002, Université Paul Valéry, Montpellier, Montpellier, 2004, p. 129-148.

B. HOFMANN, Die Königsnovelle: “Strukturanalyse am Einzelwerk”, ÄAT 62, 2004, p. 151-


159.

A. KLUG, Königliche Stelen in der Zeit von Ahmose bis Amenophis III, MonAeg 8, 2002,
p. 83-87.

D. LORTON, « The Aswan/Philae Inscription of Thutmosis II », dans S.I. Groll (éd.), Studies in
Egyptology presented to M. Lichtheim II, Jerusalem, 1990, p. 668-679.

P. LUNDH, Actor and event: Military activity in ancient Egyptian narrative texts from
Thutmosis II to Merenptah, Uppsala Studies in Egyptology 2, 2002, p. 33-39.

TRANSCRIPTION

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TRANSLITTÉRATION

1 rnp.t-sp 1 ȝbd 2 ȝḫ.t sw 8 ḫʿt ḫr ḥm n Ḥr-kȝ-nḫt wsr-pḥ.ty Nbty nṯry-nsy.t bjk nbw sḫm-ḫprw
2 n(y)-sw.t bjty ʿȝ-ḫpr-n-Rʿ sȝ Rʿ Ḏḥwty-ms nfr-ḫʿw ḥr s.t Ḥr n(y).t ʿnḫ.w jt⸗f Rʿ m sȝ⸗f Jmn nb
ns.wt Tȝ.wy 3 ḥww⸗sn n⸗f šnty.w⸗f st ḥm⸗f m ʿḥ⸗f bȝw⸗f sḫm snḏ⸗f ḫt tȝ šfšf.t m jdb.w Ḥȝw-nbw
4 psš.ty nb.wy ẖr s.t-ḥr⸗f pḏ.t psḏ.t dmḏ ẖr ṯbw.ty⸗f jw n⸗f Mntyw ẖr jnw Jwntyw tȝ-Sty ẖr gȝw
tȝš⸗f rsy r wp-tȝ 5 mḥty r pḥ.w St.t m nḏ.t n(y).t ḥm⸗f n ḫsf-ʿ n wpwty⸗f ḫt tȝ.w Fnẖw tj⸗tw r rd.t
ḏȝw-jb n ḥm⸗f r-nt(y).t Kš ẖs.t 6 wȝ⸗tj r bš.t wnw m nḏ.t n(y).t nb Tȝwy ḫmtw n kȝ.t sby.wt wȝw
r ḥwtf rḫy.t Km.t r ḫnp mnmn.t ḥr-sȝ nn n 7 mnnw.w qd~n it⸗k m nḫt.w⸗f n(y)-sw.t bjty ʿȝ-ḫpr-
kȝ-Rʿ ʿnḫ ḏ.t r ḫsf ḫȝs.wt bšt.wt Jwnt.yw Tȝ-Sty n(y).w Ḫnt-ḥn-nfr sṯ wn 8 wr ḥr mḥ.t Kš ẖs.t
wȝ⸗f r tr n rt.t (⸗rq.t) ḥnʿ Jwnty.wy n(y).w Tȝ-Sty m msw.w wr n Kš ẖs.t wtḫw ẖr-ḥȝ.t nb Tȝ.wy
9 hrw šʿ.t n(y).t nṯr nfr psš ḫȝs.t ṯn m dny.t ḫmt wʿ.t nb m jry n ẖr.t⸗f ḫʿ~n ḥm⸗f r-smj ȝby m-ḫt
sḏm⸗f s.t 10 ḏd~jn ḥm⸗f ʿnḫ.t mr⸗j Rʿ ḥs⸗j jt⸗j nb nṯr.w Jmn nb n(y) ns.wt Tȝ.wy n d⸗j ȝ ʿnḫ m
ṯȝy⸗sn wȝḥ⸗j ȝ m(w).t 11 jm⸗sn ʿḥʿ~n ssb~n ḥm⸗f mšʿ ʿšȝ r Tȝ-Sty m sp⸗f tpy nḫt r ḫr.t bšt.yw ḥr
ḥm⸗f nb.w sbt.yw ḥr nb Tȝ.wy 12 ʿḥʿ~n mšʿ pn n ḥm⸗f spr r Kš ẖst bȝw ḥm⸗f sšm~n⸗f s.t nḥm~n
šʿ.t⸗f nmtwt⸗sn wn jn mšʿ pn 13 n ḥm⸗f ḥr ḫr nn n ḫȝsw.tyw <n> d⸗sn ȝ ʿnḫ m ṯȝy⸗sn mj wd~n
nb.t ḥm⸗f wpw-ḥr wʿ m nn n msy.w 14 wr n Kš ẖs.t jnw ʿnḫ m sqr-ʿnḫ ḥnʿ ẖrw⸗sn r b(w) ẖr
ḥm⸗f dw ȝ ẖr rd.wy n nṯr nfr sṯ ḥm⸗f ḫʿw ḥr ṯnṯȝt ḫft sṯȝ 15 sqr.w-ʿnḫ.w jn~n mšʿ pn n ḥm⸗f jrw
ḫȝs.t ṯn m nḏ.t n(y).t ḥm⸗f mj sp⸗s jmy-ḥȝ.t rḫy.t 16 ḥr hy hnw mnfy.t ḥr ršw sp 2 d⸗sn jȝw n nb
Tȝ.wy swȝš⸗sn nṯr pn mnḫ m spw n(y).w nṯr⸗f ḫpr~n n bȝw ḥm⸗f 17 n ʿȝ.t n mrr sw jt⸗f Jmn r
n(y)-sw.t nb ḫpr ḏr pȝw.t tȝ n(y)-sw.t bjty ʿȝ-ḫpr-n-Rʿ sȝ Rʿ Ḏḥwty-mw-nfr-ḫʿw d(w) ʿnḫ ḏd
wȝs mj Rʿ ḏ.t

TRADUCTION

L’an 1, deuxième mois d’akhet, jour 8, apparition de la Majesté de l’Horus, taureau


victorieux, imposant de vigueur, celui des Deux Maîtresses dont la royauté est divine, le
faucon d’or aux apparitions puissantes, le roi de Haute et Basse-Égypte Âakhéperenrê, le fils

106
de Rê Thoutmosis aux apparitions parfaites, sur le trône de l’Horus des vivants. Son père Rê
est sa protection ainsi qu’Amon, seigneur des trônes du Double-Pays. Ils frappent pour lui ses
opposants. Tandis que Sa Majesté est dans son palais, son pouvoir-baou est puissant, la
crainte qu’il inspire est à travers le pays, la terreur est sur les rives des Haou-nebou, les deux
parts du pays sont sous son contrôle et les Neuf Arcs sont réunis sous ses sandales. Les
bédouins Mentyou viennent à lui chargés de tributs et les bédouins Iountyou de Nubie chargés
de redevances. Sa frontière méridionale (s’étend) jusqu’à « l’Ouverture du Pays » et la
septentrionale jusqu’au grand Nord. L’Asie-Setet étant sous la protection de Sa Majesté, il n’y
a pas d’opposition contre son messager à travers les pays de Fénékhou. On est venu pour
dire à Sa Majesté les faits suivants : « La vile Kouch est tombée dans la rébellion, ceux
qui étaient sous la protection du Seigneur du Double-Pays ont planifié un projet de
révolte. Ils ont décidé de piller le peuple égyptien pour dérober le bétail derrière ces
forteresses qu’avait construites ton père, le roi de Haute et Basse-Égypte Âakhéperkarê,
après ses victoires. Puisse-t-il vivre pour toujours afin de punir les contrées étrangères
rebelles, les Iountyou de Nubie et de Khent-hen-nefer (Nubie). » Alors qu’il y avait un
chef au Nord de la vile Kouch, il préparait une phase d’opposition avec les Iountyou de
Nubie, parmi les enfants d’un chef de la vile Kouch, ceux qui avaient fui face au
seigneur du Double-Pays290, le jour du massacre du dieu parfait. Cette contrée étrangère
avait donc été divisée en trois portions, chacune s’étant appropriée sa souveraineté. Sa
Majesté apparut semblable à un léopard après qu’elle eut entendu cela et Sa Majesté dit :
« Étant en vie, j’aime Rê, je loue mon père le seigneur des dieux, Amon, le seigneur des
trônes du Double-Pays. Je ne permettrai pas que la vie (demeure) en leurs mâles et
j’instaurerai la mort parmi eux ! » Alors Sa Majesté envoya une armée nombreuse vers la
Nubie, en une première occasion de victoire, afin de faire tomber tous les opposants de Sa
Majesté, les rebelles du seigneur du Double-Pays. Ainsi, cette armée de Sa Majesté atteignit
la vile Kouch. Le pouvoir-baou de Sa Majesté la guida et la terreur qu’il inspirait sauva leur
traversée291. Cette armée de Sa Majesté abattit ces étrangers et ils ne permirent pas que la vie
(demeurât) en leurs mâles conformément à tout ce que Sa Majesté avait ordonné, excepté l’un
de ces enfants du chef de la vile Kouch rapporté vivant en tant que prisonnier avec ses
subalternes à l’endroit où se trouvait Sa Majesté et placé sous les pieds du dieu parfait. Alors
Sa Majesté apparut sur l’estrade face aux prisonniers trainés qui avaient été rapportés par
cette armée de Sa Majesté. Cette contrée étrangère fut (de nouveau) sous la protection de Sa

290
. Renvoie à Thoutmosis Ier.
291
. L. Gabolde propose « la terreur qu’il (inspire) protégeait sa progression » (L. GABOLDE, op. cit., p. 134).

107
Majesté comme c’était le cas auparavant. Le peuple exultait et jubilait, l’infanterie se
réjouissait (bis). Ils proclamaient des louanges au Seigneur du Double-Pays et ils rendaient
hommage à ce dieu efficient grâce à sa nature divine. Ceci était advenu grâce au pouvoir-baou
de Sa Majesté du fait de la grandeur de l’amour qu’a pour lui son père Amon, plus qu’à aucun
roi advenu depuis les temps primordiaux, le roi de Haute et Basse-Égypte Âakhéperenrê, le
fils de Rê Thoutmosis aux apparitions parfaites, doué de vie, de stabilité et de pouvoir comme
Rê pour toujours.

108
Texte A11 : Hatchepsout

PRÉSENTATION DU TEXTE

Le récit hiéroglyphique se trouve sur les quatre faces d’un obélisque de 18,52 mètres mis
en place sous le règne d’Hatchepsout dans la Ouadjyt du temple d’Amon-Rê à Karnak292. Ce
monument allait de pair avec un second obélisque. L’aménagement de ces deux pièces a
nécessité de prodigieux travaux293 car il a fallu apporter de nombreuses modifications à la
salle précédemment conçue par Thoutmosis Ier pour parvenir à les mettre en place294.
Dans cette Königsnovelle, Hatchepsout raconte qu’elle a fait façonner pour Amon deux
obélisques en électrum, entre les deux grands pylônes de son père, Thoutmosis Ier.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Activité de construction (Roi pieux et ingénieux).

DATATION

XVIIIe dynastie295.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

PM II2, p. 81-82.

Urk. IV 361-369.

L. BELL, « Divine kingship and the theology of the obelisk cult in the temples of Thebes »,
dans H. Beinlich et al. (éds), 5. Ägyptologische Tempeltagung, ÄAT 33, 2002, p. 17-46.

H. BRUGSCH, Thesaurus Inscriptionum Aegyptiacarum. altaegyptischer Inschriften VI.


Gesammelt, Verglichen, Übertragen, Erklärt und Autographiert, Leipzig, 1891, p. 1316.

J.-Fr. CARLOTTI, L. GABOLDE, « Nouvelles données sur la Ouadjyt », Karnak 11, 2003,
p. 274-276 et p. 289-290.

J.-Fr. CHAMPOLLION, Monuments de l’Égypte et de la Nubie. Notices descriptives conformes


aux manuscrits autographes rédigés sur les lieux par Champollion le Jeune II, Paris, 1844,
p. 133-135.

292
. L. GABOLDE, « Les obélisques d’Hatchepsout à Karnak », Égypte 17, 2000, p. 41-42.
293
. Ibid., p. 47.
294
. S. RATIÉ, La Reine Hatchepsout : sources et problèmes, OrMonsp 1, 1979, p. 209.
295
. XVe s. av. notre ère.

109
G. DE MIRÉ, Les temples de Karnak. Contribution à l’étude de la pensée pharaonique. Vol II,
Paris, 1982, pl. 115-116.

L. GABOLDE, « Les obélisques d’Hatchepsout à Karnak », Égypte 17, 2000, p. 41-50.

Gr.N. GESTOSO SINGER, « The Obelisks of Hatshepsut: Legitimacy and Propaganda »,


GöttMisz 207, 2005, p. 37-47.

B. HOFMANN, Die Königsnovelle: “Strukturanalyse am Einzelwerk”, ÄAT 62, 2004, p. 188-


197.

M. LICHTHEIM, Ancient Egyptian Literature: a book of readings. Vol 2. The New Kingdom,
Londres, 1976, p. 25-29.

S. RATIÉ, La Reine Hatchepsout : sources et problèmes, OrMonsp 1, 1979, p. 204-210 et


p. 320-324.

I. SHIRUN-GRUMACH, Offenbarung, Orakel und Königsnovelle, ÄAT 24, 1993, p. 131-134.

TRANSCRIPTION

Face Sud

Face Ouest

10

11

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Face Nord

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Face Est

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29

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30

31

32 ?

TRANSLITTÉRATION

Face Sud

1 ʿnḫ(w) Ḥr.t Wsr.t-kȝ.w Nb.ty Wȝḏ.t-rnp.wt Ḥr (ny) nbw Nṯr.t-ḫʿ.w n(y)-sw.t bjty Mȝʿ.t-kȝ-Rʿ
sȝ.t Rʿ Ḥȝ.t-špsw.t ẖnm.t-Jmn ʿnḫ(w) ḏ.t nḥḥ sȝ.t Jmn-Rʿ jmyt jb⸗f 2 wʿt.t⸗f ḫpr.t ḫr⸗f tj.t ȝḫ.t
ny.t Nb-r-ḏr qmȝ.t~n Bȝ.w Jwnw nfr⸗s jṯ.t Tȝ.wy mj jr(w) sw sḫpr~n⸗f r wṯs ḫʿ.w⸗f 3 ḫpr.t
ḫpr.w mj Ḫprj ḫʿ.t ḫʿ.w mj ȝḫty swḥ.t wʿb.t pr.t ȝḫ.t rnn.t~n Wrty-ḥkȝ.w sḫʿ.t~n Jmn ḏs⸗f 4 ḥr
ns.t⸗f m Jwnw Šmʿw stp~n⸗f r sȝw Km.t r nr.yt pʿ.t rḫ.yt Ḥr.t nḏt.yt jt⸗s sr.w ny.t Kȝ-mw.t⸗f 5
wtṯ~n Rʿ r jrt n⸗f prt ȝḫt tp tȝ r wḏȝ n(y) ḥnmmt ẖnty⸗f ʿnḫ(w) n(y)-sw.t bjty Mȝʿ.t-kȝ-Rʿ ḏʿm ny
nsy.t 6 jr~n⸗s m mnw⸗s n jt⸗s Jmn nb ns.wt Tȝwy ḫnty Jpt-swt jrt n⸗f tḫn.wy wr.wy m mȝṯ rwḏ.t
ny.t ʿ-rsy gs⸗sn ḥry m ḏʿm 7 ny tpyw ḫȝswt nbwt mȝȝ⸗tw m ḥn.ty jtrw bʿḥ~n stwt⸗sn Tȝwy wbn
Jtn jmy.wt ny 2 mj ḫʿʿ⸗f m ȝḫ.t ny.t p.t 8 jr~n⸗j nn m jb mrr n jt⸗j Jmn ʿq⸗kw ḥr bs⸗f ny sp tpy
šsȝ⸗kw m bȝw⸗f mnḫw n mh ḥr sp ny šȝ.t~n⸗f

Face Ouest

9 jw ḥmt⸗j rḫ⸗tj nṯrr⸗f jr~n⸗j js s.t ẖr wḏ⸗f ntf sšm wj nn kȝ~n⸗j kȝ.wt nn m jr⸗f 10 ntf dd tp-rd.w
n wn.t qd⸗j ḥr rȝ-pr⸗f n tnm~n⸗j ḥr wḏ.wt~n⸗f ḥȝty⸗j m Sjȝ tp-m jt⸗j ʿq⸗kw 11 ḥr ḫr.wt jb⸗f n mk
ḥȝ⸗j ḥr njw.t ny.t Nb-r-ḏr wp.w-ḥr rd.t n⸗s ḥr⸗j jw⸗j rḫ⸗kw nty.t ȝḫ.t pw Jp.t-sw.t tp tȝ 12 qȝy
šps ny sp tpy wḏȝ.t ny.t Nb-r-ḏr s.t-jb⸗f wṯs.t nfrw⸗f ʿrft jmy.w ḫt⸗f n(y)-sw.t ḏs⸗f ḏd⸗f n(y)-sw.t
ḏs⸗f ḏd⸗f 13 d⸗j m ḥr ny ḥnmm.t ḫpr.t⸗sn n ḥnty nty.w jb⸗sn ḫt mnw pn jr.t~n⸗j n jt⸗j 14 mdw.t
sn m mtmt gmḥt sn n m-ḫt jnk pw snḏm~n⸗j m ʿḥ sḫȝ~n⸗j qmȝ wj 15 jb⸗j ḥr ḫrp⸗j r jr.t n⸗f
tḫn.wy m ḏʿm bnbn.t⸗sn ȝbḫ.wt m ḥr(y).t m Jwny.t šps.t r jmy.wt 16 bḫn.ty wr.ty ny n(y)-sw.t kȝ
nḫ.t n(y)-sw.t bjty ʿȝ-ḫpr-kȝ-Rʿ Ḥr mȝʿ-ḫrw

Face Nord

jst jb⸗j ḥr jṯ.t jn.t kȝ.t mdw rḫy.t 17 mȝȝt⸗sn mnw⸗j m-ḫt rnp.wt sḏd.t⸗sn m jr.t~n⸗j sȝw ḏd⸗ṯn m
n rḫ(⸗j) sp 2 18 jr~n⸗ṯw nn ḥr-mj ms.t ḏw m nbw r-ȝw⸗f mj ḫ.t wn ḫpr.t ʿnḫ~n⸗j mry wj Rʿ ḥs wj
19 jt⸗j Jmn ḥwn fnḏ⸗j m ʿnḫ wȝs wṯs⸗j ḥḏ.t ḫʿ⸗j m dšr.t smȝ n⸗j nb.wy 20 psš.wt⸗sn ḥqȝ⸗j tȝ pn

112
mj sȝ ȝs.t nḫt~n⸗j mj sȝ Nw.t ḥtp Rʿ m mskt.t swȝḥ⸗f m 21 mʿnḏ.t ẖnm⸗f mw.ty⸗f m dp.t nṯr mn
p.t ḏd jr.t~n⸗f wn⸗j r nḥḥ mj n sk⸗f sbȝ ḥtp⸗j 22 m ʿnḫ mj Jtm jw jr pȝ tḫn.wy wr.wy bȝk~n ḥm⸗j
m ḏʿm n jt⸗j Jmn n-mrwt wn 23 rn⸗j mn wȝḥ m rȝ-pr pn r nḥḥ ḥnʿ ḏ.t jw ns s.t jnr wʿ m mȝṯ
rwḏ.t nn sḫ.t nn 24 dnw m-m šȝ~n ḥm⸗j kȝ.t r⸗s rnp.t sp 15 ȝbd 2 pr.t sw 1 nfry.t-r rnp.t sp 16
ȝbd 4 šmw ʿrqy jr~n ȝbd 7 m šȝ.t m ḏw

Face Est

25 jr~n⸗j n⸗f m mt(r).t ny.t jb n(y)-sw.t js n nṯr nb nḥ.t⸗j pw jr.t n⸗f s.t nby m ḏʿm wȝḥ~n⸗j 26 js
gs⸗sn ḥr ḏ.t⸗sn ḫm.t~n⸗j mdw rmṯ rȝ⸗j mnḫ ḥr pr.t jm⸗f n ʿnn~n⸗j ḥr ḏd.t~n⸗j 27 sḏm.w jrf ṯn
rd~n⸗j r⸗s m ḏʿm n qnw ḫȝ~n⸗j m ḥqȝ.t mj sšr ḥm⸗j ḥr njs ṯnw.t r mȝȝ 28 n Tȝwy tm ḫm mj rḫ rḫ
st nn ḏd sḏmty⸗fy nn ʿbʿ pw ḏd.t~n⸗j 29 wp.w-ḥr ḏd tw.t⸗wy n⸗s st mȝʿ.w ḫr jt⸗s jw nṯr rḫ s.t
jm⸗j Jmn nb ns.wt Tȝwy d~n⸗f ḥqȝ⸗j 30 Km.t dšr.t m jsw jry nn rqw⸗j m tȝw nbw ḫȝswt nbwt m
nḏ.t⸗j jr~n⸗f tȝš⸗j 31 r ḏr.w ḥr(y).t bȝk~n⸗j šnw.t ny.t Jtn mȝʿ~n⸗f n⸗j wn.t ḫr⸗f rḫ~n⸗f ḫrp⸗j n⸗f
s.t jnk sȝ.t⸗f 32 n-wn-mȝʿ sȝḫ sw gm šȝ.t~n⸗f mṯnw.t⸗j pw ḫr jt⸗j ʿnḫ ḏd wȝs ḥr s.t Ḥr ny.t ʿnḫ.w
nb.w mj Rʿ ḏ.t

TRADUCTION

Face Sud

L’Horus vivant aux kaou puissants, celle des Deux Maîtresses aux années florissantes,
l’Horus d’or aux divines apparitions, roi de Haute et Basse-Égypte, Maâtkarê, fille de Rê,
Hatchepsout, celle qui s’unit à Amon, qu’elle soit en vie pour toujours et à jamais, la fille de
Amon-Rê, son favori, l’unique qui est advenu de lui, l’image glorieuse du Seigneur de
l’univers dont la beauté a été façonnée par les baou d’Héliopolis, qui prend possession du
Double-Pays comme celui qui les a créés, qui les a fait naître, qui a porté les couronnes, aux
apparitions se produisant comme Khépri, aux apparitions en gloire apparaissant comme
Akhty, l’œuf pur, semence utile, qu’Ourty-Hékaou élevait, qu’Amon a couronné lui-même
sur son trône de Haute-Égypte, qu’il a choisi pour surveiller l’Égypte et pour protéger les
nobles et les gens, l’Horus protectrice de son père, l’aînée de Kamoutef, que Rê a engendrée
pour faire d’elle une descendance utile sur terre afin de préserver les hommes, son image
vivante, le roi de Haute et Basse-Égypte Maâtkarê, l’électrum de la royauté. Elle a fait comme
monument pour son père Amon seigneur des trônes du Double-Pays présidant à Ipet-sout :
faire deux grands obélisques en granit dur d’une région de Haute-Égypte, leurs faces
supérieures furent (recouvertes) d’électrum de la meilleure qualité provenant de toutes les

113
contrées étrangères. On constata sur les bords du fleuve que leurs rayons inondaient le
Double-Pays quand Aton se lève parmi eux, les deux (obélisques), lorsqu’il apparaît dans
l’horizon du ciel. « J’ai fait cela avec un esprit aimant pour mon père Amon. Je fus initiée
face à son image secrète de la première fois et fus expérimentée par sa puissance renommée,
sans oublier ce qu’il avait ordonné.

Face Ouest

Ma Majesté connaît sa divinité, j’ai agi sous son commandement, c’est lui qui m’a guidée, je
n’ai pas planifié des travaux sans qu’il agisse, c’est lui qui a donné les instructions, en vérité
je n’ai pas dormi à cause de son temple. Je ne me suis pas égarée concernant ce qu’il avait
ordonné, mon cœur est Sia devant mon père car je fus auprès des intentions de son esprit.
Vois, je n’ai pas détourné la tête à propos de la ville du Seigneur de l’univers, au contraire j’ai
donné des instructions pour elle. J’ai compris qu’Ipet-sout est l’horizon sur terre, la colline de
la Première Fois, l’œil du Seigneur de l’univers, sa place favorite qui porte sa beauté et y
rassemble sa progéniture. » Le roi lui-même dit : « Je donne le projet pour les hommes qui
adviendront dans le futur, leurs esprits constateront ce monument que j’ai réalisé pour mon
père, ils en discuteront et le regarderont. C’est moi qui étais assise dans le palais et je me
suis souvenue de celui qui m’avait créée. Mon esprit acta de réaliser pour lui les deux
obélisques en électrum dont les pyramidions iraient jusqu’au firmament dans la vénérable
Iounyt, entre les deux grands pylones du roi, taureau victorieux, roi de Haute et Basse-Égypte,
Âakhéperkarê, l’Horus juste de voix.

Face Nord

Alors, mon esprit s’agitait en pensant aux paroles que diraient les gens qui verront mon
monument après quelques années, ils raconteront ce que j’ai accompli. Gardez-vous de dire :
“Je ne sais pas (bis), pourquoi on a fait cela de façonner une montagne entière d’or comme
une chose qui s’est produite ?” J’étais en vie, Rê m’aime, mon père Amon me loue, ma narine
est rajeunie grâce à la vie et au pouvoir, je porte la couronne blanche, j’apparais avec la
couronne rouge, les deux seigneurs ont uni pour moi leurs portions. Je gouverne ce pays
comme le fils d’Isis, je suis puissante comme le fils de Nout. Rê est en paix dans la barque-
mesketet et reste dans la barque-mandjet, il rejoint ses deux mères dans la barque divine, le
ciel est durable, il l’a créé stable. Je serai pour l’éternité comme une étoile impérissable, je
suis en paix dans la vie comme Atoum. Quant à ces deux grands obélisques, Ma Majesté les a
plaqués d’électrum pour mon père Amon, afin que mon nom soit établi durablement dans ce

114
temple, pour toujours et à jamais. Ils sont composés d’un unique bloc en granit dur, sans
tenon et sans raccord296. Ma Majesté a dirigé les travaux à leurs propos de la quinzième
année de son règne, deuxième mois de la saison peret, premier jour jusqu’à la seizième année,
quatrième mois de la saison chémou, dernier jour du mois, comptabilisant sept mois depuis le
commencement des travaux dans la montagne.

Face Est

J’ai réalisé pour lui cela, en tant que témoignage, selon son désir, comme un roi agit pour
chaque dieu. C’était mon souhait de les lui faire dorer en électrum. J’en ai du moins fixé sur
la moitié de leur fût297. J’imagine les paroles des gens : ma parole a été efficace et je ne suis
pas revenue sur ce que j’avais dit. Écoutez ! J’ai donné pour eux de l’électrum de première
qualité, je l’ai mesuré au boisseau comme les céréales. Ma Majesté fit le compte d’une
quantité supérieure à ce que le Double-Pays avait déjà vu. L’ignorant tout comme le savant le
savent et celui qui écoute cela ne pourra pas dire que c’est de la vantardise ce que j’ai dit. Au
contraire, ils diront : “Comme elle est loyale envers son père !” Le dieu me connaît, Amon
seigneur des trônes du Double-Pays, il a fait en sorte que je gouverne l’Égypte et les déserts
en récompense à cela. Personne ne s’oppose à moi dans aucun pays. Toutes les contrées
étrangères sont mes sujets. Il a créé mes frontières aux limites du firmament et j’ai exécuté
l’enceinte d’Aton. Il a été juste envers moi car il savait que je dirigerai cela pour lui. C’est
moi sa fille, véritablement. Il savait que je le glorifierai. Ma récompense de mon père est la
vie, la stabilité, le pouvoir sur le trône d’Horus de tous les vivants, comme Rê à jamais. »

296
. L. GABOLDE, op. cit, p. 41.
297
. Ibid.

115
Texte 12 : Hatchepsout

PRÉSENTATION DU TEXTE

Cette inscription provient du temple d’Hatchepsout à Deir el-Bahari sur le mur Sud de la
terrasse centrale298. Ces reliefs ont été découverts par A. Mariette en 1858299.
La « narration royale » raconte l’envoi d’une expédition de Pount par la reine Hatchepsout
qui souhaite rapporter des arbres à encens pour le temple de son père Amon.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Expédition vers l’étranger (Roi guerrier et conquérant).

DATATION

XVIIIe dynastie300.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

PM II2, p. 344-347.

Urk. IV, 349-355.

B. HOFMANN, Die Königsnovelle: “Strukturanalyse am Einzelwerk”, ÄAT 62, 2004, p. 170-


177.

E. NAVILLE, The Temple of Deir el-Bahari, Part III : End of Northern Half and Southern Half
of the Middle Platform, Egypt Exploration Fund 16, 1898, p. 21-25 et pl. LXXXVI.

S. RATIÉ, La Reine Hatchepsout : sources et problèmes, OrMonsp 1, 1979, p. 139-161.

D.B. REDFORD, History and Chronology of the eighteenth dynasty of Egypt: Seven Studies,
NMES 3, 1967, p. 59-87.

I. SHIRUN-GRUMACH, Offenbarung, Orakel und Königsnovelle, ÄAT 24, 1993, p. 103-120.

TRANSCRIPTION

1
298
. B. HOFMANN, op. cit., p. 170.
299
. S. RATIÉ, op. cit., p. 139.
300
. XVe s. av. notre ère.

116
2

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17

18 19 20 21 22

117
TRANSLITTÉRATION

1 rnp.t sp 9 ḫpr ḥms.t m ḏȝdw ḫʿ.t n(y)-sw.t m ȝtf ḥr s.t wr<.t> n(y).t ḏʿm m-ẖnw ḏsr.w n(y).w
ʿḥ⸗f sṯȝ wr.w smr.w n(y).w stp-sȝ r sḏm sšm n wḏ.t 2 wḏ n(y)-sw.t n šps.w⸗f jt.w-nṯr smr.w n(y)-
sw.t sḥḏ⸗j n nḥḥ m ḥr.w⸗ṯn m nt(y).t mr.t~n jt⸗j jw rf wnn m jb⸗j wr m jr.t d⸗j 3 wsḫ msw wj m
sr.t~n⸗f sḏsr⸗j n⸗f ʿb.w⸗f nb.w ḫm.t~n jt.w⸗j tp-ʿ⸗j jry⸗j m wr.t 4 n nb nḥḥ d⸗j ḥȝ ḥr jry⸗tj ḏr-bȝḥ
jw⸗j r rd.t ḏd⸗tw n m-ḫt nfr⸗wj ḫpr.t nn ḥr⸗s n-ʿȝ.t-n mnḫ⸗j n⸗f 5 ḥȝty⸗j grg ḥr šȝ.t~n⸗f jnk ȝḫw⸗f
m wṯs p.t ʿq⸗kw m qd.w nṯr šps wbȝ~n⸗f 6 [...] [sṯ]n~n⸗f w(j) rḫ~n⸗f ȝḫ⸗j ḏd⸗j wr.t d⸗j sḏm⸗ṯn
sḥḏ⸗j n⸗ṯn tp-tȝ n ʿnḫ 7 [...] nḏr⸗ṯn sp.w⸗j jnk nṯr šȝw ḫpr n ḥḏ~n pr n rȝ⸗j mr⸗tj 8 kȝ⸗j pw ḫpr⸗tj
sn r-ʿ mr.t~n⸗f mḥ⸗ṯn ḫft šȝ.t~n(⸗j) ʿḥʿw⸗ṯn pw m ʿnḫ jmj.t rȝ⸗j sḏm⸗ṯn mnḫ⸗ṯn 9 [n ḥnty ȝḫ⸗ṯ]n n
m-ḫt m⸗ṯn rf wḏ~n ḥm.t⸗j sḏsr ʿb.w n(y).w ms wj sʿȝ mḏt 10 [...]wr⸗sn r pȝ.t ḫpr m tp.t n(y).t
jwȝ wʿb r snm(.t) ẖr.t m ʿb 11 [jw gr.t wḏ~n] ḥm.t⸗j rd.t m ḥr r sb.t r ḫtyw ʿntyw wbȝ wȝ.wt⸗f
ḥr-tp ḏ.t⸗f rḫ pẖr⸗f sn.t mṯn.wt⸗f ḫft wḏ jt⸗j Jmn 12 [...] nwd.w šps.w r nwd.t mḏt ḥʿ.w nṯr
šȝ.t~n⸗j n nb nṯr.w r swȝḥ hp.w n(y).w pr⸗f fd.t nh.wt m tȝ-nṯr dw m tȝ m 13 [... m ḫnt-š] n n(y)-
sw.t nṯr.w jn⸗tw ẖr ʿntyw jm r nwd.t mḏ.t ḥʿ.w nṯr šȝ.t~n(⸗j) n nb nṯr.w ḏd ḥm.t⸗j dj⸗j rḫ⸗ṯn m
nt(y).t wdd.t ḫr⸗j jw sḏm~n(⸗j) ḫr jt⸗j 14 [...].t n⸗f rd.t m-ḥr⸗j smn.t n⸗f Pwn.t m-ẖnw pr⸗f wd.t
mnw.w n(y).w tȝ-nṯr ḥr-gs.wy ḥw.t-nṯr⸗f m ḫnt-š⸗f mj wḏ~n⸗f ḫpr.t⸗sn r smnḫ ʿb.w šȝ.t~n(⸗j) 15
[n nb nṯr.w] [...] nn wsf⸗j ḥn.t~n⸗f mḥ⸗ṯn ḫft tp-rd⸗j nn wn.t rd.t~n rȝ(⸗j) ḥr⸗s wbȝ~n⸗f wj m
jmj.t jb⸗f rḫ~n(⸗j) mr.t~n⸗f nb.t nṯr pw gr.t 16 [...]w gm jp.t⸗f s.t-jb⸗f mr.t~n⸗f jṯ.t⸗s jry⸗j n⸗f
Pwn.t m ḫntj-š⸗f mj rd.t~n⸗f m ḥr⸗j r Wȝs.t ʿȝ n⸗f s.y swtw.t⸗f ẖr⸗s 17 [...] 18 [...] 19 [...] 20
[...] 21 [...] 22 Ḥ.t-ḥr.t nb.t ʿntyw wp⸗s n⸗ṯ ʿ.wy⸗s m qmy.t (j)ḫ.t [...]

TRADUCTION

L’an 9, une réunion eut lieu dans le hall. Apparition du roi avec la couronne atef sur le
grand trône d’électrum dans l’intimité de son palais. Amener les grands et les courtisans
au palais afin d’écouter la nature de l’ordre. Commandement du roi à ses nobles, pères
divins et courtisans du roi : « J’illumine pour l’éternité vos faces comme mon père le désirait.
Dans mon esprit c’était une grande action. J’ai fait en sorte de rendre fier celui qui m’a fait
naître tel qu’il l’avait proclamé. Je consacre toutes ses purifications pour lui, ce que mes pères
ignoraient auparavant. Je le fais de manière majestueuse pour le seigneur de l’éternité.
J’ajoute à ce qui avait été fait auparavant. Je vais faire en sorte que l’on dise après : “Ce qui

118
est advenu grâce à elle est beau !” car je suis devenue efficace pour lui. Mon cœur est
déterminé à propos de ce qu’il a décidé. Je suis sa puissance se levant dans le ciel. Je suis
entrée sous la forme d’un auguste dieu quand il a ouvert [...], il m’a honorée car il connaît
mon utilité. Je vais dire une chose importante, je vais vous faire entendre. J’illumine pour
vous la terre de vie [...]. Suivez mes actions ! Je suis un dieu qui ordonne et qui fait se
réaliser. Ce qui sort de ma bouche n’est pas contredit. C’est ce que mon ka désire qui advient
de la manière qu’il voulait. Vous agirez selon ce que je décide. C’est votre existence qui est
dans ma bouche. Vous entendrez et vous serez efficace jusqu’à la fin, vous serez utiles pour
ce qui va suivre. Voyez, Ma Majesté a ordonné que les offrandes sanctifiées pour celui qui
m’a fait naître soient magnifiques, pour augmenter l’onguent [...], pour les rendre plus belles
qu’auparavant, grâce à la meilleure graisse de bœuf consacrée afin de répondre aux besoins en
offrandes. Ma Majesté [a maintenant ordonné] de faire en sorte d’aller vers la terrasse de
myrrhe301, d’explorer les chemins pour son corps, connaître sa circonférence et ouvrir les
routes comme mon père Amon l’a ordonné. [...] nobles onguents pour compresser l’huile des
membres divins que j’ai déterminé pour le seigneur des dieux afin de faire perdurer les
ordonnances de son temple. Dresser les arbres de la terre de Dieu et (les) donner à la terre
pour [... dans le jardin d’arbres] du roi des dieux. On y a apporté de la myrrhe pour
compresser l’huile des membres divins que j’ai déterminé pour le seigneur des dieux. » Ma
Majesté dit : « Je fais en sorte que vous connaissiez le commandement que j’entendis de la
part de mon père » dis-je302. [...] pour lui. Faire en sorte d’établir pour lui Pount à l’intérieur
de son temple et ordonner la plantation d’arbres de la terre de Dieu des deux côtés de son
temple, dans son jardin d’arbres comme il a ordonné qu’ils fassent produire pour rendre
parfait les offrandes tel que je l’avais décidé [pour le seigneur des dieux]. [...] Je n’ai pas
ignoré ce qu’il a commandé. Vous remplirez mes instructions sans négliger ce que ma bouche
a communiqué à propos d’elles. Il m’a ouvert ce qu’il y avait dans son cœur, je connaissais
donc tout ce qu’il désirait. Or c’est un dieu [...] son harem, où se trouvait sa place favorite, il
désirait la saisir. J’ai établi pour lui Pount dans son jardin d’arbres comme il m’a placée à
Thèbes. Il s’est promené en son sein. [...] Hathor, maîtresse de la myrrhe, elle a ouvert pour
toi ses bras avec de la résine et toutes sortes [...]

301
. Pount.
302
. Renvoie à l’inscription relative à l’oracle de Pount Urk IV, 341-348.

119
Texte A13 - Thoutmosis III

PRÉSENTATION DU TEXTE

L’inscription relatant les campagnes militaires de Thoutmosis III surnommée les Annales
se trouve gravée sur les parois des chapelles entourant le sanctuaire d’Amon à Karnak. Les
faits sont relatés et datés expédition après expédition303. La « narration royale » étudiée
concerne la campagne de l’an 22 et 23. Cette dernière est connue grâce à d’autres inscriptions,
notamment des autobiographies privées304.
La Königsnovelle raconte comment, suite à une rébellion, Thoutmosis III parvient à
s’emparer de la ville de Megiddo après une longue bataille.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Rébellions et répression des révoltes (Roi guerrier et conquérant).

DATATION

XVIIIe dynastie305.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

Urk IV, 647-666.

J.H. BREASTED, Ancient Records of Egypt, II: The Eighteenth Dynasty, Chicago, 1906,
p. 175-189.

R.O. FAULKNER, « The Battle of Megiddo », JEA 28, 1942, p. 2-15.

H. GOEDICKE, The Battle of Megiddo, Baltimore, 2000.

P. GRANDET, Les pharaons du Nouvel Empire (1550-1069 av. J.-C.) : une pensée stratégique,
Monaco, 2008, p. 81-94 et 295-303.

B. HOFMANN, Die Königsnovelle: “Strukturanalyse am Einzelwerk”, ÄAT 62, 2004, p. 228-


250.

303
. M. MICHEL, « Les batailles de Megiddo du roi Thoutmosis III et du général Allenby. Questions
d’itinéraires », dans Chr. Karlshausen, Cl. Obsomer (éds), De la Nubie à Qadech: la guerre dans l'Égypte
ancienne, CEA 17, 2016, p. 10.
304
. D. VALBELLE, Les neuf arcs : l'égyptien et les étrangers de la préhistoire à la conquête d'Alexandre, Paris,
1990, p. 139.
305
. XVe s. av. notre ère.

120
M. LICHTHEIM, Ancient Egyptian Literature: a book of readings. Vol 2. The New Kingdom,
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TRANSCRIPTION

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TRANSLITTÉRATION

1 Ḥr Kȝ-nḫt Ḫʿ-m-Wȝs.t [Nb.ty Wȝḥ-nsy.t mj Rʿ m p.t Ḥr nbw Sḫm-pḥ.ty Ḏsr-ḫʿw] 2 n(y)-sw.t


bjty nb Tȝ.wy Mn-ḫpr-Rʿ sȝ Rʿ [n ẖ.t⸗f Ḏḥwtj-ms(w) Nfr-ḫpr(w) d(w) ʿnḫ ḏ.t] 3 wḏ ḥm⸗f rd.t
smn⸗tw [nḫt.w rd~n n⸗f jt⸗f Jmn ḥr] 4 wḏ m ḥw.t-nṯr jr~n ḥm⸗f n [jt⸗f Jmn n-mrw.t rd.t
smn⸗tw] 5 wḏy.t ḥr rn⸗s ḥnʿ ḥȝq jn[~n ḥm⸗f jm⸗s bȝkw ḫȝs.wt] nb.t 6 rd~n n⸗f jt⸗f Rʿ rnp.t sp
22 ȝbd 4 pr.t sw 25 [sš ḥm⸗f ḫtm n] 7 Ṯȝrw m wḏy.t tpy n(y).t nḫt [r dr tkk(w)] 8 tȝš.w Km.t m
qn.t [m nḫt m wsr m mȝʿ-ḫrw] 9 jst ʿḥʿw nw [ʿȝ] m rnp.wt [ḥqȝ~n⸗sn tȝ pn wn] [m] 10 ḥʿḏȝ s
nb ḥr [bȝk] r-ḥȝ[.t] [sr.w⸗sn nty m Ḥw.t-wʿr.t] 11 ḫpr~n js m-ḥ(ȝ)w k(y).w jwʿj.t nt(y).t jm 12
m dmj n Šȝrḥȝn sṯ šȝʿ-m Jjrḏȝ 13 nfry.t-r pḥ.w tȝ wȝ r bšṯ ḥr ḥm⸗f rnp.t-sp 23 tpy šmw sw 4 hrw
n ḥb n n(y)-sw[.t n] ḫʿw 14 r dmj n mḥ~n pȝ ḥqȝ Gȝḏȝtw [rn⸗f n Ḫȝrw rnp.t sp 23] 15 tpy šmw
sw 5 wḏ m s.t ṯn qn.t [m nḫt] 16 m wsr m mȝʿ-ḫrw r sḫr.t ḫrw(y) pf ẖs r swsḫ 17 tȝš.w Km.t mj
wḏ.t~n jt⸗f Jmn-Rʿ [...] nḫt 18 jṯ⸗f rnp.t sp 23 tpy šmw sw 16 r dmj n Yḥm wḏ [ḥm⸗f] 19 nḏw.t-
rȝ ḥnʿ mšʿ⸗f n nḫt.w r ḏd r nt(y).t ḫrw(y) pf [ẖs] 20 n Qdš jw ʿq r Mktj sw [jm] 21 m tȝ ȝ.t

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sḥw~n⸗f n⸗f wr.w n(y).w ḫȝs[.wt nb.t wn.w] 22 ḥr mw n Km.t ḥnʿ šȝʿ-r Nhrn m [...] 23 Ḫȝr.w
Qd.w ssm.w⸗sn mšʿ⸗sn [rmṯ.w⸗sn] r nt(y).t sw ḥr ḏd ḫr⸗tw 24 ʿḥʿ⸗j r [ʿḥȝ r ḥm⸗f ʿȝ] 25 m Mktj
ḏd⸗tn n⸗j [nt(y).t m jb⸗tn] 26 ḏd~n⸗sn ḫft ḥm⸗f sw mj-jḫ šm [ḥr m]ṯn 27 pn nty wȝ r ḥns jw⸗tw
[ḥr smj.t r] 28 ḏd ḫrwy.w jm ʿḥʿ ḥr[-bnrw jw⸗sn] 29 wȝ r ʿšȝ js bn šm ssm.t m-sȝ [ssm.t mšʿ]
30 rmṯ m-mjt.t jn-jw wnn [t]ȝ ḥȝ[.t]⸗n 31 jmy ḥr ʿḥȝ jw nȝ n [pḥwy] ʿḥʿ ʿȝ 32 m ʿrwnȝ n
ʿḥȝ~n⸗sn r nt(y).t [mṯ]n 2 ʿȝ 33 wʿ n mṯn mk sw [mnḫ n nb]⸗n p[rj]⸗f r 34 Tȝʿȝnȝkȝ ky mk sw r
tȝ 35 wȝḥ.t mḥt.t n Ḏftj pr⸗n r mḥ.ty Mktj 36 jḫ wḏȝ nb⸗n nḫt ḥr mn[ḫ n] jb⸗f jm[⸗sn] 37 m rd
šm⸗n ḥr mṯn p[f š]tȝ ʿḥʿ[~n jnw] 38 wpw.wt [ḥr ḫrwy pf ẖs wḥmw smj.t] ḥr sḫr [pf] 39
ḏd~n⸗sn ẖr-ḥȝ.t ḏdd⸗tw m ḥm n stp-sȝ ʿ.w.s [ʿnḫ]⸗j 40 mr wj Rʿ ḥs wj jt⸗j Jmn ḥwn fnḏ⸗j 41 m
ʿnḫ wȝs jw wḏȝ ḥm⸗j ḥr mṯn pn 42 ʿrwnȝ jmj šm nty jb⸗f jm⸗ṯn ḥr nȝ n 43 mṯn.w ḏdw⸗ṯn jmj jw.t
nty jb⸗f 44 jm⸗ṯn m šmsw.t ḥm⸗j mk kȝ⸗sn m nȝ n 45 ḫrw.w bw.t Rʿ jn-jw ḥm⸗f wḏȝ ḥr 46 ky mṯn
jw⸗f wȝj r snḏ n⸗n kȝ⸗sn 47 ḏd~n⸗sn ḫft ḥm⸗f jr jt⸗k [Jmn nb ns.wt Tȝ.wy ḫnty Jp.t-s.wt n jb⸗k]
48 mk n šms.wt ḥm⸗k m bw nb wḏȝ [ḥm⸗k] 49 jm wnn bȝk m-sȝ nb[⸗f wḏ ḥm⸗f rd.t] 50 m-ḥr n
mšʿ r-ḏr⸗f n[ḥm nb⸗ṯn nḫt mnt.t⸗ṯn ḥr] 51 mṯn [p]f nty wȝj r ḥ[ns mk ḥm⸗f jr~n⸗f] 52 ʿnḫ r ḏd
nn d⸗j pr [mšʿ⸗j n nḫt.w] 53 ẖr-ḥȝ.t ḥm⸗j m [s.t ṯn jst rd~n ḥm⸗f m jb⸗f] 54 pr⸗f r-ḥȝ.t mšʿ⸗f ḏs⸗f
dw ʿm [s nb] 55 m nmt.t⸗f n(y).t šm.t ssm.t m-sȝ ssm.t jw [ḥm⸗f] 56 m tp n mšʿ⸗f rnp.t sp 23 tpy
šmw sw 19 rs m [ʿnḫ] 57 m jmȝw n ʿ.w.s r dmj n ʿrwnȝ wḏ[y.t] 58 m ḫd jn ḥm⸗j ẖr jt⸗f [Jmn-Rʿ
nb ns.wt Tȝ.wy wp⸗f wȝ.wt] 59 r-ḥȝ.t⸗j Rʿ-Ḥr-ȝḫ.ty ḥr sm[n.t jb n mšʿ⸗j n nḫt.w] 60 jt⸗f Jmn [ḥr
s]nḫt [ḫpš ḥm⸗j] [...] [ḥr stp-sȝ] 61 ḥr ḥm⸗j pr.t jn [ḥm⸗f ẖr-ḥȝ.t mšʿ]⸗f s[spd] 62 m sk.w ʿšȝ [n
gm~n⸗f ḫrw(y)] wʿ [pȝ⸗sn] 63 db rsy m Tȝʿȝnȝkȝ [jw pȝ⸗sn] 64 db mḥ.ty m qʿḥ [rsy n Tȝ-jn.t
Qyn ʿḥʿ~n] 65 ḥm⸗f ḥr njs r⸗s ḥr m[ṯn pn ...] 66 jw⸗sn ḫr sṯ ḫrw(y) p[f ẖs ...] 67 [...] 68 [...]
Jmn [...] 69 [... d]⸗ṯn n70[⸗f jʿw swȝš⸗ṯn bȝw] ḥm⸗f ḥr wr ḫpš r 71 [nṯr.w nb.w sw.t js sȝw⸗f
pḥ.wy n] mšʿ n ḥm⸗f m 72 ʿrwnȝ jst pḥ.wy n mšʿ nḫt n ḥm⸗f r [dmj] n 73 ʿrwnȝ pȝ ḥȝ.t pr r Tȝ-
jn.t Qyn 74 mḥ~n⸗sn pgȝ n jn.t tn ʿḥʿ~n ḏd~n⸗sn ḫr ḥm⸗f ʿ.w.s 75 mk ḥm⸗f pr ḥnʿ mšʿ⸗f n nḫt.w
mḥ~n⸗sn Tȝ-jn.t 76 jmj sḏm n⸗n nb⸗n nḫt m pȝy sp 77 jmj sȝw n⸗n nb⸗n pḥ.wy n mšʿ⸗f ḥnʿ rmṯ⸗f
78 pr n⸗n pḥ.wy n pȝ mšʿ r-ḥȝ kȝ ʿḥȝ⸗n r 79 nn ḫȝstjw kȝ tm⸗n rd.t jb⸗n [m]-sȝ pḥ(.wy) n 80
pȝ⸗n mšʿ smn.t jn ḥm⸗f ḥr-bnr snḏ[m ...] 81 jm ḥr sȝwtj pḥ.wy n mšʿ⸗f n nḫt.w jst pḥ.wy n pȝ
[mȝ]ʿ82.w pr.t ḥr mṯn pn jw pẖr [r⸗f] 83 šw.t spr~n ḥm⸗f r rsy Mktj ḥr sp.t ẖnw n Qyn jw
wnw.t 7 m pẖr m hrw ʿḥʿ~n wȝḥ jhw jm n ḥm⸗f rd~jn⸗tw m-ḥr n mšʿ r-ḏr⸗f r [ḏd] grgw ṯn r-
nt(y).t jw⸗tw r ṯḥn r ʿḥȝ ḥnʿ ḫrw(y) pf ẖs m-dwȝ ḥr-nt(y).t tw⸗tw [...] 84 ḥtp m ʿʿny n ʿ.w.s jr.t
m-ẖr(y.t)w wr.w wḥʿ n šms.w wḥʿ n šms.w sš rsw.w n mšʿ ḏd n⸗sn mn jb sp 2 rs-tp sp 2 rs m
ʿnḫ m jmȝw n ʿ.w.s jj.t⸗tw r ḏd n ḥm⸗f mrw snb jwʿj.t rs.t mḥt.t r-mjt.t rnp.t sp 23 tpy šmw sw
21 hrw n ḥb n psḏntyw r-mty ḫʿ.t n(y)-sw.t tp-dwȝj.t jst rd m-ḥr n mšʿ r-ḏr⸗f r snj [...] 85 wḏȝ
ḥm⸗f ḥr wrry.t n(y).t ḏʿm sʿbw m jmȝw.w⸗f nw rȝ-ʿ-ḫt mj Ḥr ṯmȝ-ʿ nb jr(.t) ḫ.t mj Mnṯw wȝsty

127
jt⸗f [Jmn] ḥr snḫt ʿ⸗f pȝ db rs.t n pȝ mšʿ n ḥm⸗f r ḏw rs.t [...] Qyn pȝ db mḥ.ty r mḥ.ty-jmn.ty
Mktj jw ḥm⸗f m ḥr(y)-jb⸗sn [Jmn] m sȝ ḥʿw⸗f r(ȝ)-ḏȝw pḥ.ty [...] 86 ʿ.wt⸗f ʿḥʿ~n sḫm~n ḥm⸗f
r⸗s ẖr-ḥȝ.t mšʿ⸗f mȝ~jn⸗sn ḥm⸗f ḥr sḫm r⸗s jw⸗sn ḥr jfd m gbgb[.t r] Mktj m ḥr.w n snḏ
ḫȝʿ~n⸗sn ssm.w⸗sn wrr.wt⸗sn nw nbw ḥr ḥḏ jtḥ⸗tw st m tbtb m ḥbs.w⸗sn r dmj pn jst ḫtm~n nȝ n
rmṯ dmj pn ḥr⸗s [shȝ~n]87⸗s[n] ḥbs.w r ṯbṯb⸗sṯ r-ḥry r dmj pn jst ḥȝ n jr mšʿ n ḥm⸗f rd.t jb⸗sn r
ḥȝq nȝ n ḫ.t n nȝ n ḫrw(y).w jw⸗[sn ḥr ḥȝq] Mktj m tȝ ȝ.t jst jtḥ⸗tw pȝ ḫrw(y) ẖs n Qdš ḥnʿ
ḫrw(y) ẖs n dmj pn m ḫȝs r sʿq.t st r dmj⸗sn jw snḏ.t ḥm⸗f [ḥr] ʿq 88 [m ḥʿ.w⸗sn] ʿ.wy⸗sn bdšw
[ʿḥʿ~n] sḫm~n ȝḥ.t⸗f jm⸗sn ʿḥʿ~n ḥȝq ssm.w⸗sn wrr.wt⸗sn nw nbw ḥr ḥḏ jr m js [ḥȝq sk].w⸗sn
sḏr m sṯsy mj rm.w m qʿḥ šn mšʿ nḫt n ḥm⸗f ḥr jp ḫ.t jr⸗w jst ḥȝq jmȝw n [ḫrw(y) pf] ẖs nty
bȝ[k m 89 ḥḏ ...] wn~jn mšʿ r-ḏr⸗f ḥr nhm ḥr rd.t jȝw n Jmn [ḥr nḫt].w rd~n⸗f n sȝ⸗f m [hrw pn
rd~n⸗sn ḥknw] n ḥm⸗f ḥr sqȝ nḫt.w⸗f wn~jn⸗sn ḥr ms ḥȝq jn~n⸗sn m ḏr.wt m sqr.w-ʿnḫ m
ssm.w wrry.wt n(y).t nb ḥr ḥḏ m n[ʿʿ] 90 [... wn~jn ḥm⸗f ḥr wḏ.t] m[d].t n mšʿ⸗f m ḏd mḥ tn
j[qr sp 2 mšʿ⸗j n]ḫt mk rd [ḫȝs.wt nb m dmj pn ḫft wḏ] Rʿ m hrw pn r-nt(y).t wr nb n ḫȝs.wt
nb.t mḥt.t št[b]w m-ẖnw⸗f r-nt(y).t mḥ pw m dmj 1000 pȝ mḥ m Mktj mḥ ṯn ḏrj sp 2 m[k ...] 91
[... (j)m(y)-r(ȝ).w] mnfȝ.t r ḥ[n.t mšʿ⸗sn r rd.t rḫ s] nb s.t⸗f ḫȝw~n⸗sn dm[j pn] j[ḥ] m šdy jnḥ
m ḫt.w wȝḏw n ḫt.w⸗sn nb bnr tj ḥm⸗f ḏs⸗f ḥr ḫtm jȝb.ty n dmj p[n jw⸗f rs] 92 [ḥr⸗f grḥ mj hrw]
[... jn]ḥw [...] m sbty n wmt.t [...] m wmt.t⸗f jr rn⸗f m Mn-ḫpr-Rʿ jḥ St.tyw rd rmṯ r rs ḥr ʿʿny n
ḥm⸗f ḏd n⸗sn mn jb sp 2 rs-tp sp 2 [jst] ḥm⸗f 93 [... n rd pr wʿ] jm⸗sn r-bnr ḥr-sȝ sbty pn wp-ḥr
pr.t r ʿbb r rȝ n ḫtm⸗sn r nt(y).t jr~n nb.t ḥm⸗f r dmj pn r ḫrw(y) pf ẖs ḥnʿ mšʿ⸗f ẖs smn m hrw
m rn⸗f m rn n nʿ.t m rn[.w] nw (j)m(y)-r(ȝ.w) 94 m[nfȝ.t] [...] [ʿšȝ st r smn.t st m sš.w ḥr wḏ pn
jw⸗s]n smn ḥr ʿr.t n(y).t dḥr m ḥw.t-nṯr n(y).t Jmn m hrw pn jst wr.w nw ḫȝs.t ṯn jy ḥr ẖ.wt jr⸗w
r sn tȝ n bȝw ḥm⸗f r dbḥ ṯȝw r fnḏ.w⸗sn n ʿȝ ḫpš⸗f n wr bȝw n [Jmn ḥr] ḫȝs.[wt 95 nb.t] [...]
[ḫȝs.t s]t wr.w [nb.w jn]~n bȝw ḥm⸗f ẖr jnw⸗sn m ḥḏ nbw ḫsbḏ mfkȝ.t ḥr fȝ šs jrp jḥ.w ʿ[w.t] n
mšʿ n ḥm⸗f wʿ.t js.t jm⸗sn ẖr j[n]w m ḫntj.t jst ḥm⸗f ḥr dhn wr.w m-mȝw.t n 96 [dmj nb] [...]
[rḫ.t kfʿ jn~n mšʿ n ḥm⸗f m dmj n] Mktj sqr.w-ʿnḫ 340 ḏr.t 83 ssm.t 2041 msj.t n(y).t ssm.t 191
jbr 6 rnp [...] wrry.t bȝk⸗tj m nbw ḏbw m nbw n ḫrw(y) pf 1 wrrj.t nfr.t bȝk⸗tj m nb n wr n 97
[Mktj ...] wrry.t n mšʿ⸗f ẖs 892 dmḏ 924 ḥsmn mss nfr n ʿḥȝ n ḫrw(y) pf 1 ḥsmn mss nfr n ʿḥȝ n
wr n Mk[tj] 1 [...] mss n ʿḥȝ n mšʿ⸗f ẖs 200 pḏ.t 502 mry wḫ(ȝ) bȝk m ḥḏ n jmȝw n ḫrw(y) pf 7
jst jṯ~n mšʿ 98 [n ḥm⸗f mnmn.t n dmj pn] [...] 387 jḥ 1929 ʿw.t nḏs.t 2000 ʿw.t ḥḏ.t 20500 rḫ.t
jn.t ḥr-sȝ jn n(y)-sw.t m ḫ.t pr n ḫrw(y) pf n[t]y [m Y]nʿmw m Jnwgs m Ḥrnkr ḥnʿ ḫ.t n(y).t nȝ
n dmj.w rd⸗sṯ ḥr mw⸗f jny n 99 [bȝw ḥm⸗f] [...] [ḥm.wt ḫrw(y) pf ḥnʿ wr.w nty ḥnʿ⸗f] [...]
[Mryn].w n⸗sn jmy 38 ms.w ḫrw(y) pf ḥnʿ wr.w nty ḥnʿ⸗f 87 Mryn.w n⸗sn jmy 5 ḥm.w ḥm.wt
ḫft(y).w⸗sn 1796 ḥtpy.w jr.w pr.t n ḥqr m-ʿ ḫrw(y) pf s 103 dmḏ 2503 wȝ r ʿȝ.t nbw dd.wt
ḥnw.w šbn 100 [...] jknȝ ʿȝ m bȝk n Ḫȝrw ṯȝb.w dd.wt ḫntw.w ḥnw.w šbn n swr rhd.wt ʿȝ.w sf.t

128
?+27 jr~n dbn 1784 nb m sš.w gmy.t ḥr ʿ.wj ḥmw.w ḥnʿ ḥḏ m sš.w ʿšȝ dbn 966 qd.t 1 ḥḏ twt n
qmȝ 101 [... twt n ḫrw(y) pf nty] jm tp m nbw mȝw.t m ḥr.w pʿ.t 3 ȝbw hbn ssnḏm bȝk m nbw
qnj n ḫrw(y) pf 6 hdmw n⸗sn jm 6 ȝbw ssnḏm ḥtp ʿȝ 6 ssnḏm bȝk m nbw m ʿȝ.t nb ḥʿ.t 1 m sḫr n
kȝrkȝr n ḫrw(y) pf bȝk m nb r-ȝw⸗f hbn bȝk 102 m nbw twt n ḫrw pf n[t]y [j]m tp⸗f m ḫ[sbd]
[...] [dmj] pn ḥnw.w n ḥsmn ḥbs.w ʿšȝ n ḫrw(y) pf jst jr nȝ n ȝḥ.wt m ʿḥ.wt sjp n rwḏw nw pr
n(y)-sw.t ʿ.w.s r ʿwȝy.t pȝy⸗sn šmw rḫ.t šmw jny n ḥm⸗f m ʿḥ.wt Mktj sw.t jt ẖȝr 207300 103 wȝ
r šʿd m jṯy.t jn mšʿ n ḥm⸗f [...]

TRADUCTION

L’Horus, taureau victorieux qui apparaît radieux dans Thèbes, [celui des Deux Maîtresses
dont la royauté est durable comme Rê dans le ciel, l’Horus d’or à la force imposante et aux
apparitions sacrées], le roi de Haute et Basse-Égypte, seigneur du Double-Pays Menkheperrê,
le fils de Rê [de sa chair, Thoutmosis aux apparitions parfaites, qu’il soit en vie pour
toujours]. Sa Majesté ordonna de faire que l’on établisse [les victoires que son père Amon lui
avait données] sur un décret dans le temple qu’il avait bâti pour [son père Amon afin de faire
en sorte que l’on établisse] la campagne en son nom avec le butin que [Sa Majesté en a
rapporté et les produits de] toutes [les contrées étrangères] que son père Rê lui avait donnés.
L’an 22, quatrième mois de peret, jour 25. [Sa Majesté passa la forteresse de] Silè durant sa
première campagne de victoire [pour chasser ceux qui attaquaient] les frontières de l’Égypte,
bravement, [en force, en puissance et en triomphant]. Ainsi, durant une [longue] durée
d’années [ils avaient gouverné ce pays qui] avait été pillé. Chaque homme [travaillait] pour
[leurs chefs qui se trouvaient à Avaris]. Puis advinrent d’autres (rois), la garnison qui était
là dans la ville de Charouhen, de Yoursa aux extrémités du pays, tomba en rébellion
contre Sa Majesté. L’an 23, premier mois de chémou, jour 4 : fête de l’apparition [du] roi
dans la ville que le souverain avait conquise, [son nom était] Gaza [de Kharou]. [L’an 23],
premier mois de chémou, jour 5, on partit de cette place, bravement, [en force], en puissance
et en triomphant afin d’abattre ce vil ennemi et d’élargir les frontières de l’Égypte comme
l’avait ordonné son père Amon-Rê [...], victorieusement lorsqu’il saisit. L’an 23, premier
mois de chémou, jour 16 à la ville de Yehem. [Sa Majesté] ordonna que soit tenu un conseil
avec son armée victorieuse en disant : « Ce vil ennemi de Qadech est venu et est entré dans
Megiddo, il y est en ce moment. Il a rassemblé à lui les chefs de [toutes] les contrées
étrangères [qui étaient] fidèles à l’Égypte avec ceux se trouvant au commencement du
Naharin de [...], ceux de Kharou et de Qodé, leurs chevaux, leurs armées et [leurs gens]

129
et il déclara, dit-t-on : “Je me dresserai ici pour combattre Sa Majesté à
Megiddo !” Dîtes-moi [ce que vous en pensez]. » Ils répondirent face à Sa Majesté :
« Comment aller sur ce chemin qui devient étroit alors [qu’on rapporte] que les ennemis sont
là, se tenant [à la sortie] et qu’ils deviennent plus nombreux ? En vérité, un cheval ne devrait-
t-il pas avancer derrière un (autre) [cheval, ainsi que l’armée] et la population ? Notre avant-
garde serait-t-elle en train de combattre alors que notre [arrière-garde] se tiendrait ici à
Arouna sans se battre ? Il existe deux chemins ici : un chemin, vois, il est [efficace pour] notre
[maître] car il [sortirait] vers Taâanaka. L’autre chemin, vois-tu, se trouve au Nord de Safta et
nous sortirions au Nord de Megiddo. Alors, que notre seigneur victorieux s’avance sur celui
qui paraît le plus disposé à son esprit mais fais en sorte que nous n’allions pas par ce chemin
difficile ! » Ensuite, des messages furent apportés [à propos de ce vil ennemi et un rapport fut
répété] à propos de ce vil dessein qu’ils avaient annoncé auparavant. Voici ce qu’on dit dans
le palais de la Majesté v.s.f : « Aussi vrai que Rê [vit] pour moi et m’aime, que mon père
Amon me favorise et que mon nez prospère en vie et en puissance, c’est sur ce chemin
d’Arouna que Ma Majesté se mettra en route ! Que celui d’entre vous qui désire aller sur ces
chemins dont vous parlez y aille mais celui qui parmi vous désire être dans la suite de Ma
Majesté vienne ! Voyez, ils penseront, ces ennemis, abomination de Rê : “Sa Majesté est-t-
elle partie par un autre chemin ? Se mettrait-elle à nous craindre ?” imagineront-ils. » Ils
répondirent face à Sa Majesté : « Que ton père [Amon-Rê, seigneur des trônes du Double-
Pays qui préside à Ipet-sout] agisse selon ton désir ! Voyez, nous sommes les suivants de Ta
Majesté en tout lieu où [Ta Majesté] se dirige. Le serviteur doit se trouver derrière [son]
maître ! » [Sa Majesté donna des ordres] à l’armée entière : « [Votre Seigneur victorieux
sauvera votre marche sur] ce chemin qui se rétrécit. [Voyez Ma Majesté a fait] un serment en
disant : “Je ne permettrai pas [que mon armée victorieuse] sorte avant Ma Majesté en [ce
lieu]” » [Ainsi Sa Majesté décida] qu’il sortirait lui-même en tête de son armée. On fit en
sorte que [chaque homme] connaisse son itinéraire de marche, cheval après cheval, [Sa
Majesté] était à la tête de son armée. L’an 23, premier mois de chémou, jour 19, réveil en
[vie] dans la tente de v.s.f dans la ville d’Arouna. « Ma Majesté alla vers le Nord sous la
protection de mon père [Amon-Rê, seigneur des trônes du Double-Pays, il ouvre les chemin]
devant moi. Rê-Horakhty [affermissant l’esprit de mon armée victorieuse] et mon père Amon
[rendant] victorieux le bras [de Ma Majesté] [...] [protection] sur Ma Majesté. » [Sa Majesté]
sortit [devant] son [armée] préparée en multiple troupes mais [il ne trouva pas] un seul
[ennemi. Leur aile] méridionale s’était arrêtée à Taâanaka [alors que leur aile] septentrionale
s’était arrêtée du côté [Sud de la vallée de Qina. Alors] Sa Majesté appela vers eux sur [ce

130
chemin ...] : « Ils sont tombés, abattus car ce [vil] ennemi [...] Amon [...] » « [...accord]ez-[lui
des louanges, rendez hommage au pouvoir-baou] de Sa Majesté car son bras est plus grand
que celui de [chaque dieu. En vérité, il protégera l’arrière-garde de] l’armée de Sa Majesté à
Arouna. » Cependant, l’arrière-garde victorieuse de Sa Majesté était dans [la ville] d’Arouna,
alors que l’avant-garde était sortie dans la vallée de Qina. Ils emplirent l’entrée de cette
vallée. Ainsi ils dirent en présence de Sa Majesté v.s.f : « Vois, Sa Majesté est sortie
accompagnée de son armée victorieuse, ils emplissent la vallée. Puisse notre seigneur
victorieux nous écouter cette fois ! Puisse notre seigneur nous protéger : l’arrière-garde de son
armée et sa population. Pour nous, si l’arrière-garde de l’armée sortait à l’arrière, nous
combattrions mieux ces ennemis, nous ne penserions pas à l’arrière-garde de notre armée ! »
Sa Majesté s’établit donc à l’extérieur en s’installant là afin de protéger l’arrière-garde de
son armée victorieuse. Ainsi, lorsque l’arrière des [troupes] sortit sur ce chemin, l’ombre
[l]’entoura. Sa Majesté arriva au Sud de Megiddo, sur la rive du ruisseau de Qina lorsque la
septième heure traversait le jour. Alors, un camp fut installé pour Sa Majesté et on donna des
ordres à l’armée tout entière en [disant] : « Préparez-vous ! Aiguisez vos armes306 car demain
nous combattrons ce vil ennemi et on [...] » Apaisement dans la tente de v.s.f. Organisation
des rations des chefs et distribution aux gardes du corps307. Installer les sentinelles de l’armée
à qui l’on dit : « Esprit ferme (bis) ! Vigilance (bis) ! » Éveil en vie dans la tente de v.s.f, on
vint dire à Sa Majesté : « Le désert est calme tout comme les troupes du Sud et du Nord ! »
L’an 23, premier mois de chémou, jour 21, jour précis de la fête de la nouvelle lune et
apparition du roi à l’aube du matin. Ainsi, on ordonna à l’armée entière de passer [...]. Sa
Majesté se mit en route sur le char d’électrum équipé de ses ornements de combat comme
Horus au bras puissant, seigneur de l’accomplissement des rites comme Montou le Thébain,
son père [Amon] qui donne de la force à son bras. L’aile méridionale de l’armée de Sa
Majesté s’était arrêtée vers la montagne au Sud [...] Qina, l’aile septentrionale au Nord-Ouest
de Megiddo et Sa Majesté au milieu, [Amon] protégeant son corps durant le combat, la force
[...] ses membres. Alors Sa Majesté triompha contre eux à l’avant de son armée. Lorsqu’ils
virent que Sa Majesté triompha contre eux, ils s’enfuirent en boitant [vers] Megiddo avec des
visages terrifiés. Ils abandonnèrent leurs chevaux et leurs chars d’or et d’argent tandis qu’on
les traînait et les hissait par leurs vêtements vers cette ville. Étant donné que la population
avait fermé cette ville, ils [firent descendre] des vêtements afin de les hisser jusque dans cette

306
P. GRANDET, Les pharaons du Nouvel Empire (1550-1069 av. J.-C.) : une pensée stratégique, Monaco, 2008,
p. 298.
307
. Ibid.

131
ville. Puisse l’armée de Sa Majesté ne pas avoir cédé308 à son désir de piller les biens de ces
ennemis car [ils capturaient] Megiddo en cet instant. Puis, on hissait le vil ennemi de Qadech,
le vil ennemi de cette ville pour grimper et entrer dans leur ville. La terreur qu’inspirait Sa
Majesté entra dans [leurs membres] et leurs bras s’affaiblirent. [Alors] son uraeus triompha
sur eux. Leurs chevaux et leurs chars d’or et d’argent furent pillés facilement. Leurs troupes
gisaient, étendues comme des poissons (pris) dans le coude d’un ruisseau. L’armée
victorieuse de Sa Majesté comptait les biens. La tente de [ce] vil [ennemi] plaquée [en argent]
fut prise [...]. Alors, l’armée entière cria de joie en faisant des louanges à Amon [à propos des
victoires] qu’il avait données à son fils en [ce jour. Ils rendirent grâce] à Sa Majesté en
exaltant ses victoires. Ensuite, ils présentèrent le butin qu’ils avaient rapporté : mains,
prisonniers, chevaux, char en or et argent [poli]. [... Alors, Sa Majesté] déclara à son armée [le
discours suivant] : « Capturez [habilement (bis) ! Ô mon armée victorieuse !] Voyez [toutes
les contrées étrangères] ont été placées [dans cette ville conformément à l’ordre] de Rê en ce
jour car chaque prince de chaque contrée étrangère du Nord était enfermée à l’intérieur. La
capture de Megiddo correspond à la capture de mille cités ! Capturez fermement (bis) ! Voyez
[...] » [...] l’infanterie pour diriger [leurs troupes et de faire en sorte que] chaque [homme
connaisse] sa position. Ils mesurèrent [cette] ville qui était entourée d’un fossé et encerclée de
troncs préservés de tous leurs arbres fruitiers alors que Sa Majesté elle-même bloquait l’Est de
[cette] ville [veillant sur elle la nuit comme le jour.] [...encerclée] d’un épais mur. Il fut
nommé « Menkheperrê-encercle-les-Asiatiques ». La population fut placée pour veiller sur le
camp de Sa Majesté, il leur fut dit : « Esprit ferme (bis) ! Vigilance (bis) ! » [Alors], Sa
Majesté [... sans] qu’aucun d’eux [ne puisse sortir] vers l’extérieur, derrière ce mur excepté
pour sortir afin de frapper à la porte de leur place forte. Tout ce qu’a accompli Sa Majesté
contre cette ville, ce vil ennemi et sa vile armée a été enregistrée jour par jour, selon le nom
de l’expédition et les noms des généraux de [l’infanterie] [...] [Ces informations étaient trop
nombreuses pour être établies par écrit sur ce décret. Elles furent (également)] enregistrées sur
un rouleau de cuir qui se trouve dans le temple d’Amon en ce jour. Les princes de cette
contrée étrangère vinrent sur leurs ventres, ils se prosternèrent devant le pouvoir-baou de Sa
Majesté afin de demander le souffle de vie pour leurs narines car grand est son bras et
considérable le pouvoir-baou d’[Amon sur toutes les] contrées étrangères. [...] contrée
étrangère, [tous] les princes qu’avaient [apporté] le pouvoir-baou de Sa Majesté chargés de
leurs tributs en argent, or, lapis-lazuli, turquoise, portant du grain, du vin, des bovins et du

308
. Ibid., p. 299.

132
[petit bétail] à l’armée de Sa Majesté. Un groupe parmi eux apportant des cadeaux navigua
vers le Sud. Ainsi, Sa Majesté nomma de nouveaux princes destinés à [chaque ville ...] [Liste
du butin rapporté par l’armée de Sa Majesté de la ville de] Megiddo : 340 prisonniers, 83
mains, 2041 chevaux, 191 petits de chevaux, 6 étalons, [...] poulains, un char plaqué d’or, à la
coque en or appartenant à cet ennemi, un beau char plaqué d’or appartenant au prince de
[Megiddo ...], 892 chars de sa vile armée, au total 924. Une belle cotte en bronze de cet
ennemi, une belle cotte de combat appartenant au prince de Megiddo, un [...], 200 cottes de
combat de sa vile armée, 502 arcs, 7 poteaux et mâts plaqués d’argent de la tente de cet
ennemi. L’armée [de Sa Majesté] avait saisi [le bétail de cette ville ...] : 387 [...], 1929 bœufs,
2000 chèvres, 20500 moutons. Liste de ce qui a été rapporté ensuite par le roi provenant des
biens de la demeure de cet ennemi qui se trouve à Yénamou, Inouges et Herenkerou avec les
biens de ces villes qui avaient été placés sur sa fidélité et qui ont été apportés par [le pouvoir-
baou de Sa Majesté] : [... femmes de cet ennemi avec les princes qui étaient avec lui], 38
[Maryannou309] étant à eux, 87 enfants de cet ennemi avec les princes qui étaient avec lui, 5
Maryannou étant à eux, 1796 serviteurs, servantes et leurs enfants, 103 non-combattants qui
se sont enfuis de cet ennemi à cause de la faim, 2503 au total. Aussi des assiettes et des vases
divers en pierres précieuses et en or [...] : une grande coupe de travail de Kharou310, des
cruches, des assiettes, des plats, des vases divers pour boire, des grands vases rehedet, [27 +
x] couteaux, équivalent à 1784 deben. Or en bloc découvert dans les mains des artisans
accompagnés d’argent en nombreux blocs : 966 deben et 1 qité. Une statue en argent façonnée
[...] [statue de cet ennemi se trouvant] là, à la tête en or, 3 bâtons à tête humaine, 6 palanquins
en ivoire, ébène et tamaris311 plaqué d’or de cet ennemi, 6 tabourets correspondant, 6 grandes
tables en ivoire et tamaris, un lit en tamaris plaqué d’or et de toutes sortes de pierres
précieuses à la manière karkar appartenant à cet ennemi, plaqué d’or entièrement. Là se
trouve la statue de cet ennemi en ébène plaquée d’or, sa tête en lapis-lazuli [...] cette [ville],
des vases de bronze et de nombreux vêtements appartenant à cet ennemi. Ainsi, ces terres
cultivables furent organisées en parcelles et administrées par les préposés à la maison du roi
v.s.f pour en prélever la moisson. Liste de la moisson apportée à Sa Majesté des parcelles de
Megiddo : 207300 sacs de blé sans compter ce qui fut coupé et apporté à l’armée de Sa
Majesté [...]

309
. Ibid., p. 302.
310
. Ibid.
311
. Ibid.

133
Texte A14 : Thoutmosis IV

PRÉSENTATION DU TEXTE

La « Stèle du Sphinx » de Thoutmosis IV a été découverte par G.B. Caviglia en 1817.


Parallèlement à l’exploration de la grande pyramide, ce dernier a fouillé pour la première fois
la zone du sphinx à Gîza et y découvrit la stèle de granit rose placée entre les pattes de celui-
ci. Elle est aujourd’hui conservée in situ. Du fait de l’érosion, elle a subi énormément de
dommages et les dernières lignes du texte ont quasiment disparu312. Le cintre de la stèle est
décoré, le roi coiffé du pagne fait une libation à Harmachis représenté sous les traits du
sphinx313.
Ce texte raconte que Thoutmosis IV s’endort un jour aux pieds du sphinx et qu’il fait un
rêve dans lequel Harmachis lui demande de le désensabler.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Activité de restauration (Roi pieux et ingénieux).

DATATION

Bien que l’inscription indique dater de l’an 1 du règne de Thoutmosis IV 314 , son
authenticité ainsi que sa date ont été mises en doute par de nombreux chercheurs. Lorsqu’elle
a été découverte, cette stèle était l’un des rares monuments de la XVIIIe dynastie découverts à
Gîza. Ajoutées à cela les nombreuses particularités grammaticales du texte ainsi que les
graphies peu fréquentes qui ont fait penser que l’inscription était un document de la Basse-
Époque315. Depuis le XIXe siècle, les égyptologues ont trouvé un grand nombre de vestiges
datant du Nouvel Empire à Gîza. En replaçant le document dans son contexte archéologique
et historique plus vaste, l’authenticité de cette stèle datant donc de la XVIIIe dynastie, ne fait
plus aucun doute316.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

PM III/1, 1974, p. 37.


312
. Chr. ZIVIE, Giza au deuxième millénaire, BiEtud 70, 1976, p. 125. Voir également p. 5.
313
. B. HOFMANN, op. cit., p. 259.
314
. XIVe s. av. notre ère.
315
. A. ERMAN, « Die Sphinxstele », SPAW 6, 1904, p. 439-444.
316
. Chr. ZIVIE, op. cit., p. 267.

134
Urk. IV, l540-1544.

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Amarnazeit, ÄAT 54/1, 2002, p. 65-75.

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Amarnazeit, ÄAT 54/2, 2002, p. 601-603.

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197.

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268.

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Israël, Islam, peuples altaïques, Persans, Kurdes, Inde, Cambodge, Chine, Japon,
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135
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Chr. ZIVIE, Giza au deuxième millénaire, BiEtud 70, 1976, p. 125-145 ; p. 266-271.

TRANSCRIPTION

317
1

3
318

317
. Aujourd’hui détruit.
318
. Pour la lecture de l’oiseau sur son pavois voir Chr. ZIVIE, op. cit., p. 133, note g.

136
8

10

11

12

13

... ...

14 ... 15 ... 16 ...

17 ... ... 18 ...

... 19 ... ... 20 ...

TRANSLITTÉRATION

1 rnp.t-sp 1 ȝbd 3 ʿḫ.t sw 19 ḫr ḥm n Ḥr kȝ-nḫt twt-ḫʿw nb.ty Ḏd-nsy.t mj Jtm Ḥr nb [wsr-ḫpš


dr psḏ.t pḏw.t n(y)-sw.t bjty Mn-ḫpr.w-Rʿ sȝ] Rʿ [Ḏḥwtj-msj ḫʿj ḫʿw Ḥr-m-ʿḫ.t mry] d(w) ʿnḫ
ḏd wȝs mj Rʿ ḏ.t 2 ʿnḫ nṯr nfr sȝ Jtm nḏty Ḥr-ȝḫ.tj šsp ʿnḫ n nb r ḏr jtj jr(w)~n Rʿ jwʿ mnḫ n
Ḫprj nfr ḥr mj jt⸗f pr(w) twt ʿpr m j[rw⸗f n(y).w] Ḥr m tp⸗f n(y)-sw.t bjty [mr(.w) nṯr.w] nb
jȝm.t ḫr psḏ.t swʿb Jwnw 3 sḥtp Rʿ smnḫ ḥw.t Ptḥ d(w) mȝʿ.t n Jtm sʿr s n rsj-jnb⸗f jr(w) mnw
m jmn.wt n nṯr jrj nt(y).t nb ḥḥ(w) ȝḫ.t n nṯr.w n(y).w šmʿ.w mḥw qd ḥw.t⸗sn m jnr ḥḏ smnḫ
pȝ.wt⸗sn nb.t sȝ Jtm n ẖ.t⸗f Ḏḥwty-msj ḫʿj ḫʿw mj Rʿ 4 jwʿ Ḥr ḥr ns.t⸗f Mn-ḫpr.w-Rʿ d(w) ʿnḫ
jst ḥm⸗f m jnpw mj Ḥr ẖrd m Ḥȝj-bj.t nfrw⸗f mj nḏ(ty) ḥr jt⸗f mȝȝ⸗t(w)⸗f mj nṯr ḏs⸗f ḥʿʿ mšʿ n

137
mrwt⸗f msw.w n(y)-sw.t sr.w nb.w wn ḫr pḥ.ty⸗f ḥr ȝḫȝ[ḫ]⸗f 5 nḫtw⸗f wḥm~n⸗f šnw wsr⸗f mj sȝ
Nw.t jst jr⸗f sm sḏȝ-ḥr⸗f ḫȝs.t jnb.w-ḥḏ ḥr wȝ.t⸗s rsj mḥ.tj ḥr st.t r ḥb[w] m bjȝ bḥs mȝj.w ʿw.t
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sw.t pn gȝgȝ n s]ḏm⸗f [nn ...] [ḏr rḫ~n⸗f md.w nṯr pn] [rd~n⸗f gr] m jb⸗f ḏ[d⸗f] [...] mj sbj⸗n r
pr⸗n n njw.t ḫw<ḫrp>⸗sn ʿȝb.t n nṯr pn 13 [jn.t⸗n n⸗f] [jḥ.w ... rnp.wt nb] [d⸗n jȝw n wn(w)
jmy.w-ḥȝ.t] [...] [nṯr.t šps nn ... Ḫʿj⸗f-Rʿ] twt jr~n Jtm-Rʿ-Ḥr-m-ȝḫ.t 14 [...] m ḥb.w [...] 15
[...] 16 [...][... ʿšȝ] 17 [...][n ḥm⸗j n sʿnḫ ntj r] [...] 18 [...][r n Ḫprj m ȝḫ.t jmnt.t Jwnw m] 19
[...] 20 [...]

TRADUCTION

L’an 1, troisième mois d’akhet, jour 19 sous la Majesté de l’Horus, le taureau puissant aux
apparitions agréables, celui des Deux Maîtresses, à la royauté stable comme Atoum, l’Horus
d’or, [à la force puissante, celui qui repousse les Neuf Arcs, le roi de Haute et Basse-Égypte,
Menkheperourê, le fils de] Rê, [Thoutmosis, brillant d’apparitions], l’aimé d’[Harmachis],
doué de vie, stabilité, pouvoir comme Rê pour toujours. Que vive le dieu parfait, le fils
d’Atoum, le protecteur d’Horakhty, l’image vivante du Seigneur de l’univers, le souverain
qu’a engendré Rê, l’héritier renommé de Khépri, parfait de visage comme son père, celui qui

319
. Expression empruntée au vocabulaire des contes. Voir W. WESTENDORF, Zu zwei Tagesformeln der
ägyptischen Literatursprache, ZÄS 79, p. 65-67.

138
sort parfaitement beau et équipé avec [ses attributs d’]Horus sur sa tête320, le roi de Haute et
Basse-Égypte, [l’aimé des dieux, le possesseur] d’offrandes auprès de l’Ennéade, celui qui
purifie Héliopolis. Celui qui apaise Rê, qui achève la demeure de Ptah, celui qui donne Maât à
Atoum et la présente à Celui qui est au Sud de son mur, celui qui fait un monument sous
forme d’offrandes journalières au dieu qui a tout créé, qui est en quête de ce qui est profitable
aux dieux de la Haute et de la Basse-Égypte, qui reconstruit leurs temples en pierre blanche et
rend parfaites leurs offrandes, fils charnel d’Atoum, Thoutmosis brillant d’apparitions comme
Rê. L’héritier d’Horus sur son trône, Menkheperourê, doué de vie. Tandis que Sa Majesté
était un jeune prince comme Horus l’enfant dans Chemmis, sa beauté était comme celle du
protecteur de son père, on le regardait comme le dieu lui-même. L’armée était en liesse du fait
de l’amour qu’elle éprouvait pour lui, les enfants royaux et tous les notables qui étaient sous
son pouvoir prospéraient. Sa force se renouvelait et sa puissance était comme celle du fils de
Nout321. Alors, il passait le temps et s’amusait dans le désert des « Murs Blancs » et sur ses
routes méridionales et septentrionales, en harponnant une cible métallique322, en chassant les
lions et les animaux sauvages du désert et en courant323 sur son char. Son attelage était plus
rapide que le vent, avec un seul de ses serviteurs et personne ne le savait. Alors, son heure
advenue pour donner du repos à ses suivants vers la setepet d’Harmachis à côté de Sokaris
dans Ro-Setaou, de Renoutet dans Tamout dans la nécropole de Mout [...] aux cornes des
dieux au Nord, de la maîtresse de Sat au Sud, de Sekhmet qui préside à Khas, de Seth, de
Douaou et de Heqa, l’aîné de la place sacrée depuis la création près des seigneurs de Kher-
Aha et de la route divine des dieux menant à l’horizon occidental d’Héliopolis. Cependant, la
très grande statue de Khépri se tenait en cette place, grande de puissance et sacrée de respect,
l’ombre de Rê descendait sur elle. Memphis et toutes les cités à proximité venaient à elle,
leurs bras en adoration vers sa face, tenant de nombreuses offrandes pour son ka. Un beau
jour, il arriva que le fils royal Thoutmosis se promenait, à l’heure de midi, il se reposa à

320
. « en tant que son aîné » (W. HELCK, Urkunden der 18. Dynastie. Uebersetzung zu den Heften 17-22, Berlin,
1961, p. 141).
321
. Ibid. W. Helck traduit « wobei das Heer in Liebe zu ihm jubelte und die Königskinder und alle Beamten
durch seine Kraft und seine Frische lebten, nachdem er sich verjüngt hatte und seine Kraft die des Sohnes der
Nut war ». B.M. BRYAN, The Reign of Thutmose IV, Baltimore/Londres, 1991, p. 145 traduit : « (likewise)
the royal children and] all [the nobles]. His might made his victory flourish, and he repeated the circuit, his
powers being like the son of Nut ».
322
. H. Schäfer propose de traduire « cible en cuivre » (H. SCHÄFER, « Die kupferne Zielscheibe in der
Sphinxinschrift Thutmosis des IV », ZÄS 67, 1931, p. 92-95).
323
. swtwt signifie initialement « se promener » mais Chr. Zivie indique qu’étant donné le moyen de transport
choisi et la remarque sur la rapidité des chevaux, il faut lui attribuer le sens de « courir » (Chr. ZIVIE, op. cit.,
p. 136).

139
l’ombre de ce grand dieu, le sommeil et le rêve324 se saisirent de lui au moment où le
soleil était au zénith. Il trouva la majesté de ce noble dieu parlant de sa propre bouche
comme un père qui s’adresse à son fils : « Regarde moi, aperçois moi mon fils
Thoutmosis ! C’est moi, ton père Harmachis, Khépri-Rê-Atoum. Je te donne [ma] royauté
[sur terre présidant les vivants], tu porteras la couronne blanche et la couronne rouge sur le
trône de Geb, le prince. Le pays sera à toi dans sa longueur et dans sa largeur ainsi que ce
qu’illumine l’œil du seigneur universel. Tu auras auprès de toi les provisions de l’intérieur du
Double-Pays et un grand nombre de tributs de toutes les contrées étrangères, ainsi qu’une
existence généreuse en années. Mon visage est pour toi, ma conscience est pour toi, tu es à
moi325. Vois, mon état est à la manière d’un homme malade, moi le maître de la setepet,
mon corps décrépit. Le sable de ce désert sur lequel je me dresse me recouvre, j’ai donc
fait en sorte que tu réalises mes souhaits parce que je sais que tu es mon fils, mon
protecteur. Approche vers moi ! Vois ! Je suis avec toi, c’est moi ton guide. » À peine
acheva-t-il ce discours qu’alors ce fils royal fut surpris de ce qu’il avait entendu [...] lorsqu’il
comprit les paroles de ce dieu, il se tut en son esprit et il dit : « [...] Venez, allons vers nos
maisons de la ville, qu’ils consacrent des offrandes à ce dieu, apportons-lui des bovins et des
légumes, faisons des louanges à ceux qui nous ont précédés [...] [aux vénérables déesses ...
Khephren], une statue faite pour Atoum-Rê-Harmachis, [...] dans les fêtes [...], sa Majesté
pour nourrir [...] [pour Khépri dans l’horizon occidental d’Héliopolis]326 [...]

324
. S. SAUNERON, « Les songes et leur interprétation dans l’ancienne Égypte », dans S. Sauneron (éd.), Les
songes et leur interprétation : Égypte ancienne, Babylone, Hittites, Canaan, Israël, Islam, peuples altaïques,
Persans, Kurdes, Inde, Cambodge, Chine, Japon, SourcOr 2, 1959, p. 23 ; Chr. ZIVIE, op. cit., p. 130 ;
B.M. BRYAN, op. cit., p. 146. Traduisent tous « sommeil et rêve » car la suite du texte fait comprendre
clairement que le roi est en train de rêver.
325
. Relation de dépendance réciproque entre Thoutmosis IV et Harmachis.
326
. Les passages entre crochets sont basés sur des copies anciennes et sont aujourd'hui détruites (B. HOFMANN,
op. cit., p. 264).

140
Texte A15 : Thoutmosis IV

PRÉSENTATION DU TEXTE

L’inscription dont il est question est gravée sur un rocher, toujours in situ, de la presqu’île
de Konosso en Haute-Égypte. Malheureusement, déjà à l’époque de J. De Morgan certaines
stèles se trouvaient sous l’eau, c’est pourquoi le récit comporte seulement 23 lignes sur les
35-40 lignes attendues327. Aujourd’hui, seuls les sommets des roches demeurent émergés328.
Le texte raconte que Thoutmosis IV rassemble son armée afin de stopper une rébellion qui
s’est déclarée en Nubie.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Rébellions et répression des révoltes (Roi guerrier et conquérant).

DATATION

XVIIIe dynastie329.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

PM V, p. 254.

Urk. IV, 1545-1548.

P. BEYLAGE, Aufbau der königlichen Stelentexte vom Beginn der 18. Dynastie bis zur
Amarnazeit, ÄAT 54/1, 2002, p. 29-37.

P. BEYLAGE, Aufbau der königlichen Stelentexte vom Beginn der 18. Dynastie bis zur
Amarnazeit, ÄAT 54/2, 2002, p. 580-587.

J.H. BREASTED, Ancient Records of Egypt, II: The Eighteenth Dynasty, Chicago, 1906,
p. 326-329.

B.M. BRYAN, The Reign of Thutmose IV, Baltimore/Londres, 1991, p. 333-336.

B. CUMMING, Egyptian Historical Records of the Later Eighteenth Dynasty, fascicle 3, 1982,
p. 251-252.

327
. J. DE MORGAN, Catalogue des monuments et inscriptions de l’Égypte antique. Première série : Haute-
Égypte. Tome premier : De la frontière de Nubie à Kom Ombo, 1894, Vienne, p. 65-66.
328
. A. KLUG, op. cit., p. 345.
329
. XIVe s. av. notre ère.

141
J. DE MORGAN, Catalogue des monuments et inscriptions de l’Égypte antique. Première
série : Haute-Égypte. Tome premier : De la frontière de Nubie à Kom Ombo, Vienne,
1894, p. 65-68.

R. GUNDLACH, « Strukturfragen bei der Analyse und Interpretation ägyptischer historischer


Texte », dans W.F. Reineke (éd.), Acts: First International Congress of Egyptology, Cairo
October 2-10, 1976, Berlin, 1979, p. 267-268.

B. HOFMANN, Die Königsnovelle: “Strukturanalyse am Einzelwerk”, ÄAT 62, 2004, p. 269-


276.

A. KLUG, Königliche Stelen in der Zeit von Ahmose bis Amenophis III, MonAeg 8, 2002,
p. 345-352.

P. LUNDH, Actor and event: Military activity in ancient Egyptian narrative texts from
Thutmosis II to Merenptah, Uppsala Studies in Egyptology 2, 2002, p. 40-44.

TRANSCRIPTION

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TRANSLITTÉRATION

1 ʿnḫ Ḥr Kȝ-nḫt twt-ḫʿw Nbty Ḏd-nsy.t mj Jtm Ḥr nbw Wsr-ḫpš dr-pḏ.t-psḏ.t n(y)-sw.t bjty
Mn-ḫpr.w-Rʿ d(w) ʿnḫ ḏ.t 2 rnp.t-sp 9 ȝbd 3 pr.t sw 2 js ḥm⸗f m njw.t rsy.t r dmj n Jpt-sw.t
ʿ.wy⸗fy wʿb m [ʿbw] 3 [nṯr] sḥtp~n⸗f jt⸗f Jmn mj rd.t n⸗f nḥḥ m n(y)-sw.t ḏ.t mn ḥr s.t Ḥr jw⸗tw
r ḏd n ḥm⸗f nḥsy h4ȝw m hȝw wȝwȝ.t kȝ~n⸗f bštw r Km.t sḥwy⸗f n⸗f šmȝw5.w nb bšṯw.w n(y).w
k(y).t ḫȝs.t wḏȝ m ḥtp r ḥw.t-nṯr jn n(y)-sw.t ḥr tr n dwȝ6y.t rd.t mȝȝ ʿȝb.wt ʿȝ.t n jt⸗f qmȝ(w)
nfrw⸗f swt ḥm⸗f spr⸗f ḏs⸗f m-bȝḥ-ʿ 7 ḥqȝ nṯr.w nḏ.t⸗f sw ḥr ḫr(y).t jw.t⸗f [jw]⸗f sḫr⸗f ḫpr.w ḫr⸗f
sšm~n⸗f ḥr wȝ.t nfr.t 8 r jr[.t] mrr.wt kȝ⸗f mj mdw jt ḫr sȝ⸗f [jr~]n⸗f mtw.t⸗f jm⸗f pr~n⸗f ḫr⸗f
jb⸗f 9 ȝw [wḏ~n]⸗f sḥ[wy mšʿ]⸗f ḥr-ʿ sb~n⸗f sw m qn.t nḫt wḏȝ m-ḫt nn jn 10 ḥm⸗f r sḫr.t pḥ sw
m Tȝ-sty qn m wjȝ⸗f n [nbw] mj Rʿ d⸗f sw m (M)skt.t 11 ḥ[tȝ].w⸗f mḥ m jnsy ḥr [wȝḏ.t] ḥtr.w m
skw tp-mȝʿ⸗f mšʿ⸗f 12 ḥnʿ⸗f nḫt.w-ʿ r jtr.ty m nfrw ḥr gs.w⸗f pȝ [ʿḥʿ] ʿprw m šms.w⸗f 13 n(y)-
sw.t m ḫnty mj Sȝḥ sṯḥn⸗f šmʿ.w m nfrw⸗f ṯȝy.w ḥr nhm n mrw.t⸗f 14 ḥm.wt ʿbʿb.w m wpw.t
Mnṯw m Jwnj m sȝ ḥȝ[(w)⸗f] [ns]r.t m sšmw r-ḥȝ.t⸗f nṯr nb n ʿ-rsy 15 ẖr ʿnḫ r fnḏ⸗f Nḫb.t ḥḏ.t

143
Nḫb smn~n⸗s ẖqr.w ḥm⸗j ʿ.wy⸗s ḥȝ wȝs dmȝ⸗s n wj pḏ.t psḏ.t dmḏ 16 ḫpr⸗f jr~n(⸗j) tr n tj.t-jʿw
ḫn⸗kw ḥr dmj n Bḥd.t pr.t jn nṯr nfr mj Mnṯw m ḫpr.w⸗f 17 nb.w ḏbȝ.w m ḫʿ.w⸗f n(y).w rȝ-ʿ-ḫt
nšnw mj Stẖ Nby.t js Rʿ ḥr sȝ⸗f m ʿnḫ n[n] [f]ḫ.t 18 nn wḫȝ ḥr ḏw.w ḥnʿ wʿ wʿ qny m šms⸗f nn
sjn jw.t n⸗f mšʿ⸗f 19 [jr~n⸗f šʿ.t] ʿšȝ.t m ḫpš⸗f qn ḥry.t⸗f ʿq⸗tj m ẖ.t nb rd~n Rʿ snḏ⸗f m tȝ.w mj
Sḫm.t rnp.t 20 jȝd.t⸗s tp⸗f rs n ʿʿwy~n⸗f hbhb~n⸗f ḫȝs.t jȝbt.t wp⸗f mṯn.w m21j sȝb šmʿ.w ḥḥy ʿ n
pḥ sw gm~n⸗f ḫrw.w nb n nḥsy m jn.t 22 štȝ n rḫ~n⸗tw⸗s jsq r rmṯ.w ḫt ḏw.w [...]⸗f wȝ.w m [...]
23 ʿḥ[ʿ~n] rw[~n]⸗f Št ḥnʿ ẖr.w⸗sn mnmn.t⸗sn ḫ.t⸗sn nb.t ḫr⸗sn [...]

TRADUCTION

Puisse-t-il vivre l’Horus, taureau victorieux aux belles apparitions, celui des Deux Maîtresses
à la royauté durable comme Atoum, l’Horus d’or, celui au bras puissant qui repousse les Neuf
Arcs, le roi de Haute et Basse-Égypte Menkheperourê, qu’il soit en vie pour toujours. L’an 9,
le troisième mois de la saison peret, jour 2. Ainsi Sa Majesté était dans la ville du Sud et
dans la ville à Ipet-sout, ses deux bras purs grâce à la [purification divine]. Il avait apaisé
son père Amon dans la mesure où il lui avait donné l’éternité en tant que roi et pour toujours
il s’établirait sur le trône d’Horus. On vint pour dire à Sa Majesté : « Le Nubien est
descendu près de Ouaouat. Il a songé à une rébellion contre l’Égypte. Il a rassemblé
pour cela tous les étrangers et les rebelles de l’autre contrée étrangère. » Il se rendit en
paix dans le temple du roi durant le moment du matin pour faire voir les grandes purifications
à son père, celui qui a façonné sa beauté. Sa Majesté s’informa lui-même en présence du
souverain des dieux et le questionna à propos de la situation. Il vint. Son dessein se déroulait
sous son règne. Il suivit le droit chemin afin de faire ce que son ka désirait comme un père
parlant à son fils330, qu’il avait engendré à partir de sa semence. Il est sorti de lui, son esprit
était épanoui. Il [a ordonné] que [son armée] se rassemble aussitôt. Il l’envoya avec bravoure
et force. Se mettre en route avec Sa Majesté pour l’abattre et l’atteindre en Nubie,
courageusement dans sa barque sacrée en [or], comme Rê il se plaça dans la barque-
mesketet. Ses voiles étaient emplies de lin rouge vif et de [lin vert]. Les chevaux étaient sur le
champ de bataille, l’accompagnant. Son armée était avec lui, les bras forts, avec deux rangées
d’hommes, des recrues chacunes de ses côtés, le [navire-ʿḥʿ] équipé de son entourage. Le roi
navigua vers le Sud comme Orion. Il fit briller le Sud par sa beauté. Les hommes criaient (de
joie) en faveur de son amour et les femmes se vantaient de la mission. Montou à Ermant était

330
. Renvoi à la « Stèle du Sphinx » de Thoutmosis IV.

144
la protection de [ses] membres. Le serpent royal guidait devant lui. Chaque dieu de la Haute-
Égypte apportait un bouquet à sa narine. « Nekhbet, la blanche d’El-Kab, elle a fixé les
insignes de Ma Majesté. Ses bras autour du sceptre-was, elle a lié ensemble pour moi les Neuf
Arcs en totalité. Il est arrivé que je célèbre la saison du Tj.t-jʿw, je faisais halte à la ville
d’Edfou. Je sortais semblable à un dieu parfait comme Montou au moyen de toutes ses
formes, vêtu de ses armes de combat, furieux comme Seth de Kom Ombo. » Tandis que Rê
était sa protection en vie, sans abandonner, sans s’assombrir dans les montagnes avec un seul
et unique brave de ses suivants. Sans attendre que vienne pour lui son armée, [il accomplit
un] important [massacre] grâce à son valeureux bras. La terreur qu’il inspirait pénétra
chaque corps. Rê avait placé la crainte qu’il inspirait dans les pays comme Sekhmet, l’année
de sa désolation en leur sein. Vigilant, il ne dormait pas lorsqu’il traversa la contrée
étrangère de l’Ouest. Il ouvrit les chemins comme un chacal du Sud recherchant le bras de
celui qui l’avait attaqué. Il trouva tous les ennemis du Nubien dans une vallée secrète. On ne
le savait pas. Ils furent gênés à cause des gens qui avaient envahis les montagnes, ses [...]
loin de [...]. Alors, il s’écarta de Št en compagnie de leurs parents, leurs troupeaux, tous leurs
biens avec eux [...].

145
Texte A16a : Amenhotep III

PRÉSENTATION DU TEXTE

Cette stèle triomphale se trouve in situ, sur la route entre Assouan et Philae331. Cet artefact
est le document le plus complet rapportant la campagne punitive de l’an 5 d’Amenhotep III.
Dix autres fragments d’inscriptions viennent compléter les données connues sur cette
expédition332.
Cette « narration royale » raconte qu’une révolte a éclaté en Nubie, Amenhotep III parvient
donc à la stopper en y envoyant son armée.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Rébellions et répression des révoltes (Roi guerrier et conquérant).

DATATION

XVIIIe dynastie333.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

PM V, p. 245.

Urk. IV, 1665-1666.

J.H. BREASTED, Ancient Records of Egypt II: The Eighteenth Dynasty, Chicago, 1906, p. 335-
336.

E. DE ROUGÉ, Inscriptions hiéroglyphiques copiées en Égypte pendant la mission scientifique


de M. le vicomte Emmanuel de Rougé, volume IV, Études égyptologiques 12, 1879, p. 254.

D. DEHLER, « Mrj-Msw und der Nubienfeldzug Amenophis’ III. im Jahre 5 », SAK 11, p. 78
(2).

L. GABOLDE, « La stèle de Thoutmosis II à Assouan : témoin historique et archétype


littéraire », dans A. Gasse, V. Rondot (éds), Séhel entre Égypte et Nubie : Inscriptions
rupestres et graffiti de l'époque pharaonique, actes du colloque international, 31 mai - 1er
juin 2002, Université Paul Valéry, Montpellier, Montpellier, 2004, p. 146-147.

R. GUNDLACH, « Die Felsstelen Amenophis’ III. Am 1. Katarakt (zur Aussagenstruktur

331
. Z. TOPOZADA, « Les deux campagnes d’Amenhotep III en Nubie », BIFAO 88, 1988, p. 153.
332
. Ibid., p. 153-154.
333
. XIVe s. av. notre ère.

146
Königlicher Historischer Texte) », dans J. Osing, G. Dreyer (éds), Form und Mass.
Festschrift für Gerhard Fecht zum 65. Geburtstag am 6. Februar 1987, ÄAT 12, 1987,
p. 180-217.

A. KLUG, Königliche Stelen in der Zeit von Ahmose bis Amenophis III, MonAeg 8, 2002,
p. 422-424.

R. LEPSIUS, Denkmäler aus Aegypten und Aethiopien, Abtheilung III, Band V: Neues Reich,
Berlin, 1897, pl. 81(g).

Z. TOPOZADA, « Les deux campagnes d’Amenhotep III en Nubie », BIFAO 88, 1988, p. 153-
154.

TRANSCRIPTION

1 2

10

11 12

TRANSLITTÉRATION

1 rnp.t sp 5 ȝbd 3 ȝḫ.t sw 2 ḫʿ.t ḫr ḥm Ḥr kȝ-nḫt ḫʿ-m-mȝʿ.t Nbty smn-hpw 2 sgrḥ-tȝ.wy Ḥr


nbw ʿȝ-ḫpš ḥw-st.w nṯr nfr ḥqȝ Wȝs.t nb ḫpš qnw pr-ʿ 3 n(y)-sw.t bjty nb-mȝʿ.t-Rʿ jȝw.t-Rʿ sȝ
Rʿ [Jmn-ḥtp ḥqȝ Wȝs.t] mry [Jmn-Rʿ] n(y)-sw.t nṯr(.w) H̱nm nb qbḥ d(w) ʿnḫ 4 jw⸗tw r ḏd n
ḥm⸗f pȝ ḫrw(y) n Kš ẖs.t kȝy~n⸗f bš.t m jb⸗f 5 sḫm ḥm⸗f r nḫt km⸗f sw wḏy.t⸗f tpy n(y).t nḫt spr
ḥm⸗f r6⸗sn mj ḥ(w).t bjk mj Mnṯw m ḫprw⸗f ʿḥʿ jb sw ḥr ḏnd ḥr smȝ ḥr 7 šʿd ḏr.wt s 30000 m
sqr-ʿnḫ wȝḥ⸗f jm⸗sn r mr.t⸗f r tm 8 fdq pr(.t) Kš ẖs.t jḫny pȝ ʿbʿw m ẖnw mšʿ⸗f 9 n rḫ⸗f pȝ mȝj

147
nty r-ḥȝ.t⸗f Nb-mȝʿ.t-Rʿ pw mȝj 10 ḥsȝw ȝm ʿn.wt⸗f Kš ẖs.t ptpt wr.w s nb.w 11 ḫt jn.t⸗sn ḥdbw
ḫr ḥr snf⸗sn m wʿ ḥr wʿ 12 sȝ Rʿ Jmn-ḥtp ḥqȝ Wȝs.t nb ḫpš m pḏ.t mr⸗f nḫt d(w) ʿnḫ ḏd wȝs snb
mj Rʿ ḏ.t

TRADUCTION

L’an 5, troisième mois d’akhet, jour 2 sous la Majesté de l’Horus, taureau victorieux qui
apparaît auprès de Maât, celui des Deux Maîtresses qui établit les lois et qui pacifie le
Double-Pays, l’Horus d’or qui abat puissamment les Asiatiques, le dieu parfait, souverain de
Thèbes, seigneur de la force, vaillant héros, le roi de Haute et Basse-Égypte Nebmaâtrê
l’hériter de Rê, le fils de Rê [Amenhotep, souverain de Thèbes], aimé [d’Amon-Rê], roi des
dieux, et de Khnoum seigneur de la cataracte, doué de vie. On vint dire à Sa Majesté : « Le
vil ennemi de Kouch a songé à une rébellion en son esprit. » Sa Majesté entreprit de
triompher. Elle se concentra sur sa première expédition de victoire334. Sa Majesté les atteignit
comme un faucon qui frappe et comme Montou quand il se transforme lorsqu’il devient
furieux pour tuer et couper des mains. 30000 hommes furent faits prisonniers. Il demeure
parmi eux tel qu’il le désire. Afin que le grain de la vile Kouch ne soit pas gaspillé, le vantard
Ikheny fut capturé et se trouva au sein de son armée335. Il ne connaissait pas le lion qui était à
sa tête. C’est Nebmaâtrê, le lion sauvage dont les griffes empoignent la vile Kouch, les
princes et tous les hommes furent donc piétinés à travers leur vallée et furent renversés dans
leur sang, l’un sur l’autre. Le fils de Rê, Amenhotep, souverain de Thèbes, seigneur de la
force avec son arc, son bien aimé victorieux, qu’il soit en vie, stable, puissant et en bonne
santé comme Rê pour toujours.

334
. L. GABOLDE, « La stèle de Thoutmosis II à Assouan », p. 147.
335
. Celle du roi.

148
Texte A16b : Amenhotep III

PRÉSENTATION DU TEXTE

Publié pour la première fois en 1891 par É. Naville, le fragment de Bubastis est une
inscription gravée sur une stèle de granit très mal conservée336. De ce fait, la compréhension
du texte est assez délicate et les avis se sont multipliés afin de comprendre l’objectif premier
de ce récit337.
Cette Königsnovelle raconte une révolte en Nubie dissoute par l’envoi de l’armée
d’Amenhotep III.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Rébellions et répression des révoltes (Roi guerrier et conquérant).

DATATION

L’état fragmentaire de la stèle nous prive de l’identité du roi ainsi que de la datation
principale de l’événement. Il est toutefois possible de dater ce récit de l’an 5 et de l’attribuer à
Amenhotep III 338 car plusieurs inscriptions présentant des caractéristiques semblables et
relatant le même épisode ont été découvertes depuis le XIXe siècle339.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

PM IV, p. 31.

Urk. IV, 1734-1736.

J.H. BREASTED, Ancient Records of Egypt II: The Eighteenth Dynasty, Chicago, 1906, p. 337-
340.

D. DEHLER, « Mrj-Msw und der Nubienfeldzug Amenophis’ III. im Jahre 5 », SAK 11, p. 79-
80 (7).

336
. E. NAVILLE, Bubastis (1887-1889), EEF 8, 1891, p. 9-10 et pl. XXXIV.
337
. J.H. BREASTED, Ancient Records of Egypt II: The Eighteenth Dynasty, Chicago, 1906, p. 337-340 ;
D. DEHLER, « Mrj-Msw und der Nubienfeldzug Amenophis’ III. im Jahre 5 », SAK 11, p. 79-80 (7) ;
R.O. FAULKNER, « A possible royal visit to Punt », dans A.E. Breccia (éd.), Studi in Memoria di Ippolito
Rosellini nel primo centenario della morte II, Pise, 1955, p. 83-90.
338
. XIVe s. av. notre ère.
339
. Z. TOPOZADA, op. cit., p. 153-164.

149
R.O. FAULKNER, « A possible royal visit to Punt », dans A.E. Breccia (éd.), Studi in Memoria
di Ippolito Rosellini nel primo centenario della morte II, Pise, 1955, p. 83-90.

B. HOFMANN, Die Königsnovelle: “Strukturanalyse am Einzelwerk”, ÄAT 62, 2004, p. 277-


281.

E. NAVILLE, Bubastis (1887-1889), EEF 8, 1891, p. 9-10 et pl. XXXIV.

A. SPALINGER, Aspects of Military Documents of the Ancient Egyptians, YNER 9, 1982,


p. 152-153.

Z. TOPOZADA, « Les deux campagnes d’Amenhotep III en Nubie », BIFAO 88, 1988, p. 154.

TRANSCRIPTION

1 2

10

11

12

13

TRANSLITTÉRATION

1 [...nḥ]sy.w [... r...m jr.t...] 2 [...mšʿ pn] jb⸗sn psḥ r ʿḥȝ ḫȝs r ḫ.t nb jw[...]3 [...] m⸗ṯn n

150
jry.t~n⸗ṯn wḏ.t-mdw jsṯ gr.t jr ḥn.t n⸗ṯn ḥm⸗j ḏd pw [...] 4 [...] dr.t jw ḫt.w [n(y).w] nḥsy.w ḫr n
mrw.t rḫ [ḥm]⸗j jr⸗ṯn n w[...] 5 [...] n wḏ.t⸗s n⸗sn wn~jn ḥm⸗f ḥr ḥw.t⸗sn ḏs⸗f m ȝms wn m ʿ⸗[f]
[...] 6 [...] ṯs Ḥwʿ m ḫʿ.t n(y)-sw.t ḥr-sȝ ḫȝs.t jmnt.t jsṯ rd ḥms mšʿ [...] 7 [...] r-ḏr⸗s ʿšȝ wr.t r
ḫ.t nb wn~jn ḥm⸗f ḥr jr.t wḏ.t-mdw n rmṯ.w jpn n(y).t jr.t⸗sn rd~jn⸗sn jȝ[w] [...] 8 [...] j[n]
jwʿy.t n(y).t mšʿ nt(y).t m tp-ʿ sʿr.t⸗sn m stp-sȝ wn~jn ḥm⸗f ḥr nḏ sḫr[.w] [...] 9 [...] n(y).t⸗sn
jm⸗f jrr ḫ.t nb wḏ ḥm⸗f sb.t s n mšʿ 124 m pr.t r ẖnm.t nt(y).t ḥr w[...] 10 [...] m ḫnt r mȝȝ ṯs n
Ḥwʿ r rd.t rḫ.t wȝ.wt n(y).t sqd.wt [...] 11 [...] [rḫ.t n] sqr.w-ʿnḫ gm~n⸗sn jm nḥsy.w 3 jḥ ṯȝy
ḥm.t 113 ʿȝ ṯȝy ḥm.t 11 ȝbd 3 ȝḫ.t [...] 12 [...] [mḥ]y.t qȝ wr.t n pr.t ṯs n Ḥwʿ pr.t ṯs pn m ḥtp
sqd.w [...] 13 [...] wnšk rn⸗s r rsy ṯs n Ḥwʿ ḥtp m sḥ jry jm [...]

TRADUCTION

[... les Nub]iens [... pour accomplir ...] [... cette armée], ils mordaient d’envie de se battre,
de se ruer sur toutes choses, en venant [...] avec vous. « Vous n’avez été pourvu d’aucun
commandement. En vérité, Ma Majesté vous a donné un ordre, cela signifie [...] l’entourage
[des] Nubiens tombèrent afin que Ma [Majesté] sache que [...] vous avez fait [...] Ils ne furent
pas commandés. » Puis Sa Majesté les frappa lui-même avec une masse qui était dans [sa]
main [...] le banc de sable Ḥwʿ durant l’apparition du roi dans la contrée étrangère
occidentale. Alors, l’armée fut assiégée [...] entièrement, une multitude de toutes choses.
Ainsi, Sa Majesté établit un commandement à ces hommes à propos de ce qu’ils devaient
faire. Ils firent des louanges [...] de la part des troupes de l’armée, qui étaient à l’avant, ils
montèrent vers le palais. Puis, Sa Majesté demanda les plans [...] Sa Majesté ordonna
d’envoyer 124 hommes de l’armée en direction du puits qui est sur [...] en naviguant vers le
Sud afin de voir le banc de sable de Ḥwʿ et de faire en sorte de connaître les chemins de
navigation [...] [... Liste des] prisonniers, ils se sont trouvés là : 3 Nubiens et 113 bœufs mâles
et femelles, 11 ânes mâles et femelles, le troisième mois de la saison akhet [...] le grand [vent
du Nord] avait élevé le banc de sable de Ḥwʿ. L’émergence de ce banc de sable s’apaisa. La
navigation [...] son nom au Sud du band de sable de Ḥwʿ. Apaisé dans la salle qui était
construite là [...]

151
Texte A17 : Akhénaton

PRÉSENTATION DU TEXTE

Ce récit lacunaire est composé de huit fragments découverts à Buhen, deux ont été révélés
dans la partie septentrionale du parvis à colonnes du temple Nord par l’expédition de
l’Université de Pennsylvanie en 1909340. Les six autres dans un pilier de brique moderne
soutenant le toit de protection du temple Sud en 1960341. Comme le souligne H.S. Smith, la
stèle a été possiblement brisée durant la persécution amarnienne, par la suite les fragments ont
été dispersés342. Plusieurs représentations semblent figurer cette activité militaire en Nubie,
fait assez rare durant le règne d’Akhénaton343. Enfin, il reste à mentionner la stèle d’Amada
(JE 41806) qui semble relater le même événement344.
Cette Königsnovelle raconte comment le souverain parvient à mater la rébellion organisée
par la population de la contrée d’Akayta en Nubie.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Rébellions et répression des révoltes (Roi guerrier et conquérant).

DATATION

XVIIIe dynastie345.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

A.M. BLACKMAN, « The Northern Temple », dans D. Randall-MacIver, C.L. Woolley (éds),
Buhen, Philadelphie, 1911, p. 91-92.

W. HELCK, « Ein "Feldzug" unter Amenophis IV. gegen Nubien », SAK 8, p. 117-126.

B. HOFMANN, Die Königsnovelle: “Strukturanalyse am Einzelwerk”, ÄAT 62, 2004, p. 284-


288.

W.J. MURNANE, Texts from the Amarna period in Egypt, Writings from the ancient World 5,
1995, p. 101-102.

340
. H.S. SMITH, The Fortress of Buhen. The Inscriptions, ExcMem 48, 1976, p. 124-125.
341
. A.R. SCHULMAN, « The Nubian war of Akhenaton », dans Anonymous (éd.), L'Égyptologie en 1979: axes
prioritaires de recherches 2, Paris, 1982, p. 301.
342
. H.S. SMITH, op. cit., p. 128.
343
. A.R. SCHULMAN, op. cit., p. 307-311.
344
. W.J. MURNANE, Texts from the Amarna period in Egypt, Writings from the ancient World 5, 1995, p. 102.
345
. XIVe s. av. notre ère.

152
A.R. SCHULMAN, « The Nubian war of Akhenaton », dans Anonymous (éd.), L'Égyptologie
en 1979: axes prioritaires de recherches 2, Paris, 1982, p. 299-316.

H.S. SMITH, The Fortress of Buhen. The Inscriptions, ExcMem 48, 1976, p. 124-129 et
pl. XXIX ; pl. LXXV.

TRANSCRIPTION

1 2

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153
TRANSLITTÉRATION

1 rnp.t sp 12 ȝbd 3 ȝḫ.t sw 20 ḥqȝ nḫt ḫpš mry Jtn m tȝ r-ḏr⸗f 2 n(y)-sw.t bjty ʿnḫ m mȝʿ.t nb
Tȝ.wy Nfr-ḫpr.w-Rʿ [wʿ-Rʿ] sȝ Rʿ ʿnḫ m mȝʿ.t nb ḫʿ.w [ȝḫ-n-Jtn] ʿȝ m ʿḥʿ⸗f d(w) ʿnḫ ḏ.t n nḥḥ
3 ḫʿ.w ḥr s.t jt⸗f pȝ Jtn mj Rʿ m p.t tȝ rʿ nb jst ḥm⸗f m ȝḫ.t-Jtn jw⸗tw r ḏd n ḥm⸗f 4 nȝ n ḫrw.w n
ḫȝs.t Jkȝy.t kȝ~n⸗sn bštw r Km.t hȝ⸗sn r tȝ 5 Nḥsj ḥr nḥm ʿnḫ.t(.t) nb<.t> r⸗sn nmjw spȝ.t
nb<.t> r [...] 6 wn~jn ḥm⸗f ḥr d m ḥr n pȝ sȝ n(y)-sw.t n Kš (j)m(y)-r(ȝ) ḫȝs.wt rsy.wt r snhy
mšʿ r sḫr.t nȝ n 7 ḫrw.w n ḫȝs.t Jkȝy.t ṯȝy.w mj ḥm.wt gm~n⸗tw nȝ n ḫrw.w r-gs jbȝ.t n 8
j<t>rw ḥr mḥ.t.t n šd.t-bjȝ.t346 jn~n sn pȝ ḫpš n pȝ ḥqȝ m rʿ wʿ m nw.t wʿ.t jrw ḫȝ(y).t ʿȝ.t 9 ḥr
ḫȝs.t ḥnʿ pȝ m-dy ḥr-gs mj jwtj.w ḫpr Jkȝy.t qȝ.t ḫrw.w ʿȝ.w m jb.w⸗sn mȝj ḥsȝ pȝ ḥqȝ smȝ~n⸗f
sn ẖr wḏ.t jt⸗f Jtn 11 m qn.t nḫt.t rḫ.t ḥȝq jn~n ḥm⸗f ḥr ḫȝs.t Jkȝy.t Nḥsj ʿnḫ 84 mgȝ.w 12 [...]
Nḥsj.t [...] ẖrd.w⸗sn 12 dmḏ tp ʿnḫ 145 nty ḥr tp ḫtw 13 [...] d.wt jry [...] dmḏ 225 smȝ tp 361
sȝ n(y)-sw.t n Kš (j)m(y)-r(ȝ) ḫȝs.wt rsy.wt 14 Ḏḥwtj-ms ḥr ḏd jnḏ-ḥr⸗k nṯr pn nfr [...] 15 snḏ⸗k
m jb.w⸗sn nn wn bštw m hȝw⸗k pḥ tw r tm wnn wr bȝw⸗k 16 r pḥ tw nṯr pn nfr ʿȝ pḥ.ty⸗k
hmhm⸗k mj hh nsr.t m-sȝ ḫȝs.t nb.t 17 tȝ nb m ḥtp jj n⸗k ḫȝs.t nb.t twt.w m jb wʿ.ty fkw⸗sn tȝ⸗sn
m-mn.t 18 d⸗sn n⸗k ḏs⸗k msw.w⸗sn r sbj⸗w ṯȝw r fnḏ⸗sn jn kȝ⸗k nb Tȝ.wy Wʿ-n-Rʿ jry.w kȝ⸗k r
pḥ tw [...]

TRADUCTION

L’an 12347, le troisième mois d’akhet, jour 20. Le souverain, puissant de pouvoir, aimé par
Aton dans le pays entier. Le roi de Haute et Basse-Égypte, vivant dans la vérité, seigneur du
Double-Pays Neferkheperourê, [l’Unique de Rê], fils de Rê, vivant de la justice, seigneur des
apparitions, [Akhénaton], grand de son existence, doué de vie pour toujours et à jamais.
Apparu sur le trône de son père Aton, comme Rê dans le ciel et la terre chaque jour. Alors Sa
Majesté se trouvait à Akhétaton. On vint dire à Sa Majesté : « Les ennemis de la contrée
étrangère d’Akayta, ils ont songé à une rébellion contre l’Égypte, ils descendent vers la
terre nubienne pour leur voler tout le blé, parcourant chaque région pour [...] » Alors Sa
Majesté ordonna au fils du roi de Kouch, général des contrées étrangères du Sud, de
rassembler l’armée pour renverser les ennemis de la contrée étrangère d’Akayta, les hommes
comme les femmes. On trouva les ennemis du côté Est du fleuve, au Nord de la citerne. Le

346
. H.S. Smith lit le terme yḫyt (H.S. SMITH, op. cit., p. 124-127). Quant à B. Hofmann, elle propose de lire bj.t
« steinbruch » et šd.t « zisterne ». B. HOFMANN, op. cit., p. 285).
347
. A.R. SCHULMAN, op. cit., p. 301, note 16 ; W. HELCK, « Ein "Feldzug" unter Amenophis IV. gegen
Nubien », SAK 8, p. 118-119.

154
bras puissant du souverain les atteignit (?) en un seul instant, faisant un grand massacre sur
le désert [...] en présence de [...]. Akayta exultait, les cris de victoire étaient dans leurs
esprits. Le lion sauvage, le souverain les tua selon l’ordre de son père Aton, grâce à la
bravoure et la force. Liste de la capture, Sa Majesté a apporté de la contrée étrangère
d’Akayta : 84 Nubiens vivants, jeunes soldats [...], Nubiennes [...] et 12 de leurs enfants.
Total de têtes vivantes : 145 et têtes empalées348 [...], mains appartenant à [...] total : 225.
Têtes tuées : 361. Le fils du roi de Kouch, général des contrées étrangères du Sud,
Thoutmosis dit : « Salut à toi, ce dieu parfait [...]. La crainte que tu inspires est dans leurs
esprits. Il n’y a pas de massacre durant ton époque. Celui qui t’attaque n’existera plus. Grand
est ton pouvoir-baou contre celui qui attaque, ce dieu parfait, grande est ta force, ton
rugissement est comme l’ardeur de la flamme derrière chaque contrée étrangère. Chaque pays
est en paix et vient à toi. Chaque contrée étrangère est complète en sa conscience unique. Ils
font vider leurs terres quotidiennement, ils te donnent en personne leurs enfants pour que leur
souffle de leurs narines passe par ton ka, seigneur du Double-Pays, l’Unique de Rê, puisse ton
ka agir contre celui qui attaque [...]

348
. W.J. MURNANE, loc. cit.

155
Texte A18 : Séthy Ier

PRÉSENTATION DU TEXTE

Le temple de Kanaïs construit à quelques kilomètres de la ville d’Edfou a été découvert par
F. Cailliaud au début du XIXe siècle349. On y trouve une triple inscription que S. Schott a
désignée comme étant les textes A, B et C 350 . Ces derniers sont indépendants mais
fonctionnent ensemble, pour la présente étude le texte C a été écarté car il ne se présente pas
sous la forme d’une Königsnovelle. La section A fait en réalité suite à la section B car il s’agit
de l’éloge prononcé par la cour du roi après l’acte extraordinaire effectué par pharaon dans la
longue inscription.
Le récit raconte qu’en se promenant dans le désert, Séthy Ier décide d’y faire creuser un
puits afin de faciliter la traversée des voyageurs et notamment celle des futures expéditions
qui viendront y chercher de l’or.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Activité économique (Manifestation de la nature divine du roi).

DATATION

XIXe dynastie351.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

A. BERNAND, Le Paneion d’El-Kanaïs. Les inscriptions grecques, Leyde, 1972, p. 63-65.

P.J. BRAND, The Monuments of Seti I. Epigraphic, Historical and Art Historical Analysis,
PdÄ 16, 2000, p. 279-281.

J.H. BREASTED, Ancient Records of Egypt III: The Nineteenth Dynasty, Chicago, 1906, p. 79-
83 et p. 86-87.

H. GAUTHIER, « Le temple de l’ouâdi Mîyah (el Knaïs) », BIFAO 17, 1920, p. 1-38.

R. GUNDLACH, « Strukturfragen bei der Analyse und Interpretation ägyptischer historischer


Texte », dans W.F. Reineke (éd.), Acts: First International Congress of Egyptology, Cairo
October 2-10, 1976, Berlin, 1979, p. 268-269.
349
. Pour plus de précisions voir H. GAUTHIER, « Le temple de l’ouâdi Mîyah (el Knaïs) », BIFAO 17, 1920, p. 3-
7.
350
. S. SCHOTT, Der Tempel Sethos I. im Wâdi Mia, Göttingen, 1961, p. 139-159.
351
. XIIIe s. av. notre ère.

156
K.A. KITCHEN, Ramesside Inscriptions. Historical and Biographical I, Oxford, p. 65-70.

K.A. KITCHEN, Ramesside Inscriptions Translated and Annotated: Translations I, Oxford,


1993, p. 56-60.

J. KITTI PAKSI, « Linguistic Inclusiveness in Seti I’s Kanais Inscription », LingAeg 23, 2015,
p. 175-196.

M. LICHTHEIM, Ancient Egyptian Literature: a book of readings. Vol 2. The New Kingdom,
Londres, 1976, p. 52-54.

S. SCHOTT, Kanais : Der Tempel Sethos I. im Wâdi Mia, NAWG 6, 1961, p. 130-187 et pl. 19
(b)-(a).

L. VILLIERS-MORIAMÉ, Les inscriptions de Kanaïs. Traduction commentée, mémoire de


master 2, Université Paul Valéry, Montpellier, 2006.

TRANSCRIPTION

Section B

157
8

10

11

12

13

14

Section A

158
TRANSLITTÉRATION

Section B

1 rnp.t-sp 9 ȝbd ȝ šmw sw 20 ḫr Ḥm n Ḥr kȝ nḫt ḫʿ m Wȝs.t sʿnḫ Tȝ.wy Nb.ty wḥm msw.t sḫm
ḫpš dr pḏ.t Ḥr nbw wḥm ḫʿ.w wsr pḏ.wt m tȝ.w nb.w n(y)-sw.t bjty Mn-Mȝʿ.t-R sȝ Rʿ Stẖ.y
mr~n Ptḥ d(w) ʿnḫ ḏ.t nḥḥ ḥrw pn jst ḥm⸗f smȝʿ⸗f ḫȝs.wt r r-ʿ(wy) ḏw.w ȝb~n 2 jb⸗f mȝȝ
jn(ȝ)w.t jnnw ḏʿmw jm⸗sn jr m-ḫt ḥm⸗f m ṯsy m rḫ.wt jtrw ʿšȝ jr~jn⸗f sḫn ḥr wȝ.t r wȝwȝ sḥ ḥnʿ
jb⸗f ḏd~jn⸗f qsn.wy wȝ.t jwty n mw⸗s ḫpr mj m(j) m-ʿ 3 m šʿ-rdw.w sswn r⸗f jr⸗f nḏȝ ḫḫ⸗sn jn-
m(j) ʿḫm d(w)⸗f jb.t⸗sn tȝ wȝw ḫȝs.t wsḫ⸗ṯ jʿnw n⸗f s jby ḥr nknw jsy m(j) 4 nḏ⸗j ḫr.t⸗sn jry⸗j
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wḫȝ st jr.t ẖnw jst gr.t nṯr ḥr sšm.t⸗f r rd.t spr.t mr~n⸗f sḥnw kȝ.wt 6 m jnr r šd.t ẖnm.t m ḏw m-
[mrw.t ... qȝ.t] wrdw r sqbb⸗f [jb352⸗f mȝḫ] m šmw ʿḥʿ~n ḫws s.t ḥr rn Mn-Mȝʿ.t-Rʿ bʿḥ~n s.t
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ḏw pn ḥw.t-nṯr [nn n nṯr.w] Jmn jm⸗s Rʿ ẖnw⸗s Ptḥ Wsjr m ḥw.t-ʿȝ.t⸗s Ḥr ȝs.t Mn-Mȝʿ.t-Rʿ
psḏ.t 11 jm.t ḥw.t-nṯr tn jr m-ḫt mnqw mnnw⸗s jqr jrw sẖȝw⸗f jw~jn ḥm⸗f r dwȝ jt.w [nṯr.w]
nb.w ḏd⸗f jnḏ-ḥr⸗tn nṯr.w wr.w grg.w p.t tȝ n jb⸗sn ḥsy⸗tn wj 12 r r-ʿ nḥḥ sḏdw⸗tn rn⸗j ḏ.t mh
ȝḫ⸗j mj nfr⸗j n⸗tn mj nhs⸗j ḥr ḫrt(⸗tn) mr⸗tn jḫ ḏd⸗tn n jw.t⸗sn m n(y).w-sw.wt sr.yw rḫy.t
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ḏs⸗tn jry⸗tw ḥr r(ȝ)⸗tn ḥr nty nttn nȝ (n) nb.w jrj~n⸗j ʿḥʿ(w)⸗j qn⸗j n⸗tn 14 r wḫȝ snfr⸗j m d⸗tn
jmj mn n⸗j mnw⸗j jw rn⸗j ḏd⸗w ḥr⸗sn nṯr nfr nb Tȝ.wy Mn-Mȝʿ.t-Rʿ sȝ Rʿ nb ḫʿ.w Stẖ.y mr~n
Ptḥ d(w) ʿnḫ ḏd wȝs Nḫb.t ḥḏ.t Nḫn

Section A

Ḥr kȝ nḫt ḫʿ m Wȝs.t sʿnḫ Tȝ.wy n(y)-sw.t bjty [Mn-Mȝʿ.t-Rʿ jr~n⸗f] m mnw⸗f n jt⸗f Jmn-Rʿ ḥnʿ
psḏ.t⸗f jr.t n⸗sn ḥw.t-nṯr m mȝw.t nṯr.w hr m ẖnw sšd~n⸗f ẖnm.t m-bȝḥ nn sp jr⸗t(w) mjt.t⸗s jn

352
. Nous serions tentés de voir un jeux de mots avec le terme jb.t signifiant « soif ».

159
n(y)-sw.t nb wp(w)-ḥr n(y)-sw.t jr.t ȝḫw sȝ Rʿ Stẖ.y mr~n Ptḥ mnjw nfr sʿnḫ mšʿ⸗f jt mw.t n ḥr
nb ḏd~jn⸗sn m r(ȝ) n r(ȝ) Jmn jm n⸗f (n)ḥḥ q(ȝ)b n⸗f ḏ.t nṯrw jmy.w tȝ ẖnm.t d(w) tn n⸗f ʿḥʿw⸗tn
mj wn⸗f n⸗n tȝ wȝ.t r šm.t wn⸗s [šr]⸗tj n ḥr⸗n tȝ wn⸗n ḥr (ḏd) sn⸗n swḏȝ⸗n tw⸗n ḥr (ḏd) pḥ⸗n
sʿnḫ⸗n tȝ wȝ.t štȝ(.t) wn(.t) m jb⸗n ḫpr⸗ṯ m wȝ.t nfr.t d(w)⸗f wn tȝ ṯs.t pȝ nbw mj pȝ nȝ(w) pȝ bjk
ḏȝmw nb nty r ḫpr ḥr nḥ.t n⸗f (n)ḥḥ jr⸗f ḥb-sd mj Tm(w) rnp⸗f mj Ḥr bḥd.t mj jr~n⸗f mnw ḥr
ḫȝs.wt n nṯr.w nb.w (mj) šd~n⸗f mw ḥr ḏw.w [wn wȝw] r r(m)ṯ wʿr.t nb(.t) ḫndw ḥr ḫȝs.wt m
(ḏd) ʿ.w.s n n(y)-sw.t bjty Mn-Mȝʿ.t-Rʿ mr(y) Jmn-Rʿ n(y)-sw.t nṯr.w

TRADUCTION

Section B

L’an 9, troisième mois de chémou, jour 20 sous la Majesté de l’Horus, taureau victorieux
apparu à Thèbes, qui fait vivre le Double-Pays, le roi de Haute et Basse-Égypte, celui des
Deux Maîtresses qui renouvelle les naissances et dont le bras puissant repousse les Neuf arcs,
l’Horus d’or, celui qui renouvelle les apparitions et dont les arcs sont puissants dans tous les
pays, Menmaâtrê, le fils de Rê, Séthy l’aimé de Ptah, qu’il soit en vie pour toujours et à
jamais. Ce jour-là, ainsi Sa Majesté inspectait les contrées étrangères jusqu’aux limites
des montagnes car son esprit désirait voir les carrières d’où est rapporté l’électrum.
Après que Sa Majesté ait parcouru un nombre important d’itérou, il resta sur le chemin
afin de prendre conseil avec sa conscience. Il dit : « Que c’est pénible une route sans son
eau ! Que doivent faire les voyageurs pour supprimer le dessèchement de leur gorge ?
Qui étanche leur soif ? Le pays est si loin et le désert est si vaste ! Malheur à l’homme
assoiffé dans la zone sauvage353 ! Eh bien354, je vais prendre soin d’eux, je vais faire en sorte
d’agir pour qu’ils subsistent. Ils rendront grâce à mon nom dans la postérité et les années à
venir. Les jeunes générations m’exalteront pour ma puissance car c’est moi qui fus prévenant
et attentionné envers les voyageurs ! » Après que Sa Majesté eut prononcé ses paroles dans
son propre esprit, il se promena dans le désert cherchant un lieu pour engendrer un point
d’eau. Alors, dieu le guida afin de permettre que la requête de celui qui l’aime se réalise. Les
travailleurs de la pierre furent commandés de creuser un puits dans la montagne afin [de
relever] le fatigué, qu’il puisse rafraîchir son esprit brûlant durant l’été. Alors, la place fut
érigée et nommée « Menmaâtrê ». Elle était emplie d’eau en grande quantité comme la

353
. M. LICHTHEIM, Ancient Egyptian Literature: a book of readings. Vol 2. The New Kingdom, Londres, 1976,
p. 54.
354
. B. MATHIEU, « Stèle royale de Ramsès II dite “Stèle de Kouban” », 2015, p. 2.

160
caverne des deux sources à Éléphantine. Sa Majesté dit : « Vois, le dieu a accompli ma
demande en faisant jaillir pour moi l’eau des montagnes. Depuis (l’époque) des dieux, le
chemin était pénible et a été rendu plaisant sous mon règne. Les pâturages sont profitables aux
bergers. La largeur du pays est facilitée lorsque le roi est actif. Tout acte qui n’a pas été
connu, [...] a fait en sorte que [...] par moi. Un autre acte parfait est provenu de mon esprit
grâce au commandement du dieu également : fonder une ville avec en son sein un sanctuaire.
Noble est la ville possédant un temple. Je vais bâtir un sanctuaire en ce lieu portant le nom
des pères, [les dieux]. Puissent-ils établir ce que j’ai accompli et affermir mon nom partout
dans les contrées étrangères. Alors, Sa Majesté ordonna au contrôleur des travaux royaux qui
était en sa compagnie en tant que tailleur de pierre355. On fit un temple pour [ces dieux] en
creusant dans cette montagne. Amon est dedans ainsi que Rê, Ptah et Osiris sont dans sa
grande salle, Horus, Isis et Menmaâtrê sont l’ennéade dans ce temple. Après que son
monument parfait fut achevé et ses écrits établis, Sa Majesté adora les pères et tous les [dieux]
et il dit : « Salut à vous, grands dieux qui avaient fondé le ciel et la terre grâce à vos esprits !
Puissiez-vous me louer pour l’éternité et perpétuer mon nom pour toujours étant donné que je
suis bon avec vous et que je veille sur [...] affaires. Alors, puissiez-vous parler à ceux qui
viendront, rois, notables et peuple qui me confirmeront ce que j’ai accompli lorsque j’étais
dans ma demeure à Abydos. Parfait celui qui agit selon la parole du dieu car ses desseins ne
peuvent pas échouer ! Parlez, vous agirez, vos paroles seront respectées car vous êtes les
seigneurs ! Je passe mon existence à être brave pour vous, afin de rechercher mon bien-être
grâce à ce que vous faites. Faites pour moi que mes monuments soient durables et que mon
nom soit stable sur eux ! » Le dieu parfait, seigneur du Double-Pays, Menmaâtrê, le fils de
Rê, seigneur des couronnes, Séthy l’aimé de Ptah, qu’il soit en vie, stable et puissant, Nekhbet
la blanche de Nékhen.

Section A

L’Horus, taureau victorieux apparu à Thèbes, qui fait vivre le Double-Pays, le roi de Haute et
Basse-Égypte [Menmaâtrê. Il a construit] sous forme de monument pour son père Amon-Rê
en compagnie de son ennéade, en faisant pour eux un nouveau temple, les dieux s’y
réjouissent à l’intérieur. Il a creusé un puits devant lui. Aucune chose semblable n’avait été
faite par aucun roi à l’exception du roi faisant ce qui est utile, le fils de Rê, Séthy l’aimé de
Ptah, le parfait berger qui approvisionne son armée, père et mère de chacun. Alors ils

355
. M. LICHTHEIM, loc. cit.

161
dirent de bouche en bouche : « Amon donne lui la pérennité, double pour lui l’éternité.
Divinités qui demeurent dans ce puits, accordez-lui votre existence dans la mesure où il nous
a ouvert ce chemin afin de passer car il nous bloquait. Nous disions : “Si nous dépassons nous
serons préservés”, nous disons (à présent) : “Si nous atteignons nous vivrons”. Le chemin qui
était difficile en nos esprits s’est transformé en un chemin parfait. Il a fait en sorte de
transporter l’or tel le regard d’un faucon. Toutes les jeunes générations à venir lui souhaitent
l’éternité. Puisse-t-il avoir des jubilés comme Atoum, qu’il soit jeune comme Horus de
Béhédet car il a fait un monument dans les contrées étrangères pour tous les dieux. Il a puisé
l’eau des montagnes alors qu’elle était loin des hommes ! Chaque pied qui foule les contrées
étrangères disent : “v.s.f au roi de Haute et Basse-Égypte Menmaâtrê, l’aimé d’Amon-Rê, roi
des dieux”. »

162
Texte A19 : Ramsès II

PRÉSENTATION DU TEXTE

La stèle en question a été découverte en 1842 à Kouban, anciennement nommée Baky.


D’après plusieurs chercheurs, elle a été mise au jour par É. Prisse d’Avennes356. Il semblerait
pourtant qu’il faille attribuer en réalité cette découverte au comte L. de Saint-Ferriol qui aurait
offert par la suite un estampage de l’inscription à É. Prisse d’Avennes357. Cette stèle de granit
se trouve amputée de sa partie inférieure droite mais le texte possède un parallèle dans le
temple d’Akcha qui est daté de l’an 3 du règne de Ramsès II358.
Ce récit raconte comment Ramsès II est parvenu à approvisionner en eau la route qui
menait vers les mines d’or d’Akayta par le creusement d’un puits.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Activité économique (Manifestation de la nature divine du roi).

DATATION

XIXe dynastie359.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

J. ASSMANN, Ägyptische Hymnen und Gebete übersetzt, kommentiert und eingeleitet2, 1999,
p. 532-534.

J.H. BREASTED, Ancient Records of Egypt III: The Nineteenth Dynasty, Chicago, 1906,
p. 117-123.

Fr. CHABAS, « Études égyptiennes, III : Ramsès II – L’inscription de Kouban », Mémoires de


la Société d’histoire et d’archéologie de Chalon-sur-Saône IV, 1862.

B.G. DAVIES, Egyptian Historical Inscriptions of the Nineteenth Dynasty, Documenta Mundi
Aegyptiaca 2, 1997, p. 233-244.

356
. Fr. CHABAS, « Études égyptiennes, III : Ramsès II – L’inscription de Kouban », Mémoires de la Société
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TRANSLITTÉRATION

1 rnp.t-sp 3 ȝbd tp(y) (ny) pr.t sw 4 ḫr ḥm n(y) Ḥr kȝ nḫt Mry-mȝʿ.t Nb.ty Mk(w)-Km.t Wʿfw-
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ms(w)-sw Mry-Jmn d(w) ʿnḫ.t ḏ.t ḥḥ mry Jmn-Rʿ nb ns.wt Tȝ.wy ḫnt(y) Jp.t2-s.wt ḫʿ(w) ḥr s.t
Ḥr n(y).t ʿnḫw.w mj jt⸗f Rʿ rʿ nb nṯr nfr nb Tȝ-Šmʿw Bḥḏt(y) sȝb šw.t bjk nfr n(y) ḏʿm ḫw~n⸗f
Km.t m ḏnḥ⸗f jr(w) šwb.t n rḫy.t m sbty n(y) qn nḫtw pr~n⸗f 3 m ẖ.t ḥr(⸗w) r jṯ(.t) pḥ.ty⸗f ḥr
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nṯr.w ḥr mtw.t⸗n jm⸗f 4 nṯr.y(t) ḥr pr~n⸗f jm⸗n r jr.t nsy.t n(y.t) Rʿ Jmn ḥr jnk jr(w) sw rd~n⸗j
Mȝʿ.t r s.t⸗s tȝ smn(⸗w) p.t hr⸗tj psḏ.t ḥtp⸗tj ḥr sp⸗f kȝ nḫt r Kš ẖsy khȝ(w) 5 dnj.wt r Tȝ-Nḥs
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sšd šw.ty ḥr sḫȝ.t ḫȝs.wt jnn(w.t) nwb jm⸗sn ḥr wȝwȝ sḫrw n(y) šd 9 ẖnm.yt ḥr wȝ.wt qsn.wt ḥr
mw m-ḫt sḏm⸗tw r-ḏd jw wn nwb ʿšȝ ḥr ḫȝs.t Jkȝyt ḫr wȝ.t⸗s qsn⸗tj ḥr mw r-jqr jr šm(w) nhy m
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r(ȝ)⸗sn ḥr⸗s ḥr sḫrw n(y) wbȝ ẖnm.t ḥr wȝ.t⸗s ḏd~jn⸗sn ḫft ḥm⸗f tw⸗k mj Rʿ m jr(w.t)~n⸗k nb.t
mrr(w).t jb⸗k ḥr bs.t jr ȝb(w)⸗k sḫrw m grḥ ḥḏ~(nȝ) tȝ jw⸗f ḫpr(⸗w) ȝs tw⸗n 14 ḥr ptr qnw m
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wp.t m-ḫmt=k jr~n⸗k r(ȝ)-ḥry n(y) pȝ mšʿ jw⸗k m ḥwn n(y) mḥ(w) rnp.t 10 kȝ.t nb(.t) wn(w.t)
ḥr ḫpr m ḏr.t⸗k jrr(w).t snty.t⸗s jr ḏd(w)⸗k n mw mj ḥr ḏw pr Nwn 18 ȝs m-sȝ r(ȝ)⸗k mj ntk Rʿ
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s.t-ns⸗k Pr-wr ø n(y) Mȝʿ.t ḥms nṯr ḥr sp.ty⸗ky md.wt⸗k ḥr ḫpr rʿ nb 19 jr~n⸗tw ḥ3ty=k m-sn-r
Ptḥ qmȝ(w) ḥmw.wt jw⸗k r ḥḥ jrr⸗tw m sḫrw.w⸗k sḏm⸗tw ḏd(w).wt⸗k nb.(w)t jty nb⸗n jr ḫȝs.t
Jkȝyt ḏdy.t ø nn r⸗s jw ḏd~n pȝ sȝ-n(y)-sw.t n(y) Kš ẖsy 20 r⸗s m-bȝḥ ḥm⸗f jw⸗s m pȝy sḫrw
qsn{.ṯ} ḥr mw ḏr rk nṯr jw(⸗tw) m(w)t⸗tw ḥr⸗s n jb.t jw ȝb~n n(y)-sw.t nb n(y) ẖr(y)-ḥȝ.t wbȝ
ẖnm.t ḥr⸗s bw ḫpr rwd⸗sn jw 21 jr~n n(y)-sw(.t) Mn-Mȝʿ.t-Rʿ m-mjt.t rd~n⸗f šd⸗tw ẖnm.t n(y)
120 mḥ m mḏw.t m hȝw⸗f ḫȝ~n⸗tw⸗s ḥr wȝ.t bw pr mw jm⸗s jr ḏd(w)⸗k ḏs⸗k n jt⸗k Ḥʿpy 22 jt
nṯr.w jm bs mw ḥr-tp ḏw jw⸗f r jr.t mj ḏd(w).t nb(.t) mj sḫrw.w nb(.w) nty(.w) ḥr ḫpr m-bȝḫ⸗n
jw bw sḏm⸗tw⸗w m sḏd(w).t ḥr-nt(y).t mrr tw jt.w⸗k nṯr.w nb.w r n(y)-sw.t nb 23 ḫpr(w) ḏr Rʿ
ḏd~jn ḥm⸗f n wr.w j.pn mȝʿ.t ø (2 sp) ḏd(w)⸗tn nb(.t) dḥw.w(⸗j) bw ø šd⸗w mw ḥr ḫȝs.t tn ḏr rk
nṯr mj ḏdw⸗tn jnk wbȝ(w)⸗j ẖnm.t jm ḥr rd.t mw rʿ nb mj 24 [...] ḥr wḏ jt(⸗j) Jmn-Rʿ nb ns.wt
Tȝ.wy Ḥr.w nb.w Tȝ-Stj mj jʿ⸗sn jb m mrr(w).t jw⸗j r rd.t ḏd⸗tw m tȝ 25 [...] ḥr dwȝ nb⸗sn ḥr
sn-tȝ ḥr rd.t ḥr ẖ.t m-bȝḥ ḥr sgbw.w r qȝ.t ny.t p.t ḏd~jn ḥm⸗f n (j)m(y)-r(ȝ) sš(.w) n(y)-sw(.t)
(j)r(y) ʿ n(y) 26 n(y) wȝ.t r Jkȝyt dd⸗k ḫpr ȝbd n hrw jw hȝb[⸗k n...] 27 [...] n⸗f mj rdy.t m ḥr⸗f
jst wn~(j)n⸗f ḥr sḥn.t rmṯ r [...] 28 [...] pt{r}j sy nȝ jrrw pȝ sȝ-n(y)-sw.t jn jw pȝ mw [...] 29
[...] wȝ.t r Jkȝyt nn sp jr⸗t(w) mjt.t ḏr n(y).w-sw(.t) jmy.w-[...] 30 [...] rm.w n(y.w) š.w qʿḥ.w
n(y.)w ẖȝ.t jdḥw ḥr sḏȝ-ḥr=f m qmȝ [...] 31 [...] ḫpš⸗f mj ḥmw mȝʿw jw⸗t(w) ẖr wst.t m-ʿ pȝ sȝ-
n(y)-sw.t n(y) Kš ẖsy r-[...] 32 [...] ḏd(w).t~n ḥm⸗k m r(ȝ)⸗f ḏs⸗f pr~n mw jm⸗s ḥr 12 mḥ jw 4
mḥ jm⸗sn m mḏw.t [...] 33 [...]⸗st r-bl mj sḫrw n(y) jrrw nṯr m jʿ-jb m mrrw.t⸗k nn sp jr⸗t(w)
[...] 34 [...] Jkȝyt ḥr nhm m ršw.t ʿȝ.t nȝ wn(w.w) wȝw⸗w [...] 35 [...] pȝ ḥqȝ (r-ḏd) pȝ mw nty
m dwȝ.t ḥr sḏm n⸗f šdy⸗f mw ḥr pȝ ḏw [...] 36 [...] n⸗f m pȝ sȝ-n(y)-sw.t ḥr hȝb wn~jn⸗sn
nfr(⸗w) ḥr [...] 37 [...] mnḫ sḫrw.w nfr mtr.wt ḏd(w).t⸗k nb(.t) [...] 38 [...] ẖnm.t tn r ṯȝ ẖnm.t
Rʿ-ms(w)-sw Mry-Jmn qn m [...]

TRADUCTION

L’an 3, premier mois de peret, jour 4, sous la Majesté de l’Horus, taureau victorieux, l’aimé
de Maât, celui des Deux Maîtresses, celui qui a protégé l’Égypte et a assujetti les contrées
étrangères, le faucon d’or, riche en années et aux grandes victoires, le roi de Haute et Basse-
Égypte, Ousermaâtrê-Setepenrê, le fils de Rê, Ramsès-Méryamon, doué de vie pour toujours

168
et à jamais, l’aimé d’Amon-Rê, le seigneur des trônes du Double-Pays qui préside à Ipet-Sout,
apparu sur le trône d’Horus des vivants comme son père Rê chaque jour. Le dieu parfait,
seigneur du pays du Sud, celui de Béhédet au plumage tacheté, le faucon parfait d’électrum
qui a protégé l’Égypte grâce à son aile et fait de l’ombre pour le peuple grâce à un rempart de
bravoure et de victoire. Il est sorti du sein tout préparé à saisir (la royauté)360, sa force
élargissant ses frontières. On avait doté son corps de sang rouge encre grâce aux victoires de
Montou. Les deux seigneurs se réjouissaient dans le ciel le jour de sa venue au monde361. Les
dieux (disant) : « Notre semence est en lui ! », les déesses (disant) : « Il est sorti de nous afin
d’exercer la royauté de Rê ! » et Amon (disant) : « C’est moi qui l’ai engendré après avoir
mis Maât à sa place ! » La terre est rétablie et le ciel est content. L’Ennéade est satisfaite de sa
réussite. Le taureau victorieux de la vile Kouch hurle des mugissements contre le pays nubien,
ses sabots piétinent les Iountyou et sa corne les transperce. Son pouvoir-baou triomphe dans
Khent-hen-nefer. La terreur qu’il inspire atteint Kary. Son nom voyage dans tous les pays
grâce aux victoires accomplies par son action. L’or sort de la montagne à son nom comme à
celui de son père Horus, seigneur de Baky. L’amour qu’il inspire est grand dans les contrées
méridionales comme Horus de Miâm et le seigneur de Buhen. Le roi de Haute et Basse-
Égypte, le fils de Rê de sa chair, seigneur des couronnes, Ramsès-Méryamon, doué de vie
pour toujours et à jamais, comme son père Rê chaque jour. Or Sa Majesté était à Hout-ka-
Ptah en accomplissant ce que louent ses pères, tous les dieux du Sud et du Nord, dans la
mesure où ils lui avaient accordé bravoure, victoire et une longue existence de millions
d’années. Un beau jour, Sa Majesté qui siégeait sur le trône d’électrum et apparaissait
avec le bandeau-séched et deux plumes, songea aux contrées étrangères d’où l’on
rapporte l’or et réfléchit au dessein de forer des puits sur les routes pénibles à cause (du
manque) d’eau après avoir entendu dire : « Il y a beaucoup d’or dans la contrée
étrangère d’Akayta mais sa route est extrêmement pénible à cause (du manque) d’eau.
Si des prospecteurs du lavage d’or y vont, seulement la moitié d’entre eux l’atteignent.
Ils moururent de soif en chemin avec les ânes qui étaient devant eux, sans pouvoir leur
trouver leur ration à boire pour l’aller et au retour avec l’eau des outres. C’est une
chose qu’on n’a pas rapportée d’or de cette contrée étrangère étant donné le manque
d’eau. » Alors Sa Majesté dit au chancelier qui était à côté de lui : « Convoque, je te prie, les
grands qui sont en ma présence. Sa Majesté souhaite consulter leur avis à propos de cette

360
. N. Grimal propose de traduire « la terreur qu’il inspire conquiert » (N. GRIMAL, Les termes de la propagande
royale égyptienne, de la XIXe dynastie à la conquête d'Alexandre, MAIBL 6, 1986, p. 687, n° 718).
361
. Référence à la naissance d’Horus l’enfant. Voir B. MATHIEU, « Stèle royale de Ramsès II », p. 5, note. 18.

169
contrée étrangère car c’est moi qui établis les instructions. » On les introduisit aussitôt en
présence du dieu parfait, leurs bras en louange pour son ka, priant et se prosternant face à son
visage parfait. On leur rapporta la nature de cette contrée étrangère et on demanda leur avis à
propos du forage d’un puits sur sa route. Ils dirent face à Sa Majesté : « Tu es comme Rê dans
tout ce que tu as réalisé. Ce que ton esprit désire vient au jour. Si tu espères un dessein durant
la nuit, à l’aube il s’est produit promptement. Nous avons constaté nombre de tes prodiges
depuis que tu es apparu en tant que roi du Double-Pays. Nous n’avons pas entendu et nos
yeux n’ont pas vu une chose de nature semblable se réaliser. Tout ce qui sort de ta bouche est
semblable aux paroles de Horakhty. Ta langue est une balance. Tes lèvres sont plus précises
que le juste peson de Thot. Y a-t-il quelque chose que tu ne connaisses pas ? Qui est capable
de comprendre à ta manière ? Quel est l’endroit que tu ne peux voir ? Il n’y a pas de contrée
étrangère que tu n’aies foulée. Tout évènement passait par tes oreilles puisque tu étais
représentant (du roi) dans ce pays. Tu as établi tes plans alors que tu étais dans l’œuf dans tes
fonctions d’enfant du prince. On te racontait les affaires des Deux Rives alors que tu n’étais
qu’un enfant portant une chevelure bouclée. Aucun monument n’advenait sans que ce ne soit
par ton action. Aucune décision ne se réalisait sans toi. Tu as fait fonction de chef de l’armée
alors que tu n’étais qu’un jeune homme de dix ans. Chaque œuvre apparaissait grâce à ta main
qui accomplissait son plan. Si tu dis à l’eau : “Viens de la montagne !”, le Noun sortira
aussitôt à ta parole pareillement au fait que tu es Rê apparaissant Khépri en sa forme
véritable. Tu es l’image vivante sur terre de ton père Atoum d’Héliopolis. Hou est ta bouche,
Sia est ton esprit et ton langage est le temple de Maât. Le dieu siège sur tes lèvres et tes
paroles se produisent chaque jour. On a fait ton cœur à la ressemblance de Ptah, celui qui a
façonné les arts. Tu es destiné à l’éternité, on agit donc selon tes desseins et on écoute tout ce
que tu dis, souverain, notre seigneur ! » Quant à la contrée étrangère d’Akayta, ces mots
furent prononcés à propos d’elle quand le fils royal de Kouch parla d’elle devant Sa Majesté :
« Elle est dans cette situation pénible à cause (du manque) d’eau depuis l’époque du dieu. On
y meurt de soif. Tous les rois d’autrefois souhaitaient y creuser un puits mais leur succès ne se
produisit pas. Le roi Menmaâtrê a agi pareillement. Il fit creuser un puits de cent vingt
coudées de profondeur durant son règne mais on l’abandonna en (cours de) route car l’eau
n’en sortait pas. Mais si tu dis toi-même à ton père Hâpi père des dieux : “Fais jaillir l’eau du
sommet de la montagne !” Il agira conformément à tout ce que tu auras dit, conformément à
tous tes desseins qui se produisent devant nous et qu’on a entendu raconter car tes pères et
tous les dieux t’aiment plus que tous les autres rois qui sont apparus depuis le temps de Rê. »
Sa Majesté dit à ces grands : « C’est juste (bis) tout ce que vous dites, mes sujets. L’eau n’a

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pas été extraite de cette contrée étrangère depuis l’époque du dieu comme vous le dites. C’est
moi qui vais y creuser un puits afin de donner de l’eau chaque jour comme [...] sur ordre de
mon père Amon-Rê, seigneur des trônes du Double-Pays et de tous les Horus seigneurs de la
Nubie conformément au fait qu’ils assouvissent leur désir. Je ferai en sorte qu’on dise dans le
pays [...] » [...] adorent leur seigneur en se prosternant, en se mettant sur le ventre en (sa)
présence et en s’écriant jusqu’à la hauteur du ciel. Alors Sa Majesté dit au directeur des
scribes royaux et préposé aux [...] de la route d’Akayta : « Tu dois faire en sorte de
transformer un mois en un jour et d’envoyer [...] pour lui conformément aux instructions qu’il
lui avait été données. » Tandis qu’il fournit des hommes pour [...] « Qu’est-ce donc, ce que
fait le fils royal ? Est-ce-que l’eau est [...] la route d’Akayta. Aucune chose semblable n’avait
été réalisée depuis l’époque des rois d’autrefois [...] des poissons des lacs et des viviers du
Delta qui l’amusent avec ce qui a été façonné [...] son bras vigoureux est comme l’aviron de
gouverne qui dirige la navigation. On apporta un document officiel de la part du fils royal de
Kouch disant : « [...] ce qu’avait dit Ta Majesté de sa propre bouche. L’eau en est sortie à
douze coudées, sur une profondeur de quatre coudées [...] à l’extérieur comme le plan
qu’accompli le dieu pour assouvir ton désir. Jamais une telle chose n’avait été réalisée [...] »
[...] d’Akayta cria d’une joie immense ainsi que ceux qui étaient loin [...] au souverain :
« L’eau qui est dans la Douat lui obéit car il a extrait l’eau de la montagne [...] pour lui, ce
que le fils royal avait écrit. Ils furent heureux [...] aux desseins efficaces et aux instructions
parfaites362. Tout ce que tu as dit [...] ce puits : « Le puits de Ramsès-Méryamon brave qui
[...] »

362
. B. MATHIEU, « Stèle royale de Ramsès II », p. 16, note 52.

171
Texte A20 - Ramsès II

PRÉSENTATION DU TEXTE

La documentation relative à la bataille de Qadech se divise en trois volets : le « Poème »,


le « Bulletin » ainsi que les reliefs accompagnés de leurs légendes. Seulement le « Bulletin »
sera pris en compte pour la présente étude. Ce dernier a été gravé sur les parois de nombreux
temples éparpillés en de multiples endroits d’Égypte : Karnak, Louqsor, Abydos, Abou
Simbel et Ramesseum. Afin que le récit soit le plus complet possible, les différentes
inscriptions ont été combinées1.
Cette Königsnovelle raconte la bataille victorieuse qui oppose Ramsès II aux Hittites en
l’an 5 de son règne.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Conquête militaire (Roi guerrier et conquérant).

DATATION

XIXe dynastie2.

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TRANSLITTÉRATION

1 rnp.t sp 5 ȝbd 3 n šmw sw 9 ḫr ḥm n Rʿ-Ḥr-kȝ-nḫt mry-Mȝʿ.t 2 n(y)-sw.t bjty Wsr-mȝʿ.t-Rʿ


stp(w)~n-Rʿ sȝ Rʿ Rʿ-msw-sw mry Jmn d(w) ʿnḫ ḏ.t 3 jst ḥm⸗f ḥr Ḏȝhy m wḏ.yt⸗f snwt n(y).t
nḫt 4 rsw nfr m ʿ.w.s m jmȝw n ḥm⸗f ḥr ṯst rs(y).t n(y).t Qdš 5 m-ḫt nn ḥr tr n dwȝy.t 6 ḫʿ ḥm⸗f
mj wbn Rʿ šsp~n⸗f ẖkr.w nw jt⸗f Mnṯw 7 wḏȝ nb m ḫd spr r-hȝw rsy dmj n Šbtn 8 jj.t~jn Šsw 2
m nȝ n mhw.t Šsw r ḏd n ḥm⸗f 9 m nȝy⸗n sn.w nty m ʿȝ.w n mhw.t m-d pȝ ḫr(wy) n Ḫt 10 d jw⸗n
n ḥm⸗f r ḏd ḥm⸗f 11 jw⸗n r jr.t bȝk.w n pr-ʿȝ ʿ.w.s mtw⸗n rwj⸗n m-dj pȝ ḫr(wy) n Ḫt 12 ḏd~jn
ḥm⸗f n⸗sn st ṯnw nȝy⸗tn sn.w 13 jw⸗tn r ḏd pȝy sḫr n ḥm⸗f 14 ḏd~jn⸗sn n ḥm⸗f st m pȝ nty pȝ wr
ẖs n Ḫt jm 15 pȝ wn pȝ ḫr(wy) n Ḫt m pȝ tȝ n Ḫrb ḥr mḥ.t Twnp 16 snḏ⸗f n pr-ʿȝ ʿ.w.s r jj.t m
ḫntw 17 ḏr sḏm⸗f r ḏd Pr-ʿȝ ʿ.w.s jw [m] ḫd 18 jst ḏd nȝ Šsw nȝy mdw.t ḏd⸗sn n ḥm⸗f m ʿḏȝ 19
jw m pȝ ḫr(wy) n Ḫt d jw.t⸗sn r ptr pȝ nty ḥm⸗f jm 20 n jb n tm d.t ḥr sw pȝ mšʿ n ḥm⸗f r ʿḥȝ
ḥnʿ pȝ ḫr(wy) n Ḫt 21 jst pȝ ḫr(wy) n Ḫt d jw.t nȝw Šsw r ḏd nȝw mdw.t n ḥm⸗f 22 jw⸗f jw ḥnʿ
mšʿ⸗f n(y).ṯ-ḥtrw⸗f 23 ḥnʿ wr.w n tȝ nb nty m w.w n pȝ tȝ n Ḫt 24 mšʿ.w n(y).ṯ-ḥtrw.w 25 jn~n⸗f
m-d⸗f m nḫtw r ʿḥȝ ḥnʿ mšʿ n ḥm⸗f 26 ʿḥʿ grgw ḥr n-ḥȝ Qdš tȝ jsy 27 jw n rḫ ḥm⸗f r-ḏd st jm
28 wšd pȝ Šsw 2 nty m-bȝḥ 29 nʿt ḥm⸗f m ḫd spr r mḥ.t jmn.ty Qdš 30 wȝḥ jhy n mšʿ n ḥm⸗f jm
31 snḏm ḥm⸗f ḥr jsb.t n(y).t ḏʿmw 32 ḥr mḥty Qdš ḥr tȝ rw.t jmnt(y).t n(y).t Jmṯ 33 jj.t~jn
ḥȝptyw nty m šmsw ḥm⸗f 34 ẖr ḥȝptyw 2 n pȝ ḫr(wy) n Ḫt sṯȝw m-bȝḥ 35 ḏd~jn ḥm⸗f n⸗sn nttn
jḫ 36 ḏd.t~n⸗sn tw⸗n pȝ wr n Ḫt 37 ntf d jw.t⸗n r ptr pȝ nty ḥm⸗f jm 38 ḏd~n ḥm⸗f n⸗sn sw tnw
ntf pȝ ḫr(wy) n Ḫt 39 mk sḏm⸗j r-ḏd sw m pȝ tȝ n Ḫrb ḥr mḥ.t Twnp 40 ḏd~n⸗sn n ḥm⸗f ptr pȝ
wr ẖs n Ḫt jw 41 ḥnʿ ḫȝs.wt qnw nty ḥnʿ⸗f jn~n⸗f m nḫtw 42 m ḫȝs.wt nb.t nty m w.w n pȝ tȝ n
Ḫt 43 pȝ tȝ n Drdny pȝ tȝ n Nhrn 44 pȝ Kškš nȝ Ms nȝ Pds 45 pȝ tȝ n Qrqš ḥnʿ Rk pȝ tȝ n

176
Krkmš 46 pȝ tȝ n Jrṯw pȝ tȝ n Jkrṯ pȝ Jrwn 47 pȝ tȝ n Jns Mwšn.t Qdš 48 Ḫrb pȝ tȝ n Qd r-ḏr⸗f
49 st ʿpr ẖr mšʿ.w ḥnʿ n(y).t-ḥtrw ẖr nȝy⸗sn ḫʿ.w nw r-ʿ-ḫt 50 ʿšȝ.w st r šʿ wḏb 51 ptr st ʿḥʿw
ḥr r ʿḥȝ n-ḥȝ Qdš tȝ jst 52 ʿḥʿ~n rd~n ḥm⸗f ʿš⸗tw sr.w m-bȝḥ 53 r d.t sḏm⸗sn mdw.t nb.t ḏd~n
pȝ ḥȝpytw 2 n pȝ ḫr(wy) n Ḫt nty m-bȝḥ 54 ḏd~jn ḥm⸗f n⸗sn ptr⸗tn pȝ sḫr 55 nty nȝw (j)m(y)-
r(ȝ.w) ḫȝsw.t ḥnʿ nȝ wr.w n nȝw pȝ tȝ.w n pr-ʿȝ ʿ.w.s jm⸗f 56 jr⸗sn ʿḥʿ ḥr ḏd n pr-ʿȝ ʿ.w.s tnw
hrw 57 pȝ wr ẖs n Ḫt m pȝ tȝ n Ḫrb ḥr mḥ.t Twnp 58 sw wʿr r-ḥȝ.t ḥm⸗f ḏr sḏm⸗f r-ḏd mk
tw⸗tw Pr-ʿȝ ʿ.w.s jw 59 ḫr⸗sn ḥr ḏd n ḥm⸗f m-mnt 60 ptr jr⸗j sḏm m tȝy wnw.t 61 m-d pȝy
ḥȝpytw 2 n pȝ ḫr(wy) n Ḫt r-ḏd 62 pȝ ḫr(wy) ẖs n Ḫt jw ḥnʿ ḫȝs.wt ʿšȝ nty ḥnʿ⸗f 63 m rmṯ
ssm.wt qnw mj ʿšȝ pȝ šʿ 64 ptr st ʿḥʿ kȝp n-ḥȝ Qdš tȝ jst 65 jw bw rḫ nȝ (j)m(y)-r(ȝ.w) ḫȝsw.t 66
ḥnʿ nȝy⸗j wr.w nty nȝ tȝ.w n pr-ʿȝ ʿ.w.s r-ḫt⸗sn 67 ḏd n⸗n st jw 68 ḏd~n sr.w nty m-bȝḥ wšb⸗sn
n nṯr nfr r-nty 69 btȝ ʿȝ pȝ jrw nȝ (j)m(y)-r(ȝ.w) ḫȝsw.t ḥnʿ nȝ wr.w n pr-ʿȝ ʿ.w.s 70 pȝ tm d.t
smt⸗tw n⸗sn r pȝ nty pȝ ḫr(wy) n Ḫt m pȝ nty nb sw jm 71 mtw⸗sn ḏd smj⸗f n pr-ʿȝ ʿ.w.s m-mn.t
72 ʿḥʿ~n rdw m ḥr n ṯȝty r ȝs mšʿ n ḥm⸗f 73 jw⸗sn ḥr mšʿ ḥr rsy dmj n Šbtn 74 r jnt.w r pȝ nty
ḥm⸗f jm 75 jst wnn ḥm⸗f snḏm ḥr md.t m-d sr.w 76 jw pȝ ḫr(wy) ẖs n Ḫt jw ḥnʿ mšʿ⸗f n(y).t-
ḥtrw⸗f 77 m-mjt.t ḫȝsw.t ʿšȝ.t nty ḥnʿ⸗f 78 ḏȝy⸗sn tȝ mšd.t nty ḥr rsy n Qdš 79 ʿḥʿ~n⸗sn ʿq m-
ẖnw pȝ mšʿ n ḥm⸗f 80 jw⸗sn ḥr mšʿ jw bw rḫ⸗sn 81 ʿḥʿ~n bdš~n pȝ mšʿ n(y).t-ḥtrw n ḥm⸗f r-
ḥȝ.t⸗sn 82 m ḫd r bw nty ḥm⸗f jm 83 ʿḥʿ~n jnḥ pȝ ḫr.w n nȝ n ḫr.w(y) n Ḫt nȝ šms.w n ḥm⸗f nty
r-gs⸗f 84 ʿḥʿ~n gmḥ st ḥm⸗f wn~jn⸗f ḥr ʿḥʿ ȝs 85 ʿḥʿ~n⸗f ḫʿr r⸗sn mj jt⸗f Mnṯw 86 šsp~n⸗f ẖkr.w
ʿḥȝ ṯȝy⸗f sw m pȝy⸗f ṯryn 87 sw mj Swtḫ m ȝ.t sḫm⸗f 88 ʿḥʿ~n⸗f ṯs r nḫtw m Wȝs.t pȝy⸗f ḥtr ʿȝ 89
jw⸗f ḥr ḫrp ȝs wʿw ḥr-tp⸗f 90 ḥm⸗f sḫm jb⸗f wmty n rḫ⸗tw ʿḥʿ r-ḥȝ.t⸗f 91 w⸗f nb ḥr rkḥ ḫ.t
wbd~n⸗f ḫȝs.t nb.t m hh⸗f 92 jr.ty⸗f ḥsȝy ḏr mȝ⸗f st bȝw⸗f ḥr nbj.t mj ḫ.t r⸗sn 93 n ḏʿr~n⸗f ḥḥ m
ḫȝstyw ptr⸗f st mj dḥȝ 94 jw ḥm⸗f ḥr ʿq m-ẖnw pȝ ḫr.w n nȝ n ḫr.w(y) n Ḫt 95 ḥnʿ ḫȝsw.t ʿšȝ.t
nty ḥnʿ⸗sn 96 jw ḥm⸗f mj Swtḫ ʿȝ pḥty mj Sḫm.t m 3.t nšny⸗s 97 jw ḥm⸗f ḥr ẖdb pȝ ḫr.w n pȝ
ḫrw(y) ẖs n Ḫt r-ḏr⸗f 98 ḥnʿ nȝy⸗f sr.w ʿȝ.w nȝy⸗f sn.w r-ḏr.w 99 m-mjt.t wr.w nb n ḫȝsw.t nb.t
jj ḥnʿ⸗f 100 mšʿ.w n(y).t-ḥtrw.w ḫr ḥr ḥr⸗sn m wʿ ḥr wʿ 101 jw ḥm⸗f ḥr smȝ s.t m s.t⸗sn 102
jw⸗sn m gbgb.t r-ḥȝ.t ssm.wt⸗f 103 jw ḥm⸗f wʿw n ky ḥnʿ⸗f 104 wn~jn ḥm⸗f ḥr d.t hȝ pȝ ḫr.w n
nȝ n ḫr.w(y) n Ḫt ḥr ḥr⸗sn 105 m wʿ ḥr wʿ m hȝ msḥ.w r pȝ mw nw Jrnṯ 106 jw⸗j m-sȝ⸗sn mj
ʿḫḫ hd⸗j ḫȝsw.t nb.t jw⸗j wʿ⸗kwj 107 jw ḫȝʿ wj pȝy⸗j mšʿ n(y).t-ḥtrw 108 bw ʿḥʿ wʿ jm⸗sn ʿnw
109ʿnḫ n⸗j mry wj Rʿ ḥsy wj jt⸗j Jtm 110 jr sḫr nb ḏd~n ḥm⸗j jr⸗j st m mȝʿ.t m-bȝḥ mšʿ⸗j n(y).ṯ-
ḥtrw⸗j

177
TRADUCTION

L’an 5, troisième mois de chémou, jour 9 sous la Majesté de l’Horus-Rê, taureau victorieux,
l’aimé de Maât, le roi de Haute et Basse-Égypte Ousermaâtrê-Setepenrê, le fils de Rê
Ramsès-Méryamon, qu’il soit en vie pour toujours. Alors Sa Majesté était à Djahy durant sa
seconde expédition victorieuse, c’était un parfait réveil en v.s.f dans la tente de Sa Majesté sur
la colline au Sud de Qadech. Puis, à l’instant du matin Sa Majesté apparue comme Rê
lorsqu’il se lève, elle portait les parures de son père Montou. Le seigneur s’était mis en route
pour le Nord et était arrivé aux alentours du Sud de la ville de Chabten. Deux Chasou de la
tribu des Chasou vinrent dire à Sa Majesté : « Ce sont nos frères, chefs de tribus alliés à
l’ennemi du Hatti qui nous ont fait venir à Sa Majesté pour dire que nous agirons tels
des serviteurs de pharaon v.s.f et que nous quittons l’ennemi du Hatti. » Sa Majesté leur
demanda : « Où sont-ils, vos frères, qui vous ont fait venir pour adresser ce dessein à Sa
Majesté ? » Ils répondirent à Sa Majesté : « Ils sont dans le lieu où se trouve le vil chef du
Hatti car l’ennemi du Hatti est dans le pays d’Alep, au Nord de Tounip. Il a peur de pharaon
v.s.f pour venir au Sud depuis qu’il a entendu dire que pharaon v.s.f se dirigeait vers le
Nord. » Mais ces Chasou disaient ces paroles à Sa Majesté en mentant car c’était le vil
ennemi du Hatti qui avait fait en sorte qu’ils viennent pour voir où Sa Majesté était afin
d’empêcher l’armée de Sa Majesté de se battre contre l’ennemi du Hatti. Ainsi, l’ennemi
du Hatti avait fait venir ces Chasou pour tenir ce discours à Sa Majesté, il était venu avec son
armée, sa charrerie ainsi que les princes de tous les pays qui appartenaient aux territoires du
pays de Hatti, les troupes et la charrerie qu’il avait rapportés par la force pour combattre
l’armée de Sa Majesté, ainsi, prêts derrière Qadech l’ancienne, Sa Majesté ne savait pas qu’il
étaient là. Les deux Chasou présents furent questionnés. Sa Majesté prit la route vers le Nord
et atteignit le Nord-Ouest de Qadech. Un camp fut installé par l’armée de Sa Majesté. Là, Sa
Majesté siégeait sur le trône d’électrum au Nord de Qadech sur la rive occidentale de
l’Oronte. Deux éclaireurs de la suite de Sa Majesté vinrent avec deux éclaireurs de l’ennemi
de Hatti, traînés en présence de Sa Majesté qui leur demanda : « Qu’êtes-vous ? » Ils
répondirent : « Nous appartenons au prince de Hatti. C’est lui qui a fait en sorte que nous
venions afin de constater où se trouve Sa Majesté. » Sa Majesté leur demanda : « Lui, où est-
il l’ennemi de Hatti ? Voyez, j’ai entendu dire qu’il était au pays d’Alep, au Nord de
Tounip. » Ils répondirent à Sa Majesté : « Vois, le vil prince de Hatti est venu en compagnie
d’innombrables contrées étrangères qui sont avec lui, il les a rapportées par la force, toutes les
contrées étrangères qui appartenaient aux territoires du pays de Hatti : le pays de Dardany, le

178
pays de Naharin, le Kechkech, ceux de Masa et de Pidasa, le pays de Qarquicha avec Louka,
le pays de Karkemich, le pays d’Irzawa, le pays d’Ougarit, celui d’Irwan, le pays d’Alché, de
Mouchanet, de Qadech, d’Alep et le pays de Qodé tout entier. Ils sont équipés de leurs
troupes et de leurs charreries, armés pour le combat plus nombreux que les grains de sable de
la rive. Vois, ils se dressent pour combattre derrière Qadech l’ancienne. » Sa Majesté
demanda à ce que l’on convoque les notables pour leur faire entendre toutes les paroles dites
par les deux éclaireurs de l’ennemi de Hatti auparavant. Sa Majesté leur dit : « Constatez cette
affaire dans laquelle se trouve les administrateurs des contrées étrangères ainsi que les princes
des pays de pharaon v.s.f, chaque jour ils se levaient pour dire à Pharaon : “Le vil prince de
Hatti se trouve au pays d’Alep, au Nord de Tounip. Il s’était enfui devant Sa Majesté depuis
qu’il avait entendu dire « Vois ! Pharaon v.s.f est venu ! »” dirent-ils en parlant à Sa Majesté
quotidiennement. Constatez, j’ai entendu en cette heure par ces deux éclaireurs de l’ennemi
de Hatti, que le vil ennemi de Hatti est venu accompagné de nombreuses contrées étrangères
qui sont avec lui, hommes et chevaux innombrables comme le sable. Constatez, ils sont
debout, cachés derrière Qadech l’ancienne. Les directeurs des contrées étrangères et mes
princes des pays de pharaon v.s.f n’ont pas su nous dire : “Ils sont venus” » Les notables qui
étaient devant dirent en réponse au dieu parfait : « C’est un grand crime commis par les
directeurs des contrées étrangères et des princes de pharaon v.s.f de ne pas avoir fait en sorte
que l’on informe pour eux l’ennemi de Hatti, quel que soit l’endroit où il se trouvait, ils
faisaient pourtant un rapport quotidien sur lui à pharaon v.s.f ! » Alors, on fit que le vizir hâte
l’armée de Sa Majesté tandis qu’ils allaient au Sud de la ville de Chabtouna afin de rejoindre
l’endroit où se trouvait Sa Majesté. Tandis que Sa Majesté était installée, parlant avec ses
notables, le vil ennemi de Hatti avançait avec son armée et sa charrerie, ainsi que les
nombreuses contrées étrangères qui étaient avec lui. Ils traversaient le gué au Sud de Qadech.
Puis ils firent une percée dans l’armée de Sa Majesté qui avançait et ignorait l’abomination.
Alors l’armée et la charrerie de Sa Majesté furent accablées face à eux, ils partirent vers le
Nord à l’endroit où se trouvait Sa Majesté. Puis, les guerriers des ennemis de Hatti
encerclèrent les suivants de Sa Majesté qui étaient à ses côtés. Sa Majesté les observa et se
leva rapidement, elle était furieuse contre eux tel son père Montou. Elle revêtit ses parures de
combat et sa cuirasse car elle était comme Soutekh au moment où il se montre puissant. Alors
il monta sur Nakhtemouase3 son imposant char en se dirigeant rapidement au galop tout seul.
Sa Majesté était puissante, son esprit était vaillant et on ne savait pas se tenir debout devant

3
. Littéralement : Victoire-dans-Thèbes.

