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erugby Top 14 17e journée
Pierre Lahalle/L’Équipe
Dakuwaqa«n’estpas
fait comme nous»
L’ailier fidjien du Stade Français a marqué les esprits le week-end dernier,
inscrivant un essai extraordinaire sur la pelouse du Racing 92. Entraîneur,
partenaire et adversaire décryptent le phénomène.
MAXIME RAULIN (avec J.-F. P.)
127 mètres parcourus, dont un
petit coup de pied par-dessus,
pour finir entre les poteaux : voici
l’exploitréaliséparleStadistePe-
niasi Dakuwaqa (26 ans) samedi
dernier faceau Racing 92 (11-27).
Décryptageavecledirecteurdela
performance du Stade Français
Ange Costella, son coéquipier
Kylan Hamdaoui et un adversaire
dePerpignanLouisDupichot.
«La définition
même
de la vélocité»
ANGE COSTELLA (DIRECTEUR DE LA
PERFORMANCE DU STADE FRANÇAIS)
«Sa vitesse est hors norme. Sur
lefameuxessaifaceauRacing,sa
vitesse max est à 35,8km/h. Ce
quicorrespondà95%desaVmax
sur la saison (37,7 km/h). Mais
nous ne cherchons pas à lui faire
battre un record de vitesse. Je
soulignerais donc sa capacité à
répéter les efforts à haute inten-
sité. Face au Racing, Peni n’a pas
fait que cette action. Sur les 6 à
7 kilomètres parcourus sur ce
match (la moyenne pour un trois-
quart), il en a fait 1,3 à plus de
18 km/h et près de 1 à plus de
21km/h. C’est monstrueux. À ti-
tre de comparaison, les autres,
comme Joe Marchant, sont entre
500 et 600 mètres à plus de
21 km/h, ce qui est déjà une
grosse performance. Peni est la
Stade Français 17 h Pau
définition même de la vélocité.
Son rapport poids/puissance est
optimal (1,86m/93kg). Il était à
96,7kg à l’attaque de la pré-sai-
son. Sa masse grasse est passée
de 9,5 à 7,7%. C’est facile de bos-
ser avec un joueur comme lui.
Les qualités naturelles sont là.
Mais lui, comme l’ensemble du
groupe, a accepté ce travail d’aé-
robie,autourd’unepiste,quin’est
pas le plus rigolo. Aujourd’hui, le
principal défi pour Peni est de
mettre ses incroyables capacités
physiques au service du collectif.
Morgan Parra (entraîneur de l’at-
taque) passe beaucoup de temps
avecluipourlefairetravaillertac-
tiquement. C’est dans ce secteur
que sa progression depuis le dé-
butdesaisonestlaplusgrande.»
«Il bat, de loin,
tous les meilleurs
scores de l’équipe»
KYLAN HAMDAOUI
(ARRIÈRE/AILIER DU STADE FRANÇAIS)
«Il est surhumain. Au quotidien,
c’est incroyable. À chaque entraî-
nement,ilmonteà36km/h.Lors-
qu’onfaitdesrépétitionsdesprint
avec des charges de plusieurs ki-
los, il bat, de loin, tous les
meilleurs scores de l’équipe. Il
explose tous les records. C’est
impressionnant. Toi, tu donnes
tout.Lui,lefaitavecénormément
defacilité.ContreleRacing,jen’ai
pasétésurprisdelevoirrelancer.
On a l’habitude de le voir remon-
L’ailier du Stade
Français,
Peniasi Dakuwaqa
a parcouru 127 mètres
pour inscrire un essai
magnifique samedi
dernier sur la pelouse
du Racing 92 (11-27).
ter les ballons de l’en-but. J’ai
revu son essai trente fois! Être
lancé et sprinter, c’est une chose,
mais lui décélère quand quel-
qu’un l’attrape puis il est capable
d’accélérer à nouveau derrière.
C’est hallucinant. Il n’est pas fait
commenous.Jen’aijamaisvude
mecs aller aussi vite. En plus
d’êtrerapide,ilestpuissant.»
«Il a un côté féroce,
il aime gagner
les contacts»
LOUIS DUPICHOT
(ARRIÈRE/AILIER DE PERPIGNAN)
«Quand je l’ai affronté (7-29, le
19août, 1re journée), ce qui m’a
marqué, c’est sa vitesse. Il va à
10000! C’est également un ath-
lète. Il est costaud, explosif. Il est
très bon dans le un-contre-un. Il
casse les plaquages. C’est ce qui
impressionneaussi:sacapacitéà
être dur à l’impact. Il a un côté fé-
roce, il aime gagner les contacts.
