Molière dénonce les travers de la société à travers une scène d’apprentissage. Cet extrait relève de la satire sociale.
I) Monsieur Jourdain, un homme risible
1)Un homme simple d’esprit
► «-Il faut qu’une personne comme vous (…) ait un concert de musique chez soi tous les mercredi ou tous les jeudi. (…) -J’en aurai donc. » En acceptant sans discuter la suggestion du maître de musique, Jourdain fait preuve de naïveté: il ne voit pas la cupidité de ce maître qui lui vent des prestations plus qu’il ne valorise son art. ► «Euh ?» Jourdain avec cette interjection se dévalorise et passe pour quelqu’un qui ne sait pas, ou plus encore qui ne comprend pas, quelqu’un de sot, d’idiot. ► « Est-ce que les gens de qualité en ont ? » « est-ce que ce sera beau ? » A travers les questions posées aux maîtres, Jourdain prouve son inculture et son manque de goût, voire d’intérêt varitable pour les arts. Il a besoin du regard des maîtres pour exister en tant que gentilhomme.
2) Un homme qui veut se donner un statut mais qui se ridiculise :
► «point sot» Jourdain use ici d’une litote dans son langage parlé. Grâce à cette figure de style, il tente d’affirmer son statut de bourgeois bien éduqué. ►« la personne pour qui j’ai fait faire tout cela, me doit faire l’honneur de venir dîner céans » : ton autoritaire avec l’injonction induite par le verbe « devoir » : Jourdain tente ainsi d’affirmer sa supériorité sur son invité. ► « Ah ! Les menuets sont ma danse et je veux que vous me les voyiez danser. Allons mon maître » Cette mise en scène de Jourdain dansant devant son maître relève du comique de situation, procédé par lequel Molière rend ridicule le personnage principal.
3) Un homme qui aspire à changer de classe
► « Ces gens-là se trémoussent bien », M.Jourdain souligne positivement une aptitude de « ces gens-là », qui représentent la noblesse. A travers cette remarque, on comprend que Jourdain souhaite voit en eux un idéal. ►« -Est-ce que les gens de qualité en ont ? - Oui monsieur. - j’en aurai donc. » Jourdain écoute religieusement son maître de musique sans remettre en question sa parole. Sa seule intention étant de ressembler à ces « gens de qualité »
II) Les maîtres, des hommes hypocrites
1)Des hommes flatteurs
► « qui êtes magnifique et qui avez de l’inclination pour les belles choses » : le maître de musique flatte l’orgueil de Jourdain, le valorise pour s’attirer ses bonnes grâces. Cette hyperbole qui accorde à Jourdain des talents qu’il n’a pas, relève de la flagornerie. ► «voilà qui est le mieux du monde » : le maître de musique rassure Jourdain en lui mentant. Après la piètre performance du bourgeois, il lui affirme que son pas de danse est parfait. 2)Des hommes manipulateurs ► « ils vous faudra 3 voix, un dessus, une haute-contre, et une basse…» : par cette énumération des différences voix et l’emploi de termes techniques propre au chant, le maître de musique démontre son savoir afin d’impressionner et de convaincre Jourdain. ► « Il faut faire d’abord une révérence en arrière (…),3 révérences en avant (…) vous baisser jusqu’à ses genoux » : le maître de danse affirme qu’il possède les codes comportementaux de la haute société et qu’il est en mesure de les lui enseigner. C’est une façon pour lui d’inverser les rapports de pouvoir (celui qui sait versus celui qui ne sait pas). On retrouve cette idée dans « Laissez-nous gouverner les choses ». Dans cette scène de courbettes, on imagine combien le comique de geste peut rendre la situation burlesque. Les maîtres, dans toutes ces situations, expliquent à leur prescripteur quel point il est important pour un gentilhomme de savoir lire la musique ainsi que de savoir les pas de base des danses faites à la cour du roi.
3) Des hommes vénaux
► « Au reste, monsieur, ce n’est pas assez »: les maîtres déterminent les besoins de Jourdain afin de lui imposer le plus de dépenses possibles. Ils abusent de la naïveté de M. Jourdain autant que de sa générosité en leur faveur. ► « Il faut qu’une personne comme vous (…) ait un concert de musique chez soi tous les mercredi ou tous les jeudi. » Après avoir encensé M. Jourdain, son maître de musique lui vend une prestation sous prétexte qu’elle sied à son aspiration d’accéder aux activités de la Noblesse.