179
lui. Le territoire sur lequel il se trouvait brûlait et le feu avait consumé toutes les contrées
étrangères grâce à son ardeur. Ses yeux étaient féroces depuis qu’il les avait vus, son
pouvoir-baou crachait une flamme contre eux. Il ne pensait pas aux millions d’étrangers car il
les considérait comme de la paille. Sa Majesté pénétra au sein des guerriers ennemis de Hatti
ainsi que des nombreuses contrées étrangères qui étaient avec eux. Sa Majesté était comme
Soutekh, grand de force, et Sekhmet au moment où elle se met en fureur. Sa Majesté tua les
guerriers du vil ennemi de Hatti entièrement et tous les grands notables et les frères ainsi que
tous les princes de toutes les contrées étrangères qui étaient venus avec lui. Ses troupes et sa
charrerie étaient tombées sur leurs faces, l’un sur l’autre. Sa Majesté les tua à leur place car
ils étaient tombés devant ses chevaux. Sa Majesté était seule sans personne d’autre avec elle.
Alors, Sa Majesté fit tomber les guerriers ennemis de Hatti sur leurs faces, l’un sur l’autre,
comme les crocodiles descendant dans l’eau de l’Oronte. « Ma4 Majesté les poursuivit tel un
griffon. J’étais seul lorsque j’ai attaqué toutes les contrées étrangères alors que mon armée et
ma charrerie m’avaient abandonné. Pas un seul d’entre eux n’était ni debout ni retourné.
Aussi vrai que mon père Rê vit pour moi et m’aime, que mon père Atoum me favorise. En ce
qui concerne tous les desseins que Ma Majesté a racontés, je les ai accomplis en vérité devant
mon armée et ma charrerie. »

4
. Changement soudain de personne de la part de l’auteur au sein de l’inscription.

180
Texte A21 - Ramsès II

PRÉSENTATION DU TEXTE

Cette stèle a été mise au jour en 1907 par un entrepreneur égyptien dans les fondations
d’une maison située à Manshiet el-Sadr au Sud d’Héliopolis5. Elle est en très bon état de
conservation et se trouve actuellement au musée du Caire (CG 34504 = JE 39503).
La Königsnovelle raconte que Ramsès II découvre plusieurs carrières à exploiter en se
promenant dans le désert.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Activité économique (Manifestation de la nature divine du roi).

DATATION

XIXe dynastie6.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

PM IV, p. 62.

B.G. DAVIES, Egyptian Historical Inscriptions of the Nineteenth Dynasty, Documenta Mundi
Aegyptiaca 2, 1997, p. 225-232.

Th. DE PUTTER, « Ramsès II, géologue ? Un commentaire de la stèle de Manshiyet es-Sadr,


dite “de l'an 8” », ZÄS 124, 1997, p. 131-141.

A. HAMADA, « A Stela from Manshîyet Es-Sadr », ASAE 38, 1938, p. 217-228.

A. HERMANN, Die ägyptische Königsnovelle, LÄS 10, 1938, p. 53-56.

A. KAMAL, « Stèle de l'an VIII de Ramsès II », RecTrav 30, 1908, p. 213-218.

K.A. KITCHEN, Ramesside Inscriptions II, Oxford, 1976, p. 360-362.

K.A. KITCHEN, Ramesside Inscriptions Translated and Annotated: Translations II, Oxford,
1996, p. 193-195.

B. LETELLIER, « Stèle dite de “l’an VIII de Ramsès II »”, dans Ramsès le Grand : Galeries
nationales du Grand Palais, Paris, 1976, p. 50-55.

5
. A. KAMAL, « Stèle de l'an VIII de Ramsès II », RecTrav 30, 1908, p. 213.
6
. XIIIe s. av. notre ère.

181
Cl. OBSOMER, Ramsès II : Abou Simbel, Louxor, Néfertary, Qadech, Paris, 2012, p. 306-307.

TRANSCRIPTION

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20

182
TRANSLITTÉRATION

1 rnp.t sp 8 ȝbd 2 (ny) pr.t sw 8 n(y)-sw.t bjt(y) Wsr-mȝʿ.t-Rʿ stp(w)~n-Rʿ sȝ Rʿ Rʿ-ms(w)-sw


Mry-Jmn hrw pn jstw ḥm⸗f m Jwnw Rʿ ḥr jr.t ḥssw jt⸗f Rʿ-Ḥr-ȝḫty-Jtm nb Tȝ.wy Jwnw jstw 2
ḥm⸗f ḥr swtwt ḥr ḫȝs.t Jwnw ḥr ḫnty n pr Rʿ mḥty.t pr psḏ.t nṯr r-ȝq Ḥw.t-ḥr nb.t ḏw dšr.t
ʿḥʿ~n gm~n ḥm⸗f wʿ bjȝ.t ʿȝ n gm~n⸗tw mj-qd⸗f ḏr Rʿ qȝ⸗f r 3 tḫn n mȝṯ jn ḥm⸗f qmȝ m sw ḏs⸗f
m stw.t⸗f mj ȝḫ.t⸗f ʿḥʿ~n sḥ~n sw ḥm⸗f ḏs⸗f m kȝ.wt stpy rḫy.w ḏr.wt m rnp.t sp 8 ȝbd 3 (ny)
šmw sw 21 ḫpr~n⸗f ḥr mḥ m rnp.t sp 9 ȝbd 3 (ny) šmw sw 18 4 jr~n wʿ rnp.t twt ʿȝ Rʿ-ms(w)-
sw Mry-Jmn pȝ nṯr ʿḥʿ~n fqȝ~n ḥm⸗f (j)m(y)-r(ȝ) kȝ.wt pn m ḥḏ nbw qnw ʿšȝ.wt kȝ.wt ḫpšy.w
nty ḥr bȝk 5 jm⸗f ḥsw n(y).t ḫr n(y)-sw.t jw ḥm⸗f ḥr mk⸗sn rʿ-nb jw bȝk⸗sn n ḥm⸗f m jb mrw r
n(y)-sw.t bjty nb Tȝ.wy Wsr-mȝʿ.t-Rʿ stp(w)~n-Rʿ sȝ Rʿ 6 Rʿ-ms(w)-sw Mry-Jmn jswt gm~n
ḥm⸗f k(y).t ẖȝ.t r-gs⸗f m twt.w m bjȝ.t ḥr sn r mry wḥm~n(⸗f) sḥ~n⸗sw r pr Ptḥ jrw n⸗sn rn.w ḥr
rn wr ḥm⸗f m 7 Rʿ-ms(w)-sw Mry-Jmn sȝ Ptḥ k(y).t ḫ.t twt.w jm⸗s r pr Jmn n Rʿ-ms(w)-sw
Mry-Jmn r pr Ptḥ n Rʿ-ms(w)-sw Mry-Jmn m pr Rʿ-ms(w)-sw Mry-Jmn ʿȝ nḫt.w mḥ⸗j pr Rʿ m
šspw 8 qnw m twt.w ḥr šms ʿntyw ḥr fȝ ḫ.t7 n(y)-sw.t bjty Wsr-mȝʿ.t-Rʿ stp(w)~n-Rʿ sȝ Rʿ Rʿ-
ms(w)-sw Mry-Jmn ḏd⸗f ḏs⸗f nȝ n(y) kȝy.wt stpyw ḫpšy.w rḫ.w ḏr.wt nty ḥr w9ḥȝ n⸗j mnw.w m
tnw nb.t n dwȝ kȝ.wt m ʿȝ.t mnḫ.t ʿqy.w m mȝṯ ẖnm m bjȝ.t qnw.w s.w pr-ʿ m bȝk mnw.w mḥ⸗j
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ʿqȝ⸗tn 12 nn ḥȝw n r⸗s ʿšȝ ḏfȝ.w m swȝ.t⸗tn nb.t jry⸗j ḫr.wt⸗tn m sšr nb r-ḏd bȝk⸗tn n⸗j m jb
mrw.t jw⸗j rwd⸗kwj 13 m nḏ-ḫr.t⸗tn dns kȝw m-d⸗tn r bȝk.wt m jȝb sʿnḫ⸗tn r sḫpr⸗tn jw⸗j rḫ
tȝ(y)⸗tn kȝ.wt ḏr.t mnḫ ḥʿʿy bȝk 14 jm⸗s jw ẖ.t mḥ⸗ṯj sbg n⸗tn šnw.wt ẖr sšr r tm d⸗j jry⸗tn hrw n
gȝw.w ʿnḫw jw wʿ nb.t jm⸗tn tnw n ȝbd mḥw⸗j 15 n⸗tn wḏȝ.wt m ḫ.t nb.t m ʿqw.w jwf.w šʿy.w r
mk⸗tn ṯbw.ty ḥbs.w sgnn.w qnw r wrḥw tp⸗tn r-tnw sw 10 ḥbs.w⸗tn tnw rnp.t 16 rd ṯbw.ty
rd.wy⸗tn rʿ-nb nn sḏr jm⸗tn jhm⸗f n gȝw.w d⸗j rmṯ qnw r sḏf(ȝ)⸗tn r qsn.t wḥʿ.wt r jn rsf.w
ktḫ.w m kȝryw r jr.t ḥsb.wt qd.w ḏn.wt 17 ḥr qd ḥr jr.t mrḥ.t r sqb n⸗tn mw m tr šmw ẖnn n⸗tn
tȝ-šmʿw r tȝ-mḥw ẖnn n⸗tn tȝ-mḥw r tȝ-šmʿw m jt bd.t sw.ty ḥmȝ.t jwry.t 18 n r-ʿ⸗sn jw jr~n nn
r-ḏrw r-ḏd ḫpr⸗tn jw⸗tn m jb wʿ ḥr bȝk n⸗j tw⸗j šm⸗k(w) r ȝbw gmḥ~n⸗j ḥr-gs ḏw nfr dw smd.t⸗f
n⸗tn jw⸗j 19 ʿḥʿ⸗k(w) wdw n⸗tn bȝk ḥr rn ẖȝ.t Rʿ-ms(w)-sw Mry-Jmn mry mj Rʿ ḫr⸗tw r⸗s gm

7
. B.G. DAVIES, Egyptian Historical Inscriptions of the Nineteenth Dynasty, Documenta Mundi Aegyptiaca 2,
1997, p. 228.

183
n⸗tn k(y).t ẖȝ.t m jnr km r-gs⸗s ʿȝ.w8 dšr.t⸗sn jry m bjȝ.t ẖȝ.t Wsr-mȝʿ.t-Rʿ stp(w)~n-Rʿ ḥqȝ
Tȝ.wy 20 ḫr⸗tw r⸗s gm⸗k(w) ẖȝ.t m pȝ [...] jnm⸗s ḥḏ jʿ ẖȝ.t Rʿ-ms(w)-sw Mry-Jmn mry Ptḥ r⸗s
n(y)-sw.t bjty Wsr-mȝʿ.t-Rʿ stp(w)~n-Rʿ sȝ Rʿ Rʿ-ms(w)-sw Mry-Jmn d(w) ʿnḫ

TRADUCTION

L’an 8, deuxième mois de peret, jour 8, le roi de Haute et Basse-Égypte, Ousermaâtrê-


Setepenrê, le fils de Rê, Ramsès-Méryamon. Donc, ce jour, Sa Majesté était dans l’Héliopolis
de Rê en train d’accomplir ce qui est loué par son père Rê-Horakhty-Atoum, seigneur du
Double-Pays et d’Héliopolis. Or Sa Majesté se promenait dans le désert d’Héliopolis au Sud
du temple de Rê, au Nord du temple de l’Ennéade divine, au niveau d’Hathor, maîtresse de la
Montagne rouge. Alors Sa Majesté découvrit un grand bloc de grès silicifié9 comme on
n’en avait pas trouvé son pareil depuis le temps de Rê. Il était plus élevé qu’un obélisque
de granit. C’est Sa Majesté elle-même qui le découvrit10 grâce à ses rayons comme son
horizon. Ensuite Sa Majesté elle-même le commanda à des ouvriers choisis, aux mains
habiles11, en l’an 8, troisième mois de chémou, jour 21. Elle12 fut achevée en l’an 9, troisième
mois de chémou, jour 18. La grande statue « Ramsès-Méryamon-le-dieu » fut faite en une
seule année. Alors Sa Majesté récompensa le directeur de ces travaux d’argent et d’or à
profusion, ainsi que les nombreux puissants travailleurs qui y avaient travaillé avec les
faveurs du roi. Sa Majesté les protégeait chaque jour. Ils travaillaient pour Sa Majesté au cœur
aimant, pour le roi de Haute et Basse-Égypte, seigneur du Double-Pays, Ousermaâtrê-
Setepenrê, le fils de Rê, Ramsès-Méryamon. Or Sa Majesté trouva une autre carrière à
côté d’elle13, sous forme de statues en grès silicifié surpassant le bois de cèdre. Il répéta
qu’il (les) destinait au temple de Ptah. Elles furent nommées en raison du grand nom de Sa
Majesté « Ramsès-Méryamon, fils de Ptah ». Autre chose : des statues provenant d’elle furent

8
. K.A. KITCHEN, Ramesside Inscriptions Translated and Annotated: Translations II, Oxford, 1996, p. 195.
9
. Comme l’explique Th. De Putter « le mot traduit par “grès silicifié” est bjȝ.t, qui est un mot ambigu, puisqu’il
peut désigner à la fois le grès silicifié et une chose merveilleuse. Il est assez vraisemblable que le scribe ait
compté sur cette ambiguïté, renforcée ici par l’absence de tout déterminatif, pour donner plus de relief encore
à l’acte royal » (Th. PUTTER, « Ramsès II, géologue ? Un commentaire de la stèle de Manshiyet es-Sadr, dite
“de l'an 8” », ZÄS 124, 1997, p. 133, note b).
10
. Développant son commentaire évoqué dans la note précédente, Th. De Putter se demande s’il ne faut pas voir
dans l’emploi du verbe qmȝ (traduit par le verbe découvrir ici) une confirmation de l’ambiguïté recherchée
entre l’acte de trouver un bloc de pierre et celui de produire un acte merveilleux (Th. PUTTER, Ibid., p. 133,
note c).
11
. Ibid., p. 132.
12
. Pronom personnel troisième personne (⸗f) renvoie sûrement à la « grande statue », c’est pourquoi nous
traduisons par « elle ».
13
. Voir note précédente.

184
pour le temple d’Amon de Ramsès-Méryamon. « J’ai rempli le temple de Rê de sphinx et de
statues à profusion afin de faire venir de la myrrhe et de porter de la nourriture. » Le roi de
Haute et Basse-Égypte, Ousermaâtrê-Setepenrê, le fils de Rê, Ramsès-Méryamon leur dit en
personne : « Les ouvriers choisis, aux mains habiles qui ont taillé des monuments pour moi en
grande quantité. Ceux qui adorent les travaux en pierres précieuses renommées et qui utilisent
correctement le granit et le grès silicifié sont de braves hommes, actifs pour produire des
monuments que je remplis ainsi que tous les temples que j’ai construits durant leur vie.
Parfaits combattants qui ne se fatiguent pas, surveillants des travaux quotidiennement afin
d’accomplir leur devoir énergiquement et efficacement. On dit : “Ils le feront, vois, selon le
plan en se rendant sur le chantier dans la montagne sacrée.” Écoutez ce que nous vous disons,
voyez le bénéfice vous reviendra car les actions ont été conformes aux dires. Je suis Ramsès-
Méryamon, celui qui fait naître et éduque les jeunes hommes en les approvisionnant. Les
vivres et les boissons sont devant vous, il n’y a pas de “Plus de cela !” car les provisions sont
abondantes tout autour de vous. Je m’occuperai de vous à tous égards en disant : “Travaillez
pour moi avec des esprits aimants !” J’ai affermi votre respect. Les aliments vous sont plus
lourds que les travaux grâce au souhait de vous faire vivre et de vous faire grandir. Je connais
bien vos excellents travaux, celui qui travaille se réjouit lorsque le ventre est rempli. Les
greniers débordent de blé pour vous afin que je ne vous fasse plus passer une journée en
manque de nourriture. Chacun de vous a une portion par mois. J’ai rempli pour vous les
magasins de toutes sortes de choses : pains, viandes, gâteaux pour votre entretien, sandales,
vêtements, onguents à profusion pour oindre vos têtes chaque décade et vos vêtements chaque
année, les sandales se placeront sur vos pieds chaque jour. Vous ne vous endormirez pas en
souffrant du manque. J’ai placé un grand nombre de personne pour vous approvisionner
contre la disette : des pêcheurs-oiseleurs pour apporter des prises (de poissons) et d’autres
choses, des jardiniers pour faire des potagers14, des potiers confectionnant des pots pour
rafraîchir votre eau durant la saison de l’inondation. Pour vous, la Haute-Égypte a été
transportée vers la Basse-Égypte. La Basse-Égypte a été transportée pour vous vers la Haute-
Égypte avec de l’orge, du blé, du blé-sw.ty, du sel et des haricots sans limite. Cela a été
accordé entièrement en disant : “Vous existerez car vous avez un esprit unique en travaillant
pour moi.” Je suis allé à Éléphantine, j’ai inspecté le flan de la belle montagne. J’ai mis en
place son chantier15 pour vous. Je suis venu vous ordonner de travailler dans la carrière

14
. B. LETELLIER, « Stèle dite de “l’an VIII de Ramsès II »”, dans Ramsès le Grand : Galeries nationales du
Grand Palais, Paris, 1976, p. 55.
15
. Th. PUTTER, op. cit., p. 135, note r.

185
appelée “Ramsès-Méryamon-aimé-comme-Rê” ainsi est-elle nommée. J’ai trouvé pour vous
une autre carrière de pierre noire à côté d’elle, correspondant à des colosses à couronnes
rouges de grès silicifié, la carrière “Ousermaâtrê-Setepenrê-souverain-du-Double-Pays” ainsi
est-elle nommée. J’ai trouvé une carrière de [...], sa couleur semblable à l’argent lavé, la
carrière “Ramsès-Méryamon-aimé-de-Ptah” ainsi est-elle nommée. » Le roi de Haute et
Basse-Égypte, Ousermaâtrê-Setepenrê, fils de Rê, Ramsès-Méryamon, doué de vie.

186
Texte A22 - Mérenptah

PRÉSENTATION DU TEXTE

La grande inscription de la victoire de Mérenptah se situe à Karnak dans la cour du VIIe


pylône appelée aussi « cour de la cachette ». De nombreuses colonnes de hiéroglyphes font
défaut (environ un tiers des 79 colonnes), toutefois G. Legrain est parvenu à identifier
quelques blocs dispersés et à les repositionner sur la façade.
Cette « narration royale » raconte la victoire de Mérenptah face à une coalition libyenne,
ainsi que plusieurs peuples de la mer, en l’an 5 de son règne.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Rébellions et répression des révoltes (Roi guerrier et conquérant).

DATATION

XIXe dynastie.

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M. AZIM, G. REVEILLAC, Karnak dans l’objectif de Georges Legrain. Catalogue raisonné des
archives photographiques du premier directeur des travaux de Karnak de 1895 à 1917
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p. 238-253.

H. BRUGSCH, Geographische Inschriften altägyptischer Denkmäler, gesammelt während der


auf Befehl seiner Majestät des Königs Friedrich Wilhelm IV. von Preussen
unternommenen wissenschaftlichen Reise in Ägypten. Zweiter Band. Das Ausland. Die
Geographie des alten Ägyptens nach den altägyptischen Denkmälern zum ersten Male
zusammengestellt und verglichen mit den geographischen Angaben der Heiligen Schrift
und der griechischen, römischen, koptischen und arabischen Schriftsteller, Leipzig, 1858,
pl. XXV.

187
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et leur interprétation, SourcOr 2, 1959, p. 24-25.

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K.M. SZPAKOWSKA, Behind Closed Eyes: Dreams and Nightmares in Ancient Egypt,
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TRANSCRIPTION

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TRANSLITTÉRATION

1 [...] Ddy Jqwš Twrš Rk Šrdn Škrš mḥtyw jw⸗w n tȝw nbw 2 [...] ḫpš⸗f m pḥ.ty jt⸗f Jmn n(y)-
sw.t bjty Bȝ-ny-Rʿ-mry-Jmn sȝ Rʿ Mr~n-Ptḥ-ḥtp-ḥr-Mȝʿ.t dw ʿnḫ jsṯ jr nṯr nfr pn rnp(w) [...] 3
[...]⸗f nṯr nb m sȝ⸗f ḫȝs.t nb.t ẖr snḏ ny pȝ mȝȝ⸗f n(y)-sw.t bjty Bȝ-ny-Rʿ-mry-Jmn sȝ Rʿ Mr~n-
Ptḥ-ḥtp-ḥr-Mȝʿ.t 4 [...] jrw m jȝ.wt wȝḏ⸗wy ḫȝm sw n rk⸗f th tȝš⸗f nb nqm 5 [...] sḫr.w⸗f nb.w
wḏʿ(w) m ṯȝw ny ʿnḫ d⸗f smḫ tȝ-tmw sḏr ḥry.t pḥ.ty⸗f m 6 [...] r mk.t Jwnw njw.t Jtm r ḫw.t
Jnb-jty n Tȝ-tnn r swḏȝ s.t ḥr ḏw.t 7 [...] jhr.w16 m-bȝḥ Pr-Bȝrs.t j.jrw šknȝ17 ḥr šd.t ȝtj 8 [...]
jwty nwj jw⸗s ḫȝʿ⸗tj m šȝ ny mnmn.t m-d pḏ.t psḏ.t jw⸗s ḏʿ⸗tj m-hȝw18 tpy.w-ʿ ḥms n(y)-sw.t nb
m nȝy⸗w mr.w 9 [...] bjty.w m-ʿqȝ dmj⸗sn [jn]ḥ m Sšmw-Tȝ.wy n gȝw mšʿ bn n⸗w pḏ.wt r wšb19
ḥr⸗w ḫpr 10 [...]⸗f s.t Ḥr d⸗tw⸗f r sʿnḫ pʿ.t [ʿḥʿ]~n⸗f m n(y)-sw.t r mk.t rḫy.t wn pḥ.ty jm⸗f r jr.t
sw ḥr [ḏd] tw.tw ḥr 11 [...] Mȝbȝr sḥnw stp(w) ny pḏ.wt⸗f sšmw ny.t-ḥtr⸗f ḥr wȝ.t nb.t nȝy⸗f
mtr.w m-ʿ n ʿnḫ sbȝy.t⸗f m 12 [...]⸗f bw ḏʿr~n⸗f ḥfn.w hrw skw wḏ mnfȝ.t⸗f jy ẖr kfʿ.w nfr-ḥr ḥr
sb.t pḏ.t r tȝ nb 13 [...]20 šmw r-nty(.t) wr ẖs ḫrw(y) ny Rb Mʿrwy sȝ Ddy hȝw ḥr ḫȝs.t ny.t Ṯḥn
ḥnʿ pḏ.wt⸗f 14 [...] Šrdn Škrš Jqwš Rk Twrš m ṯȝw tp(y) ny ʿḥȝ nb pḥrr nb ny ḫȝs.t⸗f jn~n⸗f
ḥm.t⸗f ẖrd.w⸗f 15 [...] ʿȝ.w n jhȝy pḥ~n⸗f tȝš.w jmnt.t m sḫ.t ny.t Pr-jrr jsṯ ḥm⸗f ḫʿr ḥr⸗sn mj mȝj
16 [...]⸗tn sḏm⸗tn tpy.w-r(ȝ) nb⸗tn d⸗j ʿm⸗tn r ḏd jnk pȝ [...] nty ḥr mnj⸗tn wrš⸗j ḥr gmgm 17
[...]⸗tn mj jt ḥr sʿnḫ ms.w⸗f swgȝ mj ȝpd.w bw rḫ⸗tn nfr ny jrr⸗f bn wšby.t m 18 [...]⸗tj ḫȝʿ⸗tj m
wḏy.t n ḫȝs.t nb.t pḏ.t psḏ.t ḥr ḥwrʿ tȝš.w⸗s bšt.w ḥr th⸗tw⸗s rʿ nb [...] nb ḥr ṯȝ 19 [...] r ḥwrʿ
nn mnn.w ʿqʿq~n⸗w m sḫ.wt n Km.t jn jtrw ʿȝ ʿḥʿ~n⸗sn skm⸗sn hrw.w ȝbd.w ḥms 20 [...] pḥ⸗sn
ḏw.w n wḥȝ.t šʿd.w n w n Tȝ-jḥw mty~ḫr⸗tw ḏr n(y.w)-sw.tyw ḥr gnw.t k(y).t-ḫ.t hȝw nn rḫ⸗tw
21 [...]⸗tw m ḏdf.wt nn wn dj.t ḥȝw ḥr ẖ.wt⸗sn mry mwt msddy ʿnḫ ḥȝty⸗sn tny r rḫy.t 22 [...]
pȝy⸗sn wr wrš⸗w ḥr ḫt-tȝ ḥr ʿḥȝ r mḥ ẖ.wt⸗w n mnt jw⸗sn r tȝ ny Km.t r wḫȝ ẖr.t n rȝ⸗sn jb⸗w 23
[...] pȝy⸗j jn⸗tw⸗w mj wḥʿ ḥr ẖ.wt⸗w pȝy⸗sn wr m sḫrw n jwjw s twȝ jwty ḥȝty⸗f bw ḥms⸗f s(y) r
[...] 24 [...] sʿrq Pḏw.ty-šw j.d⸗j jṯȝy⸗tw jt.w m mk.w r sʿnḫ tȝ pn ny Ḫtȝ mk jnk pȝ j.d nṯr.w kȝ

16
. C. MANASSA, The Great Karnak Inscription of Merneptah: Grand Strategy in the 13th Century BC, YES 5,
2003, p. 13, note a.
17
. Ibid., p. 15, note d.
18
. Ibid., p. 17-18, note c.
19
. Ibid., p. 19, note g.
20
. Ibid., p. 23, note a. C. Manassa restitue « One came in order to say to his Majesty in year 5, second month
of ».

194
nb 25 [...] ẖry⸗j n(y)-sw.t bjty Bȝ-ny-Rʿ-mry-Jmn sȝ Rʿ Mr~n-Ptḥ-ḥtp-ḥr-Mȝʿ.t dw ʿnḫ wȝḥ kȝ⸗j
wȝḥ tȝ n[...]⸗j rwḏ⸗kw m ḥqȝ Tȝ.wy ḫy 26 [...] Tȝ-mrj hn Jmn ḫr⸗tw m Wȝs.t ḫȝʿ~n⸗f ḥȝ⸗f r
Mšwš [...] mȝȝ pȝ tȝ ny Ṯmḥ jw⸗w 27 [...] ṯs(w) pḏ.wt m-ḥȝ.t jry r sksk tȝ ny Rb wḏ⸗sn ḏr.t nṯr
ḥnʿ⸗w Jmn m-d⸗sn m qrʿ.w st wḏ [...] ny Km.t ḏdw 28 [...] r ṯḥn n hrw 14 ʿḥʿ~n mȝȝ~n ḥm⸗f m
rsw mj nty wʿ twt n Ptḥ ʿḥʿ r-qȝjw pr-ʿȝ ʿnḫ wḏȝ snb jw⸗f mj qȝ 29 [...] jw⸗f ḥr ḏd n⸗f j.šd tw dy
jw⸗f ḥr d.t n⸗f pȝ ḫpš mtw⸗k rwj pȝ ḥȝty ḥwȝw jm⸗k jw pr-ʿȝ ʿnḫ wḏȝ snb ḥr ḏd n⸗f js 30 [...]
mnf3.t [ny.]t-ḥtrj m rḫt grg ẖr-ḥȝ.t⸗sn ḥr pȝ rwḏ m-hȝw spȝ.t n(y).t Pr-jrr jst pȝ wr ẖs n 31 [...]
ḫȝw n ȝbd 3 šmw sw 1 ḥḏ tȝ n ṯḥn ḥnʿ⸗w jw pw jr~n pȝ wr ẖs ḫrw n Rb ḥr tr n ȝbd 3 šmw sw 3
jn~n⸗f 32 [...] r sȝw⸗sn pr pw jr~n pȝ mšʿ n ḥm⸗f ḥnʿ n(y).t-ḥtrj⸗f Jmn-Rʿ ḥnʿ⸗sn Nb.ty ḥr rd.t
n⸗sn ḏr.t s 33 [...] snf⸗sn nn sp jm⸗sn jst jrwy~n tȝ pḏ.wt n ḥm⸗f 6 wnw.wt [n] sksk jm⸗sn d.w n
dm.t ḥr r-ʿ[-ḫt] 34 [...] n ḫȝs.t jst wnn⸗sn ḥr ʿḥȝ [...] pȝ wr ẖs n Rb ʿḥʿ snḏ jb⸗f bdš ʿḥʿ⸗f pd 35
[...] ṯb.ty pḏ.t⸗f jspt⸗f m sḫs ḥȝ [...] ḥnʿ⸗f n ȝby.t ȝs.t [ny.]t ḥʿw⸗f nrw ʿȝ pẖrw m ḥʿw⸗f 36 jst
smȝ [...] m ḫt⸗f mnd.t⸗f ḥḏ⸗f nbw⸗f ḥnw.w⸗f n ḥsmn ʿprw n ḥm.t⸗f jsb.wt⸗f pḏ.wt⸗f ʿḥȝ.w⸗f kȝ.wt
nb jn~n⸗f 37 m tȝ⸗f m mnmn.t ʿnḫ.w ʿȝ.w [...] r ʿḥ r ms⸗w ḥnʿ ḥȝq.w jst wnn pȝ wr ẖs n Rb m
sḫs r wʿr r tȝ⸗f jw rḫt 38 rmṯ m nȝ ḫrw(y) [...] m sḫ.wt n dm.wt jst dw st nȝ n snn.w nty ḥr ḥtrj
n ḥm⸗f m-sȝ⸗sn [...] m 39 ʿḥȝ jn⸗w smȝ [...] nb bw ptr⸗f ḥr gnw.t bjty.w jst wn tȝ pn n Km.t m-
ʿ⸗sn m ʿḥʿ jȝd.t m rk n(y.w)-sw.tyw 40 nn rḫ⸗tw ḫsf-ʿ⸗sn [...] ḥȝq nn [...] n mryt sȝ⸗sn mryt⸗sn r
ḫw.t Km.t n nb⸗s wḏȝ rȝ.w-pr.w Tȝ-mrj r sḏd.t 41 pḥ.ty nṯr [nfr] ḥr [...] n mnnw jmnt.t wsty r
stp-sȝ ʿ.w.s m ḏd r nty ḫrw(y) Mʿrwy jw⸗w wʿr ḥʿw⸗f n nḏsw⸗f snw ḥr⸗j m nfrw grḥ m rwḏ 42
[...] jḥnn ḫrw sw nṯr nb ḥr Km.t nȝ šʿrw j.ḏd⸗f st wh.y ḏd.wt nb rȝ⸗f wḏb ḥr tp⸗f bw rḫ⸗tw ʿ⸗f n
m(w).t 43 [... m]k sw m bȝ.w⸗f jr ʿnḫ⸗f bn jw⸗f r ṯs jw⸗f m ḫrw(y) sbj n pȝy⸗f mšʿ ntk j.jṯȝ⸗n r d.t
smȝ 44 [...] m tȝ ny Ṯmḥw j.d⸗sn ky r s.t⸗f m sn.w⸗f nty ḥr ʿḥȝ⸗f jw⸗f ḥr ptr⸗f sḏ⸗tw nȝ wr.w mj-
qd 45 [...] ṯs-pḏt mnfȝ.t n(y).t-ḥtrj jȝw.tyw nb nyw mšʿ wn.w m n ʿrnw ẖr kfʿ 46 [...] ʿȝ.wt ẖr-
ḥȝt⸗sn ȝtp m ḥny qrnt n ḫȝs.t Rb ḥnʿ kp.w n ḫȝs.t [nb] wn.w ḥnʿ⸗w m ẖȝr.w ḥr mstj.w ḫ.t 47 [...]
ḫryw.w n tȝ⸗sn jst tȝ r ḏr⸗f m <ḥ>ʿy r ḥr(y).t dmj.w spȝ.wt ḥr nhm n nn bjȝ.wt ḫpr.wt [jtrw] 48
[...] m jn.w ẖr sšd r d.t mȝȝ ḥm⸗f qnn⸗f rḫt ḥȝq.w jnyt m tȝ pn n Rb ḥnʿ ḫȝs.wt jn~n⸗f ḥnʿ⸗f m-
mjt.t ḫt 49 [...] jwd pr-mȝ n Mr~n-Ptḥ-ḥtp-ḥr-Mȝʿ.t Jnḥ-Ṯḥnw nty m Pr-jrr r nȝ dmj.w ḥr.w n
ḫȝs.t šȝʿ-m Mr~n-Ptḥ-ḥtp-ḥr-Mȝʿ.t [...] 50 [...] ḥnny m qrnt s 6 ms.w wr.w sn.w n pȝ wr n Rb
ẖdb.w jnyt nȝy⸗sn ḥnn 51 [...] Rb ẖdb.w jnyt nȝy⸗sn ḥnny m qrnt 6359 dmḏ ms.w wr.w ʿȝ 52
[...] Šrdn Škrš Jqwš n nȝ ḫȝs.wt n pȝ ym nty bn n⸗w qrnt 53 [...] qrnt Škrš s 222 jr(⸗w) n ḏr.t
250 Twrš s 742 jr(⸗w) n ḏr.t 790 Šrdn 54 [...] Jqwš nty mn m-d⸗w qrnt ẖdb.w jnyt nȝy⸗sn kp.w-
ḏr.t mn m-d⸗w 55 [...] mr.w jnyt nȝy⸗sn ḥnn m qrnt r pȝ nty tw⸗tw jm s 6111 jr n ḥnn m qrnt 56
[...] nȝy⸗sn kp.w s 2362 Škrš Twrš jy m ḫryw ny Rb 57 [...] Qhq Rb jnyt m sqb.w-ʿnḫ s 218
ḥm.wt n pȝ wr ḫr.w n Rb jn.w⸗f jrm⸗f jw⸗w ʿnḫ Rb s.t 12 dmḏ jnyt 58 [...] 9376 ḫʿw.w n rȝ-ʿ-ḫt

195
wn m ḏr.t⸗w jnyt m ḥȝq ḥmt(y) sf.wt Mšwš 9111 59 [...] 120214 ḥtr.w wn ẖry pȝ ḫrw(y) n Rb
ḥnʿ nȝ ms.w wr n Rb jnyt jw⸗w ʿnḫ-ʿ 12 ḫ.t 60 [...] Mšwš ḥȝq ḥm⸗f ʿ.w.s wn ḥr ʿḥȝ nȝ ḫrw(y) n
Rb mnmn.t šbn 1307 ʿnḫ.w 61 [...] šbn 64 ḥḏ ṯb.w n swr [...] ṯȝpr rhd.wt sf.wt kṯ.w mḏrn.w
mẖʿq.wt ḥn.w šbn 3174 wjȝ⸗tw 62 [...] jw⸗tw ḥr d.t ḫ.t m pȝ jhy nȝy⸗w ẖn.w qrm.t nb⸗sn n(y)-
sw.t ḫʿ ʿ.w.s m wsḫ.t ʿḥ.t jw 63 [...] ḥm⸗f ʿ.w.s [m] ḥʿy ẖry mȝȝ⸗f jr~n⸗f ḫpr ḥm.w n [...] ʿ.w.s m
ḥʿy r ḥry(.t) pȝ šms.w m jtr.ty 64 [...] nfrw jr~n Rʿ n kȝ⸗j d⸗j nḥy⸗sn r ḏd m nṯr dd pḥ.ty d~n
mry⸗f n(y)-sw.t bjty Bȝ-ny-Rʿ-mry-Jmn sȝ Rʿ Mr~n-Ptḥ-ḥtp-ḥr-Mȝʿ.t ʿ.w.s 65 [...] dmḏ st m
bȝk.w m-ẖnw pȝy⸗sn dmj Kš mjt.t ẖr jnw ḫrw(y) dw⸗j ʿmw⸗f m ḏr.t⸗j m rnp.t n(y).t-ʿ 66 [...] pr⸗f
n [...] rmṯ [...] pȝy⸗f wr ḥr fȝy [...] bȝk.w⸗f r-tnw rnp.t m spy.t jry ḫȝ(y.t) ʿȝ m-m⸗sn d⸗j pȝ nty
ʿnḫ r mḥ rȝ.w-pr.w 67 [...] m-bȝḥ nfr n Km.t wšb rmṯ [...] Rb r-ḏr[⸗f] [...] pȝy⸗sn wr ḫrw(y)
wʿr r-ḥȝ.t⸗j dw⸗j m [...] smȝ sw jry sw m ssf jwd.t mj ȝpd.w dw⸗j tȝ 68 [...] nȝy⸗j ḫrwy.w sw
kmw [...] qȝy msḏr [...] nṯry.wy sw sw m [...] n nṯr nb ntw ms wj nȝ r nb wʿ n Km.t hȝy thy nȝ
nhp ḥr⸗s ẖr nsy.t⸗j ḥs[...] Ptḥ 69 [...] sȝ⸗f Bȝ-ny-Rʿ-mry-Jmn ʿ.w.s j.dr ḫfty.w⸗f fqȝ tȝ nb r-
ḏr[⸗f] [...] nḫt Rʿ ḫpš r pḏ.t psḏ.t j.dw Stẖ nḫt qny n Ḥr ḥʿy m mȝʿ.t ḥw pḏ.t psḏ.t n(y)-sw.t bjty
Bȝ-ny-Rʿ-mry-Jmn sȝ Rʿ Mr~n-Ptḥ-ḥtp-ḥr-Mȝʿ.t ʿ.w.s jnk 70 [...] pȝ ms.t wj jw⸗j m sȝ smsw ḥr
s.t Gb šsp⸗j jȝw.t n [...] qn nn jṯ⸗tw⸗f wnw nȝ Rb ḥr wȝwȝ bjn r jrr⸗w ḥr Km.t ptr ḫr⸗j sn smȝ⸗j
sn jrw m mr.w ptr st 71 [...] nȝy⸗j nfrw ʿšȝ.w m ẖ.t n pʿ.t ȝḫ⸗kw n⸗w r jt mw.t ms [...] mj j.d⸗j
Tȝ-mrj m sš m jtrw mry wj rmṯ mj mry⸗j st rd.t n⸗sn ṯȝw r nȝy⸗sn njw.wt nhm⸗tw ḥr rn⸗j m p.t
tȝ.w 72 [...] nʿt n rḫy.t ḏdy⸗tw n⸗j ḥsy ḥr nȝy⸗j mtr [...] gmw⸗sn jr hȝw⸗j nfrw m rȝ n ḏȝmw mj
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Jmn sȝ Rʿ Mr~n-Ptḥ-ḥtp-ḥr-Mȝʿ.t ʿ.w.s ḏd~n mʿbȝy.t tmm⸗tj m swȝš nb mnḫ jṯ Tȝ.wy n(y)-sw.t
bjty Bȝ-ny-Rʿ-mry-Jmn sȝ Rʿ Mr~n-Ptḥ-ḥtp-ḥr-Mȝʿ.t ʿ.w.s ḏd⸗w ʿȝ.wy st ḫpr n Km.t [...] 74
[...] ʿȝ nȝ nty m-bȝḥ⸗n bw ptr nȝy⸗n jt.w [...] bjȝ.yt r-ʿ m sḏm m-d ky.t ḫ.t wʿ Rb mj spr jnw m
kfʿw dj⸗k ḫprw⸗sn mj snḥm.w mj wȝ.t nb ḫnr m nȝy⸗sn 75 [...]⸗f nḥm d⸗k ḥȝty s nb m ẖ.t⸗f jw⸗w
r ḥtp jȝw [...] ḥryt⸗tw [...] kȝ.w⸗k m rȝ šȝʿ sḏr⸗n m ršw.t r tr nb jw wn bw 77 [...] rn⸗k r nḥḥ šȝʿ
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mȝȝ⸗n st 78 [...] m ẖr(y).t-nṯr ʿn ḏr.t n(y).t hȝw ḥr njw.t⸗f jn sȝ⸗f nṯry sʿnḫ rn[⸗f] Mr~n-Ptḥ-ḥtp-
ḥr-Mȝʿ.t ʿ.w.s pȝ [...] j.d Rʿ n Tȝ-mrj n(y)-sw.t bjty Bȝ-ny-Rʿ-mry-Jmn sȝ Rʿ Mr~n-Ptḥ-ḥtp-ḥr-
Mȝʿ.t ʿ.w.s [...] 79 [...]⸗f ḥr pȝ rwḏ jmnt.t n mjt.t ḥw.t-nṯr n nṯr nb nṯr.t nb [...] n jnr spẖr m ḫȝ
nb m sš r ḏ.t n(y)-sw.t bjty nb Tȝ.wy Bȝ-ny-Rʿ-mry-Jmn sȝ Rʿ nb ḫʿ.w Mr~n-Ptḥ-ḥtp-ḥr-Mȝʿ.t
dw ʿnḫ(w) mj Rʿ ḏ.t

196
TRADUCTION

[...] Dédy, Iqouch, Tourech, Rek, Chereden, Chekerech, les habitants du Nord, ils sont venus
de tous les pays. [...] la force de son bras provenant de la puissance de son père Amon, roi de
Haute et Basse-Égypte, Baenrê, l’aimé d’Amon, le fils de Rê, Mérenptah, celui qui satisfait la
maât, qu’il soit en vie. Alors que ce dieu parfait et jeune [...] chaque dieu étant sous sa
protection, chaque contrée étrangère étant sous la crainte de son regard, le roi de Haute et
Basse-Égypte, Baenrê, l’aimé d’Amon, le fils de Rê, Mérenptah, celui qui satisfait la maât.
[...] transformer en butte. Il a prospéré, celui qui s’est prosterné en son époque, quant à celui
qui attaque toutes ses frontières, il souffre. [...] tous ces desseins. Celui qui juge grâce au
souffle de vie et qui fait en sorte que tous les hommes qui paressent, oublient la terreur [...]
pour protéger Héliopolis, la cité d’Amon, pour garder sauf « le mur du souverain » de
Tatenen, pour préserver la place du mal. [...] tentes devant Per-Baraset qui a atteint le canal
Chakana au lac artificiel du canal Iti. [...] sans en prendre soin. Elle a été abandonnée sous
forme de champs pour le bétail à cause des Neuf Arcs. Elle a tempêté auprès des ancêtres
alors que tous les rois siégeaient dans leurs pyramides. [... les rois de] Haute et Basse-Égypte
étaient face à leurs villes, entourés de « Celui qui guide le Double-Pays » à cause du manque
de troupes. Il n’y avait pas d’archers pour les protéger. [...] le trône d’Horus. On le nomma
pour qu’il approvisionne les nobles alors il apparut en tant que roi afin de protéger
l’humanité. La force était en lui pour agir. Il dit : « L’un [...] Mabara. Celui qui commande et
choisit le meilleur de ses archers. Celui qui guide ses chars sur toutes les routes. » Ses
éclaireurs étant en vie, ses enseignements dans [...] Il ne pensait pas aux centaines de milliers
le jour de la bataille. Son infanterie partit et revint croulant sous les butins. La belle face
envoya les archers en direction de toutes les terres. [...] chémou en ces termes : « Le vil chef
des ennemis de Reb, Mârouy le fils de Dédy est descendu sur la contrée étrangère du
Tjéhénou en compagnie de ses archers. [...] Chereden, Chekerech, Iqouch, Rek, Tourech
en transportant le meilleur de tous les combattants et de tous les coureurs de chacune de
ses contrées étrangères. Il apporta ses épouses et ses enfants. [...] les grands des
campements. Il atteignit les frontières occidentales par la campagne de Per-Irer. » Alors
Sa Majesté enragea comme un lion. [...] : « Écoutez les paroles de votre seigneur pour que
je puisse faire en sorte que vous sachiez que je suis le [...] celui qui vous guide. Je passe le
temps à briser (des os d’ennemis). [...] comme un père nourrissant ses enfants stupides,
semblable aux oiseaux. Vous ne connaissez pas les bonnes (choses) résultant de son action. Il
n’y a pas de réponses pour [...] et abandonné à cause de l’expédition de toutes les contrées

197
étrangères. Les Neuf Arcs pillent ses frontières. Les rebelles l’endommagent chaque jour.
Tous les [...] pillent. [...] pour piller ces monuments. Ils sont entrés dans les campagnes de
l’Égypte par le grand fleuve. » Alors ils ont passé des jours et des mois à siéger. [...] ils
atteignirent les montagnes de l’oasis de Chadou du district de Farafra. Alors on témoigna des
annales des autres temps depuis (l’époque) des rois. On ne savait pas [...] sous forme de
rampants, sans ajouter leurs entrailles. Concernant ceux qui aiment la mort et ceux qui
haïssent la vie, leurs cœurs se distinguent de ceux des sujets (d’Égypte). [...] leur chef. Ils
passèrent la journée à envahir la terre21 et à combattre afin de remplir leurs ventres. Viennent-
ils au pays d’Égypte afin de chercher pour leurs bouches ? Leurs esprits [...] Mon [...] Ils ont
été amenés comme un synodonte sur leurs ventres. Leur chef étant à la manière du chien-
jwjw, un homme mauvais, sans son cœur. Il ne l’a pas occupé jusqu’à [...] achever le Pedjouti-
Shou. J’ai fait en sorte que l’on saisisse de l’orge par bateaux afin de nourrir ce pays du Hatti.
Vois, je suis celui à qui les dieux ont donné tous les aliments. [...] sous moi, roi de Haute et
Basse-Égypte, Baenrê, l’aimé d’Amon, le fils de Rê, Mérenptah, celui qui satisfait la maât,
qu’il soit en vie. Que mon ka demeure longtemps et que ma [...] dure, je suis établi fermement
en tant que souverain du Double-Pays et du ciel. [...] l’Égypte. « Amon approuve » dit-on à
Thèbes. « Il a tourné le dos à l’encontre de Mechouch [sans] regarder la terre de Tjemeh. Ils
[...] commandant des archers face à eux pour détruire la terre de Reb. Ils sont partis avec la
main de dieu et Amon avec eux en tant que boucliers. On a commandé [...] de l’Égypte en
disant [...] pour rencontrer (l’ennemi) dans 14 jours. » Alors, Sa Majesté vit en rêve comme
une statue de Ptah se tenant debout à côté de pharaon, v.s.f. Elle était comme une butte [...]
Elle lui disait : « Emporte le ici. » Elle lui donna la hache de guerre : « Tu banniras le cœur
vexé par toi. » Pharaon, v.s.f, lui dit : « [...] l’infanterie et la cavalerie listées et mises en ordre
face à eux sur la rive près de la région de Per-Irer. » Tandis que le vil chef [...] le troisième
mois de chémou, premier jour. C’était pour s’engager dans la bataille avec eux que la terre
était devenue lumineuse. Le vil chef ennemi de Reb vint au troisième mois de chémou, le
troisième jour. Il apporta [...] afin de les retenir. L’armée de Sa Majesté ainsi que sa cavalerie
sortirent accompagnées d’Amon-Rê. Les Ombites leur donnaient la main. L’homme [...] leur
sang, sans succès parmi eux. Tandis que les archers de Sa Majesté passèrent six heures à les
détruire. Ils furent livrés au combat durant le [combat] [...] d’une contrée étrangère. Alors
qu’ils combattaient, le vil chef de Reb [fut] effrayé, son esprit affaibli se trouvant étendu [...]
des sandales, son arc, son carquois, en fuyant, derrière [...]. [...] avec lui à cause du

21
. C. Manassa propose « they spend the day wandering » (C. MANASSA, op. cit., p. 34).

198
tremblement de ses chairs, le grand effroi entourant ses membres. Tandis que [...] tuer [...]
consistant en ses produits, ses tributs, son argent, son or, ses vases de bronze, le bijoux de son
épouse, ses trônes, ses arcs, ses flèches, tous ses vivres qu’il avait apportés de sa terre avec le
bétail, des chèvres et des ânes. [...] vers le palais pour les amener avec les captifs. Tandis que
le vil chef de Reb courait et s’enfuyait vers sa terre, le nombre de personnes de l’ennemi [...]
les coups de couteaux. Alors que les soldats des chars qui étaient placés sur l’attelage de Sa
Majesté se placèrent après eux [...] pour combattre, ils vinrent tuer [...] Il n’a pas été vu cela
dans les annales des rois de Haute et Basse-Égypte. Tandis que cette terre d’Égypte se tenait
dans le besoin depuis l’époque des rois. [...] On ne savait pas comment s’opposer à eux. [...]
capturer [...] pour l’amour de leurs fils et leurs volontés de protéger l’Égypte pour son
seigneur, afin que les temples d’Égypte soient préservés et pour raconter la force du dieu
parfait [...] de la forteresse occidentale. Un document officiel en direction du palais, v.s.f,
disant cela : « L’ennemi Mârouy est parti. Ses membres ont fui à cause de sa bassesse,
transgressés par moi durant la fin de la nuit avec la corde de l’arc. [...] tous les dieux l’ont fait
tomber pour l’Égypte. Les promesses qu’il a dites, cela a échoué, toutes les paroles de sa
bouche. Il a détourné sa tête. On ne connaissait pas sa condition de mort. [...] Vois, il est sous
la forme de ses baous. S’il vit, il ne commandera pas. Il est un ennemi, un rebelle de son
armée. Toi tu nous attrapes pour faire en sorte de tuer. [...] au pays de Tjéhénou. Un autre sera
mis à sa place parmi sa fratrie qui combat et qui voit afin qu’on brise les chefs
intégralement. » [...] des officiers, l’infanterie, la cavalerie, tous les dignitaires de l’armée
étaient comme des troupes d’élite portant le butin. [...] des singes devant eux portant des
phallus et des prépuces de la contrée étrangère de Reb avec les mains (coupées) de toutes les
contrées étrangères qui étaient avec eux dans des sacs et des corbeilles. Les choses [...] les
ennemis de leurs terres. Maintenant la terre entière exultait jusqu’au firmament, les villes et
les régions jubilaient à cause de ces prodiges qui étaient advenus. Le fleuve [...] en hommage
sous la fenêtre afin que Sa Majesté puisse voir sa supériorité. Liste des butins qui furent
apportés de cette terre de Reb, comme ce qu’elle a apporté avec elle des contrées étrangères.
Les choses [...] sépare le pavillon de Mérenptah, celui qui satisfait la maât, celui qui entoure
le Tjéhénou se trouvant à Per-Irer et les domaines se trouvant dans la contrée étrangère
débutant par « Mérenptah, celui qui satisfait la maât » [...] phallus et prépuces, 6 hommes,
enfants des chefs et les frères du chef de Reb tués et leurs phallus rapportés [...] de Reb tués,
leurs phallus et leurs prépuces rapportés, au total 6359 des enfants des grands chefs [...]
Chereden, Chekerech, Iqouch des contrées étrangères de la mer qui n’avaient pas de prépuces
[...] prépuces de Chekerech : 222 hommes, valant 250 mains. Tourech : 742 hommes, valant

199
709 mains. Chereden [...] Iqouch ceux qui n’avaient pas de prépuces furent tués et leurs mains
coupées furent emportées car ils n’avaient pas [...] pyramides. Leurs phallus avec leurs
prépuces furent apportés à cet endroit. 6111 hommes, valant [...] phallus et prépuces [...] leurs
mains. 2362 hommes : Chekerech, Tourech vinrent avec les ennemis de Reb [...] Qeheq et
Reb furent amenés en tant que prisonniers : 218 hommes. Les épouses du chef ennemi de Reb
qu’il avait apportées avec lui, elles étaient vivantes. Total : 12 femmes Reb furent apportées.
[...] 9376 armes de combat qui étaient dans leurs mains furent apportées en tant que butin :
9111 épées en cuivre du Mechouch [...] 120214 attelages portant l’ennemi de Reb
accompagné par les 12 enfants du chef de Reb furent apportés. Les choses [...] Mechouch.
Butin de Sa Majesté, v.s.f, à cause du combat du rebelle de Reb : 1307 troupeaux mélangés,
chèvres [...] mélanges, 64 récipients pour boire en argent [...] récipients-ṯȝpr, récipients-
rhd.wt, des épées, récipients-kṯ.w, des objets en métal, des rasoirs, récipients-ḥn.w mélangés :
3174. On repoussa [...] on mit le feu au camp. Leurs tentes furent en cendre. Leur seigneur, le
roi, v.s.f, était apparu dans la salle du palais. [...] Sa Majesté, v.s.f, réjouissez-vous de le voir.
Il a fait ce qui est advenu. Les serviteurs de [...] v.s.f, se réjouirent vers le ciel et les suivants
dans les deux côtés. [...] beauté que Rê a produite pour mon ka. Je vais faire en sorte qu’ils
prient pour dire : « Dieu donne la force (à) son bien aimé, le roi de Haute et Basse-Égypte
Baenrê, l’aimé d’Amon, le fils de Rê, Mérenptah, celui qui satisfait la maât, v.s.f, qui a
accordé [...] les a rassemblés comme serviteurs au sein du pays et des villes, Kouch portant
également des présents. L’ennemi que j’ai obligé à comprendre est dans ma main durant
l’année. La tradition [...] son domaine [...] les gens [...] son chef portait [...] ses vivres chaque
année du reste. Un grand massacre a été fait parmi eux, j’ai donc fait en sorte que le
(sur)vivant remplisse les temples [...] avant. » Les gens répondirent [...] Reb entièrement [...]
« Leur chef rebelle s’était enfui devant moi, j’ai fait en sorte [...] de le tuer. Il fut transformé
en cendre et pris au piège comme un oiseau. J’ai donné la terre [...] de mes ennemis. [...] a été
complété [...] et s’élever. L’oreille [...]. Il est divin ! Il est [...] de chaque dieu. Ils m’ont porté
pour que je sois l’unique seigneur de l’Égypte. Le transgresseur, qui voudra l’abattre, tombera
sous ma royauté. » Loué de Ptah. [...] son fils, Baenrê, l’aimé d’Amon, v.s.f, celui qui
repousse les ennemis et qui récompense chaque terre entièrement [...] la victoire de Rê, bras
puissant contre les Neuf Arcs. Seth a accordé la victoire et la bravoure à l’Horus, celui qui se
réjouit dans maât et qui frappe les Neuf Arcs, le roi de Haute et Basse-Égypte, Baenrê, l’aimé
d’Amon, le fils de Rê, Mérenptah, celui qui satisfait la maât, v.s.f [...] « Je suis [...] celui qui
m’a porté. Je suis le fils aîné sur le trône de Geb. J’ai reçu la fonction de [...] brave. On ne
doit pas le prendre. Ces Libyens ont comploté le mal afin de le faire en Égypte. Voyez, je

200
les ai fait tomber, je les ai tués, transformés en tombes. Voyez cela [...] Ma beauté
considérable est dans la chair des nobles. Je suis plus utile que le père et la mère qui ont porté
[...] comme j’ai fait apparaître l’Égypte dans le fleuve. Les gens m’aiment comme je les aime.
Je leur ai donné le souffle pour leurs villes. Mon nom se réjouira dans le ciel et les terres. [...]
clémence des gens. On dira pour moi des louanges à propos de ma droiture [...] ils ont trouvé.
Ma richesse parfaite est établie dans la bouche des jeunes gens dans la mesure où j’ai fait pour
eux de grands prodiges. La maât [...]. [...] Voyez vous-mêmes, il n’y a pas de vantardise ! »
Le roi de Haute et Basse-Égypte, Baenrê, l’aimé d’Amon, le fils de Rê, Mérenptah, celui qui
satisfait la maât, v.s.f. Le conseil des Trente a dit en complétant et en honorant le seigneur
efficace, celui qui s’empare du Double-Pays, le roi de Haute et Basse-Égypte, Baenrê, l’aimé
d’Amon, le fils de Rê, Mérenptah, celui qui satisfait la maât, v.s.f, ils dirent : « Grand est ce
qui est arrivé à l’Égypte ! [...] grandes les choses avant nous. Nos pères n’ont pas vu [...] un
prodige de même que l’autre chose unique entendue. Reb est comme un pétitionnaire qui a été
apporté en tant que prisonnier. Tu les as fait se transformer comme des sauterelles, dans la
mesure où les chemins furent éparpillés par leurs [...] Tu as placé le cœur de chaque homme
dans son corps. Ils seront apaisés durant la vieillesse. [...] ... [...] vos provisions sont dans la
bouche dès le début et nous serons étendus dans la joie à toutes les périodes. [...] tes plans
efficaces sont exaltés sur [...] remparts [...] celui qui voit chaque fois une maison enceinte
fortifiée. Écouter leurs réponses est efficace. [...] ton nom pour l’éternité, depuis le
commencement, sera dans le ciel et la terre. La victoire dans les annales ne sera pas passée
sous silence [...] les années comme Atoum. Ton ka vivra longtemps, ton chef perdurera
longtemps et acquiesce [...] dans la nécropole. Celui qui détourne sa main des affaires de sa
ville. Son fils divin fait vivre son nom, Mérenptah, celui qui satisfait la maât, v.s.f [...] Rê a
donné l’Égypte, Baenrê, l’aimé d’Amon, le fils de Rê, Mérenptah, celui qui satisfait la maât,
v.s.f. [...] sur le semblable au temple de tous les dieux et toutes les déesses [...] du bloc de
pierre, copié dans chaque bureau un écrit pour toujours. » Le roi de Haute et Basse-Égypte,
seigneur du Double-Pays, seigneur des apparitions, Baenrê, l’aimé d’Amon, le fils de Rê,
Mérenptah, celui qui satisfait la maât, v.s.f, fasse qu’il vive comme Rê pour toujours.

201
Texte A23 - Smendès

PRÉSENTATION DU TEXTE

L’inscription, gravée sur un pilier à Gebelein, a été découverte par G. Daressy22. La


compréhension de ce récit est ardue étant donné que le texte est très lacunaire et que les
parties conservées sont souvent incertaines. Ainsi, J.H. Breasted omet de nombreuses portions
de texte dans sa traduction23 et A. Cabrol qualifie même un passage d’« incompréhensible »24.
Dans son article, G. Daressy tente de compléter les lacunes mais ces dernières n’ont pas été
nécessairement confirmées par la communauté égyptologique, c’est donc avec prudence qu’il
faut les lire25. Aujourd’hui, la stèle est perdue26. Ce récit demeure toutefois très intéressant car
il s’agit de la seule inscription à caractère historique que l’on ait pu attribuer au roi Smendès,
fondateur de la XXIe dynastie27.
La « narration royale » raconte qu’une crue colossale a causé de nombreux dégâts28,
Smendès fait donc envoyer un nombre important d’hommes afin d’effectuer les réparations.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Activité de restauration (Roi pieux et ingénieux).

DATATION

XXIe dynastie29.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

J.H. BREASTED, Ancient Records of Egypt, IV: The The Twentieh to the Twenty-Sixth
Dynasties, Chicago, 1906, p. 308-309.

A. CABROL, Les voies processionnelles de Thèbes, OLA 97, 2001, p. 640-646.

22
. G. DARESSY, « Les carrières de Gebelein et le roi Smendès », RecTrav 20, 1888. p. 133-135.
23
. J.H. BREASTED, Ancient Records of Egypt, IV: The The Twentieh to the Twenty-Sixth Dynasties, Chicago,
1906, p. 308-309.
24
. A. CABROL, Les voies processionnelles de Thèbes, OLA 97, 2001, p. 642, note 54.
25
. Ibid., p. 641, note 48.
26
. Ibid., p. 641, note 47.
27
. Ibid., p. 641 ; G. DARESSY, op. cit.. p. 137.
28
. L’état fragmentaire du récit ne nous permet pas de comprendre de manière certaine les événements
(J.H. BREASTED, op. cit., p. 308 ; Ibid., p. 641-643).
29
. XIe-Xe s. av. notre ère.

202
G. DARESSY, « Les carrières de Gebelein et le roi Smendès », RecTrav 20, 1888. p. 133-138.

R.B. GOZZOLI, The writing of history in ancient Egypt during the first millennium BC
(ca.1070 - 180 BC): Trends and perspectives, Egyptology 5, 2006, p. 22-25.

K. JANSEN-WINKELN, Inschriften der Spätzeit. Teil I: Die 21. Dynastie, Wiesbaden, 2007,
p. 1-3.

G. MASPERO, « Stele of King Smendes (Twenty-First Dynasty) », dans G. Maspero (éd.),


Études de mythologie et d’archéologie égyptiennes VIII, Bibliothèques égyptologique 40,
1916, p. 257-263.

TRANSCRIPTION30

10

11

12

13

14 15

16

17

30
. Les signes reproduits ainsi que la translittération et la traduction associées à ceux-ci ne sont pas certains du
fait des nombreuses lacunes qui ont été comblées par des propositions de G. Daressy (A. CABROL, op. cit.,
p. 640-641).

203
TRANSLITTÉRATION

1 ʿnḫ Ḥr kȝ-nḫt mrj Rʿ Jmn ḫpš⸗f r sqȝ mȝʿ.t Nb.ty sḫm-pḥ.ty ḥw-rqy.w⸗f bhȝtw⸗f hpt kȝ m [...]
2 ḫsf dndn n(y)-sw.t bjty nb Tȝ.wy nb jr(.t) ḫ.t ḥqȝ Mḥw ḥḏ Ḫpr-Rʿ stp(w)~n-Rʿ sȝ Rʿ nb ḫʿ.w
mj Jmn-Rʿ (ny)-sw.t nṯr wr [...] 3 ḏd wȝs Rʿ mj ḏ.t jstw ḥm⸗f n dmy.t Ḥw.t-kȝ-Ptḥ ẖnw⸗f šps
sqn nḫt mj Rʿ [...] 4 nb ʿnḫ Tȝ.wy Sḫm.t ʿȝ(.t) mry Ptḥ [...] Mntw psḏ.t nṯr.w jmw jnb ḥḏ jst
ḥm⸗f snḏm m wȝ[...] 5 ḥm⸗f jw ʿ jn.t wn m ḏrw.w n Jp.t rs.yt jr~n n(y)-sw.t Mn-ḫpr-Rʿ wȝ[s...]
6 wnm (m) ḥj.t ʿȝ.t jqḥw wr m [...]⸗f r sȝtw ʿȝ pr n ḥw.t-nṯr wḏb⸗f ḫn[t ...] 7 n⸗s⸗sn jr mdw pw
ḏd.t m ḥr⸗j n ḫ.t pw m rkw ḥm⸗j ḏr⸗s wȝ mjt.t jry m ḫm [...] 8 ḫw (s)dȝd jm wnn ʿ pw <ḥ>tr ḥr
tr n rnp.t ḥr smd.t [...] 9 m ḫm <j>nn r-ȝw [...] jty wn~jn ḥm⸗f r [...] 10 s 3000 ḥnʿ⸗sn m stp n
r(ȝ) ḥw s.w n ḥm⸗f wḏ⸗tw jmy-rȝ n ḥm⸗f (j)m(j)-ḥr⸗sn ȝḫ js r [...] 11 [...]s.t ḥnty n(y).w ḥm⸗f jry
sȝw rd.wy(⸗f) sḫpr ʿḥʿ m [...] 12 mt(y).t [...] m qd⸗tw ẖȝ.t pn m rkw sšw šps.w r hȝw Jn(r)ty
[...] 13 hw.t-nṯr n Mnṯ nb.t31 Ḏrty n ḏrj⸗sn wḏ.t pn dd mn ḥm⸗f [...] 14 ẖt m ʿt⸗sn tp ȝbd d.t
wḏ.t rs ḏsr r ḏsr.t kȝ.t n(y).t wḏ [...] 15 m ḥsbw wnw nḫn ḥr mnd.t n mw.t⸗f r šȝ [...] 16 jry m
mjt.t⸗f m rkw tp-ʿ šps.w jstw ḥm⸗f sšn m sp-sn mj Ḏḥwty [...] 17 s.w r b(w) jqr jwʿ jry m qn nḫt
ḫʿ ḥr s.t Ḥr [...]

TRADUCTION

L’Horus vivant, taureaux victorieux, l’aimé de Rê, Amon lui a rendu le bras fort pour qu’il
exalte Maât, celui des deux Maîtresses, à la force puissante, il frappe ses opposants et ses
fugitifs, qui étreint pour [...] celui qui punit la colère, le roi de Haute et Basse-Égypte,
seigneur du Double-Pays, seigneur de l’accomplissement des rites, souverain de la Basse-
Égypte, Hedjkhéperrê, celui qui a été choisi par Rê, le fils de Rê, seigneur des apparitions
comme Amon-Rê, roi et grand dieu [...] stable et puissant comme Rê pour toujours. Ainsi Sa
Majesté se trouvait dans la ville de Memphis, sa noble résidence, forte et victorieuse
comme Rê, [...] seigneur du Double-Pays, Sekhmet la grande aimée de Ptah [...] Montou
et l’Ennéade des dieux sont là à Memphis. Tandis que Sa Majesté se reposait dans [...]
Sa Majesté : « Le canal (des hautes eaux) de la vallée32 qui se trouve aux limites de
l’Opet du Sud, réalisé par le roi Menkheperrê33, est endommagé [...] englouti par une
grande inondation et un grand courant de [...] sur le grand sol du domaine du temple.

31. Ibid., p. 642, note 56.


32
. Ibid., p. 642.
33
. Thoutmosis III.

204
Elle revint parmi [...] ». [...] à eux : « En ce qui concerne les paroles qui m’ont été dites, il
n’y eut pas de chose semblable depuis les temps anciens jusqu’au temps de Ma Majesté. À
propos de l’ignorance [...]. [...] trembler (?). Il y a là ce canal, prélever les taxes à cette
période de l’année à la frontière [...]. [...] d’ignorer ces choses entièrement [...] du souverain. »
Alors Sa Majesté [...] 3000 hommes avec eux provenant d’un choix [...] des hommes de Sa
Majesté. On ordonna au directeur de Sa Majesté [...] ordre : « Hâte-toi vers [...] la montagne.
Le peuple de Sa Majesté comme guide de (ses) pieds, faisant advenir la quantité pour [...]
précise [...] afin que l’on façonne cette carrière durant l’époque passée des ancêtres jusqu’au
temps présent. Gebelein [...] temple du seigneur Montou afin qu’ils gravent ce décret qui
établit Sa Majesté [...][...] en estimant et pressant le nourrisson sur le sein de sa mère pour
[...] » [...] pareille chose n’avait été faite avant le temps des ancêtres. Ensuite Sa Majesté
apparut une seconde fois comme Thot [...] en récompense bravoure, force et apparition sur le
trône d’Horus [...]

205
Texte A24 - Taharqa

PRÉSENTATION DU TEXTE

En 1931, cinq stèles ont été découvertes dans la cour du grand temple T de Kawa par
l’équipe du professeur Griffith34. La stèle « Kawa IV », examinée pour cette étude, se trouve
au musée de Khartoum (n°2678) et fonctionne généralement de paire avec la stèle
« Kawa V »35.
L’inscription raconte qu’étant jeune prince, Taharqa se rend en Nubie et découvre avec
tristesse l’état de délabrement du temple d’Amon de Gématon, devenant par la suite roi il
décide de le restaurer.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Activité de restauration (Roi pieux et ingénieux).

DATATION

XXVe dynastie36.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

R. GOZZOLI, « La relazione tra dio e faraone nelle stele di Taharqo da Kawa », dans
A. Roccati (éd.), La pratica della religione nell'antico Egitto: atti del X convegno
nazionale di Egittologia e Papirologia (Roma, 1-2 febbraio 2006), Milan, 2005, p. 161-
173.

R.B. GOZZOLI, « Royal Sisters and Royal Legitimization in the Nubian Period (c. 760–300
BC): Taharqo’s Kawa Stelae as a Paradigm ? », dans W. Godlewski, A. Lajtar (éds),
Between the Cataracts: Proceedings of the 11th Conference of Nubian Studies, Warsaw
University, 27 August-2 September 2006, PAM sup. 2.2/2, 2010, p. 483-487.

K.A. KITCHEN, « The Kawa stelae of Taharqa (years 2-10, 689-680 BCE) », dans
Jr. Younger, K. Lawson (éds), The context of Scripture, volume 4: Supplements, Boston,
2016, p. 18-24.

34
. M.F.L. MACADAM, The temples of Kawa. Volume I: The inscriptions, 1949, p. 4-44.
35
. R.B. GOZZOLI, « Royal Sisters and Royal Legitimization in the Nubian Period (c. 760–300 BC): Taharqo’s
Kawa Stelae as a Paradigm ? », dans W. Godlewski, A. Lajtar (éds), Between the Cataracts: Proceedings of
the 11th Conference of Nubian Studies, Warsaw University, 27 August-2 September 2006, PAM sup. 2.2/2,
2010, p. 483-487.
36
. VIIIe-VIIe s. av. notre ère.

206
G. LENZO, Les stèles de Taharqa à Kawa: paléographie, Paléographie hiéroglyphique 7,
2015.

M.F.L. MACADAM, The temples of Kawa. Volume I: The inscriptions, 1949, p. 14-21.

M.F.L. MACADAM, The temples of Kawa. Volume II: History and archaeology, 1949, pl. 7-8.

H PERDRIAUD, « L’an VI de Taharqa, l’année des “merveilles” », ENiM 12, 2019, p. 282-
293.

R.H. PIERCE, « Stela of Taharqo from Year 6 from Kawa (Kawa IV) », dans T. Eide et al.
(éds), Fontes Historiae Nubiorum. Textual Sources for the History of the Middle Nile
Region between the Eigth Century B.C. and the Sixth Century B.C. Vol I: From the Eighth
to the Mid-Fifth Century BC, Bergen, 1994, p. 135-145.

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TRANSLITTÉRATION

1 rnp.t sp 6 ḫr ḥm n Ḥr q(ȝj)-ḫʿ(.w) nb.ty q(ȝj)-ḫʿ(.w) Ḥr (ny) nbw ḫwj-Tȝ.wy n(y)-sw.t bjty


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ḫʿ⸗f ḏd~jn ḥm⸗f n smr.w⸗f mk jb⸗j r qd ḥw.t-nṯr 14 n jt⸗j Jmn-Rʿ Gm-pȝ-Jtn ḥr nt(y).t wnn⸗s
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208
mw.wt n(y).t mw.t⸗j 17 jn sn⸗sn wr sȝ-Rʿ J-r-r-j mȝʿ ḫrw m ḏd nṯr pn rḫ nt(y).t ḥr mw⸗f ḫyḫy jw
n ʿš n⸗f 18 mȝ⸗k n⸗j r ẖt n mw.wt⸗j smn⸗k msw⸗sn tp tȝ jr⸗k n⸗sn mj jr~n⸗k n⸗j d⸗k spr⸗sn r bw-
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jb n jr.t n jr.t n⸗f ḏd⸗sn ḫf.t ḥm⸗f wn mȝʿt pw ḏd.wt⸗k nb sȝ⸗f jm⸗k smnḫ mnw⸗f rd.t ḥm⸗f 21 šm
mšʿ⸗f r Gm-Jtn ḥnʿ js.wt ʿšȝ.t ḥmw.w nfr.w n rḫ tnw⸗sn (j)m(y)-r(3)-kȝ.t jm ḥ22nʿ⸗sn r ḫrp kȝ.t
m rȝ-pr pn js ḥm⸗f m-ẖnw Jnb-ḥḏ ʿḥʿ~n qd ḥw.t-nṯr tn m jnr ḥḏ nfr n rwd mn23ḫ⸗tw rwd⸗tw
jr⸗tw m kȝt nḥḥ ḥr⸗s r jmn.t pr m nbw wḫȝḫ.w m nbw ʿr.w 24 jrw m ḥḏ qd bḫn.w⸗s sʿḥʿ
dwȝ.w⸗s ḫt⸗tw ḥr rn wr n ḥm⸗f wd mnw⸗s ʿšȝ 25 m tȝ šd šw⸗s ḥnʿ ḥw.t-ḥsmn⸗s mḥ⸗tw m dbḥ.w⸗s
n(y).w ḥḏ nbw 26 ḥm.t nn rḫ tnw jr.w rd(w) ḥtp nṯr pn m ẖnw⸗s ȝḫ mnḫ ḏ.t 27 jsw m nn m ʿnḫ
wȝs ḫʿ ḥr s.t Ḥr ḏ.t

TRADUCTION

L’an 6 sous la Majesté de l’Horus aux apparitions élevées, celui des Deux Maîtresses aux
apparitions élevées, l’Horus d’or qui protège le Double-Pays, le roi de Haute et Basse-Égypte
Nefertemkhourê, fils de Rê, Taharqa, qu’il soit en vie pour toujours, aimé de Maât
véritablement, celui à qui Amon a donné Maât, qu’il soit en vie pour toujours. Ainsi, Sa
Majesté étant le seigneur du rajeunissement, actif, l’unique brave, roi puissant sans pareil, un
souverain comme Atoum, l’amour qu’il inspire traverse les pays comme Rê lorsqu’il apparaît
dans le ciel, le fils de Rê comme Onouris, son règne composé de millions d’années comme
Tatenen. Celui à la foulée rapide et aux sandales larges, qui envoie sa flèche et a le pouvoir
sur les chefs, qui piétine le mal en poursuivant ses ennemis et combattant à cause de son bras
fort, qui tue des centaines de milliers (d’hommes), celui à la vue duquel chaque face est
étonnée et exulte en chaque lieu lorsqu’il apparaît avec son désir de combattre chaque jour, il
ne s’épuise pas. Commander le déroulement de la bataille est son travail, son nom traverse les
pays et toutes les contrées étrangères grâce à la vaillance de son brave et puissant bras.
Tandis que Sa Majesté était en Nubie en tant que parfait jeune homme, frère du roi,
doux d’amour, elle vint naviguer vers Thèbes parmi les jeunes hommes que le roi
Chabaka, juste de voix, envoya vers la Nubie, pour qu’il y soit avec lui parce qu’il
l’aimait plus que tous ses (autres) frères. Elle passa par cette province d’Amon de
Gématon afin de se prosterner face aux doubles portes du temple, ensemble, avec
l’armée de Sa Majesté naviguant vers le nord avec elle. Il constata qu’on avait construit
ce temple en brique crue et que la colline de sable atteignait son toit, celui-ci étant
recouvert de terre durant la saison de l’année où l’on craignait que la pluie advienne.

209
L’esprit de Sa Majesté tomba dans le chagrin à propos de cela avant qu’elle
n’apparaisse en tant que roi de Haute et Basse-Égypte, l’uraeus établi sur sa tête. Dès
que son nom se transforma en l’Horus aux apparitions élevées, il se souvint de ce temple qu’il
avait vu lorsqu’il était jeune homme durant la première année de son apparition (en tant que
roi). Alors, Sa Majesté dit à ses courtisans : « Voyez, mon esprit va reconstruire le temple de
Gématon de mon père Amon-Rê car on l’a bâti en brique crue et on l’a recouvert de terre
alors que ce n’est pas une bonne (chose) dans les consciences. Ce dieu a été en ce lieu sans
qu’on sache ce que la pluie avait produit (alors que) c’est lui qui a préservé ce temple jusqu’à
ce que mon apparition en tant que roi advienne parce qu’il sait que moi, le fils qu’il a
engendré, j’ai fait pour lui des monuments. Les mères de ma mère lui ont été consacrées par
leur frère, le vénérable, le fils de Rê, Alara, juste de voix en disant : “Le dieu que voici,
connaît celui qui agit fidèlement et qui vient à celui qui l’appelle. Agis pour eux comme tu as
agis pour moi et fais en sorte qu’ils parviennent à ce qui est bien.” Le dieu prit connaissance
de ce qu’il (Alara) avait dit à propos de nous et m’établit en tant que roi comme il le lui avait
demandé. Comme il est bon d’agir pour celui qui agit, l’esprit de celui qui agit pour celui qui
agit est purifié. » Ils dirent devant Sa Majesté : « Tout ce que tu dis est exact. Tu es son fils
qui rend parfait son monument. » Sa Majesté fit en sorte que parte son armée à Gématon
accompagnée d’un groupe d’hommes et d’une foule de bons artisans dont le nombre était
inconnu, un directeur des travaux était là avec eux afin de diriger les travaux de ce temple
alors que Sa Majesté était au sein du Mur Blanc. Alors, ce temple fut construit en pierres
blanches, parfaites et solides, efficaces et solides, faites sous la forme d’un travail éternel, sa
façade à l’Ouest, maison en or, colonnes en or, parement en argent. Ses pylônes étant bâtis,
ses portes étant dressées, on inscrivit le nom vénérable de Sa Majesté. Multitude de ses
arbres furent plantés en terre, ses lacs furent creusés avec son temple du natron, rendu
complet par des fournitures en argent, or et cuivre dont la quantité n’était pas connue. Il a été
fait en sorte que ce dieu y soit apaisé à l’intérieur, glorieux et efficient pour toujours. La
récompense pour cela est la vie, la prospérité ainsi que l’apparition sur le trône d’Horus pour
toujours.

210
Texte A25 - Tanoutamon

PRÉSENTATION DU TEXTE

La « Stèle du Songe » de Tanoutamon a été découverte à Napata au Gebel Barkal par un


officier égyptien en 1862. Cette dernière est gravée sur ses deux faces (JE 448863)37.
L’inscription raconte, à la suite d’un rêve, la conquête de l’Égypte par le roi Tanoutamon.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Conquête militaire (Roi guerrier et conquérant).

DATATION

XXVe dynastie38.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

Urk III, 60-77.

Fr. BREYER, Tanutamani. Die Traumstele und ihr Umfeld, ÄAT 57, 2003.

R.B. GOZZOLI, The writing of history in ancient Egypt during the first millennium BC
(ca.1070 - 180 BC): Trends and perspectives, Egyptology 5, 2006, p. 83-85.

R.B. GOZZOLI, « Royal Sisters and Royal Legitimization in the Nubian Period (c. 760–300
BC): Taharqo’s Kawa Stelae as a Paradigm ? », dans W. Godlewski, A. Lajtar (éds),
Between the Cataracts: Proceedings of the 11th Conference of Nubian Studies, Warsaw
University, 27 August-2 September 2006, PAM sup. 2.2/2, 2010, p. 488-489.

N. GRIMAL, Quatre stèles napatéennes au Musée du Caire (JE 48863-488866), MIFAO 106,
1981, p. 3-20 et pl. Ia-IVa ; pl. I-IV.

A. MARIETTE, Monuments divers recueillis en Égypte et en Nubie, Paris, 1872, pl. 7-8.

G. MASPERO, « Essai sur la stèle du songe », dans G. Maspero (éd.), Études de mythologie et
d’archéologie égyptiennes III, 1898, p. 5-18.

R.H. PIERCE, « Dream Stela of Tanutamani on his enthronement and Egyptian campaign,
from the Amûn Temple at Gebel Barkal », dans T. Eide et al. (éds), Fontes Historiae

37
. N. GRIMAL, Quatre stèles napatéennes au Musée du Caire (JE 48863-488866), MIFAO 106, 1981, p. VII-
VIII. Voir également la version racontée par G. Maspero (G. MASPERO, « Essai sur la stèle du songe », dans
G. Maspero (éd.), Études de mythologie et d’archéologie égyptiennes III, 1898, p. 6).
38
. VIIIe-VIIe s. av. notre ère.

211
Nubiorum. Textual Sources for the History of the Middle Nile Region between the Eigth
Century B.C. and the Sixth Century B.C. Vol I: From the Eighth to the Mid-Fifth Century
BC, Bergen, 1994, p. 193-209.

S. SAUNERON, « Les songes et leur interprétation dans l’ancienne Égypte », S. Sauneron (éd.),
Les songes et leur interprétation : Égypte ancienne, Babylone, Hittites, Canaan, Israël,
Islam, peuples altaïques, Persans, Kurdes, Inde, Cambodge, Chine, Japon, SourcOr 2,
1959, p. 26-27.

K.M. SZPAKOWSKA, Behind Closed Eyes: Dreams and Nightmares in Ancient Egypt,
Swansea, 2003, p. 55-56.

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1 nṯr nfr hrw m pr⸗f Jtm pw n rḫy.t nb ʿb.wy ḥqȝ ʿnḫ.w jty iṯ tȝ nb{ .t} nḫt ḫpš m hrw ʿḥȝ ḥs(y)
ḥr m [hrw] [ḥw-]2-n(y)-(r)-ḥr nb qnw mj Mnṯ ʿȝ pḥ.ty mj mȝ-ḥs(ȝ) mȝʿ jb mj Ḫnty Ḥsr.t ḏȝ
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214
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215
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Tȝ-n-wȝ-tj-Jmn ʿ.w.s ḫʿ ḥr s.t Ḥr ḏ.t

TRADUCTION

Le dieu parfait le jour de sa sortie, c’est Atoum pour l’humanité, seigneur des double cornes,
souverain des vivants, souverain qui s’est emparé de toutes les terres, celui au bras puissant
durant [le jour de la bataille], celui qui fait face (à l’ennemi) le jour du combat, le seigneur de
la bravoure comme Montou, celui dont la force est grande comme le lion et le cœur juste
comme celui qui préside à Héseret, celui qui traverse la mer après celui qui l’attaque, celui qui
vainc [celui qui l’a attaqué]. Il a [saisi] cette terre sans combattre, sans qu’il n’existe personne
se dressant pour le rencontrer, le roi de Haute et Basse-Égypte Bakarê, le fils de Rê
Tanoutamon, l’aimé d’Amon de Napata. L’an 1 de son apparition en tant que roi [...] Sa
Majesté vit un rêve durant la nuit, deux serpents, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche. Sa
Majesté se réveilla mais ne les trouva pas. [Sa Majesté dit :] « Que m’est-il arrivé ? »
Alors, il lui répéta en disant : « Le Sud est à toi, empare-toi du Nord. Les Deux
Maîtresses sont apparues sur ton front et te sera donnée la terre dans sa longueur et
dans sa largeur. [Aucun] autre ne partagera avec toi. » Lorsque Sa Majesté apparu sur le
trône d’Horus durant cette année, alors Sa Majesté sortit de la place où elle était comme
lorsqu’Horus sortit de Chemnis. Il sortit de [...] des millions vinrent à lui et cent mille
suivirent après lui. Sa Majesté dit : « En vérité, le rêve est exact ! C’est bénéfique pour celui
qui le place dans son esprit et c’est calomnieux pour celui qui l’ignore. » Lorsque Sa Majesté
vint à Napata, nul ne se dressait face à lui. Sa Majesté atteignit le temple d’Amon de Napata
qui réside dans la Montagne-Pure. L’esprit de Sa Majesté était parfait après qu’il ait vu son
père Amon-Rê, seigneur des trônes du Double-Pays qui réside dans la Montagne-Pure. On lui
apporta des bouquets pour ce dieu. Alors Sa Majesté fit apparaître Amon de Napata. Il réalisa
pour lui une grande offrande et il lui offrit une jarre-nb, trente-six taureaux, quarante cruches-
ʿš de bière, cent cruches-šw. Sa Majesté navigua vers le Nord afin de voir son père, son nom
est caché à l’égard des dieux. Sa Majesté parvint à Éléphantine. Alors, Sa Majesté traversa
Éléphantine. Elle atteignit le temple de Khnoum-Rê, seigneur de la région de la cataracte. Elle
fit en sorte de faire apparaître ce dieu, établit une grande offrande et donna du pain et de la
bière aux dieux des deux cavernes. Il apaisa Noun dans sa caverne. Sa Majesté parvint au
Nord de la ville Thèbes appartenant à Amon. Sa Majesté traversa Thèbes. Sa Majesté entra

216
dans le temple d’Amon-Rê, seigneur des trônes du Double-Pays. Donc, le serviteur [de] la
Grande Fondation vint en compagnie du clergé du temple d’Amon-Rê, seigneur des trônes du
Double-Pays. Ils apportèrent pour lui des guirlandes de celui dont le nom est caché. L’esprit
de Sa Majesté était en liesse après qu’il ait vu ce temple. Il fit apparaître Amon-Rê, seigneur
des trônes du Double-Pays alors qu’une grande fête fut célébrée dans le pays entier. Sa
Majesté navigua vers le Nord. L’Ouest et l’Est criaient des chansons, en criant ils disaient :
« On est venu en paix, ton ka est apaisé afin d’approvisionner le Double-Pays, d’ériger des
temples dont les tombeaux tombaient en ruine, de rétablir leurs images en tant que leurs
natures (passées), de donner des offrandes divines aux dieux et aux déesses ainsi que des
offrandes invocatoires aux esprits, de placer le prêtre-ouab à sa place, d’accomplir toute chose
pour les rites divins. » Ceux dont l’esprit était voué au combat, ils apparurent en liesse. Sa
Majesté parvint à Memphis. Ces enfants de la rébellion sortirent pour combattre Sa Majesté.
Sa Majesté fit un grand massacre parmi eux. Nul ne connaissait leur nombre. Sa Majesté
s’empara alors de Memphis et il entra dans le temple de Ptah-au-Sud-de-son-mur. Il fit une
offrande à son [père] Ptah-Sokar et apaisa Sekhmet conformément à ce qu’elle désirait. Sa
Majesté avait son esprit épanoui d’avoir fait construire des monuments à son père Amon de
Napata. Il fit un décret à propos de cela en partance pour la Nubie pour bâtir pour lui un
nouveau porche. On n’a pas constaté cela depuis l’époque des ancêtres. Sa Majesté avait fait
en sorte que l’on construise cela en bloc de pierre, qu’on a recouvert d’or. Il était coloré en
rouge grâce à du cèdre. On l’encensa avec de la myrrhe de Pount. La double porte fut réalisée
en électrum et les deux verrous en faïence. Il bâtit pour lui un autre porche pour sortir afin de
faire son lait grâce à son troupeau composé de dix mille, de centaine, de dizaine. Nul ne
connaissait le nombre de jeunes veaux provenant de leurs mères. Par la suite, Sa Majesté
atteignit le Nord pour combattre les grands du Nord. Alors, ils entrèrent à travers les murs
comme [...] dans leurs trous. Et Sa Majesté passa plusieurs jours sur eux sans qu’aucun
d’entre eux ne sortent pour combattre Sa Majesté. Sa Majesté navigua vers le Sud en
direction du Mur-blanc. Elle demeurait dans son palais. Elle prenait conseil auprès de son
esprit afin de faire en sorte que son armée atteigne le mur près d’eux. Et Sa Majesté dit [...],
on vint pour lui faire un rapport en disant : « Ces grands sont venus à l’endroit où se trouve Sa
Majesté, le souverain, notre seigneur. » Et Sa Majesté dit : « Sont-ils venus pour combattre ?
Sont-ils venus pour me servir ? Puissent-ils vivre en cet instant. » Alors, ils dirent face à Sa
Majesté : « Ils sont venus pour servir, ô souverain, notre seigneur. » Sa Majesté dit : « [Mon]
seigneur est avec moi, cet auguste dieu, Amon-Rê, seigneur des trônes du Double-Pays, qui
réside dans la Montagne-Pure, grand dieu, celui qui est efficace. Son nom est connu, celui qui

217
veille sur celui qu’il aime, qui donne de la bravoure à celui qui lui est fidèle sans désobéir à
celui qui est sous ses conseils et sans égarer celui qu’il guide. Vois, ce qu’il me dit durant la
nuit, je le vois durant le jour. » Et Sa Majesté dit : « Où sont-ils en ce moment ? » Ils dirent
face à Sa Majesté : « Ils se tiennent debout ici vers la double porte. » Sa Majesté sortit de son
palais [...] comme Rê irradie dans l’horizon. Il les trouva prosternés, embrassant le sol face à
lui. Sa Majesté dit : « Certes, c’est vrai ce qu’il a dit à propos de moi alors [...] se produit.
C’est le décret de ce dieu qui est advenu. Rê vit pour moi et m’aime. Amon me loue dans sa
maison du fait que j’ai vu cet auguste dieu, Amon de Napata qui réside dans la Montagne-
Pure. Lorsqu’il était debout vers moi, il me dit : « [...] pour te guider sur tous les chemins sans
que tu dises “Puisse avoir pour moi [...]”. Je te prédirai demain [...] il [...] Je suis comme un
serviteur sous tes ordres. Un serviteur qui sait à propos du destin de Sa Majesté. [...] ne doit
pas dire [...] et prier pour moi. Tes victoires existent. » Alors ils lui répondirent en disant :
« Vois ce dieu, il a annoncé pour toi le commencement et a provoqué un dénouement heureux
pour toi. Vois, le dieu ne revient pas à propos de ce qui est sorti de sa bouche, ô souverain,
notre seigneur. » Le prince et gouverneur de la Maison-de-Soped39 et de Pakrour s’est tenu
debout pour parler et il dit : « Tu tues qui tu désires et tu fais vivre qui tu désires. Nul ne
reprochera à un seigneur l’ordre établi. » Puis, ils lui répondirent à l’unisson et ils dirent :
« Accorde nous la vie, ô seigneur de la vie, il n’y a pas de vie sans toi. Nous te servirons
comme celui qui n’a rien, comme tu l’avais dit à propos de cela la Première Fois, le jour où tu
es apparu en tant que roi. » Alors, l’esprit de Sa Majesté exultait après qu’il ait entendu ce
discours. Il leur donna du pain, de la bière et toute bonne chose. Après que quelques jours
passèrent sur cela, ils se prosternèrent [...] et ils dirent : « Pourquoi sommes-nous ici, ô
souverain, notre seigneur ? » Sa Majesté répondit en disant : « Pourquoi ? » Et ils dirent face à
Sa Majesté : « Partons vers nos cités, nous commanderons [nos] subalternes et nous porterons
nos revenus à la résidence. » Alors Sa Majesté fit en sorte qu’ils partent dans leurs cités et ils
furent donc en vie. Ensuite, les gens du Sud naviguèrent vers le Nord et les gens du Nord
naviguèrent vers le Sud en direction du lieu où se trouvait Sa Majesté avec toutes les bonnes
choses du Sud et toutes les provisions du Nord afin d’apaiser l’esprit de Sa Majesté. Le roi de
Haute et Basse-Égypte Bakarê, le fils de Rê Tanoutamon, v.s.f, qui était apparu (en gloire) sur
le trône d’Horus pour toujours.

39
. Saft-el-Henneh.

218
Texte A26 - Aspelta

PRÉSENTATION DU TEXTE

La « Stèle de l’Intronisation » ou « Stèle de l’an 1 » (JE48866) a été découverte dans la


cour extérieure du grand temple d’Amon-Rê au Gebel Barkal en 1862. C’est un officier
égyptien qui l’a trouvée, groupée à quatre autres inscriptions40. Cette grande stèle de granit
présente plusieurs martelages au niveau des cartouches ainsi que des visages royaux. De plus,
le bas de l’inscription comporte quelques lacunes mais elles n’entachent pas la compréhension
générale du texte.
Le récit raconte l’accession au trône du roi Aspelta grâce à l’intervention oraculaire
d’Amon-Rê de Napata.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Élection divine (Manifestation de la nature divine du roi).

DATATION

Bien que tous les anthroponymes de la stèle aient été martelés, les titres composant le
protocole royal ont permis d’y reconnaître le roi Aspelta qui a succédé à son frère Anlamani,
tous deux ayant régné durant la XXVIe dynastie41.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

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40
. N. GRIMAL, Quatre stèles napatéennes au Musée du Caire (JE 48863-488866), MIFAO 106, 1981, pl. V-VII.
41
. A. MARIETTE, Monuments divers recueillis en Égypte et en Nubie, Paris, 1872, p. 2 ; Id., « Quatre pages des
archives officielles de l'Éthiopie », RevArch, nouvelle série 12, 1865, p. 169.
VIIe-VIe s. av. notre ère.

219
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TRANSCRIPTION

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TRANSLITTÉRATION

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223
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ḥbw 30 [...]⸗sn [...] prt [...] ḥm⸗f [...] ḫr.tw r-r ḥnq(t) [...] 40 šw 100 dmḏ ḥnq(t) 140

TRADUCTION

L’an 1, deuxième mois de peret, jour 15, sous la majesté d’Horus, celui dont les apparitions
sont parfaites, celui des Deux Maîtresses aux apparitions parfaites, l’Horus d’or celui dont
l’esprit est puissant, le roi de Haute et Basse-Égypte, seigneur du Double-Pays [Merkarê], le

224
fils de Rê, seigneur des apparitions [Aspelta], aimé d’Amon-Rê, seigneur du trône du Double-
Pays, qui est sur la Montagne-Pure. Maintenant, l’armée tout entière de Sa Majesté était au
sein de la ville nommée la Montagne-Pure42, le dieu en son sein est Dedoun, le premier de
Nubie, c’est le dieu de Kouch, après que le faucon se soit établi sur son sérekh. Maintenant,
il y avait des commandants de confiance au sein de l’armée de Sa Majesté, six hommes,
et il y avait aussi des commandants de confiance et des surintendants de la forteresse, six
hommes. De plus, il y avait des surveillants des rouleaux de papyrus de confiance, six
hommes, ainsi que des notables, des surveillants des sceaux de la maison du roi, sept
hommes. Alors, ils dirent à l’armée entière : « Venez, faisons apparaître en procession
notre seigneur (car nous sommes) comme un troupeau de bétail sans leur berger. » Alors
cette armée fut extrêmement concernée et dit : « Puissions nous le reconnaître, nous
passerions sous lui et nous le servirions, comme le Double-Pays servit Horus le fils d’Isis,
après qu’il se soit reposé sur le trône de son père Osiris et qu’il ait fait des louanges à ses
deux uraei. » Alors l’un dit à ses compagnons parmi eux : « Personne ne le connaît à
l’exception de Rê lui-même. Il chasse tout le mal de chaque lieu dans lequel il est. » Alors
l’un dit à ses compagnons parmi eux : « Rê se repose à l’Ouest, il le couronnera parmi nous. »
Alors l’un dit à ses compagnons parmi eux : « C’est exact ! Cela était la mission de Rê depuis
qu’il était apparu dans le ciel et depuis que le couronnement d’un roi apparut. Il l’a (toujours)
donné à son fils bien-aimé car le roi est l’image de Rê parmi les vivants. Rê le place dans ce
pays avec la volonté de mettre en ordre ce pays. » Alors l’un dit à ses compagnons parmi
eux : « Rê n’entrera pas vers le ciel alors que son trône est dépourvu de souverain, sa fonction
renommée est entre ses mains. Il l’a donnée à son fils bien-aimé car Rê sait qu’il engendrerait
de parfaites lois sur son trône. » Alors cette armée fut extrêmement concernée et dit : « Notre
seigneur est ici avec nous, mais nous ne le reconnaissons pas ! » Alors, l’armée entière de Sa
Majesté dit d’une seule voix : « Mais, il y a ce dieu Amon-Rê, seigneur du trône du Double-
Pays qui réside au cœur de la Montagne-Pure, c’est le dieu de Kouch. Venez, allons auprès de
lui. Nous ne pouvons rien accomplir sans lui car une affaire réalisée sans lui ne peut être
parfaite, alors qu’une affaire dans la main de dieu est prospère. Il est le dieu de tous les rois de
Kouch depuis l’époque de Rê. Il est celui qui nous guide. Les rois de Kouch ont été entre ses
mains. Il (l’)a donné à son fils bien-aimé. Donnons lui des éloges, embrassons le sol
prosternés et disons en sa présence : “Nous venons à toi Amon (pour que) tu nous donnes
notre seigneur afin qu’il nous fasse revivre, afin qu’il bâtisse des temples pour tous les dieux

42
. Il s’agit du Gebel Barkal.

225
et déesses dans le pays du Sud et le pays du Nord et qu’il leur accorde leurs offrandes divines.
Nous ne pouvons rien accomplir sans lui. C’est toi qui nous guides. Une affaire réalisée sans
toi ne peut être prospère” » Alors cette armée entière dit : « C’est une parfaite déclaration ! »
Les commandants de Sa Majesté accompagnés des courtisans de la maison de roi s’en allèrent
vers le temple d’Amon. Ils trouvèrent les prêtres et les grands prêtres-ouab debout à
l’extérieur du temple. Ils leur dirent : « Que vienne ce dieu Amon-Rê qui réside dans la
Montagne-Pure pour faire qu’il nous donne un seigneur afin de nous faire revivre, afin qu’il
bâtisse des temples pour tous les dieux et déesses dans le pays du Sud et le pays du Nord et
qu’il leur accorde leurs offrandes divines. Nous ne pouvons rien accomplir sans lui. C’est toi
qui nous guides. » Les prêtres et les grands prêtres-ouab rentrèrent dans le temple afin que
chaque homme fasse sa purification et son encensement. Les commandants de Sa Majesté
accompagnés des courtisans de la maison de roi entrèrent dans le temple, se prosternèrent en
face du dieu et dirent : « Nous sommes venus auprès de toi Amon-Rê, seigneur du trône du
Double-Pays qui réside au cœur de la Montagne-Pure afin que tu nous donnes un seigneur
afin de nous faire revivre, afin qu’il bâtisse des temples pour tous les dieux dans le pays du
Sud et le pays du Nord et qu’il leur accorde leurs offrandes divines. Cette tâche bénéfique est
entre tes mains. Donne le à ton fils bien-aimé. » Alors ils placèrent les frères du roi en face du
dieu (mais) il n’en prit aucun parmi eux. Ils placèrent les frères du roi une seconde fois, le fils
d’Amon, l’enfant de Mout, maîtresse du ciel, le fils de Rê [Aspelta] en vie pour l’éternité.
Alors ce dieu Amon-Rê, seigneur du trône du Double-Pays dit : « C’est lui le roi, votre
seigneur. C’est lui qui vous fera revivre. C’est lui qui bâtira tous les temples du pays du Sud
et du pays du Nord. C’est lui qui leur accordera leurs offrandes divines. Son père était mon
fils, le fils de Rê [...] juste de voix ; sa mère est la sœur du roi, la mère du roi, la maîtresse de
Kouch, la fille de Rê [...] en vie pour l’éternité, dont la mère était la sœur du roi, divine
adoratrice d’Amon-Rê, roi des dieux de Thèbes [...] juste de voix ; dont la mère était la sœur
du roi [...] juste de voix ; dont la mère était la sœur du roi [...] juste de voix ; dont la mère était
la sœur du roi [...] juste de voix ; dont la mère était la sœur du roi [...] juste de voix ; dont la
mère était la sœur du roi, maîtresse de Kouch [...] juste de voix ; c’est lui qui est votre
seigneur. » Alors ces commandants de Sa Majesté accompagnés des notables de la maison du
roi se prosternèrent en face du dieu, ils embrassèrent le sol plusieurs fois et firent des
louanges à ce dieu du fait de la brave chose qu’il avait faite pour son fils bien-aimé, le roi de
Haute et Basse-Égypte [Aspelta] en vie pour l’éternité. Sa Majesté entra pour apparaître en
face de son père Amon-Rê, seigneur du trône du Double-Pays et il trouva toutes les
couronnes du roi de Kouch accompagnées de ses sceptres-was, déposées en face de ce dieu.

226
Sa Majesté dit en présence du dieu : « Viens à moi Amon-Rê, seigneur du trône du Double-
Pays qui réside dans la Montagne-Pure pour que tu me donnes la fonction bénéfique (bien
que) ce n’était pas dans mon esprit. Par la grandeur de ton affection, tu me donnes la
couronne conformément au désir de ton esprit avec le sceptre-was. » Alors ce dieu dit : « À
toi est la couronne de ton frère, le roi de Haute et Basse-Égypte [Anlamani], juste de voix.
Elle doit rester (stable) sur ta tête tout comme la double couronne sur ta tête ainsi que son
sceptre-was que tu as empoigné afin de renverser tous tes ennemis. » Alors, Sa Majesté
apparut en [... Anlamani] juste de voix. Le sceptre-was fut placé dans son poing. Ensuite, Sa
Majesté se prosterna devant ce dieu, embrassant le sol plusieurs fois et dit : « Viens à moi
Amon-Rê, seigneur du trône du Double-Pays qui réside dans la Montagne-Pure, dieu l’aîné,
dont l’affection est douce, qui écoute celui qui se plaint sur le moment [...]. Puisses-tu donner
la vie, la stabilité et tout le pouvoir, la santé et toute la joie comme Rê pour l’éternité et une
longue et parfaite vieillesse et que tu puisses accorder [...] en mon époque, sans que tu le
places allongé [...] dans lui, que tu donnes [...] comme un serpent, que tu donnes ton affection
au pays de Kouch, c’est la crainte du pays du Nord [...] qu’il désire et que tu donnes ton
affection [...] » Alors ce dieu dit : « [...] toi, tous, sans que tu dises : “Ah ! Ce que j’avais” à
propos de cela, pour toujours et à jamais » Sa Majesté sortit [du] temple au milieu de son
armée comme [Rê] brillant [dans le ciel]. Ensuite, son armée entière cria très fort [...] leurs
esprits s’étant extrêmement adoucis et faisant des louanges à Sa Majesté dit : « Viens en paix
seigneur [...] comme les années d’Horus au milieu de ton armée, tu es apparu sur le trône
d’Horus comme Rê pour l’éternité. » En cette année d’apparition de Sa Majesté, il institua des
fêtes [...] eux [...] peret [...] Sa Majesté [...] bière [...] 40, pots-chou 100, total : 140 bières.

227
Texte A27a - Psammétique II

PRÉSENTATION DU TEXTE

En 1905 ont été découverts les fragments de la stèle de Karnak devant le deuxième pylône.
Cette inscription très fragmentaire a été copiée par W.M. Müller43. La stèle reconstituée se
trouve actuellement du côté Nord de la deuxième entrée du pylône de la salle hypostyle44. La
stèle de Karnak est identique à la stèle de Shellal à l’exception de quelques détails
orthographiques. Elles se différencient principalement par le décor de leur cintre respectif45.
La « narration royale » décrit les révoltes nubiennes qu’endigue Psammétique II en l’an 2
de son règne.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Rébellions et répression des révoltes (Roi guerrier et conquérant).

DATATION

XXVIe dynastie46.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

PM II2, p. 37.

S. ADAM, F. EL-SHABOURY, « Report on the Work of Karnak during the seasons 1954-55 and
1955-56 », ASAE 56, 1959, p. 39.

P. DER MANUELIAN, Living in the Past: Studies in Archaism of the Egyptian Twenty-sixth
Dynasty, Studies in Egyptology XLII, 1994, p. 351-355.

G. LEGRAIN, Les temples de Karnak. Fragment du dernier ouvrage de Georges Legrain,


Directeur des Travaux du Service des Antiquités de l’Egypte, Bruxelles, 1929, p. 140.

W.M. MÜLLER, Egyptological Researches. Results of a journey in 1904, Carnegie Institution


of Washington 53/1, 1906, p. 22-23 et pl. 12-13.

43
. W.M. MÜLLER, Egyptological Researches. Results of a journey in 1904, Carnegie Institution of Washington
53/1, 1906, p. 22-23 et pl. 12-13.
44
. P. DER MANUELIAN, Living in the Past: Studies in Archaism of the Egyptian Twenty-sixth Dynasty, Studies in
Egyptology XLII, 1994, p. 351.
45
. Ibid., p. 352 et p. 357-363.
46
. VIIe-VIe s. av. notre ère.

228
S. SAUNERON, J. YOYOTTE, « La campagne nubienne de Psammétique II et sa signification
historique », BIFAO 50, 1952, p. 161-172 et pl. I-II.

TRANSCRIPTION

1 2

8 9

10

TRANSLITTÉRATION

1 [...] Ḥr (ny) nbw Snfr-Tȝwy Nfr-jb-Rʿ [...] 2 mry Jmn-Rʿ nb ns.wt Tȝwy ḫnty Jp.t-sw.t Mnṯw
[nb] Wȝs.t nṯr nfr ȝḫ [...] 3 pḏ.t psḏ.t wn~jn ḥm⸗f ḥr sȝb sš [...] Nfr-jb-Rʿ š ḥr [...] 4 nh.wt
[jȝb.t] 47 ḥr snḏm~n⸗f jb⸗f ʿq ḥr mȝȝ bw nfr mj nṯr ʿȝ [...] 5 mšʿ sb~n ḥm⸗k r Tȝ-st.t pḥ⸗sn ḫȝs.t
Pr-nbs [...] šw m [...] 6 n ḫȝs.t nb.t r⸗f jb⸗sn mḥ m qns.t m hd⸗f [...] 7 ʿḥȝ d ẖȝk.w-jb [...] nn
nwd wʿ ʿḥȝ [...] r⸗sn r [...] 8 sn mj [...] ṯš m sqr-ʿnḫ [...] 9 [...] rd~n ḥm⸗f mȝʿ ʿȝb.t [...] 10 [...]

TRADUCTION

L’Horus d’or, celui qui est parfait dans le Double-Pays, Neferibrê [...], l’aimé d’Amon-Rê,
seigneur des trônes du Double-Pays, présidant à Ipet-Sout, Montou [seigneur] de Thèbes, le
dieu parfait [...] les Neuf Arcs. Alors, Sa Majesté traversa les marais [...] Neferibrê48 [...] les
sycomores [de l’Est], il contentait son esprit. Il entra voir ce lieu parfait comme un grand dieu

47
. Restitution proposée par S. Sauneron et J. Yoyotte (S. SAUNERON, J. YOYOTTE, « La campagne nubienne de
Psammétique II et sa signification historique », BIFAO 50, 1952, p. 162).
48
. D’après S. Sauneron et J. Yoyotte, le signe š conservé derrière le nom de Psammétique suggère que l’on est
en présence du nom d’un lac de plaisance, ce qui correspondrait avec l’activité royale d’aller se promener au
bord de l’eau, ajouté à cela la présence des sycomores (Ibid., p. 162, note 2).

229
49
[...] « L’armée que Ta Majesté a envoyée contre la Nubie, ils ont atteint la contrée
étrangère Pnoubs sans [...] », de toutes les contrées étrangères contre lui, leurs esprits étant
emplis de bravoure [...], il attaqua [...], combattre et placer les rebelles [...] sans qu’un seul
n’ait tiré de flèche contre eux [...]. [...] attachés en tant que captif [...]. [...] Sa Majesté fit en
sorte d’offrir une hécatombe50 [...].

49
. Tout comme dans la stèle de Tanis, on suppose que l’on pouvait lire précédemment la phrase « On vint dire à
Sa Majesté ».
50
. S. SAUNERON, J. YOYOTTE, op. cit., p. 172, note 4.

230
Texte A27b - Psammétique II

PRÉSENTATION DU TEXTE

Les fragments de cette stèle ont été trouvés par P. Montet en 1937 dans le temple d’Amon
à Tanis51. Quelques lacunes sont présentes mais le sens général du texte est suffisamment
compréhensible. La stèle se trouve aujourd’hui au musée du Caire (JE 67095).
La Königsnovelle relate la campagne du roi Psammétique II durant l’an 3 de son règne
grâce à laquelle il a fait cesser les rébellions nubiennes.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Rébellions et répression des révoltes (Roi guerrier et conquérant).

DATATION

XXVIe dynastie52.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

P. DER MANUELIAN, Living in the Past: Studies in Archaism of the Egyptian Twenty-sixth
Dynasty, Studies in Egyptology XLII, 1994, p. 365-371.

R.B. GOZZOLI, The writing of history in ancient Egypt during the first millennium BC
(ca.1070 - 180 BC): Trends and perspectives, Egyptology 5, 2006, p. 95-99.

P. MONTET, Tanis, douze années de fouilles dans une capitale oubliée du delta égyptien,
Paris, 1942, p. 73.

P. MONTET, « Inscriptions de basse époque trouvées à Tanis », Kêmi 8, 1946, p. 39-40 ; p. 76-
82 et pl. 3.

S. SAUNERON, J. YOYOTTE, « La campagne nubienne de Psammétique II et sa signification


historique », BIFAO 50, 1952, p. 173-187 et pl. III-IV.

J. YOYOTTE, « Sur le voyage asiatique de Psammétique II », dans J. Yoyotte, Histoire,


géographie et religion de l'Égypte ancienne: opera selecta par Jean Yoyotte, OLA 224,
2013, p. 263-267.

51
. P. MONTET, « Inscriptions de basse époque trouvées à Tanis », Kêmi 8, 1946, p. 39-40 ; p. 76-82 et pl. 3.
52
. VIIe-VIe s. av. notre ère.

231
TRANSCRIPTION

1 2

10 11

12

13

TRANSLITTÉRATION

1 Rʿ-Ḥr-ȝḫty mnḫ.t jb Nbty wsr-ʿ Ḥr nbw [...] Psmṯk ʿnḫ(w) ḏ.t [...] 2 [...] Jmn-[Rʿ] nb [...] nb
[...] Mw.t [Ḫ]nsw [M]nṯw [nb] Wȝs[.t] [...] n Rʿ-nfr.t psḏ.t jmy.w sḫ.t n [...] 3 [...] ʿnḫ ḏd wȝs
mn [...] ḥr s.t Ḥr n(y).t ʿnḫ.w js [...]⸗f mr nṯr pw r ḫ.t nb wnn⸗f ḥr jry ȝḫ.w 4 [...s]mnḫ.t ḥw.t⸗sn
wȝ r mrḥ ḥr sḏfȝ [...]⸗[s]n ḥr swȝḏ wḏḥ.w⸗sn jr~n⸗f jswy m 5 [q]n nḫt jj~n⸗tw r ḏd n ḥm⸗f m
rnp.t sp ȝ.t n(y).t ḫʿ⸗f p(ȝ) t(ȝ) n Nḥsy.w [...] kȝ⸗w ʿḥȝ ḥnʿ⸗[k] rd~n 6 [ḥm]⸗f šm mšʿ r tȝ Šȝs
sr.yw ḥnʿ⸗f n(y).t ʿ-ẖnw spr pw jr~n⸗sn [...]-bȝ ẖnw pw n 7 kwȝr nty jm ḥnʿ dmj Tȝ-dhn rn⸗s
ʿḥʿ~n smȝ sn mšʿ n(y).w ḥm⸗f jr ḫȝ[y.t] 8 ʿȝ jm⸗st ʿḥʿ~ n ȝšr⸗sn p(ȝ) kwȝr nty m [...] jb⸗st m⸗f
ẖnw⸗f Jrwȝ53 jw pw jr~n⸗f ḥn(ʿ)⸗f 9 [...] ḥnʿ mšʿ ḥm⸗f ʿḥʿ smȝ [...]10 [...⸗s]n ʿḥʿ gm~n⸗tw pȝ kȝ
[...] 11 [...] jr st jm šʿ ḫt⸗s[n] 12 [...] nn mjt.t n [...] 13 [...Ps]mṯk ʿnḫ(w) ḏ.t d(w) ʿnḫ mj Rʿ ḏ.t

53
. P. DER MANUELIAN, op. cit., p. 371, note 286.

232
TRADUCTION

Rê-Horakhty, celui à l’esprit efficient, celui des Deux Maîtresses au bras fort, l’Horus d’or
[...] Psammétique, qu’il soit en vie pour toujours [...] Amon-[Rê], seigneur [...], seigneur [...].
Mout, Khonsou, Montou [seigneur] de Thèbes, [...] de Rê-nefer. L’Ennéade qui se trouve
dans la campagne de [...] vie, stabilité et pouvoir, établi sur le trône d’Horus des vivants.
Alors, son [...] qui aimait ce dieu plus que toutes choses. Il faisait des choses utiles [...]
rendant parfait leurs temples tombés en ruine, fournissant leurs [...], approvisionnant leurs
tables d’offrandes. On lui offrit une récompense sous forme de bravoure et de victoire. On
alla pour dire à Sa Majesté durant la troisième année de son apparition : « Le pays des
Nubiens [...], ils songent à se battre contre [toi]. » Sa [Majesté] fit en sorte que l’armée aille
en direction du pays de Chas, les notables étaient avec elle depuis la capitale. Ils atteignirent
[...]-ba54, la Résidence du roi qui s’y trouvait ainsi que la ville dont le nom est Ta-dehen.
Alors, l’armée de Sa Majesté les massacra, un grand carnage fut fait parmi eux. Puis, ils
rôtirent le roi qui se trouvait dans [...], son esprit était dans sa Résidence de Irouwa. Il vint et
agit avec lui [...] accompagné de l’armée de Sa Majesté. Alors massacrés [...] eux. [...] Ainsi,
on trouva [...] On coupa leurs arbres [...] sans égal [...Psa]mmétique, qu’il soit en vie pour
toujours et doué de vie comme Rê pour toujours.

54
. Ibid., p. 370, note 280.

233
Texte A27c - Psammétique II

PRÉSENTATION DU TEXTE

La stèle monumentale de Shellal a été découverte en 1964 par des ouvriers lors de la
construction du barrage d’Assouan, à l’Ouest de la voie ferrée reliant Shellal à Assouan55. Par
la suite elle a été déplacée sur le site de New-Kalabsha, au Nord du temple de Mandoulis56. Sa
conservation est remarquable. La stèle de Shellal est identique à la stèle de Karnak à
l’exception de quelques détails orthographiques. Elles se différencient principalement par le
décor de leur cintre respectif57.
Cette « narration royale » raconte la guerre que mène Psammétique II durant l’an 3 de son
règne visant à faire cesser les révoltes nubiennes.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Rébellions et répression des révoltes (Roi guerrier et conquérant).

DATATION

XXVIe dynastie58.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

H.S.K. BAKRY, « Psammetichus and His Newly-found Stela at Shellâl », OrAnt 6,


1967, p. 225-244.

Ch. BONNET, D. VALBELLE (éds), « L’expédition militaire de Psammétique II en Nubie »,


dans Des Pharaons venus d’Afrique : la cachette de Kerma, 2005, Paris, p. 164-170.

A. COYETTE, « La campagne nubienne de Psammétique II », dans Chr. Karlshausen,


Cl. Obsomer (éds), De la Nubie à Qadech: la guerre dans l'Égypte ancienne, CEA 17,
2016, p. 275-294.

P. DER MANUELIAN, Living in the Past: Studies in Archaism of the Egyptian Twenty-sixth
Dynasty, Studies in Egyptology XLII, 1994, p. 337-350.

55
. Ibid., p. 337.
56
. A. COYETTE, « La campagne nubienne de Psammétique II », dans Chr. Karlshausen, Cl. Obsomer (éds), De la
Nubie à Qadech: la guerre dans l'Égypte ancienne, CEA 17, 2016, p. 275.
57
. P. DER MANUELIAN, op. cit., p. 352 et p. 357-363.
58
. VIIe-VIe s. av. notre ère.

234
H. GOEDICKE, « The Campaign of Psammetik II against Nubia », MDAIK 37, 1981, p. 187-
198.

R.B. GOZZOLI, « The Nubian War Texts of Psametichus II: An Essay of Explication »,
JSEA 25, 1994, p. 46-49.

R.B. GOZZOLI, « La campagna nubiana di Psammetico II e i testi di frontiera saitici »,


Discussions in Egyptology 38, 1997, p. 5-16.

R.B. GOZZOLI, The writing of history in ancient Egypt during the first millennium BC
(ca.1070 - 180 BC): Trends and perspectives, Egyptology 5, 2006, p. 95-99.

L. HABACHI, « Psammétique II dans la région de la première cataracte », OrAnt 13, 1974,


p. 317-326.

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History of the Middle Nile Region between the Eigth Century B.C. and the Sixth Century
B.C. Vol II: From the Mid-Fifth to the First Century, Bergen, 1996, p. 279-286.

TRANSCRIPTION

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TRANSLITTÉRATION

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TRADUCTION

L’an 3, le deuxième mois de chémou, jour 10 sous la Majesté de l’Horus à l’esprit efficient, le
roi de Haute et Basse-Égypte, celui des Deux Maîtresses au bras droit, l’Horus d’or celui qui
est parfait dans le Double-Pays, Neferibrê, le fils de Rê de sa chair, Psammétique, qu’il soit
en vie pour toujours, l’aimé de Khnoum, seigneur des libations, de Satis maîtresse
d’Éléphantine, Anoukhis qui préside en Nubie, le dieu parfait au conseil utile. Le brave roi,
aux affaires réussies, son bras est fort lorsqu’il frappe les Neuf Arcs. Alors Sa Majesté
traversa le marais du lac Neferibrê, circulant sur ses terres inondables, parcourant ses districts,
contemplant les sycomores de la terre du dieu sur sa barque, son esprit entra et regarda la
belle place comme le grand dieu traversant l’Océan Primordial. On vint pour dire à Sa
Majesté : « L’armée que Ta Majesté a envoyé en Nubie, ils ont atteint la contrée
étrangère Pnoubs. C’est une terre dépourvue d’un champ de bataille, une place
inadaptée aux chevaux. Les Nubiens de toutes les contrées étrangères se sont dressés
contre lui. Leurs esprits étaient emplis de [...] pour lui. Sa nette attaque était là,

59
. R.H. Pierce propose propose Šbḥ « lord of the Cataract » (R.H. PIERCE, « Stela of Psammetichus II from Year
3 on his Nubian campaign, from Shellal », dans T. Eide et al. (éds), Fontes Historiae Nubiorum. Textual
Sources for the History of the Middle Nile Region between the Eigth Century B.C. and the Sixth Century B.C.
Vol II: From the Mid-Fifth to the First Century, Bergen, 1996, p. 280).

236
agressive du fait qu’ils avaient placé leurs esprits contre lui. » Sa Majesté agit
conformément au plan de bataille. La bataille fut rejointe et les rebelles cédèrent leurs dos
sans qu’aucune flèche ne soit tirée contre eux abondamment et sans qu’une main ne soit
disloquée. On traversa dans les marais à la manière de l’Océan Primordial, sans sortir, ni
parler, ni fraterniser avec les 4200 prisonniers. Une affaire avait été accomplie. L’esprit de
Sa Majesté se montra meilleur que tout. Sa Majesté accorda un présent et une grande offrande
sous la forme de bœufs et de troupeaux à tous les dieux du Double-Pays. On fit une offrande
aux dieux du palais dans le palais. Qu’il célèbre d’avoir la vie, la stabilité, tout le pouvoir,
toute la santé, toute la joie, comme Rê pour toujours.

237
Texte A28 - Amasis

PRÉSENTATION DU TEXTE

La stèle dite d’Éléphantine se trouve actuellement au musée nubien d’Assouan


(TN 13/6/21/1). Ayant séjournée au musée du Caire60 grâce à E.C. Brugsch, elle servait
auparavant de seuil de porte dans un palais61. Elle est en très mauvais état de conservation et
la lecture des signes se fait donc avec difficulté. Les traductions variées et les commentaires
discordants qui en découlent se sont alors multipliés au fil des années bien que l’événement
explicité soit raconté par diverses sources62.
Le récit raconte la guerre qui oppose Apriès à Amasis, ce dernier tentant de s’emparer du
pouvoir.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Rébellions et suppression des révoltes (roi guerrier et conquérant).

DATATION

XXVIe dynastie.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

J.H. BREASTED, Ancient Records of Egypt, IV: The The Twentieh to the Twenty-Sixth
Dynasties, Chicago, 1906, p. 509-512.

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VI sec. a.C. », SCO 49, 2003, p. 141-148.

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R.B. GOZZOLI, The writing of history in ancient Egypt during the first millennium BC
(ca.1070 - 180 BC): Trends and perspectives, Egyptology 5, 2006, p. 101-103.

K. JANSEN-WINKELN, « Die Siegesstele des Amasis », ZÄS 141/2, 2014, p. 132-153.

60
. K. JANSEN-WINKELN, « Die Siegesstele des Amasis », ZÄS 141/2, 2014, p. 132.
61
. G. DARESSY, « Stèle de l’an III d’Amasis », RecTrav 22, 1900, p. 1.
62
. I. LADYNIN, « The Elephantine Stela of Amasis: Some Problems and Prospects of Study », GöttMisz 211,
2006, p. 31-57.

238
I. LADYNIN, « The Elephantine Stela of Amasis: Some Problems and Prospects of Study »,
GöttMisz 211, 2006, p. 31-57.

A. LEAHY, « The Earliest Dated Monument of Amasis and the End of the Reign of Apries »,
JEA 74, 1988, p. 183-199.

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against Egypt », dans W.F. Reineke (éd.), First International Congress of Egyptology,
Acts, Berlin, 1979, p. 593-604.

TRANSCRIPTION

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TRANSLITTÉRATION

1 rnp.t sp 1 ȝbd 2 šmw ḫr ḥm Ḥr Smn-mȝʿ.t n(y)-sw.t bjty Nb.ty Sȝ-N.t Spd-tȝ.wy Ḥr nbw Stp-
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63
. K. JANSEN-WINKELN, « Die Siegesstele des Amasis », p. 138, note 9.
64
. Ibid., p. 138, note 22.

240
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nṯr.w jr⸗f d(w) Šmʿw Mḥw ʿnḫ mj Rʿ ḏ.t

TRADUCTION

L’an 1, deuxième mois de chémou sous la majesté de l’Horus celui dont la maât est établie, le
roi de Haute et Basse-Égypte, celui des Deux Maîtresses, le fils de Neith celui qui restaura le
Double-Pays, l’Horus d’or qui apaise les divinités, Henemibrê le fils de Rê de sa chair,
Amasis, l’aimé de Rê et de Khnoum, seigneur du sol de la cataracte et de Hathor qui est au
sein de Biga, qu’il soit doué de toute vie, de stabilité et de pouvoir comme Rê pour toujours.
Le dieu parfait qui agit avec son bras, grand de force, au dessein efficace, roi efficient aux
prodiges renommés, chaque face est en vie en le voyant comme lorsque Rê se lève dans
l’horizon. Sa Majesté était dans son palais à Saïs s’occupant des affaires du pays tout
entier, on [vint] dire à Sa Majesté : « Apriès, pour lui, les navires ont navigué sur le bras
du Nil69 remplis de Grecs dont on ne connaît pas le nombre. Leurs esprits sont confiants

65
. Ibid., p. 139, note 27.
66
. Ibid., p. 139-140, note 41.
67
. Ibid., p. 140, note 43.
68
. Ibid., p. 140, note 52.
69
. Ibid., p. 137, note 6.

241
en (disant) : “Cela est dans nos mains, nul ne songe à se tenir debout face à lui.” Ils se
répandent de partout70. Il n’y a pas de dieu qui se souvienne de leurs places favorites
lorsqu’il mange sa nourriture. Ils souhaitent s’emparer de l’Égypte entièrement, ils vont
atteindre le Champ de Turquoise. À cause d’eux tes fidèles fuient. » Sa Majesté fit donc
en sorte de rassembler les courtisans du roi et les personnes pour le combat71 pour leur faire
entendre ce qui allait se passer. Sa Majesté déclara le discours que voici : « En ce qui
concerne cette affaire, entendez ! À propos du succès, celui qui combat bravement, c’est celui
qui combat dans son terroir72 car son esprit est puissant pour préserver sa famille. Souvenez-
vous de ce qui doit se produire : il n’y a pas de récompense parce qu’on apporte des cadeaux
pour ceux qui hésitent. Dieu n’est pas contre vous en ce lieu. Leurs bras ne sont pas affermis
dans le combat contre vous. Un grand sanctuaire [...] dont [...] empli. Celui qui combat sous la
protection de ce dieu repousse-t-il celui qui détruit ? On a peur du grand lorsqu’il combat. Qui
donc fait en sorte qu’une chose juste survienne ? » Ils dirent à Sa Majesté : « Maât est la guide
de ton esprit, souverain, ô notre souverain ! Le plan de dieu t’appartient lorsque tu regardes
les serviteurs et tous les autres. L’arrogant, il a agi comme le chien sur le cadavre ! Tes
chevaux sont nombreux, ton arc n’a pas de limite et tes gardes du corps73, vous ne connaissez
pas leur nombre ! Les troupes choisies ne manquent pas, tu es leur seigneur ! Quant à ceux
qui protègent les maisons et amassent les provisions de chaque homme, ses citoyens sont
heureux car il encourage l’esprit. Ah, personne ne dit [...] Qui les rabroue car ils sont
nombreux contre notre pays ? C’est Ta Majesté ! Personne ne se bat pour cela. Celui qui
n’agit que pour lui-même est petit alors que le victorieux est sous ton ombre. Il n’y a pas
d’attaque contre celui qui est dans ta demeure [...] les recrues pour [...] et affermir les sandales
des fugitifs. » Sa Majesté dit : « Battez-vous ! Chacun tuera celui qui est face à lui ! » Puis Sa
Majesté rassembla son armée devant ses chevaux qu’il avait choisis sous la Majesté de [...]74.
Ainsi Sa Majesté monta sur son char et s’empara de la lance comme un dieu, l’arc dans sa
main en argent portait son nom selon le commandement de Neith. Il atteignit Imaou, l’armée
criait de joie et exultait sur les routes. La ligne de combat fut mise en place75 en raison de la
(tombée) de la nuit et de leur fatigue [...] là se battant. On a fait qu’ils tiennent leur position
[...] afin de ne pas être séparés de lui. Sa Majesté combattit tel un lion afin de faire un grand

70
. Ibid., p. 138, note 8.
71
. Litt : « personnes pour le combat » (Ibid., p. 138, note 11).
72
. Ibid., p. 138, note 13.
73
. Ibid., p. 139, note 24.
74
. Omission du nom du roi dans le texte, il s’agirait d’Apriès (Ibid., p. 139, n. 36).
75
. Ibid., p. 136.

242
massacre parmi eux sans connaître leur nombre. De nombreux navires chavirèrent76 et les
combattants tombaient à l’eau, on les voyait dériver comme font les poissons. [...] se déplaçait
entièrement, sans cesser de se battre. Le soleil se coucha et son esprit était joyeux. Puis Sa
Majesté fit en sorte qu’on fasse barrage au bras du Nil et sur chacune de ses routes. Il n’y
avait aucune limite pour ceux qui allaient vers dieu qui avaient été négligés et qui cherchaient
la victime contre eux (?). Ils étaient grands et il n’y avait aucune limite dans ce qu’ils
faisaient. L’an 4, troisième mois de akhet, jour 8, on est venu pour dire à Sa Majesté : « Les
Asiatiques se sont révoltés du fait de leur arrogance, ils cheminent à travers la voie
d’Horus. Trois mille sont là et détruisent la terre. Ils couvrent tous les chemins et ceux
qui sont sur leurs bateaux songent à leur désir de (nous) repousser de notre pays. » Sa
Majesté dit à son armée : « Aussi vrai que Rê vit et m’aime et que mon nez prospère en vie,
quiconque commettra une attaque dans les villes et les provinces, Ma Majesté ne cessera pas
de faire un massacre. L’armée de Ma Majesté est nombreuse sur les routes. La journée ne
passera pas. [...] vos bras au sein d’eux. Le mauvais n’aura son nom sur aucun champ de
bataille [...] » Sa Majesté se tenait debout devant le dieu et sa troupe criait de joie vers le
firmament. Le dieu était en quête [...] pour lui le ciel, une tempête de grêle pour que leurs
bateaux chavirent. Les soldats [descendirent] en les massacrant, en les détruisant et en les
capturant après que [Sa] Majesté [soit venue] et se soit installée dans sa cabine. Il a vu
l’arrogant tomber grâce à cela, ce qu’il avait fait, son cadavre dérivant sur l’eau. Puis, il
inhuma l’arrogant en accomplissant tout pour lui à l’égard de tous les rois efficients. Sa
Majesté traversa son palais après qu’il ait fait disparaître l’abomination des dieux et qu’il ait
établi de nombreuses et grandes offrandes divines pour les dieux de Haute et Basse-Égypte
afin qu’il soit en vie pour toujours comme Rê.

76
. Ibid.

243
Texte A29 - Ramsès II

PRÉSENTATION DU TEXTE

La stèle dite de Bentrech se trouve actuellement au Louvre (C284). Elle a été découverte
par H. Rosellini en 1829 dans les ruines d’un petit sanctuaire datant de la période ptolémaïque
situé au Sud de Karnak77.
L’inscription raconte que le prince de Bakhtan demande de l’aide à pharaon car sa fille
Bentrech est malade. Le roi fait donc envoyer une statue du dieu Khonsou afin de guérir la
malade.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Guérison divine (Manifestation de la nature divine du roi).

DATATION

Concernant la datation de la stèle les avis divergent bien que la totalité des chercheurs soit
en accord sur le fait qu’il s’agisse d’un récit pseudépigraphique. Effectivement, la
Königsnovelle présente plusieurs indices prouvant que le texte ne date pas du Nouvel Empire.
L’un des plus flagrants concerne la titulature du roi : les scribes ont mêlé celles de
Thoutmosis IV et de Ramsès II78. De plus, il semblerait que les rédacteurs de la « narration
royale » se soient réappropriés plusieurs sources épigraphiques datant des règnes
d’Amenhotep III79 et de Ramsès II afin d’élaborer la trame de leur histoire80. Généralement, la
stèle est datée du début de la période ptolémaïque81, bien que d’autres dates aient été
suggérées82. Le clergé de Khonsou a dû ressentir le besoin de réaffirmer la splendeur de leur

77
. H. ROSELLINI, I monumenti dell’Egitto e della Nubia I, Monumenti storici II, Pise, 1833, p. 47-48.
78
. Chr. CANNUYER, « Thotemheb, le servant scribe ramesside de la Stèle de Bakhtan », dans O. Goldwasser,
D. Sweeney (éds), Structuring Egyptian syntax: a tribute to Sarah Israelit-Groll, LingAeg 9, 2001, p. 38,
note 13.
79
. Durant le règne d’Amenhotep III, le roi du Mitanni avait envoyé la déesse Ichtar afin de prodiguer des soins
au roi vieillissant (G. LEFEBVRE, Romans et contes égyptiens. Traduction avec introduction, notices et
commentaire, Paris, 1976, p. 223 ; SC. MORSCHAUSER, « Using History : Reflections on the Bentresh Stela »,
SAK 15, 1988, p. 204).
80
. Notamment la « Stèle du Mariage de l’an 34 » commémorant l’union de Ramsès II à la fille d’Hattousil III
(SC. MORSCHAUSER, op. cit., p. 203-223).
81
. Chr. CANNUYER, op. cit., p. 38.
82
. Principalement la période perse (G. POSENER, « À propos de la stèle de Bentresh », BIFAO 34, 1934, p. 75-
81 ; G. LEFEBVRE, op. cit., p. 221 ; D. DEVAUCHELLE, « Notes sur la stèle de Bentresh », RdE 37, 1986,
p. 150).

244
temple et de la statue divine qui s’y trouvait, il a donc utilisé la figure de Ramsès II dans un
conte fictif, mais élaboré autour d’une trame historique, pour authentifier ce prestige83.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

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83
. G. LEFEBVRE, op. cit., p. 223.

245
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TRANSCRIPTION

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TRANSLITTÉRATION

1 Ḥr Kȝ-nḫt twt-ḫʿ.w Ḏd-nsy.t-mj-Jtm Ḥr (ny) nbw Wsr-ḫpš dr-pḏt-9 n(y)-sw.t bjty nb Tȝ.wy
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248
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249
TRADUCTION

L’Horus, taureau victorieux, aux parfaites apparitions, (celui des Deux Maîtresses) à la
royauté stable comme Atoum, l’Horus d’or au bras puissant qui chasse les Neuf Arcs, le roi
de Haute et Basse-Égypte, seigneur du Double-Pays, Ousermaâtrê-Setepenrê, le fils de Rê de
sa chair, Ramsès-Méryamon. L’aimé d’Amon-Rê, seigneur des trônes du Double-Pays et de
toute l’Ennéade de Thèbes. Le dieu parfait, fils d’Amon, progéniture de Rê-Horakhty,
semence utile du Seigneur de l’Univers, celui qu’a engendré Kamoutef, le roi de l’Égypte, le
prince du désert, le souverain qui prend possession des Neuf Arcs. Celui qui est sorti des
entrailles, à qui l’on avait prédit la victoire, à qui l’on a confié la force dans l’œuf, taureau à
l’esprit ferme lorsqu’il entre dans l’arène, le roi divin qui sort le jour de la victoire comme
Montou, grand de force comme le fils de Nout. Alors, Sa Majesté était en Naharin comme à
son habitude chaque année. Les chefs de toutes les contrées étrangères étaient venus dans un
esprit de soumission84 et en paix à l’égard du pouvoir-baou de Sa Majesté, qui s’étend
jusqu’aux confins. Leurs tributs composés d’or, d’argent, de lapis-lazuli, de turquoise et de
toutes les fleurs de la terre des dieux étaient sur leurs dos. Chacun se dirigeait vers son
compagnon. Or, le prince de Bakhtan fit que l’on apporte son présent. Il avait placé sa fille
aînée en tête, qui rendait hommage à Sa Majesté et demandant la vie auprès de lui. La femme
était extrêmement belle à l’esprit de Sa Majesté, plus que toutes choses. Ainsi, sa titulature de
grande épouse royale Néférourê fut fixée lorsque Sa Majesté atteignit l’Égypte. Elle
accomplit tous les devoirs d’une épouse royale. L’an 15, deuxième mois de chémou, jour 22,
il advint que Sa Majesté était à Thèbes la victorieuse, maîtresse des cités, accomplissant les
faveurs de son père Amon-Rê, seigneur des trônes du Double-Pays, en sa belle fête dans le
temple Sud de Louqsor, la place favorite de son esprit depuis la Première Fois, on vint dire à
Sa Majesté : « Il y a un messager du prince de Bakhtan, chargé avec de nombreux
présents pour l’épouse royale. » Alors, il se présenta face à Sa Majesté avec ses cadeaux, il
dit en rendant hommage à Sa Majesté : « Gloire à toi, soleil des Neuf Arcs, donne la vie
auprès de toi. » Ainsi, il déclara, prosterné devant Sa Majesté, répétant en disant auprès de Sa
Majesté : « Je suis venu à toi, souverain, seigneur, c’est-à-propos de Bentrech car la
petite sœur de l’épouse royale Néférourê, une maladie a investi son corps. Que Ta
Majesté veuille faire en sorte de commander un savant pour l’examiner. » Sa Majesté dit
alors : « Qu’on m’envoie le personnel de la Maison de Vie et les magistrats de la cour. » Ils

84
. M. BROZE, La princesse de Bakhtan : essai d’analyse stylistique, MRE 6, 1989, p. 121.

250
furent emmenés à lui immédiatement. Puis Sa Majesté déclara : « Voyez, on vous a fait
convoquer pour que vous écoutiez ce propos : amenez-moi donc un homme ingénieux, un
scribe aux doigts excellents, de votre entourage. » Le scribe royal Djéhoutyemheb vint face à
Sa Majesté et Sa Majesté ordonna qu’il aille à Bakhtan avec ce messager. Le savant arriva à
Bakhtan, il trouva Bentrech possédée par un esprit. Il découvrit que c’était un ennemi que l’on
pouvait combattre85. Le prince de Bakhtan rapporta et envoya à Sa Majesté en disant :
« Souverain, mon maître, fais que Sa Majesté ordonne que l’on fasse apporter un dieu [...] »
[...] à Sa Majesté en l’an 26, le premier mois de chémou, le quatrième jour de la fête d’Amon
alors que Sa Majesté était dans Thèbes. Alors, Sa Majesté répéta à Khonsou-de-Thèbes-
Néferhotep, en disant : « Seigneur parfait, je te rapporte cela concernant la fille du prince de
Bakhtan. » Khonsou-de-Thèbes-Néferhotep alla vers Khonsou-qui-gouverne, le grand dieu
qui éloigne les démons. Ainsi, Sa Majesté dit face à Khonsou-de-Thèbes-Néferhotep :
« Seigneur parfait, peux-tu faire en sorte de placer ta tête vers Khonsou-qui-gouverne, le
grand dieu qui chasse les démons pour faire en sorte qu’il aille à Bakhtan ? » Grand
mouvement de tête à deux reprises86. Sa Majesté dit : « Place ta protection sur lui et je ferai
en sorte que Sa Majesté aille à Bakhtan pour sauver la fille du prince de Bakhtan. » Grand
mouvement de tête à deux reprises de Khonsou-de-Thèbes-Néferhotep. Alors il établit la
protection de Khonsou-qui-gouverne-dans-Thèbes, quatre fois. Sa Majesté ordonna que l’on
fasse aller en procession Khonsou-qui-gouverne-dans-Thèbes vers la grande barque sacrée,
avec cinq bateaux-qaqaou et un grand nombre de chariots et de chevaux à droite et à gauche.
Ce dieu atteignit finalement Bakhtan en une année et cinq mois. Le prince de Bakhtan vint au
devant de Khonsou-qui-gouverne avec son armée et ses notables. Il se prosterna en disant :
« Tu es venu à nous, tu es satisfait pour nous grâce à ce qu’a ordonné le roi de Haute et Basse-
Égypte, Ousermaâtrê-Setepenrê. » Ce dieu alla à l’endroit où se trouvait Bentrech. Il créa la
protection pour la fille du prince de Bakhtan : elle se sentit immédiatement bien. Alors, cet
esprit, celui qui l’accompagnait, dit face à Khonsou-qui-gouverne-dans-Thèbes : « Puisse-tu
venir en paix, grand dieu qui chasse les démons : Bakhtan c’est ta cité, ses habitants sont tes
serviteurs. Je suis ton serviteur. Je partirai vers le lieu d’où je suis venu pour faire en sorte
d’apaiser ton esprit à propos de ta venue et de pourquoi tu es venu. Fais que Ta Majesté
ordonne d’organiser une journée magnifique avec moi et le prince de Bakhtan. » Ce dieu
hocha la tête d’un air approbateur vers son prêtre en disant : « Fais que le prince de Bakhtan
accomplisse une grande offrande en présence de cet esprit. » Pendant ce temps, Khonsou-qui-

85
. Ibid., p. 122.
86
. Ibid., p. 123.

251
gouverne-dans-Thèbes était accompagné de cet esprit, et le prince de Bakhtan qui se tenait
avec son armée fut grandement effrayé. Ainsi, il accomplit une grande offrande face à
Khonsou-qui-gouverne-dans-Thèbes accompagné de l’esprit. Le prince de Bakhtan organisa
une journée magnifique pour eux. Alors, l’esprit alla en paix vers le lieu qu’il désirait grâce à
ce qu’avait ordonné Khonsou-qui-gouverne-dans-Thèbes. Le prince de Bakhtan criait de joie
grandement avec chaque homme qui se trouvait à Bakhtan. Il prit conseil auprès de son esprit
en disant : « Je vais faire en sorte que ce dieu échoit ici à Bakhtan. Je ne permettrai pas qu’il
s’en aille en Égypte. » Alors ce dieu passa trois années et neuf mois à Bakhtan. Un jour, le
prince de Bakhtan dormait sur son lit, il vit ce dieu : il vint en s’échappant de sa chapelle, il
avait la forme d’un faucon d’or, il s’envola vers le firmament de l’Égypte. Il se réveilla apeuré
et dit au prêtre de Khonsou-qui-gouverne-dans-Thèbes : « Ce dieu, il était ici avec nous et il
allait vers l’Égypte. Alors fais que son char aille en Égypte. » Ainsi, le prince de Bakhtan fit
en sorte que ce dieu parte en procession vers l’Égypte. Il lui donna de nombreux
présents composés de toutes bonnes choses, une armée, des chevaux en très grand nombre. Ils
atteignirent en paix Thèbes. Khonsou-qui-gouverne-dans-Thèbes alla en direction du temple
de Khonsou-de-Thèbes-Néferhotep. Il plaça les présents que lui avait donnés le prince de
Bakhtan composés de toutes bonnes choses devant Khonsou-de-Thèbes-Néferhotep, sans
donner toutes les choses à son temple. Khonsou-qui-gouverne-dans-Thèbes repartit vers son
temple en paix durant l’année de règne 23, deuxième mois de peret, dix-neuvième jour du roi
de Haute et Basse-Égypte Ousermaâtrê-Setepenrê. Il lui avait accordé qu’il soit doué de vie
comme Rê pour toujours.

252
Texte A30 - Djoser

PRÉSENTATION DU TEXTE

Le récit de la « Stèle de la Famine » gravé sur un imposant rocher à l’extrémité Sud de l’île
de Séhel, dans la région de la première cataracte 1 , a été découvert en 1889 par
Ch.E. Wilbour2.
Cette Königsnovelle raconte la détresse de l’Égypte touchée par la sécheresse depuis 7 ans.
Le roi désespéré tente d’en savoir plus sur le phénomène de la crue du Nil et apprend qu’elle
est régie par Khnoum. Pour que le dieu mette fin à cette période de disette, Djoser lui fait don
de tous les revenus de la région.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Rétablissement et création de nouvelles offrandes (Roi pieux et ingénieux).

DATATION

La stèle mentionne le pharaon Djoser ainsi que le prêtre Imhotep, deux personnages
historiques réels ayant vécu au troisième millénaire avant notre ère. Pourtant il semblerait que
le décret ait été gravé bien plus tard, à ce stade de nombreux avis divergent. Les chercheurs
s’accordent généralement pour dater la rédaction du texte durant la période ptolémaïque mais
chacun propose des dates différentes. P. Barguet3 suivi par M. Lichtheim4 situe la gravure du
récit durant le règne de Ptolémée V Épiphane. D. Wildung considère que la « Stèle de la
Famine » est une reprise d’un récit « nationaliste » du début de la XXVIe dynastie qui se serait
inspiré lui-même d’un texte de la IIIe dynastie5. M. Gabolde6 propose plutôt le règne de

1
. L. TÖRÖK, « Sehel, Famine Stela. Incomes from the Dodecaschoenus », dans T. Eide et al. (éds), Fontes
Historiae Nubiorum. Textual Sources for the History of the Middle Nile Region between the Eigth Century
B.C. and the Sixth Century B.C. Vol II: From the Mid-Fifth to the First Century, Bergen, 1996, p. 611.
2
. J.-Cl. GRENIER, « Autour de la stèle de la Famine, de sa datation réelle et de sa date fictive », dans A. Gasse,
V. Rondot (éds), Séhel. Entre Égypte et Nubie. Inscriptions rupestres et graffiti de l’époque
pharaonique. Actes du colloque international, Université Paul Valéry - Montpellier III - 31 mai - 1er juin
2002, OrMonsp 13, 2004, p. 81.
3
. P. BARGUET, La stèle de la famine à Séhel, BiEtud 24, 1953, p. 33-37.
4
. M. LICHTHEIM, Ancient Egyptian Literature: a book of readings. Vol 3. The Late Period, Londres, 1980,
p. 94-95.
5
. D. WILDUNG, Die Rolle Ägyptischer Könige im Bewsstsein iher Nachwelt I, MÄS 17, 1969, p. 88-89.
6
. M. GABOLDE, « Notule sur la stèle de la Famine à Séhel », dans A. Gasse, V. Rondot (éds), Séhel. Entre
Égypte et Nubie. Inscriptions rupestres et graffiti de l’époque pharaonique. Actes du colloque international,
Université Paul Valéry - Montpellier III - 31 mai - 1er juin 2002, OrMonsp 13, 2004, p. 108-109.

253
Ptolémée II Évergète, quant à J.-Cl. Grenier7, il se range du côté de K. Sethe et soumet
l’époque de Ptolémée Ier Sôter. À propos de l’intention de cette Königsnovelle, il semblerait
qu’il faille attribuer sa rédaction au clergé de Khnoum8. En effet, le contexte de l’inscription
rappelle fortement les querelles qui existaient entre le clergé de Khnoum d’Éléphantine et le
clergé d’Isis de Philae, ce dernier ayant obtenu de la part des Ptolémées le premier
Dodécaschène9. En présentant ce décret, le clergé de Khnoum tentait de rappeler le monopole
territorial, juridique et religieux qu’il possédait sur la Basse-Nubie en raison de cet accord
passé entre le roi Djoser et le dieu Khnoum10.

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dans A. Gasse, V. Rondot (éds), Séhel. Entre Égypte et Nubie. Inscriptions rupestres et
graffiti de l’époque pharaonique. Actes du colloque international, Université Paul
Valéry - Montpellier III - 31 mai - 1er juin 2002, OrMonsp 13, 2004, p. 81-88.

7
. J.-Cl. GRENIER, op. cit., p. 83-84.
8
. M. LICHTHEIM, loc. cit. ; Y. HAIYING, « The Famine Stela: a source-critical approach and historical-
comparative perspective », dans Chr.J. Eyre (éd.), Proceedings of the Seventh International Congress of
Egyptologysts, OLA 82, 1998, p. 518-519.
9
. M. GABOLDE, loc. cit.
10
. J.-Cl. GRENIER, op. cit., p. 81-82.

254
Y. HAIYING, « The Famine Stela: a source-critical approach and historical-comparative
perspective », dans Chr.J. Eyre (éd.), Proceedings of the Seventh International Congress of
Egyptologysts, OLA 82, 1998, p. 515-521.

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Stelae, Autbiographies, and Poetry3, New Haven/Londres, 2003, p. 386-391.

J. VANDIER, La famine dans l’Égypte ancienne, Le Caire, 1936, p. 38-44 et p. 132-139.

D. WILDUNG, Die Rolle Ägyptischer Könige im Bewsstsein iher Nachwelt I, MÄS 17, 1969,
p. 85-91 et doc. XVI.

J.A. WILSON, « The Tradition of Seven Lean Years in Egypt », dans J.B. Pritchard, Ancient
Near Eastern Texts3, Princeton, 1969, p. 31-32.

TRANSCRIPTION

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TRANSLITTÉRATION

1 rnp.t sp 18 Ḥr nṯr(y)-ẖ.t n(y)-sw.t bjty nṯr(y)-ẖ.t nbty nṯr(y)-ẖ.t ḥr nbw Ḏsr (r)-ḫt ḥ‘t(y-ʿ)
(jry)-pʿ(.t) ḥqȝ ḥw.wt rsy.(w)t (j)m(y)-r(ȝ) ḫnt(y) nḥ(sy).w m ȝbw ms-jr(.t) jnw.t n⸗f wḏ (ny)-
sw.t pn r rd(.t) rḫ⸗k wn⸗j ẖr gmwy 2 r s.t(⸗j) wr.t jm(y).w ʿḥ.t wn m snm jb⸗j m ḏw r ʿȝ wr ḫft tm
jw ḥʿpy m rk(⸗j) m ʿḥʿ(w) 7 (ny) rnp.t kt(.t) npj wšr(⸗w) šn-tȝ ḥwʿ(⸗w) ḫ.t nb(.t) wnm(w.t)⸗sn
ḫnp s nb sn(⸗f) 3 jqḥ11⸗sn r tm šm ḫ m jkb(w) ḥwn m sjn12 jȝw jb⸗sn m (b)ȝgy qrf(⸗w) mns.ty
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nb(.t) m gmw ȝwy⸗j jb⸗j ʿn(nw) r ḥȝ.t nḏ⸗j wn jm jst hb(y) ẖr(y)-ḥb(.t) ḥr(y)-tp J(w)-m-ḥtp sȝ
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pw r wȝwȝ.t ṯs(.t) n(y).w tȝ gy gb.ty wṯs pw n(y) Rʿ m sbḥ⸗f r ḥw(.t) ʿnḫ r-gs ḥr nb nḏm.wy ʿnḫ
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ḥw.t rḫ 15 rn.w jnr.w wn(w) jm wȝḥ(w.wt) ḥr(y)-jb tȝš wn(w.wt) jȝbt.t jmnt.t wn(w.wt) [ḥr
sp.ty] mr ȝbw wn(w.wt) m ȝbw wn(w.wt) ḥr(y)-jb jȝbt.t jmnt.t wn(w.wt) m ḥr(y)-jb jtrw bḫn

11
. Wb, I, 138.
12
. À lire probablement sbn (P. BARGUET, op. cit., p. 15, note 9).

258
mṯȝy mḫtbtb rʿgs wtšy ḫnt jȝbt.t prḏn ḥr jmnt.t tȝy ḥr jmnt.t wn(w.wt) m jtrw 16 (rḫ) rn.w ʿȝ.wt
štȝ.w nty m gs ḥr(y) nn wn mm⸗sn ʿr⸗sn m 4 (ny) jtrw nbw ḥḏ ḥm.t bjȝ ḫsbḏ mfkȝ(.t) ṯḥn.t ḫnm.t
qʿ mnw brq.t tm-iqr jw n nn nšm.t tȝ-mḥy ḥmȝg.t 17 jbḥ.t bjȝ-qs-ʿnḫ wȝḏy msdm(.t) ḥrds shr.t
mjmj ȝḥ.t sty ḫnt njw.t tfy smt⸗j nn jm⸗s (r) mḏd (n) jb⸗j ḏr sḏm⸗j nt sš(⸗w) mḏȝ.t wnḫ(w.t) jr(⸗j)
ʿbw jr(⸗w) sšm štȝ.w jr(⸗j) ʿȝb(.t) mḥ(y).t m t ḥq(n).t ȝpd.w jḥ.w ḫ.t 18 nb(.t) nfr(.t) n nṯr.w
nṯr.wt jmyw ȝbw dm⸗tw rn⸗sn nmʿ~n⸗j m ʿnḫ wȝs gm⸗j nṯr ʿḥʿ(⸗w) m snk⸗j sḥtp~n(⸗j) s(w) m
dwȝ (sw) s(n)mḥ s(w) m-bȝḥ⸗f wbȝ⸗f s(w) r⸗j ḥr⸗f ḥḏ ḫrw⸗f jnk H̱nmw nb(w)⸗k ʿ.wy⸗j ḥȝ⸗k r sȝq
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nṯr.w Šw wr ḥr(y)-jdb wn sp.ty m ḏbȝ.t ẖr⸗j ẖnm.t jr~n⸗j (sy) sfḫ(.t) rḫ⸗j Ḥʿpy ḥpt⸗f r sḫ.t hpw.t
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sb qn ḫpr(w) ṯȝb m mẖr.w⸗sn jw tȝ Km.t r gs.t tḥn tȝ.w jqr nw.yt ḥḏ ḥȝty⸗sn r wn ẖr-ḥȝ.t nhs pw
jrw(~n)⸗j r ḥn jb⸗j wḏʿ(⸗w) wrḏ⸗j jr⸗j 23 wḏ.t tn r-gs jt⸗j H̱nmw d n(y)-sw.t ḥtpṉH nmw-Rʿ nb
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nḥb nb(.w) ḫbs⸗(s)n ȝḫ.t ḥr sʿnḫ(⸗sn) ẖtbj jʿ(⸗sn) r ʿḫm.wt ḥnʿ mȝw.t nb(.t) wn ḫnt jtrw(.w)
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nb(.w) ḥȝm.w sḫt(.w)-ȝpd.w ḥr bḥs nb sḫt-mȝj nb ḥr ḫȝs.t šd⸗j st m r(ȝ)-10 m sbw m nn r-ȝw⸗sn
nḏs.w nb(.w) ms(w.w) jd.wt (m) jtrw.w jp(w) r-ȝw(⸗sn) 26 jm mḫtm.w m ȝšrw nb mn.w nty rʿ
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ʿḫm.w r sʿḥʿ šsp.w wn(w) shȝ ḥr dbḥw nb nn sw jm rd ḫ.t nb(.t) ḫnt wḏȝ r ms(⸗tw) m wḥm jw
rḫ ḫ.t nb(.t) wš ḫnt ḥw.t-nṯr⸗k r wn⸗s mj sḫr m sp tpy 32 spẖr wḏ.t tn ḥr ʿḥʿ m bw ḏsr m sš ḥr-
n(y)t.t ḫpr mj ḏd ḥr ʿny wn sš.w nṯr m r(ȝ).w-pr.w ḥr⸗f psg(w) m grg (r)⸗s(.t) m sbȝy.t
(j)m(y).w-r(ȝ) n(y.w) wʿb.w (j)m(y)-rȝ s nb ẖr ḥw.t ḥr jr.t mn rn⸗j (m) ḥw.t nty H̱nm Rʿ mw nb
ȝbw s(w) ḏrj nḥḥ

259
TRADUCTION

L’an 18 de l’Horus, celui dont le corps est divin, le roi de Haute et Basse-Égypte Netjerkhet,
celui des Deux Maîtresses au corps divin, l’Horus d’or Djoser, sous l’autorité du gouverneur,
prince et souverain des domaines du Sud, directeur à la tête des Nubiens d’Éléphantine,
Mésir13. Lui fut rapporté ledit décret royal pour faire en sorte que tu saches que : j’étais dans
l’affliction sur mon grand trône et ceux qui étaient dans le palais étaient dans la
tristesse, mon esprit était dans une très grande peine car le Nil n’était pas venu durant
mon règne pendant une durée de sept années. Les céréales étaient rares, les graines de
souchet étaient desséchées et toutes les choses qu’ils mangeaient manquaient14. Chaque
homme volait son semblable et ils traînaient ne pouvant pas marcher. L’enfant était en
larmes et le jeune homme tombait. Les vieillards avaient leurs esprits affaiblis, leurs
jambes étaient repliées alors qu’ils étaient assis par terre, les mains placées vers eux. Les
suivants étaient dans le besoin, les temples étaient fermés et les sanctuaires croulaient
sous la poussière. Tout ce qui existait était dans l’affliction. Je déployais15 mon esprit à
retourner vers le passé et j’y questionnais un membre du personnel de l’Ibis, le prêtre
ritualiste en chef Imhotep, fils de Ptah qui est au Sud de son mur : « Quelle est le lieu de
naissance du Nil ? Quelle ville du Sinueux16 s’y trouve ? Quel est le dieu qui s’y repose afin
qu’il se joigne à moi ? » Il se leva : « J’irai face au Château du Piège17, attentif à ce que
l’esprit de chaque homme soit stable à l’égard de leurs agissements. Je me rendrai vers la
Maison de Vie, je déroulerai “Les Baou de Rê”18 et je serai guidé par eux. » Il s’empressa de
partir et il revint vers moi aussitôt me faisant prendre connaissance du flot du Nil [...], de
toutes choses qu’ils fournissent ici. Il me révéla les prodiges cachés. Les ancêtres firent la
route vers eux, il n’y avait eu aucun de leurs semblables en tant que roi depuis l’époque
(primordiale). Il me déclara : « Il existe une ville au milieu de l’eau, [le Nil l’]entoure. Son
nom est Éléphantine. C’est le commencement du commencement, c’est le nome du
commencement en direction de Ouaouat, butte terrestre, colline céleste, c’est le perchoir de
Rê lorsqu’il crie pour lancer la vie auprès de chaque face. “Douceur de vivre” est son

13
. P. Barguet traduit ce nom par « celui qui rapporte l’œil » (P. BARGUET, op. cit., p. 14). Quant à M. Gabolde, il
propose la lecture « Démétrios » (M. GABOLDE, op. cit., p. 109-110). M. Lichtheim indique que le nom a
probablement une origine étrangère (M. LICHTHEIM, op. cit., p. 100, note 1).
14
. Littéralement : être court.
15
. Littéralement : épanouir.
16
. Ce mot désigne ici le serpent « celui qui ondule ». Ce dernier, replié sur lui-même, forme la caverne dans
laquelle repose le dieu du Nil (P. BARGUET, op. cit., p. 16, note 16).
17
. Voir explication de Ibid., p. 17, note 5. M. Lichtheim propose la traduction « Mansion of the Net »
(M. LICHTHEIM, op. cit., p. 101, note 6).
18
. « les livres saints » (P. BARGUET, Ibid., p. 17).

260
sanctuaire, “les Deux Gouffres” est le nom de l’eau, ce sont les deux mamelles qui nourrissent
toutes choses. C’est la demeure du sommeil19 du Nil, il s’y renouvelle en son temps [...]. Il
donne la crue20. Il copule en bondissant comme un homme vigoureux à l’encontre d’une
femme. Il recommence à être un homme à l’esprit vif. Il court sur 28 coudées et il se hâte en
direction de Balamun21 avec 7 coudées. Khnoum est là en tant que dieu [...], ses sandales
posées sur le flot, prenant le verrou de la porte dans sa main et ouvrant les deux vantaux
comme il le souhaitait. Il est l’éternel ici comme Chou, maître de largesse, directeur des
champs cultivés lorsque l’on dira son nom. Il a dénombré les terres du Sud et celles de Basse-
Égypte afin de mettre en place la répartition pour chaque dieu. C’est lui qui régit l’orge [...],
les oiseaux, les poissons et toutes les choses dont ils vivent ici. Il y a là une corde et une
palette de scribe. Il y a là un support de bois et sa croix faite de poutres sw.t, pour son peson,
qui sont sur la rive22. Chou, fils de Rê, est placé en tant que maître de largesse. Il y a son
temple ouvert au Sud-Est et Rê se levant face à lui chaque jour. Ses eaux rageuses de son côté
méridional font un itérou, c’est un mur contre les Nubiens continuellement. Il y a un ensemble
de deux montagnes rocheuses, en son emplacement oriental, chargées de toutes sortes de
pierres précieuses, de pierres dures des carrières et de toutes choses que l’on recherche pour
construire chaque temple de la Haute et Basse-Égypte ainsi que les étables pour les animaux
sacrés, les tombes royales et toutes les statues qu’on a dressées devant les temples et les
sanctuaires. Leurs produits réunis sont placés devant la face de Khnoum et autour de lui, de
même que de grandes plantes et toutes sortes de fleurs existantes d’Éléphantine jusqu’à Biga
et qui sont là de l’Est à l’Ouest. Il existe au milieu du fleuve, recouvert d’eau durant son
rajeunissement annuel, un lieu de détente pour chaque homme faisant le travail de ces pierres
sur ses deux bords. Il existe dans le fleuve, face à cette ville d’Éléphantine elle-même, une
hauteur au centre, mauvaise en son corps, on l’appelle « Krophi d’Éléphantine »23. Apprends
les noms des divinités qui président au temple de Khnoum : Sothis, Anoukhis, Hâpi, Chou,
Geb, Nout, Osiris, Horus, Isis, Nephthys. Apprends les noms des pierres qui se trouvent là,
qui demeurent au milieu de la zone frontalière, celles qui sont à l’Est et à l’Ouest, qui sont
[sur les deux bords] du canal d’Éléphantine, qui sont dans l’Éléphantine, qui sont au centre, à
l’Est et à l’Ouest et qui sont au milieu du fleuve : pierre de bḫn, mṯȝy, mḫtbtb, rʿgs, wtšy à

19
. M. LICHTHEIM, op. cit., p. 97.
20
. Littéralement : la berge en mouvement.
21
. A.H. GARDINER, « Horus the Behedetite », JEA 30, 1944, p. 23-60.
22
. P. BARGUET, op. cit., p. 20-21. M. Lichtheim précise que malgré les explications de P. Barguet, elle n’est pas
parvenue à traduire ce passage (M. LICHTHEIM, op. cit., p. 101, note 15).
23
. P. BARGUET, op. cit., p. 22-23, note 14.

261
l’Est ; pierre de prḏn à l’ouest et pierre de tȝy à l’ouest, qui se trouvent dans le fleuve24.
(Apprends) les noms des pierres précieuses des carrières : or, argent, cuivre, fer, lapis-lazuli,
turquoise, ṯḥn.t, jaspe rouge25, qʿ, cristal de roche26, émeraude27, tm-iqr. S’ajoutent à cela:
feldspath vert28 , tȝ-mḥy 29, améthyste 30, porphyre vert 31, magnétite 32, fard vert, galène33 ,
cornaline34, jaspe vert, mjmj, terre de blanc de Nubie35 qui sont dans cette ville. » Lorsque
j’entendis ce qui était en elle, selon la volonté de mon esprit, dès lors j’entendis parler de
l’inondation, les rouleaux de papyrus scellés furent ouverts. Je fis faire des purifications, je fis
faire des processions cachées, je fis faire des offrandes complètes en pain, bière, volailles,
bœufs et toutes sortes de bonnes choses pour les dieux et les déesses d’Éléphantine dont on
avait prononcé le nom. Je m’étais endormi dans la vie et la prospérité. Je trouvais le dieu
debout devant moi36. Je l’apaisais en l’adorant, en le suppliant face à lui. Il s’ouvrit à moi, sa
face étincelante, il dit : « Je suis Khnoum, ton créateur, mes bras sont derrière toi pour
rassembler ton corps afin que tes membres soient bien portants. Je t’ai livré pierres précieuses
sur pierres précieuses [...] auparavant dont aucun travail n’a encore été réalisé, pour bâtir des
temples, pour rénover ce qui est en ruine, pour incruster les orbites des yeux de leur
possesseur. Car je suis le Seigneur qui crée, je suis celui qui s’est créé lui-même, le très grand
Noun qui chemine depuis le commencement, Hâpi qui coure tel qu’il le désire, celui qui
façonne les hommes et guide chaque homme vers son heure, Tatenen père des dieux, Chou le
vénérable, grand et supérieur de la rive. Il existe deux vantaux37 dans le naos où je suis, la
citerne, je la purifie38 car je connais Hâpi : il irrigue39 la terre, une irrigation qui assemble la
vie à chaque narine comme lorsqu’on irrigue la campagne, elle renaît. Je ferai jaillir pour toi
l’inondation. Il n’y aura plus d’années où l’inondation ne manquera pour aucune terre. Les

24
. À propos des différentes pierres, lire : Ibid., p. 23, note 6-10 et p. 24, note 1-2 ainsi que M. LICHTHEIM, op.
cit., p. 101-102, note 21-26.
25
. S.H. AUFRÈRE, L'univers minéral dans la pensée égyptienne. Vol I : L’influence du désert et des minéraux sur
la mentalité des anciens Égyptiens, BiEtud 105, 1991, p. 182.
26
. P. BARGUET, op. cit., p. 24, note 10.
27
. Ibid., p. 24, note 11.
28
. S.H. AUFRÈRE, op. cit., p. 66
29
. Pierre précieuse inconnue.
30
. S.H. AUFRÈRE, op. cit., p. 180.
31
. Ibid., p. 247.
32
. Ibid., p. 433.
33
. P. BARGUET, op. cit., p. 25, n. 6.
34
. S.H. AUFRÈRE, op. cit., p. 182.
35
. P. BARGUET, op. cit., p. 25, n. 9.
36
. Littéralement : « dans mon regard ».
37
. Littéralement : « deux lèvres ».
38
. « Le sas, je le fais ouvrir » (P. BARGUET, op. cit., p. 27).
39
. Littéralement : « Il étreint la terre ».

262
fleurs pousseront, courbées sous les grains40. Renoutet préside toutes choses et toutes les
choses seront introduites par millions. Je ferai en sorte que ton peuple soit comblé et qu’ils
empoignent grâce à toi. La disette passera, celle qui fait apparaître le manque dans leur
grenier. L’Égypte viendra à grands pas, les terres resplendiront car l’inondation sera
excellente et leurs cœurs seront plus heureux qu’auparavant. » Je m’éveillais, ma conscience
s’activait et ma fatigue s’écarta. Je fis ce décret en présence de mon père Khnoum. Fasse le
roi que s’apaise pour Khnoum-Rê, seigneur de la cataracte qui préside en Nubie. En échange
de cela, de ce que j’ai accompli pour toi, je t’offre ton côté occidental sous forme de Manou
et ton côté oriental Baikhou, d’Éléphantine la belle à Takompso, sur 12 itérou, à l’Est et à
l’Ouest, sous forme de champs, de canaux41, de fleuves, en tout lieu des itérou inventoriés.
Tous ceux qui sont imposables42, qui labourent les champs et donnent vie à ce qui est prostré
en irriguant les rives ainsi que toutes les terres neuves existant dans les itérou inventoriés,
collectent leurs récoltes à ton grenier. En supplément de ta part qui se trouve dans la Ville du
Piège43, tous les pêcheurs-oiseleurs, tous les chasseurs, tous les pêcheurs, tous les piégeurs
d’oiseaux et de veaux, tous les piégeurs de lions dans le désert, je les taxerai de 1/10e de la
prise totale et de tous les petits nés des vaches dans les itérou inventoriés, en totalité. Que
l’on donne les bestiaux marqués à tous les holocaustes et les offrandes quotidiennes, ainsi
que les sacs d’or, l’ivoire, l’ébène, le caroubier, le blanc de Nubie, la cornaline, le jaspe vert,
les plantes-djw, les plantes-nfw, tout le bois et tout ce que rapportent les Nubiens de Khent-
hen-nefer vers l’Égypte ainsi que tout homme qui récolte les arrérages d’impôts parmi eux.
Aucune administration ne donnera d’ordre en ces places ni ne collectera des choses là, que
soient protégées les choses en faveur de ton temple. Je t’offre ce domaine qui pourvoit en
pierres et en bonne terre. Il n’y pas de domestique [...] toute chose en lui. Les scribes se
poseront avec toi ainsi que les administrateurs du Sud préposés aux archives, énumérant
toutes les choses que doivent donner les travailleurs-kjry, les forgerons, les maîtres artisans,
les orfèvres [...], les Nubiens, l’équipage des Apirou et tous ceux de corvée qui façonnent ces
pierres en : or, argent, cuivre, plomb, panier de grains, bois de chauffe. Les choses que
chaque homme travaillant avec eux doit me donner en contrepartie : 1/10e de cela et faire en
sorte de donner 1/10e des pierres précieuses des carrières rapportées en amont et les pierres
qui sont à l’Est. Et un directeur mesurera les quantités d’or, d’argent, de cuivre, de pierres

40
. « Plants will grow weighed down by their fruit » (M. LICHTHEIM, op. cit., p. 99).
41
. « champs et déserts » (P. BARGUET, op. cit., p. 29) ; « fields and pastures » (Ibid.).
42
. « All tenants » (Ibid., p. 102, note 47). En revanche, P. Barguet lit jmy s nb et traduit par : « Que tous ceux
qui » (P. BARGUET, op. cit., p. 29, note 6).
43
. Voir explication dans P. BARGUET, op. cit., p. 29, note 13.

263
précieuses véritables et ce que les sculpteurs composeront dans la salle de l’or façonnant les
images pour redresser les statues endommagées. Et tout le nécessaire manquant sera là.
Toutes les choses seront placées dans les magasins jusqu’à ce que l’on en façonne à nouveau.
On saura tout ce qui manque dans ton temple jusqu’à ce qu’il existe de la même manière que
la Première Fois. « Grave ce décret sur une stèle, dans un lieu sacré, par écrit car cela s’est
produit comme c’est dit, ainsi que sur une tablette où se trouvent les écrits divins dans les
temples, deux fois. Celui qui crachera en mentant contre cela aura un châtiment. Que les
directeurs des prêtres-ouâb et le directeur du personnel du temple établissent mon nom dans le
temple de Khnoum-Rê, seigneur d’Éléphantine, puissant pour l’éternité. »

264
CHAPITRE 2. CORPUS BIBLIQUE

Texte B1 - Saül (1 Samuel 11,1-15)

PRÉSENTATION DU TEXTE

Les livres 1 et 2 Samuel semblent être l’œuvre de l’école deutéronomiste. D’après


Chr. Nihan et D. Nocquet, certains passages de 1 S 11,1-15 résulteraient de la première
rédaction deutéronomiste. Le chapitre daterait en effet du début de l’époque exilique c’est-à-
dire de la première moitié du VIe siècle. C’est notamment le point de vue favorable du
rédacteur envers la royauté qui permettrait d’envisager une datation josianique44.
Cette Königsnovelle raconte la victoire de Saül contre les Ammonites.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Guerre contre les étrangers.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

J. CAZEAUX, Saül, David, Salomon : La royauté et le destin d'Israël, Paris, 2003, p. 74-77.

D. EDELMAN, « The Deuteronomist’s Story of King Saul: Narrative Art or Editorial Product?
», dans C. Brekelmans, J. Lust (éds), Pentateuchal and Deuteronomistic Studies: Papers
Read at the XIIIth IOSOT Congress Leuven 1989, BETL 94, 1990, p. 207-220.

D.G. FIRTH, 1 & 2 Samuel, AOTC 8, Nottingham/Downers Grove, 2009, p. 134-141.

J.P. FOKKELMAN, Narrative Art and Poetry in the Books of Samuel: a Full Interpretation
Based on Stylistic and Structural Analysis. Vol. 4: Vow and Desire (I Sam. 1-12), SSN 31,
1993, p. 454-480.

H.W. HERTZBERG, I & II Samuel, Philadelphie, 1964, p. 90-95.

C. NIHAN, « Le(s) récit(s) de l’instauration de la monarchie en 1 Samuel », dans Th. Römer


(éd.), The future of Deuteronomistic History. BETL 147, 2000, p. 147-177.

K. VAN DER TOORN, « Saul and the Rise of Israelite State Religion », VetTest 43/4, 1993,
p. 519-542.

J. VERMEYLEN, La loi du plus fort : histoire de la rédaction des récits davidiques de


1 Samuel 8 à 1 Rois 2, Louvain, 2000, p. 39-43.

44
. Chr. NIHAN, D. NOCQUET, « 1-2 Samuel », dans J.-D. Macchi, Chr. Nihan, Th. Römer (éds), Introduction à
l’Ancien Testament, Genève, 2009, p. 376.

265
‫‪Samuel‬‬ ‫)‪1, 11 (Hébreu‬‬
‫‪TRANSCRIPTION‬‬

‫ש י יָבֵ ישׁ‪ ,‬אֶ ל‪-‬נָחָ שׁ‪,‬‬ ‫אמר ּו ּ ָכ ל‪-‬אַ נְ ֵׁ‬ ‫ש ִ ּג ְלעָ ד; ַו ֹּי ְ‬‫ש הָ עַ ּמ ֹונִ י‪ַ ,‬ו ִּי חַ ן‪ ,‬עַ ל‪-‬יָבֵ י ׁ‬
‫א ַו ּיַעַ ל‪ ,‬נָחָ ׁ‬
‫ש הָ עַ ּמ ֹונִ י‪ְּ ,‬ב זֹאת אֶ ְכרֹת לָ כֶ ם‪,‬‬ ‫אלֵ יהֶ ם‪ ,‬נָחָ ׁ‬ ‫ְּכ רָ ת‪-‬לָ נ ּו ְב ִרית‪ְ ,‬ונַעַ ְבדֶ ּ ָך ‪ .‬ב ַו ֹּי אמֶ ר ֲ‬
‫שרָ אֵ ל‪ .‬ג ַו ּי ְ‬
‫ֹאמר ּו אֵ לָ יו זִ ְקנֵי‬ ‫ל‪-‬כל‪ִ -‬י ְ ׂ‬
‫ָּ‬ ‫ִּבנְ קוֹר לָ כֶ ם ּ ָכל‪-‬עֵ ין י ִָמין; ְו ַׂש ְמ ּ ִתיהָ חֶ ְר ּ ָפה‪ ,‬עַ‬
‫ש רָ אֵ ל; ְו ִאם‪-‬אֵ ין‬ ‫ש ְלחָ ה מַ ְלאָ ִכים‪ְּ ,‬ב כֹל ְ ּג ב ּול ִי ְ ׂ‬ ‫ש ְבעַ ת י ִָמים‪ְ ,‬ונִ ְ ׁ‬
‫יָבֵ ישׁ‪ ,‬הֶ רֶ ף לָ נ ּו ִ ׁ‬
‫שיעַ אֹתָ נוּ‪ְ ,‬ויָצָ אנ ּו אֵ לֶ יךָ ‪ַ .‬ו ּ ָיבֹא ּו הַ ּ ַמ ְלאָ ִכים ִ ּג ְבעַ ת ָׁשאוּל‪ַ ,‬ו ְידַ ְּבר ּו הַ ּ ְד ָב ִרים‬
‫ד‬
‫מ ֹו ִ ׁ‬
‫ְה ּנֵה ָׁשאוּל‪ָ ּ ,‬בא אַ חֲ רֵ י הַ ּ ָב ָקר‬ ‫שא ּו כָ ל‪-‬הָ עָ ם אֶ ת‪-‬קוֹלָ ם‪ַ ,‬ו ִּי ְב ּכוּ‪ .‬ה ו ִ‬ ‫ְּבאָ זְ נֵי הָ עָ ם; ַו ִּי ְ ׂ‬
‫שי יָבֵ ישׁ‪.‬‬ ‫ת‪-‬ד ְברֵ י‪ ,‬אַ נְ ֵׁ‬‫ִּ‬ ‫ה‪-‬לעָ ם ִּכי ִי ְב ּכוּ; ַו ְיסַ ּ ְפרוּ‪-‬לוֹ‪--‬אֶ‬ ‫ָּ‬ ‫ִמן‪-‬הַ ּ ָׂשדֶ ה‪ַ ,‬ו ּיֹאמֶ ר ָׁשאוּל‪ ,‬מַ‬
‫)כ ָׁש ְמעוֹ( אֶ ת‪-‬הַ ּ ְד ָב ִרים הָ אֵ ּ ֶלה; ַו ִּיחַ ר‬ ‫אל ִֹהים עַ ל‪ָׁ -‬שאוּל‪ ,‬בשמעו ְּ‬ ‫ו ו ּ ִַת ְצלַ ח רוּחַ ‪ֱ -‬‬
‫ש רָ אֵ ל ּ ְב יַד‬ ‫ל ח ּ ְב כָ ל‪ְּ -‬ג ב ּו ל ִי ְ ׂ‬
‫ש ַּ‬ ‫ַת חֵ ה ּו ‪ ,‬וַ ְי ַׁ‬ ‫אַ ּפ ֹו ‪ְ ,‬מ א ֹד‪ .‬ז וַ ִּי ּ ַק ח צֶ מֶ ד ּ ָ‬
‫ב ָק ר וַ ְי נ ּ ְ‬
‫שה‬ ‫ש מ ּו אֵ ל‪ּ ,‬כ ֹה יֵעָ ֶׂ‬‫ש א ּו ל ְו אַ חַ ר ְ ׁ‬ ‫ש ר אֵ י ֶנ ּנ ּו ֹי צֵ א אַ חֲ רֵ י ָׁ‬ ‫א ֶׁ‬
‫מ ְל אָ ִכ ים לֵ אמֹר‪ֲ ,‬‬ ‫הַ ּ ַ‬
‫ש אֶ חָ ד‪ .‬ח ַו ִּי ְפ ְקדֵ ם‪ְּ ,‬ב ָבזֶק; ַו ִּי ְהי ּו‬ ‫ִל ְב ָקרוֹ; ַו ִּי ּפֹל ּ ַפחַ ד‪ְ -‬יהוָה עַ ל‪-‬הָ עָ ם‪ַ ,‬ו ּי ְֵצא ּו ְּכ ִאי ׁ‬
‫אמר ּו לַ ּ ַמ ְלאָ ִכים‬ ‫שים אָ לֶ ף‪ .‬ט ַו ֹּי ְ‬ ‫של ֹ ִ ׁ‬
‫ש ְיהוּדָ ה ְ ׁ‬ ‫ש מֵ אוֹת אֶ לֶ ף‪ְ ,‬ו ִאי ׁ‬ ‫של ֹ ׁ‬
‫שרָ אֵ ל ְ ׁ‬
‫ְבנֵי‪ִ -‬י ְ ׂ‬
‫ש ּו עָ ה‪ ,‬בחם‬ ‫ש ִּג ְל עָ ד‪ ,‬מָ חָ ר ּ ִת ְה יֶה‪-‬לָ כֶ ם ּ ְת ׁ‬ ‫ש יָבֵ י ׁ‬ ‫ֹאמ ר ּו ן ְל ִא י ׁ‬
‫ב ִא ים‪ּ ,‬כ ֹה ת ְ‬ ‫הַ ּ ָ‬
‫שי‬ ‫ֹאמר ּו אַ נְ ֵׁ‬ ‫שמָ חוּ‪ .‬י ַו ּי ְ‬ ‫שי יָבֵ ישׁ‪ַ --‬ו ִּי ְ ׂ‬ ‫)כחֹם( הַ ּ ָׁשמֶ שׁ; ַו ּ ָיבֹא ּו הַ ּ ַמ ְלאָ ִכים‪ַ ,‬ו ּ ַי ִ ּגיד ּו ְלאַ נְ ֵׁ‬ ‫ְּ‬
‫}ס{ יא ַו ְי ִה י‬ ‫ש יתֶ ם לָ נ ּו‪ְּ ,‬כ כָ ל‪-‬הַ ּט ֹו ב ְּב עֵ ינֵיכֶ ם‪.‬‬ ‫ע ִׂ‬
‫אלֵ יכֶ ם; ַו ֲ‬ ‫יָבֵ ישׁ‪ ,‬מָ חָ ר נֵצֵ א ֲ‬
‫שמֹרֶ ת‬ ‫ֹך‪-‬הַ ּ ַמחֲ נֶה ְּבאַ ְ ׁ‬‫שים‪ַ ,‬ו ּ ָיבֹא ּו ְבתו ְ‬ ‫של ֹ ָׁשה רָ א ִ ׁ‬ ‫שם ָׁשאוּל אֶ ת‪-‬הָ עָ ם ְ ׁ‬ ‫ִמ ּ ָמחֳ רָ ת‪ַ ,‬ו ּ ָי ֶׂ‬
‫ש ַניִם‬‫ּ‪-‬בם ְ ׁ‬ ‫שאֲרו ָ‬ ‫שאָ ִרים ַו ּיָפֻ צוּ‪ְ ,‬ול ֹא נִ ְ ׁ‬ ‫ְהי ַה ִ ּנ ְ ׁ‬ ‫ַה ּב ֶֹקר‪ַ ,‬ו ּי ַּכ ּו אֶ ת‪-‬עַ ּמוֹן עַ ד‪-‬חֹם ַה ּיוֹם; ַוי ִ‬
‫שים‪,‬‬ ‫א ָנ ִ ׁ‬
‫שמוּאֵ ל‪ִ ,‬מי הָ אֹמֵ ר‪ָׁ ,‬שאוּל ִי ְמל ְֹך עָ לֵ ינוּ‪ְ ּ :‬תנ ּו הָ ֲ‬ ‫יָחַ ד‪ .‬יב ַו ּיֹאמֶ ר הָ עָ ם‪ ,‬אֶ ל‪ׁ ְ -‬‬
‫שוּעָ ה‪,‬‬ ‫ש ּ ַב ּיוֹם ַהזֶּה‪ִּ :‬כי ַה ּיוֹם עָ ָׂשה‪-‬יְהוָה ּ ְת ׁ‬ ‫וּנְ ִמיתֵ ם‪ .‬יג ַו ּיֹאמֶ ר ָׁשאוּל‪ ,‬ל ֹא‪-‬יוּמַ ת ִאי ׁ‬
‫ש ָׁשם‪ַ ,‬ה ּ ְמלוּכָ ה‪.‬‬ ‫ל‪-‬העָ ם‪ְ ,‬לכ ּו ְונ ְֵלכָ ה ַה ִ ּג ְל ּגָל; וּנְ ַח ּ ֵד ׁ‬ ‫ָ‬ ‫שמוּאֵ ל אֶ‬ ‫שרָ אֵ ל‪ .‬יד ַו ּיֹאמֶ ר ְ ׁ‬
‫ְּב ִי ְ ׂ‬
‫טו ַו ּי ְֵלכ ּו כָ ל‪-‬הָ עָ ם הַ ִ ּג ְל ּגָל‪ַ ,‬ו ּי ְַמ ִלכ ּו ָׁשם אֶ ת‪ָׁ -‬שאוּל ִל ְפנֵי ְיהוָה ּ ַב ִ ּג ְל ּגָל‪ַ ,‬ו ִּיזְ ְּבחוּ‪ָׁ -‬שם‬
‫ד‪-‬מ אֹד‪.‬‬ ‫ְ‬ ‫ש רָ אֵ ל‪ ,‬עַ‬ ‫ש י ִי ְ ׂ‬ ‫ש א ּו ל ְו כָ ל‪-‬אַ ְנ ֵׁ‬ ‫ש ם ָׁ‬ ‫ש לָ ִמ ים‪ִ ,‬ל ְפ נֵי ְי הוָה; ַו ִּי ְ ׂ‬
‫ש מַ ח ָׁ‬ ‫ְז בָ ִח ים ְ ׁ‬
‫}פ{‬

‫‪TRADUCTION‬‬

‫‪1 Nahash l’Ammonite monta contre Yavesh-de-Galaad et l’assiégea. Tous les gens de‬‬
‫‪Yavesh dirent à Nahash : « Fais un pacte avec nous et nous te servirons. » 2 Nahash‬‬
‫‪l’Ammonite leur dit : « Voici comment je vous l’accorderai : en vous crevant à chacun l’œil‬‬
‫‪droit. J’infligerai cette honte à tout Israël. » 3 Les anciens de Yavesh lui dirent : « Laisse-nous‬‬
‫‪sept jours. Nous enverrons des messagers dans tout le territoire d’Israël et, si personne ne‬‬
‫‪vient nous sauver, nous sortirons vers toi pour nous rendre. » 4 Les messagers arrivèrent à‬‬

‫‪266‬‬
Guivéa de Saül et ils rapportèrent ces propos aux oreilles du peuple. Le peuple éclata en
sanglots. 5 Juste à ce moment, Saül revenait des champs, derrière ses bœufs. Saül dit :
« Qu’a donc le peuple à pleurer ? » On lui raconta ce qu’avaient dit les gens de
Yavesh. 6 L’esprit de Dieu fondit sur Saül quand il entendit ces paroles, et il entra dans une
violente colère. 7 Il prit une paire de bœufs, les dépeça et, par l’entremise des messagers, en
envoya les morceaux dans tout le territoire d’Israël, en faisant dire : « Celui qui ne part pas à
la guerre derrière Saül et Samuel, voilà ce qu’on fera à ses bœufs ! » Le Seigneur fit tomber la
terreur sur le peuple, et ils partirent comme un seul homme. 8 Saül les passa en revue à
Bèzeq : les fils d’Israël étaient trois cent mille ; les hommes de Juda, trente mille. 9 On dit aux
messagers qui étaient venus : « Vous parlerez ainsi aux gens de Yavesh-de-Galaad : Demain,
à l’heure la plus chaude, vous aurez du secours. » Les messagers vinrent en informer les gens
de Yavesh. Ils furent dans la joie. 10 Les gens de Yavesh dirent : « Demain, nous sortirons
vers vous, et vous nous traiterez tout à votre guise. » 11 Donc, le lendemain, Saül répartit le
peuple en trois sections. Ils pénétrèrent dans le camp à la veille du matin et frappèrent les
Ammonites jusqu’à l’heure la plus chaude du jour. Les survivants se dispersèrent, et il n’en
resta pas deux ensemble. 12 Le peuple dit à Samuel : « Quels sont ceux qui disaient : “Saül
régnera-t-il sur nous ?” Livrez-nous ces gens-là pour que nous les mettions à mort. » 13 Saül
dit : « Personne ne sera mis à mort en un jour pareil, car, aujourd’hui, le Seigneur a remporté
une victoire en Israël. » 14 Samuel dit au peuple : « Venez, allons à Guilgal : nous y
renouvellerons la royauté. » 15 Tout le peuple alla donc à Guilgal. Là, on fit de Saül un roi, en
présence du Seigneur, à Guilgal. On y offrit des sacrifices de paix en présence du Seigneur.
Saül et tous les gens d’Israël se livrèrent là à de grandes réjouissances.