Ce n’est pas évident à défendre
car il peut te mettre un crochet
comme il peut venir te défier à
l’image d’un Josua Tuisova (Ra-
cing), un Alivereti Raka (Clermont)
ou un Arthur Retière (Toulouse). Il
esttrèsdangereux.Ilfautessayer
de monter vite pour éviter qu’il
puisse lancer la machine. Quand
on voit son essai face au Racing,
on ne peut qu’être admiratif. Les
conditions, avec le synthétique,
étaient idéales pour son profil.
C’estunvraifacteurX.» É
Samedi 2 mars 2024 | L’ÉQUIPE
Toulon 17 h Perpignan
Toulonn’a
pasle choix
Après neuf revers sur les onze derniers matches,
le RCT doit l’emporter à Mayol. Une nouvelle défaite
précipiterait le club varois dans la fosse aux doutes.
KARIM BEN ISMAÏL
(avec MAXIME RAULIN)
En s’inclinant la semaine passée
à Pau (17-9), Toulon est sorti des
eaux territoriales du top 6. Il y re-
viendra peut-être mais le navire
tangue. Toulon a concédé neuf
défaites sur ses onze derniers
matches. Début décembre,
leclub s’affichait à la deuxième
place du Championnat. Mais la
débâcle en Coupe des cham-
pions (quatre défaites en autant
de matches) a amorcé un terrible
délitement.LeRCTsembleperdu
dans un océan d’approximations
et d’imprécisions, fait preuve
d’une combativité intermittente
et stérile. « Il faut qu’on soit plus
pétillants », a dit Pierre Mignoni,
ledirecteur du rugby qui, le long
delalignedetouches’époumone
àcoupde«discipline!».
Pour comprendre, on a voulu
parler aux meneurs de jeu Dan
Biggar et Enzo Hervé. Ils ont dé-
cliné. Toute la semaine l’interna-
tional gallois (34 ans, 116 sélec-
tions) s’est entraîné, « a bien
cavalé»,dixitunmembreduclub.
Pourtant,iln’estmêmepassurla
feuille de match aujourd’hui. Il y a
trois semaines, le club a tordu le
bras à l’ouvreur Paolo Garbisi
pour qu’il signe à Toulon. L’inter-
national italien (23 ans, 33 sélec-
tions) assure qu’il ne voulait pas
quitter ses copains de Montpel-
lier. Il y a été contraint, faisant of-
fice de monnaie d’échange avec
le talonneur Christopher Tolofua,
trèsdésiréauMHR.
Au centre, le Fidjien Waisea
NayacalevuetlesamoanDuncan
Paia’auatraînentleurspleenpost
Coupe du monde. Le premier, qui
a appris que son contrat ne serait
pas renouvelé ne rayonne plus.
Quand au second, il a été très
cash auprès de nos confrères de
Var Matin: « Aujourd’hui, on attend
Pierre Mignoni,
le directeur du rugby
toulonnais, à Mayol,
le 4 février dernier.
surtout de nous que la structure
soitparfaite.Saufquelerugbyn’est
pas “parfait”, c’est un sport
d’adaptation. Le système, on doit le
respecter autant que possible,
mais quand on se retrouve en
un-contre-un, ce n’est plus du ta-
bleaunoir.»
Mignoni, entre coups de
pression et discussions
Débutfévrier,lesjoueurss’apprê-
taient à partir en vacances après
unblocdequinzematchesquand
ils ont reçu un SMS poivré de
Mignoni qui écourtait leurs con-
gésde24heures:«…repriselundi
matin… Poids et masse grasse
lundi10 h… Pour les fumeurs, net-
toyage de votre fumoir. Cette pièce
sera fermée… l’institution RCT ne
peut plus accepter ça. Si vous
n’êtes pas content tu (sic) peux
changer de club ou m’appeler, je
suis disponible. » Avant le match
du 18 février face à Castres les
joueurs se sont fait remonter les
bretelles par le président Ber-
nardLemaître.Envain,ilssesont
inclinés(25-17,15e journée).
Mignoni sous pression a,
depuis, changé d’approche.
Après la défaite à Pau samedi
dernier, il leur a donné rendez-
vous à tous au « Driver », près de
l’hippodrome d’Hyères, pour
boire un coup et « se dire les
choses ». Cette semaine il a
demandé à Mathieu Bastareaud,
teammanager,derechausserles
crampons, avide de son ressenti
sur l’état des âmes. Et l’universi-
taire marseillais Pierre Dantin,
consultant haute performance,
est réapparu au Campus.
« Toulon est obligé de gagner ce
soir », synthétise Jerónimo de la
Fuente, le centre argentin
de l’USAP, adversaire du soir.
Fort de ses 76 sélections avec
lesPumas, il appuie là où ça fait
mal.
Alain Mounic/L’Équipe