CV : 10 erreurs que l'on fait trop

souvent selon les recruteurs

Parmi les nombreuses étapes du recrutement, le CV détient la première clé. Et pour
cause, ce document pas plus grand qu’une feuille A4 a le pouvoir de se transformer en
véritable sésame entre les mains d’un recruteur. À condition, bien sûr, que ce dernier soit
satisfait. Alors comment décrocher le gros lot tout en mettant les pièges de côté ?

Nul n’ignore qu’un CV peut être écarté en cinq secondes top chrono s’il ne
correspond pas aux attentes du recruteur. Voire moins si des maladresses
viennent entraver la candidature au premier coup d’œil. Mais quelles sont les
erreurs à éviter pour s’assurer toute l’attention de notre interlocuteur ? On fait
le tour de la question avec Chloé Ngassa, coach en techniques de recherche
d’emploi et Antoine Valle, fondateur et dirigeant du cabinet de recrutement
Rinnovo.

1. Oublier d’écrire une accroche pour son CV

Ne pas mettre d’accroche sur son CV c’est laisser au recruteur le soin de
deviner pourquoi vous lui avez envoyé votre candidature. Et une chose est
sûre, laisser ce dernier se débrouiller va compliquer sa lecture. « Le titre est le
premier élément que le recruteur perçoit, la première donnée de
rapprochement entre le poste et le candidat, explique la coach en techniques
de recherche d’emploi, Chloé Ngassa. C’est l’information qui va faire
comprendre au recruteur que vous êtes un profil digne d’intérêt à ses yeux. »
Alors soyez le plus explicite possible dès le départ, surtout si vous ne postulez
pas à une offre publiée. Si au contraire vous y répondez, faites en sorte que le
titre colle avec l’offre d’emploi à pourvoir et affichez-le de manière visible tout
en haut de votre CV. Immanquable pour le recruteur, même en cinq secondes
de balayage visuel.

2. Abuser des couleurs

Il arrive que pris d’enthousiasme, l’on dégaine sa plus belle palette de couleurs
pour tenter de se démarquer par l’esthétique de notre CV. Mais ce choix n’est
pas forcément le plus judicieux. « Surtout quand le CV ressemble davantage à
un arc-en-ciel qu’à un document professionnel », révèle Chloé Ngassa. Certes
une mise en forme originale peut attirer l’œil du recruteur, mais un excès de
couleur va surtout jouer en votre défaveur. « Car le risque quand on en fait
trop, c’est de le rendre illisible », poursuit la coach. Alors pensez à la rétine de
celui qui va le lire derrière et réfrénez vos pulsions artistiques.
3. Manquer de clarté
Lorsqu’il est difficile pour le recruteur de cerner notre profil passé l’intitulé du
CV, c’est que quelque chose ne tourne pas rond. « Votre CV doit offrir une
lecture fluide et doit donc disposer d’une structure et d’une hiérarchie
cohérente », observe la spécialiste. Alors construisez-le avec intelligence afin
de faire ressortir les éléments clés. « Et surtout soyez dynamique ! »,
recommande le fondateur et dirigeant du cabinet de recrutement Rinnovo,
Antoine Valle. Faites le choix d’une police lisible, utilisez un vocabulaire
efficace (quitte à reprendre les termes de l’offre d’emploi) et allez droit au
but dans chacune des catégories. Cela vous évitera de perdre votre
interlocuteur trop rapidement.

4. Jouer la carte du fourre-tout

Il n’est pas rare de tomber sur des CV où l’on trouve tout et n’importe quoi. De
son stage de troisième à nos baby-sittings des années lycées en passant par
la moindre mission effectuée depuis le bac… Tout y est. « Je pense
notamment aux candidats n’ayant que peu d’expérience et qui sont tentés de
mentionner toutes les activités par lesquelles ils ont pu passer pour donner
l’impression d’un CV expérimenté », illustre Chloé Ngassa. Mais ici, l’idée est
plutôt de chercher à faire matcher son profil avec le poste convoité. « Et ce
n’est pas parce que l’expérience vous manque que le job en question n’est
pas fait pour vous, énonce l’experte. Si vous vous sentez capable d’exécuter
les missions demandées c’est que vous avez les ressources pour y parvenir. »
À vous de les mettre en valeur !