267
Texte B2a - David (2 Samuel 5,17-25)

PRÉSENTATION DU TEXTE

D’après J. Vermeylen, certains éléments de ce récit indiquent le caractère composite du


texte45. En effet, selon Chr. Nihan et D. Nocquet, l’école deutéronomiste peut être considérée
comme étant à l’origine d’une composition primaire qui a été par la suite complétée par
d’autres auteurs46.
Cette Königsnovelle raconte la victoire de David lors de la guerre contre les Philistins.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Guerre contre les étrangers.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

D.G. FIRTH, 1 & 2 Samuel, AOTC 8, Nottingham/Downers Grove, 2009, p. 367-371.

J.P. FOKKELMAN, Narrative Art and Poetry in the Books of Samuel: a Full Interpretation
Based on Stylistic and Structural Analysis. Vol. 3: Throne and City (II Sam. 2-8 & 21-24,
SSN 27, 1990, p. 169-176.

M. GARSIEL, « David’s Warfare against the Philistines in the Vicinity of Jerusalem


(2 Sam 5,17-25 ; 1 Chron 14,8-16), dans G. Galil, Z. Kallai (éds.), Studies in Historical
Geography and Biblical Historiography: Presented to Zachariah Kallai, VetTest-Suppl. 81,
2000, p. 150-164.

S. GELANDER, David and His God, Religious Ideas as Reflected in Biblical Historiography
and Literature, JBS 5, 1991, p. 128-137.

D.F. MURRAY, Divine Prerogative and Royal Pretension: Pragmatics, Poetics and Polemics
in a Narrative Sequence about David (2 Samuel 5.17-7.29), JSOTSup 264, 1998, p. 85-
111.

N. NA’AMAN, « Sources and Composition in the History of David », dans V. Fritz,


Ph.R. Davies (éds), The Origins of the Ancient Israelite, JSOTSup 228, 1996, p. 170-186.

S. PISANO, « 1 Samuel 5-8 et le deutéronomiste : critique textuelle ou critique littéraire ? »,


dans A. De Pury, Th. Römer, J.-D. Macchi (éds), Israël construit son histoire :
l’historiographie deutéronomiste à la lumière des recherches récentes, Le Monde de la
Bible 34, 1996, p. 237-263.

45
. J. VERMEYLEN, La loi du plus fort : histoire de la rédaction des récits davidiques de 1 Samuel 8 à 1 Rois 2,
Louvain, 2000, p. 221.
46
. Chr. NIHAN, D. N OCQUET, op. cit., p. 373.

268
‫ל ּה ע יר ּד ו ד; ו ּי ב ן ּד ו ד‬-‫ ו ּי ק ר א‬,‫ש ב ּד ו ד ּב ּמ צֻ ד ה‬ ׁ ‫ ט ו ּי‬.‫ה ּב י ת‬-‫לא יבו א א ל‬
.‫ ע ּמו‬,‫ הלוך וגדול; ויהוה אלהי צבאות‬,‫ י ו ּילך ּדוד‬.‫ה ּמ ּלוא וביתה‬-‫ מן‬,‫סביב‬
‫ש י עץ‬ ׁ ‫ ו ח ר‬,‫ וע צ י א ר ז ים‬,‫ד ו ד‬-‫ל‬ ּ ‫ א‬,‫צר מ ל א כ ים‬- ‫ש ל ח ח יר ם מ ל ך‬ ׁ ‫}פ{ יא ו ּי‬
-‫הכינו יהוה למלך על‬-‫ ּכ י‬,‫ יב ו ּי דע ּד וד‬.‫ לדוד‬,‫בית‬-‫ש י אבן קיר; ו ּי בנ ּו‬ ׁ ‫וחר‬
J. VERMEYLEN, La loi du plus fort : histoire de la rédaction des récits davidiques de
‫ ּד ו ד‬8‫ח‬à‫ ּק‬1‫ ּי‬Rois
‫ד‬1‫עו‬Samuel ‫}ס{ יג ו‬ .‫ל‬2000,
2, Louvain, ‫ש רא‬
ׂ p.‫ י‬220-222.
‫ ּב ע ב ּו ר ע ּמ ו‬, ‫ש א מ מ ל כ ּת ו‬ ׂ ּ ‫ש ר א ל; ו כ י נ‬ ׂ ‫י‬
‫ ּב נ ים‬,‫ ּב או מ ח ב רו ן; ו ּי ּו ל ד ּו עו ד ל ד ו ד‬,‫ א ח ר י‬,‫ש ל ם‬ ׁ ‫ מ יר ּו‬,‫ש ים‬ ׁ ‫ש ים ו נ‬ ׁ ‫ּפ ל ג‬
.‫למה‬ ‫ש‬
ׁ ‫ ונתן ּו‬,‫ש ּמ ּוע ושׁובב‬
TRANSCRIPTION ׁ :‫ש ל ם‬ ּ ‫ש מות ה ּי ּל דים לו‬
ׁ ‫ב יר ּו‬-- ׁ ,‫ יד וא ּל ה‬.‫ּובנות‬
{‫}פ‬ .‫ ואל יפ ל ט‬,‫ש מ ע ו א ל יד ע‬ ׁ ‫ טז ואל י‬. ‫ ו נפ ג ו יפ יע‬, ‫ש ּו ע‬ ׁ ‫טו ו י ב ח ר ואל י‬
,‫ש ּתים‬ ׁ ‫פל‬-‫ל‬ ּ ‫ ו ּיעל ּו כ‬,‫שראל‬ ׂ ‫י‬-‫דוד למלך על‬-‫ת‬ ּ ‫שח ּו א‬ ׁ ‫מ‬-‫ ּכי‬,‫ש ּתים‬ ׁ ‫שמע ּו פל‬ ׁ ‫יז ו ּי‬
,‫ש ּו‬ׁ ‫ ּב א ּו; ו ּי נּט‬,‫ש ּת ים‬
ׁ ‫ יח ּופל‬.‫ה ּמ צ ּודה‬-‫ ו ּי רד אל‬,‫ש מע ּד וד‬ ׁ ‫ד וד; ו ּי‬-‫ת‬ ּ ‫ש א‬ ׁ ‫לב ּק‬
‫ הת ּת נם‬,‫ש ּת ים‬ ׁ ‫פ ל‬-‫ל‬
ּ ‫ האעלה א‬,‫ לאמר‬,‫ש אל ּד וד ּב יהוה‬ ׁ ‫ יט ו ּי‬.‫ּב עמק רפאים‬
.‫ש ּת ים ּב ידך‬ ׁ ‫ה ּפ ל‬-‫נתן א ּת ן את‬-‫ ּכ י‬,‫ד וד עלה‬-‫ל‬ ּ ‫}פ{ ו ּי אמר יהוה א‬ ;‫ּב ידי‬
‫איבי לפני‬-‫ ּפ רץ יהוה את‬,‫ ו ּי אמר‬,‫ש ם ּד וד‬ ׁ ‫ ו ּי ּכ ם‬,‫פ רצים‬-‫ל‬ ּ ‫כ ו ּי בא דוד ּב בע‬
-‫ את‬,‫שם‬ ׁ -ּ‫ כא ו ּיעזבו‬.‫בעל ּפרצים‬--‫א‬ ּ ‫ה ּמקום הה ּו‬-‫שם‬ ׁ ‫ קרא‬,‫כן‬-‫ל‬ ּ ‫ּכפרץ מים; ע‬
,ּ‫שו‬ׁ ‫ לעלות; ו ּינּט‬,‫ש ּתים‬ ׁ ‫ }פ{ כב ו ּיספ ּו עוד ּפל‬.‫שיו‬ ׁ ‫ ואנ‬,‫שאם ּדוד‬ ׂ ּ ‫עצ ּביהם; ו ּי‬
,‫אחריהם‬-‫ אל‬,‫ ו ּי אמר לא תעלה; הסב‬,‫ש אל ּד וד ּב יהוה‬ ׁ ‫ כג ו ּי‬.‫ּב עמק רפאים‬
‫שי‬ ׁ ‫ ּברא‬,‫קול צעדה‬-‫שמעך( את‬ ׁ ‫)כ‬ּ ‫ כד ויהי בשמעך‬.‫ מ ּמוּל ּבכאים‬,‫וּבאת להם‬
.‫ש ּת ים‬ ׁ ‫ ּב מ ח נה פ ל‬,‫ ל ה ּכ ו ת‬, ‫ יצ א י הוה ל פ ניך‬,‫ ּכ י א ז‬:‫א ז ּת ח ר ץ‬--‫ה ּב כ א ים‬

TRADUCTION

17 Les Philistins apprirent qu’on avait oint David comme roi sur Israël. Tous les
Philistins montèrent donc à la recherche de David. David l’apprit et descendit à la
forteresse. 18 Les Philistins arrivèrent et se déployèrent dans la vallée des Refaïtes. 19 David
demanda au Seigneur : « Dois-je monter contre les Philistins ? Les livreras-tu entre mes
mains ? » Le Seigneur dit à David : « Monte. Oui, je livrerai les Philistins entre tes mains. »
20 David arriva à Baal-Peracim et, là, David les battit. Il dit alors : « Le Seigneur m’a ouvert
une brèche chez mes ennemis comme une brèche ouverte par les eaux ! » C’est pourquoi on a
donné à ce lieu le nom de Baal-Peracim, c’est-à-dire Maître des Brèches. 21 Ils
abandonnèrent là leurs idoles, et David et ses hommes les emportèrent. 22 À nouveau, les
Philistins montèrent et se déployèrent dans la vallée des Refaïtes. 23 David interrogea le
Seigneur, qui déclara : « Tu n’attaqueras pas de front. Tourne-les sur leurs arrières et tu
arriveras vers eux en face des micocouliers. 24 Quand tu entendras un bruit de pas à la cime
des micocouliers, alors décide-toi. C’est qu’alors le Seigneur sera sorti devant toi pour frapper
l’armée des Philistins. » 25 David agit comme le Seigneur le lui avait ordonné et il battit les
Philistins depuis Guèva jusqu’à l’entrée de Guèzèr.

269
Texte B2b - David (1 Chroniques 14,8-17)

PRÉSENTATION DU TEXTE

Les livres des Chroniques sont issus des milieux lévitiques du second Temple de
Jérusalem. Selon Ph. Abadie, cette œuvre originale serait à dater entre 400 et 350 avant notre
ère47. Ce texte est une réécriture de la « narration royale » biblique 2 S 5,17-27 (Texte B2a),
plusieurs passages ont été modifiés et ajoutés.
Cette Königsnovelle relate la victoire de David sur l’armée des Philistins.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Guerre contre les étrangers.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

J. BECKER, 1 Chronik, Die neue echter Bibel KATTE 18, 1986, p. 66-67.

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47
. Ph. ABADIE, op. cit., p. 715.

270
‫שי ִקיר‬ ֵׁ ָ‫ וְחָ ר‬,‫ארָ זִ ים‬
ֲ ‫ ַו ֲעצֵ י‬,‫דוִיד‬-‫ל‬
ָּ ֶ‫ א‬,‫צֹר מַ ְלאָ ִכים‬-‫שלַ ח חירם )חוּרָ ם( מֶ לֶ ְך‬ ׁ ְ ‫א ַו ִּי‬
:‫שרָ אֵ ל‬ ׂ ְ ‫ ִי‬-‫הֱ ִכינ ֹו יְהוָה ְלמֶ לֶ ְך עַ ל‬-‫ ִּכי‬,‫ ב ַו ּי ֵַדע ּ ָדוִיד‬.‫ ּ ָביִת‬,ֹ‫ל ְבנוֹת לו‬--‫ים‬
ִ ‫שי עֵ ִצ‬ ֵׁ ָ‫ְחר‬ָ ‫ו‬
,‫שים‬ ׁ ִ ‫ }ס{ ג ַו ּי ִַּקח ּ ָדוִיד עוֹד ָנ‬.‫שרָ אֵ ל‬ ׂ ְ ‫ ּ ַב ֲעבוּר עַ ּמ ֹו ִי‬,ֹ‫שאת ְלמַ ְעלָ ה מַ ְלכוּתו‬ ֵׂ ּ ִ‫נ‬-‫ִּכי‬
‫ל ֹו‬-ּ ‫שר ָהיו‬
TRANSCRIPTION ֶׁ ‫א‬
ֲ ,‫ּדים‬ ִ ‫שמוֹת ַהיְלו‬ ׁ ְ ‫ ד וְאֵ ּ ֶלה‬.‫ּבנוֹת‬ ָ ‫ ּ ָבנִ ים ו‬,‫ִּביר ּו ָׁש ִ ָלם; ַו ּיוֹלֶ ד ּ ָדוִיד עוֹד‬
‫ ו ְו נֹג ַּה‬.‫ ְו אֶ ְל ּ ָפ לֶ ט‬, ַ‫ש ּו ע‬ ׁ ‫ֱל י‬ ִ ‫ ה ְו ִי ְב חָ ר וֶא‬.‫ש ל ֹמֹה‬ ׁ ְ ‫ נָתָ ן ּו‬,‫ש ֹו בָ ב‬ׁ ‫ש ּמ ּו עַ ְו‬ ַׁ :‫ש ִ ָל ם‬ ָׁ ‫ִּב יר ּו‬
-‫ ִּכ י‬,‫ש ּ ִת ים‬ ׁ ְ ‫ש ְמע ּו ְפ ִל‬ ׁ ְ ‫ }פ{ ח ַו ִּי‬.‫ֱליפָ לֶ ט‬ ִ ‫ וֶא‬,‫ש מָ ע ּו ְבעֶ ְליָדָ ע‬ ָׁ ‫ֱלי‬
ִ ‫ ז וֶא‬. ַ‫ ְוי ִָפיע‬,‫ְונֶפֶ ג‬
;‫ד ִו יד‬-‫ת‬ ָּ ֶ‫ש א‬ ׁ ‫ ְל בַ ֵּק‬,‫ש ּ ִת ים‬ ׁ ְ ‫פ ִל‬-‫ל‬ ְ ּ ָ‫ע ל ּו כ‬ ֲ ַ‫ ַו ּי‬,‫ש רָ אֵ ל‬ ׂ ְ ‫ ִי‬-‫כ ל‬-‫ל‬
ָּ ַ‫ד ִו יד ְל מֶ לֶ ְך ע‬ ָ ּ ‫שח‬ ַׁ ‫ִנ ְמ‬
‫שאַ ל‬ ׁ ְ ‫ י ַו ִּי‬.‫ ְּבעֵ מֶ ק ְרפָ ִאים‬,ּ‫שטו‬ ׁ ְ ‫ ּ ָבאוּ; ַו ּי ְִפ‬,‫ש ּ ִתים‬ ׁ ְ ‫ ט ו ְּפ ִל‬.‫ ַו ּיֵצֵ א ִל ְפנֵיהֶ ם‬,‫שמַ ע ּ ָדוִיד‬ ׁ ְ ‫ַו ִּי‬
‫ וּנְ תַ ּ ָתם ְּבי ִָדי; ַו ּיֹאמֶ ר‬,(‫ש ּ ִתים‬ ׁ ְ ‫)פ ִל‬
ְ ּ ‫פלשתיים‬-‫האֶ עֱלֶ ה עַ ל‬--‫ֹר‬ ַ ‫ לֵ אמ‬,‫ּ ָדוִיד ּ ֵבאל ִֹהים‬
‫ ַו ֹּיאמֶ ר‬,‫ַכם ָׁשם ּ ָד ִויד‬ ֵ ּ ‫ ַו ּי‬,‫פרָ ִצים‬-‫ל‬ ֲ ‫ יא ַו ּ ַי‬. ָ‫ וּנְ תַ ּ ִתים ְּביָדֶ ך‬,‫עלֵ ה‬
ְ ּ ַ‫על ּו ְּב ַבע‬ ֲ ‫ל ֹו ְיהוָה‬
‫הַ ּ ָמ ק ֹו ם‬-‫ש ם‬ ֵׁ ‫ ָק ְר א ּו‬,‫כ ן‬-‫ל‬
ֵּ ַ‫א ֹו ְי בַ י ְּב י ִָד י ְּכ פֶ רֶ ץ מָ ִי ם; ע‬-‫א ל ִֹה ים אֶ ת‬ ֱ ָ‫ ּ ָפ רַ ץ ה‬,‫ד ִו יד‬ ָּ
.ׁ‫ש ְרפ ּו ּ ָבאֵ ש‬ ָׂ ּ ‫ ַו ִּי‬,‫אל ֹהֵ יהֶ ם; ַו ֹּיאמֶ ר ּ ָד ִויד‬ ֱ -‫ אֶ ת‬,‫שם‬ ָׁ ‫ַו ּיַעַ זְ ב ּו‬ ‫יב‬
.‫בעַ ל ּ ְפרָ ִצים‬--‫א‬ ַּ ‫הַ ה ּו‬
,‫ב אל ִֹה ים‬ ֵ ּ ,‫ד ִו יד‬ ׁ ְ ‫ַו ִּי‬
ָ ּ ‫ש אַ ל ע ֹוד‬ ‫יד‬
ׁ ְ ‫ ַו ִּי ְפ‬,‫ש ּ ִת ים‬
.‫ש ט ּו ּ ָב עֵ מֶ ק‬ ׁ ְ ‫ַו ֹּי ִס יפ ּו ע ֹוד ּ ְפ ִל‬ ‫יג‬
{‫}פ‬
‫ ִמ ּמוּל‬,‫ ּו ָבאתָ לָ הֶ ם‬,‫עלֵ יהֶ ם‬ ֲ ֵ‫ מ‬,‫ הָ סֵ ב‬:‫עלֶ ה אַ חֲ רֵ יהֶ ם‬ ֲ ַ‫ ל ֹא ת‬,‫אל ִֹהים‬ ֱ ָ‫ַו ֹּיאמֶ ר ל ֹו ה‬
‫ת צֵ א‬
ֵ ּ ,‫אָ ז‬--‫ש י הַ ּ ְב כָ ִא ים‬ ֵׁ ‫ ּ ְב רָ א‬,‫ק ֹו ל הַ ּ ְצ עָ דָ ה‬-‫ע ךָ אֶ ת‬ ֲ ‫ש ְמ‬ ָׁ ‫יה י ּ ְכ‬
ִ ‫ טו ִו‬.‫הַ ּ ְב כָ ִא ים‬
,‫ש ּ ָדוִיד‬ ׂ ַ‫ טז ַו ּיַע‬.‫ש ּ ִתים‬ ׁ ְ ‫מַ חֲ נֵה ְפ ִל‬-‫ ְל ַה ּכוֹת אֶ ת‬,‫ֶיך‬ ָ ‫אל ִֹהים ְלפָ נ‬ ֱ ‫יָצָ א ָה‬-‫ ִּכי‬:‫ַב ּ ִמ ְל ָחמָ ה‬
-‫שם‬ ֵׁ ‫ יז ַו ּיֵצֵ א‬.‫ ּגָזְ רָ ה‬-‫ ִמ ִ ּג ְבעוֹן וְעַ ד‬,‫ש ּ ִתים‬ׁ ְ ‫מַ חֲ נֵה ְפ ִל‬-‫אל ִֹהים; ַו ּי ַּכ ּו אֶ ת‬ ֱ ‫שר ִצ ּוָה ּו ָה‬ ֶׁ ‫א‬
ֲ ‫ּ ַכ‬
.‫ה ּג ֹויִם‬-‫ל‬
ַ ‫כ‬-‫ל‬ ָּ ַ‫ ע‬,ֹ‫פ ְח ּדו‬-‫ת‬
ַ ּ ֶ‫האֲרָ צוֹת; וַיהוָה נָתַ ן א‬-‫ל‬ ָ ָ‫ ְּבכ‬,‫ּ ָדוִיד‬

TRADUCTION

8 Les Philistins apprirent que David avait été oint comme roi sur tout Israël. Tous les
Philistins montèrent donc à la recherche de David. David l’apprit et sortit au-devant
d’eux. 9 Les Philistins arrivèrent et envahirent la vallée des Refaïtes. 10 David demanda à
Dieu : « Dois-je monter contre les Philistins et les livreras-tu entre mes mains ? » Le
Seigneur lui dit : « Monte et je les livrerai entre tes mains. » 11 Alors ils montèrent à Baal-
Peracim, et là, David les battit. David dit : « Dieu a ouvert par ma main une brèche chez mes
ennemis, comme une brèche ouverte par les eaux. » C’est pourquoi l’on a donné à ce lieu le
nom de Baal-Peracim. 12 Ils abandonnèrent là leurs dieux, et David dit : « Qu’ils soient brûlés
par le feu ! » 13 À nouveau les Philistins envahirent la vallée. 14 David interrogea encore
Dieu, et Dieu lui déclara : « Ne monte pas à leur poursuite : fais un détour loin d’eux et tu
arriveras vers eux, en face des micocouliers. 15 Et lorsque tu entendras un bruit de pas à la
cime des micocouliers, alors tu sortiras pour le combat, car Dieu sera sorti devant toi, pour
frapper l’armée des Philistins. » 16 David agit comme Dieu le lui avait ordonné, et ils
battirent l’armée des Philistins, depuis Gabaon jusqu’à Guèzèr. 17 La renommée de David se
répandit dans tous les pays, et le Seigneur le rendit redoutable à toutes les nations.

271
Texte B3a - David (2 Samuel 7,1-29)

PRÉSENTATION DU TEXTE

Ce récit est l’un des textes essentiels de l’histoire deutéronomiste car il possède une
fonction éditoriale essentielle : l’auteur prépare le futur règne de Salomon48 tout en mettant en
scène le climax du règne de David qui se voit promettre une dynastie éternelle49. Document
fondateur de la dynastie davidique, S. Herrmann est le premier à le caractériser de
Königsnovelle 50 . L’importance de ce chapitre au sein de l’Ancien Testament explique
pourquoi il est l’un des récits bibliques les plus étudiés par la communauté scientifique.
Cette « narration royale » évoque le désir de David de bâtir une demeure à Dieu mais ce
dernier refuse. À travers les paroles du prophète Nathan, il lui accorde toutefois l’immortalité
de sa lignée.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Oracle divin au bénéfice du roi.

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48
. Chr. NIHAN, D. N OCQUET, op. cit., p. 374.
49
. D.G. FIRTH, 1 & 2 Samuel, AOTC 8, Nottingham/Downers Grove, 2009, p. 66.
50
. S. HERRMANN, « 2 Samuel VII », p. 120.

272
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274
‫)‪Samuel 2, 7 (Hébreu‬‬
‫‪TRANSCRIPTION‬‬

‫מ לֶ ך ּב בֵ ית ֹו ; וַיהוָה הֵ נִ יחַ ‪-‬ל ֹו ִמ ּ ָס ִב יב‪ִ ,‬מ ּ ָכ ל‪-‬אֹי בָ יו‪ .‬ב ַו ֹּי אמֶ ר‬ ‫ש ב הַ ּ ֶ‬ ‫א וַי ִה י‪ִּ ,‬כ י‪ָ -‬י ַׁ‬
‫ש ב ּב בֵ ית א רָ ִז ים; וַא ר ֹו ן‪ ,‬הָ א ל ִֹה ים‪,‬‬ ‫מ לֶ ך ‪ ,‬אֶ ל‪-‬נָתָ ן הַ ּנ ִָב יא‪ ,‬ר אֵ ה נָא‪ ,‬אָ נ ִֹכ י י ֹו ֵׁ‬ ‫הַ ּ ֶ‬
‫שה‪ִּ :‬כי‬ ‫שר ִּבל ָבבךָ לֵ ך ע ֵׂ‬ ‫שב‪ּ ,‬בתוֹך הַ י ִריעָ ה‪ .‬ג ַו ּיֹאמֶ ר נָתָ ן אֶ ל‪-‬הַ ּ ֶמלֶ ך‪ּ ,‬כֹל א ֶׁ‬ ‫ֹי ֵׁ‬
‫}ס{ וַי ִהי‪ּ ,‬ד ַבר‪-‬יהוָה‪ ,‬אֶ ל‪-‬נָתָ ן‪ ,‬לֵ אמֹר‪.‬‬ ‫יהוָה‪ִ ,‬ע ּ ָמך‪ .‬ד וַי ִהי‪ַ ּ ,‬ב ּ ַלילָ ה הַ ה ּוא;‬
‫ֶה‪-‬ל י‬ ‫}ס{ ּכ ֹה אָ מַ ר י הוָה‪ :‬הַ אַ ּ ָת ה ּ ִת ב נ ִּ‬ ‫ל‪-‬ד ִו ד‪,‬‬‫ָּ‬ ‫ה לֵ ך ו אָ מַ ר ּ ָת אֶ ל‪-‬עַ ב ּ ִד י אֶ‬
‫שרָ אֵ ל ִמ ּ ִמצרַ ִים‪,‬‬ ‫ת‪-‬בנֵי ִי ׂ‬ ‫ּ‬ ‫שב ּ ִתי‪ .‬ו ִּכי ל ֹא ָי ַׁשב ּ ִתי‪ּ ,‬ב ַב ִית‪ ,‬ל ִמ ּיוֹם הַ על ִֹתי אֶ‬ ‫ַב ִית‪ ,‬ל ִ ׁ‬
‫ל כ ּ ִת י‪,‬‬ ‫ר‪-‬ה ת הַ ּ ַ‬ ‫ִ‬ ‫ש‬ ‫ּב כֹל א ֶׁ‬ ‫ז‬
‫ש ּ ָכ ן‪.‬‬
‫ל ך ‪ּ ,‬ב אֹהֶ ל‪ּ ,‬ו ב ִמ ׁ‬ ‫ו עַ ד הַ ּי ֹו ם הַ זֶּה; וָאֶ ה יֶה‪ִ ,‬מ ת הַ ּ ֵ‬
‫יתי ִלרעוֹת‬ ‫שר ִצ ִּו ִ‬ ‫שרָ אֵ ל‪ ,‬א ֶׁ‬ ‫שבטֵ י ִי ׂ‬ ‫שרָ אֵ ל‪ ,‬הדָ ָבר ּ ִד ּ ַבר ּ ִתי אֶ ת‪-‬אַ חַ ד ִ ׁ‬ ‫ל‪-‬בנֵי ִי ׂ‬ ‫ּ‬ ‫ּבכָ‬
‫ב ית א רָ ִז ים‪ .‬ח ו עַ ּ ָת ה ּכ ֹה‪-‬‬ ‫ש רָ אֵ ל לֵ אמֹר‪ :‬לָ ּ ָמ ה ל ֹא‪-‬ב ִנ יתֶ ם ִל י‪ֵ ּ ,‬‬ ‫אֶ ת‪-‬עַ ּ ִמ י אֶ ת‪ִ -‬י ׂ‬
‫תֹאמַ ר ל עַ ב ּ ִד י לדָ ִוד‪ּ ,‬כ ֹה אָ מַ ר יהוָה צ בָ א ֹו ת‪ ,‬א נִ י ל ַקח ּ ִת יךָ ִמ ן‪-‬הַ ּ ָנ וֶה‪ ,‬מֵ אַ חַ ר‬
‫ת‪,‬‬ ‫ש ר הָ לַ כ ּ ָ‬ ‫ש רָ אֵ ל‪ .‬ט וָאֶ ה יֶה ִע ּמ ךָ ‪ּ ,‬ב כֹל א ֶׁ‬ ‫ֹאן‪--‬ל ה י ֹו ת נָגִ יד‪ ,‬עַ ל‪-‬עַ ּ ִמ י עַ ל‪ִ -‬י ׂ‬ ‫ִ‬ ‫הַ ּצ‬
‫שר‬ ‫ש ם הַ ּג ד ִֹל ים א ֶׁ‬ ‫ש ם ּגָד ֹו ל‪ּ ,‬כ ֵׁ‬ ‫ש ִת י ל ךָ ֵׁ‬ ‫ת‪-‬כ ל‪-‬אֹי בֶ יךָ ‪ִ ,‬מ ּ ָפ נֶיךָ ; ו עָ ִ ׂ‬ ‫ָּ‬ ‫וָאַ כ ִר תָ ה אֶ‬
‫שרָ אֵ ל ּונטַ ע ּ ִתיו‪ ,‬ו ָׁשכַ ן ּ ַתח ּ ָתיו‪ ,‬ול ֹא ִיר ּגַז‪ ,‬עוֹד;‬ ‫ּ ָבאָ רֶ ץ‪ .‬י ו ַׂשמ ּ ִתי מָ ק ֹום לעַ ּ ִמי ל ִי ׂ‬
‫ית י‬ ‫ש ר ִצ ִּו ִ‬ ‫ש ֹו נָה‪ .‬יא ּו ל ִמ ן‪-‬הַ ּי ֹו ם‪ ,‬א ֶׁ‬ ‫ש ר ּ ָב ִר א ׁ‬ ‫ו ל ֹא‪ֹ -‬י ִס יפ ּו ב נֵי‪-‬עַ ו לָ ה ל עַ ּנ ֹו ת ֹו ‪ַ ּ ,‬כ א ֶׁ‬
‫ש רָ אֵ ל‪ ,‬וַהנִ יח ִֹתי לךָ ‪ִ ,‬מ ּ ָכ ל‪-‬אֹיבֶ יךָ ; ו ִה ִ ּג יד לךָ יהוָה‪ִּ ,‬כ י‪-‬בַ ִית‬ ‫שֹפ ִטים עַ ל‪-‬עַ ּ ִמ י ִי ׂ‬ ‫ׁ‬
‫ש כַ ב ּ ָת אֶ ת‪-‬אבֹתֶ יךָ ‪ ,‬וַה ִקימ ִֹתי אֶ ת‪-‬זַרעךָ‬ ‫ה‪-‬ל ךָ יהוָה‪ .‬יב ִּכ י ִימלא ּו יָמֶ יךָ ‪ ,‬ו ָׁ‬ ‫ש ּ‬ ‫יַע ֶׂ‬
‫ש ִמ י;‬ ‫ֶה‪-‬ב ִי ת‪ִ ,‬ל ׁ‬ ‫מ עֶ יךָ ; וַה ִכ ינ ִֹת י‪ ,‬אֶ ת‪-‬מַ מלַ כ ּת ֹו ‪ .‬יג ה ּו א ִי ב נ ּ ַ‬ ‫ש ר יֵצֵ א ִמ ּ ֵ‬ ‫אַ ח רֶ יךָ ‪ ,‬א ֶׁ‬
‫ֶה‪-‬לי לבֵ ן‪--‬‬ ‫ֶה‪-‬ל ֹו לאָ ב‪ ,‬והוּא יִהי ִּ‬ ‫ת‪-‬כ ּ ֵסא מַ מלַ כ ּתוֹ‪ ,‬עַ ד‪-‬עוֹלָ ם‪ .‬יד אנִ י אֶ הי ּ‬ ‫ִּ‬ ‫וכֹנַנ ּ ִתי אֶ‬
‫שים‪ּ ,‬ובנִ געֵ י ּבנֵי אָ דָ ם‪ .‬טו וחַ ס ּ ִדי‪ ,‬ל ֹא‪-‬יָס ּור‬ ‫שבֶ ט א ָנ ִ ׁ‬ ‫שר‪ּ ,‬בהַ ע ֹותוֹ‪ ,‬והֹכַ ח ּ ִתיו ּב ֵׁ‬ ‫א ֶׁ‬
‫ב ית ךָ‬ ‫ש ר ה ִס ר ִֹת י ִמ ּל פָ נֶיךָ ‪ .‬טז ו נֶא מַ ן ּ ֵ‬ ‫ש א ּו ל‪ ,‬א ֶׁ‬ ‫ש ר ה ִס ר ִֹת י מֵ ִע ם ָׁ‬ ‫מ ּנ ּו ‪ַ ּ ,‬כ א ֶׁ‬
‫ִמ ּ ֶ‬
‫ּומַ מלַ כ ּת ךָ עַ ד‪-‬ע ֹולָ ם‪ ,‬לפָ נֶיךָ ‪ִּ :‬כ סאךָ ‪ִ ,‬יהיֶה נָכ ֹון עַ ד‪-‬ע ֹולָ ם‪ .‬יז ּכ כֹל הַ ּד בָ ִרים‬
‫ל‪-‬דוִד‪} .‬פ{ יח ַו ּ ָיבֹא הַ ּ ֶמלֶ ך ּ ָדוִד‪,‬‬ ‫ָּ‬ ‫ֶה‪--‬כן ּ ִד ּ ֶבר נָתָ ן‪ ,‬אֶ‬ ‫ֵּ‬ ‫הָ אֵ ּ ֶלה‪ ,‬וּככֹל הַ ִחזָּיוֹן הַ ז ּ‬
‫י‪--‬כי ה ִבאֹתַ נִ י‪ ,‬עַ ד‪-‬הל ֹם‪.‬‬ ‫ית ִּ‬ ‫שב ִלפנֵי יהוָה; ַו ּיֹאמֶ ר‪ִ ,‬מי אָ נ ִֹכי אדֹנָי יהוִה ו ִּמי בֵ ִ‬ ‫ַו ּ ֵי ֶׁ‬
‫ל‪-‬ב ית‪-‬עַ ב ּד ךָ למֵ רָ ח ֹוק;‬ ‫ֵּ‬ ‫ב ר ּגַם אֶ‬ ‫יט ו ּ ִַת ק טַ ן ע ֹוד זֹאת ּב עֵ ינֶיךָ אדֹנָי יה ִוה‪ ,‬ו ַּת דַ ּ ֵ‬
‫ב ר אֵ לֶ יךָ ; ו אַ ּ ָת ה‬ ‫ד ִו ד ע ֹו ד‪ ,‬ל דַ ּ ֵ‬ ‫ו זֹאת ּת ֹו רַ ת הָ אָ דָ ם‪ ,‬א דֹנָי י ה ִו ה‪ .‬כ ּו מַ ה‪ּ -‬י ֹו ִס יף ּ ָ‬
‫ש יתָ ‪ ,‬אֵ ת ּ ָכ ל‪-‬‬ ‫ב ע ב ּו ר ּד בָ ר ךָ ‪ּ ,‬ו כ ִל ּב ךָ ‪ ,‬עָ ִ ׂ‬ ‫ת אֶ ת‪-‬עַ ב ּד ךָ ‪ ,‬א דֹנָי י ה ִו ה‪ .‬כא ּ ַ‬ ‫יָדַ ע ּ ָ‬
‫ל‪-‬כ ן ּגָדַ ל ּ ָת ‪ ,‬יהוָה אל ִֹהים‪ִּ :‬כ י‪-‬אֵ ין‬ ‫ֵּ‬ ‫ד ךָ ‪ .‬כב עַ‬ ‫הַ ּג ד ּו ּ ָל ה הַ זֹּאת‪--‬לה ֹו ִדיעַ ‪ ,‬אֶ ת‪-‬עַ ב ּ ֶ‬
‫שרָ אֵ ל‪,‬‬ ‫שר‪ָׁ -‬שמַ ענוּ‪ּ ,‬באָ זנֵינוּ‪ .‬כג ו ִּמי כעַ ּמךָ ּכ ִי ׂ‬ ‫ּ ָכמוֹךָ ‪ ,‬ואֵ ין אל ִֹהים זוּלָ תֶ ךָ ‪ּ ,‬בכֹל א ֶׁ‬
‫ש ֹות‬ ‫ש ם‪ ,‬ולַ ע ׂ‬ ‫ש ּום ל ֹו ֵׁ‬ ‫ש ר הָ לכ ּו‪-‬אל ִֹהים ִלפ ּד ֹות‪-‬ל ֹו לעָ ם ולָ ׂ‬ ‫ּג ֹוי אֶ חָ ד ּ ָב אָ רֶ ץ‪--‬א ֶׁ‬
‫ש ר ּ ָפ ִד יתָ ּל ךָ ִמ ּ ִמ צ רַ ִי ם‪ּ ,‬ג ֹו ִי ם‬ ‫ל ה ו נֹרָ א ֹו ת ל אַ ר צֶ ךָ ‪ִ ,‬מ ּפ נֵי עַ ּמ ךָ א ֶׁ‬ ‫לָ כֶ ם הַ ּג ד ּו ּ ָ‬

‫‪275‬‬
TRADUCTION

1 Or, lorsque le roi fut installé dans sa maison, et que le Seigneur lui eut accordé le repos
alentour face à tous ses ennemis, 2 le roi dit au prophète Nathan : « Tu vois, je suis installé
dans une maison de cèdre, tandis que l’arche de Dieu est installée au milieu d’une tente
de toile. » 3 Nathan dit au roi : « Tout ce que tu as l’intention de faire, va le faire, car le
Seigneur est avec toi. » 4 Or, cette nuit-là, la parole du Seigneur fut adressée à Nathan en ces
termes : 5 « Va dire à mon serviteur David : Ainsi parle le Seigneur : Est-ce toi qui me bâtiras
une Maison pour que je m’y installe ? 6 Car je ne me suis pas installé dans une maison depuis
le jour où j’ai fait monter d’Égypte les fils d’Israël et jusqu’à ce jour : je cheminais sous une
tente et à l’abri d’une demeure. 7 Pendant tout le temps où j’ai cheminé avec tous les fils
d’Israël, ai-je adressé un seul mot à une des tribus d’Israël que j’avais établies en paissant
Israël mon peuple, pour dire : “Pourquoi ne m’avez-vous pas bâti une Maison de cèdre ?” 8
Maintenant donc, tu parleras ainsi à mon serviteur David : Ainsi parle le Seigneur de
l’univers : C’est moi qui t’ai pris au pâturage, derrière le troupeau, pour que tu deviennes le
chef d’Israël, mon peuple. 9 J’ai été avec toi partout où tu es allé : j’ai abattu tous tes ennemis
devant toi. Je t’ai fait un nom aussi grand que le nom des grands de la terre. 10 Je fixerai un
lieu à Israël, mon peuple, je l’implanterai et il demeurera à sa place. Il ne tremblera plus, et
des criminels ne recommenceront plus à l’opprimer comme jadis 11 et comme depuis le jour
où j’ai établi des juges sur Israël, mon peuple. Je t’ai accordé le repos face à tous tes ennemis.
Et le Seigneur t’annonce que le Seigneur te fera une maison. 12 Lorsque tes jours seront
accomplis et que tu seras couché avec tes pères, j’élèverai ta descendance après toi, celui qui
sera issu de toi-même, et j’établirai fermement sa royauté. 13 C’est lui qui bâtira une Maison

276
pour mon Nom, et j’établirai à jamais son trône royal. 14 Je serai pour lui un père, et il sera
pour moi un fils. S’il commet une faute, je le corrigerai en me servant d’hommes pour bâton
et d’humains pour le frapper. 15 Mais ma fidélité ne s’écartera point de lui, comme je l’ai
écartée de Saül, que j’ai écarté devant toi. 16 Devant toi, ta maison et ta royauté seront à
jamais stables, ton trône à jamais affermi. » 17 C’est selon toutes ces paroles et selon toute
cette vision que parla Nathan à David. 18 Le roi David vint s’asseoir en présence du
Seigneur et déclara : « Qui suis-je, Seigneur Dieu, et quelle est ma maison, pour que tu m’aies
fait parvenir où je suis ? 19 Or c’était encore trop peu à tes yeux, Seigneur Dieu : tu as parlé
aussi pour la maison de ton serviteur, longtemps à l’avance. Telle est la loi de l’homme,
Seigneur Dieu. 20 Et qu’est-ce que David pourrait te dire encore, alors que toi, tu connais ton
serviteur, Seigneur Dieu ? 21 C’est à cause de ta parole et selon ton cœur que tu as accompli
toute cette grande œuvre, en la faisant connaître à ton serviteur. 22 Aussi tu es grand,
Seigneur Dieu : tu es sans pareil, et il n’est point de Dieu, toi excepté, selon tout ce que nous
avons entendu de nos oreilles. 23 Est-il sur la terre une seule nation pareille à Israël ton
peuple, ce peuple que Dieu est allé racheter pour en faire son peuple, en lui donnant un nom et
en accomplissant pour vous cette grande œuvre et pour ton pays des choses redoutables ? Est-
il une nation comparable à ton peuple que tu as racheté de l’Égypte, de cette nation et de ses
dieux ? 24 Et tu as établi Israël ton peuple pour en faire à jamais ton peuple, et toi, Seigneur,
tu es devenu leur Dieu. 25 Maintenant donc, Seigneur Dieu, la parole que tu as prononcée sur
ton serviteur et sa maison, tiens-la à jamais et agis comme tu l’as promis. 26 Que ton Nom
soit magnifié à jamais, et qu’on dise : “Le Seigneur de l’univers est Dieu sur Israël.” Et que la
maison de ton serviteur David reste ferme en ta présence. 27 En effet, c’est toi-même,
Seigneur de l’univers, Dieu d’Israël, qui as averti ton serviteur en disant : “Je te bâtirai une
maison.” Voilà pourquoi ton serviteur a trouvé le courage de t’adresser cette prière. 28 Et
maintenant, Seigneur Dieu, c’est toi qui es Dieu, tes paroles sont vérité, et tu as parlé de ce
bonheur à ton serviteur. 29 Veuille maintenant bénir la maison de ton serviteur, pour qu’elle
soit à jamais en ta présence. Car c’est toi, Seigneur Dieu, qui as parlé, et par ta bénédiction la
maison de ton serviteur sera bénie à jamais. »

277
Texte B3b - David (1 Chroniques 17,1-27)

PRÉSENTATION DU TEXTE

Les livres des Chroniques sont issus des milieux lévitiques du second Temple de
Jérusalem. Cette œuvre originale serait donc à dater, d’après Ph. Abadie, entre 400 et 350
avant notre ère51. Ce texte est une réécriture de la « narration royale » biblique 2 S 7,1-29
(Texte B3a). La promesse dynastique a été reformulée par le Chroniste compte tenu de son
idéologie propre : David est-il la personne qui doit construire le Temple ?52.
Cette Königsnovelle raconte que David souhaite bâtir pour Dieu un temple. Tout en
refusant le projet du roi, Dieu offre en contrepartie à ce dernier une dynastie éternelle.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Oracle divin au bénéfice du roi.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

Ph. ABADIE, « Pérennité dynastique ou éternité du Temple ? Deux lectures d’un même oracle
(2 S 7 et 1 Ch 17) », dans C. Focant, A. Wénin (éds), Analyse Narrative et Bible :
deuxième Colloque international du RRENAB, Louvain-la-Neuve, 2004, p. 117-130.

M. AVIOZ, « Nathan’s Prophecy in II Sam 7 and in I Chr 17: Text, Context, and Meaning »,
ZATW 116, 2004, p. 542-554.

R. COLEMAN, « The Davidic Covenant in Chronicles: The Interpretive Retelling of


2 Samuel 7:1-17 in 1 Chronicles 17:1-15 », 2016, p. 1-26.

S. HWANG, The Hope for the Restoration of the Davidic Kingdom in the Light of the Davidic
Covenant in Chronicles, Thèse de l’université d’Édimbourg, 2011.

S. JAPHET, I & II Chronicles, Londres, 1993, p. 325-341.

G.N. KNOPPERS, I Chronicles 10-29. A New Translation with Introduction and Commentary,
New York, 2004, p. 661-688.

G.N. KNOPPERS, « Changing History: Nathan’s Oracle and the Structure of the Davidic
Monarchy in Chronicles », dans M. Bar-Asher et al (éds), Shai le-Sara Japhet: Studies in
the Bible, Its Exegesis and Its Language, Jérusalem, 2007, p. 99-123.

51
. Ph. ABADIE, loc. cit.
52
. G.N. KNOPPERS, « Changing History: Nathan’s Oracle and the Structure of the Davidic Monarchy in
Chronicles », dans M. Bar-Asher et al (éds), Shai le-Sara Japhet: Studies in the Bible, Its Exegesis and Its
Language, Jérusalem, 2007, p. 103-104.

278
R.W. KLEIN, Th. KRÜGER (éds), 1 Chronicles: a Commentary, Minneapolis, 2006, p. 371-
385.

M.A. THRONTVEIT, « The Idealization of Solomon as the Glorification of God in the


Chronicler’s Royal Speeches and Royal Prayers », dans L.K. Handy (éd.), The Age of
Solomon: Scholarship at the Turn of the Millennium, SHCANE 11, 1997, p. 414-418.

279
‫‪Chroniques‬‬ ‫)‪1, 17 (Hébreu‬‬
‫‪TRANSCRIPTION‬‬

‫שב‬ ‫שר ָי ַׁשב ּ ָד ִויד ּבבֵ ית ֹו; ַו ֹּיאמֶ ר ּ ָד ִויד אֶ ל‪-‬נָתָ ן הַ ּנ ִָביא‪ִ ,‬ה ּנֵה אָ נ ִֹכי י ֹו ֵׁ‬ ‫א וַי ִהי‪ַ ּ ,‬כא ֶׁ‬
‫ל‪-‬ד ִויד‪ּ ,‬כֹל‬ ‫ָּ‬ ‫ּב בֵ ית הָ ארָ ִזים‪ ,‬וַאר ֹון ּב ִרית‪-‬יהוָה‪ַ ּ ,‬ת חַ ת י ִריע ֹות‪ .‬ב ַו ֹּי אמֶ ר נָתָ ן אֶ‬
‫ל י לָ ה הַ ה ּו א; וַי ִה י‪,‬‬
‫ש ה‪ִּ :‬כ י הָ א ל ִֹה ים‪ִ ,‬ע ּ ָמ ך ‪} .‬ס{ ג וַי ִה י‪ַ ּ ,‬ב ּ ַ‬ ‫ש ר ִּב ל בָ ב ךָ ע ֵׂ‬ ‫א ֶׁ‬
‫ל‪-‬ד ִויד עַ ב ּ ִד י‪ּ ,‬כֹה אָ מַ ר יהוָה‪:‬‬ ‫ָּ‬ ‫ּד בַ ר‪-‬אל ִֹהים‪ ,‬אֶ ל‪-‬נָתָ ן‪ ,‬לֵ אמֹר‪ .‬ד לֵ ך ואָ מַ ר ּ ָת אֶ‬
‫שר‬ ‫ש ב ּ ִת י‪ּ ,‬ב בַ ִי ת‪ִ ,‬מ ן‪-‬הַ ּי ֹו ם א ֶׁ‬ ‫ש בֶ ת‪ .‬ה ִּכ י ל ֹא ָי ַׁ‬ ‫ב ִי ת‪ ,‬לָ ָׁ‬
‫ֶה‪-‬ל י הַ ּ ַ‬
‫ִּ‬ ‫ת ה ּ ִת ב נ‬
‫ל ֹא אַ ּ ָ‬
‫ש ּ ָכ ן‪ .‬ו ּב כֹל‬ ‫ש רָ אֵ ל‪ ,‬עַ ד הַ ּי ֹום הַ זֶּה; וָאֶ היֶה מֵ אֹהֶ ל אֶ ל‪-‬אֹהֶ ל‪ּ ,‬ו ִמ ּ ִמ ׁ‬ ‫יתי אֶ ת‪ִ -‬י ׂ‬ ‫הֶ עלֵ ִ‬
‫שר‬ ‫ש רָ אֵ ל‪ ,‬א ֶׁ‬
‫שֹפטֵ י ִי ׂ‬
‫ש רָ אֵ ל‪ ,‬הדָ בָ ר ּ ִד ּ ַב ר ּ ִת י אֶ ת‪-‬אַ חַ ד ׁ‬
‫ר‪-‬התהַ ּ ַל כ ּ ִת י‪ּ ,‬ב כָ ל‪ִ -‬י ׂ‬
‫ש ִ‬ ‫א ֶׁ‬
‫יתי ִלרע ֹות אֶ ת‪-‬עַ ּ ִמ י לֵ אמֹר‪ :‬לָ ּ ָמה ל ֹא‪-‬בנִ יתֶ ם ִלי‪ֵ ּ ,‬ב ית ארָ ִזים‪ .‬ז ועַ ּ ָתה ּכֹה‪-‬‬ ‫ִצ ִּו ִ‬
‫תֹאמַ ר לעַ ב ּ ִד י לדָ ִויד‪} ,‬ס{ ּכֹה אָ מַ ר יהוָה צבָ א ֹות‪ ,‬אנִ י ל ַקח ּ ִת יךָ ִמן‪-‬הַ ָּנ וֶה‪,‬‬
‫שר‬ ‫ש רָ אֵ ל‪ .‬ח וָאֶ ה יֶה ִע ּמ ךָ ‪ּ ,‬ב כֹל א ֶׁ‬ ‫ֹאן‪--‬ל ה י ֹו ת ָנ ִג יד‪ ,‬עַ ל עַ ּ ִמ י ִי ׂ‬ ‫ִ‬ ‫ִמ ן‪-‬אַ ח רֵ י הַ ּצ‬
‫שר‬ ‫ֹלים א ֶׁ‬ ‫שם הַ ּגדו ִ‬ ‫שם‪ּ ,‬כ ֵׁ‬ ‫יתי לךָ ֵׁ‬
‫ש ִ‬
‫ת‪-‬כל‪-‬אוֹיבֶ יךָ ‪ִ ,‬מ ּ ָפנֶיךָ ; ועָ ִ ׂ‬ ‫ָּ‬ ‫הָ לַ כ ּ ָת‪ ,‬וָאַ כ ִרית אֶ‬
‫שרָ אֵ ל וּנטַ ע ּ ִתיהוּ‪ ,‬ו ָׁשכַ ן ּ ַתח ּ ָתיו‪ ,‬ול ֹא ִיר ּגַז‪ ,‬עוֹד;‬ ‫ּ ָבאָ רֶ ץ‪ .‬ט ו ַׂשמ ּ ִתי מָ קוֹם לעַ ּ ִמי ִי ׂ‬
‫ית י‬‫ש ר ִצ ִּו ִ‬ ‫ש ֹו נָה‪ .‬י ּו ל ִמ ּי ִָמ ים‪ ,‬א ֶׁ‬ ‫ב ִר א ׁ‬ ‫שר ָּ‬ ‫ו ל ֹא‪-‬י ֹו ִס יפ ּו ב נֵי‪-‬עַ ו לָ ה ל בַ ּל ֹת ֹו ‪ַ ּ ,‬כ א ֶׁ‬
‫ֶה‪-‬ל ךָ‬
‫ת‪-‬כ ל‪-‬א ֹויבֶ יךָ ; וָאַ ִ ּג ד לָ ך‪ּ ,‬ובַ ִית ִיבנ ּ‬ ‫ָּ‬ ‫ש רָ אֵ ל‪ ,‬ו ִהכנַע ּ ִת י‪ ,‬אֶ‬ ‫שֹפ ִטים עַ ל‪-‬עַ ּ ִמ י ִי ׂ‬ ‫ׁ‬
‫ֹתי אֶ ת‪-‬זַרעךָ אַ חרֶ יךָ ‪,‬‬ ‫יהוָה‪ .‬יא והָ יָה‪ִּ ,‬כי‪-‬מָ לא ּו יָמֶ יךָ לָ לֶ כֶ ת ִעם‪-‬אבֹתֶ יךָ ‪ ,‬וַה ִקימו ִ‬
‫ֶה‪-‬ל י‪ָ ּ ,‬ב ִית; וכֹנַנ ּ ִת י אֶ ת‪-‬‬ ‫ש ר ִיהיֶה ִמ ּ ָב נֶיךָ ; וַה ִכינ ֹו ִתי‪ ,‬אֶ ת‪-‬מַ לכ ּות ֹו‪ .‬יב ה ּוא ִיבנ ִּ‬ ‫א ֶׁ‬
‫ֶה‪-‬ל י לבֵ ן; וחַ ס ּ ִד י‪ ,‬ל ֹא‪-‬אָ ִסיר‬ ‫ֶה‪-‬ל ֹו לאָ ב‪ ,‬וה ּוא ִיהי ִּ‬ ‫ִּכ סא ֹו‪ ,‬עַ ד‪-‬ע ֹולָ ם‪ .‬יג אנִ י אֶ הי ּ‬
‫ּתי‪,‬‬
‫יתי וּבמַ לכו ִ‬ ‫שר הָ יָה לפָ נֶיךָ ‪ .‬יד והַ עמַ ד ּ ִתיה ּו ּבבֵ ִ‬ ‫ֹתי‪ ,‬מֵ א ֶׁ‬ ‫שר ה ִסירו ִ‬ ‫מֵ ִע ּמוֹ‪ַ ּ ,‬כא ֶׁ‬
‫וכסאוֹ‪ ,‬יִהיֶה נָכוֹן עַ ד‪-‬עוֹלָ ם‪ .‬טו ּככֹל הַ ּד ָב ִרים הָ אֵ ּ ֶלה‪ ,‬וּככֹל הֶ חָ זוֹן‬ ‫עַ ד‪-‬הָ עוֹלָ ם; ִ‬
‫ש ב ִל פ נֵי י הוָה;‬ ‫ד ִו יד‪ַ ,‬ו ּיֵ ֶׁ‬ ‫מ לֶ ך ּ ָ‬‫ל‪-‬ד ִו יד‪} .‬פ{ טז ַו ּיָ בֹא הַ ּ ֶ‬ ‫ָּ‬ ‫ב ר נָתָ ן‪ ,‬אֶ‬ ‫ֶה‪--‬כ ן ּ ִד ּ ֶ‬‫ֵּ‬ ‫הַ ז ּ‬
‫יתי‪ִּ ,‬כ י ה ִביאֹתַ נִ י‪ ,‬עַ ד‪-‬הל ֹם‪ .‬יז ו ּ ִַת קטַ ן זֹאת‬ ‫ַו ֹּי אמֶ ר‪ִ ,‬מי‪-‬אנִ י יהוָה אל ִֹהים ּו ִמי בֵ ִ‬
‫ל‪-‬ב ית‪-‬עַ ב ּד ךָ ל מֵ רָ ח ֹו ק; ּו ר ִא יתַ ִנ י‪ּ ,‬כ ת ֹו ר הָ אָ דָ ם‬ ‫ֵּ‬ ‫ב ר עַ‬ ‫ּב עֵ ינֶיךָ א ל ִֹה ים‪ ,‬ו ַּת דַ ּ ֵ‬
‫יך‪ ,‬לכָ בוֹד אֶ ת‪-‬עַ ב ּ ֶד ָך; ואַ ּ ָתה‪,‬‬ ‫ַה ּ ַמעלָ ה‪--‬יהוָה אל ִֹהים‪ .‬יח מַ ה‪ּ -‬יו ִֹסיף עוֹד ּ ָדוִיד אֵ לֶ ָ‬
‫לה‬ ‫ש יתָ אֵ ת ּ ָכ ל‪-‬הַ ּג ד ּו ּ ָ‬ ‫ָה‪--‬ב ע ב ּו ר עַ ב ּד ךָ ּו כ ִל ּב ךָ ‪ ,‬עָ ִ ׂ‬ ‫ַּ‬ ‫ת ‪ .‬יט י הו‬ ‫אֶ ת‪-‬עַ ב ּד ךָ יָדָ ע ּ ָ‬
‫ת‪-‬כל‪-‬הַ ּגדֻ ּלוֹת‪ .‬יהוָה אֵ ין ּ ָכמוֹךָ ‪ ,‬ואֵ ין אל ִֹהים זוּלָ תֶ ךָ ‪ּ ,‬בכֹל‬ ‫כ‬
‫ָּ‬ ‫הַ זֹּאת‪ :‬לה ִֹדיעַ ‪ ,‬אֶ‬
‫ש ר הָ לַ ך‬ ‫ב אָ רֶ ץ‪ :‬א ֶׁ‬ ‫ש רָ אֵ ל‪ּ ,‬ג ֹו י אֶ חָ ד ּ ָ‬ ‫ש מַ ע נ ּו ‪ּ ,‬ב אָ ז נֵינ ּו ‪ .‬כא ּו ִמ י ּכ עַ ּמ ךָ ִי ׂ‬ ‫ש ר‪ָׁ -‬‬ ‫א ֶׁ‬
‫ש ִמ ּפנֵי עַ ּמ ָך א ֶׁשר‪-‬‬ ‫שוּם ל ָך ֵׁשם ּגדֻ ּלוֹת ונֹרָ אוֹת‪--‬לגָרֵ ׁ‬ ‫ָהאל ִֹהים ִלפ ּדוֹת ל ֹו עָ ם‪ ,‬לָ ׂ‬
‫ש רָ אֵ ל לךָ ‪ ,‬לעָ ם‪--‬עַ ד‪-‬ע ֹולָ ם; ואַ ּ ָת ה‬ ‫ת ן אֶ ת‪-‬עַ ּמ ךָ ִי ׂ‬ ‫ּ ָפ ִדיתָ ִמ ּ ִמ צרַ ִים‪ּ ,‬ג ֹו ִים‪ .‬כב ו ּ ִַת ּ ֵ‬
‫שר ּ ִד ּ ַבר ּ ָת עַ ל‪-‬עַ ב ּד ָך ועַ ל‪-‬‬ ‫ָה‪--‬ה ּ ָד ָבר א ֶׁ‬
‫ַ‬ ‫יהוָה‪ָ ,‬היִיתָ לָ הֶ ם לֵ אל ִֹהים‪ .‬כג ועַ ּ ָתה יהו‬
‫ש מךָ עַ ד‪-‬ע ֹולָ ם‪,‬‬ ‫ש ר ּ ִד ּ ַב ר ּ ָת ‪ .‬כד ויֵאָ מֵ ן ו ִיג ּ ַד ל ִ ׁ‬ ‫ש ה‪ַ ּ ,‬כ א ֶׁ‬ ‫ּ ֵב ית ֹו‪ ,‬יֵאָ מֵ ן עַ ד‪-‬ע ֹולָ ם; וַע ֵׂ‬

‫‪280‬‬
TRADUCTION

1 Or, quand David fut installé dans sa maison, il dit au prophète Nathan : « Me voici installé
dans une maison de cèdre, tandis que l’arche de l’alliance du Seigneur est sous des toiles
de tentes. » 2 Nathan répondit à David : « Tout ce que tu as l’intention de faire, fais-le, car
Dieu est avec toi. » 3 Or cette nuit-là, la parole de Dieu fut adressée à Nathan en ces
termes : 4 « Va dire à mon serviteur David : Ainsi parle le Seigneur : Ce n’est pas toi qui me
bâtiras la Maison pour que je m’y installe. 5 Car je ne me suis pas installé dans une maison
depuis le jour où j’ai fait monter Israël jusqu’à ce jour-ci, mais j’ai été de tente en tente et de
demeure en demeure. 6 En tout lieu où je me suis rendu parmi tout Israël, ai-je dit une parole
à l’un des juges d’Israël, à qui j’ai ordonné de faire paître mon peuple, pour lui dire :
“Pourquoi ne m’avez-vous pas bâti une maison de cèdre ?” 7 Maintenant donc tu parleras
ainsi à mon serviteur David : Ainsi parle le Seigneur de l’univers : C’est moi qui t’ai pris au
pâturage, derrière le troupeau, pour que tu deviennes le chef d’Israël mon peuple. 8 J’ai été
avec toi partout où tu es allé, j’ai abattu tous tes ennemis devant ta face et je rendrai ton nom
comme le nom des grands de la terre. 9 Je fixerai un lieu à Israël mon peuple, je l’implanterai
et il demeurera à sa place. Il ne tremblera plus, et des criminels ne recommenceront plus à le
dévorer comme jadis, 10 et comme depuis les jours où j’ai établi des juges sur Israël mon
peuple. J’ai soumis tous tes ennemis et je t’ai annoncé que le Seigneur te bâtirait une
maison. 11 Lorsque tes jours seront accomplis pour aller avec tes pères, j’élèverai ta
descendance après toi, ce sera l’un de tes fils et j’établirai fermement sa royauté. 12 C’est lui
qui me bâtira une Maison, et j’établirai son trône pour toujours. 13 Je serai pour lui un père, et
il sera pour moi un fils ; je ne lui retirerai pas ma fidélité comme je l’ai retirée à celui qui était
avant toi. 14 Je le ferai subsister à jamais dans ma Maison et dans mon royaume, et son trône
sera affermi à jamais. » 15 C’est d’après toutes ces paroles et d’après toute cette vision que
Nathan parla à David. 16 Le roi David vint s’asseoir en présence du Seigneur, et déclara :
« Qui suis-je, Seigneur Dieu, et quelle est ma maison pour que tu m’aies fait parvenir
jusqu’ici ? 17 Or c’était trop peu à tes yeux, mon Dieu, et tu as parlé au sujet de la maison de

281
ton serviteur, longtemps à l’avance. Tu m’as regardé comme un homme de rang élevé,
Seigneur Dieu. 18 Qu’est-ce que David pourrait encore te dire, en vue de la gloire de ton
serviteur ? Toi, tu connais ton serviteur. 19 Seigneur, c’est à cause de ton serviteur et c’est
selon ton cœur que tu as accompli toute cette grande œuvre pour faire connaître toutes tes
grandeurs. 20 Seigneur, tu es sans pareil, et selon tout ce que nous avons entendu de nos
oreilles, il n’est point de Dieu, toi excepté. 21 Est-il sur la terre une seule nation pareille à
Israël, ton peuple, ce peuple que Dieu est allé racheter pour en faire son peuple, pour te
donner un nom grand et redoutable en chassant des nations devant ton peuple que tu as
racheté d’Égypte ? 22 Tu t’es donné Israël ton peuple pour en faire ton peuple à jamais et toi,
Seigneur, tu es devenu leur Dieu. 23 Maintenant donc, Seigneur, que la parole que tu as
prononcée sur ton serviteur et sur sa maison soit vraie à jamais. Agis comme tu l’as dit ! 24
Qu’elle soit vraie, que ton nom soit magnifié à jamais et qu’on dise : le Seigneur de l’univers,
le Dieu d’Israël, est Dieu pour Israël ; et que la maison de ton serviteur David reste ferme en
ta présence ! 25 En effet c’est toi-même, mon Dieu, qui as averti ton serviteur que tu lui
bâtirais une maison. Voilà pourquoi ton serviteur a trouvé le courage de t’adresser cette
prière. 26 Et maintenant, Seigneur, c’est toi qui es Dieu, et tu as parlé de ce bonheur à ton
serviteur. 27 Veuille maintenant bénir la maison de ton serviteur pour qu’elle soit à jamais en
ta présence, car toi, Seigneur, tu bénis et tu es béni à jamais ! »

282
Texte B4 - David (1 Chroniques 22,1-19)

PRÉSENTATION DU TEXTE

Le discours de David dépeint par le Chroniste fait écho à l’oracle dynastique de Nathan
(Texte B3b)53. Ce développement ne trouve aucun parallèle dans les récits des livres de
Samuel et des Rois. C’est précisément l’auteur des Chroniques qui a souhaité mettre en
exergue les talents oratoires de ses rois favoris, ceci explique pourquoi il a inséré ce texte dans
son corpus54.
Cette « narration biblique » raconte les préparatifs organisés par David en vue de la future
construction du Temple par son fils Salomon.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Construction et restauration de bâtiments.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

R.L. BRAUN, « Solomon, The Chosen Temple Builder: The Significance of 1 Chronicles 22,
28 and 29 for the Theology of Chronicles », JBL 95/4, 1976, p. 581-590.

R.L. BRAUN, 1 Chronicles, WBC 14, 1986, p. 219-227.

S.J. DE VRIES, 1 and 2 Chronicles, The Forms of the Old Testament Literature Volume XI,
Grand Rapids, 1989, p. 178-186.

S. JAPHET, I & II Chronicles, Londres, 1993, p. 391-404.

R.W. KLEIN, Th. KRÜGER (éds), 1 Chronicles: a Commentary, Minneapolis, 2006, p. 430-
442.

G.N. KNOPPERS, I Chronicles 10-29. A New Translation with Introduction and Commentary,
New York, 2004, p. 765-788.

J.M. MEYERS, I Chronicles, The Anchor Bible 12, 1979, p. 151-155.

M.A. THRONTVEIT, « The Idealization of Solomon as the Glorification of God in the


Chronicler’s Royal Speeches and Royal Prayers », dans L.K. Handy (éd.), The Age of
Solomon: Scholarship at the Turn of the Millennium, SHCANE 11, 1997, p. 418-421.

53
. M.A. THRONTVEIT, « The Idealization of Solomon as the Glorification of God in the Chronicler’s Royal
Speeches and Royal Prayers », dans L.K. Handy (éd.), The Age of Solomon: Scholarship at the Turn of the
Millennium, SHCANE 11, 1997, p. 411-427.
54
. Ibid., p. 418.

283
‫‪TChroniques‬‬
‫‪RANSCRIPTION‬‬
‫)‪1, 22 (Hébreu‬‬

‫שרָ אֵ ל‪} .‬פ{‬ ‫ֶה‪-‬מזְ ּ ֵבחַ ְלעֹלָ ה‪ְ ,‬ל ִי ְ ׂ‬‫אל ִֹהים; ְוז ּ ִ‬ ‫א ַו ּיֹאמֶ ר ּ ָדוִיד‪--‬זֶה הוּא‪ֵ ּ ,‬בית יְהוָה הָ ֱ‬
‫שרָ אֵ ל; ַו ּ ַי ֲעמֵ ד ח ְֹצ ִבים‪ ,‬לַ ְחצוֹב‬ ‫שר ְּבאֶ רֶ ץ ִי ְ ׂ‬ ‫א ֶׁ‬
‫ִיד‪--‬ל ְכנוֹס אֶ ת‪-‬הַ ּג ִֵרים‪ֲ ,‬‬‫ִ‬ ‫ב ַו ּיֹאמֶ ר ּ ָדו‬
‫שעָ ִרים‪,‬‬ ‫ּב ְרזֶל לָ רֹב לַ ּ ִמ ְס ְמ ִרים ְל ַד ְלתוֹת ַה ּ ְ ׁ‬ ‫אל ִֹהים‪ .‬ג ו ַ‬ ‫אַ ְבנֵי גָזִ ית‪ִ ,‬ל ְבנוֹת‪ֵ ּ ,‬בית ָה ֱ‬
‫ארָ זִ ים‪ְ ,‬לאֵ ין ִמ ְס ּ ָפר‪:‬‬ ‫ש ָקל‪ .‬ד ַו ֲעצֵ י ֲ‬ ‫שת לָ רֹב‪ ,‬אֵ ין ִמ ְ ׁ‬ ‫וְלַ ְמחַ ְּברוֹת‪--‬הֵ ִכין ּ ָדוִיד; וּנְ חֹ ֶׁ‬
‫ֹב‪--‬לדָ ִויד‪} .‬פ{ ה ַו ֹּי אמֶ ר ּ ָד ִויד‪,‬‬ ‫ְ‬ ‫ארָ ִזים‪ ,‬לָ ר‬ ‫עצֵ י ֲ‬ ‫ִּכ י הֵ ִביא ּו הַ ּ ִצ ידֹנִ ים ְוהַ ּצ ִֹרים ֲ‬
‫ּל ִת ְפאֶ רֶ ת‬ ‫שם ו ְ‬ ‫שלֹמֹה ְבנִ י נַעַ ר וָרָ ְך‪ ,‬וְהַ ּ ַב ִית ִל ְבנוֹת לַ יהוָה ְלהַ גְ ּ ִדיל ְלמַ ְעלָ ה ְל ֵׁ‬ ‫ְׁ‬
‫ש לֹמֹה‬ ‫ארָ צ ֹות‪ ,‬אָ ִכינָה ּנָא ל ֹו; ַו ּיָכֶ ן ּ ָד ִויד לָ רֹב‪ִ ,‬ל ְפנֵי מ ֹות ֹו‪ .‬ו ַו ִּי ְקרָ א‪ִ ,‬ל ְ ׁ‬ ‫ְלכָ ל‪-‬הָ ֲ‬
‫שלֹמֹה‪:‬‬ ‫שרָ אֵ ל‪} .‬ס{ ז ַו ֹּיאמֶ ר ּ ָד ִויד‪ִ ,‬ל ְ ׁ‬ ‫אל ֹהֵ י ִי ְ ׂ‬ ‫ְבנוֹ; ַו ְיצַ ּוֵה ּו ִל ְבנוֹת ּ ַב ִית‪ ,‬לַ יהוָה ֱ‬
‫ְהי עָ לַ י ּ ְד ַבר‪-‬‬ ‫אל ָֹהי‪ .‬ח ַוי ִ‬ ‫ם‪-‬ל ָב ִבי‪ִ ,‬ל ְבנוֹת ּ ַביִת ְל ֵׁשם יְהוָה ֱ‬ ‫)בנִ י(‪--‬אֲנִ י ָהיָה ִע ְ‬ ‫בנו ְּ‬
‫ש ִמי‪-‬‬ ‫ֹא‪-‬ת ְבנֶה ַביִת‪ִ ,‬ל ְ ׁ‬ ‫שיתָ ‪ :‬ל ִ‬ ‫יְהוָה‪ ,‬לֵ אמֹר‪ָ ּ ,‬דם לָ רֹב ָׁשפַ ְכ ּ ָת‪ ,‬ו ִּמ ְל ָחמוֹת ְ ּגדֹלוֹת עָ ִ ׂ‬
‫ש‬
‫ת אַ ְר צָ ה ְל פָ נָי‪ .‬ט ִה ּנֵה‪-‬בֵ ן נ ֹו לָ ד לָ ְך ‪ ,‬ה ּו א ִי ְה יֶה ִא י ׁ‬ ‫ש פַ ְכ ּ ָ‬ ‫ד ִמ ים רַ ִּב ים‪ָׁ ,‬‬ ‫‪-‬כ י ּ ָ‬ ‫ִּ‬
‫ש ֶקט‬ ‫שמוֹ‪ְ ,‬ו ָׁשלוֹם ָו ֶׁ‬ ‫ִהיֶה ְ ׁ‬ ‫שלֹמֹה י ְ‬ ‫ְמנוּחָ ה‪ ,‬וַהֲ נִ יחו ִֹתי ל ֹו ִמ ּ ָכל‪-‬א ֹו ְי ָביו‪ִ ,‬מ ּ ָס ִביב‪ִּ :‬כי ְ ׁ‬
‫אנִ י‪-‬ל ֹו‬ ‫ֶה‪-‬ל י ְלבֵ ן‪ַ ,‬ו ֲ‬ ‫ש ִמי‪ְ ,‬וה ּוא ִי ְהי ִּ‬ ‫ש רָ אֵ ל ְּב יָמָ יו‪ .‬י ה ּוא‪ִ -‬י ְבנֶה בַ ִית‪ִ ,‬ל ְ ׁ‬ ‫ת ן עַ ל‪ִ -‬י ְ ׂ‬ ‫אֶ ּ ֵ‬
‫ש רָ אֵ ל‪--‬עַ ד‪-‬ע ֹולָ ם‪ .‬יא עַ ּ ָת ה ְבנִ י‪ְ ,‬י ִהי ְיהוָה‬ ‫ְלאָ ב; וַהֲ ִכינ ֹו ִתי ִּכ ּ ֵס א מַ ְלכ ּות ֹו‪ ,‬עַ ל‪ִ -‬י ְ ׂ‬
‫ן‪-‬לךָ‬
‫ת ְ‬ ‫ש ר‪ִ ּ ,‬ד ּ ֶב ר עָ לֶ יךָ ‪ .‬יב אַ ְך ִי ּ ֶ‬ ‫א ֶׁ‬‫אל ֹהֶ יךָ ‪ַ ּ ,‬כ ֲ‬ ‫ִע ּ ָמ ְך; ְו ִה ְצלַ ְח ּ ָת ‪ּ ,‬ובָ נִ יתָ ּ ֵב ית ְיהוָה ֱ‬
‫אל ֹהֶ יךָ ‪ .‬יג אָ ז‬ ‫ת‪-‬ת ֹורַ ת ְיהוָה ֱ‬ ‫ּ‬ ‫ש מ ֹור‪ ,‬אֶ‬ ‫ש רָ אֵ ל‪ְ ,‬ו ִל ְ ׁ‬ ‫ש כֶ ל ּו ִבינָה‪ִ ,‬ויצַ ְּו ךָ עַ ל‪ִ -‬י ְ ׂ‬ ‫ְיהוָה ֵׂ‬
‫שר ִצ ּוָה ְיהוָה אֶ ת‪-‬‬ ‫א ֶׁ‬
‫ש ּ ָפ ִטים‪ֲ ,‬‬‫שוֹת אֶ ת‪-‬הַ חֻ ִּקים ְואֶ ת‪-‬הַ ּ ִמ ְ ׁ‬ ‫ע ׂ‬ ‫שמוֹר לַ ֲ‬ ‫ם‪-‬ת ְ ׁ‬
‫‪--‬א ּ ִ‬ ‫ּ ַת ְצ ִליחַ ִ‬
‫ל‪-‬ת חָ ת‪ .‬יד ְו ִה ּנֵה ְב עָ ְנ ִי י הֲ ִכ ינ ֹו ִת י‬ ‫ֵּ‬ ‫ל‪-‬ת ירָ א ְו אַ‬ ‫ִּ‬ ‫ש רָ אֵ ל; חֲ זַק וֶ אֱמָ ץ‪ ,‬אַ‬ ‫ש ה עַ ל‪ִ -‬י ְ ׂ‬ ‫מֹ ֶׁ‬
‫שת‬ ‫א לָ ִפ ים ִּכ ּ ָכ ִר ים‪ְ ,‬ו לַ ְּנ חֹ ֶׁ‬ ‫ְל בֵ ית‪ְ -‬י הוָה‪ ,‬זָהָ ב ִּכ ּ ָכ ִר ים מֵ אָ ה‪-‬אֶ לֶ ף ְו כֶ סֶ ף אֶ לֶ ף ֲ‬
‫עלֵ יהֶ ם ּת ֹו ִסיף‪.‬‬ ‫אבָ נִ ים הֲ ִכינ ֹו ִתי‪ַ ,‬ו ֲ‬ ‫ש ָקל‪ִּ ,‬כ י לָ רֹב הָ יָה; ְועֵ ִצים ַו ֲ‬ ‫ְולַ ּ ַב ְרזֶל אֵ ין ִמ ְ ׁ‬
‫ל‪-‬מלָ אכָ ה‪.‬‬ ‫ְ‬ ‫ל‪-‬חכָ ם‪ְּ ,‬בכָ‬
‫ָ‬ ‫ְחרָ ֵׁשי אֶ בֶ ן וָעֵ ץ; וְכָ‬ ‫טו ו ְִע ּ ְמ ָך לָ רֹב‪ ,‬עֹ ֵׂשי ְמלָ אכָ ה‪--‬ח ְֹצ ִבים‪ ,‬ו ָ‬
‫יה י ְי הוָה ִע ּ ָמ ְך ‪.‬‬ ‫ש ה‪ִ ,‬ו ִ‬ ‫ע ֵׂ‬
‫ש ת ְו לַ ּ ַב ְר זֶל‪ ,‬אֵ ין ִמ ְס ּ ָפ ר; ק ּו ם ַו ֲ‬ ‫טז לַ זָּהָ ב לַ ּ ֶכ סֶ ף ְו לַ ְּנ חֹ ֶׁ‬
‫אל ֹהֵ יכֶ ם‬ ‫שלֹמֹה ְבנוֹ‪} .‬ס{ יח הֲ ל ֹא יְהוָה ֱ‬ ‫שרָ אֵ ל‪ ,‬לַ ְעזֹר ִל ְ ׁ‬ ‫יז ַויְצַ ו ּ ָדוִיד ְלכָ ל‪ָׂ -‬שרֵ י ִי ְ ׂ‬
‫ש ה הָ אָ רֶ ץ‬ ‫ש בֵ י הָ אָ רֶ ץ‪ְ ,‬ונִ ְכ ְּב ָׁ‬ ‫ִע ּ ָמ כֶ ם‪ְ ,‬והֵ נִ יחַ לָ כֶ ם ִמ ּ ָס ִביב‪ִּ :‬כ י נָתַ ן ְּב י ִָדי‪ ,‬אֵ ת ֹי ְ ׁ‬
‫אל ֹהֵ יכֶ ם;‬ ‫שכֶ ם‪ִ ,‬ל ְדר ֹושׁ‪ ,‬לַ יהוָה ֱ‬ ‫ִל ְפנֵי יְהוָה‪ ,‬ו ְִל ְפנֵי עַ ּמוֹ‪ .‬יט עַ ּ ָתה‪ְ ּ ,‬תנ ּו ְל ַב ְבכֶ ם ְונ ְַפ ְ ׁ‬
‫ש‬
‫ארוֹן ְּב ִרית‪-‬יְהוָה ו ְּכלֵ י קֹדֶ ׁ‬ ‫אל ִֹהים‪ְ ,‬להָ ִביא אֶ ת‪ֲ -‬‬ ‫ש יְהוָה הָ ֱ‬ ‫ת‪-‬מ ְק ּ ַד ׁ‬ ‫ִ‬ ‫וְקוּמוּ‪ ,‬ו ְּבנ ּו אֶ‬
‫שם‪-‬יְהוָה‪} .‬פ{‬ ‫אל ִֹהים‪ ,‬לַ ּ ַביִת הַ ִ ּנ ְבנֶה ְל ֵׁ‬ ‫הָ ֱ‬

‫‪TRADUCTION‬‬

‫‪1 Et David dit : « C’est ici la maison du Seigneur Dieu, et voici l’autel de l’holocauste‬‬
‫‪pour Israël ! » 2 David ordonna de rassembler les étrangers qui étaient dans le pays d’Israël‬‬

‫‪284‬‬
et il désigna des carriers pour préparer des pierres de taille, afin de construire la Maison de
Dieu. 3 David prépara aussi du fer en quantité, pour les clous des battants de porte et pour
les crampons, du bronze en telle quantité qu’on ne pouvait le peser, 4 et du bois de cèdre sans
nombre, car les Sidoniens et les Tyriens avaient apporté à David du bois de cèdre en
quantité. 5 David disait : « Mon fils Salomon est encore jeune et faible, et la Maison à
construire pour le Seigneur doit être renommée dans tous les pays pour sa grandeur et sa
splendeur. Je ferai donc pour lui des préparatifs. » Ainsi, avant sa mort, David fit de grands
préparatifs. 6 Il appela Salomon, son fils, et lui commanda de construire une Maison pour le
Seigneur, le Dieu d’Israël. 7 David dit à Salomon : « Mon fils, j’avais à cœur, moi-même, de
construire une Maison pour le nom du Seigneur, mon Dieu. 8 Mais la parole du Seigneur me
fut adressée en ces termes : “Tu as répandu beaucoup de sang et tu as fait de grandes guerres.
Tu ne construiras pas de Maison pour mon nom, car tu as répandu beaucoup de sang sur la
terre devant moi. 9 Voici, il t’est né un fils qui sera, lui, un homme de repos et auquel
j’accorderai le repos vis-à-vis de tous ses ennemis d’alentour, car Salomon sera son nom, et je
donnerai paix et tranquillité à Israël pendant ses jours. 10 C’est lui qui construira une Maison
pour mon nom. Il sera pour moi un fils, et je serai pour lui un père et j’affermirai son trône
royal sur Israël pour toujours…” 11 Maintenant donc, que le Seigneur soit avec toi, mon fils,
pour que tu bâtisses avec succès la Maison du Seigneur ton Dieu, comme il l’a dit à ton
sujet ! 12 Seulement, que le Seigneur te donne du discernement et de l’intelligence lorsqu’il
t’établira sur Israël, pour garder la Loi du Seigneur ton Dieu ! 13 Alors, tu prospéreras si tu
gardes, pour les mettre en pratique, les préceptes et les ordonnances que le Seigneur a
ordonnés à Moïse au sujet d’Israël. Sois fort et courageux ! Sois sans crainte et sans peur. 14
« Voici, malgré ma pauvreté, j’ai préparé, pour la Maison du Seigneur, cent mille talents d’or
et un million de talents d’argent. Pour le bronze et le fer, on ne peut pas les peser, tant ils
abondent. J’ai préparé aussi du bois et des pierres, et tu en ajouteras encore. 15 Tu as en
abondance des ouvriers, des carriers, des tailleurs de pierres et de bois, toutes sortes
d’hommes habiles en tout métier. 16 Pour l’or, l’argent, le bronze et le fer, on ne peut les
évaluer. Lève-toi, agis et que le Seigneur soit avec toi ! » 17 David ordonna à tous les chefs
d’Israël d’aider son fils Salomon : 18 « Le Seigneur votre Dieu n’est-il pas avec vous ? Ne
vous a-t-il pas accordé du repos de tous côtés ? En effet, il a livré entre mes mains les
habitants du pays qui a été soumis au Seigneur et à son peuple. 19 Maintenant, appliquez
votre cœur et votre vie à chercher le Seigneur votre Dieu. Levez-vous et construisez le
sanctuaire du Seigneur Dieu pour amener l’arche de l’alliance du Seigneur et les objets sacrés
de Dieu dans la Maison construite pour le nom du Seigneur. »

285
Texte B5a - Salomon (1 Rois 3,3-15)

PRÉSENTATION DU TEXTE

Selon la communauté scientifique, l’idéologie de ce récit laisse clairement entrevoir la


plume de l’auteur deutéronomiste qui aurait donné au texte sa formulation définitive.
Plusieurs éléments rendraient toutefois envisageable l’existence d’un document pré-
deutéronomiste55. D’après certains, le texte final aurait gardé une bonne partie du document
source, alors que pour d’autres l’essentiel du récit proviendrait du Deutéronomiste qui aurait
conservé uniquement quelques versets primitifs56.
La Königsnovelle relate le dialogue onirique ayant lieu entre Salomon et Dieu, ce dernier
lui offrant de nombreux privilèges.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Sagesse royale.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

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55
. J.-M. HUSSER, Dreams and Dream Narratives in the Biblical World, Sheffield, 1999, p. 126-127.
56
. Id., Le songe et la parole : Étude sur le rêve et sa fonction dans l’ancien Israël, BZAW 210, Berlin, 1994,
p. 64-65.

286
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287
‫‪Rois‬‬ ‫)‪1, 3 (Hébreu‬‬
‫‪TRANSCRIPTION‬‬

‫ל‪-‬עיר‬ ‫ַיביאֶ ָה אֶ ִ‬ ‫ת‪-‬פרעֹה‪ ,‬ו ִ‬ ‫ת‪-‬ב ּ ַ‬ ‫ַּ‬ ‫ת‪-‬פרעֹה מֶ לֶ ך ִמצרָ יִם; ַו ּי ִַּקח אֶ‬ ‫שלֹמֹה‪ ,‬אֶ ּ ַ‬ ‫א ַו ּיִת ַח ּ ֵתן ׁ‬
‫ש ִ ַל ם סָ ִב יב‪.‬‬ ‫ת‪-‬ב ית י הוָה‪ ,‬ו אֶ ת‪-‬ח ֹו מַ ת י ר ּו ָׁ‬ ‫ֵּ‬ ‫ת‪-‬ב ית ֹו ו אֶ‬ ‫ֵּ‬ ‫ד ִו ד‪ ,‬עַ ד ּ ַכ ּל ֹת ֹו ִל ב נ ֹו ת אֶ‬ ‫ָּ‬
‫ש ם יהוָה‪ ,‬עַ ד הַ ּי ִָמים הָ הֵ ם‪.‬‬ ‫ב רַ ק הָ עָ ם‪ ,‬מז ַּב ִחים ּ ַב ּ ָב מ ֹות‪ִּ :‬כ י ל ֹא‪-‬נִ בנָה בַ ִית ל ֵׁ‬
‫שלֹמֹה‪ ,‬אֶ ת‪-‬יהוָה‪ ,‬לָ לֶ כֶ ת‪ּ ,‬בחֻ ּק ֹות ּ ָד ִוד אָ ִביו‪ :‬רַ ק‪ַ ּ ,‬ב ּ ָבמ ֹות‪--‬ה ּוא‬ ‫}פ{ ג ַו ּיֶאהַ ב ׁ‬
‫י‪-‬היא ַה ּ ָבמָ ה ַה ּגדוֹלָ ה; אֶ לֶ ף‬ ‫ַב ַח‪ ,‬וּמַ ק ִטיר‪ .‬ד ַו ּיֵלֶ ך ַה ּ ֶמלֶ ך ִ ּגבעֹנָה ִלז ּב ַֹח ָׁשם‪ִּ ,‬כ ִ‬ ‫מז ּ ֵ‬
‫ש ל ֹמֹה‪--‬‬ ‫ב חַ הַ ה ּו א‪ .‬ה ּב גִ ב ע ֹו ן‪ִ ,‬נ ר אָ ה י הוָה אֶ ל‪ׁ -‬‬ ‫ש ל ֹמֹה‪ ,‬עַ ל הַ ּ ִמ ז ּ ֵ‬ ‫עֹל ֹו ת יַע לֶ ה ׁ‬
‫שיתָ‬ ‫שלֹמֹה‪ ,‬אַ ּ ָתה עָ ִ ׂ‬ ‫שאַ ל מָ ה אֶ ּ ֶתן‪-‬לָ ך‪ .‬ו ַו ּיֹאמֶ ר ׁ‬ ‫ּ ַבחלוֹם ַה ּ ָלילָ ה; ַו ּיֹאמֶ ר אל ִֹהים‪ׁ ,‬‬
‫שרַ ת‬ ‫שר הָ לַ ך לפָ נֶיךָ ּ ֶבאמֶ ת ו ִּבצדָ ָקה וּב ִי ׁ‬ ‫ִעם‪-‬עַ ב ּדךָ דָ וִד אָ ִבי חֶ סֶ ד ּגָדוֹל‪ַ ּ ,‬כא ֶׁ‬
‫ל‪-‬כ ס א ֹו‪,‬‬ ‫ִּ‬ ‫ש ב עַ‬ ‫ת ן‪-‬ל ֹו בֵ ן ֹי ֵׁ‬ ‫ש מָ ר‪-‬ל ֹו‪ ,‬אֶ ת‪-‬הַ חֶ סֶ ד הַ ּגָד ֹול הַ זֶּה‪ ,‬ו ּ ִַת ּ ֶ‬ ‫לֵ בָ ב‪ִ ,‬ע ּ ָמ ך ; ו ּ ִַת ׁ‬
‫ּ ַכ ּיוֹם ַהזֶּה‪ .‬ז ועַ ּ ָתה‪ ,‬יהוָה אל ָֹהי‪ ,‬אַ ּ ָתה ִהמלַ כ ּ ָת אֶ ת‪-‬עַ ב ּד ָך‪ַ ּ ,‬ת ַחת ּ ָדוִד אָ ִבי; ואָ נ ִֹכי‬
‫ש ר ּ ָב חָ ר ּ ָת ‪ :‬עַ ם‪-‬רָ ב‪,‬‬ ‫‪--‬ב ת ֹוך עַ ּמ ךָ ‪ ,‬א ֶׁ‬ ‫נַעַ ר ָקטֹן‪ ,‬ל ֹא אֵ דַ ע צֵ את ָובֹא‪ .‬ח ועַ ב ּד ךָ ּ‬
‫ש ּפֹט אֶ ת‪-‬עַ ּמ ךָ ‪,‬‬ ‫שֹמֵ עַ ‪ִ ,‬ל ׁ‬ ‫ש ר ל ֹא‪ִ -‬י ּ ָמ נֶה ול ֹא ִי ּ ָס פֵ ר מֵ רֹב‪ .‬ט ונָתַ ּ ָת לעַ ב ּד ךָ לֵ ב ׁ‬ ‫א ֶׁ‬
‫ש ּפ ֹט‪ ,‬אֶ ת‪-‬עַ ּמ ךָ הַ ּ ָכ בֵ ד הַ זֶּה‪ .‬י ַו ִּי יטַ ב‬ ‫ב ין‪-‬ט ֹו ב ל רָ ע‪ִּ :‬כ י ִמ י י ּו כַ ל ִל ׁ‬ ‫ל הָ ִב ין‪ֵ ּ ,‬‬
‫שלֹמֹה‪ ,‬אֶ ת‪-‬הַ ּ ָד ָבר הַ זֶּה‪ .‬יא ַו ֹּיאמֶ ר אל ִֹהים אֵ לָ יו‪,‬‬ ‫הַ ּ ָד ָבר‪ּ ,‬בעֵ ינֵי אדֹנָי‪ִּ :‬כי ָׁשאַ ל ׁ‬
‫ש אַ ל ּ ָת ּל ךָ‬ ‫ש אַ ל ּ ָת ּל ךָ י ִָמים רַ ִּב ים ול ֹא‪ָׁ -‬‬ ‫ש אַ ל ּ ָת אֶ ת‪-‬הַ ּ ָד בָ ר הַ זֶּה ול ֹא‪ָׁ -‬‬ ‫ש ר ָׁ‬ ‫יַעַ ן א ֶׁ‬
‫יתי‪,‬‬ ‫ש ִ‬ ‫ש ּ ָפט‪ .‬יב ִה ּנֵה עָ ִ ׂ‬ ‫שמֹעַ ִמ ׁ‬ ‫יך; ו ָׁשאַ ל ּ ָת ּל ָך ָה ִבין‪ִ ,‬ל ׁ‬ ‫ש אֹיבֶ ָ‬ ‫שר‪ ,‬ול ֹא ָׁשאַ ל ּ ָת‪ ,‬נֶפֶ ׁ‬ ‫עֹ ֶׁ‬
‫שר ּ ָכמוֹךָ ל ֹא‪-‬הָ יָה לפָ נֶיךָ ‪ ,‬ואַ חרֶ יךָ‬ ‫ִּכד ָברֶ יךָ ; ִה ּנֵה נָתַ ּ ִתי לךָ ‪ ,‬לֵ ב חָ כָ ם ונָבוֹן‪ ,‬א ֶׁ‬
‫שר ל ֹא‪-‬‬ ‫ַם‪-‬כבוֹד‪ :‬א ֶׁ‬ ‫שר ּג ּ ָ‬ ‫שר ל ֹא‪ָׁ -‬שאַ ל ּ ָת נָתַ ּ ִתי לָ ך‪ּ ,‬גַם‪-‬עֹ ֶׁ‬ ‫ֹך‪ .‬יג וגַם א ֶׁ‬ ‫ל ֹא‪-‬יָקוּם ּ ָכמו ָ‬
‫שמֹר חֻ ַּקי ו ִּמצוֹתַ י‪,‬‬ ‫ואם ּ ֵתלֵ ך ִּבדרָ כַ י‪ִ ,‬ל ׁ‬ ‫ש ּ ַב ּמלָ ִכים‪ָ ּ ,‬כל‪-‬יָמֶ יךָ ‪ .‬יד ִ‬ ‫הָ יָה כָ מוֹךָ ִאי ׁ‬
‫ש לֹמֹה‪ ,‬ו ִה ּנֵה‬ ‫}ס{ טו ַו ִּי ַקץ ׁ‬ ‫ש ר הָ לַ ך‪ָ ּ ,‬ד ִויד אָ ִביךָ ‪--‬והַ ארַ כ ּ ִת י‪ ,‬אֶ ת‪-‬יָמֶ יךָ ‪.‬‬ ‫ּ ַכ א ֶׁ‬
‫שלָ ִמים‪,‬‬ ‫ש ׁ‬ ‫חלוֹם; ַו ּיָבוֹא יר ּו ָׁש ִ ַלם ַו ּיַעמֹד ִלפנֵי ארוֹן ּב ִרית‪-‬אדֹנָי‪ַ ,‬ו ּיַעַ ל עֹלוֹת ַו ּיַעַ ׂ‬
‫שים זֹנוֹת‪--‬אֶ ל‪-‬הַ ּ ֶמלֶ ך;‬ ‫ש ּ ַת ִים ָנ ִ ׁ‬ ‫ש ּ ֶתה‪ ,‬לכָ ל‪-‬ע ָבדָ יו‪} .‬פ{ טז אָ ז ּ ָתבֹאנָה‪ׁ ,‬‬ ‫ש ִמ ׁ‬ ‫ַו ּיַעַ ׂ‬
‫שבֹת‬ ‫ש ה הַ זֹּאת‪ֹ ,‬י ׁ‬ ‫ש ה הָ אַ חַ ת‪ִּ ,‬בי אדֹנִ י‪ ,‬אנִ י והָ ִא ּ ָׁ‬ ‫ַתעמֹדנָה‪ ,‬לפָ נָיו‪ .‬יז ו ַּתֹאמֶ ר הָ ִא ּ ָׁ‬ ‫ו ַּ‬
‫‪ּ RADUCTION‬ג‪ַT‬ם‪-‬‬ ‫ַת לֶ ד‪,‬‬ ‫ש י‪ ,‬ל ִל ד ּ ִת י‪ ,‬ו ּ ֵ‬ ‫ש ִל י ִ ׁ‬ ‫ּב בַ ִי ת אֶ חָ ד; וָאֵ לֵ ד ִע ּ ָמ ּה ‪ַ ּ ,‬ב ּ ָב ִי ת‪ .‬יח וַי ִה י ּ ַב ּי ֹו ם הַ ּ ׁ‬
‫ש ּ ַת ִי ם‪-‬א נַח נ ּו ‪ַ ּ ,‬ב ּ ָב ִי ת‪.‬‬ ‫ד ו‪ ,‬אֵ ין‪-‬זָר ִא ּ ָת נ ּו ּ ַב ּ ַב ִי ת‪ ,‬ז ּו לָ ִת י ׁ‬ ‫ש ה הַ ז ֹּאת; וַא נַח נ ּו יַח ּ ָ‬ ‫הָ ִא ּ ָׁ‬
‫‪Salomon‬ה‪3‬‬‫ל י לָ‬ ‫‪aima‬ך הַ ּ ַ‬ ‫‪Seigneur‬ם ‪ּ le‬ב ת ֹו‬ ‫ַת ָק‬‫‪ de‬כ ו ּ ָ‬ ‫‪telle‬יו‪.‬‬ ‫‪ sorte‬עָ לָ‬ ‫‪qu’il‬כ בָ ה‪,‬‬ ‫ש‬ ‫‪marcha‬ר ָׁ‬ ‫ש‬ ‫‪selon‬ה‪ ,‬א ֶׁ‬ ‫‪ les‬לָ י לָ‬ ‫ֹאת‪,‬‬ ‫ש ה הַ ז ּ‬
‫‪prescriptions‬‬ ‫ן‪-‬הָ ִא ּ ָׁ‬ ‫ב ‪de‬‬ ‫‪ּ son‬יָמָ ת ּ ֶ‬
‫‪David,‬‬ ‫יט ַו‬
‫מ ת‪,‬‬
‫‪père‬‬ ‫‪seulement,‬הַ ; ּ ֵ‬
‫ָה‬
‫ת‪-‬ב נ ּ‬ ‫ּ‬ ‫‪c’était‬אֶ‬
‫יק ּה ; ו‬ ‫‪ָ sur‬‬ ‫ה ּו ‪ּ les,‬ב חֵ‬ ‫‪ִּ lieux‬כ יבֵ‬
‫‪hauts‬‬ ‫ש‬
‫ַת ׁ‬ ‫‪ qu’il‬ו ּ ַ‬ ‫ש נָה‪,‬‬ ‫‪des‬ת ךָ י‬
‫‪ֵׁ offrait‬‬ ‫‪sacrifices‬וַא מָ‬
‫‪qu’il‬י ‪et‬מֵ אֶ צ ִל י‪,‬‬ ‫ת‪-‬ב ִנ‬
‫‪ּ brûlait‬‬ ‫ַת ַּק ח אֶ‬ ‫ו ִּ‬
‫‪de‬‬
‫‪Le‬ב ֹו‪4‬נֵן אֵ לָ יו‬
‫‪l’encens.‬‬ ‫‪roi‬ת ּ‬ ‫‪rendit‬ת;‪ se‬וָאֶ‬ ‫‪ִ Gabaon‬ה‪ּ à‬נֵה‪-‬מֵ‬ ‫ת‪-‬ב ִנ י‪ ,‬ו‬ ‫‪ּ pour‬‬ ‫‪offrir‬יק‪ y‬אֶ‬ ‫‪sacrifice‬ר‪un‬ל הֵ י ִנ‬ ‫‪car‬ם ּ ַב ּב ֶֹק‬ ‫‪ָc’était‬אָ ֻק‬
‫‪ le‬כא ו‬‫יק י‪.‬‬ ‫‪haut‬ה ב חֵ ִ‬
‫‪principal‬‬ ‫‪ִּ lieu‬כ יבָ‬ ‫ש‬‫ִה ׁ‬
‫‪ Salomon‬י–‬
‫ל ֹא ִכי‪ּ ,‬בנִ‬ ‫‪offrira‬‬ ‫‪mille‬חֶ רֶ ת‬ ‫‪holocaustes‬ה הָ אַ‬ ‫‪ֹsur‬אמֶ ר הָ ִא ּ ָׁש‬ ‫כב ו ַּת‬ ‫י‪cet .‬‬ ‫‪autel.‬‬ ‫שר‪ A‬י‪ָ5‬לָ ד ּ ִת‬ ‫ֹא‪-‬הָ י‪ָle‬ה בנִ י א‬
‫‪ֶׁ Gabaon,‬‬ ‫‪Seigneur‬‬ ‫וה ּנֵה ל‬ ‫ב ּב ֶֹקר‪ִ ,‬‬
‫‪apparut‬‬ ‫ּ ַ‪à‬‬
‫ר נָה‪ִ ,‬ל פ נֵי‬
‫‪Salomon,‬‬ ‫ב‪la‬‬ ‫‪ֵ ּ nuit,‬‬ ‫‪dans‬י; ו ַּת דַ‬ ‫‪un‬י הֶ חָ‬ ‫‪ּ rêve‬ו ב ִנ‬ ‫מת‬ ‫ֵך ;הַ ּ ֵ‬ ‫‪Dieu‬‬ ‫‪lui‬י‪ּ ,‬ב נ‬ ‫‪ֹdit‬א ִכ‬ ‫‪« Demande‬רֶ ת‪ :‬ל‬ ‫‪Que‬ת‪ !,‬ו זֹאת אֹמֶ‬ ‫מ‬‫‪ֵpuis-je‬ך הַ ּ ֵ‬ ‫הַ‪te‬חַ י ּו ב נ‬
‫‪donner ? » 6 Salomon répondit : « Tu as traité ton serviteur David, mon père, avec une‬‬
‫‪grande fidélité parce qu’il a marché devant toi avec loyauté, justice et droiture de cœur à ton‬‬

‫‪288‬‬
égard, tu lui as gardé cette grande fidélité en lui donnant un fils qui siège aujourd’hui sur son
trône. 7 Maintenant, Seigneur, mon Dieu, c’est toi qui fais régner ton serviteur à la place de
David, mon père, moi qui ne suis qu’un tout jeune homme, et ne sais comment
gouverner. 8 Ton serviteur se trouve au milieu de ton peuple, celui que tu as choisi, peuple si
nombreux qu’on ne peut ni le compter ni le dénombrer à cause de sa multitude. 9 Il te faudra
donner à ton serviteur un cœur qui ait de l’entendement pour gouverner ton peuple,
pour discerner le bien du mal ; qui, en effet, serait capable de gouverner ton peuple, ce
peuple si important ? » 10 Cette demande de Salomon plut au Seigneur. 11 Dieu lui dit :
« Puisque tu as demandé cela et que tu n’as pas demandé pour toi une longue vie, que tu n’as
pas demandé pour toi la richesse, que tu n’as pas demandé la mort de tes ennemis, mais que tu
as demandé le discernement pour gouverner avec droiture, 12 voici, j’agis selon tes paroles :
je te donne un cœur sage et perspicace, de telle sorte qu’il n’y a eu personne comme toi avant
toi, et qu’après toi, il n’y aura personne comme toi. 13 Et même ce que tu n’as pas demandé,
je te le donne : et la richesse, et la gloire, de telle sorte que, durant toute ta vie, il n’y aura
personne comme toi parmi les rois. 14 Si tu marches dans mes chemins, en gardant mes lois et
mes commandements comme David, ton père, je prolongerai ta vie. » 15 Salomon se réveilla ;
tel fut son rêve. – Il rentra à Jérusalem et se tint devant l’arche de l’alliance du Seigneur. Il
offrit des holocaustes et des sacrifices de paix, et il fit un banquet pour tous ses serviteurs.

289
Texte B5b - Salomon (2 Chroniques 1,1-13)

PRÉSENTATION DU TEXTE

Le Chroniste a utilisé le Texte B5a (1 R 3,1-15) comme modèle pour rédiger son récit. Il a
effectué certains ajouts et a, au contraire, supprimer certains passages. Certaines différences
sont visibles entre les deux « narrations royales » : la mention des sacrifices effectués par
Salomon sur les hauteurs de Gabaon ou encore le terme « rêve » qui est absent de l’adaptation
du Chroniste57.
La « narration royale » raconte la conversation onirique entre Salomon et Dieu, ce dernier
offre au roi de nombreux présents.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Sagesse royale.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

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Grand Rapids, 1989, p. 233-238.

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152.

57
. M.J. MULDER, 1 Kings. Vol 1, 1 Kings 1-11, Louvain, 1998, p. 137-139.

290
‫‪Chroniques‬‬ ‫)‪2, 1 (Hébreu‬‬
‫‪TRANSCRIPTION‬‬

‫ַד לֵ ה ּו ְלמָ ְעלָ ה‪.‬‬ ‫אל ֹהָ יו ִע ּמ ֹו‪ַ ,‬ו ְיג ּ ְ‬ ‫ן‪-‬ד ִויד‪ ,‬עַ ל‪-‬מַ ְלכ ּות ֹו; וַיהוָה ֱ‬ ‫ש לֹמֹה בֶ ּ ָ‬ ‫א ַו ִּי ְתחַ זֵּק ְ ׁ‬
‫ש יא‬
‫ש ְֹפ ִטים‪ּ ,‬ו ְלכֹל ָנ ִ ׂ‬ ‫אלָ ִפים ְוהַ ּ ֵמ א ֹות ְולַ ּ ׁ‬ ‫ש רֵ י הָ ֲ‬ ‫ש רָ אֵ ל ְל ָׂ‬
‫ש לֹמֹה ְלכָ ל‪ִ -‬י ְ ׂ‬ ‫ב ַו ֹּי אמֶ ר ְ ׁ‬
‫שר‬ ‫א ֶׁ‬
‫ש ל ֹמֹה ְו כָ ל‪-‬הַ ָּק הָ ל ִע ּמ ֹו ‪ ,‬לַ ּ ָב מָ ה‪ֲ ,‬‬ ‫ש י הָ אָ ב ֹו ת‪ .‬ג ַו ּי ְֵל כ ּו ‪ׁ ְ ,‬‬ ‫ש רָ אֵ ל‪--‬רָ א ֵׁ‬‫ְל כָ ל‪ִ -‬י ְ ׂ‬
‫ש ה עֶ בֶ ד‪ְ -‬י הוָה‪,‬‬ ‫ש ה מֹ ֶׁ‬ ‫ש ר עָ ָׂ‬ ‫א ֶׁ‬
‫א ל ִֹה ים‪ֲ ,‬‬
‫ש ם הָ יָה‪ ,‬אֹהֶ ל מ ֹו עֵ ד הָ ֱ‬ ‫ְּב ִג ְב ע ֹו ן‪ִּ :‬כ י‪ָׁ -‬‬
‫אל ִֹהים הֶ עֱלָ ה דָ וִיד ִמ ִּק ְריַת ְיעָ ִרים‪ַ ּ ,‬בהֵ ִכין לוֹ‪ָ ּ ,‬דוִיד‪:‬‬ ‫ארוֹן הָ ֱ‬ ‫א ָבל‪ֲ ,‬‬ ‫ּ ַב ּ ִמ ְד ּ ָבר‪ .‬ד ֲ‬
‫ּרי בֶ ן‪-‬‬ ‫שר עָ ָׂשה ְּבצַ ְלאֵ ל ּ ֶבן‪-‬או ִ‬ ‫א ֶׁ‬
‫שת‪ֲ ,‬‬ ‫ִּכי נָטָ ה‪-‬ל ֹו אֹהֶ ל‪ִּ ,‬ביר ּו ָׁש ִ ָלם‪ .‬ה ו ִּמזְ ּ ַבח הַ ְ ּנחֹ ֶׁ‬
‫שלֹמֹה ָׁשם עַ ל‪-‬‬ ‫שלֹמֹה‪ ,‬וְהַ ָּקהָ ל‪ .‬ו ַו ּיַעַ ל ְ ׁ‬ ‫שה ּו ְ ׁ‬ ‫ש ּ ַכן ְיהוָה; ַו ִּי ְד ְר ֵׁ‬ ‫חוּר‪ָׁ --‬שם‪ִ ,‬ל ְפנֵי ִמ ְ ׁ‬
‫ש ר‪ְ ,‬ל א ֹהֶ ל מ ֹו עֵ ד; וַ ּי ַעַ ל עָ לָ יו ע ֹל ֹו ת‪ ,‬אָ לֶ ף‪.‬‬ ‫א ֶׁ‬
‫ש ת‪ִ ,‬ל ְפ נֵי ְי ה וָה‪ֲ ,‬‬ ‫ב ח הַ ְּנ ח ֹ ֶׁ‬ ‫ִמ ְז ּ ַ‬
‫שאַ ל מָ ה אֶ ּ ֶתן‪-‬לָ ְך‪ .‬ח ַו ּיֹאמֶ ר‬ ‫שלֹמֹה; ַו ּיֹאמֶ ר לוֹ‪ׁ ְ ,‬‬ ‫אל ִֹהים ִל ְ ׁ‬ ‫ז ּ ַב ּ ַליְלָ ה הַ הוּא‪ ,‬נִ ְראָ ה ֱ‬
‫ם‪-‬ד ִויד אָ ִבי‪ ,‬חֶ סֶ ד ּגָד ֹול; ְו ִה ְמלַ ְכ ּ ַת נִ י‪ַ ּ ,‬ת ְח ּ ָת יו‪.‬‬ ‫ש יתָ ִע ּ ָ‬ ‫ש לֹמֹה‪ ,‬לֵ אל ִֹהים‪ ,‬אַ ּ ָת ה עָ ִ ׂ‬ ‫ְׁ‬
‫אל ִֹהים‪--‬יֵאָ מֵ ן ּ ְד ָב ְרךָ ‪ִ ,‬עם ּ ָדוִיד אָ ִבי‪ִּ :‬כי אַ ּ ָתה‪ִ ,‬ה ְמלַ ְכ ּ ַתנִ י‪ ,‬עַ ל‪-‬עַ ם‪,‬‬ ‫ט עַ ּ ָתה‪ ,‬יְהוָה ֱ‬
‫ם‪-‬הזֶּה‪ ,‬וְאָ בוֹאָ ה‪:‬‬ ‫ַ‬ ‫ן‪-‬לי‪ ,‬וְאֵ ְצאָ ה ִל ְפנֵי ָהעָ‬ ‫רַ ב ּ ַכעֲפַ ר ָהאָ רֶ ץ‪ .‬י עַ ּ ָתה‪ָ ,‬ח ְכמָ ה וּמַ ּ ָדע ּ ֶת ִ‬
‫שר‬ ‫א ֶׁ‬‫שלֹמֹה יַעַ ן ֲ‬ ‫אל ִֹהים ִל ְ ׁ‬ ‫ש ּפֹט‪ ,‬אֶ ת‪-‬עַ ּ ְמךָ הַ זֶּה הַ ּגָדוֹל‪} .‬ס{ יא ַו ֹּיאמֶ ר ֱ‬ ‫י‪-‬מי ִי ְ ׁ‬ ‫ִּכ ִ‬
‫שֹנְ אֶ יךָ ‪ְ ,‬וגַם‪-‬‬ ‫ש ׂ‬ ‫ש ר נְ כָ ִסים ְוכָ ב ֹוד ְואֵ ת נֶפֶ ׁ‬ ‫ש אַ ְל ּ ָת עֹ ֶׁ‬ ‫ם‪-‬לבָ בֶ ךָ ‪ְ ,‬ול ֹא‪ָׁ -‬‬ ‫הָ ְיתָ ה זֹאת ִע ְ‬
‫שר‬ ‫א ֶׁ‬ ‫ש ּפוֹט אֶ ת‪-‬עַ ּ ִמי‪ֲ ,‬‬ ‫שר ּ ִת ְ ׁ‬ ‫א ֶׁ‬
‫ל‪-‬לךָ ‪ ,‬חָ ְכמָ ה וּמַ ּ ָדע‪ֲ ,‬‬ ‫ְ‬ ‫שאַ‬ ‫י ִָמים רַ ִּבים‪ ,‬ל ֹא ָׁשאָ ְל ּ ָת; ו ּ ִַת ְ ׁ‬
‫שר וּנְ כָ ִסים וְכָ בוֹד‪ ,‬אֶ ּ ֶתן‪-‬לָ ְך‪--‬‬ ‫ִה ְמלַ ְכ ּ ִתיךָ עָ לָ יו‪ .‬יב הַ חָ ְכמָ ה וְהַ ּ ַמ ּ ָדע‪ ,‬נָתוּן לָ ְך; ְועֹ ֶׁ‬
‫שלֹמֹה‬ ‫ֶה‪-‬כן‪ .‬יג ַו ּ ָיבֹא ְ ׁ‬ ‫שר ְלפָ נֶיךָ ‪ְ ,‬ואַ חֲ רֶ יךָ ל ֹא ִי ְהי ּ ֵ‬ ‫א ֶׁ‬
‫שר ל ֹא‪-‬הָ יָה כֵ ן לַ ּ ְמלָ ִכים ֲ‬ ‫א ֶׁ‬
‫ֲ‬
‫שרָ אֵ ל‪} .‬פ{‬ ‫ר‪-‬בגִ ְבעוֹן‪ְ ,‬יר ּו ָׁש ִ ַלם‪ִ ,‬מ ִּל ְפנֵי‪ ,‬אֹהֶ ל מוֹעֵ ד; ַו ִּי ְמל ְֹך‪ ,‬עַ ל‪ִ -‬י ְ ׂ‬ ‫ש ְּ‬ ‫א ֶׁ‬
‫לַ ּ ָבמָ ה ֲ‬
‫שנֵים‪-‬עָ ָׂשר‬ ‫שים‪ַ ,‬ו ְי ִהי‪-‬ל ֹו אֶ לֶ ף ְואַ ְר ּ ַבע‪-‬מֵ א ֹות רֶ כֶ ב‪ּ ,‬ו ְ ׁ‬ ‫שלֹמֹה‪ ,‬רֶ כֶ ב ּופָ רָ ִ ׁ‬ ‫אסֹף ְ ׁ‬ ‫יד ַו ּיֶ ֱ‬
‫‪RADUCTION‬אֶ‪T‬ת‪-‬‬ ‫שים; ַו ּ ַי ִ ּניחֵ ם ְּבעָ רֵ י הָ רֶ כֶ ב‪ְ ,‬ו ִעם‪-‬הַ ּ ֶמלֶ ְך ִּביר ּו ָׁש ִ ָלם‪ .‬טו ַו ִּי ּ ֵתן הַ ּ ֶמלֶ ְך‬ ‫אֶ לֶ ף ּ ָפרָ ִ ׁ‬
‫ש ר‪-‬‬ ‫א ֶׁ‬
‫א רָ ִז ים‪ ,‬נָתַ ן ּ ַכ ּ ִשׁ ְק ִמ ים ֲ‬ ‫א בָ ִנ ים; ְו אֵ ת הָ ֲ‬ ‫ם‪--‬כ ֲ‬ ‫ָּ‬ ‫ש ִ ַל‬ ‫הַ ּ ֶכ סֶ ף ְו אֶ ת‪-‬הַ זָּהָ ב‪ִּ ,‬ב יר ּו ָׁ‬
‫‪ Salomon,‬י‪1‬‬
‫‪fils‬וֵא‪--‬סֹחֲ רֵ‬ ‫‪ִ de‬מ ְק‬ ‫ם; ּו‬ ‫‪David,‬‬ ‫‪ְ s’affermit‬צ רָ ִי‬
‫‪ֹ dans‬מֹה‪ִ ,‬מ ּ ִמ‬ ‫של‬ ‫‪royauté‬ר‪ִ sa‬ל ְ ׁ‬ ‫ש‬ ‫א ֶׁ‬
‫ים ֲ‬ ‫‪; le‬‬ ‫‪ּ Seigneur,‬ו ִס‬
‫‪ֹ son‬ו צָ א הַ ּס‬ ‫טז ּו מ‬ ‫‪Dieu,‬‬ ‫‪ֹfut‬ב‪.‬‬ ‫ה‪--‬לָ ר‬‫‪avec lui‬‬ ‫ב‪ְ ּ il‬שׁ‪et‬פֵ לָ‬ ‫ַּ‬
‫‪très‬מֵ א ֹו ת‬
‫‪l’éleva‬‬ ‫ש‬
‫ש ׁ‬ ‫‪Salomon‬בָ ‪2‬ה‪ְּ ,‬ב‬
‫‪ֵׁ haut.‬‬ ‫‪s’adressa‬ם מֶ ְר ּ ָכ‬ ‫יא ּו‪ִ à‬מ ּ ִמ ְצ רַ ִי‬ ‫‪tout‬‬ ‫על ּו ַו ּי‬
‫‪ֹ Israël,‬ו ִצ‬ ‫‪ֲ aux‬‬ ‫‪chefs‬יז ַו ּ ַי‬ ‫‪de‬יר‪.‬‬ ‫‪ְ millier‬מ ִח‬
‫‪centaine,‬וֵא‪ִ de‬י ְ‪et‬קח ּו ִּב‬‫‪aux‬לֶ ְך‪ִ ,‬מ ְק‬ ‫מ‬‫הַ ּ ֶ‬
‫ם‪--‬ב‪et‬יָדָ ם‬
‫‪juges‬‬ ‫א רָ‪ְּ à tous‬‬ ‫‪responsables‬י‪ֲ les‬‬
‫‪ִ tout‬ח‪ִ ּde‬ת ים‪ּ ,‬ו מַ ְל כֵ‬ ‫‪Israël,‬י הַ‬ ‫ל‪-‬מַ ְל כֵ‬ ‫‪ְ aux‬ו כֵ ן ְל כָ‬
‫‪c’est-à-dire‬‬ ‫‪ chefs‬ה;‬ ‫ים ּו מֵ אָ‬ ‫שׁ‪des‬‬ ‫‪ִ familles.‬‬
‫ב חֲ ִמ ּ‬‫ס‪ַ ּ ,‬‬ ‫כ‪et‬סֶ ף‪ְ ,‬ו ס ּו‬
‫‪3 Salomon‬‬ ‫ֶּ‬
‫‪toute l’assemblée‬‬ ‫‪avec‬מַ ְל כ ּו ת ֹו ‪.‬‬ ‫ת‪ְ ,‬ל‬ ‫‪ִ se‬י‪lui‬‬
‫‪ּ rendirent‬ו בַ‬
‫ש‪au‬ם ְי הוָה‪,‬‬ ‫‪lieu‬ת ְל‬
‫‪ֵׁ haut‬‬ ‫ב ִי‬ ‫‪ַ ּ qui‬‬ ‫‪était‬נ ֹו ת‬ ‫‪ֹGabaon,‬ה‪ִ à,‬ל ְב‬ ‫ש ל ֹמ‬‫‪trouvait‬יח‪ַ se‬ו ֹּי‪là‬אמֶ‪car‬ר ְ ׁ‬ ‫י ֹו‪ִ la‬צ יא ּו ‪.‬‬
‫‪tente de la rencontre de Dieu, cette tente que Moïse, le serviteur du Seigneur, avait faite dans‬‬
‫‪le désert. 4 Quant à l’arche de Dieu, David l’avait fait monter de Qiryath-Yéarim à l’endroit‬‬
‫‪qu’il lui avait fixé, car il lui avait dressé une tente à Jérusalem. 5 Mais l’autel de bronze,‬‬
‫‪qu’avait fait Beçalel, fils d’Ouri, fils de Hour, se trouvait là, devant la demeure du Seigneur,‬‬
‫‪et c’est lui que Salomon et l’assemblée recherchaient. 6 Là, Salomon monta à l’autel de‬‬
‫‪bronze, devant le Seigneur, près de la tente de la rencontre et il offrit un millier‬‬
‫‪d’holocaustes. 7 Cette nuit-là, Dieu apparut à Salomon et lui dit : « Demande ! Que puis-‬‬

‫‪291‬‬
je te donner ? » 8 Salomon répondit à Dieu : « C’est toi qui as traité David mon père avec
une grande fidélité et qui me fais régner à sa place. 9 Maintenant, Seigneur Dieu, que se
vérifie ta parole envers David mon père, car c’est toi qui m’as fait régner sur un peuple
nombreux comme la poussière de la terre. 10 Maintenant, donne-moi sagesse et bon sens,
pour que je sache me conduire devant ce peuple. Qui en effet pourrait gouverner ton
peuple, ce peuple si grand ? » 11 Et Dieu dit à Salomon : « Puisque ton cœur a voulu cela,
puisque tu n’as pas demandé richesse, possessions ou gloire, que tu n’as pas demandé la mort
de tes adversaires ou même une longue vie, mais que tu as demandé pour toi sagesse et bon
sens, afin de gouverner mon peuple sur lequel je t’ai fait régner, 12 la sagesse et le bon sens te
sont donnés, et je te donne aussi richesse, possessions et gloire, comme n’en ont pas eu les
rois qui furent avant toi et comme après toi il n’y en aura plus. » 13 Salomon rentra du haut
lieu de Gabaon, de devant la tente de la rencontre, à Jérusalem. Et il régna sur Israël.

292
Texte B6 - Salomon (1 Rois 3,16-28)

PRÉSENTATION DU TEXTE

La tradition du Texte B6 se retrouve uniquement dans le corpus des livres des Rois. Il
s’agissait probablement à l’origine d’un conte indépendant sans lien avec Salomon qui a été
intégré au récit biblique à l’époque perse58. D’ailleurs Salomon n’est jamais mentionné dans
cette Königsnovelle. Toutefois, étant donné qu’il fait suite au Texte B5a, il n’est pas
surprenant que le récit raconte une histoire relatant ses exploits étant donné les présents divins
qu’il vient de recevoir.
Cette « narration royale » raconte comment Salomon parvient à régler un litige entre deux
prostituées grâce à son don de sagesse.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Sagesse royale.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

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Testament: a Collection of Old Testament studies publ. on the occasion of the Fiftieth
anniversary of the Oudtestamentisch Werkgezelschap and the retirement of Prof.
M.J. Mulder, OTS 25, 1989, p. 11-23.
58
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francophone œcuménique de missiologie. Sagesse biblique et mission, Paris, 2016, p. 131.

293
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Théologique de Louvain 29, 1998, p. 29-45.

294
ָ‫ ואַ חרֶ יך‬, ָ‫הָ יָה לפָ נֶיך‬-‫שר ּ ָכמוֹךָ ל ֹא‬ ֶׁ ‫ א‬,‫ לֵ ב חָ כָ ם ונָבוֹן‬, ָ‫ִּכד ָברֶ יךָ ; ִה ּנֵה נָתַ ּ ִתי לך‬
-‫שר ל ֹא‬ ֶׁ ‫ א‬:‫כבוֹד‬-‫ַם‬
ָ ּ ‫שר ּג‬ ֶׁ ֹ‫ע‬-‫ ּגַם‬,‫ ָׁשאַ ל ּ ָת נָתַ ּ ִתי לָ ך‬-‫שר ל ֹא‬ ֶׁ ‫ יג וגַם א‬.‫ֹך‬
ָ ‫יָקוּם ּ ָכמו‬-‫ל ֹא‬
,‫שמֹר חֻ ַּקי ו ִּמצוֹתַ י‬ ׁ ‫ ִל‬,‫ואם ּ ֵתלֵ ך ִּבדרָ כַ י‬ ִ ‫ יד‬. ָ‫יָמֶ יך‬-‫ ּ ָכל‬,‫ש ּ ַב ּמלָ ִכים‬ ׁ ‫הָ יָה כָ מוֹךָ ִאי‬
‫נֵה‬Tּ ‫ה‬RANSCRIPTION
ִ ‫ ו‬,‫ש לֹמֹה‬ ׁ ‫ַו ִּי ַקץ‬ ‫טו‬
{‫}ס‬ . ָ‫יָמֶ יך‬-‫ אֶ ת‬,‫והַ ארַ כ ּ ִת י‬-- ָ‫ ּ ָד ִויד אָ ִביך‬,‫ש ר הָ לַ ך‬ ֶׁ ‫ּ ַכ א‬
,‫שלָ ִמים‬ ׁ ‫ש‬ ׂ ַ‫ ַו ּיַעַ ל עֹלוֹת ַו ּיַע‬,‫אדֹנָי‬-‫חלוֹם; ַו ּיָבוֹא יר ּו ָׁש ִ ַלם ַו ּיַעמֹד ִלפנֵי ארוֹן ּב ִרית‬
;‫הַ ּ ֶמלֶ ך‬-‫אֶ ל‬--‫שים זֹנוֹת‬ ׁ ִ ‫ש ּ ַת ִים ָנ‬ ׁ ,‫ }פ{ טז אָ ז ּ ָתבֹאנָה‬.‫ע ָבדָ יו‬-‫ לכָ ל‬,‫ש ּ ֶתה‬ ׂ ַ‫ַו ּיַע‬
ׁ ‫ש ִמ‬
‫שבֹת‬ ׁ ‫ ֹי‬,‫ש ה הַ זֹּאת‬ ָׁ ּ ‫ אנִ י והָ ִא‬,‫ ִּבי אדֹנִ י‬,‫ש ה הָ אַ חַ ת‬ ָׁ ּ ‫ יז ו ַּתֹאמֶ ר הָ ִא‬.‫ לפָ נָיו‬,‫ַתעמֹדנָה‬ ַּ ‫ו‬
-‫ ּגַם‬,‫ַת לֶ ד‬ ֵ ּ ‫ ו‬,‫ ל ִל ד ּ ִת י‬,‫ש י‬ ׁ ּ ַ‫ יח וַי ִה י ּ ַב ּי ֹו ם ה‬.‫ ּ ַב ּ ָב ִי ת‬, ‫ּב בַ ִי ת אֶ חָ ד; וָאֵ לֵ ד ִע ּ ָמ ּה‬
ׁ ִ ‫ש ִל י‬
.‫ ּ ַב ּ ָב ִי ת‬, ‫א נַח נ ּו‬-‫ש ּ ַת ִי ם‬ ׁ ‫ ז ּו לָ ִת י‬,‫זָר ִא ּ ָת נ ּו ּ ַב ּ ַב ִי ת‬-‫ אֵ ין‬,‫ד ו‬ ָ ּ ‫ש ה הַ ז ֹּאת; וַא נַח נ ּו יַח‬ ָׁ ּ ‫הָ ִא‬
‫ל י לָ ה‬ ַ ּ ַ‫ַת ָק ם ּב ת ֹו ך ה‬ ָ ּ ‫ ו‬.‫ עָ לָ יו‬,‫ש כ בָ ה‬
‫כ‬
ָׁ ‫ש ר‬ ֶׁ ‫ א‬,‫ לָ י לָ ה‬,‫ש ה הַ ז ֹּאת‬ ָׁ ּ ‫הָ ִא‬-‫ב ן‬ֶ ּ ‫יט ַו ּיָמָ ת‬
,‫מ ת‬ ֵ ּ ַ‫ָה ה‬ ּ ‫ב נ‬-‫ת‬
ּ ֶ‫יק ּה ; ו א‬ ָ ֵ‫ ּב ח‬, ‫ש ִּכ יבֵ ה ּו‬ ׁ ‫ַת‬ ַ ּ ‫ ו‬,‫ש נָה‬ ֵׁ ‫ וַא מָ ת ךָ י‬,‫ב ִנ י מֵ אֶ צ ִל י‬-‫ת‬ ּ ֶ‫ו ּ ִַת ַּק ח א‬
‫מֵ ת; וָאֶ ת ּב ֹו נֵן אֵ לָ יו‬-‫ ו ִה ּנֵה‬,‫ב ִנ י‬-‫ת‬ ּ ֶ‫ כא וָאָ ֻק ם ּ ַב ּב ֶֹק ר ל הֵ י ִנ יק א‬.‫יק י‬ ִ ֵ‫ש ִּכ יבָ ה ב ח‬ ׁ ‫ִה‬
‫ ּבנִ י‬,‫ כב ו ַּתֹאמֶ ר הָ ִא ּ ָׁשה הָ אַ חֶ רֶ ת ל ֹא ִכי‬.‫שר יָלָ ד ּ ִתי‬ ֶׁ ‫הָ יָה בנִ י א‬-‫וה ּנֵה ל ֹא‬ ִ ,‫ּ ַב ּב ֶֹקר‬
‫ ִל פ נֵי‬,‫ב ר נָה‬
ֵ ּ ַ‫מ ת ּו ב ִנ י הֶ חָ י; ו ַּת ד‬
ֵ ּ ַ‫ ּב נֵך ה‬,‫ ו זֹאת אֹמֶ רֶ ת ל ֹא ִכ י‬,‫מ ת‬
ֵ ּ ַ‫הַ חַ י ּו ב נֵך ה‬

TRADUCTION

16 Alors deux prostituées vinrent se présenter devant le roi. 17 L’une dit : « Je t’en
supplie, mon seigneur ; moi et cette femme, nous habitons la même maison, et j’ai
accouché alors qu’elle s’y trouvait. 18 Or, trois jours après mon accouchement, cette femme
accoucha à son tour. Nous étions ensemble, sans personne d’autre dans la maison ; il n’y avait
que nous deux. 19 Le fils de cette femme mourut une nuit parce qu’elle s’était couchée sur
lui. 20 Elle se leva au milieu de la nuit, prit mon fils qui était à côté de moi – ta servante
dormait – et le coucha contre elle ; et son fils, le mort, elle le coucha contre moi. 21 Je me
levai le matin pour allaiter mon fils, mais il était mort. Le jour venu, je le regardai
attentivement, mais ce n’était pas mon fils, celui dont j’avais accouché. » 22 L’autre femme
dit : « Non ! mon fils, c’est le vivant, et ton fils, c’est le mort » ; mais la première continuait à
dire : « Non ! ton fils, c’est le mort, et mon fils, c’est le vivant. » Ainsi parlaient-elles devant

295
le roi. 23 Le roi dit : « Celle-ci dit : “Mon fils, c’est le vivant, et ton fils, c’est le mort” ; et
celle-là dit : “Non ! ton fils, c’est le mort, et mon fils, c’est le vivant.” » 24 Le roi dit :
« Apportez-moi une épée ! » Et l’on apporta l’épée devant le roi. 25 Et le roi dit : « Coupez en
deux l’enfant vivant, et donnez-en une moitié à l’une et une moitié à l’autre. » 26 La femme
dont le fils était le vivant dit au roi, car ses entrailles étaient émues au sujet de son fils :
« Pardon, mon seigneur ! Donnez-lui le bébé vivant, mais ne le tuez pas ! » Tandis que l’autre
disait : « Il ne sera ni à moi ni à toi ! Coupez ! » 27 Alors le roi prit la parole et dit : « Donnez
à la première le bébé vivant, ne le tuez pas ; c’est elle qui est la mère. » 28 Tout Israël
entendit parler du jugement qu’avait rendu le roi, et l’on craignit le roi, car on avait vu qu’il y
avait en lui une sagesse divine pour rendre la justice.

296
Texte B7a : Salomon (1 Rois 5,15-32/1 Rois 6,1-38)

PRÉSENTATION DU TEXTE

Cette « narration royale » est essentielle dans l’idéologie biblique car elle raconte l’un des
événements majeurs du règne de Salomon. D’après Th. Römer, les échanges commerciaux
dont témoigne le texte laissent penser que les scribes judéens du VIIe siècle avant notre ère
ont utilisé la littérature royale néo-assyrienne afin de présenter le souverain comme un
monarque bâtisseur59.
Cette Königsnovelle relate la construction du Temple de Jérusalem par Salomon.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Construction et restauration de bâtiments.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

W.A. BRUEGGEMANN, 1 & 2 Kings, Smyth & Helwys Bible Commentary 8, 2000, p. 73-91.

P. BUIS, Le livre des Rois, Paris, 1997, p. 63-71.

M. COGAN, 1 Kings: a New Translation with Introduction and Commentary, The Anchor
Bible 10, 2001, p. 225-252.

J.E. ELLINGTON, R.L. OMANSON, A Handbook on 1-2 Kings. Volume I, New York, 2008,
p. 170-204.

G.H. JONES, 1 & 2 Kings. Volume I: 1 Kings 1-16:34, Grand Rapids, 1984, p. 158-173.

B.O. LONG, 1 Kings: With an Introduction to Historical Literature, FOTL 9, 1984, p. 78-
88.

M.J. MULDER, 1 Kings. Vol 1, 1 Kings 1-11, Louvain, 1998, p. 207-283.

M.A. SWEENEY, I & II Kings: a commentary, Louisville, 2007, p. 104-116.

59
. Th. RÖMER, « Salomon d’après les deutéronomistes : un roi ambigu », dans Cl. Lichtert, D. Nocquet (éds), Le
roi Salomon, un héritage en question : hommage à Jacques Vermeylen, Le livre et le rouleau 33, 2008, p.
121-123.
Autre explication possible : P. BUIS, Le livre des Rois, Paris, 1997, p. 65.

297
‫ַתרֶ ב‬ ‫שפַ ת הַ ּיָם‪ .‬ו ּ ֵ‬ ‫שר עַ ל‪ׂ -‬‬ ‫ב‪--‬כחוֹל‪ ,‬א ֶׁ‬
‫ַּ‬ ‫שלֹמֹה וּתב ּונָה‪ ,‬הַ ר ּ ֵבה מאֹד; ורֹחַ ב לֵ‬
‫ִל ׁ‬
‫ֵי‪-‬קדֶ ם‪ּ ,‬ו ִמ ּכֹל‪ ,‬חָ כמַ ת ִמצרָ ִים‪ .‬יא ַו ּיֶח ּ ַכ ם‪ִ ,‬מ ּ ָכ ל‪-‬‬
‫ל‪-‬ב נ ֶ‬
‫ש לֹמֹה‪ ,‬מֵ חָ כמַ ת ּ ָכ ּ‬‫חָ כמַ ת ׁ‬
‫ל‪-‬ה ּג ֹויִם‪,‬‬
‫ַ‬ ‫שמ ֹו בכָ‬
‫ַיהי‪ׁ -‬‬
‫ודר ּ ַדע‪ּ ,‬בנֵי מָ חוֹל; ו ִ‬
‫ָהאָ ָדם‪ ,‬מֵ אֵ יתָ ן ָהאֶ זרָ ִחי והֵ ימָ ן וכַ ל ּכֹל ַ‬
‫שירוֹ‪ ,‬ח ִמ ּ ָׁשה וָאָ לֶ ף‪ .‬יג וַידַ ּ ֵבר‪ ,‬עַ ל‪-‬‬
‫ַיהי ִ ׁ‬
‫שת אלָ ִפים מָ ָׁשל; ו ִ‬‫של ֹ ֶׁ‬
‫סָ ִביב‪ .‬יב וַידַ ּ ֵבר‪ׁ ,‬‬
‫‪RANSCRIPTION‬עַ‪T‬ל‪-‬‬
‫בר‬‫ב ִּק יר; וַי דַ ּ ֵ‬ ‫ש ר ֹי צֵ א ּ ַ‬ ‫ב ּל בָ נ ֹו ן‪ ,‬ו עַ ד הָ אֵ ז ֹו ב א ֶׁ‬ ‫שר ַּ‬ ‫הָ עֵ ִצ ים‪ִ ,‬מ ן‪-‬הָ אֶ רֶ ז א ֶׁ‬
‫שמֹעַ ‪ ,‬אֵ ת‬ ‫ל‪-‬העַ ּ ִמים‪ִ ,‬ל ׁ‬ ‫ל‪-‬ה ּ ָדגִ ים‪ .‬יד ַו ּ ָיבֹאוּ‪ִ ,‬מ ּ ָכ ָ‬ ‫ַ‬ ‫ש ועַ‬ ‫ל‪-‬הרֶ מֶ ׂ‬ ‫ָ‬ ‫ל‪-‬העוֹף‪ ,‬ועַ‬ ‫ָ‬ ‫ַה ּבהֵ מָ ה ועַ‬
‫‪1 Rois 5,15-32‬‬
‫}ס{‬ ‫ש מ ע ּו אֶ ת‪-‬חָ כ מָ ת ֹו ‪.‬‬ ‫ש ר ָׁ‬ ‫כ ל‪-‬מַ ל כֵ י הָ אָ רֶ ץ‪ ,‬א ֶׁ‬ ‫ש ל ֹמ ֹה‪--‬מֵ אֵ ת ּ ָ‬ ‫חָ כ מַ ת ׁ‬
‫שח ּו למֶ לֶ ך‬ ‫שלֹמֹה‪ִּ ,‬כי ָׁשמַ ע‪ִּ ,‬כי אֹת ֹו מָ ׁ‬ ‫ת‪-‬עב ָדיו‪ ,‬אֶ ל‪ׁ -‬‬‫ָ‬ ‫שלַ ח ִחירָ ם מֶ לֶ ך‪-‬צוֹר אֶ‬ ‫טו ַו ִּי ׁ‬
‫שלֹמֹה‪,‬‬ ‫שלַ ח ׁ‬ ‫ל‪-‬ה ּי ִָמים‪} .‬ס{ טז ַו ִּי ׁ‬ ‫ִד‪--‬כ ַ‬‫ָּ‬ ‫ּ ַת ַחת אָ ִביהוּ‪ִּ :‬כי אֹהֵ ב‪ָ ,‬היָה ִחירָ ם ל ָדו‬
‫שם‬ ‫ת‪-‬ד ִו ד אָ ִב י‪ִּ ,‬כ י ל ֹא ָי כֹל ִל ב נ ֹו ת ּ ַב ִי ת ל ֵׁ‬ ‫ָּ‬ ‫ל‪-‬ח ירָ ם לֵ אמֹר‪ .‬יז אַ ּ ָת ה יָדַ ע ּ ָת אֶ‬ ‫ִ‬ ‫אֶ‬
‫ת ת‪-‬י הוָה אֹתָ ם‪ַ ּ ,‬ת חַ ת ּ ַכ ּפ ֹו ת‬ ‫ש ר ס בָ בֻ ה ּו ‪--‬עַ ד ּ ֵ‬ ‫י הוָה א ל ֹהָ יו‪ִ ,‬מ ּפ נֵי הַ ּ ִמ ל חָ מָ ה‪ ,‬א ֶׁ‬
‫רגלו )רַ גלָ י(‪ .‬יח ועַ ּ ָתה‪ ,‬הֵ נִ יחַ יהוָה אל ֹהַ י ִלי ִמ ּ ָס ִביב‪ :‬אֵ ין ָׂשטָ ן‪ ,‬ואֵ ין ּ ֶפגַע רָ ע‪.‬‬
‫ל‪-‬דוִד אָ ִבי‬ ‫ָּ‬ ‫שר ּ ִד ּ ֶבר יהוָה‪ ,‬אֶ‬ ‫שם יהוָה אל ֹהָ י‪ַ ּ :‬כא ֶׁ‬ ‫ר‪--‬לבנוֹת ּ ַב ִית‪ ,‬ל ֵׁ‬ ‫ִ‬ ‫והננִ י אֹמֵ‬ ‫יט ִ‬
‫ש ִמי‪ .‬כ ועַ ּ ָתה צַ ּוֵה‬ ‫ל‪-‬כסאֶ ךָ ‪ ,‬הוּא‪-‬יִבנֶה הַ ּ ַביִת ִל ׁ‬ ‫ִּ‬ ‫שר אֶ ּ ֵתן ּ ַתח ּ ֶתיךָ עַ‬ ‫לֵ אמֹר‪ִּ ,‬בנךָ א ֶׁ‬
‫שכַ ר ע ָבדֶ יךָ אֶ ּ ֵתן לךָ ‪,‬‬ ‫ּ‪-‬לי ארָ זִ ים ִמן‪-‬הַ ּל ָבנוֹן‪ ,‬וַע ָבדַ י ִיהי ּו ִעם‪-‬ע ָבדֶ יךָ ‪ּ ,‬ו ׂ‬ ‫ו ִיכרתו ִ‬
‫ים‪--‬כ ּ ִצדֹנִ ים‪.‬‬
‫ַּ‬ ‫ש יֹדֵ עַ ִלכרָ ת‪-‬עֵ ִצ‬ ‫ָדע ּ ָת‪ִּ ,‬כי אֵ ין ּ ָבנ ּו ִאי ׁ‬ ‫שר ּתֹאמֵ ר‪ִּ :‬כי אַ ּ ָתה י ַ‬ ‫ּככֹל א ֶׁ‬
‫שמַ ח מאֹד; ַו ּיֹאמֶ ר‪ָ ּ ,‬ברוּך יהוָה הַ ּיוֹם‪,‬‬ ‫שלֹמֹה‪ַ --‬ו ִּי ׂ‬
‫ת‪-‬דברֵ י ׁ‬ ‫ִּ‬ ‫שמֹעַ ִחירָ ם‪ ,‬אֶ‬ ‫ַיהי ִּכ ׁ‬ ‫כא ו ִ‬
‫ש ל ֹמֹה‬ ‫ש לַ ח ִח ירָ ם‪ ,‬אֶ ל‪ׁ -‬‬ ‫ב ן חָ כָ ם‪ ,‬עַ ל‪-‬הָ עָ ם הָ רָ ב הַ זֶּה‪ .‬כב ַו ִּי ׁ‬ ‫ש ר נָתַ ן ל דָ ִו ד ּ ֵ‬ ‫א ֶׁ‬
‫ת‪-‬כל‪-‬חֶ פצךָ ‪ַ ּ ,‬בעצֵ י ארָ זִ ים‬ ‫ָּ‬ ‫שה אֶ‬ ‫שר‪ָׁ -‬שלַ ח ּ ָת אֵ לָ י; אנִ י אֶ ע ֶׂ‬ ‫לֵ אמֹר‪ָׁ ,‬שמַ ע ּ ִתי‪ ,‬אֵ ת א ֶׁ‬

‫‪298‬‬
‫‪1Rois‬‬
‫‪Rois1,6,1-38‬‬
‫)‪6 (Hébreu‬‬

‫ש ר א ל מ א ר ץ‪-‬מ צ ר י ם‬ ‫ש נה ל צ את ּב ני‪-‬י ׂ‬ ‫ש נה ו א ר ּב ע מ או ת ׁ‬ ‫ש מו נ ים ׁ‬ ‫א וי ה י ב ׁ‬
‫שראל; ו ּיבן‬ ‫שלמה‪ ,‬על‪-‬י ׂ‬ ‫שני‪ ,‬למלך ׁ‬ ‫שה ּׁ‬ ‫ש זו‪ ,‬הוּא החד ׁ‬ ‫שנה הרביעית ּבחד ׁ‬ ‫ּב ּ ׁ‬
‫ש ים‪-‬א ּמ ה אר ּכו‪,‬‬ ‫ש ּׁ‬
‫ש למה ליהוה‪ׁ --‬‬ ‫ש ר ּב נה ה ּמ לך ׁ‬ ‫ה ּב ית‪ ,‬ליהוה‪ .‬ב וה ּב ית‪ ,‬א ׁ‬
‫שרים‬ ‫ל‪-‬פני היכל ה ּבית‪--‬ע ׂ‬ ‫שים א ּמה‪ ,‬קומתו‪ .‬ג והאוּלם‪ ,‬ע ּ‬ ‫של ׁ‬ ‫שרים רח ּבו; ּו ׁ‬ ‫וע ׂ‬
‫ל‪-‬פ ני ה ּב י ת‪ .‬ד ו ּי ע ׂ‬
‫ש‬ ‫ש ר ּב א ּמ ה ר ח ּב ו ‪ ,‬ע ּ‬ ‫ל‪-‬פ ני רח ב ה ּב י ת; ע ׂ‬ ‫א ּמ ה א ר ּכ ו ‪ ,‬ע ּ‬
‫ש ֻקפים אטוּמים‪ .‬ה ו ּיבן על‪-‬קיר ה ּבית יצוע )יציע(‪ ,‬סביב‪ ,‬את‪-‬‬ ‫ל ּבית‪ ,‬ח ּלוני ׁ‬
‫ש צלעות‪ ,‬סביב‪ .‬ו היצוע )ה ּיציע(‬ ‫קירות ה ּבית סביב‪ ,‬להיכל ול ּדביר; ו ּי ע ׂ‬
‫ש בע‬ ‫ש ית‪ׁ ,‬‬
‫ש לי ׁ‬ ‫ש ּב א ּמ ה רח ּב ּה‪ ,‬וה ּ ׁ‬‫ש ׁ‬ ‫ש ּב א ּמ ה רח ּב ּה‪ ,‬וה ּת יכנה ׁ‬ ‫ה ּת ח ּת נה חמ ׁ‬
‫ּב א ּמ ה ר ח ּב ּה ‪ּ :‬כ י מ ג ר עו ת נת ן ל ּב י ת ס ב יב‪ ,‬ח ּו צ ה‪ ,‬ל ב ל ּת י‪ ,‬א חז ּב ק ירו ת‪-‬‬
‫ל‪-‬כ ל י‬
‫ש ל מ ה מ ּס ע‪ ,‬נ ב נה; ּו מ ּק בו ת ו ה ּג ר זן ּכ ּ‬ ‫ה ּב י ת‪ .‬ז ו ה ּב י ת‪ּ ,‬ב ה ּב נתו ‪--‬א ב ן‪ׁ -‬‬
‫ל‪-‬כ ת ף ה ּב י ת‪,‬‬ ‫ש מ ע ּב ּב י ת ּב ה ּב נתו ‪ .‬ח ּפ ת ח‪ ,‬ה ּצ ל ע ה ּת יכנה‪ ,‬א ּ‬ ‫ב ר זל‪ ,‬לא‪-‬נ ׁ‬
‫ש ים‪ .‬ט ו ּי בן את‪-‬‬ ‫של ׁ‬ ‫הימנית; ּובל ּו ּל ים‪ ,‬יעל ּו על‪-‬ה ּת יכנה‪ּ ,‬ומן‪-‬ה ּת יכנה‪ ,‬אל‪-‬ה ּ ׁ‬
‫ש ד רת ּב א ר ז ים‪ .‬י ו ּי ב ן א ת‪-‬היצוע‬ ‫ה ּב י ת‪ ,‬וי כ ּל ה ּו ; ו ּי ס ּפ ן א ת‪-‬ה ּב י ת ּג ב ים‪ּ ,‬ו ׂ‬
‫ש א ּמ ו ת קו מ תו ; ו ּי אחז א ת‪-‬ה ּב י ת‪ּ ,‬ב ע צ י א ר ז ים‪.‬‬ ‫ל‪-‬כ ל‪-‬ה ּב י ת‪ ,‬ח מ ׁ‬‫)ה ּי צ יע ( ע ּ‬
‫שר‪-‬א ּתה בנה‪ ,‬אם‪-‬‬ ‫שלמה‪ ,‬לאמר‪ .‬יב ה ּבית הז ּה א ׁ‬ ‫}פ{ יא ויהי‪ּ ,‬דבר‪-‬יהוה‪ ,‬אל‪ׁ -‬‬
‫ת‪-‬כל‪-‬מצותי‪ ,‬ללכת ּבהם‪--‬והקמתי‬ ‫שמר ּת א ּ‬ ‫שה‪ ,‬ו ׁ‬ ‫ש ּפטי ּתע ׂ‬‫ּתלך ּבחֻ ּקתי ואת‪-‬מ ׁ‬
‫ש ראל;‬ ‫ש כנ ּת י‪ּ ,‬ב תוך ּב ני י ׂ‬
‫ל‪-‬ד וד אביך‪ .‬יג ו ׁ‬ ‫ש ר ּד ּב ר ּת י א ּ‬ ‫ת‪-‬ד ברי א ּת ך‪ ,‬א ׁ‬ ‫א ּ‬
‫שלמה את‪-‬ה ּבית‪ ,‬ויכ ּלהוּ‪ .‬טו ו ּיבן‬ ‫שראל‪} .‬פ{ יד ו ּיבן ׁ‬ ‫ולא אעזב‪ ,‬את‪-‬ע ּמי י ׂ‬
‫את‪-‬קירות ה ּב ית מ ּב יתה‪ּ ,‬ב צלעות ארזים‪--‬מ ּק רקע ה ּב ית עד‪-‬קירות ה ּס ּ ֻפ ן‪,‬‬
‫שרים‬ ‫שים‪ .‬טז ו ּיבן את‪-‬ע ׂ‬ ‫צ ּפה עץ מ ּבית; ויצף את‪-‬קרקע ה ּבית‪ּ ,‬בצלעות ּברו ׁ‬
‫א ּמ ה מירכותי )מ ּי ר ּכ תי( ה ּב ית‪ּ ,‬ב צלעות ארזים‪ ,‬מן‪-‬ה ּק רקע‪ ,‬עד‪-‬ה ּק ירות;‬
‫שים‪ .‬יז ואר ּבעים ּבא ּמה‪ ,‬היה ה ּבית‪--‬הוּא‪,‬‬ ‫ש ה ּקד ׁ‬ ‫ו ּיבן לו מ ּבית לדביר‪ ,‬לקד ׁ‬
‫ההיכל לפני‪ .‬יח וארז אל‪-‬ה ּבית‪ּ ,‬פנימה‪ ,‬מקלעת ּפקעים‪ ,‬וּפטוּרי צ ּצים‪ :‬ה ּכל‬
‫שם‪ ,‬את‪-‬ארון‬ ‫ארז‪ ,‬אין אבן נראה‪ .‬יט וּדביר ּבתוך‪-‬ה ּבית מ ּפנימה‪ ,‬הכין‪ ,‬לת ּתן ׁ‬
‫שרים‬ ‫שרים א ּמה רחב‪ ,‬וע ׂ‬
‫שרים א ּמה ארך וע ׂ‬ ‫ּברית יהוה‪ .‬כ ולפני ה ּדביר ע ׂ‬
‫ש למה את‪-‬ה ּב ית‬‫א ּמ ה קומתו‪ ,‬ויצ ּפ ה ּו‪ ,‬זהב סג ּור; ויצף מז ּב ח‪ ,‬ארז‪ .‬כא ויצף ׁ‬
‫)בר ּתוּקות( זהב‪ ,‬לפני ה ּדביר‪ ,‬ויצ ּפהוּ‪,‬‬ ‫מ ּפנימה‪ ,‬זהב סגוּר; ויע ּבר ברתיקות ּ‬
‫שר‪-‬ל ּדביר‪,‬‬ ‫ד‪-‬תם ּכל‪-‬ה ּבית; וכל‪-‬ה ּמז ּבח א ׁ‬ ‫ת‪-‬כל‪-‬ה ּבית צ ּפה זהב‪ ,‬ע ּ‬ ‫זהב‪ .‬כב וא ּ‬
‫ש ר א ּמ ו ת‪ ,‬קו מ תו ‪.‬‬
‫ש מ ן‪ :‬ע ׂ‬
‫ש ני כ ר ּו ב ים ע צ י‪ׁ -‬‬ ‫צ ּפ ה זה ב‪ .‬כג ו ּי ע ׂ‬
‫ש ּב ּד ב יר‪ׁ ,‬‬
‫שר‬
‫ש נ ית; ע ׂ‬
‫ש א ּמו ת‪ּ ,‬כ נף ה ּכ ר ּו ב ה ּ ׁ‬
‫ש א ּמו ת‪ּ ,‬כ נף ה ּכ ר ּו ב ה אח ת‪ ,‬וחמ ׁ‬
‫כד וחמ ׁ‬

‫‪299‬‬
TRADUCTION

1 Rois 5,15-32

15 Hiram, roi de Tyr, envoya ses serviteurs vers Salomon car il avait entendu dire qu’on
l’avait sacré roi à la place de son père ; or Hiram avait toujours été un ami de
David. 16 Salomon envoya dire à Hiram : 17 « Tu sais que David, mon père, harcelé par les
guerres dont ses ennemis l’entourèrent, n’a pu bâtir une Maison pour le nom du Seigneur, son
Dieu, tant que le Seigneur ne les eut mis sous la plante de son pied. 18 Mais à présent que le
Seigneur, mon Dieu, m’a accordé le repos de tous côtés, et qu’il n’y a plus ni adversaire, ni
menace de malheur, 19 j’ai l’intention de bâtir une Maison pour le nom du Seigneur, mon
Dieu, conformément à ce que le Seigneur avait dit à David, mon père : “Ton fils, celui que je
mettrai à ta place sur ton trône, c’est lui qui bâtira cette Maison pour mon
nom.” 20 Maintenant, ordonne que l’on me coupe des cèdres du Liban : mes serviteurs seront
avec tes serviteurs ; je te donnerai le salaire de tes serviteurs, selon tout ce que tu diras, car tu
sais qu’il n’y a personne chez nous qui sache couper les arbres comme les
Sidoniens. » 21 Dès que Hiram entendit les paroles de Salomon, il fut très joyeux et dit :

300
« Béni soit aujourd’hui le Seigneur qui a donné à David un fils sage pour gouverner ce peuple
nombreux ! » 22 Hiram envoya dire à Salomon : « J’ai reçu ton message. Oui, je te donnerai
tout le bois de cèdre et le bois de genévrier que tu voudras. 23 Mes serviteurs le feront
descendre du Liban à la mer ; moi, j’en ferai des trains de flottage sur la mer jusqu’au lieu que
tu m’indiqueras et là, je les démonterai ; tu les emporteras. De ton côté, je désire que tu
fournisses des vivres à ma maison. » 24 Ainsi Hiram fournit à Salomon du bois de cèdre et du
bois de genévrier, autant qu’il en voulut. 25 Et Salomon donna à Hiram vingt mille kors de
blé comme nourriture pour sa maison, et vingt kors d’huile vierge. C’est ce que Salomon
fournissait à Hiram année après année. 26 Le Seigneur avait donné de la sagesse à Salomon,
comme il le lui avait dit : l’harmonie fut parfaite entre Hiram et Salomon ; tous deux
conclurent un pacte. 27 Le roi Salomon leva une corvée parmi tout Israël : elle fut de trente
mille hommes. 28 Il les envoya au Liban, dix mille par mois, à tour de rôle ; un mois ils
étaient au Liban, deux mois chez eux. Adoniram était chef des corvées. 29 Salomon eut
soixante-dix mille porteurs et quatre-vingt mille carriers dans la montagne, 30 sans compter
les chefs que les préfets de Salomon avaient préposés au travail : trois mille trois cents
hommes qui commandaient le peuple effectuant les travaux. 31 Le roi ordonna d’extraire de
grandes pierres, des pierres travaillées, destinées aux fondations de la Maison, des pierres de
taille. 32 Les ouvriers de Salomon, ceux de Hiram et les gens de Guebal se mirent à tailler et
à préparer bois et pierres pour bâtir la Maison.

1 Rois 6,1-38

1 La quatre cent quatre-vingtième année après la sortie des fils d’Israël hors du pays
d’Égypte, la quatrième année du règne de Salomon sur Israël, le mois de Ziw, qui est le
deuxième mois, il bâtit la Maison du Seigneur. 2 La Maison que le roi Salomon bâtit pour le
Seigneur avait soixante coudées de long, vingt de large, trente de haut. 3 Le vestibule qui
précède la grande salle de la Maison avait vingt coudées de long, mesurées sur la largeur de
la Maison ; dix coudées de large, mesurées dans le prolongement de la Maison. 4 Il fit à la
Maison des fenêtres à cadres, grillagées. 5 Il bâtit contre les murs de la Maison, tout autour,
contre les murs de la grande salle et ceux de la chambre sacrée, un bas-côté dont il fit des
chambres annexes. 6 Le bas-côté inférieur avait cinq coudées de large, celui du milieu, six, le
troisième, sept ; car on avait donné du retrait à la Maison, au pourtour extérieur, pour éviter
un encastrement dans les murs mêmes de la Maison. 7 La construction de la Maison se fit
avec des pierres préparées en carrière, ainsi l’on n’entendit ni marteaux, ni pics, ni aucun

301
outil de fer dans la Maison pendant sa construction. 8 L’entrée de l’annexe inférieure était
vers le côté droit de la Maison. Par des trappes, on pouvait accéder à l’annexe du milieu et,
de celle du milieu, à la troisième. 9 Après qu’il eut bâti la Maison et qu’il l’eut achevée,
Salomon y fit un plafond à caissons dont l’armature était en cèdre. 10 Il construisit le bas-
côté contre toute la Maison ; sa hauteur était de cinq coudées. Il s’encastrait dans la Maison
avec des troncs de cèdre. 11 La parole du Seigneur fut adressée à Salomon : 12 « Tu bâtis
cette Maison ! Mais si tu marches selon mes lois, si tu agis selon mes coutumes et si tu gardes
tous mes commandements en marchant d’après eux, alors j’accomplirai ma parole à ton égard,
celle que j’ai dite à David, ton père. 13 Et je demeurerai au milieu des fils d’Israël et je
n’abandonnerai pas mon peuple Israël. » 14 Salomon bâtit la Maison et l’acheva. 15 Puis il
bâtit les parois intérieures de la Maison en planches de cèdre, depuis le sol de la Maison
jusqu’aux poutres du plafond – il revêtit de bois l’intérieur – et il revêtit le sol de la maison
de planches de genévrier. 16 Il bâtit ensuite en planches de cèdre depuis le sol jusqu’aux
poutres l’espace de vingt coudées qui formait le fond de la Maison ; l’intérieur, il en fit une
chambre sacrée, un lieu très saint. 17 La Maison, c’est-à-dire la grande salle qui précède la
chambre sacrée, avait quarante coudées. 18 Les boiseries de cèdre qui étaient à l’intérieur de
la Maison portaient des sculptures en forme de coloquintes et de fleurs entrouvertes. Tout était
en cèdre, on ne voyait pas la pierre. 19 Dans la partie centrale de la Maison, à l’intérieur, il
aménagea une chambre sacrée pour y mettre l’arche de l’alliance du Seigneur. 20 Devant la
chambre sacrée aux vingt coudées de long, aux vingt coudées de large et aux vingt coudées de
haut, et que Salomon avait plaquée d’or fin, se trouvait l’autel qu’on lambrissa de
cèdre. 21 Salomon plaqua d’or fin l’intérieur de la Maison et fit passer des chaînes d’or
devant la chambre sacrée qu’il plaqua d’or. 22 Il avait plaqué d’or toute la Maison, la
Maison dans son entier ; tout l’autel destiné à la chambre sacrée, il l’avait plaqué
d’or. 23 Dans la chambre sacrée il fit deux chérubins en bois d’olivier ; leur hauteur était de
dix coudées. 24 Une aile du premier chérubin : cinq coudées, et l’autre aile : cinq coudées ;
dix coudées d’une extrémité à l’autre de ses ailes. 25 Dix coudées pour le second chérubin ;
même dimension et même forme pour les deux chérubins. 26 La hauteur du premier chérubin
était de dix coudées ; même hauteur pour le second. 27 Il plaça les chérubins au milieu de la
Maison, à l’intérieur. Les chérubins avaient les ailes déployées : l’aile du premier chérubin
touchait le mur, et l’aile du second touchait l’autre mur ; et leurs deux ailes, celles qui étaient
vers le milieu de la Maison, se touchaient, aile contre aile. 28 Et il plaqua d’or les chérubins.
29 Sur tout le pourtour des murs de la Maison, à l’intérieur et à l’extérieur, il sculpta des
chérubins, des palmes et des fleurs entrouvertes. 30 Et il plaqua d’or le sol de la Maison, à

302
l’intérieur et à l’extérieur. 31 A l’entrée de la chambre sacrée, il fit des battants de porte en
bois d’olivier ; le linteau et les montants formaient un cinquième de l’ensemble. 32 Sur les
deux battants en bois d’olivier, il sculpta des chérubins, des palmes et des fleurs entrouvertes,
et il les plaqua d’or ; il appliqua de l’or sur les chérubins et sur les palmes. 33 Il fit de même
pour l’entrée de la grande salle : des montants en bois d’olivier formant un quart de
l’ensemble, 34 et deux battants en bois de genévrier ; deux panneaux mobiles pour le premier
battant et deux panneaux mobiles pour le second. 35 Il y sculpta des chérubins, des palmes,
des fleurs entrouvertes qu’il plaqua d’or ajusté sur le modelé. 36 Puis il bâtit le parvis
intérieur : trois rangées de pierres de taille et une rangée de madriers de cèdre. 37 La
quatrième année, au mois de Ziw, on posa les fondations de la Maison du Seigneur. 38 Et la
onzième année, au mois de Boul, qui est le huitième mois, la Maison fut achevée dans tout
son ensemble et dans tous ses détails. Salomon la bâtit en sept ans.

303
Texte B7b - Salomon (2 Chroniques 1,18/2 Chroniques 2-3-4-5,1)

PRÉSENTATION DU TEXTE

Le Chroniste a utilisé pour modèle le Texte B7a (1 R 5,15-32/1 R 6,1-38) afin de rédiger
son récit. En y modifiant certains passages, l’intérêt de l’auteur pour le Temple ainsi que pour
les préoccupations cultuelles du roi en ressort d’autant plus60.
Cette « narration royale » raconte l’édification du Temple de Jérusalem par Salomon.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Construction et restauration de bâtiments.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

S.J. DE VRIES, 1 and 2 Chronicles, The Forms of the Old Testament Literature Volume XI,
Grand Rapids, 1989, p. 239-256

S. JAPHET, I & II Chronicles, Londres, 1993, p. 535-571.

R.W. KLEIN, Th. KRÜGER (éds), 2 Chronicles: a Commentary, Minneapolis, 2012, p. 29-70.

J.M. MEYERS, II Chronicles, New York, 1973, p. 8-30.

F. MICHAELI, Les livres des Chroniques, d’Esdras et de Néhémie, Neuchâtel, 1967, 146-152.

TRANSCRIPTION

2 Chroniques 1,18

60
. R.L. BRAUN, « Solomonic Apologetic in Chronicles », JBL 92/4, 1973, p. 509.

