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JC. Toutefois, les quelques traces archéologiques de calcul numérique de cette époque, se
limitant à des successions d’entailles sur des fragments osseux, font souvent l’objet de
surinterprétations parfois fantaisistes et ne permettent pas d’éclairer sur le degré de
connaissance mathématique de ces civilisations préhistoriques.
Ainsi, il ne sera jamais évident de trouver le point exact à partir duquel nous avons
commencé à compter, puis à utiliser des opérations numériques simples. D’abord pour ce
qui est de compter, il n’est pas aisé de savoir si compter est un réflexe instinctif aux
hommes, peut-être qu’il nous est inné de compter seulement nous avons souffert de ne pas
pouvoir communiquer (ou non n’avons tout simplement pas vu l'intérêt pour le moment)
avant de grandir individuellement ou en tant que civilisation.
Nous n’aborderons pas le côté individuel car ce ne serait que spéculer sur une nature
humaine, regardons donc du côté civilisationnel. Nous pourrions imputer la naissance du
comptage aux mésopotamiens ayant été ceux ayant formé un alphabet comportant des
chiffres en premier, ils ont été ceux qui ont pu témoigner d’une volonté de compter tout
simplement parce qu'ils ont pu l’écrire. Seulement, les anthropologues Lucien Lévy-Bruhl et
Tylor avec leurs travaux ont montré que déterminer quand s’est effectué le premier
phénomène de comptage n’est pas aussi facile tout simplement parce qu'il peut y avoir des
formes informelles de comptages : Tylor a pu monter en étudiant la tribu argentinienne
Abipones plutôt éloignée de toute civilisation, qu’il n’existait pas de comptage formel parmi
ces hommes mais plutôt utile, il n’y avait pas le besoin de distinguer “ une pomme, deux
pommes, trois pommes ” mais d’ordonner les familles (pour les australiens) en imposant
“Kertameru” au premier fils, “Warritya” pour le deuxième,”Kudnutaya” pour le troisième,
etc.[3] Lévy-Bruhl en étudiant la tribu argentinienne Abipones au début du XXième siècle [4], a
montré que cette civilisation ne voyait d'ailleurs pas l'intérêt d’aller au-delà du nombre
cardinal trois, certains individus répondant d’ailleurs au hasard aux tests des chercheurs
(ordonner une succession d’événements logiques) par ennui et désintérêt de la logique
employée par ces derniers. Ainsi, il n’est pas aisé de déterminer quand les hommes ont pu
commencer à compter “collectivement”, il a dû exister des logiques insaisissables pour
l’Homme civilisé d’aujourd’hui qui témoignerait d’un début de comptage.
Il s'ensuit les premières opérations numériques, une fois le chiffre acquis, posé parmi les
éléments du langage, il se peut que certaines opérations pourraient être apparues en même
temps que ce formalisme. Toujours en utilisant les travaux de Lévy-Bruhl sur des tribus aux
caractère plutôt primitif1, plus précisément sur la tribu Karens en Inde, l’on se rend compte
de cet effet directement en traduisant leur système de comptage :
Nous voyons donc qu’il ne sera pas évident de dater le premier phénomène civilisationnel de
comptage ni même les premières opérations tout simplement parce qu'ils peuvent avoir été
dirigés par des logiques internes tournées vers l’utile. Mais si l’on regarde attentivement,
l’on peut déjà apercevoir des éléments primitifs de logiques mathématiques qui deviendront
addition, soustraction, multiplication et division.
Mais pour toute la période antérieure à l'invention de l’écriture, il semble difficile d'énoncer
autre chose que des généralités, seulement étayées indirectement par quelques traces
archéologiques (successions d'entailles peuvent faire penser à un comptage) ou par les
hypothèses que l'on peut émettre grâce à l’avènement de l’ethnomathématiques, (discipline
qui étudie les activités pouvant être assimilées à des mathématiques embryonnaires chez les
peuples ne pratiquant pas l’écriture) : on savait compter en se limitant l'usage de quatre
nombres seulement (un, deux, trois, « beaucoup »); on devait aussi connaître quelques
principes d'arpentage des champs cultivés, imposés par le développement de l'agriculture
dix mille ans auparavant.
