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1.

La Préhistoire informatique
Le but de la révolution industrielle était de suppléer
l’homme sur la transmission, la manipulation et le
Pré-mécanique contrôle de la force. Une technologie parallèle qui a trait
(Pierres taillées)
à la manipulation et à la transmission de l’information
est venue la seconder. Cette dernière a pour but de
suppléer l’homme sur la monotonie de l’exercice mental.
L’ histoire des ordinateurs peut être divisée en quatre
Pré-mécanique parties principales :
(Tablette)
• la période pré-mécanique ;
• la période avant la seconde guerre mondiale qui
correspond à l’invention des machines à calculer
mécanique
mécaniques et des calculateurs électromécaniques ;
(machine) • la période de la guerre qui fut déterminante et même
décisive à la fabrication des premiers ordinateurs ;
• la période d’après-guerre qui a vu l’informatique entrer
dans l’industrie, les services, les écoles et les foyers.

mécanique Les débuts de l’informatique peuvent être situés depuis


(machine) que l’homme a commencé à compter. Beaucoup
d’instruments à compter ont existé plusieurs milliers
d’années avant notre ère. L’art de compter n’est pas
apparu subitement, il a été progressif. Des artisans, des
électromécanique
inventeurs et des scientifiques ont mis les jalons
(machine) nécessaires qui ont donné naissance aux premiers
ordinateurs.
1.1 Les instruments à compter et à calculer
L’homme a commencé à compter très tôt avec les doigts
électronique de la main et les orteils. Les moyens de compter
(ordinateur)
pouvaient aussi être des nœuds, des traits gravés sur du
bois ou des os. Il était naturel de les remplacer au fil des
temps par d’autres outils.

Ordinateur
quantique
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1.1.1 La dactylonomie
La dactylonomie est l’art de compter par les doigts, de
figurer les nombres par les doigtes. Cette pratique est
jusqu’à présent utilisées. Dans certaines sociétés le
nombre un est représenté par l’index tendu d’une main
avec les quatre autres doigts fermés. Le deux est
représenté par l’index et le majeur, le trois par l’index, le
majeur et l’annulaire, le quatre par l’index, le majeur,
Fig. 20. Dactylonomie
l’annulaire et l’auriculaire, et pour figurer le nombre
Dactylonomie
Fig. 20. Dactylonomie cinq, il faut ouvrir entièrement la main et montrer tous
les doigts y compris le pouce.
Il est à noter que l’ordre dans lequel les doigts sont
utilisés dépend aussi des pays et des sociétés. Pour
certaines d’entre elles, le poing fermé représente le 0 et
c’est le pouce ouvert qui représente le un.

Fig. 21. Dactylonomie


Cette façon de compter fait que la plupart de nos sociétés
utilisent la base 5 pour le comptage. Celles qui utilisent
Dactylonomie
Fig. 21. Dactylonomie
les deux mains pour compter utilisent la base 10. La
façon dont les mains, les doigts, les orteils et même les
phalanges sont utilisées conduisent à l’utilisation
Fig. 20. Dactylonomie
d’autres bases comme la base binaire et la base
duodécimale.
Certaines sociétés asiatiques vont plus loin en utilisant,
Fig. 22. Le Chapelet en plus de la quantité, la symbolique des doigts. Cette
dactylonomie se retrouve aussi dans le comptage
religieux.
Alphabet manuel
Fig. 21. Dactylonomie
Fig. 22. Le Chapelet
1.1.2 Le chapelet
Le chapelet est un objet de dévotion régalement
constitué de perles enfilés en collier sur un cordon. Il est
utilisé par plusieurs religions pour compter les prières
récitées d’une manière répétitive en égrenant les perles
qui peuvent être constitué de toutes sorte e matériaux
Fig. 22. Le Chapelet
Chapelet comme le bois, les os, les noyaux, le métal, l’ivoire, les
perles, les prières précieuses etc.
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Les instruments à compter et à calculer 3

1.1.3 Les bâtons de comptages


Le bâton de comptage ou bâton de taille est un système
mnémonique destiné à enregistrer un nombre grâce à
des marques de dénombrement portées sur un bâton. Le
plus souvent, ces marques sont des entailles, sur un
bâton en bois ou en os.
Les bâtons de tailles les plus anciens sont l’os de
Lembombo, 35.000 avant JC retrouvé au Swaziland et
l’os d’Ishango, bâton d’Ishango découvert au Congo et
Os d'Ishango
qui est daté de plus de 20.000 ans avant notre ère.
Le bâton de décompte est toujours utilisé au Sénégal par
les circoncis qui l’utilisent pour compter le nombre de
jours passé dans la case d’initiation.
En occident médiéval, le bâton de comptage ou de taille
partagée permettait d’enregistrer un échange ou une
dette entre deux personnes qui ne savaient pas
Fig. 23. Os d'Ishango
forcément lire et écrire.
Os24.
Fig. de Os
Lembobo
de Lembobo
Fig. 23. Os d'Ishango
Fig. 24. Os de Lembobo
Fig. 23. Os d'Ishango
1.1.4 Le quipu
Fig. 24. Os de Lembobo

Le quipu est un nom indien qui veux dire nœud de


comptage. Ces objets étaient utilisés par l’administration
Inca pour le recensement des données statistiques
Fig. 25. Baton de taille concernant l’économie. Les entiers naturels étaient
représentés par des succession de nœuds le long d’une
cordelette de diverses couleurs fixées à une corde.

