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Sainte-Lucie

La Sainte-Lucie est une fête ayant lieu le 13 décembre en honneur de la sainte Lucie de
Syracuse. Elle marque, avec l'Avent, le début de la saison de Noël. Considérée
traditionnellement comme une fête importante dans toute la Chrétienté occidentale, elle est
aujourd'hui célébrée en Scandinavie et en Europe méridionale, particulièrement
en Suède (Sankta Lucia en suédois), au Danemark, en Norvège, en Finlande, en Italie,
en Islande et en Croatie.
La fête correspond au premier jour à partir duquel le soleil se couche plus tard que la veille dans
l'hémisphère nord. Le dicton à la « sainte-Luce, le jour avance du saut d'une puce » correspond à
cette observation (la forme Luce est employée pour la rime).
Si le soleil se couche plus tard à partir du 13 décembre1, la durée du jour continue cependant de
diminuer jusqu'au solstice d'hiver (20-22 décembre), le soleil se levant de plus en plus tard
jusque vers les 5-7 janvier2.
En Suède, pays où la fête est la plus répandue, elle est originaire du Västergötland, dans le sud-
ouest du pays, et s'est progressivement étendue à tout le pays, puis au XXe siècle aux territoires
finlandais suédophones comme Åland, et dans une certaine mesure dans d'autres pays tels le
Danemark et la Norvège.
Lucie est un prénom venant du mot latin Lux, lucis, désignant la lumière. C'est précisément la
lumière qui est à l'honneur lors de ces célébrations. À cette fête, il n'y a pas de cadeaux comme
au Noël canadien.

Fête issue du rite romain


Durant les premiers siècles du Moyen Âge, la fête de sainte Lucie, le 13 décembre, fut une seule
fête dans le sanctoral avant la vigile de Noël, célébrée entre les deuxième et troisième
dimanches de l'Avent. Plus précisément, il s'agissait de la fête de la naissance au Ciel de cette
sainte selon le rite romain : In natale Sanctæ Luciæ. Ainsi, dans l'Antiphonale Missarum
Sextuplex publié par Dom René-Jean Hesbert, tous les six manuscrits les plus anciens du chant
grégorien présentent leurs textes en faveur de cette fête3. D'autres fêtes dans le sanctoral, par
exemple celle de saint Thomas, le 21 décembre, n'était autre que la liturgie locale4. Cela exprime
l'importance de cette fête dans la tradition effectivement ancienne.
Il semble qu'à la suite de l'évolution de célébrations durant l'Avent, telles la messe du troisième
dimanche de l'Avent, plus récemment celle de l'Immaculée Conception (8 décembre), la gravité
de sainte Lucie ait été perdue auprès de l'Église romaine.

En Scandinavie
En Suède, sainte Lucie (appelée Lucia) est vénérée le 13 décembre dans une cérémonie où une
fille, élue « Lucia », marche devant une procession de femmes ; elles sont toutes parées de blanc
avec ceinture de tissu rouge, la Lucia avec une couronne de bougies et les autres une bougie à
la main. Les bougies représentent le feu qui refuse de prendre la vie de sainte Lucie au bûcher,
et la ceinture rouge peut-être le martyre de la sainte. Les femmes chantent une chanson de Lucia
en entrant dans la pièce ; la mélodie est celle de la chanson napolitaine Santa Lucia, mais où la
version napolitaine décrit la belle vue depuis le quartier de Borgo Santa Lucia de Naples, les
diverses versions scandinaves parlent de la lumière avec qui Lucia vainc le noir. À la fin de la
chanson, la procession poursuit avec chants de Noël ou d'autres chants sur Lucia.
Quand les pays scandinaves étaient encore catholiques, la nuit de Lucia était célébrée comme
une fête parmi les autres. Toutefois, la tradition continua même après la Réforme protestante des
années 1520 et 1530. Selon le calendrier julien la nuit de Lucia était la plus longue de l'année.
C'est probablement pourquoi la fête persiste dans les pays nordiques, les nuits de novembre et
décembre étant très longues et sombres avant les premières neiges ; l'idée de la lumière
vainquant le noir est alors très bienvenue.