Grâce aux progrès de codicologie et de la philologie à la fin du XIX ème siècle, nous savons
aujourd’hui avec certitude que l’écriture et les mathématiques sont nées en même temps 2
et que leurs histoires se confondent. En effet, « Les mathématiques et l’écriture
entretiennent, c’est récemment devenu clair, une relation symbiotique. Elles sont nées en
même temps et leurs destinées ont toujours été étroitement liées…Pour qu’une société
développe une mathématique qui aille au-delà du simple calcul, un support matériel d’une
sorte ou d’une autre est nécessaire…L’inverse aussi est vrai. Autrement dit, pour qu’une
société développe l’écriture, des besoins matériels, en particulier, le besoin de garder des
traces de transactions est central3 ».
En tout cas, il est frappant de constater que l'invention de l'écriture est partout étroitement
liée à des préoccupations mathématiques, ou du moins comptables. On commence par
inscrire des nombres, mais on en vient rapidement à s'interroger sur les rapports qui
existent entre eux et à pousser le raisonnement mathématique, non plus dans un but
empirique mais de plus en plus, dans un souci pédagogique, voir purement ludique. Ces
Entre le VIème et le IIème millénaire avant JC, cette tendance à la sédentarisation accroît la
densité des populations autour des terres fertiles et par conséquent la possibilité d’échanges
en leur sein. Des sociétés organisées prennent forme en Mésopotamie et en Egypte. On y
voit apparaître de nouveaux métiers (fabrication d’outils, commerce, cuisine, etc) ainsi que
de nouvelles techniques de subsistances. Vers 3000 avant JC, apparaît l’écriture et les
mathématiques. Cette date marque le passage de la Préhistoire à l’Histoire.
Le système de notation mésopotamien reposait sur une notation en base 60, appelé
« système sexagésimal ». Il repose sur deux principes :
C’est un système additif qui utilise deux symboles cunéiformes : le clou vertical ( )
Un principe positionnel qui commence par noter à partir de la droite vers la gauche
en commençant par les unités, les soixantaines, puis le carré des soixantaines, etc.
4 Christine Proust, « Mathématiques en Mésopotamie : étranges ou familières ? », Actes du colloque EMF 2015,
Université d’Alger 10-14 octobre 2015, https://hal.science/hal-01515635.
5 Christine Proust, « Mathématiques en Mésopotamie : étranges ou familières ? », Actes du colloque EMF 2015,
Université d’Alger 10-14 octobre 2015, https://hal.science/hal-01515635.
Ainsi, le chiffre 63 est représenté de la façon suivante : ( ) avec un espace séparant les
En se basant sur ces mêmes conventions, nous écrirons 13509 = 3*60 2 + 45*60 + 9 et il sera
représenté comme suit, en commençant de la droite vers la gauche, par les unités (9) puis les
soixantaines (45 avec 4 chevrons et 5 clous) et enfin par le carré des soixantaines (3).
La notation sexagésimale nous est familière puisque nous l’utilisons de façon quotidienne
pour exprimer des temps. Cependant, il y a des différences non négligeables entre la
notation ancienne babylonienne et la notation moderne.
Tout d’abord, le nombre de positions du système moderne est limité à trois (heures,
minutes, secondes), à la différence du système babylonien dans lequel les positions
sont théoriquement illimitées.
De plus, nous remarquons l’absence du chiffre 0, qui était méconnu chez les
mésopotamiens. Ceci crée des confusions quant à l’interprétation des notations
anciennes. C’est ainsi que ( ) pourrait aussi bien désigner 1 ou 60, voir même 1/60.
Cette ambiguïté aurait été levée avec un symbole représentant le zéro en plus.
Techniques de calcul :
La plupart des tablettes mathématiques mésopotamiennes sont des tables, que les scribes
utilisaient afin de mener à bien des opérations de calcul complexes. Il s’agit souvent de tables
de multiplication, mais aussi de tables donnant des constantes utiles aux calculs. On peut y
trouver par exemple « l’igigubbûm » du cercle, la constante par laquelle il faut multiplier le
carré de la circonférence d’un cercle, pour obtenir l’aire de ce dernier. Cette constante est
égale à 12 (0 ;5 en notation sexagésimale) et nous prouve que les mésopotamiens donnaient
à π une valeur la approchée 3.6
Notion de multiplication :
6 Explication : soit A l’aire d’un cercle, C sa circonférence et r son rayon, Pour les mésopotamiens, A = C2* 0 ;5
(c.à.d. 1/12). Or, nous savons que C=2 π *r et que A=π*r2 d’où A=C2/4π. Donc, 4π = 12 et π=3.