304
‫)‪Chroniques 2, 2 (Hébreu‬‬
‫‪2 Chroniques 2,1-17‬‬

‫ב הָ ר;‬ ‫ש מ ֹו ִנ ים אֶ לֶ ף ִא ישׁ‪ ,‬חֹצֵ ב ּ ָ‬ ‫ב ל‪ּ ,‬ו ְ ׁ‬ ‫ש סַ ּ ָ‬ ‫ש ְב ִע ים אֶ לֶ ף‪ִ ,‬א י ׁ‬ ‫ש ל ֹמֹה ִ ׁ‬ ‫א ַו ִּי ְס ּפ ֹר ְ ׁ‬


‫שלֹמֹה‪ ,‬אֶ ל‪-‬חוּרָ ם‬ ‫שלַ ח ְ ׁ‬ ‫ש מֵ אוֹת‪} .‬פ{ ב ַו ִּי ְ ׁ‬ ‫ש ׁ‬ ‫אלָ ִפים ְו ֵׁ‬ ‫שת ֲ‬ ‫של ֹ ֶׁ‬ ‫ו ְּמנ ּ ְַצ ִחים ֲעלֵ יהֶ ם‪ׁ ְ ,‬‬
‫ארָ ִזים‪ִ ,‬ל ְבנ ֹות‪-‬ל ֹו‬ ‫ש לַ ח‪-‬ל ֹו ֲ‬ ‫ם‪-‬ד ִויד אָ ִבי‪ ,‬ו ּ ִַת ְ ׁ‬ ‫ש יתָ ‪ִ ,‬ע ּ ָ‬ ‫ש ר עָ ִ ׂ‬ ‫א ֶׁ‬
‫מֶ לֶ ְך‪-‬צֹר לֵ אמֹר‪ַ ּ :‬כ ֲ‬
‫ש ל ֹו ְלהַ ְק ִטיר‬ ‫אל ֹהָ י‪ְ ,‬להַ ְק ּ ִדי ׁ‬ ‫שם ְיהוָה ֱ‬ ‫ֶה‪-‬ב ִית ְל ֵׁ‬ ‫אנִ י ב ֹונ ּ ַ‬ ‫שבֶ ת ּבוֹ‪ .‬ג ִה ּנֵה ֲ‬ ‫ַב ִית לָ ֶׁ‬
‫שים‪,‬‬ ‫ְלפָ נָיו ְקטֹרֶ ת‪-‬סַ ּ ִמים וּמַ ֲערֶ כֶ ת ּ ָת ִמיד ְועֹלוֹת לַ ּב ֶֹקר וְלָ עֶ רֶ ב‪ ,‬לַ ּ ַׁש ּ ָבתוֹת וְלֶ חֳ דָ ִ ׁ‬
‫א ִנ י ב ֹו נֶה‪,‬‬ ‫ש ר‪ֲ -‬‬ ‫א ֶׁ‬
‫ש רָ אֵ ל‪ .‬ד ְו הַ ּ ַב ִי ת ֲ‬ ‫א ל ֹהֵ ינ ּו ‪ְ :‬ל ע ֹו לָ ם‪ ,‬זֹאת עַ ל‪ִ -‬י ְ ׂ‬ ‫ע דֵ י ְי הוָה ֱ‬ ‫ּו ְל מ ֹו ֲ‬
‫ר‪-‬כ ֹחַ ִל ְב נ ֹו ת‪-‬ל ֹו בַ ִי ת‪ִּ ,‬כ י‬ ‫ּ‬ ‫ע צָ‬‫א ל ִֹה ים‪ .‬ה ּו ִמ י ַי ֲ‬ ‫א ל ֹהֵ ינ ּו ‪ִ ,‬מ ּ ָכ ל‪-‬הָ ֱ‬ ‫ּגָד ֹו ל‪ִּ :‬כ י‪-‬גָד ֹו ל ֱ‬
‫ֶה‪-‬ל ֹו בַ ִי ת‪ִּ ,‬כ י ִא ם‪-‬‬ ‫ּ‬ ‫ש ר אֶ ְב נ‬ ‫א ֶׁ‬
‫א ִנ י ֲ‬ ‫ש מַ ִי ם ל ֹא ְי כַ ְל ְּכ לֻ ה ּו ; ּו ִמ י ֲ‬ ‫ש מֵ י הַ ּ ָׁ‬ ‫ש מַ ִי ם ּו ְ ׁ‬ ‫הַ ּ ָׁ‬
‫שת‬ ‫ש ֹו ת ּ ַב זָּהָ ב ּו בַ ּ ֶכ סֶ ף ּו בַ ְ ּנ חֹ ֶׁ‬ ‫ע ׂ‬ ‫ח‪-‬ל י ִא ישׁ‪-‬חָ כָ ם לַ ֲ‬ ‫ִ‬ ‫ש לַ‬
‫ְל הַ ְק ִט יר ְל פָ נָיו‪ .‬ו ְו עַ ּ ָת ה ְ ׁ‬
‫שר‬ ‫א ֶׁ‬ ‫ּחים‪ִ :‬עם‪-‬הַ חֲ כָ ִמים‪ֲ ,‬‬ ‫ּבאַ ְר ְ ּגוָן וְכַ ְר ִמיל ו ְּתכֵ לֶ ת‪ְ ,‬ויֹדֵ עַ ‪ְ ,‬לפַ ּ ֵתחַ ּ ִפ ּתו ִ‬ ‫ּב ּ ַב ְרזֶל‪ ,‬ו ָ‬ ‫ו ַ‬
‫א רָ ִז ים‬ ‫ע צֵ י ֲ‬ ‫ח‪-‬ל י ֲ‬ ‫ִ‬ ‫ש לַ‬
‫ד ִו יד אָ ִב י‪ .‬ז ּו ְ ׁ‬ ‫ש ר הֵ ִכ ין‪ָ ּ ,‬‬ ‫א ֶׁ‬
‫ש ִ ַל ם‪ֲ ,‬‬ ‫ִע ּ ִמ י ִּב יה ּו דָ ה ּו ִב יר ּו ָׁ‬
‫ֹד ִעים ִל ְכרוֹת ֲעצֵ י‬ ‫שר ֲע ָבדֶ יךָ יו ְ‬ ‫א ֶׁ‬
‫אנִ י יָדַ ְע ּ ִתי‪ֲ ,‬‬ ‫ֹן‪--‬כי ֲ‬ ‫שים וְאַ ְל ּגו ּ ִּמים‪ ,‬מֵ הַ ְּל ָבנו ִּ‬ ‫ְּבר ֹו ִ ׁ‬
‫אנִ י‬‫שר‪ֲ -‬‬ ‫א ֶׁ‬
‫ּלהָ ִכין ִלי עֵ ִצים‪ ,‬לָ רֹב‪ִּ :‬כי הַ ּ ַב ִית ֲ‬ ‫ְה ּנֵה ֲע ָבדַ י‪ִ ,‬עם‪ֲ -‬ע ָבדֶ יךָ ‪ .‬ח ו ְ‬ ‫ְל ָבנוֹן; ו ִ‬
‫ב ֹו נֶה‪ּ ,‬גָד ֹו ל ְו הַ ְפ לֵ א‪ .‬ט ְו ִה ּנֵה לַ ח ְֹט ִב ים ְל כ ְֹר תֵ י הָ עֵ ִצ ים נָתַ ּ ִת י ִח ּ ִט ים מַ ּכ ֹו ת‬
‫ש ִרים‬ ‫ש ִרים אָ לֶ ף; ְו ַייִן‪ַ ּ ,‬ב ּ ִתים עֶ ְ ׂ‬ ‫שע ִֹרים‪ּ ,‬כ ִֹרים עֶ ְ ׂ‬ ‫ש ִרים אֶ לֶ ף‪ּ ,‬ו ְ ׂ‬ ‫לַ ֲע ָבדֶ יךָ ‪ּ ,‬כ ִֹרים עֶ ְ ׂ‬
‫שלַ ח‬ ‫ש ִרים אָ לֶ ף‪} .‬ס{ י ַו ּיֹאמֶ ר חוּרָ ם מֶ לֶ ְך‪-‬צֹר ִּב ְכתָ ב‪ַ ,‬ו ִּי ְ ׁ‬ ‫שמֶ ן‪ַ ּ ,‬ב ּ ִתים עֶ ְ ׂ‬ ‫אֶ לֶ ף‪ְ ,‬ו ֶׁ‬
‫ם‪--‬ברו ְּך‬ ‫ָּ‬ ‫שלֹמֹה‪ְּ :‬באַ הֲ ַבת יְהוָה אֶ ת‪-‬עַ ּמוֹ‪ ,‬נְ תָ נְ ָך עֲלֵ יהֶ ם מֶ לֶ ְך‪ .‬יא ַו ּיֹאמֶ ר‪ ,‬חוּרָ‬ ‫אֶ ל‪ׁ ְ -‬‬
‫ש ר נָתַ ן ְל דָ ִו יד‬ ‫א ֶׁ‬
‫ש מַ ִי ם ְו אֶ ת‪-‬הָ אָ רֶ ץ‪ֲ :‬‬ ‫ש ה אֶ ת‪-‬הַ ּ ָׁ‬ ‫ש ר עָ ָׂ‬ ‫א ֶׁ‬
‫ש רָ אֵ ל‪ֲ ,‬‬ ‫א ל ֹהֵ י ִי ְ ׂ‬ ‫ְי הוָה ֱ‬
‫ֶה‪-‬ב ִי ת לַ יהוָה‪ּ ,‬ו בַ ִי ת ְל מַ ְל כ ּו ת ֹו ‪.‬‬ ‫ש ר ִי ְב נ ּ ַ‬ ‫א ֶׁ‬
‫ש כֶ ל ּו ִב ינָה‪ֲ ,‬‬ ‫ב ן חָ כָ ם‪ ,‬י ֹו דֵ עַ ֵׂ‬ ‫מ לֶ ְך ּ ֵ‬ ‫הַ ּ ֶ‬
‫ן‪-‬ב נ ֹות ּ ָד ן‪,‬‬
‫ש ה ִמ ְּ‬ ‫ן‪-‬א ּ ָׁ‬
‫ָה‪--‬לח ּורָ ם אָ ִבי‪ .‬יג ּ ֶב ִ‬ ‫ְ‬ ‫ש לַ ְח ּ ִת י ִאישׁ‪-‬חָ כָ ם י ֹודֵ עַ ִּב ינ‬ ‫יב ְועַ ּ ָת ה‪ָׁ ,‬‬
‫ּבעֵ ִצים‬ ‫א ָבנִ ים ו ָ‬
‫שת ּ ַב ּ ַב ְרזֶל ּ ָב ֲ‬ ‫ּב ּ ֶכסֶ ף ּ ַב ְ ּנחֹ ֶׁ‬
‫שוֹת ּ ַבזָּהָ ב‪-‬ו ַ‬
‫ע ׂ‬ ‫ְואָ ִביו ִאישׁ‪-‬צ ִֹרי יוֹדֵ עַ לַ ֲ‬
‫ש בֶ ת‪--‬‬ ‫שֹב ּ ָכ ל‪-‬מַ חֲ ָׁ‬ ‫ל‪-‬פ ּת ּוחַ ‪ְ ,‬ולַ ְח ׁ‬ ‫ת חַ ּ ָכ ּ ִ‬ ‫ּ ָב אַ ְר ּגָמָ ן ּ ַב ּ ְת כֵ לֶ ת ּובַ ּב ּוץ ּובַ ּ ַכ ְר ִמיל‪ּ ,‬ו ְלפַ ּ ֵ‬
‫שע ִֹרים‬ ‫ְה ּ ְ ׂ‬ ‫יך‪ .‬יד וְעַ ּ ָתה ַה ִח ּ ִטים ו ַ‬ ‫ְח ְכמֵ י‪ֲ ,‬אדֹנִ י ּ ָדוִיד אָ ִב ָ‬ ‫יך‪ ,‬ו ַ‬
‫ֲא ֶׁשר ִי ּנָתֶ ן‪-‬לוֹ‪ִ ,‬עם‪-‬חֲ כָ מֶ ָ‬
‫ַח נ ּו ִנ ְכ רֹת עֵ ִצ ים ִמ ן‪-‬‬ ‫אנ ְ‬
‫ע בָ דָ יו‪ .‬טו ַו ֲ‬ ‫ש לַ ח‪ ,‬לַ ֲ‬ ‫א דֹ ִנ י‪ִ --‬י ְ ׁ‬ ‫ש ר אָ מַ ר ֲ‬ ‫ש מֶ ן ְו הַ ּיַ ִי ן‪ֲ ,‬‬
‫א ֶׁ‬ ‫הַ ּ ֶׁ‬
‫ע לֶ ה אֹתָ ם‪,‬‬ ‫הַ ְּל בָ נ ֹו ן‪ְּ ,‬כ כָ ל‪-‬צָ ְר ּ ֶכ ךָ ‪ּ ,‬ו ְנ ִב יאֵ ם ְל ךָ רַ ְפ סֹד ֹו ת‪ ,‬עַ ל‪-‬יָם יָפ ֹו ; ְו אַ ּ ָת ה ּ ַת ֲ‬
‫ש רָ אֵ ל‪,‬‬ ‫ש ר ְּב אֶ רֶ ץ ִי ְ ׂ‬ ‫א ֶׁ‬
‫ֵיר ים ֲ‬ ‫ש ים הַ ּג ִ‬ ‫א ָנ ִ ׁ‬
‫ש ל ֹמֹה‪ָ ּ ,‬כ ל‪-‬הָ ֲ‬ ‫ש ִ ָל ם‪} .‬פ{ טז ַו ִּי ְס ּפ ֹר ְ ׁ‬ ‫ְי ר ּו ָׁ‬
‫שת‬ ‫ש ל ֹ ֶׁ‬
‫ש ים אֶ לֶ ף‪ּ ,‬ו ְ ׁ‬ ‫ד ִו יד אָ ִב יו; ַו ִּי ּ ָמ ְצ א ּו‪ ,‬מֵ אָ ה וַחֲ ִמ ּ ִ ׁ‬ ‫ש ר ְס פָ רָ ם ּ ָ‬ ‫א ֶׁ‬
‫אַ חֲ רֵ י הַ ּ ְס פָ ר‪ֲ ,‬‬
‫שמֹנִ ים אֶ לֶ ף‪ ,‬חֹצֵ ב ּ ָב ָהר;‬ ‫ש ְב ִעים אֶ לֶ ף‪ ,‬סַ ּ ָבל‪ּ ,‬ו ְ ׁ‬ ‫ש מֵ הֶ ם ִ ׁ‬ ‫ש מֵ אוֹת‪ .‬יז ַו ּיַעַ ׂ‬ ‫ש ׁ‬ ‫אֲלָ ִפים‪ְ ,‬ו ֵׁ‬
‫ת‪-‬העָ ם‪.‬‬
‫ָ‬ ‫ש מֵ אוֹת‪ְ ,‬מנ ּ ְַצ ִחים ְל ַה ֲע ִביד אֶ‬ ‫ש ׁ‬ ‫שת אֲלָ ִפים ְו ֵׁ‬ ‫של ֹ ֶׁ‬ ‫ּו ְ ׁ‬

‫‪305‬‬
‫)‪Chroniques 2, 3 (Hébreu‬‬
‫‪2 Chroniques 3‬‬

‫ש ר ִנ ְר אָ ה‬ ‫ש ִ ַל ם‪ְּ ,‬ב הַ ר הַ ּמ ֹו ִר ּיָה‪ֲ ,‬‬


‫א ֶׁ‬ ‫ת‪-‬ב ית‪ְ -‬י הוָה ִּב יר ּו ָׁ‬
‫ֵּ‬ ‫ש ל ֹמֹה‪ִ ,‬ל ְב נ ֹו ת אֶ‬ ‫א ַו ּיָחֶ ל ְ ׁ‬
‫ד ִויד‪ְּ ,‬ב גֹרֶ ן אָ ְרנָן הַ ְיב ּו ִסי‪ .‬ב ַו ּיָחֶ ל ִל ְבנ ֹות‬ ‫ש ר הֵ ִכין ִּב ְמק ֹום ּ ָ‬ ‫א ֶׁ‬
‫ְלדָ ִויד אָ ִביה ּו‪ֲ --‬‬
‫שלֹמֹה‪ִ ,‬ל ְבנוֹת אֶ ת‪-‬‬ ‫שנַת אַ ְר ּ ַבע‪ְ ,‬למַ ְלכוּתוֹ‪ .‬ג וְאֵ ּ ֶלה הוּסַ ד ְ ׁ‬ ‫שנִ י‪ִּ ,‬ב ְ ׁ‬ ‫שנִ י‪ַ ּ ,‬ב ּ ֵׁ‬
‫ש הַ ּ ֵׁ‬‫ּ ַבחֹדֶ ׁ‬
‫ש ים‪ְ ,‬ו רֹחַ ב‪ ,‬אַ ּמ ֹו ת‬ ‫ש ִּ ׁ‬‫ש ֹו נָה‪ ,‬אַ ּמ ֹו ת ִ ׁ‬
‫ד ה הָ ִר א ׁ‬
‫א ל ִֹה ים‪ :‬הָ אֹרֶ ְך אַ ּמ ֹו ת ּ ַב ּ ִמ ּ ָ‬ ‫ב ית הָ ֱ‬ ‫ֵּ‬
‫ש ִר ים‪,‬‬ ‫ל‪-‬פ נֵי רֹחַ ב‪-‬הַ ּ ַב ִי ת‪ ,‬אַ ּמ ֹו ת עֶ ְ ׂ‬
‫ל‪-‬פ נֵי הָ אֹרֶ ְך עַ ּ ְ‬ ‫ש ר עַ ּ ְ‬ ‫א ֶׁ‬
‫ש ִר ים‪ .‬ד ְו הָ א ּו לָ ם ֲ‬
‫עֶ ְ ׂ‬
‫ש ִרים; ַו ְיצַ ּ ֵפה ּו ִמ ּ ְפנִ ימָ ה‪ ,‬זָהָ ב טָ הוֹר‪ .‬ה וְאֵ ת הַ ּ ַב ִית הַ ּגָדוֹל‪ִ ,‬ח ּ ָפה‬ ‫וְהַ ּג ַֹב ּה‪ ,‬מֵ אָ ה וְעֶ ְ ׂ‬
‫ת‪-‬ה ּ ַביִת‬ ‫ַ‬ ‫שרֹת‪ .‬ו ַויְצַ ף אֶ‬ ‫ָהב טוֹב; ַו ּיַעַ ל עָ לָ יו ּ ִתמ ִֹרים‪ְ ,‬ו ַׁש ְר ְ ׁ‬ ‫ְח ּ ֵפהוּ‪ ,‬ז ָ‬ ‫שים‪ַ ,‬וי ַ‬ ‫עֵ ץ ְּבר ֹו ִ ׁ‬
‫אֶ בֶ ן ְי ָקרָ ה‪ְ ,‬ל ִת ְפאָ רֶ ת; ְוהַ זָּהָ ב‪ְ ,‬זהַ ב ּ ַפ ְר ָו ִים‪ .‬ז ַו ְיחַ ף אֶ ת‪-‬הַ ּ ַב ִית הַ ּקֹר ֹות הַ ּ ִס ּ ִפ ים‪,‬‬
‫ת‪-‬בית‪-‬‬ ‫ֵּ‬ ‫ו ְִקירוֹתָ יו וְדַ ְלתוֹתָ יו‪--‬זָהָ ב; ו ִּפ ּ ַתח ְּכרו ִּבים‪ ,‬עַ ל‪-‬הַ ִּקירוֹת‪} .‬ס{ ח ַו ּיַעַ שׂ‪ ,‬אֶ‬
‫ש ִרים;‬ ‫ש ִרים‪ ,‬וְרָ ְח ּב ֹו אַ ּמוֹת עֶ ְ ׂ‬ ‫ב‪-‬ה ּ ַביִת אַ ּמוֹת עֶ ְ ׂ‬
‫ל‪-‬פנֵי ר ַֹח ַ‬ ‫שים‪--‬אָ ְר ּכ ֹו עַ ּ ְ‬ ‫ש ַה ֳּק ָד ִ ׁ‬‫קֹדֶ ׁ‬
‫שים‬ ‫ש ָק ִלים‪ ,‬חֲ ִמ ּ ִ ׁ‬ ‫ש ָקל ְל ִמ ְס ְמרוֹת ִל ְ ׁ‬ ‫ש מֵ אוֹת‪ .‬ו ִּמ ְ ׁ‬
‫ט‬
‫ש ׁ‬ ‫ַו ְיחַ ּ ֵפה ּו זָהָ ב טוֹב‪ְ ,‬ל ִכ ּ ָכ ִרים ֵׁ‬
‫שה‪,‬‬ ‫ש ַניִם‪--‬מַ ֲע ֵׂ‬ ‫שים‪ְּ ,‬כרו ִּבים ְ ׁ‬ ‫ש הַ ֳּקדָ ִ ׁ‬ ‫ש ְּבבֵ ית‪-‬קֹדֶ ׁ‬ ‫זָהָ ב; וְהָ ֲע ִל ּיוֹת‪ִ ,‬ח ּ ָפה זָהָ ב‪ .‬י ַו ּיַעַ ׂ‬
‫ש ִר ים; ְּכ נַף‬ ‫ע צֻ ִע ים; ַו ְי צַ ּפ ּו אֹתָ ם‪ ,‬זָהָ ב‪ .‬יא ְו כַ ְנ פֵ י‪ ,‬הַ ְּכ ר ּו ִב ים‪--‬אָ ְר ּ ָכ ם‪ ,‬אַ ּמ ֹו ת עֶ ְ ׂ‬ ‫צַ ֲ‬
‫הָ אֶ חָ ד ְל אַ ּמ ֹו ת חָ מֵ שׁ‪ ,‬מַ ּגַעַ ת ְל ִק יר הַ ּ ַב ִי ת‪ְ ,‬ו הַ ּ ָכ נָף הָ אַ חֶ רֶ ת אַ ּמ ֹו ת חָ מֵ שׁ‪ ,‬מַ ִ ּג יעַ‬
‫ִל ְכנַף הַ ְּכ ר ּוב הָ אַ חֵ ר‪ .‬יב ּו ְכנַף הַ ְּכ ר ּוב הָ אֶ חָ ד אַ ּמ ֹות חָ מֵ שׁ‪ ,‬מַ ִ ּג יעַ ְל ִקיר הַ ּ ָב ִית;‬
‫ׁ‪--‬ד בֵ ָקה‪ִ ,‬ל ְכנַף הַ ְּכ ר ּוב הָ אַ חֵ ר‪ .‬יג ּ ַכ נְ פֵ י הַ ְּכ ר ּו ִבים‬ ‫ְוהַ ּ ָכ נָף הָ אַ חֶ רֶ ת‪ ,‬אַ ּמ ֹות חָ מֵ ש ּ ְ‬
‫ש ִרים; וְהֵ ם ע ְֹמ ִדים עַ ל‪-‬רַ גְ לֵ יהֶ ם‪ ,‬ו ְּפנֵיהֶ ם לַ ּ ָב ִית‪} .‬ס{‬ ‫שים אַ ּמוֹת עֶ ְ ׂ‬ ‫הָ אֵ ּ ֶלה‪ּ ,‬פ ְֹר ִ ׂ‬
‫יד ַו ּיַעַ שׂ‪ ,‬אֶ ת‪-‬הַ ּ ָפרֹכֶ ת‪ְ ּ ,‬תכֵ לֶ ת וְאַ ְר ּגָמָ ן‪ ,‬וְכַ ְר ִמיל וּבוּץ; ַו ּיַעַ ל עָ לָ יו‪ְּ ,‬כרו ִּבים‪} .‬ס{‬
‫שר‪-‬‬ ‫א ֶׁ‬
‫ש אֹרֶ ְך; ְוהַ ּ ֶצפֶ ת ֲ‬ ‫שים ְוחָ מֵ ׁ‬ ‫של ֹ ִ ׁ‬ ‫ש ַנ ִים‪ ,‬אַ ּמ ֹות‪ׁ ְ ,‬‬ ‫ּדים ְ ׁ‬ ‫ש ִל ְפנֵי הַ ּ ַב ִית‪ ,‬עַ ּמו ִ‬ ‫טו ַו ּיַעַ ׂ‬
‫ש‬
‫ת ן עַ ל‪ -‬ר ֹא ׁ‬ ‫ב ּ ְד ִב יר‪ ,‬וַ ִּי ּ ֵ‬
‫ש ר ֹו ת ּ ַ‬‫ש ְר ְ ׁ‬ ‫ש ֹו ‪ ,‬אַ ּמ ֹו ת חָ מֵ שׁ‪} .‬ס{ טז וַ ּי ַעַ ׂ‬
‫ש ַׁ‬ ‫עַ ל‪ -‬ר ֹא ׁ‬
‫ש ר ֹות‪ .‬יז ַו ּי ֶָקם אֶ ת‪-‬הָ עַ ּמ ּו ִדים עַ ּ ְ‬
‫ל‪-‬פ נֵי‬ ‫ש ְר ְ ׁ‬ ‫ש ִר ּמ ֹונִ ים מֵ אָ ה‪ַ ,‬ו ִּי ּ ֵ‬
‫ת ן ּ ַב ּ ַׁ‬ ‫מ ִדים; ַו ּיַעַ ׂ‬ ‫הָ עַ ּ ֻ‬
‫שם‬ ‫ש ם‪-‬הימיני )הַ ְימָ נִ י( י ִָכין‪ְ ,‬ו ֵׁ‬ ‫ש מֹאול; ַו ִּי ְקרָ א ֵׁ‬ ‫הַ הֵ יכָ ל‪ ,‬אֶ חָ ד ִמ ּי ִָמין ְואֶ חָ ד מֵ הַ ּ ְ ׂ‬
‫אלי ּבֹעַ ז‪} .‬ס{‬ ‫ש מָ ִ‬ ‫הַ ּ ְ ׂ‬

‫‪306‬‬
‫)‪Chroniques 2, 4 (Hébreu‬‬
‫‪2 Chroniques 4,1-22‬‬

‫ש ר אַ ּמ ֹות‪,‬‬ ‫ש ִרים אַ ּ ָמ ה רָ ְח ּב ֹו; ְועֶ ֶׂ‬ ‫ש ִרים אַ ּ ָמ ה אָ ְר ּכ ֹו‪ְ ,‬ועֶ ְ ׂ‬


‫ש ת‪--‬עֶ ְ ׂ‬ ‫א ַו ּיַעַ שׂ‪ִ ,‬מ ְז ּ ַב ח נְ חֹ ֶׁ‬
‫ש פָ ת ֹו עָ ג ֹו ל‬
‫ש פָ ת ֹו אֶ ל‪ׂ ְ -‬‬ ‫ש ר ּ ָב אַ ּ ָמ ה ִמ ּ ְ ׂ‬ ‫ש אֶ ת‪-‬הַ ּיָם‪ ,‬מ ּו צָ ק‪ :‬עֶ ֶׂ‬ ‫ק ֹו מָ ת ֹו ‪} .‬ס{ ב ַו ּיַעַ ׂ‬
‫מ ה‪ָ ,‬י סֹב אֹת ֹו סָ ִב יב‪ .‬ג ּו ְד מ ּו ת‬ ‫ב אַ ּ ָ‬ ‫ש ים ּ ָ‬
‫של ֹ ִ ׁ‬
‫מ ה ק ֹו מָ ת ֹו ‪ְ ,‬ו ָק ו ְ ׁ‬
‫ב אַ ּ ָ‬
‫ש ָּ‬
‫סָ ִב יב‪ְ ,‬ו חָ מֵ ׁ‬
‫יפ ים אֶ ת‪-‬הַ ּיָם‬
‫ש ר ּ ָב אַ ּ ָמ ה‪ ,‬מַ ִּק ִ‬ ‫ת חַ ת ל ֹו סָ ִב יב סָ ִב יב‪ ,‬ס ֹו ְב ִב ים אֹת ֹו ‪ ,‬עֶ ֶׂ‬ ‫ְּב ָק ִר ים ּ ַ‬
‫ש ר ּ ָב ָקר‪,‬‬ ‫ש נֵים עָ ָׂ‬‫ש ַנ ִים ט ּו ִרים הַ ּ ָב ָקר‪ְ ,‬יצ ּו ִקים ְּב מֻ צַ ְק ּת ֹו‪ .‬ד ע ֹומֵ ד עַ ל‪ׁ ְ -‬‬ ‫סָ ִביב‪ׁ ְ :‬‬
‫ש ה ּפ ֹ ִנ ים‬ ‫ש ל ֹ ָׁ‬ ‫ב ה ּו ְ ׁ‬ ‫ש ה ּפ ֹ ִנ ים ֶנ ְג ּ ָ‬‫ש ל ֹ ָׁ‬
‫ָמ ה ּו ְ ׁ‬
‫ש ה פֹ ִנ ים י ּ ָ‬ ‫ש ל ֹו ָׁ‬
‫ש ה פֹ ִנ ים צָ פ ֹו נָה ּו ְ ׁ‬ ‫ש ל ֹ ָׁ‬
‫ְׁ‬
‫שפָ ת ֹו‬ ‫אחֹרֵ יהֶ ם‪ָ ּ ,‬ב ְיתָ ה‪ .‬ה ְועָ ְבי ֹו טֶ פַ ח‪ּ --‬ו ְ ׂ‬ ‫עלֵ יהֶ ם‪ִ ,‬מ ְלמָ ְעלָ ה; ְוכָ ל‪ֲ -‬‬ ‫ִמזְ רָ חָ ה‪ְ ,‬והַ ּיָם ֲ‬
‫א לָ ִפ ים י ִָכ יל‪} .‬ס{‬ ‫שת ֲ‬ ‫ש ל ֹ ֶׁ‬ ‫ש ּנָה; מַ חֲ ִז יק ּ ַב ּ ִת ים‪ׁ ְ ,‬‬ ‫ש ֹו ַׁ‬
‫ת‪-‬כ ֹו ס‪ֶ ּ ,‬פ רַ ח ׁ‬ ‫ּ‬ ‫ש פַ‬
‫שה ְ ׂ‬ ‫ע ֵׂ‬
‫ְּכ מַ ֲ‬
‫שמֹאול ְלרָ ְחצָ ה ָבהֶ ם‪ ,‬אֶ ת‪-‬‬ ‫ִתן חֲ ִמ ּ ָׁשה ִמ ּי ִָמין וַחֲ ִמ ּ ָׁשה ִמ ּ ְ ׂ‬ ‫ֹרים‪ֲ ,‬ע ָׂשרָ ה‪ַ ,‬ו ּי ּ ֵ‬ ‫ש ִּכ ּיו ִ‬ ‫ו ַו ּיַעַ ׂ‬
‫ת‪-‬מנֹרוֹת‬ ‫ְ‬ ‫שה הָ עוֹלָ ה י ִָדיח ּו ָבם; וְהַ ּיָם‪ְ ,‬לרָ ְחצָ ה לַ ּכֹהֲ נִ ים ּבוֹ‪} .‬ס{ ז ַו ּיַעַ ׂ‬
‫ש אֶ‬ ‫מַ ֲע ֵׂ‬
‫ש ִמ ּ ְשׂ מֹאול‪} .‬ס{‬ ‫ש ִמ ּי ִָמ ין‪ְ ,‬ו חָ מֵ ׁ‬ ‫ת ן‪ַ ּ ,‬ב הֵ יכָ ל‪ ,‬חָ מֵ ׁ‬ ‫ש ּ ָפ טָ ם; ַו ִּי ּ ֵ‬ ‫ר‪--‬כ ִמ ְ ׁ‬
‫ְּ‬ ‫ש‬ ‫הַ זָּהָ ב‪ ,‬עֶ ֶׂ‬
‫ש מֹאול; ַו ּיַעַ ׂ‬
‫ש‬ ‫ש ה ִמ ּ ְ ׂ‬ ‫ש ה ִמ ּי ִָמין וַחֲ ִמ ּ ָׁ‬ ‫ש רָ ה‪ַ ,‬ו ּ ַי ּנַח ּ ַב הֵ יכָ ל‪ ,‬חֲ ִמ ּ ָׁ‬ ‫ע ָׂ‬
‫ש ְלחָ נ ֹות‪ֲ ,‬‬ ‫ח ַו ּיַעַ ׂ‬
‫ש ֻׁ‬
‫ע זָרָ ה הַ ְ ּג ד ֹו לָ ה; ּו ְד לָ ת ֹו ת‬ ‫ש חֲ צַ ר הַ ּכ ֹהֲ ִנ ים‪ְ ,‬ו הָ ֲ‬ ‫ִמ ְז ְר ֵק י זָהָ ב‪ ,‬מֵ אָ ה‪} .‬ס{ ט ַו ּיַעַ ׂ‬
‫ה‪--‬מ ּמוּל‬
‫ִ‬ ‫שת‪ .‬י וְאֶ ת‪-‬הַ ּיָם‪ ,‬נָתַ ן ִמ ּ ֶכתֶ ף הַ יְמָ נִ ית ֵק ְדמָ‬ ‫לָ ֲעזָרָ ה וְדַ ְלתוֹתֵ יהֶ ם‪ִ ,‬צ ּ ָפה נְ חֹ ֶׁ‬
‫ש ח ּו רָ ם‪--‬אֶ ת‪-‬הַ ּ ִס יר ֹו ת‪ְ ,‬ו אֶ ת‪-‬הַ ּי ִָע ים ְו אֶ ת‪-‬הַ ּ ִמ ְז רָ ק ֹו ת; ַו ְי כַ ל חירם‬ ‫נֶגְ ּ ָב ה‪ .‬יא ַו ּיַעַ ׂ‬
‫א ל ִֹה ים‪.‬‬
‫ש ל ֹמֹה‪ְּ ,‬ב בֵ ית הָ ֱ‬ ‫מ לֶ ְך ְ ׁ‬‫ש ה לַ ּ ֶ‬ ‫ש ר עָ ָׂ‬ ‫א ֶׁ‬
‫ש ֹו ת אֶ ת‪-‬הַ ּ ְמ לָ אכָ ה‪ֲ ,‬‬ ‫ע ׂ‬‫)ח ּו רָ ם(‪ ,‬לַ ֲ‬
‫ת ִי ם; ְו הַ ּ ְשׂ בָ כ ֹו ת‬ ‫ש ָּ‬ ‫ש הָ עַ ּמ ּו ִד ים ְ ׁ‬ ‫ש ַנ ִי ם‪ְ ,‬ו הַ ּג ֻּל ֹו ת ְו הַ ּכ ֹתָ ר ֹו ת עַ ל‪-‬רֹא ׁ‬ ‫יב עַ ּמ ּו ִד ים ְ ׁ‬
‫ש הָ עַ ּמ ּו ִד ים‪ .‬יג ְו אֶ ת‪-‬‬ ‫ש ר עַ ל‪-‬רֹא ׁ‬ ‫א ֶׁ‬
‫ת י ּג ֻּל ֹו ת הַ ּכ ֹתָ ר ֹו ת‪ֲ ,‬‬ ‫ש ֵּ‬‫ם‪--‬ל כַ ּס ֹו ת אֶ ת‪ׁ ְ -‬‬ ‫ְ‬ ‫ת ִי‬
‫ש ַּ‬
‫ְׁ‬
‫ש ָבכָ ה ָהאֶ ָחת‪--‬‬ ‫ּרים ִר ּמוֹנִ ים‪ ,‬לַ ּ ְ ׂ‬ ‫ש ַניִם טו ִ‬ ‫ש ָבכוֹת; ְ ׁ‬ ‫ש ּ ֵתי ַה ּ ְ ׂ‬
‫ָה ִר ּמוֹנִ ים אַ ְר ּ ַבע מֵ אוֹת‪ִ ,‬ל ְ ׁ‬
‫ת‪-‬ה ּ ְמכֹנוֹת‪ ,‬עָ ָׂשה;‬ ‫ַ‬ ‫ּדים‪ .‬וְאֶ‬
‫יד‬
‫ל‪-‬פנֵי ָהעַ ּמו ִ‬ ‫שר עַ ּ ְ‬ ‫א ֶׁ‬
‫ש ּ ֵתי ּג ֻּלוֹת ַה ּכֹתָ רוֹת‪ֲ ,‬‬ ‫ְלכַ ּסוֹת אֶ ת‪ׁ ְ -‬‬
‫ש ר‪,‬‬ ‫ש נֵים‪-‬עָ ָׂ‬ ‫ש ה‪ ,‬עַ ל‪-‬הַ ּ ְמ כֹנ ֹו ת‪ .‬טו אֶ ת‪-‬הַ ּיָם‪ ,‬אֶ חָ ד; ְו אֶ ת‪-‬הַ ּ ָב ָק ר ְ ׁ‬ ‫ְו אֶ ת‪-‬הַ ִּכ ֹּי ר ֹו ת עָ ָׂ‬
‫ל‪-‬כלֵ יהֶ ם‪ ,‬עָ ָׂשה חוּרָ ם‬ ‫ת‪-‬כ ְּ‬ ‫ָּ‬ ‫ת‪-‬ה ּ ִמזְ לָ גוֹת‪ ,‬וְאֶ‬ ‫ַ‬ ‫ת‪-‬ה ּי ִָעים וְאֶ‬ ‫ַ‬ ‫ת‪-‬ה ּ ִסירוֹת וְאֶ‬ ‫ַ‬ ‫ּ ַת ְח ּ ָתיו‪ .‬טז וְאֶ‬
‫דן ְיצָ ָקם הַ ּ ֶמלֶ ְך‪,‬‬ ‫שת‪ ,‬מָ רוּק‪ .‬יז ְּב ִכ ּ ַכר הַ ּי ְַר ּ ֵ‬ ‫שלֹמֹה‪ְ ,‬לבֵ ית ְיהוָה‪--‬נְ חֹ ֶׁ‬ ‫אָ ִביו לַ ּ ֶמלֶ ְך ְ ׁ‬
‫ל ה‪,‬‬ ‫ש לֹמֹה ּ ָכ ל‪-‬הַ ּ ֵכ ִלים הָ אֵ ּ ֶ‬ ‫ש ְׁ‬ ‫ב ין סֻ ּכ ֹות‪ּ ,‬ובֵ ין ְצרֵ דָ תָ ה‪ .‬יח ַו ּיַעַ ׂ‬ ‫אדָ מָ ה‪ֵ ּ ,‬‬ ‫ע ִבי הָ ֲ‬ ‫ּ ַב ֲ‬
‫ש ל ֹמֹה‪--‬אֵ ת ּ ָכ ל‪-‬‬ ‫ש ְׁ‬ ‫ש ת‪} .‬ס{ יט ַו ּיַעַ ׂ‬ ‫ש ַק ל הַ ְּנ חֹ ֶׁ‬ ‫לָ רֹב ְמ אֹד‪ִּ :‬כ י ל ֹא נ ְֶח ַק ר‪ִ ,‬מ ְ ׁ‬
‫ש ְלחָ נוֹת‪ַ ,‬ו ֲעלֵ יהֶ ם לֶ חֶ ם‬ ‫אל ִֹהים; ְואֵ ת‪ִ ,‬מזְ ּ ַבח הַ זָּהָ ב‪ְ ,‬ואֶ ת‪-‬הַ ּ ֻׁ‬ ‫שר ּ ֵבית הָ ֱ‬ ‫א ֶׁ‬
‫הַ ּ ֵכ ִלים‪ֲ ,‬‬
‫ש ּ ָפ ט ִל ְפנֵי הַ ּ ְד ִביר‪--‬זָהָ ב סָ ג ּור‪.‬‬ ‫ערָ ם ּ ַכ ּ ִמ ְ ׁ‬ ‫הַ ּ ָפ נִ ים‪ .‬כ ְואֶ ת‪-‬הַ ּ ְמ נֹר ֹות ְו ֵנרֹתֵ יהֶ ם‪ְ ,‬לבַ ֲ‬
‫ַמ ר ֹו ת‬ ‫מ ְל ַק חַ ִי ם‪ ,‬זָהָ ב; ה ּו א‪ִ ,‬מ ְכ ל ֹו ת זָהָ ב‪ .‬כב ְו הַ ְמ ז ּ ְ‬ ‫פ רַ ח ְו הַ ּנ ֵר ֹו ת ְו הַ ּ ֶ‬ ‫כא ְו הַ ּ ֶ‬
‫ימ ּי ֹו ת‬
‫ד ְל ת ֹו תָ יו הַ ּ ְפ ִנ ִ‬ ‫ְו הַ ּ ִמ ְז רָ ק ֹו ת ְו הַ ּ ַכ ּפ ֹו ת ְו הַ ּ ַמ ְח ּת ֹו ת‪ ,‬זָהָ ב סָ ג ּו ר; ּו פֶ תַ ח הַ ּ ַב ִי ת ּ ַ‬
‫ש ים‪ְ ,‬ו דַ ְל תֵ י הַ ּ ַב ִי ת לַ הֵ יכָ ל‪--‬זָהָ ב‪.‬‬ ‫ש הַ ֳּק דָ ִ ׁ‬ ‫ְל קֹדֶ ׁ‬

‫‪307‬‬
2 Chroniques 5,1

TRADUCTION

2 Chroniques 1,18

18 Salomon ordonna de bâtir une Maison pour le nom du Seigneur et une maison royale pour
lui.

2 Chroniques 2,1-17

1 Salomon enrôla soixante-dix mille porteurs, quatre-vingt mille carriers dans la montagne et
trois mille six cents surveillants. 2 Salomon envoya dire à Hiram, roi de Tyr : « Tu as
collaboré avec David, mon père, en lui envoyant des cèdres pour se bâtir une maison
d’habitation. 3 Or, voici que, moi, je veux bâtir une Maison pour le nom du Seigneur mon
Dieu, afin de la lui consacrer, pour faire fumer devant lui le parfum à brûler, les offrandes
disposées continuellement et les holocaustes du matin, du soir, des sabbats, des néoménies et
des fêtes du Seigneur notre Dieu ; cela pour toujours en Israël. 4 Et la Maison que je veux
bâtir sera grande, car notre Dieu est plus grand que tous les dieux. 5 Qui donc posséderait la
force de lui bâtir une Maison, alors que les cieux et les cieux des cieux ne peuvent le
contenir ? Et qui serais-je, moi, pour lui bâtir une Maison, si ce n’était pour faire fumer devant
lui des offrandes ? 6 Et maintenant, envoie-moi un spécialiste qui travaille l’or, l’argent, le
bronze, le fer, la pourpre, le carmin et le violet, et qui connaisse la sculpture ; il collaborera
avec les spécialistes qui sont près de moi en Juda et à Jérusalem et que David, mon père, a
préparés. 7 Envoie-moi aussi du Liban des bois de cèdre, de genévrier et d’almoug, car je sais
que tes serviteurs savent couper les arbres du Liban, et mes serviteurs iront avec tes
serviteurs, 8 pour me préparer des bois en quantité, car la Maison que je veux bâtir sera
grande et admirable. 9 Et voici que pour les bûcherons qui couperont les arbres j’ai donné en
nourriture pour tes serviteurs vingt mille kors de blé, vingt mille kors d’orge, vingt mille baths
de vin et vingt mille baths d’huile. » 10 Hiram, roi de Tyr, répondit par écrit à Salomon :
« C’est parce que le Seigneur aime son peuple qu’il t’a placé sur lui comme roi. » 11 Hiram

308
dit aussi : « Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, qui a fait les cieux et la terre, qui a donné
au roi David un fils sage, doué de prudence et d’intelligence, qui bâtira une Maison pour le
Seigneur et une maison royale pour lui. 12 Je t’envoie donc maintenant un spécialiste doué
d’intelligence, Hiram-Abi, 13 fils d’une femme danite et d’un père tyrien, qui sait travailler
l’or, l’argent, le bronze, le fer, la pierre, le bois, la pourpre, le violet, le lin et le carmin,
exécuter toute sculpture et réaliser tout projet qui lui sera confié, avec tes spécialistes et avec
les spécialistes de mon seigneur David, ton père. 14 Le blé et l’orge, l’huile et le vin, dont a
parlé mon seigneur, qu’il les envoie maintenant à ses serviteurs. 15 Nous, nous couperons des
arbres du Liban selon tous tes besoins et nous te les amènerons en radeaux par mer à Jaffa ;
toi, tu les feras monter à Jérusalem. » 16 Salomon dénombra tous les étrangers qui se
trouvaient dans le pays d’Israël, à la suite du dénombrement qu’avait exécuté David son père,
et il s’en trouva cent cinquante-trois mille six cents. 17 Il en fit soixante-dix mille porteurs,
quatre-vingt mille carriers dans la montagne et trois mille six cents surveillants pour faire
travailler le peuple.

2 Chroniques 3, 1-17

1 Salomon commença à bâtir la Maison du Seigneur à Jérusalem sur la montagne du


Moriyya, où le Seigneur était apparu à David, son père, dans le lieu que David avait préparé
sur l’aire d’Ornân, le Jébusite. 2 Il commença à bâtir au deuxième mois, en la quatrième
année de son règne. 3 Voici les bases fixées par Salomon pour bâtir la Maison de Dieu :
longueur, en coudées d’ancienne mesure, soixante coudées ; largeur, vingt coudées. 4 Le
vestibule, dont la longueur correspondait à la largeur de la Maison, avait vingt coudées et la
hauteur en était de cent vingt coudées. Il le plaqua d’or pur à l’intérieur. 5 La grande salle, il
la recouvrit de bois de genévrier, qu’il recouvrit d’or fin, et il y fit représenter des palmes et
des guirlandes. 6 Il revêtit cette salle d’une décoration en pierres précieuses. L’or était de
l’or de Parwaïm. 7 Il couvrit d’or la salle : les poutres, les seuils, les parois, les vantaux, et il
sculpta des chérubins sur les parois. 8 Puis, il fit la salle du lieu très saint : sa longueur, dans
le sens de la largeur de la Maison, était de vingt coudées et sa largeur de vingt coudées ; il la
recouvrit d’or fin pour six cents talents. 9 Le poids des clous était de cinquante sicles en or. Il
recouvrit d’or les plafonds. 10 Il fit dans l’intérieur du lieu très saint deux chérubins, en
métal fondu, et il les plaqua d’or. 11 Les ailes des chérubins avaient une longueur de vingt
coudées : une aile du premier, longue de cinq coudées, touchait la paroi de la Maison, et
l’autre aile, longue de cinq coudées, touchait une aile de l’autre chérubin ; 12 une aile de

309
l’autre chérubin, longue de cinq coudées, touchait la paroi de la Maison, et l’autre aile,
longue de cinq coudées, rejoignait l’aile de l’autre chérubin. 13 Les ailes de ces chérubins se
déployaient sur vingt coudées et ils se dressaient sur leurs pieds, la face vers l’intérieur. 14 Il
fit le voile en tissu violet, pourpre, carmin et en lin. Il fit représenter des chérubins. 15 Il fit
deux colonnes devant la Maison : leur longueur était de trente-cinq coudées, et les chapiteaux
qui étaient sur leur sommet avaient cinq coudées. 16 Il fit des guirlandes dans le Sanctuaire et
les mit au sommet des colonnes. Il fit cent grenades et les mit dans les guirlandes. 17 Il dressa
les colonnes devant le temple, l’une à droite et l’autre à gauche : il appela celle de droite :
Yakîn, et celle de gauche : Boaz.

2 Chroniques 4,1-22

1 Il fit l’autel de bronze, long de vingt coudées, large de vingt coudées et haut de dix coudées.
2 Il fit en métal fondu la Mer : elle avait dix coudées de diamètre et elle était de forme
circulaire ; elle avait cinq coudées de haut et un cordeau de trente coudées en aurait fait le
tour. 3 Des images de bœufs, en dessous, en faisaient tout le tour, dix par coudée ; elles
encerclaient complètement la Mer. Ces bœufs, en deux rangées, avaient été fondus dans la
même coulée que la Mer. 4 Elle reposait sur douze bœufs : trois tournés vers le nord, trois
vers l’ouest, trois vers le Sud et trois vers l’Est ; la Mer était sur eux, et leurs croupes étaient
tournées vers l’intérieur. 5 Son épaisseur avait la largeur d’une main et son rebord était
ouvragé comme le rebord d’une coupe en fleur de lis. Sa capacité était de trois mille baths. 6
Il fit dix cuves et en mit cinq à droite et cinq à gauche, pour les lavages : on y nettoyait ce qui
servait aux holocaustes, tandis que les prêtres se lavaient dans la Mer de bronze. 7 Il fit les
dix chandeliers d’or, selon les règles, et les mit dans le temple, cinq à droite et cinq à
gauche. 8 Il fit dix tables et les plaça dans le temple, cinq à droite et cinq à gauche. Il fit cent
coupes à aspersion en or. 9 Il fit le parvis des prêtres, la grande esplanade et les portes de
l’esplanade ; il couvrit ces portes de bronze. 10 Quant à la Mer, il la plaça du côté droit, vers
le Sud-Est. 11 Hiram fit les bassins, les pelles et les coupes à aspersion. Il acheva l’ouvrage
qu’il devait faire pour le roi Salomon dans la Maison de Dieu : 12 deux colonnes, les volutes,
les deux chapiteaux au sommet des colonnes, les deux entrelacs pour couvrir les deux volutes
des chapiteaux qui sont au sommet des colonnes, 13 les quatre cents grenades pour les deux
entrelacs, deux rangées de grenades par entrelacs, pour couvrir les deux volutes des
chapiteaux qui sont au sommet des colonnes ; 14 il fit les bases, il fit les cuves sur les
bases, 15 la Mer – il n’y en avait qu’une – avec sous elle les douze bœufs, 16 les bassins, les

310
pelles, les fourchettes et tous leurs accessoires. Hiram-Abi fit cela en bronze poli, pour le roi
Salomon à l’usage de la Maison du Seigneur. 17 C’est dans la région du Jourdain, entre
Soukkoth et Cerédata, que le roi fit couler toutes ces pièces dans des couches d’argile. 18
Salomon fit tous ces objets en grande quantité, au point qu’on ne pouvait évaluer le poids du
bronze. 19 Salomon fit aussi tous les objets destinés à la Maison de Dieu : l’autel d’or, les
tables sur lesquelles on plaçait le pain d’offrande, 20 les chandeliers et leurs lampes pour
brûler, selon la règle, devant la chambre sacrée : en or fin ; 21 les fleurons, les lampes, les
pincettes : en or, en or de parfaite qualité ; 22 les mouchettes, les coupes à aspersion, les
gobelets, les cassolettes : en or fin ; l’entrée de la Maison, ses portes intérieures donnant sur
le lieu très saint et les portes de la Maison donnant sur la grande salle : en or.

2 Chroniques 5,1

1 Quand fut mené à bonne fin tout l’ouvrage que Salomon avait fait pour la Maison du
Seigneur, il fit apporter les objets consacrés par David, son père, l’argent, l’or et tous les
ustensiles, pour les déposer dans les trésors de la Maison de Dieu.

311
Texte 8a - Joas (2 Rois 12,3-17)

PRÉSENTATION DU TEXTE

L’unité du récit a été mise en avant par les chercheurs. Plusieurs d’entre eux ont suggéré
que le récit était à l’origine gravé sur un monument ou qu’il se trouvait dans un corpus
d’archives répertoriant les textes se rattachant au Temple. Le Deutéronomiste l’aurait par la
suite intégré à son corpus61.
Cette « narration royale » raconte la restauration du Temple de Jérusalem ordonnée par
Joas.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Construction et restauration de bâtiments.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

W.A. BRUEGGEMANN, 1 & 2 Kings, Smyth & Helwys Bible Commentary 8, 2000, p. 419-422.

B.O. LONG, 2 Kings, FOTL 10, 1991, p. 156-162.

M. COGAN, H. TADMOR, II Kings. A New Translation with Introduction and Commentary,


The Anchor Bible 11, 1988, p. 135-141.

J.E. ELLINGTON, R.L. OMANSON, A Handbook on 1-2 Kings. Volume I, New York, 2008,
p. 996-1014.

N. NA'AMAN, « Royal inscriptions and the histories of Joash and Ahaz, kings of Judah »,
VetTest 48/3, 1998, p. 337-339.

M.A. SWEENEY, I & II Kings: a commentary, Louisville, 2007, p. 348-353.

61
. N. NA'AMAN, « Royal inscriptions and the histories of Joash and Ahaz, kings of Judah », VetTest 48/3, 1998,
p. 337.

312
‫)‪Rois 2, 12 (Hébreu‬‬
‫‪TRANSCRIPTION‬‬
‫ש ב ע ל יה ּו א‪ ,‬מ ל ך י הו א שׁ‪,‬‬
‫ש נת‪ׁ -‬‬
‫}פ{ ב ּב ׁ‬ ‫ש ּב מ ל כו ‪.‬‬‫ש נ ים‪ ,‬י הו א ׁ‬
‫ש בע ׁ‬
‫א ּב ן‪ׁ -‬‬
‫ש‬
‫ש יהוא ׁ‬ ‫ש בע‪ .‬ג ו ּי ע ׂ‬
‫ש ם א ּמו‪ ,‬צביה מ ּב אר ׁ‬
‫ש ל ם; ו ׁ‬‫ש נה‪ ,‬מלך ּב יר ּו ׁ‬ ‫ואר ּב עים ׁ‬
‫ש ר הורה ּו‪ ,‬יהוידע ה ּכ הן‪ .‬ד רק ה ּב מות‪ ,‬לא‪-‬‬ ‫ש ר ּב עיני יהוה‪ּ ,‬כ ל‪-‬ימיו‪ ,‬א ׁ‬ ‫ה ּי ׁ‬
‫ש אל‪-‬ה ּכהנים‪ּ ,‬כל‬‫זבחים וּמק ּטרים‪ּ ,‬ב ּבמות‪ .‬ה ו ּיאמר יהוא ׁ‬
‫סרוּ‪ :‬עוד העם מ ּ‬
‫שר‪-‬יוּבא בית‪-‬יהוה ּכסף עובר‪--‬אישׁ‪ּ ,‬כסף נפשׁות ער ּכו‪ּ :‬כל‪-‬‬ ‫שים א ׁ‬
‫ּכסף ה ּקד ׁ‬
‫ש‬
‫שר יעלה על לב‪-‬אישׁ‪ ,‬להביא‪ּ ,‬בית יהוה‪ .‬ו יקח ּו להם ה ּכהנים‪ ,‬אי ׁ‬ ‫ּכסף‪ ,‬א ׁ‬
‫}פ{‬ ‫ש ם‪ּ ,‬ב דק‪.‬‬
‫ש ר‪-‬י ּמ צא ׁ‬
‫ת‪-‬ב דק ה ּב ית‪ ,‬לכל א ׁ‬
‫מאת מ ּכ רו; והם‪ ,‬יחז ּק ּו א ּ‬
‫ת‪-‬בדק‬ ‫שנה‪--‬ל ּמלך יהואשׁ‪ :‬לא‪-‬חז ּק ּו ה ּכהנים‪ ,‬א ּ‬ ‫ש ׁ‬
‫של ׁ‬
‫שרים ו ׁ‬‫שנת ע ׂ‬
‫ז ויהי‪ּ ,‬ב ׁ‬
‫ש ליהוידע ה ּכהן‪ ,‬ול ּכהנים‪ ,‬ו ּיאמר אלהם‪ ,‬מ ּדוּע‬ ‫ה ּבית‪ .‬ח ו ּיקרא ה ּמלך יהוא ׁ‬
‫ל‪-‬ת ק ח ּו ‪-‬כ ס ף מ א ת מ ּכ ר יכ ם‪ּ ,‬כ י‪-‬‬
‫ת‪-‬ב ד ק ה ּב י ת; ו ע ּת ה‪ ,‬א ּ‬
‫א ינ כ ם מ ח ז ּק ים א ּ‬
‫ת‪-‬כסף מאת העם‪ ,‬וּלבל ּתי‬ ‫לבדק ה ּבית‪ּ ,‬ת ּתנֻהוּ‪ .‬ו ּיאתוּ‪ ,‬ה ּכהנים‪ ,‬לבל ּתי קח ּ‬
‫ט‬

‫ת‪-‬בדק ה ּבית‪ .‬י ו ּי ּקח יהוידע ה ּכהן‪ ,‬ארון אחד‪ ,‬ו ּי ּקב חר‪ּ ,‬בדל ּתו; ו ּי ּתן‬ ‫חז ּק א ּ‬
‫ש ּמ ה ה ּכ הנים‬ ‫אתו אצל ה ּמ ז ּב ח בימין )מ ּי מין(‪ּ ,‬ב בוא‪-‬אי ׁ‬
‫ש ּב ית יהוה‪ ,‬ונתנ ּו‪ׁ -‬‬
‫ת‪-‬כל‪-‬ה ּכסף ה ּמוּבא בית‪-‬יהוה‪ .‬יא ויהי‪ּ ,‬כראותם‪ּ ,‬כי‪-‬רב ה ּכסף‪,‬‬ ‫שׁמרי ה ּסף‪ ,‬א ּ‬
‫ּבארון; ו ּיעל ספר ה ּמלך‪ ,‬וה ּכהן הגּדול‪ ,‬ו ּיצֻ ר ּו ו ּימנוּ‪ ,‬את‪-‬ה ּכסף ה ּנמצא בית‪-‬‬
‫ש י ה ּמ ל אכ ה‪ ,‬הפקדים‬‫י הוה‪ .‬יב ו נת נ ּו ‪ ,‬א ת‪-‬ה ּכ ס ף ה מ תֻ ּכ ן‪ ,‬ע ל‪-‬יד )י ד י( ע ׂ‬
‫ש ים‪ּ ,‬ב ית יהוה‪.‬‬
‫ש י העץ‪ ,‬ול ּב נים‪ ,‬הע ׂ‬ ‫מ פקדים( ּב ית יהוה; ו ּיוציאֻ ה ּו לחר ׁ‬‫)ה ּ ֻ‬
‫ת‪-‬בדק ּבית‪-‬‬
‫יג ולגּדרים‪ ,‬וּלחצבי האבן‪ ,‬ולקנות עצים ואבני מחצב‪ ,‬לחז ּק א ּ‬
‫ש ה ּב ית יהוה‪ ,‬ס ּפות‬
‫ש ר‪-‬יצא על‪-‬ה ּב ית‪ ,‬לחזקה‪ .‬יד אך לא יע ׂ‬
‫יהוה; ּולכל א ׁ‬
‫ל‪-‬כ לי זהב‪ּ ,‬וכלי‪-‬כסף‪--‬מן‪-‬ה ּכ סף‪ ,‬ה ּמ ּובא‬ ‫זמ רות מזרקות חצצרות‪ּ ,‬כ ּ‬ ‫ּכ סף מ ּ‬
‫ת‪-‬ב ית י הוה‪ .‬טז ו לא‬ ‫ש י ה ּמ ל אכ ה‪ ,‬י ּת נֻה ּו ; ו ח ז ּק ּו ‪-‬בו ‪ ,‬א ּ‬‫ב ית‪-‬י הוה‪ .‬טו ּכ י‪-‬ל ע ׂ‬
‫שי ה ּמלאכה‪ּ :‬כי‬ ‫שר י ּתנ ּו את‪-‬ה ּכסף על‪-‬ידם‪ ,‬לתת‪ ,‬לע ׂ‬ ‫שים‪ ,‬א ׁ‬ ‫שב ּו את‪-‬האנ ׁ‬ ‫יח ּ ׁ‬
‫שם וכסף ח ּטאות‪ ,‬לא יוּבא ּבית יהוה‪ :‬ל ּכהנים‪,‬‬ ‫שים‪ .‬יז ּכסף א ׁ‬ ‫באמֻ נה‪ ,‬הם ע ׂ‬
‫שם‬ ‫}פ{ יח א ז יע ל ה‪ ,‬ח זא ל מ ל ך א ר ם‪ ,‬ו ּי ּל ח ם ע ל‪ּ -‬ג ת‪ ,‬ו ּי ל ּכ ד ּה ; ו ּי ׂ‬ ‫י ה י ּו ‪.‬‬
‫שים‬ ‫ש מלך‪-‬יהוּדה‪ ,‬את ּכל‪-‬ה ּקד ׁ‬ ‫שלם‪ .‬יט ו ּי ּקח יהוא ׁ‬‫חזאל ּפניו‪ ,‬לעלות על‪-‬יר ּו ׁ‬
‫שיו‪ ,‬ואת‬ ‫שפט ויהורם ואחזיה ּו אבתיו מלכי יהוּדה ואת‪-‬קד ׁ‬ ‫ש ּו יהו ׁ‬‫שר‪-‬הק ּדי ׁ‬ ‫א ׁ‬
‫שלח‪ ,‬לחזאל מלך ארם‪,‬‬ ‫ּכל‪-‬הז ּהב ה ּנמצא ּבאצרות ּבית‪-‬יהוה‪ ,‬וּבית ה ּמלך; ו ּי ׁ‬
‫שה‪ :‬הלוא‪-‬הם ּכתוּבים‪,‬‬ ‫שר ע ׂ‬ ‫שלם‪ .‬כ ויתר ּדברי יואשׁ‪ ,‬וכל‪-‬א ׁ‬ ‫ו ּיעל‪ ,‬מעל יר ּו ׁ‬
‫ש ר; ו ּי ּכ ּו‪,‬‬‫ש ר ּו‪-‬ק ׁ‬ ‫על‪-‬ספר ּד ברי ה ּי מים‪--‬למלכי יה ּודה‪ .‬כא ו ּי ֻקמ ּו עבדיו‪ ,‬ו ּי ק ׁ‬
‫שמעת ויהוזבד ּבן‪-‬שׁמר עבדיו‪,‬‬ ‫את‪-‬יואשׁ‪ּ ,‬בית מ ּלא‪ ,‬ה ּירד ס ּלא‪ .‬כב ויוזכר ּבן‪ׁ -‬‬

‫‪313‬‬
TRADUCTION

3 Joas fit ce qui est droit aux yeux du Seigneur pendant toute sa vie, car le prêtre Yehoyada
l’avait instruit. 4 Cependant, les hauts lieux ne disparurent pas ; le peuple continuait à
offrir des sacrifices et à brûler de l’encens sur les hauts lieux. 5 Joas dit aux prêtres :
« Tout l’argent consacré qu’on apporte à la Maison du Seigneur, l’argent qui a cours, les taxes
individuelles selon les moyens de chacun, tout l’argent que chacun, selon sa générosité,
apporte à la Maison du Seigneur, 6 que les prêtres le prennent pour eux-mêmes, chacun de la
part de ceux qu’il connaît, mais qu’ils réparent les dégradations de la Maison partout où il
s’en trouvera. » 7 Or, la vingt-troisième année du règne de Joas, les prêtres n’avaient pas
encore réparé les dégradations de la Maison du Seigneur. 8 Le roi Joas convoqua le prêtre
Yehoyada ainsi que les autres prêtres et leur dit : « Pourquoi ne réparez-vous pas les
dégradations de la Maison ? Désormais vous ne prendrez plus d’argent de la part de ceux que
vous connaissez, car c’est pour les dégradations de la Maison que vous deviez le
donner. » 9 Les prêtres consentirent à ne plus prendre l’argent qui provenait du peuple et à ne
plus devoir réparer les dégradations de la Maison. 10 Le prêtre Yehoyada prit un tronc, perça
un trou dans le couvercle, et le plaça à côté de l’autel, sur la droite quand on entre dans la
Maison du Seigneur. Les prêtres gardiens du seuil y déposaient tout l’argent qu’on apportait
à la Maison du Seigneur. 11 Dès qu’ils voyaient qu’il y avait beaucoup d’argent dans le
tronc, le secrétaire du roi et le grand prêtre montaient ramasser et compter l’argent qui se
trouvait dans la Maison du Seigneur. 12 Après l’avoir compté, ils remettaient l’argent entre
les mains des entrepreneurs des travaux, des responsables de la Maison du Seigneur ; ceux-ci
l’utilisaient pour payer les charpentiers, les constructeurs qui travaillaient à la Maison du
Seigneur, 13 les maçons et les tailleurs de pierre, et aussi pour acheter des poutres et des
pierres de taille en vue de réparer les dégradations de la Maison du Seigneur, bref pour tout
ce qui devait être dépensé pour la réparation de la Maison. 14 Toutefois, sur les sommes
apportées à la Maison du Seigneur, on ne fit ni bols d’argent, ni mouchettes, ni coupes à
aspersion, ni trompettes, ni aucun des ustensiles d’or ou d’argent pour la Maison du
Seigneur. 15 On donnait ces sommes aux entrepreneurs des travaux qui les utilisaient pour
réparer la Maison du Seigneur. 16 On ne demandait pas de comptes aux hommes auxquels on
remettait cet argent pour payer les ouvriers, car ils agissaient consciencieusement. 17 L’argent
des sacrifices de réparation et l’argent des sacrifices pour le péché n’étaient pas destinés à la
Maison du Seigneur ; c’était pour les prêtres.

314
Texte B8b - Joas (2 Chroniques 24,4-14)

PRÉSENTATION DU TEXTE

Le Chroniste s’est largement inspiré du récit de l’école du deutéronomiste afin de


composer le sien (Texte B8a) aux alentours du IVe siècle avant notre ère. Il y a d’ailleurs fait
quelques modifications propres à son idéologie personnelle, conservant tout de même le
squelette général du récit original.
Cette Königsnovelle relate la rénovation du Temple de Jérusalem commandée par Joas.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Construction et restauration de bâtiments.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

S.J. DE VRIES, 1 and 2 Chronicles, The Forms of the Old Testament Literature Volume XI,
Grand Rapids, 1989, p. 342-348.

S. JAPHET, I & II Chronicles, Londres, 1993, p. 838-854.

R.W. KLEIN, Th. KRÜGER (éds), 2 Chronicles: a Commentary, Minneapolis, 2012, p. 338-
343.

Y. LEVAIN, The Chronicles of the Kings of Judah: 2 Chronicles 10-36. A New Translation
and Commentary, Bloomsbury, 2017, p. 197-215.

J.M. MEYERS, II Chronicles, New York, 1973, p. 133-139.

F. MICHAELI, Les livres des Chroniques, d’Esdras et de Néhémie, Neuchâtel, 1967, p. 205-
209.

315
‫)‪Chroniques 2, 24 (Hébreu‬‬

‫‪RANSCRIPTION‬ב‪T‬יָה‬
‫שם ִא ּמוֹ‪ִ ,‬צ‬ ‫ש ּבמָ לכוֹ‪ ,‬ואַ ר ּ ָב ִעים ָׁשנָה‪ ,‬מָ לַ ך ִּביר ּו ָׁש ִ ָלם; ו ֵׁ‬ ‫ש ַבע ָׁשנִ ים‪ ,‬יֹאָ ׁ‬ ‫א ּ ֶבן‪ֶׁ -‬‬
‫ש ר‪ּ ,‬ב עֵ ינֵי יהוָה‪ָ ּ ,‬כ ל‪-‬ימֵ י‪ ,‬יה ֹויָדָ ע הַ ּכֹהֵ ן‪} .‬ס{‬ ‫ש הַ ּ ָי ָׁ‬ ‫ש י ֹואָ ׁ‬ ‫ש בַ ע‪ .‬ב ַו ּיַעַ ׂ‬ ‫ִמ ּב אֵ ר ָׁ‬
‫ּבנוֹת‪ .‬ד וַי ִהי‪ ,‬אַ חרֵ י‪-‬כֵ ן; הָ יָה ִעם‪-‬‬ ‫ש ּ ָת ִים; ַו ּיוֹלֶ ד‪ָ ּ ,‬בנִ ים ו ָ‬ ‫שים ׁ‬ ‫ג ַו ִּי ּ ָׂשא‪-‬ל ֹו יה ֹויָדָ ע‪ָ ,‬נ ִ ׁ‬
‫ת‪-‬ב ית יהוָה‪ .‬ה ַו ִּי ק ּבֹץ‪ ,‬אֶ ת‪-‬הַ ּכֹהנִ ים והַ ל ִו ִּי ם‪ַ ,‬ו ֹּי אמֶ ר לָ הֶ ם‬ ‫ֵּ‬ ‫ש אֶ‬ ‫ד ׁ‬ ‫לֵ ב י ֹואָ שׁ‪ ,‬לחַ ּ ֵ‬
‫ת‪-‬בית אל ֹהֵ יכֶ ם ִמ ּ ֵדי ָׁשנָה‬ ‫ֵּ‬ ‫שרָ אֵ ל ּ ֶכסֶ ף לחַ זֵּק אֶ‬ ‫וקבצ ּו ִמ ּ ָכל‪ִ -‬י ׂ‬ ‫צא ּו לעָ רֵ י יהוּדָ ה ִ‬
‫מ לֶ ך ‪ִ ,‬ל יה ֹו יָדָ ע‬ ‫ד בָ ר; ו ל ֹא ִמ ה ר ּו ‪ ,‬הַ ל ִו ִּי ם‪ַ .‬ו ִּי ק רָ א הַ ּ ֶ‬
‫ו‬
‫ת ם ּת מַ ה ר ּו לַ ּ ָ‬ ‫ש נָה‪ ,‬ו אַ ּ ֶ‬ ‫ּב ָׁ‬
‫ּדה ו ִּמיר ּו ָׁש ִ ַלם אֶ ת‪-‬‬ ‫ל‪-‬הל ִו ּיִם‪ ,‬ל ָה ִביא ִמיהו ָ‬ ‫ַ‬ ‫ש ּ ָת עַ‬‫ֹא‪-‬דרַ ׁ‬ ‫ָהרֹאשׁ‪ַ ,‬ו ּיֹאמֶ ר ל ֹו מַ ּדוּעַ ל ָ‬
‫ש רָ אֵ ל‪--‬ל א ֹהֶ ל‪ ,‬הָ עֵ ד ּו ת‪ .‬ז ִּכ י ע תַ ל יָה ּו‬ ‫ש ה עֶ בֶ ד‪-‬י הוָה ו הַ ּ ָק הָ ל ל ִי ׂ‬ ‫ש אַ ת מ ֹ ֶׁ‬ ‫מַ ׂ‬
‫ש ּו‬
‫ש י בֵ ית‪-‬י הוָה‪ ,‬עָ ׂ‬ ‫ל‪-‬ק ד ֵׁ‬ ‫ת‪-‬ב ית הָ א ל ִֹה ים; ו גַם ּ ָכ ָ‬ ‫ֵּ‬ ‫ב נֶיהָ פָ ר צ ּו אֶ‬ ‫ש עַ ת‪ָ ּ ,‬‬ ‫הַ ּ ִמ ר ַׁ‬
‫ש ּו ארוֹן אֶ חָ ד; ַו ִּי ּתנֻה ּו ּב ַׁשעַ ר ּ ֵבית‪-‬יהוָה‪ ,‬חוּצָ ה‪.‬‬ ‫לַ ּבעָ ִלים‪ .‬ח ַו ֹּיאמֶ ר הַ ּ ֶמלֶ ך‪ַ ,‬ו ּיַע ׂ‬
‫ש ה עֶ בֶ ד‪-‬הָ א ל ִֹה ים‬ ‫ש אַ ת מֹ ֶׁ‬ ‫ש ִ ַל ם‪ ,‬ל הָ ִב יא לַ יהוָה מַ ׂ‬ ‫ט ַו ִּי ּת נ ּו ‪-‬ק ֹו ל ִּב יה ּו דָ ה ּו ִב יר ּו ָׁ‬
‫ש ִליכ ּו לָ אָ רוֹן‪,‬‬ ‫שמח ּו כָ ל‪-‬הַ ּ ָׂש ִרים‪ ,‬וכָ ל‪-‬הָ עָ ם; ַו ּי ִָביא ּו ַו ּ ַי ׁ‬ ‫ל‪--‬ב ּ ִמד ּ ָבר‪ .‬י ַו ִּי ׂ‬ ‫ַּ‬ ‫שרָ אֵ‬ ‫עַ ל‪ִ -‬י ׂ‬
‫מ לֶ ך ‪ּ ,‬ב יַד הַ ל ִו ִּי ם‪,‬‬ ‫ד ת הַ ּ ֶ‬ ‫ל‪-‬פ ֻק ּ ַ‬ ‫ל ה‪ .‬יא וַי ִה י ּב עֵ ת י ִָב יא אֶ ת‪-‬הָ אָ ר ֹו ן אֶ ּ‬ ‫עַ ד‪-‬ל כַ ּ ֵ‬
‫ת‪-‬האָ רוֹן‬ ‫ָ‬ ‫ּבא סוֹפֵ ר ַה ּ ֶמלֶ ך וּפ ִקיד ּכֹהֵ ן ָהרֹאשׁ‪ ,‬וִיעָ ר ּו אֶ‬ ‫וכראוֹתָ ם ִּכי‪-‬רַ ב ַה ּ ֶכסֶ ף ו ָ‬ ‫ִ‬
‫ש ּו ליוֹם ּביוֹם‪ַ ,‬ו ּיַאַ ספוּ‪-‬כֶ סֶ ף לָ רֹב‪ .‬יב ַו ִּי ּתנֵה ּו‬ ‫שיבֻ ה ּו אֶ ל‪-‬מקֹמוֹ; ּכֹה עָ ׂ‬ ‫ש אֻ ה ּו ִוי ִ ׁ‬ ‫ו ִי ּ ָׂ‬
‫שֹכ ִרים חֹצ ִבים‬ ‫ב ית‪-‬יהוָה‪ַ ,‬ו ִּי הי ּו ׂ‬ ‫ש ה מלֶ אכֶ ת עב ֹודַ ת ּ ֵ‬ ‫מ לֶ ך ִויה ֹויָדָ ע‪ ,‬אֶ ל‪-‬ע ֹו ֵׂ‬ ‫הַ ּ ֶ‬
‫ת‪-‬ב ית יהוָה‪.‬‬ ‫ֵּ‬ ‫ש ת‪ ,‬לחַ זֵּק אֶ‬ ‫ש י בַ רזֶל ּונחֹ ֶׁ‬ ‫ש ּ ֵב ית יהוָה; וגַם לחָ רָ ֵׁ‬ ‫ד ׁ‬ ‫ש ים‪ ,‬לחַ ּ ֵ‬ ‫וחָ רָ ִ ׁ‬
‫ת‪-‬ב ית‬ ‫ֵּ‬ ‫ַת עַ ל א ר ּו כָ ה לַ ּמ לָ אכָ ה ּב יָדָ ם; ַו ּיַע ִמ יד ּו אֶ‬ ‫ש י הַ ּמ לָ אכָ ה‪ ,‬ו ּ ַ‬ ‫ש ּו עֹ ֵׂ‬ ‫יג ַו ּיַע ׂ‬
‫ָדע אֶ ת‪-‬‬ ‫ָהאל ִֹהים‪ ,‬עַ ל‪-‬מַ ת ּ ֻכנ ּתוֹ‪--‬וַיאַ ּמצֻ הוּ‪ .‬יד וּככַ ּלוֹתָ ם הֵ ִביא ּו ִלפנֵי ַה ּ ֶמלֶ ך וִיה ֹוי ָ‬
‫שה ּו כֵ ִלים לבֵ ית‪-‬יהוָה ּכלֵ י ָׁשרֵ ת‪ ,‬והַ על ֹות וכַ ּפ ֹות‪ּ ,‬וכלֵ י זָהָ ב‬ ‫שאָ ר הַ ּ ֶכסֶ ף‪ַ ,‬ו ּיַע ֵׂ‬ ‫ׁ‬
‫וָכָ סֶ ף; ַו ִּיהי ּו מַ ע ִלים עֹלוֹת ּבבֵ ית‪-‬יהוָה‪ָ ּ ,‬ת ִמיד‪ּ ,‬כֹל‪ ,‬ימֵ י יה ֹויָדָ ע‪} .‬פ{ טו ַו ִּיז ַקן‬
‫שים ָׁשנָה‪ּ ,‬במוֹתוֹ‪ .‬טז ַו ִּיק ּברֻ ה ּו ב ִעיר‪-‬‬ ‫של ֹ ִ ׁ‬ ‫ֹת‪--‬בן‪-‬מֵ אָ ה ּו ׁ‬ ‫ֶּ‬ ‫ש ּ ַבע י ִָמים‪ַ ,‬ו ּ ָימ‬ ‫יה ֹויָדָ ע ַו ִּי ׂ‬
‫ש רָ אֵ ל‪ ,‬ו ִע ם הָ א ל ִֹה ים ּו בֵ ית ֹו ‪} .‬פ{‬ ‫ש ה ט ֹו בָ ה ּב ִי ׂ‬ ‫ד ִו יד‪ִ ,‬ע ם‪-‬הַ ּמ לָ ִכ ים‪ִּ :‬כ י‪-‬עָ ָׂ‬ ‫ָּ‬
‫מ לֶ ך ‪,‬‬ ‫ש מַ ע הַ ּ ֶ‬ ‫מ לֶ ך ; אָ ז ָׁ‬ ‫ת ח ו ּו לַ ּ ֶ‬ ‫ש רֵ י י ה ּו דָ ה‪ַ ,‬ו ִּי ׁ‬
‫ש ַּ‬ ‫יז ו אַ ח רֵ י מ ֹו ת‪ ,‬י ה ֹו יָדָ ע‪ָ ּ ,‬ב א ּו ָׂ‬
‫ש ִרים‪ ,‬ואֶ ת‪-‬‬ ‫ת‪-‬בית יהוָה אל ֹהֵ י אבוֹתֵ יהֶ ם‪ַ ,‬ו ּיַעַ בד ּו אֶ ת‪-‬הָ א ֵׁ‬ ‫ֵּ‬ ‫אלֵ יהֶ ם‪ .‬יח ַו ּיַעַ זבוּ‪ ,‬אֶ‬
‫ש לַ ח ּ ָב הֶ ם‬ ‫ש מָ תָ ם‪ ,‬זֹאת‪ .‬יט ַו ִּי ׁ‬ ‫ש ִ ַל ם‪ּ ,‬ב אַ ׁ‬ ‫י‪-‬ק צֶ ף‪ ,‬עַ ל‪-‬י ה ּו דָ ה ִו יר ּו ָׁ‬ ‫הָ ע צַ ִּב ים; וַי ִה ֶ‬
‫ש יבָ ם אֶ ל‪-‬י הוָה; ַו ּי ִָע יד ּו בָ ם‪ ,‬ו ל ֹא הֶ א ִז ינ ּו ‪} .‬ס{ כ ו ר ּו חַ א ל ִֹה ים‪,‬‬ ‫נ ִב ִא ים‪ ,‬לַ ה ִ ׁ‬
‫לָ ב ָׁשה אֶ ת‪-‬זכַ ריָה ּ ֶבן‪-‬יה ֹויָדָ ע הַ ּכֹהֵ ן‪ַ ,‬ו ּיַעמֹד‪ ,‬מֵ עַ ל לָ עָ ם; ַו ֹּיאמֶ ר לָ הֶ ם ּכֹה אָ מַ ר‬
‫ת ם אֶ ת‪-‬‬ ‫‪--‬כ י‪-‬ע זַב ּ ֶ‬ ‫ת‪-‬מ צ ֹו ת י הוָה ו ל ֹא תַ צ ִל יח ּו ִּ‬ ‫ִ‬ ‫ת ם עֹב ִר ים אֶ‬ ‫הָ א ל ִֹה ים‪ ,‬לָ מָ ה אַ ּ ֶ‬
‫שר ּו עָ לָ יו‪ַ ,‬ו ּיִר ּגמֻ ה ּו אֶ בֶ ן ּב ִמצוַת הַ ּ ֶמלֶ ך‪ַ ּ ,‬בחצַ ר‪ֵ ּ ,‬בית‬ ‫יהוָה‪ַ ,‬ו ּיַעזֹב אֶ תכֶ ם‪ .‬כא ַו ּיִק ׁ‬

‫‪316‬‬
TRADUCTION

4 Après cela, Joas eut à cœur de restaurer la Maison du Seigneur. 5 Il rassembla les
prêtres et les lévites et leur dit : « Partez pour les villes de Juda et recueillez de l’argent parmi
tout Israël pour réparer, année par année, la Maison de votre Dieu. Et dépêchez-vous de le
faire ! » Mais les lévites ne se dépêchèrent point. 6 Aussi le roi convoqua le chef Yehoyada et
lui dit : « Pourquoi n’as-tu pas insisté auprès des lévites pour qu’ils apportent de Juda et de
Jérusalem l’impôt que Moïse, le serviteur de Dieu, et l’assemblée d’Israël ont établi pour la
tente de la charte ? 7 Car la perverse Athalie et ses fils ont laissé détériorer la Maison de Dieu,
et même ils ont employé pour les Baals tous les objets sacrés de la Maison du Seigneur. »
8 Le roi ordonna de faire un tronc, de le placer à l’extérieur, à la porte de la Maison du
Seigneur 9 et de publier dans Juda et dans Jérusalem qu’on devait apporter au
Seigneur l’impôt établi sur Israël dans le désert par Moïse, le serviteur de Dieu. 10 Tous les
chefs et tout le peuple se réjouirent, ils apportèrent de l’argent et le versèrent dans le tronc
jusqu’à le remplir. 11 Quand arriva le moment de présenter le tronc à l’inspection du roi par
les soins des lévites, et qu’ils virent qu’il y avait beaucoup d’argent, le secrétaire du roi et
l’intendant du grand prêtre vinrent, vidèrent le tronc et le rapportèrent pour le remettre à sa
place. Ils firent ainsi chaque jour et ils ramassèrent de l’argent en quantité. 12 Le roi et
Yehoyada le remirent à l’entrepreneur des travaux pour le service de la Maison du
Seigneur et ils payèrent des tailleurs de pierre et des ouvriers pour restaurer la Maison du
Seigneur, et aussi des ouvriers travaillant le fer et le bronze pour réparer la Maison du
Seigneur. 13 Ceux qui faisaient les travaux se mirent à l’ouvrage et le travail progressa entre
leurs mains. Ils remirent en état la Maison de Dieu et ils la consolidèrent. 14 Quand ils
eurent fini, ils apportèrent devant le roi et devant Yehoyada le reste de l’argent et ils en firent
des objets pour la Maison du Seigneur : objets pour le service et les holocaustes, vases et
objets d’or et d’argent. On offrit des holocaustes dans la Maison du Seigneur
continuellement, pendant toute la vie de Yehoyada.

317
Texte B9 - Ézéchias (2 Chroniques 32,1-23)

PRÉSENTATION DU TEXTE

L’invasion de Sennachérib rapportée par le Chroniste est un fait historique. Les moyens
mis en œuvre par le souverain Ézéchias afin de repousser ses adversaires, obstruction de
l’arrivée d’eau et fortification des terres, semblent avoir laissé des preuves archéologiques62.
Formant une unité littéraire et thématique63, ce texte est une preuve de la fidélité du monarque
envers Dieu du fait de sa restauration cultuelle passée64.
Cette « narration royale » biblique rapporte comment Ézéchias parvient à vaincre son
ennemi assyrien Sennachérib qui assiégea Jérusalem.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Guerre contre les étrangers.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

S.J. DE VRIES, 1 and 2 Chronicles, The Forms of the Old Testament Literature Volume XI,
Grand Rapids, 1989, p. 388-392.

F.J. GONÇALVES, L'expédition de Sennachérib en Palestine dans la littérature hébraïque


ancienne, Louvain-la-Neuve, 1986.

S. JAPHET, I & II Chronicles, Londres, 1993, p. 974-992.

R.W. KLEIN, Th. KRÜGER (éds), 2 Chronicles: a Commentary, Minneapolis, 2012, p. 456-
466.

Y. LEVAIN, The Chronicles of the Kings of Judah: 2 Chronicles 10-36. A New Translation
and Commentary, Bloomsbury, 2017, p. 341-354.

J.M. MEYERS, II Chronicles, New York, 1973, p. 185-190.

F. MICHAELI, Les livres des Chroniques, d’Esdras et de Néhémie, Neuchâtel, 1967, p. 233-
234.

R.A. YOUNG, Hezekiah in History and Tradition, VetTest-Suppl. 155, 2012, p. 249-255.

62
. R.A. YOUNG, Hezekiah in History and Tradition, VetTest-Suppl. 155, 2012, p. 250.
63
. F.J. GONÇALVES, L'expédition de Sennachérib en Palestine dans la littérature hébraïque ancienne, Louvain-
la-Neuve, 1986, p. 494.
64
. Ibid., p. 523-524.

318
‫‪Chroniques‬‬ ‫)‪2, 32 (Hébreu‬‬
‫‪TRANSCRIPTION‬‬

‫שוּר; ַו ּ ָיבֹא ִביהוּדָ ה‪ַ ,‬ו ִּיחַ ן‬ ‫א אַ חרֵ י הַ ּד ָב ִרים והָ אמֶ ת הָ אֵ ּ ֶלה‪ָ ּ ,‬בא סַ נחֵ ִריב מֶ לֶ ך‪-‬אַ ּ ׁ‬
‫י‪-‬בא‪ ,‬סַ נחֵ ִריב;‬ ‫יחז ִק ּיָהוּ‪ִּ ,‬כ ָ‬ ‫עַ ל‪-‬הֶ עָ ִרים הַ ּבצֻ רוֹת‪ַ ,‬ו ּיֹאמֶ ר‪ ,‬ל ִבקעָ ם אֵ לָ יו‪ .‬ב ַו ּיַרא‪ִ ,‬‬
‫ש רָ יו ו ִג ּב ֹרָ יו‪ִ ,‬ל ס ּת ֹו ם אֶ ת‪-‬מֵ ימֵ י‬ ‫ש ִ ָל ם‪ .‬ג ַו ִּי ּוָעַ ץ‪ִ ,‬ע ם‪ָׂ -‬‬ ‫ּו פָ נָיו‪ ,‬לַ ּ ִמ ל חָ מָ ה עַ ל‪-‬י ר ּו ָׁ‬
‫ת‪-‬כ ל‪-‬‬ ‫ָּ‬ ‫ַו ִּי ָּק ב צ ּו עַ ם‪-‬רָ ב‪ַ --‬ו ִּי ס ּת מ ּו אֶ‬ ‫ד‬
‫ש ר ִמ ח ּו ץ לָ ִע יר; ַו ּיַע ז ר ּו ה ּו ‪.‬‬ ‫הָ ע יָנ ֹו ת‪ ,‬א ֶׁ‬
‫ש ּור‪,‬‬ ‫ש ֹוטֵ ף ּב ת ֹוך‪-‬הָ אָ רֶ ץ לֵ אמֹר‪ :‬לָ ּ ָמ ה יָב ֹוא ּו מַ לכֵ י אַ ּ ׁ‬ ‫הַ ּ ַמ עיָנ ֹות‪ ,‬ואֶ ת‪-‬הַ ּנַחַ ל הַ ּ ׁ‬
‫ל‪-‬ה ּ ִמג ּ ָדלוֹת‪,‬‬ ‫ַ‬ ‫ל‪-‬החוֹמָ ה ַה ּפרוּצָ ה ַו ּיַעַ ל עַ‬ ‫ת‪-‬כ ַ‬ ‫ָּ‬ ‫וּמָ צא ּו מַ יִם רַ ִּבים‪ .‬ה ַו ּיִת ַחזַּק ַו ּיִבֶ ן אֶ‬
‫ש ֶׁשלַ ח לָ רֹב‪ ,‬וּמָ גִ ִ ּנים‪.‬‬ ‫ת‪-‬ה ּ ִמ ּלוֹא‪ִ ,‬עיר ּ ָדוִיד; ַו ּיַעַ ׂ‬ ‫ַ‬ ‫ַיחזֵּק אֶ‬ ‫ולַ חוּצָ ה ַהחוֹמָ ה אַ חֶ רֶ ת‪ ,‬ו ַ‬
‫בר‬ ‫ש עַ ר הָ ִעיר‪ ,‬וַידַ ּ ֵ‬ ‫ש רֵ י ִמלחָ מ ֹות‪ ,‬עַ ל‪-‬הָ עָ ם; ַו ִּי ק ּב צֵ ם אֵ לָ יו‪ ,‬אֶ ל‪-‬רח ֹוב ַׁ‬ ‫ת ן ָׂ‬ ‫ו ַו ִּי ּ ֵ‬
‫ל‪-‬ת חַ ּת ּו ִמ ּפ נֵי מֶ לֶ ך אַ ּשׁ ּו ר‪,‬‬ ‫ֵּ‬ ‫ל‪-‬ת יר א ּו ו אַ‬ ‫ִּ‬ ‫עַ ל‪-‬ל בָ בָ ם‪ ,‬לֵ אמֹר‪ .‬ז ִח ז ק ּו ו ִא מ צ ּו ‪--‬אַ‬
‫ש ר‪ ,‬ו ִע ּ ָמ נ ּו‬ ‫י‪-‬ע ּ ָמ נ ּו רַ ב‪ ,‬מֵ ִע ּמ ֹו‪ .‬ח ִע ּמ ֹו‪ ,‬זר ֹועַ ּ ָב ָׂ‬ ‫ר‪-‬ע ּמ ֹו‪ִּ :‬כ ִ‬ ‫ש ִ‬ ‫ּו ִמ ִּל פנֵי ּ ָכ ל‪-‬הֶ הָ מ ֹון א ֶׁ‬
‫ל‪-‬ד ברֵ י י ִחז ִק ּיָה ּו‬ ‫ִּ‬ ‫יהוָה אל ֹהֵ ינ ּו לעָ זרֵ נ ּו‪ּ ,‬ול ִה ּ ָל חֵ ם ִמלחמֹתֵ נ ּו; ַו ִּי ּ ָס מכ ּו הָ עָ ם‪ ,‬עַ‬
‫ש לַ ימָ ה‪,‬‬ ‫ש ּור עבָ דָ יו יר ּו ָׁ‬ ‫ש לַ ח סַ נחֵ ִריב מֶ לֶ ך‪-‬אַ ּ ׁ‬ ‫מֶ לֶ ך‪-‬יה ּודָ ה‪} .‬פ{ ט אַ חַ ר זֶה‪ָׁ ,‬‬
‫ל‪-‬כל‪-‬יהוּדָ ה‬ ‫ָּ‬ ‫והוּא עַ ל‪-‬לָ ִכישׁ‪ ,‬וכָ ל‪-‬מֶ מ ַׁשל ּת ֹו ִע ּמוֹ‪--‬עַ ל‪-‬י ִחז ִק ּיָה ּו מֶ לֶ ך יהוּדָ ה‪ ,‬ועַ‬
‫שוּר‪ :‬עַ ל‪-‬מָ ה אַ ּ ֶתם ּבֹט ִחים‪,‬‬ ‫א ֶׁשר ִּביר ּו ָׁש ִ ַלם לֵ אמֹר‪ .‬י ּכֹה אָ מַ ר‪ ,‬סַ נחֵ ִריב מֶ לֶ ך אַ ּ ׁ‬
‫ש ִבים ּבמָ צוֹר ִּביר ּו ָׁש ִ ָלם‪ .‬יא הל ֹא י ִחז ִק ּיָהוּ‪ ,‬מַ ּ ִסית אֶ תכֶ ם‪ ,‬לָ תֵ ת אֶ תכֶ ם‪ ,‬לָ מוּת‬ ‫ו ֹי ׁ‬
‫ש ּור‪ .‬הל ֹא‪-‬ה ּוא‪,‬‬ ‫יב‬
‫ּב רָ עָ ב ּובצָ מָ א לֵ אמֹר‪ :‬יהוָה אל ֹהֵ ינ ּו‪--‬י ּ ִַצ ילֵ נ ּו‪ִ ,‬מ ּ ַכ ף מֶ לֶ ך אַ ּ ׁ‬
‫וליר ּו ָׁש ִ ַלם‪ ,‬לֵ אמֹר‪,‬‬ ‫ת‪-‬מז ּבחֹתָ יו; ַו ֹּיאמֶ ר ִליהוּדָ ה ִ‬ ‫ִ‬ ‫ת‪-‬במֹתָ יו‪ ,‬ואֶ‬ ‫ָּ‬ ‫י ִחז ִק ּיָהוּ‪ ,‬הֵ ִסיר אֶ‬
‫ית י א ִנ י‬ ‫ש ִ‬ ‫ת ק ִט יר ּו ‪ .‬יג ה ל ֹא תֵ ד ע ּו ‪ ,‬מֶ ה עָ ִ ׂ‬ ‫ת ח ו ּו ‪ ,‬ו עָ לָ יו ּ ַ‬ ‫ש ַּ‬ ‫ב חַ אֶ חָ ד ּ ִת ׁ‬ ‫ִל פ נֵי ִמ ז ּ ֵ‬
‫מ י הָ ארָ צ ֹות‪ :‬היָכ ֹול יָכל ּו‪ ,‬אל ֹהֵ י ּג ֹו ֵי הָ ארָ צ ֹות‪ ,‬להַ ּ ִצ יל אֶ ת‪-‬‬ ‫וַאב ֹותַ י‪ ,‬לכֹל‪ ,‬עַ ּ ֵ‬
‫שר יָכוֹל‪,‬‬ ‫שר הֶ ח ִרימ ּו אבוֹתַ י‪ ,‬א ֶׁ‬ ‫אַ רצָ ם‪ִ ,‬מ ּי ִָדי‪ .‬יד ִמי ּבכָ ל‪-‬אל ֹהֵ י ַה ּג ֹויִם ָהאֵ ּ ֶלה‪ ,‬א ֶׁ‬
‫להַ ּ ִצ יל אֶ ת‪-‬עַ ּמ ֹו ִמ ּי ִָדי‪ִּ :‬כ י י ּוכַ ל אל ֹהֵ יכֶ ם‪ ,‬להַ ּ ִצ יל אֶ תכֶ ם ִמ ּי ִָדי‪ .‬טו ועַ ּ ָת ה אַ ל‪-‬‬
‫ֹ‪--‬כי‪-‬ל ֹא יוּכַ ל ּ ָכל‪-‬‬ ‫ל‪-‬תא ִמינ ּו לו ִּ‬ ‫ַּ‬ ‫ַשיא אֶ תכֶ ם ִחז ִק ּיָה ּו ואַ ל‪-‬י ּ ִַסית אֶ תכֶ ם ּ ָכזֹאת‪ ,‬ואַ‬ ‫י ִּ ׁ‬
‫ֹה ּ ָכל‪ּ -‬גוֹי וּמַ מלָ כָ ה‪ ,‬להַ ּ ִציל עַ ּמ ֹו ִמ ּי ִָדי ו ִּמ ּיַד אבוֹתָ י‪ :‬אַ ף ִּכי אל ֹהֵ יכֶ ם‪ ,‬ל ֹא‪-‬‬ ‫אלו ּ ַ‬
‫י ּ ִַצ יל ּו אֶ ת כֶ ם ִמ ּי ִָד י‪ .‬טז ו ע ֹוד ּ ִד ּב ר ּו ע בָ דָ יו‪ ,‬עַ ל‪-‬יהוָה הָ אל ִֹה ים‪ ,‬ו עַ ל‪ ,‬י ִח ז ִק ּיָה ּו‬
‫ש רָ אֵ ל‪ :‬ו לֵ אמֹר עָ לָ יו לֵ אמֹר‪,‬‬ ‫עַ ב ּד ֹו ‪ .‬יז ּו ס פָ ִר ים ּ ָכ תַ ב‪--‬ל חָ רֵ ף‪ ,‬לַ יהוָה א ל ֹהֵ י ִי ׂ‬
‫י‪--‬כן ל ֹא‪-‬י ּ ִַציל אל ֹהֵ י י ִחז ִק ּיָה ּו‬ ‫ֹא‪-‬ה ּ ִציל ּו עַ ּ ָמם ִמ ּי ִָד ּ ֵ‬ ‫שר ל ִ‬ ‫ּ ֵכאל ֹהֵ י ּג ֹויֵי הָ ארָ צוֹת א ֶׁ‬
‫ש ר עַ ל‪-‬הַ ח ֹומָ ה‪,‬‬ ‫ש ִ ַל ם א ֶׁ‬ ‫עַ ּמ ֹו‪ִ ,‬מ ּי ִָדי‪ .‬יח ַו ִּיקרא ּו בק ֹול‪ּ -‬גָד ֹול יה ּו ִדית‪ ,‬עַ ל‪-‬עַ ם יר ּו ָׁ‬
‫ש ִ ָל ם‪:‬‬ ‫ל יָר אָ ם‪ּ ,‬ו ל בַ ה לָ ם‪--‬ל מַ עַ ן‪ִ ,‬י ל ּכ ד ּו אֶ ת‪-‬הָ ִע יר‪ .‬יט וַי דַ ּב ר ּו ‪ ,‬אֶ ל‪-‬א ל ֹהֵ י י ר ּו ָׁ‬
‫שה‪ ,‬ידֵ י הָ אָ דָ ם‪} .‬ס{ כ ַו ִּית ּ ַפ ּ ֵלל י ִחז ִק ּיָה ּו הַ ּ ֶמלֶ ך‪,‬‬ ‫ּכעַ ל‪ ,‬אל ֹהֵ י עַ ּ ֵמי הָ אָ רֶ ץ‪--‬מַ ע ֵׂ‬
‫ש לַ ח י הוָה‪,‬‬ ‫ש מָ ִי ם‪} .‬ס{ כא ַו ִּי ׁ‬ ‫ש ע יָה ּו בֶ ן‪-‬אָ מ ֹו ץ הַ ּנ ִָב יא‪--‬עַ ל‪-‬זֹאת; ַו ִּי ז ע ק ּו ‪ ,‬הַ ּ ָׁ‬ ‫ִו י ַׁ‬

‫‪319‬‬
TRADUCTION

1 Après ces événements et ces actes de fidélité, le roi d’Assyrie Sennachérib vint en Juda
et il campa contre les villes fortifiées de Juda, qu’il se proposait de démanteler. 2 Quand
Ézéchias vit arriver Sennachérib avec l’intention d’attaquer Jérusalem, 3 il se concerta avec
ses dignitaires et ses officiers pour obturer l’accès à l’eau des sources situées en dehors de la
ville. Ceux-ci l’aidèrent 4 et un peuple nombreux se rassembla pour obturer toutes les
sources et le ruisseau coulant à l’intérieur de la terre, en disant : « Pourquoi les rois
d’Assyrie, à leur arrivée, trouveraient-ils de l’eau en abondance ? » 5 Ézéchias se mit
courageusement à reconstruire tout le rempart démoli, en y édifiant des tours et une autre à
l’extérieur du rempart, en réparant le Millo dans la Cité de David et en fabriquant quantité
de javelots et de boucliers. 6 Il mit des chefs militaires à la tête du peuple, les rassembla près
de lui sur la place de la porte de la ville et leur parla en s’adressant à leur cœur : 7 « Soyez

320
forts et courageux ! N’ayez ni crainte ni peur devant le roi d’Assyrie et devant toute la
multitude qui est avec lui, car avec nous il y a un plus grand qu’avec lui : 8 Avec lui, il n’y a
qu’une force humaine ; mais avec nous, il y a le Seigneur, notre Dieu, pour nous secourir et
pour combattre dans nos combats ! » Le peuple fut réconforté par les paroles du roi de Juda,
Ézéchias. 9 Après cela, le roi d’Assyrie Sennachérib, alors qu’il restait à Lakish avec toutes
ses forces, envoya ses serviteurs à Jérusalem vers le roi de Juda, Ézéchias, et vers tous les
hommes de Juda qui étaient à Jérusalem, pour leur dire : 10 « Ainsi parle Sennachérib, roi
d’Assyrie : En quoi placez-vous votre confiance pour séjourner dans la forteresse de
Jérusalem ? 11 Ézéchias n’est-il pas en train de vous duper, pour vous faire mourir de faim et
de soif, en vous disant : “Le Seigneur notre Dieu nous délivrera de la main du roi
d’Assyrie” ? 12 N’est-ce pas lui, Ézéchias, qui a supprimé ses hauts lieux et ses autels et qui a
dit à Juda et à Jérusalem de ne se prosterner que devant un seul autel et de ne brûler de
l’encens que sur lui ? 13 Ne savez-vous pas ce que j’ai fait, moi et mes pères, à tous les
peuples du monde ? Les dieux des nations du monde ont-ils vraiment pu délivrer leurs pays de
ma main ? 14 Lequel, parmi tous les dieux de ces nations exterminées par mes pères, a-t-il pu
délivrer son peuple de ma main, pour que votre Dieu puisse vous délivrer de ma
main ? 15 Maintenant, qu’Ézéchias ne vous abuse pas et ne vous dupe pas comme cela ! Ne le
croyez pas, car aucun dieu d’aucune nation ou d’aucun royaume n’est capable de délivrer son
peuple de ma main et de la main de mes pères. A plus forte raison, vos dieux ne vous
délivreront-ils pas de ma main ! » 16 Les serviteurs de Sennachérib continuèrent à déblatérer
contre le Seigneur Dieu et contre Ézéchias son serviteur, 17 puis Sennachérib écrivit des
lettres pour défier le Seigneur, le Dieu d’Israël, et pour dauber sur lui en ces termes : « Tout
comme les dieux des nations du monde, qui n’ont pas délivré leur peuple de ma main, le Dieu
d’Ézéchias ne délivrera pas son peuple de ma main. » 18 Les serviteurs de Sennachérib
criaient d’une voix forte, en langue judéenne, au peuple de Jérusalem qui était sur le rempart,
pour l’effrayer et l’épouvanter, de façon à s’emparer de la ville. 19 Ils parlaient du Dieu de
Jérusalem comme des dieux des peuples du monde, ouvrages des mains de l’homme. 20 Le
roi Ézéchias et le prophète Esaïe, fils d’Amoç, prièrent à ce sujet et crièrent vers les cieux. 21
Et le Seigneur envoya un ange, qui fit disparaître tous les vaillants guerriers, les officiers et
les dignitaires dans le camp du roi d’Assyrie. Il dut retourner dans son pays la face couverte
de honte et, quand il pénétra dans la Maison de son dieu, ses propres fils l’abattirent par
l’épée. 22 Ainsi le Seigneur sauva Ézéchias et les habitants de Jérusalem de la main du roi
d’Assyrie Sennachérib et de la main de tous ses ennemis, puis il leur assura la paix de tous
côtés. 23 Beaucoup de gens apportaient à Jérusalem des offrandes pour le Seigneur et des

321
présents pour le roi de Juda Ézéchias, qui depuis cela était en haute estime aux yeux de toutes
les nations.

322
Texte B10a - Josias (2 Rois 22,1-20)

PRÉSENTATION DU TEXTE

Ce récit est fondamental dans l’historiographie deutéronomiste car il annonce la


destruction du Temple et l’exil de la population65. Rédigé en plusieurs strates, le passage
racontant la trouvaille du livre par un prêtre résulte probablement d’un ajout à un récit
primitif66. D’après Th. Römer, il semblerait que les rédacteurs des livres des Rois auraient
retravaillé à l’époque de l’exil babylonien le passage initial datant du VIIe siècle67.
La « narration royale » raconte la découverte du livre de la Loi durant la restauration du
Temple de Jérusalem ordonnée par Josias.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Construction et restauration de bâtiments.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

C. CONROY, « Reflections on the Exegetical Task: A propos of Recent Studies in 2 Kg 22-


23 », dans C. Brekelmans, J. Lust (éds), Pentateuchal and Deuteronomistic Studies:
Papers Read at the XIIIth IOSOT Congress Leuven 1989, BETL 94, 1990, p. 255-268.

B.J. DIEBNER et C. NAUERTH, « Die Inventio des sepher hattorah in 2 Kön 22. Struktur,
Intention und Funktion von Auffindungslegenden », DBAT 18, 1984, p. 95-118.

B.O. LONG, 2 Kings, FOTL 10, 1991, p. 260-268.

Th. RÖMER, « La découverte du Livre et la centralisation du culte sous Josias », Lumière &
Vie 291, 2011, p. 35-42.

F. SMYTH, « Quand Josias fait son œuvre ou le roi bien enterré. Une lecture synchronique
de 2 R 22,1-23,28 », dans A. De Pury, Th. Römer, J.-D. Macchi (éds), Israël construit
son histoire : l’historiographie deutéronomiste à la lumière des recherches récentes, Le
Monde de la Bible 34, 1996, p. 325-339.

J.-P. SONNET, « Le livre trouvé. II Rois 22 dans sa finalité narrative », NRT 116, 1994,
p. 836-861.

M.A. SWEENEY, I & II Kings: a commentary, Louisville, 2007, p. 434-446.


65
. Th. RÖMER, « Du Temple au Livre. L’idéologie de la centralisation dans l’historiographie deutéronomiste »,
dans S.L. Mackenzie, Th. Römer, Rethinking the Foundations: Historiography in the Ancient World and in
the Bible: essays in honour of John Van Seters, BZAW 294, 2000, p. 222.
66
. Id., « La découverte du Livre et la centralisation du culte sous Josias, Lumière & Vie 291, 2011, p. 36-37.
67
. Ibid., p. 40.

323
‫‪Rois‬‬ ‫)‪2, 22 (Hébreu‬‬
‫‪TRANSCRIPTION‬‬

‫שם‬ ‫ש ִ ָל ם; ו ֵׁ‬ ‫ש נָה‪ ,‬מָ לַ ך ִּב יר ּו ָׁ‬ ‫ש ים ואַ חַ ת ָׁ‬ ‫של ֹ ִ ׁ‬ ‫ש ּיָה ּו במָ לכ ֹו‪ּ ,‬ו ׁ‬ ‫ש נָה‪ֹ ,‬יא ִ ׁ‬ ‫ש מֹנֶה ָׁ‬
‫א ּ ֶב ן‪ׁ -‬‬
‫ל‪-‬דרֶ ך‬ ‫ֶּ‬ ‫ש הַ ּ ָי ָׁשר‪ּ ,‬בעֵ ינֵי יהוָה; ַו ּיֵלֶ ך‪ּ ,‬בכָ‬ ‫ִא ּמוֹ‪ ,‬י ִדידָ ה בַ ת‪-‬עדָ יָה ִמ ּ ָבצ ַקת‪ .‬ב ַו ּיַעַ ׂ‬
‫שרֵ ה ָׁשנָה‪ ,‬לַ ּ ֶמלֶ ך‪,‬‬ ‫שמֹנֶה עֶ ׂ‬
‫שמֹאול‪} .‬פ{ ג וַי ִהי‪ִּ ,‬ב ׁ‬ ‫ּ ָדוִד אָ ִביו‪ ,‬ול ֹא‪-‬סָ ר‪ ,‬י ִָמין ּו ׂ‬
‫ש ּ ָלם‪ַ ,‬ה ּסֹפֵ ר‪ֵ ּ ,‬בית יהוָה‪ ,‬לֵ אמֹר‪.‬‬ ‫ש ּיָהוּ; ָׁשלַ ח ַה ּ ֶמלֶ ך אֶ ת‪ָׁ -‬שפָ ן ּ ֶבן‪-‬אצַ ליָה ּו בֶ ן‪-‬מ ֻׁ‬ ‫יֹא ִ ׁ‬
‫שר‬ ‫ַת ם אֶ ת‪-‬הַ ּ ֶכ סֶ ף‪ ,‬הַ ּמ ּובָ א ּ ֵב ית יהוָה‪--‬א ֶׁ‬ ‫ל‪-‬חל ִק ּיָה ּו הַ ּכֹהֵ ן הַ ּגָד ֹול‪ ,‬וי ּ ֵ‬
‫ִ‬ ‫ד עלֵ ה‪ ,‬אֶ‬
‫ש י הַ ּמ לָ אכָ ה‪,‬‬ ‫ש ֹמ רֵ י הַ ּ ַס ף‪ ,‬מֵ אֵ ת הָ עָ ם‪ .‬ה ויתנה )ו ִי ּת נ ּו ה ּו (‪ ,‬עַ ל‪-‬יַד עֹ ֵׂ‬ ‫אָ ס פ ּו ׁ‬
‫שר ּבבֵ ית יהוָה‪,‬‬ ‫שי הַ ּמלָ אכָ ה א ֶׁ‬ ‫)בית( יהוָה; ו ִי ּתנ ּו אֹתוֹ‪ ,‬לעֹ ֵׂ‬ ‫מפ ָק ִדים‪ ,‬בבית ּ ֵ‬ ‫הַ ּ ֻ‬
‫ולקנוֹת עֵ ִצים ואַ בנֵי מַ חצֵ ב‪,‬‬ ‫שים‪ ,‬ולַ ּבֹנִ ים ולַ ּגֹד ִרים; ִ‬ ‫לחַ זֵּק‪ֶ ּ ,‬בדֶ ק הַ ּ ָב ִית‪ .‬ו לֶ חָ רָ ִ ׁ‬
‫שב ִא ּ ָתם‪ ,‬הַ ּ ֶכסֶ ף הַ ִ ּנ ּ ָתן עַ ל‪-‬יָדָ ם‪ִּ :‬כי בֶ אמ ּונָה‪ ,‬הֵ ם‬ ‫לחַ זֵּק אֶ ת‪-‬הַ ּ ָב ִית‪ .‬ז אַ ך ל ֹא‪-‬יֵחָ ֵׁ‬
‫שים‪ .‬ח ַו ֹּיאמֶ ר ִחל ִק ּיָה ּו הַ ּכֹהֵ ן הַ ּגָדוֹל‪ ,‬עַ ל‪ָׁ -‬שפָ ן הַ ּסֹפֵ ר‪ ,‬סֵ פֶ ר הַ ּתוֹרָ ה מָ צָ ִ‬
‫אתי‪,‬‬ ‫עֹ ִ ׂ‬
‫ש פָ ן הַ ּסֹפֵ ר‪,‬‬ ‫ש פָ ן‪ַ ,‬ו ִּי קרָ אֵ ה ּו‪ .‬ט ַו ּ ָי בֹא ָׁ‬ ‫ת ן ִחל ִק ּיָה אֶ ת‪-‬הַ ּ ֵס פֶ ר אֶ ל‪ָׁ -‬‬ ‫ּב בֵ ית יהוָה; ַו ִּי ּ ֵ‬
‫ש ב אֶ ת‪-‬הַ ּ ֶמ לֶ ך‪ָ ּ ,‬ד בָ ר; ַו ֹּי אמֶ ר‪ִ ,‬ה ּ ִת יכ ּו עבָ דֶ יךָ אֶ ת‪-‬הַ ּ ֶכ סֶ ף הַ ִ ּנ מצָ א‬ ‫אֶ ל‪-‬הַ ּ ֶמ לֶ ך‪ַ ,‬ו ּ ָי ֶׁ‬
‫שי הַ ּמלָ אכָ ה‪ ,‬הַ ּ ֻמפ ָק ִדים ּ ֵבית יהוָה‪ .‬י ַו ּ ַי ּגֵד ָׁשפָ ן הַ ּסֹפֵ ר‪,‬‬ ‫ַב ּ ַב ִית‪ַ ,‬ו ִּי ּתנֻה ּו עַ ל‪-‬יַד עֹ ֵׂ‬
‫לַ ּ ֶמלֶ ך לֵ אמֹר‪ ,‬סֵ פֶ ר נָתַ ן ִלי‪ִ ,‬חל ִק ּיָה הַ ּכֹהֵ ן; ַו ּיִקרָ אֵ ה ּו ָׁשפָ ן‪ִ ,‬לפנֵי הַ ּ ֶמלֶ ך‪ .‬יא ו ִ‬
‫ַיהי‬
‫ת‪-‬בגָדָ יו‪ .‬יב וַיצַ ו הַ ּ ֶמלֶ ך אֶ ת‪-‬‬ ‫ּ‬ ‫ת‪-‬דברֵ י סֵ פֶ ר הַ ּת ֹורָ ה; ַו ִּיקרַ ע‪ ,‬אֶ‬ ‫ִּ‬ ‫שמֹעַ הַ ּ ֶמלֶ ך‪ ,‬אֶ‬ ‫ִּכ ׁ‬
‫ן‪-‬מיכָ יָה ואֵ ת ָׁשפָ ן ַה ּסֹפֵ ר‪ ,‬ואֵ ת‬ ‫יקם ּ ֶבן‪ָׁ -‬שפָ ן ואֶ ת‪-‬עַ כ ּבוֹר ּ ֶב ִ‬ ‫ת‪-‬אח ָ‬
‫ִ‬ ‫ִחל ִק ּיָה ַה ּכֹהֵ ן ואֶ‬
‫ד‪-‬העָ ם‪ ,‬וּבעַ ד ּ ָכל‪-‬‬ ‫ָ‬ ‫עדי וּבעַ‬
‫ש ּו אֶ ת‪-‬יהוָה ּ ַב ִ‬ ‫ד‪-‬ה ּ ֶמלֶ ך‪--‬לֵ אמֹר‪ .‬יג לכ ּו ִדר ׁ‬ ‫ַ‬ ‫ע ָׂשיָה עֶ בֶ‬
‫ר‪-‬היא נִ ּצתָ ה‬ ‫ש ִ‬ ‫ל‪-‬דברֵ י הַ ּ ֵספֶ ר הַ ִ ּנמצָ א‪ ,‬הַ זֶּה‪ִּ :‬כי‪-‬גדוֹלָ ה חמַ ת יהוָה‪ ,‬א ֶׁ‬ ‫ִּ‬ ‫יהוּדָ ה‪ ,‬עַ‬
‫ש ֹות ּכ כָ ל‪-‬הַ ּ ָכ ת ּוב‬ ‫ל‪-‬ד ברֵ י הַ ּ ֵס פֶ ר הַ זֶּה‪ ,‬לַ ע ׂ‬ ‫ִּ‬ ‫ש מע ּו אבֹתֵ ינ ּו עַ‬ ‫ש ר ל ֹא‪ָׁ -‬‬ ‫בָ נ ּו‪ ,‬עַ ל א ֶׁ‬
‫דה‬ ‫ש יָה‪ ,‬אֶ ל‪-‬חֻ ל ּ ָ‬ ‫ש פָ ן וַע ָׂ‬ ‫עָ לֵ ינ ּו ‪ .‬יד ַו ּי ֵלֶ ך ִח ל ִק ּיָה ּו הַ ּכ ֹהֵ ן וַא ִח ָ‬
‫יק ם ו עַ כ ּב ֹו ר ו ָׁ‬
‫שבֶ ת ִּביר ּו ָׁש ִ ַלם‪,‬‬ ‫והיא ֹי ֶׁ‬ ‫שֹמֵ ר הַ ּבג ִָדים‪ִ ,‬‬ ‫ן‪-‬תקוָה ּ ֶבן‪-‬חַ רחַ ס ׁ‬ ‫לם ּ ֶב ּ ִ‬ ‫שת ַׁש ּ ֻ‬ ‫הַ ּנ ִביאָ ה אֵ ֶׁ‬
‫ש רָ אֵ ל‪:‬‬
‫ש נֶה; וַי דַ ּב ר ּו ‪ ,‬אֵ לֶ יהָ ‪ .‬טו ו ַּת ֹאמֶ ר א לֵ יהֶ ם‪ּ ,‬כ ֹה‪-‬אָ מַ ר י הוָה א ל ֹהֵ י ִי ׂ‬ ‫ב ּ ִמ ׁ‬
‫ַּ‬
‫ש לַ ח אֶ תכֶ ם אֵ לָ י‪ .‬טז ּכֹה אָ מַ ר יהוָה‪ִ ,‬הננִ י מֵ ִביא רָ עָ ה אֶ ל‪-‬‬ ‫ש ר‪ָׁ -‬‬ ‫ִאמר ּו לָ ִאישׁ‪ ,‬א ֶׁ‬
‫שר ָקרָ א מֶ לֶ ך יהוּדָ ה‪ .‬יז ּ ַתחַ ת‬ ‫ל‪-‬דברֵ י הַ ּ ֵספֶ ר‪ ,‬א ֶׁ‬
‫ש ָביו‪--‬אֵ ת ּ ָכ ּ ִ‬
‫הַ ּ ָמקוֹם הַ זֶּה ועַ ל‪ֹ -‬י ׁ‬
‫ש ה ידֵ יהֶ ם;‬ ‫ש ר עזָב ּונִ י‪ ,‬וַי ַק ּט ר ּו לֵ אל ִֹהים אחֵ ִרים‪ ,‬למַ עַ ן הַ כ ִעיסֵ נִ י‪ּ ,‬ב כֹל מַ ע ֵׂ‬ ‫א ֶׁ‬
‫ש ֹלֵ חַ אֶ ת כֶ ם‬ ‫ב ה‪ .‬יח ו אֶ ל‪-‬מֶ לֶ ך י ה ּו דָ ה‪ ,‬הַ ּ ׁ‬ ‫ו ִנ ּצ תָ ה ח מָ ִת י ּ ַב ּ ָמ ק ֹו ם הַ זֶּה‪ ,‬ו ל ֹא ִת כ ּ ֶ‬
‫ש רָ אֵ ל‪ ,‬הַ ּד בָ ִרים‬ ‫ש אֶ ת‪-‬יהוָה‪ּ ,‬כֹה תֹאמר ּו‪ ,‬אֵ לָ יו‪ּ :‬כֹה‪-‬אָ מַ ר יהוָה אל ֹהֵ י ִי ׂ‬ ‫ִלדרֹ ׁ‬
‫שר ּ ִד ּ ַבר ּ ִתי עַ ל‪-‬‬ ‫שר ָׁשמָ ע ּ ָת‪ .‬יט יַעַ ן רַ ך‪-‬ל ָבבךָ ו ּ ִַת ּ ָכנַע ִמ ּפנֵי יהוָה‪ּ ,‬ב ָׁשמעךָ א ֶׁ‬ ‫א ֶׁ‬
‫ת‪-‬ב גָדֶ יךָ ‪ ,‬ו ּ ִַת ב ּ ֶכ ה‬
‫ּ‬ ‫ש ּ ָמ ה ו ִלקלָ לָ ה‪ ,‬ו ּ ִַת קרַ ע אֶ‬ ‫ש בָ יו ִלהי ֹות ל ַׁ‬
‫הַ ּ ָמ ק ֹום הַ זֶּה ועַ ל‪ֹ -‬י ׁ‬
‫יך‪ ,‬ונֶאסַ פ ּ ָת אֶ ל‪-‬‬ ‫לפָ נָי; וגַם אָ נ ִֹכי ָׁשמַ ע ּ ִתי‪ ,‬נאֻ ם‪-‬יהוָה‪ .‬כ לָ כֵ ן ִהננִ י א ִֹספ ָך עַ ל‪-‬אבֹתֶ ָ‬

‫‪324‬‬
TRADUCTION

1 Josias avait huit ans lorsqu’il devint roi et il régna trente et un ans à Jérusalem. Le nom de
sa mère était Yedida, fille d’Adaya, de Boçqath. 2 Il fit ce qui est droit aux yeux du
Seigneur et suivit exactement le chemin de David, son père, sans s’écarter ni à droite ni à
gauche. 3 La dix-huitième année de son règne, le roi Josias envoya le secrétaire Shafân,
fils d’Açalyahou, fils de Meshoullam, à la Maison du Seigneur, en disant : 4 « Monte vers
le grand prêtre Hilqiyahou pour qu’il fasse le total de l’argent apporté à la Maison du
Seigneur et que les gardiens du seuil ont recueilli auprès du peuple. 5 Qu’on le remette entre
les mains des entrepreneurs des travaux, aux responsables de la Maison du Seigneur, afin
qu’ils payent ceux qui, dans la Maison du Seigneur, travaillent à en réparer les
dégradations : 6 les charpentiers, les constructeurs, les maçons, et afin d’acheter des poutres et
des pierres de taille en vue de réparer la Maison. 7 Qu’on ne leur demande pas compte de
l’argent remis entre leurs mains, car ils agissent consciencieusement. » 8 Le grand prêtre
Hilqiyahou dit au secrétaire Shafân : « J’ai trouvé le livre de la Loi dans la Maison du
Seigneur ! » Hilqiyahou remit le livre à Shafân, qui le lut. 9 Le secrétaire Shafân vint trouver
le roi et lui rendit compte en ces termes : « Tes serviteurs ont versé l’argent trouvé dans la
Maison et l’ont remis entre les mains des entrepreneurs des travaux, aux responsables de la
Maison du Seigneur. » 10 Puis le secrétaire Shafân annonça au roi : « Le prêtre Hilqiyahou
m’a remis un livre. » Shafân en fit la lecture devant le roi. 11 Lorsque le roi eut entendu les
paroles du livre de la Loi, il déchira ses vêtements. 12 Puis il donna cet ordre au prêtre
Hilqiyahou, à Ahiqam, fils de Shafân, à Akbor, fils de Mikaya, au secrétaire Shafân ainsi qu’à
Asaya, serviteur du roi : 13 « Allez consulter le Seigneur pour moi, pour le peuple, pour tout
Juda au sujet des paroles de ce livre qui a été trouvé ; car elle est grande, la fureur du
Seigneur qui s’est enflammée contre nous, parce que nos pères n’ont pas écouté les paroles de
ce livre et n’ont pas agi selon tout ce qui y est écrit. » 14 Le prêtre Hilqiyahou, Ahiqam,
Akbor, Shafân et Asaya allèrent trouver la prophétesse Houlda, femme du gardien des
vêtements Shalloum, fils de Tiqwa, fils de Harhas. Elle habitait Jérusalem, dans le nouveau
quartier. Quand ils eurent fini de lui parler, 15 elle leur dit : « Ainsi parle le Seigneur, le Dieu
d’Israël : Dites à l’homme qui vous a envoyés vers moi : 16 “Ainsi parle le Seigneur : Je vais

325
amener un malheur sur ce lieu et ses habitants, accomplissant toutes les paroles du livre que le
roi de Juda a lu. 17 Puisqu’ils m’ont abandonné et qu’ils ont brûlé de l’encens à d’autres
dieux au point de m’offenser par toutes les œuvres de leurs mains, ma fureur s’est enflammée
contre ce lieu et elle ne s’éteindra pas !” 18 Mais au roi de Juda qui vous a envoyés consulter
le Seigneur, vous direz ceci : “Ainsi parle le Seigneur, le Dieu d’Israël : Tu as bien entendu
ces paroles, 19 puisque ton cœur s’est laissé toucher, que tu t’es humilié devant le
Seigneur quand tu as entendu ce que j’ai dit contre ce lieu et ses habitants – ce lieu deviendra
un endroit désolé et maudit –, et puisque tu as déchiré tes vêtements et que tu as pleuré devant
moi ; eh bien, moi aussi j’ai entendu – oracle du Seigneur ; 20 à cause de cela, je vais te réunir
à tes pères ; tu leur seras réuni en paix dans la tombe, et tes yeux ne verront rien du malheur
que je vais amener sur ce lieu.” » Les envoyés rapportèrent la réponse au roi.

326
Texte B10b - Josias (2 Chroniques 34,3-33)

PRÉSENTATION DU TEXTE

Le Chroniste s’est inspiré du Texte B10a (2 R 22,1-20) pour rédiger sa « narration royale »
qu’il a réorganisée à sa convenance68. En modifiant subtilement le récit source, il présente
d’une part Josias comme un roi réformateur dès son plus jeune âge, d’autre part il met l’accent
sur l’importance du Livre et de la monarchie davidique au sein de son idéologie69.
Cette Königsnovelle raconte comment durant la rénovation du Temple ordonnée par Josias,
un prêtre découvre le livre de la Loi dans l’édifice.

THÉMATIQUE DE LA KÖNIGSNOVELLE

Construction et restauration de bâtiments.

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

S.J. DE VRIES, 1 and 2 Chronicles, The Forms of the Old Testament Literature Volume XI,
Grand Rapids, 1989, p. 402-412.

S. JAPHET, I & II Chronicles, Londres, 1993, p. 1015-1037.

R.W. KLEIN, Th. KRÜGER (éds), 2 Chronicles: a Commentary, Minneapolis, 2012, p. 489-
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Y. LEVAIN, The Chronicles of the Kings of Judah: 2 Chronicles 10-36. A New Translation
and Commentary, Bloomsbury, 2017, p. 391-418.

J.M. MEYERS, II Chronicles, New York, 1973, p. 201-204.

F. MICHAELI, Les livres des Chroniques, d’Esdras et de Néhémie, Neuchâtel, 1967, p. 237-
240.

68
. L. ESLINGER, « Josiah and the Torah Book: Comparison of 2 Kgs 22:1-23:28 and 2 Chron. 34:1-35:19 »,
HAR 10, 1986, p. 47-52.
69
. Ibid., p. 60.

327
‫)‪Chroniques 2, 34 (Hébreu‬‬

‫ש‬ ‫שים ואַ ַחת ָׁשנָה‪ ,‬מָ לַ ך ִּביר ּו ָׁש ִ ָלם‪ .‬ב ַו ּי‬
‫‪ַRANSCRIPTION‬עַ‪ׂ T‬‬ ‫ש ּיָה ּו במָ לכוֹ; ּו ׁ‬
‫של ֹ ִ ׁ‬ ‫שמ ֹונֶה ָׁשנִ ים‪ ,‬יֹא ִ ׁ‬
‫א ּ ֶבן‪ׁ -‬‬
‫ש מ ֹאול‪.‬‬ ‫ָמ ין ּו ׂ‬ ‫ש ר‪ּ ,‬ב עֵ י נֵי י ה וָה; וַ ּי ֵלֶ ך ‪ּ ,‬ב דַ ר כֵ י ּ ָ‬
‫ד ִו יד אָ ִב יו‪ ,‬ו ל ֹא‪-‬סָ ר‪ ,‬י ִ‬ ‫הַ ּי ָ ָׁ‬
‫ש לֵ אל ֹהֵ י ּ ָד ִויד אָ ִביו;‬ ‫ש נִ ים למָ לכ ֹו‪ ,‬וה ּוא ע ֹודֶ ּנ ּו נַעַ ר‪ ,‬הֵ חֵ ל‪ִ ,‬לדר ֹו ׁ‬ ‫ש מ ֹונֶה ָׁ‬
‫ג ּו ִב ׁ‬
‫ש ִרים‪,‬‬ ‫שרֵ ה ָׁשנָה‪ ,‬הֵ חֵ ל לטַ הֵ ר אֶ ת‪-‬יהוּדָ ה וִיר ּו ָׁש ִ ַלם‪ִ ,‬מן‪-‬הַ ּ ָבמוֹת והָ א ֵׁ‬‫ש ּ ֵתים עֶ ׂ‬ ‫ו ִּב ׁ‬
‫ש ר‪-‬‬ ‫והַ ּפ ִס ִלים והַ ּ ַמ ּ ֵס כ ֹות‪ .‬ד וַינ ַּת צ ּו לפָ נָיו‪ ,‬אֵ ת ִמז ּב ח ֹות הַ ּב עָ ִלים‪ ,‬והַ חַ ּ ָמ נִ ים א ֶׁ‬
‫ש ּ ַבר והֵ ַדק‪ַ ,‬ו ּיִזרֹק עַ ל‪-‬‬ ‫וה ּ ַמ ּ ֵסכוֹת‪ׁ ִ ,‬‬
‫וה ּפ ִס ִלים ַ‬
‫ש ִרים ַ‬ ‫והא ֵׁ‬
‫למַ עלָ ה מֵ עלֵ יהֶ ם‪ּ ִ ,‬ג ּ ֵדעַ ; ָ‬
‫ש רַ ף‪ ,‬עַ ל‪-‬מזבחותים‬ ‫ּפ נֵי הַ ּק בָ ִר ים‪ ,‬הַ ז ֹּב ִח ים לָ הֶ ם‪ .‬ה ו עַ צ מ ֹו ת‪ּ ,‬כ ֹה ִנ ים‪ָׂ ,‬‬
‫שמעוֹן‪,‬‬
‫ַשה ואֶ פרַ יִם ו ִ ׁ‬
‫ּדה‪ ,‬ואֶ ת‪-‬יר ּו ָׁש ִ ָלם‪ .‬ו וּבעָ רֵ י מנ ּ ֶׁ‬
‫)מז ּבחוֹתָ ם(; וַיטַ הֵ ר אֶ ת‪-‬יהו ָ‬‫ִ‬
‫ַתץ אֶ ת‪-‬הַ ּ ִמז ּבח ֹות‪ ,‬ואֶ ת‪-‬‬ ‫)בחַ רבֹתֵ יהֶ ם(‪ ,‬סָ ִביב‪ .‬ז וַינ ּ ֵ‬ ‫ועַ ד‪-‬נַפ ּ ָת ִלי‪ ,‬בחר בתיהם ּ‬
‫שרָ אֵ ל; ַו ּ ָי ָׁשב‪,‬‬ ‫ש ִרים והַ ּפ ִס ִלים ִּכ ּ ַתת להֵ דַ ק‪ ,‬וכָ ל‪-‬הַ חַ ּ ָמנִ ים ִ ּג ּ ַדע‪ּ ,‬בכָ ל‪-‬אֶ רֶ ץ ִי ׂ‬ ‫הָ א ֵׁ‬
‫שרֵ ה למָ לכוֹ‪ ,‬לטַ הֵ ר הָ אָ רֶ ץ והַ ּ ָב ִית‪ָׁ --‬שלַ ח‬ ‫שמ ֹונֶה עֶ ׂ‬ ‫שנַת ׁ‬ ‫ִליר ּו ָׁש ִ ָלם‪} .‬פ{ ח ו ִּב ׁ‬
‫ב ן‪-‬י ֹו אָ חָ ז הַ ּ ַמ ז ִּכ יר‪,‬‬ ‫ש ר‪-‬הָ ִע יר‪ ,‬ו אֵ ת י ֹו אָ ח ּ ֶ‬ ‫ש יָה ּו ַׂ‬ ‫ב ן‪-‬א צַ ל יָה ּו ו אֶ ת‪-‬מַ ע ֵׂ‬ ‫ש פָ ן ּ ֶ‬ ‫אֶ ת‪ָׁ -‬‬
‫ל‪-‬ח ל ִק ּיָה ּו הַ ּכ ֹהֵ ן הַ ּגָד ֹו ל‪ַ ,‬ו ִּי ּת נ ּו אֶ ת‪-‬‬ ‫ִ‬ ‫ת‪-‬ב ית י הוָה א ל ֹהָ יו‪ .‬ט ַו ּיָ בֹא ּו אֶ‬ ‫ֵּ‬ ‫ל חַ זֵּק‪ ,‬אֶ‬
‫ַשה ואֶ פרַ יִם‬ ‫שֹמרֵ י הַ ּ ַסף ִמ ּיַד מנ ּ ֶׁ‬ ‫שר אָ ספוּ‪-‬הַ ל ִו ּיִם ׁ‬ ‫ּבא בֵ ית‪-‬אל ִֹהים‪ ,‬א ֶׁ‬ ‫הַ ּ ֶכסֶ ף הַ ּמו ָ‬
‫שבוּ(‪ ,‬יר ּו ָׁש ִ ָלם‪ .‬י ַו ִּי ּתנוּ‪,‬‬ ‫שרָ אֵ ל‪ ,‬ו ִּמ ּ ָכל‪-‬יהוּדָ ה ו ִּבני ִָמן; וישבי ) ַו ּ ָי ֻׁ‬ ‫שאֵ ִרית ִי ׂ‬ ‫ו ִּמ ּכֹל ׁ‬
‫עַ ל‪-‬יַד עֹ ֵׂשה ַה ּמלָ אכָ ה‪ַ ,‬ה ּ ֻמפ ָק ִדים‪ּ ,‬בבֵ ית יהוָה; ַו ּי ִּתנ ּו אֹת ֹו ע ֹו ֵׂשי ַה ּמלָ אכָ ה‪ ,‬א ֶׁשר‬
‫ש ים ולַ ּבֹנִ ים‪ִ ,‬לקנ ֹות‬ ‫ש ים ּב בֵ ית יהוָה‪ִ ,‬לב ּד ֹוק ּולחַ זֵּק‪ ,‬הַ ּ ָב ִית‪ .‬יא ַו ִּי ּת נ ּו‪ ,‬לֶ חָ רָ ִ ׁ‬ ‫עֹ ִ ׂ‬
‫ש ִח ית ּו ‪ ,‬מַ ל כֵ י‬ ‫ש ר ִה ׁ‬ ‫אַ ב נֵי מַ ח צֵ ב‪ ,‬ו עֵ ִצ ים לַ מ חַ ּב ר ֹו ת; ּו ל ָק ר ֹו ת‪ ,‬אֶ ת‪-‬הַ ּ ָב ּ ִת ים‪ ,‬א ֶׁ‬
‫ב אמ ּו נָה ּ ַב ּמ לָ אכָ ה‪ ,‬וַע לֵ יהֶ ם מֻ פ ָק ִד ים יַחַ ת‬ ‫ש ים ּ ֶ‬ ‫ש ים עֹ ִ ׂ‬ ‫י ה ּו דָ ה‪} .‬ס{ יב ו הָ א ָנ ִ ׁ‬
‫ַצ חַ ;‬‫ן‪-‬ב נֵי הַ ּק הָ ִת ים‪ ,‬ל נ ּ ֵ‬ ‫ל ם ִמ ּ‬ ‫ש ָּ‬ ‫ן‪-‬ב נֵי מ רָ ִר י‪ּ ,‬ו ז כַ ר יָה ּו מ ֻׁ‬ ‫ו עֹבַ ד יָה ּו הַ ל ִו ִּי ם ִמ ּ‬
‫שה מלָ אכָ ה‪,‬‬ ‫שיר‪ .‬יג ועַ ל הַ ּ ַס ּ ָב ִלים‪ ,‬וּמנ ַּצ ִחים לכֹל עֹ ֵׂ‬ ‫ם‪--‬כל‪-‬מֵ ִבין‪ִּ ,‬בכלֵ י‪ׁ ִ -‬‬ ‫ָּ‬ ‫והַ ל ִו ִּי‬
‫ש ֹו ע ִר ים‪ .‬יד ּו בה ֹו ִצ יאָ ם אֶ ת‪-‬‬ ‫ש ֹט ִר ים ו ׁ‬ ‫לַ ע ב ֹודָ ה‪ ,‬וַע ב ֹודָ ה; ּומֵ הַ ל ִו ִּי ם‪ ,‬ס ֹו פ ִר ים ו ׁ‬
‫ב ית י הוָה‪--‬מָ צָ א ִח ל ִק ּיָה ּו הַ ּכ ֹהֵ ן‪ ,‬אֶ ת‪-‬סֵ פֶ ר ּת ֹו רַ ת‪-‬י הוָה ּב יַד‪-‬‬ ‫הַ ּ ֶכ סֶ ף‪ ,‬הַ ּמ ּו בָ א ּ ֵ‬
‫את י‪ּ ,‬ב בֵ ית‬ ‫ש פָ ן הַ ּס ֹו פֵ ר‪ ,‬סֵ פֶ ר הַ ּת ֹו רָ ה מָ צָ ִ‬ ‫ש ה‪ .‬טו ַו ּיַעַ ן ִחל ִק ּיָה ּו‪ַ ,‬ו ֹּי אמֶ ר אֶ ל‪ָׁ -‬‬ ‫מֹ ֶׁ‬
‫מ לֶ ך‪,‬‬ ‫ש פָ ן אֶ ת‪-‬הַ ּ ֵס פֶ ר אֶ ל‪-‬הַ ּ ֶ‬ ‫ש פָ ן‪ .‬טז ַו ּיָבֵ א ָׁ‬ ‫ת ן ִחל ִק ּיָה ּו אֶ ת‪-‬הַ ּ ֵס פֶ ר‪ ,‬אֶ ל‪ָׁ -‬‬ ‫יהוָה; ַו ִּי ּ ֵ‬
‫ש ים‪.‬‬ ‫ת ן ּב יַד‪-‬ע בָ דֶ יךָ ‪ ,‬הֵ ם עֹ ִ ׂ‬ ‫ש ר‪ִ -‬נ ּ ַ‬ ‫ד בָ ר לֵ אמֹר‪ּ :‬כ ֹל א ֶׁ‬ ‫מ לֶ ך ּ ָ‬ ‫ש ב ע ֹו ד אֶ ת‪-‬הַ ּ ֶ‬ ‫ַו ּיָ ֶׁ‬
‫מ פ ָק ִדים‪ ,‬ועַ ל‪-‬יַד‪,‬‬ ‫יז ַו ּי ּ ִַת יכ ּו‪ ,‬אֶ ת‪-‬הַ ּ ֶכ סֶ ף הַ ִ ּנ מצָ א ּב בֵ ית‪-‬יהוָה; ַו ִּי ּת נ ּוה ּו‪ ,‬עַ ל‪-‬יַד הַ ּ ֻ‬
‫מ לֶ ך לֵ אמֹר‪--‬סֵ פֶ ר נָתַ ן ִל י‪ִ ,‬ח ל ִק ּיָה ּו‬ ‫ש פָ ן הַ ּס ֹו פֵ ר‪ ,‬לַ ּ ֶ‬ ‫ש י הַ ּמ לָ אכָ ה‪ .‬יח ַו ּיַ ּגֵד ָׁ‬ ‫ע ֹו ֵׂ‬
‫שמֹעַ הַ ּ ֶמלֶ ך‪ ,‬אֵ ת ּ ִדברֵ י הַ ּתוֹרָ ה‪--‬‬ ‫הַ ּכֹהֵ ן; ַו ִּיקרָ א‪-‬ב ֹו ָׁשפָ ן‪ִ ,‬לפנֵי הַ ּ ֶמלֶ ך‪ .‬יט וַי ִהי ִּכ ׁ‬
‫יקם ּ ֶבן‪ָׁ -‬שפָ ן ואֶ ת‪-‬עַ ב ּדוֹן‬ ‫ת‪-‬חל ִק ּיָה ּו ואֶ ת‪-‬א ִח ָ‬ ‫ִ‬ ‫ת‪-‬בגָדָ יו‪ .‬כ וַיצַ ו הַ ּ ֶמלֶ ך אֶ‬ ‫ּ‬ ‫ַו ִּיקרַ ע‪ ,‬אֶ‬

‫‪328‬‬
TRADUCTION

3 Dans la huitième année de son règne, alors qu’il était encore un jeune homme, il commença
de rechercher le Dieu de son père David et, dans la douzième année, il commença de
purifier Juda et Jérusalem des hauts lieux, des poteaux sacrés, des idoles sculptées ou
fondues. 4 On démolit en sa présence les autels des Baals ; il abattit les brûle-parfums qui

329
étaient au-dessus, il brisa les poteaux sacrés et les idoles sculptées ou fondues ; il les réduisit
en miettes, qu’il dispersa sur les tombes de ceux qui leur avaient offert des sacrifices ; 5 il
brûla les ossements des prêtres sur leurs autels. Il purifia ainsi Juda et Jérusalem. 6 Dans les
villes de Manassé, d’Ephraïm, de Siméon et même de Nephtali, et dans les territoires
avoisinants, 7 il démolit les autels, il coupa les poteaux sacrés et les idoles pour les réduire en
miettes, il abattit tous les brûle-parfums dans tout le pays d’Israël. Puis il revint à Jérusalem.
8 Dans la dix-huitième année de son règne, après la purification du pays et de la Maison,
Josias envoya Shafân fils d’Açalyahou, le chef de la ville Maaséyahou et le chancelier Yoah
fils de Yoahaz, pour réparer la Maison du Seigneur son Dieu. 9 Ceux-ci vinrent trouver le
grand prêtre Hilqiyahou et lui donnèrent l’argent apporté à la Maison de Dieu, que les lévites
gardiens du seuil avaient recueilli de la main de Manassé, d’Ephraïm, de tout le reste d’Israël,
de tout Juda et Benjamin et des habitants de Jérusalem. 10 Et ils le remirent entre les mains de
ceux qui faisaient le travail, qui étaient responsables de la Maison du Seigneur ; ceux-ci, qui
travaillaient dans la Maison du Seigneur, l’employèrent à réparer et restaurer cette
Maison. 11 Ainsi ils le remirent aux charpentiers et aux maçons pour acheter des pierres de
taille et du bois de charpente et pour étayer les bâtiments que les rois de Juda avaient laissés
se détériorer. 12 Les hommes travaillaient consciencieusement à leur tâche ; au-dessus d’eux,
les lévites Yahath et Ovadyahou, des fils de Merari, et Zekarya et Meshoullam, des fils de
Qehath, étaient chargés de la direction. Les lévites, tous habiles à jouer des instruments de
musique, 13 commandaient les porteurs et dirigeaient tous les ouvriers, chacun selon sa
profession. Parmi les lévites, d’autres étaient secrétaires, scribes ou portiers. 14 Pendant qu’on
employait l’argent apporté à la Maison du Seigneur, le prêtre Hilqiyahou trouva le livre de la
Loi du Seigneur donnée par Moïse. 15 Hilqiyahou s’adressa au secrétaire Shafân pour lui
dire : « J’ai trouvé le livre de la Loi dans la Maison du Seigneur. » Hilqiyahou remit le livre à
Shafân. 16 Celui-ci apporta le livre au roi et en outre il lui rendit compte en ces termes :
« Tout ce qui a été confié à tes serviteurs, ils sont en train de le faire : 17 Ils ont versé l’argent
trouvé dans la Maison du Seigneur et ils l’ont remis entre les mains des responsables et de
ceux qui faisaient le travail. » 18 Puis, le secrétaire Shafân annonça au roi : « Le prêtre
Hilqiyahou m’a remis un livre. » Shafân en fit lecture devant le roi. 19 Lorsque le roi eut
entendu les paroles de la Loi, il déchira ses vêtements, 20 puis il donna cet ordre à
Hilqiyahou, à Ahiqam, fils de Shafân, à Avdôn, fils de Mika, au secrétaire Shafân ainsi qu’à
Asaya, serviteur du roi : 21 « Allez consulter le Seigneur pour moi et pour le reste d’Israël et
de Juda au sujet des paroles du livre qui a été trouvé ; car elle est grande, la fureur du
Seigneur qui s’est déversée sur nous, parce que nos pères n’ont pas observé la parole du

330
Seigneur et n’ont pas agi selon tout ce qui est écrit dans ce livre. » 22 Hilqiyahou et ceux
qu’avait désignés le roi allèrent chez la prophétesse Houlda, femme du gardien des vêtements
Shalloum, fils de Toqhath, fils de Hasra. Elle habitait Jérusalem, dans le nouveau quartier. Ils
lui parlèrent comme convenu 23 et elle leur dit : « Ainsi parle le Seigneur, Dieu d’Israël !
Dites à l’homme qui vous a envoyés vers moi : 24 Ainsi parle le Seigneur : Je vais faire venir
un malheur sur ce lieu et ses habitants, accomplissant toutes les malédictions inscrites dans le
livre qu’on a lu devant le roi de Juda. 25 Puisqu’ils m’ont abandonné et qu’ils ont brûlé de
l’encens à d’autres dieux, au point de m’offenser par toutes les œuvres de leurs mains, ma
fureur se déversera sur ce lieu et elle ne s’éteindra pas. 26 Mais au roi de Juda qui vous envoie
consulter le Seigneur, vous direz ceci : Ainsi parle le Seigneur, le Dieu d’Israël : Tu as bien
entendu ces paroles, 27 puisque ton cœur s’est laissé toucher, que tu t’es humilié devant Dieu
quand tu as entendu ses paroles contre ce lieu et contre ses habitants, que tu t’es humilié
devant moi, que tu as déchiré tes vêtements et que tu as pleuré devant moi ; eh bien, moi aussi
j’ai entendu – oracle du Seigneur. 28 Voici que je vais te réunir à tes pères ; tu leur seras réuni
en paix dans la tombe. Tes yeux ne verront rien du malheur que je vais faire venir sur ce lieu
et sur ses habitants. » Les envoyés rapportèrent la réponse au roi. 29 Le roi envoya dire à tous
les anciens de Juda et de Jérusalem de se réunir. 30 Puis il monta à la Maison du Seigneur,
avec tous les hommes de Juda, les habitants de Jérusalem, les prêtres, les lévites et tout le
peuple, du plus grand au plus petit. Il leur fit à haute voix la lecture de toutes les paroles du
livre de l’alliance trouvé dans la Maison du Seigneur. 31 Debout à sa place, le roi conclut
devant le Seigneur l’alliance qui oblige à suivre le Seigneur, à garder de tout son cœur et de
toute son âme ses commandements, ses exigences et ses lois, en pratiquant les paroles de
l’alliance qui sont écrites dans ce livre. 32 Il fit s’engager tous ceux qui se trouvaient à
Jérusalem et en Benjamin, aussi les habitants de Jérusalem agirent-ils selon l’alliance de Dieu,
le Dieu de leurs pères. 33 Puis Josias supprima toutes les abominations dans tous les pays
appartenant aux fils d’Israël et il obligea tous ceux qui se trouvaient en Israël à servir le
Seigneur leur Dieu. Pendant toute sa vie, ils ne se détournèrent pas du Seigneur, le Dieu de
leurs pères.

331
DEUXIÈME PARTIE : THÉMATIQUES ET MOTIFS NARRATIFS
CHAPITRE 1. THÉMATIQUES DES KÖNIGSNOVELLEN ÉGYPTIENNES

1) Roi pieux1 et ingénieux

a. Activités de construction et de restauration

§ 73. C’est l’une des thématiques les plus répandues dans les Königsnovellen étudiées2.
Elle concerne sept « narrations royales » (Textes A5, A7, A9, A11, A14, A23, A24) qui
s’échelonnent sur une longue période : le premier récit en question date de la XIIe dynastie et
concerne Sésostris Ier (Texte A5), quant au dernier il remonte au règne de Taharqa c’est-à-dire
à la XXVe dynastie (Texte A24).

§ 74. Les érections et restaurations de monuments sont des actes royaux habituels en
Égypte ainsi qu’au Proche-Orient ancien et ce pour plusieurs raisons. Premièrement, il s’agit
de mettre en exergue la relation privilégiée qui existe entre le souverain et les divinités. Les
monarques se vantent alors fréquemment de leurs constructions et par la même occasion du
service rendu aux dieux3. Ensuite, c’était un moyen de se distinguer des pharaons précédents
soit en ajoutant des monuments dans le paysage nilotique soit en restaurant ou en agrandissant
des édifices déjà existant4. Cette responsabilité qui incombe aux rois antiques est toutefois
présentée dans les sources écrites différemment selon la zone géographique dans laquelle ils
officient. Effectivement, alors que les pharaons semblent assurés et sereins concernant leur
volonté de construction, les souverains proche-orientaux semblent moins insouciants et plus
craintifs car accablés face à la difficulté de la tâche qui s’impose à eux5.

§ 75. L’approbation divine est l’une des conditions sine qua non de la réalisation du projet.
Permettant de légitimer l’acte royal, c’est également une manière d’obtenir en retour une
faveur de la divinité qui a approuvé le projet. Les rois égyptiens ne se voient opposer aucun
refus et si c’est le cas ils n’en font pas mention dans leurs inscriptions, contrairement aux rois
mésopotamiens qui peuvent essuyer un rejet public. Cela peut expliquer en partie le
comportement soucieux qu’ils peuvent avoir face à leurs projets de construction qui sont

1
. Ce qualificatif est emprunté à N. Grimal (Les termes de la propagande royale égyptienne, p. 529-531).
2
. S. GRALLERT, op. cit., p. 110.
3
. H. FRANKFORT, Kingship and the Gods: a study of ancient Near Eastern religion as the integration of society
and nature, Chicago, 1962, p. 267.
4
. P. VERNUS, Essai sur la conscience de l’histoire dans l’Égypte pharaoniques, BEHE 332, 1995, p. 102-107.
5
. H. FRANKFORT, op. cit., p. 267-269.

332
parfois contestés 6 . Ces situations infructueuses rappellent d’ailleurs la Königsnovelle de
David dans laquelle Dieu refuse qu’il lui bâtisse son temple. Ce point sera détaillé par la
suite7.

§ 76. La construction ou la restauration de bâtiments en Égypte fait donc partie du « cahier


des charges » pharaonique. Il est nécessaire pour le roi de remplir ses devoirs religieux,
l’érection de temples ou de sanctuaires en faisait partie8. Comme le dit justement S. Cauville :
« Construire un temple consiste à enfermer une parcelle du divin sur la terre des vivants »9.
Dans le « Rouleau de cuir » de Berlin (Texte A5), Sésostris Ier décide donc de bâtir un temple
pour le dieu Horakhty. La scène se déroule en plusieurs étapes significatives qui devaient se
réitérer lors de circonstances semblables10. Ce premier récit met principalement l’accent sur
l’aspect ritualisé de la fondation d’un temple. En effet, à la fin du texte, après que pharaon a
fait valider son projet par ses courtisans et donné ses ordres aux personnels qualifiés, la
« narration royale » se conclut en indiquant que Sésostris Ier se trouve en présence d’un prêtre
lecteur en chef, soulignant le caractère religieux de l’entreprise. Face à la population venue
assister à l’événement, le roi qui est apparu avec sa couronne, tend le cordeau durant la
cérémonie de fondation du temple. De multiples étapes complémentaires sont connues grâce à
d’autres inscriptions, cependant étant donné la fin lacunaire du récit, seule celle-ci se trouve
mentionnée11.

§ 77. Le désir de bâtir un nouvel édifice peut également être lié à l’envie de perpétuer la
mémoire d’un ancêtre vénérable (Texte A9) ou bien de se positionner dans le sillage d’un
illustre prédécesseur (Texte A11). Dans sa Königsnovelle, Âhmosis exprime le vœu d’ériger
une tombe et un cénotaphe en l’honneur de sa grand-mère Tétichéri décédée. L’amour que lui
portait le roi est signifié expressément : « Sa Majesté fit cela tant il l’aimait plus que toutes
choses » rendant unique la distinction dont bénéficie la reine12. Cette « narration royale »
souligne particulièrement la fonction de l’épouse royale Âhmès-Néfertari qui tient dans ce

6
. Ibid., p. 269.
7
. V.A. HUROWITZ, I Have Built You an Exalted House: Temple Building in the Bible in Light of Mesopotamian
and Northwest Semitic Writings, JSOTSup 115, 1992, p. 164.
8
. Chr. ZIVIE, op. cit., p. 268.
9
. S. CAUVILLE, L’offrande aux dieux dans le temple égyptien, Louvain/Paris, 2011, p. 5.
10
. M. LICHTHEIM, Ancient Egyptian Literature Vol 1, p. 115 ; Ibid., p. 263-274.
11
. R. GUNDLACH, « The Berlin Leather Roll (pBerlin 3029): ritual and royal ideology », dans R. Gundlach,
K. Spence (éds), Palace and temple: architecture - decoration - ritual. 5. Symposium zur ägyptischen
Königsideologie / 5th symposium on Egyptian royal ideology. Cambridge, July, 16th-17th, 2007, KSG 4/2,
2011, p. 106.
12
. A. KLUG, op. cit., p. 18-20.

333
récit le rôle de conseiller du roi. C’est elle qui discute personnellement avec ce dernier et émet
ses avis personnels. Que ce soit à travers la personne de Tétichéri ou d’Âhmès-Néfertari, cette
Königsnovelle met en avant la place privilégiée qu’occupent les reines au début du Nouvel
Empire13.

§ 78. Le récit suivant concerne d’ailleurs la reine Hatchepsout (Texte A11) qui sous l’ordre
de son père divin Amon fait ériger des obélisques monumentaux à Karnak. Tout au long de
son règne, Hatchepsout rappelle qu’elle est la fille bien-aimée du vénérable Thoutmosis Ier, il
est alors surprenant aux premiers abords de constater que la reine fait détruire partiellement la
Iounyt mise en place par son père afin d’ériger sa paire d’obélisques14. Il est cependant
possible de comprendre cette réalisation comme étant le prolongement de l’œuvre de son
père, elle désire probablement lier son nom au sien15. Cette salle majestueuse, construite entre
le quatrième et le cinquième pylône, était une salle d’intronisation dans laquelle le roi recevait
ses couronnes. En établissant ses obélisques en ce lieu, Hatchepsout affirme sa position de
pharaon intronisé tout comme l’a été son père16. La reine défend donc la nécessité de la
destruction d’une partie de la Iounyt par l’ordre divin qu’elle a reçu d’Amon17, elle ne fait
qu’obéir aux souhaits de la divinité et apparaît donc comme l’instrument de sa volonté18. À
travers ses nombreuses édifications, Hatchepsout manifeste le lien fort l’unissant à Amon car
c’est ce dernier qui l’a autorisée à élever autant de monuments en lui fournissant les capacités
requises d’un pharaon bâtisseur19. Plus l’ouvrage est imposant, plus l’approbation du dieu est
importante ; c’est pourquoi, bien qu’il soit plus symbolique que pratique, l’obélisque colossal
recouvert d’or et d’électrum participe à la justification divine et la postérité de la reine20.

§ 79. Le souverain égyptien se doit également de restaurer les réalisations passées.


Thoutmosis IV, alors qu’il n’est qu’un prince, se promène dans le désert à proximité du
sphinx de Gîza (Texte A14). À travers un songe, le dieu Harmachis lui exprime sa volonté
d’être désensablé lui promettant ainsi la royauté. Par ce rêve le roi s’assure l’approbation
divine afin de débuter cette tâche. Thoutmosis IV fait également ériger un mur de briques

13
. Ibid., p. 20-21.
14
. J.-Fr. CARLOTTI, L. GABOLDE, « Nouvelles données sur la Ouadjyt », Karnak 11, 2003, p. 290.
15
. S. RATIÉ, op. cit., p. 206.
16
. Ibid., p. 209.
17
. L. GABOLDE, « Hatshepsut at Karnak: A Woman under God’s Commands », dans J.M. Galán, B.M. Bryan,
P.F. Dorman (éds), Creativity and Innovation in the Reign of Hatshepsut, SAOC 69, 2014, p. 39.
18
. Ibid., p. 35.
19
. Ibid., p. 45.
20
. Ibid., p. 48.

334
autour du sphinx pour le protéger des sables environnants. Une brique estampillée a été
retrouvée à proximité par des fouilleurs21 démontrant ainsi que cette Königsnovelle n’est pas
un simple récit littéraire censé justifier l’intronisation du pharaon mais bien une inscription
rapportant un fait historique.

§ 80. Durant la Basse Époque, le vecteur de légitimation favori des rois passe par la
restauration et la construction de monuments 22 . La « narration royale » de Smendès
(Texte A23), bien que très lacunaire, raconte la destruction partielle d’un temple du fait de la
force exceptionnelle d’une crue. Le pharaon réagit immédiatement à la catastrophe en y
envoyant trois mille de ses hommes pour réparer les dégâts. Ce récit permet surtout d’en
apprendre davantage sur la fonction du roi durant les travaux de rénovations à cette époque : il
n’est pas seulement l’instigateur du projet mais bien son superviseur. La « narration royale »
raconte en effet que le souverain se rend en personne sur le chantier ; il peut de ce fait en
surveiller l’avancement23.

§ 81. Enfin, il reste à mentionner la « narration royale » de Taharqa (Texte A24). Tout
comme le récit de Thoutmosis IV (Texte A14), cette Königsnovelle se détache quelque peu
des précédentes étant donné que l’action débute alors que le roi n’est qu’un prince.
Effectivement, le texte rapporte que le pharaon constate l’état de délabrement du temple
d’Amon de Gématon alors qu’il navigue parmi les hommes du roi Chabaka. Une description
précise du bâtiment est alors révélée afin d’exposer ses faiblesses, la fragilité de ses briques
crues ainsi que son état d’ensablement. Une fois intronisé, Taharqa envoie donc son armée et
ses meilleurs artisans afin qu’ils remettent en état l’édifice religieux. Une fois restauré, le
temple est de nouveau décrit, cette fois-ci avec des matériaux nobles : calcaire, or et argent.
Cette double description met en avant la relation privilégiée existant entre Taharqa et Amon-
Rê, chacun œuvrant pour les bienfaits de l’autre24. L’esquisse de ce temple une fois restaurée
rappelle celle du Temple de Jérusalem pour laquelle les matériaux les plus exceptionnels sont
notifiés25.

21
. Chr. ZIVIE, op. cit., p. 269.
22
. A. LOPRIENO, « Le Pharaon reconstruit. La figure du roi dans la littérature égyptienne au Ier millénaire avant
J.-C. », BSFE 142, 1998, p. 20.
23
. A. CABROL, op. cit., p. 642-643.
24
. H PERDRIAUD, « L’an VI de Taharqa, l’année des “merveilles” », ENiM 12, 2019, p. 285.
25
. P. BORDEUIL, F. BRIQUEL CHATONNET, Le temps de la Bible, Paris, 2000, p. 235.

335
§ 82. L’étude de ces sept Königsnovellen se rapportant à cette même thématique permet de
démontrer que les mêmes critères de royauté sont visibles très tôt dans l’histoire égyptienne et
se poursuivent encore sur plusieurs siècles. L’un des rôles majeurs de pharaon est de
construire et de restaurer tous les temples tombés en ruine, s’accordant ainsi les faveurs des
dieux mais également une postérité sans égale visible encore aujourd’hui26. Toutefois, les
souverains ne sont pas les seuls à se préoccuper de l’architecture du pays, en effet il est
important pour les particuliers de bénéficier d’une belle tombe dès l’Ancien Empire27. Enfin,
une stèle28 à caractère privé et semblable à la composition d’une « narration royale » a été
retrouvée. L’inscription raconte qu’un prêtre a fait restaurer une stèle en plein désert et l’a
entourée d’une clôture pour la protéger et réorganiser son culte autour. Comme tous les
pharaons, il reçoit une rétribution en retour de son acte pieux, dans ce cas-ci une ration
d’offrande fixe29.

b. Rétablissement et création de nouvelles offrandes

§ 83. Cette thématique de « narration royale » égyptienne n’est pas fréquente et concerne
seulement deux récits, ceux de Néferhotep Ier (Texte A6) et de Djoser (Texte A30). La
création de nouvelles offrandes, devoir religieux essentiel du roi, démontre sa capacité à être
le parfait intermédiaire entre les mondes divin et humain. La construction et la rénovation de
monuments pour les pratiques rituelles sont donc des actes nécessaires dans le règne d’un
pharaon, tels que l’érection d’un temple, la création de statues, l’approvisionnement en
matériaux précieux ainsi que la dotation de dons et de revenus pour le lieu de culte. Les
offrandes sont de nature multiple : purification, boissons, nourritures, plantes, vêtements,
matériaux précieux, parures et rites en tout genre30.

§ 84. Le Texte A6 traite de la fabrication de la statue de culte du dieu Osiris. La


Königsnovelle raconte qu’afin de découvrir sa véritable forme, le roi effectue des recherches
dans les archives du temple d’Abydos. Cette longue description est suivie de sa participation à
la fête d’Osiris ainsi que de ses implications personnelles dans les diverses tâches cultuelles31.

26
. R. GOZZOLI, The writing of history in ancient Egypt during the first millennium BC (ca.1070 - 180 BC):
Trends and perspectives, Egyptology 5, 2006, p. 24.
27
. N. KLOTH, Die (auto-)biographischen Inschriften des ägyptischen Alten Reiches: Untersuchungen zu
Phraseologie und Entwicklung, SAK 8, 2001, p. 184.
28
. Stèle UCL 14496 (H.K. JACQUET-GORDON, loc. cit.).
29
. S. GRALLERT, op. cit., p. 113.
30
. S. CAUVILLE, op. cit., p. 22-245.
31
. H. NEALE, op. cit., p. 17.

336
La particularité de ce texte réside dans la volonté du pharaon de redécouvrir des
connaissances oubliées32. C’est par cet acte qu’il prouve son intention de satisfaire les dieux
en analysant les éléments caractéristiques de la Première Fois, bien que le récit rappelle par la
suite que cette aspiration aux connaissances passées a été induite au départ à Néferhotep Ier
par Osiris. Le roi supervise alors toutes les étapes de la fabrication de la statue et notifie ce
qu’il a accompli pour le dieu et les récompenses qu’il doit recevoir en retour (prospérité,
longue vie, protection...)33.

§ 85. Dans le Texte A30, l’action qui se déroule est différente car Djoser se doit d’agir
parce que l’Égypte souffre. Subissant la famine, le Double-Pays se meurt, le roi apprend alors
que la crue est gérée par le dieu Khnoum-Rê qui préside en Nubie. Il fait donc faire des
purifications et des processions ainsi que des offrandes pour les divinités d’Éléphantine. Au
cours d’un rêve, Khnoum, en réponse aux nombreuses supplications du monarque, vient
l’informer qu’il rétablira l’inondation pour toujours. À ce moment le roi se réveille et en
remerciement au dieu, lui accorde une grande liste de présents sous forme d’un décret : terres
de plusieurs itérou, prélèvement de taxes, animaux, pierres précieuses et matériaux en tout
genre, plantes et aliments34. Dès l’Ancien Empire des famines touchent le Double-Pays, ainsi
l’un des rôles majeurs de pharaon est de protéger son peuple de la disette35. Dans la « Stèle de
la Famine », la mise en place d’offrandes est primordiale : Djoser installe des offrandes afin
de faire venir le dieu, ceci apparaît donc comme un moyen d’entrer en contact avec lui. Une
fois que Khnoum exauce les demandes du souverain, ce dernier pour lui rendre grâces lui fait
de nouveau des offrandes, cette fois-ci de manière plus conséquente et durable.

§ 86. Ces deux « narrations royales » (Textes A6, A30), qui ont pour thématique la
création et le renouvellement d’offrandes, permettent de mettre en exergue les actions que
doit accomplir un bon roi. Le bon déroulement de ceci passe tout d’abord par la relation
privilégiée qui existe entre pharaon et la divinité. Dans le Texte A6, Osiris et Néferhotep Ier
s’entraident mutuellement36, quant à Djoser le dieu Khnoum est venu lui rendre visite dans
son rêve. Les devoirs religieux du roi sont multiples, il doit entretenir les temples et les
pourvoir des meilleurs matériaux, créer des statues, veiller au bon déroulement des fêtes

32
. Ibid., p. 27-28.
33
. Ibid., p. 91.
34
. L. TÖRÖK, « Sehel, Famine Stela », p. 612.
35
. R.B. GOZZOLI, op. cit., p. 261.
36
. H. NEALE, op. cit., p. 96.

337
rituels et des sacrifices. En effectuant ces actes, le roi préserve le culte et par la même
occasion entretient la maât37. En effet, ces offrandes permettent au peuple de bénéficier du
soutien des dieux car en récompense à ces cadeaux, ils accordent à l’Égypte la prospérité38.
En remplissant ses obligations envers les divinités, le monarque satisfait pleinement son rôle
divin d’Horus envers son père Osiris39. Pour toutes ces raisons, la mise en place de nouvelles
offrandes n’est pas rare dans les textes égyptiens, plutôt systématique au contraire. Elles
peuvent provenir de cadeaux de la part de populations étrangères, de butins de guerre ou tout
simplement de taxes imposées à la population. Quand il ne s’agit pas du but premier du récit,
ces dons se présentent généralement à la fin du texte afin de bénir la divinité pour
l’accomplissement d’une action précise (la victoire d’une bataille, la conquête d’un territoire
ou encore la découverte de nouvelles terres). Toutefois, il apparaît plus rarement qu’un récit
traite uniquement de ce sujet, c’est pourquoi la mise en place de nouvelles offrandes
caractérise seulement quelques Königsnovellen.

2) Roi guerrier et conquérant

a) Rébellions et répression des révoltes

§ 87. La thématique des rébellions est celle qui se trouve être la plus développée dans les
Königsnovellen égyptiennes car elle concerne onze récits (Textes A10, A13, A15, A16a,
A16b, A17, A22, A27a, A27b, A27c, A28) s’échelonnant du Nouvel Empire à la Basse
Époque. Ces actes de révoltes sont associés à des forces maléfiques, appartenant au monde
organisé, qui tentent de rompre l’équilibre. Ils ne sont donc pas opposés à l’ordre en tant que
chaos pur et simple et ne sont jamais qualifiés par le terme jsf.t40. Ces ennemis politiques et
religieux, défiant l’harmonie divine, incarnent l’anarchie capable de troubler le Double-
Pays41. Les déplacements à l’étranger décrétés par le souverain peuvent donc être de nature
économique mais également militaire pour conquérir de nouvelles terres ou pour ramener le
calme au sein de tribus révoltées 42. Ces adversaires, considérés par l’armée égyptienne
comme des êtres inférieurs43, se rebellent contre l’autorité de pharaon et s’opposent donc au

37
. Ibid., p. 90.
38
. Ibid., p. 92.
39
. Ibid., p. 81.
40
. N. GRIMAL, Les termes de la propagande royale égyptienne, p. 649.
41
. P. LUNDH, Actor and event: Military activity in ancient Egyptian narrative texts from Thutmosis II to
Merenptah, Uppsala Studies in Egyptology 2, 2002, p. 21.
42
. D. VALBELLE, Les neuf arcs, p. 66.
43
. M. LIVERANI, Prestige and Interest: International Relations in the Near East ca. 1600-1100 B.C, HANE
Studies 1, 1990, p. 126.

338
don de vie qu’il octroie à chaque être vivant44. Cette transgression de l’ordre établi, passible
de mort, engendre alors de vives représailles de la part du roi 45 rappelant la relation
continuelle qui oppose Rê aux forces du mal46.

§ 88. L’un des points essentiels de ces récits militaires de révoltes concerne le
déclenchement de l’action. Les récits égyptiens présentent systématiquement les actes de
rébellions comme étant provoqués par l’ennemi, soit par une agression ouverte soit par un
refus de la suzeraineté égyptienne47. Cet adversaire est par conséquent au départ l’acteur
principal de l’action car c’est lui-même qui l’engendre48. Deux cas de figures se posent : la
rébellion est désignée c’est-à-dire qu’elle est marquée par un acte spécifique (lieux,
personnages...) ou bien elle est latente à savoir que la situation politique et idéologique dans
laquelle pharaon est calomnié, existait déjà auparavant et qu’aucun événement précis
n’engendre la colère du souverain. Comme l’indique justement P. Lundh, que l’insurrection
soit désignée ou latente importe peu car le pharaon doit agir dans les deux cas49, les rebelles
doivent être alors soumis ou exterminés50. Les onze « narrations royales » égyptiennes ayant
pour thématique une rébellion correspondent à des révoltes directes et la majorité de celles-ci
sont caractérisées par l’utilisation de l’expression jw⸗tw r ḏd « on vient dire à » (Textes A10,
A15, A16a, A17, A22, A27b, A27c, A28)51. Il est utile de préciser toutefois que l’on retrouve
cette expression dans des récits sans rapport avec la thématique étudiée, telles que la « Stèle
de Bentrech » (Texte A29) ou encore la stèle de Kouban (Texte A19). À l’inverse, les
Königsnovellen de rébellion ne comportent pas toutes cette formulation particulière
(Textes A13, A16b, A27a)52. Cet outil littéraire permet au scribe de faire débuter l’action sans
détours, la plupart du temps un messager vient informer le roi qu’une rébellion s’organise.
Généralement, il s’agissait de révoltes nubiennes (Textes A10, A15, A16a, A16b, A27a,

44
. N. GRIMAL, Les termes de la propagande royale égyptienne, p. 652.
45
. Ibid., p. 647.
46
. Ibid., p. 651.
47
. M. LIVERANI, op. cit., p. 127.
48
. P. LUNDH, op. cit., p. 23. Voir également B. MATHIEU, « Du conflit archaïque au mythe osirien. Pour une
lecture socio-politique du mythe dans l’Égypte pharaonique », dans B. Menu (dir.), Le juste et le sacré : les
territoires de la faute dans l’Égypte ancienne, en Mésopotamie et dans la Bible, Droit et Cultures 71/1, 2016,
p. 85-117.
49
. P. LUNDH, loc. cit.
50
. M. LIVERANI, loc. cit.
51
. Ibid., p. 128.
52
. P. LUNDH, op. cit., p. 29-30.

339
A27b, A27c) mais d’autres populations pouvaient être mentionnées selon les contextes et la
période en question (Textes A13, A17, A22, A28)53.

§ 89. Une fois le pharaon informé du sacrilège, la sanction divine est immédiate, le roi
devient à son tour l’acteur principal de l’action54. Il prononce un châtiment pouvant prendre la
forme d’un serment puis il expose à ses généraux ses objectifs et sa stratégie afin d’anéantir
les rebelles. L’expédition s’organise donc, le roi peut ou non y prendre part tandis que son
pouvoir-baou guide ses troupes (Textes A10, A13, A17, A20) 55. Tout comme l’explique
M. Liverani, il existe trois méthodes permettant d’étouffer la rébellion, selon le niveau de
dangerosité pressenti. Premièrement, face à une menace considérable il peut être question de
destruction totale de l’ennemi. L’ordre établi est tellement menacé qu’il est préférable de
détruire à jamais les séditieux en les tuant plutôt qu’en les emprisonnant56. Cette destruction
totale passe par le massacre des adversaires (Textes A13, A15, A16a, A17, A22, A27a, A27b,
A28), par la mise à mort des mâles de la tribu (Texte A10) ainsi que par le découpage de leurs
phallus et de leurs prépuces (Texte A22) annihilant de la sorte leurs capacités reproductives.
Un autre geste fort consiste en l’exécution définitive du chef et des princes de la révolte
(Textes A16a, A27b, A28). Les rebelles disparaissent donc de la surface de la terre comme
s’ils n’avaient jamais existé57. La deuxième solution consiste en une prise importante de
prisonniers (par exemple 4200 hommes pour Psammétique II dans le Texte A27c). Ces
derniers doivent se soumettre au roi triomphant qui leur offre ensuite de nouveau le don de
vie58. Ces captifs font partie du butin rapporté par les soldats égyptiens dans le Double-Pays
(Textes A10, A13, A16b, A22, A27a, A27b, A28)59. Enfin, la dernière possibilité attestée
dans certains récits égyptiens est la fuite de l’ennemi. En effet, en s’échappant celui-ci
disparaît du monde connu égyptien, il renonce donc à défier le pouvoir de pharaon.
Cependant, il ne reste pas impuni car son châtiment divin adviendra plus tardivement et ce
sous différentes formes60. C’est la situation qui se déroule dans la « narration royale » de
Mérenptah (Texte A22), son adversaire nommé Mârouy est parvenu à s’enfuir mais il est
abattu par les divinités égyptiennes. Battre en retraite n’est pas une option, l’ennemi finit
nécessairement mort ou soumis.
53
. N. GRIMAL, Les termes de la propagande royale égyptienne, p. 657.
54
. P. LUNDH, op. cit., p. 23.
55
. Ibid., p. 25.
56
. M. LIVERANI, op. cit., p. 129.
57
. Ibid., p. 129-130.
58
. P. LUNDH, op. cit., p. 26.
59
. N. GRIMAL, Les termes de la propagande royale égyptienne, p. 679-682.
60
. M. LIVERANI, op. cit., p. 130.

340
§ 90. La défaite publique des ennemis conclut avec brio les représailles victorieuses du
souverain 61 . Il est courant que les vaincus apportent au roi des présents en signe de
soumission62. L’idéologie égyptienne impose à pharaon de montrer à son peuple ainsi qu’aux
divinités qu’il est capable de mener à bien une expédition militaire visant à détruire des forces
rebelles63. La représentation du roi brandissant sa massue au-dessus des ennemis fait donc
partie intégrante de l’idéologie pharaonique durant plusieurs millénaires64. Qu’elle soit réelle
ou fictive, le monarque doit semble-t-il au début de son règne engager une expédition
militaire afin de réaliser et d’actualiser le dessein royal tout en prouvant aux yeux de tous sa
valeur face à des populations révoltées65.

b) Conquêtes militaires

§ 91. Cette thématique se rapporte à quatre « narrations royales » relatives à


Montouhotep II (Texte A4), Kamosis (Texte A8), Ramsès II (Texte A20) et Tanoutamon
(Texte A25). Les conquêtes militaires sont fréquentes car elles permettent aux pharaons de
s’emparer de nouvelles terres et de nouvelles richesses 66 . Dans la pensée égyptienne,
l’organisation du monde n’est pas immobile bien que ses principes globaux soient fixes. En
effet, il reste à explorer une partie de l’univers, le rôle du souverain est donc de s’approprier
et d’organiser cette zone d’expansion. Il peut alors s’agir soit de régions se trouvant hors du
territoire égyptien soit de terres qui se situaient auparavant dans le Double-Pays. Par exemple,
comme l’explique P. Vernus, les variations du cours du Nil au fil des inondations ont fait
apparaître de nouvelles parcelles qu’il fallait ajouter aux registres des propriétés
égyptiennes 67 . D’ailleurs dès le Ve millénaire, les communautés vivant dans le désert
entreprennent la conquête de la vallée du Nil. Dans ce cas la force militaire n’est pas
nécessairement obligatoire68.

61
. P. LUNDH, loc. cit.
62
. N. GRIMAL, Les termes de la propagande royale égyptienne, p. 679.
63
. M. LIVERANI, op. cit., p. 132.
64
. P. LUNDH, op. cit., p. 22.
65
. M. LIVERANI, loc. cit.
66
. B. KASPARIAN, « Voies maritimes et diplomatiques du commerce international dans l’Égypte ancienne »,
dans Ph. Sturmel (éd.), Droit international. Les échanges maritimes et commerciaux de l’Antiquité à nos
jours. Actes du colloque de La Rochelle - 27 et 28 septembre 2012. Volume 1, Méditerranées, Paris, 2014,
p. 22.
67
. P. VERNUS, op. cit., p. 110.
68
. A. PÉREZ LARGACHA, « El triunfo militar en el antiguo Egipto como manifestación de poder y su función
cultural », dans B. Antela et al. (éds.), Memoria del conflicto en la Antigüedad, Zaragoza, 2017, p. 27.

341
§ 92. Dans l’idéologie égyptienne, le triomphe militaire du roi passe par les conquêtes qu’il
entreprend et les succès militaires qu’il remporte. Le topos de « l’élargissement des
frontières » participe donc activement à la légitimation royale 69 . La conquête de
l’environnement par les armes70 se rencontre dans les quatre Königsnovellen citées. Dans ces
quatre cas la situation et les ennemis sont différents. Le Texte A4 traite de la volonté de
Montouhotep II d’agrandir et de protéger Thèbes. Cette augmentation du pouvoir économique
passe par la mise en place d’agents royaux à Assouan. Après avoir détruit les ennemis avec
son armée, le pharaon intègre la Basse-Nubie ainsi que Ouaouat à l’économie égyptienne.
Une différence avec les règnes des souverains précédents est notable car pour la première
fois, le travail bȝk est imposé à ces populations qui doivent présenter un impôt à l’Égypte.

§ 93. Toutefois, Montouhotep II ne prétend pas être le premier à contrôler ces zones ni à
avoir tenté de mettre en place une économie royale sur les produits de Basse-Nubie, ce que
confirment d’ailleurs les recherches sur les activités des souverains de l’Ancien Empire dans
cette région71. Ce système économique mis en place vraisemblablement sous le règne de
Montouhotep II permet d’en apprendre davantage sur les relations économiques égyptiennes
et nubiennes durant la Première Période intermédiaire qui se sont modifiées sous le Moyen
Empire. J.C. Darnell explique que dans la stèle de Ballas, ainsi que dans certains textes
ultérieurs, le travail-bȝk se réfère systématiquement à un paiement obligatoire. En effet, le
terme bȝk représente le travail ainsi que les produits fournis de manière régulière par certaines
régions de l’état égyptien ou bien par des zones externes à l’Égypte mais intégrées à
l’économie de pharaon72. Avant le règne de Montouhotep II, les régions désertiques avaient
pour devoir de livrer le tribut-jnw73 au moment de la soumission et non pas des contributions
régulières74. Il existe cependant un exemple de travail-bȝk datant de la Première Période
intermédiaire. En effet, un certain général Djemi avait soumis Ouaouat à ce même statut. En
revanche Djemi n’avait pas établi d’arrangement économique formel, il s’agissait plutôt d’un
accomplissement personnel, à la différence du monarque qui avait pour but final d’intégrer

69
. P. VERNUS, op. cit., p. 109. Voir également J.M. GALÁN, Victory and Border. Terminology related to
Egyptian Imperialism in the XVIIIth Dynasty, HÄB 40, 1995 ; D. MEEKS, dans Les sociétés méditerranéennes
face au risque. Espaces et frontières, BiGen 35, 2012, p. 15, n. 15.
70
. A. PÉREZ LARGACHA, loc. cit.
71
. J.C. DARNELL, op. cit., p. 94.
72
. E. BLEIBERG, « The Redistributive Economy in the New Kingdom: An Examination of Bȝkw(t) », JARCE 25,
1988, p. 157-168 ; Ibid., p. 98.
73
. R.O. FAULKNER, A Concise Dictionary of Middle Egyptian, Oxford, 1962, p. 22, 6.
74
. J.C. DARNELL, op. cit., p. 82-99.

342
Ouaouat et les oasis au système économique égyptien75. D’ailleurs, dans sa chapelle de
Dendera, Montouhotep II se vante d’avoir soumis les Nubiens au statut-bȝk76. Finalement,
grâce à cette campagne nubienne et à la mainmise sur ces nouveaux territoires 77 ,
Montouhotep II élargit la Haute-Égypte.

§ 94. Cette « narration royale » étant lacunaire, il n’est pas possible de connaître l’origine
du conflit. Bien que dans les récits de rébellion les hostilités soient souvent engagées par
l’adversaire, la simple existence de l’ennemi peut entraîner des représailles78. C’est le cas du
Texte A8 dans lequel Kamosis tente de récupérer des terres face à l’envahisseur Hyksôs qui
réclame des taxes aux Égyptiens79. Triomphant dans cette guerre contre Apophis, Kamosis est
considéré comme le pharaon qui est parvenu à expulser les Hyksôs. Cette victoire permet de
créer un empire égyptien unifié, modifiant ainsi la perception qu’ont les pharaons de leur
politique extérieure80.

§ 95. L’agrandissement du territoire devient une priorité royale notamment lorsqu’il est
question du surpassement des prédécesseurs81. Durant plusieurs années les Hittites et les
Égyptiens s’affrontent afin de s’emparer des principautés se trouvant sur l’actuelle Syrie.
L’empereur Hittite Mouwatalli III souhaite récupérer le pays d’Amourrou vassal de l’Égypte,
situé à l’Ouest de Qadech. Ramsès II envoie donc une expédition militaire afin de soutenir ses
alliés. Cette victoire en demi-teinte est l’un des points centraux du discours de propagande du
fils de Séthy Ier. Enfin, la dernière conquête militaire concerne Tanoutamon (Texte A25) qui
désire conquérir le Double-Pays à la suite d’un rêve le désignant comme vainqueur. À partir
de Thèbes, le roi progresse vers le Nord, rétablit l’ordre en massacrant les dissidents et
parvient à prendre possession de Memphis. Les ennemis capitulent, lui offrent des présents et
prononcent des discours en sa faveur 82 . Ces contributions sont offertes en tant que
contrepartie pour la paix désirée83.

75
. Ibid., p. 99.
76
. L. HABACHI, « King Nebhepetre Menthuhotep : His Monuments, Place in History, Deification and Unusual
Représentations in the Form of Gods », MDAlK 19, 1963, p. 28-30; fig. 6.
77
. A. SPALINGER, « Chauvinism in the first Intermediate period », dans H. Vymazalová, M. Bárta (éds),
Chronology and Archaeology in Ancient Egypt (The Third Millennium B.C.), Prague, 2008, p. 240.
78
. P. LUNDH, op. cit., p. 21.
79
. B. HARING, op. cit., p. 90.
80
. A. PICCATO, op. cit., p. 151.
81
. P. VERNUS, op. cit., p. 108-109.
82
. L. TÖRÖK, « Dream Stela of Tanutamani on his enthronement and Egyptian campaign, from the Amûn
Temple at Gebel Barkal », dans T. Eide et al. (éds), Fontes Historiae Nubiorum. Textual Sources for the

343
§ 96. Ces longues compositions militaires, centrées sur la figure du monarque, sont la
plupart du temps fondées sur les journaux de bord militaires. Lorsque le roi est absent, son
autorité divine dirige toutefois la campagne notamment par la présence de son pouvoir-
baou 84 . Ces actions militaires, assez fréquentes, sont considérées comme une nouvelle
création, censées agrandir les limites de l’univers connu85.

c) Expéditions vers l’étranger

§ 97. La dernière thématique de ce chapitre concerne les expéditions vers l’étranger. Elle
se rapporte à trois Königsnovellen, celles de Sahourê (Texte A1), d’Ounas (Texte A3) et
d’Hatchepsout (Texte A12). Comme l’explique B. Kasparian, la volonté de la part des rois
égyptiens d’organiser des expéditions s’explique de plusieurs façons : une volonté de
conquête, des besoins matériels en produits exotiques et rares, la nécessité de raccourcir
certains trajets connus ou tout simplement le désir d’assouvir leur soif de curiosité. Bien
entendu il s’agit la plupart du temps de préoccupations économiques86.

§ 98. La plus ancienne expédition vers le pays de Pount que l’on connaisse date du
règne de Sahourê et concerne le premier texte égyptien du corpus87. Cette expédition est
connue depuis longtemps grâce à la Pierre de Palerme, mais l’historicité de celle-ci a été
remise en cause par certains chercheurs, bien que le cliché littéraire de la « Première fois » y
soit mentionné. Il y a quelques années, la découverte des blocs de la chaussée du complexe
funéraire de Sahourê représentant des navires chargés de produits exotiques et d’individus
étrangers tend à faire de cet événement une réalité historique. Les blocs gravés découverts
donnent de nombreuses informations à propos de cette opération. Ils illustrent notamment le
roi accompagné de sa famille et du peuple en train de célébrer le succès global de l’expédition
et plus précisément la réussite d’avoir récupéré des arbres à encens en provenance de Pount88.

History of the Middle Nile Region between the Eigth Century B.C. and the Sixth Century B.C. Vol I: From
the Eighth to the Mid-Fifth Century BC, Bergen, 1994, p. 209.
83
. N. GRIMAL, Les termes de la propagande royale égyptienne, p. 702.
84
. P. LUNDH, loc. cit.; Gw. RUMELHARD, Une théorie du pouvoir dans l’Égypte ancienne. Analyse de la notion
baou de l’Ancien Empire à la fin du Nouvel Empire (c. 2630-1070 av. J.-C.), thèse de l’université Paul
Valéry, Montpellier (en cours).
85
. N. GRIMAL, Les termes de la propagande royale égyptienne, p. 685.
86
. B. KASPARIAN, op. cit., p. 13.
87
. P. TALLET, « Deux notes sur les expéditions au pays de Pount à la lumière de nouvelles données
archéologiques », RdE 64, 2013, p. 190.
88
. T. EL-AWADY, « King Sahura with the precious trees from Punt in a unique scene! », dans M. Barta (éd.), The
Old Kingdom Art et Archeology. Proceedings of the conference held in Prague May 31 - June 4, Prague
2004, Prague, 2006, p. 38.

344
§ 99. Les Égyptiens considèrent cette localité lointaine comme un point extrême du monde
connu, entre réel et imagination89. Les denrées rapportées en Égypte grâce aux expéditions
sont donc la plupart du temps nommées dans les récits « merveilles de Pount » étant donné
leur singularité et leur exotisme. Les arbres à encens sont importants dans le quotidien des
Égyptiens car la myrrhe et l’encens sont consommés en grande quantité notamment durant les
rites cultuels90. La représentation d’un roi de l’Ancien Empire prélevant la sève d’un arbre à
encens est unique91, il semble que le discours du souverain donne une indication à propos
d’un événement réel. Cette Königsnovelle et les images qui lui sont associées permettent de
constater que dès cette époque, les conditions d’une navigation maritime fiable sont établies
tout comme les infrastructures qui sont nécessaires à sa bonne exécution92. D’ailleurs à ce
jour, trois expéditions vers le pays de Pount sont connues pour cette période93.

§ 100. Les fouilles archéologiques permettent de constater les talents de navigateurs des
Égyptiens94, que ce soit à travers les bateaux découverts95, les vestiges d’aménagements
portuaires ou encore par les représentations. Certes, les expéditions vers le pays de Pount sont
les plus connues, mais les Égyptiens se rendaient également dans le Sinaï notamment pour y
exploiter les mines de turquoise et de cuivre96. Bien que les trois Königsnovellen analysées
font référence à des expéditions maritimes, il est évident que les contacts commerciaux se
font aussi par caravanes, à l’aide de chameaux, principalement sur la route de l’encens
propice au commerce des aromates et des onguents97, menant entre autre au Sinaï et à la
Palestine98. Les Égyptiens peuvent aussi se déplacer pour des ressources plus conséquentes en
taille telles que des gros blocs de pierre servant à la fabrication de colonnes99. C’est le cas
visible dans la « narration royale » d’Ounas (Texte A2). Les représentations des navires
revenant en Égypte ainsi que le texte qui les accompagne permettent de comprendre qu’Ounas
a fait envoyer sa flotte afin qu’elle lui ramène de colossales pièces de granit pour son
complexe funéraire. La présence d’une faune exotique, d’Asiatiques soumis, de toponymes

89
. P. TALLET, loc. cit.
90
. M. LIVERANI, op. cit., p. 240.
91
. T. EL-AWADY, op. cit., p. 42-43.
92
. B. KASPARIAN, op. cit., p. 15-16.
93
. P. TALLET, op. cit., p. 190-191 ; S. RATIÉ, op. cit., p. 146.
94
. B. KASPARIAN, op. cit., p. 11.
95
. Ibid., p. 12.
96
. P. TALLET, op. cit., p. 197.
97
. M. JASMIN, « Les conditions d’émergence de la route de l’encens à la fin du IIe millénaire avant notre ère »,
Syria 82, 2005, p. 49-62.
98
. B. KASPARIAN, op. cit., p. 14.
99
. L. CARLENS, « Le transport fluvial de charges lourdes dans l’Égypte antique », SAK 3, 2003, p. 9-31.

345
étrangers ainsi que la mention d’un personnel spécifique suggèrent une expédition lointaine
tout comme celle représentée dans le complexe funéraire de Sahourê. Comme le précise
A. Diego Espinel, ces programmes iconographiques sont si fragmentaires et (le plus souvent)
répétitifs, qu’il est alors possible de mettre en doute la véracité de certains événements qui
semblent plus idéologiques qu’historiques 100 . Toutefois, dans le cas présent, le récit
accompagnant les représentations des navires d’Ounas ainsi que les découvertes
archéologiques permettent de mettre en exergue l’importance de cet épisode au cours du
règne de ce souverain. D’ailleurs, l’historicité de cette expédition est soulignée à la fois par
l’inscription biographique d’un individu nommé Khénou qui a vraisemblablement participé
au projet de construction du monarque 101 ainsi que par une probable inscription royale
rupestre à Éléphantine102.

§ 101. Par la suite, les expéditions minières et commerciales se multiplient durant le


Moyen Empire et les listes de biens rapportés s’allongent103. Par ailleurs, nous savons que
durant cette époque, tous les quinze ans, les pharaons envoient des expéditions qui
empruntent la mer Rouge 104 . Cependant durant le Nouvel Empire, il semble que peu
d’expéditions se soient déplacées vers le pays de Pount105. La célèbre mission d’Hatchepsout
se distingue donc et s’impose comme l’événement le plus remarquable de son règne. De
nombreuses représentations et récits y font référence notamment celui qui raconte l’oracle
prononcé par Amon106. Néanmoins, l’envergure de l’expédition n’est pas démesurée : peu
d’hommes y participent, marquant le caractère pacifique de l’entreprise107. La présence de
soldats est toutefois une manière de signifier l’importance de l’action du fait des produits
précieux rapportés (encens et myrrhe)108. Il est fréquent de trouver durant ces expéditions la
présence de troupes armées qui remplissent plusieurs rôles : signe de puissance, force de
protection et de dissuasion ou encore de pression lors de démarches commerciales109. Le
bénéfice principal d’Hatchepsout réside dans le fait d’emprunter la mer Rouge et d’y établir
donc un lien direct vers le pays de Pount. Elle contourne ainsi de nombreux intermédiaires

100
. A. DIEGO ESPINEL, « Blocks from the Unas », p. 63.
101
. H.G. FISCHER, « Two Tantalizing Biographical Fragments of Historical Interest », JEA 61, 1975, p. 33-37 ;
Id., « The Provenance of a Fragment Attributed to Ḫnw at Saqqâra », JEA 63, 1977, p. 175.
102
. A. DIEGO ESPINEL, « Around the Columns », p. 100.
103
. B. KASPARIAN, op. cit., p. 18.
104
. P. TALLET, op. cit., p. 189.
105
. Ibid., p. 198.
106
. S. RATIÉ, op. cit., p. 139.
107
. Ibid., p. 148.
108
. B. KASPARIAN, op. cit., p. 32.
109
. Ibid., p. 22.

346
pour arriver immédiatement aux produits convoités 110 . Cet avantage économique mais
également idéologique se confirme par la volonté d’Amon qui souhaitait que sa protégée
Hatchepsout accède à ces denrées autrefois échangées. La reine découvre ainsi une zone
d’expansion à explorer et à exploiter 111 . Ces nouvelles terres sont alors intégrées aux
territoires égyptiens connus112. En conclusion les expéditions, quels que soient leurs objectifs
initiaux, sont avant tout un instrument de conquête113.

3) Manifestation de la nature divine du roi

a) Exploits physiques

§ 102. La thématique de l’exploit physique se rapporte à l’une des « narrations royales » de


Sahourê (Texte A2). La scène gravée sur la chaussée de son complexe funéraire à Abousir
ainsi que les légendes l’accompagnant montrent le souverain parvenant à refermer dix filets à
l’aide d’une seule corde114. Les pratiques sportives intensives du Nouvel Empire sont tout
particulièrement connues du fait de leurs abondantes représentations, elles sont d’ailleurs déjà
connues depuis l’Ancien Empire115. En effet, il n’est pas rare de retrouver dans les tombes de
rois et de particuliers des scènes de chasse et de pêche de grande envergure et ce dès la Ve
dynastie116. Dans cette Königsnovelle, Sahourê est représenté comme un monarque possédant
une force hors du commun. Ce dernier est mis en scène, figuré assis sur son trône et portant
les symboles régaliens117. Un pharaon égyptien se doit de posséder des aptitudes physiques
qu’il peut mettre en pratique durant des activités de chasse et de pêche afin d’être considéré
aux yeux de tous comme un souverain accompli118. Dans son complexe funéraire, Sahourê est
athlétique, il est représenté en pleine chasse de gros gibier dans le désert ainsi que dans les
marais119.

110
. M. LIVERANI, op. cit., p. 241.
111
. P. VERNUS, op. cit., p. 110.
112
. M. LIVERANI, loc. cit.
113
. B. KASPARIAN, op. cit., p. 36.
114
. D. FAROUT, RdE 63, p. 106.
115
. W. DECKER, D. KURTH, « Eine Ruderregatta zur Zeit des Tutanchamun », Nikephoros 12, 1999, p. 19-31.
116
. W. DECKER, F. FÖRSTER, « Sahures trainierte Truppe: sporthistorische Bemerkungen zu einem Relief aus der
Pyramidenanlage des ägyptischen Königs Sahure (2496-2483 v.Chr.) », Nikephoros: Zeitschrift für Sport und
Kultur im Altertum 24, 2011, p. 17-70.
117
. D. FAROUT, RdE 63, p. 108.
118
. B. VAN DE WALLE, « Les rois sportifs de l’ancienne Égypte », ChronEg 13, 1938, p. 234.
119
. W. DECKER, Pharao und Sport, Mayence, 2006, p. 66-70.