Suède
Certains tracent le renouveau des célébrations de Lucia en Suède à la tradition allemande
protestante de vêtir les filles en Christ enfant (« Kindchen Jesus », « Christkindl ») et leur faire
distribuer des cadeaux de Noël. La variante suédoise de cela est le « Kinken Jes », qui
commence à apparaître parmi la haute classe moyenne dans les années 1700 : la fille porte une
couronne de bougies et distribue des bonbons et petits gâteaux aux enfants. Selon une autre
théorie, cette célébration viendrait de vieilles traditions suédoises, rassemblant des « garçons
étoilés » (« stjärngossar ») et des anges vêtus de blanc qui iraient chanter des chants de Noël
pendant l'Avent et Noël. Quoi qu'il en soit, la tradition actuelle, où une femme ou jeune fille parée
de blanc et portant une couronne de bougies apparaît le matin de la fête, vit le jour aux environs
du lac Vänern vers la fin du XVIIIe siècle et s'étendit lentement au reste du pays pendant le siècle
suivant.
En 1893, le musée de Skansen remet au jour cette ancienne tradition, qu'il considère comme
valant d'être préservée. La célébration sous une forme moderne est due à l'initiative en 1927 d'un
quotidien de Stockholm (Stockholms Dagblad), qui organise la première procession officielle de
Sainte Lucie, avec l'élection d'une Lucia. La pratique se répand ensuite rapidement à travers tout
le pays, grâce en particulier à l'influence de la presse locale. Aujourd'hui la plus grande partie des
villes suédoises élisent une Lucia chaque année, les écoles élisent une Lucia et
ses « tärnor » (demoiselles d'honneur) parmi les étudiantes, et une Lucia nationale est élue parmi
celles des différentes régions du pays. Les Lucias régionales visitent des centres commerciaux,
des églises et des institutions pour personnes âgées, en chantant et en distribuant des biscuits
au gingembre. Il y a eu débat sur la possibilité d'élire une Lucia nationale non-blanche, qui finit en
2000 par l'élection de la première Lucia non-blanche, une fille adoptée.
Il y a des garçons dans les processions, ils jouent un rôle différent, associé à Noël. Certains,
les « stjärngossar », sont parés de blanc comme les filles, mais portent un chapeau conique
décoré d'étoiles dorées ; d'autres se déguisent en « tomtenissar », portant des lanternes, et
d'autres encore peuvent se déguiser en bonhomme de pain d'épices (« Pepparkaksgubb »). Ils
participent aux chants et ont un chant ou deux pour eux-mêmes, le plus souvent Staffan
Stalledräng, qui raconte l'histoire d'Étienne s'occupant de ses cinq chevaux.
On mange traditionnellement des brioches au safran (« lussekatt » ou « lussebulle »).
Bien que la Sainte-Lucie ne soit pas un jour férié officiel en Suède, c'est une fête très aimée des
Suédois. Le soir et la nuit peuvent être très bruyants, les lycéens en particulier profitant de
l'occasion pour faire la fête. Dans les universités, les étudiants tiennent de grands dîners formels,
leur dernière chance de faire cela avant que la plupart ne partent retourner en famille pour Noël.
Les paroles suédoises de la chanson napolitaine Santa Lucia sont traditionnellement
soit « Natten går tunga fjät » (« La Nuit marche à pas lourds »), ou « Sankta Lucia, ljusklara
hägring » (« Sainte Lucie, brillante illusion »). Il existe également une version moderne à paroles
plus faciles, pour les enfants : « Ute är mörkt och kallt » (« Dehors il fait noir et froid »).
Danemark
Au Danemark la Sainte-Lucie, appelée « Luciadag », fut célébrée pour la première fois le 13
décembre 1944. La tradition fut directement importée de la Suède par Franz Wend, secrétaire
de Föreningen Norden, dans un essai « d'apporter de la lumière en ces temps noirs ». C'était
implicitement un acte de protestation passive contre l'occupation du pays par les troupes
allemandes nazies, mais la tradition continua au-delà de la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Quoique la tradition fut importée de la Suède, au Danemark elle est beaucoup plus centrée sur la
religion ; les processions et célébrations se font au sein de l'église locale en conjonction avec
Noël. Les écoles et les maternelles fêtent également le jour, mais l'impact de Lucia sur le reste
de la société danoise est minime.
Quoiqu'encore peu répandues, il existe plusieurs traditions spécifiquement danoises : la nuit
précédente, on allume des bougies et l'on éteint toutes les lumières électriques. Et le dimanche le
plus proche du 13 décembre, les Danois vont à l'église.
Les versions danoises de la chanson napolitaine reflètent clairement les liens plus étroits avec le
christianisme dans ce pays. « Sankta Lucia » de Holger Lissners, datant de 1982, est la version
la plus connue.