4 50
4 50
23 21 40
C’est le même résultat que nous retrouvons en bas de la tablette avec la notation
cunéiforme.
Notion de division :
Les scribes mésopotamiens n’utilisaient pas nos méthodes modernes pour effectuer des
opérations de division. En effet, pour diviser par un nombre, ils multipliaient par son inverse.
Ceci est attesté par la découverte d’une multitude de tables d’inverses d’origine
mésopotamienne ; dont voici un exemple.
7 Christine Proust, « Mathématiques en Mésopotamie : étranges ou familières ? », Actes du colloque EMF 2015,
Université d’Alger 10-14 octobre 2015, https://hal.science/hal-01515635.
Ainsi, l’inverse de 2 est 30 puisque 2*30=60, c’est-à-dire 1 dans le système sexagésimal
mésopotamien. De la même manière l’inverse de 3 est 20, l’inverse de 4 est 15, l’inverse de
5 est 12, Etc.
Toutefois, les tablettes mésopotamiennes occultaient dans leurs tablettes l’inverse de 7, tout
comme l’’inverse de 11, 13, 14 et considéraient que ses nombres n’avaient tout simplement
pas d’inverse car ils « n’étaient pas réguliers » dans un système en base soixante, comme
c’est le cas pour 2 ou 3 ou 4 qui sont des diviseurs de 60 et donc « réguliers ».
Résolution de problèmes :
Dans ce qui suit, nous allons examiner un exemple de problème babylonien 8 qui détaille au
lecteur la méthode de calcul du volume d’un silo à grains (forme cylindrique), en ayant
comme données, son diamètre et sa profondeur. Voici le texte traduit :
La procédure pour un « tronc ». 5, une coudée, était son diamètre. En mesure de
grain combien vaut-il ?
Dans ton procédé : autant que le diamètre mets la profondeur. Convertis 5 ; à 1
cela monte. Triple 5, le diamètre ; à 15 cela monte. 15 est la circonférence du «
tronc
». Carre 15 ; à 3,45 cela monte. Multiplie 3,45 par 5, l’igigubbûm du cercle ; à «
18,45 comme surface » cela monte. Multiplie 18,45 par 1, la profondeur ; à «
18,45 comme volume » cela monte. Multiplie 18,45 par 6, [l’igigubbûm de] la
mesure de grain ; à 1,52,30 cela monte. Le « tronc » contient 1 p¯anum, 5
2
su¯tum, 2 1 qûm de grain. Voilà la procédure.
Explication :
8 Exemple traité chez James Ritter, « Chacun sa vérité : Les mathématiques en Égypte et en Mésopotamie »,
Janvier 1989, extrait de « ÉLÉMENTS d’HISTOIRE DES SCIENCES » sous la direction de Michel Serres.
l’aire de la base circulaire, P le périmètre de celle-ci, R son rayon et H la hauteur du silo, nous
aurons :
V= H*A = H* C2/4π
Puisque C=2 π *r et que A=π*r2 d’où A=C2/4π. Avec une valeur approchée de π=3
C’est ce même principe mathématique qui est suivi chez les babyloniens. Pour nous en
convaincre, séparons les différentes étapes de l’algorithme proposé par le scribe.
1. La première étape affirme par convention que la hauteur du silo est égale au
diamètre.
9 1 nindon = 12 coudées.
Jusqu’à la conquête des terres égyptiennes (332 avant JC) par
Alexandre le Grand, la civilisation égyptienne s’est développée à
l’abri des influences extérieures. Sa période la plus faste est celle de
la III ème dynastie des pharaons (vers 2500 avant JC) au cours des -
quelles ont été édifiées les pyramides.
Comme le système de numération est un système additionnel, à base 10, le scribe n’avait
qu’à additionner les symboles d’une même espèce puis remplacer ceux qui atteignaient 10
par le symbole de la grandeur supérieure.