347
§ 103. Les scènes de chasse au filet sont assez communes en Égypte. M. Alliot y a
consacré un article dans lequel sont analysés ces rites particuliers qu’il est possible d’admirer
dans les temples de Karnak, d’Edfou et d’Esna. Le roi et les dieux demeurent les acteurs
principaux de ces scènes. Il n’est pas inhabituel d’observer dès l’Ancien Empire le monarque
entouré de plusieurs divinités tenant chacune une corde afin de refermer un piège sur les
oiseaux120. Les proies emprisonnées dans ces filets sont la plupart du temps des oiseaux
aquatiques et des poissons121. Durant certaines occasions ces derniers sont considérés comme
de simples offrandes aux dieux. C’est le cas dans quelques rituels ptolémaïques où le roi se
trouve être l’acteur principal en charge d’apporter à son père Amon sa capture. En retour,
pharaon est alors récompensé pour ses actes pieux. Durant la période ramesside, dans le
temple d’Amon à Karnak, le roi est d’ailleurs assisté des divinités pour chasser des oiseaux
aux filets. Khnoum et Horus sont présents pour l’aider, Thot lui donne le signal afin qu’il
puisse tirer sur la corde et la déesse Nekhbet vole au-dessus de lui pour le protéger. Le
souverain est alors caractérisé de « chasseur des marais »122.

§ 104. Au Nouvel Empire, il est également possible d’apercevoir des scènes dans
lesquelles les dieux s’emparaient eux-mêmes de leur propre gibier123. Ces représentations sont
lourdes de sens car elles vont bien plus loin que le seul besoin de se sustenter. En effet, les
animaux capturés sont en réalité la métaphore des ennemis combattus. Cette lutte constante du
bien contre le mal est un point central de l’idéologie égyptienne qui se manifeste à travers des
épisodes du quotidien tels que la pêche et la chasse124. Le roi combat alors symboliquement
les étrangers qui menacent le Double-Pays125, semblable en cela aux divinités qui luttent
contre Seth et ses acolytes126. La reproduction des rites à travers ces événements cynégétiques
est un moyen de préserver la paix et l’ordre127. La Königsnovelle de Sahourê permet de mettre
en avant l’habileté du roi qui parvient à manipuler simultanément dix filets mais également
son rôle de garant du monde ordonné.

120
. M. ALLIOT, « Les rites de la chasse au filet, aux temples de Karnak, d’Edfou et d’Esneh », RdE 5, 1946,
p. 71-72.
121
. Ibid., p. 80-88.
122
. Ibid., p. 110.
123
. Ibid., p. 115.
124
. A.D. TOUNY, St. WENIG, Der Sport im Alten Ägypten 1, Leipzig, 1969, p. 97.
125
. op. cit., p. 91.
126
. M. ALLIOT, op. cit., p. 113.
127
. A.D. TOUNY, St. WENIG, loc. cit.

348
b) Élection divine

§ 105. Cette thématique ne concerne qu’une Königsnovelle attribuée à Aspelta


(Texte A26). Ce récit est remarquable car il s’agit actuellement du seul exemple traitant d’une
élection divine formelle effectuée parmi plusieurs prétendants128. Néanmoins, les élections
divines ne sont pas rares en Égypte et elles peuvent se manifester par le biais de procédures
oraculaires. Ces dernières, s’inscrivant entre le monde humain et divin, jouent d’ailleurs un
rôle important dans plusieurs des « narrations royales » du corpus129. Au Nouvel Empire
plusieurs pharaons y ont eu recours dans leurs inscriptions royales afin de légitimer leur
accession au trône. Dans chaque cas il s’agit d’une décision oraculaire de la part d’Amon de
Karnak. Après lecture, certains éléments récurrents se détachent J. Osing suppose donc qu’il
s’agit la plupart du temps d’un cérémonial de couronnement130. Les rois de cette époque usant
de cette ruse ont leurs propres raisons : Hatchepsout et son besoin de s’affirmer en tant que
reine du fait de sa corégence ou encore Horemheb qui monte sur le trône malgré son origine
non royale131.

§ 106. Les textes de Thoutmosis III et d’Hatchepsout datent de la même période. Tous
deux estiment devoir leur autorité royale à Amon, ce dernier la plupart du temps présenté sous
les traits d’une idole portative qui est déplacée lors d’une procession jusqu’à son temple. Les
moyens de légitimation sont multiples : Thoutmosis III explique dans le « Texte de la
Jeunesse » qu’Amon est venu lui-même le chercher alors qu’il n’était encore qu’un prince.
Quant à Hatchepsout, elle confirme son élection grâce aux actes prodigieux qu’Amon effectue
en sa faveur. En plus du soutien de son père divin, elle légitime son accession au trône en
mentionnant notamment l’assistance de son père terrestre décédé, Thoutmosis Ier132. Enfin,
Horemheb raconte s’être placé devant le dieu qui le reconnaît en tant que fils, et que les
divinités ont donné leur bénédiction133.

§ 107. Le cas d’Aspelta est étonnant car très différent des exemples cités précédemment. À
la mort de son prédécesseur Anlamani, le royaume kouchite se retrouve sans successeur. À

128
. N. GRIMAL, Les termes de la propagande royale égyptienne, p. 213 ; Sh. ALLAM, « Observations sur les
oracles », dans C. Berger, G. Clerc, N. Grimal (éds), Hommages à Jean Leclant 4, 1994, p. 3-4.
129
. A. LOPRIENO, « The King’s Novel », p. 288.
130
. J. OSING, « L’élection divine du roi », dans I. Guermeur, Chr. Zivie (éds), « Parcourir l’éternité ».
Hommages à J. Yoyotte II, Bibliothèque de l’EPHE, Sciences Religieuses 156, 2012, p. 869.
131
. Ibid., p. 877.
132
. Ibid., p. 871-872.
133
. Ibid., p. 877.

349
l’initiative de l’armée, Rê est consulté afin qu’il désigne le nouveau roi mais celui-ci reste
silencieux. Amon-Rê qui est déjà considéré au Nouvel Empire comme le maître par
excellence des oracles est alors consulté134. Les frères du souverain mort sont donc présentés
à Amon-Rê de Napata qui n’en désigne aucun. C’est lors de son deuxième passage,
lorsqu’Aspelta se présente seul devant la divinité, qu’il est identifié par celle-ci comme étant
le roi légitime pour monter sur le trône135. Cette situation est inédite dans les inscriptions
égyptiennes136, toutefois ce n’est pas la seule innovation que présente cette Königsnovelle.
Une fois qu’Amon-Rê choisit Aspelta comme nouveau souverain, il justifie son choix en
dressant une liste détaillée de sa lignée, composée d’ancêtres féminins prestigieux. Comme le
souligne J. Bouchard, un nouveau mode de transmission de la légitimité, plaçant la mère au
cœur de l’élection et remontant à une illustre « Maîtresse de Kouch » voit le jour 137 .
L’énumération de sa généalogie fonde ainsi son droit héréditaire138. Ce point est d’autant plus
important qu’Aspelta n’avait aucun droit de naissance car il est seulement le beau-frère
d’Anlamani139. Le cintre de la stèle révèle d’ailleurs ces deux tendances de légitimation : le
roi couronné est agenouillé devant Amon-Rê accompagné de Mout mais également d’une
souveraine de Kouch qui demande au dieu d’accorder la royauté à Aspelta140. Ces scènes
stéréotypées apparaissent durant la première moitié de la XVIIIe dynastie. Amon est assis sur
son trône, il fixe la couronne sur la tête du roi agenouillé face à lui ou lui attribue les insignes
royaux141.

§ 108. La stèle du couronnement d’Aspelta semble être d’influence égyptienne mais porte
tout de même des traits kouchites. Le cintre est purement égyptien bien que la présence de la
reine kouchite soit inhabituelle. La pratique de la consultation oraculaire est originaire du
Double-Pays mais la présence de plusieurs candidats révèle des pratiques exclusivement
kouchites142. De ce fait, il est possible de penser que Rê, qui est resté silencieux lors de
l’élection du roi, soit associé aux coutumes pharaoniques traditionnelles considérées comme
dépassées par le royaume de Kouch ; c’est pourquoi ils font intervenir Amon-Rê de Napata143.

134
. Sh. ALLAM, op. cit., p. 3.
135
. J. OSING, « L’élection divine du roi », p. 878.
136
. Ibid., p. 879.
137
. J. BOUCHARD,“Fais pour moi comme tu as fait pour” : Ancêtres et légitimité dans le discours royal nubien
(7e-6e siècles av. J.-C.), Montréal, 2016, p. 84.
138
. N. GRIMAL, Les termes de la propagande royale égyptienne, p. 216.
139
. Sh. ALLAM, loc. cit.
140
. Ibid., p. 1.
141
. J. OSING, « L’élection divine du roi », p. 870.
142
. Sh. ALLAM, op. cit., p. 2.
143
. J. REVEZ, « A case of dialing the wrong number - The failed human appeal to Ra in Aspelta's Election Stela

350
Soit la composition de la stèle reflète les pratiques réelles et habituelles kouchites, soit les
scribes ont fait preuve d’une créativité littéraire singulière afin de se démarquer des récits
égyptiens. Cette stèle s’avère ainsi être la synthèse parfaite de pratiques oraculaires
égyptiennes et de traditions napatéennes144.

c) Activités économiques

§ 109. Trois Königsnovellen traitent de cette thématique : les inscriptions de Séthy Ier à
Kanaïs (Texte A18), la stèle de Kouban (Texte A19) ainsi que la « Stèle de l’an 8 »
(Texte A21) toutes deux datant de Ramsès II. Ces trois « narrations royales » sont regroupées
ensemble car elles traitent de la découverte de ressources naturelles contribuant à diverses
activités économiques145. Tout ceci étant bien entendu possible grâce à la vivacité et à la
curiosité du roi146.

§ 110. Les inscriptions de Séthy Ier (Texte A18) racontent que le souverain fait creuser un
puits au Sud d’Edfou afin de fournir de l’eau aux expéditions qui se rendent dans le désert
dans le but d’y extraire de l’or, de l’électrum ainsi que des pierres de construction147. Comme
l’explique B. Mathieu, Kanaïs se trouvait être une étape importante pour « le contrôle d’un
circuit majeur d’approvisionnement en métaux précieux » et derrière l’épisode anecdotique du
roi se promenant pour contempler les carrières se cache un réel projet de prospérité
économique148. Il est difficile de croire que la sécheresse insupportable de la route empruntée
par les travailleurs ne soit pas remontée aux oreilles du pharaon plus tôt. Pourtant c’est ce que
le récit laisse entendre en expliquant que Séthy Ier s’en aperçut seul lors de son excursion. La
prévenance du roi n’en ressort que plus grande car c’est lui qui constate la difficulté de la
situation et qui souhaite, en bon monarque, régler le problème. Il est bien connu que pharaon,
étant issu du créateur, lui-même issu du Noun, dispose d’un pouvoir sur l’eau149. Grâce au

(Cairo JE 48866) », MSGB 25, 2014, p. 222.


144
. F. KAMMERZELL, « Die Wahl des Meroitischen Königs Aspelta », dans F. Kammerzell, H. Sternberg (éds),
Ägyptische Prophetien und Orakel. Texte aus der Umwelt des Alten Testaments, II/1: Religiöse Texte.
Deutungen der Zukunft in Briefen, Orakeln und Omina, Gütersloh, 1986, p. 117.
145
. P. VERNUS, op. cit., p. 111.
146
. A. LOPRIENO, « The King’s Novel », p. 280.
147
. M. LICHTHEIM, Ancient Egyptian Literature Vol 2, p. 52.
148
. B. MATHIEU, « Séthy Ier : pharaon du renouveau (vers 1290-1279 av. J.-C.) », Égypte 11, 1998, p. 15.
149
. N. GRIMAL, « Le sage, l’eau et le roi », dans B. Menu (éd.), Les problèmes institutionnels de l'eau en Égypte
ancienne et dans l'Antiquité méditerranéenne, BiEtud 110, 1995, p. 195.

351
soutien du dieu il parvient donc à creuser un puits et à la faire surgir150. En remerciement aux
divinités qui l’ont assisté lors de cet exploit, il leur construit un temple, celui-là même où sont
gravés les textes de la Königsnovelle. Outre l’importance économique de cet ouvrage, il faut
souligner l’enjeu idéologique qui peut se cacher derrière pareil aménagement : Séthy Ier, en
creusant un puits à cet emplacement, tente d’associer ses actions à celles d’Amenhotep III qui
avait également consacré un point d’eau en ce lieu151.

§ 111. La découverte d’un point d’eau douce est une thématique fréquente de la période
ramesside152. En effet, le roi égyptien possède cette compétence particulière153. Dans la stèle
de Kouban (Texte A19), Ramsès II est parvenu à faire forer un puits sur la route d’Akayta
empruntée par les expéditions vers les mines d’or. Tout comme Kanaïs, Baky (anciennement
Akayta) était une place stratégique, qui déjà au Moyen Empire sous le règne d’Amenemhat III
était censée protéger l’accès aux gisements aurifères154. Comme dans le récit de Séthy Ier,
l’initiative première vient du roi : en effet, un jour Ramsès II songe à ces contrées pénibles
dans lesquelles certains prospecteurs mourraient de soif à cause du manque d’eau. La
rencontre entre le divin et l’humain est centrale dans ce récit qui fait de Ramsès II un
thaumaturge155. À la lecture du texte, le but premier du souverain est de faire de cette route
une voie praticable afin de pouvoir ramener de cette région de l’or en plus grande quantité.
Bien que Ramsès II témoigne d’une certaine inquiétude envers les travailleurs empruntant ce
trajet, son intérêt principal demeure économique car il réside en réalité dans le fait de
rapporter le plus de matériaux possible. D’ailleurs, la « narration royale » explique que
Séthy Ier avait également tenté d’y creuser un puits mais qu’aucune eau n’en était sortie. Ce
dernier avait multiplié les essais afin de découvrir d’autres points d’eau dans des lieux
tactiques après sa réussite à Kanaïs. L’information ne semble toutefois pas réelle, Ramsès II
voulait seulement montrer qu’il avait fait mieux que son père156. En revanche, aucun doute

150
. R. GUNDLACH, « Strukturfragen bei der Analyse und Interpretation ägyptischer historischer Texte », dans
W.F. Reineke (éd.), Acts: First International Congress of Egyptology, Cairo October 2-10, 1976, Berlin,
1979, p. 268.
151
. B. MATHIEU, « Séthy Ier », p. 15.
152
. Id., « Stèle royale de Ramsès II », p. 2.
153
. N. GRIMAL, « Le sage, l’eau et le roi », p. 196.
154
. B. MATHIEU, « Stèle royale de Ramsès II », p. 2.
155
. Cl. MADERNA-SIEBEN, « Ausgewählte Beispiele ramessidischer Königseulogien », dans R. Gundlach,
U. Rößler-Köhler (éds.), Das Königtum der Ramessidenzeit, Voraussetzung – Verwirklichung –
Vermächtnis : Akten des 3. Symposiums zur ägyptischen Königsideologie in Bonn, 7.- 9.6.2001, ÄAT 36/3,
2003, p. 93.
156
. B. MATHIEU, « Stèle royale de Ramsès II », p. 15, n. 49.

352
possible concernant la véracité de la stèle de Kouban car le puits creusé par Ramsès II a été
découvert par une équipe de fouilleurs russes157.

§ 112. La dernière Königsnovelle spécifique à cette thématique est la « Stèle de l’an 8 » de


Ramsès II (Texte A21) racontant une prospection géologique effectuée par le roi158. Lors de
cette dernière il trouve dans le désert d’Héliopolis un grand bloc de grès silicifié qu’il fait
façonner à son effigie par ses ouvriers. La taille de la statue devait être impressionnante car il
fallut presque un an aux artisans pour la terminer159. À la lecture de ce récit, certains
égyptologues affirment que Ramsès II avait pour habitude de prospecter lui-même afin de
dénicher des pierres pour ses statues. Toutefois Th. De Putter réfute ces allégations en
expliquant que la prospection ainsi que le travail de la pierre sont des activités éreintantes
physiquement ; il semble donc peu probable que le souverain s’en soit occupé
personnellement. En revanche, il est tout à fait possible que Ramsès II se soit rendu dans ces
zones prospères pour l’exploitation de roches particulières afin d’en désigner quelques-
unes160. À cette occasion, la « narration royale » raconte que le monarque ouvrit plusieurs
carrières à Héliopolis et à Éléphantine. Il peut en réalité s’agir de carrières établies dès le
règne de Séthy Ier161. Les statues réalisées à l’image de Ramsès II sont un moyen de diviniser
la fonction royale en créant un pont entre humanité et divinité. Elles servent d’intercesseur
entre le peuple et les dieux162.

§ 113. La partie centrale du texte aborde un autre sujet étroitement lié à l’activité
économique de la taille des pierres. Il s’agit d’un discours du roi destiné aux artisans
spécialisés dans lequel il leur témoigne sa prévenance au travers de récompenses, de
nourriture et de salaires. Cette sollicitude n’est pas sans rappeler la stèle d’Assouan datée de
l’an 9 de Séthy Ier dans laquelle l’attitude bienveillante du roi est consignée163. Ces élans de
prévenance de la part du souverain ne sont pas systématiquement immotivés car le
déroulement des opérations se poursuit d’autant mieux lorsque les travailleurs se sentent bien
et en pleine forme164. Un document de ce type permet ainsi de rappeler l’importance de la
fonction royale à travers un pharaon capable de fabuleuses découvertes et qui prend soin de
157
. Ibid., p. 3.
158
. Th. DE PUTTER, op. cit., p. 132.
159
. B.G. DAVIES, op. cit., p. 225.
160
. Th. DE PUTTER, op. cit., p. 136-137.
161
. B.G. DAVIES, op. cit., p. 232.
162
. Th. DE PUTTER, op. cit., p. 138-139.
163
. B.G. DAVIES, op. cit., p. 225.
164
. Th. DE PUTTER, op. cit., p. 141.

353
son peuple sans négliger l’approvisionnement des temples en fournitures diverses. Le sujet
géologique du texte semble s’éclipser derrière une volonté de réaffirmer l’importance
qu’accorde Ramsès II à la vie religieuse et à son rôle d’intercesseur165.

d) Guérison divine

§ 114. La « Stèle de Bentrech » (Texte A29) fait intervenir le roi Ramsès II, dans un récit
qui date en réalité, au plus tard, de la XXXe dynastie166. Dans cette Königsnovelle le prince de
Bakhtan fait envoyer un messager en Égypte afin que pharaon fasse mandater un médecin
pour venir en aide à la princesse de Bentrech qui est malade. La thématique de cette
« narration royale » traite donc d’une guérison divine. Aussitôt après que Ramsès II apprend
que la princesse est malade, il fait envoyer à Bakhtan le plus savant de ses hommes,
Djéhoutyemheb. Une fois sur place, il se rend compte que la princesse est possédée par un
esprit que seule une divinité peut combattre. Ramsès II s’entretient donc avec le dieu afin
qu’il puisse envoyer sur place Khonsou-qui-gouverne-dans-Thèbes dans une barque sacrée167.

§ 115. Depuis l’Ancien Empire, pharaon assume ce rôle, indirect, non surnaturel mais
essentiel d’intermédiaire entre le médecin et le souffrant. Le roi a pour habitude de se mettre
en retrait face aux spécialistes et guérisseurs humains ou divins168, bien qu’à la fin il en
récolte souvent les éloges. Toutefois, du fait de sa nature divine le souverain peut posséder
certains dons de guérison169. La « Stèle de Bentrech » fait écho à plusieurs documents
historiques datant de la période ramesside ce qui laisse fortement penser que les scribes ayant
conçu l’inscription s’en sont largement inspirés. À partir de l’an 21 du règne de Ramsès II, les
relations internationales entre l’Égypte et le Hatti s’améliorent grandement grâce au traité de
paix signé entre Ramsès II et Hattussili III170. D’ailleurs, ce dernier demande de l’aide à
Ramsès II qui envoie plusieurs ambassades médicales à la cour du roi hittite afin de guérir la
princesse Matanazi, sœur du souverain171. La « narration royale » semble donc transmettre le
souvenir des relations passées entre les deux empires conservées dans les archives hittites
165
. Ibid., p. 140-141.
166
. Chr. CANNUYER, loc. cit. Voir principalement R.K. RITNER, dans W.K. Simpson (éd.), The Literature of
Ancient Egypt: An Anthology of Stories, Instructions, Stelae, Autbiographies, and Poetry3, New
Haven/Londres, 2003, p. 361-366 (traduction) ; R.B. GOZZOLI, op. cit., p. 240-247 (date de rédaction).
167
. Chr. CANNUYER, loc. cit.
168
. G. POSENER, De la divinité de Pharaon, CSA 15, Paris, 1960, p. 69-70.
169
. J.C. DARNELL, op. cit., p. 85.
170
. A. SPALINGER, « On the Bentresh Stela and related problems », JSSEA 8/1, 1977, p. 11.
171
. Chr. CANNUYER, loc. cit.; E. EDEL, Ägyptische Ärtze und ägyptische Medizin am hethitischen Königshof :
neue Funde von Keilschriftbriefen Ramses' II. aus Boǧazköy, Geistwissenschaften Vorträge 205, 1976, p. 59-
63.

354
d’Hattousa. Les traitements octroyés par le personnel égyptien peuvent toucher des
souffrances physiques tout comme des maux psychiques et surnaturels172. L’envoi d’un dieu
peut donc être nécessaire selon la gravité de la situation. Ceci explique pourquoi dans la
« Stèle de Bentrech », Khonsou est acheminé jusqu’à Bakhtan lors d’une procession en
barque. Un parallèle de ce passage se trouve dans les lettres d’Amarna : le roi mitannien
Tushratta fait envoyer de Ninive la déesse Ichtar à Amenhotep III car il commence à
vieillir173. Mais également dans le conte d’Ounamon où une statue du dieu Amon est envoyée
à Byblos174.

§ 116. Outre ces parallèles, il semble que le scribe-médecin Djéhoutyemheb envoyé par
Ramsès II a réellement existé. Les hypothèses proposées par certains chercheurs sont les
suivantes : en consultant les documents égyptiens de la période ramesside, les scribes auraient
rencontré le nom de ce savant qui aurait été envoyé à la cour du roi hittite afin d’exercer ses
talents. Une autre proposition veut que les scribes aient pu lire les exploits de cet individu
ainsi que ses titres dans sa tombe comme il était courant de le faire durant la période grecque
où l’on pouvait accéder facilement aux nécropoles à la manière de pèlerins175. En bref, la
« Stèle de Bentrech » semble renvoyer aux pratiques religieuses et médicales, et donc à la
guérison divine, de la fin du deuxième millénaire176.

172
. SC. MORSCHAUSER, op. cit., p. 204.
173
. G. LEFEBVRE, loc. cit.
174
. Ibid., p. 205.
175
. Chr. CANNUYER, op. cit., p. 39-41.
176
. SC. MORSCHAUSER, op. cit., p. 205.

355
THÉMATIQUES ÉGYPTIENNES

Texte A1 - Sahourê Expédition vers l'étranger


Texte A2 - Sahourê Exploits physiques
Texte A3 - Ounas Expédition vers l'étranger
Texte A4 - Montouhotep II Conquête militaire
er
Texte A5 - Sésostris I Activité de construction
Texte A6 - Néferhotep Ier Rétablissement et création de nouvelles offrandes
Texte A7 - Râhotep Activité de restauration
Texte A8 - Kamosis Conquête militaire
Texte A9 - Âhmosis Activité de construction
Texte A10 - Thoutmosis II Rébellions et répression des révoltes
Texte A11 - Hatchepsout Activité de construction
Texte A12 - Hatchepsout Expédition vers l'étranger
Texte A13 - Thoutmosis III Rébellions et répression des révoltes
Texte A14 - Thoutmosis IV Activité de restauration
Texte A15 - Thoutmosis IV Rébellions et répression des révoltes
Texte A16a - Amenhotep III Rébellions et répression des révoltes
Texte A16b - Amenhotep III Rébellions et répression des révoltes
Texte A17 - Akhénaton Rébellions et répression des révoltes
Texte A18 - Séthy Ier Activité économique
Texte A19 - Ramsès II Activité économique
Texte A20 - Ramsès II Conquête militaire
Texte A21 - Ramsès II Activité économique
Texte A22 - Mérenptah Rébellions et répression des révoltes
Texte A23 - Smendès Activité de restauration
Texte A24 - Taharqa Activité de restauration
Texte A25 - Tanoutamon Conquête militaire
Texte A26 - Aspelta Élection divine
Texte A27a - Psammétique II Rébellions et répression des révoltes
Texte A27b - Psammétique II Rébellions et répression des révoltes
Texte A27c - Psammétique II Rébellions et répression des révoltes
Texte A28 - Amasis Rébellions et répression des révoltes
Texte A29 - Ramsès II Guérison divine
Texte A30 - Djoser Rétablissement et création de nouvelles offrandes

356
CHAPITRE 2. THÉMATIQUES DES KÖNIGSNOVELLEN BIBLIQUES

a. Guerre contre les étrangers

§ 117. La guerre joue un rôle majeur dans l’Ancien Testament, elle se définit à travers ses
règles, ses grandes batailles et ses guerriers célèbres177. Cette thématique concerne quatre
Königsnovellen : Saül contre les Ammonites en 1 S 11,1-15 (Texte B1), David contre les
Philistins en 2 S 5,17-25 et 1 Chr 14,8-17 (Textes B2a et B2b) ainsi qu’Ézéchias face à
Sennachérib en 2 Chr 32,1-23 (Texte B9).

§ 118. Dans la pensée hébraïque, la guerre n’est pas opposée à la paix car ces deux
concepts sont tous deux opposés au chaos178. La guerre, considérée en tant que procédé
permettant de rétablir l’harmonie nécessaire au bon fonctionnement du quotidien, semble être
un élément nécessaire à la vie des hommes. Pourtant il existe dans la Bible diverses visions de
celle-ci en fonction des groupes d’auteurs. En effet, différentes idéologies sont défendues par
divers groupes de rédacteurs et coexistent au cours des mêmes périodes179. Ch. Trimm en
donne quelques illustrations précises : dans les récits des Juges, par exemple, la guerre est
considérée comme un péché, alors que dans les livres de Samuel cette dernière est un mal
inévitable. En outre, dans les livres de Samuel les rois sont systématiquement considérés
comme des chefs de guerre triomphant alors que dans les livres des Rois cette vision est
plutôt modérée : soit ils ne participent pas à la bataille, soit ils la perdent180.

§ 119. Tout comme dans les récits égyptiens, le souverain triomphant doit sa victoire à
l’aide d’une puissance supérieure. Le Dieu biblique est considéré comme un personnage
guerrier qui doit intervenir dans les combats humains afin d’aider son peuple181. Dans les
quatre « narrations royales » correspondant à cette thématique, l’issue heureuse est possible
grâce à l’intervention de Dieu, ce qui amène plusieurs chercheurs à parler d’« idéologie de la
non-participation » de la part du roi182. Cette passivité du monarque biblique est l’une des
caractéristiques fondamentales du rôle du souverain dans l’Ancien Testament. Ce n’est que

177
. Ch. TRIMM, « Recent Research on Warfare in the Old Testament », CBR 10, 2011, p. 1.
178
. Th. RÖMER, « La guerre dans la Bible hébraïque, entre histoire et fiction », dans J. Baechler (éd.), Guerre et
religion, Paris, 2015, p. 31.
179
. Ch. TRIMM, op. cit., p. 7.
180
. Ibid., p. 8.
181
. S.-M. KANG, Divine War in the Old Testament and in the Ancient Near East, BZAW 177, 1989, p. 204 ;
H.M. BARSTAD, History and the Hebrew Bible: studies in ancient Israelite and ancient Near Eastern
historiography, FAT 61, 2008, p. 55.
182
. S. NIDITCH, War in the Hebrew Bible: A Study in the Ethics of Violence, New York/Oxford, 1993, p. 145.

357
très rarement que ce dernier agit sans l’accord ou la protection de Dieu. D’ailleurs, il arrive
fréquemment qu’un roi soit destitué de son trône à la suite d’une défaite militaire car cela
signifie qu’il a été abandonné par Dieu 183 . Le péché religieux est donc l’une des
interprétations habituelles de la défaite184. Que ce soit au Proche-Orient ancien ou en Égypte,
la guerre des hommes est perçue comme la guerre des dieux. Malgré ce point, les inscriptions
royales guerrières permettent de légitimer la position du roi 185 en mettant en avant ses
capacités exceptionnelles de tacticiens et d’homme fort qui profite du soutien divin. Cette idée
du Dieu guerrier ne fait d’ailleurs aucun doute dans les récits vétérotestamentaires car le nom
« Yahvé, dieu des armées » y apparaît plus de 280 fois. Il a ainsi sous ses ordres une armée
humaine composée de ses fidèles mais aussi une armée céleste qui compte en son sein des
anges186.

§ 120. La liste des ennemis des rois bibliques est longue, car au cours des siècles les
alliances et les trahisons se modifient fréquemment. La première Königsnovelle concerne Saül
et fait intervenir l’adversaire Nahash l’Ammonite187. Dans ce récit, c’est ce dernier qui
attaque le peuple d’Israël sans raison apparente. Au premier abord, la population semble
désespérée face à la situation mais « l’esprit de Dieu » fond sur Saül, lui permettant ainsi
d’agir de manière adéquate. Comme expliqué précédemment, Dieu intervient dans la situation
de crise, permet au roi de prendre les décisions d’un chef de guerre qui délivre donc son
peuple de l’agression étrangère188.

§ 121. Dans la Bible, David est décrit comme un guerrier redoutable ayant eu un règne
marqué par de nombreuses batailles189, à l’inverse de la figure de Salomon dépeignant un
homme de paix190. Deux « narrations royales » racontent la lutte qui oppose David aux
Philistins. Le contexte politique de cette guerre est intéressant car il met en évidence le fait
qu’au départ David était un vassal des Philistins, et que ces derniers lui avaient permis de
régner sur le pays de Juda. Une situation paisible prévalait entre les deux parties, David resta

183
. Th. RÖMER, « La guerre dans la Bible hébraïque », p. 33.
184
. S.-M. KANG, op. cit., p. 208.
185
. Th. RÖMER, « La guerre dans la Bible hébraïque », p. 32.
186
. Ibid., p. 35.
187
. D. EDELMAN, King Saul in the historiography of Judah, JSOTSup 121, 1991, p. 61.
188
. P. BORDEUIL, F. BRIQUEL CHATONNET, op. cit., p. 188.
189
. G.N. KNOPPERS, op. cit., p. 99-123.
190
. Ph. ABADIE, « Pérennité dynastique ou éternité du Temple ? Deux lectures d’un même oracle (2 S 7 et
1 Ch 17) », dans C. Focant, A. Wénin (éds), Analyse Narrative et Bible : deuxième Colloque international du
RRENAB, Louvain-la-Neuve, 2004, p. 128.

358
fidèle aux Philistins jusqu’à ce qu’il soit promu roi d’Israël191. C’est en apprenant cette
attitude de révolte que les Philistins décident de l’attaquer. Au moment de l’assaut, Dieu
rassure le souverain en lui livrant ses ennemis sans peine. À quelques mots près les deux
Königsnovellen 2 S 5,17-27 et 1 Chr 14,8-17 racontent la même histoire. Habituellement les
auteurs de 1 et 2 Samuel mettent en exergue les aptitudes personnelles du roi alors que
généralement le Chroniste tend à développer l’idée de la non-participation, c’est-à-dire qu’il
n’encourage pas la guerre et invite le peuple à attendre l’intervention de Dieu192. Quand bien
même le Chroniste développerait cette idéologie de la paix et de la passivité193, l’absence
totale de violence n’est pas envisageable, car Dieu parvient à sauver les siens
systématiquement en ayant recours à la violence194.

§ 122. La dernière bataille de ce groupe, opposant Ézéchias à Sennachérib (Texte B9), se


trouve uniquement dans le chapitre du livre des Chroniques. Ce récit illustre la réussite du roi
en récompense à son acte de fidélité qui se manifeste à travers la restauration du culte qu’il
avait organisée auparavant195. Le récit souligne l’ingéniosité du souverain qui met en place
des mesures particulières afin d’affaiblir l’ennemi qui souhaite assiéger la cité. À la fin du
passage, Ézéchias désemparé demande de l’aide à Dieu qui envoie un ange pour détruire
l’armée adverse.

§ 123. Ces quatre récits cités sont empreints de violence, d’une brutalité qui semble
typique des textes royaux. En effet, il y a de nombreux textes pacifiques dans la Bible196, c’est
le cas notamment des récits patriarcaux dans lesquels le terme « guerre » est très rare. Les
auteurs de ces récits, étrangers de la vie à la cour, prônent une cohabitation pacifique entre
Israël et ses voisins, à l’inverse des récits marqués par la monarchie et les enjeux du
pouvoir197.

191
. M. GARSIEL, « David’s Warfare against the Philistines in the Vicinity of Jerusalem (2 Sam 5,17-25 ;
1 Chron 14,8-16), dans G. Galil, Z. Kallai (éds.), Studies in Historical Geography and Biblical
Historiography: Presented to Zachariah Kallai, VTsup 81, 2000, p. 150-152 ; D.G. FIRTH, op. cit., p. 368.
192
. S. NIDITCH, War in the Hebrew Bible: A Study in the Ethics of Violence, New York/Oxford, 1993, p. 149.
193
. Ch. TRIMM, op. cit., p. 11.
194
. S. NIDITCH, op. cit., p. 148.
195
. F.J. GONÇALVES, op. cit., p. 494.
196
. Ch. TRIMM, op. cit., p. 20.
197
. Th. RÖMER, « La guerre dans la Bible hébraïque », p. 38.

359
b. Sagesse royale

§ 124. Cette thématique, propre aux Königsnovellen bibliques, est associée à trois récits se
rapportant à la figure royale de Salomon (Textes B5a, B5b, B6). Deux d’entre eux concernent
le rêve que fait le souverain à Gabaon dans lequel il sollicite l’aide de Dieu afin d’acquérir le
discernement nécessaire pour bien gouverner (Textes B5a, B5b). Le troisième récit raconte le
jugement que prononce Salomon face aux deux prostituées qui se disputent la garde d’un
nourrisson (Texte B6). Salomon est le roi sage par excellence, son nom est mentionné à
diverses reprises dans la littérature sapientiale198. En outre, les scribes ont fait le choix de
placer son règne, jalonné par de multiples actions majeures pour la vie d’Israël, sous le signe
de cette sagesse divine199. Pour preuve, il est qualifié vingt fois de « sage » dans les chapitres
de 1 Rois 2 à 11200.

§ 125. Les notions de sagesse et de justice correspondent aux qualités d’un bon roi
biblique201, il n’est donc pas surprenant de retrouver la sagesse royale comme l’une des
thématiques des « narrations royales ». La littérature sapientiale est attestée au Proche-Orient
ancien et en Égypte dès le troisième millénaire avant notre ère sous forme de proverbes,
d’instructions et de littérature dite pessimiste202. Dans la Bible plusieurs textes sapientiaux,
parfois mis en lien avec la figure de Salomon, subsistent tels que Qohélet, les Proverbes, Job
ou encore le Siracide203. Toutefois les récits du cycle de Salomon dans les livres des Rois et
des Chroniques, dans lesquels il fait preuve d’une sagesse incomparable, sont différents de
ces textes sapientiaux, car ils ont pour objectif final la légitimation du roi ainsi que le succès
de la monarchie et non pas une quelconque réflexion sur le concept de la sagesse204.

§ 126. La sagesse royale est ainsi l’art du discernement permettant au monarque de


gouverner au mieux la nation. Une sagesse politique bien maîtrisée est un gage de succès, de

198
. D. NOCQUET, op. cit., p. 123.
199
. P. BUIS, op. cit., p. 55.
200
. W. VOGELS, « Salomon et la sagesse : une image contrastée (1 R 2-11) », dans Cl. Lichtert, D. Nocquet
(éds), Le roi Salomon, un héritage en question : hommage à Jacques Vermeylen, Le livre et le rouleau 33,
2008, p. 229.
201
. M. LIVERANI, op. cit., p. 434.
202
. En Mésopotamie, cette littérature correspond au « Dialogue entre maître et esclave ». En Égypte, certaines
inscriptions classées dans ce genre remettent en cause le concept de la maât et donc de l’au-delà. Il est ainsi
possible de rapprocher ces récits du livre biblique de Qohélet. (M. RICHELLE, « La sagesse biblique entre
convictions et interrogations », Foi & Vie 3, 2015, p. 9-12).
Le Siracide appartient au canon de la Septante et non pas à celui du canon massorétique.
203
. Ibid., p. 13-15 ; J.L. CRENSHAW, Old Testament Wisdom: An Introduction, Atlanta, 1981, p. 42-62.
204
. W.A. BRUEGGEMANN, « The Social Significance of Salomon as a Patron of Wisdom », dans J.G. Gammie,
L.G. Perdue (éds), The sage in Israel and the Ancient Near East, Winona Lake, 1990, p. 118.

360
bonheur et d’équilibre pour la population car le roi est à même de prendre les bonnes
décisions pour la prospérité de son royaume. En conséquence, sagesses politique et divine se
mêlent dans l’unique but de mettre en place un gouvernement stable et durable205. Le terme
« sagesse » dans la Bible, ḥokmāh, dérive de la racine ḥkm signifiant « être sage »206. Trois
évolutions de cette ḥokmāh sont visibles : la première témoigne d’une capacité à gouverner, il
s’agit de la sagesse politique. La seconde consiste en la capacité de jugement, c’est-à-dire
pouvoir discerner le bien et le mal, surtout dans un contexte judiciaire. Enfin, il reste la
sagesse comme démarche intellectuelle correspondant à une connaissance illimitée207.

§ 127. L’origine de la sagesse de Salomon est expliquée dans deux Königsnovellen


(Textes B5a et B5b). Au cours d’un rêve, ce dernier voit apparaître Dieu qui lui demande ce
qu’il désire. Le jeune souverain lui répond qu’il souhaite seulement « un cœur qui ait de
l’entendement pour gouverner » (1 R 3,9) afin de discerner le bien et le mal (Texte B5a) ainsi
que « sagesse et bon sens » (2 Chr 1,10) (Texte B5b). Dieu, agréablement surpris de la
sobriété de cette requête, donne alors à Salomon un cœur sage et perspicace mais également la
richesse, la gloire et une longue vie, éléments caractéristiques de l’idéologie royale de
l’époque208. Bien qu’il semble que l’épisode dans lequel un roi implorant son Dieu pour
obtenir la sagesse soit principalement une tradition israélite209, certains aspects semblent être
d’origine étrangère. En effet, le monarque désire un « cœur qui ait de l’entendement »,
expression bien connue de la littérature égyptienne210 qui considère également le cœur (jb,
« conscience ») comme siège du discernement211. En 1 R 3,3-15 (Texte B5a), cette tradition
préexilique212 de la promesse conditionnelle et de l’incomparabilité de Salomon renvoie à la
plume de l’auteur deutéronomiste 213 . Cette dimension de la sagesse est différente en
2 Chr 1,1-13 (Texte B5b). En effet, le récit du Deutéronomiste a été retravaillé afin d’ôter
l’aspect conditionnel du respect de la Loi et pour ajouter la tradition liant la sagesse à la

205
. É. CHARPENTIER, Aux racines de la sagesse, Cahiers Évangile 28, 1979, p. 7.
206
. L. KALUGILA, The wise king : studies in royal wisdom as divine revelation in the Old Testament and its
environment, CBOT series 15, 1980, p. 69-72.
207
. J.-M. HUSSER, Le songe et la parole, p. 78.
208
. Ibid., p. 77.
209
. R. FIDLER, « “Here Comes This Dreamer” (Genesis 37:19): Towards a Dreams/ Dreamers Typology in the
Hebrew Bible », JANES 32/1, 2011, p. 71.
210
. T.N.D METTINGER, King and Messiah: The Civil and Sacral Legitimation of the Israelite Kings, CBOT
series 8, 1976, p. 240.
211
. N. SHUPAK, « Some Idioms Connected with the Concept of “Heart” in Egypt and in the Bible », dans
S. Israelit-Groll (éd.), Pharaonic Egypt: the Bible and Christianity, 1985, p. 202-212.
212
. D. NOCQUET, op. cit., p. 125.
213
. T.N.D METTINGER, op. cit., p. 239.

361
construction du Temple que chérit tant le Chroniste214. Cependant la notion d’incomparabilité
reste présente dans les deux récits.

§ 128. Ce cœur sage, capable de trancher entre les bonnes et les mauvaises actions, est
désormais compétent pour délivrer un jugement 215 . C’est ce que prouve la troisième
Königsnovelle (Texte B6) qui fait directement suite au Texte B5a. Ce récit n’apparaît pas dans
les Chroniques, il s’agit donc probablement de l’insertion tardive dans le livre des Rois d’un
texte plus ancien qui était à l’origine indépendant216. D’ailleurs dans le Texte B6, Salomon
n’est pas nommé mais grâce à l’organisation massorétique de l’Ancien Testament en
chapitres, il ne fait aucun doute que le roi dont il est question est le fils de David217. Cette
« narration royale » faisant directement suite au rêve de Gabaon est la preuve publique de la
nouvelle sagesse acquise par le souverain218. L’histoire raconte que deux prostituées viennent
rencontrer le monarque afin de résoudre un litige : un nourrisson est mort pendant la nuit et
chacune affirme qu’un second nourrisson, vivant, est le sien. En l’absence de témoins,
Salomon aurait dû normalement recourir à des pratiques sacrées particulières pourtant il n’en
fit rien. Agissant comme un juge le ferait219, le roi interroge les deux femmes puis propose de
couper l’enfant en deux afin d’en donner une moitié à chacune. Grâce à la réaction des deux
mères, Salomon parvient à déterminer laquelle est la véritable génitrice de l’enfant. Seule une
sagesse divine est capable de déterminer la vérité car seul Dieu parvient à lire dans les cœurs
de chacun220. En réalité, aucun indice humain ne permet de trouver la solution à cette énigme,
seul un roi imprégné d’une capacité divine de jugement en est capable221. La sagesse de Dieu
transparaît donc dans la justice du monarque parvenu à mettre un terme au chaos en libérant
sa parole créatrice, qui identifie et caractérise la vraie mère222. Enfin, en exposant sa capacité

214
. D. NOCQUET, op. cit., p. 133-134.
Plusieurs passages des Chroniques diffèrent du récit deutéronomiste en ce sens. Par exemple, le Chroniste
utilise les concepts de « sagesse et bon sens » (1 Chr 1,10) pour remplacer l’expression « cœur qui ait de
l’entendement » (1 R 3,9).
Lors de son échange avec Hiram, la bénédiction de ce dernier envers Salomon est principalement liée à la
continuité de la dynastie davidique (1 R 5,21) ; alors que dans le livre des Chroniques, Hiram met l’accent
sur Salomon, successeur de David, en tant que constructeur du Temple du fait de sa sagesse (2 Chr 2,11).
215
. J.-M. HUSSER, Le songe et la parole, p. 81.
216
. Il s’agissait probablement d’un conte oral. (B.O. LONG, 1 Kings: With an Introduction to Historical
Literature, FOTL 9, 1984, p. 70 ; D. NOCQUET, op. cit., p. 131)
217
. P. BUIS, op. cit., p. 55-56.
218
. G.N. KNOPPERS, « “There Was None Like Him”: Incomparability in the Books of Kings », CBQ 54, 1992,
p. 415.
219
. P. BUIS, op. cit., p. 57.
220
. W. VOGELS, op. cit., p. 238-239.
221
. J.-M. HUSSER, Le songe et la parole, p. 82.
222
. A. WÉNIN, « Le roi, la femme et la sagesse. Une lecture de 1 Rois 3,16-28 », Revue Théologique de
Louvain 29, 1998, p. 43 ; É. CHARPENTIER, op. cit., p. 28.

362
à résoudre toutes les énigmes, Salomon se présente aux yeux de tous en homme sage,
compétent dans les affaires politiques du royaume223.

§ 129. C’est en décidant de sectionner en deux l’enfant que Salomon réussit à déterminer
l’authentique mère. Cette « narration royale » fait penser au papyrus Westcar224. Ce manuscrit
raconte plusieurs histoires et particulièrement celle du roi Khéops qui fait venir à sa cour le
magicien Djédi. La rumeur disait que ce dernier était capable de rattacher une tête qui avait
été coupée. Le roi demande alors à ce qu’on lui apporte un prisonnier afin de tenter
l’expérience. Djédi ne souhaitant pas prouver ses facultés sur un être humain, on lui apporte
des oies puis un taureau. À chaque essai, il accomplit le prodige de restituer l’intégrité des
corps225. Tout comme Salomon, Djédi était considéré comme un sage doté de capacités
particulières résolvant les problèmes de chacun. Bien que Salomon n’ait pas eu besoin d’aller
jusqu’au bout de sa décision de couper l’enfant en deux, c’est cette idée qui lui permit
d’établir la vérité et de prouver la sagesse qu’il venait d’acquérir auprès de Dieu, tout comme
Djédi auprès de Khéops.

§ 130. Le charisme226 obtenu par le roi grâce à la divinité rapproche la figure de Salomon
de celle de Dieu, capable de résoudre les situations les plus complexes sans aucune aide
extérieure227. La sagesse de Dieu228 est ainsi transmise à Salomon. Sous le règne du fils de
David, la sagesse contribue à la tranquillité et à la paix de la société229. Ce dernier ayant accès
aux choses cachées du fait de son intelligence et de sa sagesse230, bénéficie d’une notoriété
internationale sans égal231. Si Salomon obtient une sagesse divine incomparable, ce dernier
n’était toutefois pas non plus dénué de sagesse au départ. En demandant seulement des
qualités nécessaires pour bien gouverner son peuple et non pas pour se glorifier
personnellement, il se positionne aux yeux de Dieu comme un individu réfléchi et vertueux,
méritant un statut spécial.

223
. P. BUIS, loc. cit.
224
. B. MATHIEU, « Khéops et les magiciens. Les contes du papyrus Westcar (Papyrus Berlin ÄM 3033) », 2019,
p. 1-17.
225
. B. MATHIEU, « Khéops et les magiciens. Les contes du papyrus Westcar (Papyrus Berlin ÄM 3033) », 2019,
p. 11-12 (consultée le 22 mars 2019).
226
. T.N.D METTINGER, op. cit., p. 233.
227
. Ibid., p. 244.
228
. L. KALUGILA, op. cit., p. 90-91.
229
. G.N. KNOPPERS, « “There Was None Like Him” », p. 416.
230
. D. NOCQUET, op. cit., p. 124.
231
. Ibid., 2016, p. 135 ; J.L. CRENSHAW, op. cit., p. 42-45.

363
c. Oracles divins au bénéfice du roi

§ 131. La thématique de « l’oracle divin au bénéfice du roi » concerne l’oracle de Nathan,


l’un des passages bibliques les plus étudiés. Deux « narrations royales » s’y rapportent
2 S 7,1-29 (Texte B3a) et 1 Chr 17,1-27 (Texte B3b). Bien que les deux récits traitent d’un
232
événement identique, des différences notables sont visibles entre ces derniers .
Actuellement, il est généralement admis que le Chroniste s’inspire largement de la
Königsnovelle écrite par le Deutéronomiste (Texte B3a) afin de rédiger sa propre histoire233.
Toutefois, il ne s’agissait pas d’une simple copie étant donné que le Chroniste réinterpréte le
texte source en fonction de ses valeurs personnelles.

§ 132. Les prédictions divines ne sont pas rares dans l’Ancien Testament Dieu transmet
fréquemment à ses disciples des annonces, à travers des rêves et des oracles à propos de ce
qui doit se dérouler dans le futur. Dans ce cas-ci, l’histoire est initiée par David, roi pieux, qui
souhaite bâtir un temple à son Dieu234. Dans un premier temps, en tout logique235, Nathan le
prophète et conseiller du roi, approuve la sage décision du souverain. Pourtant durant la nuit,
Nathan, qui sert alors d’intermédiaire entre le monarque et Dieu236, reçoit un message de
celui-ci : David n’est pas le souverain qui bâtira le Temple de Jérusalem. Néanmoins le refus
divin n’est pas total, car Dieu lui promet de faire perdurer sa dynastie à travers la figure de
son fils Salomon qui aura pour mission d’ériger le Temple. Les paroles divines placées dans
la bouche du prophète sont donc rapportées en détail à David237. Et c’est précisément dans ce
passage que des différences sont visibles entre les deux Königsnovellen.

§ 133. Le règne de David est considéré comme le début d’une nouvelle ère, marquant la fin
trouble de l’âge des juges et le commencement d’un âge d’or éternel238. L’oracle de Nathan
aborde donc deux éléments principaux de cette période : la construction du Temple de
Jérusalem et la pérénnité de la toute jeune dynastie davidique239. En revanche, les deux récits
traitent ces deux points de manière différente. Il est utile de relever quelques-unes de ces

232
. M. AVIOZ, « Nathan’s Prophecy in II Sam 7 and in I Chr 17: Text, Context, and Meaning », ZAW 116, 2004,
p. 542.
233
. T. ISHIDA, The Royal Dynasties in Ancient Israel, BZAW 142, 1977, p. 82.
234
. H.W. HERTZBERG, I & II Samuel, Philadelphie, 1964, p. 284.
235
. H. KRUSE, « David’s Covenant », VetTest 35, 1985, p. 139.
236
. T. ISHIDA, op. cit., p. 85.
237
. Y. KAUFMANN, The Religion of Israel: from its beginnings to the Babylonian exile, Chicago, 1960, p. 97.
238
. Ibid., p. 267.
239
. O. SERGI, « The Composition of Nathan’s Oracle to David (2 Samuel 7:1-17) as a Reflection of Royal
Judahite Ideology », JBL 129/2, 2010, p. 261-270.

364
oppositions sans entrer dans les détails toutefois, car ils seront développés plus précisément
par la suite. Le Deutéronomiste240, auteur du récit source (Texte B3a) met l’accent sur la
continuité de la maison de David, alors que le Chroniste se focalise sur la théocratie de Dieu
personnifiée par le Temple241. En Mésopotamie, une période de paix est l’une des conditions
fondamentales pour l’édification d’un monument242. Dès lors, cette notion de repos est la
première différence notable entre les deux Königsnovellen. Pour le Deutéronomiste, la notion
de repos est liée à la construction du Temple243, tandis que le Chroniste omet délibérément
cette disposition en modifiant le texte. Étant donné que ce dernier considère David comme un
guerrier, il estime que seul le règne de Salomon peut être caractérisé comme une période de
paix totale244. Une seconde disparité apparaît lorsqu’il est question du terme « maison » : dans
le récit du livre de Samuel, ce terme fait référence à la dynastie de David « ta maison », en
revanche dans le livre des Chroniques il s’agit de la maison de Dieu et cela renvoie donc à son
Temple245. De cette manière, le Chroniste lie intimement les royautés divine et humaine, il
associe le trône de Dieu à celui du roi et mêle habilement théocratie et monarchie246. Enfin,
bien que le nom de Salomon n’apparaisse dans aucun des deux textes, sa désignation comme
bâtisseur est énigmatique dans le livre de Samuel mais ne fait aucun doute dans celui des
Chroniques247. L’idée de conditionnalité entre ainsi en jeu car elle est visible dans la suite de
l’histoire de Salomon. Pour le Deutéronomiste, même si Salomon faute, Dieu sera toujours à
ses côtés contrairement au Chroniste qui considère que le non respect de la Loi équivaut à
l’annulation de l’alliance entre Dieu et la descendance de David248. Une réalité cultuelle
postexilique transparaît donc dans la relecture du Chroniste249. De nombreux débats ont
encore lieu à propos de la conditionnalité ou non de la promesse divine250. Qu’elle le soit ou
pas, leur finalité globale reste similaire, la gloire divine promise par Dieu est bénéfique pour

240
. D.J. MACCARTHY, « II Samuel 7 and the Structure of the Deuteronomic History », JBL 84/2, 1965, p. 131.
241
. Ph. ABADIE, « La figure de David dans le livre des Chroniques », dans L. Derousseaux, J. Vermeylen (éds),
Figures de David à travers la Bible : XVIIe congrès de l’ACFEB : (Lille, 1er-5 septrembre 1997), Lectio
divina 177, 1999, p. 178.
242
. T. ISHIDA, op. cit., p. 93-94.
243
. Ph. ABADIE, « La figure de David », p. 176.
244
. M. AVIOZ, op. cit., p. 549.
245
. G.N. KNOPPERS, « Judah, Levi, David, Solomon, Jerusalem, and the Temple: Election and Covenant in
Chronicles », dans N. MacDonald (éd.), Covenant and Election in Exilic and Post-Exilic Judaism, Studies of
the Sofja Kovalevskaja Research Group on Early Jewish Monotheism V, 2015, p. 155.
246
. Id., « Changing History », p. 107 ; Ibid., p. 156.
247
. Ph. ABADIE, « La figure de David », p. 177.
248
. M. AVIOZ, op. cit., p. 548-551.
249
. Ph. ABADIE, « Pérennité dynastique », p. 130.
250
. M. AVIOZ, « The Davidic Covenant in 2 Samuel 7: Conditional or Unconditional ? », dans G. Galil et al.
(éds), The Ancient Near East in the 12th-10th Centuries BCE, Culture and History. Proceedings of the
International Conference held at the University of Haifa, 2-5 May 2010, AOAT 392, 2012, p. 43-51.

365
le peuple et non pas pour la seule personne du roi251. Cette triple relation entre Dieu, David et
la population d’Israël est assurée par cette double alliance, d’un côté la divinité avec sa nation
et de l’autre avec son monarque David252.

§ 134. Cette prophétie divine repose donc sur trois points : la royauté de Dieu, la
construction du Temple par le fils de David ainsi que le règne de la dynastie davidique253.
Mettant en avant les figures de David, l’homme de guerre, et de Salomon, l’homme de
paix254, ces deux « narrations royales » sont un moyen de légitimer le règne des deux rois à la
fois. La construction du Temple semble être donc un simple prétexte littéraire utilisé par les
auteurs deutéronomistes afin de développer, en réalité, le thème de la reconnaissance de la
dynastie davidique par Dieu255. Salomon, à l’image de Moïse qui a eu pour mission de
construire le tabernacle256, apparaît donc pour le Chroniste comme une condition de la
pérennité de l’exercice cultuel à Jérusalem grâce à la construction du Temple qui a été refusée
à son père257. Salomon se positionne donc comme le souverain légitime de bâtir la demeure
divine.

d. Activités de construction et de restauration

§ 135. Cette thématique est commune aux Königsnovellen égyptiennes et bibliques.


Comme expliqué précédemment, l’édification de monuments est une tâche caractéristique des
souverains antiques qui bénéficient ainsi d’un lien privilégié avec les divinités. En
Mésopotamie, il peut s’agir d’un don du roi en faveur des dieux pour les remercier de lui
avoir fait remporter la victoire lors d’une guerre258. Le monarque peut également songer à des
projets particuliers de construction sous forme de service rendu à la divinité. Il attend donc
d’elle une récompense en retour telle que la prospérité, la postérité ainsi qu’un règne durable.
De cette manière sa dynastie est protégée et pérenne259. De nombreux textes extrabibliques

251
. Y. KAUFMANN, loc. cit.
252
. T. ISHIDA, op. cit., p. 114.
253
. M. AVIOZ, « Nathan’s Prophecy », p. 552.
254
. Ph. ABADIE, « Pérennité dynastique », p. 128.
255
. T. ISHIDA, op. cit., p. 97.
Ce point est toutefois à nuancer dans les livres des Chroniques étant donné que l’auteur place au cœur de son
idéologie le Temple et non pas la dynastie davidique étant donné qu’au moment de la rédaction de ses textes,
cette dernière avait déjà échoué.
256
. G.N. KNOPPERS, « Changing History », p. 101.
257
. Ph. ABADIE, « La figure de David », p. 178.
258
. A.S. KAPELRUD, « Temple Building, a Task for Gods and Kings », Orientalia 32, 1963, p. 56.
259
. P.K.Jr. MACCARTER, II Samuel: a new Translation with Introduction and Commentary, The Anchor Bible 9,
1984, p. 224.

366
proche-orientaux de fondation de temples et de sanctuaires sont semblables aux récits de
l’Ancien Testament, particulièrement les « narrations royales » de la présente étude traitant de
l’érection et de la restauration du Temple de Jérusalem260. Ces récits sont la plupart du temps
composés des mêmes éléments textuels et en cas de réussite, les rois sont toujours gratifiés
d’une distinction261.

§ 136. L’une des particularités de ces Königsnovellen bibliques est qu’elles traitent toutes
du même et unique bâtiment : le Temple de Jérusalem. Ces dernières permettent donc de
suivre son évolution, de sa conception à sa fabrication en passant par ses quelques
rénovations. Il est alors possible de déterminer la place qu’occupe le Temple au sein des écrits
bibliques, étant donné que le monument en question devient le lieu central de la piété
d’Israël262. Cette thématique concerne sept textes vétérotestamentaires (Textes B4, B7a, B7b,
B8a, B8b, B10a, B10b) dont trois qui sont des doublons d’une même histoire racontée par
deux auteurs différents. Afin de saisir l’organisation de ces différents récits il est important de
rappeler le contexte premier de l’édification du Temple. En 2 Sam 7,1-29 (Texte B3a) et
1 Chr 17,1-27 (Texte B3b), deux Königsnovellen traitées dans la section précédente sur les
oracles, David ne supportant plus que son Dieu demeure dans une tente songe à lui bâtir une
maison durable en matériaux impérissables. Cependant, le roi doit obtenir en premier lieu
l’accord de Dieu, condition indispensable à la réalisation du projet263. Malheureusement pour
David, Dieu décline son offre à travers un oracle transmis au prophète Nathan. Cette situation
est fréquente dans le Proche-Orient ancien, plusieurs rois mésopotamiens se voyant refuser le
droit de bâtir un édifice264. Dieu explique à David qu’en tant qu’homme de guerre il a fait
couler beaucoup trop de sang pour obtenir cette autorisation.

§ 137. La première « narration royale » (Texte B4) concerne les préparatifs du Temple
organisés par David. Le roi en activité explique à son peuple que son fils Salomon devra
construire le Temple mais qu’en attendant qu’il grandisse et devienne roi, il souhaite l’aider.
Il fait donc préparer des pierres de taille et fait amasser des matériaux tels que du fer, du
bronze, du bois de cèdre en très grande quantité ainsi que des talents d’or. David met

260
. V.A. HUROWITZ, op. cit., p. 110.
261
. A.S. KAPELRUD, op. cit., p. 62.
262
. D. NOCQUET, op. cit., p. 126.
263
. P. BORDEUIL, F. BRIQUEL CHATONNET, op. cit., p. 236.
264
. V.A. HUROWITZ, op. cit., p. 164.

367
particulièrement l’accent sur « l’homme de repos »265 que deviendra Salomon c’est-à-dire un
souverain pacifique bénéficiant d’un règne sans heurts266. Malgré le fait que David ne soit pas
celui qui construira le sanctuaire de Dieu, il y participe toutefois en guidant son fils sur la
bonne voie à suivre.

§ 138. Étant donné l’importance du Temple dans l’histoire des rois bibliques, sa
construction est l’élément fondamental du règne de Salomon267 car sa réalisation confirme les
promesses passées faites à David268. D’ailleurs Salomon ne manque pas de le rappeler dès le
début des deux textes et souligne longuement les conditions favorables qui lui permettent
d’engager les travaux commandés par Dieu pour bâtir le Temple : une période de paix et
aucune menace adverse269. L’édification du Temple se rencontre dans deux Königsnovellen,
l’une en 1 Rois (Texte B7a) et l’autre en 2 Chroniques (Texte B7b). Ce Temple est un moyen
de garantir la protection d’Israël grâce à la présence de Dieu parmi le peuple d’Israël mais
également de perpétuer la dynastie davidique 270 . Les récits de construction permettent
d’apprendre de nombreux faits tels que les fournitures utilisées à l’époque mais également les
liens économiques qui existent entre les différentes puissances. Les deux « narrations
royales » débutent par une correspondance entre Salomon et le roi Hiram de Tyr à qui il
demande du bois de cèdre, rappelant par la même occasion les excellentes relations passées
qui demeuraient entre ce dernier et David271. Salomon lève ensuite une corvée de plusieurs
milliers d’hommes pour s’occuper du bois et de la pierre de taille. Débute ensuite la
description très précise du bâtiment indiquant les ressources employées ainsi que ses
dimensions. Il est très fréquent de retrouver dans les récits de construction et de restauration
égyptiens et proches-orientaux la liste des matériaux précieux utilisés272. Il semble d’ailleurs
que la description faite du Temple rappelle fortement le modèle des temples syriens
anciens273, l’auteur biblique a dû probablement s’en inspirer. Salomon est présenté tout au
long du texte biblique comme l’homme désigné par Dieu pour construire le monument

265
. 1 Chr 22,9.
266
. R.L. BRAUN, « Solomon, The Chosen Temple Builder: The Significance of 1 Chronicles 22, 28 and 29 for
the Theology of Chronicles, JBL 95/4, 1976, p. 582-584.
267
. P. BORDEUIL, F. BRIQUEL CHATONNET, op. cit., p. 234.
268
. J.H. PERRINE, « Theologized History: the Unique Purpose of the Chronicler Regarding Israel’s Kingship »,
2013, p. 17.
269
. A.S. KAPELRUD, op. cit., p. 60.
270
. P. BORDEUIL, F. BRIQUEL CHATONNET, op. cit., p. 236.
271
. B.O. LONG, op. cit., p. 78.
272
. P. BORDEUIL, F. BRIQUEL CHATONNET, loc. cit.
273
. Ibid., p. 237.

368
divin274. En plein milieu de la construction, le choix de Dieu est une fois de plus affirmé car il
vient s’adresser en personne à Salomon qui poursuit donc son œuvre avec la bénédiction de la
divinité275. Salomon est une première fois béni par Dieu avant sa naissance mais ce dernier le
récompense une seconde fois après la construction en lui garantissant la continuité de sa
dynastie.

§ 139. La notion d’exclusivité dans les Königsnovellen bibliques est à envisager


différemment que dans les textes égyptiens car il ne s’agit pas d’étudier un événement
historique mais une action royale au sein de l’Ancien Testament réalisée par des souverains
dont, pour la plupart, l’existence réelle est encore controversée. L’exclusivité dans la Bible est
notable lorsque l’événement en question n’a jamais été rapporté auparavant. C’est
précisément le cas de la construction du Temple de Jérusalem. Pour la première fois un
monarque, en l’occurrence Salomon, construit une demeure fixe et durable pour le culte de
Dieu. Le bâtiment décrit comme une merveille architecturale parée des plus belles pierres met
en exergue le règne de Salomon qui a eu le privilège d’être choisi par Dieu pour être le
constructeur de ce monument unique.

§ 140. Étant donné qu’à la fin des Königsnovellen de Salomon la construction du Temple
est achevée, les autres « narrations royales » concernent les rénovations de celui-ci. Les deux
premières sont entreprises par le roi Joas en 2 Rois 12,5-17 (Texte B8a) et en 2 Chr 24,4-14
(Texte B8b). La réforme pour le financement des travaux imaginée par Joas est sans
précédent dans l’Ancien Testament276 c’est pourquoi il s’agit du fait le plus marquant de son
règne277. Constatant des dégradations dans le Temple, Joas fait collecter de l’argent auprès de
la population dans un tronc d’arbre que chacun vient remplir selon son désir. Les différents
corps de métiers se relaient ensuite pour réparer l’édifice. Les chercheurs rapprochent souvent
ces deux récits des deux dernières Königsnovellen se rapportant à cette thématique
(Textes B10a, B10b). Effectivement, Josias poursuit les restaurations entreprises par Joas sans
y apporter de quelconques innovations278. Bien que de nombreuses similitudes existent entre
les actions des deux rois, des différences subsistent toutefois279. En réalité, ces récits de

274
. M.A. THRONTVEIT, op. cit., p. 426.
275
. P. BUIS, op. cit., p. 69.
276
. N. NA'AMAN, op. cit., p. 339.
277
. P. BUIS, op. cit., p. 229.
278
. L. ESLINGER, op. cit., p. 42.
279
. G.J. VENEMA, Reading Scripture in the Old Testament: Deuteronomy 9-10 ;31 - 2 Kings 22-23 - Jeremiah 36
- Nehemiah 8, Oudtestamentische studiën 48, 2004, p. 66-67.

369
rénovation jouent des rôles différents dans leurs contextes respectifs280 : les réaménagements
de Joas sont essentiels dans la trame narrative car ils font de lui un « bon roi » aux yeux de
Dieu. Quant à Josias, ces réparations sont seulement un prétexte pour la découverte du livre
de la Torah, événement unique, par le grand prêtre Hilqiyahou. Cette trouvaille entraîne la
réforme majeure de Josias qui fait nettoyer le temple et qui rétablit le culte centralisé
conformément au livre de la Loi281.

§ 141. Les récits de construction et de rénovation sont donc fréquents dans la Bible ; c’est
pourquoi ils concernent plusieurs « narrations royales ». En revanche, comme expliqué
précédemment, chacun semble avoir été élaboré dans un but précis généralement annexe aux
récits fondamentaux d’édification et de rénovation ; hormis les Textes B7a et B7b relatifs à la
construction du Temple qui ont pour objectif principal de décrire précisément l’édification du
bâtiments en plusieurs étapes. Les récits vétérotestamentaires sont connus pour être
fréquemment répétitifs, pourtant lorsqu’ils traitent du Temple de Jérusalem, les actions
décrites durant la période monarchique sont uniques, soulignant l’importance de cette
construction dans l’idéologie biblique.

280
. G.N. KNOPPERS, Two Nations under God: The Deuteronomistic History of Solomon and the Dual
Monarchies, Part 2: The Reign of Jeroboam, the Fall of Israel, and the Reign of Josiah, HSM 53, 1994,
p. 132.
281
. S.L. MACKENZIE, The Trouble with Kings: The Composition of the Book of Kings in the Deuteronomistic
History, VetTest-Suppl. 42, 1991, p. 123.

370
THÉMATIQUES BIBLIQUES

Texte B1 - Saül Guerre contre les étrangers


Texte B2a - David Guerre contre les étrangers
Texte B2b - David Guerre contre les étrangers
Texte B3a - David Oracle divin au bénéfice du roi
Texte B3b - David Oracle divin au bénéfice du roi
Texte B4 - David Activités de construction et de restauration
Texte B5a - Salomon Sagesse royale
Texte B5b - Salomon Sagesse royale
Texte B6 - Salomon Sagesse royale
Texte B7a - Salomon Activités de construction et de restauration
Texte B7b - Salomon Activités de construction et de restauration
Texte B8a - Joas Activités de construction et de restauration
Texte B8b - Joas Activités de construction et de restauration
Texte B9 - Ézéchias Guerre contre les étrangers
Texte B10a - Josias Activités de construction et de restauration
Texte B10b - Josias Activités de construction et de restauration

371
CHAPITRE 3. MOTIFS NARRATIFS DES KÖNIGSNOVELLEN ÉGYPTIENNES

1) Description d’un roi guerrier et champion

§ 142. L’image d’un souverain possédant des aptitudes sportives et guerrières se retrouve
dans de nombreuses civilisations antiques. Mettre en avant ces qualités permet de rappeler
que le roi est apte à protéger son pays et qu’aucun ennemi ne peut lui faire face. Étant donné
que le but premier des Königsnovellen est de dresser le portrait d’un pharaon invincible et
capable de préserver l’ordre, il est tout naturel de repérer de telles descriptions dans ces récits

a. Le pharaon athlète

§ 143. Dans deux « narrations royales » le portrait d’un roi sportif est dépeint longuement.
Le premier (Texte A2) concerne la scène dans laquelle Sahourê parvient à refermer dix filets
à l’aide d’une seule corde, le second renvoie à la « Stèle du Sphinx » de Thoutmosis IV
(Texte A14) qui raconte que lorsqu’il était encore prince ce dernier s’adonnait à différentes
activités physiques telles que le tir à l’arc et la chasse en char.

§ 144. Il est intéressant de noter que ces deux Königsnovellen ne datent pas de la même
époque (plusieurs siècles séparent leurs périodes de rédaction respective) et que pourtant les
mêmes caractéristiques y sont décrites. Dès le commencement de la culture nagadienne, des
scènes de particuliers chassant l’hippopotame sont visibles 282 . À la fin de la période
prédynastique, on assiste au développement de l’iconographie officielle parallèlement à
l’émergence de la royauté, les scènes de chasse et de pêche de l’élite sont donc reprises pour
le compte du roi283. Pendant la Ière dynastie, une empreinte de sceau au nom du roi Den est
visible ; dans l’une des deux scènes il harponne un hippopotame, dans l’autre il lutte au corps
à corps avec ce dernier. Ces représentations deviennent fréquentes et durant l’Ancien Empire
elles sont gravées dans les complexes funéraires monumentaux des pharaons. Sahourê est
connu pour avoir été à plusieurs reprises présenté comme un roi aux capacités physiques
impressionnantes à travers des textes et des figurations. Tout d’abord, une composition
monumentale retrace ses exploits cynégétiques dans les régions désertiques. Accompagné de
son entourage proche284, il part chasser victorieusement le gibier grâce à son arc. Dépeints

282
. M. EYCKERMAN, S. HENDRICKX, « Les animaux sauvages dans l’Égypte prédynastique », dans B. Massiera
et al. (éds), Apprivoiser le sauvage/Taming the Wild, CENiM 11, 2015, p. 198.
283
. Ibid., p. 207.
284
. W. DECKER, Pharao und Sport, Mayence, 2006, p. 66-70.

372
plus modestement, sont représentés des reliefs consacrés à la chasse au marais dans lesquels
Sahourê chasse l’hippopotame et les oiseaux. Il est d’ailleurs possible d’ajouter à ces
témoignages le Texte A2 du corpus ainsi que les représentations l’accompagnant. Ces
attestations ne dépeignent pas un souverain athlétique ordinaire, Sahourê possède une force
physique prodigieuse, grâce à ses aptitudes surhumaines il capture un nombre incalculable de
proies. De plus, ses capacités ne sont pas seulement physiques, le souverain se révèle être
ingénieux car il invente un procédé inconnu auparavant285.

§ 145. Durant le Moyen Empire, le motif du roi aux capacités physiques est toujours
visible notamment grâce à des représentations et des textes traitant de pharaons combattant
par exemple des lions et des crocodiles286. Un texte hiératique datant de la XIIe dynastie et
traitant des activités physiques d’un pharaon dans les marais du Fayoum est d’ailleurs
connu287. Ce motif se modifie et évolue durant le Nouvel Empire sous l’impulsion des
Hyksôs. L’introduction des chevaux et des chars offre une nouvelle occupation athlétique288.
Certains rois s’illustrent également comme des archers hors-pair, c’est notamment le cas
d’Amenhotep II et de Thoutmosis IV, indications visibles sur la « Stèle du Sphinx » (recto et
verso)289.

§ 146. La tradition du « roi athlète » est tellement ancrée dans la culture égyptienne qu’elle
caractérisait tous les souverains290. Ce poncif, souvent exagéré, expose en effet ce que doit
être un roi idéal291. Le rôle majeur de ce dernier est de maintenir l’ordre sur le chaos et cela
s’exprime notamment par la chasse292. Les animaux sauvages sont assimilés aux ennemis de
la nation, en les traquant et en les tuant le roi débarrasse ainsi le monde de ses adversaires293.
Cette analogie peut toutefois apparaître comme paradoxale, car selon les situations décrites
c’est le pharaon lui-même qui est associé à certains de ces animaux sauvages, afin qu’il puisse
s’en approprier les qualités. Comme c’est le cas dans bon nombre de domaines, le souverain

285
. D. FAROUT, RdE 63, p. 108.
286
. A.D. TOUNY, St. WENIG, loc. cit.
287
. R. CAMINOS, Literary Fragments in the Hieratic Script, Oxford, 1956, p. 1-26 ; R.B. PARKINSON, Poetry and
Culture in Middle Kingdom Egypt, 2002, p. 227-231 ; R.B. PARKINSON, op. cit., p. 311-312.
288
. W.C. HAYES, « The Sporting Tradition », dans I.E.S. Edwards et al. (éds), Cambridge Ancient History II,
Part 13, Cambridge, 2008, p. 334.
289
. B. VAN DE WALLE, op. cit., p. 248.
290
. W.C. HAYES, loc. cit.
291
. B. VAN DE WALLE, op. cit., p. 234.
292
. M. EYCKERMAN, S. HENDRICKX, loc. cit.; A.D. TOUNY, St. WENIG, loc. cit.
293
. A.D. TOUNY, St. WENIG, loc. cit.

373
doit montrer sa supériorité en surpassant les prouesses de ses prédécesseurs294. La chasse ainsi
que les autres activités physiques citées précédemment sont des expressions essentielles du
pouvoir royal295.

b. Le souverain belliqueux

Le roi comparé à un animal

§ 147. Durant toute l’histoire égyptienne, il a été courant que le roi apparaisse dans des
contextes militaires sous la forme d’animaux sauvages et imaginaires : taureau, lion, griffon,
léopard ou encore faucon...296 Dès les périodes nagadienne et protodynastique le pharaon est
assimilé à ces animaux sauvages297. Quant à la comparaison avec le griffon, elle sera visible à
partir de la VIe dynastie. Dans les Königsnovellen le monarque est donc souvent comparé à
ces derniers, de façon variable selon les contextes.

§ 148. Le premier type de contexte concerne les titulatures royales dans lesquelles le
souverain est qualifié de « taureau victorieux » ; c’est le cas dans sept « narrations royales »
ayant des thématiques variées. Ce titre royal trouverait ses origines dans certaines
représentations protodynastiques royales connues. Premièrement, dans la palette dite « au
taureau » (période nagadienne), sur ses deux faces un taureau agressif piétinant un ennemi
humain peut être observé. Puis dans le registre inférieur du verso de la palette de Nârmer, un
taureau qui piétine un adversaire sans vie et qui fait s’écrouler les fortifications rivales est
représenté298. Toutefois les liens existant entre le roi et le taureau ne se bornent pas à ces
représentations militaires car dans les cérémonies publiques, telle que la fête-sed, la fusion
des deux est bien présente, notamment à travers le costume royal 299 . Dès la période
protodynastique puis tout au long de l’histoire égyptienne, le pharaon porte en effet une queue
de taureau principalement lorsqu’il effectue des rituels nécessitant une grande force physique.
Expression de la royauté, la queue de taureau symbolise la capacité à supprimer le chaos et
imposer l’ordre grâce à une puissance prodigieuse, c’est pourquoi il est possible de

294
. W.C. HAYES, op. cit., p. 333-334.
295
. M. EYCKERMAN, S. HENDRICKX, op. cit., p. 198-199.
296
. M.J. LEBLANC, « The Zoomorphic Transformation of the King in Early Egyptian Royal Military Victory
Rituals and Its Relationship to the Sed Festival », dans B. Massiera et al. (éds), Apprivoiser le
sauvage/Taming the Wild, CENiM 11, 2015, p. 233.
297
. M. EYCKERMAN, S. HENDRICKX, op. cit., p. 201-202.
298
. M.J. LEBLANC, op. cit., p. 231 ; Ibid., p. 202.
299
. E.F. MORRIS, « The Pharaoh and Pharaonic Office », dans A.B. Lloyd (éd.), A Companion to Ancient Egypt,
Chichester, 2010, p. 212.

374
l’apercevoir dans les représentations rituelles des victoires militaires300. En outre, la stèle de
Kouban de Ramsès II (Texte A19) donne davantage de précisions car elle détaille les
agissements et les attributs de ce fameux taureau. Le roi, sous la forme du taureau, parvient à
piétiner les ennemis nubiens et à les transpercer grâce à sa corne. Son mugissement effraye
également les étrangers. En utilisant l’image du taureau, le souverain profite des qualités de
l’animal perçu comme viril et impitoyable.

§ 149. Le second animal mentionné fréquemment dans les Königsnovellen est le lion. Soit
le roi est comparé à l’animal pour signifier qu’il combat avec force, soit les attributs du lion
sont joints à pharaon (griffes empoignant les ennemis ou encore rugissement et yeux féroces).
Le résultat est toutefois toujours le même, il parvient à provoquer un massacre. Tout comme
le taureau, dès les premiers temps de l’histoire égyptienne le lion est représenté dans des
scènes militaires301. C’est le cas de la palette « du champ de bataille » (Nagada)302, dans la
partie inférieure du recto, au milieu d’un nombre important de combattants ennemis morts, se
trouve un lion qui piétine et mord son adversaire humain. Le lion, tout comme le chien, est la
manifestation du pouvoir militaire brutal du souverain303. Il est d’ailleurs arrivé durant ces
époques reculées que certains rois se fassent enterrer avec des lions, c’est notamment le cas de
Hor-Âha pendant la période thinite304. Plus tard, durant l’Ancien Empire, la fusion entre
l’image du roi et celle du lion se syncrétise en la figure du sphinx qui devient emblématique
grâce au monumental sphinx de Gîza. Enfin, il reste à noter que le roi sous l’aspect du lion
peut bénéficier des mêmes expressions employées pour la déesse Sekhmet, dont la
ressemblance physique léontocéphale ne fait aucun doute 305 . Cette analogie permet
d’expliquer l’importance de l’association entre le roi et ces animaux puissants : les dieux eux-
mêmes sont la plupart du temps « zoomorphisés ». Par ces comparaisons le pharaon confirme
ainsi sa position de dieu vivant sur terre.

§ 150. La férocité du lion et son statut au sein du règne animal incitent les rois égyptiens à
se confondre avec lui. Amenhotep III par exemple utilise souvent cette comparaison lorsqu’il
est question d’une guerre contre la Nubie – c’est d’ailleurs le cas dans le Texte A16a du
corpus. Mettant l’accent sur l’ignorance de ses ennemis, le récit indique que les Nubiens ne

300
. M.J. LEBLANC, op. cit., p. 239-243.
301
. C. DE WIT, Le rôle et le sens du lion dans l’Égypte ancienne, Leyde, 1951, p. 16.
302
. A.J. SPENCER, Early Dynastic objects, CEABM 5, 1980, n°576.
303
. M.J. LEBLANC, op. cit., p. 230.
304
. E.F. MORRIS, loc. cit.
305
. N. GRIMAL, Les termes de la propagande royale égyptienne, p. 403.

375
connaissent pas le lion qui est à la tête de l’armée égyptienne, référence évidente à
Amenhotep III. Ce dernier a dû particulièrement apprécier cette comparaison car sur plusieurs
de ses monuments des expressions semblables sont exprimées. Il est notamment mentionné
comme « lion des souverains » ou encore « lion des rois »306. L’armée du roi étant un
prolongement de sa personne, elle peut être également associée à l’image impitoyable du lion,
c’est le cas dans la stèle Carnarvon (Texte A8) dans laquelle Kamosis s’exclame que ses
soldats étaient comme des lions sur leurs proies. Dans plusieurs « narrations royales »,
l’animal est décrit comme étant sauvage, non apprivoisé, il est imprévisible et n’a pas de
maître. Tout comme dans la culture populaire actuelle, le lion semble être considéré comme le
« roi des animaux ». C’est également le cas de pharaon qui est dépeint comme « le seigneur
des animaux »307. Dans une civilisation où le pouvoir est détenu par le chasseur, il n’est pas
surprenant de trouver des comparaisons entre le souverain et cet animal sauvage308.

§ 151. Le troisième animal populaire auprès des souverains égyptiens est le faucon. Dans
trois Königsnovellen, le roi est comparé au rapace, soit durant des batailles où il est semblable
à un faucon en train de chasser sa proie (Textes A8, A16a), soit en tant que faucon protégeant
son peuple grâce à ses ailes à la manière d’Horus (Texte A19). L’identification du monarque
avec le faucon est connue depuis la période dynastique309 et se poursuit tout au long de
l’époque pharaonique. Durant l’ère ramesside, le roi est souvent assimilé au faucon du fait du
rôle guerrier d’Horus d’Edfou combattant ses ennemis. Cet emploi reste toutefois assez
général310.

§ 152. Quelques autres animaux moins fréquents sont cités dans les Königsnovellen, tels
que le griffon ou le léopard. Ce dernier est particulièrement connu pour son caractère
irritable311. C’est précisément la situation décrite dans la stèle de Thoutmosis II (Texte A10)
qui apparaît tel un léopard lorsqu’il prend connaissance d’une rébellion en Nubie. Enfin le
griffon est mentionné dans le « Bulletin de Qadech » à propos de Ramsès II312. C’est une
image assez courante dans les textes, notamment lorsque le roi parvient à défaire l’ennemi313.

306
. Cl. VANDERSLEYEN, L’Égypte et la vallée du Nil. Tome 2 : De la fin de l’Ancien Empire à la fin du Nouvel
Empire, Paris, 1995, p. 372.
307
. A. PÉREZ LARGACHA, op. cit., p. 28.
308
. N. GRIMAL, Les termes de la propagande royale égyptienne, p. 403.
309
. M. EYCKERMAN, S. HENDRICKX, op. cit., p. 201.
310
. N. GRIMAL, op. cit., p. 653.
311
. Ibid., p. 408-409.
312
. Dès le règne de Pépy II, il est représenté dans l’iconographie royale.
313
. M.J. LEBLANC, op. cit., p. 233.

376
§ 152. Tous ces animaux sauvages et légendaires symbolisent le pouvoir royal. La
transformation zoomorphe du roi joue un rôle majeur dans les représentations rituelles des
victoires militaires de pharaon314, c’est pourquoi elle est fréquente dans les « narrations
royales » ayant une thématique militaire.

Le roi assimilé à un dieu et à ses attributs guerriers

§ 153. La place prépondérante des divinités dans la culture égyptienne ainsi que
l’importance du statut divin de pharaon expliquent pourquoi ce dernier est comparé aux dieux
dans les récits. Dans de nombreuses « narrations royales », le roi est assimilé à certaines
divinités et à leurs attributs dans des contextes spécifiques. Les qualités du souverain sont
également mises en avant à travers des caractéristiques guerrières précises souvent
redondantes.

§ 154. La comparaison la plus fréquente concerne le dieu Montou dans des contextes
militaires multiples. Six Königsnovellen sont concernées, dont les rédactions sont échelonnées
dans le temps (Textes A13, A15, A16a, A20, A26, A29). Plusieurs tournures rédactionnelles
permettent de mentionner ce dieu. Les pharaons en question sont cités et se comparent à
Montou. Comme ce dernier ils sont donc « seigneur de l’accomplissement des rites », « dieu
parfait au moyen de toutes ses formes », « furieux pour tuer et couper des mains », « seigneur
de la bravoure », « sortant le jour de la victoire » ou encore ils portent ses parures divines, tel
Ramsès II durant la bataille de Qadech. Ancien dieu de la ville d’Hermonthis, Montou est le
dieu guerroyeur le plus populaire auprès des pharaons315. En tant que chef de son armée, le
souverain reçoit les qualités des dieux combattants qu’il incarne316, Montou mais également
Seth317. La fureur de Seth ainsi que ses parures, portées aussi par Ramsès II à Qadech, sont
des caractéristiques communes s’ajoutant au passé prestigieux de ces divinités qui ont pour
rôle de protéger la barque de Rê durant les temps mythiques318.

§ 155. D’ailleurs le souverain peut également être associé à Rê. Thoutmosis IV dans la
stèle de Konosso se compare à Rê bravant les dangers dans sa barque lorsque lui-même doit
l’emprunter pour se rendre en Nubie. Quant à Ramsès II il apparaît au matin comme le dieu

314
. Ibid., p. 243.
315
. B. VAN DE WALLE, op. cit., p. 253.
316
. N. GRIMAL, Les termes de la propagande royale égyptienne, p. 703.
317
. B. VAN DE WALLE, op. cit., p. 253-254.
318
. Ibid.

377
qui se lève319. Cette comparaison, non singulière, s’explique par le fait que dès l’Ancien
Empire, pharaon est devenu le fils de Rê, élément qui sera visible dans toutes les titulatures
des rois suivants320. Chaque roi égyptien est également un Horus, c’est d’ailleurs pour cela
que le souverain est souvent comparé à un faucon étant donné que le dieu est représenté sous
les traits du volatile. Le roi en tant qu’Horus s’inscrit dans la lignée de ses prédécesseurs, les
dieux lui accordent sa royauté321. Comme Horus, le roi peut posséder un « bras puissant ».
Enfin le roi est comparé à Atoum pour la qualité de son règne tel que Taharqa (Texte A24), à
Osiris qualifié de « fils de Nout » pour sa force et sa puissance (Textes A14 et A29) ou encore
à Sekhmet, déesse léontocéphale citée précédemment, connue pour sa fureur excessive
(Texte A20).

§ 156. S’associer à différentes divinités permet au monarque d’acquérir leurs aptitudes


personnelles. Les attributs royaux sont donc multiples et concernent souvent des qualités
militaires. Le roi idéal égyptien est athlétique et guerrier, sur le champ de bataille il doit donc
être capable d’utiliser ses armes et de maîtriser ses équipements. Plusieurs récits décrivent le
roi comme étant un archer hors pair et puissant (Textes A16a, A18, A28) qui parvient à
écraser l’ennemi (Textes A22, A24)322. Amasis par exemple maîtrise son arc en argent à la
perfection et sait également se servir de sa lance à la manière d’un dieu (Texte A28). D’autres
armements peuvent entrer en scène. Taharqa (Texte A24), à l’instar des pharaons écrasant les
Neuf Arcs 323 , possède de larges sandales qui lui permettent d’être très rapide lors du
combat 324 . Quant à Amenhotep III, il parvient à frapper ses ennemis avec sa masse
(Texte A16b).

§ 157. Comme expliqué précédemment, le Nouvel Empire introduit par la présence des
Hyksôs en Égypte le char ainsi qu’une passion grandissante pour les chevaux. Le roi est
souvent perçu comme Montou combattant sur son char325. L’attirance pour cette nouvelle
activité explique l’importance accordée à l’apparence physique des équipements. Les Annales
de Thoutmosis III (Texte A13) explique que ce dernier porte ses ornements de combat tout en

319
. À propos des différentes assimilations du roi avec Rê dans divers contextes voir N. GRIMAL, Les termes de la
propagande royale égyptienne, p. 370-372.
320
. A. DIEGO ESPINEL, Etnicidad y Territorio en el Egipto del Reino Antiguo, Aula Aegyptiaca Studia 6, 2006,
p. 231-236.
321
. N. GRIMAL, op. cit., p. 49.
322
. Ibid., p. 714.
323
. A. PÉREZ LARGACHA, op. cit., p. 25.
324
. N. GRIMAL, op. cit., p. 713.
325
. Ibid.

378
se trouvant sur son char d’électrum. La « Stèle du Sphinx » (Texte A14) raconte que l’attelage
de Thoutmosis IV est plus rapide que le vent ; quant à la stèle de Konosso, elle indique que
sur le champ de bataille ce dernier est accompagné de ses chevaux (Texte A15). L’élément
remarquable exposant le prestige particulier des chars royaux dans les « narrations royales »
se trouve dans le bulletin de Qadech (Texte A20) au sein duquel le char de Ramsès II est
nommé « Nakhtemouaset ». Puis, dans la « narration royale » d’Amasis (Texte A28), le roi
est sur son char durant la bataille et le récit précise qu’il est entouré d’un nombre important de
chevaux.

§ 158. Il reste à étudier les attributs qu’il est possible de qualifier d’abstraits. Les
Königsnovellen égyptiennes ont tendance à mettre en avant le caractère conquérant de
pharaon, cela peut passer par un esprit victorieux aidé par Rê-Horakhty (Texte A13) ou par
une force et une bravoure innées (Texte A22). Les scribes soulignent également le côté
explosif du roi à la manière de Seth et de Sekhmet. La colère de pharaon (Texte A4) est
associée au courroux de sa flamme détruisant tout sur son passage (Texte A17, A20). Dans le
« Bulletin de Qadech », Ramsès II réussit à brûler tous les territoires ennemis qu’il considérait
comme de la simple paille. Quant à Mérenptah, il réduit en cendre l’ennemi rebelle
(Texte A22). En outre, comme pour l’association entre la figure du lion et de l’armée de
Kamosis étudiée en amont, les soldats de ce dernier, qui sont toujours un prolongement de sa
personne, sont assimilés à une explosion de flammes à l’image de l’ardeur du roi. Ces
punitions par le feu ainsi que le lexique de la colère rappellent fortement les sanctions divines
de la Bible, notables notamment durant les plaies d’Égypte. Enfin, le roi en respectant la
maât, se doit de protéger son peuple contre les forces du mal ; sa bravoure et sa victoire font
partie de ce programme de défaite du chaos. Il parvient à « faire de l’ombre » à son peuple,
qui se trouve protégé derrière lui (Texte A19), et à préserver ses soldats (Texte A28). Le
courage du roi est une façon de s’opposer à la multitude d’ennemis auxquels il doit faire face,
lui le chef militaire inégalé326.

§ 159. Pour finir, il est utile de s’attarder sur l’importance accordée à la puissance du bras
de pharaon. C’est un élément de texte fréquent dans les récits égyptiens mais particulièrement
dans les Königsnovellen dans lesquelles le roi est héroïsé. Ce dernier possède un bras vaillant,
fort et valeureux327 (Textes A15, A17, A18, A22, A24, A25, A27, A28, A29), fait naturel

326
. Ibid., p. 708-712.
327
. Ibid., p. 705-706.

379
pour un guerrier tel que doit être un roi égyptien. L’origine de cette force est multiple, elle
provient des prières faites par le souverain (Texte A6) ou bien des dieux, comme Amon, qui
lui accordent cette énergie (Textes A13, A22). Les images du pharaon athlétique et guerrier
peuvent de surcroît s’entremêler lorsque dans la stèle de Kouban un parallèle est fait entre le
bras vigoureux de Ramsès II et sa capacité à maîtriser l’aviron naviguant.

§ 160. Les pharaons, ainsi pourvus de ces attributs divins, représentent dignement les dieux
sur le champ de bataille328. En combinant tous leurs attraits, le roi n’est plus une entité divine
unique mais un souverain capable de gérer différents types de situations grâce à cette
mosaïque de compétences qu’il a acquises329. L’énumération des qualités du roi a donc un
champ d’action bien défini330, c’est pourquoi des attributs royaux semblables apparaissent
dans les « narrations royales » militaires.

2) Un contre tous331

§ 161. Le triomphe militaire fait partie intégrante du système de propagande royale.


L’inscrire dans un texte est une façon de fixer l’identité du vainqueur au sein d’une mémoire
collective et culturelle 332. Toutes les Königsnovellen égyptiennes ayant pour thématique
« rébellion et répression des révoltes » ainsi que « conquête militaire » comportent la
caractéristique spécifique du roi seul ou accompagné d’une petite armée qui remporte la
victoire, autrement dit le motif du « un contre tous ».

§ 162. Afin d’expliciter cette dimension, trois procédés narratifs sont visibles dans ces
« narrations royales ». Premièrement, le texte rapporte les prouesses de l’armée royale, mais
comme celle-ci est une extension de pharaon, le mérite à la fin lui revient tout de même.
Deuxièmement, c’est le roi sans équivoque qui agit, il est à l’origine de la victoire. Enfin,
c’est la conclusion du récit qui permet de comprendre que les Égyptiens l’ont emporté : listes
de butins, prisonniers ou encore taxes. Les Königsnovellen ont pour fonction principale de
mettre en exergue la capacité du roi à résoudre une action qui s’avère complexe. Dans les
récits militaires la victoire est donc la seule issue possible, le roi doit vaincre les ennemis de

328
. B. VAN DE WALLE, op. cit., p. 254-255.
329
. N. GRIMAL, Les termes de la propagande royale égyptienne, p. 556.
330
. Ibid., p. 719.
331
. M. LIVERANI, op. cit., p. 115.
332
. A. PÉREZ LARGACHA, op. cit., p. 20.

380
l’Égypte, c’est l’un de ses devoirs333. La mention de la position isolée de pharaon contre un
nombre important d’ennemis permet d’héroïser davantage le côté dramatique de
l’événement334. Certaines spécificités de ces scènes deviennent également des standards, des
référents culturels335 utilisés au bénéfice de chaque pharaon, telle la scène du roi frappant ses
ennemis avec une massue.

§ 163. Le choix des soldats par le souverain est une première donnée importante avant le
combat. Montouhotep II parle d’eux comme étant « l’armée victorieuse de (mon)
recrutement » (Texte A4). Grâce à son omniscience, le souverain a les facultés nécessaires
pour sélectionner les fantassins qui lui permettront de triompher. Quant à Kamosis, il raconte
que sa « brave armée » se trouvait devant lui et que ses archers repoussaient les Nubiens.
Comme vu précédemment, l’armée de Kamosis est comparée à une explosion de feu ainsi
qu’à un lion, l’accent est ainsi mis sur les capacités militaires exceptionnelles de ses soldats
(Texte A8). L’armée royale dans plusieurs cas parvient à abattre les ennemis (Textes A10,
A22, A27c, A28), à les capturer et à les piller (Textes A13, A22, A28).

§ 164. Toutefois, bien que certains textes mettent en avant les actions de ses soldats, ce
sont les exploits de pharaon qui sont présents en plus grande quantité dans les « narrations
royales ». L’utilisation de la première personne est omniprésente, le roi fait état de ses
prouesses sur le champ de bataille. Il décapite ainsi les ennemis (Texte A4), les repousse
(Texte A8), les expulse (Texte A4) et les tue (Textes A8, A20). Un lexique très violent est
utilisé, le monarque ne laisse aucune chance de survie à ses adversaires, il triomphe d’eux à
chaque fois (Textes A13, A16a) en réalisant une grande hécatombe (Textes A15, A17, A22,
A26, A27a, A27b, A28).

§ 165. Au sein de trois textes, pharaon semble avoir combattu seul. C’est ce que les scribes
ont souhaité mettre en exergue dans certaines Königsnovellen, car la grandeur du roi y
apparaît d’autant plus considérable. Le premier témoignage se trouve dans les Annales de
Thoutmosis III (Texte A13). Bien que ce dernier se dirige en direction du combat avec son
armée, le roi est l’unique acteur important de l’événement. En effet, l’avance vers Megiddo

333
. Ibid., p. 22.
334
. M. LIVERANI, op. cit., p. 117.
335
. A. PÉREZ LARGACHA, op. cit., p. 24.

381
fait référence aux mouvements du roi et non à ceux des soldats336. Plus explicitement, la stèle
de Konosso (Texte A15) indique clairement que Thoutmosis IV « sans attendre que vienne
pour lui son armée, il a accompli un important massacre grâce à son valeureux bras » alors
que quelques lignes auparavant le texte dit « son armée est avec lui, les bras forts, avec deux
rangées d’hommes, des recrues chacun de ses côtés ». Le roi seul contraste avec le nombre
d’ennemis cités337 ce qui rend son acte d’autant plus héroïque338.

§ 166. Enfin dans le « Bulletin de Qadech » (Texte A20), le récit indique à propos de
Ramsès II que « Sa Majesté était seule sans personne d’autre avec elle », il s’exclame
ensuite : « J’étais seul lorsque j’ai attaqué toutes les contrées étrangères alors que mon armée
et ma charrerie m’avaient abandonné »339. Ces éléments renvoient à la fureur de Ramsès II
envers son armée alors que cette dernière n’avait pas su anticiper l’intrusion d’ennemis
hittites dans le camp. Cette victoire en demi-teinte n’est selon le roi pas du fait de sa
responsabilité : ses soldats n’ont pas été à la hauteur durant ce temps de crise. Ramsès II à
travers cette « narration royale » souhaite donc signaler qu’il a gagné la bataille sans l’aide de
quiconque, ceci malgré l’incapacité de ses troupes et la conduite déloyale des Hittites340.
Effectivement, ces derniers sont présentés comme des scélérats prêts à tout pour triompher341.
De plus, la Königsnovelle présente l’armée hittite comme étant plus nombreuse que celle de
pharaon, du fait de la longue liste de ses vassaux, ce qui n’était pas nécessairement le cas. En
présentant l’adversaire comme innombrable, le récit expose de façon flagrante la supériorité
qualitative du monarque égyptien sur la supériorité quantitative de l’ennemi hittite342.

§ 167. Enfin, le dernier élément permettant d’affirmer la victoire militaire du roi et de ses
troupes se lit la plupart du temps dans la conclusion des Königsnovellen. Soit la situation est
explicitée en une courte phrase – c’est le cas dans la stèle de Kamosis (Texte A8) qui explique
que « le district de Néferousy était tombé » –, soit la liste des captures indique clairement que
les Égyptiens ont gagné car ils rapportent des prisonniers (Textes A16b, A17) et du butin
(Texte A22) en Égypte ou encore qu’ils ont taxé la région vaincue (Texte A4). Que les

336
. P. LUNDH, op. cit., p. 81-82.
337
. Ibid., p. 41.
338
. A. PÉREZ LARGACHA, op. cit., p. 25.
339
. M. LIVERANI, op. cit., p. 118.
340
. Ibid., p. 177.
341
. Ibid., p. 118.
342
. Ibid., p. 119.

382
chiffres soient réels ou fictifs, l’important est de montrer sa suprématie sur l’autre343. De plus,
avec l’introduction de la Königsnovelle en Égypte, l’importance du triomphe militaire prend
une autre dimension, car son caractère rituel devient public, dans les représentations et dans
les récits gravés. Le roi guerrier et son armée invincible garantissent ainsi la paix et la sécurité
du pays face à l’agressivité de la barbarie environnante qui est multiple et composite344.

3) Récompense des courtisans et de l’armée

§ 168. Les mentions de récompenses royales sont fréquentes en Égypte. Il n’est donc pas
surprenant d’en retrouver certaines dans les Königsnovellen égyptiennes. Cette caractéristique
se rapporte à des récits remontant à des périodes bien éloignées les unes des autres : Ounas
(Texte A3), Montouhotep II (Texte A4), Ramsès II (Texte A21) et Tanoutamon (Texte A25).

§ 169. Les récompenses royales dans les autobiographies privées remontent à l’Ancien
Empire. Durant la première moitié de la Ve dynastie, sous le règne de Néferirkarê, des
inscriptions dans des tombes de particuliers racontent que pharaon leur avait distribué de la
nourriture ainsi que des huiles précieuses, du bétail et des terres345. S’il est envisageable de
trouver dans certaines autobiographies ces courts passages spécifiques, à cette même période
il est possible de rencontrer des récits entièrement dédiés aux faveurs royales. Ces
autobiographies se concentrent alors sur un événement particulier qui a provoqué de la part du
souverain le don d’un présent, il s’agit souvent de la construction d’une tombe et de
l’équipement de celle-ci composée de divers mobiliers funéraires346. Les textes de cette
époque semblent raconter la plupart du temps les mêmes types de récompenses à quelques
exceptions près.

§ 170. Toutefois, ces passages ciblés dans les « narrations royales » égyptiennes ne se
déroulent pas tous dans un contexte identique. Ounas (Texte A3) gratifie ses courtisans de
nourritures en tout genre et de matériaux précieux pour les remercier d’avoir rempli leur
mission. Ils sont en effet parvenus à rapporter au roi d’immenses colonnes en granit
d’Éléphantine pour la construction de son temple funéraire. Dans un registre presque
identique, Ramsès II (Texte A21) récompense cette fois-ci le directeur de ses travaux ainsi

343
. A. PÉREZ LARGACHA, loc. cit.
344
. M. LIVERANI, op. cit., p. 115.
345
. N. KLOTH, op. cit., p. 168.
346
. Ibid., p. 241.

383
que ses ouvriers par une quantité importante d’or et d’argent, après que ceux-ci ont achevé
pour lui la confection d’une gigantesque statue en grès. Enfin, Tanoutamon (Texte A25)
procure à ses conseillers du pain, de la bière et « toutes sortes de bonnes choses » après un
serment d’allégeance dans lequel ils disent servir le souverain étant donné qu’il a été désigné
par la divinité pour devenir roi. Les récompenses les plus fréquentes dans les récits égyptiens
résultent d’une victoire militaire. En effet, lorsqu’à l’issue de la bataille les Égyptiens ont
vaincu l’adversaire, pharaon leur accorde généralement une part du butin récupéré. Ce type de
récompenses est généralement visible sur les édifices monumentaux rapportant les
affrontements importants347. Dans sa Königsnovelle, Montouhotep II (Texte A4) se dirige
avec son armée vers le Nord afin de vaincre ses ennemis. La mission semble bien engagée car
le roi, dès le début du texte, accorde des trésors « composés de toutes sortes de choses » à sa
troupe qui a réussi à accoster avec succès.

§ 171. Bien que les gratifications mentionnées dans les récits et les représentations soient
souvent identiques, la constitution des récompenses de l’armée et des privés est cependant
hétérogène car le contexte de chacune est différent 348 . Certains textes donnent des
informations sur des cérémonies particulières de gratification royale. L’une d’entre elles, la
plus connue, se nomme « l’or de la récompense » ou « l’or de la faveur » (nbw n ḥs.t)349.
Cette distinction honorifique est décrite pour la première fois durant la VIe dynastie dans la
tombe d’un nomarque d’Éléphantine nommé Sabni. J. Vergote rappelle utilement qu’il ne faut
pas confondre les scènes de versement de salaire et celles de récompense. Il existe en effet de
nombreuses représentations sur lesquelles des hommes et des femmes reçoivent de gros
colliers, de l’huile et des vêtements. Il s’agit en réalité des ouvriers égyptiens qui perçoivent
la rémunération qui leur est due contre services rendus350.

§ 172. La cérémonie de l’Or de la récompense ne touche pas une strate précise de la


société, il est possible d’y voir convier des prêtres, des soldats, des vizirs ou encore des
artisans spécialisés 351 . La Königsnovelle de Ramsès II (Texte A21) fait d’ailleurs
probablement référence à cette activité lorsqu’il décide d’offrir de l’or et de l’argent à

347
. S. HALLMANN, Die Tributszenen des Neuen Reiches, ÄAT 66, 2006, p. 297.
348
. Ibid.
349
. S. BINDER, The Gold of Honour in New Kingdom Egypt, ACE-Stud 8, 2008.
350
. J. VERGOTE, Joseph en Égypte, Louvain, 1959, p. 122.
351
. S. BINDER, « Joseph’s rewarding and Investiture (Genesis 41:41-43) and the Gold of Honour in New
Kingdom Egypt », dans S. Bar, D. Kahn, J.J. Shirley (éds), Egypt, Canaan and Israel: history, imperialism,
ideology and literature. Proceedings of a conference at the University of Haifa, 3-7 May 2009, 2011, p. 48-
49.

384
profusion à ses ouvriers. Néanmoins, une différence est établie entre les objets reçus par les
civils ou par la classe militaire352. Les récompenses sont composées de prisonniers, de statues,
de promotions à un rang plus élevé ou encore de provisions353. De nombreux témoignages
apparaissent durant le Nouvel Empire notamment durant la période amarnienne. À cette
époque, les scènes de distribution de l’or connues habituellement se modifient : Akhénaton et
la reine Néfertiti s’affichent à la fenêtre d’apparition, ils assistent soit au spectacle d’un
dignitaire accrochant les colliers au cou du décoré, soit le pharaon fait pleuvoir sur le
personnage des bijoux et des objets en or354. Ces événements rappellent fortement le récit
biblique de Gn 41 dans lequel Joseph se voit remettre par pharaon un anneau royal, un collier
d’or et des vêtements fins en lin car il a réussi à lui interpréter ses rêves alors que personne
n’avait réussi auparavant.

§ 173. Les passages soulignant la gratitude du roi dans les « narrations royales » sont
importants pour plusieurs raisons. Tout d’abord, ces récompenses sont attribuées à des
individus qui ont réussi à accomplir un fait particulier : rapporter des matériaux d’une contrée
lointaine, se déplacer avec succès pour une guerre, façonner une statue pour le roi ou encore
témoigner de l’ardeur de leur fidélité. Lorsqu’une opération se déroule sans heurts, le mérite
revient finalement au roi car il a eu la capacité de faire agir ses sujets comme il le fallait. De
plus, en récompensant ses courtisans le roi légitime sa position de monarque bienveillant et
reconnaissant. Une cercle vertueux s’installe donc entre les différents protagonistes : le roi
ordonne, ses hommes obéissent et agissent favorablement, pharaon les récompense, sa cour se
réjouit de cette distinction, loue davantage le roi qui en ressort à la fin plus grand dans l’esprit
de chacun.

4) Songe et oracle du roi

§ 174. Dans cinq Königsnovellen égyptiennes, le roi est décrit comme étant en train de
rêver (Textes A14, A15, A22, A26, A30). La notion de songe durant l’antiquité sert avant tout
d’outil littéraire aux scribes car il leur permet de créer un pont entre le monde humain et
divin355. La caractéristique du songe et de l’oracle royal est notable à la fois dans les
« narrations royales » égyptiennes et bibliques. À l’inverse de la Mésopotamie, les rêves-

352
. J. VERGOTE, op. cit., p. 128.
353
. Ibid., p. 112.
354
. Ibid.
355
. K.M. SZPAKOWSKA, Behind Closed Eyes: Dreams and Nightmares in Ancient Egypt, Swansea, 2003, p. 41.

385
messages356 apparaissent tardivement en Égypte, ils datent en effet du Nouvel Empire. Quant
aux autres types de rêves357, ils ne font leur apparition que cinq siècles plus tard sous le règne
de Tanoutamon (Texte A26)358. Bien qu’ils soient parfois facultatifs359, les songes tiennent
une place importante dans les Königsnovellen car ils font systématiquement avancer l’action
en cours et peuvent même être l’élément déclencheur de cette dernière360. Les situations
oniriques des cinq « narrations royales » ont des objectifs différents : légitimation royale
(Textes A14, A26), encouragement pour une bataille (Textes A15, A22) ou encore requête
exprimée de la part du dieu (Textes A14, A30). Les mises en situation sont également
diverses : roi dormant (nuit et jour), incubation...361

§ 175. Il est possible d’associer les récits de Thoutmosis IV (Texte A14) et de Tanoutamon
(Texte A26) 362 car ils ont tous les deux pour but de confirmer la position des deux
personnages en tant que pharaon régnant sur l’Égypte et donnent des indications sur
l’avenir363. S’il est possible de les associer à propos de leur intention finale, ils sont toutefois
très différents dans leur mise en forme. En effet, la « Stèle du Sphinx » de Thoutmosis IV est
un rêve-message, Harmachis s’adresse au roi de manière directe, le songe est donc
intelligible. En revanche, la « Stèle du Songe » de Tanoutamon présente un rêve-symbolique
car à son réveil le roi est désorienté, il ne comprend pas son rêve. De plus, l’un des songes se
déroule durant la journée : « À l’heure de midi, il se repose à l’ombre de ce grand dieu, le
sommeil et le rêve se saisirent de lui au moment où le soleil était au zénith » (Texte A14)
alors que l’autre s’accomplit à la tombée de la nuit : « Sa Majesté vit un rêve durant la nuit »
(Texte A26).

§ 176. La « Stèle du Sphinx » est très importante à plusieurs égards. Premièrement, la


divinité s’adresse au roi, le rêve apparaît ainsi dans cette Königsnovelle comme « un
instrument de contact entre le roi et le surnaturel » 364 . Aussi, le récit qualifie-t-il

356
. A.L. OPPENHEIM, The interpration of dreams in the ancient Near East: with a translation of an Assyrian
dream-book, TAPS 46/3, 1956, p. 186-206.
357
. Ibid., p. 206-237.
358
. K.M. SZPAKOWSKA, op. cit., p. 47.
359
. A. SPALINGER, Aspects of Military, p. 102.
360
. A. HERMANN, op. cit., p. 12 ; E. OTTO, loc. cit.
361
. M.-A. BONHÊME, « Pouvoir, prédestination et divination dans l'Égypte pharaonique », dans El. Smadja,
E. Geny (éds), Pouvoir, divination et prédestination dans le monde antique. Actes colloques 97/98, ISTA 717,
1999, p. 153-154.
362
. J.-M. HUSSER, Dreams and Dream, p. 61-63.
363
. A. HERMANN, loc. cit.
364
. M.-A. BONHÊME, op. cit., p. 154.

386
Thoutmosis IV de prince dans le rêve alors qu’au début de celui-ci une titulature royale est
bien énoncée. Cet élément fait comprendre que le texte a été écrit après son couronnement
afin de légitimer son ascension en tant que pharaon intronisé365. En effet, Harmachis annonce
à Thoutmosis IV qu’il le reconnaît comme son fils et qu’il lui confère la royauté. Comme
l’explique M.-A. Bonhême, dans cette situation précise le dieu est connu, il parle et possède
un corps et un visage définissable précisément car il s’agit du sphinx. Pourtant à son réveil la
réaction du roi est le silence. C’est par la suite, rétrospectivement, grâce au désensablage du
sphinx de la part du souverain que ce dernier sera reconnu en tant que tel. En signalant qu’il
était ainsi prédestiné, Thoutmosis IV s’assure d’éliminer la candidature de ses frères aînés,
étant donné qu’il n’était pas prioritaire pour monter sur le trône366.

§ 177. Concernant Tanoutamon, comme mentionné auparavant, le roi est incapable de


comprendre la signification de son rêve. Il y voit deux serpents, l’un à sa droite, l’un à sa
gauche. On lui explique alors que les serpents représentent en réalité la Haute et la Basse-
Égypte et qu’il deviendra donc pharaon. Il s’agit d’un rêve prophétique367 censé décrire
l’avenir ; c’est pourquoi la Königsnovelle raconte la conquête militaire de l’Égypte par
Tanoutamon. Il rétablit l’ordre en expulsant les rebelles et en créant de nouvelles offrandes368.
Il décrit sa victoire comme un plan divin, renvoyant ainsi au rêve mentionné au début du récit.
Certains auteurs pensent d’ailleurs qu’il pourrait s’agir d’une incubation369 bien que rien ne
l’indique expressément dans le texte. La « Stèle du Songe » expose une conquête militaire
triomphale légitimant ainsi la position de Tanoutamon, devant qui chacun doit se prosterner.
Son songe se réalise d’ailleurs dans la réalité, malheureusement le triomphe est de courte
durée car les Assyriens finissent par l’emporter370.

§ 178. Deux autres rêves royaux se déroulent dans des conditions semblables car ils
surviennent avant un combat. Le premier date du règne de Thoutmosis IV dans la stèle de
Konosso (Texte A15). Le roi vient d’apprendre qu’une rébellion nubienne se prépare, il se
rend donc dans un temple afin de s’adresser à une divinité, il s’agit là d’une consultation
oraculaire. Le roi l’interroge à propos de la situation en cours, il obtient sa réponse et organise
ses troupes. Bien que le récit mette en avant la capacité du roi à réprimer militairement les

365
. G. POSENER, De la divinité de Pharaon, p. 85.
366
. M.-A. BONHÊME, op. cit., p. 152.
367
. K.M. SZPAKOWSKA, op. cit., p. 52.
368
. L. TÖRÖK, « Dream Stela of Tanutamani », p. 209.
369
. Ibid., p. 208 ; R.B. GOZZOLI, op. cit., p. 84.
370
. Ibid., p. 83.

387
soulèvements rebelles, la description de cet oracle met surtout l’accent sur la relation que
Thoutmosis IV entretient avec les dieux : l’aide qu’ils lui apportent et le caractère divin de sa
quête à défendre son pays371. De plus, grâce à la composition de la Königsnovelle, il est
possible de constater l’importance qu’accorde le roi aux oracles. Lorsque ce dernier entend le
message visant à l’informer de la rébellion, le souverain ne prend pas la peine de répondre à
ses conseillers, son premier acte consiste à se rendre au temple afin d’obtenir les réponses
dont il a besoin pour le rassurer quant à l’issue victorieuse de sa conquête.

§ 179. Le second songe concerne Mérenptah (Texte A22). Avant la bataille contre les
Libyens, dans une séquence assez courte372, pharaon voit en rêve une statue de Ptah qui lui
donne une hache pour la guerre qui se prépare. La divinité le réconforte373, l’encourage la
veille du combat374 et lui parle, malheureusement la réponse du roi est lacunaire. La présence
de Ptah dans les récits militaires n’est toutefois pas fréquente ce qui témoigne de la place
privilégiée acquise par cette divinité durant le règne de Mérenptah375. D’ailleurs, dans le
passage précédent le rêve, Amon donne son approbation pour la campagne militaire, bien que
ce ne soit pas lui qui intervienne dans le songe du roi376. L’apparition d’un dieu dans un
moment critique est aisément explicable : étant donné que les dieux « sont partie prenante
dans le conflit, l’échec de pharaon serait également le leur »377. Leur aide est donc nécessaire
pour la victoire et pour leur crédibilité personnelle. Tout ceci est réalisable à travers la figure
du roi guidé divinement.

§ 180. Le Texte A22 permet d’appréhender l’une des facettes du souverain égyptien. En
effet, ce n’est pas un hasard si Ptah rend visite à Mérenptah dans un moment de
vulnérabilité378. Le fait de rêver est une activité proprement humaine, un songe royal montre
ainsi que pharaon « n’est pas hors de l’humaine condition ». Lui-aussi doute, il a donc besoin
de soutien car il n’est pas omniscient en ce qui concerne l’avenir379. D’ailleurs, les dieux ne se
manifestent pas seulement auprès des souverains, le simple mortel peut également avoir la
chance d’être en contact avec la divinité durant son sommeil. En revanche, une différence

371
. A. KLUG, op. cit., p. 352.
372
. A. SPALINGER, Aspects of Military, p. 116.
373
. G. POSENER, De la divinité de Pharaon, p. 85.
374
. S. SAUNERON, op. cit., p. 24.
375
. P. LUNDH, op. cit., p. 63.
376
. K.M. SZPAKOWSKA, op. cit., p. 53.
377
. Fr. SERVAJEAN, Mérenptah et la fin de la XIXe dynastie, Paris, 2014, p. 42.
378
. K.M. SZPAKOWSKA, loc. cit.
379
. M.-A. BONHÊME, op. cit., p. 154.

388
notable est à signifier à propos du monarque et du commun des mortels : la communication.
Le dieu dialogue avec pharaon, il agit pour lui, le roi est capable de lui répondre car il le voit
et l’entend. Inversement, avec un simple mortel, la vision est distante, sans contact personnel,
ce dernier aperçoit la divinité mais n’a aucune interaction directe avec celle-ci380. Comme le
note à juste titre G. Posener, rendre public les songes du pharaon fait que sa personne s’écarte
en quelque sorte des dieux, car en commémorant ces apparitions divines dans des contextes
particuliers, il reconnaît que ces échanges sont exceptionnels et non systématiques381. Dans le
cas de la bataille contre les Libyens, la faveur d’Amon n’est pas suffisante, il est nécessaire
que Ptah chasse la faiblesse humaine de Mérenptah, c’est pourquoi il le soutient à travers son
rêve. En outre, c’est la première fois qu’une situation onirique présente une description
visuelle d’un dieu. Cette innovation visuelle est un moyen de différencier les songes royaux
de ceux des individus non royaux car elle montre que Mérenptah a accès physiquement à la
divinité ce qui lui permet, pour la première fois dans les textes égyptiens, de communiquer
par la parole avec elle382.

§ 181. Ce double aspect du roi, tantôt divin tantôt humain, qui se manifeste dans les rêves,
est cohérent avec la définition de la « narration royale » proposée par A. Loprieno, dans
laquelle il explique que l’étude de la Königsnovelle est un moyen de comprendre la position
du roi vis-à-vis de l’humanité et du monde divin383. Ces circonstances oniriques royales
permettent en effet de considérer pharaon comme étant un individu dédoublé : d’une part il
participe au divin du fait de sa position, de ses actes rituels et des liens privilégiés qu’il
entretient avec les dieux. D’autre part, il exerce une fonction terrestre et ne peut rien réaliser
sans l’aide et l’approbation de ces derniers384.

§ 182. La « Stèle du Sphinx » de Thoutmosis IV ainsi que celle de l’an 1 d’Aspelta


racontent l’élection divine de ces deux pharaons. Les contextes sont proches car ils font
intervenir songe et oracle. Harmachis au cours d’un rêve dit à Thoutmosis IV : « Je te donne
[ma] royauté [sur terre présidant les vivants], tu porteras la couronne blanche et la couronne
rouge sur le trône de Geb, le prince (des dieux) » (Texte A14). Quant à Aspelta il est désigné

380
. G. POSENER, op. cit., p. 86 ; Ibid.
381
. G. POSENER, De la divinité de Pharaon, p. 87.
382
. K.M. SZPAKOWSKA, op. cit., p. 54.
383
. A. LOPRIENO, « The King’s Novel », p. 277-295.
384
. G. POSENER, op. cit., p. 88.

389
par Amon-Rê de Napata pour monter sur le trône385 : « Alors ce dieu dit : « À toi est la
couronne de ton frère, le roi de Haute et Basse-Égypte [Anlamani], juste de voix »
(Texte A26). Cette interaction personnelle entre le roi et le dieu légitime la position de
pharaon386. Le souverain d’Égypte est le seul mortel qualifié pour communiquer de manière
directe avec les divinités, il a en effet la capacité d’interagir avec elles387. D’ailleurs, cette
relation privilégiée fait qu’Hatchepsout se targue de connaître les volontés intimes d’Amon :
« Il m’a ouvert ce qu’il y avait dans son cœur, je connaissais donc tout ce qu’il désirait »
(Texte A12).

§ 183. Dans d’autres conditions, certains événements oniriques réaffirment seulement la


position divine du roi qui a déjà agi pour le mieux388. C’est notamment le cas du rêve de
Djoser dans la « Stèle de la Famine » (Texte A30). Datant d’une période tardive, ce songe
rappelle celui de Thoutmosis IV dans la « Stèle du Sphinx » (Texte A14) car Djoser s’endort
et le dieu, ici Khnoum, lui parle sans que le roi ne lui réponde. Il est important néanmoins de
signaler un élément : dans la « Stèle du Sphinx », Harmachis donne ses instructions à
Thoutmosis IV, qui se réveille, obéit au dieu en le désensablant, ce qui permet au prince de
devenir roi. Dans la « Stèle de la Famine », Djoser a déjà agi pour la divinité en ayant ramassé
les pierres nécessaires à la restauration des statues et des bâtiments. Dans le songe du roi,
Khnoum ne fait donc que rappeler les actions précédentes de Djoser et le récompense par la
planification d’une crue.

Premier cas : ordre (rêve) + action = conséquence


Deuxième cas : action + résultat (rêve) = conséquence

§ 184. Tout comme dans le rêve de Mérenptah, Djoser voit le dieu se tenant debout devant
lui, mettant en avant une fois encore le lien physique privilégié entre pharaon et la divinité :
« je trouvais le dieu debout devant moi ». Enfin, lorsque le rêve se termine, le roi s’exprime
en disant : « ma conscience s’activait et ma fatigue s’écarta. » Cette exemple souligne ainsi
deux points fondamentaux : la nature divine du roi qui a le privilège d’apercevoir la divinité

385
. J. BAINES, « Kingship, Definition of Culture, and Legitimation », dans D.P. Silverman, D. O'Connor (éds),
Ancient Egyptian Kingship, ProblÄg 9, 1995, p. 35.
386
. C.J. EYRE, op. cit., p. 416.
387
. E.F. MORRIS, « Propaganda and Performance at the Dawn of the State », dans J.A. Hill, Ph. Jones,
A.J. Morales (éds), Experiencing Power, Generating Authority : Cosmos, Politics, and the Ideology of
Kingship in Ancient Egypt and Mesopotamia, 2013, Philadelphie, p. 45.
388
. K.M. SZPAKOWSKA, op. cit., p. 54-55.

390
mais aussi sa part humaine car comme tout un chacun, il peut se trouver dans un état de
faiblesse passagère.

5) « Acte de parole » ou performativité

§ 185. En Égypte ancienne, la maîtrise de l’éloquence tient une place particulière au sein
de l’élite389. Ce goût pour la rhétorique est visible dans plusieurs textes connus, tels que
l’Enseignement de Ptahhotep ou encore le Conte du paysan éloquent 390 . C’est donc
naturellement que cette notion se retrouve au sein des Königsnovellen dans lesquelles pharaon
parvient par l’intermédiaire de sa parole à exprimer sa volonté.

a. Discours performatif

§ 186. La notion de performativité a été théorisée par le linguiste J.L. Austin dans son livre
How to do Things with Words391. Il y explique qu’une énonciation performative n’est ni
fausse ni vraie, son objectif n’est pas de dire mais de faire. Le sociologue P. Bourdieu en
1982 complète le travail de son confrère en y ajoutant quelques éléments non négligeables
pour le propos. Ce dernier écrit que « l’usage du langage (...) dépend de la position sociale du
locuteur » : c’est sa participation à une institution qui légitimera son discours. Les paroles
prononcées par le « porteur » exécuteront une action seulement parce qu’un groupe externe
aura reconnu son autorité à détenir le pouvoir d’agir. La personne reconnue comme habilitée à
s’exprimer pourra alors discourir pour engendrer un acte particulier dans une situation où elle
a la légitimité de le faire392. Dans la présente étude il s’agit de pharaon, légitimé par les dieux
et vénéré par son peuple, les premiers lui permettant d’accomplir ses exploits, les seconds
louant ses mérites et lui obéissant.

b. Le pharaon créateur

§ 187. Six « narrations royales » font référence à la performativité de la parole royale. Le


roi fait acte de parole, c’est-à-dire que grâce à sa parole des choses se produisent. G. Posener
explique en effet qu’il est fréquent de trouver dans les textes égyptiens l’image d’un souverain
thaumaturge. Il dispose de facultés surnaturelles qui lui permettent, à l’instar des divinités, de

389
. L. COULON, « Véracité et rhétorique dans les autobiographies égyptiennes de la Première Période
intermédiaire », BIFAO 97, 1997, p. 127.
390
. R.J. WILLIAMS, « Literature as a Medium of Political Propaganda in Ancient Egypt », dans
W.S. McCullough (éd.), The Seed of Wisdom. Essays in Honour of T.J. Meek, Toronto, 1964, p. 14-15.
391
. Nous utilisons la traduction française J.L. AUSTIN, Quand dire c’est faire, Paris, 1970, p. 41-42.
392
. P. BOURDIEU, Ce que parler veut dire : l’économie des échanges linguistiques, Paris, 1982, p. 107-111.

391
participer à l’œuvre de création393. Ces idées sont développées dans plusieurs Königsnovellen
égyptiennes ayant pour thématiques principalement des activités de construction et
restauration ou de création de nouvelles offrandes, des expéditions vers l’étranger ou encore
des activités économiques. Il existe deux types de discours relatifs à la performativité de la
parole royale dans ces récits : ceux où le roi s’exprime à la première personne, ils sont
performatifs, et ceux où ses courtisans décrivent et rapportent la performativité de sa parole
divine.

§ 188. Lorsque la cour s’adresse au roi plusieurs éléments sont exprimés. Leurs éloges
révèlent divers aspects de la nature divine du monarque. À plusieurs reprises, ce dernier est
assimilé à l’image de plusieurs dieux. Le couple Hou/Sia apparaît souvent, Hou caractérisant
la parole et Sia la conscience (Textes A5, A7, A11, A19)394. Ces deux attributs royaux et
divins395, puissance du verbe pour le premier et faculté de perception pour le second, sont les
conditions requises pour que le roi puisse réaliser ce qu’il souhaite396. Ils participent à la
prédestination royale qui repose sur la connaissance du savoir originel, notamment à travers
Sia. De ce fait le souverain, doué de discernement, est comparé à Rê397 qui lui confère ce
pouvoir créateur398. Cet entendement provenant de Sia combiné à l’élocution de Hou font que
les volontés du souverain se réalisent399. Ceci explique donc les nombreuses phrases telles
que : « C’est beau ce que tu as dit souverain, mon maître, tu vas bâtir tes monuments »
(Texte A6), « Ce que ton ka ordonne se produira » (Texte A7), « Si tu dis à l’eau : “Viens de
la montagne !”, le Noun sortira aussitôt », « Tes paroles se produisent chaque jour »
(Texte A19). Ces énoncés ont pour objectif de qualifier la parole royale comme étant
performative.

§ 189. La stèle de Kouban (Texte A19) est un exemple parfait pour démontrer l’importance
du discours royal. Premièrement, Ramsès II est comparé à plusieurs reprises à des divinités,
outre Sia et Hou il est associé à Rê, ses paroles sont comparées à celles de Horakhty et le récit
raconte que ses « lèvres sont plus précises que le juste peson de Thot ». La nature divine du
roi ne fait aucun doute, il porte en lui cette multitude de compétences divines qui lui permet

393
. G. POSENER, De la divinité de Pharaon, p. 47.
394
. D. FAROUT, « Naissance du dialogue de cour sur les monuments d’Ancien Empire », RdE 64, 2013, p. 20.
395
. R.J. WILLIAMS, « Literature as a Medium », p. 14.
396
. G. POSENER, De la divinité de Pharaon, p. 48.
397
. N. GRIMAL, Les termes de la propagande royale égyptienne, p. 116.
398
. J. STAUDER-PORCHET, op. cit., p. 62.
399
. G. POSENER, loc. cit.

392
de créer selon sa volonté. L’idée du pouvoir surnaturel400 de Ramsès II est également visible à
travers sa capacité à parler aux dieux qui lui obéissent. Tel est le cas de son père Hâpi, qui fait
jaillir pour lui l’eau du sommet de la montagne car pharaon lui a tout simplement demandé de
le faire ; les courtisans ajoutent : « Il agira conformément à tout ce que tu auras dit ». Ce
passage souligne clairement le caractère efficient de la parole de pharaon. Comme le souligne
B. Mathieu, le passage biblique de la « mer Rouge » semble constituer une inversion de ce
topos de l’idéologie ramesside. Dans l’Ancien Testament, c’est Moïse qui s’adresse à l’eau
pour qu’elle laisse passer son peuple ; il ne souhaite pas la faire apparaître mais veut l’écarter,
à l’inverse de Ramsès II qui désire la faire jaillir ; enfin, le prodige n’est pas réalisé dans le
but de faire prospérer l’Égypte mais de la mener à sa perte401. Le jaillissement de l’eau est
d’ailleurs une situation miraculeuse assez fréquente dans les récits égyptiens, elle permet au
roi d’exercer sa capacité créatrice dans l’intention de préserver la vie humaine402.

§ 190. Dans les deux « narrations royales » d’Hatchepsout (Textes A11 et A12), la reine
s’exprime à la première personne. Ces affirmations sont relatives à l’efficacité de la parole de
pharaon : « Ma parole a été efficiente », « Je vais dire une chose importante », « Je suis un
dieu qui ordonne et qui fait se réaliser », « C’est ce que mon ka désire qui advient ».
J.L. Austin explique qu’en ce qui concerne les énonciations performatives, celui qui formule
l’énoncé est celui qui effectue l’action403 (sauf dans le cas d’ordres donnés à autrui). Puisque
celui qui parle est censé agir, il est raisonnable de trouver la plupart du temps des passages à
la première personne404. La position particulière d’Hatchepsout en tant que régente puis
pharaon a dû lui imposer un besoin tout particulier de légitimation ce qui peut expliquer
pourquoi les deux seules Königsnovellen comportant un discours performatif à la première
personne lui sont attribuées, bien que d’autres monarques parlent à la première personne.
Mettre au premier plan ses succès et ses aboutissements est l’objectif principal de la reine
durant son règne405.

§ 191. La notion supplémentaire qui est manifeste dans les « narrations royales »
d’Hatchepsout concerne l’importance accordée à l’écoute et à l’obéissance de la part des

400
. Ibid., p. 49.
401
. B. MATHIEU, « Stèle royale de Ramsès II », p. 11, note 17.
402
. C’est notamment le cas dans la stèle de l’an 6 de Taharqa qui provoque la crue à l’aide d’Amon (N. GRIMAL,
Les termes de la propagande royale égyptienne, p. 506-507).
403
. J.L. AUSTIN, op. cit., p. 84.
404
. Ibid., p. 84-85.
405
. G. POSENER, De la divinité de Pharaon, p. 49.

393
courtisans : « Suivez mes actions », « Vous agirez selon ce que je décide. C’est votre
existence qui est dans ma bouche. Vous entendrez et vous serez efficace jusqu’à la fin »,
« Vous remplirez mes instructions sans négliger ce que ma bouche a communiquées à propos
d’elles » (Texte A12). Comme expliqué précédemment, une formule performative
fonctionnera en tant que telle si un groupe extérieur valide la position de l’énonciateur. C’est
précisément la situation affichée dans le Texte 12 : par le biais des ordres donnés à sa cour,
les actions se réalisent car cette dernière se conforme à ce que la souveraine désire. La
performativité de l’action, ici l’expédition vers Pount, est rendue possible car le discours
d’Hatchepsout est entendu, accepté et exécuté par son entourage.

§ 192. Les affirmations énoncées par un roi capable d’engendrer ce que bon lui semble
sont visibles dès l’Ancien Empire. Elles sont au départ appliquées aux divinités puis ont été
adaptées à la personne de pharaon406. C’est le cas dans la tombe de Nyânkhsekhmet : les deux
407
stèles mentionnées par l’inscription sont commandées par Sahourê .
Nyânkhsekhmet s’adresse au souverain en sollicitant de sa part une stèle fausse-porte.
Sahourê fait donc apporter deux stèles et requiert le savoir-faire de ses artisans. Le texte se
conclue par : « En effet, il savait, et de même toute sa suite, que si quoi que ce soit sort de la
bouche de Sa Majesté, cela se produit immédiatement ». Il est d’ailleurs précisé que la
connaissance du roi lui a été donnée par les dieux408. Dans ce cas la parole de Sahourê est
performative, Nyânkhsekhmet réclame l’aide de Pharaon, le roi ordonne et l’élaboration se
produit. Déjà à l’Ancien Empire, dans un contexte de cour hautement ritualisé, la parole
royale performative transparaît. Comme le souligne justement J. Stauder-Porchet, cette
performativité royale se manifeste physiquement dans ce cas du fait de l’existence des stèles
fausses-portes dans la tombe409.

§ 193. Ceci explique les thématiques des Königsnovellen comportant cette caractéristique.
Les textes militaires ont laissé une trace dans l’Histoire, principalement sous la forme de
récits gravés censés rappeler à tous les événements passés, au contraire des activités de
construction ou de restauration et de création de nouvelles offrandes, d’expédition vers

406
. Ibid., p. 48.
407
. J. STAUDER-PORCHET, « Les autobiographies événementielles de la Ve dynastie : premier ensemble de textes
continus en Égypte », dans M. Barta et al. (éds), Abusir and Saqqara in the Year 2010/2, Prague, 2011,
p. 751.
408
. Ead., Les autobiographies de l'Ancien Empire égyptien: étude sur la naissance d'un genre, OLA 255, 2017,
p. 58-60.
409
. Ibid., p. 62.

394
l’étranger ou encore d’activités économiques qui ont laissé des traces durables et encore
visibles. Les temples restaurés et construits comme l’a ordonné le souverain sont une preuve
de la puissance de sa parole. Les exemples les plus frappants concernent d’ailleurs la
construction de l’obélisque dont Hatchepsout parle dans sa « narration royale » (Texte A11)
ainsi que le puits mentionné dans la stèle de Kouban qui a été localisé par des archéologues
russes (Texte A19)410.

§ 194. Finalement, la parole royale performative apparaît comme caractéristique des


Königsnovellen égyptiennes. En effet, l’acte de création par la parole dans la Bible concerne
uniquement Dieu. Ce point est visible dès le début de l’Ancien Testament, Dieu crée l’univers
et l’humanité en parlant (Gn 1,1-11). Pharaon a la capacité d’engendrer des situations
particulières grâce à son discours, à l’inverse des souverains bibliques qui se soumettent
uniquement à la parole divine.

6) Eulogies royales

§ 195. Les eulogies royales font partie intégrante des textes historiques égyptiens, elles y
sont omniprésentes411. Les retrouver dans les « narrations royales » est donc tout naturel. En
revanche, leur mise en forme ainsi que leur contenu sont différents selon les thématiques des
récits. La présence de la cour est très importante pour plusieurs raisons, mais elle l’est tout
particulièrement lorsqu’il s’agit de vanter les mérites de pharaon : un public conquis participe
activement à la perpétuation de la splendeur du souverain. La date de l’apparition de ces
éloges royaux est controversée, alors que J. Assmann situe l’émergence de ce phénomène
durant le règne de Sahourê, A. Spalinger pense que ce monarque n’est pas à l’origine de la
pratique et suggère une date plus ancienne412.

§ 196. Il est important d’étudier les eulogies royales dans les Königsnovellen car elles sont
exposées de manière différente que dans d’autres textes historiques. Tout d’abord,
l’identification des locuteurs peut faire défaut dans ceux-ci alors que dans les « narrations
royales » les scribes désignent systématiquement les énonciateurs de ces éloges, c’est une

410
. B. MATHIEU, « Stèle royale de Ramsès II », p. 3, note 11.
411
. A. SPALINGER, « New Kingdom Eulogies of Power. A Preliminary Analysis », dans N. Cloth, K. Martin et
al. (éds), Es werde niedergelegt als Schriftstück, Festschrift für Hartwig Altenmüller zum 65. Geburtstag,
SAK 9, 2003, p. 420.
412
. Ibid., p. 417

395
façon d’ancrer le récit dans l’Histoire413. Il existe également divers types de louanges royales :
certaines servent principalement d’introduction au récit, elles n’ont aucun lien particulier avec
le reste du texte. Elles se positionnent à la suite de la date, ce qui permet de situer l’action
dans le temps. La Königsnovelle en elle-même débute juste après généralement grâce à
l’emploi du terme jst qui marque le commencement d’un nouvel énoncé. C’est d’ailleurs une
pratique très courante durant la période ramesside414 ; c’est par exemple le cas dans la stèle de
Kouban (Texte A19). Ce type de louanges n’est pas détaillé dans la présente étude car elles
n’ont pas de lien direct avec les événements des « narrations royales » analysées.

§ 197. Les premiers éloges royaux rencontrés datent de l’Ancien Empire (Textes A2 et
A3). Il est question d’une expression particulière de ceux-ci car ils sont visuels. À cette
époque les récits sont assez laconiques car les représentations qui les accompagnent ont une
très grande importance et les complètent donc. Pour Sahourê415 (Texte A1) et pour Ounas
(Texte A3), l’action qui se déroule dans leurs Königsnovellen respectives est identique car il
s’agit d’une expédition vers l’étranger. En effet, les tableaux associés aux récits montrent des
courtisans dans des bateaux, les bras levés vers le ciel, en position de respect pour acclamer le
roi. La répétition de ces scènes ainsi que le contexte général fait supposer qu’il s’agit d’un
usage courant à cette époque pour célébrer le retour des navires en Égypte. Il témoigne d’un
hommage visuellement fort.

§ 198. Outre les éloges introductifs et les louanges représentatives, il est possible
d’apercevoir des eulogies en relation avec l’événement sur lequel se focalise le texte. La
thématique de ces eulogies varie naturellement selon les compositions416 : les caractéristiques
d’un roi guerrier sont mises en avant pour un texte racontant une conquête militaire ou encore
les spécificités d’un roi bâtisseur sont explicitées pour un récit traitant d’une restauration de
temple... Effectivement les pouvoirs divins du roi sont toujours associés à l’événement qui est
censé le présenter comme un héros. Selon A. Spalinger, il devait exister à disposition des
scribes des sortes de « catalogues » d’encomia royales dans lesquels ils pouvaient piocher afin
de rédiger les éloges d’un pharaon. Ceci expliquerait la répétition de certains paragraphes,
vantant les mérites de pharaons différents en des termes identiques. En revanche, lorsque des

413
. Ibid., p. 419.
414
. Ibid., p. 415.
415
. J. BAINES, « Prehistories of literature: performance, fiction, myth », dans G. Moers (éd.), Definitely:
Egyptian literature. Proceedings of the Symposium “Ancient Egyptian literature: History and forms”, Los
Angeles, March 24–26, 1995, LingAeg - Studia Monographica 2, 1999, p. 24.
416
. A. SPALINGER, « New Kingdom Eulogies », p. 416.

396
besoins textuels particuliers intervenaient, par exemple pour la rédaction d’une Königsnovelle,
ils faisaient appel à leur imagination afin de créer des eulogies propres à l’action décrite417. Il
est même envisageable d’avancer que ces éloges étaient à l’origine oraux, les scribes
s’inspiraient donc des paroles qu’ils avaient pu entendre dans telle ou telle occasion
importante de la vie du roi418.

§ 199. Dans les eulogies royales énoncées dans les Königsnovellen, trois sections
récurrentes se répètent419 bien qu’elles ne soient pas toujours présentes conjointement. La
plupart du temps, l’éloge royale débute par les capacités divines du souverain c’est-à-dire
entre autre les liens qu’il entretient avec les divinités. Le pharaon est associé la plupart du
temps à Hou et Sia, et les dieux agissent pour lui afin qu’il réalise de grandes choses
(Textes A5, A6, A7, A13, A18, A19, A28). L’amour filial des dieux envers le roi est souvent
mis en avant ; c’est ce qui explique pourquoi ils l’ont créé (Texte A7, A24). C’est par
exemple le cas dans le passage de la Königsnovelle de Râhotep : « Ptah-Sokar t’a [engendré]
grâce à [son amour]. Les dieux t’ont fait naître ». Le souverain est l’image vivante des dieux
sur terre expliquant la dualité terrestre et divine qui le caractérise depuis le début de cette
étude (Texte A19).

§ 200. La seconde partie concerne ses capacités en tant que souverain. Certains passages
mettent en exergue le fait que rien n’est possible sans la présence du roi dans le quotidien de
chacun : « La foule ne peut rien atteindre sans toi » (Texte A5), « Y a-t-il quelque chose que
tu ne connaisses pas ? Qui est capable de comprendre à ta manière ? » (Texte A19) ; ou
encore que la paix règne uniquement grâce à lui et que personne ne manque de rien : « Il n’y a
pas de massacre durant ton époque » (Texte A17), « Ton ka est apaisé afin d’approvisionner
le Double-Pays » (Texte A25).

§ 201. Enfin, l’ultime section, qui se révèle être la plus importante pour ce sujet, se
rapporte aux éloges ayant un lien avec l’acte royal. Elle se divise elle-même en plusieurs
catégories. La première concerne le surpassement des prédécesseurs (Textes A2, A19, A22),
point développé plus en détails a posteriori dans la présente étude. Ensuite, certaines louanges
touchent les sens humains tels que l’ouïe et la vue, elles ont un impact fort car tout le monde

417
. Ibid., p. 421-422.
418
. Ibid., p. 417.
419
. Cl. MADERNA-SIEBEN, op. cit., p. 92-93.

397
peut les voir. En effet, l’acte majeur de la part de l’entourage du roi consiste en la
prosternation (Textes A7, A19, A25), qui précède la plupart du temps un discours fort
élogieux. Le fait de se prosterner ne s’applique pas seulement aux Égyptiens car les étrangers,
en signe de défaite, peuvent également l’exécuter : « Les princes de cette contrée étrangère
vinrent sur leurs ventres, ils se prosternèrent devant le pouvoir-baou de Sa Majesté »
(Texte A13). La position à plat ventre se révèle être une preuve de respect et d’adoration qui
permet également de mettre en exergue la hiérarchie sociale égyptienne.

§ 202. Les réactions des sujets du roi sont également décrites en détail. Des phrases claires
indiquent que ces derniers lui témoignent leur adoration : « Le peuple exultait et jubilait,
l’infanterie se réjouissait (bis). Ils proclamaient des louanges au seigneur du Double Pays et
ils rendaient hommage à ce dieu efficient » (Texte A10), « [...accord]ez-[lui des louanges,
rendez hommage au pouvoir-baou] de Sa Majesté (Texte A13), « Ils firent des louanges [...]
de la part des troupes de l’armée, qui étaient à l’avant » (Texte A16b), « Maintenant la terre
entière exultait jusqu’au firmament, les villes et les régions jubilaient à cause de ces prodiges
qui étaient advenus » (Texte A22). Les cris sont un signe de l’exultation du peuple, ils se
retrouvent donc souvent dans les eulogies : « Alors, l’armée entière cria de joie en faisant des
louanges à Amon [à propos des victoires] qu’il avait donné à son fils en [ce jour »
(Texte A13), « Les hommes criaient (de joie) en faveur de son amour » (Texte A15), « [...]
adorent leur seigneur en se prosternant, en se mettant sur le ventre en (sa) présence et en
s’écriant jusqu’à la hauteur du ciel (...) d’Akayta cria d’une joie immense ainsi que ceux qui
étaient loin [...] » (Texte A19), « Ensuite, son armée entière cria très fort » (Texte 24),
« L’Ouest et l’Est criaient des chansons » (Texte A26), « L’armée criait de joie et exultait sur
les routes » (Texte A28), « Le prince de Bakhtan criait de joie grandement avec chaque
homme qui se trouvait à Bakhtan » (Texte A29). L’amour que portent les dieux au souverain
est mis en avant tout comme celui que lui porte le peuple : « L’armée était en liesse du fait de
l’amour qu’elle éprouvait pour lui » (Texte A14). Il semble d’ailleurs que le fait d’obtenir des
marques d’attention de la part de la population est l’un des objectifs des pharaons car
Mérenptah s’exclame : « On dira pour moi des louanges à propos de ma droiture »
(Texte A22).

§ 203. La Königsnovelle de Râhotep rappelle ses qualités de constructeur : « ils [ont fait en
sorte] que tu construises et que tu fondes pour eux leurs temples » (Texte A7), même chose
pour Taharqa : « Tu es son fils qui rend parfait son monument » (Texte 25). Enfin, Séthy Ier

398
est parvenu à faire creuser un puits sur une route désertique pour les travailleurs qui
s’exclament : « Le chemin qui était difficile en nos esprits s’est transformé en un chemin
parfait (...) Il a puisé l’eau des montagnes alors qu’elle était loin des hommes ! » (Texte A18)
ou comme pour Ramsès II dans la stèle de Kouban : « L’eau qui est dans la Douat lui obéit
car il a extrait l’eau de la montagne » (Texte A19). Lorsqu’il s’agit de mater une rébellion, les
soldats s’exclament pour Amasis : « Qui les rabroue car ils sont nombreux contre notre pays ?
C’est Ta Majesté ! » (Texte A28) ou pour Mérenptah : « La victoire dans les annales ne sera
pas passée sous silence » (Texte A22).

§ 204. Enfin, le dernier élément faisant partie des eulogies consiste en un hymne420 au sein
duquel les courtisans sollicitent les divinités pour la prospérité de pharaon. Comme l’explique
G. Posener, il s’agit d’une pratique religieuse courante effectuée la plupart du temps au sein
des temples. Cet usage, fort répandu, est fréquent dans les textes historiques, et visible
notamment dans la « narration royale » de Séthy Ier à Kanaïs (Texte A18). C’est en
remerciement au roi que les membres des expéditions requièrent une protection divine pour le
souverain qui a réussi à creuser un puits : « Amon donne lui la pérennité, double pour lui
l’éternité. Divinités qui demeurent dans ce puits, accordez-lui votre existence dans la mesure
où il nous a ouvert ce chemin afin de passer car il nous bloquait ». Ce dernier point révèle une
fois de plus le caractère humain du roi car ses sujets considèrent d’une certaine manière
l’infériorité de leur chef qui nécessite une aide extérieure. Toutefois, ce procédé ne porte en
autant cas atteinte à la personne royale étant donné que même ce dernier adresse des prières
aux dieux pour sa faveur personnelle (Texte A18)421.

7) « Première fois », surpassement et postérité

§ 205. Les récits égyptiens font souvent référence à la « Première Fois ». Comme
l’explique S. Morenz, cette notion, correspondant à la création du monde, marque le
commencement d’un processus422. Cet âge d’or mythique n’est toutefois pas inaccessible,
bien au contraire il est le modèle que chaque roi tente de reproduire durant son règne423.
Avant l’achèvement de la création, le chaos total triomphait424, le créateur avait alors instauré

420
. En Égypte, eulogies royales et prières relèvent du discours loyaliste.
421
. G. POSENER, De la divinité de Pharaon, p. 23-27.
422
. S. MORENZ, La religion égyptienne, Paris, 1962, p. 219.
423
. N. GRIMAL, Les termes de la propagande royale égyptienne, p. 45.
424
. S. MORENZ, op. cit., p. 220.

399
l’ordre symbolisé par Maât425. Pharaon se doit donc d’incarner au quotidien la divinité
originelle qui lutte contre les forces du mal entourant l’Égypte426. Hatchepsout se vante
d’ailleurs de connaître l’image secrète d’Amon lors de la Première Fois (Texte A11). Une
telle connaissance permet au monarque de calquer ses actions sur celles des divinités durant
ces temps anciens427. Les paroles du roi reproduisent par conséquent celles des dieux428. La
nature de la royauté apparaît de ce fait comme étant une institution mythique accordant à la
monarchie un caractère divin429. La menace étant constante, la création se répète ainsi de
manière cyclique étant donné que chaque nouveau règne reproduit l’archétype de la Première
Fois430.

§ 206. Pharaon a pour rôle de renouveler les éléments mis en place durant cette époque
mythique, celle-ci étant le parangon servant à évaluer les actes royaux431. Dans la « Stèle de la
Famine », Djoser s’exclame par exemple : « On saura tout ce qui manque dans ton temple
jusqu’à ce qu’il existe de la même manière que la Première Fois » (Texte A30). Ce passage
souligne bien le fait que la Première Fois sert de modèle à atteindre. Le pharaon, digne
successeur d’Horus 432, en reproduisant l’archétype met fin au désordre et lui laisse de
nouveau la place lorsque son règne s’achève. Il s’agit de la rupture nécessaire pour la
transition vers un nouveau roi433. La reproduction de l’archétype légitime donc le règne
terrestre du souverain 434 . C’est pourquoi la mention de la Première Fois dans les
Königsnovellen est assez courante. Elle concerne aussi les inscriptions de particuliers, qui se
réfèrent souvent aux origines435. Outre la mention de la Première Fois, il est également
possible de trouver des expressions telles que « depuis le temps de Rê » ou « depuis le temps
d’Osiris »436. Ces diverses formules peuvent servir de marqueur temporel ou tout simplement

425
. N. GRIMAL, « Vérité et Réalité dans l’Égypte pharaonique » dans A. De Pury (éd.), Histoire et conscience
historique dans les civilisations du Proche-Orient ancien. Actes du colloque de Cartigny 1986, Les Cahiers
du CEPOA 5, 1989, p. 145.
426
. S. MORENZ, op. cit., p. 221-222.
427
. D.B. REDFORD, Pharaonic king-lists, annals and day-books : a contribution to the study of the Egyptian
sense of history, Mississauga, 1986, p. XIX ; N. GRIMAL, Les termes de la propagande royale égyptienne,
p. 45.
428
. P. VERNUS, op. cit., p. 37.
429
. D. LORTON, « Towards a Constitutional Approach to Egyptian Kingship (Recension de W. Barta,
Untersuchungen zur Göttlichkeit des regierenden Königs: Ritus und Sadralkönigtum in Altägypten nach
Zeugnissen der Frühzeit und das Alten Reiches) », JAOS 99, 1979, p. 462.
430
. N. GRIMAL, Les termes de la propagande royale égyptienne, p. 47.
431
. P. VERNUS, op. cit., p. 36.
432
. N. GRIMAL, op. cit., p. 49.
433
. Ibid., p. 47.
434
. Ibid., p. 45.
435
. P. VERNUS, op. cit., p. 38-39.
436
. D. LORTON, op. cit., p. 461-462.

400
de point de repère lors de descriptions : « Elle est dans cette situation pénible à cause (du
manque) d’eau depuis l’époque du dieu » (Texte A19), « Tandis que cette terre d’Égypte se
tenait dans le besoin depuis l’époque des rois » (Texte A22), « On traversa dans les marais à
la manière de l’Océan Primordial » (Texte A27c), « Il advint que Sa Majesté était à Thèbes la
victorieuse (...) la place favorite de son esprit depuis la Première Fois » (Texte A29).

§ 207. Les mentions de cet âge d’or sont nombreuses car il est primordial pour les rois de
tenter de le reproduire. Évidemment la répétition fidèle de la création est quasi inconcevable,
mais les pharaons doivent y apporter une innovation ou tout simplement faire mieux que leurs
prédécesseurs437. La rédaction des « narrations royales » est pour les rois une façon de se
distinguer des autres grâce à l’exposition de leurs actions particulières. Comme l’explique
P. Vernus, la pensée égyptienne concilie en effet deux résolutions qui semblent à première
vue complètement opposées : la réitération de l’archétype originel et le devoir de
distinction438. Ceci explique pourquoi ont été rassemblées dans la présente étude sous le
même chapitre les notions de « Première Fois » et de surpassement des ancêtres. Assurément
le souverain a un devoir de respect envers les pharaons précédents qui se traduit notamment
par des actes rituels, mais il les considère aussi comme des concurrents à surpasser par ses
actions. Ainsi chaque pharaon semble répéter les mêmes activités, bien qu’au fond chacun
cherche à affirmer son individualité en dépassant ses devanciers439. Il est donc naturel de
trouver de nombreux passages manifestant le surpassement des anciens dans les
Königsnovellen égyptiennes. Pour les ordonner, la présente étude adopte le classement
proposé par P. Vernus dans sa monographie Essai sur la conscience de l’histoire dans
l’Égypte pharaonique440.

§ 208. La première catégorie concerne le surpassement par la vérification négative qui a


pour but de montrer qu’il n’existe aucun précédent à l’action décrite441. Cette manière de
noter l’absence d’un fait remonte à l’Ancien Empire et peut parfois être couplée à la notion de
Première Fois permettant ainsi d’accentuer l’effet escompté : « [cet] événement ne s’était
jamais produit [...] en présence d’aucun dieu depuis le temps primordial » (Texte A1), « Ils
dirent à Sa Majesté qu’ils n’avaient jamais vu chose semblable une autre fois. Personne

437
. N. GRIMAL, op. cit., p. 49.
438
. P. VERNUS, op. cit., p. 54.
439
. Ibid., p. 70-71.
440
. P. VERNUS, Essai sur la conscience de l’histoire dans l’Égypte pharaoniques, BEHE 332, 1995.
441
. Ibid., p. 59.

401
n’avait jamais dit cela [à savoir] : “Moi, j’ai fait qu’ils voient chose semblable dans ce pays,
depuis le temps primordial !” » (Texte A2). Ces expressions existent également dans les
autobiographies de particuliers de la même époque442. À la suite d’un incident sur un chantier
royal, Ptahouach bénéficie de soins sur ordre du roi et reçoit des cadeaux443. Faisant l’objet
d’un traitement exceptionnel, le récit utilise pour la première fois des formules qui
deviendront classiques par la suite dans les textes royaux: « Jamais [chose pareille n'avait été
faite pour] quiconque depuis le temps ancien » ou encore « Jamais chose pareille n'avait été
faite pour aucun dignitaire auparavant »444. Ces emplois se poursuivent ainsi au fil des siècles
et des règnes (Textes A7, A9, A17, A18, A19, A21, A22, A23, A24, A25, A27b, A30) :
« Jamais les rois d’avant n’avaient accompli une chose semblable pour leurs mères »
(Texte A9), « Nous n’avons pas entendu et nos yeux n’ont pas vu une chose de nature
semblable se réaliser » (Texte A19), « Il n’a pas été vu cela dans les annales des rois de Haute
et Basse-Égypte » (Texte A22), « En ce qui concerne les paroles qui m’ont été dites, il n’y eut
pas chose semblable depuis les temps anciens jusqu’au temps de Ma Majesté » (Texte A23),
« On n’a pas constaté cela depuis l’époque des ancêtres » (Texte A25). En le situant par
rapport au passé, la nouveauté d’un événement peut être ainsi estimée445.

§ 209. La seconde classe est nommée surpassement quantitatif (Textes A6, A11, A12,
A30). E. Hornung appelle cela « extension de l’existant » et situe ce concept durant la
Première Période intermédiaire. Chaque pharaon tente de faire plus que son prédécesseur en
augmentant par exemple le nombre de rites ou en agrandissant des monuments. Ces
agissements sont principalement visibles durant ses premières années de règne, c’est-à-dire au
début d’un nouveau cycle de création. L’exemple le plus parlant concerne les tombes
funéraires, qui de règne en règne se trouvent agrandies446. Dans ses deux Königsnovellen,
Hatchepsout utilise cette notion du surpassement quantitatif, notamment lorsqu’elle dit à
Amon : « J’ajoute à ce que tu avais fait auparavant » ou encore quand elle dénombre la
quantité d’électrum qu’elle a plaqué sur son obélisque : « Ma Majesté fit le compte qu’une
quantité supérieure à ce que le Double-Pays avait déjà vu » (Texte A11). Dans cette dernière
citation, la reine accroît son surpassement par la présence de témoins qui peuvent attester de
cette énumération exceptionnelle. Enfin, Djoser dans la « Stèle de la Famine » (Texte A30)
explique qu’il a fait commander une profusion de pierres précieuses qui n’ont jamais été
442
. N. KLOTH, op. cit., p. 173.
443
. J. STAUDER-PORCHET, Les autobiographies de l'Ancien Empire, p. 53.
444
. Ibid., p. 57.
445
. P. VERNUS, op. cit., p. 55.
446
. E. HORNUNG, Geist der Pharaonenzeit, Munich, 1989, p. 88-89.

402
utilisées auparavant. Dans ces cas évidents, le surpassement est révélé grâce à un surcroît de
biens447 car pharaon se doit « d’ajouter »448.

§ 210. Il existe également un surpassement qualitatif (Textes A7, A18, A23, A24, A25),
qui met en exergue l’amélioration d’un élément449. Râhotep, utilisant d’ailleurs une négation,
souhaite signifier que son règne n’a connu aucun trouble : « Jamais [on] ne détruisit les
choses durant mon époque » (Texte A7). Quant à Séthy Ier, il se targue d’avoir aménagé une
route où la soif faisait acte : « Depuis (l’époque) des dieux, le chemin était pénible et a été
rendu plaisant sous mon règne » (Texte A18). Les deux derniers exemples concernent des
passages relatifs à la royauté majestueuse d’Aspelta et de Tanoutamon. Le premier est glorifié
par ses courtisans après son élection divine par Rê : « Nous ne pouvons rien accomplir sans
lui (car) une affaire réalisée sans lui ne peut être parfaite, alors qu’une affaire dans la main de
dieu est prospère. Il est le dieu de tous les rois de Kouch depuis l’époque de Rê »
(Texte A26). Le second est également célébré par sa cour : « Nous te servirons comme celui
qui n’a rien, comme tu l’avais dit à propos de cela la Première Fois, le jour où tu es apparu en
tant que roi » (Texte A25). Comme le précise P. Vernus, le surpassement qualitatif s’exprime
aussi à travers le cliché banal selon lequel jamais pareille chose n’avait été faite450 : « Pareille
chose n’avait été faite avant le temps des ancêtres » (Texte A23).

§ 211. P. Vernus résout cette double difficulté caractérisée par ce devoir du retour à
l’archétype mêlé au besoin de surpassement en envisageant un « monde aménageable »
s’exprimant à travers le surpassement des devanciers et l’intervention divine451. Ces deux
sujets se trouvent combinés dans la catégorie de surpassement suivante, celle qui touche un
acte précis réalisable grâce à une intervention divine. P. Vernus ne la considère pas comme un
nouveau type car il l’intègre aux catégories étudiées précédemment452 mais la présente étude
prend le parti de créer une nouvelle catégorie qui fonctionnerait de manière autonome pour les
Königsnovellen égyptiennes (Textes A4, A6, A10, A19, A20, A21, A23, A25, A30).
L’importance de l’aide divine dans les « narrations royales » a été longuement traitée
auparavant. L’amour que portent les dieux au pharaon est en première ligne. Lorsqu’il s’agit
de surpassement pour un acte singulier, l’affection des dieux y est encore plus significative.

447
. P. VERNUS, op. cit., p. 94.
448
. Ibid., p. 73.
449
. Ibid., p. 95.
450
. Ibid., p. 100.
451
. Ibid., p. 54.
452
. Ibid., p. 74.

403
Le roi est parvenu à réaliser un acte extraordinaire car l’amour que lui portent les divinités est
supérieur à celui de ses prédécesseurs453. Montouhotep II dit alors : « Il n’y a pas de roi pour
qui ils ont travaillé [...] tant il m’aimait » (Texte A4). Thoutmosis II est aimé plus qu’aucun
roi : « Ceci était advenu grâce au pouvoir-baou de Sa Majesté du fait de la grandeur de
l’amour qu’à pour lui son père Amon, plus qu’à aucun roi advenu depuis les temps
primordiaux » (Texte A10). La stèle de Kouban (Texte A19) précise que Ramsès II a réussi à
faire jaillir de l’eau grâce à la supériorité de cet amour : « Mais si tu dis toi-même à ton père
Hâpi père des dieux : “Fais jaillir l’eau du sommet de la montagne !”. Il agira conformément à
tout ce que tu auras dit, conformément à tous tes desseins qui se produisent devant nous et
qu’on a entendu raconter car tes pères et tous les dieux t’aiment plus que tous les autres rois
qui sont apparus depuis le temps de Rê ».

§ 212. Ensuite, certains passages concernent l’acte royal en lui-même et le développent454.


Certains impliquent la découverte de ressources naturelles auparavant inconnues, P. Vernus
nomme cela les « latences à révéler »455. C’est principalement le cas dans les récits de la
période ramesside. Dans la stèle de Kouban (Texte A19), Ramsès II fait creuser un puits sur la
route d’Akayta afin de trouver de l’eau, il raconte alors que son père Séthy Ier n’y était pas
parvenu : « Tous les rois d’autrefois souhaitaient y creuser un puits mais leur succès ne se
produisit pas. Le roi Menmaâtrê a agi pareillement. Il fit creuser un puits de cent vingt
coudées de profondeur durant son règne mais on l’abandonna en (cours de) route car l’eau
n’en sortait pas. Mais si tu dis toi-même à ton père Hâpi père des dieux : “Fais jaillir l’eau du
sommet de la montagne !”. Il agira conformément à tout ce que tu auras dit ». Ensuite dans la
stèle d’Héliopolis (Texte A21), Ramsès II met au jour un bloc de grès : « Alors Sa Majesté
découvrit un grand bloc de grès silicifié comme on n’en avait pas trouvé son pareil depuis le
temps de Rê ».

§ 213. D’autres « narrations royales » traitent de sujets divers tels que des activités de
restauration : « Pareille chose n’avait été faite avant le temps des ancêtres [...] afin que l’on
façonne cette carrière durant l’époque passée des ancêtres jusqu’au temps présent »
(Texte A23), « Je t’ai livré pierres précieuses sur pierres précieuses [...] auparavant dont
aucun travail n’a encore été réalisé, pour bâtir des temples, pour rénover ce qui est en ruine,

453
. Ibid.
454
. Ibid., p. 78.
455
. Ibid., p. 111.

404
pour incruster les orbites des yeux de leur possesseur » (Texte A30). D’ailleurs, la notion de
réciprocité déjà notifiée ressort clairement de ces extraits car l’aide accordée par les divinités
n’est pas désintéressée : lorsque pharaon ajoute aux monuments de ses devanciers en les
rénovant il leurs rend la pareille en agrandissant et en embellissant leurs demeures456.

§ 214. Le lien étroit qui existe entre ces idées de surpassement et d’intervention divine est
manifeste. Certes, les pharaons se comparent les uns aux autres par le biais de la perpétuation
de leurs actions mais c’est essentiellement à travers les actions uniquement vouées aux dieux
qu’ils sont jugés457. Ces derniers les soutiennent d’autant plus si les souverains agissent pour
eux et tentent de recréer les conditions optimales de la Première Fois.

8) Aide divine

§ 215. Tout comme les louanges royales, l’aide divine qu’offrent les dieux aux pharaons
dans les récits égyptiens est systématique, c’est pourquoi les représentations de divinités
accordant des faveurs aux rois sont si abondantes458. Dans les textes égyptiens ce soutien se
présente sous plusieurs formes en fonction des situations. Des éléments récurrents sont
visibles dans ces textes, d’autres en revanche sont spécifiques aux Königsnovellen.

§ 216. Dans quasiment toutes les « narrations royales » égyptiennes, l’aide de la part des
dieux apparaît. Dans la présente étude, elles sont classées en plusieurs catégories.
Premièrement, il est possible de mentionner les dons divins, c’est-à-dire lorsque les divinités
participent à la naissance du roi, à son intronisation et l’aident à protéger et à approvisionner
le Double-Pays. En bref, tout ce qui concerne son rôle de souverain d’Égypte (Textes A3, A5,
A6, A7, A8, A10, A11, A12, A13, A14, A15, A19, A22, A23, A24, A25, A26, A29, A30).
Ces énoncés sont courants et nombreux, en voici quelques exemples au fil des siècles : « Il
m’a offert ce qu’il protège, ce que l’œil qui est en lui éclaire (...) Il me nomma seigneur de
l’humanité et me créa afin d’être à la tête de la population henmémet » (Texte A5), « Rê lui-
même l’a placé en tant que roi » (Texte A8), « Le dieu me connaît (bien), Amon seigneur des
trônes du Double-Pays, il a fait en sorte que je gouverne l’Égypte et les déserts en récompense
à cela » (Texte A11), « Je suis celui à qui les dieux ont donné tous les aliments (...) Ils m’ont

456
. Ibid., p. 76.
457
. Ibid., p. 152-153.
458
. G. POSENER, De la divinité de Pharaon, p. 37.

405
porté pour que je sois l’unique seigneur de l’Égypte » (Texte A22), « Celui à qui Amon a
donné Maât » (Texte A24).

§ 217. Deuxièmement, ce sont les relations familiales et indéfectibles qui existent entre
pharaon et les dieux qui sont mises en avant. Cela est visible à travers les mentions de
l’amour que portent les divinités au roi ou encore par la relation filiale qui les lie, le monarque
étant le fils des dieux459 : « Je suis son fils, son protecteur, sa progéniture » (Texte A6). En
tant que fils il a le devoir de les protéger mais la réciproque est également vérifiable460 : « Son
père Rê est sa protection ainsi qu’Amon (...) Ceci était advenu grâce au pouvoir-baou de Sa
Majesté du fait de la grandeur de l’amour qu’a pour lui son père Amon » (Texte A10). Ces
rapports sont accentués par le champ lexical correspondant à la notion de famille : « J’étais en
vie, Rê m’aime, mon père Amon me loue » (Texte A11), « Tous les dieux t’aiment plus que
tous les autres rois » (Texte A19), « Aussi vrai que mon père Rê vit pour moi et m’aime, que
mon père Atoum me favorise » (Texte A20), « Rê vit pour moi et m’aime » (Texte A25),
« C’est moi sa fille, véritablement » (Texte A11). L’amour des dieux envers leur progéniture
explique pourquoi ils l’ont désigné pour gouverner leur création : « Par la grandeur de ton
affection, tu me donnes la couronne » (Texte A26). Bien que ces liens présentent le pharaon
comme étant intime avec le monde divin, ils expriment aussi un écart conséquent que
souligne G. Posener lorsqu’il est question du devoir d’obéissance que doit le roi à ses
géniteurs461. Plusieurs Königsnovellen (Textes A5, A6, A11, A12, A14, A18, A19) citent
comme élément déclencheur un ordre divin. C’est par exemple le cas dans le Texte A11 dans
lequel Hatchepsout s’exclame : « J’ai agi sous son commandement, c’est lui qui m’a guidée,
je n’ai pas planifié des travaux sans qu’il agisse, c’est lui qui a donné les instructions. »
Certains actes royaux particuliers, comme ceux décrits dans les « narrations royales », sont
souvent commandités par un dieu : les actions du souverain se présentent ainsi comme
« l’accomplissement d’une volonté supérieure »462. La notion de plan divin entre donc en jeu
et l’absence d’autonomie du roi dans certains cas est soulignée463. Il sera donc nécessaire par
la suite de se questionner sur le rôle réel de pharaon dans ces Königsnovellen464 qui se
rapprochent fortement de certains récits bibliques dans lesquels Dieu agit.

459
. Ibid., p. 34.
460
. E.F. MORRIS, « Propaganda and Performance », p. 44-45.
461
. G. POSENER, De la divinité de Pharaon, p. 35.
462
. Ibid., p. 33-34.
463
. N. GRIMAL, Les termes de la propagande royale égyptienne, p. 556.
464
. P. VERNUS, op. cit., p. 155.

406
§ 218. Enfin la dernière catégorie de soutien divin, la plus intéressante pour cette étude,
concerne les actions du roi dans les « narrations royales ». Il est évident que si l’aide divine
est une des caractéristiques majeures des Königsnovellen c’est parce les dieux interviennent
pleinement dans la réalisation de l’action qui se déroule. Les exemples sont multiples et
touchent toutes les thématiques énumérées auparavant. Par exemple, lorsque Râhotep fait
restaurer le temple délabré de Min, le passage suivant montre que sans l’aide des dieux il n’y
serait pas nécessairement parvenu : « Ils [ont fait en sorte] que tu construises et que tu fondes
pour eux leurs temples » (Texte A7).

§ 219. Lors des combats, la présence des divinités est primordiale pour mener à la victoire
finale, notamment dans les textes datant du Nouvel Empire. Dans les Annales de
Thoutmosis III (Texte A13), dès le début du récit les auteurs ont voulu signifier que la
réussite de la campagne dépend d’Amon : « Sa Majesté ordonna de faire que l’on établisse
[les victoires que son père Amon lui a données] sur un décret ». Par la suite, divers dieux
protègent le roi et son armée : « Ma Majesté alla vers le Nord sous la protection de mon père
[Amon-Rê, seigneur des trônes du Double-Pays, il ouvre les chemin] devant moi. Rê-
Horakhty [affermissant l’esprit de mon armée victorieuse] et mon père Amon [rendant]
victorieux le bras [de Ma Majesté] ». Puis au moment critique de la bataille, la présence
céleste d’autant plus importante est précisée : « [Amon] protégeant son corps durant le
combat ». Les pharaons apprécient consulter la divinité avant l’affrontement afin d’être
rassurés et encouragés.465. Dans la stèle de Konosso, Thoutmosis IV se rend dans le temple
avant d’aller en Nubie afin de consulter le dieu. Le récit dit alors : « Son dessein se déroulait
sous son règne. Il suivit le droit chemin afin de faire ce que son ka désirait comme un père
parlant à son fils466 qu’il avait engendré à partir de sa semence » (Texte 15). Même chose
pour Mérenptah qui, protégé par Amon, s’entretient avec Ptah la veille de sa rencontre avec
les Libyens. Celui-ci l’arme pour le combat et le récit raconte de son armée qu’« ils sont partis
avec la main de dieu et Amon avec eux en tant que boucliers » (Texte A22). Dans les sources
de la Basse Époque, le dieu peut également agir directement lors de la bataille. C’est ce qui se
passe lorsque la divinité fait chavirer les bateaux d’Apriès en provoquant un épisode de grêle
lors de la guerre qui l’oppose à Amasis (Texte A28). En tant que père du souverain, le dieu
doit accorder de la force au souverain pour vaincre. Cette assistance divine rassure les soldats

465
. J. BAINES, « Kingship, Definition of Culture », p. 23.
466
. Renvoi à la « Stèle du Sphinx » de Thoutmosis IV.

407
et met à l’épreuve les pouvoirs divins car une défaite de pharaon signifie en réalité un échec
pour les divinités censées le seconder467.

§ 220. Durant la période ramesside, l’aide divine est omniprésente au sein des récits à
thématique économique. Séthy Ier indique ainsi clairement : « Vois, le dieu a accompli ma
demande en faisant jaillir pour moi l’eau des montagnes ». À la suite de cet exploit, le roi
adresse naturellement une prière aux dieux pour qu’ils intercèdent en sa faveur : « Je passe
mon existence à être brave pour vous, afin de rechercher mon bien-être grâce à ce que vous
faites. Faites pour moi que mes monuments soient durables et que mon nom soit stable sur
eux ! » (Texte A18)468. Dans la stèle de Kouban de Ramsès II (Texte A19), au départ le récit
indique que ce dernier obtient que l’eau jaillisse en le demandant aux dieux : « Mais si tu dis
toi-même à ton père Hâpi père des dieux : “Fais jaillir l’eau du sommet de la montagne !”. Il
agira conformément à tout ce que tu auras dit ». Cette action indirecte semble impossible sans
le soutien des divinités. Pourtant dans la suite du texte, les courtisans s’exclament : « Si tu dis
à l’eau : “Viens de la montagne !”, le Noun sortira aussitôt à ta parole pareillement au fait que
tu es Rê apparaissant Khépri en sa forme véritable ». L’action devient directe, le pharaon a
réussi à réaliser par ses propres moyens la performance. L’affection des dieux envers leur
progéniture, nécessaire dans un premier temps, est remplacée ensuite par l’assimilation de
celui-ci au créateur. Le roi capable de prodiges se révèle à travers l’enthousiasme dont
témoigne la cour469. Outre cette section qui présente Ramsès II comme un être possédant des
dons surnaturels, un passage de l’introduction de la « narration royale » permet de
comprendre que pharaon se positionne depuis sa naissance dans la sphère cosmique. Les
divinités semblent débattre de l’origine véritable de ce dernier : « Les dieux (disant) : “Notre
semence est en lui !”, les déesses (disant) : “Il est sorti de nous afin d’exercer la royauté de
Rê !” et Amon (disant) : “C’est moi qui l’ai engendré après avoir mis Maât à sa place !”. La
terre est rétablie et le ciel est content. L’Ennéade est satisfaite de sa réussite. » Ainsi la fierté
des dieux se révèle.

§ 221. Dans les récits égyptiens, le principe de la « route bouchée » ouverte par le roi ou
par une divinité est très fréquent. Cela pouvait signifier plusieurs choses : une ouverture avait

467
. B. VAN DE WALLE, op. cit., p. 253-254.
468
. G. POSENER, De la divinité de Pharaon, p. 27-28.
469
. Ibid., p. 43-44.

408
été faite au sein d’un attroupement ennemi470, une route auparavant inaccessible ne l’était plus
ou cela indiquait tout simplement qu’absolument rien ne pouvait se mettre en travers du
chemin de pharaon. La plupart du temps, lorsque les Königsnovellen rapportent un événement
guerrier, la route est ouverte par une divinité qui aide le monarque au cours de la bataille
(Textes A6, A13), mais il peut également s’agir du roi lui-même (Textes A4, A15). En
d’autres circonstances, comme la découverte d’un point d’eau ayant permis l’accès à une
nouvelle route ou bien une expédition étrangère empruntant un chemin qui était inconnu
auparavant, le monarque se vante systématiquement d’être parvenu à ouvrir ces routes
impénétrables (Textes A12, A18).

§ 222. Les rois peuvent en outre faire appel à leurs prédécesseurs devenus des dieux au
moment de leur mort471. Taharqa indique qu’il a été intronisé grâce à la demande de son aîné :
« Le dieu prit connaissance de ce qu’il (Alara) avait dit à propos de nous et m’établit en tant
que roi comme il le lui avait demandé » (Texte A24).

§ 223. Les rois égyptiens dépendent du bon vouloir des dieux. Les souverains dès leur
naissance, et même avant, sont prédestinés à la servitude car ils seront toujours dépendants de
la puissance divine472. La nature humaine du monarque est ancrée dans son quotidien car tout
au long de sa vie, il aura besoin de l’aval et de l’aide de ces géniteurs. Il est toutefois
nécessaire de dédramatiser cette constatation, bien que pharaon soit sous l’autorité des dieux,
ces derniers ont également besoin de lui. Cette entraide systématique fonctionne
réciproquement, la population (dirigée par le roi) fournit les ressources nécessaires aux dieux
(offrandes, monuments...), en échange ils apportent, comme les appelle G. Posener, les
ressources merveilleuses : crue, protection ou encore victoire sur l’ennemi473.

470
. S.-M. KANG, op. cit., p. 93.
471
. Ibid., p. 28.
472
. G. POSENER, De la divinité de Pharaon, p. 35.
473
. Ibid., p. 39-42.

409
CHAPITRE 4. MOTIFS NARRATIFS DES KÖNIGSNOVELLEN BIBLIQUES

1) Roi guerrier

§ 224. De même que certains pharaons sont décrits comme des guerriers redoutables dans
leurs Königsnovellen, quelques rois bibliques sont caractérisés par leurs remarquables qualités
militaires. C’est notamment le cas de Saül qui combat les Ammonites (Texte B1) et de David
qui s’oppose aux Philistins (Textes B2a et B2b). L’un des rôles du souverain est de protéger
sa population, il n’est donc pas surprenant que les auteurs bibliques décrivent des rois aux
capacités combatives prodigieuses474.

§ 225. Dans sa « narration royale », lorsque Saül apprend que Nahash l’Ammonite est venu
menacer son peuple, il entre dans une violente colère et le texte dit que « L’esprit de Dieu
fondit sur Saül » (1 S 11,6). Ce dernier passe donc en revue les hommes capables de se battre
afin d’organiser le combat. La bataille est de courte durée car le lendemain les Ammonites
sont vaincus. Le « charisme divin » de Saül est martial475, c’est l’un des traits particuliers de
sa personnalité. L’aspect guerrier de Saül est fondamental dans ce récit car sa victoire
militaire contre Nahash l’Ammonite justifie sa légitimité royale vis-à-vis de tout le peuple,
dont témoigne le renouvellement de sa royauté en 1 S 11,14-15476. De plus, l’épisode durant
lequel l’Esprit de Dieu fond sur lui le présente comme étant l’élu de celui-ci sans aucun doute
possible477. Saül reçoit une légitimité d’origine divine, puis se voit plébiscité comme roi par le
peuple.

§ 226. En ce qui concerne David, il est le guerrier biblique par excellence. Plusieurs de ses
qualités le rendent apte à monter sur le trône, notamment ses capacités militaires, qui sont
longuement décrites478. Alors qu’il n’est pas encore roi, un passage (1 S 17,1-53) rapporte le
combat qui l’oppose à Goliath. Au début du récit, David est qualifié d’« enfant » (1 S 17,33)
par Saül. Il se défend face au roi en lui expliquant qu’il a l’habitude « de frapper à mort » les
lions et les ours qui viennent attaquer les troupeaux de son père, grâce à l’aide de Dieu
(1 S 17,34-37). En parvenant à tuer le géant philistin avec sa fronde, David s’impose comme

474
. K.W. WHITELAM, « Israelite kingship: the royal ideology and its opponents », dans R.E. Clements (éd.), The
World of Ancient Israel: Sociological, Anthropoligical, and Political Perspectives, Cambridge, 1989, p. 130.
475
. T.N.D. METTINGER, op. cit., p. 240.
476
. Ibid., p. 85.
477
. Ibid., p. 237.
478
. P. BORDEUIL, F. BRIQUEL CHATONNET, op. cit., p. 197.

410
un guerrier invincible479. Lorsqu’il est intronisé, la première bataille de David mentionnée
dans la Bible concerne la guerre qui l’oppose aux Philistins (Textes B2a et B2b). Ces derniers
ont appris que David avait été oint comme roi d’Israël et décident donc de l’attaquer. La
conclusion de ces deux Königsnovellen expose clairement la victoire de David. Toutefois, ces
récits mettent en avant une autre facette de son triomphe : sa piété et sa confiance en Dieu. En
effet, quand les Philistins arrivent et se déploient dans la vallée des Refaïtes, David ne met
pas en place une stratégie de guerre avec son conseil comme le font fréquemment les
pharaons, mais il demande l’aide de Dieu. Celui-ci lui donne les indications qui lui permettent
à deux reprises de battre les assaillants. Les deux « narrations royales » rappellent donc
naturellement que « David agit comme le Seigneur le lui avait ordonné » (2 S 5,25 et
1 Chr 14,16). Le lecteur comprend aisément que c’est pour cette raison qu’il parvient à
triompher aussi facilement. Le récit du Chroniste ajoute même que « le Seigneur le rendit
redoutable à toutes les nations » (1 Chr 14,17). Malgré les compétences militaires certaines de
David, l’intervention de Dieu reste essentielle480.