Bâton
Fig. de taille
25. Baton de taille 1.1.5 Les tablettes
Fig. 25. Baton de taille
Les premiers instruments aidant l’homme dans les
Fig. 26. Quipu Inca
tâches répétitives de comptage sont les tablettes, les
bouliers et les abaques. Déjà 3000 ans avant J. C., ces
instruments étaient utilisés par les Chinois. Mille ans
après, les abaques étaient utilisés par les Babyloniens et
en 460 avant J.C. les Egyptiens l’adoptèrent.
Les tables de calcul ou tablettes furent développées
Fig. 26. Quipu Inca
Quipu Inca probablement en Mésopotamie et n'étaient à l'origine
Fig. 26. Quipu Inca
que des lignes tracées sur le sable. On pouvait utiliser les
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colonnes ainsi formées pour donner différentes valeurs


aux cailloux selon leur position. Les supports physiques
de ces tables se diversifièrent en utilisant la pierre, la
terre cuite, le bois ou le marbre. La plus ancienne table à
calculer connue a été découverte en 1846 dans l'île
grecque de Salamine et est faite de marbre. Elle date
approximativement du quatrième siècle avant J.C.
1.1.6 Les abaques
Le mot abaque, chez les Grecs : abaks, akos (tablettes
servant à calculer, devient : abacus chez les romains. Il
était constitué d’une table recouverte de sable sur
laquelle on dessine à l’aide d’un stylet, les calculs
pouvant être effacés au fur et à mesure en lissant avec la
main
De cet abaque originel à bâtons, naitront les chiffres
phéniciens, puis d’un côté les chiffres grecs et romains
nés de l’adaptation à leur alphabet respectif des abaques
améliorés par les phéniciens, et de l’autre côté les
chiffres sémitiques assyriens puis indiens (qui noteront
le zéro par un point), puis arabo-indiens (où le zéro
devient un rond) et tardivement les chiffres arabo-
européens modernes.
L’abaque gréco-phénicien est finalement assez
semblable avec les systèmes de comptage à bâtons
utilisés depuis toujours par ceux qui ne savaient pas
compter, ou souhaitent mesurer le temps à l’aide de
bâtons qu’on n’efface pas, mais qu’on peut rayer,
souligner, entourer.
Ce système originel universellement connu est encore
utilisé couramment aujourd’hui pour compter les points
dans un jeu, car il est plus rapide et plus efficace que de
rayer et réécrire tous les chiffres. C’est le cas au Sénégal
et dans presque toute l’Afrique ou cette méthode est
utilisée pour fixer le nombre de jours passé par les initiés
dans leur cantonnement.

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Les instruments à compter et à calculer 5

Les scientifiques aussi utilisent des abaques dans le


domaine de l’électronique et de l’aviation pour effectuer
divers types de calcul et de représentation comme les
abaques de Smith sur le calcul des lignes de
transmission.
1.1.7 Les bouliers
L’abaque à boule ou boulier est une pièce en bois sur la
quelle des cordes parallèles contiennent des perles qui
peuvent glisser le long d’une tige. Selon une méthode de
programmation que l’utilisateur doit mémoriser, toutes
les opérations arithmétiques ordinaires pouvaient y être
effectuées. L’abaque est toujours utilisé dans certains
pays asiatiques. Parmi les bouliers nous pouvons noter
le soroban japonais, les suan pan chinois.
1.1.8 La machine d'Anticythère
Entre l’an 100 et 65 avant JC, un bateau grec chargé de
lingots de bronze et de statuts de marbres venant de
Rodes en partance pour Rome échoua sur les côtes
d’Anticythère, une petite île grecque. Le bateau resta au
fond de l’eau à 140 pieds pendant deux mille ans jusqu’à
ce qu’il soit découvert en 1901 par un plongeur
d’éponge.
Parmi les objets trouvés figure la machine d'Anticythère,
appelée également mécanisme d'Anticythère. Elle est
considérée comme le premier calculateur analogique
antique permettant de déterminer des positions
astronomiques. C'est un mécanisme de bronze
comprenant des dizaines de roues dentées, solidaires et
disposées sur plusieurs plans. Elle est garnie de
nombreuses inscriptions grecques.
La machine d'Anticythère est le plus vieux mécanisme à
engrenages connu. Ses fragments sont conservés au
musée national archéologique d'Athènes.