Multiplication13 :
27 1 Car 1*27 = 27
54 2 Car 2*27 = 54
Division :
Le même principe des tables utilisé en multiplication est adopté pour la division. En effet,
prenons un exemple pour illustrer notre propos. La division de 247 par 21 :
21 1 Car 1*21 = 21
42 2 Car 2*21 = 42
84 3 Car 4*21 = 84
247 = 168 + 79 = 168 + 42 + 37 = 168 + 42 + 21 + 16 = 8*21 + 2*21 + 1*21 + 16. = 11*21 + 16.
Résolution de problèmes :
Voici un exemple de problème de recherche de quantité présent dans le Papyrus
Rhind (Problème 26) : Il s’agit de trouver une quantité, qui lorsqu’on lui ajoute son
quart, nous donne 15. Il s’agit tout simplement de résoudre l’équation de 1 er degré :
X +1/4 X = 15.
La méthode utilisée en Égypte antique est celle de « la fausse position ». Il s’agit de
choisir un nombre de manière aléatoire auquel nous rajoutons son quart. Le scribe
calcule par exemple 4 + ¼*4= 5. Bien entendu, il ne tombe pas sur le bon résultat
(15), mais en calculant le rapport entre 5 (le résultat obtenu par un choix aléatoire) et
15 qui est de 3, il peut déduire que la valeur recherchée est 4*3 =12. En effet, 12 +
¼*12= 15
Les problèmes 48 et 50 du Papyrus Rhind posent, pour la première fois dans l’histoire
des mathématiques la problématique de « la quadrature du cercle (construction d'un
carré de même aire qu'un cercle donné) : c'est le carré de côté 8d /9 où d est le dia-
mètre du cercle ; en d'autres termes, l'aire d'un cercle de diamètre 9 unités est sensi-
blement égale à l'aire d'un carré de 8 unités »14.
Ceci équivaut à dire que πR² = (8 x 2R/9) ². D’où une approximation fractionnaire de
π=(8*2/9) ² = 3,16.
Le Papyrus de Moscou (vers 1850 avant JC) découvert en 1893 par l'égyptologue
russe V.S. Golenischev, présente une liste de 25 problèmes mathématiques, avec
14 Source : Larousse Encyclopédie, « Le Papyrus Rhind » ,
https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/le_papyrus_Rhind/182373
leurs solutions, dont les plus intéressant sont ceux qui expliquent les méthodes de
calcul de la surface d’une demi sphère et du volume d’une pyramide tronquée,
comme le montre la figure qui suit et qui donne la solution du problème
Figure 05 : problème du volume d’une pyramide tronquée résolu dans le Papyrus de Moscou15
15 Source : https://www.umoncton.ca/umcm-sciences-mathstat/files/umcm-sciences-mathstat/wf/wf/pdf/
cours/Papyrus_de_Moscou.pdf.
II ) Les mathématiques élargies à une théorie : Les débuts d’une
science purement théorique.
1) La mathématique
Les origines du mot « mathêma » seraient attribuées aux pythagoriciens, qui distinguaient :
En analysant les choses sous cet angle, nous pouvons estimer que ce sont les Grecs qui ont
élevé la mathématique au rang de science en l’amenant à la perfection et en rejetant le
caractère empirique et utilitaire des prédécesseurs. De ce fait, la question d’origine de la
mathématique en tant que science devient une question d’origine de la raison et de la
logique déductive, que nous ne pouvons renier aux Grecs. La problématique devient alors
philosophique, puisqu’il s’agit d’exhiber des mécanismes structurels se basant sur le
raisonnement déductif, comme preuve de paternité.
A contrario, les Grecs avaient adopté une approche totalement différente qui avait marqué
une coupure rationnelle avec les méthodes « archaïques » des prédécesseurs. Elle se
déclinait selon le schéma suivant :
Tout d’abord, il fallait énoncer les postulats sur lesquels reposait la théorie adoptée
pour la résolution du problème.
Ensuite, les résultats étaient déclinés sous forme de propositions successives, géné-
rales et abstraites ; dans un ordre précis et logique qui amenait à démontrer le résul-
tat.