§ 227. Les qualités guerrières apparaissent comme importantes dans l’Ancien Testament
mais pas autant que le respect des commandements de Dieu481. Il semblerait donc que la
définition de la puissance royale dans la Bible soit d’une tout autre nature que dans l’Égypte
ancienne. Les Königsnovellen égyptiennes mettent en avant la force du roi qui est souvent
comparé aux divinités. Le prestige guerrier de pharaon est donc très important car il souligne
sa nature divine. Étant lui-même considéré comme un dieu, il est capable de régler par la
force des situations qui l’exigent sans avoir recours à une aide extérieure. La situation est
différente dans la Bible car bien que Saül soit dépeint comme un valeureux guerrier dans sa
« narration royale »482, il parvient à défaire l’ennemi uniquement grâce au soutien de Dieu. En
outre, ses qualités guerrières ne le sauveront pas ; les actes impies jalonnant son règne font
que la bénédiction divine le quittera et qu’il connaîtra une fin tragique. La situation est
différente pour David, mais il demeure néanmoins dépendant de la protection divine lors des
grandes batailles. Dans l’Ancien Testament, certaines Königsnovellen mettent donc en

479
. S.L. MACKENZIE, « “Yahweh was with him” A Royal Theme in the Story of David’s Rise », dans J.-
M. Durand, M. Langlois, Th. Römer, Le jeune héros : recherches sur la formation et la diffusion d'un thème
littéraire au Proche-Orient ancien : actes du colloque organisé par les chaires d'assyriologie et des milieux
bibliques du Collège de France, Paris, les 6 et 7 avril 2009, OBO 250, 2011, p. 153-154.
480
. S.-M. KANG, op. cit., p. 204-205.
481
. Fr. BRIQUEL-CHATONNET, « David et Salomon, deux images antithétiques du bon roi », dans A. Chehwan,
A Kassis (éds.), Études bibliques et Proche-Orient ancien. Mélanges offerts au Père Paul Féghaly,
Beyrouth/Jounieh, 2002, p. 113-114.
482
. S.-M. KANG, op. cit., p. 186-187.

411
exergue les capacités militaires du monarque, cependant ce sont l’Esprit divin et l’obéissance
aux exigences de Dieu qui comptent réellement (Dt 17,19-20).

2) Contrariété et colère du roi

§ 228. Dans certaines Königsnovellen bibliques, l’action royale est perturbée et cela se
ressent dans l’attitude du souverain. Dépeignant ses traits humains, ces récits décrivent le roi
en colère ou contrarié par la situation dans divers contextes. Cette caractéristique est propre
aux textes bibliques et ne se retrouve qu’au sein de quelques « narrations royales ».

§ 229. Le Texte B1 du corpus raconte que des messagers viennent prévenir Saül de la
future attaque envisagée par les Ammonites contre la population de Yavesh. Cette dernière
espère donc être sauvée et passe un pacte avec Nahash afin qu’il leur laisse un peu de répit
avant l’assaut. Lorsque Saül est mis au fait des circonstances, la Königsnovelle dit que :
« l’esprit de Dieu fondit sur Saül quand il entendit ces paroles, et il entra dans une violente
colère. » (1 S 11,6). Ce passage met en avant plusieurs éléments : tout d’abord Saül possède
la vivacité nécessaire à un monarque dans l’adversité. Sa réaction est immédiate lorsqu’il
apprend que son peuple est en danger. Deuxièmement, ce roi biblique est doté d’un attribut
divin, l’esprit de Dieu s’empare effectivement de lui, tous deux ne font plus qu’un. Ce dernier
point n’est pas surprenant étant donné que le roi biblique est le représentant de Dieu sur terre,
malgré le fait qu’il soit également considéré comme son serviteur483. T.N.D. Mettinger parle
du « charisme royal » ; il s’agit en réalité de dons particuliers élaborés de manières
surnaturelles et n’étant de ce fait pas accessibles à tous484. Transposé à la personne de Saül,
cela se rapporte à son caractère héroïque de guerrier485. Cette particularité découle de la
royauté octroyée précédemment à Saül par Dieu. Bien que cet élan charismatique soit
cantonné à une seule action, ici la guerre contre les Ammonites, ce cadeau divin prouve qu’il
est l’élu de Dieu et pas seulement celui du peuple. Dans cette Königsnovelle, les auteurs
bibliques souhaitent légitimer l’autorité et la puissance de Saül grâce à cet élan de fureur
d’origine céleste486. La fureur de Saül demeure toutefois ambiguë car le récit ne précise pas
s’il réagit avec violence suite à la provocation des Ammonites ou s’il dirige sa colère envers
les habitants de Yavesh qui ont fait un pacte avec Nahash.

483
. F.M. CROSS, Canaanite myth and Hebrew epic : essays in the history of the religion of Israel, Cambridge,
1973, p. 251.
484
. T.N.D METTINGER, op. cit., p. 233.
485
. Le « charisme royal » de Salomon est associé à sa sagesse.
486
. T.N.D METTINGER, op. cit., p. 236-238.

412
§ 230. Dans deux autres « narrations royales », le roi Joas semble contrarié (Textes B8a et
B8b). Les deux récits racontent la même histoire : le souverain souhaite récolter de l’argent
auprès de chacun afin de pouvoir faire rénover par des artisans le Temple de Jérusalem.
Malheureusement, le Texte B8a indique que durant la vingt-troisième année du règne de Joas,
les réparations n’avaient toujours pas été engagées. De plus, le Texte B8b indique que « les
lévites ne se dépêchèrent point » (2 Chr 24,5) pour récolter l’argent des villes de Juda. Le roi
convoque les prêtres dont Yehoyada en leur demandant pourquoi les dégradations du bâtiment
n’ont toujours pas été réparées. La contrariété de Joas apparaît ainsi comme le moteur du récit
qui permet d’engager véritablement l’action. C’est effectivement à partir du moment où ce
dernier dévoile son mécontentement que la situation se modifie : les prêtres décident enfin
d’utiliser l’argent récolté non plus pour eux mais pour le Temple. À travers sa seule question
teintée de reproche et d’agacement, Joas parvient à dépasser le contexte non propice à la
rénovation du Temple.

§ 231. Les deux derniers récits, qui sont d’ailleurs souvent associés par les chercheurs aux
deux Königsnovellen de Joas (Textes B8a et B8b), concernent le souverain Josias et traitent
également de la rénovation du Temple (Textes B10a et B10b). Bien qu’il s’agisse de la
thématique première du texte, c’est la découverte du livre de la Loi pendant les réparations
qui en est le point central. En effet, le prêtre Hilqiyahou trouve le livre lors de la restauration
du Temple, il le remet à Shafân afin qu’il le lise au roi. Une fois que Josias entend ses paroles
le récit dit qu’« il déchira ses vêtements » (2 R 22,11 et 2 Chr 34,19). Il est certain que la
lecture du livre de Moïse chamboule le roi qui réagit avec une grande émotion. À première
vue, cette réaction peut paraître disproportionnée mais en lisant la suite du chapitre l’objectif
de son insertion dans le passage apparaît claire. Une fois le livre de la Loi lu au roi, ce dernier
envoie ses plus proches courtisans quérir la parole de Dieu, ils vont donc consulter la
prophétesse Houlda. Celle-ci leur déclare la fin proche d’Israël qui a péché et n’a pas respecté
les préceptes de la Loi. Mais elle ajoute à propos de Josias « puisque ton cœur s’est laissé
toucher, que tu t’es humilié devant Dieu quand tu as entendu ses paroles contre ce lieu et
contre ses habitants, que tu t’es humilié devant moi, que tu as déchiré tes vêtements et que tu
as pleuré devant moi ; eh bien, moi aussi j’ai entendu – oracle du Seigneur. Voici que je vais
te réunir à tes pères ; tu leur seras réuni en paix dans la tombe. Tes yeux ne verront rien du
malheur que je vais faire venir sur ce lieu et sur ses habitants. » (2 R 22,19-20 et 2 Chr 34,27-
28). Grâce à son attitude de contrition, Josias est épargné par Dieu, il connaîtra la paix et ne
sera pas témoin de la fin tragique de son peuple.

413
§ 232. L’étude de cette caractéristique biblique permet de constater que dans plusieurs cas
la rage, la contrariété ou la consternation du roi surgissent au moment propice de l’histoire.
Dans les trois situations citées précédemment, l’attitude du souverain influence le cours de
l’intrigue et permet à ce dernier de tout mettre en œuvre afin de mener à son terme, dans de
bonnes conditions, l’action royale débutée auparavant. Si la description des émotions du
souverain dans la Bible est un moyen de faire avancer l’action, ces allusions dans les
Königsnovellen égyptiennes sont anecdotiques. En effet, certains de ces récits mentionnent
sommairement l’attitude du roi à un instant précis simplement pour décrire son état
émotionnel passager. La plupart du temps ces excès de colère sont mentionnés durant des
scènes de combat mais n’ont en revanche aucune fonction littéraire particulière (Textes A15,
A16a, A20).

3) Songe et oracle du roi

§ 233. Tout comme dans les « narrations royales » égyptiennes, les songes et les oracles
interviennent dans les Königsnovellen bibliques (Textes B3a, B3b, B5a, B5b). Comme
expliqué précédemment, il existe plusieurs types de rêves, leur nature polymorphe ne permet
donc pas d’établir un seul et unique schéma487. Toutefois, l’histoire de la recherche488 propre
aux songes a pu distinguer deux grands types de rêves : les rêves-messages et les rêves
symboliques. Ces derniers ne seront pas étudiés car les quatre « narrations bibliques »
comportant un songe ou un oracle sont essentiellement des rêves qui ne nécessitent aucune
interprétation et dont le message communiqué est explicite.489 L’origine des songes et des
oracles décrits dans les récits vétérotestamentaires est systématiquement d’ordre divin490. À
travers une vision, un dialogue ou une parole rapportée, Dieu transmet un message et instruit
ses disciples, il influence ainsi le cours de l’histoire et la destinée de l’individu en question491.
En effet, comme dans toutes les sociétés antiques, la divinité se révèle à travers les songes492.

487
. Cl. LICHTERT, « D’un songe à l’autre. Analyse rhétorique (1 R 3,1-15 et 9,1-9) », dans Cl. Lichtert,
D. Nocquet (éds), Le roi Salomon, un héritage en question : hommage à Jacques Vermeylen, Le livre et le
rouleau 33, 2008, p. 262 ; J.-M. HUSSER, Dreams and Dream Narratives in the Biblical World, Sheffield,
1999, p. 100.
488
. J.-M. HUSSER, Le songe et la parole, p. 1-11.
489
. Y. KAUFMANN, op. cit., p. 93 ; J.-M. HUSSER, Dreams and Dream, p. 123.
490
. J.-M. HUSSER, op. cit., p. 101.
491
. A. CAQUOT, « Les songes et leur interprétation selon Canaan et Israël », dans S. Sauneron (éd.), Les songes
et leur interprétation : Égypte ancienne, Babylone, Hittites, Canaan, Israël, Islam, peuples altaïques,
Persans, Kurdes, Inde, Cambodge, Chine, Japon, SourcOr 2, 1959, p. 107 ; J.-M. HUSSER, Dreams and
Dream, p. 103.
492
. Y. KAUFMANN, loc. cit.

414
Certes, le but premier d’un rêve, outil narratif utile, est de transmettre un message particulier
au rêveur493. Cependant, l’utilisation du procédé onirique dans un récit est une technique de
composition propice à la structuration d’un texte494 ou même d’un chapitre complet, c’est par
exemple le cas avec l’histoire de Joseph dans la Genèse. Effectivement, les rêves jalonnant
cette intrigue permettent de mettre en exergue l’évolution de l’action : le commencement, la
crise ainsi que le dénouement de l’affaire sont déterminés par de multiples songes
complémentaires que Joseph parvient à interpréter grâce à l’aide de Dieu495.

§ 234. Dans l’oracle de Nathan (Textes B3a et B3b), David obtient une prédiction de la
part de Dieu à travers la bouche du prophète qui lui rapporte ses paroles. Plusieurs éléments
textuels indiquent que Nathan est en contact direct avec la divinité au début du récit : « Or,
cette nuit-là, la parole du Seigneur fut adressée à Nahtan en ces termes » (2 S 7,4 et
1 Chr 17,3) puis à la fin : « C’est selon toutes ces paroles et selon toute cette vision que parla
Nathan à David. » (2 S 7,17 et 1 Chr 17,15). L’oracle prophétique apparaît comme le mode de
révélation de la volonté divine496 car Dieu transmet à la fois des instructions relatives au futur
de David mais surtout il scelle avec ce dernier une alliance à travers laquelle il lui promet
l’éternité de sa dynastie. Deux étapes essentielles sont visibles : premièrement la révélation et
l’apparition de Dieu au prophète – il lui transmet un message que Nathan doit à son tour
communiquer. Ensuite, la phase de l’incarnation c’est-à-dire le discours divin qui se
caractérise à travers la parole de du prophète. Nathan s’adresse au roi et lui rapporte les mots
prononcés par Dieu 497 . Ce passage oraculaire est remarquable à plusieurs niveaux tout
d’abord car il scelle le destin de David, souverain protégé par la grâce divine jusqu’à sa mort,
mais également car il a une incidence directe sur l’existence de Salomon. L’oracle de Nathan
permet d’informer les lecteurs que David ne sera pas le constructeur du Temple de Jérusalem
car cette tâche incombe à son fils. Ce dernier semble dès le départ, alors qu’il n’est pas encore
né, bénéficier d’une faveur divine toute particulière. C’est ce que démontrent tout
particulièrement les deux Königsnovellen suivantes relatives à Salomon (Textes B5a et B5b).

§ 235. Ces deux « narrations royales » ont provoqué de nombreuses interrogations chez les
chercheurs. En effet, la première question à se poser concerne la nature du rêve de Salomon.

493
. J.-M. HUSSER, Dreams and Dream, p. 100.
494
. Ibid., p. 103 ; Id., Le songe et la parole, p. 264.
495
. Id., Le songe et la parole, p. 265.
496
. A. CAQUOT, loc. cit.
497
. Y. KAUFMANN, op. cit., p. 97.

415
Les récits expliquent que ce dernier se rend sur les hauteurs de Gabaon afin d’y offrir des
holocaustes. Dans la nuit, le Seigneur apparaît donc au souverain au cours d’un rêve. De
nombreux érudits ont voulu y voir une pratique d’incubation 498 . En effet plusieurs
caractéristiques propres à l’incubation permettent de penser cela : il y a une préparation
rituelle en amont, des sacrifices sont effectués, le rêveur s’endort dans un lieu sacré, la
divinité apparaît dans le songe, puis des sacrifices sont de nouveau offerts499. En revanche,
comme le souligne justement J.-M. Husser, ces éléments correspondent principalement à ce
qui se déroule dans les récits grecs et latins. Effectivement, la pratique de l’incubation ne
semble guère être attestée dans le Proche-Orient ancien. En ce qui concerne l’Égypte, elle est
propre uniquement à la période ptolémaïque500. L’expérience incubatoire de Salomon dans le
récit 1 R 3,3-15 (Texte B5a) n’est donc pas certaine. Toutefois, le récit du Chroniste en
2 Chr 1,1-13 (Texte B5b) donne davantage de détails que celui du Deutéronomiste et paraît
plus explicite à propos de cette pratique car il ajoute la mention de « la tente de la rencontre ».
En effet, la Königsnovelle fait allusion à une possible consultation oraculaire à Gabaon : « Là,
Salomon monta à l’autel de bronze, devant le Seigneur, près de la tente de la rencontre et il
offrit un millier d’holocaustes » (2 Chr 1,6), chose que ne fait pas le premier récit501. Bref,
qu’il y ait ou non incubation, ces deux « narrations royales » légitiment le roi au début de son
règne. Le dialogue qui se déroule entre Salomon et Dieu durant son songe souligne la relation
privilégiée qui les lie ; le souverain réclame et Dieu lui répond502.

§ 236. Cette propagande royale503 est remarquable à plusieurs niveaux : premièrement, les
dons divins accordés au monarque dans son rêve renvoient à la promesse dynastique faite à
David précédemment en 2 S 7,1-29 et 1 Chr 17,1-27 (Textes B3a et B3b), rappelant ainsi la
fidélité de Dieu envers Salomon et son père504. Deuxièmement, le dialogue ayant eu lieu
durant le rêve sert de légitimation majeure car le roi échange des paroles avec Dieu qui lui
répond. Cette reconnaissance peut paraître surprenante au premier abord, étant donné que nul
n’est témoin de la scène ; la seule mention du rêve par le rédacteur légitime donc le roi505. Les

498
. Cl. LICHTERT, op. cit., p. 261 ; T.H. MCALPINE, Sleep, Divine and Human in the Old Testament,
JSOTSup 38, 1987, p. 158-159.
499
. J.-M. HUSSER, Le songe et la parole, p. 68.
500
. Ibid., p. 89.
501
. Ibid., p. 68 ; R.K. GNUSE, The Dream Theophany of Samuel: its structure in relation to ancient Near Eastern
dreams and its theological significance, Nashville, 1980, p. 116.
502
. Ibid., p. 262.
503
. Id., Dreams and Dream, p. 128.
504
. Ibid., p. 127.
505
. Id., Le songe et la parole, p. 91.

416
rapports privilégiés existant entre Dieu et Salomon sont d’ailleurs soulignés à nouveau lors
d’un second rêve en 1 R 9,2506. Enfin notons que ces deux « narrations royales » relatives à
Salomon rappellent fortement la Königsnovelle de Thoutmosis IV gravée sur la « Stèle du
Sphinx » (Texte A14)507.

§ 237. Le songe et l’oracle sont donc des moyens de légitimation royale que les auteurs de
la Bible ont utilisés à plusieurs reprises508. Ces rencontres oniriques et oraculaires, qui
peuvent être directes ou passer par un intermédiaire, font partie intégrante de l’idéologie
royale et permettent une justification pacifique du souverain509. Elles servent aussi à présenter
un enseignement ou une réflexion théologique particulière dont le propos sert au
développement de l’histoire510. La sobriété de ces rencontres renvoie aux récits oniriques
grecs, qui se distinguent du modèle mésopotamien. En effet, les descriptions grecques font
apparaître Dieu la plupart du temps sans aucun artifice ni entrée spectaculaire tout comme
dans l’Ancien Testament511.

4) Soutien divin au roi

§ 238. L’aide accordée par Dieu aux rois bibliques est présente tout au long de l’Ancien
Testament et ce dans des situations bien diverses, au cours d’une bataille ou bien tout
simplement pour prendre conseil auprès de lui. Dans le cas des « narrations royales », son
assistance est systématiquement indispensable à la bonne réalisation de l’action en cours. Afin
de mettre en évidence son rôle majeur, les auteurs bibliques insèrent parfois des dialogues
entre la divinité et le roi, témoignage de sa présence inévitable.

a. Aide de Dieu

§ 239. Comme pour les Königsnovellen égyptiennes, il existe différentes formes d’aide
divine. Tout d’abord celle qui montre le lien indéfectible existant entre le souverain et Dieu.
Cet aspect se retrouve dans trois « narrations royales ». Dans l’oracle de Nathan (Textes B3a
et B3b), Dieu s’adresse à David par l’intermédiaire de son prophète. À travers son discours il

506
. A. CAQUOT, loc. cit.
507
. R.K. GNUSE, op. cit., p. 117-118.
508
. J.-M. HUSSER, Le songe et la parole, p. 92.
509
. Ibid., p. 266.
510
. Ibid., p. 265.
511
. Id., Dreams and Dream, p. 124.

417
rappelle au roi les actions qu’il a effectuées pour lui : « J’ai été avec toi partout où tu es allé :
j’ai abattu tous tes ennemis devant toi » (2 S 7,9 et 1 Chr 17,8), « Je t’ai accordé le repos face
à tous tes ennemis » (2 S 7,11), « J’ai soumis tous tes ennemis » (1 Chr 17,10). David étant
considéré comme l’un des grands guerriers de la Bible512, il est naturel de constater que le
soutien précieux de Dieu intervient la plupart du temps dans des contextes de guerre.

§ 240. Cette forme d’aide est perceptible également dans le récit de la construction du
Temple de Jérusalem par Salomon (Texte B7a). L’une des conditions établies par Dieu à
propos de l’érection du Temple par Salomon concerne l’absence d’ennemis susceptibles
d’attaquer le peuple d’Israël. En effet, le règne de Salomon est bien connu pour être paisible
et non pas marqué par les combats comme c’était le cas sous le règne de son père. Le contexte
politique sous la souveraineté de Salomon va dans ce sens et ce dernier le doit uniquement à
Dieu, qui lui a accordé « le repos de tous les côtés » (1 R 5,18). Il n’y a en effet face à lui plus
aucun « adversaire, ni menace de malheur. » (1 R 5,18). Une relation forte existe entre Dieu et
Salomon depuis l’oracle de Nathan, par lequel il l’a désigné comme successeur qui
bénéficiera à jamais de sa protection. Bien évidemment cette relation père/fils met en exergue
l’écart existant entre les deux personnages. Tout comme un fils doit obéissance à son géniteur,
le roi biblique doit respecter la parole et donc les ordres de son créateur. C’est la situation
visible notamment dans les textes B2a et B2b lorsque Dieu donne ses commandements à
David lors de la bataille contre les Philistins.

§ 241. La participation de Dieu dans les actions du roi est systématique et lorsqu’un
événement majeur survient il est prêt à agir. Que ce soit au Proche-Orient ou en Égypte, la
divinité intervient dans les guerres humaines. Elle peut mettre à profit les éléments de la
nature tels que l’orage, la grêle ou encore le feu513. Cette autre forme d’aide intervient
précisément dans les Königsnovellen ayant pour thématique la guerre contre les étrangers.
Dans les trois cas de combat contre l’ennemi, la victoire est possible uniquement grâce à
Dieu. Au début de la bataille opposant Saül à Nahash l’Ammonite (Texte B1), lorsque le
monarque apprend l’attaque imminente, le récit indique que « l’esprit de Dieu fondit sur
Saül » (1 S 11,6). Cette communion expose dès le départ le rôle important que jouera la
divinité dans le conflit. Puis face à l’hésitation de la population à prendre les armes, Dieu

512
. Ph. ABADIE, « Pérennité dynastique », p. 128.
513
. Th. RÖMER, « La guerre dans la Bible hébraïque », p. 34 ; M. WEINFELD, « Divine Intervention in War in
Ancient Israel and in the Ancient Near East », dans H. Tadmor, M. Weinfield (éds), History, historiography
and interpretation : studies in biblical and cuneiform literatures, Jérusalem, 1983, p. 121.

418
intervient et le texte dit qu’il « fit tomber la terreur sur le peuple, et ils partirent comme un
seul homme. » (1 S 11,7). Une fois l’ennemi terrassé, Saül conclut en disant : « Personne ne
sera mis à mort en un jour pareil, car, aujourd’hui, le Seigneur a remporté une victoire en
Israël. » (1 S 11,13). Bien que la bataille soit remportée par le roi et son armée, il en attribue
tout le mérite à Dieu sans qui rien n’aurait été possible.

§ 242. Deux « narrations royales » racontent la guerre de David contre les Philistins
(Textes B2a et B2b). Ces textes sont importants dans l’histoire biblique car ils racontent l’une
des premières étapes de la conquête de Jérusalem514. Cette guerre offensive est dictée par un
oracle de Dieu515 dans lequel il donne ses instructions à David : « Monte. Oui je livrerai les
Philistins entre tes mains » (2 S 5,19) puis « Tu n’attaqueras pas de front. Tourne-les sur leurs
arrières et tu arriveras vers eux en face des micocouliers. Quand tu entendras un bruit de pas à
la cime des micocouliers, alors décide-toi. » (2 S 5,23). L’instruction de cette tactique
militaire résulte en réalité d’une demande du roi assailli par les forces ennemies, son premier
recours est de chercher de l’aide auprès de son Dieu516. En détruisant les emblèmes divins des
Philistins517, le Dieu guerrier triomphe des adversaires de David et par extension des siens
(« C’est qu’alors le Seigneur sera sorti devant toi pour frapper l’armée des Philistins »
(2 S 5,24))518. Il n’est pas anormal de constater que David ait comme premier réflexe de
solliciter les conseils de Dieu et non pas ceux de son conseil de guerre, comme c’est souvent
le cas dans les récits égyptiens. Dès son duel contre Goliath, David explique à Saül qu’il ne
peut pas perdre car Dieu l’accompagne depuis toujours et combat pour lui. C’est d’ailleurs ce
qu’il répète au colosse : « Moi, je viens armé du nom du Seigneur de l'univers, le Dieu des
troupes d'Israël, que tu as insulté ! Aujourd'hui même, le Seigneur te livrera en mon pouvoir ;
je te tuerai et te couperai la tête » (1 S 17,45-46)519.

§ 243. Enfin, la dernière intervention divine au cours d’un combat se produit lors de la
bataille opposant Ézéchias à Sennachérib (Texte B9). Après un long échange entre les
serviteurs du roi assyrien et Ézéchias, ce dernier est désespéré, en compagnie du prophète
Ésaïe ils « prièrent à ce sujet et crièrent vers les cieux » (2 Chr 32,20). Comme pour David

514
. S.-M. KANG, op. cit., p. 204-205.
515
. Ibid., p. 207.
516
. D.F. MURRAY, Divine Prerogative and Royal Pretension: Pragmatics, Poetics and Polemics in a Narrative
Sequence about David (2 Samuel 5.17-7.29), JSOTSup 264, 1998, p. 86.
517
. S.-M. KANG, Divine War in the Old Testament and in the Ancient Near East, BZAW 177, 1989, p. 205.
518
. Ibid., p. 204.
519
. W. DIETRICH, The Early Monarchy in Israel: The Tenth Century B.C.E, SBL series 3, 2007, p. 61.

419
contre les Philistins, l’instinct d’Ézéchias le pousse à demander assistance à Dieu. La réponse
de celui-ci est immédiate, il envoie un ange qui sauve son peuple. Ce n’est ni la participation
de soldats humains ni la mise en place d’un appareil défensif de la part du monarque qui
permet de remporter cette bataille520. Dans les livres des Chroniques, les messagers divins ne
sont mentionnés que deux fois521. Néanmoins leur intervention n’est pas propre aux récits
bibliques522.

§ 244. Pour en revenir aux éléments naturels utilisés par Dieu pour aider le roi, l’élément
aqueux a toujours tenu une place importante dans les civilisations antiques. Il n’est donc pas
surprenant de le retrouver au sein de nombreuses histoires. Dans les deux « narrations
royales » B2a et B2b, David parvient à battre les Philistins grâce à l’intervention de Dieu et
dit : « “Le Seigneur m’a ouvert une brèche chez mes ennemis comme une brèche ouverte par
les eaux !” C’est pourquoi on a donné à ce lieu le nom de Baal-Peracim, c’est-à-dire Maître
des Brèches. » (2 S 5,20). Ce passage fait clairement référence à l’ouverture de la mer Rouge
par Moïse523. De cette manière les auteurs bibliques rapprochaient la figure de David à celle
de Moïse – deux personnages ayant été protégés tout au long de leur vie par Dieu en
personne. L’image de la route ouverte au sein de l’Ancien Testament pouvait donc être
utilisée par les rédacteurs afin de rappeler l’ouverture des eaux qui avait permis au peuple
hébreu de s’enfuir d’Égypte. Toutefois, il n’avait pas la même signification dans les textes
égyptiens et bibliques. Chez les Égyptiens anciens, l’eau était synonyme de prospérité et de
bonnes récoltes. Lorsque l’eau venait à manquer, des années douloureuses de disette étaient à
prévoir, c’est notamment ce que raconte la « Stèle de la Famine » (Texte A30). Plusieurs
Königsnovellen égyptiennes traitent d’ailleurs de ce sujet Séthy Ier avait réussi à trouver un
point d’eau à Kanaïs (Texte A18). Quant à Ramsès II, il avait fait creuser un puits sur la route
d’Akayta où auparavant des ouvriers mouraient de soif (Texte A19). L’apparition de l’eau
semble être la solution de bien des maux dans le Double-Pays, chose totalement inverse dans

520
. F.J. GONÇALVES, op. cit., p. 505.
521
. S. JAPHET, The Ideology of the Book of Chronicles and Its Place in Biblical Thought, BEATAJ 9, 1989,
p. 137-138.
522
. S. NIDITCH, op. cit., p. 147.
523
. La référence à la sortie d’Égypte dans les « narrations royales » bibliques est présente dans de nombreux
passages. Outre cette référence à l’écartement des eaux de la mer Rouge dans le récit de David contre les
Philistins, les auteurs de la Bible utilisent les événements censés s’être déroulés au temps de Moïse comme
point de repère. Lorsqu’il est question de la construction du Temple de Jérusalem, le récit rappelle souvent
que depuis le jour où Dieu a délivré son peuple du joug égyptien il n’avait pas été installé dans un monument
digne de sa grandeur (Textes B3a, B3b, B5b). Les auteurs bibliques font d’ailleurs parfois référence à ce
sauvetage miraculeux (Textes 3a et 3b) et mentionnent la date de la sortie d’Égypte comme commencement
de l’histoire israélite (Texte 7a).

420
les récits bibliques, excepté lorsque le peuple attendait l’arrivée de la pluie pour les récoltes.
Comme expliqué précédemment, le passage de la mer Rouge est en effet un premier exemple
d’inversion parfaite du topos de l’idéologie ramesside. Moïse s’adressant à l’eau, parvient à
l’écarter afin de laisser passer son peuple et de noyer l’armée égyptienne524. Le retrait de l’eau
intervient également dans la Königsnovelle d’Ézéchias (Texte B9). Dans cette dernière il met
au point un plan afin d’empêcher les adversaires assyriens d’avoir accès à l’eau des sources
environnantes lors du siège de Jérusalem. En situation de crise, la survie du peuple hébreu
dépendait de leur capacité à déplacer l’eau ou à la faire disparaître, une situation très
différente de celle des Égyptiens qui dépendaient du Nil, de sa crue et de l’emplacement de
points d’eau stratégiques dans les régions désertiques.

§ 245. La notion de peur est commune aux deux corpus, en revanche l’idée de terreur
signifiée dans les récits égyptiens et vétérotestamentaires est totalement différente. Dans les
textes égyptiens, une expression bien connue à propos du pharaon revient fréquemment dans
les textes : « La crainte qu’il inspirait ». Aidé des divinités, le roi faisait naître la crainte chez
les ennemis, la plupart du temps en temps de guerre. Apeurés, ces derniers défaillaient face
aux moyens guerriers mis en œuvre par le souverain. À l’inverse, dans les « narrations
royales » bibliques la peur n’émane jamais du roi. Dans un premier cas, Dieu fait tomber la
terreur sur son peuple afin de les faire réagir face à l’urgence de la situation de la guerre
contre les Ammonites. Dans ce contexte, la peur était un moyen de motivation des troupes
(Texte B1). Ensuite, c’est David en personne qui déclare à son fils Salomon : « Soit sans
crainte et sans peur » (1 Chr 22,13) car ce dernier avait été placé sous la protection de Dieu.
Salomon pouvait donc se permettre de ne pas être effrayé pour son avenir car il avait obtenu
le soutien divin (Texte B4). Enfin dans un dernier exemple, Ézéchias en guerre contre
Sennachérib rassemble ses chefs militaires à la tête du peuple, en guise de motivation il les
exhorte de ne pas avoir peur du roi assyrien car Dieu est avec eux (Texte B9). Contrairement
aux récits égyptiens, à quelques exceptions près, la notion de crainte résulte uniquement de
Dieu et non pas de l’autorité royale.

§ 246. Dieu est ainsi présenté la plupart du temps comme le sauveur du peuple d’Israël525.
Les récits miraculeux sont nombreux dans la Bible, ils soulignent la puissance divine face à
l’impuissance des combattants humains, comme lorsque l’armée de pharaon est détruite à la

524
. B. MATHIEU, « Stèle royale de Ramsès II », 2015, p. 11, note 36.
525
. Ibid., p. 148.

421
fin du récit de l’Exode526. À l’inverse, il est important de signaler que le Dieu d’Israël peut
agir contre ses fidèles. Lorsqu’une bataille est perdue, il est possible de mettre cet échec sur le
compte d’une faute commise par la population et son chef527. Après tout, durant la période de
l’exil, c’est bien ce Dieu biblique qui maudit et sanctionne son peuple impie à travers les
paroles de la prophétesse Houlda (Textes B10a et B10b).

b. Privilège royal : dialogue avec Dieu

§ 247. Les dialogues entre divinités et rois sont visibles dans différentes sociétés antiques.
Cette situation est récurrente dans la Bible, en effet les personnages importants de l’Ancien
Testament interagissent souvent avec Dieu. Ces échanges se déroulent durant des situations
différentes : guerre, construction d’un bâtiment, rêve...

§ 248. Dans plusieurs cas ces dialogues concernent des conseils demandés à la divinité :
David souhaite connaître la stratégie à adopter face aux Philistins (Textes B2a et B2b), alors
que dans le Texte B7a, Dieu vient de lui-même parler à Salomon pour lui rappeler les
exigences de droiture qu’il attend de ce dernier. Ensuite dans l’oracle de Nathan, une fois que
ce dernier rapporte à David les paroles divines, le roi s’adresse à Dieu sous forme de
déclaration et de prière. Bien que dans ces deux Königsnovellen (Textes B3a et B3b) Dieu ne
réponde pas à David, la présentation du récit composée des deux discours à la suite donne
l’impression qu’un dialogue authentique semble s’être déroulé entre les deux protagonistes.
Pour finir, il reste à mentionner l’un des premiers dialogues entre Salomon et Dieu
(Textes B5a et B5b). Celui-ci se déroule lors d’un rêve du roi dans lequel Dieu lui demande
ce qu’il désire. Les auteurs bibliques développent un long dialogue entre les deux
interlocuteurs, où chacun argumente face à l’autre.

§ 249. Ces conversations entre la divinité et le souverain mettent en exergue la relation


privilégiée qui les unit. Effectivement, à plusieurs reprises dans les « narrations royales », le
roi n’hésite pas à solliciter Dieu directement. Ces échanges accentuent la dépendance des rois
envers Dieu ainsi que la bienveillance dont ce dernier fait preuve à leur égard permettant ainsi
de légitimer leurs positions particulières de monarques choisis par décision divine.

526
. Ibid., p. 144.
527
. S.-M. KANG, op. cit., p. 208.

422
5) Offrande et sacrifice

§ 250. La notion de sacrifice dans l’Ancien Testament est primordiale, c’est pourquoi elle
est mentionnée si fréquemment. Sept Königsnovellen bibliques (Textes B1, B5a, B5b, B7a,
B7b, B8b, B9) comportent cette caractéristique dans des contextes divers. Le sacrifice fait
référence à un rite religieux et semble être l’un des points communs essentiels aux sociétés
antiques528. Il est toutefois nécessaire de noter une différence entre les multiples définitions
qui existent, car si le terme actuel renvoie aux conceptions de dévouement, de renoncement et
de martyre, le sacrifice biblique est perçu au contraire comme un don fait à Dieu ayant entre
autres pour but soit de provoquer une situation qui se veut positive, telle qu’une bénédiction,
soit pour expier les péchés529. D’ailleurs l’étymologie latine du terme sacrificare se rattache à
l’expression sacrum facere qui signifie « faire un acte sacré »530. Son sens premier s’est donc
modifié au fil des siècles.

§ 251. Les lois sur les sacrifices sont au centre des récits vétérotestamentaires et
principalement au cœur de la révélation du Sinaï. En effet, la seconde partie du livre de
l’Exode détaille le déroulement du culte sacrificiel et donne des précisions à propos des
préceptes particuliers que les prêtres doivent suivre dans le cadre des sacrifices. En outre, le
livre du Lévitique précise les différentes formes des sacrifices ainsi que leurs fonctions531. Par
la suite, durant la période monarchique, le culte est en théorie centralisé dans un lieu unique :
le Temple de Jérusalem. Toutefois, certains textes bibliques indiquent que l’unicité du lieu de
culte n’était pas respectée. En tant que représentant de Dieu, c’est le roi qui a pour rôle de
garantir le maintien du culte, fondement de l’ancien Israël532. Au sein des récits des livres des
Rois et des Chroniques, le Temple possède une place centrale et de nombreux passages
retracent donc sa construction533.

§ 252. Les offrandes faites à Dieu sont de plusieurs sortes mais ne sont pas toutes des
sacrifices. En effet, certains cadeaux correspondent à des dons versés au trésor du Temple534.

528
. Chr.A. EBERHART, « Sacrifice? Holy Smokes! Reflections on Cult Terminology for Understanding Sacrifice
in the Hebrew Bible », dans Chr.A. Eberhart, Ritual and Metaphor: sacrifice in Bible, SBL 68, 2011, p. 17.
529
. A. MARX, « L’Ancien Testament », dans Chr. Grappe, Le sacrifice : vocation et subversion du sacrifice dans
les deux Testaments, Essais bibliques 29, 1998, p. 30-31.
530
. Id., « Le sacrifice dans la Bible. Sa fonction théologique », Pardès 39, p. 161.
531
. Id., « L’Ancien Testament », p. 13-14.
532
. D. JANZEN, The Social Meanings of Sacrifice in the Hebrew Bible: a Study of Four Writings, BZAW 344,
2004, p. 122.
533
. A. MARX, « L’Ancien Testament », p. 14.
534
. Id., « Le sacrifice dans la Bible », p. 161.

423
Par exemple dans la Königsnovelle de Salomon (Texte B7b), une fois que le Temple est
achevé, il y fait placer « les objets consacrés par David, son père, l’argent, l’or et tous les
ustensiles. » (2 Chr 5,1). Puis, dans la « narration royale » de Joas en 2 Chr 24,4-14
(Texte B8b), avec le reste de l’argent récolté pour les rénovations, des « objets pour le service
et les holocaustes, vases et objets d’or et d’argent » (2 Chr 24,14) sont confectionnés.
Concernant les sacrifices, plusieurs termes sont utilisés pour les caractériser. Le premier,
zèbach, est le plus fréquent, il dérive du verbe signifiant « sacrifier ». Il est employé lorsqu’il
est question de sacrifice animal ou de communion, c’est-à-dire lors d’un repas partagé avec
Dieu. Ce vocable renvoie donc au sacrifice sous forme de repas535. Il existe également
l’holocauste nommé 'olah durant lequel la victime animale est entièrement brûlée sur l’autel
excepté la peau 536 . Puis, le terme minchah correspond aux offrandes profanes, il peut
d’ailleurs s’agir d’un présent offert par la population à son roi. Dans la « narration royale »
2 Chr 32,1-23, le peuple apporte des cadeaux à Ézéchias pour lui témoigner sa gratitude après
qu’il a triomphé de Sennachérib. Dieu reçoit également des présents car il a permis cette
victoire. De plus, comme l’explique A. Marx, ce dernier terme au sens étroit désigne
l’offrande végétale. En revanche, cette dernière doit provenir uniquement des productions
agricoles majeures de l’époque c’est-à-dire olives, raisins et céréales537. L’offrande végétale
est généralement associée à une offrande animale538.

§ 253. Un sacrifice suppose un sacrifiant (Israël, le roi...), une matière sacrificielle (bétails,
végétaux...) invariablement transformée539, un destinataire qui est nécessairement Dieu ainsi
qu’un autel. La présence d’un prêtre n’est au départ pas obligatoire, mais par la suite leur
intervention en tant qu’intermédiaire deviendra indispensable 540 . Enfin le sacrifice peut
prendre plusieurs aspects, Dieu est invité à partager un repas, les participants se voient chacun
attribuer une partie de l’animal sacrifié ou bien Dieu est convié à un banquet où il est le seul à
s’en délecter541. Ces cérémonies resserrent les liens qui existent entre les protagonistes ;
cependant elles mettent également en exergue leurs différences, car chacun consomme une
part différente de l’animal en fonction de son statut542. Le souverain a pour rôle d’entretenir

535
. Ibid., p. 162.
536
. Id., « L’Ancien Testament », p. 29.
537
. Id., « Le sacrifice dans la Bible », p. 162.
538
. Id., « L’Ancien Testament », p. 29 ; Id., Les offrandes végétales dans l’Ancien Testament : du tribut
d’hommage au repas eschatologique, VetTest-Suppl. 57, 1994.
539
. Id., « L’Ancien Testament », p. 26.
540
. Ibid., p. 18-20.
541
. Ibid., p. 28-29.
542
. Ibid., p. 28-29.

424
ce culte, cette suzeraineté garantit la venue de Dieu parmi son peuple. Les offrandes et les
sacrifices ne sont pas nécessairement dirigés vers le ciel543, bien au contraire ils demeurent
afin que Dieu descende sur terre pour bénir ses fidèles544. Ces derniers ont d’ailleurs pour
consigne de présenter des offrandes à Dieu au moins trois fois par an 545 . Plusieurs
Königsnovellen (Textes B1, B5a, B5b, B8b) font mention d’holocaustes appelés aussi
« sacrifice de paix » la plupart du temps pour remercier Dieu d’avoir fait aboutir un projet
militaire ou de construction. Les sacrifices considérables en nombre sont rares ou
légendaires546, néanmoins ils sont parfois décrits dans les récits bibliques, Salomon a par
exemple offert un millier d’holocaustes à Dieu à Gabaon.

§ 254. Bien qu’il existe différentes manières d’envisager les objectifs principaux alloués
aux sacrifices antiques et modernes547, il est possible de dépeindre les contours des sacrifices
vétérotestamentaires. Le sacrifice biblique est à comprendre comme une révélation résultant
de la rencontre entre Dieu, qui se laisse découvrir, et Israël qui apprend à le connaître. Grâce à
la mise en place du repas sacrificiel, Dieu s’associe à son peuple et lui témoigne sa
bienveillance548. La plupart du temps, le sacrifice biblique n’a donc pas pour but de calmer
quelconques fureurs divines (de tels cas peuvent toutefois exister), au contraire la venue de
Dieu permet de souligner majoritairement la relation positive subsistant entre ce dernier et ses
hôtes549. Dans cette perspective, la place centrale qu’occupe le Temple de Jérusalem est
aisément compréhensible car il participe à la présence de Dieu au milieu du peuple550.
Procéder à des sacrifices permet en quelque sorte la répétition de la théophanie du Sinaï,
manifestation exemplaire de Dieu dans les temps anciens 551 . Dans ces conditions de
renouvellement du passé glorieux, le sacrifice sert donc de test pour l’auteur deutéronomiste
au respect de la Loi552. Cette preuve de fidélité à Dieu se manifeste donc par la mise en place
et par le maintien d’un culte organisé par le roi afin de garantir la survie d’Israël. Néanmoins,
l’auteur deutéronomiste développe le double aspect du sacrifice, ce dernier est à la fois la
démonstration de la loyauté du peuple envers Dieu mais il est également le signe de sa

543
. La fumée des holocaustes monte toutefois vers le ciel.
544
. A. MARX, « L’Ancien Testament », p. 23
545
. Id., « Le sacrifice dans la Bible », p. 162.
546
. Id., « L’Ancien Testament », p. 20.
547
. Chr.A. EBERHART, op. cit., p. 18.
548
. A. MARX, « L’Ancien Testament », p. 41-42.
549
. Ibid., p. 30
550
. Id., « Le sacrifice dans la Bible », p. 163.
551
. Id., « L’Ancien Testament », p. 24.
552
. D. JANZEN, loc. cit.

425
monolâtrie. Ceci explique la disparition de certaines dynasties royales bibliques qui n’ont pas
suivi les préceptes de la Loi en sacrifiant à des divinités étrangères et hors du Temple de
Jérusalem553.

§ 255. Par ailleurs, deux des Königsnovellen relatives à Salomon posent une certaine
difficulté. En effet, les récits indiquent que Salomon sacrifie plus de mille holocaustes sur un
autel en bronze se trouvant sur les hauteurs de Gabaon. Bien que cet acte occasionne un
dialogue avec Dieu et permet à Salomon d’obtenir ses faveurs (sagesse, richesse et longue
vie) les auteurs mettent principalement en avant le fait que des hauts lieux de culte subsistent
encore 554 . La construction du futur Temple constitue donc un enjeu important car ils
anticipent la centralisation du culte en un lieu unique555. D’ailleurs, lorsque Salomon sacrifie
pour rendre grâce à Dieu après sa vision nocturne, il le fait à Jérusalem et non plus à Gabaon.
Selon l’auteur biblique et son contexte de rédaction propre, les conséquences du sacrifice sur
Israël ne sont en outre pas les mêmes. Alors que la bonne pratique sacrificielle est considérée
comme le test suprême par l’auteur deutéronomiste, ce n’est pas le cas pour le Chroniste, qui
considère que le peuple a pour obligation d’obéir à toutes les lois et non pas particulièrement
à celle du sacrifice. Il est toutefois clair que pour les deux rédacteurs, le sacrifice reste
essentiel dans le quotidien d’Israël, qui se doit d’accomplir les sacrifices envers Dieu afin
d’obtenir sa protection et sa bénédiction556.

§ 256. Ainsi, les sacrifices et les offrandes à Dieu ne sont pas l’apanage des seuls
souverains. La nation a également des devoirs envers sa divinité et en échange de ces
pratiques, Dieu gratifie son peuple557. Ceci forme une boucle infinie, Dieu permet à Israël de
cultiver ses champs et de s’occuper de ses troupeaux dans des conditions favorables en
récompense de sa loyauté. Puis à son tour, la population lui consacre une partie de ses cultures
et de ses animaux, et ainsi de suite. La même situation de réciprocité entre la population et les
divinités est visible en Égypte bien qu’elle soit moins soulignée dans les Königsnovellen
égyptiennes, à l’inverse des « narrations royales » bibliques qui mettent davantage ces faits en
exergue. Cependant, le rôle du monarque demeure primordial dans ce contexte car il doit
veiller à ce que le Temple demeure le seul lieu de culte autorisé. Ses tâches sont donc

553
. Ibid., p. 122-123.
554
. C.L. SEOW, « The Syro-Palestinian Context of Solomon’s Dream », HTR 77/2, 1984, p. 145 ; J.-M. HUSSER,
Le songe et la parole, p. 63.
555
. D. NOCQUET, op. cit., p. 125-126.
556
. D. JANZEN, p. 209-210.
557
. A. MARX, « Le sacrifice dans la Bible », p. 162-163.

426
multiples : supprimer les lieux de culte impies, superviser les travaux de rénovation du
Temple et organiser de grands sacrifices publics qui ont pour but de prouver l’allégeance
nationale du peuple d’Israël envers son Dieu558. Ce sont précisément ces situations qui sont
décrites dans les « narrations royales » citées précédemment. Elles servent principalement à
montrer la relation de dépendance qui demeure entre le roi et Dieu. Le souverain lui est
systématiquement redevable et les récits le rappellent fréquemment.

§ 257. Par contraste avec les Königsnovellen égyptiennes, les offrandes et les sacrifices
dans les « narrations royales » bibliques ont une réelle fonction c’est pourquoi elles sont
caractérisées comme un motif littéraire. En effet, elles permettent aux auteurs de mettre en
exergue la relation de dépendance du roi envers Dieu. Étant donné que le souverain ne peut
rien accomplir sans son aide, il doit le remercier ou lui demander assistance à travers des
dons. Il est certain que de nombreux récits égyptiens traitent du rôle cultuel de pharaon.
Toutefois, au sein des Königsnovellen égyptiennes, ce motif est sporadique et non essentiel
(excepté dans les récits A6 et A30) à l’inverse des Königsnovellen bibliques. Les récits
égyptiens soulignent plutôt les cadeaux du roi envers ses sujets mettant en avant ainsi sa
bienveillance.

6) Renommée et surpassement

§ 258. L’empreinte qu’ont laissée les rois dans l’histoire des monarchies antiques se fonde
principalement sur la glorification de leur personne. Les souverains doivent prouver au peuple
qu’ils sont légitimes à occuper leur fonction au sein de la société (choix héréditaire ou encore
divin) notamment par la démonstration de leur compétence ainsi que par la mention de leurs
multiples qualités. Dans plusieurs Königsnovellen bibliques la notion de renommée et de
surpassement des rois précédents apparaît (Textes B1, B2a, B2b, B3a, B3b, B4, B5a, B5b, B6,
B7a, B8a, B9, B10a, B10b) sous différentes formes.

§ 259. Le premier aspect qui se manifeste à plusieurs reprises consiste en l’intronisation du


monarque. Dans la « narration royale » de Saül (Texte B1), les Ammonites viennent attaquer
Yavesh mais ce dernier, avec l’assistance de Dieu, réussit à les vaincre. À la suite de cette
victoire écrasante Samuel accompagné du peuple décide de renouveler la royauté de Saül en
présence de Dieu : « “Venez, allons à Guilgal : nous y renouvellerons la royauté.” Tout le

558
. D. JANZEN, op. cit., p. 212.

427
peuple alla donc à Guilgal. Là, on fit de Saül un roi, en présence du Seigneur, à Guilgal. »
(1 S 11,14-15). Ce passage pose certaines questions à propos de la monarchie israélite car ce
texte souligne le fait qu’avant cette intronisation à Guilgal, Saül a déjà été oint en tant que roi,
bien qu’il n’était pas reconnu à l’époque par l’ensemble du peuple. Effectivement, les écrits
bibliques sur la naissance de la monarchie sont multiples mais plus que tout ils sont disparates
car ils expriment des opinions politiques divergentes trahissant la pensée des divers auteurs à
l’origine de leur rédaction559. Bien que ces multiples textes présentent chacun une histoire
différente, il est possible d’affirmer qu’au sein du récit biblique, le commencement de la
monarchie résulte d’une demande du peuple à Samuel (1 S 8). Cette Königsnovelle fait de
Saül un héros de guerre charismatique, le peuple qui reconnaît les capacités du combattant
met d’ailleurs ce triomphe sur le compte de Dieu, la nation désigne ainsi le guerrier Saül en
tant que roi légitimé par le créateur560.

§ 260. Les Textes B2a et B2b indiquent que les Philistins viennent combattre David car ils
ont appris son couronnement en tant que roi d’Israël. Débute alors une guerre entre les deux
peuples. Par la suite, David parvient à les défaire grâce à l’aide de Dieu. La seconde
« narration royale » apporte un détail supplémentaire et se conclut par cette phrase : « La
renommée de David se répandit dans tous les pays, et le Seigneur le rendit redoutable à toutes
les nations. » (1 Chr 14,17). L’accent est alors mis à la fois sur la personnalité guerrière du
souverain, élément récurrent dans l’histoire de David, mais également sur la portée nationale
de son acte censé effrayer ses futurs opposants.

§ 261. L’autre moyen permettant de mettre en exergue la renommée du roi se révèle à


travers la bénédiction qu’accorde Dieu en glorifiant le souverain et sa descendance. C’est la
situation qui se présente dans deux « narrations royales » (Textes B3a et B3b) à propos de
David et de son fils Salomon. L’oracle de Nathan est très connu au sein de la recherche
vétérotestamentaire car il fournit de nombreuses informations sur l’idéologie de la royauté
biblique561. Malgré le fait que Dieu n’autorise pas David à lui construire un temple à cause du
sang qu’il a pu verser, il exalte sa personne ainsi que celle de son futur successeur Salomon.
La distinction de David est premièrement soulignée par son élection divine ainsi que l’aide
dont il bénéficie toute sa vie : « C’est moi qui t’ai pris au pâturage, derrière le troupeau, pour

559
. T. ISHIDA, op. cit., p. 31.
560
. Ibid., p. 51-52.
561
. G.N. KNOPPERS, « Changing History », p. 104.

428
que tu deviennes le chef d’Israël, mon peuple. J’ai été avec toi partout où tu es allé : j’ai
abattu tous tes ennemis devant toi. » (2 S 7,8-9). Sa renommée internationale est une nouvelle
fois notifiée : « Je t’ai fait un nom aussi grand que le nom des grands de la terre. » (2 S 7,9).
Puis, Dieu s’engage auprès de David à lui accorder définitivement la royauté mais
principalement à établir sur le trône son fils qui aura pour mission de bâtir le Temple de
Jérusalem. De la bouche même de Dieu, la dynastie davidique est ainsi protégée et durable sur
plusieurs générations : « Et le Seigneur t’annonce que le Seigneur te fera une maison. Lorsque
tes jours seront accomplis et que tu seras couché avec tes pères, j’élèverai ta descendance
après toi, celui qui sera issu de toi-même, et j’établirai fermement sa royauté. C’est lui qui
bâtira une Maison pour mon Nom, et j’établirai à jamais son trône royal. Je serai pour lui un
père, et il sera pour moi un fils. S’il commet une faute, je le corrigerai en me servant
d’hommes pour bâton et d’humains pour le frapper. Mais ma fidélité ne s’écartera point de
lui, comme je l’ai écartée de Saül, que j’ai écarté devant toi. Devant toi, ta maison et ta
royauté seront à jamais stables, ton trône à jamais affermi. » (2 S 7,11-16), « Veuille
maintenant bénir la maison de ton serviteur, pour qu’elle soit à jamais en ta présence. Car
c’est toi, Seigneur Dieu, qui as parlé, et par ta bénédiction la maison de ton serviteur sera
bénie à jamais. » (2 S 7,29). Dès le départ, David est considéré par Dieu comme un être à part
qui mérite un destin prodigieux (« Tu m’as regardé comme un homme de rang élevé,
Seigneur Dieu. » (1 Chr 17,17)). Dieu poursuit ensuite ses actions en la personne de Salomon
qui acquiert de prodigieuses aptitudes promettant alors fidélité à cette dynastie.

§ 262. Par la suite, de nombreuses références à l’oracle de Nathan sont faites dans l’Ancien
Testament. C’est un moyen de rappeler la promesse que Dieu a faite à David et à Salomon.
Dans le Texte B4, David rappelle donc les paroles divines qui lui ont été dites à travers un
discours qu’il adresse à son fils : « Maintenant donc, que le Seigneur soit avec toi, mon fils,
pour que tu bâtisses avec succès la Maison du Seigneur ton Dieu, comme il l’a dit à ton
sujet ! Seulement, que le Seigneur te donne du discernement et de l’intelligence lorsqu’il
t’établira sur Israël, pour garder la Loi du Seigneur ton Dieu ! Alors, tu prospéreras si tu
gardes, pour les mettre en pratique, les préceptes et les ordonnances que le Seigneur a
ordonnés à Moïse au sujet d’Israël. Sois fort et courageux ! Sois sans crainte et sans peur. »
(1 Chr 22,11-13) À travers ces paroles, David loue Salomon et rappelle les espoirs placés en
lui.

§ 263. Il n’est donc pas surprenant de constater que la figure royale de Salomon est

429
dépeinte de manière très positive et que la postérité de son nom demeure durant de longs
siècles. Deux « narrations royales » (Textes B5a et B5b) en particulier révèlent que Salomon
possède toutes les qualités nécessaires pour être un illustre roi. Au cours d’un rêve, Dieu ne
lui accorde pas seulement la sagesse mais aussi la richesse, la prospérité ainsi qu’une longue
vie mais surtout il lui assure une position unique à travers les âges : « Voici, j’agis selon tes
paroles : je te donne un cœur sage et perspicace, de telle sorte qu’il n’y a eu personne comme
toi avant toi, et qu’après toi, il n’y aura personne comme toi. Et même ce que tu n’as pas
demandé, je te le donne : et la richesse, et la gloire, de telle sorte que, durant toute ta vie, il
n’y aura personne comme toi parmi les rois. Si tu marches dans mes chemins, en gardant mes
lois et mes commandements comme David, ton père, je prolongerai ta vie. » (1 R 3,12-14).
Ces formules qui exaltent Salomon au-dessus de tous les mortels annoncent ainsi la première
partie du règne de Salomon, qui sera couronnée de succès562.

§ 264. Dans les récits bibliques, la sagesse de Salomon est de réputation internationale
(tout comme les qualités guerrières de David, qui sont connues à l’étranger) et les grands de
cette époque, telle que la reine de Saba, se déplacent afin de pouvoir constater par eux-mêmes
ce don divin563. Le Texte B7a raconte d’ailleurs que l’entente entre Salomon et Hiram est
parfaite pour la construction du Temple grâce à cette sagesse. Ce sont les nombreuses qualités
de Salomon qui permettent la paix et la stabilité, conditions nécessaires au bon déroulement
de l’érection du Temple mais données manquantes durant le règne de David qui a été jalonné
de guerres et de massacres564. Plusieurs preuves viennent ainsi confirmer l’oracle de Nathan et
les promesses divines accordées : l’édification du Temple de Jérusalem mais également des
faits inhabituels durant lesquels le roi peut exercer ses dons au grand jour. C’est par exemple
le cas de la Königsnovelle racontant l’histoire des deux prostituées se disputant la garde d’un
enfant (Texte B6)565. Au moyen de sa sagesse et de son sens aiguisé de l’écoute qui lui ont été
octroyés par Dieu, Salomon parvient à démêler le vrai du faux et peut rendre à la véritable
mère son bébé566. Par conséquent, le récit se conclut par cette phrase : « Tout Israël entendit
parler du jugement qu’avait rendu le roi, et l’on craignit le roi, car on avait vu qu’il y avait en
lui une sagesse divine pour rendre la justice. » (1 R 3,28).

562
. G.N. KNOPPERS, « “There Was None Like Him” », p. 415.
563
. P. BORDEUIL, F. BRIQUEL CHATONNET, op. cit., p. 228.
564
. G.N. KNOPPERS, op. cit., p. 416-417.
565
. Ibid., p. 415.
566
. A. WÉNIN, op. cit., p. 45.

430
§ 265. Trois autres rois sont considérés positivement dans la Bible et leurs réputations
transparaissent dans plusieurs récits bibliques. Joas (Texte B8a), Ézéchias (Texte B9) et Josias
(Textes B10a et B10b) sont jugés comme étant de bons rois bibliques car ils ont fait ce qui été
juste aux yeux de Dieu. Les deux derniers n’ont d’ailleurs commis aucune faute, c’est pour
cela qu’ils sont comparés à David, point qui sera développé par la suite567. Tout comme ce
dernier, Ézéchias est principalement connu pour ses capacités de fin stratège, notamment
celles employées tout au long de son règne contre les Assyriens. Grâce à son ingéniosité,
Ézéchias parvient à repousser Sennachérib lui permettant d’être en « haute estime aux yeux de
toutes les nations » (2 Chr 32,23) qui lui apportent des présents après sa victoire (Texte B9).
Enfin, Josias en tant que « restaurateur de l’ordre »568 fait ce qui est droit aux yeux du
seigneur. Grâce à sa piété, il bénéficie d’un lien particulier avec David car il « suivit
exactement le chemin de David, son père, sans s’écarter ni à droite ni à gauche. » (2 R 22,2)
(Textes B10a)569. Ce règne irréprochable570 lui permet principalement de surpasser les autres
souverains bibliques aux yeux de Dieu qui décide de l’épargner du sort funeste que subit
Israël : « Et puisque tu as déchiré tes vêtements et que tu as pleuré devant moi ; eh bien, moi
aussi j’ai entendu – oracle du Seigneur ; à cause de cela, je vais te réunir à tes pères ; tu leur
seras réuni en paix dans la tombe, et tes yeux ne verront rien du malheur que je vais amener
sur ce lieu. » (2 R 22,19-20). En effet, il a été l’un des seuls à suivre de manière assidue les
commandements de la Loi, acte primordial et indispensable pour les monarques bibliques :
« le roi conclut devant le Seigneur l’alliance qui oblige à suivre le Seigneur, à garder de tout
son cœur et de toute son âme ses commandements, ses exigences et ses lois, en pratiquant les
paroles de l’alliance qui sont écrites dans ce livre. » (2 Chr 34,31).

§ 266. Le motif de la renommée du roi est caractéristique des Königsnovellen bibliques. En


effet, une différence notable est visible entre les corpus égyptien et vétérotestamentaire. Dans
les « narrations royales » égyptiennes, les auteurs mettent uniquement l’accent sur le
surpassement du souverain par rapport à ses prédécesseurs et sur sa capacité à rétablir
l’organisation de la Première Fois. L’appréciation du roi se fait en vase clos au sein du

567
. S.L. MACKENZIE, The Trouble with Kings, p. 123 ; A.L. JOSEPH, « Who Is like David? Was David like David?
Good Kings in the Book of Kings », CBQ 77, 2015, p. 20-41.
568
. K.A. RISTAU, « Reading and Rereading Josiah: The Chronicler’s Representation of Josiah for the Postexilic
Community », dans G.N. Knoppers, K.A. Ristau (éds), Community Identity in Judean Historiography. Biblical
and Comparative Perspectives, Winona Lake, 2009, p. 222 ; A.G. AULD, Kings without Privilege: David and
Moses and the Story of the Bible’s Kings, Édimbourg, 1994, p. 136.
569
. J.-P. SONNET, « Le livre trouvé. II Rois 22 dans sa finalité narrative », NRTh 116, 1994, p. 840 ; E. EYNIKEL, The
Reform of King Josiah and the Composition of the Deuteronomistic, OTS 33, 1996, p. 117.
570
. G.N. KNOPPERS, Two Nations under God, p. 133.

431
Double-Pays car il ne fait aucun doute, dans la pensée égyptienne, que le pharaon soit
supérieur aux monarques étrangers. En revanche, dans les Königsnovellen bibliques, les
rédacteurs déterminent non seulement un classement des rois les uns par rapport aux autres,
mais mettent également en exergue la réputation « internationale » des rois dont la renommée
est connue au-delà des frontières. L’opinion des populations extérieures à propos des
souverains bibliques semble être pour les auteurs une assurance de supériorité.

432
CHAPITRE 5. ASPECTS STRUCTURELS DES KÖNIGSNOVELLEN ÉGYPTIENNES ET
BIBLIQUES

1) Caractéristiques formelles des récits

§ 267. Au sein de ce chapitre les aspects littéraires des Königsnovellen égyptiennes et


bibliques sont comparés en laissant de côté autant que possible les aspects de datation
inhérents à chaque corpus.

a. Date et titulature

Corpus biblique Titulature Date


Texte B1 - 1 S 11,1-15 (Saül) X X

Texte B2a - 2 S 5,17-25 (David) X X


Texte B2b - 1 Chr 14,8-17 X X
(David)
Texte B3a - 2 S 7,1-29 (David) X X
Texte B3b - 1 Chr 17,1-27 X X
(David)
Texte B4 - 1 Chr 22,1-19 X X
(David)
Texte B5a - 1 R 3,1-15 X X
(Salomon)
Texte B5b - 2 Chr 1,1-13 X X
(Salomon)
Texte B6 - 1 R 3,16-28 X X
(Salomon)
La quatre cent quatre-
vingtième année après la
sortie des fils d’Israël hors
Texte B7a - 1 R 5,15-32 + 1 R X du pays d’Égypte, la
6,1-38 (Salomon) quatrième année du règne
de Salomon sur Israël, le
mois de Ziw, qui est le
deuxième mois
Il commença à bâtir au
Texte B7b - 2 Chr 1,18 + 2 Chr X deuxième mois, en la
5,1 (Salomon) quatrième année de son
règne
X La vingt-troisième année
Texte B8a - 2 R 12,5-17 (Joas)
du règne de Joas
Texte B8b - 2 Chr 24,4-14 X X
(Joas)
Texte B9 - 2 Chr 32,1-23 X X
(Ézéchias)

433
Josias avait huit ans lorsqu’il
devint roi et il régna trente et La dix-huitième année de
Texte B10a - 2 R 22,1-20 son règne
un ans à Jérusalem. Le nom
(Josias)
de sa mère était Yedida, fille
d’Adaya, de Boçqath
Texte B10b - 2 Chr 34,3-33 X Dans la dix-huitième année
(Josias) de son règne

Corpus égyptien Titulature Date


Texte A1 - Sahourê X X
Texte A2 - Sahourê X X
Texte A3 - Ounas Incomplète X
Texte A4 - Montouhotep II X (lacunaire) X (lacunaire)

Texte A5 - Sésostris Ier Incomplète L’an 3, troisième mois


d’akhet, jour 8
Texte A6 - Néferhotep Ier Complète L’an 2
Texte A7 - Râhotep Complète X (lacunaire)
Texte A8 - Kamosis Complète L’an 3
Texte A9 - Âhmosis Incomplète X

Texte A10 - Thoutmosis II Complète L’an 1, deuxième mois


d’akhet, jour 8
La quinzième année de son
règne, deuxième mois de la
saison peret, premier jour
Texte A11 - Hatchepsout Complète jusqu’à la seizième année,
quatrième mois de la
saison chémou, dernier
jour du mois
Texte A12 - Hatchepsout X L’an 9

Texte A13 - Thoutmosis III Complète L’an 22, quatrième mois


de peret, jour 25
Texte A14 - Thoutmosis IV Complète L’an 1, troisième mois
d’akhet, jour 19
Texte A15 - Thoutmosis IV Complète L’an 9, le neuvième mois
de la saison peret, jour 2
Texte A16a - Amenhotep III Complète L’an 5, troisième mois
d’akhet, jour 2
Texte A16b - Amenhotep III X (lacunaire) X (lacunaire)
Texte A17 - Akhénaton Complète L'an 12, le troisième mois
d'akhet, jour 20
Texte A18 - Séthy Ier Complète L’an 9, troisième mois de
chémou, jour 20
Texte A19 - Ramsès II Complète L’an 3, premier mois de
peret, jour 4

434
Texte A20 - Ramsès II Complète L’an 5, troisième mois de
chémou, jour 9
Texte A21 - Ramsès II Incomplète L’an 8, deuxième mois de
peret, jour 8
Texte A22 - Mérenptah X (lacunaire) X (lacunaire)
Texte A23 - Smendès Complète X (lacunaire)
Texte A24 - Taharqa Complète L’an 6
Texte A25 - Tanoutamon Complète L’an 1

Texte A26 - Aspelta Complète L’an 1, deuxième mois de


peret, jour 15
Texte A27a - Psammétique II Incomplète X (lacunaire)
Texte A27b - Psammétique II Incomplète X (lacunaire)

Texte A27c - Psammétique II Complète L’an 3, le deuxième mois


de chémou, jour 10
Texte A28 - Amasis Complète L’an 1, deuxième mois de
chémou
Texte A29 - Ramsès II Complète (composite) L’an 15, deuxième mois de
chémou, jour 22
Texte A30 - Djoser Complète L’an 18

§ 268. Dans le cas des Königsnovellen, il était primordial pour les auteurs d’établir un
cadre temporel, celui-ci pouvait être notifié à la fois par la mention de la date de l’événement
mais également à travers la titulature du souverain mentionné. En situant son récit dans le
temps, le rédacteur apportait l’élément réel, tant recherché, retranscrivant ainsi un contexte et
une époque historique. L’intrigue devenait alors crédible et nul ne pouvait douter de son
authenticité571. Concernant la titulature royale, étant donné que les textes bibliques ont été
classés en chapitres plutôt cohérents, il n’était pas nécessaire de répéter à chaque début de
« narrations royales » la titulature du roi biblique en question, à l’inverse des récits égyptiens,
dispersés dans le Double-Pays et qui nécessitaient donc le rappel quasi-systématique de la
désignation du monarque dont les exploits étaient vantés.

§ 269. Au début des textes, la date et la titulature du roi étaient habituellement associées
dans les Königsnovellen égyptiennes. Ce n’était pourtant pas le cas durant l’Ancien Empire,
les trois textes datant de cette période ne comportent ni datation ni titulature, à l’exception de
la « narration royale » d’Ounas (Texte A3) qui contient une titulature incomplète. Ces
absences s’expliquent toutefois aisément en raison de l’emplacement des récits. Ils se

571
. A. SPALINGER, Aspects of Military, p. 5.

435
situaient en effet tous trois dans des complexes funéraires royaux, plus précisément dans la
chaussée montante de chaque complexe. Il est probable qu’il n’était donc pas nécessaire
d’indiquer les multiples noms du roi car le visiteur savait à qui appartenait l’œuvre
architecturale. À l’instar des Königsnovellen bibliques insérées dans un corpus plus large, ces
« narrations royales » faisaient partie d’un ensemble de textes liés entre eux. L’ensemble
architectural, à la manière d’un livre, faisait donc office de recueil compilant les exploits572.
Concernant les dates lacunaires, ces Königsnovellen se fondaient dans un décor monumental
composé de nombreuses scènes légendées ayant jalonné la vie du monarque, l’ordre
chronologique importait peu car ce qui comptait véritablement était l’étalage de tous ces
moments de vie prodigieux (expédition, chasse...). Bien que ces trois Königsnovellen ne
soient pas datées, la mention d’une époque précise pouvait être notifiée dans certains récits de
l’Ancien Empire principalement dans les (auto)biographies de particuliers fournissant ainsi un
contexte précis pour la postérité de l’individu (c’est par exemple le cas dans la biographie de
Râour)573.

§ 270. Il existe d’autres exemples semblables à ces premières « narrations royales » et qui
sont postérieurs à l’Ancien Empire : dans le Texte A12, la titulature d’Hatchepsout est
manquante car le récit se trouve gravé dans le temple de Deir el-Bahari. Elle l’avait fait
construire, nul besoin d’indiquer sa titulature car l’action racontée traitait inévitablement de sa
personne, en revanche une date est donnée. Tout comme les trois premières « narrations
royales » du corpus égyptien, trois récits, un du Moyen Empire et deux du Nouvel Empire ne
contiennent ni date ni titulature. Il s’agit des histoires lacunaires de Montouhotep II
(Texte A4), d’Amenhotep III (Texte A16b) et de Mérenptah (Texte A22). Il est envisageable
de penser que ces Königsnovellen devaient être au départ complètes et comportaient
vraisemblablement ces informations. D’ailleurs la datation de certains de ces textes est
connue grâce à d’autres inscriptions retraçant les mêmes événements. D’autres textes,
également incomplets, n’indiquent aucune date mais révèlent en revanche une titulature
royale (Textes A7, A9, A23, A27a, A27b). Tous les autres récits égyptiens (Textes A5, A6,
A8, A10, A11, A13, A14, A15, A16a, A17, A18, A19, A20, A21, A24, A25, A26, A27c,
A28, A29, A30) fournissent ces informations. Ces dernières, liées au cadre de l’action, sont
indispensables au besoin d’ancrer celle-ci dans l’Histoire, bien que la notion « d’historicité »

572
. N. NA'AMAN, op. cit., p. 337.
573
. M. BAUD, « The Birth of Biography in Ancient Egypt. Text format and content in the IVth Dynasty », dans
I. Hafemann, St.J. Seidlmayer (éds), Texte und Denkmäler des ägyptischen Alten Reiches, 2005, p. 113.

436
de l’épisode ne soit pas essentielle. La description d’une réalité des faits n’était pas
primordiale du moment que l’action racontée semblait s’incorporer à l’Histoire. Ces éléments
permettaient donc de mettre en exergue un événement particulier exécuté par le roi dans sa
position officielle de représentant de la divinité574.

§ 271. Sur les seize « narrations royales » bibliques, seulement cinq donnent une précision
temporelle à propos des péripéties (Textes B7a, B7b, B8a, B10a, B10b), ce qui est peu en
comparaison du nombre de récits composant le corpus biblique. Il s’agit de l’une des grandes
différences notables entre les Königsnovellen égyptiennes et bibliques. Il est possible de
classer les récits du corpus biblique en fonction des chapitres des livres de l’Ancien
Testament et de distinguer donc ses multiples auteurs. Les Königsnovellen présentes dans les
livres 1 et 2 Samuel et 1 Chroniques ne comportent aucune datation. Les « narrations
royales » du livre 1 Rois n’en énoncent pas non plus, excepté pour le récit de la construction
du Temple de Jérusalem (Texte B7a). Du fait de l’importance de l’événement raconté, il est
compréhensible que l’auteur ait voulu marquer d’une pierre blanche l’édification du Temple.
D’ailleurs, deux dates sont notifiées pour situer le même épisode dans le temps : une première
en fonction de « la sortie des fils d’Israël hors du pays d’Égypte », mythe fondateur du
judaïsme575, une seconde par rapport au règne personnel de Salomon, l’un des rois les plus
emblématiques de l’histoire biblique. Le Texte B7b, parallèle au récit cité précédemment,
raconte également la construction du Temple de Jérusalem, mais une seule date est
mentionnée, celle de la quatrième année du règne de Salomon. Parmi les changements que le
Chroniste a opérés576, il a notamment fait disparaître la mention de la sortie d’Égypte, point
secondaire de son idéologie à l’inverse de celle du Deutéronomiste.

§ 272. Concernant les Königsnovellen relatives à Joas, seule la version écrite en 2 R 12,5-
17 (Texte B8a) donne une indication en mentionnant la vingt-troisième année du règne du
souverain, à la différence de la version du Chroniste en 2 Chr 24,4-14 (Texte B8b), qui n’en
donne aucune. Enfin les deux derniers récits parallèles du corpus biblique impliquant Josias
indiquent une date identique « la dix-huitième année de son règne ». Comme pour les deux
« narrations royales » de Joas, le Chroniste aurait pu s’abstenir de toute indication temporelle,

574
. Cl. MADERNA-SIEBEN, op. cit., p. 80.
575
. Th. RÖMER, La Bible, quelles histoires ! Les dernières découvertes, les dernières hypothèses. Entretien avec
Estelle Villeneuve, Paris, 2014, p. 298 ; J. ASSMANN, La mémoire culturelle. Écriture, souvenir et imaginaire
politique dans les civilisations antiques, Paris, 2010, p. 183 ; R. DRAÏ, « Sortir – complètement – d'Égypte.
Considérations sur “l'esclavage prolongé” dans le récit biblique », Pardès 46/2, 2009, p. 11.
576
. R.L. BRAUN, « Solomonic Apologetic », p. 509-510.

437
pourtant il cite une date comme pour le récit de la construction du Temple par Salomon. Les
récits traitant de la découverte du livre de la Loi (Textes B10a, B10b) sont très importants
dans la trame biblique car ils annoncent le futur exil du peuple juif, événement traumatisant
car lié à la destruction prochaine du Temple. C’est donc dans quatre récits majeurs de
l’Ancien Testament que ces auteurs bibliques, le Deutéronomiste et le Chroniste, ont articulé
leurs Königsnovellen datées de la même manière : la construction du Temple de Jérusalem et
la découverte du livre de la Loi dans celui-ci quelques siècles plus tard. Le Chroniste se
dispensait ainsi d’ajouter une date lorsqu’il considérait un épisode moins important qu’un
autre. Le fait qu’il ait daté la construction du Temple (Texte B7b) et la découverte du Livre
(Texte B10b), mais pas la restauration du sanctuaire par Joas (Texte B8b) ni la guerre entre
Ézéchias et Sennachérib (Texte B9), hiérarchise en quelque sorte ces événements en fonction
de son idéologie propre. C’était moins l’acte lui-même qui était mémorable que son résultat.

§ 273. La majeure partie des Königsnovellen égyptiennes est datée des premières années
du règne du pharaon. Comme l’explique E. Otto, ce moment occupait une place importante
car il correspondait à l’établissement d’un nouveau gouvernement et donc au commencement
d’un nouveau cycle. Il s’agissait du moment opportun pour mettre en place de nouvelles
actions efficaces, afin de montrer aux yeux de tous les capacités exceptionnelles du nouveau
roi régnant577. Cette forte activité durant les premières années de règne (construction de
temples, renouvellement des rituels, campagnes militaires...) est tout à fait compréhensible
dans l’optique du surpassement des prédécesseurs : dès le début de son règne le monarque
devait faire ses preuves en faisant plus que les rois antérieurs578. Sauf quelques exceptions, les
récits datant du Nouvel Empire sont tous datés précisément, ce qui s’explique par le regain
d’intérêt qu’ont eu les individus de cette période pour l’organisation chronologique des
événements alors qu’auparavant l’attention portait sur la « description méticuleuse des
objets ». Le Nouvel Empire a en effet été marqué par un goût prononcé pour la contribution et
l’appréhension du passé, qui se perçoit à travers la réutilisation d’anciennes œuvres et la
fixation de certains nouveaux modèles579. Quant aux « narrations royales » se déroulant plus
tardivement dans le règne de pharaon, comme l’explique A. Piccato chaque nouvel événement
royal (religieux, culturel et social) était considéré comme un nouveau point de référence établi

577
. E. OTTO, loc. cit.
578
. E. HORNUNG, op. cit., p. 89 ; P. VERNUS, Essai sur la conscience de l’histoire dans l’Égypte pharaoniques,
BEHE 332, 1995.
579
. A. ROCCATI, « La pensée historique des anciens Égyptiens » dans A. De Pury (éd.), Histoire et conscience
historique dans les civilisations du Proche-Orient ancien. Actes du colloque de Cartigny 1986, Les Cahiers
du CEPOA 5, 1989, p. 77.

438
dans le temps, il participait donc au processus historique global580. Cette vision de l’Histoire
et du passé qui caractérisait les Égyptiens peut expliquer pourquoi il était important pour les
pharaons à n’importe quel moment de leur règne, et pas seulement au début, d’effectuer des
actes extraordinaires.

§ 274. Concernant les titulatures, les récits bibliques indiquent longuement les noms et la
lignée des personnages de l’Ancien Testament au début des chapitres parlant d’eux. Étant
donné que les Königsnovellen sont des passages extraits de ces chapitres, ces longues
désignations n’étaient pas répétées à chaque sous-partie, à l’inverse des récits égyptiens qui
comportaient pratiquement tous une titulature. En effet, toute communication officielle
incluait ces multiples titres qui se développèrent au fil des siècles. Servant au départ d’outil de
légitimation principal, les cinq noms d’Horus, standardisés durant le Moyen Empire,
permettaient la diffusion du statut royal dans tout le Double-Pays581. Grâce à cette titulature et
aux épithètes choisies, le roi s’inscrivait dans l’Histoire à travers des noms qui le
caractérisaient seulement lui ou qui le plaçaient dans l’illustre sillage de certains de ses
prédécesseurs.

b. Scène initiale

Corpus biblique Scène initiale


Texte B1 - 1 S 11,1-15 (Saül) Champs
Texte B2a - 2 S 5,17-25 (David) Forteresse
Texte B2b - 1 Chr 14,8-17 (David) Forteresse
Texte B3a - 2 S 7,1-29 (David) Sa maison
Texte B3b - 1 Chr 17,1-27 (David) Sa maison
Texte B4 - 1 Chr 22,1-19 (David) X (palais)
Texte B5a - 1 R 3,1-15 (Salomon) Gabaon
Texte B5b - 2 Chr 1,1-13 (Salomon) Gabaon
Texte B6 - 1 R 3,16-28 (Salomon) X (palais)
Texte B7a - 1 R 5,15-32 + 1 R 6,1-38 X (palais)
(Salomon)
Texte B7b - 2 Chr 1,18 + 2 Chr 5,1 X (palais)
(Salomon)
Texte B8a - 2 R 12,5-17 (Joas) X (palais)

580
. A. PICCATO, op. cit., p. 144.
581
. J. BAINES, « Ancient Egyptian Kingship: Official Forms, Rhetoric, Context », dans J. Day (éd.), King and
Messiah in Israel and the Ancient Near East: Proceedings of the Oxford Old Testament Seminar, JSOTSup
270, 1998, p. 18-19.

439
Texte B8b - 2 Chr 24,4-14 (Joas) X (palais)
Texte B9 - 2 Chr 32,1-23 (Ézéchias) Jérusalem
Texte B10a - 2 R 22,1-20 (Josias) X (palais)
Texte B10b - 2 Chr 34,3-33 (Josias) X (palais)

Corpus égyptien Scène initiale


Texte A1 - Sahourê X (palais)
Texte A2 - Sahourê X (palais)
Texte A3 - Ounas X (palais)
Texte A4 - Montouhotep II X (lacunaire)
Texte A5 - Sésostris Ier Salle d’audience
Texte A6 - Néferhotep Ier Trône d’Horus dans le palais
Texte A7 - Râhotep X (palais)
Texte A8 - Kamosis Palais
Texte A9 - Âhmosis Salle d’audience
Texte A10 - Thoutmosis II Palais
Texte A11 - Hatchepsout Palais
Texte A12 - Hatchepsout Trône d'électrum dans
l'intimité de son palais
Texte A13 - Thoutmosis III Forteresse de Silè
Texte A14 - Thoutmosis IV Désert des "murs blancs"
Texte A15 - Thoutmosis IV Ipet-sout
Texte A16a - Amenhotep III X (palais)
Texte A16b - Amenhotep III X (lacunaire)
Texte A17 - Akhénaton Akhétaton (palais)
Texte A18 - Séthy Ier Contrées étrangères
Texte A19 - Ramsès II Trône d'électrum (palais)
Texte A20 - Ramsès II Djahy
Texte A21 - Ramsès II Désert d’Héliopolis
Texte A22 - Mérenptah X (lacunaire)
Texte A23 - Smendès Ville de Memphis, sa noble
résidence (palais)
Texte A24 - Taharqa Nubie
Texte A25 - Tanoutamon X
Texte A26 - Aspelta Montagne-Pure
Texte A27a - Psammétique II Les marais
Texte A27b - Psammétique II X (lacunaire)
Texte A27c - Psammétique II Les marais
Texte A28 - Amasis Palais à Saïs
Texte A29 - Ramsès II Naharin
Texte A30 - Djoser Grand trône dans le palais

440
§ 275. Le cadre spatio-temporel était complété par la mention du lieu dans lequel se
déroulait la scène initiale. En effet, en plus de la date qui fixait l’épisode dans le temps,
certains marqueurs situaient la scène initiale dans l’espace. Deux situations semblables dans
les Königsnovellen bibliques et égyptiennes apparaissent : soit le lieu n’est pas indiqué, soit
au contraire il est précisé. Lorsqu’aucune précision n’est donnée, soit le récit est lacunaire
(Textes A4, A16b, A22, A25), soit la situation décrite permet de comprendre au premier
abord où l’action se déroule (il s’agissait généralement du palais). Il arrive plus rarement
qu’aucun élément ne soit cité et qu’un certain flou persiste (Textes A27b, A25). Ensuite,
lorsqu’une indication est donnée, cette dernière fait la plupart du temps référence au palais. Si
ce n’est pas le cas, le lieu a un lien direct avec le contexte particulier de l’événement.

§ 276. L’environnement de la scène donne des indices précieux concernant l’emplacement


de l’action initiale. Dans certaines Königsnovellen, les dialogues se déroulant entre le roi et
ses courtisans laissent présager que la scène se passe au sein du palais (Textes A1, A2, A3,
A7, A16a). Ces scènes de consultation entre le monarque et son entourage en ce lieu étaient
fréquentes durant l’Antiquité (Textes B4, B7a, B7b, B8a, B8b, B10a, B10b). Par exemple, le
Texte B6 dit que « deux prostituées vinrent se présenter devant le roi » (1 R 3,16), la suite de
la « narration royale » permet de comprendre qu’elles vinrent consulter le souverain,
probablement installé sur son trône au sein de son palais afin qu’il puisse les départager, bien
que cela ne soit pas spécifié.

§ 277. Le palais était le centre du pouvoir royal. Cet édifice monumental était à la fois le
lieu de vie du monarque mais également le siège de l’exercice de son pouvoir. Il y prenait les
décisions les plus importantes pour son pays. Il n’est donc pas surprenant de constater que
l’action initiale de la plupart des Königsnovellen débute dans le cadre du palais. Dès l’Ancien
Empire, les (auto)biographies des particuliers mettaient en exergue le lien fort qui existait
entre pharaon et son palais ainsi que la considération qu’il avait pour sa cour582. Alors que
presqu’aucune « narration royale » biblique ne comporte explicitement la mention du palais,
plusieurs Königsnovellen égyptiennes, en plus de citer le palais, donnent des précisions
supplémentaires sur l’environnement de la scène (Textes A6, A8, A10, A11, A12, A28,
A30) : le roi pouvait se trouver sur son trône (d’Horus, d’électrum...) et le toponyme de la
ville était susceptible d’être ajouté (Saïs).

582
. N. KLOTH, op. cit., p. 246.

441
§ 278. Certains auteurs ne ressentaient pas le besoin de mentionner clairement le palais car
il allait probablement de soi que pharaon s’y trouvait en période de calme. Ces récits ne
nécessitaient donc pas davantage de détails. Les désignations employées rappelaient ainsi le
palais explicitement : la maison de David (Textes B3a, B3b), la salle d’audience (Textes A5,
A9), le trône (Texte A19), la noble résidence (Texte A23) ou encore Akhétaton (Texte A17)
demeure officielle du roi Akhénaton.

§ 279. Enfin l’action initiale pouvait se dérouler dans un endroit qui avait un rapport direct
avec l’action qui allait se produire. Les Königsnovellen bibliques B5a et B5b indiquent que
Salomon se trouvait à Gabaon afin d’y offrir des sacrifices. C’est en ce lieu qu’il s’était
assoupi, Dieu était alors venu lui parler dans son rêve. Gabaon évoque plusieurs événements
bibliques : la bataille entre Abner et Yoab (2 S 2,12-16) ainsi que le massacre des Gabaonites
par Saül (2 S 21,1-14) qui avait valu au peuple d’Israël trois ans de famine sous le règne de
David. En transformant la destinée de ce lieu empreint de souvenirs douloureux en un endroit
plein d’espoirs nouveaux, le rédacteur faisait fi du passé et ouvrait une nouvelle page de
l’histoire d’Israël grâce au règne de Salomon583.

§ 280. Dans des contextes militaires, les scribes bibliques et égyptiens donnaient des
précisions utiles à la compréhension du déroulement des « narrations royales ». Il pouvait
s’agir d’indications toponymiques telles que Jérusalem (Texte B9), la forteresse de Silè
(Texte A13), Ipet-sout (Texte A15), Djahy (Texte A20) ou bien des renseignements plus
généraux évoquant des champs (Texte B1), une forteresse (Textes B2b, B2b) ou des marais
(Textes A27a, A27c). Certaines Königsnovellen égyptiennes mettant en scène des occupations
physiques ou de prospection mentionnent des contrées étrangères (Texte A18), le désert
d’Héliopolis (Texte A21) ou encore celui des « murs blancs » (Texte A14). Finalement
certaines activités liées à la fonction royale nécessitaient des précisions : une navigation pour
se rendre dans un temple en Nubie (Texte A24), un couronnement à la Montagne-Pure
(Texte A26) ou bien l’attente de tribut en Naharin (Texte A29).

§ 281. Les auteurs des « narrations royales » privilégiaient donc le palais comme scène
initiale de leurs récits, lieu emblématique du pouvoir royal. Toutefois lorsque le contexte le

583
. P. BORDEUIL, F. BRIQUEL CHATONNET, op. cit., p. 225-226.

442
requérait ils développaient leurs propos en communiquant des informations supplémentaires
susceptibles d’informer davantage sur l’action prête à éclore.

c. Élément déclencheur

Corpus biblique Élément déclencheur Vecteur


Texte B1 - 1 S 11,1-15 (Saül) Extérieur Messagers

Texte B2a - 2 S 5,17-25 (David) Extérieur Philistins


Texte B2b - 1 Chr 14,8-17 Extérieur Philistins
(David)
Texte B3a - 2 S 7,1-29 (David) Roi X
Texte B3b - 1 Chr 17,1-27 Roi X
(David)
Texte B4 - 1 Chr 22,1-19 Roi X
(David)
Texte B5a - 1 R 3,1-15 Extérieur Rêve - Dieu
(Salomon)
Texte B5b - 2 Chr 1,1-13 Extérieur Rêve - Dieu
(Salomon)
Texte B6 - 1 R 3,16-28 Extérieur Prostituées
(Salomon)
Texte B7a - 1 R 5,15-32 + 1 R Extérieur Hiram roi de Tyr
6,1-38 (Salomon)
Texte B7b - 2 Chr 1,18 + Roi X
2 Chr 5,1 (Salomon)
Texte B8a - 2 R 12,5-17 (Joas) Extérieur Peuple
Texte B8b - 2 Chr 24,4-14 Roi X
(Joas)
Texte B9 - 2 Chr 32,1-23 Extérieur Sennachérib
(Ézéchias)
Texte B10a - 2 R 22,1-20 X
Roi
(Josias)
Texte B10b - 2 Chr 34,3-33 Roi X
(Josias)

Corpus égyptien Titulature Vecteur


Texte A1 - Sahourê X X
Texte A2 - Sahourê Roi X
Texte A3 - Ounas X (lacunaire) X
Texte A4 - Montouhotep II X (lacunaire) X
Texte A5 - Sésostris I er Roi X

443
Texte A6 - Néferhotep Ier Roi X
Texte A7 - Râhotep Roi Ordre divin
Texte A8 - Kamosis Roi Ordre divin
Texte A9 - Âhmosis Roi X
Texte A10 - Thoutmosis II Extérieur Messagers (jw⸗tw r ḏd)
Texte A11 - Hatchepsout Roi Ordre divin
Texte A12 - Hatchepsout Roi Ordre divin
Texte A13 - Thoutmosis III Extérieur Garnison
Texte A14 - Thoutmosis IV Extérieur Rêve - Harmachis
Texte A15 - Thoutmosis IV Extérieur Messagers (jw⸗tw r ḏd)
Texte A16a - Amenhotep III Extérieur Messagers (jw⸗tw r ḏd)
Texte A16b - Amenhotep III X (lacunaire) X
Texte A17 - Akhénaton Extérieur Messagers (jw⸗tw r ḏd)
Texte A18 - Séthy Ier Roi X
Texte A19 - Ramsès II Roi X
Texte A20 - Ramsès II Extérieur Deux Chashou (jw⸗tw r ḏd)
Texte A21 - Ramsès II Roi X
Texte A22 - Mérenptah Extérieur Vil chef des ennemis
Texte A23 - Smendès Extérieur Inondation
Texte A24 - Taharqa Roi X
Texte A25 - Tanoutamon Extérieur Rêve
Texte A26 - Aspelta Extérieur Armée
Texte A27a - Psammétique II X (lacunaire) X
Texte A27b - Psammétique II Extérieur Messagers (jw⸗tw r ḏd)
Texte A27c - Psammétique II Extérieur Messagers (jw⸗tw r ḏd)
Texte A28 - Amasis Extérieur Messagers (jw⸗tw r ḏd)
Texte A29 - Ramsès II Extérieur Messagers (jw⸗tw r ḏd)
Texte A30 - Djoser Extérieur Famine

§ 282. Dans les Königsnovellen bibliques et égyptiennes, deux procédés permettent


d’engager l’action : le roi réfléchit à une action précise qu’il souhaite réaliser ou bien un
facteur extérieur vient déranger le souverain dans sa quiétude quotidienne. L’élément

444
déclencheur va de pair avec la scène initiale car c’est lui qui survient pour perturber cette
dernière.

§ 283. Certaines « narrations royales » sont lacunaires, il est donc difficile de distinguer
l’élément déclencheur de la scène (Textes A3, A4, A16b, A27a). Lorsque cet élément émane
du roi, plusieurs cas sont envisageables et ils sont différents selon qu’il s’agisse d’une
Königsnovelle biblique ou égyptienne. En effet, dans les récits égyptiens, lorsque le roi est
l’instigateur de l’action (Textes A2, A5, A6, A9, A18, A19, A21, A24), le scribe peut préciser
qu’en réalité pharaon obéit à un ordre divin (Textes A7, A8, A11, A12). Cette précision peut
être explicitée à la fin ou au début de la Königsnovelle, rappelant ainsi que le roi ne contrôle
pas totalement ce qui lui arrive même lorsque l’auteur du récit semble le faire croire au
premier abord. L’action première est donc attribuée au souverain, bien qu’implicitement il se
soit soumis à une volonté divine. En revanche, les récits vétérotestamentaires présentent deux
situations décrites différemment de celles des textes égyptiens : une première où le monarque
semble être seul maître des prémices de l’action. Dieu n’y intervient pas au départ à l’inverse
des récits égyptiens. Dans l’autre situation, le souverain n’a aucun libre arbitre car l’élément
déclencheur résulte uniquement de Dieu. Ceci explique pourquoi le vecteur « Dieu » a été
placé en face des lignes correspondantes aux éléments déclencheurs « extérieurs » dans le
tableau récapitulatif des Königsnovellen bibliques. Alors que le vecteur « ordre divin » a été
notifié en face de l’élément déclencheur « Roi ». Le choix divergent des auteurs bibliques et
égyptiens dans la manière de présenter l’élément déclencheur permet d’appréhender dès à
présent les multiples relations existant entre royauté et monde divin dans l’Antiquité.

§ 284. Les éléments déclencheurs extérieurs sont toutefois différents selon la thématique
de la « narration royale ». Que ce soit dans les Königsnovellen égyptiennes ou bibliques, à
plusieurs reprises le rêve apparaît comme une occasion idéale pour l’action royale584. Dans les
quatre cas correspondants, le rêve est d’origine divine : Thoutmosis IV dialogue avec
Harmachis (Texte 14), Tanoutamon voit en songe deux serpents censés lui indiquer son
avenir (Texte A25) et Dieu vient s’adresser à Salomon dans son rêve (Textes B5a, B5b). Les
oracles et les rêves divins sont souvent présentés comme le signe de l’approbation des
divinités envers la personne du roi585. Puis, des personnages et des motifs très différents

584
. E. OTTO, loc. cit.
585
. J. BEN-DOV, « Writing as Oracle and as Law: New Contexts for the Book-Find of King Josiah », JBL 127/2,
2008, p. 225.

445
peuvent faire débuter une action : des prostituées à travers la sollicitation d’une audience
(Texte B6), le roi Hiram de Tyr en envoyant ses serviteurs au roi (Texte B7a), l’impiété du
peuple (Texte B8a) ou encore l’armée chargée de trouver un successeur au pharaon décédé
(Texte A26). Dans certaines circonstances, les phénomènes naturels sont à l’origine du
déclenchement de l’événement : inondation (Texte A23) ou famine (Texte A30).

§ 285. Dans toutes les « narrations royales » ayant une thématique guerrière, l’élément
déclencheur provient de l’extérieur. L’attaque émane systématiquement de l’ennemi, il est
donc souvent mentionné : les Philistins (Textes B2a, B2b), Sennachérib (B9), les Chasou
(Texte A20). La plupart du temps, ce sont des messagers qui viennent informer le souverain
d’une guerre imminente (Texte B1) ou d’une rébellion (Textes A10, A13, A15, A16a, A17,
A22, A27b, A27c). Les révoltes étaient fréquentes durant l’empire pharaonique, cette
opposition politique et militaire rappelle la relation qu’entretenait Rê contre les forces du mal
qui tentaient de rompre l’équilibre586. Le recours à la force armée devient une nécessité pour
répondre à la menace qui pèse sur le Double-Pays. Partir à la guerre est donc l’un des devoirs
obligatoires du monarque587. Une attaque provenant de l’extérieur est le prétexte parfait pour
le départ du souverain et de son armée à la guerre. Il a pour mission de remettre en ordre la
maât, la situation inverse aurait présenté pharaon comme l’instigateur du chaos.

§ 286. La particularité de ces récits égyptiens est qu’ils comportent tous la phrase
égyptienne jw⸗tw r ḏd « on est venu pour dire », servant alors d’introduction au message
informant le pharaon d’une rébellion. Comme notifié précédemment, il est toutefois possible
de retrouver cette mention dans des récits non militaires comme les stèles de Kouban et de
Bentrech (Textes A19, A29). A. Spalinger a longuement étudié les récits comportant cette
formule588. Comme ce dernier l’explique justement, l’utilisation de cette expression évitait
une longue discussion589, bien que des exceptions aient existé (Textes A22)590. La scène
initiale se voit immédiatement interrompue par l’arrivée des messagers et l’action débute
aussitôt par la réponse du roi à cette intrusion 591 . Cet outil narratif était donc une
caractéristique structurelle récurrente de ces Königsnovellen égyptiennes592.

586
. N. GRIMAL, Les termes de la propagande royale égyptienne, p. 651.
587
. B. KASPARIAN, op. cit., p. 23.
588
. A. SPALINGER, Aspects of Military, p. 1-33.
589
. Ibid., p. 1 et 20.
590
. P. LUNDH, op. cit., p. 30.
591
. Ibid., p. 23.
592
. Ibid., p. 29-30.

446
d. Prise de décisions et actions du roi

Corpus biblique Acteur Assistance


Texte B1 - 1 S 11,1-15 (Saül) Autres Dieu

Texte B2a - 2 S 5,17-25 (David) Roi Dieu


Texte B2b - 1 Chr 14,8-17 Roi Dieu
(David)
Texte B3a - 2 S 7,1-29 (David) Roi Dieu
Texte B3b - 1 Chr 17,1-27 Roi Dieu
(David)
Texte B4 - 1 Chr 22,1-19 Autres + Roi X
(David)
Texte B5a - 1 R 3,1-15 Roi Dieu
(Salomon)
Texte B5b - 2 Chr 1,1-13 Roi Dieu
(Salomon)
Texte B6 - 1 R 3,16-28 Roi X
(Salomon)
Texte B7a - 1 R 5,15-32 + 1 R Autres + Roi Dieu
6,1-38 (Salomon)
Texte B7b - 2 Chr 1,18 + Autres + Roi Dieu
2 Chr 5,1 (Salomon)
Texte B8a - 2 R 12,5-17 (Joas) Autres X
Texte B8b - 2 Chr 24,4-14 Autres X
(Joas)
Texte B9 - 2 Chr 32,1-23 Autres + Roi Dieu
(Ézéchias)
Texte B10a - 2 R 22,1-20 X
Autres
(Josias)
Texte B10b - 2 Chr 34,3-33 Autres X
(Josias)

Corpus égyptien Acteur Aide


Texte A1 - Sahourê Roi X
Texte A2 - Sahourê Roi X
Texte A3 - Ounas Autres Divine
Texte A4 - Montouhotep II Roi X
Texte A5 - Sésostris Ier Autres + Roi Divine
Texte A6 - Néferhotep Ier Autres + Roi X
Texte A7 - Râhotep Roi X
Texte A8 - Kamosis Roi X

447
Texte A9 - Âhmosis Roi X
Texte A10 - Thoutmosis II Autres X
Texte A11 - Hatchepsout Roi X
Texte A12 - Hatchepsout Autres + Roi X
Texte A13 - Thoutmosis III Autres + Roi Divine
Texte A14 - Thoutmosis IV X (lacunaire) X
Texte A15 - Thoutmosis IV Autres + Roi X
Texte A16a - Amenhotep III Roi X
Texte A16b - Amenhotep III Autres + Roi X
Texte A17 - Akhénaton Roi X
Texte A18 - Séthy Ier Roi Divine
Texte A19 - Ramsès II Roi Divine
Texte A20 - Ramsès II Roi X
Texte A21 - Ramsès II Autres + Roi X
Texte A22 - Mérenptah Autres + Roi X
Texte A23 - Smendès Autres X
Texte A24 - Taharqa Autres X
Texte A25 - Tanoutamon Roi X
Texte A26 - Aspelta Autres Divine
Texte A27a - Psammétique II Roi X
Texte A27b - Psammétique II Roi X
Texte A27c - Psammétique II Autres + Roi X
Texte A28 - Amasis Roi X
Texte A29 - Ramsès II Autres Divine
Texte A30 - Djoser Autres + Roi X

§ 287. Après la survenue de l’élément déclencheur, le roi prend les décisions qui s’impose
et agit. Pourtant, bien que les Königsnovellen égyptiennes et bibliques soient censées mettre
en avant les capacités royales, ce n’est pas toujours ce dernier qui accomplit l’action
réellement. Dans certains cas le roi peut cependant agir seul : Sahourê manipule dix filets en
même temps (Texte A2) et prélève de l’encens sur un arbre (Texte A1), Séthy trouve un puits
en se promenant dans des contrées arides (Texte A18), Ramsès II fait jaillir de l’eau d’une
montagne (Texte A19) et découvre plusieurs carrières dans le désert (Texte A21). En ce qui

448
concerne les « narrations royales » bibliques, le souverain peut faire preuve d’une certaine
passivité face à l’action immédiate de Dieu : David adresse une simple prière à Dieu après
avoir acquis une dynastie éternelle (Textes 3a, 3b) et Salomon dialogue avec ce dernier à la
suite des présents qu’il lui a accordés (Textes 5a, 5b).

§ 288. En revanche dans d’autres situations, certains récits laissent penser que le roi a
œuvré seul alors que ce n’est pas sérieusement envisageable. Par exemple, dans les
« narrations royales » militaires, quand bien même les auteurs racontent que le souverain a
combattu et triomphé seul de ses ennemis, la situation réelle était tout autre. Le roi est
indubitablement accompagné de son armée durant ses déplacements et ne prend d’ailleurs pas
systématiquement part à la bataille. Ainsi, David ne se trouve pas seul face aux Philistins
(Textes B2a, B2b), Montouhotep II (Texte A4), Kamosis (Texte A8), Amenhotep III
(Texte A16a), Akhénaton (Texte A17), Tanoutamon (Texte A25), Psammétique II
(Textes A27a, A27b) et Amasis (Texte 28) ne guerroient pas non plus contre leurs adversaires
sans être assistés de leurs troupes de soldats.

§ 289. La même situation se retrouve dans certaines des Königsnovellen traitant de


restaurations ou de constructions de monuments. Le monarque est présenté comme celui qui
bâtit et rénove de ses propres mains les bâtiments. Il n’en est pourtant rien (Textes B2a, B2b,
A7, A9, A11, A23) car le roi avait sous ses ordres des milliers d’ouvriers et d’artisans
chevronnés qui travaillaient pour son compte. Toutefois, le monarque, en Égypte et en Israël,
décidait de ce qui serait achevé en son nom jusque dans le choix des matériaux.

§ 290. Finalement, une dernière catégorie de « narrations royales » est plutôt fidèle à la
réalité : soit l’action mêle actes royaux et intervention de personnes extérieures (Textes B4,
B7a, B7b, B9, A5, A6, A12, A13, A15, A16b, A21, A22, A27c, A30) soit le souverain a la
capacité de faire agir les autres pour lui (Textes B1, B8a, B8b, B10a, B10b, A3, A10, A23,
A24, A26, A29). D. Farout disserte de ce dernier cas à propos de la Königsnovelle d’Ounas
(Texte A3). Il explique en effet que dans cette « narration royale » égyptienne, l’aptitude
particulière du pharaon s’exprime notamment à travers le fait que ses sujets lui obéissent
aveuglément car il possède le pouvoir-baou essentiel pour les guider593. Le monarque dispose
de l’autorité nécessaire pour ordonner, dans cette situation précise, l’acheminement d’une

593
. D. FAROUT, RdE 65, p. 59.

449
expédition vers l’étranger594. On trouve des circonstances semblables pour l’envoi d’une
armée sur le champ de bataille (Textes B1, A10) ou pour l’ordre de l’édification et de la
restauration d’un monument (Textes B8a, B8b, B10a, B10b, A23, A24).

§ 291. La notion « d’ordonner » est donc un élément qui revient très fréquemment. De
manière similaire dans les récits égyptiens et bibliques, les ordres peuvent être donnés à la
fois par la divinité ou par le roi dans des situations variées. La plupart du temps l’acte
d’ordonner correspond aux passages de ces prises de décisions. En effet, il s’agit du moment
propice pour dévoiler l’autorité naturelle dont fait preuve le souverain envers ses sujets.
Comme indiqué précédemment, il peut également intervenir au sein même de l’action royale,
lorsque le monarque indique à ses courtisans la marche à suivre.

e. Analyse des protagonistes des « narrations royales » égyptiennes

§ 292. Dans toutes les « narrations royales » égyptiennes, l’interaction entre les
protagonistes et ce dernier est explicitée que ce soit tout simplement à travers sa mention, un
dialogue entre ceux-ci et le souverain ou bien car lesdits personnages se trouvent dans
l’ignorance face à une action particulière se déroulant sous leurs yeux. Cette caractéristique
qui semble à première vue banale est en réalité l’un des points essentiels d’une Königsnovelle
car elle participe activement à la notion de postérité royale.

Mention des personnages

§ 293. Les trente-trois Königsnovellen égyptiennes constituant le corpus comportent la


mention de protagonistes. Il est toutefois nécessaire de s’attarder sur certaines de ces citations
qui sont distinctes suivant les textes. Les personnages cités dans toutes ces « narrations
royales » peuvent être connus ou inconnus c’est-à-dire être nommés ou anonymes.

§ 294. Dans le premier groupe, les personnages sont identifiables, leurs noms, et souvent
leurs fonctions, sont donnés, c’est notamment le cas dans les deux Königsnovellen de
Sahourê. Dans le Texte A1, la mère du roi appelée Néferhétepès assiste en compagnie
d’autres individus à la scène des arbres à encens. Dans le Texte A2, Sahourê fait appeler Ti, le
directeur des marais afin de lui transmettre ses ordres. Puis dans le Texte A9, Âhmosis est en

594
. Ibid., p. 69.

450
présence de son épouse Âhmès-Néfertary dont les multiples titres sont énumérés. Dans le
Texte A16a, le texte précise le nom du chef étranger Ikhény que parvient à capturer
Amenhotep III. La « Stèle de Bentrech » (Texte A29) mentionne le scribe royal
Djéhoutyemheb, quant à la « Stèle de la Famine » (Texte A30), c’est le prêtre ritualiste en
chef Imhotep dont il est question.

§ 295. En premier lieu, expliciter les noms des protagonistes d’une « narration royale » est
une manière d’ancrer le récit dans l’Histoire et de le rendre authentique grâce à des individus
désignés, donc potentiellement existants. Secondement, le fait de donner un nom à un
personnage lui accorde une certaine importance. Cela signifie qu’il a un rôle à jouer dans
l’intrigue, ce qui est effectivement le cas pour la majorité des individus cités précédemment.
Exceptés la reine Néferhétepès et le chef Ikhény qui sont plus spectateurs qu’acteurs de
l’action, les autres personnages participent activement à la Königsnovelle : le directeur des
marais Ti est celui qui apporte au roi les dix filets qu’il parviendra à fermer à l’aide d’une
seule corde, la reine Âhmès-Néfertary questionne le souverain à propos de son projet de
construction, le scribe royal Djéhoutyemheb est le courtisan choisi par pharaon pour servir de
messager et se rendre à Bakhtan, enfin Imhotep aide le roi et part chercher la source du Nil. Il
reste toutefois à préciser une différence notable dans le rôle que jouent respectivement la reine
Néferhétepès et le chef étranger : bien qu’il soit passif, la présence de ce dernier est essentiel,
sans lui le récit en question n’aurait pas existé étant donné que pharaon mène bataille contre
lui, alors que dans son récit la présence de la reine est plutôt accessoire.

§ 296. Le second groupe comprend les « narrations royales » dans lesquelles les
personnages ne sont pas nommés. De multiples Königsnovellen indiquent que la situation
initiale se déroule dans le palais royal. Naturellement, les individus présents quotidiennement
aux côtés du souverain sont donc mentionnés : suivants, courtisans, notables, prêtres, scribes,
divers conseillers, serviteurs, grands, chanceliers... Puis selon la thématique de la « narration
royale », des personnages spécifiques entrent en scène : artisans, contrôleurs des travaux,
tailleurs de pierres, ouvriers, directeurs, surintendants de la forteresse, surveillants des sceaux,
magistrats, personnel de la Maison de Vie, directeur du marais ou encore directeurs des
pêcheurs-oiseleurs. Ils donnent du corps au texte et permettent d’apporter des détails
supplémentaires au déroulement de l’action. Par exemple dans toutes les Königsnovellen
ayant un thème militaire, la présence de l’armée ainsi que des personnages la caractérisant
(infanterie, chef, général, mercenaire) est systématique.

451
§ 297. Bien que ces personnages n’agissent pas nécessairement au premier plan de ces
« narrations royales » étant donné que le protagoniste principal de l’histoire reste pharaon, ils
jouent cependant un rôle primordial car ils sont les spectateurs de l’acte extraordinaire du roi.
Ils sont les « témoins utiles » participant à la légitimation royale. En effet, leur présence aux
côtés du souverain est l’un des premiers points octroyant à grande échelle la postérité royale
désirée par ces récits : les individus présents peuvent discourir et s’émerveiller autour d’eux à
propos de l’action hors du commun à laquelle ils ont assistée. Leurs interlocuteurs parleront à
leur tour à d’autres ainsi de suite sur plusieurs générations595 mais également dans différents
lieux. Une sorte de culture de la tradition orale sur tout le territoire égyptien participant à une
mémoire collective commune. Le lecteur ou l’auditeur égyptien de la Königsnovelle ne peut
remettre en cause l’événement prodigieux qui s’est produit étant donné que chacun en a
entendu parler. Cette pratique est déjà visible durant la Première Période intermédiaire dans
les autobiographies de particuliers. Telle une garantie judiciaire, les témoins, comme
l’explique L. Coulon, constituent les éléments essentiels de l’établissement de la vérité596.
L’expression « ils dirent de bouche en bouche » est d’ailleurs visible dans la Königsnovelle de
Séthy Ier (Texte A18) lorsque les courtisans demandent aux divinités de récompenser le
monarque pour ses agissements incroyables. Malgré les rivalités, l’élite travaille pour soutenir
le pouvoir du souverain597. Effectivement, la royauté est centrée sur la personne du roi, elle
est pourtant l’entreprise d’un groupe598. Le roi ne gouverne pas seul599 et lors de son accession
au trône, il est indispensable que ce dernier soit légitimé institutionnellement par les rois
ancêtres faisant partie de diverses instances collectives (ennéade, Baou de Pé et de Nékhen).
La cour joue donc ce rôle au quotidien en reconnaissant l’autorité pharaonique. Il reste à
préciser que la question de l’historicité ne se pose pas ici car ce sont les discours relatifs aux
événements royaux transmis par le scribe qui sont importants pour la présente étude et non
pas leur véracité.

§ 298. De plus les témoins ne se limitent pas à des personnalités égyptiennes, dans
plusieurs récits des étrangers sont cités : le fils royal de Kouch, les Chasou, le prince de
Bakhtan, les chefs de toutes les contrées étrangères... D’ailleurs dans le « Bulletin de
Qadech » (Texte A20), de nombreuses régions non égyptiennes sont citées. Après cette liste le

595
. L. COULON, op. cit., p. 135.
596
. Ibid., p. 125.
597
. J. BAINES, « Ruler, Court, and Power: The King and Institutions in Early Egypt », dans M. Albert et al. (éds),
Die Macht des Herrschers: Personale und transpersonale Aspekte, Band 4, Göttingen, 2019, p. 270.
598
. Ibid., p. 271.
599
. Ibid., p. 239.

452
texte raconte que ces étrangers étaient « plus nombreux que les grains de sable de la rive ».
Cette citation permet de souligner deux éléments : le roi se trouve en difficulté car il est face à
une multitude d’ennemis, la tâche de les combattre devient donc plus ardue, ainsi le prestige
dont Ramsès II jouira par leur défaite finale sera d’autant plus grand. Cependant, dans la
continuité des « témoins utiles », les adversaires ayant réchappé à la mort et qui parviennent à
s’échapper seront précisément les témoins qui diffuseront malgré eux, hors des frontières
d’Égypte, l’action héroïque du roi égyptien. La renommée internationale du pharaon restera
donc gravée dans la mémoire des gagnants mais également des perdants, expliquant
l’importance de mentionner dans ce cas-ci, les étrangers présents puis vaincus au cours de
cette guerre.

Dialogue entre pharaon et ses courtisans, utilisation de la 1re personne

§ 299. Excepté dans le Texte A11 dans lequel Hatchepsout s’adresse à la première
personne à l’humanité de manière universelle et n’obtient donc aucune réponse en retour,
toutes les Königsnovellen égyptiennes présentent un dialogue entre le pharaon et son
entourage. Toutefois dans certaines « narrations royales » le souverain s’adresse à un ou
plusieurs individus en sa présence mais n’attend pas non plus nécessairement une réaction en
retour. Outre le fait qu’un échange entre plusieurs personnages donne de la vie au texte car il
introduit une interaction, l’ajout d’un dialogue dans un récit contribue à développer diverses
idées variées et à le structurer. Il est clair qu’une réplique peut avoir plusieurs objectifs selon
le contexte et a pour but initial de faire avancer l’action principale600.

§ 300. Le classement qui suit reprend la typologie de C. Denoyelle qui traite des dialogues
dans la littérature médiévale. Premièrement, il existe des dialogues dits catalyseurs, l’auteure
explique qu’ils ont pour fonction de modifier une situation par l’action d’un agent sur un
autre. Ces derniers produisent ainsi une situation nouvelle résultant de la réaction des agents
dont il est question 601 . Cette première catégorie correspond à deux matériaux dans les
« narrations royales » égyptiennes. Tout d’abord, un dialogue catalyseur peut correspondre à
l’« élément déclencheur ». Un individu vient s’adresser au roi en lui apportant un message ou
bien en lui faisant part d’une situation dont il n’est pas encore au fait. Dans un autre cas, le
souverain peut également s’exprimer de son propre chef car il a réfléchi en son for intérieur et

600
. C. DENOYELLE, « La fonction dramatique du dialogue dans les romans médiévaux », Cahiers de
Narratologie 19, 2010, p. 26.
601
. Ibid.

453
a donc besoin de communiquer ses réflexions à tous. L’action est alors engagée, s’ensuit la
prise de décision et l’action royale. Ensuite, C. Denoyelle développe une sous-catégorie dans
les dialogues catalyseurs appelée « dialogues d’engagement » par lesquels les protagonistes
s’engagent dans une action. Ils ont pour but de développer l’événement particulier qui se
déroule dans la Königsnovelle : un ordre est donné par pharaon, les personnages obéissent
donc, ou bien une information est transmise par un tiers permettant de faire avancer une
situation qui était figée.

§ 301. Les autres types de dialogues sont appelés analyseurs. Ces derniers peuvent être
supprimés car ils ont principalement un rôle sémantique. Deux sous-catégories font partie de
ces dialogues analyseurs. La première est le « dialogue analyseur d’illustration » c’est-à-dire
qu’il fixe symboliquement ce qui se passe, il illustre l’action en cour. Dans les récits
égyptiens, ils peuvent servir à affirmer les capacités du roi grâce à un éloge de la part des
courtisans ou bien un rappel des ordres qu’il a précédemment donnés. Il s’agit également d’un
serment que prononce le souverain ou encore la liste des offrandes qu’il allait accorder à un
temple ou à son armée. Enfin, ils servent la plupart du temps à conclure une « narration
royale » à travers des paroles qui ont pour but de rappeler l’action qui s’est déroulée602.

§ 302. Il reste à considérer les « dialogues analyseurs de commentaire » qui commentent


l’action en cours et contribuent à mettre en place certaines valeurs que le récit tente de
transmettre 603 . Deux cas précis correspondent à ces dialogues, la conquête militaire de
Kamosis (Texte A8) ainsi que les Annales de Thoutmosis III (Texte A13). Les deux rois
tiennent une réunion de guerre avant la bataille. Dans le premier cas, Kamosis s’adresse à ses
conseillers en leur expliquant qu’il souhaite reconquérir la totalité de l’Égypte face aux
envahisseurs. Les grands de son conseil lui suggèrent de se mettre en route seulement si les
ennemis attaquent et donc d’attendre. Pharaon, agacé par leurs réactions, décide tout de même
de partir avec son armée. Plusieurs éléments sont à noter, le premier est qu’il apparaît comme
ordinaire à cette époque que le roi demande conseil aux notables qui l’entourent604. En effet,
Il n’est pas inhabituel pour pharaon de demander conseil à son entourage. Leur véritable rôle
est d’approuver les intentions du souverain et, comme le note St.J. Seidlmayer, le lecteur
contemporain peut s’étonner de trouver des récits au sein desquels les conseillers contredisent

602
. S. ISRAELI, « Narrative in the Medinet Habu War Inscriptions », LingAeg 1, 1991, p. 157-163.
603
. C. DENOYELLE, loc. cit.
604
. E.F. MORRIS, « The Pharaoh and Pharaonic Office », p. 215.

454
le roi et ont des réserves face ses propositions. En réalité cette opposition tranchée permet
d’accentuer la sagacité exceptionnelle du roi qui persiste à croire en son initiative personnelle
et qui se trouve être à la fin du récit couronné de succès car il est parvenu à expulser ses
adversaires hors d’Égypte605.

§ 303. Même situation dans les Annales de Thoutmosis III, la bataille de Megiddo est
présentée comme étant très tactique, pharaon fait donc ordonner la réunion d’un conseil en
vue de choisir l’itinéraire le plus adéquat pour la suite de son expédition militaire.
Thoutmosis III propose alors un trajet et demande l’avis de ses conseillers. Ces derniers
effrayés par la difficulté du choix, lui proposent une autre route plus accessible selon eux. La
réponse de Thoutmosis III est alors surprenante car la notion de confiance et de prestige entre
en compte lorsqu’il leur réplique qu’ils sont libres de choisir la route qu’ils désirent mais que
ceux qui désirent être associés à sa puissance et celle de Rê doivent le suivre lui sur la route
qu’il a préconisée. Ces avis pessimistes et peureux mettent en exergue l’attitude audacieuse
du roi qui a choisi la voie directe606. Le caractère confiant du guerrier Thoutmosis III passe
ainsi au premier plan dès le début de la Königsnovelle. Le roi égyptien, étant divin par nature,
perçoit des informations qu’une compréhension humaine ordinaire ne saisit pas 607 . Ces
dialogues analyseurs permettent donc de mettre en lumière les valeurs d’un souverain
égyptien omniscient et héroïque.

§ 304. Malgré les disparités qui existent entre les deux situations608, la finalité est toutefois
toujours la même, le souverain a le dernier mot car il a accès à des informations que nul autre
que lui n’a609. La seule « narration royale » biblique présentant une situation semblable, de
contradiction avec les décisions du roi, concerne David (Textes B3a et B3b). En revanche,
son contenu est distinct car la contestation ne se déroule pas entre le monarque et ses sujets
mais bien entre David et Dieu. Cette différence est de taille car la conclusion du récit en est
impactée. En effet, à la fin de celui-ci Dieu défend à David de construire le Temple de
Jérusalem alors qu’il s’agissait précisément de son initiative de départ.

605
. St.J. SEIDLMAYER, « “Euer Rat ist töricht”. Beratungsresistenz im Alten Ägypten », BBAW 18, 2007, p. 60.
606
. M. LIVERANI, op. cit., p. 175.
607
. St.J. SEIDLMAYER, loc. cit.
608
. N. EDDIN, « Council of War [Seqnenre - Kamose - Thutmose III] », EJARS 1(1), 2011, p. 28-29.
609
. E.F. MORRIS, « The Pharaoh and Pharaonic Office », p. 215 ; St.J. SEIDLMAYER, loc. cit.

455
§ 305. Bref, dans la plupart des Königsnovellen égyptiennes, le roi s’exprime à la première
personne du singulier. Très tôt durant l’Égypte ancienne, le souverain utilise le discours direct
dans les (auto)biographies de particuliers. En effet, dès la IVe dynastie, il intervient dans les
affaires humaines, rendant fabuleuse l’histoire racontée610. L’événement singulier exposé se
distingue par la présence du roi donnant ainsi une certaine importance au texte. L’utilisation
de la première personne du singulier intervient en premier lieu dans les récits de l’élite, puis
elle est adaptée à la personne du roi dans ces mêmes textes. Ensuite, ce procédé a été
transposé dans les récits royaux611, c’est pourquoi il est visible dans les « narrations royales ».
L’utilisation de la première personne donne une dimension particulière au texte car
l’omniprésence du roi est soulignée, il est le centre de l’histoire et affirme donc sa position.
L’émergence de cet usage sera explicitée par la suite dans le chapitre relatif aux prémices de
la Königsnovelle égyptienne qui sont à chercher précisément dans ces (auto)biographies
privées.

Ignorance de la cour

§ 306. À plusieurs reprises dans les Königsnovellen égyptiennes, il est signalé que les
différents personnages de l’histoire ignorent la teneur de ce qui se déroule devant eux et ce
déjà durant l’Ancien Empire612. Chez Sahourê (Texte A2) et Ounas (Texte A3), les récits
indiquent que « ceci était mystérieux à leur yeux », à savoir que les individus assistent à une
scène particulière mais ne parviennent pas à comprendre ce qui leur fait face car l’action
royale qui est extraordinaire, car divine, dépasse leur entendement humain. Le Texte A3 dit
d’ailleurs qu’une fois que l’affaire leur est révélée et expliquée, les nobles du roi comprennent
qu’ils viennent d’assister à un acte prodigieux et tombent donc face contre terre.

§ 307. Diverses formules servent à présenter l’ignorance de la cour de pharaon dans les
« narrations royales », et parmi elles deux se démarquent du reste. La première consiste à
notifier à travers cette méconnaissance un surpassement de la part du souverain. Par exemple,
Hatchepsout (Texte A12) explique qu’elle consacre des purifications à Amon alors que ses
pères ignoraient ces offrandes613. Même situation pour Tanoutamon (Texte A25), qui offre
des jeunes veaux en hommage aux divinités, leur quantité étant tellement importante que
610
. M. BAUD, op. cit., p. 91-124.
611
. J. STAUDER-PORCHET, « Les autobiographies événementielles », p. 747.
612
. D. FAROUT, RdE 65, p. 51.
613
. J. IWASZCZUK, « Rebirth of Temples under the Rule of Hatshepsut and Thutmose III. Vocabulary »,
EtudTrav XXVIII, 2015, p. 29-58.

456
« nul ne connaissait le nombre ». Enfin, Amasis (Texte A28) doit affronter une flotte si
imposante que nul ne connaît le nombre de Grecs présents sur les navires.

§ 308. La deuxième méthode utilisée par les scribes pour mettre au premier plan
l’événement royal, procédé visible dès l’Ancien Empire, est de mettre en exergue l’ignorance
des courtisans face à l’action du monarque. Dans la « Stèle du Sphinx » (Texte A14), le texte
raconte que personne n’est au courant que Thoutmosis IV s’amuse à chasser dans le désert.
Ce dernier est également le seul à savoir où se cachent les ennemis Nubiens dans la stèle de
Konosso (Texte A15). Dans la stèle d’Assouan d’Amenhotep III (Texte A16a), le vantard
Ikhény doit faire face avec surprise à sa défaite car « il ne connaissait pas le lion qui était à sa
tête » – il s’agit bien entendu d’une citation qualifiant le monarque durant le combat. En
revanche, le « Bulletin de Qadech » (Texte A20) décrit une situation assez rare dans laquelle
les troupes de sa Majesté se trouvent être en difficulté. Cette dernière se fait berner par
l’armée adverse et ignore donc l’avancée de celle-ci. La fonction de ce passage reste toutefois
la même ; il permet de mettre en évidence la supériorité de Ramsès II, qui parvient à
triompher alors que la situation initiale n’était pas en sa faveur car même sa propre armée,
censée le seconder, ignore les agissements de l’ennemi. Ensuite, Taharqa (Texte A24) est au
fait, contrairement à tous les autres, que la pluie a endommagé le temple qu’il fait restaurer
par la suite. Enfin, un exemple se détache des autres, la « Stèle de l’Élection » d’Aspelta, dans
laquelle seule une divinité parvient à débloquer la situation. En effet, les compagnons du roi
ainsi que son armée en devenir ne parviennent pas à désigner le nouveau roi légitime, ils ne le
reconnaissent pas car seulement Rê est capable de le désigner.

§ 309. Tous ces exemples, excepté dans la « Stèle de l’élection » d’Aspelta dans laquelle la
divinité agit, révèlent que l’action du roi est ainsi mise au premier plan a fortiori grâce à
l’ignorance des autres. Le pharaon est omniscient614, en tant que personnalité divine, il est
informé de tout, à l’inverse des personnages qui l’entourent, qui ne sont eux que de simples
humains. Qu’il s’agisse d’un ennemi dissimulé ou des causes de la dégradation d’un bâtiment,
le roi parvient à gérer des situations périlleuses car il a accès à toutes les informations
nécessaires. L’omnipotence du monarque est une caractéristique propre aux Königsnovellen
égyptiennes, étant donné que dans les « narrations royales » bibliques, ce n’est pas

614
. A. ROCCATI, « L’onniscienza del faraone, ovvero un caso di meritocrazia », Quaderni del Museo del
Papiro XV, 2018, p. 29-33.

457
l’entourage du roi qui est ignorant, mais plutôt le souverain qui dans certains cas, hésitant,
demande de l’aide directement à Dieu, qui possède toutes les connaissances.

f. Analyse des protagonistes des « narrations royales » bibliques

§ 310. Toutes les Königsnovellen bibliques permettent de constater les liens existant entre
le roi et sa cour. Ces personnages peuvent participer activement à l’action ou au contraire être
passifs, être nommés ou anonymes et dans la plupart des cas entretiennent un dialogue avec le
souverain. La mention des personnages permet de donner du corps aux différentes histoires
racontées grâce à un contexte et des protagonistes particuliers.

Mention des personnages

§ 311. Les personnages sont mentionnés dans les seize Königsnovellen du corpus biblique,
mais, selon les textes, ils ne sont pas présentés de la même manière. Effectivement, tout
comme dans les récits égyptiens, ils peuvent être connus ou inconnus à savoir nommés ou
non. Dans plusieurs « narrations royales » bibliques, ces individus sont désignés par leurs
noms : il s’agit ainsi de la mention d’ennemis comme les Philistins (Textes B2a et B2b), de
personnages éminents de la cour tels que les prophètes Samuel et Nathan (Textes B1 et B3a)
ou la prophétesse Houlda (Textes B10a et B10b), le prince Salomon (Texte B4), les prêtres
Yehoyada (Textes B8a et B8b) et Hilqiyahou (Texte B10a et B10b), le secrétaire Shafân
(Textes B10a et B10b), le chef des corvées Adoniram (Texte B7a) ou encore des hommes
dont la fonction n’est pas mentionnée tels qu’Ahiqam, Akbor, Asaya (Textes B10a et B10b).
Des étrangers en lien étroit avec le monarque peuvent également être désignés permettant
ainsi d’entrapercevoir les liens internationaux qu’entretenait Israël avec ses voisins. Hiram,
roi de Tyr est donc mentionné à l’occasion de l’érection du Temple ainsi qu’Hiram-Abi
spécialiste en charge du façonnage des différents matériaux nécessaires à la construction
(Textes B7a et B7b).

§ 312. L’explicitation des noms de ces personnages a plusieurs objectifs. Premièrement,


c’est une façon de donner du crédit au texte en mentionnant des individus qui ont pu exister.
Ils ont chacun une histoire à part entière et leur généalogie peut être dans certaines occasions
énumérée. Ils sont dans ces cas-là localisés dans l’Histoire et rendent authentique la
Königsnovelle. Deuxièmement, tous ces individus, à des degrés différents, font avancer

458
l’action. Dans les textes B2a et B2b, les Philistins sont désignés dans la guerre qui les oppose
à David. Dans ce contexte, le choix des auteurs de les nommer paraît évident, car caractériser
l’ennemi du roi, et non des moindres, permet de faire en sorte que sa victoire sur eux n’en soit
que plus impressionnante. Dans le Texte A1, Samuel oint Saül en tant que roi et dans le
Texte B3a, Nathan joue un rôle central car il a eu pour tâche de rapporter les paroles de Dieu
à David. Quant à Hiram, Adoniram et Hiram-Abi, ils font grandement avancer la construction
du Temple grâce aux matières premières accordées et au partage de leurs compétences
(Textes B7a et B7b). Le prêtre et chef Yehoyada a eu pour mission de récolter de l’argent
pour la rénovation du Temple sous Joas (Textes B8a et B8b). Ensuite, le prêtre Hilqiyahou
trouve le livre de la Loi, le secrétaire Shâfan en informe le roi Josias et le lui lit, puis
accompagnés d’autres compagnons ils se rendent chez Houlda la prophétesse qui rapporte les
paroles de Dieu et prédit ainsi la fin d’Israël (Textes B10a et B10b). Enfin certaines mentions
sont secondaires car ces personnages n’ont pas une fonction importante au sein des
« narrations royales » dans lesquelles ils sont cités tel que Salomon qui a un rôle passif dans
la Königsnovelle de son père (Texte B4) ou encore Ahiqam, Akbor et Asaya qui ne font que
suivre Hilqiyahou et Shâfan chez Houlda (Textes B10a et B10b). Dans la majorité des cas, les
références à des personnages particuliers s’expliquent donc par leur rôle d’adjuvant dans le
récit.

§ 313. Dans certaines « narrations royales » les protagonistes ne sont pas nommés. Deux
catégories de dénomination se posent alors : celle concernant la multitude d’individus et
l’autre se rapportant aux fonctions spécifiques des personnages selon le contexte. Les
individus ne sont pas désignés par des noms lorsqu’ils sont trop nombreux pour l’être :
messagers (Texte B1), serviteurs (Textes B5a et B7a), chefs et responsables d’Israël
(Textes B4, B5b, B8b), étrangers (Texte B4), chefs de familles et juges (Texte B5b),
surveillants (Texte B7b), prêtres (Textes B8a et B8b), lévites (Texte B8b). Cette constatation
est soulignée par certains passages indiquant un nombre d’individus colossal : soixante-dix
mille porteurs, quatre-vingt mille carriers, trois mille six cents surveillants, trente mille
hommes. Enfin, aucun nom n’apparaît lorsque il s’agit tout simplement de mentionner le
peuple dans son entièreté (Textes B1, B8b, B9) ou plus précisément les habitants de
Jérusalem (Texte B10b).

§ 314. Puis selon la thématique de la Königsnovelle biblique, des personnages particuliers


font leur apparition car ils permettent le bon déroulement de l’action royale en cours. Par

459
exemple, dans les récits ayant une thématique de construction ou de restauration, certains
corps de métiers spécifiques sont présentés tels que des carriers et porteurs (Textes B4, B7a,
B7b), des entrepreneurs des travaux (Textes B8a, B8b, B10a), des charpentiers et
constructeurs (Textes B8a et B10a), des maçons (Texte B10b) ainsi que les chefs censés les
superviser, responsables de la maison du Seigneur (Textes B8a et B9), surveillants
(Texte B7b), gardiens du seuil (Texte B10a).

§ 315. Certains textes plus particuliers font entrer en jeu des individus plus singuliers, c’est
le cas du Texte B6, dans lequel Salomon doit départager deux prostituées, anonymes, à
propos de la garde d’un enfant615. Connaître leur nom n’aurait rien apporté de plus à l’histoire
et l’auteur fait ainsi bien comprendre que l’identité des deux femmes n’est pas ce qui importe
a contrario du rôle qu’elles vont jouer. Enfin dans les narrations royales ayant un thème
militaire, la présence des figures composant l’armée du souverain peut être indiquée :
dignitaires, officiers, chefs militaires (Texte B9).

§ 316. Ces hommes et femmes, anonymes ou pas, agissant ou non directement dans
l’action, servent également de témoins aux scènes royales dépeintes. Comme dans les
Königsnovellen égyptiennes, ils sont les « témoins utiles » garantissant la postérité de l’acte
dans le futur mais plus que tout ils participent à l’établissement d’une certaine vérité
retranscrivant la vision de l’auteur biblique. Toutefois, comme dans quelques « narrations
royales » égyptiennes, certains d’entre eux sont indispensables à l’action et n’ont pas
seulement un rôle de témoins. Par exemple, les deux femmes du Texte B6 sont essentielles à
l’histoire car c’est grâce à leur intervention puis leur dialogue que le jugement de Salomon se
constitue. De même, les ouvriers qui construisent le Temple participent activement à
l’opération, tout comme Samuel et Nathan qui assistent à plusieurs reprises le roi.

Dialogue entre le roi et ses courtisans, utilisation de la 1re personne

§ 317. Dans toutes les Königsnovellen bibliques des échanges entre le roi et sa cour sont
décrits. Il peut s’agir de dialogues entre le souverain et un agent sous ses ordres ou bien entre
lui-même et Dieu616. Ces interactions donnent vie au texte, le structurent et permettent

615
. A. REINHARTZ, « Anonymous Women and the Collapse of the Monarchy: a Study in Narrative Technique »,
dans A. Brenner, C. Fontaine (éds), A feminist companion to reading the Bible : approaches, methods and
strategies, The Feminist Companion to the Bible 11, 1997, p. 53-54.
616
. Ce dernier cas sera développé par la suite dans un autre chapitre et n’est donc pas traité ici.

460
d’exposer de multiples idées617. Ayant précédemment expliqué les différentes catégories des
dialogues existantes, elles ne sont pas expliquées de nouveau dans ce chapitre.

§ 318. Ainsi, il existe des dialogues dits catalyseurs qui ont pour but d’influencer une
action grâce à la démarche d’un agent sur un autre. L’une des sous-parties de cette catégorie
correspond à « l’élément déclencheur » des Königsnovellen. Un personnage s’adresse au
monarque, occasionnant une situation nouvelle et digne d’intérêt ou bien le roi communique à
autrui ses intentions mûrement réfléchies. Découle par la suite la prise de décision ainsi que
l’action royale. L’autre sous-catégorie se nomme « dialogues d’engagement » et développe
l’événement par un ordre donné par le monarque ou une information communiquée par un
tiers. La première idée se présente dans le Texte B6, où Salomon donne des directives, l’ordre
et son exécution ont pour but de débloquer la situation stagnante : « le roi dit : “Apportez-moi
une épée !” Et l’on apporta l’épée devant le roi. » (1 R 3,24). La seconde se trouve dans les
Textes B10a et B10b, dans lesquels Shafân vient à la rencontre de Josias pour lui apprendre
une nouvelle importante : « Puis le secrétaire Shafân annonça au roi : “Le prêtre Hilqiyahou
m’a remis un livre”» (2 R 22,10 et 2 Chr 34,18) et la réaction du souverain ne se fait pas
attendre : « Shafân en fit la lecture devant le roi. Lorsque le roi eut entendu les paroles du
livre de la Loi, il déchira ses vêtements. » (2 R 10,11).

§ 319. La deuxième catégorie de dialogues se nomme « dialogues analyseurs », ayant un


rôle secondaire ils peuvent être supprimés du récit et ne perturbent pas son bon déroulement.
Elle aussi est divisée en deux sous-parties, la première s’appelle « dialogue analyseur
d’illustration » et met en valeur l’action en cour. Ces dialogues servent à conclure une
« narration royale », c’est par exemple le cas dans le Texte B4 au sein duquel : « David
ordonna à tous les chefs d’Israël d’aider son fils Salomon : “Le Seigneur votre Dieu n’est-il
pas avec vous ? Ne vous a-t-il pas accordé du repos de tous côtés ? En effet, il a livré entre
mes mains les habitants du pays qui a été soumis au Seigneur et à son peuple. Maintenant,
appliquez votre cœur et votre vie à chercher le Seigneur votre Dieu. Levez-vous et construisez
le sanctuaire du Seigneur Dieu pour amener l’arche de l’alliance du Seigneur et les objets
sacrés de Dieu dans la Maison construite pour le nom du Seigneur”. » (1 Chr 22,17-19). Ce
passage a pour objectif de rappeler les événements passés c’est-à-dire la désignation de
Salomon par Dieu pour la construction du Temple. Il met tout particulièrement l’accent sur

617
. Tout comme pour les dialogues entre pharaon et ses courtisans, la présente étude utilise la typologie de
C. Denoyelle traitant des dialogues dans la littérature du Moyen-Âge.

461
l’aide que David lui a apportée à travers la mise en place de l’approvisionnement de
matériaux et de travailleurs pour le monument, sujet principal de cette Königsnovelle.

§ 320. Enfin il existe les « dialogues analyseurs de commentaire » qui servent à commenter
l’action en cour en rappelant l’acte extraordinaire du roi et donc ses qualités particulières. À la
fin du Texte B6, Salomon a tranché en faisant usage de la sagesse que Dieu vient de lui
octroyer afin de déterminer qui est la mère de l’enfant vivant, il s’exclame alors : « Donnez à
la première le bébé vivant, ne le tuez pas ; c’est elle qui est la mère. » (1 R 3,27). Ce discours
permet à la fois d’achever la « narration royale » mais également de mettre en avant la
capacité de jugement de Salomon qui en une phrase a résolu la situation de crise qui se
présentait à lui au début du récit.

§ 321. Il reste à noter que deux « narrations royales » présentent un élément commun non
habituel dans des récits guerriers. Dans le « Bulletin de Qadech » (Texte A20), des éclaireurs
Chasou, se faisant passer pour de nouveaux alliés, viennent dialoguer avec Ramsès II afin de
l’espionner. Dans le Texte B9, Sennachérib envoie quelques-uns de ses serviteurs à Jérusalem
afin d’intimer au peuple d’Ézéchias d’abandonner le combat. Ces deux cas mettent en avant
une scène peu commune de discours échangés avec les forces ennemies durant la bataille.

2) Contre-exemples

§ 322. De nombreux récits présentent des passages comparables aux Königsnovellen, pour
autant cela ne signifie pas qu’ils sont eux-mêmes des « narrations royales » à part entière.
L’étude succincte de l’inscription royale de Taharqa appelée « Kawa V » sert ici de contre-
exemple pour étayer cette affirmation. La présente étude utilise la traduction proposée par
H. Perdriaud618.

Traduction619 :
1 An 6, sous la Majesté de l’Horus aux apparitions élevées, le Nebty aux apparitions élevées,
l’Horus d’or qui protège les Deux terres, le roi de Haute et Basse-Égypte, Khounefertoumrê,
le fils de Rê, Taharqa, vivant éternellement, l’aimé de Maât, à qui Amon a donné Maât, qu’il
vive éternellement ! Sa Majesté, c’est celui qui aime le dieu 2, tandis qu’il a passé le jour et la

618
. H. PERDRIAUD, op. cit., p. 281-298.
619
. Ibid., p. 283-285.

462
nuit en recherchant ce qui est utile aux dieux, relevant leurs temples [de leurs villes ?] tombés
en ruines, façonnant leurs statues comme la première fois, construisant leurs magasins et
dotant 3 les autels, leur consacrant des offrandes divines de chaque sorte, faisant d’or fin,
d’argent et de cuivre leurs tables d’offrandes. Ainsi, le cœur de Sa Majesté est satisfait de
faire ce qui est bénéfique pour eux, chaque jour. Ce pays a été inondé 4 dans son temps
comme il l’avait été dans le temps du seigneur de toute chose, chaque homme dormant
jusqu’à l’aube sans dire : « Ah si seulement j’avais cela totalement ! » La maât est établie
dans tous les pays, l’isefet étant maintenue à terre 5. Des merveilles sont advenues au temps
de Sa Majesté, dans la sixième année de son règne. Une chose pareille n’avait pas été vue
depuis le temps des anciens tant son père Amon-Rê l’aime grandement. Sa Majesté 6 a prié
son père Amon-Rê le seigneur des Trônes du Double-Pays, pour une inondation, afin
d’empêcher que la famine n’advienne dans son temps. Or, tout ce qui sort de la bouche de Sa
Majesté, son père Amon fait que cela advienne immédiatement. Alors, vint le temps du
surgissement de l’inondation 7, elle continua à croître grandement et le fit plusieurs jours
durant en augmentant d’une coudée quotidiennement. L’inondation entra dans les montagnes
du pays du Sud et recouvrit les tertres du pays du Nord, le pays étant comme le Noun, inerte,
8 la terre neuve n’étant pas reconnaissable du fleuve. L’inondation déborda de vingt et une
coudées, une paume et deux doigts et demi au quai de Thèbes. Sa Majesté fit qu’on apporte
les annales des ancêtres afin de constater les crues advenues en leur temps. On ne trouva rien
de comparable. 9 Ainsi, l’eau du ciel dans Ta-Séti faisait briller les tertres jusqu’à leurs
limites. Chaque habitant de Ta-Séti était inondé de toute chose. L’Égypte était en fête et
remerciait les dieux pour Sa Majesté. Le cœur de Sa Majesté était heureux de ce que (son
pè)re 10 Amon avait fait pour elle, présentant l’offrande divine à tous les dieux. Alors, Sa
Majesté dit : « Mon père Amon-Rê, seigneur des trônes du Double-Pays, a réalisé pour moi
ces quatre belles merveilles en une seule année, dans la sixième année de mon apparition en
tant que roi. Rien de 11 similaire n’avait été fait depuis l’époque des anciens. L’inondation a
surgi comme le voleur de bétail. Elle a recouvert le pays dans sa longueur. Rien de
comparable ne fut trouvé dans les archives de l’époque des anciens. Personne ne disait : “J’ai
entendu cela de mon père”. Elle a rendu 12 la campagne magnifique dans son étendue, tuant
les rampants et serpents qui étaient dans ses replis. Elle a repoussé les dévastations des
criquets et n’a pas laissé le vent du Sud la faire refluer. 13 J’ai engrangé la récolte à
destination des greniers en quantité inconnue avec de l’orge du Sud et de l’orge du Nord, et
toute plante poussant sur le sol. J’étais venu de Ta-Séti au milieu des compagnons du roi que
Sa Majesté 14 avait mandés. J’étais avec lui, il m’aima beaucoup plus que ses frères et que

463
tous ses enfants, étant distingué d’entre eux par Sa Majesté, de sorte que je circonvenais le
cœur des pat, l’amour de moi précédant tous les hommes. 15 J’ai reçu la couronne à Memphis
après que le faucon fut parti vers le ciel et après que mon père Amon a ordonné pour moi que
toutes les deux terres et les pays étrangers soient placés sous mes sandales. Le Sud étant
jusqu’à Rétéhou-Qabet, le nord jusqu’à Qéb16eh-Hor, l’Est jusque-là où Rê se lève et l’Ouest
jusqu’où il se couche. Ma mère demeurait à Ta-Séti, la sœur du roi bien aimée, la mère du roi,
Abalé, qu’elle vive ! Or 17 j’étais loin d’elle depuis que j’avais vingt ans et que j’étais allé
avec Sa Majesté dans le pays du Nord. Alors, elle est venue, naviguant vers le Nord pour me
voir après de 18 nombreuses années. Elle me trouva alors que j’étais apparu sur le trône
d’Horus, ayant reçu la couronne de Rê, ayant réuni les Deux Maîtresses sur mon front, tous
les dieux étant en protection de mon corps. Elle était grandement 19 réjouie après avoir
constaté les perfections de Sa Majesté, à la façon d’Isis voyant son fils Horus apparu sur le
trône de son père Osiris, après avoir été enfant au milieu du marais de Chemnis. 20 La Haute
et la Basse-Égypte, tous les pays étrangers touchaient la terre devant la mère du roi. Tous
étaient en grande fête, les petits comme les puissants. Ils ont acclamé la mère du roi 21 en
disant : « Isis, comme Horus la reçut, était comme cette mère après qu’elle eut rejoint son fils,
le roi de Haute et Basse-Égypte Taharqa, puisse-t-il vivre éternellement, l’aimé des dieux.
Puisses-tu être vivant pour toujours, suivant l’ordre de ton père Amon 22, dieu excellent qui
aime celui qui l’aime, qui reconnaît celui qui lui est loyal, qui a fait que ta mère te rejoigne en
paix après avoir vu les perfections qu’il fit pour toi. Ô roi puissant, que tu vives et que tu sois
en bonne santé, comme l’Horus vivant pour sa mère Isis. Tu es celui qui est apparu sur le
trône d’Horus pour toujours et à jamais. »

§ 323. Après lecture de ce texte, il apparaît tentant de le classer dans la catégorie des
Königsnovellen. Effectivement, cette inscription comporte plusieurs motifs narratifs qui sont
habituellement présents dans ces récits. Divers éléments tendent à rapprocher la stèle
« Kawa V » du corpus égyptien des « narrations royales ». Premièrement, elle est à mettre en
lien avec le Texte A24 racontant également les aventures de Taharqa. Ces deux stèles ont été
toutes les deux placées dans la cour du grand temple T de Kawa en exacte symétrie620. Leurs
dates de rédaction ainsi que leurs contenus présentent nécessairement un lien, puisque leur
emplacement a été envisagé de pair. Ainsi au début de la narration, un passage fait référence à
la Königsnovelle de Taharqa ayant pour thématique la restauration d’un temple, tout en
mettant en avant les qualités du souverain : « Sa Majesté, c’est celui qui aime le dieu, tandis

620
. H. PERDRIAUD, op. cit., p. 285.

464
qu’il a passé le jour et la nuit en recherchant ce qui est utile aux dieux, relevant leurs temples
[de leurs villes ?] tombés en ruines. »
De multiples motifs narratifs correspondant aux Königsnovellen égyptiennes sont visibles
dans ce récit :
- « Acte de parole » ou performativité : « Or, tout ce qui sort de la bouche de Sa Majesté, son
père Amon fait que cela advienne immédiatement. »
- Eulogies royales : « L’Égypte était en fête et remerciait les dieux pour Sa Majesté. » ; « La
Haute et la Basse-Égypte, tous les pays étrangers touchaient la terre devant la mère du roi.
Tous étaient en grande fête, les petits comme les puissants. Ils ont acclamé la mère du roi. »
- « Première Fois », surpassement et postérité : « Une chose pareille n’avait pas été vue depuis
le temps des anciens tant son père Amon-Rê l’aime grandement. » ; « Sa Majesté fit qu’on
apporte les annales des ancêtres afin de constater les crues advenues en leur temps. On ne
trouva rien de comparable. » ; « Rien de similaire n’avait été fait depuis l’époque des
anciens. »
- Aide divine : « Sa Majesté a prié son père Amon-Rê le seigneur des Trônes du Double-Pays,
pour une inondation, afin d’empêcher que la famine n’advienne dans son temps. » ; « Le cœur
de Sa Majesté était heureux de ce que (son pè)re Amon avait fait pour elle, présentant
l’offrande divine à tous les dieux. » ; « Mon père Amon-Rê, Seigneur des trônes du Double
pays, a réalisé pour moi ces quatre belles merveilles en une seule année » ; « J’étais avec lui,
il m’aima beaucoup plus que ses frères et que tous ses enfants, étant distingué d’entre eux par
Sa Majesté. »

§ 324. Des points communs en termes de contenus sont manifestes. Comme dans certaines
« narrations royales » datant de la Basse Époque (Textes A24, A25 et A26), la place de la
lignée royale féminine tient une place importante au sein des récits royaux. La seconde partie
du texte raconte en effet la visite d’Abalé, la mère de Taharqa, à l’occasion du couronnement
de son fils. Les deux personnages sont d’ailleurs assimilés à Isis et Horus lorsqu’il monte sur
le trône de son père Osiris. En outre, la relation privilégiée entre le monarque et les divinités
est mise en lumière621. Amon-Rê soutient les actions de Taharqa, lui permet d’accomplir des
faits extraordinaires et exécute pour lui des prodiges tels que la crue du Nil. Pourtant, malgré
ces similitudes de contenu, d’importantes différences sont à noter. Tout d’abord l’organisation
structurelle de base d’une Königsnovelle n’est pas respectée : nulle scène initiale, aucun

621
. Ibid.

465
élément déclencheur, ni prise de décisions, ni actions spécifiques de la part du roi. Cette stèle
raconte simplement de manière rétrospective des faits, certes incroyables, survenus au cours
du règne de Taharqa622. Le lecteur ne peut pas imaginer que le pharaon va se retrouver en
difficulté car ce récit expose sommairement plusieurs événements sans enjeu.

§ 325. Tout comme la « Stèle de la Famine » (Texte A30), ce récit relate la crue du Nil.
Pourtant une grande différence entre les deux textes est notable : dans le récit de Taharqa,
nulle situation catastrophique n’est décrite à cause du manque d’eau. Le souverain prie donc
Amon, de manière habituelle, afin qu’il fasse venir l’inondation pour éviter une période de
pénurie et c’est ce qui se produit. À l’inverse, dans le Texte A30, l’Égypte vit une période
terrible de sécheresse, c’est pourquoi Djoser décide de trouver une solution afin de provoquer
la crue vitale pour son pays. L’image du roi cherchant ce qui est utile pour son peuple est
mise en avant à travers sa préoccupation de sauver son pays. Les scribes développent ainsi en
plusieurs étapes leur histoire autour de la quête entreprise par le souverain afin de mettre au
jour la source du Nil. Contrairement à la « Stèle de la Famine », aucun péril capital n’est
détaillé dans l’inscription de Taharqa. Enfin, l’organisation de « Kawa V » présente plusieurs
événements : la crue du Nil par Amon-Rê, l’intronisation de Taharqa ainsi que la visite de sa
mère. Certaines Königsnovellen comportent divers épisodes royaux (Textes A6, A13, A18,
A21, A25, A28, A29) au sein de la même inscription. Cependant, pour que le récit soit une
« narration royale », ces actions devaient œuvrer dans un but commun et participaient donc
toutes à l’accomplissement d’un seul acte principal. Par exemple, dans la première partie du
Texte A18, Séthy Ier découvre un point d’eau dans le désert à Kanaïs. La seconde moitié du
texte raconte qu’en remerciement aux dieux qui l’avaient aidé à réaliser ce prodige, il leur
bâtit un temple. Ainsi, les deux actions s’entremêlent et la conclusion de la « narration
royale » traite de ces deux actions liées comme un seul et même événement. L’organisation
du récit de Taharqa n’est en revanche pas la même, il décrit une succession d’événements à la
suite sans réel enchaînement. Il s’agit plutôt de signaler l’aide divine dont le souverain a
bénéficié ce qui lui permet de légitimer son accession au trône. En ajoutant la présence de sa
mère, il respecte les codes de l’époque qui faisaient souvent intervenir la lignée royale
féminine. Par ailleurs, ce récit ne présente pas les conclusions habituelles propres aux
Königsnovellen. Généralement, elles résument à la fin du récit l’action royale principale ou
bien elles exposent les louanges du peuple et les présents offerts à ce dernier en lien avec cet

622
. Ibid.

466
événement précis. Dans le cas de « Kawa V », la dernière partie du récit évoque seulement
l’intronisation du monarque laissant ainsi de côté l’inondation des terres égyptiennes.

§ 326. Toutes ces différences de contenu, de forme et d’objectif expliquent que cette stèle
ne fasse pas partie du corpus égyptien de cette étude, tout comme de nombreux autres textes
présentant seulement quelques particularités communes avec ces 33 récits égyptiens.

§ 327. Concernant les « narrations royales » bibliques, le récit 2 S 8,1-15 sert de contre-
exemple. Ce texte raconte les guerres victorieuses de David contre différents peuples.

Traduction :
1 Après cela, David battit les Philistins et les fit fléchir. David enleva aux Philistins leur
hégémonie. 2 Il battit les Moabites et les mesura au cordeau, en les couchant à terre. Il en
mesura deux cordeaux à tuer et un plein cordeau à laisser en vie. Et les Moabites devinrent
pour David des serviteurs soumis au tribut. 3 David battit Hadadèzèr, fils de Rehov, roi de
Çova, quand celui-ci allait remettre la main sur le fleuve Euphrate. 4 David lui prit mille sept
cents cavaliers et vingt mille fantassins. David coupa les jarrets de tous les attelages.
Toutefois, il garda cent de ces attelages. 5 Les Araméens de Damas vinrent au secours de
Hadadèzèr, roi de Çova. Mais David abattit vingt-deux mille hommes parmi les
Araméens. 6 David établit alors des préfets dans l’Aram de Damas, et les Araméens
devinrent pour David des serviteurs soumis au tribut. Le Seigneur donna donc la victoire à
David partout où il alla. 7 David s’empara des carquois d’or que portaient les serviteurs de
Hadadèzèr et les apporta à Jérusalem. 8 Et dans les villes de Hadadèzèr, Bètah et Bérotaï, le
roi David s’empara d’une énorme quantité de bronze. 9 Toï, roi de Hamath, apprit que David
avait battu toute l’armée de Hadadèzèr. 10 Toï envoya donc son fils Yoram au roi David pour
le saluer et pour le féliciter d’avoir fait la guerre à Hadadèzèr et de l’avoir battu, car
Hadadèzèr était l’adversaire de Toï. Yoram apportait des objets d’argent, d’or et de
bronze. 11 Ceux-là aussi, le roi David les consacra au Seigneur en plus de l’argent et de l’or
déjà consacrés et provenant de toutes les nations conquises, 12 d’Aram, de Moab, des fils
d’Ammon, des Philistins et d’Amaleq, ainsi que du butin de Hadadèzèr, fils de Rehov, roi de
Çova. 13 Et David se fit un nom, lorsqu’il revint de battre les Araméens, dans la vallée du
Sel, au nombre de dix-huit mille. 14 Il établit alors en Edom des préfets ; c’est dans tout
Edom qu’il établit des préfets, et tous les Edomites devinrent pour David des serviteurs. Le

467
Seigneur donna donc la victoire à David partout où il alla. 15 David régna sur tout Israël.
David faisait droit et justice à tout son peuple.

§ 328. De multiples motifs narratifs correspondant aux Königsnovellen bibliques sont


visibles dans ce récit :
- Soutien divin au roi : « Le Seigneur donna donc la victoire à David partout où il alla »
(2 fois).
- Offrande et sacrifice : « David s’empara des carquois d’or que portaient les serviteurs de
Hadadèzèr et les apporta à Jérusalem. Et dans les villes de Hadadèzèr, Bètah et Bérotaï, le roi
David s’empara d’une énorme quantité de bronze. » ; « Yoram apportait des objets d’argent,
d’or et de bronze. Ceux-là aussi, le roi David les consacra au Seigneur en plus de l’argent et
de l’or déjà consacrés et provenant de toutes les nations conquises, d’Aram, de Moab, des fils
d’Ammon, des Philistins et d’Amaleq, ainsi que du butin de Hadadèzèr, fils de Rehov, roi de
Çova. »
- Renommée et surpassement : « David lui prit mille sept cents cavaliers et vingt mille
fantassins. » ; « Les Araméens de Damas vinrent au secours de Hadadèzèr, roi de Çova. Mais
David abattit vingt-deux mille hommes parmi les Araméens. » ; « Toï, roi de Hamath, apprit
que David avait battu toute l’armée de Hadadèzèr. Toï envoya donc son fils Yoram au roi
David pour le saluer et pour le féliciter d’avoir fait la guerre à Hadadèzèr et de l’avoir
battu. » ; « Et David se fit un nom, lorsqu’il revint de battre les Araméens, dans la vallée du
Sel, au nombre de dix-huit mille. »

§ 329. Ce texte vétérotestamentaire met en avant plusieurs éléments tels que les capacités
militaires extraordinaires du souverain David et la précieuse aide divine dont il bénéficie. À
plusieurs reprises, les auteurs insistent sur le nombre impressionnant d’ennemis vaincus.
David est dépeint comme un guerrier aux qualités redoutables qui parvient à battre ses
ennemis sans l’aide de personne sinon celle de Dieu. Cette description se retrouve dans
certaines Königsnovellen du corpus (Textes B2a, B2b). Le récit 2 S 8,1-15 comporte plusieurs
motifs narratifs typiques des « narrations royales » bibliques pourtant il n’en est pas une. En
effet, au niveau du contenu il s’en rapproche fortement, cependant du point de vue structurel
il s’en éloigne.

§ 330. Tout comme pour la stèle de « Kawa V », ce texte biblique ne présente pas les
points essentiels formels de la définition d’une Königsnovelle. Premièrement, il fait

468
directement suite au Texte B3a c’est-à-dire à la prophétie de Nathan, il ne propose donc
aucune introduction ni aperçu d’une quelconque scène initiale. Les auteurs relatent les scènes
de combat succinctement sans explications précises sur les situations relatives aux querelles.
Par exemple, à l’inverse du Texte B2a qui raconte que les Philistins décident d’attaquer David
car ils ont appris qu’il était devenu roi, 2 S 8,1-15 ne donne aucune indication. Si le chapitre
est étudié en tant qu’unité seule et non pas comme un texte de l’Ancien Testament faisant
partie d’un ensemble logique, le lecteur ne peut pas comprendre aux premiers abords l’origine
de toutes ces guerres. Effectivement, aucun élément déclencheur expliquant l’origine de ces
conflits n’est notifié. De plus, les prises de décision ainsi que les actions de David ne sont pas
développées. L’accent n’est mis sur aucun événement bien précis étant donné que le texte
présente uniquement une liste de victoires remportées par le monarque. Seule la fin du
passage rappelle les Königsnovellen bibliques, car elle renvoie à la défaite des Philistins face
au combattant David. Le fait que ce récit royal présente David comme un guerrier invincible
sans présenter les diverses particularités traditionnelles des Königsnovellen explique que de
nombreux textes de la Bible qui retracent des actes royaux prodigieux, mais ne correspondent
pas nécessairement au genre littéraire de cette étude, ne soient pas inclus dans le corpus
retenu.

469
TROISIÈME PARTIE : ENJEUX IDÉOLOGIQUES ET HISTORIOGRAPHIQUES
CHAPITRE 6. APPARITION DU GENRE
(CONTEXTE, DATATION, CAUSES ET INFLUENCES)

1) Königsnovelle égyptienne

a. Prémices de la Königsnovelle égyptienne dans les biographies privées

§ 331. Les (auto)biographies revêtent un intérêt tout particulier dans l’étude de la


littérature égyptienne car « elles constituent le premier grand ensemble de textes continus » de
l’histoire du Double-Pays1. À la IVe dynastie, sous le règne de Snéfrou, se développe le
discours biographique du défunt à travers le développement de réels énoncés. C’est à partir de
son fils Khéops que le nombre de biographies s’accroît2. De manière systématique, à l’Ancien
Empire, pharaon occupe une place centrale au sein de celles-ci3. L’(auto)biographie privée est
un discours d’autojustification de la part du défunt envers la postérité et ses contemporains4.

§ 332. Durant la Ve dynastie, le genre biographique connaît une évolution grammaticale et


son contenu ainsi que son format subissent des changements5 : utilisation de la première
personne, affirmation de valeurs morales ou encore intégration d’éloges royaux... Nombre de
ces éléments laissent penser que certaines inscriptions monarchiques, et tout particulièrement
les « narrations royales », se seraient inspirées des (auto)biographies de l’Ancien Empire6. En
effet, le traitement qu’accordent les scribes de cette période à la narration des événements
passés des particuliers inspire fortement les récits de commémoration royale et donc par
extension l’historiographie égyptienne dans sa totalité 7 . Avant de répertorier les points
communs liant ces deux corpus de textes, il paraît primordial de faire un tour d’horizon des
(auto)biographies de l’Ancien Empire afin d’appréhender leur processus de transformation au
fil des siècles.

1
. J. STAUDER-PORCHET, « Les autobiographies événementielles », p. 747.
2
. Notamment grâce à la disponibilité croissante des ouvriers. (P. GRANDET, « L’historiographie égyptienne,
(auto)biographie des rois ? » dans N. Grimal, M. Baud (éds), Événement, récit, histoire officielle. L’écriture
de l’histoire dans les monarchies antiques, acte du colloque du Collège de France 2002, Études
d’égyptologie 3, Paris, 2003, p. 187.)
3
. D. FAROUT, RdE 64, p. 15 ; M. BAUD, « Le format de l’histoire. Annales royales et biographies de particuliers
dans l’Égypte du IIIe millénaire » dans N. Grimal, M. Baud (éds), Événement, récit, histoire officielle.
L’écriture de l’histoire dans les monarchies antiques, acte du colloque du Collège de France 2002, Études
d’égyptologie 3, Paris, 2003, p. 298.
4
. C.J. EYRE, op. cit., p. 422.
5
. M. BAUD, « The Birth of Biography », p. 118.
6
. J. VAN SETERS, op. cit., p. 182.
7
. Ibid., p. 185 ; P. GRANDET, op. cit., p. 190.

470
§ 333. Plusieurs types d’(auto)biographies existent à l’Ancien Empire. La recherche
égyptologique les organise en différentes catégories : les « biographies idéales ou éthiques8 »,
dans lesquelles l’individu met en avant ses qualités morales, et les « biographies
événementielles », qui rapportent un événement particulier dans la vie du défunt9. Il est à
noter également qu’au sein des (auto)biographies événementielles, certains récits sont classés
dans un sous-groupe nommé « biographies de carrière »10. Bien que ces désignations puissent
poser un certain nombre de problèmes11, N. Kloth les énumère dans sa monographie12 ; elles
sont utilisées dans la présente étude par souci de commodité.

§ 334. Les « biographies idéales » remontant à la IVe dynastie13 évoquent la conduite


sociale d’un individu à l’aide de formules magico-religieuses. Elles ne décrivent pas des faits
réels14, mais sont atemporelles15 et stéréotypées16. Quant aux « biographies événementielles »,
elles exposent une innovation de contenu car le souverain apparaît comme l’acteur principal17
d’une action ancrée dans le temps18. Les dispositions formelles de celles-ci sont variées et tout
comme les Königsnovellen, elles empruntent certaines spécificités à d’autres genres19 : éloges
royaux20, formules d’offrandes, décrets royaux21 et annales22. De la Ve à la VIe dynastie, ces
dernières présentent des contenus et des formes multiples, elles sont toutefois plus uniformes
que les « biographies idéales »23. Les textes relatant les intrigues singulières qu’ont vécues les
propriétaires des tombes sont minoritaires par rapport à ces dernières plus conventionnelles24.

§ 335. Étant donné qu’elle a pour objectif de relater un événement exceptionnel, c’est
« l’autobiographie d’événement » qui se rapproche le plus des « narrations royales »

8
. M. BAUD, « The Birth of Biography », p. 92.
9
. J. STAUDER-PORCHET, « Les autobiographies événementielles », p. 747.
10
. Ibid., p. 748 ; N. KLOTH, op. cit., p. 243-244.
11
. M. BAUD, loc. cit.
12
. N. KLOTH, op. cit., p. 227.
13
. Ibid., p. 246.
14
. L. COULON, op. cit., p. 121.
15
. J. STAUDER-PORCHET, « Les autobiographies événementielles », p. 758.
16
. P. GRANDET, op. cit., p. 188.
17
. N. KLOTH, op. cit., p. 246.
18
. J. STAUDER-PORCHET, « Les autobiographies événementielles », p. 757-758.
19
. Ibid., p. 754-757.
20
. N. KLOTH, loc. cit.
21
. Ibid., p. 184.
22
. A.M. GNIRS, « Die ägyptische Autobiographie », p. 213-215 ; M. BAUD, « The Birth of Biography », p. 118.
23
. N. KLOTH, op. cit., p. 239.
24
. J. BAINES, « Forerunners of narrative biographies », dans A. Leahy, J. Tait (éds), Studies on Ancient Egypt in
Honour of H.S. Smith, OP EES 13, 1999, p. 23 ; Ibid.; J. STAUDER-PORCHET, « Les autobiographies
événementielles », p. 752.

471
égyptiennes. Malgré la différence de nature qui oppose pharaon à ses sujets, ils partagent
assurément une culture commune 25 , celle de l’héroïsation de leur personne 26 par la
reconnaissance de l’individualité personnelle de chacun face à celle de leurs contemporains27.
Il n’est donc pas surprenant de constater que ces deux corpus de textes présentent plusieurs
points communs relatifs à ces exploits. Toutefois, à la différence de pharaon qui a le champ
libre pour affirmer sa position, le courtisan doit parvenir à conserver une place centrale au
sein de son récit sans se faire supplanter par la présence massive du roi. Comme le note
J. Stauder-Porchet, la représentation de la rencontre de ces deux sphères sociales est donc
soumise à des conventions très rigoureuses. À la différence des récits royaux, certes très
stéréotypés, les (auto)biographies sont contrôlées par le pouvoir royal afin de respecter un
certain archétype28.

§ 336. Premièrement, les (auto)biographies et les Königsnovellen ont toutes deux une
vocation publique, étant donné que les récits sont destinés à être affichés sur un support29. La
visibilité ainsi que la lecture à haute voix des récits royaux sont importantes pour la
légitimation du roi. Elles le sont tout autant lorsqu’il s’agit de textes funéraires censés être lus
à haute voix par les vivants afin d’accompagner le défunt dans l’au-delà. L’approbation du
groupe est une donnée nécessaire pour la postérité du propriétaire de la tombe30, d’où
l’importance de placer le discours autobiographique sous l’égide des divinités31. Au sein des
« narrations royales », la mention de l’entourage du monarque est en effet récurrente. La
notion du « témoin utile » est primordiale dans ces récits royaux car la présence des courtisans
permet de rendre authentique l’acte royal exceptionnel et de le diffuser à grande échelle. C’est
également le cas dans les (auto)biographies qui font intervenir la cour comme spectateur de la
largesse royale dont a bénéficié le dignitaire. L’inscription de Ptahouach met en scène à
plusieurs reprises la réaction de la cour face à la générosité de pharaon envers ce dernier32.

§ 337. Outre la mention de la cour, la présence du roi comme référent dans les écrits de
particuliers de l’Ancien Empire sert de caution de véracité 33 . À cette époque, la

25
. P. GRANDET, op. cit., p. 191 ; P. VERNUS, op. cit., p. 53.
26
. Ibid., « L’historiographie égyptienne », p. 188-190.
27
. P. VERNUS, op. cit., p. 52-53.
28
. J. STAUDER-PORCHET, « Les autobiographies événementielles », p. 758.
29
. P. GRANDET, op. cit., p. 189.
30
. J. BAINES, « Forerunners », p. 24.
31
. L. COULON, op. cit., p. 124.
32
. J. STAUDER-PORCHET, Les autobiographies de l'Ancien Empire, p. 54-57.
33
. Ead., « Les autobiographies événementielles », p. 750.

472
reconnaissance royale fait foi de vérité autobiographique, ce qui ne sera pas le cas pendant la
Première Période intermédiaire34, durant laquelle la mise en avant des initiatives personnelles
se développe35. À partir de cette époque, le déclin des institutions royales provoque une
modification du contenu des (auto)biographies : l’individu devient le héros unique de son
histoire sans la présence de l’autorité royale36, et des formules de « protestation de véracité »
comme nouvelle rhétorique de légitimation voient le jour 37 . Les (auto)biographies, tout
comme les inscriptions royales, traduisent de manière récurrente le besoin d’affirmer qu’elles
ne contiennent ni mensonge, ni vantardise38 et garantissent ainsi la véracité de leurs dires à
travers divers procédés narratifs39. Ces deux corpus textuels partagent alors certains traits de
phraséologie tels que « l’adresse aux vivants ». Hatchepsout (Texte A11) fait par exemple
appel au peuple égyptien et aux générations futures afin qu’ils considèrent favorablement la
grandeur des actes qu’elle a effectués40 : « L’ignorant tout comme le savant le savent et celui
qui écoute cela ne pourra pas dire que c’est de la vantardise ce que j’ai dit. » Comme
l’indique L. Coulon41, les discours (auto)biographiques et par la même occasion royaux ne
peuvent se suffirent à eux-mêmes, ils doivent s’appuyer sur une mémoire collective qui
permet la transmission de ces narrations au fil des siècles. D’ailleurs, comme pour les
« narrations royales », certaines inscriptions autobiographiques indiquent une date et un
contexte précis42. En situant l’événement raconté, les scribes ancrent l’action dans un contexte
historique réel43.

§ 338. L’art oratoire tient une place particulière en Égypte car il est un instrument de
puissance sociale44. Un discours bien construit permet à un individu d’affirmer sa position au
sein de la société. L’originalité du langage, l’emploi simultané d’une grammaire classique et
archaïsante ainsi que la recherche d’un vocabulaire spécifique font partie des éléments
essentiels lors de la rédaction d’une inscription royale, spécialement durant le règne

34
. L. COULON, op. cit., p. 123.
35
. J. STAUDER-PORCHET, « Les autobiographies événementielles », p. 765.
36
. L. COULON, op. cit., p. 122.
37
. Ibid., p. 110.
38
. C.J. EYRE, op. cit., p. 416.
39
. L. COULON, op. cit., p. 124.
40
. J. VAN SETERS, loc. cit.; R.B. GOZZOLI, « History and Stories in Ancient Egypt. Theoretical Issues and the
Myth of the Eternal Return », dans M. Fitzenreiter (éd.), Das Ereignis: Geschichtsschreibung zwischen
Vorfall und Befund, IBAES 10, 2009, p. 104.
41
. L. COULON, op. cit., p. 135.
42
. M. BAUD, « The Birth of Biography », p. 113-116 ; J. STAUDER-PORCHET, « Les autobiographies
événementielles », p. 758.
43
. A.M. GNIRS, op. cit., p. 215.
44
. L. COULON, op. cit., p. 127.

473
d’Hatchepsout45. C’est sur une dalle datant de Khéops qu’un propriétaire s’exprime pour la
première fois à la première personne46. L’avènement de cette nouvelle culture du soi47
démontre la modification des rapports existants entre le roi et sa cour48. Bien que la Ve
dynastie constitue une période d’expérimentation littéraire, l’utilisation de la première
personne du singulier reste rare et se développe principalement durant la VIe dynastie49. En
effet, durant la Ve dynastie, elle est peu exploitée dans les « biographies événementielles »,
notamment lorsqu’elle se réfère au propriétaire de la tombe 50 . En revanche, dans ces
(auto)biographies le souverain peut s’exprimer à la première personne. La parole royale est
perçue comme un moyen de légitimer le discours autobiographique 51 , l’implication du
pharaon dans l’action est donc quasi-systématique52. L’inscription la plus ancienne présentant
le souverain s’exprimant à la première personne date de l’époque de Sahourê sur la fausse-
porte de Nyânkhsekhmet à Saqqâra53. Tout comme le roi légitime l’action d’un individu, les
dieux légitiment celle du souverain, il semble donc que les discours des divinités aux
pharaons aient servi de modèle à ceux se déroulant entre le monarque et sa cour54. En effet,
dès la IIIe dynastie, sous le règne de Djoser, les dieux s’adressent au roi à la première
personne55. Par la suite, il est courant dans les inscriptions royales, tout particulièrement dans
les Königsnovellen, que le souverain s’exprime à la première personne.

§ 339. Dans les (auto)biographies, l’efficacité de la parole magique du roi est également
envisagée comme garantie de vérité56. Le pouvoir performatif de son discours, qui est très
fréquent dans les « narrations royales » (Textes A5, A6, A7, A11, A12, A19), est mis en
scène dès l’Ancien Empire dans les récits de dignitaires. L’idée de l’« acte de parole » est
visible dès la Ve dynastie dans les (auto)biographies57. Dans plusieurs textes58, la mention de
la capacité performative de pharaon sert à garantir l’authenticité de l’événement. Par exemple,

45
. C.J. EYRE, op. cit., p. 418.
46
. D. FAROUT, RdE 64, p. 16 ; M. BAUD, « The Birth of Biography », p. 122.
47
. M. BAUD, Ibid., p. 123.
48
. J. BAINES, « Kingship before Literature: The World of the King in the Old Kingdom », dans R. Gundlach,
Chr. Raedler (éds), Selbstverständnis und Realität: Akten des Symposiums zur ägyptischen Königsideologie
in Mainz 15.-17.6.1995, ÄAT 36/1, 1997, p. 139 ; N. KLOTH, op. cit., p. 254.
49
. J. STAUDER-PORCHET, « Les autobiographies événementielles », p. 757.
50
. Ibid., p. 756.
51
. L. COULON, op. cit., p. 120 ; D. FAROUT, RdE 64, p. 17.
52
. J. STAUDER-PORCHET, Les autobiographies de l'Ancien, p. 70.
53
. D. FAROUT, RdE 64, p. 18.
54
. J. STAUDER-PORCHET, loc. cit.
55
. D. FAROUT, Égypte 72, p. 61.
56
. L. COULON, op. cit., p. 127.
57
. D. FAROUT, RdE 64, p. 20.
58
. Râour, Ptahouach et Nyânkhsekhmet (J. STAUDER-PORCHET., Les autobiographies de l'Ancien Empire, p. 71).

474
dans l’(auto)biographie de Nyânkhsekhmet, les deux stèles de ce dernier ont été réalisées car
le roi l’avait ordonné : « Car il savait, ainsi que toute la cour, que si quoi que ce soit sortait de
la bouche de Sa Majesté, cela advenait immédiatement »59. C’est la prescription du roi qui a
permis la création des stèles et leur existence dans la tombe du courtisan prouve son
efficience60. Ces cadeaux royaux sont ainsi l’occasion de prouver par un dispositif physique la
puissance oratoire du roi61. Par la suite, les Königsnovellen associent la performativité de
l’élocution royale aux divinités Hou caractérisant la parole et Sia personnifiant la
conscience62.

§ 340. À l’Ancien Empire, les discours de pharaon à ses courtisans prennent des aspects
hautement ritualisés et les scribes n’hésitent pas à recourir à des serments 63 . Dans
l’(auto)biographie de Nyânkhsekhmet, le monarque fait un serment royal : « Par la santé de ce
mien nez, et s’il est vrai que les dieux m’aiment, tu progresseras vers la nécropole, après une
longue vieillesse, en tant que mon révéré »64. Qu’ils soient exprimés par un particulier ou un
pharaon, c’est durant le règne de Sahourê que surgissent les premiers serments65. Les textes
royaux exploitent la phraséologie autobiographique 66 , c’est pourquoi ces derniers se
retrouvent par la suite dans quelques Königsnovellen : Sahourê (Texte A2), Hatchepsout
(Texte A11), Thoutmosis III (Texte A13).

§ 341. L’autre forme de serment qui se rencontre dans les récits royaux et les
autobiographies 67 fait intervenir la notion de surpassement. P. Vernus le caractérise de
surpassement par la « vérification négative »68 quant à E. Hornung il le définit dans ce qu’il
nomme « extension de l’existant » 69 . En montrant qu’il n’existe aucun précédent à
l’événement décrit, le bénéficiaire devance ainsi ses prédécesseurs en augmentant les acquis
ancestraux 70 , légitimant donc son acte 71 . C’est un procédé très fréquent dans les

59
. J. STAUDER-PORCHET, « Les autobiographies événementielles », p. 751 ; Ead., Les autobiographies de
l'Ancien Empire, p. 58-60.
60
. Ead., Les autobiographies de l'Ancien Empire, p. 58-60.
61
. Ibid., p. 72-73.
62
. D. FAROUT, RdE 64, p. 20.
63
. J. STAUDER-PORCHET, Les autobiographies de l'Ancien Empire, p. 70.
64
. Traduction de B. Mathieu.
65
. D. FAROUT, RdE 64, p. 19 ; Id., Égypte 72, p. 63 ; Id., RdE 63, p. 109.
66
. C.J. EYRE, op. cit., p. 430.
67
. L. COULON, op. cit., p. 123-124.
68
. P. VERNUS, op. cit., p. 59.
69
. N. KLOTH, op. cit., p. 173.
70
. Ibid.
71
. P. VERNUS, op. cit., p. 54.

475
Königsnovellen (Textes A1, A2, A7, A9, A17, A18, A19, A21, A22, A23, A24, A25, A27b,
A30) présent dès l’Ancien Empire 72 . L’(auto)biographie de Ptahouach rapporte que les
faveurs obtenues par l’intéressé sont prodigieuses car : « jamais [chose pareille n'avait été
faite pour] quiconque depuis le temps ancien » et « jamais chose pareille n'avait été faite pour
aucun dignitaire auparavant [...] ». Ces expressions qui deviendront classiques par la suite se
rencontrent pour la première fois dans ce texte73. Des passages semblables se retrouvent dans
la Königsnovelle des arbres à encens de Sahourê contemporaine de l’inscription de Ptahouach.
Dans la « narration royale », l’expression concerne l’acte extraordinaire du souverain alors
que dans l’(auto)biographie elle fait référence à la bénédiction royale exceptionnelle accordée
au dignitaire74. Dans les deux cas, c’est la personne du roi qui est exaltée. Malgré le besoin de
chacun de signaler sa singularité, la récurrence de ces phrases met plus que tout en évidence
la conformité à laquelle les scribes sont cantonnés. La liberté individuelle n’est donc pas
réellement envisageable au sein de ces inscriptions75.

§ 342. Les récits (auto)biographiques dans lesquels les courtisans sont récompensés par le
roi remontent à la première moitié de la Ve dynastie76. De même que dans les Königsnovellen
(Textes A3, A4, A21, A25, A28), pharaon gratifie ses sujets de nourritures, d’huiles
précieuses, de bétail, de vêtements ou encore de terres77. Dans plusieurs cas, il s’agit du sujet
principal de ces compositions originales car on y raconte que le roi a offert l’inscription en
question au défunt (Râour, Ptahouach, Nyânkhsekhmet)78. En gage de réciprocité79, les sujets
louent la figure royale80 en vantant ses capacités hors du commun81. L’expression de la
loyauté envers le roi pour le remercier de ses actions est fréquente dans les autobiographies de
l’Ancien Empire mais se développe principalement durant le Moyen Empire82. Dans les
complexes funéraires de Sahourê83 et d’Ounas, des représentations qui figurent le retour des
équipages en position d’adoration ainsi que des légendes : « Hommage à toi Sahourê dieu des
vivants, j’ai vu ta perfection ! », complètent les Königsnovellen (Textes A1 et A3)84.

72
. D. FAROUT, Égypte 72, p. 62.
73
. J. STAUDER-PORCHET, Les autobiographies de l'Ancien Empire, p. 57.
74
. Ibid., p. 69-70.
75
. Ead., « Les autobiographies événementielles », p. 750.
76
. N. KLOTH, op. cit., p. 168.
77
. Ibid.
78
. J. STAUDER-PORCHET, Les autobiographies de l'Ancien Empire, p. 71.
79
. J. BAINES, « Kingship before Literature », p. 136.
80
. C.J. EYRE, op. cit., p. 429.
81
. D. FAROUT, RdE 65, p. 51.
82
. Ibid., p. 66 ; Id., RdE 64, p. 19-20.
83
. J. BAINES, « Prehistories of literature », p. 24.
84
. D. FAROUT, RdE 64, p. 20 ; Id., Égypte. 72, p. 63.

476
§ 343. Outre leurs caractéristiques communes, ces deux corpus révèlent également des
thématiques similaires. Il peut s’agir de travaux de construction, la plupart du temps il est
question de l’édification de la tombe d’un particulier. L’acteur principal demeure toutefois le
roi car il donne l’ordre initial, détermine le lieu ainsi que les équipements de la tombe85. Les
expéditions vers l’étranger ainsi que les campagnes militaires sont également l’occasion
idéale pour la rédaction d’(auto)biographies. Le point de départ est fréquemment l’œuvre du
souverain qui planifie l’envoi de la mission 86 . Enfin, certaines thématiques sont plus
singulières car quelques inscriptions mettent en scène des événements ponctuels
exceptionnels tels que les autobiographies de Râour87 et de Ptahouach88.