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1.1.9 Le Oware ou Wari


L'awélé ou awalé est un jeu de société combinatoire
abstrait créé en Afrique.
C'est le plus répandu des jeux de la famille mancala,
ensemble de jeux africains de type « compter et
capturer » dans lesquels on distribue des cailloux,
graines ou coquillages dans des coupelles ou des trous,
parfois creusés à même le sol.
Fig.Jeu
33.d'Awelé
Wouré suren
sable
bois Ce jeu s'est propagé dans de nombreux pays d'Afrique,
puis aux Caraïbes, c'est pourquoi on lui trouve de
nombreux noms. En voici quelques-uns : adi (ewes,
Ghana, awalé (Côte d'Ivoire), awari, awélé (Côte d'Ivoire
et Ghana), ayo (yoruba, Nigéria), ourin, ourri (Cap-Vert),
oware ou owaré (akan, Ghana), wari (Caraïbes), wouré
(Sénégal) etc.
Le plateau ressemble, dans son modèle transportable, à
Fig. 34. Awélé
Jeu d'Awelé sur le
Fig. 33. Wouré
deux demi-bûches reliées par des charnières. Il est
sablesur sable
généralement en bois et est creusé de deux rangées de
six trous, avec parfois deux plus gros trous sur les bords.
Les graines sont parfois remplacées par des billes ou des
cailloux. Mais la plupart du temps, ce sont des graines
venant de l'arbre Caesalpinia bonduc. Elles ressemblent
à des olives vertes mais sont moins périssables si on ne
Joueurs de Wouré
les perd pas.
(Awélé)
Fig. 35. Joueurs de Wari
Le jeu, ou des variantes de celui-ci, a également eu un
Fig. 34. Awélé rôle important dans l'arithmétique.

Awélé avec
masque
Fig. 35. Joueurs de Wari

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1.1.10 Les bâtons de Napier


Vers la fin de sa vie en 1617 le mathématicien
aristocrate John Napier Merchistion mieux connu sous le
nom de John Neper1et pour son invention des tables
logarithmiques2 a mis au point un abaque appelé
réglettes ou bâtons de Neper. Ce dispositif est une table
de multiplication de forme spéciale, dont les différentes
John Napier colonnes donnant les multiples successifs de 1 à 9, sont
inscrites sur des réglettes mobiles de façon qu’elles
puissent être juxtaposées dans l’ordre des chiffres du
multiplicande. Les divers produits partiels qui
interviennent dans la multiplication se lisent alors
horizontalement en face des chiffres du multiplicateur.
Cette tablette de Neper qui était capable d’effectuer les 4
opérations de base en réduisant la multiplication et la
division à de simples opération d’addition et de
Bâtons de Napier soustraction était très célèbre et a été utilisées jusqu’au
début des années 60 pour enseigner aux jeunes anglais
la multiplication et la division.
Pour effectuer le produit de 46 785 399 par 7, on forme
le nombre 46 785 399 sur la partie supérieure du
tableau. On lit ensuite sur la septième ligne le résultat de
la multiplication de chaque chiffre par 7. La disposition
obtenue est telle que le résultat se lit directement en
additionnant les chiffres qui apparaissent dans les
Bâtons de Napier

1
John Napier (1150-1617), né à Merchiston, près d'Édimbourg, en 1550 et mort le 4 avril 1617 au château de Merchiston,
est un théologien, physicien, astronome et mathématicien écossais. Les mathématiques n’étaient pas son activité principale
mais il ne manquait pas d’idées pour simplifier les calculs. Il établit quelques formules de trigonométrie sphérique, popularisa
l’usage du point pour la notation anglo-saxonne des nombres décimaux mais surtout inventa les logarithmes. Son objectif
était de simplifier les calculs trigonométriques nécessaires en astronomie. En 1617, l'année de sa mort, Neper publie sa
Rhabdologie, dans laquelle il présente un procédé mécanique pour simplifier les opérations de multiplication, division, etc.
et qui portera le nom de bâtons de Neper.

2
Le logarithme de base b d'un nombre réel positif est la puissance à laquelle il faut élever la base b pour obtenir ce nombre.
Par exemple, le logarithme de mille en base dix est 3, car 1000 = 103. Le logarithme de x en base b est noté logb(x). Ainsi
log10(1000) = 3. Tout logarithme transforme un produit en somme, et une puissance en produit. Une table de logarithmes
est une représentation tabulaire des logarithmes, généralement en base 10, des nombres entiers de 1 à N. Le plus souvent N
vaut 10 000, comme dans la table de Bouvart et Ratinet, très répandue dans les lycéee et les universités au Sénégal avant
l'apparition des calculettes.

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bandes diagonales, de droite à gauche et avec retenues si


nécessaire.
Pour effectuer la multiplication de 46 785 399 par 96
431. On trouve facilement par le procédé précédent les
produits partiels par 9, 6, 4, 3 et 1. Il reste simplement à
les placer de façon adéquate et à les sommer.
Le fait de disposer d'un algorithme de calcul des produits
facilite également la division. On suit la disposition de
l'algorithme traditionnel de calcul de la division.
Parallèlement, on forme sur la première ligne du plateau
la suite des chiffres du diviseur, ce qui permet de lire très
rapidement le produit du diviseur par les chiffres de 1 à
9. Il suffit de choisir parmi eux celui qui est
immédiatement inférieur au dividende. On calcule alors
le reste par soustraction, et on poursuit l'algorithme.
Napier a fait une description détaillée de son invention
dans son célèbre ouvrage Rhabdologie (études des
règles)

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