Chez les Grecques, La mathématique est le lien entre une pensée : la « théôria »
(observation et la contemplation), dans lequel s’introduit progressivement un discours
explicatif logique (« logos »). En outre, la mathématique grecque rejette l’approximation. « Il
lui faut être « science », ce que précisément dit le mot « mathêma » »16.
La rupture rationnelle dans la façon d’aborder le savoir mathématique, qui s’est opérée avec
les Grecs trouve une explication dans le fait que celui qui prétend enseigner, se doit de
justifier son propos devant son interlocuteur. En effet, ce dernier est supposé être son égal
en tant que citoyen et supposé avoir un jugement autonome de ce qui est juste. C’est ainsi
que la démonstration trouve sa source dans cette culture de la dialectique. Nous sommes
alors dans un espace social où règne entre citoyens égaux, la liberté de discussion et où la
raison et la maitrise de l’art de la rhétorique occupe une place essentielle. Par contre, chez
les anciens Égyptiens et mésopotamiens, le pouvoir est centralisé et le souverain est
considéré comme une autorité divine. Dans ces sociétés oligarchiques, ce mode opératoire
se trouve décliné dans les différentes couches sociales et explique en partie pourquoi on ne
se soucie guère de convaincre et d’expliquer.
16 Source : Maurice Caveing, « L’histoire des mathématiques de l’antiquité », Revue de Synthèse, octobre-
décembre 1998
A l’opposé des sources archéologiques mésopotamiennes abondantes qui retracent l’histoire
des mathématiques, la Grèce antique nous a légué très peu de sources puisqu’aucun
autographe d’un mathématicien de la Grèce antique n’est parvenu jusqu’à nous. La raison
essentielle est l’extrême fragilité du support d’écriture qui était essentiellement du papyrus.
Toutefois, le « Musée d’Alexandrie », crée vers 300 avant JC a eu un rôle important dans la
transmission du savoir Grec, par la sauvegarde effectuée par les Copistes.
Malgré la pauvreté des ressources archéologique, sans prétendre être exhaustifs, nous
allons retracer les grandes lignes de l’histoire des mathématiques grecques ; à travers les
principaux personnages qui l’on marquée.
Thalès est le plus ancien mathématicien Grec connu. Il est ingénieur géomètre et astronome.
Après s’être rendu en Egypte, il se serait inspiré du savoir égyptien en matière de géométrie
et l’a fait évoluer en y apportant une portée plus générale et universelle. Il aurait été à
l’origine des premiers théorèmes et des premières démonstrations comme par exemple :
Selon Aristote, la doctrine philosophique des pythagoriciens donne une place éminente à la
connaissance mathématique et considère que les nombres étaient à la base de l’univers et
que « toute chose est nombre ».
C’est ainsi que les pythagoriciens représentaient les figures par des nombres et les nombres
par des figures : c’est le système des « points figurés ». Les suites arithmétiques
correspondaient dès lors à une construction progressive des figures. Par exemple 17, le
nombre triangulaire figuré 6 s’exprimera par le diagramme suivant :
α
αα
ααα
Ce diagramme correspond à la suite 1, 3, 6, 10, 15… Si on ajoute un gnomon égal à 4 (la série
d’unités qu’il faut ajouter pour obtenir une figure semblable) ajouté à ce nombre
triangulaire, on obtient 10, la figure suivante :
α
αα
ααα
αααα
« On reconnaîtra dans ce diagramme la présence des rapports musicaux 4/3, 3/2 et 2/1 en
partant de la base. C’est sur ce fondement musical et arithmo-géométrique, que les
Pythagoriciens ont constitué toute leur philosophie du Nombre »18
Le nombre parfait qui est défini comme le nombre qui est égal à la somme de ses di -
viseurs.
(m/n)2 =2 = m2/n2 m2 = 2n2. Si m2 est un carré pair, il est divisible par 4, car
tous les carrés pairs sont divisibles par 4.
Même chose pour 2n2 qui est égal à m2, donc n2 est divisible par 2, donc
n est pair, ce qui est absurde puisque nous avions supposé que n était impair.
Avec Eudoxe, la mathématique a atteint sa structure définitive, qui sera ordonnée cinquante
ans plus tard dans le célèbre ouvrage des « Éléments d’Euclide ».