§ 344. Pour conclure, il est toutefois nécessaire de rappeler que l’émergence de


« l’(auto)biographie d’événement » est fortement liée à la phraséologie des lettres royales
reprenant les discours pharaoniques de l’époque. Jusqu’à la fin de la Ve dynastie, ces
biographies rapportent ainsi un contexte de cour qui met en exergue la relation privilégiée qui
existe entre le souverain et ses courtisans 89 . Les éléments constituants les « narrations
royales » de l’Ancien Empire (Textes A1, A2, A3) tels que la forme et les thèmes, ainsi que
les similitudes existant entre toutes les Königsnovellen et les (auto)biographies90 étudiées
précédemment, laissent penser que l’apparition du genre littéraire de la « narration royale »
égyptienne serait à dater de l’Ancien Empire et non pas du Moyen Empire. Par la suite, le
développement narratif des biographies91 se modifie pour lui-même influencer la rédaction
des Königsnovellen se dotant d’innovations littéraires au fil des dynasties.

b. Modifications architecturales et réforme osirienne

§ 345. Les trois premières Königsnovellen du corpus égyptien datent de la Ve dynastie.


Divers événements majeurs peuvent expliquer l’apparition de ce nouveau genre littéraire à
cette période. L’Ancien Empire est une ère essentielle dans l’histoire du Double-Pays. En
effet, la Haute et la Basse-Égypte étant unifiées, cette époque est marquée par un pouvoir

85
. N. KLOTH, op. cit., p. 183-184.
86
. Ibid., p. 244-245.
87
. Ibid., p. 209 ; J. STAUDER-PORCHET, Les autobiographies de l'Ancien Empire, p. 45-48.
88
. J. BAINES, « Kingship before Literature », p. 138.
89
. N. KLOTH, op. cit., p. 246.
90
. J. STAUDER-PORCHET, op. cit., p. 64-68 et p. 73.
91
. M. LICHTHEIM, Ancient Egyptian Autobiographies. Chiefly of the Middle Kingdom: a study and an anthology,
OBO 84, 1988.

477
politique centralisé après une période de grande instabilité92. Des progrès économiques et
sociaux notables voient également le jour93. La IVe dynastie connaît de profondes réformes
telles que l’introduction de formules dédicatoires royales, l’élaboration des premières
ébauches de récits sur la personne du roi, des modifications de l’architecture funéraire, avec
notamment l’édification des pyramides de Gîza, ou encore la mise en place de la datation
bisannuelle94. Cette période constitue l’apogée de l’établissement de cet État égyptien à part
entière au sein duquel pharaon a tous les pouvoirs et règne entouré de sa famille95. Pour
autant, la fin de la IVe dynastie semble révéler une crise politique et sociale importante :
l’élite qui gouverne perd certains de ses privilèges et les ressources économiques se
tarissent96.

§ 346. Ceci explique pourquoi l’avènement de la Ve dynastie est une grande période de
changements. Certaines fonctions de l’État sont déléguées à des individus d’origine non
royale, la construction des pyramides faiblit alors que les tombes privées se multiplient, les
temples solaires dotés d’un décor monumental font leur apparition97, le culte d’Osiris est créé
et l’exaltation de la nature royale par l’écrit se développe à travers la gravure des Textes des
Pyramides et la Königsnovelle98. Ces modifications provoquent l’organisation d’une nouvelle
structure adaptée à la société égyptienne de l’époque99. Le pouvoir royal est notamment
consolidé par une politique étrangère pacifique qui se focalise principalement sur les échanges
commerciaux (Textes A1 et A3). Les conflits guerriers étant occasionnels, l’empire ne
possède pas d’armée permanente100.

§ 347. Comme l’explique D. Farout, la nature du roi s’exprime entre autres à travers
« l’urbanisme et l’architecture funéraires »101. En effet, à la IVe dynastie, des complexes
funéraires colossaux sont construits afin de mettre en scène l’autorité du roi. Au fil de la
dynastie, la taille des tombes royales croît de la même manière que les complexes funéraires

92
. M. VERNER, Sons of the sun: rise and decline of the Fifth Dynasty, Prague, 2014, p. 233.
93
. Ibid., p. 235.
94
. D. FAROUT, Égypte 72, p. 65.
95
. M. BARTA, « Egyptian Kingship during the Old Kingdom », dans J.A. Hill, Ph. Jones, A.J. Morales (éds),
Experiencing Power, Generating Authority : Cosmos, Politics, and the Ideology of Kingship in Ancient Egypt
and Mesopotamia, 2013, Philadelphie, p. 274.
96
. M. VERNER, op. cit., p. 238.
97
. M. BARTA, loc. cit.
98
. D. FAROUT, Égypte. 72, p. 65.
99
. M. VERNER, op. cit., p. 241.
100
. Ibid., p. 246.
101
. D. FAROUT, Égypte 72, p. 65.

478
royaux de la Vallée des rois au Nouvel Empire102. Durant la Ve dynastie, de nombreuses
modifications architecturales sont visibles : premièrement la taille des tombes royales diminue
ostensiblement de manière concomitante au développement du programme décoratif
monumental103. Le complexe de Sahourê à Abousir recense ainsi 370 m2 de décoration alors
qu’à la dynastie précédente seulement une petite partie de la tombe était décorée avec moins
de 150 m2 pour Snéfrou et Khéops104. De nouveaux thèmes et motifs illustrent donc le
souverain avec ses courtisans, la plupart du temps dans un contexte de cour ritualisé. Comme
rappelé auparavant, ces figurations accompagnent les (auto)biographies offertes par pharaon
aux dignitaires pour leurs tombes. C’est à partir du règne de Sahourê qu’apparaissent
conjointement à ces représentations royales ces récits plus développés caractéristiques des
« narrations royales » 105 . Les représentations figurées des complexes funéraires royaux
entretiennent de ce fait des liens étroits avec le programme décoratif des particuliers106.
Finalement, à la fin de la Ve dynastie, Ounas est le premier souverain à faire graver les Textes
des Pyramides dans son monument funéraire. Les inscriptions de ces souverains répondent
ainsi aux nouveaux besoins religieux et cultuels de la période107.

§ 348. L’une des innovations majeures de cette période est l’édification d’un nouveau type
de monument appelé temple solaire. Fait le plus étonnant, leur existence est de très courte
durée car ils sont bâtis seulement pendant quelques dizaines d’années108. Étant donné les
temps troublés de la fin de la IVe dynastie, les pharaons de la dynastie suivante ont dû
consolider leur pouvoir royal. En plus de la construction de nombreux sanctuaires, ils
revendiquaient donc leur légitimité à gouverner en se présentant comme les fils du dieu Rê109.
La théologie héliopolitaine entraîne donc un tournant religieux et architectural à l’Ancien
Empire110. Sur six temples solaires construits, seulement deux ont été localisés pour le

102
. M. BARTA, op. cit., p. 261-262.
103
. M. NUZZOLO, « Sun Temples and Kingship in the Ancient Egyptian Kingdom », dans J.-Cl. Goyon,
Chr. Cardin (éds.), Actes du IXe Congrès international des Égyptologues, Grenoble, 6-12 Septembre 2004,
OLA 150, 2007, p. 1403.
104
. M. BARTA, op. cit., p. 265-266.
105
. J. STAUDER-PORCHET, Les autobiographies de l'Ancien, p. 63-68.
106
. Ibid., p. 71.
107
. M. NUZZOLO, op. cit., p. 1406.
108
. R. SHALOMI-HEN, « The Dawn of Osiris and the Dusk of the Sun-Temples: Religious History at the End of
the Fifth Dynasty », dans P. Der Manuelian, Th. Schneider (éds), Towards a New History for the Egyptian
Old Kingdom: Perspectives on the Pyramid Age, Leyde/Boston, 2015, p. 457.
109
. M. VERNER, op. cit., p. 240.
110
. M. NUZZOLO, op. cit., p. 1405.

479
moment. Il existait entre ces derniers et les pyramides des contacts administratifs et religieux
réguliers111.

§ 349. Les pyramides, incarnation monumentale de la figure divine de pharaon sur terre,
présentent un plan similaire à celui des temples solaires112, bien que leurs fonctions semblent
avoir été différentes sur le plan allégorique. L’image de pharaon étant constituée de plusieurs
facettes, ces monuments hétérogènes reflètent les multiples aspects qui composent la nature
divine du roi face à la mort113. Les noms du monarque sont différents selon les complexes, les
temples solaires mentionnent tous le nom de Rê, ce qui n’est pas le cas dans les pyramides114.
Malgré la disparition des temples solaires quelques années après, la religion solaire persiste en
Égypte115 et elle a des conséquences sociales profondes. En effet, l’importance que prennent
ces nouveaux temples à cette époque fait que l’influence du groupe sacerdotal progresse116. À
la fin de la Ve dynastie, le pouvoir pharaonique s’affaiblit au profit des élites locales et des
prêtres, qui gagnent en indépendance117.

§ 350. Enfin, du point de vue des changements architecturaux, il reste à noter qu’étant
donné l’importance qu’a pris le culte dans le quotidien du monarque, les zones réservées aux
magasins dans les complexes funéraires sont agrandies, ce qui n’est pas le cas dans les tombes
de la IVe dynastie, qui ne consacrent qu’un espace restreint à ces activités. À partir du règne
de Néferirkarê, la surface des magasins ne cesse d’augmenter de manière constante. Certains
papyrus ont d’ailleurs laissé la trace de listes répertoriant les envois réguliers
d’approvisionnement pour les offrandes que présentait pharaon aux divinités118.

§ 351. À cette même période, l’Égypte vit une transformation religieuse avec l’émergence
du culte osirien119, notamment dans les Textes des Pyramides, au sein desquels Osiris prend

111
. R. SHALOMI-HEN, « The Dawn of Osiris and the Dusk of the Sun-Temples: Religious History at the End of
the Fifth Dynasty », dans P. Der Manuelian, Th. Schneider (éds), Towards a New History for the Egyptian
Old Kingdom: Perspectives on the Pyramid Age, Leyde/Boston, 2015, p. 457.
112
. Trois éléments de base, le temple supérieur, la chaussée et le temple inférieur orientés vers l’axe Est-Ouest.
(M. NUZZOLO, op. cit., p. 1403).
113
. Il semble toutefois que certains temples solaires ont été actifs du vivant du roi (R. SHALOMI-HEN, op. cit.,
p. 458).
114
. Ibid., p. 458-461.
115
. M. NUZZOLO, op. cit., p. 1405.
116
. M. VERNER, op. cit., p. 245.
117
. Ibid., p. 247.
118
. M. BARTA, op. cit., p. 266.
119
. M. VERNER, op. cit., p. 242.

480
une grande place, en lien avec la résurrection de pharaon120. La première apparition d’Osiris
dans la pensée religieuse égyptienne se fait dans les sépultures privées121. À partir de la
deuxième moitié de la Ve dynastie, sa mention est systématique dans les tombes de l’élite122.
Les manifestations de cette divinité dans les textes royaux datent du règne de Nyouserrê123,
toutefois c’est Ounas qui est identifié en premier au dieu124. Son culte connaît une diffusion
prodigieuse dans tout le pays et les textes égyptiens qualifient cette réforme « d’événement
vénérable »125.

§ 352. La figure d’Osiris permet à tout un chacun, et pas seulement au roi, de s’identifier à
lui après la mort126. Osiris, considéré comme celui qui a créé le trône et la Maât127, est devenu
l’instance divine universelle devant laquelle chaque individu devait comparaître le jour de son
jugement128. Du fait de ces éléments, R. Shalomi-Hen suggère que la diffusion du culte
provient des strates inférieures de la société, qui désiraient s’assimiler à la divinité129. Il
semble pourtant qu’il faille attribuer cette diffusion à une décision du pouvoir central130. C’est
en effet ce que démontre B. Mathieu lorsque ce dernier explique que ce nouveau dogme, « né
de la volonté des élites dirigeantes », a été élaboré dans les officines sacerdotales
d’Héliopolis131. La décision royale à l’origine de cette réforme religieuse132 découlerait de « la
cristallisation des aspects lunaires, stellaires et funéraires que possédait déjà, par nature, le
créateur héliopolitain Rê »133. Par la suite, le culte osirien est introduit dans les grands centres
d’Égypte134. Étant donné la place prédominante du roi dans les récits (auto)biographiques
privés ainsi que la répétition systématique du rôle qu’il joue dans l’élaboration des tombes et
de leurs inscriptions135, il semble peu probable que l’introduction puis la diffusion du nouveau
culte osirien ait résulté d’une prescription non royale.

120
. M. NUZZOLO, op. cit., p. 1406.
121
. R. SHALOMI-HEN, op. cit., p. 460.
122
. Ibid., p. 462.
123
. B. MATHIEU, « Mais qui est donc Osiris ? Ou la politique sous le linceul de la religion », ENiM 3, 2010,
p. 77.
124
. R. SHALOMI-HEN, loc. cit.
125
. B. MATHIEU, « Mais qui est donc Osiris ? », p. 78.
126
. R. SHALOMI-HEN, op. cit., p. 464.
127
. B. MATHIEU, « Mais qui est donc Osiris ? », p. 80.
128
. Ibid., p. 86.
129
. R. SHALOMI-HEN, op. cit., p. 465.
130
. B. MATHIEU, « Mais qui est donc Osiris ? », p. 78.
131
. Ibid., p. 81 et 99.
132
. M. VERNER, op. cit., p. 243.
133
. B. MATHIEU, « Mais qui est donc Osiris ? », p. 89.
134
. M. VERNER,loc. cit.
135
. N. KLOTH, op. cit., p. 183-184.

481
§ 353. La fin de la Ve dynastie témoigne d’une baisse d’intérêt pour le culte solaire au
profit du culte osirien. Le déplacement des sépultures royales à Saqqâra ainsi que le culte
croissant d’Osiris auraient entraîné au fur et à mesure la fin de la construction des temples
solaires136, bien qu’il faille noter la synchronicité de l’émergence de leur développement au
départ137. Un lien semble exister entre ces trois événements majeurs : la disparition des
temples solaires, la réforme osirienne138 et l’apparition des Textes des Pyramides dans ces
dernières 139 . Cette période d’évolution religieuse, architecturale et littéraire a eu pour
conséquence de modifier l’image du roi, durant son vivant et après sa mort, au sein de la
société. Le contexte de l’époque modifie les besoins de la monarchie, qui a donc dû s’adapter.
Comme le signale D. Farout, l’expression écrite de la nature royale n’est pas une nouveauté
du Moyen Empire car elle se trouve déjà formulée bien avant140. L’étude de toutes ces
modifications sociétales et royales simultanées permettent ainsi d’envisager l’apparition de la
Königsnovelle comme faisant partie d’une large stratégie idéologique qui a permis au
souverain de faire face à cette période de changements politiques majeurs durant l’Ancien
Empire141.

2) Königsnovelle biblique

a. Naissance de la dynastie davidique

§ 354. Pour comprendre l’éclosion du genre littéraire de la Königsnovelle dans la Bible, il


est nécessaire d’étudier la description de l’émergence de la royauté dans la Bible. En exposant
les actes exceptionnels des souverains sous une forme bien particulière, la « narration royale »
participe à l’installation de la monarchie. Les auteurs de ces Königsnovellen, partisans de ce
nouveau système politique, mettent en avant la figure royale auparavant inexistante. Il est
important de noter que ces récits présentent de multiples strates rédactionnelles composées
d’un noyau initial et de reprises postérieures. En effet, ces « narrations royales », composées
dans leurs formes finales par l’école deutéronomiste et l’auteur Chroniste, participent à un
programme théologique plus large. À travers plusieurs récits (Textes B1, B3a, B3b), ils
légitiment ainsi l’intronisation de ces nouveaux rois qui marquent l’histoire du peuple

136
. R. SHALOMI-HEN, op. cit., p. 462.
137
. B. MATHIEU, « Mais qui est donc Osiris ? », p. 89.
138
. Ibid., p. 104; M. VERNER, loc. cit.
139
. R. SHALOMI-HEN, op. cit., p. 456.
140
. D. FAROUT, Égypte 72, p. 65.
141
. Id., RdE 63, p. 109.

482
d’Israël. Par la suite, les modifications de la souveraineté et de l’idéologie royale, créées par
les auteurs, ont nécessité le développement de cette nouvelle forme littéraire. L’adoption de la
Königsnovelle reflète donc les espoirs placés en ce jeune empire à travers les figures littéraires
de David et de Salomon142 malgré la fin dramatique que connaîtra le peuple d’Israël.

§ 355. La première tentative, visible dans l’Ancien Testament, de fonder une royauté en
Israël apparaît dans le récit des Juges, lorsque Gédéon revient victorieux d’une campagne
contre les Madianites. Le peuple l’implore alors : « Sois notre souverain, toi-même, puis ton
fils, puis le fils de ton fils, car tu nous as sauvés de la main de Madiân » (Jg 8,22). Toutefois
Gédéon refuse en rappelant l’autorité de Dieu : « Ce n’est pas moi qui serai votre souverain,
ni mon fils. Que le Seigneur soit votre souverain ! » (Jg 8,23)143. La même situation se produit
après le retour triomphant de Saül face aux Ammonites, excepté qu’à l’inverse de Gédéon,
Saül accepte la proposition du peuple. Le début de la monarchie marque le passage
emblématique du temps des juges au temps des prophètes144.

§ 356. Saül est présenté comme un personnage doté de caractéristiques royales145 : c’est un
puissant guerrier qui possède un physique attrayant, sa famille est honorable et il est dès le
départ associé à de forts emblèmes royaux tels que les ânesses (1 S 9). Le choix du peuple se
porte donc sur une figure charismatique qui délivre Israël de la menace ennemie. Ainsi, Saül
apparaît comme le sauveur tant attendu146. En revanche, bien que Saül soit dépeint comme le
premier roi d’Israël, son règne reste connoté de manière assez négative. Dieu accepte de
l’introniser suite à une demande insistante du peuple qui souhaite imiter les royaumes
alentours, ce qu’il ressent comme une forme d’infidélité et un manque de confiance de la part
du peuple. Malgré certaines de ses actions prodigieuses, Saül connaît une fin tragique147.

§ 357. La figure de Saül est indissociable de celle de Samuel, les chapitres 1 S 7-15
racontent la naissance puis le développement de la première monarchie aux côtés de ces deux
individus148. Samuel est l’un des personnages majeurs de l’histoire biblique car il assure la
transition entre la période des juges et celle des rois. Établi par Dieu comme prophète, il est

142
. S. HERRMANN, « The Royal Novella », p. 493.
143
. T. ISHIDA, op. cit., p. 1.
144
. Fr. BRIQUEL-CHATONNET, op. cit., p. 113.
145
. P. BORDEUIL, F. BRIQUEL CHATONNET, op. cit., p. 188.
146
. T. ISHIDA, op. cit., p. 47.
147
. Fr. BRIQUEL-CHATONNET, op. cit., p. 113-114.
148
. T. ISHIDA, op. cit., p. 26.

483
en contact direct avec ce dernier et assure donc le rôle d’intermédiaire entre la parole divine et
celle des hommes149. Samuel présente de multiples facettes car il cumule des fonctions
politiques et religieuses150. En la personne de Saül puis de David, Samuel institue et légitime
donc la royauté soumise au pouvoir religieux, ce qui lui vaut de la part de la communauté
scientifique la désignation de « faiseur de roi »151. Ainsi trois pouvoirs coexistent au sein de la
société : royal, prophétique et sacerdotal.

§ 358. De multiples récits, exposant des points de vue différents sur la monarchie et la
figure de Saül, racontent les débuts de la royauté. D’après T. Ishida, ceci s’explique par le fait
que ces textes ont été composés indépendamment puis regroupés au moment de la création de
la monarchie. Bien que ces passages soient divergents à certains égards, ils restent en accord
sur l’importance de la coopération entre le peuple et Samuel, même si ce dernier est plus ou
moins impliqué selon les récits152. Samuel est considéré comme le dernier juge, il possède
donc une grande autorité. Malgré cela, il ne parvient pas à libérer le peuple de la domination
philistine. C’est à ce moment que le peuple réclame une figure royale pour les gouverner et
les protéger. Au départ, la négociation entre les hommes et Samuel est tendue étant donné
leurs sentiments contradictoires153. Quoique Samuel semble renoncer en cédant à la demande
du peuple, en présidant l’assemblée populaire, il prend en réalité l’initiative de fonder la
monarchie afin de la placer sous son influence et de concrétiser son idéologie au sein du
nouveau régime154.

§ 359. Dès le début du cycle, Saül est désigné comme le sauveur (1 S 9,15-17) qui doit
délivrer le peuple (Texte B1) 155. C’est Samuel qui, suite à la demande de la population,
désigne Saül afin de le faire monter sur le trône156. Trois récits présentent son élection157 mais
à l’inverse des sociétés alentours, l’origine de la royauté ne revêt aucun caractère
mythologique158. Il devient roi par étapes : en privé, en public puis en prouvant ses capacités
guerrières159. Au moment de sa désignation, des désaccords apparaissent au sein de la foule.

149
. P. BORDEUIL, F. BRIQUEL CHATONNET, op. cit., p. 184-186.
150
. Ibid., p. 186.
151
. Ibid., p. 187.
152
. T. ISHIDA, op. cit., p. 30-32.
153
. Ibid., p. 32.
154
. Ibid., p. 40.
155
. P. BORDEUIL, F. BRIQUEL CHATONNET, op. cit., p. 188.
156
. T. ISHIDA, op. cit., p. 45.
157
. Les trois textes sont : 1 S 9,1-27 ; 1 S 10,17-27 et 1 S 1-15.
158
. T. ISHIDA, op. cit., p. 26.
159
. S.L. MACKENZIE, King David: a Biography, New-York, 2000, p. 29-30.

484
La « narration royale » de 1 S 1-15 permet de faire taire toutes les objections car après la
victoire de Saül sur les Ammonites, les partisans du souverain veulent « mettre à mort » les
dissidents. Au lieu de cela, la royauté de Saül est renouvelée dans la paix et la joie (1 S 15)
car son triomphe est le signe d’une approbation divine160.

§ 360. Les caractéristiques de la monarchie prévoient la puissance militaire, la stabilité et


la paix du royaume, situation que ne permettait pas l’ancien système161. En revanche, étant
donné que la plupart des traditions fondamentales d’Israël sont formées bien avant la
monarchie, un conflit persiste entre les anti et les pro-monarchistes. Ainsi, le roi doit légitimer
sa souveraineté mais également la royauté en tant que nouvelle institution politique162. La
rédaction plus tardive des Königsnovellen deviendra vitale pour les auteurs car elles devra
justifier l’existence de cette nouvelle organisation. Le peuple souhaitait une dynastie
héréditaire 163 (Jg 8,22) représentant la stabilité tant désirée, pourtant Saül perd cette
possibilité lorsqu’il commet une faute164. En se révoltant contre les Philistins et en pratiquant
de son propre chef les rituels sans attendre l’arrivée de Samuel, ce dernier lui déclare : « Tu
n’as pas tenu compte de l’ordre que tu as reçu du Seigneur ton Dieu. Si tu l’avais fait, le
Seigneur aurait permis que ta famille règne pour toujours sur Israël. Mais maintenant, ton
règne ne durera pas. Le Seigneur s’est choisi un homme qui correspond à son désir, et il l’a
désigné comme chef de son peuple, puisque tu n’as pas obéi à ses ordres » (1 S 13,13-14).
Ainsi il ne fait plus aucun doute, Jonathan le fils de Saül ne règnera pas, la promesse s’est
déplacée sur la personne de David165.

§ 361. L’objectif premier des auteurs des Königsnovellen est d’expliquer la naissance de la
royauté en Israël par l’intronisation de Saül. À présent leur but est de justifier la nouvelle
alliance conclue entre Dieu, David et le peuple. Ceci explique pourquoi la promesse
davidique est constamment rappelée, faisant de l’oracle de Nathan le point culminant de la
narration (Textes B3a et B3b)166. L’instauration de la monarchie en Israël demeure fortement
liée à la centralisation du culte, possible grâce à l’édification du Temple de Jérusalem167. Par

160
. T. ISHIDA, op. cit., p. 46-47.
161
. Ibid., p. 52.
162
. Ibid., p. 30.
163
. Ibid., p. 52.
164
. D.G. FIRTH, op. cit., p. 66.
165
. T. ISHIDA, op. cit., p. 53-54.
166
. D.J. MACCARTHY, op. cit., p. 134.
167
. Fr. BRIQUEL-CHATONNET, op. cit., p. 113; S. HERRMANN, « The Royal Novella », p. 494.

485
conséquent, la construction du Temple par Salomon correspond à l’accomplissement et la
garantie de la promesse (Textes B7a et B7b)168.

§ 362. Le thème de l’ascension de David est omniprésent bien avant son intronisation
officielle169. En effet dès le rejet de Saül, alors encore roi, David est choisi par Dieu et oint
par Samuel (1 S 16)170. David ne fait donc pas partie de la dynastie saulide, au contraire il
fonde sa propre lignée légitimée par élection divine171. À la mort de Samuel (1 S 25,1) le
prophète Nathan, conseiller du roi, assure la médiation entre le monarque et Dieu. Il n’est pas
un simple courtisan mais un prophète à la cour de David172. L’importance de son rôle est
soulignée à travers les deux « narrations royales » bibliques se rapportant à son oracle. Alors
que David souhaite édifier le Temple de Jérusalem, Dieu refuse mais s’engage à lui assurer
une dynastie éternelle. Ainsi dans ces deux récits, le thème du Temple sert seulement de
prétexte pour introduire la thématique dynastique173 et souligner la relation unique qui unit
David à la divinité174. Nathan surgit dans l’Ancien Testament seulement lorsqu’il est question
de la succession de David175. Dans cet oracle, il apparaît donc comme un « faiseur de roi » car
c’est à travers lui que Dieu annonce sa volonté d’établir pour toujours la lignée davidique qui
se poursuivra précisément en la figure de Salomon. 2 S 7 est le document fondateur de cette
toute nouvelle dynastie représentée par le charismatique David176. Cette Königsnovelle n’est
donc pas un texte d’intronisation mais plutôt un récit garantissant la continuité héréditaire de
cette maison royale177. David crée un contexte politique favorable au développement de son
royaume : conquête de Jérusalem, constitution d’une cour et création de cérémonies
royales 178 . La création de cette puissance monarchique nécessite de nouvelles formes
littéraires, telle que la Königsnovelle, afin d’asseoir la domination des souverains bibliques179.

168
. D.J. MACCARTHY, loc. cit.
169
. P. BORDEUIL, F. BRIQUEL CHATONNET, op. cit., p. 192.
170
. T. ISHIDA, op. cit., p. 56.
171
. Ibid., p. 63.
172
. Ibid., p. 85.
173
. Ibid., p. 97.
174
. Ibid., p. 100.
175
. Ibid., p. 98.
176
. S. HERRMANN, « 2 Samuel VII », p. 120.
177
. Ibid., p. 126 ; Id., « The Royal Novella », p. 497.
178
. Id., « The Royal Novella », p. 497.
179
. Ibid.

486
§ 363. De plus, la fondation du royaume repose sur la consolidation et le rassemblement
national des tribus du Sud en grand Juda180. L’autorité de David n’est ainsi pas contestée par
les hommes de Juda (2 S 2,4) à l’inverse du royaume d’Israël plus réticent181. D’ailleurs par la
suite l’alliance davidique sera rejetée par Israël au profit de Jéroboam qui échouera dans sa
mission royale182. L’image positive des souverains fondateurs, David et Salomon, développée
par les érudits de l’époque perse qui ont retravaillés les textes plus anciens, correspond à la
vision idéale d’un royaume d’Israël et de Juda uni, telle que souhaite l’être la communauté
postexilique183. Les auteurs décrivent donc un David qui a d’abord établi sa monarchie en
Juda puis en Israël, évoquant de cette manière le dualisme qui caractérise la royauté dès le
départ184.

b. Rédacteurs bibliques et tentatives de datations

§ 364. Dater les récits bibliques est une tâche difficile étant donné le caractère composite
de l’Ancien Testament. Il est toutefois possible d’esquisser le contour de l’identité des
groupes qui ont participé à l’élaboration des Königsnovellen ainsi que de proposer une
datation large de rédaction. Les « narrations royales » bibliques font partie de plusieurs corpus
vétérotestamentaires : 1 et 2 Samuel, 1 et 2 Rois, 1 et 2 Chroniques. Les débats de datation
existent depuis fort longtemps au sein de la communauté scientifique, l’objectif ici n’est donc
pas d’ajouter une énième proposition. En revanche, grâce à certains éléments idéologiques,
formels et linguistiques, il est possible de donner davantage d’informations à propos du
contexte de rédaction des « narrations royales ».

§ 365. Les deux livres de Samuel racontent l’établissement de la royauté en Israël185.


Certains de ces récits primitifs, confectionnés par plusieurs rédacteurs, ont été ensuite
remodelés par l’historien deutéronomiste. Néanmoins, les récits des livres de Samuel ignorent
beaucoup des préoccupations majeures du Deutéronomiste. La contribution de ce dernier est
donc minime dans les livres de Samuel, alors que sa participation est active dans les livres des
Rois, au sein desquels son idéologie est manifeste186. Auparavant, les érudits postulaient que

180
. T. ISHIDA, op. cit., p. 67.
181
. P. BORDEUIL, F. BRIQUEL CHATONNET, loc. cit.
182
. T. ISHIDA, op. cit., p. 117.
183
. Fr. BRIQUEL-CHATONNET, op. cit., p. 114.
184
. T. ISHIDA, op. cit., p. 70.
185
. Fr. BRIQUEL-CHATONNET, op. cit., p. 113.
186
. A.L. JOSEPH, op. cit., p. 35.

487
le Deutéronomiste disposait de documents originaux, tels que des chroniques royales187,
datant de l’époque des monarques afin d’élaborer son ouvrage. Puis, certains se sont écartés
de ce postulat en expliquant que l’histoire de la monarchie avait été composée uniquement sur
la base de traditions orales ainsi que sur d’autres sources écrites ne présentant aucun
fondement historique188.

§ 366. La Königsnovelle relative à Saül (Texte B1) s’apparenterait à une tradition pré-
deutéronomiste. En effet, ce passage raconte l’intronisation de Saül suite à sa victoire contre
les Ammonites. Cependant, précédemment il avait déjà été oint par Samuel à deux reprises.
Le Texte B1 ne fait aucune allusion aux deux consécrations passées, il semblerait donc que
cette « narration royale » soit une tradition indépendante pro-Saül qui n’avait à l’origine
aucun lien avec l’histoire globale189. Par la suite, il semblerait que l’école deutéronomiste a
réuni les trois histoires distinctes de couronnement et a tenté de les éditer en un seul récit
fluide190. Ceci explique pourquoi Samuel dit à la fin de la Königsnovelle : « Venez, allons à
Guilgal : nous y renouvellerons la royauté » (1 S 11,14). De cette manière, l’auteur introduit
ce récit dans l’histoire biblique afin de mettre en avant les capacités guerrières de Saül tout en
respectant la chronologie des événements.

§ 367. Une première Königsnovelle relative à David raconte comment il est parvenu à
battre les Philistins grâce à l’aide de Dieu (Texte B2a). Le redoublement de la péricope en
2 S 5,17-27 semble indiquer la nature composite du récit191. Il semble que celui-ci présente
des traces de l’école deutéronomiste qui a modifié le texte de base afin de mettre en avant
l’ascension de David grâce à ses victoires sur les peuples voisins. Les matériaux de base
remaniés par l’auteur semblent ainsi davantage unifiés autour du même thème central192.

187
. N. NA’AMAN, « Sources and Composition in the History of David », dans V. Fritz, Ph.R. Davies (éds.), The
Origins of the Ancient Israelite, JSOTSup 228, 1996, p. 182.
188
. Ibid., p. 170.
189
. T.N.N. METTINGER, op. cit., p. 83-84.
190
. S.L. MACKENZIE, King David, p. 30.
191
. J. VERMEYLEN, loc. cit.
192
. S. PISANO, « 1 Samuel 5-8 et le deutéronomiste : critique textuelle ou critique littéraire ? », dans A. De Pury
et al. (éds), Israël construit son histoire : l’historiographie deutéronomiste à la lumière des recherches
récentes, Le Monde de la Bible 34, 1996, p. 239-240.

488
§ 368. L’oracle de Nathan a suscité de nombreuses controverses autour de la question de sa
composition193 et encore aujourd’hui les débats se poursuivent car aucune réponse définitive
n’est apportée. En revanche deux points ne font aucun doute : l’éditeur deutéronomiste est
responsable de sa forme finale ; le Texte B3a est composé de multiples couches
rédactionnelles 194 . Pour la plupart des chercheurs, soit le Deutéronomiste a modifié
légèrement le récit antérieur du livre de Samuel195, soit il en est résolument à l’origine et
l’aurait composé au VIIe siècle avant notre ère196. Selon certains chercheurs, ce chapitre est un
produit pré-exilique, alors que pour certains il date de la période exilique197. Pour d’autres
encore, le Ps 89, exempt d’incohérences à l’inverse de 2 S 7, aurait servi de modèle pour
l’oracle existant dans le livre de Samuel198, il serait donc plus ancien que la Königsnovelle.
Enfin quelques chercheurs, se ralliant aux conclusions de S. Herrmann, ont pensé que le fait
d’associer ce récit à une Königsnovelle pouvait expliquer son unité formelle199. Bien qu’une
empreinte deutéronomiste soit visible à la lecture de l’oracle, telle que l’inconditionnalité de
la promesse, la trace de l’auteur du livre de Samuel prédomine notamment car il n’est pas fait
mention de l’obéissance à la Loi, thème de prédilection de l’école deutéronomiste dans les
livres des Rois 200 . Toutefois, la promesse dynastique restera le motif clef de l’histoire
deutéronomiste car elle introduira le règne tant attendu de Salomon le bâtisseur201.

§ 369. La première « narration royale » relative à Salomon concerne le rêve qu’il fait à
Gabaon. Ce récit apparaît en 1 R 3,1-15, au début du règne du souverain. Les théories
rédactionnelles à propos des livres des Rois se divisent entre composition pré-exilique et
exilique202. Une fois de plus les avis divergent quant à l’élaboration du texte. Ce dernier est
évidemment marqué par la thématique de la sagesse203. Un consensus semble exister au sein
de la communauté scientifique qui admettrait une relecture deutéronomiste d’une base pré-
deutéronomiste ou même d’un document primitif gabaonite204. Il est possible d’attribuer

193
. S.L. MACKENZIE, « The Typology of the Davidic Covenant », dans J.A. Dearman, M.P. Graham (éds), The
Land that I Will Show You: Esssays on the History and Archaeology of the Ancient Near East in Honour of
J. Maxwell Miller, Sheffield, 2001, p. 172.
194
. S. PISANO, op. cit., p. 259.
195
. A.L. JOSEPH, loc. cit. ; P.K. Jr. MACCARTER, op. cit., p. 215 ; O. SERGI, op. cit., p. 261-262.
196
. S.L. MACKENZIE, « The Typology of the Davidic Covenant », p. 172-178.
197
. P.K. Jr. MACCARTER, op. cit., p. 210-211.
198
. S.L. MACKENZIE, « The Dynastic Oracle: II Samuel 7 », Theological Studies 8, 1947, p. 187-218.
199
. P.K. Jr. MACCARTER, op. cit., p. 213.
200
. A.L. JOSEPH, op. cit., p. 35-36.
201
. S.L. MACKENZIE, « The Typology of the Davidic Covenant », p. 175.
202
. Id., The Trouble with Kings, p. 1-9.
203
. P. BUIS, op. cit., p. 55.
204
. J.-M. HUSSER, Le songe et la parole, p. 64.

489
certains passages à l’école deutéronomiste 205 , toutefois étant donné ces multiples
modifications textuelles il est difficile de discerner le contenu pré-deutéronomiste initial206.
Les auteurs deutéronomistes ont en effet réalisé un vrai travail de composition en adéquation
avec leur idéologie207, bien qu’ils aient conservé le thème principal du texte à travers la
demande de sagesse du souverain208.

§ 370. La Königsnovelle suivante (Texte B6) se rencontre uniquement dans le récit du livre
des Rois et elle n’est pas reprise dans le livre des Chroniques. Effectivement, 1 R 3,16-28 est
un texte original retouché par l’école deutéronomiste, qui fait immédiatement suite au rêve de
Salomon à Gabaon (Texte B5a). L’histoire du monarque empreint de sagesse et capable de
discerner le vrai du faux est commun durant l’antiquité209. Certains biblistes se demandent à
quel stade de la rédaction a été inséré ce chapitre dans le livre des Rois 210 . D’après
D. Nocquet, cet ajout tardif pourrait dater de l’époque perse211. Selon lui, ce texte était
probablement indépendant à l’origine et ce n’est que plus tard qu’il a été rattaché à la
personne de Salomon. Ce dernier n’est d’ailleurs pas mentionné dans la « narration royale »,
mais l’emplacement du texte dans la Bible permet au lecteur de comprendre aisément qu’il est
fait référence au fils de David212.

§ 371. La construction du Temple est l’un des événements majeurs de l’histoire biblique.
Le culte est officiellement centralisé en un unique lieu sacré. Suite à l’oracle de Nathan, cette
tâche incombe à Salomon et une Königsnovelle raconte cette édification en détail (Texte B7a).
Ce récit semble également être un remaniement deutéronomiste faisant suite à l’histoire de
David213. Étant donné les échanges commerciaux décrits entre Israël et les cités phéniciennes,
plusieurs érudits datent ce récit du VIIe siècle avant notre ère. Pour la construction du Temple,
Salomon lève une corvée importante de travailleurs Th. Römer indique que ce passage

205
. Il semble par exemple que l’école deutéronomiste a modifié le début du chapitre afin d’expliquer
favorablement les sacrifices de Salomon à Gabaon. (G.N. KNOPPERS, « “There Was None Like Him”,
p. 415.)
206
. J.-M. HUSSER, Dreams and Dream, p. 162.
207
. Id., Le songe et la parole, p. 64-65.
208
. P. BUIS, op. cit.
209
. Ibid., p. 56.
210
. Ibid., p. 57.
211
. D. NOCQUET, op. cit., p. 131.
212
. Ibid.
213
. P. BUIS, op. cit., p. 65.

490
pourrait rappeler le travail forcé que les Assyriens ont infligé à Juda à la même époque. Les
auteurs bibliques se seraient donc inspirés de la littérature royale néoassyrienne214.

§ 372. Les règnes de Joas et de Josias sont souvent associés, ils sont décrits comme étant
de bons souverains, ils font rénover le Temple et mettent en place des réformes importantes
pour le peuple. La rédaction de leurs deux Königsnovellen (Textes B8a et B10a) est donc
souvent mise en relation : certains chercheurs suggèrent la primauté du récit de Joas sur celui
de Josias tandis que d’autres postulent l’inverse. N. Na’aman considère quant à lui que ces
deux textes ont été composés au même moment par un auteur unique, étant donné que la
compréhension de chacun dépend du contenu de l’autre215. Il semble toutefois que plusieurs
éléments permettent d’apporter plus de précisions. Par exemple, le métal monnayé dans la
« narration royale » de Joas n’est pas attesté en Israël avant le Ve siècle avant notre ère216.
Concernant la Königsnovelle de Josias, certains indices laissent penser que la rédaction
pourrait être en réalité attribuée à un auteur deutéronomiste préexilique217. L’auteur aurait en
effet utilisé des annales royales comme sources pour la rédaction du récit de base. Les
passages pessimistes (2 R 22,15-20) auraient été ajoutés par la suite, durant la période de
l’exil, car les rédacteurs avaient déjà vécu la catastrophe prédite par Houlda218.

§ 373. Pour finir, il reste à examiner les Königsnovellen du Chroniste. Elles sont toutes des
réécritures de textes initiaux (Textes B2b, B3b, B5b, B7b, B8b, B10b), exceptés deux récits
originaux qui existent uniquement en Chroniques (Textes B4 et B9). Le Chroniste est un
auteur plus tardif qui a vécu l’exil. Les livres 1 et 2 Chroniques ont vraisemblablement été
écrits aux alentours de 450-350 avant notre ère219. L’auteur réinterprète donc les figures
royales en fonction de la réalité cultuelle de son époque postexilique. Le Temple joue un rôle
majeur dans son quotidien car il est le lieu de la présence divine et fait partie intégrante de
l’identité d’Israël220. Il remodèle les textes littéraires des livres de Samuel et des Rois en les
adaptant aux nouvelles situations que vit le peuple 221 , ce qui explique certaines des

214
. Th. RÖMER, « Salomon d’après les deutéronomistes », p. 121-123.
215
. N. NA'AMAN, « Royal inscriptions », p. 338-339.
216
. P. BUIS, op. cit., p. 231.
217
. G.N. KNOPPERS, Two Nations under God, p. 125-139.
218
. P. BUIS, op. cit., p. 291 ; S.L. MACKENZIE, The Chronicler’s Use of the Deuteronomistic History, HSM 33,
1985, p. 197-198.
219
. Postuler une date durant la période ptolémaïque semble toutefois difficile à envisager. S.L. MACKENZIE,
King David: a Biography, p. 36; J.H. PERRINE, op. cit., 2013, p. 4.
220
. Ph. ABADIE, « Pérennité dynastique », p. 130.
221
. G.N. KNOPPERS, « Changing History », p. 100.

491
modifications. Il modifie par exemple certains passages de l’oracle de Nathan222 afin de le
conformer à ses préoccupations : la continuité de la promesse davidique et l’unification
d’Israël malgré l’exil223. Le Chroniste remanie les passages concernant les liens existant entre
les actions de David et de son fils ; il met également l’accent sur l’engagement sans faille de
Dieu envers Salomon et sur l’ère unique de prospérité qui caractérise leurs deux règnes224.
Ainsi, Ph. Abadie affirme que la « narration royale » en 1 Chr 17,1-27 « se présente comme
l’exégèse de l’oracle dynastique de 2 S 7 par les milieux lévitiques du second Temple »225.

§ 374. Une grande partie de l’interprétation théologique du Chroniste se révèle à travers


des discours royaux qui n’ont pas de parallèles dans les livres de Samuel ni des Rois. Ce point
concerne deux « narrations royales » associées à David (Texte B4) et Ézéchias (Texte B9). Le
don oratoire caractérisant les bons souverains est une manière pour le Chroniste de présenter
favorablement le règne de ses monarques favoris226. Par l’intermédiaire de l’oracle de Nathan,
David apprend qu’il ne sera pas le bâtisseur du Temple de Jérusalem ce qui ne l’empêche pas
d’aider son fils à commencer les préparatifs227. En 1 Chr 22,1-19, à travers un discours de
forme concentrique David explique donc à tous pourquoi il n’est pas celui qui construit le
Temple. Dans cette Königsnovelle, le Chroniste met en avant plusieurs points qui lui sont
chers : la notion de « repos », la glorification du Temple et l’expérience de David face à la
jeunesse de Salomon228.

§ 375. Enfin, 2 Chr 32,1-23 raconte la bataille qui oppose Ézéchias à Sennachérib. Ce récit
présente une unité littéraire et thématique indéniable229. Plusieurs textes du livre des Rois qui
racontent le même épisode ont été réunis par le Chroniste qui a ensuite retravaillé ces
passages afin de présenter les événements de manière unifiée230. Au sein de ce récit, Ézéchias
encourage le peuple à aller au combat bravement. Fait notable, F.J. Gonçalves établit un lien
entre les deux « narrations royales » spécifiques au Chroniste (Textes B4 et B9). Les verbes
qu’utilise Ézéchias pour exhorter ses sujets se retrouvent dans le discours d’encouragement de

222
. Ph. ABADIE, « Pérennité dynastique », p. 117-130 ; M.A. THRONTVEIT, op. cit., p. 414-418.
223
. R. COLEMAN, « The Davidic Covenant in Chronicles: The Interpretive Retelling of 2 Samuel 7:1-17 in
1 Chronicles 17:1-15 », 2016, p. 3.
224
. G.N. KNOPPERS, « Changing History », p. 103-109.
225
. Ph. ABADIE, op. cit., p. 130.
226
. M.A. THRONTVEIT, op. cit., p. 418.
227
. R.L. BRAUN, « Solomonic Apologetic », p. 510.
228
. M.A. THRONTVEIT, op. cit., p. 420-421.
229
. F.J. GONÇALVES, op. cit., p. 494-495.
230
. Ibid., p. 523.

492
David à son fils Salomon pour la construction du Temple231 . Une certaine logique de
composition est donc visible au sein du corpus des livres des Chroniques, et l’auteur semble
établir des relations entre les Königsnovellen qu’il a composées.

c. De possibles influences étrangères ?

§ 376. Comme précisé dans l’introduction, la présente étude n’a pas pour vocation de
déterminer une quelconque influence égyptienne sur la rédaction des Königsnovellen
bibliques. En revanche, il est tout de même nécessaire de faire un point rapide sur l’état de la
recherche à propos de cette épineuse question. Le premier à s’être intéressé à la « narration
royale » dans la Bible est S. Herrmann. Dans son article232, il tente de démontrer que les récits
2 S 7,1-29 (Texte B3a) et 1 R 3,1-15 (Texte B5a) se sont largement inspirés des textes royaux
égyptiens. Pour cela il relève des points communs entre certaines inscriptions égyptiennes
telles que la « Stèle du Sphinx » de Thoutmosis IV (Texte A14) et le rêve de Salomon à
Gabaon (Texte B5a)233, ou encore entre l’oracle de Nathan (Texte B3a) et la stèle d’Âhmosis
234
(Texte A9) . Il admet toutefois que certains chercheurs avancent une influence
mésopotamienne, notamment par le biais des inscriptions royales néo-assyriennes et néo-
babyloniennes, sur l’oracle de Nathan235. D’ailleurs, il rappelle lui-même que malgré cette
influence égyptienne supposée, il ne faut pas négliger les parallèles de terminologie qui
existent entre les textes bibliques et les actes d’intronisation attestés par les textes sacrés du
Proche-Orient ancien236.

§ 377. Les analyses de S. Herrmann ont suscité de nombreuses réactions. Pour certains les
liens existant entre les corpus royaux égyptiens et vétérotestamentaires ne font aucun doute ;
M. Görg y consacre d’ailleurs une monographie entière 237 . Il réaffirme également les
possibles relations existant entre la « Stèle du Sphinx » de Thoutmosis IV et le rêve de
Salomon à Gabaon238. Cependant ce rapprochement a soulevé d’importantes objections239 :

231
. Ibid., p. 499.
232
. S. HERRMANN, « 2 Samuel VII », p. 119-128.
233
. Id., « The Royal Novella », p. 498-505.
234
. Ibid., p. 506-514.
235
. Id., « 2 Samuel VII », p. 120.
236
. Ibid., p. 126.
237
. M. GÖRG, Gott-König-Reden in Israel und Ägypten, Stuttgart, 1975.
238
. Ibid., p. 54-65.
239
. C.H.W. BREKELMANS, « Salomon at Gibeon », dans J.P.M. Van der Ploeg, W. Delsman (éds), Von Kanaan
bis Kerala: Festschrift für J.P.M. Van Der Ploeg zur Vollendung des siebzigsten Lebensjahres am 4. Juli
1979, AOAT 211, 1982, p. 53-54.

493
J. Van Seters remet en cause certains parallèles cités par S. Herrmann impliquant la mention
des sacrifices ainsi que l’inexpérience du roi. Seule la nature commune de la révélation du
rêve est envisagée sérieusement. Toutefois l’auteur indique que ce dernier élément se retrouve
également dans les récits de la Grèce antique et du Proche-Orient ancien, la relation entre le
rêve de Salomon et la Königsnovelle égyptienne de Thoutmosis IV n’est donc pas
nécessairement prouvée240. Pour C.H.W. Brekelmans, les données comparatives égyptiennes
et mésopotamiennes ne sont pas primordiales, étant donné qu’il est plus judicieux de
comprendre la composition du texte dans son ensemble par rapport aux autres écrits
vétérotestamentaires eux-mêmes241.

§ 378. Pour certains chercheurs, l’idéologie égyptienne a incontestablement façonné les


Psaumes en Israël. Cependant concernant la forme littéraire particulière de la Königsnovelle,
les liens entre 2 S 7,1-29 et les inscriptions du Double-Pays ne sont pas certaines242. Il semble
exister des liens étroits entre les récits mésopotamiens de construction, dans lesquels les rois
tentent d’obtenir l’approbation des divinités, et le projet davidique de construction du temple
exposé dans l’oracle de Nathan. Néanmoins, F.M. Cross considère ce texte comme étant un
écrit purement deutéronomiste et s’oppose aux conclusions de S. Herrmann243. Enfin, certains
événements des Königsnovellen bibliques rappellent fortement d’autres textes antiques.
K. Stott a longuement étudié la découverte du livre de la Loi durant le règne de Josias. Un
grand nombre d’histoires grecques et romaines relatent aussi la découverte d’écrits perdus.
Les rédacteurs utilisaient cet outil littéraire afin d’établir l’authenticité du récit en ayant
recours à de pseudo-connaissances précieuses qui avaient disparu durant une longue
période244. Ces points de contacts entre civilisations ne permettent pas de conclure de manière
définitive dans quels sens les influences se sont déroulées mais ils dressent le portrait de
motifs communs en usage tout au long de l’Histoire de ces deux sociétés.

§ 379. Finalement, les récits bibliques offrent des points de vue différents à propos de la
monarchie. Bien que les Königsnovellen exposent une opinion positive de ce nouveau
système politique, elles participent à un vaste programme théologique ayant pour objectif
final d’expliquer les raisons de l’exil ainsi que la destruction du Temple de Jérusalem. Ces

240
. J. VAN SETERS, op. cit., p. 163-164.
241
. C.H.W. BREKELMANS, op. cit., p. 58-59.
242
. T. ISHIDA, op. cit., p. 83-84.
243
. F.M. CROSS, op. cit., p. 247-255.
244
. K. STOTT, « Finding the Lost Book of the Law: Re-reading the Story of “The Book of the Law”
(Deuteronomy-2 Kings) in Light of Classical Literature », JSOT 30/2, 2005, p. 161-165.

494
textes ont dû être composés à une certaine époque pour des raisons mutliples, puis par la suite
l’école deutéronomiste (puis le Chroniste) les a remodelés sous leur forme finale de
Königsnovellen afin de les intégrer à son projet théologique. Le contexte d’émergence de ces
« narrations royales » est donc à comprendre de manière idéologique et non pas historique car
concevoir une date précise de rédaction pour chacun de ces textes semble impossible.

495
CHAPITRE 7. NOTIONS DE ROYAUTÉS ÉGYPTIENNE ET BIBLIQUE

§ 380. L’étude de la figure du roi dans les Königsnovellen est indispensable pour
comprendre la construction de la figure royale en Égypte et dans la Bible au fil des siècles.
Les Königsnovellen, rédigées sur une longue période, permettent donc d’envisager les
particularités qui caractérisaient un bon souverain.

1) Le roi, berger de son peuple

§ 381. L’image du monarque en tant que berger ou pasteur est couramment usitée durant
l’Antiquité 245 . Cette comparaison se retrouve dans plusieurs « narrations royales »
(Textes A5, A7, A18, A26, B3a, B3b). Sésostris Ier raconte à propos du dieu Horakhty : « Il a
fait en sorte que je sois le berger de ce pays, il connaît celui qui le rassemble pour lui »
(Texte A5). Râhotep est qualifié de « parfait berger pour le peuple » (Texte A7) et Séthy Ier de
« parfait berger qui approvisionne son armée » (Texte A18). Dans de nombreux récits
égyptiens, pharaon, représentant de l’image d’Horus sur terre, est perçu comme le guide du
pays246. La thématique du berger et du pasteur apparaît assez tôt dans les textes et au Moyen
Empire, notamment dans le papyrus Westcar247, le peuple du Double-Pays est assimilé au
« troupeau de dieu »248. Elle connaît par la suite un important développement durant le
Nouvel Empire 249 . Comme de nos jours, un berger avait pour fonction de guider ses
troupeaux et de prendre soin d’eux, prévoyant les ressources nécessaires pour ses bêtes. Il
pouvait également être amené à les défendre en cas d’attaque de prédateurs. Le roi antique
avait exactement les mêmes devoirs envers son peuple : il devait le sustenter et faire qu’il vive
dans la prospérité, mais aussi le protéger face aux attaques ennemies ainsi que le guider dans
le droit chemin afin qu’il respecte la maât. Il n’est donc pas surprenant que les scribes
égyptiens aient utilisé l’image du berger pour mettre en exergue les obligations royales. Pour
la survie du troupeau et donc du peuple, le pharaon doit endosser la responsabilité d’être leur
berger. D’ailleurs, dans le Texte A26, lorsque les commandants sont à la recherche d’un
nouveau monarque pour remplacer celui qui vient de mourir, déboussolés ils s’exclament :
« Venez, faisons apparaître en procession notre seigneur (car nous sommes) comme un

245
. D. MÜLLER, « Der gute Hirte », ZÄS 86, 1961, p. 126-144 ; Ph. DE ROBERT, Le berger d’Israël : Essai sur le
thème pastoral dans l’Ancien Testament, Cahiers Théologiques 57, 1968, p. 9-20.
246
. N. GRIMAL, Les termes de la propagande, p. 348.
247
. B. MATHIEU, « Khéops et les magiciens », p. 12, note 45.
248
. N. GRIMAL, op. cit., p. 349.
249
. Ibid. ; E. KOLEVA-IVANOV, « L’image du pâtre (mnjw/nr) dans les textes magiques du Nouvel Empire »,
BIFAO 106, 2006, p. 171-182.

496
troupeau de bétail sans leur berger. » L’absence de pouvoir monarchique signifie donc le
chaos.

§ 382. Dans l’Ancien Testament, la thématique du berger est employée à plusieurs reprises
de manière similaire. Cette image, également fréquente dans l’idéologie royale
mésopotamienne250, a été utilisée par les prophètes lorsqu’ils condamnaient les dirigeants
incompétents d’Israël (Ez 34, Za 3). Certains, comme Michée, prophétisent la venue d’un
nouveau berger qui ferait paître le « troupeau de Dieu », ce dernier se rapportant bien entendu
à son peuple (Mi 5,1-5)251. Au sein de la Bible, les souverains étrangers peuvent aussi être
qualifiés de berger : c’est notamment le cas de Cyrus qui gouverne le peuple de Juda
(Es 44,28). Mais l’utilisation la plus notable de cette comparaison concerne David. Au tout
début de son histoire, lorsqu’il n’est pas encore devenu roi, David est décrit comme un berger
qui s’occupe des troupeaux de son père (1 S 16,1-23). En faisant de lui un berger, les auteurs
bibliques font ainsi allusion à son avenir royal car David deviendra effectivement le berger du
peuple d’Israël252. Samuel est alors surpris de découvrir que Dieu lui a demandé d’oindre un
berger, cependant l’activité de David est typique de la société judéenne. Le parallèle qui est
fait entre son quotidien, faire paître les troupeaux de sa famille, et sa fonction future de roi
d’Israël, est donc compréhensible. Le petit berger est en effet promis à un avenir
exceptionnel253 et le fait que Dieu désigne un individu n’appartenant pas à la famille de Saül
pour régner renforce davantage son choix divin. Par la suite, alors que David n’a pas encore
été oint comme roi, il affronte Goliath (1 S 17,1-54). Afin de convaincre Saül de le laisser
aller combattre le colosse, il lui raconte de quelle manière il protège ses troupeaux des
animaux sauvages. Ces exploits guerriers font de David le berger un redoutable combattant
avant même qu’il ne monte sur le trône ; il sera donc capable de lutter pour protéger son
peuple. De plus, c’est avec une fronde que David bat le Philistin, arme qui est utilisée de
l’Antiquité jusqu’au Moyen-Âge par les bergers afin d’éloigner les prédateurs de leurs
bestiaux254. Il est toutefois important de préciser que le récit de la première onction de David
en 1 S 16,13 est un ajout secondaire à l’histoire rédigée par l’école deutéronomiste dans un
but littéraire et théologique précis. En effet, les livres de Samuel ne font aucune autre mention
de cette onction. Ce passage met en avant le fait que David a été fait roi alors que Saül était

250
. P. BORDEUIL, F. BRIQUEL CHATONNET, op. cit., p. 200 ; W. DIETRICH, op. cit., p. 60.
251
. S.L. MACKENZIE, King David, p. 49.
252
. Id., « “Yahweh was with him” », p. 156.
253
. P. BORDEUIL, F. BRIQUEL CHATONNET, op. cit., p. 199-200.
254
. W. DIETRICH, loc. cit.

497
encore en vie. L’histoire de David et Goliath, est également à la base une légende
indépendante qui a été adaptée par la suite au récit biblique. Ceci explique pourquoi dans
certains textes David est un pasteur innocent alors que dans d’autres il est qualifié de terrifiant
guerrier : diverses traditions cohabitent dans les récits royaux vétérotestamentaires255. Ces
événements liés à la personne de David en tant que berger sont en quelque sorte une annonce
de la préfiguration sans équivoque de son futur rôle de souverain, un guerrier capable de
guider ses sujets256.

§ 383. Néanmoins, la métaphore du dirigeant comme berger est utilisée par la suite lorsque
David devient roi et demeure notamment présente dans l’oracle de Nathan (Textes B3a et
B3b)257. À deux reprises, c’est dans la bouche de Dieu que cette image réapparaît. Dans ces
deux « narrations royales », Dieu rappelle à David son ancienne condition de berger : « C’est
moi qui t’ai pris au pâturage, derrière le troupeau, pour que tu deviennes le chef d’Israël, mon
peuple. » (2 S 7,8). Dans la seconde, la thématique est plus développée car la question de
Dieu permet de mettre en exergue le fait que les rois ne sont pas les seuls à être comparés à
des bergers ; les juges l’étaient également : « ai-je dit une parole à l’un des juges d’Israël, à
qui j’ai ordonné de faire paître mon peuple ? » (1 Chr 17,6) (Texte B3b). Enfin, cette analogie
a été adoptée ensuite dans des récits non royaux tels que les Psaumes : « Il choisit David son
serviteur, le prenant dans une bergerie : de derrière ses brebis, il le fit venir ; il en fit le berger
de Jacob son peuple, d’Israël son patrimoine. Berger au cœur irréprochable, il les guida d’une
main avisée. » (Ps 78,70-72) 258 et connaît une transmission majeure dans le Nouveau
Testament en la personne de Jésus.

2) Respect de la maât et respect de la Loi

§ 384. Étant donné que le concept de maât est fortement lié à la fonction royale, ce terme
est récurrent dans les Königsnovellen égyptiennes (Textes A6, A11, A14, A16a, A19, A20,
A22, A24, A28)259. Maât est à la fois un principe et une déesse260, elle représente l’ordre

255
. S.L. MACKENZIE, King David, p. 49-50.
256
. W. DIETRICH, loc. cit.
257
. S.L. MACKENZIE, op. cit., p. 50.
258
. P. BORDEUIL, F. BRIQUEL CHATONNET, op. cit., p. 200.
259
. Pas seulement, ce concept est omniprésent dans la littérature égyptienne et se retrouve dans des textes très
disparates (J. ASSMANN, Maât, l’Égypte pharaonique et l’idée de justice sociale, Paris, 2010, p. 15).
260
. H. FRANKFORT, op. cit., p. 51.

498
cosmique et social261 qui garantit la stabilité du monde262. Le nom maât recouvre de multiples
principes : la vérité, l’ordre, la justice, la solidarité, l’authenticité, la stabilité...263 Cette idée,
point central de la vision du monde des Égyptiens anciens, justifie les devoirs de la
monarchie264. Par conséquent, les responsabilités qui incombent à pharaon sont essentielles
pour le maintien de l’ordre afin qu’il fasse prospérer le Double-Pays comme durant la
Première Fois265. Le maintien de cet univers parfait établi par le créateur266 dépend des
actions du souverain : protéger les frontières du pays, pourvoir aux besoins de la population,
célébrer les cultes, entretenir les temples et faire respecter la justice267. Ces obligations sont
donc imposées par les dieux au roi afin qu’il préserve l’Égypte268. Il est toutefois nécessaire
de rappeler que cette définition de la maât correspond à une interprétation assez récente de la
recherche égyptologique269. En effet, l’aspect idéaliste du concept qui ressort souvent des
récits est à envisager dans le contexte d’une construction littéraire savamment pensée270.
Comme le souligne justement Th. Schneider, la réalisation de la maât induit un contrôle
social strict car de nombreuses règles sont mises en place271. Il existe en effet des œuvres,
telles que l’Enseignement de Ptahhotep, exposant les recommandations particulières
nécessaires aux hommes afin qu’ils puissent conserver et transmettre les principes de la
maât272. Respecter ces normes est un devoir273 constant qui entraîne des récompenses ; à
l’inverse, les enfreindre provoque des sanctions274. Cette justice particulière275, en lien avec la
population, est de ce fait associée à l’application de l’ordre public par l’État (police, armée,
fiscalité)276, parallèlement à la justice universelle dont seul le roi est garant277. Le caractère

261
. B. MENU, « Maât, ordre social et inégalités dans l’Égypte ancienne. De l’apport égyptien au concept gréco-
romain de justice », Droit et cultures 69/1, 2015, p. 3.
262
. Ibid., p. 7. (consultée le 21 mai 2019)
263
. J. ASSMANN, « Égypte ancienne, la mémoire monumentale», dans Ph. Gignoux (éd.), La commémoration.
Colloque du centenaire de la section des sciences religieuses, BEHE Sciences religieuses 91, 1988, p. 52 ;
Th. SCHNEIDER, « Law and Order: Ma’at and Social Control », dans M. Babej (éd.), Yesterday – Tomorrow.
A Work in Aspective Realism, Heidelberg/Berlin, 2017, p. 65.
264
. Th. SCHNEIDER, loc. cit.
265
. H. FRANKFORT, loc. cit.
266
. P. GRANDET, « L’historiographie égyptienne », p. 190.
267
. Ibid.
268
. A. PÉREZ LARGACHA, « Preservación del orden versus propaganda: “cultura de la guerra” o “culto a la
guerra” en los textos militares faraónicos », dans F. Carmona Fernández et al. (éds), Guerra y violencia en la
literatura y en la historia, Murcie, 2018, p. 9.
269
. J. ASSMANN, Maât, p. 17.
270
. J. BAINES, « Kingship, Definition of Culture », p. 12.
271
. Th. SCHNEIDER, op. cit., p. 67.
272
. B. MENU, op. cit., p. 8.
273
. S. MORENZ, op. cit., p. 222.
274
. Th. SCHNEIDER, loc. cit.
275
. B. MENU, op.cit., p. 4.
276
. Th. SCHNEIDER, loc. cit.
277
. B. MENU, loc. cit.

499
surnaturel de pharaon est censé être reconnu par le peuple278 qui se soumet de manière totale à
l’idéologie de la maât279.

§ 385. La maât est une création qui date de l’Ancien Empire et qui représente au départ,
comme l’explique J. Assmann, l’idée unificatrice selon laquelle il est possible de rassembler
le peuple égyptien dans son intégralité sous une même « domination commune »280. À cette
époque, les récits (auto)biographiques font référence à maât notamment dans des contextes
judiciaires, car elle garantit la véracité des discours gravés281. Présente également dans les
récits royaux, le premier mythe relatif à maât se trouve dans les Textes des Pyramides et
raconte comment le roi est parvenu à mettre maât à la place d’isefet dans « l’Île des
flammes » ou « l’Île de l’Embrasement »282. Bien qu’à cette période les rois incorporent maât
dans leurs titulatures283, le concept n’est pas encore « thématisé » et aucune explication
précise n’est donnée284. À l’origine, le roi est l’incarnation et l’institutionnalisation de la
maât285, puis avec la création d’Osiris, elle est déléguée à ce dernier qui en devient le
possesseur et le dépositaire attitré. Par la suite, le monarque ne la possède plus mais doit faire
en sorte de la préserver pour maintenir l’harmonie universelle. Le pouvoir monarchique, loin
de perdre son autorité, renforce au contraire son emprise en plaçant l’ordre établi sous
« l’autorité d’une instance divine universelle »286. C’est à la chute de l’Ancien Empire et donc
à la disparition de l’ordre pharaonique que le besoin d’institutionnaliser ce concept se fait
sentir. Les réflexions sur maât se développent et servent par la suite de base intellectuelle au
Moyen Empire287.

§ 386. L’État existe donc pour que la maât soit réalisée afin que le monde demeure
habitable288. Bien que sa présence parmi les hommes soit un gage de la préservation de
l’harmonie sociale et de l’équilibre universel, des troubles peuvent venir perturber cette paix

278
. H. FRANKFORT, op. cit., p. 52.
279
. Th. SCHNEIDER, op. cit., p. 68.
280
. J. ASSMANN, Maât, p. 30.
281
. L. COULON, op. cit., p. 126-127.
282
. J. ASSMANN, Maât, p. 114.
283
. M. BARTA, V. DULIKOVA, « Politics of Religious Symbols: Maat as a Concept of Rule, Justice and
Kingship », dans P. Piacentini, A. Delli Castelli (éds), Old Kingdom Art and Archaeology 7. Proceedings of
the International Conference. Universita degli studi di Milano 3-7 July 2017. Volume I, EDAL VI, 2017, p.
34-39.
284
. B. MATHIEU, « Mais qui est donc Osiris ? », p. 85.
285
. J. ASSMANN, Maât, p. 32.
286
. B. MATHIEU, op. cit., p. 85-86.
287
. J. ASSMANN, Maât, p. 32.
288
. Ibid.

500
fragile289. Déjà à la période protodynastique, le schéma idéologique gravitant entre chaos et
ordre commence à se fixer290. La maât, caractérisée par son contenu, l’est également par son
antonyme isefet qui désigne le chaos, le désordre et l’injustice291. Toute l’histoire égyptienne
se résume donc à la lutte cyclique qui oppose ces deux idées292. Le roi doit être capable de
discerner les forces positives et négatives293 et c’est exactement ce qui se déroule au sein des
Königsnovellen. En effet, l’élément déclencheur qui fait débuter chaque récit correspond à
une perturbation de l’ordre que le souverain doit écarter afin de triompher des manifestations
du mal294. Le roi est investi de cette charge295, il doit « satisfaire la maât » (Texte A22) en
prenant les décisions adéquates pour éloigner le désordre. Le célèbre récit des Lamentations
d’Ipouour décrit précisément les catastrophes qui se déroulent lorsque le souverain échoue
dans sa mission. Ce « traité de la maât », comme le nomme B. Menu, expose effectivement
les désastres que subit l’Égypte face à l’incompétence du pouvoir monarchique et donc du
retrait de la maât universelle296. Toutes les « narrations royales » égyptiennes se concluent
systématiquement sur une note positive car leur objectif est justement de montrer que pharaon
a su prendre les bonnes décisions pour rétablir l’équilibre précédemment menacé. Les
Königsnovellen dépeignent des rois compétents et légitimés par les dieux qui leur viennent en
aide. Suivre la voie de la maât permet ainsi d’atteindre éternellement la perfection dans la
mémoire collective297.

§ 387. Le roi est toutefois systématiquement assisté des dieux étant donné qu’il est à leur
service. Pharaon est souvent représenté en train d’offrir la maât aux divinités298, il rend ainsi
compte de sa fonction aux yeux de tous299. En échange de son présent, les dieux assurent
l’équilibre du pays300 en renouvelant les cycles vitaux301. La maât englobe donc diverses
idées : idéal social que chaque individu se doit d’atteindre, jugement des hommes, lutte royale

289
. B. MENU, op. cit., p. 3.
290
. A. PÉREZ LARGACHA, « Preservación », p. 9.
291
. B. MENU, op. cit., p. 9.
292
. P. GRANDET, « L’historiographie égyptienne », p. 191 ; N. GRIMAL, Les termes de la propagande royale,
p. 304.
293
. N. GRIMAL, loc. cit.
294
. Ibid., p. 305.
295
. B. MENU, op. cit., p. 7.
296
. Ibid., p. 8-9.
297
. J. ASSMANN, « Égypte ancienne », p. 53.
298
. E. TEETER, The Presentation of Maat: ritual and legitimacy in ancient Egypt, SAOC 57, 1997.
299
. P. GRANDET, loc. cit.
300
. N. GRIMAL, op. cit., p. 294.
301
. B. MENU, op. cit., p. 7.

501
permanente pour éloigner le chaos302 et actions pour satisfaire les dieux303. Ainsi le créateur
répand la maât dans l’univers en accordant à chacun la lumière et le temps, puis à travers le
culte et la justice, le roi la propage sur terre. La propagande royale met donc en avant le fait
que le roi est capable de faire régner la maât304 à travers des actions extraordinaires telles que
celles décrites dans les « narrations royales » et qu’il ne cesse de « chercher ce qui est utile »
pour son pays (Textes A4, A5, A6, A7, A9, A11, A12, A14, A18, A22, A27b, A29).

§ 388. À la manière des pharaons égyptiens, les rois bibliques doivent eux aussi suivre une
liste de préceptes et de règles dictés par Dieu. Le livre de la Loi, Torah dans la tradition juive,
correspond à la volonté de Dieu transmise par les cinq livres du Pentateuque. Ces
prescriptions scellent l’alliance entre Dieu et son peuple. Il semblerait que l’histoire du livre
de la Loi puisse être retracée à travers divers écrits bibliques tels que le Deutéronome305,
Josué, 1 Rois, 2 Rois et bien d’autres. La tradition présente Moïse comme celui qui est à
l’origine de la rédaction du Pentateuque (à l’exception du récit de sa mort en Dt 34), mais
l’histoire rédactionnelle des livres de la Torah est en réalité longue et complexe306 (Dt 4,44-
45 ; Dt 31,9 ; Js 23,6 ; Js 8,31-32 ; 1 R 2,3 ; 2 R 14,6 ; 2 R 23,25). Moïse est également
dépeint comme celui qui reçoit les tables de la Loi sur lesquelles sont inscrites les Dix
Commandements (Ex 31,18 ; Ex 34,1-27). Il est donc, dès le début de l’histoire biblique,
représenté comme étant fortement lié à l’alliance divine307.

§ 389. Sous Josué (Js 8,30-31), le peuple est décrit comme respectant les prescriptions du
livre de la Loi, cependant ce dernier n’est plus mentionné ni dans les récits des Juges ni durant
les premiers temps de la royauté. En-dehors du Deutéronome, les tables sont mentionnées
pour la première fois lorsque Salomon transfère l’arche dans le Temple de Jérusalem
nouvellement construit (1 R 8,9) 308 . Dt 17,18-19 expose la vision deutéronomiste de la
royauté309 : « Et quand il sera monté sur son trône royal, il écrira pour lui-même dans un livre
une copie de cette Loi, que lui transmettront les prêtres lévites. Elle restera auprès de lui, et il

302
. J. BAINES, « Kingship, Definition of Culture, and Legitimation », p. 12.
303
. J. ASSMANN, Maât, p. 116.
304
. B. MENU, op. cit., p. 9.
305
. K. STOTT, op. cit., p. 154.
306
. G.J. VENEMA, Reading Scripture in the Old Testament: Deuteronomy 9-10 ;31 - 2 Kings 22-23 - Jeremiah 36
- Nehemiah 8, Oudtestamentische studiën 48, 2004, p. 50.
307
. Voir K. STOTT, op. cit., p. 166 et N. NA’AMAN, « The “Discovered Book” and the Legitimation of Josiah’s
Reform », JBL 130/1, 2011, p. 48-49.
308
. G.J. VENEMA, op. cit., p. 51.
309
. M. LIVERANI, La Bible et l’invention de l’histoire : histoire ancienne d’Israël, Paris, 2008, p. 425.

502
la lira tous les jours de sa vie, pour apprendre à craindre le Seigneur son Dieu en gardant, pour
les mettre en pratique, toutes les paroles de cette Loi, et toutes ses prescriptions, sans devenir
orgueilleux devant ses frères ni s’écarter à droite ou à gauche du commandement, afin de
prolonger, pour lui et ses fils, les jours de sa royauté au milieu d’Israël. » Ce passage exprime
clairement le fait que le souverain biblique est soumis au respect de la Loi, il en est le garant
et doit montrer le bon exemple à ses sujets étant donné qu’il est investi du pouvoir
monarchique310. L’histoire de la monarchie biblique se résume donc à louer les actions des
souverains honorables et à condamner les infidélités des rois impies face à la Loi311. Les
monarques n’ayant pas suivi le chemin de la Loi sont ainsi jugés sévèrement dans les écrits
royaux vétérotestamentaires312.

§ 390. Le roi, en tant qu’agent du culte, doit veiller à la restauration du Temple, au respect
des commandements de la Torah et au bon déroulement du culte 313. Tous les souverains
intervenant dans les Königsnovellen bibliques sont, dans l’ensemble314, jugés favorablement
par les auteurs vétérotestamentaires, excepté Saül qui est un cas particulier étant donné qu’il
est désigné à l’origine comme roi par la population et qu’il ne respecte pas les
commandements de Dieu (1 S 15,11). Le monarque biblique est systématiquement décrit
comme « le serviteur de Dieu ». Dans l’oracle de Nathan (Textes B3a et B3b), David est à de
nombreuses reprises qualifié de « serviteur ». Il en est de même pour Moïse puis Josué
(Js 1,1-7, Texte B8b). La « narration royale » fait donc un lien entre la promesse de la terre
promise faite à Moïse et la royauté éternelle garantie à David315. Celle-ci est toutefois
conditionnée par l’observance de la Loi pour les auteurs des livres de Chroniques et de
Samuel316. Dans le songe de Gabaon (Textes B5a et B5b), Salomon est également nommé
« serviteur ». Le récit insiste plusieurs fois sur cette appellation qui se rapporte à son père et à
lui-même créant ainsi une continuité entre les deux individus317. Enfin, Ézéchias est désigné
de la même manière lorsqu’il combat Sennachérib (Texte B9).

310
. G.J. VENEMA, loc. cit.
311
. M. LIVERANI, op. cit., p. 427.
312
. G.J. VENEMA, loc. cit.
313
. M. LIVERANI, op. cit., p. 426.
314
. Les visions positives qu’offre le récit biblique sont parfois nuancées étant donné les divers courants de
pensées qui s’entremêlent dans l’Ancien Testament.
315
. F.M. CROSS, op. cit., p. 251-252.
316
. M. LIVERANI, loc. cit.
317
. Cl. LICHTERT, op. cit., p. 266-267.

503
§ 391. À la manière des Lamentations d’Ipouour, le texte biblique décrit les conséquences
catastrophiques qui se produiraient si la population et le monarque ne se conformaient pas aux
règles de la Loi318. À l’achèvement de l’édification du Temple de Jérusalem, Dieu apparaît
une seconde fois à Salomon. Il explique à ce dernier qu’il honorera la promesse faite à David
si les rois respectent ses lois. En revanche, s’ils s’en détournent et si la population se
prosterne devant d’autres divinités, il fera disparaître le peuple d’Israël de la surface de la
terre (1 R 9,4-9). Le roi biblique, serviteur de Dieu, a donc pour rôle de faire respecter sa
parole. Un bon souverain doit par exemple veiller à centraliser le culte et supprimer tous les
hauts lieux où Israël adore des idoles. Ézéchias et Josias sont les premiers à mettre en place de
telles réformes319, qui s’accordent parfaitement avec le livre de la Loi320. Les Königsnovellen
de Josias (Textes B10a et B10b) racontent la découverte du livre de la Loi dans le Temple de
Jérusalem durant sa restauration. Le livre, accompagnant l’arche, y avait été installé
précédemment par Salomon, ce qui explique pourquoi il s’y trouvait321. Étant donné que le
livre avait été perdu pendant de longues années, sa signification était obscure, Josias fait donc
appel à la prophétesse Houlda afin qu’elle l’interprète322. Cette dernière prophétise alors que
Dieu apportera un désastre à son peuple car celui-ci n’a pas obéi aux commandements du
livre323. Josias sera toutefois épargné car il a été un roi idéal324. Le royaume allait donc être
livré aux mains des ennemis et la population, exilée325. Ensuite, Josias fait la lecture du livre à
la population et rétablit la Pâque qui n’était plus pratiquée de cette manière-là depuis la
période des juges326. Il rappela les transgressions faites par ses prédécesseurs, notamment
celles des deux mauvais rois Manassé et Amon327, qui s’étaient éloignés des paroles de
Dieu328. Ainsi, en n’honorant pas les lois de Dieu, la population et les mauvais souverains
avaient entraîné la colère divine, tout comme l’avait fait le peuple de la génération de
l’Exode329. En réformant le culte au regard du contenu de la Torah330, Josias témoigne de son
statut de monarque parfait, cependant il n’apporte qu’un léger répit face à l’inévitable
dénouement. L’histoire d’Israël et de Juda dépeinte dans les livres des Rois décrit donc les

318
. Voir K. STOTT, op. cit., p. 153.
319
. Ibid., p. 155-156.
320
. Th. RÖMER, « La découverte du Livre », Lumière & Vie 291, 2011, p. 36.
321
. K. STOTT, op. cit., p. 154.
322
. Ibid., p. 165-166.
323
. Ibid., p. 155.
324
. G.J. VENEMA, op. cit., p. 52.
325
. Ibid., p. 63.
326
. K. STOTT, loc. cit.
327
. G.J. VENEMA, loc. cit.
328
. Ibid., p. 78.
329
. Ibid., p. 78-79.
330
. K. STOTT, op. cit., p. 153-156.

504
règnes des souverains en fonction de leur respect de la Torah331 ainsi que des conséquences de
leurs actes sur le peuple de Jérusalem et de Juda.

3) Prédestination et filiation divines

§ 392. L’idée de filiation entre le souverain et la divinité est commune à de nombreuses


sociétés antiques. C’est un élément récurrent dans les Königsnovellen égyptiennes car elles
concernent tous les pharaons. À la fin de la IVe dynastie, le roi devient le fils de Rê332 et de
manière récurrente cela sera notifié dans toutes les titulatures royales (Textes A5, A6, A7, A9,
A10, A13, A14, A17, A18, A19, A20, A21, A22, A24, A25, A26). Le souverain reste
néanmoins un Horus, il demeure ainsi inséré dans la chaîne dynastique et grâce à sa nouvelle
filiation, il est légitimé en tant que fils divin. J. Assmann fait un parallèle intéressant entre la
figure de pharaon et celle de Jésus qui est de la même manière que pharaon intégré dans une
lignée en tant que descendant de David et légitimé parce qu’il est le fils engendré par l’Esprit
de Dieu333. Durant le Nouvel Empire, le souverain n’est plus légitimé seulement par sa
filiation divine semblable à celle d’Horus et d’Osiris. En plus de cela, un oracle ou un songe
pouvait également le prédestiner à régner334. Ce procédé littéraire est la plupart du temps
employé par des rois dont la situation politique était inhabituelle : une prise de pouvoir indue,
une régence ou une descendance non directe335.

§ 393. Thoutmosis IV utilise un rêve pour mettre en exergue le fait qu’il est le fils direct du
dieu solaire Harmachis et que celui-ci l’a désigné pour devenir pharaon. Devant probablement
écarter la présence de frères aînés336, au cours du songe le dieu en personne vient lui conférer
la royauté tel « un père qui s’adresse à son fils » (Texte A14). Harmachis s’adresse à
Thoutmosis comme à son enfant et lui accorde la royauté en lui disant : « Tu es mon fils, mon
protecteur ». Il ne fait donc plus aucun doute, Thoutmosis IV est roi car le dieu l’a décidé. De
même, Hatchepsout mentionne sa désignation oraculaire par Amon à plusieurs reprises au
cours de son règne afin d’asseoir sa prétention au trône face au jeune Thoutmosis III337. Elle
se décrit comme la fille d’Amon et l’appelle « mon père » systématiquement (Textes A11 et
331
. G.J. VENEMA, op. cit., p. 50-51.
332
. J. ASSMANN, « Politik zwischen Ritual und Dogma. Spielraüme politischen Handelns im pharaonischen
Ägypten», Saeculum 35, 1984, p. 99.
333
. Ibid.
334
. A. LOPRIENO, « Le Pharaon reconstruit », p. 20.
335
. M.-A. BONHÊME, op. cit., p. 141-142 ; Sh. ALLAM, op. cit., p. 3.
336
. M.-A. BONHÊME, op. cit., p. 151-152.
337
. Ibid., p. 141 et 148.

505
A12). Enfin, le Texte 26 raconte l’élection d’Aspelta en tant que pharaon grâce la nomination
oraculaire d’Amon-Rê. Cette « narration royale » est remarquable car elle est l’unique
exemple d’une telle cérémonie : plusieurs individus sont présentés face au dieu qui désigne
Aspelta seulement après la deuxième présentation338. Lorsque la divinité sélectionne Aspelta,
elle accentue son choix en rappelant que le père mortel de ce dernier était également son fils
et qu’il était aussi un fils de Rê. La descendance d’Aspelta est donc légitime pour régner,
Amon-Rê devient son père divin et lui son fils bien-aimé. Pharaon peut donc devenir roi par
choix divins et oracles prophétiques339.

§ 394. Le modèle de la succession d’un père à son fils remonte au mythe osirien dans
lequel Horus succède à son père Osiris au dépend du frère rival Seth. La prédestination royale
exprimée par le mythe de la filiation divine est omniprésente dans les récits égyptiens340.
Selon les époques et les contextes, pharaon peut être le fils de plusieurs divinités telles
qu’Amon (Textes A10, A13, A15, A20, A22, A25), Khnoum (Texte A30), Amon-Rê
(Textes A13, A18, A19, A24, A25, A26, A29), Osiris (Textes A6 et A26), Montou
(Texte A20), Rê (Textes A10, A13, A19, A20), Atoum (Textes A5, A14, A19, A20), Horus
(Texte A19), Rê-Horakhty-Atoum (Textes A21, A29), Ptah-Sokar (Texte A25), Hâpi
(Texte A19), Min (Texte A7), Harmachis (Texte A14), Ptah (Texte A21) ou encore Aton
(Texte A17). Étant le fils des dieux, le roi est décrit comme provenant de leurs chairs
(Textes A13, A14, A19, A29) car il a été conçu par eux.

§ 395. La création physique du souverain par les divinités est parfois décrite341. Dans la
stèle de Kouban ce sont les dieux eux-mêmes qui narrent la conception de Ramsès II. Ainsi le
monarque, progéniture des divinités, est engendré (Textes A15, A24) à partir de leur semence
(Textes A11, A15, A19, A29). Cette assimilation divine342 explique la nature exceptionnelle
du roi façonné à l’image d’Horus343, il est par essence d’origine divine344 et possède leurs
qualités. À travers la description des modifications biologiques de sa personne, le souverain
se présente comme l’instrument de la volonté divine345. Cette prédestination est visible bien

338
. N. GRIMAL, Les termes de la propagande royale, p. 213-216.
339
. M.-A. BONHÊME, op. cit., p. 146.
340
. Ibid., p. 139-140.
341
. N. GRIMAL, op. cit., p. 95.
342
. Ibid., p. 99.
343
. J. ASSMANN, « Politik zwischen Ritual und Dogma », p. 99.
344
. M.-A. BONHÊME, op. cit., p. 141.
345
. Ibid.

506
avant sa naissance car déjà dans l’œuf il est destiné à s’emparer du trône346. L’image de l’œuf
se développe principalement à la XVIIIe dynastie mais elle existe déjà avant (Textes A5, A6,
A11, A19, A29)347. Le monarque enfant est également mentionné comme étant capable de
comprendre les problématiques qui incombent à un chef d’État (Textes A15, A19). De plus, le
souverain égyptien est connu depuis ses débuts348, l’univers a donc conscience de sa royauté à
venir avant même qu’il ne naisse349. Cette conception est tout à fait différente dans les récits
bibliques. Ainsi, au sein des Königsnovellen de Salomon (Textes B5a et B5b), ce dernier
révèle à Dieu qu’il ignore comment gouverner. N’étant pas engendré par Dieu et donc n’étant
pas une divinité lui-même, l’aveu de faiblesse de Salomon met en avant la nécessité d’avoir
Dieu à ses côtés pour savoir comment régner sur son peuple, à l’inverse de pharaon qui est
déjà compétent dans l’œuf.

§ 396. Il est toutefois nécessaire de préciser que malgré l’importance du lien qui existe
entre pharaon et les divinités, la relation filiale qu’il entretient avec son père humain est
également primordiale. Dans la Königsnovelle de Thoutmosis II, ses courtisans au détour
d’une conversation lui rappellent les forteresses qu’avait construites son père Âakhéperkarê
après ses victoires (Texte A10). Cette relation père–fils renvoie à l’impératif de
surpassement350. Pharaon doit honorer la figure paternelle qui l’a précédé en accomplissant
des actes de piété envers sa personne, il s’agit de la répétition de l’archétype de l’acte filial
accompli par Horus pour Osiris351. Toutefois, il doit aussi faire plus que lui, afin de s’en
démarquer et de laisser sa trace dans l’Histoire. Reste à savoir en définitive si les Égyptiens
considéraient comme valable la désignation du roi par son prédécesseur352, ou bien seulement
par droit divin ?353

§ 397. Parallèlement à la doctrine de la filiation divine, la liturgie de la théogamie est


pratiquée. Pharaon est légitimé par sa mère qui s’est précédemment unie au dieu afin de le
concevoir 354 . La filiation divine féminine est également mentionnée dans certaines

346
. N. GRIMAL, Les termes de la propagande royale, p. 114.
347
. Ibid., p. 97-98.
348
. A. SPALINGER, « New Kingdom Eulogies », p. 417.
349
. N. GRIMAL, op. cit., p. 108.
350
. P. VERNUS, op. cit., p. 88-89.
351
. Ibid., p. 40.
352
. J. BOUCHARD, op. cit., p. 58-63.
353
. M.-A. BONHÊME, op. cit., p. 139.
354
. Ibid., p. 141 ; B. MATHIEU, « La semence et l’effluve. Nouvelle lecture de la “théogamie” dans l’Égypte
ancienne », dans Cl. Audouit, B. Mathieu, E. Panaite (éds), Les fluides corporels en Égypte et au Proche-

507
« narrations royales », le roi est ainsi le fils de Nout (Textes A14 et A29) ou de Mout
(Texte A26). À partir de la XVIIIe dynastie, l’importance de la présence féminine au sein de
la royauté se développe. Le Texte A9 met en évidence ce point : Âhmosis souhaite ériger de
nouveaux monuments en l’honneur de sa grand-mère décédée Tétichéri et la reine Âhmès-
Néfertary, épouse du dieu355, prend part à la décision royale. Les deux figures royales
féminines sont les personnages les plus importants de ce récit après le souverain qui prend les
décisions. Par la suite, l’incontournable Hatchepsout parvient à monter sur le trône en tant que
pharaon et légitime son règne par le lien fort qui l’unit à Amon (Textes A11 et A12). C’est
principalement dans les récits de la Basse-Époque que les lignées féminines sont évoquées356.
À cette période, le pharaon peut légitimer son règne en indiquant la liste de ses ancêtres
maternels. À Napata, les reines sont souvent représentées au même titre que le roi lors de
cérémonies357 et sont régulièrement citées dans les inscriptions. Taharqa parle des « mères de
ma mère » (Texte A24) et dans la Königsnovelle d’Aspelta, c’est Amon-Rê en personne qui
énonce la descendance divine du roi fraîchement désigné : « Son père était mon fils, le fils de
Rê [...] juste de voix ; sa mère est la sœur du roi, la mère du roi, la maîtresse de Kouch, la
fille de Rê [...] en vie pour l’éternité, dont la mère était la sœur du roi, divine adoratrice
d’Amon-Rê, roi des dieux de Thèbes [...] juste de voix ; dont la mère était la sœur du roi [...]
juste de voix ; dont la mère était la sœur du roi [...] juste de voix ; dont la mère était la sœur
du roi [...] juste de voix ; dont la mère était la sœur du roi [...] juste de voix ; dont la mère était
la sœur du roi, maîtresse de Kouch [...] juste de voix » (Texte A26). La mère d’Aspelta,
Nasalsa maîtresse de Kouch, transmet la légitimité à son fils et se place ainsi au cœur de son
élection. Dans la lunette de la stèle, cette dernière est représentée au côté de la divinité
dynastique en tant qu’intermédiaire entre celui-ci et le souverain358. La légitimité royale à
cette époque ne résulte donc pas seulement du choix du prédécesseur mais dépend de la lignée
féminine dont est issu l’héritier359.

§ 398. La notion de filiation entre un roi et une divinité est fréquente dans le Proche-Orient
ancien. Dans l’Ancien Testament, elle est évoquée dans plusieurs domaines tels que la sphère

Orient anciens, colloque international Université Paul Valéry, Montpellier, 5-7 sept. 2019, OBO (sous
presse).
355
. M. GITTON, Les divines épouses de la XVIIIème dynastie, Paris, 1984, p. 28.
356
. A. LOHWASSER, « Queenship in Kush: Status, Role and Ideology of Royal Women », JARCE 38, 2001,
p. 61-76.
357
. H. PERDRIAUD, op. cit., p. 289.
358
. J. BOUCHARD, op. cit., p. 83-85.
359
. H. PERDRIAUD, op. cit., p. 290. ; K.H. PRIESE, Matrilineare Erbfolge im Reich von Napata, ZÄS 108, 1981,
p. 49 ; L. TROY, Patterns of Queenship in Ancient Egyptian Myth and History, Uppsala, 1986, p. 103.

508
familiale, éducative, politique ainsi que dans les récits de sagesse360. L’idée de Dieu comme
étant un « père » est assez rare dans les écrits vétérotestamentaires cependant il peut être
considéré comme le père d’Israël (Dt 1,31 ; Dt 8,5 ; Jr 31,9). Dieu est également le protecteur
ainsi que le père de l’orphelin et de la veuve dans certains cas (Ps 68,6)361. L’un des exemples
les plus significatifs concernant la filiation entre la divinité et le roi qui se trouve dans l’oracle
de Nathan (Textes B3a et B3b), lorsque Dieu scelle son alliance avec David. Ces deux récits
mettent en avant la relation particulière qui unit Dieu à Salomon lorsque la divinité
s’exclame à propos de ce dernier : « Je serai pour lui un père, et il sera pour moi un fils »
(2 S 7,14 et 1 Chr 17,13)362. Ce passage met l’accent sur l’engagement sans faille de Dieu
envers le futur successeur de David qui n’est pas encore né363. L’adoption de l’héritier de
David lui octroie une dynastie durable car ses descendants régneront éternellement364. Le
caractère inconditionnel de la promesse fait de chaque nouveau roi descendant de David le fils
de Dieu365.

§ 399. Le caractère incontestable de la parole divine apparaît dans ce cas comme stupéfiant
car cette formule ne se rencontre que dans ce texte366. Examiner la filiation établie entre
Salomon et Dieu permet d’en apprendre davantage sur la conception de la royauté divine en
Israël367. Comme mentionné précédemment, la relation filiale qui unit pharaon aux divinités
fait de lui un être divin censé les représenter sur terre. Ainsi, la notion de père peut aussi faire
son apparition dans des échanges entre le souverain égyptien et ses sujets, car il est assimilé
au créateur368. Bien que certains chercheurs affirment l’influence de la conception filiale
égyptienne sur la notion biblique de filiation divine369, la formule d’adoption de Salomon
semble être toutefois de nature différente. En Égypte, la relation filiale qui lie pharaon au dieu
est d’ordre mythologique, certains récits tels que la stèle de Kouban (Texte A19) décrivent
précisément l’histoire légendaire de la création du roi370. Les quelques allusions à la filiation

360
. F.C. FENSHAM, « Father and Son as Terminology for Treaty and Covenant », dans H. Goedicke (éd.), Near
Eastern Studies in Honor of William Foxwell Albright, Baltimore 1971, 122.
361
. Ibid., 129.
362
. G.N. KNOPPERS, « Judah, Levi, David », p. 158.
363
. Id., « Changing History », p. 105-106.
364
. Id., « David's Relation to Moses: The Contexts, Contents, and Conditions », 1998, p. 9.
365
. T.N.D. METTINGER, op. cit., p. 260.
366
. S. HERRMANN, « 2 Samuel VII », p. 122-123.
367
. T.N.D. METTINGER, op. cit., p. 259-260. Certains chercheurs pensent au contraire qu’aucune royauté divine
n’existe en Israël (F.C. FENSHAM, op. cit., 131).
368
. F.C. FENSHAM, op. cit., 126-128.
369
. T.N.D. METTINGER, op. cit., p. 265.
370
. Ibid.

509
de David (Ps 2,7 ; Ps 89,27)371 montrent, comme l’explique justement S. Herrmann, que le roi
biblique ne semble pas être né de Dieu mais qu’il est reçu comme son fils372. L’idée du roi
comme fils de Dieu en Israël est donc conçue en terme juridique car elle fait intervenir un acte
d’adoption373. Il semble néanmoins que cette pratique ne soit pas connue des documents
juridiques de l’Ancien Testament374. L’adoption biblique serait donc à comprendre comme un
élément mythique transposé au niveau métaphorique, il s’agirait ainsi d’une « nouvelle
naissance »375 induisant de nouvelles prérogatives. C’est grâce à la parole performative de
Dieu que Salomon deviendra par la suite son fils. L’oracle de Nathan semble faire fusionner
les concepts d’alliance et d’adoption car en tant que fils de Dieu la dynastie est garantie376.

§ 400. Il reste encore à souligner que le père « mortel » des souverains est également très
important dans les récits bibliques. À plusieurs reprises Salomon parle de David en le
désignant comme son père (Textes B5b, B7a, B7b, B10a, B10b) et David qualifie Salomon de
fils (Textes B4, B5b, B7a, B7b). La descendance royale est fréquemment mentionnée dans les
textes de l’Ancien Testament, la plupart du temps au début de la description d’un nouveau
règne. Cela permet dès le départ de caractériser le règne d’un roi de manière péjorative ou
non. En effet, un souverain dont les prédécesseurs n’ont pas respecté le livre de la Loi
s’inscrit dans une mauvaise lignée. Ce point est notamment développé pour le règne de Josias.
Ce dernier est considéré par les auteurs bibliques comme le roi idéal, bien que son père Amon
et son grand-père Manassé figurent parmi les pires monarques de la Bible377. Afin de rompre
avec cette fâcheuse ascendance patrilinéaire, les rédacteurs des deux Königsnovellen
(Textes B10a et B10b) enjambent les générations en faisant de Josias le fils de David : « Il fit
ce qui est droit aux yeux du Seigneur et suivit exactement le chemin de David, son père, sans
s’écarter ni à droite ni à gauche » (2 R 22,2) et « Il commença de rechercher le Dieu de son
père David » (1 Chr 34,3)378. En devenant le fils de David, Josias devient également le fils de
Dieu grâce à l’alliance confirmée auparavant.

371
. F.C. FENSHAM, op. cit., 130.
372
. S. HERRMANN, « 2 Samuel VII », p. 123.
373
. Id., « The Royal Novella », p. 493.
374
. T.N.D. METTINGER, op. cit., p. 265-266.
375
. Ibid., p. 266.
376
. F.C. FENSHAM, loc. cit.
377
. A.L. JOSEPH, op. cit., 2015, p. 20.
378
. J.-P. SONNET, loc. cit.

510
CHAPITRE 8. FONCTIONS DE LA KÖNIGSNOVELLE : LÉGITIMATION ET POSTÉRITÉ

1) Une propagande royale

§ 401. Après l’étude de tous ces éléments, plusieurs points ressortent de cette analyse et
permettent de comprendre les objectifs réels de la rédaction des Königsnovellen. Cette
propagande politique et religieuse sert en effet à la fois à légitimer le règne du roi dont il est
question dans « la narration royale », aux yeux du peuple et des populations alentours, et à
établir la postérité du souverain sur plusieurs générations. Comme l’explique N. Grimal, la
propagande a pour but de persuader et de laisser la trace d’un « monument » représentatif de
l’idéologie qu’il exprime. Le latin propagare, dérivant de l’original pangere, renvoyait
d’ailleurs aux verbes « propager » et « perpétuer »379. Il est toutefois nécessaire d’examiner
chaque point en détail afin de mettre en exergue les subtilités de chaque corpus.

§ 401. Actuellement, la propagande est envisagée de manière négative car elle est associée
à une déformation de la réalité, à une amplification de certains éléments visant à modifier les
événements380. En effet, la propagande des XXe et XXIe siècles est fortement liée aux deux
guerres mondiales renvoyant notamment aux gouvernements totalitaires 381 . En Égypte
ancienne, il faut envisager la notion de propagande de manière totalement différente382. Étant
donné que le discours monarchique s’adresse à des individus participant déjà au programme
qu’il prône, la propagande égyptienne présente seulement des événements selon une
formulation particulière afin de restituer une réalité nécessaire383. La propagande en Égypte a
pour but de propager le « mythe royal »384. Un message principal est transmis : la société ne
peut fonctionner sans la présence d’un monarque à sa tête. Les rôles multiples de ce dernier
sont ainsi dépeints dans des récits que la recherche qualifie d’« historiques » afin de prouver
l’importance de son existence385. Il est plus compliqué d’étudier ce phénomène dans la Bible,
premièrement parce que la royauté n’a pas marqué toute l’histoire d’Israël, deuxièmement
parce que la multiplicité des auteurs ne permet pas d’étudier l’évolution chronologique de

379
. N. GRIMAL, Les termes de la propagande royale, p. 3.
380
. R.B. GOZZOLI, « History and Stories », p. 105.
381
. W.K. SIMPSON, « Belles lettres and Propaganda » dans A. Loprieno (éd.), Ancient Egyptian Literature:
History and Forms, ProblÄg 10, 1996, p. 435.
382
. J.J. CASTILLOS, « Ancient Propaganda and Egypt » GöttMisz 254, 2018, p. 53-59.
383
. N. GRIMAL, op. cit., p. 5.
384
. J.K. HOFFMEIER, « The Problem of “History” in Egyptian Royal Inscriptions », dans J. Leclant (éd.), Sesto
Congresso Internazionale di Egittologia I, Turin, 1992, p. 293.
385
. K.W. WHITELAM, loc. cit.

511
l’idéologie royale. La distinction entre les idéologies monarchiques israélite et judéenne est
par exemple très obscure386.

§ 402. Toutefois, les éléments idéologiques de base demeurent semblables car en


mythologisant l’histoire, ce qui est caractérisé par les chercheurs comme étant de la
propagande, le rédacteur antique décrit sa propre réalité. Bien qu’il soit impossible pour la
plupart des événements décrits dans les Königsnovellen de savoir s’ils se sont véritablement
déroulés387, ils doivent dans tous les cas donner une impression de véracité historique388. Ces
récits, reproduisant donc des « représentations mentales » de ce qui est survenu, sont des
produits culturels adaptés au contexte de rédaction389. Bien entendu, d’autres types de récits
distincts des Königsnovellen participent à cette propagande royale, il est même possible de
retrouver un même événement présenté de multiples manières390. L’exemple le plus connu est
la bataille de Qadech : le lecteur suit les péripéties de Ramsès II à travers deux textes, le
« Poème » et le « Bulletin de Qadech » (Texte A20) ainsi que de nombreuses représentations
dispersées dans tout le pays.

§ 403. Habituellement, la propagande s’appuie sur l’idéologie préexistante mais dans des
cas particuliers, telles que de graves crises, cette dernière pouvait être bouleversée391. Comme
le note J. Van Seters, le pouvoir royal tente d’influencer l’opinion publique avant tout lorsque
des situations exceptionnelles se manifestent : oppositions politiques, rivalités, légitimité
contestée ou encore usurpation 392 . E. Bleigerg expose quatre stratégies de base qui
caractérisent la propagande écrite et qui se retrouvent principalement dans les « narrations
royales » égyptiennes. Ainsi, les scribes ont su mettre à profit la durabilité des matériaux
lithiques afin d’exposer leurs récits393. Tout en conservant une organisation particulière du
message, ils argumentent en faveur de leur objectif final qui est de persuader la population de
la légitimité du souverain394. Dans la Bible, les « narrations royales » de Saül, David et
Salomon visent en premier lieu à légitimer la monarchie à la suite d’une période des juges
troublée. Lorsqu’elle est instituée, la royauté est légitimée mais il reste à faire accepter à la

386
. Ibid., p. 131.
387
. J.K. HOFFMEIER, op. cit., p. 296.
388
. A. ROCCATI, « La pensée historique », p. 76.
389
. R.B. GOZZOLI, « History and Stories », p. 106.
390
. N. GRIMAL, Les termes de la propagande royale, p. 9.
391
. E. BLEIBERG, « Historical Texts as Political Propaganda during the New Kingdom », BES 7, 1985/86, p. 6.
392
. J. VAN SETERS, op. cit., p. 172.
393
. C.J. EYRE, op. cit., p. 416.
394
. E. BLEIBERG, op. cit., p. 12.

512
population les nouvelles figures royales qui doivent les diriger. Diverses légitimations
s’accumulent donc autour de Saül : il est choisi par Dieu, puis oint par Samuel, enfin il est
acclamé par le peuple (Texte B1). Cependant par la suite, les traditions sont remaniées afin de
présenter Saül négativement au bénéfice de David de sorte qu’il est généralement considéré
comme le premier véritable roi d’Israël395. D’ailleurs, le récit biblique tente de légitimer
David en le présentant comme le successeur légitime de Saül : ce dernier l’appelle « mon
fils » et il devient par la suite son gendre. Enfin Jonathan, l’héritier de Saül, offre à David un
vêtement lui transmettant symboliquement sa succession (1 S 18,4)396.

§ 404. Les auteurs des « narrations royales » exploitent de multiples procédés afin de
justifier l’autorité royale. La relation du monarque avec les divinités est systématiquement
soulignée, ainsi que sa supériorité dans le domaine humain397. Principalement à partir du
Nouvel Empire, pharaon est considéré dès la naissance comme le fils des dieux 398. Sa
légitimation dépend donc du précédent mythologique associant Osiris à son fils Horus399.
Cette pratique est récurrente dans les textes d’Hatchepsout qui devait sans cesse légitimer sa
position en tant que femme pharaon qui régnait au côté de son beau-fils Thoutmosis III. La
désignation du roi par oracle divin est aussi employée400. L’oracle permet de justifier le règne
d’un souverain qui n’est au départ pas légitime à gouverner (Textes A14 et A26). C’est
notamment le cas de David à travers l’oracle de Nathan qui se voit offrir l’éternité de sa
dynastie. Salomon, étant le fils de David, est par la même occasion légitimé401.

§ 405. Ces relations privilégiées avec la divinité caractérisent également les rois bibliques,
Salomon est effectivement adopté par Dieu402. Accentuant davantage la relation privilégiée
qu’entretient le roi avec la divinité, Salomon voit dieu en rêve et discute avec lui403. De plus,
le souverain en recevant des dons particuliers de la part de Dieu, telle que la sagesse404,
prouve qu’il détient son pouvoir d’une origine céleste 405. Les auteurs ont fréquemment

395
. M. LIVERANI, La Bible et l’invention de l’histoire, p. 427.
396
. M.Z. BRETTLER, « Historical Texts in the Hebrew Bible? », dans K.A. Raaflaub (éd.), Thinking, Recording,
and Writing History in the Ancient World, Malden, 2014, p. 219.
397
. C.J. EYRE, op. cit., p. 422.
398
. Ibid., p. 423.
399
. A. LOPRIENO, « Le Pharaon reconstruit », p. 20.
400
. Ibid., p. 20.
401
. J.-M. HUSSER, Le songe et la parole, p. 76.
402
. Ibid., p. 75.
403
. Th. RÖMER, « Salomon d’après les deutéronomistes », p. 119 ; Ibid., p. 91.
404
. W.A. BRUEGGEMANN, loc. cit.
405
. J.-M. HUSSER, op. cit., p. 74-75 et p. 84.

513
recours au rêve car ce dernier souligne ce lien particulier qui unit le souverain au monde divin
(Textes A14, A15, A22, A25, B5a, B5b). Les rêves délivrant un message servent à justifier
les préoccupations politiques, nationales et même militaires du rêveur406. Dans l’Ancien
Testament, le privilège de communiquer avec Dieu est accordé aux individus considérés
comme les représentants terrestres du divin. C’est pourquoi, lorsque Saül est désavoué, Dieu
ne vient plus l’assister dans ses rêves (1 S 28,6)407.

§ 406. Un bon roi est un guerrier accompli. L’idéologie militaire héroïque du souverain
participe donc activement à sa légitimation408. De ce fait, la propagande royale est inhérente
au triomphe militaire409. Le souverain en tant que garant de l’ordre possède des qualités
permettant d’assurer la sécurité de son peuple. Ces caractéristiques lui sont accordées par les
dieux410, le recours à la force est d’ailleurs systématiquement légitimé par leur accord411.
Quelles que soient leurs motivations réelles, les actions militaires du roi sont justifiées car
elles ont pour but de repousser le chaos412. Ces textes à visée historique sont donc un moyen
de montrer que le roi possède les qualités requises pour assurer la stabilité413. En Égypte,
durant le Nouvel Empire se développe cette idéologie de la guerre qui dépeint un pharaon
combatif terrassant tous les ennemis de la nation414 (Textes A13, A15, A16a, A16b, A17,
A20, A22). Kamosis se présente dès le départ comme le libérateur du Double-Pays face à la
menace Hyksôs415. Par la suite, la guerre marquera d’autant plus la période ramesside416.
Ainsi les souverains font graver de nombreuses représentations guerrières sur les temples et
font installer des stèles dans des lieux stratégiques afin de commémorer leurs victoires417.
Depuis plusieurs siècles, le roi est d’ailleurs représenté avec une taille plus imposante que les
autres personnages et il porte souvent les symboles du pouvoir418. J.K. Hoffmeier se demande

406
. S. NOEGEL, « Dreams and Dream Interpreters in Mesopotamia and in the Hebrew Bible (Old Testament) »,
dans K. Bulkeley (éd.), Dreams: A Reader on the Religious, Cultural, and Psychological Dimensions of
Dreaming, New York, 2001, p. 56.
407
. C.L. SEOW, op. cit., p. 144.
408
. Th. RÖMER, « La guerre dans la Bible hébraïque », p. 32.
409
. A. PÉREZ LARGACHA, « El triunfo militar », p. 20.
410
. E. BLEIBERG, « Historical Texts », p. 13.
411
. B. KASPARIAN, « La question du droit de la guerre dans les sources égyptiennes du Nouvel Empire », dans
J. Bouineau (éd.), Droit international : Aspects politiques. Mutations et recompositions de l’espace
méditerranéen I, Paris, 2014, p. 19.
412
. Ibid., p. 35.
413
. E. BLEIBERG, loc. cit.
414
. C.J. EYRE, op. cit., p. 422.
415
. J. VAN SETERS, op. cit., p. 174.
416
. N. GRIMAL, Les termes de la propagande royale, p. 11.
417
. R.J. LEPROHON, « Ideology and Propaganda », dans M.L. Hartwig, The Companion to Ancient Egyptian Art,
Chichester, 2015, p. 314.
418
. Ibid., p. 312. C’est d’ailleurs le cas dans les représentations de Sahourê (voir Annexes).

514
si les pharaons ne s’engageaient pas délibérément dans des exploits militaires afin de pouvoir
démontrer leurs prouesses personnelles419. Dans la Bible, la valeur au combat joue également
un rôle certain dans la légitimation de Saül et de David. Dépeints comme des guerriers
redoutables, ils parviennent systématiquement à anéantir les ennemis de la nation grâce au
soutien de Dieu. La population se sent ainsi protégée grâce aux capacités militaires de son
souverain.

§ 407. Le recours au passé est également un moyen de légitimation. Les rois suivent les
traces de leurs prestigieux ancêtres420 : dans la Bible les souverains sont comparés à Moïse et
à David, en Égypte l’usage de l’archaïsme est courant421. En effet, les monarques ont pour
mission de maintenir le culte et de restaurer les monuments422, dans l’Ancien Testament il
s’agit de rénover le Temple de Jérusalem. À la Basse Époque, le motif de restauration est le
véhicule favori de légitimation des rois, qui se targuent d’être des bâtisseurs compétents.
C’est par exemple le cas de Taharqa (Texte A24) qui décide de rénover un temple tombé en
ruine. Au sein du récit il fait d’ailleurs appel à la mémoire de son prédécesseur Alara. La
perpétuation du culte originel justifie aussi les actes royaux, sans aucun doute la piété de
Josias légitime ses actions drastiques ainsi que ses réformes423. Plus tard, étant donné l’échec
de la monarchie et la catastrophe de l’exil, le culte se fondera uniquement sur la lecture du
livre de la Loi et de son interprétation424. Enfin, deux Königsnovellen font particulièrement
appel au passé en se référant à des figures pharaoniques prestigieuses, la « Stèle de Bentrech »
et la « Stèle de la Famine ». Ces deux récits pseudépigraphes (Textes A29 et A30) utilisent
l’image de rois qui ont marqué leurs époques tels que Djoser, Thoutmosis III et Ramsès II
afin de transmettre leurs messages respectifs425.

§ 408. Lorsque la liste des souverains mentionnés dans les Königsnovellen est passée en
revue, le lecteur se rend compte qu’il s’agit à maintes reprises de rois aux règnes illégitimes
ou contestés. Concernant les rois bibliques : Saül ne respecte pas les commandements de

419
. J.K. HOFFMEIER, loc. cit.
420
. A. SEMAT, « Images of power, powerful images: depicting the king in ancient Egypt », dans
M. Vandenbeusch et al. (éds), Pharaoh: king of ancient Egypt, New Haven/Londres, 2016, p. 28.
421
. S. NEUREITER, « Eine neue Interpretation des Archaismus », SAK 21, 1994, p. 219-254.
422
. A. LOPRIENO, « Le Pharaon reconstruit », p. 20.
423
. E. BEN ZVI, « Observations on Josiah’s Account in Chronicles and Implications for Reconstructing the
Worldview of the Chronicler », dans E. Ben Zvi et al. (éds), Essays on Ancient Isael in its Near Eastern
Context: A Tribute to Nadav Na’aman, Winona Lake, 2006, p. 95.
424
. Th. RÖMER, « La découverte du Livre », p. 42.
425
. J. VAN SETERS, op. cit., p. 160.

515
Dieu ; David n’est pas le successeur de Saül, Jonathan devait régner à sa place ; Salomon est
le fils cadet de David, il n’a normalement pas la primauté pour gouverner426 ; Ézéchias est le
fils du roi Achaz qui « ne fit pas ce qui est droit aux yeux du Seigneur » (2 R 16,2) ; Josias est
le fils d’Amon, épouvantable roi de Juda (2 R 21,20). À l’inverse, Joas est sauvé du massacre
de sa lignée et se retrouve être le seul descendant direct de David (2 R 11,1-3). Ainsi divers
cas se présentent. Les rédacteurs bibliques ont donc été tenus de rédiger des Königsnovellen
pour des rois non légitimes, pour des souverains qui devaient affirmer leur position durant une
situation de crise ou bien des monarques dont l’image devait être améliorée étant donné le
règne négatif de leurs ancêtres. Les exemples égyptiens se révèlent moins clairs, toutefois
l’existence de certaines « narrations royales » est aisément compréhensible : Néferhotep Ier
semble être issu d’une famille non royale ; Hatchepsout, dans un premier temps régente en
qualité de grande épouse royale, prend le statut de pharaon ; Akhénaton est une figure
controversée en raison de l’introduction de son nouveau culte solaire ; Smendès n’est pas le
fils de Ramsès XI son prédécesseur ; Taharqa est le frère de Chabaka et non son fils ;
Tanoutamon est le fils de Chabaka et non celui de Taharqa ; Aspelta est choisi parmi
plusieurs de ses frères pour monter sur le trône ; Amasis s’empare du pouvoir en renversant
son prédécesseur Apriès. Pour les autres pharaons, la notion de postérité semble dominer
davantage. Finalement, que la « narration royale » égyptienne ait influencé ou pas la
Königsnovelle biblique importe peu, car le point commun de tous ces textes est qu’ils
participent à la propagande royale, c’est-à-dire à la légitimation du souverain427.

2) L’ancêtre du storytelling ?

§ 409. Cette propagande légitimante rappelle fortement la notion moderne de storytelling,


qui participe activement à la vie politique et publicitaire depuis la fin du XXe siècle.
Chr. Salmon y a consacré une monographie dans laquelle il analyse le concept en livrant des
exemples contemporains précis. Le terme storytelling est apparu au milieu des années 1990
aux États-Unis. Cette technique mobilisant des usages du récit très disparates est
fréquemment utilisée au sein de la communication politique428. En 2004, E. Cornog raconte à

426
. La figure de Salomon rappelle d’ailleurs celle de Joseph, cadet de la famille promis à un destin
extraordinaire.
427
. J.-M. HUSSER, Le songe et la parole, p. 72.
428
. Chr. SALMON, Storytelling, la machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits, Paris, 2007, p. 7.

516
propos de l’histoire des présidences américaines429 : « Depuis les origines de la république
américaine jusqu’à nos jours, ceux qui ont cherché à conquérir la plus haute charge ont dû
raconter à ceux qui avaient le pouvoir de les élire des histoires convaincantes, sur la nation,
ses problèmes et, avant tout, sur eux-mêmes. Une fois élu, la capacité du nouveau président à
raconter la bonne histoire et à en changer chaque fois que c’est nécessaire est une qualité
déterminante pour le succès de son admiration. Et quand il a quitté le pouvoir, après une
défaite ou à la fin de son mandat, il occupe souvent les années suivantes à s’assurer que sa
version de sa présidence est bien celle qui sera retenue par l’Histoire. Sans une bonne histoire,
il n’y a ni pouvoir ni gloire. » Bien qu’en Égypte (comme dans les royaumes d’Israël et de
Juda), l’élection par le peuple n’entre pas en jeu étant donné que c’est le principe héréditaire
qui prévaut, ce besoin de légitimation et de postérité imprègne également le discours royal,
notamment à travers les Königsnovellen. Le réel et la fiction s’entremêlent et il devient
difficile de discerner le vrai du faux, que ce soit dans la Bible ou dans les textes égyptiens430.

§ 410. Le storytelling, technique de communication, de contrôle et de pouvoir est un outil


de propagande qui permet à travers des histoires savamment pensées de constituer une réalité
convaincante aux yeux du public qui attend de se laisser convaincre431. Chr. Salmon rappelle
les grands récits qui ont jalonné l’Histoire, ceux qui transmettaient les grands mythes
civilisationnels, entre leçons de sagesse et témoignages d’expériences. Cependant selon lui, le
storytelling parcourt le chemin inverse en plaquant sur la réalité des récits artificiels en
mettant en place des procédés narratifs permettant aux lecteurs de « s’identifier à des modèles
et à se conformer à des protocoles »432. Les Königsnovellen, à travers la réitération de leurs
formes, de leurs motifs narratifs et de leurs thématiques, s’inscrivent dans une démarche
globale d’héroïsation de la personne du roi qui s’inscrit dans une ligne narrative légendaire
tout en se confrontant à l’histoire des autres. Le programme politique du souverain importait
peu, tant que son règne était caractérisé par les meilleures histoires433. L’iconographie joue
également un rôle majeur dans ce discours propagandiste, du moins en Égypte, où l’image
s’inscrit dans le temps pour devenir cette extraordinaire histoire434. De nos jours, il est encore
possible d’admirer les représentations pharaoniques. La propagande a pour but premier
429
. E. CORNOG, The Power and the Story. How the Crafted Presidential Narrative Has Determined Political
Sucess from Georges Washington to Georges W. Bush, New York, 2004. Traduction en français :
Chr. SALMON, op. cit., p. 9.
430
. Ibid.
431
. Ibid., p. 11-13.
432
. Ibid., p. 16-17.
433
. Ibid., p. 122.
434
. Ibid., p. 189.

517
d’influencer l’opinion d’un individu, mais aussi ses croyances, ses habitudes, sa religion et
son idéologie 435 . Dans l’Ancien Testament, la rédaction des « narrations royales » a
activement participé à faire accepter progressivement aux lecteurs ce nouveau régime à
travers la mise en place de la monarchie davidique. Étant donné que les monarques devaient
respecter la Torah, il est possible d’envisager que les Königsnovellen ont aussi eu pour but
d’influencer la piété des Judéens en véhiculant un message d’adhésion à la Loi divine à
travers la description des actions obéissantes des souverains.

3) La recherche de la postérité

§ 411. Pour certains chercheurs, tels que R.B. Gozzoli, la notion de propagande est à
nuancer fortement lorsqu’il s’agit de l’Égypte ancienne436. Il ne fait aucun doute que certains
récits littéraires sont des vecteurs de propagande ; en revanche, les inscriptions royales sont à
envisager de manière différente437. En effet, P. Vernus indique plusieurs points expliquant
pourquoi la propagande ne serait pas l’objectif premier de ces textes : les récits sont en
écriture hiéroglyphique, donc maîtrisés seulement par l’élite ; ils peuvent se trouver dans des
zones inaccessibles au public ; les conditions de gravure ne permettent pas nécessairement
une lecture facile du message438. Ainsi, le but initial de ces Königsnovellen ne serait pas la
propagande royale mais plutôt un moyen d’ancrer dans la postérité ces figures royales
illustres. La finalité première de ces documents est de « fixer pour l’éternité » l’événement
idéologique en interprétant le passé439.

§ 412. Comme le rappelle justement J. Assmann, l’Égypte est le pays des monuments. La
mémoire culturelle du Double-Pays commémore à travers ses nombreuses constructions son
passé glorieux440. Les monuments ont une fonction performative, ils prolongent les actes de
pharaon et permettent ainsi de sacraliser le passé441. Plusieurs éléments de la civilisation
égyptienne tendent à prouver cette constatation. Premièrement, le support utilisé pour graver
les « narrations royales » est impérissable, la pierre, matériau durable442 de prédilection des
bâtisseurs entraînant de vastes dépenses, participe à cette « culture pour l’éternité ». À
435
. Ibid., p. 195.
436
. R.B. GOZZOLI, « History and Stories », p. 105.
437
. P. VERNUS, op. cit., p. 163.
438
. Ibid., p. 164 ; R.B. GOZZOLI, loc. cit.
439
. Ibid.
440
. J. ASSMANN, « Égypte ancienne », p. 47-49.
441
. P. VERNUS, op. cit., p. 165.
442
. Ibid., p. 164.

518
l’inverse de la « culture domestique » du quotidien qui fait intervenir de l’argile, des tissus et
des papyrus443. Deuxièmement, l’Égypte est connue pour la fixation de canons particuliers
dans divers domaines tels que l’écriture, l’art et l’architecture. Cette « fixation hiératique »
dénote une envie de conservation dans le domaine de la culture monumentale. Cette tradition
anti-évolutive est un moyen de lutter contre la fragilité humaine et a contrario de prendre part
au monde divin éternel. Ce n’est pas un hasard si le terme égyptien mnw signifiant
« monument » est la dérivation nominale du verbe mn « durer, s’établir ». L’acte de bâtir un
monument devient donc un moyen de perdurer pour les rois après leur mort444.

§ 413. La finalité fondamentale des Königsnovellen égyptiennes est alors évidente : le


souverain a ajouté sa pierre à l’édifice, par conséquent il transmet à la postérité sa
contribution à ce nouvel aménagement à travers les récits décrivant l’accomplissement de ses
activités445. Afin de se distinguer des autres monarques446, de nombreux passages prouvent
que le roi met en exergue ce qu’il a légué à la création à travers des discours sur la royauté
dans le respect systématique de la maât447 : « Pour la postérité, je réaliserai un monument, je
fixerai des décrets permanents pour Horakhty » (Texte A5)448, « Je donne le projet pour les
hommes qui adviendront dans le futur, leurs esprits constateront ce monument que j’ai réalisé
pour mon père, ils en discuteront et le regarderont », « Alors, mon esprit s’agitait en pensant
aux paroles que diraient les gens qui verront mon monument après quelques années, ils
raconteront ce que j’ai accompli », « Je serai pour l’éternité comme une étoile impérissable »,
« Quant à ces deux grands obélisques, Ma Majesté les a plaqués d’électrum pour mon père
Amon, afin que mon nom soit établi durablement dans ce temple, pour toujours et à jamais »,
« J’imagine les paroles des gens : ma parole a été efficace et je ne suis pas revenue sur ce que
j’avais dit » (Texte A11)449 ; « Je vais faire en sorte que l’on dise après : “Ce qui est advenu
grâce à elle est beau !” » (Texte A12) ; « Ils rendront grâce à mon nom dans la postérité et les
années à venir. Les jeunes générations m’exalteront pour ma puissance car c’est moi qui fus
prévenant et attentionné envers les voyageurs ! », « Puissent-ils établir ce que j’ai accompli et
affermir mon nom partout dans les contrées étrangères », « Puissiez-vous me louer pour
l’éternité et perpétuer mon nom pour toujours étant donné que je suis bon avec vous et que je

443
. J. ASSMANN, « Égypte ancienne », p. 49.
444
. Ibid., p. 50-51.
445
. P. VERNUS, op. cit., p. 165-166.
446
. Ibid., p. 153.
447
. A. SEMAT, op. cit., p. 31.
448
. P. VERNUS, op. cit., p. 166.
449
. C.J. EYRE, op. cit., p. 418.

519
veille sur [...] affaires. Alors, puissiez-vous parler à ceux qui viendront, rois, notables et
peuple qui me confirmeront ce que j’ai accompli lorsque j’étais dans ma demeure à
Abydos. », « Faites pour moi que mes monuments soient durables et que mon nom soit stable
sur eux ! », « Toutes les jeunes générations à venir lui souhaitent l’éternité » (Texte A18).

§ 414. Les pharaons font d’ailleurs souvent appel à la mémoire de la population : « On se


souviendra de ma perfection dans son domaine : la demeure sera mon renom et le canal mon
monument car faire ce qui est profitable, c’est l’éternité. Un roi évoqué à propos de ses biens
ne mourra pas » (Texte A5) ; « Qu’ils se rappellent de moi parfaitement dans (leur)
mémoire » (Texte A6) 450 ; « Tu es destiné à l’éternité » (Texte A19). Les noms des
souverains, tant qu’ils seront prononcés, seront donc éternels. L’identité des vainqueurs de
certaines batailles décisives reste ancrée dans la mémoire collective451. Comme le déclare
A. Hermann : « l’Histoire du passé intervient efficacement dans le futur »452.

§ 415. En conclusion, la postérité d’un pharaon se mesurera par son culte posthume, sa
présence dans les archives officielles ainsi que par l’utilisation et l’usurpation de son image et
de ses monuments453. Il est essentiel pour les pharaons de notifier tous leurs faits et gestes
majeurs, ce à quoi font par exemple référence les Annales de Thoutmosis III : « Tout ce qu’a
accompli Sa Majesté contre cette ville, ce vil ennemi et sa vile armée a été enregistré jour par
jour, selon le nom de l’expédition et les noms des généraux de [l’infanterie] [...] [Ces
informations étaient trop nombreuses pour être établies par écrit sur ce décret. Elles furent
(également)] enregistrées sur un rouleau de cuir qui se trouve dans le temple d’Amon en ce
jour » (Texte A13), dans la Königsnovelle de Mérenptah : « [...] ton nom pour l’éternité,
depuis le commencement, sera dans le ciel et la terre. La victoire dans les annales ne sera pas
passée sous silence [...] » (Texte A22), ainsi que dans la « Stèle de la Famine », dans laquelle
le roi Djoser s’exclame : « Grave ce décret sur une stèle, dans un lieu sacré, par écrit car cela
s’est produit comme c’est dit, ainsi que sur une tablette où se trouvent les écrits divins dans
les temples, deux fois. Celui qui crachera en mentant contre cela aura un châtiment. Que les
directeurs des prêtres-ouâb et le directeur du personnel du temple établissent mon nom dans le
temple de Khnoum-Rê, seigneur d’Éléphantine, puissant pour l’éternité » (Texte A30).

450
. A. HERMANN, op. cit., p. 29.
451
. A. PÉREZ LARGACHA, « El triunfo militar », p. 20.
452
. A. HERMANN, op. cit., p. 30.
453
. A. SEMAT, loc. cit.

520
§ 416. Derrière chaque monument, royal ou privé, se cache la présence d’un prétendant
individuel à la postérité. Comme l’explique J. Assmann, il existe une relation étroite entre
monument et personne, suscitant de ce fait une approche personnelle au sein même de la
mémoire collective et du discours monumental. Finalement, ces inscriptions commémorent
une personne plus qu’un événement. Ce dernier est à envisager plutôt comme le prétexte
permettant de célébrer l’existence du roi 454. Ainsi, c’est par la canonisation stylistique,
iconographie et littéraire que le monument se conforme à la « discipline de l’éternité ». En
pérennisant leurs actes et leurs personnes, les souverains s’assimilent à la maât et s’inscrivent
éternellement dans l’ordre cosmique455.

§ 417. L’un des objectifs des auteurs bibliques semble très éloigner des objectifs égyptiens.
Peu d’objets ou de monuments mentionnant les rois bibliques ont été trouvés, il s’agit
d’ailleurs la plupart du temps d’artéfacts étrangers à Israël456. La mémoire collective juive
s’est donc forgée à partir des écrits vétérotestamentaires ainsi que des traditions oracles qui
les ont précédés, et non pas à travers d’abondantes constructions comme en Égypte.
L’intention première qui se trouve derrière la rédaction des « narrations royales » bibliques
correspond bien au besoin de légitimer la monarchie. Toutefois, la postérité des descendants
de la lignée davidique457 reste un point essentiel des écrits de l’Ancien Testament et même du
Nouveau Testament, notamment par la figure de Jésus. En dépeignant la grandeur (supposée)
de la monarchie davidique, les rédacteurs ont pu faire perdurer dans les mémoires actuelles
les figures de David et Salomon comme de grands rois, guerrier et talentueux pour l’un,
bâtisseur et sage pour l’autre. La perpétuation de la culture juive et chrétienne de nos jours a
fortement participé au développement de ces figures royales dans la mémoire collective, il est
en revanche difficile d’affirmer qu’il s’agissait du but premier des auteurs.

§ 418. En réalité, pour comprendre la fonction véritable des Königsnovellen bibliques, il


faudrait connaître le contexte historique dans lequel elles ont été rédigées. Malheureusement,
il est délicat pour le chercheur moderne d’appréhender ces contextes multiples et lointains
sans sources « historiques » extérieurs à la Bible. Finalement, connaître la fonction des
« narrations royales » bibliques de manière historique semble difficile. En effet, à la

454
. J. ASSMANN, « Égypte ancienne », p. 51.
455
. Ibid., p. 53.
456
. Par exemple, la « Stèle d’Israël » datant du pharaon Mérenptah ou encore la « Stèle de Mesha » datant du roi
moabite Mesha.
457
. G.N. KNOPPERS, « Changing History », p. 104.

521
différence des documents égyptiens qui sont nettement plus individualisés, les « narrations
royales » bibliques doivent être interpréter dans le contexte littéraire, narratif et idéologique
plus large dans lequel elles sont insérées. Il est ainsi possible de comprendre la fonction de
ces récits théologiquement, mais non historiquement, au sein de l’historiographie
deutéronomiste. Ces textes possèdent une fonction narrative car ils participent à la
construction du texte dans sa globalité, ainsi qu’une fonction idéologique car ils servent les
intérêts politiques et religieux de l’auteur.

4) Support, lieu et contenu

Roi pieux et ingénieux


Thématiques Königsnovellen Supports Localisations
Papyrus hiératique
Texte 5 - Sésostris Ier (probable copie X
d’une stèle)
Fondation d’un
Texte 7 - Râhotep Stèle
temple à Coptos
Tombe de
Activités de Texte 9 - Âhmosis Stèle
Tétichéri à Abydos
construction et de
Ouadjyt du temple
restauration Texte 11 - Hatchepsout Obélisque
d’Amon à Karnak
Aux pieds du
Texte 14 - Thoutmosis IV Stèle de granit rose
sphinx de Gîza
Texte 23 - Smendès Pilier Gebelein
Cour du grand
Texte 24 - Taharqa Stèle
temple T de Kawa
À proximité du
Rétablissement et Texte 6 - Néferhotep Ier Stèle temple d’Osiris à
création de Abydos
nouvelles offrandes Sud de l’île de
Texte 30 - Djoser Rocher
Séhel

Roi guerrier et conquérant


Thématiques Königsnovellen Supports Localisations
Route entre
Texte 10 - Thoutmosis II Rocher
Assouan et Philae
Parois de
Texte 13 - Thoutmosis III Karnak
Rébellions et chapelles
répression des Presqu’île de
Texte 15 - Thoutmosis IV Rocher
révoltes Konosso
Route entre
Texte 16a - Amenhotep III Stèle
Assouan et Philae
Texte 16b - Amenhotep III Stèle de granit X

522
Bouhen, partie
Fragments de
Texte 17 - Akhénaton Nord du parvis du
stèle
temple
« cour de la
Paroi du pylône
Texte 22 - Mérenptah cachette » à
VII
Karnak
Fragments de Devant pylône II à
Texte 27a - Psammétique II
stèle Karnak
Fragments de Temple d’Amon à
Texte 27b - Psammétique II
stèle Tanis
Texte 27c - Psammétique II Stèle Shellal
Texte 28 - Amasis Stèle X
Texte 4 - Montouhotep II Stèle X
Fragments de stèle
Texte 8 - Kamosis + tablette Karnak
Conquêtes
Karnak, Louqsor,
militaires
Abydos, Abou
Texte 20 - Ramsès II Parois de temples
Simbel,
Ramesseum
Texte 25 - Tanoutamon Stèle Gebel Barkal
Chaussée
monumentale du
Texte 1 - Sahourê Abousir
complexe
funéraire
Chaussée
Expéditions vers
monumentale du
l’étranger Texte 3 - Ounas Saqqâra
complexe
funéraire
Mur Sud de la
Texte 12 - Hatchepsout terrasse centrale Deir el-Bahari
du temple

Manifestation de la nature divine du roi


Thématiques Königsnovellen Supports Localisations
Chaussée
monumentale du
Exploits physiques Texte 2 - Sahourê Abousir
complexe
funéraire
Cour extérieure du
temple d’Amon-
Élection divine Texte 26 - Aspelta Stèle de granit
Rê au Gebel
Barkal
Paroi du temple
Texte 18 - Séthy Ier Kanaïs
Activités intérieure
économiques Texte 19 - Ramsès II Stèle de granit Kouban
Texte 21 - Ramsès II Stèle X
Guérison divine Texte 29 - Ramsès II Stèle X

523
§ 419. À l’inverse des Königsnovellen bibliques qui résultent d’un long processus de
rédaction et de copie débouchant sur la circulation de rouleaux sur parchemin, il est possible
de lire dans leurs contextes premiers la plupart des « narrations royales » égyptiennes. Après
avoir classé ces dernières par thématique et par ordre chronologique, une certaine cohérence
existant entre le support, le lieu et le contenu ressort. De plus, les liens existant entre
l’emplacement des récits, leurs contenus et leurs représentations permettent de comprendre le
rôle attribué à chaque monument458. L’affichage de ces textes a en effet un objectif certain de
propagande459, comme l’explique N. Grimal, c’est un moyen d’affirmer les fondements de la
royauté aux yeux de tous460. Cependant, comme énoncé auparavant, la quête de postérité était
aussi l’une des préoccupations des pharaons, comme le témoigne la Königsnovelle
d’Hatchepsout (Texte A11) dans laquelle elle s’adresse aux générations futures461.

§ 420. Concernant le support, toutes les « narrations royales » égyptiennes ont été gravées
sur des matériaux impérissables : stèles, piliers, parois de bâtiments (temple, complexe
funéraire, pylône), obélisques ou encore à même la roche, excepté la Königsnovelle de
Sésostris Ier (Texte A5), papyrus qui semble toutefois résulter de la copie d’un récit original
qui se trouvait gravé sur une stèle ou sur la paroi d’un temple462. En utilisant la pierre
sculptée, les souverains garantissent la conservation de ces archives publiques de manière
permanente463, la preuve en est qu’elles sont encore visibles au XXIe siècle. C’est pourquoi
P. Vernus souligne le fait que le choix du matériau n’était pas anodin car la pierre, du fait de
sa durabilité dans le temps, impliquait la pérennisation ainsi que la sacralisation d’un acte
particulier464. Dans cette perspective, il est donc tout à fait compréhensible de trouver les
« narrations royales » sur de tels supports.

§ 421. L’accès aux images royales dépend du contexte d’affichage, qu’il ait été privé ou
officiel, il était possible pour la population d’accéder à certaines d’entre elles465. En Israël, la

458
. Cl. MADERNA-SIEBEN, op. cit., p. 78.
459
. C.J. EYRE, op. cit., p. 416.
460
. N. GRIMAL, « Des notes à l’affichage. Quelques réflexions sur l’élaboration des inscriptions historiques
royales égyptiennes » dans N. Grimal, M. Baud (éds), Événement, récit, histoire officielle. L’écriture de
l’histoire dans les monarchies antiques, acte du colloque du Collège de France 2002, Études d’égyptologie
3, Paris, 2003, p. 15.
461
. C.J. EYRE, op. cit., p. 418.
462
. M. LICHTHEIM, Ancient Egyptian Literature Vol 1, p. 115.
463
. E. BLEIBERG, « Historical Texts », p. 11.
464
. P. VERNUS, « Supports d’écriture et fonction sacralisante dans l’Égypte pharaonique », dans R. Laufer (éd.),
Le texte et son inscription, Paris, 1989, p. 24-25.
465
. A. SEMAT, op. cit., p. 29 ; L. TÖRÖK, The Image, p. 367.

524
compréhension des textes et l’accès à certains rites au sein du palais et des temples sont
limités à l’élite466. Une situation identique se rencontre en Égypte, certaines zones du palais
sont accessibles à tous mais la participation à certaines fêtes religieuses et la visite de certains
lieux sont réservées aux couches supérieures de la société467. Il est toutefois nécessaire de
rappeler que certaines zones des tombes et temples ne sont pas accessibles au public car
certains contenus, autonomes, ne sont pas faits pour être vus. La notion de performativité
demeurant autour des récits et des représentations fait qu’ils pouvaient se suffire à eux-
mêmes468. C’est par exemple ce qu’explique J. Baines à propos des complexes pyramidaux de
l’Ancien Empire qui étaient des lieux peu fréquentés. Les scènes gravées étaient en effet
plutôt destinées au monde divin, pharaon en est d’ailleurs le serviteur le plus dévoué, bien que
le discours ait été également adressé à l’ensemble de la collectivité dans certains cas précis469.

§ 422. Le pourcentage des individus du Double-Pays sachant lire est très faible470. Les
récits gravés sur les monuments, les Königsnovellen entre autres, sont lus à la population pour
que chacun puisse y avoir accès. Ces lectures publiques à voix haute se déroulaient donc dans
des lieux accessibles au commun des mortels 471 . Ces discours royaux, qui servent à
enregistrer des événements marquants472, se produisent sous trois formes : le discours du roi,
la lecture de certains textes uniquement par l’élite et enfin la lecture à voix haute pour tous473.
Les audiences royales sont très fréquentes durant le Nouvel Empire. Pharaon s’adressait ainsi
aux prêtres, aux courtisans, aux officiers et à toute sa cour, couches de la société
alphabétisées474. C’est notamment le cas dans le Texte A12, dans lequel Hatchepsout réunit
son entourage afin de leur commander le départ d’une expédition vers Pount. Les textes
égyptiens mentionnent également le fait que le souverain lui-même était en mesure de lire et
d’écrire. Pharaon écrivait des lettres, consultait des archives, ordonnait la gravure de décrets
(Textes A13, A30) ; il avait un intérêt certain pour la publication de ces actes475. La preuve en
est de la « narration royale » gravée sur l’obélisque d’Hatchepsout (Texte A11), dans laquelle
cette dernière s’adresse de manière directe au peuple présent et futur476. Le contenu du récit a

466
. K.W. WHITELAM, op. cit., p. 134.
467
. A. SEMAT, op. cit., p. 29.
468
. Ibid., p. 30
469
. J. BAINES, « Kingship before Literature », p. 133.
470
. L. LESKO (éd.), Pharaoh's Workers: the villagers of Deir el Medina, Ithaca, 1994, p. 135-136.
471
. E. BLEIBERG, « Historical Texts », p. 9.
472
. Ibid., p. 6.
473
. Ibid., p. 10.
474
. Ibid., p. 6-7.
475
. Ibid., p. 8.
476
. C.J. EYRE, loc. cit.

525
donc été envisagé par le scribe comme étant dicté par la reine477. Elle y exhorte ses sujets à
écouter ses paroles, rappelant ainsi la « tradition d’écoute » des récits lus à haute voix
mentionnés précédemment478 . Les Königsnovellen égyptiennes semblent toutes avoir été
accessibles au plus grand nombre excepté les Annales de Thoutmosis III (Texte 13), texte à la
longueur considérable pour l’époque479. Elles se trouvent dans la zone du sanctuaire du
temple de Karnak à l’accès restreint480. Pourtant, dès le début de ce récit, un jeu de mots est à
noter entre les termes « décret », « affichage » et « ordonner », qui se disent tous trois wḏ et
qui servent également à désigner une « stèle »481. Bien que non accessible à tous, ce jeu
graphique482 montre que la publication de cette épopée restait alors primordiale pour le
monarque, qu’elle ait été gravée en premier lieu pour les dieux ou pour les hommes. La
composition de cette « narration royale » est d’ailleurs très travaillée en comparaison d’autres
passages de ces mêmes annales. La campagne de l’an 23 est présentée comme l’épisode
central483.

§ 423. La référence aux archives et aux annales est récurrente dans les Königsnovellen
égyptiennes. Deux cas reviennent, soit il est question de la consultation des archives (Textes
A6, A22, A30) soit il s’agit du fait de rédiger des inscriptions qui seront ajoutées aux annales
royales484 (Textes A13, A18, A23, A30). Les pharaons savaient lire et avaient une soif de
connaissance485. Pour cela, ils se rendaient à la bibliothèque afin de consulter les écrits.
L’importance de l’écriture et des archives s’intensifie d’ailleurs à partir de l’époque
ramesside486. Le recours au passé est enraciné dans la tradition égyptienne487, les prêtres-
lecteurs étaient de ce fait familiers avec la consultation des listes royales et des archives488.
Lorsqu’il était face à une situation particulière, pharaon avait souvent le réflexe d’avoir
recours à l’enseignement du passé. La consultation de cette mémoire des anciens permettait
d’avoir accès à de vieilles connaissances cachées ou perdues afin de résoudre les difficultés

477
. E. BLEIBERG, « Historical Texts », p. 8.
478
. Ibid., p. 10.
479
. N. GRIMAL, « Des notes à l’affichage », p. 18.
480
. S. QUIRKE, « Narrative Literature », dans A. Loprieno (éd.), Ancient Egyptian Literature, ProblÄg 10, 1996,
p. 265.
481
. D. VALBELLE, « Les décrets égyptiens et leur affichage dans les temples », dans D. Valbelle, J. Leclant (éds),
Le Décret de Memphis: colloque de la Fondation Singer-Polignac à l'occasion de la célébration du
bicentenaire de la découverte de la Pierre de Rosette : Paris, 1er juin 1999, Paris, 1999, p. 84.
482
. N. GRIMAL, op. cit., p. 28.
483
. Ibid., p. 28-32.
484
. D.B. REDFORD, Pharaonic king-lists, p. 83.
485
. E. BLEIBERG, « Historical Texts », p. 8.
486
. A. LOPRIENO, « Le Pharaon reconstruit », p. 8.
487
. N. GRIMAL, op. cit., p. 13-14.
488
. M.-A. BONHÊME, op. cit., p. 154.

526
rencontrées. Cela laisse d’ailleurs penser que les archives étaient facilement accessibles au
personnel qualifié 489 . Ce foisonnement d’écrits, caractérisant la civilisation égyptienne,
explique le besoin que ressentaient les rois d’ajouter leurs traces dans l’Histoire à travers les
inscriptions royales, particulièrement via les Königsnovellen.

§ 424. Ces dernières abordent plusieurs thématiques rangées sous différentes catégories.
Les récits de la section « Roi pieux et ingénieux » ont tous été gravés sur des stèles, piliers,
obélisques et rochers, mais jamais sur une paroi de monuments. Les supports de ces
Königsnovellen, s’étalant du Moyen Empire à la période ptolémaïque, étaient toujours
installés à l’emplacement du lieu en lien avec l’action décrite dans le texte. En effet, lorsque
le roi engageait une activité de construction ou de restauration d’un bâtiment, il était
nécessaire pour lui d’y laisser sa trace afin d’expliquer au plus grand nombre que le résultat
visible résultait de ses décisions. La situation est identique concernant les événements de
rétablissement ou de création de nouvelles offrandes. C’est par exemple le cas de la
Königsnovelle de Néferhotep Ier (Texte A6), cette stèle retrouvée à proximité du temple
d’Osiris à Abydos raconte précisément que pharaon a fait renouveler le culte de la statue de
cette divinité. Puis quelques siècles plus tard, lorsque Thoutmosis IV a fait désensabler le
sphinx de Gîza (Texte A14), la stèle racontant cette « narration royale » a été placée entre les
pattes du colosse.

§ 425. Un souverain égyptien se doit d’être guerrier et conquérant : expéditions vers


l’étranger, conquêtes militaires ou encore répression de révoltes. Durant toute l’Égypte
antique, la participation du roi à des campagnes militaires a été monumentalisée sur les parois
des temples et des palais490. Tout comme pour les thématiques exposées précédemment, il est
possible de trouver certaines Königsnovellen dans un lieu lié à l’événement décrit : textes
gravés sur la route reliant Assouan et Philae (Textes A10, A16a) ou sur la presqu’île de
Konosso (Texte A15) pour commémorer une guerre en Nubie. Certaines « narrations
royales » sont gravées dans des lieux qui touchaient personnellement le souverain : la
chaussée montante des complexes funéraires respectifs de Sahourê et d’Ounas (Textes A1,
A3), le temple de Deir el-Bahari pour Hatchepsout (Texte A12), Abou Simbel et au
Ramesseum pour deux des versions de la bataille de Qadech (Texte A20) et au Gebel Barkal
pour le roi kouchite Tanoutamon (Texte A25). Si l’action royale dépeinte était mémorable,

489
. N. GRIMAL, « Des notes à l’affichage », p. 14.
490
. P. LUNDH, op. cit., p. 240.

527
elle était immortalisée dans des lieux incroyables : la guerre de Kamosis contre les Hyksôs
(Texte A8), les Annales de Thoutmosis III (Texte A13) ainsi que la grande inscription de
Mérenptah (Texte A22) à Karnak. La période ramesside témoigne d’un goût certain du
spectacle491 qui se reflète notamment à travers la commémoration de la bataille de Qadech
(Texte A20)492. Subtil mélange de narrations textuelles et picturales493, cette guerre au bilan
mitigé a été diffusée dans tout le pays : Karnak, Louqsor, Abydos, Abou Simbel et au
Ramesseum. Tout comme les décrets qui pouvaient être copiés à grande échelle494, les
rapports guerriers ont été également distribués dans toute l’Égypte 495. Les contenus de
certaines Königsnovellen diffèrent et se complètent parfois, apportant ainsi de nombreux
détails sur les épisodes passés. C’est le cas pour les révoltes nubiennes se déroulant sous le
règne d’Amenhotep III (Textes A16a et A16b) et de Psammétique II quelques siècles plus
tard (Textes A27a, A27b, A27c). Enfin, l’événement exposé sur la stèle de Kouban, la
découverte d’une source d’eau par Ramsès II, a été si remarquable qu’une autre version a été
gravée à Akcha496 (Texte A19).

§ 426. La dernière catégorie de « narrations royales » traite des manifestations divines du


roi. Tout comme les récits cités antérieurement, quelques textes ont été placés à l’endroit où
l’action avait eu lieu, par exemple à Kanaïs, emplacement stratégique où Séthy Ier était
parvenu à faire creuser un puits (Texte 18), ou bien dans le temple d’Amon-Rê au Gebel
Barkal, au sein duquel Aspelta a été désigné par le dieu pour gouverner (Texte 26). D’autres
Königsnovellen ont aussi été gravées à des endroits représentatifs du règne de pharaon
(Texte A2). Il reste pour conclure à préciser que certaines « narrations royales » ont été
découvertes hors contexte, dans un lieu différent de leur mise en place originelle, car les
artefacts ont été réemployés dans de nouvelles structures et sont donc dans la plupart des cas
fragmentaires (Textes A4, A7, A17, A21, A29). Finalement, l’intention qui préside aux choix
des supports et des lieux « d’affichage » n’est jamais dû au hasard car ils participent à la
légitimation et la postérité des pharaons.

491
. A. ROCCATI, « La pensée historique », p. 77.
492
. A. SEMAT, op. cit., p. 31.
493
. S. QUIRKE, op. cit., p. 266.
494
. D. VALBELLE, « Les décrets égyptiens », p. 85 ; N. GRIMAL, « Des notes à l’affichage », p. 15.
495
. E. BLEIBERG, « Historical Texts », p. 11.
496
. A. ROSENVASSER, loc. cit.

528
CHAPITRE 9. « LITTÉRATURE HISTORIQUE » ET HISTORIOGRAPHIE :
LA CONSTRUCTION DE L’HISTOIRE

1) Historiographie égyptienne et littérature « historique »

§ 427. L’historiographie moderne correspond à une catégorie de récits qui réfléchit,


reconstruit et interprète les processus historiques afin de permettre à l’homme de comprendre
son passé497. Elle englobe une vaste palette de représentations et de textes selon les contextes
et les endroits du monde où elle est étudiée498. Un débat existe depuis de nombreuses années
en égyptologie499 afin de savoir si les Égyptiens possédaient une pensée historiographique qui
leur était propre500. Pour certains, l’historiographie n’existe pas en tant que genre au sein du
Double-Pays, mais une pensée historique y était toutefois présente501. Plusieurs questions
surgissent alors, en lien avec la notion de « littérature historique » actuelle ainsi que la
manière dont était envisagée la temporalité par les Égyptiens et les Israélites.

§ 428. Les définitions relatives à l’Histoire (les événements du passé) et à l’historiographie


durant l’Antiquité prêtent à débat car ces notions ne présentent pas les mêmes critères que nos
conceptions contemporaines. Les récits « historiques » en Égypte et dans la Bible visent à
retracer et mémoriser des événements passés, mais ne prétendent pas à une « objectivité ». Il
s’agit d’une tentative de conservation des événements historiques et mythiques sans
nécessairement les distinguer ainsi que d’une interprétation théologique et idéologique. La
spécificité des récits pharaoniques et vétérotestamentaires ressort avec netteté lorsqu’il est
question de différencier les historiographies grecque et romaine des historiographies
égyptienne et biblique502. Les deux premières s’apparentent à une enquête critique confrontant
des sources entres elles pour dégager le vraisemblable sans faire intervenir d’éléments
fantastiques503. Elles sont donc très proches de notre notion contemporaine de l’écriture de
l’histoire, bien que cette dernière ne soit pas exempte de subjectivité. La situation envisagée
est tout autre dans le monde biblique, car les historiens deutéronomistes interprètent le passé
théologiquement et non historiquement.

497
. L. POPKO, « History-Writing in Ancient Egypt », UCLA Encyclopedia of Egyptology 1/1, 2014, p. 2.
498
. T. SCHNEIDER, « History as Festival? A Reassessment of the Use of the Past and the Place of Historiography
in Ancient Egyptian Thought », dans K.A. Raaflaub (éd.), Thinking, Recording and Writing History in the
Ancient World, Oxford, 2014, p. 121.
499
. D.B. REDFORD, « The Historiography of Ancient Egypt », dans K.R. Weeks (éd.), Egyptology and the Social
Sciences, Le Caire, 1979, p. 3-20.
500
. T. SCHNEIDER, op. cit., p. 117 et 135.
501
. A. ROCCATI, « La pensée historique », p. 75 ; Ibid., p. 118-119.
502
. L. POPKO, op. cit., p. 4.
503
. Th. RÖMER, op. cit., p. 36.

529
§ 429. Concernant l’historiographie égyptienne, certains chercheurs pensent qu’elle
n’apparaît en Égypte que durant la période ptolémaïque, sous l’influence grecque504. Pourtant,
les Égyptiens bien avant cette époque s’intéressaient beaucoup à leur passé, mais ils ne
l’envisageaient pas de la même manière505. L’historiographie antique n’était pas considérée
nécessairement comme la description de la « réalité »506. Comme l’explique P. Grandet, « le
but des textes “historiques” n’était pas de permettre à la postérité de se former une idée
rationnelle du passé ». En effet, l’objectif était plutôt la cohésion de la société par la
célébration d’un passé commun idéalisé autour de valeurs qui se transmettaient de générations
en générations507. Comme l’indique justement L. Popko, il existe une différence entre passé et
Histoire : le passé est une réalité objective, alors que l’Histoire est un phénomène culturel. Et
comme il n’y a pas d’Histoire sans histoires, certains faits sont naturellement romancés ou
même fictifs508. L’Histoire en tant que restitution des événements du passé n’existe pas, il
s’agit quasi-systématiquement d’une reconstitution subjective de faits. Entre la réalisation
d’un événement et sa mise en forme par écrit, le souvenir restitué est différent, P. Grandet
parle de « double transformation » pour expliquer ce processus historiographique. Dans un
premier temps, l’acte est sélectionné en fonction de la doctrine égyptienne de l’Histoire. Puis,
le souvenir de cet événement est mis en forme pour la postérité selon des conventions
particulières (forme, affichage...) 509 . L’Histoire est alors remodelée notamment par
l’embellissement de certains éléments qui sont à l’origine réels510.

§ 430. Comme vu précédemment, le genre de la Königsnovelle est souvent associé à ce que


la recherche qualifie de « littérature historique ». Cependant, étant donné que les objectifs
principaux de ces textes sont la légitimation et la postérité, il est légitime de douter de la
véracité des événements décrits511. Auquel cas, s’ils ne dépeignaient pas la réalité, ces récits
ne devraient plus être considérés comme étant historiques au sens moderne du terme.
L’historiographie à travers sa construction du passé est par essence idéologique et les discours
égyptiens mélangent habilement politique et religion dans ce même but idéologique512. Le

504
. S. QUIRKE, op. cit., p. 265.
505
. J.K. HOFFMEIER, op. cit., p. 293 ; L. POPKO, op. cit., p. 1.
506
. R.B. GOZZOLI, « History and Stories », p. 103.
507
. P. GRANDET, « L’historiographie égyptienne », p. 192.
508
. L. POPKO, op. cit., p. 1-2.
509
. P. GRANDET, op. cit., p. 190.
510
. L. POPKO, op. cit., p. 10.
511
. A. LOPRIENO, La pensée et l’écriture pour une analyse sémiotique de la culture égyptienne, Paris, 2001,
p. 90.
512
. Ibid. ; J.K. HOFFMEIER, loc. cit.

530
problème majeur de la recherche actuelle réside donc dans la vision ethnocentriste et
anachronique, parfois inconsciente, que les érudits appliquent au monde égyptien et non pas
la question de l’existence ou non d’une historiographie égyptienne. Les Égyptiens anciens
n’avaient par exemple aucun mot pour qualifier l’art, la religion et la politique, pourtant ces
catégories sont utilisées par les chercheurs. De même, il est possible de parler d’écriture de
l’Histoire en Égypte ancienne, mais elle doit être envisagée en se libérant du prisme
occidental et moderne513.

§ 431. La difficulté réside plutôt dans le défi de parvenir à caractériser l’historiographie en


Égypte, transmise à travers un corpus de textes bien différents des textes historiographiques
modernes 514 et dont la Königsnovelle fait partie 515 . Comme démontré auparavant, les
inscriptions royales se sont fortement inspirées des (auto)biographies de particuliers, qui ont
donc elles-mêmes participé à la tradition historiographique516. L’important est de comprendre
la fonction du récit, son contexte de rédaction ainsi que sa forme517. Il est arrivé que certains
chercheurs remettent en cause la véracité d’un événement en raison de la forme littéraire du
récit. J.K. Hoffmeier expose le cas des Annales de Thoutmosis III, qui sont présentées sous la
forme d’une « narration royale » très travaillée. Il rappelle les nombreux témoins extérieurs
qui fournissent des preuves irréfutables de la guerre qui opposa le roi au Mittani518. Une
Königsnovelle est d’ailleurs caractérisée par un long travail de composition scribale qui vise à
présenter l’événement à la manière d’une épopée, d’un conte. Divers indices ont prouvé la
véracité de la plupart de ces récits, les « narrations royales » participent donc assurément à la
mise par écrit du passé égyptien. L’utilisation de motifs dramatiques et romanesques
contribue à l’élaboration de cette tradition historiographique519.

§ 432. Ainsi, les Égyptiens ont ordonné leurs événements par rapport à une échelle de
temps représentée par l’éternité. L’enchaînement linéaire des événements520 existe mais n’est

513
. J.K. HOFFMEIER, loc. cit.
514
. A. LOPRIENO, loc. cit.
515
. A. ROCCATI, « La pensée historique », p. 75.
516
. J. VAN SETERS, op. cit., p. 182-186 ; P. GRANDET, « L’historiographie égyptienne », p. 190.
517
. J.K. HOFFMEIER, op. cit., p. 296.
La littérature moderne est d’ailleurs très différente de l’égyptienne, il est nécessaire de prendre en compte ces
disparités (V. WESSETZKY, « An der Grenze von Literatur und Geschichte », dans J. Assmann et al.
(éd.), Fragen an die altägyptische Literatur: Studien zum Gedenken an Eberhard Otto, Wiesbaden, 1977,
p. 499-502).
518
. J.K. HOFFMEIER, loc. cit.
519
. J. VAN SETERS, op. cit., p. 164.
520
. L. POPKO, op. cit., p. 2.

531
pas primordial dans la description de leur passé, malgré la succession des règnes royaux521. Le
traitement des événements, relève J. Van Seters, est défini en fonction des événements récents
qui sont commémorés et des événements lointains, mythiques, qui ont pour fonction
d’expliquer les origines522. La conception d’un temps cyclique explique la canonisation de
certains éléments qui entraîne la répétition de clauses et de concepts c’est pourquoi certaines
Königsnovellen se ressemblent523.

§ 433. Le concept de maât insiste sur les notions de réel et de véracité, imprégnant le
quotidien, les événements décrits étaient bien envisagés dans cette optique par les
Égyptiens524. Finalement, bien qu’il soit à ce jour encore difficile de classer les nombreux
textes dits historiques525, il est possible d’affirmer que le discours historique est bien un trait
fondamental de la culture égyptienne, qui a atteint son apogée durant la période
ptolémaïque526.

2) Historiographie biblique : Temple, exil et sources multiples

§ 434. L’écriture de l’Histoire étant un phénomène culturel527, chaque historien ou milieu


rédacteur rédige ses propres épisodes « historiques » en fonction de son idéologie propre ou
de sa vision des événements. Au sein de l’Ancien Testament, différents courants de pensées
s’opposent et plusieurs interprétations théologiques d’un même événement sont parfois
proposées. Pour ne citer qu’un exemple vétérotestamentaire frappant, lorsque David recense
la population alors qu’il n’est pas censé le faire528, le récit de 2 S 24 raconte qu’il agit selon
les ordres de Dieu qui souhaitait le pousser à la faute529, alors que le texte de 1 Chr 21 dit sans
détour que David intervient par la faute de Satan530. Il peut également exister des divergences
par rapport au déroulement de certains faits entre une source biblique et un document issu
d’une civilisation différente. L’exemple le plus connu est celui de la « Stèle de Mesha »,

521
. R.B. GOZZOLI, « History and Stories », p. 103.
522
. T. SCHNEIDER, « History as Festival? », p. 119-121 ; L. POPKO, op. cit., p. 3-4.
523
. R.B. GOZZOLI, op. cit., p. 103-104.
524
. L. POPKO, op. cit., p. 3.
525
. Ibid., p. 6-7.
526
. A. LOPRIENO, La pensée et l’écriture, p. 89.
527
. S. JAPHET, « Historiographie post-exilique : Comment et pourquoi ? », dans A. De Pury et al. (éds), Israël
construit son histoire : l’historiographie deutéronomiste à la lumière des recherches récentes, Le Monde de
la Bible 34, 1996, p. 123.
528
. G.N. KNOPPERS, « Changing History », p. 112.
529
. « Un jour, le Seigneur se mit de nouveau en colère contre les Israélites. Il poussa David à agir contre leur
intérêt en lui suggérant de dénombrer les Israélites et les membres de la tribu de Juda. » (2 S 24,1)
530
. « Un jour, Satan décida de nuire à Israël en poussant David à dénombrer les Israélites. » (1 Chr 21,1)

532
associée au passage 2 R 3,4-27. Ces deux sources relatent la guerre qui oppose le roi moabite
Mesha à Joram, le fils du roi israélite Achab. Les deux textes s’accordent sur les causes du
conflit, toutefois la suite diffère : la stèle décrit plusieurs guerres sur une longue période alors
que le récit biblique décrit un épisode unique531. La situation est comparable pour la bataille
de Qadech : les récits égyptiens ne sont pas véritablement en accord avec les quelques textes
hittites plus tardifs qui mentionnent ces événements. C’est également le cas de la
Königsnovelle d’Ézéchias (Texte B9) qui résiste à l’envahisseur assyrien. Le récit présente les
faits comme étant une victoire pour Juda alors que les annales de Sennachérib donnent une
tout autre version de la bataille. Malgré le témoignage de passages bibliques comme 2 R 19
ou 2 Chr 32,21, il semble bien que le royaume de Juda ait subi une défaire, puisque, d’après la
documentation néo-assyrienne et 2 R 18,14, il dut payer un tribut 532 . En définitive,
l’historiographie se met au service de l’idéologie propre au rédacteur. Il est donc très délicat
pour le chercheur moderne d’établir des vérités historiques si l’archéologie ou l’épigraphie ne
vient pas corroborer le témoignage d’un texte biblique.

§ 435. Comme l’explique Th. Römer, l’Ancien Testament propose une interprétation
normative de l’histoire de la Judée et de l’histoire d’Israël comprise par les chercheurs comme
une longue construction intellectuelle. L’historiographie biblique voit le jour notamment
grâce à l’école deutéronomiste. En revanche, tout comme pour l’historiographie égyptienne, il
ne faut pas envisager l’historiographie vétérotestamentaire au sens grec du terme, comme une
démarché rationnelle procédant à des recoupements et des vérifications533.

§ 436. L’historiographie biblique, dont la rédaction s’étend sur une très longue période,
serait apparue vers la fin du VIIIe siècle avant notre ère, période de transition majeure qui voit
surgir un groupe de rédacteur qui s’intéresse à la description de l’institution monarchique534.
Les livres de Samuel et des Rois décrivent l’établissement de la monarchie ainsi que sa
chute 535. L’historiographie deutéronomiste, qui remonterait à l’époque néo-assyrienne536,

531
. N. NA’AMAN, « Royal Inscriptions versus Prophetic Story: Mesha’s Rebellion according to Biblical and
Moabite Historiography », dans L.L. Grabbe (éd.), Ahab Agonistes: The Rise and Fall of the Omri Dynasty,
JSOTSup 421, 2007, p. 145-183.
532
. Th. RÖMER, « La guerre dans la Bible hébraïque », p. 35-36.
533
. Id., « Transformations in Deuteronomistic and Biblical Historiography. On “Book-Finding” and other
Literary Strategies », ZATW 109, 1997, p. 2.
534
. C. LANOIR, « Juges », dans J.-D. Macchi, Chr. Nihan, Th. Römer (éds), Introduction à l’Ancien Testament,
Genève, 2009, p. 353.
535
. M. AVIOZ, Nathan’s Oracle (2 Samuel 7) and Its Interpreters, Bible in History 5, 2005, p. 4.
536
. Th. RÖMER, « Transformations », p. 2 ; N. NA’AMAN, « Sources and Composition in the History of David »,
p. 173.

533
expose donc les avantages et les inconvénients de la monarchie au fil des siècles537. Les
rédacteurs des livres des Rois ont eu pour objectif principal d’expliquer l’exil ainsi que la
destruction du Temple de Jérusalem538. Ainsi, ils ont dû ajouter des passages critiques sur
l’institution royale539. Ils ont mis également davantage l’accent sur la conditionnalité de
l’alliance davidique que ne l’ont fait les auteurs de 1-2 Samuel, qui préfèrent souligner
l’amour inébranlable de Dieu pour son élu540. Bref, au sein de ces deux corpus, divers
courants de pensées sont déjà visibles.

§ 437. Aux Xe-IXe siècle avant notre ère, l’écriture est utilisée au sein de l’administration
ainsi que pour les échanges diplomatiques exclusivement par des petits groupes de scribes de
la cour de Jérusalem. Par la suite, l’écriture se diffuse dans le royaume541 permettant le
développement d’une historiographie biblique. En Israël et ailleurs, la naissance de
l’historiographie est fréquemment liée à la création d’un état. La classe politique émergente
s’intéresse en effet à son histoire et tente de fédérer sa population autour d’événements passés
communs542. Toutefois l’historiographie implique une sélection, étant donné que l’histoire
façonnée est de nature idéologique ; elle ne se fonde donc pas nécessairement que sur des faits
historiques543.

§ 438. La situation historiographique en Israël est complexe car il est possible de discerner
au moins deux courants rédactionnels : le premier a une tendance politique quasi-exclusive et
le second, plutôt prophétique, est qualifiée de « kérygmatique ». Ils présentent de nombreuses
divergences mais aussi des points communs qui parfois empêchent de les distinguer. La
branche politique est facilement perceptible lorsqu’il s’agit de raconter la naissance de la
monarchie ainsi que l’ascension des grands rois tels que David et Salomon. C’est notamment
le cas lorsque l’historien deutéronomiste développe longuement l’ascension de David544. Un
tournant s’opère à la destruction du royaume d’Israël en 722 avant notre ère, l’historiographie
kérygmatique prend le dessus sur le discours politique et s’empare des récits du courant
politique. Ceci explique pourquoi la prophétie est très politique dans la Bible. Ce courant

537
. M. LIVERANI, La Bible et l’invention de l’histoire, p. 427.
538
. M. AVIOZ, « The Davidic Covenant », p. 48 ; D. JANZEN, op. cit., p. 123-131.
539
. M. LIVERANI, loc. cit.
540
. M. AVIOZ, loc. cit.
541
. N. NA’AMAN, loc. cit.
542
. Al. ROFÉ, « Properties of Biblical Historiography and Historical Thought », VetTest 66, 2016, p. 2.
543
. I.W. PROVAN, « Ideologies, Literary and Critical: Reflections on Recent Writing on the History of Israel »,
JBL 114/4, 1995, p. 594-595.
544
. Al. ROFÉ, op. cit., p. 3.

534
rédactionnel prophétique avait pour but d’expliquer les terribles événements des VIIIe et VIe
siècles comme étant le « plan de Dieu ». C’est cette vision d’ensemble qui manquait au sein
des milieux politiques officiels car la plupart du temps ils isolaient de manière épisodique
certains faits. Ces particularités indiquent la présence de ces deux courants distincts. Le
courant prophétique s’impose définitivement après la destruction de Juda et la destruction du
Temple par les Babyloniens en 587 avant notre ère545, particulièrement avec l’apparition de
l’historiographie du Chroniste qui marquera d’ailleurs la fin de l’historiographie biblique546.

§ 439. Le Chroniste considère les livres de Samuel et des Rois depuis la période du second
Temple547. Il est ardu d’étudier les écrits des Chroniques étant donné qu’une variété de
sources a été utilisée et que certaines sont perdues. Il est cependant clair que son but premier
est de comprendre la nature du présent qu’il vit à la lumière des écrits du passé548. En réalité,
le Chroniste répond aux besoins de la communauté postexilique qui remet en question les
promesses divines faites à David. Cette communauté est en quête d’identité à cause de la
situation difficile qu’elle vit à cause de la domination perse549. Le Chroniste, afin de défendre
un Israël indépendant, réinterprète les anciens textes en les appliquant à de nouvelles
situations550. Ainsi, il met l’accent sur le Temple de Jérusalem et met en avant le personnel du
culte551, prêtres et lévites, qui gèrent ce sanctuaire552 plutôt que sur la figure royale qui joue à
présent un rôle minime dans la destinée du peuple553. Certaines figures royales restent
toutefois centrales dans l’idéologie du Chroniste. Ne considérant pas l’exil comme un second
exode, il entretient une vision centrée sur les figures patriarcales et royales qui sont en lien
avec Jérusalem et le Temple554. Finalement, la réécriture de l’histoire deutéronomiste par le
Chroniste a pour but d’encourager la population à être fidèle à l’alliance afin de retrouver la
paix dans l’unité555.

545
. Ibid., p. 7.
546
. Ibid., p. 8.
547
. M. AVIOZ, Nathan’s Oracle, p. 4.
548
. J.H. PERRINE, op. cit., p. 5.
549
. M.A. THRONTVEIT, « Was the Chronicler a Spin Doctor? David in the Books of Chronicles », W&W 23/4,
2003, p. 381.
550
. G.N. KNOPPERS, « Changing History », p. 99-100.
551
. S. HWANG, The Hope for the Restoration of the Davidic Kingdom in the Light of the Davidic Covenant in
Chronicles, Thèse de l’université d’Édimbourg, 2011.
552
. G.N. KNOPPERS, op. cit., p. 119.
553
. M.J. LYNCH, « The Davidic Covenant and Institutional Integration in Chronicles », dans N. MacDonald (éd.),
Covenant and Election in Exilic and Post-Exilic Judaism, Studies of the Sofja Kovalevskaja Research Group
on Early Jewish Monotheism V, 2015, p. 169-171.
554
. Ph. ABADIE, « Pérennité dynastique », p. 122-123.
555
. R. COLEMAN, op. cit., p. 1-4.

535
§ 440. En remodelant certains passages majeurs des livres de Samuel et des Rois, tels que
l’oracle de Nathan556, le Chroniste propose à son auditoire une nouvelle compréhension de la
monarchie unie et de ses enjeux : malgré l’exil, Israël reste le peuple de Dieu557. Pour faire
passer son message, le Chroniste n’hésite pas à amputer certains passages558, à en développer
d’autres ou à modifier des sections en fonction de sa propre idéologie. Le choix des sources
ne s’est pas fait en fonction de la crédibilité des événements décrits, car des matériaux
légendaires et historiques559 ont été utilisés. Toutefois, l’auteur s’est concentré principalement
sur les exploits héroïques des personnages bibliques importants. Cette conscience historique
biblique a été construite sur la base d’un nombre important de sources historiques, parfois
même contradictoires560.

§ 441. Par la suite, la pensée tend à devenir dogmatique, c’est-à-dire qu’elle pouvait suivre
des schémas fixes : les monarques doivent observer la Loi en vue d’une rétribution
personnelle et pour le peuple. Ces idées fixes ont ainsi marqué la fin de l’historiographie car
les événements tels que l’exil et la destruction du Temple vécus par les auteurs des livres des
Chroniques n’ajoutaient que peu de choses au message théologique qu’ils souhaitaient
transmettre dans leurs écrits561. Il était plus judicieux pour le Chroniste de réécrire l’histoire
déjà existante. S. Japhet parle « d’histoire corrective » et explique que le Chroniste reformule
l’histoire ancienne en vue des nouvelles perspectives qui régissent son époque, telles que la
place de la religion dans l’histoire du peuple d’Israël à travers la construction du Temple et la
célébration de fêtes, le rejet de l’idolâtrie ainsi que la fidélité à Dieu. Ses préoccupations
concernent l’avenir de la communauté, qui réalisera sa véritable destinée grâce à la
providence divine, en une continuité ininterrompue. Finalement, il existe un contraste entre
l’historiographie deutéronomiste lointaine et post-exilique : cette dernière est plutôt optimiste
quant à l’avenir du peuple de Dieu, elle n’essaye pas de justifier l’exil mais tente de faire sens
des réalites nouvelles que vit le peuple562.

556
. Ibid., p. 28 ; J. VAN SETERS, op. cit., p. 271-277.
557
. G.N. KNOPPERS, « Changing History », p. 114.
558
. S. JAPHET, « Historiographie post-exilique », p. 139.
559
. H.M. BARSTAD, op. cit., p. 31-35 ; A.R. MILLARD, « Story, History, and Theology », dans D.W. Baker,
J.K. Hoffmeier, A.R. Millard (éds), Faith, Tradition, History: Old Testament Historiography in its Near
Eastern Context, Winona Lake, 1994, p. 37-47.
560
. Al. ROFÉ, op. cit., p. 19-20.
561
. Ibid., p. 8.
562
. S. JAPHET, « Historiographie post-exilique », p. 139-152.

536
§ 442. Tout comme en Égypte, le politique et le religieux s’entremêlent dans ces récits :
Dieu gouverne le monde, tout énoncé politique est donc par définition un discours à propos de
la divinité. Ainsi, les deux protagonistes principaux de l’histoire biblique sont Dieu et le
peuple d’Israël563. Bien que la période monarchique soit l’une des étapes importantes de
l’histoire biblique, les souverains ne sont que de passage et peu d’entre eux marquent
positivement les événements. C’est d’ailleurs l’idée que prône le Chroniste : la recherche du
royaume divin autour du Temple et non plus autour du trône royal564. Ainsi, il existerait selon
Th. Römer deux historiographies : une historiographie propagandiste caractérisée notamment
par la naissance de la monarchie ainsi qu’une historiographie participant à la « littérature de
crise », répondant principalement aux besoins d’une population exilée565. L’historiographie
s’adapte alors à son époque.

3) Les « dirigeants » modèles : David, Salomon et Moïse

§ 443. La lecture de l’Ancien Testament permet de constater que les figures royales qui y
sont dépeintes ont été longuement pensées par les auteurs bibliques. Au début de chaque
chapitre relatif à un nouveau roi, un jugement théologique est émis afin de savoir si le règne
est bon ou mauvais566. Les souverains affreux sont décrits comme ayant fait « ce qui est mal
aux yeux du Seigneur », à l’inverse des braves monarques qui ont fait « ce qui est bien aux
yeux du Seigneur »567. Dans ce dernier cas, les rois peuvent être comparés à David et même
parfois à Moïse. Le modèle de la dynastie davidique apparaît ainsi à plusieurs reprises comme
l’idéal à suivre.

§ 444. Saül, premier roi de l’histoire d’Israël, est choisi par Dieu après une demande
insistante du peuple. Il suscitait en effet l’espoir d’une nouvelle ère après celle des juges. Il est
décrit comme un individu à la belle allure et prêt au combat ; Saül est en effet un guerrier
redoutable568. De plus, il est l’oint de Dieu et possède donc l’Esprit divin569. Malgré ces

563
. Ibid., p. 151.
564
. M.A. THRONTVEIT, « Was the Chronicler a Spin Doctor? », p. 381.
565
. Th. RÖMER, « Transformations », p. 2-11.
566
. L.L. GRABBE, op. cit., p. 86.
567
. A.L. JOSEPH, loc. cit. ; A.G. AULD, loc. cit. ; R. MÜLLER, « Righteous Kings, Evil Kings, and Israel’s Non-
Monarchic Identity: Different Voices on the failure of Israelite Kingship in the Book of Kings », dans
I.D. Wilson, D.V. Edelman (éds), History, Memory, Hebrew Scriptures. A Festschrift for Ehud Ben Zvi,
Winona Lake, 2015, p. 78-83.
568
. W. DIETRICH, op. cit., p. 168.

537
qualités, ce dernier représente le péché du peuple car il renvoie au rejet de la souveraineté de
Dieu par ses fidèles570. L’ambivalence de ce portrait royal explique pourquoi Saül possède
une Königsnovelle qui décrit ses actes exceptionnels alors que le passage 1 S 16,14 explique
par la suite que « l’Esprit du Seigneur avait quitté Saül ».

§ 445. David est alors choisi par Dieu pour remplacer un Saül rejeté571. D’ailleurs le
Chroniste, à l’inverse de l’auteur de Samuel, fait l’impasse sur l’histoire de Saül et raconte les
exploits de David en omettant les faits négatifs de son règne572. David apparaît comme le
personnage central de l’histoire monarchique. Au départ mercenaire et chef de milice, il
devient grâce à sa détermination et son destin incroyable, roi de Juda puis de tout Israël. Fin
tacticien et brillant stratège, il sait prendre les bonnes décisions au moment propice et unifie le
pays573. Présenté comme un très bel homme, il est également bon musicien et poète, c’est
pourquoi l’écriture de certains Psaumes lui est attribuée574. David est celui avec lequel Dieu
scelle son alliance éternelle, il est donc le parangon du bon roi.

§ 446. Puis Salomon succède à son père David. Il est décrit au début comme un garçon
ignorant qui ne sait pas comment gouverner son peuple. Pour autant après son rêve à Gabaon
et son dialogue avec Dieu, il est décrit comme un sage possédant toutes les richesses. Au
moment de sa mort, David indique à son fils les instructions pour être un bon souverain :
obéir à Dieu et respecter ses lois (1 R 2,2-4)575. Le règne de Salomon est marqué par de
grands projets de construction et non des moindres, le Temple de Jérusalem ainsi que son
palais royal576. Il consolide l’État de David en renforçant et en stabilisant ses structures577.
Bien que la royauté de Salomon semble idyllique, elle est en réalité contrastée selon les
sources bibliques. Dans le livre des Chroniques, son ascension est fulgurante, la transition
entre le règne de son père et le sien se fait en douceur. David annonce publiquement la
nomination de Salomon, il est présent lors de son onction. Tous, y compris les frères de

569
. D. EDELMAN, « The Deuteronomist’s Story of King Saul: Narrative Art or Editorial Product? », dans
C. BREKELMANS, J. LUST, Pentateuchal and Deuteronomistic Studies: Papers Read at thé XIIIth IOSOT
Congress Leuven 1989, BETL 94, 1990, p. 212.
570
. C. NIHAN, « Le(s) récit(s) de l’instauration de la monarchie en 1 Samuel », dans Th. Römer (éd.), The future
of Deuteronomistic History. BETL 147, 2000, p. 163-164.
571
. J.H. PERRINE, « Theologized History: the Unique Purpose of the Chronicler Regarding Israel’s Kingship »,
2013, p. 16.
572
. M.Z. BRETTLER, op. cit.
573
. W. DIETRICH, op. cit., p. 171.
574
. Ibid., p. 173.
575
. A.L. JOSEPH, op. cit., p. 36.
576
. W. DIETRICH, op. cit., p. 170.
577
. Ibid., p. 172.

538
Salomon, accueillent la nouvelle avec enthousiasme578. En revanche dans les livres des Rois,
son règne est divisé en deux périodes distinctes : dans la première (1 R 1-10), il est décrit
comme un roi obéissant aux lois divines, et construit notamment le Temple ; dans la seconde
(1 R 11), il désobéit aux commandements de Dieu en épousant des femmes étrangères et en
consacrant des lieux de prières à d’autres divinités. Le récit dit d’ailleurs : « Salomon fit ce
qui était mal aux yeux du Seigneur et il ne suivit pas pleinement le Seigneur, comme David,
son père » (1 R 11,4). Ce portrait négatif est le produit de l’école deutéronomiste de la période
exilique, qui réinterprète l’histoire royale en fonction de l’événement catastrophique de
l’exil579. Parce qu’il s’est détourné de Dieu, celui-ci lui envoie des adversaires alors qu’il lui
avait accordé le repos580. Cela présage la future destruction que connaîtra Israël581. En
présentant la première moitié du règne de manière favorable et en comparant la figure de
Salomon à celle de David, l’école deutéronomiste accentue la brutalité de sa chute. Ainsi, les
bons rois sont comparés à David, et la bivalence de la personnalité de Salomon permet aux
auteurs bibliques de comparer tous les rois suivants (bons et mauvais) en fonction de cet
unique protagoniste582.

§ 447. À l’inverse des auteurs deutéronomistes, le Chroniste idéalise la figure


salomonienne en supprimant les passages relatifs à ses péchés. Il décrit une période faste
offerte par Dieu583 et présente Salomon comme un second David, c’est-à-dire un monarque
choisi par Dieu, protégeant le culte et ayant le soutien du peuple584. L’exemple flagrant qui
révèle les perceptions différentes de ces auteurs bibliques se trouve dans le rêve de Gabaon
(Textes B5a et B5b). Bien que ces deux Königsnovellen racontent le même événement, leurs
introductions diffèrent et laissent entrapercevoir deux perceptions opposées de la royauté.
Dans le récit de l’école deutéronomiste (1 R 3,1-15), il est indiqué que : « Salomon aima le
Seigneur de telle sorte qu’il marcha selon les prescriptions de David, son père ; seulement,
c’était sur les hauts lieux qu’il offrait des sacrifices et qu’il brûlait de l’encens » (1 R 3,3).
L’embarras de l’auteur est perceptible, il tente de mettre en avant l’obéissance de Salomon
mais parallèlement il est obligé de révéler que tous ses actes n’étaient pas conformes au livre

578
. J.H. PERRINE, « Theologized History: the Unique Purpose of the Chronicler Regarding Israel’s Kingship »,
2013, p. 18.
579
. D. NOCQUET, op. cit., p. 127.
580
. J.H. PERRINE, op. cit., p. 17.
581
. M.A. THRONTVEIT, « The Idealization of Solomon », p. 411-412.
582
. A.L. JOSEPH, op. cit., p. 36-38.
583
. M.A. THRONTVEIT, op. cit., p. 412-413.
584
. J.H. PERRINE, op. cit., p. 19.