5. Être autocentré…
Certes, l’intérêt d’un CV est de parler de soi. Mais son but premier est avant
tout de s’adresser à un destinataire. Alors faites attention à ne pas créer un CV
qui ne prend pas en compte le poste convoité. « Notamment dans la phrase
d’introduction car il s’agit bien du seul endroit où une phrase est formulée,
précise la spécialiste. Si les “je” pleuvent en abondance (“je suis à la
recherche”, “j’aimerais développer des compétences”…) le recruteur aura
l’impression d’un véritable monologue qui l’exclut totalement. » Il faut donc
tourner son profil vers ce dernier de manière à ce qu’il se sente inclus. Et ce
tout simplement en inversant les pronoms de temps en temps ! “Votre offre de
poste”, “vos missions”, “votre identité”, “vos ambitions”… Autant de formules
qui lient votre profil à l’entreprise de manière visuelle.
6. … Et oublier les besoins de son entreprise
Toujours dans la lignée d’un CV autocentré, on risque non seulement de trop
parler de soi mais aussi de trop se concentrer vers son passé et pas assez
vers l’avenir. « Autrement dit, il ne s’agit pas de trop donner de détails sur ce
qu’on a fait hier, mais plutôt de se projeter dans l’après aux côtés de son
interlocuteur », analyse le fondateur de Rinnovo. Et pour cela, il faut d’abord se
concentrer sur les besoins de ce dernier afin de sélectionner au mieux les
données qui vont l’intéresser. Cela va permettre de témoigner de la pertinence
de votre démarche. Pour Antoine Valle, « il s’agit ici de donner les points forts
de votre candidature pour le poste en particulier et non pour le poste en
général. »

7. Trop détailler
En ce qui concerne les candidats expérimentés, il faut faire aussi attention à
l’excès de détails. La moindre compétence apprise est passée en revue et
chaque mission exécutée est décrite avec une grande précision. « Ces
derniers ont tendance à prendre l’excuse de l’expérience pour faire des CV à
rallonge, confirme Chloé Ngassa. Mais bien souvent cet étalage quasi
encyclopédique vous fait défaut. » Car le recruteur va être à la recherche
d’éléments bien particuliers et de compétences précises pour convenir au
poste en question. « A-t-il déjà effectué des missions similaires au poste ? A-t-
il les compétences techniques attendues ? », interroge la coach. Sélectionnez
avec soin les informations que vous allez mettre en avant pour attirer son
regard.

8. Manquer de cohérence
Il est important pour le recruteur de comprendre votre parcours pour vous
envisager dans le poste. « Or certains sont peu linéaires et les liens entre les
différentes expériences ne sont pas forcément évidents, constate Chloé
Ngassa. Et si un profil atypique n’est pas du tout un problème en soi, bien au
contraire, il faut trouver le moyen de le justifier pour comprendre votre
démarche à ce jour. » Cela demande une mise en lumière des compétences
acquises par le passé qui pourront vous aider dans ce futur job. L’idée est que
la cohérence transparaisse par le choix des expériences que vous allez mettre
en avant. Par exemple, en rappelant les fois où vous avez usé de votre plume
dans votre parcours si vous postulez à un job de rédaction pour la première
fois.
9. Ne pas combler les trous
D’après nos spécialistes, il ne faut pas hésiter à combler les trous dans son
CV. « Car ces derniers ont beau être assez fréquents, ils continuent de faire
tâche lorsqu’ils ne sont pas justifiés, confirme Antoine Valle. Alors profitez en
pour renseignez ce qui vous a occupé pendant ce temps ! » Tout en le liant à
votre candidature bien entendu, avec des compétences qui pourraient
intéresser votre interlocuteur. « Par exemple en ayant travaillé pour une
association ou en ayant profité pour se former, suggère-t-il. Tout ce qui peut
être valorisant pour votre profil est à mettre sur papier. » Alors soyez le plus
clair possible sur ces zones d’ombre qui pourraient vous porter préjudice.

10. Avoir un lexique trop jargonneux

Il arrive que l’on oublie que le recruteur n’a pas toujours à disposition, le
lexique pour traduire tous les CV. « Et pour peu qu’un candidat enchaîne les
expériences dans une même entreprise, il utilise sans le vouloir le jargon qui
était alors en vigueur », révèle Antoine Valle. Ce qui est parfaitement
inintelligible dès lors qu’on en sort. « Rappelez-vous qu’une fonction peut être
tout à fait pertinente dans le contexte de votre ancienne entreprise… Mais pas
du tout vis-à-vis d’un interlocuteur extérieur », observe l’expert en recrutement.
Alors faites attention à ce que le CV soit lisible pour tout le monde ! Et assurez-
vous de sa compréhension dès lors qu’une technicité est mentionnée. À
nouveau, vous pouvez partir du principe que les mots clés présents dans
l’annonce sont à réutiliser dans votre CV… Si le recruteur les as inclus dans
l’offre d’emploi, c’est qu’il maîtrise ces termes.

Finalement, l’enjeu ici est de témoigner toute la pertinence de votre

candidature par la structure, la sélection des informations et la cohérence des
compétences mises en valeur dans votre CV. À vous maintenant d’être le plus
clair possible afin que le recruteur voit en vous le candidat parfait.

Article édité par Manuel Avenel, photo Thomas Decamps pour WTTJ