Ce qui va tirer les mathématiques de la case empirique, c’est bien l’axiomatisation de celles-
ci, où l’on commence à aller au-delà du paradigme, de l’opinion, l’on confirme un noyau dur
à partir duquel va se développer des connaissances par déduction. En effet, si Pythagore ou
Thalès ont créé des connaissances par induction après plusieurs observations au réel, il a
fallu attendre l'arrivée de l’axiomatisation d’Euclide pour pouvoir passer de théorie induite
au théorème déduit, c’est après Euclide que les principes empiriques posées par Pythagore
et Thalès ont pu être prouvés théoriquement.
Parlons donc de ce qu’est un axiome, objet que l'on ne retrouve que dans les
mathématiques. Le mot « axiome » vient d’« axioma » qui signifie « juger convenable, croire
juste ». En effet, un axiome constitue une proposition admise destinée à être utilisée, en tant
que fondation des théories mathématiques.
Il s’agit de l’œuvre majeure d’Euclide, voir des mathématiques de la Grèce antique. Cet
ouvrage fut publié vers 300 avant JC et il était le résultat d’une compilation des travaux
mathématiques des prédécesseurs tels que Pythagore, Eudoxe, Théétète, etc... Il est à ce
jour, le texte le plus édité de l’histoire, après la Bible. Il a été étudié, traduit, lu et utilisé
d’innombrables fois, pendant des siècles puisqu’il servait de manuel scolaire de
mathématique jusqu’au XXème siècle.
Toutefois, aucune des version des Éléments qui nous est parvenue n’est le manuscrit original
de l’auteur car celui-ci est perdu depuis longtemps. C’est ainsi que plusieurs versions
discordantes des Éléments ont coexisté pendant des siècles.
Les Éléments comporte treize livres (chapitres). Le chapitre I débute par une série de 23
définitions qui n’énoncent aucune vérité, mais se limitent à définir certains termes. A cela
s’ajoutent cinq « demandes » et cinq « notions communes » que l’on pourrait
respectivement assimiler, selon une terminologie moderne, aux termes axiome et postulat 20.
Il n y’a pas grand-chose à retenir des 23 premières définitions, si ce n’est le souci de partir de
la chose la plus élémentaire (« le point » dans la définition 1) et de progresser vers des
objets mathématiques de plus en plus complexes (droite …cercle, etc.).
Ce qui a fait de cet ouvrage un texte fondateur de la mathématique, ce n’est pas tant la force
ou la nouveauté des notions que l’auteur énonce, mais plutôt la manière avec laquelle ces
dernières ont été agencées. En effet, Euclide a été le premier à réfléchir sur la façon avec
laquelle le savoir mathématique doit être exposé. Or, réfléchir sur le mode de présentation
ne signifie pas seulement examiner comment ces notions devraient être présentées de la
20 Le terme axiome désigne la convention intuitive valable pour toutes les sciences et le terme postulat celui
d’une convention valable pour une science particulière.
manière la plus claire possible, mais surtout de la façon avec laquelle ces notions s’articulent
entre elles pour former un tout.
A partir d’un petit nombre d’axiomes admis comme prémisses évidentes, intuitives et donc
indémontrables, Euclide progresse par la démonstration vers des notions moins évidentes.
C’est ainsi qu’une proposition, une fois démontrée, pourra ensuite être initialement admise
comme vraie et être utilisée dans une autre démonstration. Ce schéma, étant duplicable à
l’infini permet de construire un édifice rigoureusement interdépendant, de la logique
mathématique.
Dans ce schéma, la force de la démonstration est indépendante de la figure tracée, qui n’est
présente que pour faciliter l’intelligence de ce qu’on veut dire et fixer l’attention ; ce sont les
propositions universelles, c’est-à-dire, les définitions, les axiomes, et les théorèmes déjà
démontrés qui font le raisonnement et le soutiendraient quand la figure n’y serait pas.”
écrivait Leibniz
https://www.imo.universite-paris-saclay.fr/~daniel.perrin/Projet-geometrie/Cours1.pdf
21 Il s’agit du postulat des parallèles « Si une droite coupe deux droites parallèles, les angles alternes-internes
sont égaux »