539
de la Loi585. En revanche, le Chroniste écrit : « Salomon et toute l’assemblée avec lui se
rendirent au haut lieu qui était à Gabaon, car là se trouvait la tente de la rencontre de Dieu [...]
Là, Salomon monta à l’autel de bronze, devant le Seigneur, près de la tente de la rencontre et
il offrit un millier d’holocaustes » (2 Chr 1,3-6). Ici l’auteur dépeint le dévouement de
Salomon pour le culte tout en légitimant ses actes par la présence de l’arche d’alliance à
Gabaon586.

§ 448. Malgré les traits négatifs exposés par les auteurs deutéronomistes, le personnage de
Salomon a fortement contribué à façonner l’image du roi biblique. Sa sagesse légendaire a
influencé diverses traditions de l’Ancien Testament. On lui attribue la rédaction des
Proverbes, de l’Ecclésiaste, du Cantique des Cantiques, ainsi que du livre de la Sagesse parmi
les livres deutéro-canoniques587. Ainsi les règnes de David et Salomon qui durent chacun
quarante ans, nombre symbolisant la plénitude588, sont étroitement associés. C’est à travers la
promesse puis la construction du Temple que le Chroniste présente la complémentarité de ces
règnes, unifiés par leur dévotion au culte589. Ils sont unis afin de faire progresser la relation
d’alliance entre Dieu et le peuple590. Et c’est à travers le règne de Salomon que l’école
deutéronomiste exprime pour la première fois ses exigences à propos de la promesse
dynastique de David591.

§ 449. Le Chroniste semble également rapprocher la relation des deux monarques à celle
qui unit Moïse et Josué592. Plusieurs éléments vont en ce sens : Moïse et David ne parviennent
pas à accomplir leurs objectifs, le premier n’atteint pas le pays de Canaan, le second ne
construit pas le Temple de Jérusalem ; ils sont tous deux liés à la désignation de leurs
successeurs et ils font une double annonce, publique et privée, afin de les désigner. Moïse
reçoit les plans du tabernacle qu’il conserve dans le Livre de la Loi et David réceptionne les
plans détaillés du Temple transmis par écrit à Salomon593. Enfin Josué et Salomon amènent la
population au « repos », le premier en conquérant la terre promise et le second en édifiant le

585
. Ibid., p. 20.
586
. Ibid., p. 17.
587
. W. DIETRICH, op. cit., p. 173.
588
. Ibid., p. 169.
589
. M.A. THRONTVEIT, « Was the Chronicler a Spin Doctor? », p. 380.
590
. J.H. PERRINE, op. cit., p. 22.
591
. A.L. JOSEPH, op. cit., p. 39.
592
. Certains chercheurs s’opposent à ce rapprochement. Voir : G. KNOPPERS, « David's Relation to Moses »,
p. 1-3.
593
. M.A. THRONTVEIT, « Was the Chronicler a Spin Doctor? », p. 379.

540
Temple. En réalité, Moïse et David, tous deux « serviteurs de Dieu », sont les deux
personnages fondateurs de l’histoire d’Israël car avec eux débutent deux nouvelles ères
majeures. Ils sont intiment liés, étant donné que David est le destinataire de la promesse
divine résultant de son obéissance sans faille à l’alliance mosaïque594. David n’est pas à
envisager comme un second Moïse, mais la manière dont ils passent le flambeau à leurs
remplaçants est très similaire dans les deux cas595.

§ 450. Huit rois ont fait « ce qui est droit aux yeux du Seigneur », mais seulement trois
d’entre eux sont comparés de manière positive à David : Asa, Ézéchias et Josias596. Cette
injonction deutéronomiste est liée à l’observance des commandements. Pour la première fois
dans le Deutéronome (Dt 6,17-18), l’expression « agir avec droiture et faire ce qui est bien
aux yeux du Seigneur » (en obéissant à sa Loi) apparaît597. La description des actes de David
dans les livres de Samuel et des Rois est différente car c’est la figure davidique des livres des
Rois qui est utilisée comme prototype de comparaison afin d’évaluer les autres souverains
bibliques598. De la même manière que les bons rois sont associés à David, les mauvais suivent
le chemin de Jéroboam, d’Abijam et de Jéhu599. Toutefois, malgré les terribles agissements de
certains monarques de Juda, Dieu laisse la dynastie davidique au pouvoir à cause de la
promesse qu’il a faite à David600.

§ 451. Tout comme pour le rêve de Gabaon, l’introduction du règne de Joas est différente
dans le livre des Chroniques. L’école deutéronomiste dit que Joas « fit ce qui est droit aux
yeux du Seigneur pendant toute sa vie [...] Cependant, les hauts lieux ne disparurent pas ; le
peuple continuait à offrir des sacrifices et à brûler de l’encens sur les hauts lieux » (2 R 12,3-
4)601, en revanche le Chroniste omet la référence à la conduite idolâtre du peuple. Ensuite, le
Chroniste indique qu’Ézéchias « fit ce qui est droit aux yeux du Seigneur, exactement comme
son père David » (2 R 18,3 et 2 Chr 29,2). Quant à Josias « il fit ce qui est droit aux yeux du
Seigneur et suivit exactement le chemin de David, son père, sans s’écarter ni à droite ni à
gauche » (2 R 22,2 et 2 Chr 34,2). Ézéchias et Josias, tous deux comparés à David, sont à
l’origine de réformes religieuses importantes en conformité avec la théologie deutéronomiste.
594
. J. VAN SETERS, op. cit., p. 276.
595
. M.A. THRONTVEIT, op. cit., p. 379-380.
596
. A.L. JOSEPH, op. cit., p. 20-21.
597
. Ibid., p. 26.
598
. Ibid., p. 20.
599
. Ibid., p. 33.
600
. S.L. MACKENZIE, The Trouble with Kings, p. 122.
601
. A.L. JOSEPH, op. cit., p. 30.

541
Ézéchias détruit les hauts lieux ; quant à Josias, il purge le pays de ses pratiques idolâtres et
célèbre la Pâque avec une grande solennité. En marchant dans les pas de David, les deux
souverains sont décrits de manière dithyrambique602.

§ 452. Tous les rois qui ont respecté les commandements divins ne sont pas comparés à
David. Il semblerait que, sauf exception, ceux pour qui les hauts lieux ont persisté, tel que
Joas, n’aient pas le droit de bénéficier de ce privilège. De plus, le récit biblique indique
qu’Ézéchias et Josias ont chacun un cœur intègre (2 R 23,25 et 2 R 20,3), condition
supplémentaire nécessaire pour être comparé à la figure davidique603. L’expression « sans
s’écarter ni à droite ni à gauche » relative au règne de Josias est stupéfiante, elle est rare dans
l’Ancien Testament et demeure unique pour le règne d’un souverain désigné par son nom604.
Cette formule renvoie d’ailleurs à un passage du Deutéronome qui décrit en détail ce que doit
être un bon roi : « Et quand il sera monté sur son trône royal, il écrira pour lui-même dans un
livre une copie de cette Loi, que lui transmettront les prêtres lévites. Elle restera auprès de lui,
et il la lira tous les jours de sa vie, pour apprendre à craindre le Seigneur son Dieu en gardant,
pour les mettre en pratique, toutes les paroles de cette Loi, et toutes ses prescriptions, sans
devenir orgueilleux devant ses frères ni s’écarter à droite ou à gauche du commandement, afin
de prolonger, pour lui et ses fils, les jours de sa royauté au milieu d’Israël » (Dt 17,18-20).
Ainsi Josias est dès l’introduction lié à la Torah, il est l’archétype du roi idéal qui respecte les
prescriptions divines605. Par la suite, le portrait de Josias décrit une activité importante sur une
très courte période : il révolutionne la pratique cultuelle de manière inédite en centralisant le
culte et en purgeant Israël et Juda de leurs lieux de cultes impies606. En se débarrassant du
péché de Jéroboam (2 R 23,15), Josias est ainsi le dernier roi comparé à David607. Josias est
donc un bon roi biblique non pas parce qu’il est un guerrier ou un bâtisseur, mais parce qu’il
608
est un restaurateur de l’ordre . Nul n’est semblable à Josias et l’expression
d’incomparabilité suivante le prouve : « Il n’y avait pas eu avant lui un roi qui, comme lui,
revînt au Seigneur de tout son cœur, de tout son être et de toute sa force, selon toute la Loi de
Moïse. Après lui, il ne s’en leva pas de semblable » (2 R 23,25). Cette formule fait écho à
celle caractérisant Moïse à la fin de sa vie : « Plus jamais en Israël ne s’est levé un prophète

602
. Ibid., p. 27.
603
. Ibid., p. 32-33.
604
. E. EYNIKEL, loc. cit.
605
. G.J. VENEMA, op. cit., p. 63.
606
. G.N. KNOPPERS, Two Nations under God, p. 138-139.
607
. S.L. MACKENZIE, The Trouble with Kings, p. 123.
608
. K.A. RISTAU, loc. cit.

542
comme Moïse » (Dt 34,10). La révélation du livre pour l’un et la découverte du livre pour
l’autre font que l’histoire deutéronomiste demeure encadrée par ces deux figures éminentes609.

§ 453. La figure de David est donc utilisée par les rédacteurs comme un modèle et un
prototype du bon roi. Ce prototype royal participe activement au processus historiographique
des Königsnovellen. En effet, l’école deutéronomiste utilise le portrait royal comme véhicule
littéraire afin de transmettre son programme théologique. En comparant les souverains à
David, exemple remarquable de fidélité à l’alliance, l’auteur évalue leur amour envers Dieu et
leur assiduité à mettre en pratique ses commandements. Être un bon roi signifie donc imiter
les actions de David610. Comme l’explique A.L. Joseph, les auteurs deutéronomistes font le
choix d’utiliser la figure royale du David « comparatif » (celui à qui les rois seront comparés)
dépeinte dans les livres des Rois, à l’inverse de celle du David « promissoire » (celui qui
bénéficie des promesses divines) décrite dans les livres de Samuel. La figure de David
présente dans les livres des Rois est construite par les rédacteurs deutéronomistes selon un
modèle littéraire qui incarne l’archétype de l’obéissance. En ce qui concerne le David des
livres de Samuel, il représente le souverain à qui est faite la promesse d’une dynastie
éternelle. Les auteurs créent donc leur prototype davidique en projetant leur théologie sur le
David préexistant dans les livres de Samuel, c’est-à-dire qu’ils ajoutent les thématiques
d’amour et de fidélité envers Dieu qui sont moins centrales dans ce corpus611. Ainsi, dans les
livres des Rois, le destin du peuple et des monarques dépend de la fidélité, de l’amour et de
l’alliance de ces derniers avec Dieu. Les auteurs deutéronomistes établissent des conditions
obligeant chacun à suivre le texte de la Loi612.

§ 454. Les formules introductives de chaque règne sont également un outil narratif
permettant d’organiser de manière chronologique l’enchaînement des règnes de tous les
monarques bibliques ainsi que de leurs actes, créant une certaine uniformité dans leurs
représentations. En façonnant ainsi les portraits royaux, l’école deutéronomiste met en scène
ses concepts théologiques à travers ces formules de jugement613. Toutefois dans les livres des
Chroniques, la présentation des rois est quelque peu différente, bien que ces expressions s’y
retrouvent. Les auteurs semblent plutôt instrumentaliser et non pas idéaliser les souverains.

609
. J.-P. SONNET, op. cit., p. 857 ; E. BEN ZVI, op. cit., p. 103.
610
. A.L. JOSEPH, op. cit., p. 22-23.
611
. Ibid., p. 33-34.
612
. Ibid., p. 36.
613
. Ibid., p. 24.

543
En effet, le rôle du roi est de maintenir l’alliance en faisant que le peuple respecte les lois
divines, et il doit protéger le Temple et ses institutions ; il est donc aussi le serviteur du culte.
Le Chroniste considère seulement le règne de Salomon comme parfait étant donné qu’il a
construit le Temple ; la royauté n’est donc pas glorifiée, elle est au contraire imparfaite. Le
souverain est d’ailleurs soumis tout au long de l’histoire monarchique au jugement de Dieu,
ainsi le Chroniste envisage de manière plus manifeste que l’école deutéronomiste la
monarchie comme étant un système principalement théocratique614.

§ 455. Enfin, il est utile de rappeler avec J.-P. Sonnet que malgré la droiture de certains
portraits royaux, les règnes de ces rois justes se déroulent parfois dans la souffrance. Deux de
ces souverains connaissent d’ailleurs une fin tragique : Joas est assassiné par ses officiers
(2 R 12,21-22), Ézéchias est atteint d’une longue maladie (2 R 18-20), Josias est tué par le
pharaon Néchao sur le champ de bataille (2 R 23, 29-30)615. Le paradigme habituel de
récompense et de punition encourage à croire que la fidélité est gratifiée et que le péché est
puni, pourtant malgré le repentir du peuple et les actions bénéfiques des bons rois, le désastre
touche inévitablement Israël616.

§ 456. Finalement, bien que certaines Königsnovellen rapportent des faits qui se sont
véritablement déroulés, tels que le creusement d’un puits par Ramsès II à Kanaïs (Texte A19)
ou encore la bataille qui a opposé Ézéchias à Sennachérib (Texte B9), les intentions finales
que prêtent les auteurs à ces récits font qu’ils sont systématiquement retravaillés. Une
reconstitution subjective des faits caractérise en effet les textes dits « historiques » des
sociétés égyptienne et israélite. Dans le cas égyptien, les objectifs des « narrations royales »
correspondaient à la légitimation et la postérité des pharaons. Ainsi, cette célébration d’un
passé commun prestigieux impliquait un travail historiographique conséquent de la part des
scribes qui devaient transmettre à la population ainsi qu’aux générations futures l’image d’une
monarchie idéale à travers un corpus de texte unifié. Les événements, fictifs ou réels, décrits à
travers les Königsnovellen étaient donc remodelés en fonction de l’idéologie égyptienne qui
faisait du souverain le pilier de la société. En ce qui concerne le cas biblique, l’historiographie
qui est née avec l’école deutéronomiste intègre l’histoire de la monarchie, et donc les récits
des Königsnovellen, à son programme théologique non pas pour glorifier l’institution

614
. K.A. RISTAU, op. cit., p. 244.
615
. J.-P. SONNET, op. cit., p. 841-842.
616
. K.A. RISTAU, op. cit., p. 243.

544
politique tel que c’est le cas dans le Double-Pays, mais pour expliquer les raisons qui ont
entraîné l’exil et la destruction du Temple. La description des bons rois dans l’Ancien
Testament avait donc un but annexe à la simple glorification de certaines figures royales. Que
ce soit en Égypte ou dans la Bible, le travail historiographique des rédacteurs à travers les
« narrations royales » tient donc une place centrale dans la transmission de leur passé malgré
que leurs intentions finales aient été différentes.

545
CONCLUSION

§ 457. Au terme de cette recherche, il est nécessaire de rappeler la problématique énoncée


au début et qui nous a servi de fil conducteur. Cette étude visait à établir par quels moyens le
genre littéraire de la Königsnovelle a participé à l’élaboration de l’historiographie relative aux
monarchies égyptiennes et bibliques. Afin de répondre à cette question, les récits composant
les corpus égyptien et biblique ont été analysés de près. La démarche de cette recherche
s’inscrivait dans une approche comparatiste qui s’appliquer à mettre en avant les points
communs et les divergences de ces deux corpus sans déterminer une quelconque influence de
l’un sur l’autre. Premièrement, les textes ont été rassemblés en fonction de leurs thématiques
et de leurs motifs narratifs. Ces points ont été traités dans le contexte précis de chacune des
deux cultures afin de comprendre leur utilisation au sein du genre littéraire de la
Königsnovelle. Ensuite, la comparaison de ces documents a permis de mettre en évidence la
répétition d’une forme particulière du récit : la description d’une scène initiale, un élément
déclencheur, une prise de décision et une action royale. Des expressions et termes spécifiques
caractérisent ces textes qui avaient pour vocation, principalement pour les Königsnovellen
égyptiennes, d’être exposés aux yeux de tous. Lorsque ce n’était pas possible, ils devaient être
lus à haute voix afin que chacun y ait accès. D’une part, l’étude du support, du lieu et du
contenu des « narrations royales » égyptiennes a permis d’avancer les premières pistes
permettant d’appréhender les fonctions du genre littéraire au sein du Double-Pays. D’autre
part, tenter de discerner l’idéologie propre aux rédacteurs des récits bibliques a permis de
comprendre l’usage des Königsnovellen vétérotestamentaires au sein de l’Ancien Testament.

§ 458. Pour comprendre comment fonctionnait la « narration royale », il a été fondamental


de déterminer les raisons de son origine en parvenant à la dater et à signaler un contexte de
formation précis. Ceci a été possible pour les récits égyptiens car ils étaient généralement
associés à un individu particulier et donc à une période précise de l’Histoire égyptienne. Il
s’est avéré que la Königsnovelle pharaonique est née durant l’Ancien Empire sous l’impulsion
des nombreuses (auto)biographies des monuments privés. Les modifications architecturales
des complexes funéraires royaux ainsi que la nouvelle « Réforme » osirienne peuvent
expliquer le besoin de recourir à une forme originale de littérature officielle. La situation est
tout autre lorsqu’il s’agit de l’étude des récits bibliques car il est quasiment impossible
d’appréhender les contextes historiques particuliers dans lesquels ont été rédigées les
Königsnovellen vétérotestamentaires. En effet, ces dernières ont connu sur une très longue

546
période de nombreuses interventions rédactionnelles telles que celle de l’école deutéronomiste
puis plus tard celle du Chroniste. C’est donc au sein d’un programme théologique censé
expliquer l’exil ainsi que la destruction du Temple de Jérusalem qu’il a fallu comprendre le
besoin de l’émergence de ce genre littéraire au sein de l’Ancien Testament. La justification de
la naissance de la dynastie davidique à une époque reculée incita plus tardivement les
nouveaux choix rédactionnels des auteurs des Königsnovellen.

§ 459. Étant donné que la « narration royale » est un discours sur la personne du roi, ces
récits ont évidemment révélé de nombreuses informations sur la vision qu’avaient les
rédacteurs de ces textes à propos de la figure monarchique. Le souverain avait par exemple le
devoir de guider son peuple, c’est pourquoi il était souvent décrit dans les récits égyptiens et
bibliques comme étant le « berger de son peuple ». En raison de sa position de représentant
divin sur terre, il a été utile d’analyser la relation précise qu’il entretenait avec les divinités.
En effet, il existait une prédestination et filiation divines qui lui accordaient dans certains cas
un lien particulier avec le monde céleste. Le souverain était alors redevable envers les dieux,
des devoirs qui correspondaient à sa tâche lui incombaient : le pharaon devait faire respecter
la maât et le roi biblique devait suivre les préceptes de la Loi. Ainsi, l’étude de la « narration
royale » a dressé le portrait de ce que devait être un « bon roi », à la fois aux yeux de ses
sujets mais aussi vis-à-vis des dieux qui le soutenaient.

§ 460. Ensuite, il a été nécessaire de s’interroger sur les raisons de l’existence de ce genre
en Égypte et dans la Bible. La majorité des récits, traitant du pouvoir monarchique, sauf
exception617, participait à la propagande du roi. Les « narrations royales » dépeignaient le
monarque sous les traits d’un héros, elles contribuaient donc activement à la splendeur du
pouvoir monarchique. Toutefois, bien qu’il s’agisse de la première fonction de ce genre, elle
n’était pas la seule. En effet, la postérité du souverain était l’un des effets recherchés par les
auteurs qui tentaient, en décrivant les exploits du roi, d’ancrer ses actions dans les mémoires
pour l’éternité. Finalement, l’analyse des points abordés précédemment a eu pour objectif
d’appréhender les mécanismes historiographiques utilisés par les auteurs afin de construire
leurs histoires respectives, à travers le genre littéraire de la Königsnovelle et les personnalités
royales évoquées.

617
. B. MATHIEU, « Khéops et les magiciens », p. 1-17.

547
§ 461. À l’issue de cette étude, il est possible d’établir une définition commune aux
Königsnovellen égyptiennes et bibliques. Il s’agit systématiquement de la description d’une
action royale en évolution. La prouesse royale est divisée en plusieurs moments clés et
présente un commencement, une perturbation ainsi qu’un dénouement heureux. Une
progression est visible dans toutes ces histoires, elles ne sont donc pas statiques ni cycliques.
Ce schéma spécifique, qui se répète dans chaque « narration royale », met en exergue les
capacités du souverain dans des contextes bien précis. Cependant, bien que le schéma des
« narrations royales » de ces deux civilisations soit analogue, leurs motifs narratifs peuvent
parfois être différents car propres à leurs contextes culturels particuliers. Ainsi, elles
présentent des caractéristiques communes telles que les songes et les rêves royaux, la
description d’un roi guerrier, l’aide et les actions divines, les récompenses ainsi que la notion
de surpassement. Néanmoins, certaines d’entre elles appartiennent à un groupe de textes
caractérisé par un trait particulier : « contrariété et colère du roi » est par exemple un motif
spécifique des « narrations royales » bibliques. En ce qui concerne la performativité de la
parole royale, la notion de « Première fois », le motif du « un contre tous » ou encore les
eulogies royales, ce tous sont des motifs narratifs propres aux Königsnovellen égyptiennes.

§ 462. Les objectifs et les fonctions des Königsnovellen égyptiennes et bibliques diffèrent
également à certains égards. Il existe une différence notable, selon les corpus, en ce qui
concerne le rôle que joue le roi au sein de l’action. Les textes égyptiens mettent en relief la
personne de pharaon il est le héros principal de l’action bien qu’il soit la plupart du temps
épaulé par les divinités. À la fin, bien qu’il ait bénéficié d’une aide divine, la population vante
particulièrement ses mérites, en se prosternant et en lui adressant des louanges. Cette dernière
n’oublie pas de remercier les dieux parfois à travers des offrandes lorsque cela est nécessaire.
Les récits vétérotestamentaires se distinguent des textes égyptiens par la place qui est
accordée à Dieu dans l’intrigue. Le roi biblique semble être moins autonome que le souverain
égyptien car il est systématiquement assisté par Dieu. De plus, excepté dans quelques cas
spécifiques, les récits de l’Ancien Testament exaltent la gloire de Dieu sans qui rien n’est
possible. Il s’agit de l’objectif principal des « narrations royales » bibliques : témoigner de la
supériorité de Dieu sur les divinités étrangères impies. Le souverain biblique est donc
caractérisé par une certaine passivité, il fait appel à Dieu fréquemment et quelquefois n’agit
pas véritablement. Il profite cependant des conséquences bénéfiques de l’action. En résumé,
le roi égyptien est le héros sans équivoque de son histoire, et les divinités sont des « outils »

548
ou « media » à sa disposition pour arriver à ses fins. Le roi biblique est l’outil du dieu
hébraïque qui fixe lui-même les objectifs à atteindre.

§ 463. Ces contrastes mettent en évidence l’un des points fondamentaux de cette
recherche : la nature humaine du monarque. A. Loprieno qualifie la Königsnovelle de « récit
sur la personne humaine du roi »618. Les résultats de cette étude vont complètement en ce sens
car finalement de nombreux points renvoient à la nature humaine du roi. Le souverain
biblique pouvait être par exemple dépeint comme étant colérique ou contrarié. Mais le fait le
plus marquant est perceptible dans la tirade de Salomon qui avoue à Dieu ne pas savoir
comment gouverner et lui confesse être simplement un « homme ». De plus, le roi biblique
n’est pas un personnage divin à la naissance, contrairement à pharaon, il est adopté par Dieu
au moment de son intronisation. Malgré ces différences, les souverains égyptiens s’adonnent
tout de même à des activités exclusivement humaines et comme tous les mortels, ils rêvent.
Généralement les rédacteurs font intervenir un songe lorsqu’une situation délicate se présente,
cela permet d’introduire un dialogue entre la divinité et le roi. Certes cet échange met en
exergue la relation privilégiée qui existe entre le souverain et le dieu. Malgré tout, il souligne
également la dépendance du roi vis-à-vis de la puissance divine qui elle seule pourra résoudre
les difficultés. L’aide divine est d’ailleurs le point fondamental prouvant cette soumission au
pouvoir divin. Les souverains, et principalement le roi biblique, ont besoin des divinités pour
accomplir leurs exploits. La population, ainsi que le roi lui-même, pouvaient adresser des
prières aux entités supérieures afin qu’elles viennent en aide aux monarques. Toutefois, en
dépit de ces observations, il ne faut pas perdre de vue le fait que le roi égyptien reste divin par
nature et qu’il se situe au-dessus du peuple dans l’échelle sociale. Il possède un entendement
hors du commun et parvient à saisir des choses que les simples humains ne comprennent pas.
Mais dans certaines situations, par exemple lors d’une bataille mal engagée ou d’une
expédition lointaine dangereuse, sa part humaine le place inévitablement sous la coupe des
divinités. De son côté, le souverain biblique est un être singulier car il a été désigné par Dieu,
il peut lui parler et lui demander conseil. Pourtant, à l’inverse de pharaon, il n’est pas un dieu
et à de nombreuses reprises son Dieu lui rappelle sa condition de simple mortel qui lui doit
obéissance.

618
. A. LOPRIENO, « The King’s Novel », p. 279.

549
§ 464. Il est finalement surprenant de constater que les auteurs n’ont pas omis de
mentionner les faiblesses au sein de ces récits censés exalter la personne du roi619. Étant
donné que le soutien des divinités est indispensable et qu’il serait blasphématoire, surtout
dans les récits vétérotestamentaires, de ne pas parler de Dieu, il est alors raisonnable de se
demander si la légitimation du souverain est l’un des buts principaux de la Königsnovelle.
Finalement, la « narration royale » permet d’aborder la personnalité de chaque roi620, c’est
d’ailleurs un moyen pour eux de se distinguer de leurs prédécesseurs. Ainsi, il est légitime de
se demander ce que le genre littéraire de la « narration royale » apporte de plus par rapport à
d’autres types de textes (hymnes...) décrivant l’action des rois. En réalité, la Königsnovelle
permettait de mettre en forme « esthétique » un événement en laissant de côté le compte-
rendu élémentaire et formel qui pouvait caractériser certains textes (tels que ceux présentés
dans le chapitre « Contre-exemples » § 222-330.). Ainsi, le texte, s’apparentant à un conte
fictif ou réel, était diffusé plus facilement et le lecteur, ou l’auditeur, était davantage
suceptible de l’apprécier. La mise en forme ainsi que les expressions et phrases utilisées
étaient donc primordiales dans le processus de création d’un récit unique qui rapportait les
traits d’une personnalité royale unique. Excepté dans les situations où la position du roi était
remise en cause et où il fallait rétablir sa légitimité, la recherche de postérité apparaît plus
importante que la légitimation car elle participait à la création d’un personnage pour les
siècles à venir. Ceci explique notamment les matériaux impérissables utilisés en Égypte pour
graver les Königsnovellen.621 Quant à la Bible, la transmission de son corpus de génération en
génération a permis l’inscription de ces histoires dans le temps.

§ 465. Enfin, la dimension de propagande inhérente à chaque corpus diffère également


dans le cas égyptien et dans le cas biblique. En Égypte les habitants du Double-Pays
participaient déjà à l’idéologie royale622, sauf en cas de crise, ils n’avaient pas besoin d’être
convaincus de l’importance du système monarchique. L’accent est mis sur la légitimation
mais surtout sur la postérité des différents souverains. En revanche, dans la Bible le message
est tout autre car l’objectif premier des « narrations royales » est de faire accepter a posteriori
la mise en place d’une nouvelle institution à travers la figure de plusieurs rois tels que Saül,
David et Salomon. Par la suite, les auteurs deutéronomistes, à travers la description des règnes

619
. C’est particulièrement le cas de Ramsès II dans le « Bulletin de Qadech » et de Salomon au cours du rêve de
Gabaon (1 R 3,1-15 et 2 Chr 1,1-13).
620
. A. LOPRIENO, op. cit., p. 285.
621
. A. HERMANN, op. cit., p. 30-34.
622
. Participation à des fêtes à la gloire du souverain, corps de métiers consacrés à la construction des tombes
royales... De plus, la monarchie égyptienne est omniprésente sur le territoire, la population ne peut l’ignorer.

550
successifs des bons et des mauvais rois, ont eu pour intention d’expliquer la description du
Temple ainsi que l’exil grâce à un programme théologique et littéraire bien organisé.
Finalement, le but principal des auteurs bibliques n’était donc pas de souligner les différentes
personnalités royales623 à travers les Königsnovellen comme en Égypte, mais plutôt de faire
valoir l’intérêt de l’existence d’un souverain à la tête du peuple à certains moments clés de
l’Histoire. Ce contraste permettait de mettre en avant l’idéologie deutéronomiste en montrant
aux lecteurs que malgré les actes héroïques de certains monarques bibliques décrits dans les
« narrations royales », l’impiété des mauvais rois et du peuple avaient engendré l’exil.
Finalement, par le biais des « narrations royales » vétérotestamentaires qui mettaient en avant
le comportement exemplaire de certains souverains, les auteurs bibliques mettaient en réalité
en évidence la nécessité de respecter les préceptes de la Loi, seul moyen d’obtenir la grâce
divine. En définitive, les Königsnovellen égyptiennes et bibliques, dont certaines ont
d’ailleurs été rédigées à la même période, portaient les caractéristiques spécifiques de leur
civilisation et de leurs époques.

§ 466. Étant donné la difficulté d’analyser de manière exhaustive deux corpus distincts en
un temps restreint, certains points n’ont pu être traités. Par conséquent, cette thèse se
positionne comme un point de départ nécessitant des recherches complémentaires. En effet,
comme l’a souligné A. Loprieno, la Königsnovelle semble également présente dans d’autres
traditions du Proche-Orient624. Étant donné la place prépondérante du système monarchique
durant l’antiquité, il ne fait aucun doute que d’autres civilisations625, l’empire romain626 et
mésopotamien627 (néo-assyrien et néo-babylonien) par exemple, ont dû employer ce genre
littéraire afin de mettre en avant les figures royales officiant à leurs époques.

§ 467. Il existe également des sous-genres de la « narration royale » à la fois en Égypte et


dans l’Ancien Testament. Premièrement, certains récits mythologiques dont les dieux sont les
protagonistes principaux prendraient l’aspect de Königsnovellen, ce qui conduit A. Loprieno à
les caractériser de Götternovellen. Il cite uniquement trois exemples628 mais il est certain,
qu’étant donné la multitude de récits mythologiques égyptiens, de nombreuses Götternovellen

623
. Par la suite ce sera fatalement le cas notamment à travers les descriptions éloignées de Saül et de David.
624
. A. LOPRIENO, op. cit., p. 294.
625
. A. HERMANN, op. cit., p. 37-48.
626
. Fr. BRIQUEL-CHATONNET, op. cit., p. 120.
627
. T. ISHIDA, op. cit., p. 84-92 ; B.M. LEVINSON, « The Reconceptualization of Kingship in Deuteronomy and
the Deuteronomistic History’s Transformation of Torah », VetTest 51/4, 2001, p. 512-514 ; Th. RÖMER,
« Transformations in Deuteronomistic », p. 7.
628
. A. LOPRIENO, op. cit., p. 291-294.

551
doivent exister. En outre, plusieurs récits de particuliers qui racontent des événements
singuliers ressemblent aux « narrations royales ». Deux cas bien connus sont généralement
cités par les chercheurs : une petite stèle de la XIIe dynastie (UCL 14496)629 ainsi que
l’inscription d’un grand prêtre de Ptah sur la stèle de Taïemhotep (BM EA 147) datant du
règne de Cléopâtre VII 630. Repérer d’autres récits de personnages privés permettrait de
comprendre le processus qui a conduit à l’adoption de ce genre par leurs auteurs : la
Königsnovelle, qui s’est inspirée à l’origine des (auto)biographies de l’Ancien Empire, a par
la suite elle-même servi de modèle à des narrations privées.

§ 468. On trouve aussi des Princenovellen631 ; en effet, dans la Bible certains personnages,
non royaux au moment des faits, bénéficient de récits vantant leurs mérites sous la forme
d’une Königsnovelle. C’est par exemple le cas du combat de David contre Goliath632. Ce
passage est d’ailleurs essentiel dans l’histoire de David car il montre que ce dernier est
qualifié dès le départ par Dieu pour être le successeur légitime de Saül633.

§ 469. Enfin, une dernière catégorie que nous avons nommée Königsnovelle « inversée »
se rencontre aussi dans la Bible. Ce sont des passages vétérotestamentaires faisant intervenir
un roi, la plupart du temps étranger, et un personnage israélite. À diverses reprises, la forme
d’une « narration royale » est visible. C’est par exemple le cas de Joseph et de Daniel, deux
personnages contraints de vivre dans une région étrangère. Y. Volokhine établit précisément
un lien entre le genre de la Königsnovelle et le chapitre 41 de la Genèse, où Joseph décrypte
les rêves de pharaon634. La même situation se rencontre dans le cas de Daniel, qui parvient à
interpréter les songes de Nabuchodonosor (Dn 2,1-49)635. Cependant une différence notable
demeure entre les « narrations royales » traditionnelles et ces Königsnovellen inversées à la
fin de ces récits, ce n’est pas la figure du monarque qui en ressort glorifiée mais celle de

629
. H.K. JACQUET-GORDON, loc. cit.
630
. M. PANOV, « Die Stele der Taimhotep », LingAeg 18, 2010, p. 169-191 ; K. JANSEN-WINKELN, « Die
ägyptische », p. 114.
631
. Ibid., p. 115-116.
632
. Concernant la comparaison entre l’histoire de Sinouhé et celle de David contre Goliath voir : E.A. KNAUF,
« Zum “Einzelkämpfer” Sinuhe B 110 und 1.Sam.17,4.23 », GöttMisz 33, 1979, p. 33 ; G. LANCZKOWSKI,
« Die Geschichte vom Riesen Goliath und der Kampf Sinuhes mit dem Starken von Retenu », MDAIK 16,
1958, p. 214-218 ; H.A. HOFFNER, « A Hittite Analogue to the David and Goliath Contest of
Champions », CBQ 30, 1968, p. 220-225.
633
. M.Z. BRETTLER, op. cit., p. 219-220 ; D. EDELMAN, « The Deuteronomist’s Story of King Saul », p. 211 ;
J. VERMEYLEN, op. cit. p. 475 ; S.L. MACKENZIE, « “Yahweh was with him” », 2011, p. 153-154 ; P.
BORDEUIL, F. BRIQUEL CHATONNET, op. cit., p. 201-204.
634
. Y. VOLOKHINE, « L’Égypte et la Bible : histoire et mémoire. À propos de la question de l’Exode et de
quelques autres thèmes », BSEG 24, 2000, p. 85.
635
. J.-M. HUSSER, Le songe et la parole, p. 233 ; S. NOEGEL, op. cit., p. 56-59 ; A. CAQUOT, op. cit., p. 113-120.

552
l’autre personnage. Par extension, c’est la personne de Dieu qui est louée car c’est lui qui a
permis le prodige réalisé par le protagoniste non royal. Analyser ces récits à la lumière du
modèle de la Königsnovelle dans le contexte diasporique qui les caractérise636 aiderait à
comprendre davantage les enjeux rédactionnels qui se dissimulent derrière ces textes.

636
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606
CRÉDITS PHOTOS

Stèle de Coptos de Râhotep :


(https://www.ucl.ac.uk/museums-static/digitalegypt//koptos/uc14327.html)

Stèle de Thoutmosis II :
(https://archive.org/details/lartgyptiencho01capauoft/page/151)

« Stèle du Sphinx » de Thoutmosis IV :


(http://edoc3.bibliothek.uni-halle.de/lepsius/BlaetterFrame-tw35-i.htm)

Stèle de Kouban de Ramsès II :


(http://www.museedegrenoble.fr/951-antiquites.htm)

Grande inscription de Karnak de Mérenptah :


(https://oi-idb-static.uchicago.edu/multimedia/108538/8047.1920x1200.jpg)
(https://oi-idb-static.uchicago.edu/multimedia/108539/8048.1920x1200.jpg)
(https://oi-idb-static.uchicago.edu/multimedia/108540/8049.1920x1200.jpg)

« Stèle de la Famine » :
(https://fr.wikipedia.org/wiki/Stèle_de_la_famine#/media/Fichier:Sehel-steleFamine.jpg)

607
THÈSE DE DOCTORAT
Soutenue à l’Université d’Aix-Marseille
en codirection avec l'Université Paul-Valéry (Montpellier)
le 11 décembre 2020 par

Camille GUERIN
Königsnovelle (« narration royale »)
pharaonique et littérature biblique
Volume 2 : Annexes

Discipline Composition du jury


Mondes arabe, musulman et sémitique Susanne BICKEL (Rapporteure)
Prof., Université de Bâle
École Doctorale 355
Dany NOCQUET (Rapporteur)
Espaces Cultures Sociétés
MCF HDR, IPT Montpellier
Youri VOLOKHINE (Examinateur)
Laboratoire/Partenaires de recherche
MCF, Université de Genève
Institut de Recherches et d’Études sur les
Thömas RÖMER (Président du jury)
Mondes Arabes et Musulmans - IREMAM
Prof., Collège de France, Paris
(UMR 7310) -Aix-en-Provence
Katell BERTHELOT (Directrice de thèse)
Égypte Nilotique et Méditerranéenne
DR CNRS UMR 7297, Aix-Marseille
(ASM - UMR 5140) - Montpellier
Bernard MATHIEU (Codirecteur de thèse)
Prof. UPV Montpellier 3

0
TABLE DES MATIÈRES

Volume 2 - Annexes
INDEX 1 : TOPONYMES......................................................................................................... 3
INDEX 2 : ROIS ET DIVINITÉS................................................................................................ 8
INDEX 3 : NOMS PROPRES..................................................................................................... 13
INDEX 4 : TERMES ÉGYPTIENS.............................................................................................. 18
INDEX 5 : TERMES BIBLIQUES............................................................................................... 19

LISTE DÉTAILLÉE DES MOTIFS NARRATIFS ÉGYPTIENS.......................................................... 20


« DESCRIPTION D’UN ROI GUERRIER ET CHAMPION »...................................................20
Le pharaon athlète................................................................................................. 20
Roi comparé à un animal....................................................................................... 20
Roi assimilé à un dieu........................................................................................... 22
Attributs du roi guerrier.........................................................................................23
« UN CONTRE TOUS »...................................................................................................... 26
« RÉCOMPENSE DES COURTISANS ET DE L’ARMÉE »..................................................... 30
« SONGE ET ORACLE ».................................................................................................... 31
« “ACTE DE PAROLE” OU PERFORMATIVITÉ ».............................................................. 32
« EULOGIES ROYALES »................................................................................................. 33
« “PREMIÈRE FOIS”, SURPASSEMENT ET POSTÉRITÉ »..................................................39
Première fois......................................................................................................... 39
Surpassement et postérité...................................................................................... 42
« AIDE DIVINE ».............................................................................................................. 46
Dialogue entre le roi et un dieu............................................................................. 53

LISTE DÉTAILLÉE DES MOTIFS NARRATIFS BIBLIQUES........................................................... 55


« ROI GUERRIER ».......................................................................................................... 55
« CONTRARIÉTÉ ET COLÈRE DU ROI »........................................................................... 55
« SONGE ET ORACLE ».................................................................................................... 56
« SOUTIEN DIVIN AU ROI ».............................................................................................. 57
Aide de Dieu..........................................................................................................57
Privilège royal : dialogue avec Dieu..................................................................... 58
« OFFRANDE ET SACRIFICE »......................................................................................... 59

1
« RENOMMÉE ET SURPASSEMENT »............................................................................... 60

TABLE DES FIGURES.............................................................................................................. 64

2
INDEX 1 : TOPONYMES

Abou Simbel : A20, 523, 527, 528 Bérotaï : 467, 468

Abousir : A1, 46, 347, 479, 523 Bètah : 467, 468

Abydos : A6, A9, A18, A20, 336, 520, Bèzeq : B1


522, 523, 527, 528
Biga : A28, A30
Akayta : A17, A19, 352, 398, 404, 420
Birabi : A8
Akcha : A19, 51, 528
Boçqath : B10a, 434
Akhétaton : A17, 440, 442
Boulaq : A6
Alep : A20
Bubastis : A16b
Alshé : A20
Buhen : A17, A19, 51
Amada : A17, 51
Byblos : 355
Amarna : 355
Caire : A21, A27b, A28
Amourrou : 343
Canaan : 540
Aram : 467, 468
Cerédata : B7b
Arouna : A13
Chabten : A20
Assouan : A10, A16a, A27c, A28, 22, 342,
353, 457, 522, 527 Chadou : A22

Assyrie : B9 Chakana : A22

Avaris : A8, A13 Champs des Souchets : A6

Baal-Peracim : B2a, B2b, 420 Charouhen : A13

Baikhou : A30 Chas : A27b

Bakhtan : A29, 354, 355, 398, 451, 452 Chekerech : A22

Baky : A19, 352 Chemnis : A14, A26, 464

Balamun : A30 Chereden : A22

Béhédet : A18, A19 Coptos : A7, 522

Berlin : 333 Çova : 467, 468

3
Cusae : A8 Farafra : A22

Damas : 467, 468 Fayoum : 373

Dardany : A20 Fénékhou : A10

Dédy : A22 Gabaon : B2b, B5a, B5b, 360, 362, 416,


425, 426, 439, 442, 489, 490, 493, 503,
Deir el-Bahari : A12, 436, 523, 527 538, 539, 540, 541

Deir el-Ballas : A4, 32, 46, 342 Gaza : A13

Dendera : A4, 343 Gebel Barkal : A24, A26, 523, 527, 528

Djahy : A20, 440, 442 Gebelein : A23, 522

Dodécaschène : A30 Gématon : A25, 335

Douat : A6, A19, 399 Gîza : A14, 334, 375, 478, 522, 527

Edfou : A15, A18, 348, 351, 376 Grèce : 494

Edom : 467 Guebal : B7a

Égypte : A4, A8, A11, A13, A15, A17, Guèva : B2a


A20, A22, A26, A28, A29, A30, B3a, B3b,
B7a, 20, 21, 24, 27, 28, 40, 332, 333, 337, Guèzèr : B2a, B2b
338, 342, 343, 345, 348, 349, 354, 358,
360, 378, 379, 381, 382, 383, 386, 387, Guilgal : B1, 427, 428, 488
390, 391, 393, 396, 400, 401, 402, 405,
406, 411, 416, 418, 420, 426, 433, 437, Guivéa : B1
449, 453, 454, 455, 456, 462, 463, 464,
465, 466, 473, 477, 480, 481, 496, 499, Hamath : 467, 468
501, 509, 511, 514, 515, 517, 518, 519,
521, 525, 527, 528, 529, 530, 531, 537, Hatti : A20, A22, 354
545, 547, 550, 551
Hattousa : 355
El-Arish : 42
Héliopolis : A5, A11, A14, A19, A21,
El-Kab : A15 A22, 353, 404, 440, 442, 481

Éléphantine : A3, A8, A18, A21, A27c, Herenkerou : A13


A28, A30, 337, 346, 353, 383, 384, 520
Hermopolis : A8
Ermant : A15, 44
Hermonthis : 377
Esna : 348
Héseret : A26
Euphrate : 467
Hout-ka-Ptah : A19

4
Imaou : A28 Keheses-de-la-souveraineté-des-Deux-
Terres : A4
Inouges : A13
Kharou : A13
Ipet-sout : A13, A15, A19, A27a, 440, 442
Khartoum : A25
Iqouch : A22
Khas : A14
Irouwa : A27b
Khent-hen-nefer : A19, A30
Irwan : A20
Kher-Aha : A14
Irzawa : A20
Kom Ombo : A15
Israël : B1, B4, B5b, B7b, B10b, 27, 33,
358, 359, 360, 366, 367, 368, 411, 413, Konosso : A15, 377, 379, 382, 387, 407,
418, 419, 421, 422, 423, 424, 425, 426, 457, 522, 527
427, 428, 429, 430, 431, 433, 437, 442,
449, 458, 459, 461, 468, 483, 485, 487, Kouban : A19, 51, 339, 351, 352, 353,
490, 491, 492, 494, 497, 498, 503, 504, 375, 380, 392, 395, 396, 399, 404, 408,
509, 510, 511, 513, 517, 521, 524, 533, 446, 506, 509, 523, 528
534, 535, 536, 537, 538, 539, 541, 542,
544 Kouch : A8, A10, A16a, A17, A19, A22,
A24, 350, 403, 452, 508, 527
Jaffa : B7b
Lakish : B9
Jérusalem : B2b, B3b, B5a, B7a, B7b, B8a,
B8b, B9, B10a, B10b, 335, 364, 366, 367, Liban : B7a, B7b
369, 370, 413, 415, 418, 419, 421, 423,
425, 426, 429, 430, 434, 437, 438, 440, Licht : A3
442, 455, 459, 462, 467, 468
Louka : A20
Jourdain : B7b
Louqsor : A5, A20, A29, 523, 528
Juda : B7b, B8b, B9, B10a, B10b, 358,
413, 487, 491, 497, 504, 505, 516, 517, Mandoulis : A27c
533, 537, 538, 541, 542
Manou : A30
Kanaïs : A18, 351, 352, 399, 420, 466,
523, 528, 544 Manshiet el-Sadr : A21

Karkemich : A20 Masa : A20

Karnak : A8, A11, A13, A20, A22, A27a, Mechouch : A22


A29, 334, 348, 349, 522, 523, 526, 528
Megiddo : A13, 381, 455
Kary : A19
Memphis : A8, A14, A23, A26, 343, 440,
Kechkech : A20 464

5
Mésopotamie : 365, 366, 385, 493, 494, Pennsylvanie : A17
497, 551
Per-Baraset : A22
Miâm : A19
Per-Chaq : A8
Mittani : 531
Per-Irer : A22
Moab : 467, 468
Philae : A10, A16a, A30, 522, 527
Moriyya : B7b
Pidasa : A20
Mouchanet : A20
Pnoubs : A27a, A27c
Naharin : A13, A20, A29, 440, 442
Pount : A1, A12, A6, 22, 40, 344, 345,
Napata : A24, A26, 350, 390, 508 346, 394, 525

Néferousy : A8, 382 Proche-Orient : 20, 34, 42, 48, 332, 358,
367, 416, 418, 493, 494, 508, 551
Nékhen : A18, 452
Qadech : A13, A20, 51, 343, 376, 377,
New-Kalabsha : A27c 379, 382, 452, 457, 462, 512, 527, 528,
533
New York : A3
Qarquicha : A20
Nil : A4, 341, 421, 451, 465, 466
Qébeh-Hor : 464
Ninive : 355
Qina : A13
Nubie : A10, A16a, A16b, A17, A25,
A27a, A27c, A30, 337, 339, 527 Qiryath-Yéarim : B5b

Ornân : B7b Qodé : A13, A20

Ouadi Hammamat : A4 Rê-Pekher : A6

Ouaouat : A4, A15, A30, 343, 343 Reb : A22

Ougarit : A20 Rek : A22

Pakrour : A26 Rétéhou-Qabet : 464

Palerme : 344 Ro-Setaou : A14

Palestine : 345 Saba : 430

Parwaïm : B7b Safta : A13

Pé : 452 Saïs : A28, 440, 441

6
Saqqâra : 474, 482, 523 Vallée des Refaïtes : B2a, B2b, 411

Sat : A14 Vallée du Sel : 467, 468

Séhel : A30, 522 Yavesh-de-Galaad : B1

Shabtouna : A20 Yehem : A13

Shakana : A22 Yénamou : A13

Shellal : A27a, A27c, 523 Yoursa : A13

Silè : A13, 442

Sinaï : 345, 423, 425

Sokaris : A14

Soped : A26

Soukkoth : B7b

Syrie : 343

Ta-dehen : A27b

Taâanaka : A13

Takompso : A30

Tamout : A14

Tanis : A27b, 523

Thèbes : A4, A8, A9, A12, A13, A16a,


A18, A22, A25, A26, A27a, A27b, A29,
342, 343, 354, 401, 463, 508

Tjéhénou : A22

Tjemeh : A22

Tôd : A5

Tounip : A20

Tourech : A22

Tyr : B7a, B7b, 368, 443, 446, 458

7
INDEX 2 : ROIS ET DIVINITÉS

Âakhéperenrê : A10 Amon-Rê : A8, A11, A13, A16a, A18,


A19, A22, A23, A24, A25, A26, A27a,
Âakhéperkarê : A10, A11, 507 A27b, A29, 506, 508, 528

Abijam : 541 Anlamani : A24

Achab : 533 Anoukhis : A27c, A30

Achaz : 516 Antef II : A4

Âhmès-Néfertari : A9, 333, 334, 508 Anubis : A9

Âhmosis : A9, 34, 333, 356, 434, 440, 444, Apophis : 343
448, 450, 493, 508, 522
Apriès : A28, 407, 516
Akhénaton : A17, 356, 385, 434, 440, 442,
444, 448, 449, 516, 523 Aspelta : A24, 349, 350, 356, 389, 403,
435, 440, 444, 448, 457
Akhty : A11
Aton : A11, A17, 506
Alara : A25, 409, 515
Atoum : A5, A6, A11, A14, A15, A18,
Amasis : A28, 356, 378, 379, 399, 407, A19, A21, A25, A26, A29, 378, 406, 506
435, 440, 444, 448, 449, 457, 515, 523
Baenrê : A22
er
Amenemhat I : A3
Bakarê : A26
Amenemhat III : 352, 522
Chabaka : A24, 335, 516
Amenhotep II : A5, 373
Chou : A30
Amenhotep III : A8, A16a, A16b, A29, 51,
352, 355, 356, 375, 376, 378, 434, 436, Cléopâtre VII : 24, 552
440, 444, 448, 449, 451, 457, 528
Cyrus : 497
Amenhotep IV : 44
David : B2a, B2b, B3a, B3b, B4, B5a,
Amon (Égypte): A8, A10, A11, A12, A13, B5b, B7a, B7b, B9, B10a, B10b, 23, 33,
A15, A18, A19, A21, A22, A23, A25, 34, 35, 333, 357, 358, 362, 363, 364, 365,
A26, A27b, 40, 334, 335, 341, 346, 347, 366, 367, 368, 371, 410, 411, 415, 416,
348, 349, 350, 355, 380, 388, 389, 390, 417, 418, 419, 420, 421, 422, 424, 428,
398, 399, 400, 402, 404, 405, 406, 407, 429, 430, 431, 433, 439, 442, 443, 447,
408, 456, 462, 463, 463, 465, 466, 505, 449, 455, 459, 461, 462, 467, 468, 469,
506, 508, 510, 519, 520, 522, 523 483, 484, 485, 486, 487, 488, 490, 492,
493, 497, 498, 503, 504, 505, 509, 510,
Amon (Bible) : 504, 516 512, 513, 515, 516, 521, 532, 535, 537,
538, 539, 540, 541, 542, 543, 550, 552

8
Dedoun : A24 441, 462, 464, 465, 496, 505, 506, 507,
513
Djoser : A30, 50, 336, 337, 356, 390, 400,
402, 435, 440, 444, 448, 466, 474, 515, Hou : A5, A7, A19, 397, 475
520, 522
Ichtar : 355
Douaou : A14
Isis : A11, A18, A24, A30, 464, 465
Ézéchias : B9, 357, 359, 371, 419, 420,
421, 424, 431, 433, 438, 440, 443, 447, Jéhu : 541
462, 492, 503, 504, 516, 533, 541, 542,
544 Jéroboam : 487, 541, 542

Geb : A6, A7, A9, A14, A22, A30, 389 Joas : B8a, B8b, 369, 370, 413, 424, 431,
433, 437, 438, 439, 440, 443, 447, 459,
Gilgamesh : 42 491, 516, 541, 542, 544

Hâpi : A19, A30, 393, 404, 408, 506 Joram : 533

Harmachis : A14, 334, 386, 387, 389, 390, Josias : B10a, B10b, 27, 369, 370, 371,
444, 445, 505, 506 413, 431, 434, 437, 440, 443, 447, 459,
461, 491, 494, 504, 510, 515, 516, 541,
Hatchepsout : A11, A12, 40, 334, 344, 542, 544
346, 347, 349, 356, 390, 393, 394, 395,
400, 402, 406, 434, 436, 440, 444, 448, Kamosis : A8, 341, 343, 356, 376, 379,
453, 456, 473, 474, 475, 505, 508, 513, 381, 382, 434, 440, 444, 447, 449, 454,
516, 522, 523, 524, 525, 527 514, 523, 528

Hathor : A12, A21, A28 Kamoutef : A11, A29

Hattussili III : 354 Khasekhemrê : A6

Hedjkhéperrê : A23 Khéops : 47, 363, 470, 474, 479

Henemibrê : A28 Kheperkarê : A5

Hiram (roi de Tyr) : B7a, B7b, 368, 430, Khephren : A14


443, 446, 458, 459
Khépri : A11, A14, A19
Hor-Âha : 375
Khnoum : A16a, A27c, A28, A30, 337,
Horakhty : A5, A13, A14, A19, A21, 348, 390, 506, 520
A27b, A29, 333, 392, 496, 519
Khonsou : A27b, A29, 31, 354, 355
Horemheb : 349
Khounefertoumrê : 462
Horus : A3, A6, A7, A8, A10, A11, A13,
A14, A15, A16a, A18, A19, A20, A22, Maât : A19, A22, A23, A25, A28, 400,
A23, A24, A25, A27a, A27b, A27c, A29, 406, 408, 462, 481
A30, 338, 348, 376, 378, 400, 439, 440,

9
Maâtkarê : A11 Néferhétepès : A1, 450, 451

Manassé : B10b, 504, 510 Neferibrê : A27a, A27c

Menkheperourê : A14, A15 Néferirkarê : 383

Menkheperrê : A13, A23 Neferkheperourê : A17

Menmaâtrê : A18, A19 Néférourê : A29

Mérenptah : A22, 340, 356, 379, 388, 389, Nefertemkhourê : A25


390, 398, 399, 407, 435, 436, 440, 444,
448, 520, 523, 528 Néfertiti : 385

Merkarê : A24 Neith : A28

Mery-maât : A19, A20 Nekhbet : A15, A18, 348

Mesha : 532, 533 Nephthys : A30

Min : A7, 407, 506 Netjerkhet : A30

Montou : A13, A15, A16a, A19, A20, Noun : A19, A26, A30, 351, 392, 408, 463
A23, A26, A27a, A27b, A29, 377, 378,
506 Nout : A6, A11, A14, A29, A30, 378, 508

Montouhotep II : A4, 32, 44, 46, 341, 342, Nyouserrê : 481


343, 356, 381, 383, 384, 404, 434, 436,
440, 443, 447, 449, 523 Onouris : A25

Mout : A14, A24, A27b, 350, 508 Osiris : A6, A18, A24, A30, 47, 336, 337,
338, 378, 400, 464, 465, 478, 480, 481,
Mouwatalli III : 343 482, 500, 505, 506, 507, 513, 522, 527

Nabuchodonosor : 552 Osiris Khentyimentyou : A6

Nahash : B1, 358, 410, 412, 418 Ouadjkhéperrê : A8

Nârmer : 374 Ounas : A3, 22, 47, 344, 345, 346, 356,
383, 396, 434, 435, 440, 443, 447, 449,
Nebkaou : A6 456, 476, 479, 481, 523, 527

Nebmaâtrê : A16a Ounnefer : A6

Nebpehtyrê : A9 Oupouaout : A6

Néchao : 544 Ourty-Hékaou : A11

Néferhotep Ier: A6, A29, 336, 337, 356, Ousermaâtrê-Setepenrê : A19, A20, A21,
434, 440, 444, 447, 516, 522, 527 A29

10
Piânkhy : 43, 50 512, 513, 516, 521, 534, 537, 538, 539,
540, 544, 549, 550
Psammétique II : A27a, A27b, A27c, 51,
340, 356, 435, 440, 444, 448, 449, 523, Satis : A27c
528
Saül : B1, B3a, 357, 358, 371, 410, 411,
Ptah : A18, A19, A22, A23, A26, A30, 24, 412, 418, 419, 427, 428, 429, 433, 439,
388, 389, 407, 506, 552 442, 443, 447, 459, 483, 484, 485, 486,
488, 497, 503, 512, 513, 514, 515, 516,
Ptah-Sokar : A7, A26, 397, 506 537, 538, 550, 552

Ptolémée II Évergète : A30 Sekhemrê-Ouahkhaoû : A7

Ptolémée II Sôter : A30 Sekhmet : A14, A15, A20, A23, A26, 375,
378, 379
Ptolémée V Épiphane : A30
Sennachérib : B9, 357, 359, 419, 421, 424,
Râhotep : A7, 356, 397, 398, 403, 407, 431, 438, 443, 446, 462, 492, 503, 533,
434, 440, 444, 447, 496, 522 544

Ramsès II : A8, A19, A21, A29, 341, 343, Sésostris Ier : A5, 26, 34, 35, 48, 332, 333,
351, 352, 353, 354, 355, 356, 375, 376, 356, 434, 440, 443, 447, 496, 522, 524
377, 379, 380, 382, 383, 384, 392, 393,
399, 404, 408, 420, 434, 435, 440, 444, Seth : A14, A15, A22, 348, 377, 379, 506
448, 453, 457, 462, 506, 512, 515, 523,
528, 544 Séthy Ier : A18, 343, 351, 352, 353, 356,
398, 399, 403, 404, 408, 420, 434, 440,
Rê : A3, A6, A7, A8, A10, A11, A13, 444, 448, 452, 466, 496, 523, 528
A14, A15, A16a, A17, A18, A19, A20,
A21, A22, A23, A24, A25, A26, A27b, Sia : A5, A7, A19, 392, 397, 475
A27c, A28, A29, A30, 24, 350, 377, 378,
392, 400, 403, 404, 405, 406, 408, 446, Smendès : A23, 335, 356, 435, 440, 444,
455, 457, 462, 464, 479, 480, 481, 505, 448, 516, 522
506, 508
Snéfrou : 470, 479
Renoutet : A14, A30
Sothis : A30
Sahourê : A1, A2, 22, 37, 46, 47, 344, 346,
347, 348, 356, 372, 373, 394, 395, 396, Soutekh : A20
434, 440, 443, 447, 448, 450, 456, 474,
475, 476, 479, 523, 527 Taharqa : A24, 43, 332, 335, 356, 378,
398, 409, 435, 440, 444, 448, 457, 462,
Salomon : B3a, B4, B5a, B5b, B6, B7a, 464, 465, 466, 508, 515, 516, 522
B7b, 23, 33, 35, 48, 358, 360, 361, 362,
363, 364, 365, 366, 367, 368, 369, 371, Tanoutamon : A25, 43, 341, 343, 356, 383,
415, 416, 417, 418, 421, 422, 424, 425, 384, 386, 387, 403, 435, 440, 444, 445,
426, 428, 429, 430, 433, 437, 438, 439, 448, 449, 456, 516, 523, 527
442, 443, 445, 447, 449, 458, 459, 460,
461, 462, 483, 486, 487, 489, 490, 492, Tatenen : A22, A25, A30
493, 494, 502, 503, 504, 507, 509, 510,

11
Thot : A6, A9, A23, 348, 392

Thoutmosis Ier : A11, 334, 349

Thoutmosis II : A10, 356, 376, 404, 434,


440, 444, 448, 507, 522

Thoutmosis III : A5, A13, 44, 349, 356,


378, 381, 407, 434, 440, 444, 448, 454,
455, 475, 505, 513, 515, 520, 522, 526,
528, 531

Thoutmosis IV : A14, A15, A29, 33, 35,


36, 334, 335, 356, 372, 373, 377, 379, 382,
386, 387, 388, 389, 390, 407, 417, 434,
440, 444, 445, 448, 457, 493, 494, 505,
522, 527

12
INDEX 3 : NOMS PROPRES

Abadie Ph. : B2b, B3b, 492 Blumenthal E. : 34

Abalé : 464, 465 Bonhême M.-A. : 387

Abner : 442 Borchardt L. : A1, A2

Açalyahou : B10a, B10b Bouchard J. : 350

Adaya : B10a, 434 Bourdieu P. : 391

Adoniram : B7a, 458, 459 Breasted J.H. : A6, A23

Ahiqam : B10a, B10b, 458, 459 Brekelmans C.H.W. : 494

Akbor : B10a, 458, 459 Brophy J. : 21, 37, 42

Alliot M. : 348 Brugsch E.C. : A28

Amaleq : 467, 468 Brugsch H. : A5

Ammon : 467, 468 Cabrol A. : A23

Amoç : B9 Cailliaud F. : A18

Asaya : B10a, B10b, 458, 459 Carnarvon : A8, 376

Assmann J. : 395, 500, 505, 518, 521 Černy J. : A3

Athalie : B8b Cornog E. : 516

Austin J.L. : 391, 393 Coulon L. : 452, 473

Avdôn : B10b Cross F.M. : 494

Ayrton E. : A9 Currelly C. : A9

Baines J. : 525 Daniel : 552

Barguet P. : A30 Daressy G. : A23

Beçalel : B5b De Putter Th. : 353

Benjamin : B10b Dédy : A22

Bentrech : A29, 25, 31, 339, 354, 355, 446, Den : 372
451, 515
Denoyelle C. : 453, 454

13
Derchain Ph. : A5 Harhas : B10a

Devéria T.C. : A6 Hasra : B10b

Diego Espinel A. : 346 Helck W. : A6, 18

Diodore de Sicile : 48 Hénénou : A4

Djédi : 363 Hermann A. : 18, 20, 30, 31, 32, 33, 36,
38, 40, 43, 45, 48, 520
Djéhoutyemheb : A29, 354, 355, 451
Hérodote : 48
Ephraïm : B10b
Herrmann S. : B3a, 20, 21, 22, 23, 33, 36,
Esaïe : B9 39, 48, 489, 493, 494, 510

Farout D. : A3, 22, 46, 47, 449, 478, 482 Heqa : A14

Gabolde M. : A30 Hilqiyahou : B10a, B10b, 370, 413, 458,


459, 461
Gédéon : 483
Hiram-Abi : B7b, 458, 459
Gnirs A.M. : 45
Hoffmeier J.K. : 514, 531
Goedicke H. : A3
Hofmann B. : 19, 29, 43, 44, 45
Goliath : 410, 419, 497, 498, 552
Hornung E. : 402
Gonçalves F.J. : 492
Houlda : B10a, B10b, 413, 422, 458, 459,
Görg M. : 23, 35 491, 504

Gozzoli R.B. : 518 Hour : B5b

Grabbe L.L. : 19, 48 Hsu Sh.-W. : 45

Grallert S. : 42 Husser J.-M. : 416

Grandet P. : 530 Ikhény : A16a, 451, 457

Grenier J.-Cl. : A30 Imhotep : A30, 451

Griffith Fr. L. : A25 Ipouour : 501, 504

Grimal N. : 40, 511, 524 Ishida T. : 484

Habachi L. : A8 Jansen-Winkeln K. : 18, 25, 29, 38, 44, 45

Hadadèzèr : 467, 468 Japhet S. : 536

14
Job : 360 Menu B. : 501

Jonathan : 485, 513, 516 Merari : B10b

Joseph : 385, 415, 552 Meshoullam : B10a, B10b

Joseph A.L. : 543 Mésir : A30

Josué : 502, 503, 540 Mettinger T.N.D. : 412

Kasparian B. : 344 Michée : 497

Kémet : A6 Mika : B10b

Khénou : 346 Miyaka : B10a

Kitchen K.A. : 18 Montet P. : A27b

Kloth N. : 471 Moïse : B4, B5b, B8b, B10b, 366, 393,


413, 420, 421, 429, 502, 503, 515, 537,
Labrousse A. : A3 540, 541, 542, 543

Lacau P. : A8 Moreno Garcia J.-C. : 21

Legrain G. : A22 Morenz S. : 399

Lichtheim M. : A5, A30 Morgan J. De : A15

Liverani M. : 340 Moussa A.M. : A3

Loprieno A. : 19, 20, 23, 24, 25, 41, 42, Müller W.M. : A27a
389, 549, 551
Nakhtemouase : A20, 379
Lundh P. : 339
Nasalsa : 508
Maaséyahou : B10b
Nathan : B3a, B3b, B4, 34, 364, 367, 415,
Mabara : A22 417, 418, 422, 428, 429, 430, 458, 459,
460, 469, 485, 486, 489, 490, 492, 493,
MacKenzie S.L. : 27 494, 498, 503, 509, 510, 513, 536

Mariette A. : A6, A12 Naville É. : A16b

Mârouy : A22, 340 Nephtali : B10b

Marx A. : 424 Nihan Chr. : B1, B2a

Matanazi : 354 Nocquet D. : B1, B2a, 490

Mathieu B. : 351, 393, 481 Noth M. : 26

15
Nyânkhsekhmet : 394, 474, 475, 476 Sabni : 384

Ounamon : 355 Saint-Ferriol L. de : A19

Orion : A15 Salmon Chr. : 516, 517

Osing J. : 349 Samuel : B1, 427, 428, 58, 459, 460, 483,
484
Osorkon : 39
Seidlmayer St.J. : 454
Otto E. : 32, 33, 438
Schneider Th. : 499
Ovadyahou : B10b
Schniedewind W.M : 21
Ouri : B5b
Schott S. : A18
Pépi : A8
Sethe K. : A30
Perdriaud H. : 462
Shalomi-Hen R. : 481
Perring J.S. : A1, A2
Shirun-Grumach I. : 39, 40
Petrie Fl. : A7
Siracide : 360
Piccato A. : 438
Spalinger A. : 19, 21, 36, 46, 395, 396, 446
Posener G. : 389, 391, 399, 406, 409
Shâfan : B10a, B10b, 413, 458, 459, 461
Plutarque : 31, 32
Shalloum : B10a, B10b
Prisse d’Avennes É. : A19
Siméon : B10b
Ptahhotep : A8, 391, 499
Sonnet J.-P. : 544
Ptahouach : 402, 472, 476, 477
Smith H.S. : A17
Qehath : B10b
Stauder-Porchet J. : 394, 472
Qohélet : 360
Stott K. : 494
Râour : 436, 476, 477
Tacite : 31, 32
Redford D.B. : A4, 19, 23, 38
Taïemhotep : 24, 31, 39, 552
Rehov : 467, 468
Téti : A8
Römer Th. : B10a, 27, 490, 533, 537
Tétichéri : A9, 34, 333, 334, 508, 522
Rosellini H. : A29
Thoutmosis (général) : A17

16
Toï : 467, 468 Yoahaz : B10b

Ti : A2, 450, 451 Yoram : 467, 468

Tiqwa : B10a Zekarya : B10b

Toqhath : B10b

Török L. : 43

Trimm Ch. : 357

Tushratta : 355

Valbelle D. : A5

Van de Walle : 32

Van Seters J. : 19, 27

Vergote J. : 384

Vermeylen J. : B2a

Vernus P. : 341, 401, 403, 404, 475, 518,


524

Volokhine Y. : 552

Watty W.W. : 48

Weigall A. : A9

Wilbour Ch.E. : A30

Wildung D : A30

Williams R.J. : 35

Xénophon : 31

Yahath : B10b

Yedida : B10a, 434

Yehoyada : B8a, B8b, 413, 458, 459

Yoab : 442

Yoah : B10b

17
INDEX 4 : TERMES ÉGYPTIENS

jw tw r⸗dd « on vint dire » : 446 mḫtbtb « type de pierre » : A30

jwjw « chien » : A22 mṯȝy « type de pierre » : A30

jb « conscience » : 361 nb « type de jarre »: A25

jnw « tribut » : 342 nbw n ḥs.t « l’or de la récompense » : 384

jsf.t « isefet » : 338 nfw « type de plante » : A30

jst « particule » : 396 rʿgs « type de pierre » : A30

ʿḥʿ « type de navire » : A15 rhd.wt « type de récipient » : A22

ʿš « type de cruche » : A25 hȝkr « fête religieuse » : A9

wȝg « fête » : A6, A9 Ḥwʿ « banc de sable » : A16b

wȝs « sceptre » : A26, A15 ḥn.w « type de récipient » : A22

wʿb « prêtre » : A6, A25, A30 ḫprw « apparition »: 40

wbȝ « révéler » : 40 sw.t « poutre » : A30

wtšy « type de pierre » : A30 sw.ty « blé » : A21

wḏ « » : 526 sbȝ.yt « enseignements » : 40

bȝ « ba » : A7, A8 šw « type de cruche » : A25, A26

bȝw « pouvoir » : A3, A5, A13, A17, A19, qrḥ.t « type de vase » : A3
A29, A10, 340, 344, 398, 404, 406, 449,
452 kȝ « ka » : A3, A6, A7, A12, A14, A15,
A17, A19, A22, A25, 393, 397, 407
bȝk « travail » : 342, 343
kjry « travailleurs » : A30
bjȝ.t « miracle »: 40
tȝ-mḥy « pierre précieuse inconnue » : A30
bḫn « type pierre de » : A30
Tj.t-jʿw « saison de » : A15
mȝʿ.t « maât » : A6, A22, 19, 338, 379,
446, 463, 481, 496, 498, 499, 500, 501, ṯȝpr « type de récipient » : A22
502, 519, 521, 532, 547
djw « type de plante » : A30
mn « établir, demeurer » : 519

mnw « monument » : 519

18
INDEX 5 : TERMES BIBLIQUES

'olah « holocauste » : 424

ḥkm « sagesse » : 361

minchah « offrande profane » : 424

zèbach « sacrifice animal/communion » : 424

19
LISTE DÉTAILLÉE DES MOTIFS NARRATIFS ÉGYPTIENS

MOTIF NARRATIF « DESCRIPTION D’UN ROI GUERRIER ET CHAMPION »

Le pharaon athlète

Texte A2 (Sahourê) :
- Légende : Le roi en personne, fermer 10 filets avec une seule corde.
- (Ma) Majesté aura fait fabriquer de nombreux filets jusqu’à ce que (Ma) Majesté les referme
avec une seule corde !

Texte A14 (Thoutmosis IV) :


- Alors, il passait le temps et s’amusait dans le désert des « Murs Blancs » et sur ses routes
méridionales et septentrionales, en harponnant une cible métallique, en chassant les lions et
les animaux sauvages du désert et en courant sur son char.

Roi comparé à un animal

Texte A8 (Kamosis) :
- J’étais au-dessus de lui comme si j’étais un faucon. Lorsque le moment advint du repas du
midi, je le repoussai.
- Mes soldats étaient comme des lions sur leurs proies.

Texte A10 (Thoutmosis II) :


- Taureau victorieux, imposant de vigueur.
- Sa Majesté apparut semblable à un léopard après qu’elle eut entendu cela.

Texte A13 (Thoutmosis III) :


- L’Horus, taureau victorieux.

Texte A14 (Thoutmosis IV) :


- Le taureau puissant, aux apparitions agréables.

20
Texte A15 (Thoutmosis IV) :
- Taureau victorieux aux belles apparitions.

Texte A16a (Amenhotep III) :


- Sa Majesté les atteignit comme un faucon qui frappe.
- Il ne connaissait pas le lion qui était à sa tête. C’est Nebmaâtrê, le lion sauvage dont les
griffes empoignent la vile Kouch.

Texte A17 (Akhénaton) :


- Le lion sauvage, le souverain les a tué selon l’ordre de son père Aton, grâce à la bravoure et
la force.
- Grande est ta force, ton rugissement est comme l’ardeur de la flamme derrière chaque
contrée étrangère.

Texte A18 (Séthy Ier) :


- Taureau victorieux, apparu à Thèbes.
- Taureau victorieux, apparu à Thèbes.

Texte A19 (Ramsès II) :


- Sous la Majesté de l’Horus, taureau victorieux.
- Le taureau victorieux de la vile Kouch hurle des mugissements contre le pays nubien, ses
sabots piétinent les Iountyou et sa corne les transperce.
- Celui de Béhédet au plumage tacheté, le faucon parfait d’électrum qui a protégé l’Égypte
grâce à son aile et fait de l’ombre pour le peuple grâce à un rempart de bravoure et de victoire.

Texte A20 (Ramsès II) :


- Ma Majesté les poursuivis tel un griffon.

Texte A22 (Mérenptah) :


- Alors Sa Majesté enragea comme un lion.

Texte A23 (Smendès) :


- L’Horus vivant, taureaux victorieux, l’aimé de Rê, Amon lui a rendu le bras fort pour qu’il
exalte Maât, celui des deux Maîtresses, à la force puissante.

21
Texte A25 (Tanoutamon) :
- Celui dont la force est grande comme le lion.

Texte A28 (Amasis) :


- Sa Majesté combattit tel un lion afin de faire un grand massacre parmi eux sans connaître
leur nombre.

Roi assimilé à un dieu

Texte A13 (Thoutmosis III) :


- Sa Majesté se mit en route sur le char d’électrum équipé de ses ornements de combat comme
Horus au bras puissant, seigneur de l’accomplissement des rites comme Montou le Thébain,
son père [Amon] qui donne de la force à son bras.

Texte A14 (Thoutmosis IV) :


- Sa force se renouvelait et sa puissance était comme celle du fils de Nout.

Texte A15 (Thoutmosis IV) :


- Se mettre en route avec Sa Majesté pour l’abattre et l’atteindre en Nubie, courageusement
dans sa barque sacrée en [or], comme Rê il se plaça dans la barque-Mesketet.
- Je sortais semblable à un dieu parfait comme Montou au moyen de toutes ses formes, vêtu
de ses armes de combat, furieux comme Seth de Kom Ombo.

Texte A16a (Amenhotep III) :


- Sa Majesté les atteignit comme un faucon qui frappe et comme Montou quand il se
transforme lorsqu’il devient furieux pour tuer et couper des mains.

Texte A20 (Ramsès II) :


- Puis, à l’instant du matin Sa Majesté apparue comme Rê lorsqu’il se lève, elle portait les
parures de son père Montou.
- Sa Majesté les observa et se leva rapidement, elle était furieuse contre eux tel son père
Montou. Elle revêtit ses parures de combat et sa cuirasse car elle était comme Soutekh au
moment où il se montre puissant.

22
- Sa Majesté était comme Soutekh, grande de force, et Sekhmet au moment où elle se met en
fureur.

Texte A24 (Taharqa) :


- Actif, l’unique brave, roi puissant sans pareil, un souverain comme Atoum.

Texte A25 (Tanoutamon) :


- Le seigneur de la bravoure comme Montou.

Texte A29 (Ramsès II) :


- Le roi divin qui sort le jour de la victoire comme Montou, grand de force comme le fils de
Nout.
- L’Horus d’or au bras puissant.

Attributs du roi guerrier

Texte A4 (Montouhotep II) :


- [...] mon courroux [...] [armée] victorieuse de (mon) recrutement, sa flamme tomba dans les
contrées étrangères [...]

Texte A6 (Néferhotep Ier) :


- [Tu] raffermis mes bras grâce aux prières.

Texte A8 (Kamosis) :
- Ma brave armée était devant moi comme une explosion de flammes.

Texte A13 (Thoutmosis III) :


- Rê-Horakhty [affermissant l’esprit de mon armée victorieuse] et mon père Amon [rendant]
victorieux le bras [de Ma Majesté] [...]
- Son bras est plus grand que celui de [chaque dieu.
- Sa Majesté se mit en route sur le char d’électrum équipé de ses ornements de combat comme
Horus au bras puissant, seigneur de l’accomplissement des rites comme Montou le Thébain,
son père [Amon] qui donne de la force à son bras.

23
Texte A14 (Thoutmosis IV) :
- Son attelage était plus rapide que le vent.

Texte A15 (Thoutmosis IV) :


- Les chevaux étaient sur le champ de bataille, l’accompagnant.
- [il a accompli un] important [massacre] grâce à son valeureux bras.

Texte A16a (Amenhotep III) :


- Seigneur de la force avec son arc, son bien aimé victorieux.

Texte A16b (Amenhotep III) :


- Puis Sa Majesté les frappa lui-même avec une masse qui était dans [sa] main [...]

Texte A17 (Akhénaton) :


- Le bras puissant du souverain les atteignit (?) en un seul instant, faisant un grand massacre
sur le désert [...]
- Grande est ta force, ton rugissement est comme l’ardeur de la flamme derrière chaque
contrée étrangère.

Texte A18 (Séthy Ier) :


- Dont le bras puissant repousse les Neuf arcs, l’Horus d’or celui qui renouvelle les
apparitions et dont les arcs sont puissants dans tous les pays.

Texte A19 (Ramsès II) :


- Fait de l’ombre pour le peuple grâce à un rempart de bravoure et de victoire.
- Sa force élargissant ses frontières.
- [...] son bras vigoureux est comme l’aviron de gouverne qui dirige la navigation.

Texte A20 (Ramsès II) :


- Alors il monta sur Nakhtemouase son imposant char en se dirigeant rapidement au galop
tout seul. Sa Majesté était puissante, son esprit était vaillant et on ne savait pas se tenir
debout devant lui. Le territoire sur lequel il se trouvait brûlait et le feu avait consumé toutes
les contrées étrangères grâce à son ardeur. Ses yeux étaient féroces depuis qu’il les avait vus,

24
son pouvoir-baou crachait une flamme contre eux. Il ne pensait pas aux millions d’étrangers
car il les considérait comme de la paille.

Texte A22 (Mérenptah) :


- [...] la force de son bras provenant de la puissance de son père Amon.
- La force était en lui pour agir.
- Ses membres ont fui à cause de sa bassesse, transgressés par moi durant la fin de la nuit avec
la corde de l’arc.
- [...] la victoire de Rê, bras puissant contre les Neuf Arcs.

Texte A24 (Taharqa) :


- Celui à la foulée rapide et aux sandales larges, qui envoie sa flèche et a le pouvoir sur les
chefs, qui piétine le mal en poursuivant ses ennemis et combattant à cause de son bras fort.
- Il ne s’épuise pas. Commander le déroulement de la bataille est son travail, son nom traverse
les pays et toutes les contrées étrangères grâce à la vaillance de son brave et puissant bras.

Texte A25 (Tanoutamon) :


- Celui au bras puissant durant [le jour de la bataille], celui qui fait face (à l’ennemi) le jour du
combat.

Texte A27b (Psammétique II) :


- Celui des Deux Maîtresses au bras fort.

Texte A28 (Amasis) :


- Le dieu parfait qui agit avec son bras, grand de force.
- Tes chevaux sont nombreux, ton arc n’a pas de limite et tes gardes du corps, vous ne
connaissez pas leur nombre !
- Celui qui n’agit que pour lui-même est petit alors que le victorieux est sous ton ombre.
- Ainsi Sa Majesté monta sur son char et s’empara de la lance comme un dieu, l’arc dans sa
main en argent portait son nom selon le commandement de Neith.

Texte A29 (Ramsès II) :


- L’Horus d’or au bras puissant.

25
MOTIF NARRATIF « UN CONTRE TOUS »

Texte A4 (Montouhotep II) :


- [...] [armée] victorieuse de (mon) recrutement, sa flamme tomba dans les contrées
étrangères [...]
- J’ai décapité les habitants des contrées étrangères qui bloquaient mes pas et j’ai pénétré.
- Ils ont fait un serment divin, chacun d’eux, sur sa tête et on a taxé sa région avant elle [...]
- J’ai expulsé les [rebelles].

Texte A8 (Kamosis) :
- J’ai navigué vers le Nord en raison de ma force afin de repousser les Asiatiques grâce au
commandement d’Amon juste de desseins. Ma brave armée était devant moi comme une
explosion de flammes. Les archers des Medjay étaient dans notre camp retranché pour épier
les Nubiens et pour (les) chasser de leur position. L’Est et l’Ouest apportèrent la graisse
nécessaire et mon armée était approvisionnée de toutes choses en tous lieux. J’avais envoyé
de victorieux archers de Medjay. J’étais en train de monter la garde [près de l’enceinte] afin
de faire coopérer en m’opposant à Téti, le fils de Pépi dans Neferousy, sans lui permettre de
s’échapper. J’ai repoussé les Asiatiques qui avaient défié l’Égypte en faisant de [Neferousy]
un nid d’Asiatiques.
- Lorsque le moment advint du repas du midi, je le repoussais, je détruisis ses remparts et je
tuais son peuple. Je fis en sorte que ses femmes descendent vers la rive. Mes soldats étaient
comme des lions sur leurs proies, emportant du bétail, de la graisse et du miel et partageant
leurs possessions.
- Le région de Neferousy était tombé.

Texte A10 (Thoutmosis II) :


- Cette armée de Sa Majesté abattit ces étrangers et ils ne permirent pas que la vie (demeurât)
en leurs mâles conformément à tout ce que Sa Majesté avait ordonné.

Texte A13 (Thoutmosis III) :


- Alors Sa Majesté triompha contre eux à l’avant de son armée. Lorsque qu’ils virent que Sa
Majesté triompha contre eux, ils s’enfuirent en boitant [vers] Megiddo avec des visages
terrifiés. Ils abandonnèrent leurs chevaux et leurs chars d’or et d’argent tandis qu’on les

26
traînait et les hissait par leurs vêtements vers cette ville. Étant donné que la population avait
fermé cette ville, ils [firent descendre] des vêtements afin de les hisser jusque dans cette ville.
- Puisse l’armée de Sa Majesté ne pas avoir cédé à son désir de piller les biens de ces ennemis
car [ils capturaient] Megiddo en cet instant.
- [Alors] son uraeus triompha sur eux. Leurs chevaux et leurs chars d’or et d’argent furent
pillés facilement. Leurs troupes gisaient, étendus comme des poissons (pris) dans le coude
d’un ruisseau. L’armée victorieuse de Sa Majesté comptait les biens ... La tente de [ce] vil
[ennemi] plaquée [en argent] fut prise [...].
- La capture de Megiddo correspond à la capture de 1000 cités ! Capturez fermement (bis) !
- [Liste du butin rapporté par l’armée de Sa Majesté de la ville de] Megiddo : (...)
- L’armée [de Sa Majesté] avait saisi [le bétail de cette ville ...] : (...)

Texte A15 (Thoutmosis IV) :


- Il l’envoya avec bravoure et force. Se mettre en route avec Sa Majesté pour l’abattre et
l’atteindre en Nubie, courageusement dans sa barque sacrée en [or].
- Son armée était avec lui, les bras forts, avec deux rangées d’hommes, des recrues chacun de
ses côtés, le [navire-ʿḥʿ] équipé de son entourage.
- Sans attendre que vienne pour lui son armée, [il accomplit un] important [massacre] grâce
à son valeureux bras. La terreur qu’il inspirait pénétra chaque corps. Rê avait placé la crainte
qu’il inspirait dans les pays comme Sekhmet, l’année de sa désolation en leur sein. Vigilant, il
ne dormait pas lorsqu’il traversa la contrée étrangère de l’Ouest. Il ouvrit les chemins
comme un chacal du Sud recherchant le bras de celui qui l’avait attaqué. Il trouva tous les
ennemis du Nubien dans une vallée secrète. On ne le savait pas. Ils furent gênés à cause des
gens qui avaient envahis les montagnes, ses [...] loin de [...]. Alors, il s’écarta de Št en
compagnie de leurs parents, leurs troupeaux, tous leurs biens avec eux [...].

Texte A16a (Amenhotep III) :


- Sa Majesté entreprit de triompher. Elle se concentra sur sa première expédition de victoire.
- Les princes et tous les hommes furent piétinés à travers leur vallée et furent renversés dans
leur sang, l’un sur l’autre.

Texte A16b (Amenhotep III) :


- [... Liste des] prisonniers, ils se sont trouvés là : 3 Nubiens, 113 bœufs mâles et femelles, 11
ânes mâles et femelles.

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Texte A17 (Akhénaton) :
- Le bras puissant du souverain les atteignit (?) en un seul instant, faisant un grand massacre
sur le désert [...]
- Le lion sauvage, le souverain les a tué selon l’ordre de son père Aton, grâce à la bravoure et
la force. Liste de la capture, Sa Majesté a apporté de la contrée étrangère Ikayta (...)

Texte A20 (Ramsès II) :


- Sa Majesté tua les guerriers du vil ennemi de Hatti entièrement et tous les grands notables
et les frères ainsi que tous les princes de toutes les contrées étrangères qui étaient venus avec
lui. Ses troupes et sa charrerie étaient tombées sur leurs faces, l’un sur l’autre. Sa Majesté les
tua à leur place car ils étaient tombés devant ses chevaux. Sa Majesté était seule sans
personne d’autre avec elle. Alors, Sa Majesté fit tomber les guerriers ennemis de Hatti sur
leurs faces, l’un sur l’autre, comme les crocodiles descendant dans l’eau de l’Oronte. « Ma
Majesté les poursuivit tel un griffon. J’étais seul lorsque j’ai attaqué toutes les contrées
étrangères alors que mon armée et ma charrerie m’avaient abandonné. Pas un seul d’entre
eux n’était ni debout ni retourné.

Texte A22 (Mérenptah) :


- Son infanterie partit et revint croulant sous les butins.
- Tandis que les archers de Sa Majesté passèrent six heures à les détruire. Ils furent livrés au
combat durant le [combat] [...] d’une contrée étrangère. Alors qu’ils combattaient, le vil chef
de Reb [fut] effrayé, son esprit affaibli se trouvant étendu [...] des sandales, son arc, son
carquois, en fuyant, derrière [...]. [...] avec lui à cause du tremblement de ses chairs, le grand
effroi entourant ses membres. Tandis que [...] tuer [...]consistant en ses produits, ses tributs,
son argent, son or, ses vases de bronze, le bijoux de son épouse, ses trônes, ses arcs, ses
flèches, tous ses vivres qu’il avait apportés de sa terre avec le bétail, des chèvres et des ânes.
[...] vers le palais pour les amener avec les captifs. Tandis que le vil chef de Reb courait et
s’enfuyait vers sa terre, le nombre de personnes de l’ennemi [...] les coups de couteaux. Alors
que les soldats des chars qui étaient placés sur l’attelage de Sa Majesté se placèrent après
eux [...] pour combattre, ils vinrent tuer [...]
- [...] des officiers, l’infanterie, la cavalerie, tous les dignitaires de l’armée étaient comme des
troupes d’élite portant le butin. [...] des singes devant eux portant des phallus et des prépuces
de la contrée étrangère de Reb avec les mains (coupées) de toutes les contrées étrangères qui
étaient avec eux dans des sacs et des corbeilles.

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- Liste des butins qui furent apportés de cette terre de Reb, comme ce qu’elle a apporté avec
elle des contrées étrangères.
- On repoussa [...] on mit le feu au camp. Leurs tentes furent en cendre. Leur seigneur, le roi,
v.s.f, était apparu dans la salle du palais.
- Un grand massacre a été fait parmi eux, j’ai donc fait en sorte que le (sur)vivant remplisse
les temples [...] avant.
- Leur chef rebelle s’était enfui devant moi, j’ai fait en sorte [...] de le tuer. Il fut transformé
en cendre et pris au piège comme un oiseau. J’ai donné la terre [...] de mes ennemis. [...] a été
complété [...] et s’élever.
- Voyez, je les ai fait tomber, je les ai tués, transformés en tombes. Voyez cela [...] Ma beauté
considérable est dans la chair des nobles.

Texte A25 (Tanoutamon) :


- Ces enfants de la rébellion sortirent pour combattre Sa Majesté. Sa Majesté fit un grand
massacre parmi eux. Nul ne connaissait leur nombre.

Texte A27a (Psammétique II) :


- Leurs esprits étant emplis de bravoure [...], il attaqua [...], combattre et placer les rebelles
[...] sans qu’un seul n’ait tiré de flèche contre eux [...]. [...] attachés en tant que captif [...].
[...] Sa Majesté fit en sorte d’offrir une hécatombe [...]

Texte A27b (Psammétique II) :


- Alors, l’armée de Sa Majesté les massacra, un grand carnage fut fait parmi eux. Puis, ils
rôtirent le roi qui se trouvait dans [...]
- Alors massacrés [...] eux.

Texte A27c (Psammétique II) :


- Sa Majesté agit conformément au plan de bataille. La bataille fut rejointe et les rebelles
cédèrent leurs dos sans qu’aucune flèche ne soit tirée contre eux abondamment et sans
qu’une main ne soit disloquée.

29
Texte A28 (Amasis) :
- Sa Majesté combattit tel un lion afin de faire un grand massacre parmi eux sans connaître
leur nombre. De nombreux navires chavirèrent et les combattants tombaient à l’eau, on les
voyait dériver comme font les poissons. [...] se déplaçait entièrement, sans cesser de se battre.
- Les soldats [descendirent] en les massacrant, en les détruisant et en en les capturant après
que [Sa] Majesté [soit venue] et se soit installée dans sa cabine. Il a vu l’arrogant tombé grâce
à cela, ce qu’il avait fait, son cadavre dérivant sur l’eau.

MOTIF NARRATIF « RÉCOMPENSE DES COURTISANS ET DE L’ARMÉE »

Texte A3 (Ounas) :
- [...] énormément de bœufs, canards [...] en turquoise, en électrum, en or, en cuivre [...] en lin
du roi fait pour eux/elles [...] Sa Majesté [...] plus que toutes choses tant sont bénéfiques les
desseins de [Sa] Majesté [...] matériel là comme ce qui est fait pour un roi [...][...] on leur
accorde tout le matériel pour [...]

Texte A4 (Montouhotep II) :


- « Je vous accorde tous ses trésors composés de toutes sortes de choses que vous souhaitez. »

Texte A21 (Ramsès II) :


- Alors Sa Majesté récompensa le directeur de ces travaux d’argent et d’or à profusion, ainsi
que les nombreux puissants travailleurs qui y avaient travaillé avec les faveurs du roi. Sa
Majesté les protégeait chaque jour.

Texte A25 (Tanoutamon) :


- Alors, l’esprit de Sa Majesté exultait après qu’il ait entendu ce discours. Il leur donna du
pain, de la bière et toute bonne chose.

30
MOTIF NARRATIF « SONGE ET ORACLE »

Texte A14 (Thoutmosis IV) :


- Un beau jour, il arriva que le fils royal Thoutmosis se promenait, à l’heure de midi, il
se reposa à l’ombre de ce grand dieu, le sommeil et le rêve se saisirent de lui au moment
où le soleil était au zénith. Il trouva la majesté de ce noble dieu parlant de sa propre
bouche comme un père qui s’adresse à son fils.

Texte A15 (Thoutmosis IV) :


- Il se rendit en paix dans le temple du roi durant le moment du matin pour faire voir les
grandes purifications à son père, celui qui a façonné sa beauté. Sa Majesté s’informa lui-
même en présence du souverain des dieux et le questionna à propos de la situation. Il vint.
Son dessein se déroulait sous son règne. Il suivit le droit chemin afin de faire ce que son ka
désirait comme un père parlant à son fils, qu’il avait engendré à partir de sa semence.

Texte A22 (Mérenptah) :


- Alors, Sa Majesté vit en rêve comme une statue de Ptah se tenant debout à côté de pharaon,
v.s.f. Elle était comme une butte [...] Elle lui disait : « Emporte le ici. » Elle lui donna la
hache de guerre : « Tu banniras le cœur vexé par toi. » Pharaon, v.s.f, lui dit : « [...]
l’infanterie et la cavalerie listées et mises en ordre face à eux sur la rive près de la région de
Per-Irer. »

Texte A25 (Tanoutamon) :


- Sa Majesté vit un rêve durant la nuit, deux serpents, l’un à sa droite, l’autre à sa
gauche. Sa Majesté se réveilla mais ne les trouva pas. [Sa Majesté dit :] « Que m’est-il
arrivé ? » Alors, il lui répéta en disant : « Le Sud est à toi, empare-toi du Nord. Les
Deux Maîtresses sont apparues sur ton front et te sera donnée la terre dans sa longueur
et dans sa largeur. [Aucun] autre ne partagera avec toi. »
- Sa Majesté dit : « En vérité, le rêve est exact/véritable/juste !
- Vois, ce qu’il me dit durant la nuit, je le vois durant le jour.

Texte A30 (Djoser) :


- Je m’étais endormi dans la vie et la prospérité. Je trouvais le dieu debout devant moi. Je
l’apaisais en l’adorant, en le suppliant face à lui. Il s’ouvrit à moi, sa face brillante/étincelante,

31
il dit : « Je suis Khnoum, ton créateur, mes bras sont derrière toi pour rassembler ton corps
afin que tes membres soient bien portants. Je t’ai commandé/livré pierres précieuses sur
pierres précieuses [...]
- Je m’éveillais, ma conscience s’activait et ma fatigue s’écarta.

MOTIF NARRATIF « “ACTE DE PAROLE” OU PERFORMATIVITÉ »

Texte A5 (Sésostris Ier) :


- ALORS CES COURTISANS du roi répondirent auprès du dieu : « Hou est ta parole, Sia est
à ta suite (...) »

Texte A6 (Néferhotep Ier) :


- Ces courtisans dirent : « C’est beau [ce que tu as dit souverain], mon maître, puisse-tu bâtir
[tes monuments] à Abydos pour ton père Khentyimentyou. »

Texte A7 (Rahotep) :
- Ce que ton ka ordonne se produira, souverain, notre maître car c’est Hou qui est dans ta
bouche, Sia est dans [ton esprit] (...)

Texte A11 (Hatchepsout) :


- Je ne me suis pas égarée concernant ce qu’il avait ordonné, mon cœur est Sia devant mon
père.
- J’imagine les paroles des gens : ma parole a été efficace et je ne suis pas revenue sur ce que
j’avais dit.

Texte A12 (Hatchepsout) :


- Je dis de grandes (choses) et je fais en sorte que vous (les) entendiez.
- Suivez mes actions ! Je suis un dieu qui ordonne et qui fait se réaliser. Ce qui sort de ma
bouche n’est pas contredit. C’est ce que mon ka désire qui advient de la manière qu’il voulait.
Vous agirez selon ce que je décide. C’est votre existence qui est dans ma bouche. Vous
entendrez et vous serez efficace jusqu’à la fin.

32
- Vous remplirez mes instructions sans négliger ce que ma bouche a communiqué à propos
d’elles.

Texte A19 (Ramsès II) :


- Tout ce qui sort de ta bouche est semblable aux paroles de Horakhty. Ta langue est une
balance. Tes lèvres sont plus précises que le juste peson de Thot.
- Si tu dis à l’eau : « Viens de la montagne ! », le Noun sortira aussitôt à ta parole
pareillement au fait que tu es Rê apparaissant Khépri en sa forme véritable.
- Hou est ta bouche, Sia est ton esprit et ton langage est le temple de Maât. Le dieu siège sur
tes lèvres et tes paroles se produisent chaque jour.
- Tu es destiné à l’éternité, on agit donc selon tes desseins et on écoute tout ce que tu dis,
souverain, notre seigneur !
- Mais si tu dis toi-même à ton père Hâpi père des dieux : “Fais jaillir l’eau du sommet de la
montagne !” Il agira conformément à tout ce que tu auras dit, conformément à tous tes
desseins qui se produisent devant nous.
- Tout ce que tu as dit [...] ce puits : « Le puits de Ramsès-Méryamon brave qui [...] ».
- [...] ce qu’avait dit Ta Majesté de sa propre bouche. L’eau en est sortie à douze coudées, sur
une profondeur de quatre coudées [...]

MOTIF NARRATIF « EULOGIES ROYALES »

Texte A1 (Sahourê) :
- Représentations des bateaux avec courtisans en position de respect (mains en l’air).

Texte A2 (Sahourê) :
- Ils dirent à Sa Majesté qu’ils n’avaient jamais vu chose semblable une autre fois.

Texte A3 (Ounas) :
- Représentations des bateaux avec courtisans en position de respect (mains en l’air).

Texte A5 (Sésostris Ier) :


- « Hou est ta parole, Sia est à ta suite. Souverain, v.s.f, ce qui advient est ton dessein !
D’apparaître roi afin de réunir les deux terres pour étendre [la corde] dans ta demeure. C’est

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utile de constater que les matins de l’existence sont précieux. La foule ne peut rien atteindre
sans toi. En vérité, Ta Majesté, v.s.f, sont les yeux de tous. Ton image sera grande lorsque tu
bâtiras ton monument à Héliopolis, le sanctuaire des dieux, auprès de ton père le seigneur de
la Grande Demeure, Atoum, le taureau de l’Ennéade ! Lorsque ton temple sera construit, il le
pourvoira d’un autel. Il accomplira un travail pour ta statue et sera favorable envers tes statues
pour la durée de l’éternité. »

Texte A6 (Néferhotep Ier) :


- Les courtisans dirent : « Quant à [ceux qui se trouvent dans le ciel], ils appliquent l’œuvre
de ton esprit, que ce que Ta Majesté a ordonné se produise. »

Texte A7 (Râhotep) :
- Ils se mirent à [plat ventre devant] sa Majesté et ils dirent : « Ce que ton ka ordonne se
produira, souverain, notre maître car c’est Hou qui est dans ta bouche, Sia est dans [ton
esprit], Ptah-Sokar t’a [engendré] grâce à [son amour]. Les dieux t’ont fait naître, ils [ont fait
en sorte] que tu construises et que tu fondes pour eux leurs temples. Tu as uni le Sud et le
Nord, tu es heureux sur le trône d’Horus des vivants. Ils ont fait en sorte que tu fasses advenir
[...] pour que tu gouvernes [l’entourage] du disque solaire [...] Un parfait berger pour le
peuple. Un refuge comme lieu pour tous [durant] la nuit [...] pour lui en dormant [...]. [...] les
dieux sont en quête de ce qui est utile pour ce pays. Rê vous a donné sa statue pour sauver [...]
Geb/le ba [...]. [... comme] cela avait été durant le jour de vos pères, les rois de la succession
d’Horus.

Texte A10 (Thoutmosis II) :


- Le peuple exultait et jubilait, l’infanterie se réjouissait (bis). Ils proclamaient des louanges
au seigneur du Double Pays et ils rendaient hommage à ce dieu efficient grâce à sa nature
divine.

Texte A13 (Thoutmosis III) :


- Ils répondirent face à Sa Majesté : « Que ton père [Amon-Rê, seigneur des trônes du
Double-Pays qui préside à Ipet-sout] agisse selon ton désir ! Voyez, nous sommes les suivants
de Ta Majesté en tout lieu où [Ta Majesté] se dirige. Le serviteur doit se trouver derrière [son]
maître ! »

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- « [...accord]ez-[lui des louanges, rendez hommage au pouvoir-baou] de Sa Majesté car son
bras est plus grand que celui de [chaque dieu. En vérité, il protégera l’arrière-garde de]
l’armée de Sa Majesté à Arouna.
- Alors, l’armée entière cria de joie en faisant des louanges à Amon [à propos des victoires]
qu’il avait donné à son fils en [ce jour. Ils rendirent grâces] à Sa Majesté en exaltant ses
victoires. Ensuite, ils présentèrent le butin qu’ils avaient rapporté : mains, prisonniers,
chevaux, char en or et argent [poli].
- Les princes de cette contrée étrangère vinrent sur leurs ventres, ils se prosternèrent devant le
pouvoir-baou de Sa Majesté afin de demander le souffle de vie pour leurs narines car grand
est son bras et considérable le pouvoir baou d’[Amon sur toutes les] contrées étrangères. [...]
contrée étrangère, [tous] les princes qu’avaient [apporté] le pouvoir-baou de Sa Majesté
croulaient sous/chargés de leurs tributs en argent, or, lapis-lazuli, turquoise, portant du grain,
du vin, des bovins et du [petit bétail] à l’armée de Sa Majesté. Un groupe parmi eux apportant
des cadeaux navigua vers le Sud.

Texte A14 (Thoutmosis IV) :


- L’armée était en liesse du fait de l’amour qu’elle éprouvait pour lui, les enfants royaux et
tous les notables qui étaient sous son pouvoir prospéraient.

Texte A15 (Thoutmosis IV) :


- Les hommes criaient (de joie) en faveur de son amour et les femmes se vantaient de la
mission.

Texte A16b (Amenhotep III) :


- Ils firent des louanges [...] de la part des troupes de l’armée, qui étaient à l’avant.

Texte A17 (Akhénaton) :


- Le fils du roi de Kouch, général des contrées étrangères du Sud, Thoutmosis dit : « Salut à
toi, ce dieu parfait [...]. La crainte que tu inspires est dans leurs esprits. Il n’y a pas de
massacre durant ton époque. Celui qui t’attaque n’existera plus. Grand est ton pouvoir-baou
contre celui qui attaque, ce dieu parfait, grande est ta force, ton rugissement est comme
l’ardeur de la flamme derrière chaque contrée étrangère. Chaque pays est en paix et vient à
toi. Chaque contrée étrangère est complète en sa conscience unique. Ils font vider leurs terres
quotidiennement, ils te donnent en personne leurs enfants pour que leur souffle de leurs

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narines passe par ton ka, seigneur du Double-Pays, l’Unique de Rê, puisse ton ka agir contre
celui qui attaque [...]

Texte A18 (Séthy Ier) :


- Alors ils dirent de bouche en bouche : « Amon donne lui la pérennité, double pour lui
l’éternité. Divinités qui demeurent dans ce puits, accordez-lui votre existence dans la mesure
où il nous a ouvert ce chemin afin de passer car il nous bloquait. Nous disions : “Si nous
dépassons nous serons préservés”, nous disons (à présent) : “Si nous atteignons nous
vivrons”. Le chemin qui était difficile en nos esprits s’est transformé en un chemin parfait. Il
a fait en sorte de transporter l’or tel le regard d’un faucon. Toutes les jeunes générations à
venir lui souhaitent l’éternité. Puisse-t-il avoir des jubilés comme Atoum, qu’il soit jeune
comme Horus de Béhédet car il a fait un monument dans les contrées étrangères pour tous les
dieux. Il a puisé l’eau des montagnes alors qu’elle était loin des hommes ! Chaque pied qui
foule les contrées étrangères disent : “v.s.f au roi de Haute et Basse-Égypte Menmaâtrê,
l’aimé d’Amon-Rê, roi des dieux”. »

Texte A19 (Ramsès II) :


- On les introduisit aussitôt en présence du dieu parfait, leurs bras en louange pour son ka,
priant et se prosternant face à son visage parfait.
- Ils dirent face à Sa Majesté : « Tu es comme Rê dans tout ce que tu as réalisé. Ce que ton
esprit désire vient au jour. Si tu espères un dessein durant la nuit, à l’aube il s’est produit
promptement. Nous avons constaté nombre de tes prodiges depuis que tu es apparu en tant
que roi du Double-Pays. Nous n’avons pas entendu et nos yeux n’ont pas vu une chose de
nature semblable se réaliser. Tout ce qui sort de ta bouche est semblable aux paroles de
Horakhty. Ta langue est une balance. Tes lèvres sont plus précises que le juste peson de Thot.
Y a-t-il quelque chose que tu ne connaisses pas ? Qui est capable de comprendre à ta
manière ? Quel est l’endroit que tu ne peux voir ? Il n’y a pas de contrée étrangère que tu
n’aies foulée. Tout évènement passait par tes oreilles puisque tu étais représentant (du roi)
dans ce pays. Tu as établi tes plans alors que tu étais dans l’œuf dans tes fonctions d’enfant du
prince. On te racontait les affaires des Deux Rives alors que tu n’étais qu’un enfant portant
une chevelure bouclée. Aucun monument n’advenait sans que ce ne soit par ton action.
Aucune décision ne se réalisait sans toi. Tu as fait fonction de chef de l’armée alors que tu
n’étais qu’un jeune homme de dix ans. Chaque œuvre apparaissait grâce à ta main qui
accomplissait son plan. Si tu dis à l’eau : “Viens de la montagne !”, le Noun sortira aussitôt à

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ta parole pareillement au fait que tu es Rê apparaissant Khépri en sa forme véritable. Tu es
l’image vivante sur terre de ton père Atoum d’Héliopolis. Hou est ta bouche, Sia est ton esprit
et ton langage est le temple de Maât. Le dieu siège sur tes lèvres et tes paroles se produisent
chaque jour. On a fait ton cœur à la ressemblance de Ptah, celui qui a façonné les arts. Tu es
destiné à l’éternité, on agit donc selon tes desseins et on écoute tout ce que tu dis, souverain,
notre seigneur ! »
- Mais si tu dis toi-même à ton père Hâpi père des dieux : “Fais jaillir l’eau du sommet de la
montagne !” Il agira conformément à tout ce que tu auras dit, conformément à tous tes
desseins qui se produisent devant nous et qu’on a entendu raconter car tes pères et tous les
dieux t’aiment plus que tous les autres rois qui sont apparus depuis le temps de Rê.
- [...] adorent leur seigneur en se prosternant, en se mettant sur le ventre en (sa) présence et en
s’écriant jusqu’à la hauteur du ciel.
- [...] d’Akayta cria d’une joie immense ainsi que ceux qui étaient loin [...] au souverain :
« L’eau qui est dans la Douat lui obéit car il a extrait l’eau de la montagne [...] pour lui, ce
que le fils royal avait écrit. Ils furent heureux [...] aux desseins efficaces et aux instructions
parfaites.

Texte A22 (Mérenptah) :


- Maintenant la terre entière exultait jusqu’au firmament, les villes et les régions jubilaient à
cause de ces prodiges qui étaient advenus. Le fleuve [...] en hommage sous la fenêtre afin que
Sa Majesté puisse voir sa supériorité.
- Les serviteurs de [...] v.s.f, se réjouissent vers le ciel et les suivants dans les deux côtés.
- On dira pour moi des louanges à propos de ma droiture [...]
- Le conseil des Trente a dit en complétant et en honorant le seigneur efficace, celui qui
s’empare du Double-Pays, le roi de Haute et Basse-Égypte, Baenrê, l’aimé d’Amon, le fils de
Rê, Mérenptah, celui qui satisfait la maât, v.s.f, ils dirent : « Grand est ce qui est arrivé à
l’Égypte ! [...] grandes les choses avant nous. Nos pères n’ont pas vu [...] un prodige de même
que l’autre chose unique entendue. Reb est comme un pétitionnaire qui a été apporté en tant
que prisonnier. Tu les as fait se transformer comme des sauterelles, dans la mesure où les
chemins furent éparpillés par leurs [...] Tu as placé le cœur de chaque homme dans son corps.
Ils seront apaisés durant la vieillesse. [...] ... [...] vos provisions sont dans la bouche dès le
début et nous serons étendus dans la joie à toutes les périodes. [...] tes plans efficaces sont
exaltés sur [...] remparts [...] celui qui voit chaque fois une maison enceinte fortifiée. Écouter
leurs réponses est efficace. [...] ton nom pour l’éternité, depuis le commencement, sera dans le

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ciel et la terre. La victoire dans les annales ne sera pas passée sous silence [...] les années
comme Atoum. Ton ka vivra longtemps, ton chef perdurera longtemps et acquiesce [...] dans
la nécropole. Celui qui détourne sa main des affaires de sa ville. Son fils divin fait vivre son
nom, Mérenptah, celui qui satisfait la maât, v.s.f [...] Rê a donné l’Égypte Baenrê, l’aimé
d’Amon, le fils de Rê, Mérenptah, celui qui satisfait la maât, v.s.f. [...] sur le semblable au
temple de tous les dieux et toutes les déesses [...] du bloc de pierre, copié dans chaque bureau
un écrit pour toujours. »

Texte A24 (Taharqa) :


- Ils dirent devant Sa Majesté : « Tout ce que tu dis est exact. Tu es son fils qui rend parfait
son monument. »

Texte A25 (Tanoutamon) :


- Il fit apparaître Amon-Rê, seigneur des trônes du Double-Pays alors qu’une grande fête fut
célébrée dans le pays entier. Sa Majesté navigua vers le Nord. L’Ouest et l’Est criaient des
chansons, en criant ils disaient : « On est venu en paix, ton ka est apaisé afin d’approvisionner
le Double-Pays, d’ériger des temples dont les tombeaux tombaient en ruine, de rétablir leurs
images en tant que leurs natures (passées), de donner des offrandes divines aux dieux et aux
déesses ainsi que des offrandes invocatoires aux esprits, de placer le prêtre-ouab à sa place,
d’accomplir toute chose pour les rites divins. » Ceux dont l’esprit était voué au combat, ils
apparurent en liesse.
- Sa Majesté sortit de son palais [...] comme Rê irradie dans l’horizon. Il les trouva prosternés,
embrassant le sol face à lui.
- Après que quelques jours passèrent sur cela, ils se prosternèrent [...]

Texte A26 (Aspelta) :


- Sa Majesté sortit [du] temple au milieu de son armée comme [Rê] brillant [dans le ciel].
Ensuite, son armée entière cria très fort [...] leurs esprits s’étant extrêmement adoucis et
faisant des louanges à Sa Majesté dit : « Viens en paix seigneur [...] comme les années
d’Horus au milieu de ton armée, tu es apparu sur le trône d’Horus comme Rê pour l’éternité.»

Texte A28 (Amasis) :


- Ils dirent à Sa Majesté : « Maât est la guide de ton esprit, souverain, ô notre souverain ! Le
plan de dieu t’appartient lorsque tu regardes les serviteurs et tous les autres. L’arrogant, il a

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agi comme le chien sur le cadavre ! Tes chevaux sont nombreux, ton arc n’a pas de limite et
tes gardes du corps, vous ne connaissez pas leur nombre ! Les troupes choisies ne manquent
pas, tu es leur seigneur ! Quant à ceux qui protègent les maisons et amassent les provisions de
chaque homme, ses citoyens sont heureux car il encourage l’esprit. Ah, personne ne dit [...]
Qui les rabroue car ils sont nombreux contre notre pays ? C’est Ta Majesté ! Personne ne se
bat pour cela. Celui qui n’agit que pour lui-même est petit alors que le victorieux est sous ton
ombre. Il n’y a pas d’attaque contre celui qui est dans ta demeure [...] les recrues pour [...] et
affermir les sandales des fugitifs. »
- L’armée criait de joie et exultait sur les routes.
- Sa Majesté se tenait debout devant le dieu et sa troupe criait de joie vers le firmament.

Texte A29 (Ramsès II) :


- Leurs tributs composés d’or, d’argent, de lapis-lazuli, de turquoise et de toutes les fleurs de
la terre des dieux étaient sur leurs dos. Chacun se dirigeait vers son compagnon. Or, le prince
de Bakhtan fit que l’on apporte son présent. Il avait placé sa fille aînée en tête, qui rendait
hommage à Sa Majesté et demandant la vie auprès de lui.
- Alors, il se présenta face à Sa Majesté avec ses cadeaux, il dit en rendant hommage à Sa
Majesté : « Gloire à toi, soleil des Neuf Arcs, donne la vie auprès de toi. »
- Le prince de Bakhtan criait de joie grandement avec chaque homme qui se trouvait à
Bakhtan.

MOTIF NARRATIF « “PREMIÈRE FOIS”, SURPASSEMENT ET POSTÉRITÉ »

Première fois

Texte A1 (Sahourê) :
- « [cet] événement ne s’était jamais produit [...] en présence d’aucun dieu depuis le temps
primordial. »

Texte A2 (Sahourê) :
- Ils dirent à Sa Majesté qu’ils n’avaient jamais vu chose semblable une autre fois. Personne
n’avait jamais dit cela [à savoir] : « Moi, j’ai fait qu’ils voient chose semblable dans ce pays,
depuis le temps primordial ! »

39
Texte A6 (Néferhotep Ier) :
- Sa Majesté lui dit : « Empresse toi d’aller vers le Sud [en compagnie] des troupes et des
équipages. Ne dormez ni la nuit ni le jour avant que tu aies atteint Abydos ! Mets en place la
procession de Khentyimentyou, ainsi je bâtirai ses monuments comme durant la Première
Fois. »

Texte A10 (Thoutmosis II) :


- Ceci était advenu grâce au pouvoir-baou de Sa Majesté du fait de la grandeur de l’amour
qu’à pour lui son père Amon, plus qu’à aucun roi advenu depuis les temps primordiaux.

Texte A11 (Hatchepsout) :


- Je fus initiée face à son image secrète de la Première Fois.
- J’ai compris qu’Ipet-sout est l’horizon sur terre, la colline de la Première Fois, l’œil du
Seigneur-de-tout, sa place favorite qui porte sa beauté et y rassemble sa progéniture.

Texte A18 (Séthy Ier) :


- Depuis (l’époque) des dieux, le chemin était pénible et a été rendu plaisant sous mon règne.
- Aucune chose semblable n’avait été faite par aucun roi à l’exception du roi faisant ce qui est
utile, le fils de Rê, Séthy l’aimé de Ptah.

Texte A19 (Ramsès II) :


- Elle est dans cette situation pénible à cause (du manque) d’eau depuis l’époque du dieu.
- Tes pères et tous les dieux t’aiment plus que tous les autres rois qui sont apparus depuis le
temps de Rê.
- L’eau n’a pas été extraite de cette contrée étrangère depuis l’époque du dieu comme vous le
dites.
- Aucune chose semblable n’avait été réalisée depuis l’époque des rois d’autrefois [...]

Texte A21 (Ramsès II) :


- Alors Sa Majesté découvrit un grand bloc de grès silicifié comme on n’en avait pas trouvé
son pareil depuis le temps de Rê.

Texte A22 (Mérenptah) :


- Alors on témoigna des annales des autres temps depuis (l’époque) des rois.

40
- Tandis que cette terre d’Égypte se tenait dans le besoin depuis l’époque des rois.

Texte A23 (Smendès) :


- En ce qui concerne les paroles qui m’ont été dites, il n’y eut pas de chose semblable depuis
les temps anciens jusqu’au temps de Ma Majesté.
- [...] pareille chose n’avait été faite avant le temps des ancêtres.
- [...] afin que l’on façonne cette carrière durant l’époque passée des ancêtres jusqu’au temps
présent.
- [...] pareille chose n’avait été faite avant le temps des ancêtres.

Texte A25 (Tanoutamon) :


- On n’a pas constaté cela depuis l’époque des ancêtres.
- Nous te servirons comme celui qui n’a rien, comme tu l’avais dit à propos de cela la
Première Fois, le jour où tu es apparu en tant que roi.

Texte A26 (Aspelta) :


- Venez, allons auprès de lui. Nous ne pouvons rien accomplir sans lui car une affaire réalisée
sans lui ne peut être parfaite, alors qu’une affaire dans la main de dieu est prospère. Il est le
dieu de tous les rois de Kouch depuis l’époque de Rê.

Texte A27c (Psammétique II) :


- Alors Sa Majesté traversa le marais du lac Neferibrê, circulant sur ses terres inondables,
parcourant ses districts, contemplant les sycomores de la terre du dieu sur sa barque, son
esprit entra et regarda la belle place comme le grand dieu traversant l’Océan Primordial.
- On traversa dans les marais à la manière de l’Océan Primordial.

Texte A29 (Ramsès II) :


- Il advint que Sa Majesté était à Thèbes la victorieuse, maîtresse des cités, accomplissant les
faveurs de son père Amon-Rê, seigneur des trônes du Double-Pays, en sa belle fête dans le
temple Sud de Louqsor, la place favorite de son esprit depuis la Première Fois.

Texte 30 (Djoser) :
- Les ancêtres firent la route vers eux, il n’y avait eu aucun de leurs semblables en tant que roi
depuis l’époque (primordiale).

41
- On saura tout ce qui manque dans ton temple jusqu’à ce qu’il existe de la même manière que
la Première Fois.

Surpassement et postérité

Texte A1 (Sahourê) :
- « [cet] événement ne s’était jamais produit [...] en présence d’aucun dieu depuis le temps
primordial. »

Texte A4 (Montouhotep II) :


- Il n’y a pas de roi pour qui ils ont travaillé [...] tant il m’aimait.
- On a taxé sa région avant elle [...] ce qui a fait que s’élargisse pour moi la Haute-Égypte.

Texte A5 (Sésostris Ier) :


- « Voyez, Ma Majesté planifie une œuvre et songe à un acte de valeur. Pour la postérité, je
réaliserai un monument, je fixerai des décrets permanents pour Horakhty.
- On se souviendra de ma perfection dans son domaine : la demeure sera mon renom et le
canal mon monument car faire ce qui est profitable, c’est l’éternité. Un roi évoqué à propos de
ses biens ne mourra pas. Celui qui se prépare ne connaît pas [...]. Son nom est
continuellement prononcé pour lui car les affaires de l’éternité ne peuvent être détruites.

Texte A6 (Néferhotep Ier) :


- Je vais donner plus à ce qui m’était destiné.
- Tu donnes mon nom à la bouche de tes sujets.
- Qu’ils se rappellent de moi parfaitement dans (leur) mémoire. Ils seront apeurés quand mon
nom sera prononcé.
- Je recherche quelque chose d’utile pour l’avenir en plaçant cette affaire dans vos esprits. Ce
qui s’éloignait de ce qui est maintenant advenu à l’intérieur de cette place.

Texte A7 (Râhotep) :
- Jamais [on] ne détruisit les choses durant mon époque. [...] ce qui avait été auparavant.

42
Texte A9 (Ahmosis) :
- Jamais les rois d’avant n’avaient accompli une chose semblable pour leurs mères.

Texte A10 (Thoutmosis II) :


- Ceci était advenu grâce au pouvoir-baou de Sa Majesté du fait de la grandeur de l’amour
qu’à pour lui son père Amon, plus qu’à aucun roi advenu depuis les temps primordiaux.

Texte A11 (Hatchepsout) :


- Le roi lui-même dit : « Je donne le projet pour les hommes qui adviendront dans le futur,
leurs esprits constateront ce monument que j’ai réalisé pour mon père, ils en discuteront et le
regarderont.
- Alors, mon esprit s’agitait en pensant aux paroles que diraient les gens qui verront mon
monument après quelques années, ils raconteront ce que j’ai accompli. Gardez-vous de dire :
“Je ne sais pas (bis), pourquoi on a fait cela de façonner une montagne entière d’or comme
une chose qui s’est produite ?”
- Je serai pour l’éternité comme une étoile impérissable.
- Ma Majesté les a plaqués d’électrum pour mon père Amon, afin que mon nom soit établi
durablement dans ce temple, pour toujours et à jamais.
- J’imagine les paroles des gens : ma parole a été efficace et je ne suis pas revenue sur ce que
j’avais dit. Écoutez ! J’ai donné pour eux de l’électrum de première qualité, je l’ai mesuré au
boisseau comme les céréales. Ma Majesté fit le compte d’une quantité supérieure à ce que le
Double-Pays avait déjà vu. L’ignorant tout comme le savant le savent et celui qui écoute cela
ne pourra pas dire que c’est de la vantardise ce que j’ai dit. Au contraire, ils diront : “Comme
elle est loyale envers son père !”

Texte A12 (Hatchepsout) :


- J’ajoute à ce qui avait été fait auparavant. Je vais faire en sorte que l’on dise après : “Ce qui
est advenu grâce à elle est beau !” car je suis devenue efficace pour lui.

Texte A13 (Thoutmosis III) :


- Tout ce qu’a accompli Sa Majesté contre cette ville, ce vil ennemi et sa vile armée a été
enregistré jour par jour, selon le nom de l’expédition et les noms des généraux de
[l’infanterie] [...] [Ces informations étaient trop nombreuses pour être établies par écrit sur ce

43
décret. Elles furent (également)] enregistrées sur un rouleau de cuir qui se trouve dans le
temple d’Amon en ce jour.

Texte A17 (Akhénaton) :


- Il n’y a pas de massacre durant ton époque. Celui qui t’attaque n’existera plus.

Texte A18 (Séthy Ier) :


- Ils rendront grâce à mon nom dans la postérité et les années à venir. Les jeunes générations
m’exalteront pour ma puissance car c’est moi qui fus prévenant et attentionné envers les
voyageurs !
- Puissent-ils établir ce que j’ai accompli et affermir mon nom partout dans les contrées
étrangères.
- Puissiez-vous me louer pour l’éternité et perpétuer mon nom pour toujours étant donné que
je suis bon avec vous et que je veille sur [...] affaires. Alors, puissiez-vous parler à ceux qui
viendront, rois, notables et peuple qui me confirmeront ce que j’ai accompli lorsque j’étais
dans ma demeure à Abydos.
- Faîtes pour moi que mes monuments soient durables et que mon nom soit stable sur eux !
- Toutes les jeunes générations à venir lui souhaitent l’éternité.

Texte A19 (Ramsès II) :


- Son nom voyage dans tous les pays grâce aux victoires accomplies par son action.
- Nous n’avons pas entendu et nos yeux n’ont pas vu une chose de nature semblable se
réaliser.
- Y a-t-il quelque chose que tu ne connaisses pas ? Qui est capable de comprendre à ta
manière ? Quel est l’endroit que tu ne peux voir ? Il n’y a pas de contrée étrangère que tu
n’aies foulée. Tout évènement passait par tes oreilles puisque tu étais représentant (du roi)
dans ce pays.
- Tu es destiné à l’éternité.
- Tous les rois d’autrefois souhaitaient y creuser un puits mais leur succès ne se produisit pas.
Le roi Menmaâtrê a agi pareillement. Il fit creuser un puits de cent vingt coudées de
profondeur durant son règne mais on l’abandonna en (cours de) route car l’eau n’en sortait
pas. Mais si tu dis toi-même à ton père Hâpi père des dieux : “Fais jaillir l’eau du sommet de
la montagne !” Il agira conformément à tout ce que tu auras dit, conformément à tous tes

44
desseins qui se produisent devant nous et qu’on a entendu raconter car tes pères et tous les
dieux t’aiment plus que tous les autres rois qui sont apparus depuis le temps de Rê.
- Je ferai en sorte qu’on dise dans le pays [...]

Texte A20 (Ramsès II) :


- En ce qui concerne tous les desseins que Ma Majesté a racontés, je les ai accomplis en vérité
devant mon armée et ma charrerie.

Texte A22 (Mérenptah) :


- Il n’a pas été vu cela dans les annales des rois de Haute et Basse-Égypte.
- Mon nom se réjouira dans le ciel et les terres.
- [...] ton nom pour l’éternité, depuis le commencement, sera dans le ciel et la terre. La
victoire dans les annales ne sera pas passée sous silence [...] les années comme Atoum. Ton
ka vivra longtemps, ton chef perdurera longtemps et acquiesce [...] dans la nécropole. Celui
qui détourne sa main des affaires de sa ville. Son fils divin fait vivre son nom.

Texte A23 (Smendès) :


- En ce qui concerne les paroles qui m’ont été dîtes, il n’y eu pas chose semblable depuis les
temps anciens jusqu’au temps de Ma Majesté.
- [...] temple du seigneur Montou afin qu’ils gravent ce décret qui établit Sa Majesté [...]
- [...] pareille chose n’avait été faite avant le temps des ancêtres.

Texte A24 (Taharqa) :


- Roi puissant sans pareil.
- eElle vint naviguer vers Thèbes parmi les jeunes hommes que le roi Chabaka, juste de
voix, envoya vers la Nubie, pour qu’il y soit avec lui parce qu’il l’aimait plus que tous ses
(autres) frères.
- Ses pylônes étant bâtis, ses portes étant dressées, on inscrivit le nom vénérable de Sa
Majesté.

Texte A25 (Tanoutamon) :


- Il a [saisi] cette terre sans combattre, sans qu’il n’existe personne se dressant pour le
rencontrer.

45
- On n’a pas constaté cela depuis l’époque des ancêtres. Sa Majesté avait fait en sorte que l’on
construise cela en bloc de pierre, qu’on a recouvert d’or. Il était coloré en rouge grâce à du
cèdre. On l’encensa avec de la myrrhe de Pount. La double porte fut réalisée en électrum et
les deux verrous en faïence.
- Nous te servirons comme celui qui n’a rien, comme tu l’avais dit à propos de cela la
Première Fois, le jour où tu es apparu en tant que roi.

Texte A27b (Psammétique II) :


- [...] sans égal [...Psa]mmétique, qu’il soit en vie pour toujours et doué de vie comme Rê
pour toujours.

Texte A30 (Djoser) :


- Les ancêtres firent la route vers eux, il n’y avait eu aucun de leurs semblables en tant que roi
depuis l’époque (primordiale).
- Je t’ai livré pierres précieuses sur pierres précieuses [...] auparavant dont aucun travail n’a
encore été réalisé, pour bâtir des temples, pour rénover ce qui est en ruine, pour incruster les
orbites des yeux de leur possesseur.
- Je fis ce décret en présence de mon père Khnoum.
- « Grave ce décret sur une stèle, dans un lieu sacré, par écrit car cela s’est produit comme
c’est dit, ainsi que sur une tablette où se trouvent les écrits divins dans les temples, deux fois.
Celui qui crachera en mentant contre cela aura un châtiment. Que les directeurs des prêtres-
ouâb et le directeur du personnel du temple établissent mon nom dans le temple de Khnoum-
Rê, seigneur d’Éléphantine, puissant pour l’éternité. »

MOTIF NARRATIF « AIDE DIVINE »

Texte A3 (Ounas) :
- Parole dites : « Je te donne les apparitions en gloire parfaites en tant que [... »]. Paroles
dites : « Je te donne [...] »

Texte A4 (Montouhotep II) :


- Il n’y a pas de roi pour qui ils ont travaillé [...] tant il m’aimait.

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Texte A5 (Sésostris Ier) :
- Je fixerai des décrets permanents pour Horakhty. Il m’a créé [...] réaliser ce qu’il avait
accompli et pour faire advenir ce qu’il avait ordonné de faire. Il a fait en sorte que je sois le
berger de ce pays, il connaît celui qui le rassemble pour lui. Il m’a offert ce qu’il protège, ce
que l’œil qui est en lui éclaire. Agissant entièrement tel qu’il le désire, m’offrant le savoir
qu’il prédestine.
- Il me nomma seigneur de l’humanité et me créa afin d’être à la tête de la population
henmémet.
- Lorsque ton temple sera construit, il le pourvoira d’un autel. Il accomplira un travail pour ta
statue et sera favorable envers tes statues pour la durée de l’éternité.

Texte A6 (Néferhotep Ier) :


- Ils m’ont établi en tant que leur protecteur afin de rendre parfait leurs monuments sur
terre. Ils m’ont offert l’héritage [de Geb et tout] ce qui entoure le disque solaire, et
m’ont donné ma fonction de chef du pays. Il sait que je suis sage et que j’agis comme un
dieu.
- Je suis son fils, son protecteur, sa progéniture, sortant en tant que chef de sa salle. Geb lui a
donné son héritage, l’Ennéade était satisfaite à propos de cela. J’occupe la grande fonction
que Rê m’a donné : un fils renommé qui engendre celui qui l’a engendré. Je vais dire une
chose importante, je vais vous la faire entendre.
- Je suis le favori de son père Rê, [seigneur de ce qui est] et de ce qui n’est pas.
- Il est heureux à propos de tes offrandes au début des saisons, durant les jours de la venue de
tous les dieux à la fête ouag de Thot, jusqu’à la fin de tes années (de règne).
- Tu as rendu parfait mes monuments dans ton temple. Tu m’as placé dans l’entourage de Ta
Majesté et tu as donné mon nom à la bouche de tes sujets. [Tu] raffermis mes bras grâce aux
prières.
- Le dieu a établi cela dans mon esprit afin de rendre parfait mes monuments dans son temple
et de faire prospérer mes contrats dans son temple. Sa Majesté apprécie ce que j’ai accompli
pour lui et se réjouit de ce que j’ai décidé de faire. Tu as accordé pour lui une justification. Je
suis son fils, son protecteur, il m’a donné l’héritage du pays.
- Il m’a donné en contrepartie [de mes monuments, mon existence de vie] de milliers
d’années. En récompense pour ce que j’ai accompli c’est ce qu’il a fait.

47
Texte A7 (Râhotep) :
- Ptah-Sokar t’a [engendré] grâce à [son amour]. Les dieux t’ont fait naître, ils [ont fait en
sorte] que tu construises et que tu fondes pour eux leurs temples.

Texte A8 (Kamosis) :
- Rê lui-même l’a placé en tant que roi. Il le rendit prospère, victorieux en vérité.

Texte A10 (Thoutmosis II) :


- Son père Rê est sa protection ainsi qu’Amon, seigneur des trônes du Double Pays. Ils
frappent pour lui ses opposants.
- Ceci était advenu grâce au pouvoir-baou de Sa Majesté du fait de la grandeur de l’amour
qu’à pour lui son père Amon, plus qu’à aucun roi advenu depuis les temps primordiaux.

Texte A11 (Hatchepsout) :


- Qu’Ourty-Hékaou élevait, qu’Amon a couronné lui-même sur son trône de Haute-Égypte,
qu’il a choisi pour surveiller l’Égypte et pour protéger les nobles et les gens, l’Horus
protectrice de son père, l’aînée de Kamoutef, que Rê a engendrée pour faire d’elle une
descendance utile sur terre afin de préserver les hommes.
- C’est moi qui étais assise dans le palais et je me suis souvenue de celui qui m’avait
créée.
- J’étais en vie, Rê m’aime, mon père Amon me loue.
- Le dieu me connaît, Amon seigneur des trônes du Double-Pays, il a fait en sorte que je
gouverne l’Égypte et les déserts en récompense à cela. Personne ne s’oppose à moi dans
aucun pays. Toutes les contrées étrangères sont mes sujets. Il a créé mes frontières aux limites
du firmament et j’ai exécuté l’enceinte d’Aton. Il a été juste envers moi car il savait que je
dirigerai cela pour lui. C’est moi sa fille, véritablement. Il savait que je le glorifierai. Ma
récompense de mon père est la vie, la stabilité, le pouvoir sur le trône d’Horus de tous les
vivants, comme Rê à jamais.

Texte A12 (Hatchepsout) :


- Mon cœur est déterminé à propos de ce qu’il a décidé. Je suis sa puissance se levant dans le
ciel. Je suis entrée sous la forme d’un auguste dieu quand il a ouvert [...], il m’a honorée car il
connaît mon utilité.

48
- Il m’a ouvert ce qu’il y avait dans son cœur, je connaissais donc tout ce qu’il désirait. Or
c’est un dieu [...] son harem, où se trouvait sa place favorite, il désirait la saisir. J’ai établi
pour lui Pount dans son jardin d’arbres comme il m’a placé à Thèbes. Il s’est promené en son
sein.

Texte A13 (Thoutmosis III) :


- Sa Majesté ordonna de faire que l’on établisse [les victoires que son père Amon lui a
données] sur un décret dans le temple qu’il avait bâti pour [son père Amon afin de faire en
sorte que l’on établisse] la campagne en son nom avec le butin que [Sa Majesté en a rapporté
et les produits de] toutes [les contrées étrangères] que son père Rê lui avait donnés.
- Ma Majesté alla vers le Nord sous la protection de mon père [Amon-Rê, seigneur des trônes
du Double-Pays, il ouvre les chemin] devant moi. Rê-Horakhty [affermissant l’esprit de mon
armée victorieuse] et mon père Amon [rendant] victorieux le bras [de Ma Majesté] [...]
[protection] sur Ma Majesté.
- [Amon] protégeant son corps durant le combat, la force [...] ses membres.
- Alors, l’armée entière cria de joie en faisant des louanges à Amon [à propos des victoires]
qu’il avait donné à son fils en [ce jour.

Texte A14 (Thoutmosis IV) :


- Je te donne [ma] royauté [sur terre présidant les vivants], tu porteras la couronne blanche et
la couronne rouge sur le trône de Geb, le prince. Le pays sera à toi dans sa longueur et dans sa
largeur ainsi que ce qu’illumine l’œil du seigneur universel. Tu auras auprès de toi les
provisions de l’intérieur du Double-Pays et un grand nombre de tributs de toutes les contrées
étrangères, ainsi qu’une existence généreuse en années. Mon visage est pour toi, ma
conscience est pour toi, tu es à moi.
- Le sable de ce désert sur lequel je me dresse me recouvre, j’ai donc fait en sorte que tu
réalises mes souhaits parce que je sais que tu es mon fils, mon protecteur. Approche vers
moi ! Vois ! Je suis avec toi, c’est moi ton guide.

Texte A15 (Thoutmosis IV) :


- Il avait apaisé son père Amon dans la mesure où il lui avait donné l’éternité en tant que roi et
pour toujours il s’établirait sur le trône d’Horus.
- Sa Majesté s’informa lui-même en présence du souverain des dieux et le questionna à
propos de la situation. Il vint. Son dessein se déroulait sous son règne. Il suivit le droit chemin

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afin de faire ce que son ka désirait comme un père parlant à son fils, qu’il avait engendré à
partir de sa semence. Il est sorti de lui, son esprit était épanoui.
- Montou à Ermant était la protection de [ses] membres. Le serpent royal guidait devant lui.
Chaque dieu de la Haute-Égypte apportait un bouquet à sa narine. « Nekhbet, la blanche d’El-
Kab, elle a fixé les insignes de Ma Majesté. Ses bras autour du sceptre-was, elle a lié
ensemble pour moi les Neuf Arcs en totalité.
- Tandis que Rê était sa protection en vie.
- Rê avait placé la crainte qu’il inspirait dans les pays comme Sekhmet, l’année de sa
désolation en leur sein.

Texte A18 (Séthy Ier) :


- Alors, dieu le guidait afin de permettre que la requête de celui qui l’aime se réalise.
- Vois, le dieu a accompli ma demande en faisant jaillir pour moi l’eau des montagnes.
- Un autre acte parfait est provenu de mon esprit grâce au commandement de dieu également :
fonder une ville avec en son sein un sanctuaire.
- Sa Majesté adora les pères et tous les [dieux] et il dit : « Salut à vous, grands dieux qui
avaient fondé le ciel et la terre grâce à vos esprits ! Puissiez-vous me louer pour l’éternité et
perpétuer mon nom pour toujours étant donné que je suis bon avec vous et que je veille sur
[...] affaires. Alors, puissiez-vous parler à ceux qui viendront, rois, notables et peuple qui me
confirmeront ce que j’ai accompli lorsque j’étais dans ma demeure à Abydos. Parfait celui qui
agit selon la parole du dieu car ses desseins ne peuvent pas échouer ! Parlez, vous agirez, vos
paroles seront respectées car vous êtes les seigneurs ! Je passe mon existence à être brave
pour vous, afin de rechercher mon bien-être grâce à ce que vous faites. Faites pour moi que
mes monuments soient durables et que mon nom soit stable sur eux !

Texte A19 (Ramsès II) :


- On avait doté son corps de sang rouge encre grâce aux victoires de Montou. Les deux
seigneurs se réjouissaient dans le ciel le jour de sa venue au monde. Les dieux (disant) :
« Notre semence est en lui ! », les déesses (disant) : « Il est sorti de nous afin d’exercer la
royauté de Rê ! » et Amon (disant) : « C’est moi qui l’ai engendré après avoir mis Maât à sa
place ! » La terre est rétablie et le ciel est content. L’Ennéade est satisfaite de sa réussite.
- Or Sa Majesté était à Hout-ka-Ptah en accomplissant ce que louent ses pères, tous les dieux
du Sud et du Nord, dans la mesure où ils lui avaient accordé bravoure, victoire et une longue
existence de millions d’années.

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- Mais si tu dis toi-même à ton père Hâpi père des dieux : “Fais jaillir l’eau du sommet de la
montagne !” Il agira conformément à tout ce que tu auras dit, conformément à tous tes
desseins qui se produisent devant nous et qu’on a entendu raconter car tes pères et tous les
dieux t’aiment plus que tous les autres rois qui sont apparus depuis le temps de Rê.
- L’eau en est sortie à douze coudées, sur une profondeur de quatre coudées [...] à l’extérieur
comme le plan qu’accompli le dieu pour assouvir ton désir.

Texte A20 (Ramsès II) :


- Aussi vrai que mon père Rê vit pour moi et m’aime, que mon père Atoum me favorise.

Texte A22 (Mérenptah) :


- Vois, je suis celui à qui les dieux ont donné tous les aliments.
- « Amon approuve » dit-on à Thèbes. « Il a tourné le dos à l’encontre de Mechouch [sans]
regarder la terre de Tjemeh. Ils [...] commandant des archers face à eux pour détruire la terre
de Reb. Ils sont partis avec la main de dieu et Amon avec eux en tant que boucliers.
- L’armée de Sa Majesté ainsi que sa cavalerie sortirent accompagnés d’Amon-Rê.
- [...] tous les dieux l’ont fait tomber pour l’Égypte.
- [...] beauté que Rê a produite pour mon ka.
- Ils m’ont porté pour que je sois l’unique seigneur de l’Égypte.
- Seth a accordé la victoire et la bravoure à l’Horus, celui qui se réjouit dans maât et qui
frappe les Neuf Arcs.

Texte A23 (Smendès) :


- Amon lui a rendu le bras fort pour qu’il exalte Maât.

Texte A24 (Taharqa) :


- Taharqa, qu’il soit en vie pour toujours, aimé de Maât véritablement, celui à qui Amon a
donné Maât, qu’il soit en vie pour toujours.
- Le dieu prit connaissance de ce qu’il (Alara) avait dit à propos de nous et m’établit en tant
que roi comme il le lui avait demandé.
- La récompense pour cela est la vie, la prospérité ainsi que l’apparition sur le trône d’Horus
pour toujours.

51
Texte A25 (Tanoutamon) :
- Sa Majesté dit : « [Mon] seigneur est avec moi, cet auguste dieu, Amon-Rê, seigneur des
trônes du Double-Pays, qui réside dans la Montagne-Pure, grand dieu, celui qui est efficace.
Son nom est connu, celui qui veille sur celui qu’il aime, qui donne de la bravoure à celui qui
lui est fidèle sans désobéir à celui qui est sous ses conseils et sans égarer celui qu’il guide.
Vois, ce qu’il me dit durant la nuit, je le vois durant le jour. »
- Rê vit pour moi et m’aime. Amon me loue dans sa maison du fait que j’ai vu cet auguste
dieu, Amon de Napata qui réside dans la Montagne-Pure. Lorsqu’il était debout vers moi, il
me dit : « [...] pour te guider sur tous les chemins sans que tu dises “Puisse avoir pour moi
[...]”. Je te prédirai demain [...]
- Alors ils lui répondirent en disant : « Vois ce dieu, il a annoncé pour toi le commencement
et a provoqué un dénouement heureux pour toi. Vois, le dieu ne revient pas à propos de ce qui
est sorti de sa bouche, ô souverain, notre seigneur. »

Texte A26 (Aspelta) :


- Alors ils placèrent les frères du roi en face du dieu (mais) il n’en prit aucun parmi eux. Ils
placèrent les frères du roi une seconde fois, le fils d’Amon, l’enfant de Mout, maîtresse du
ciel, le fils de Rê [Aspelta] en vie pour l’éternité. Alors ce dieu Amon-Rê, seigneur du trône
du Double-Pays dit : « C’est lui le roi, votre seigneur. C’est lui qui vous fera revivre. C’est lui
qui bâtira tous les temples du pays du Sud et du pays du Nord. C’est lui qui leur accordera
leurs offrandes divines. Son père était mon fils, le fils de Rê [...] juste de voix ; sa mère est la
sœur du roi, la mère du roi, la maîtresse de Kouch, la fille de Rê [...] en vie pour l’éternité,
dont la mère était la sœur du roi, divine adoratrice d’Amon-Rê, roi des dieux de Thèbes
[...] juste de voix ; dont la mère était la sœur du roi [...] juste de voix ; dont la mère était la
sœur du roi [...] juste de voix ; dont la mère était la sœur du roi [...] juste de voix ; dont la
mère était la sœur du roi [...] juste de voix ; dont la mère était la sœur du roi, maîtresse de
Kouch [...] juste de voix ; c’est lui qui est votre seigneur. »
- Sa Majesté dit en présence du dieu : « Viens à moi Amon-Rê, seigneur du trône du Double-
Pays qui réside dans la Montagne-Pure pour que tu me donnes la fonction bénéfique (bien
que) ce n’était pas dans mon esprit. Par la grandeur de ton affection, tu me donnes la
couronne conformément au désir de ton esprit avec le sceptre-was. » Alors ce dieu dit : « À
toi est la couronne de ton frère, le roi de Haute et Basse-Égypte [Anlamani], juste de voix.
Elle doit rester (stable) sur ta tête tout comme la double couronne sur ta tête ainsi que son
sceptre-was que tu as empoigné afin de renverser tous tes ennemis. »

52
Texte A28 (Amasis) :
- Le dieu était en quête [...] pour lui le ciel, une tempête de grêle pour que leurs bateaux
chavirent.

Texte A29 (Ramsès II) :


- Ainsi, Sa Majesté dit face à Khonsou-de-Thèbes-Neferhotep : « Seigneur parfait, peux-tu
faire en sorte de placer ta tête vers Khonsou-qui-gouverne, le grand dieu qui chasse les
démons pour faire en sorte qu’il aille à Bakhtan ? » Grand mouvement de tête à deux
reprises. Sa Majesté dit : « Place ta protection sur lui et je ferai en sorte que Sa Majesté aille
à Bakhtan pour sauver la fille du prince de Bakhtan. » Grand mouvement de tête à deux
reprises de Khonsou-de-Thèbes-Neferhotep. Alors il établit la protection de Khonsou-qui-
gouverne-dans-Thèbes, quatre fois.
- Ce dieu alla à l’endroit où se trouvait Bentrech. Il créa la protection pour la fille du prince de
Bakhtan : elle se sentit immédiatement bien.
- Il lui avait accordé qu’il soit doué de vie comme Rê pour toujours.

Texte A30 (Djoser) :


- Je ferai jaillir pour toi l’inondation. Il n’y aura plus d’années où l’inondation ne manquera
pour aucune terre. Les fleurs pousseront, courbées sous les grains. Renoutet préside toutes
choses et toutes les choses seront introduites par millions. Je ferai en sorte que ton peuple soit
comblé et qu’ils empoignent grâce à toi. La disette passera, celle qui fait apparaître le manque
dans leur grenier. L’Égypte viendra à grands pas, les terres resplendiront car l’inondation sera
excellente et leurs cœurs seront plus heureux qu’auparavant.

Dialogue entre le roi et un dieu

Texte A14 (Thoutmosis IV) :


- Il trouva la majesté de ce noble dieu parlant de sa propre bouche comme un père qui
s’adresse à son fils « ... »
- Lorsqu’il comprit les paroles de ce dieu, il se tut en son esprit et il dit : « ... »

Texte A18 (Séthy Ier) :


- Sa Majesté adora les pères et tous les [dieux] et il dit : « ... »

53
Texte A22 (Mérenptah) :
- Alors, Sa Majesté vit en rêve comme une statue de Ptah se tenant debout à côté de pharaon,
v.s.f. Elle était comme une butte [...] Elle lui disait : « Emporte le ici. » Elle lui donna la
hache de guerre : « Tu banniras le cœur vexé par toi. » Pharaon, v.s.f, lui dit : « [...]
l’infanterie et la cavalerie listées et mises en ordre face à eux sur la rive près de la région de
Per-Irer. »

Texte A26 (Aspelta) :


- Sa Majesté dit en présence du dieu : « Viens à moi Amon-Rê, seigneur du trône du Double-
Pays qui réside dans la Montagne-Pure pour que tu me donnes la fonction bénéfique (bien
que) ce n’était pas dans mon esprit. Par la grandeur de ton affection, tu me donnes la
couronne conformément au désir de ton esprit avec le sceptre-was. » Alors ce dieu dit : « ... »
- Ensuite, Sa Majesté se prosterna devant ce dieu, embrassant le sol plusieurs fois et dit :
« ... » Alors ce dieu dit : « ... »

Texte A29 (Ramsès II) :


- Sa Majesté répéta à Khonsou-de-Thèbes-Neferhotep, en disant : « ... »
- Ainsi, Sa Majesté dit face à Khonsou-de-Thèbes-Neferhotep : « ... »
- Sa Majesté dit : « Place ta protection sur lui et je ferai en sorte que Sa Majesté aille à
Bakhtan pour sauver la fille du prince de Bakhtan »

Texte A30 (Djoser) :


- Il s’ouvrit à moi, sa face étincelante, il dit : « Je suis Khnoum »

54
LISTE DÉTAILLÉE DES MOTIFS NARRATIFS BIBLIQUES

MOTIF NARRATIF « ROI GUERRIER »

Texte B1 (Saül) :
- Donc, le lendemain, Saül répartit le peuple en trois sections. Ils pénétrèrent dans le camp à
la veille du matin et frappèrent les Ammonites jusqu’à l’heure la plus chaude du jour. Les
survivants se dispersèrent, et il n’en resta pas deux ensemble.

Texte B2a (David) :


- David arriva à Baal-Peracim et, là, David les battit.
- David agit comme le Seigneur le lui avait ordonné et il battit les Philistins depuis Guèva
jusqu’à l’entrée de Guèzèr.

Texte B2b (David) :

- Alors ils montèrent à Baal-Peracim, et là, David les battit.


- David agit comme Dieu le lui avait ordonné, et ils battirent l’armée des Philistins, depuis
Gabaon jusqu’à Guèzèr.

MOTIF NARRATIF « CONTRARIÉTÉ ET COLÈRE DU ROI »

Texte B1 (Saül) :
- L’esprit de Dieu fondit sur Saül quand il entendit ces paroles, et il entra dans une violente
colère.

Texte B8a (Joas) :


- Le roi Joas convoqua le prêtre Yehoyada ainsi que les autres prêtres et leur dit : « Pourquoi
ne réparez-vous pas les dégradations de la Maison ? Désormais vous ne prendrez plus
d’argent de la part de ceux que vous connaissez, car c’est pour les dégradations de la Maison
que vous deviez le donner. »

Texte B8b (Joas) :


- Aussi le roi convoqua le chef Yehoyada et lui dit : « Pourquoi n’as-tu pas insisté auprès des
lévites pour qu’ils apportent de Juda et de Jérusalem l’impôt que Moïse, le serviteur de Dieu,

55
et l’assemblée d’Israël ont établi pour la tente de la charte ?

Texte B10a (Josias) :


- Puis le secrétaire Shafân annonça au roi : « Le prêtre Hilqiyahou m’a remis un livre. »
Shafân en fit la lecture devant le roi. Lorsque le roi eut entendu les paroles du livre de la Loi,
il déchira ses vêtements.

Texte 10b (Josias) :


- Puis, le secrétaire Shafân annonça au roi : « Le prêtre Hilqiyahou m’a remis un livre. »
Shafân en fit lecture devant le roi. Lorsque le roi eut entendu les paroles de la Loi, il déchira
ses vêtements.

MOTIF NARRATIF « SONGE ET ORACLE »

Texte B3a (David) :


- Or, cette nuit-là, la parole du Seigneur fut adressée à Nathan en ces termes.
- C’est selon toutes ces paroles et selon toute cette vision que parla Nathan à David.

Texte B3b (David) :


- Or cette nuit-là, la parole de Dieu fut adressée à Nathan en ces termes.
- C’est d’après toutes ces paroles et d’après toute cette vision que Nathan parla à David.

Texte B5a (Salomon) :


- A Gabaon, le Seigneur apparut à Salomon, la nuit, dans un rêve ; Dieu lui dit.
- Salomon se réveilla ; tel fut son rêve.

Texte B5b (Salomon) :


- Cette nuit-là, Dieu apparut à Salomon et lui dit : « Demande ! Que puis-je te
donner ? » Salomon répondit à Dieu.

56
MOTIF NARRATIF « SOUTIEN DIVIN AU ROI »

Aide de Dieu

Texte B1 (Saül) :
- Le Seigneur fit tomber la terreur sur le peuple, et ils partirent comme un seul homme.
- Saül dit : « Personne ne sera mis à mort en un jour pareil, car, aujourd’hui, le Seigneur a
remporté une victoire en Israël. »

Texte B2a (David) :


- « Tu n’attaqueras pas de front. Tourne-les sur leurs arrières et tu arriveras vers eux en face
des micocouliers. Quand tu entendras un bruit de pas à la cime des micocouliers, alors décide-
toi. C’est qu’alors le Seigneur sera sorti devant toi pour frapper l’armée des Philistins. »

Texte B2b (David) :


- « Ne monte pas à leur poursuite : fais un détour loin d’eux et tu arriveras vers eux, en face
des micocouliers. Et lorsque tu entendras un bruit de pas à la cime des micocouliers, alors tu
sortiras pour le combat, car Dieu sera sorti devant toi, pour frapper l’armée des Philistins. »

Texte B3a (David) :


- Le Seigneur lui eut accordé le repos alentour face à tous ses ennemis.
- J’ai été avec toi partout où tu es allé : j’ai abattu tous tes ennemis devant toi.
- Je t’ai accordé le repos face à tous tes ennemis.

Texte B3b (David) :


- J’ai abattu tous tes ennemis devant ta face.
- J’ai soumis tous tes ennemis.

Texte B7a (Salomon) :


- À présent que le Seigneur, mon Dieu, m’a accordé le repos de tous côtés, et qu’il n’y a plus
ni adversaire, ni menace de malheur.

Texte B9 (Ézéchias) :
- Avec lui, il n’y a qu’une force humaine ; mais avec nous, il y a le Seigneur, notre Dieu, pour

57
nous secourir et pour combattre dans nos combats !
- Le roi Ézéchias et le prophète Esaïe, fils d’Amoç, prièrent à ce sujet et crièrent vers les
cieux. Et le Seigneur envoya un ange, qui fit disparaître tous les vaillants guerriers, les
officiers et les dignitaires dans le camp du roi d’Assyrie. Il dut retourner dans son pays la face
couverte de honte et, quand il pénétra dans la Maison de son dieu, ses propres fils l’abattirent
par l’épée. Ainsi le Seigneur sauva Ézéchias et les habitants de Jérusalem de la main du roi
d’Assyrie Sennachérib et de la main de tous ses ennemis, puis il leur assura la paix de tous
côtés.

Texte B10a (Josias) :


- “Ainsi parle le Seigneur : Je vais amener un malheur sur ce lieu et ses habitants,
accomplissant toutes les paroles du livre que le roi de Juda a lu. Puisqu’ils m’ont abandonné
et qu’ils ont brûlé de l’encens à d’autres dieux au point de m’offenser par toutes les œuvres de
leurs mains, ma fureur s’est enflammée contre ce lieu et elle ne s’éteindra pas !”

Texte B10b (Josias) :


- Ainsi parle le Seigneur : Je vais faire venir un malheur sur ce lieu et ses habitants,
accomplissant toutes les malédictions inscrites dans le livre qu’on a lu devant le roi de
Juda. Puisqu’ils m’ont abandonné et qu’ils ont brûlé de l’encens à d’autres dieux, au point de
m’offenser par toutes les œuvres de leurs mains, ma fureur se déversera sur ce lieu et elle ne
s’éteindra pas.

Privilège royal : dialogue avec Dieu

Texte B3a (David) :


- Or, cette nuit-là, la parole du Seigneur fut adressée à Nathan en ces termes : « ... »

Texte B3b (David) :


- Or cette nuit-là, la parole de Dieu fut adressée à Nathan en ces termes : « ... »

Texte B5a (Salomon) :


- A Gabaon, le Seigneur apparut à Salomon, la nuit, dans un rêve ; Dieu lui dit : « ... »

58
Texte B5b (Salomon) :
- Cette nuit-là, Dieu apparut à Salomon et lui dit : « Demande ! Que puis-je te
donner ? » Salomon répondit à Dieu : « ... »

MOTIF NARRATIF « OFFRANDE ET SACRIFICE »

Texte B1 (Saül) :
- On y offrit des sacrifices de paix en présence du Seigneur. Saül et tous les gens d’Israël se
livrèrent là à de grandes réjouissances.
Texte B5a (Salomon) :
- C’était sur les hauts lieux qu’il offrait des sacrifices et qu’il brûlait de l’encens. Le roi se
rendit à Gabaon pour y offrir un sacrifice car c’était le principal haut lieu – Salomon offrira
mille holocaustes sur cet autel.
- Il offrit des holocaustes et des sacrifices de paix, et il fit un banquet pour tous ses serviteurs.

Texte B5b (Salomon) :


- Là, Salomon monta à l’autel de bronze, devant le Seigneur, près de la tente de la rencontre et
il offrit un millier d’holocaustes.

Texte B7b (Salomon) :


- Quand fut mené à bonne fin tout l’ouvrage que Salomon avait fait pour la Maison du
Seigneur, il fit apporter les objets consacrés par David, son père, l’argent, l’or et tous les
ustensiles, pour les déposer dans les trésors de la Maison de Dieu.

Texte B8b (Joas) :


- On offrit des holocaustes dans la Maison du Seigneur continuellement, pendant toute la vie
de Yehoyada.

Texte B9 (Ézéchias) :
- Beaucoup de gens apportaient à Jérusalem des offrandes pour le Seigneur et des présents
pour le roi de Juda Ézéchias, qui depuis cela était en haute estime aux yeux de toutes les
nations.

59
MOTIF NARRATIF « RENOMMÉE ET SURPASSEMENT »

Texte B1 (Saül) :
- Samuel dit au peuple : « Venez, allons à Guilgal : nous y renouvellerons la royauté. » Tout
le peuple alla donc à Guilgal. Là, on fit de Saül un roi, en présence du Seigneur, à Guilgal.

Texte B2a (David) :


- Les Philistins apprirent qu’on avait oint David comme roi sur Israël.

Texte B2b (David) :


- Les Philistins apprirent que David avait été oint comme roi sur tout Israël.
- La renommée de David se répandit dans tous les pays, et le Seigneur le rendit redoutable à
toutes les nations.

Texte B3a (David) :


- C’est moi qui t’ai pris au pâturage, derrière le troupeau, pour que tu deviennes le chef
d’Israël, mon peuple. J’ai été avec toi partout où tu es allé : j’ai abattu tous tes ennemis devant
toi. Je t’ai fait un nom aussi grand que le nom des grands de la terre.
- Et le Seigneur t’annonce que le Seigneur te fera une maison. Lorsque tes jours seront
accomplis et que tu seras couché avec tes pères, j’élèverai ta descendance après toi, celui qui
sera issu de toi-même, et j’établirai fermement sa royauté. C’est lui qui bâtira une Maison
pour mon Nom, et j’établirai à jamais son trône royal. Je serai pour lui un père, et il sera pour
moi un fils. S’il commet une faute, je le corrigerai en me servant d’hommes pour bâton et
d’humains pour le frapper. Mais ma fidélité ne s’écartera point de lui, comme je l’ai écartée
de Saül, que j’ai écarté devant toi. Devant toi, ta maison et ta royauté seront à jamais stables,
ton trône à jamais affermi.
- Veuille maintenant bénir la maison de ton serviteur, pour qu’elle soit à jamais en ta
présence. Car c’est toi, Seigneur Dieu, qui as parlé, et par ta bénédiction la maison de ton
serviteur sera bénie à jamais.

Texte B3b (David) :


- C’est moi qui t’ai pris au pâturage, derrière le troupeau, pour que tu deviennes le chef
d’Israël mon peuple. J’ai été avec toi partout où tu es allé, j’ai abattu tous tes ennemis devant
ta face et je rendrai ton nom comme le nom des grands de la terre.

60
- Je t’ai annoncé que le Seigneur te bâtirait une maison. Lorsque tes jours seront accomplis
pour aller avec tes pères, j’élèverai ta descendance après toi, ce sera l’un de tes fils et
j’établirai fermement sa royauté. C’est lui qui me bâtira une Maison, et j’établirai son trône
pour toujours. Je serai pour lui un père, et il sera pour moi un fils ; je ne lui retirerai pas ma
fidélité comme je l’ai retirée à celui qui était avant toi. Je le ferai subsister à jamais dans ma
Maison et dans mon royaume, et son trône sera affermi à jamais.
- Tu m’as regardé comme un homme de rang élevé, Seigneur Dieu.
- Veuille maintenant bénir la maison de ton serviteur pour qu’elle soit à jamais en ta présence,
car toi, Seigneur, tu bénis et tu es béni à jamais !

Texte B4 (David) :
- Maintenant donc, que le Seigneur soit avec toi, mon fils, pour que tu bâtisses avec succès la
Maison du Seigneur ton Dieu, comme il l’a dit à ton sujet ! Seulement, que le Seigneur te
donne du discernement et de l’intelligence lorsqu’il t’établira sur Israël, pour garder la Loi du
Seigneur ton Dieu ! Alors, tu prospéreras si tu gardes, pour les mettre en pratique, les
préceptes et les ordonnances que le Seigneur a ordonnés à Moïse au sujet d’Israël. Sois fort et
courageux ! Sois sans crainte et sans peur.

Texte B5a (Salomon) :


- Voici, j’agis selon tes paroles : je te donne un cœur sage et perspicace, de telle sorte qu’il
n’y a eu personne comme toi avant toi, et qu’après toi, il n’y aura personne comme toi. Et
même ce que tu n’as pas demandé, je te le donne : et la richesse, et la gloire, de telle sorte que,
durant toute ta vie, il n’y aura personne comme toi parmi les rois. Si tu marches dans mes
chemins, en gardant mes lois et mes commandements comme David, ton père, je prolongerai
ta vie.

Texte B5b (Salomon) :


- Salomon, fils de David, s’affermit dans sa royauté ; le Seigneur, son Dieu, fut avec lui et il
l’éleva très haut.
- La sagesse et le bon sens te sont donnés, et je te donne aussi richesse, possessions et gloire,
comme n’en ont pas eu les rois qui furent avant toi et comme après toi il n’y en aura plus.

Texte B6 (Salomon) :
- Tout Israël entendit parler du jugement qu’avait rendu le roi, et l’on craignit le roi, car on

61
avait vu qu’il y avait en lui une sagesse divine pour rendre la justice.

Texte B7a (Salomon) :


- Le Seigneur avait donné de la sagesse à Salomon, comme il le lui avait dit : l’harmonie fut
parfaite entre Hiram et Salomon ; tous deux conclurent un pacte.

Texte B8a (Joas) :


- Joas fit ce qui est droit aux yeux du Seigneur pendant toute sa vie, car le prêtre Yehoyada
l’avait instruit.

Texte B9 (Ézéchias) :
- Beaucoup de gens apportaient à Jérusalem des offrandes pour le Seigneur et des présents
pour le roi de Juda Ézéchias, qui depuis cela était en haute estime aux yeux de toutes les
nations.

Texte B10a (Josias) :


- Il fit ce qui est droit aux yeux du Seigneur et suivit exactement le chemin de David, son
père, sans s’écarter ni à droite ni à gauche.
- Mais au roi de Juda qui vous a envoyés consulter le Seigneur, vous direz ceci : “Ainsi parle
le Seigneur, le Dieu d’Israël : Tu as bien entendu ces paroles, puisque ton cœur s’est laissé
toucher, que tu t’es humilié devant le Seigneur quand tu as entendu ce que j’ai dit contre ce
lieu et ses habitants – ce lieu deviendra un endroit désolé et maudit –, et puisque tu as déchiré
tes vêtements et que tu as pleuré devant moi ; eh bien, moi aussi j’ai entendu – oracle du
Seigneur ; à cause de cela, je vais te réunir à tes pères ; tu leur seras réuni en paix dans la
tombe, et tes yeux ne verront rien du malheur que je vais amener sur ce lieu.” » Les envoyés
rapportèrent la réponse au roi.

Texte B10b (Josias) :


- Dans la huitième année de son règne, alors qu’il était encore un jeune homme, il commença
de rechercher le Dieu de son père David et, dans la douzième année, il commença de purifier
Juda et Jérusalem des hauts lieux, des poteaux sacrés, des idoles sculptées ou fondues.
- Mais au roi de Juda qui vous envoie consulter le Seigneur, vous direz ceci : Ainsi parle le
Seigneur, le Dieu d’Israël : Tu as bien entendu ces paroles, puisque ton cœur s’est laissé
toucher, que tu t’es humilié devant Dieu quand tu as entendu ses paroles contre ce lieu et

62
contre ses habitants, que tu t’es humilié devant moi, que tu as déchiré tes vêtements et que tu
as pleuré devant moi ; eh bien, moi aussi j’ai entendu – oracle du Seigneur. Voici que je vais
te réunir à tes pères ; tu leur seras réuni en paix dans la tombe. Tes yeux ne verront rien du
malheur que je vais faire venir sur ce lieu et sur ses habitants. » Les envoyés rapportèrent la
réponse au roi.
- Debout à sa place, le roi conclut devant le Seigneur l’alliance qui oblige à suivre le Seigneur,
à garder de tout son cœur et de toute son âme ses commandements, ses exigences et ses lois,
en pratiquant les paroles de l’alliance qui sont écrites dans ce livre.

63
TABLE DES FIGURES

Figure 1 : Sahourê (Ve dynastie) - Texte A1

Sahourê prélevant les larmes de l’arbre de Pount.


T. EL-AWADY, Abusir XVI: Sahure - the Pyramid Causeway: History and Decoration Program in the
Old Kingdom, Prague, 2009, pl. 6, registre supérieur.

Figure 2 : Sahourê (Ve dynastie) - Texte A1

T. EL-AWADY, « King Sahura with the


precious trees from Punt in a unique
scene! », dans M. Bárta (éd.), The Old
Kingdom Art et Archeology. Proceedings
of the conference held in Prague May 31
- June 4, Prague 2004, Prague, 2006,
p. 39.

64
Figure 3 : Sahourê (Ve dynastie) - Texte A1

Les équipages des bateaux adorent le roi.


T. EL-AWADY, Abusir XVI: Sahure - the Pyramid Causeway: History and Decoration
Program in the Old Kingdom, Prague, 2009, pl. 5.

Figure 4 : Sahourê (Ve dynastie) - Texte A2

Sahourê chassant au filet.


T. EL-AWADY, Abusir XVI: Sahure - the Pyramid Causeway: History and Decoration
Program in the Old Kingdom, Prague, 2009, pl. 13, registre supérieur.

65
Figure 5 : Ounas (Ve dynastie) - Texte A3

Reconstitution du tableau de la Königsnovelle d’Ounas.


D. FAROUT, « Les déclarations du roi Ounas », RdE 65, 2014, p. 70.

Figures 6 : Ounas (Ve dynastie) - Texte A3

Bloc provenant de la chaussée d’Ounas retrouvé dans la pyramide


d’Amenemhat Ier à Licht (MMA 09.180.4) – Segment K et L.
H. GOEDICKE, Re-used Blocks from the Pyramid of Amenemhet I at Lisht,
MMAEE 20, 1971, p. 25.

66
Figure 7 : Ounas (Ve dynastie) - Texte A3

Représentation d’Ounas tenant la


canne-mdw.
Segments A et B.
A. LABROUSSE, A.M. MOUSSA, La chaussée du
complexe funéraire du roi Ounas, BiEtud 134,
2002, doc. 46, fig. 60.

Figure 8 : Ounas (Ve dynastie) - Texte A3

Segments C et D.
D. FAROUT, « Les déclarations du
roi Ounas », RdE 65, 2014, p. 56.

Figure 9 : Ounas (Ve dynastie) - Texte A3

Segment E.
D. FAROUT, « Les déclarations du roi Ounas »,
RdE 65, 2014, p. 59.

67
Figure 10 : Ounas (Ve dynastie) - Texte A3

Segment G.
D. FAROUT, « Les déclarations du roi
Ounas », RdE 65, 2014, p. 63.

Figure 11 : Ounas (Ve dynastie) - Texte A3

Segment H.
D. FAROUT, « Les déclarations du roi
Ounas », RdE 65, 2014, p. 64.

Figure 12 : Ounas (Ve dynastie) - Texte A3

Segment J.
D. FAROUT, « Les déclarations du roi
Ounas », RdE 65, 2014, p. 65.

68
Figures 13-14-15 : Ounas (Ve dynastie) - Texte A3

Segments M et N.
A. LABROUSSE, A.M. MOUSSA, La chaussée du complexe funéraire
du roi Ounas, BiEtud 134, 2002, doc. 17, fig. 29.

Segments O et P.
A. LABROUSSE, A.M. MOUSSA, La chaussée du complexe funéraire
du roi Ounas, BiEtud 134, 2002, doc. 18, fig. 30.

Segment Q.
A. LABROUSSE, A.M. MOUSSA, La chaussée du complexe funéraire
du roi Ounas, BiEtud 134, 2002, doc. 19, fig. 31.
69
Figure 16 : Montouhotep II (XIe dynastie) - Texte A4

Photographie de l’inscription de Deir el-Ballas.


J.C. DARNELL, « The Eleventh Dynasty Royal Inscription from Deir el-Ballas », RdE 59, 2008, pl. VIII.

Figures 17 : Montouhotep II (XIe dynastie) - Texte A4

Fac-similé de l’inscription de Deir el-Ballas.


J.C. DARNELL, « The Eleventh Dynasty Royal Inscription from Deir el-Ballas », RdE 59, 2008, pl. IX.
70
Figure 18 : Sésostris Ier (XIIe dynastie) - Texte A5

« Rouleau de cuir » de Berlin de Sésostris Ier, face B.


M. MÜLLER, « Die administrativen Texte der Berliner Lederhandschrift », dans
E. Bechtold, A. Gulyás, A. Hasznos, From Illahun to Djeme. Papers
Presented in Honour of Ulrich Luft, BAR-IS 2311, p. 175.

71
Figure 19 : Râhotep (XIIe dynastie) - Texte A7

Stèle de Coptos de
Râhotep.
https://www.ucl.ac.uk/m
useums-
static/digitalegypt//kopto
s/uc14327.html

Figure 20 : Râhotep (XIIe dynastie) - Texte A7

Fac-similé de la stèle
de Coptos de Râhotep.
W.M.Fl. PETRIE, Koptos,
Londres, 1896, pl. XII, 3.

72
Figures 21 : Kamosis (XVIIe dynastie) - Texte A8

Tablette Carnarvon -
Partie droite.
A.H. GARDINER, « The defeat
of the Hyksos by Kamōse: the
Carnarvon tablet, no. 1 »,
JEA 3/2, 1916, pl. XII.

Tablette Carnarvon -
Partie gauche.
A.H. GARDINER, « The defeat
of the Hyksos by Kamōse: the
Carnarvon tablet, no. 1 »,
JEA 3/2, 1916, pl. XIII.

73
Figure 22 : Kamosis (XVIIe dynastie) - Texte A8

Stèle de Kamosis
P. LACAU, « Une Stèle du Roi “Kamosis” », ASAE 39,
1939, pl. XXXVII.

74
Figure 23 : Âhmosis (XVIIIe dynastie) - Texte A9

Stèle d’Abydos d’Âhmosis


(CG 34002).
P. LACAU, Stèle du Nouvel
Empire. Catalogue générale des
antiquités égyptiennes du musée
du Caire, 1926, pl. II-III.

75
Figure 24 : Âhmosis (XVIIIe dynastie) - Texte A9

Fac-similé de la stèle d’Abydos d’Âhmosis.


E. AYRTON, C. CURRELLY, A. WEIGALL, Abydos III, MEEF 25,
1904, pl. LII.

76
Figure 25 : Thoutmosis II (XVIIIe dynastie) - Texte A10

Stèles commémoratives - Assouan.


https://archive.org/details/lartgyptiencho01capauoft/page/151

Figure 26 : Thoutmosis II (XVIIIe dynastie) - Texte A10

Sommet de la « Stèle
de l’an 2 » de
Thoutmosis II.
R.D. DELIA, « Palimpsests,
Copyists, Atenists and
Others at the First
Cataract », JARCE 36,
1999, p. 109.

77
Figure 27 : Thoutmosis II (XVIIIe dynastie) - Texte A10

Fac-similé de la stèle d’Assouan de Thoutmosis II.


L. GABOLDE, « La stèle de Thoutmosis II à Assouan : témoin historique et archétype littéraire », dans
A. Gasse, V. Rondot (éds), Séhel entre Égypte et Nubie: Inscriptions rupestres et graffiti de l'époque
pharaonique, actes du colloque international, 31 mai - 1er juin 2002, Université Paul Valéry,
Montpellier, Montpellier, 2004, p. 132.

78
Figure 28 : Hatchepsout (XVIIIe dynastie) - Texte A11

Face Sud.
© CFEETK (MEA/CNRS, USR 3172)

Figure 29 : Hatchepsout (XVIIIe dynastie) - Texte A11

Face Ouest.
© CFEETK (MEA/CNRS, USR 3172)

79
Figure 30 : Hatchepsout (XVIIIe dynastie) - Texte A11

Face Nord.
© CFEETK (MEA/CNRS, USR 3172)

Figure 31 : Hatchepsout (XVIIIe dynastie) - Texte A11

Face Est.
© CFEETK (MEA/CNRS, USR 3172)
80
Figure 32 : Hatchepsout (XVIIIe dynastie) - Texte A12

Fac-similé de l’expédition de Pount d’Hatchepsout.


E. NAVILLE, The Temple of Deir el-Bahari, Part III : End of Northern Half and
Southern Half of the Middle Platform, Egypt Exploration Fund 16, 1898,
pl. LXXXVI.

81
Figure 33 : Thoutmosis III (XVIIIe dynastie) - Texte A13

Partie 1 - Colonnes 7-13.


D.B. REDFORD, The wars in Syria and
Palestine of Thutmose III, Culture and
History of the Ancient Near East 16,
2003, pl. 1.

Figure 34 : Thoutmosis III (XVIIIe dynastie) - Texte A13

Partie 1 - Colonnes 48-67.


D.B. REDFORD, The wars in Syria and Palestine of Thutmose III,
Culture and History of the Ancient Near East 16, 2003, pl. 2. 82
Figure 35 : Thoutmosis III (XVIIIe dynastie) - Texte A13

Partie 1 - Colonnes 67a-80.


D.B. REDFORD, The wars in Syria and Palestine of Thutmose III,
Culture and History of the Ancient Near East 16, 2003, pl. 3.

Figure 36 : Thoutmosis III (XVIIIe dynastie) - Texte A13

Partie 1 - Colonnes 83-94.


D.B. REDFORD, The wars in Syria and Palestine of Thutmose III,
Culture and History of the Ancient Near East 16, 2003, pl. 4. 83
Figure 37 : Thoutmosis III (XVIIIe dynastie) - Texte A13

Partie 1 - Colonnes 82-94.


D.B. REDFORD, The wars in Syria and Palestine of Thutmose III,
Culture and History of the Ancient Near East 16, 2003, pl. 5.

84
Figure 38 : Thoutmosis IV (XVIIIe dynastie) - Texte A14

Fac-similé de la « Stèle du Sphinx » de Thoutmosis IV.


http://edoc3.bibliothek.uni-halle.de/lepsius/BlaetterFrame-tw35-i.htm

85
Figure 39 : Amenhotep III (XVIIIe dynastie) - Texte A16a

Fac-similé de la stèle d’Assouan/Philae d’Amenhotep III.


R. LEPSIUS, Denkmäler aus Aegypten und Aethiopien, Abtheilung III, Band V:
Neues Reich, Berlin, 1897, pl. 81(g).

86
Figure 40 : Amenhotep III (XVIIIe dynastie) - Texte A16b

Fac-similé du fragment de Bubastis d’Amenhotep III.


E. NAVILLE, Bubastis (1887-1889), EEF 8, 1891, pl. XXXIV.

87
Figures 41 : Akhénaton (XVIIIe dynastie) - Texte A17

.. .........

Fragments de la stèle de Buhen


d’Akhénaton.
H.S. SMITH, The Fortress of Buhen. The
Inscriptions, ExcMem 48, 1976, pl. LXXV.

88
Figures 42 : Akhénaton (XVIIIe dynastie) - Texte A17

Fac-similé de la stèle de Buhen d’Akhénaton


H.S. SMITH, The Fortress of Buhen. The Inscriptions, ExcMem 48, 1976, pl. XXIX.

89
Figure 43 : Séthy Ier (XIXe dynastie) - Texte A18

Inscription A, temple de Kanaïs de Séthy Ier.


H. GAUTHIER, « Le temple de l’ouâdi Mîyah (el Knaïs) », BIFAO 17, 1920, pl. V.

90
Figure 44 : Séthy Ier (XIXe dynastie) - Texte A18

Inscription B, temple de Kanaïs de Séthy Ier.


H. GAUTHIER, « Le temple de l’ouâdi Mîyah (el Knaïs) », BIFAO 17, 1920, pl. VI.

91
Figure 45 : Ramsès II (XIXe dynastie) - Texte A19

Stèle de Kouban de Ramsès II.


http://www.museedegrenoble.fr/951-antiquites.htm

92
Figure 46 : Ramsès II (XIXe dynastie) - Texte A21

« Stèle de l’an 8 » de Ramsès II.


© Camille Guerin

93
Figure 47 : Mérenptah (XIXe dynastie) - Texte A22

Grande inscription de Karnak, Mérenptah.


Cour du VIIe pylône dit « cour de la cachette ».
https://oi-idb-static.uchicago.edu/multimedia/108538/8047.1920x1200.jpg

94
Figure 48 : Mérenptah (XIXe dynastie) - Texte A22

Grande inscription de Karnak, Mérenptah.


Cour du VIIe pylône dit « cour de la cachette ».
https://oi-idb-static.uchicago.edu/multimedia/108539/8048.1920x1200.jpg

Figure 49 : Mérenptah (XIXe dynastie) - Texte A22

Grande inscription de Karnak, Mérenptah.


Cour du VIIe pylône dit « cour de la cachette ».
https://oi-idb-static.uchicago.edu/multimedia/108540/8049.1920x1200.jpg 95
Figure 50 : Taharqa (XXVe dynastie) - Texte A24

« Stèle de Kawa IV » de Taharqa.


M.F.L. MACADAM, The temples of Kawa. Volume II: History and
archaeology, 1949, pl. 7.

96
Figure 51 : Taharqa (XXVe dynastie) - Texte A24

Fac-similé de la « Stèle de Kawa IV » de Taharqa.


M.F.L. MACADAM, The temples of Kawa. Volume II: History and
archaeology, 1949, pl. 8.

97
Figure 52 : Tanoutamon (XXVe dynastie) - Texte A25

« Stèle du Songe » de Tanoutamon, recto.


Ch. BONNET, D. VALBELLE (éds), Des Pharaons venus d’Afrique : la
cachette de Kerma, 2005, Paris, p. 150.

98
Figure 53 : Tanoutamon (XXVe dynastie) - Texte A25

« Stèle du Songe » de Tanoutamon, verso.


N. GRIMAL, Quatre stèles napatéennes au Musée du Caire (JE 48863-
488866), MIFAO 106, 1981, pl. IIIa-IVa.

99
Figure 54 : Tanoutamon (XXVe dynastie) - Texte A25

Fac-similé de la « Stèle du Songe » de Tanoutamon, recto.


A. MARIETTE, Monuments divers recueillis en Égypte et en Nubie,
Paris, 1872, pl. 7.
100
Figure 55 : Tanoutamon (XXVe dynastie) - Texte A25

Fac-similé de la « Stèle du Songe » de Tanoutamon, verso.


A. MARIETTE, Monuments divers recueillis en Égypte et en Nubie,
Paris, 1872, pl. 8.

101
Figure 56 : Aspelta (XXVIe dynastie) - Texte A26

« Stèle de l’Intronisation » d’Aspelta.


J. BOUCHARD, “Fais pour moi comme tu as fait pour” :
Ancêtres et légitimité dans le discours royal nubien
(7e-6e siècles av. J.-C.), Montréal, 2016, p. 116.

102
Figure 57 : Aspelta (XXVIe dynastie) - Texte A26

Fac-similé de la « Stèle de l’Intronisation » d’Aspelta.


A. MARIETTE, Monuments divers recueillis en Égypte et en Nubie,
Paris, 1872, pl. 9.

103
Figure 58 : Psammétique II (XXVIe dynastie) - Texte A27a

Stèle de Karnak de Psammétique II.


S. SAUNERON, J. YOYOTTE, « La campagne nubienne de Psammétique II et
sa signification historique », BIFAO 50, pl. II.

104
Figure 59 : Psammétique II (XXVIe dynastie) - Texte A27a

Fac-similé de la stèle de Karnak de Psammétique II.


S. SAUNERON, J. YOYOTTE, « La campagne nubienne de Psammétique II et
sa signification historique », BIFAO 50, pl. I.

105
Figure 60 : Psammétique II (XXVIe dynastie) - Texte A27b

Stèle de Tanis de Psammétique II.


S. SAUNERON, J. YOYOTTE, « La campagne nubienne de Psammétique II
et sa signification historique », BIFAO 50, pl. IV.

106
Figure 61 : Psammétique II (XXVIe dynastie) - Texte A27b

Stèle de Tanis de Psammétique II.


S. SAUNERON, J. YOYOTTE, « La campagne nubienne de Psammétique
II et sa signification historique », BIFAO 50, pl. III.

107
Figure 62 : Psammétique II (XXVIe dynastie) - Texte A27c

Stèle de Shellal de Psammétique II.


Ch. BONNET, D. VALBELLE (éds), Des Pharaons venus
d’Afrique : la cachette de Kerma, 2005, Paris, p. 166.

108
Figure 63 : Psammétique II (XXVIe dynastie) - Texte A27c

Fac-similé de la stèle de Shellal de Psammétique II.


Ch. BONNET, D. VALBELLE (éds), Des Pharaons venus d’Afrique : la
cachette de Kerma, 2005, Paris, p. 166.

109
Figure 64 : Amasis (XXVIe dynastie) - Texte A28

« Stèle de l’an 3 » d’Amasis.


P. DER MANUELIAN, Living in the Past: Studies in Archaism of the
Egyptian Twenty-sixth Dynasty, Studies in Egyptology XLII, 1994,
pl. 11.

110
Figure 65 : Ramsès II (période ptolémaïque) - Texte A29

« Stèle de Bentrech »
© Émilie Declercq

Figure 66 : Djoser (période ptolémaïque) - Texte A30

« Stèle de la Famine »
https://fr.wikipedia.org/wiki/Stèle_de_la_famine#/media/F
ichier:Sehel-steleFamine.jpg

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