En Italie
Lucie est la sainte patronne de Syracuse (Sicile), sa ville natale. La célébration principale se
déroule le 13 décembre, mais aussi en mai. En Sicile et parmi la diaspora sicilienne, on mange
la cucciá, une bouillie de blé, pour rappeler le miracle où Lucie écarta la famine.
Sainte Lucie est également populaire parmi les enfants du nord-est de l'Italie,
particulièrement Trente, Lombardie orientale
(Bergame, Brescia, Crémone, Mantoue), Vénétie (Vérone), et Émilie-
Romagne (Parme, Plaisance et Reggio d'Émilie). Elle donne des cadeaux aux enfants sages et
du charbon aux méchants. Les enfants lui laissent quelque chose à manger (un sandwich ou tout
ce qu'ils auraient sous la main), ainsi que pour son âne volant qui l'aide à distribuer ses cadeaux.
Ils ne doivent pas voir la sainte, qui leur jettera des cendres aux yeux s'ils essaient.

Aux États-Unis
Aux États-Unis, l'Église évangélique luthérienne en Amérique, à la tête de centaines de
congrégations scandinaves et allemandes, commémore sainte Lucie le 13 décembre avec
cérémonies où on se pare de rouge. Le dimanche le plus proche du 13 est réservé aux
processions traditionnelles scandinaves.

En France
En France, Lucie de Syracuse est généralement peu connue, hors quelques régions comme la
Corse. La ville de Montbéliard, tous les ans, fête cette Sainte lors du traditionnel défilé des
Lumières, le 13 décembre. Dans la ville de Lyon, la Fête des lumières le 8 décembre est dédiée
à la Vierge Marie (Immaculée Conception) et non à sainte Lucie.
En Alsace, la célébration de la fête de sainte Lucie qui avait lieu le 23 décembre avant la réforme
du calendrier grégorien en 1582, a probablement entrainé son incorporation dans le folklore de
Noël à travers le personnage du Christkindel. Deux personnages accompagnent la visite du Saint
Nicolas : le Père Fouettard (Hans Trapp, qui selon la légende représenterait le chevalier Hans
von Trotha) qui fait la liste des mauvaises actions passées de l'enfant, et le Christkindel, une
femme vêtue de blanc et qui porte une chandelle, qui liste les bonnes actions de l'enfant. Les
deux débattent, afin de décider si l'enfant sera puni ou récompensé par des cadeaux. Le
personnage du Christkindel est à l'origine du nom alsacien du Christkindelsmärik, le marché de
Noël de Strasbourg.
Lors de cette fête, on organise dans les villes et villages alsaciens des défilés aux lampions et
des feux de joie, la lumière étant le fil conducteur des manifestations organisées pour l'occasion
(on raconte que la Sainte-Lucie annonce aux démons de l’hiver la fin de leur règne et le retour du
soleil qui vaincra les ténèbres).
En plein milieu de la période de l'Avent, le même jour que la Ste Odile (patronne de l'Alsace ),
cette fête est l'une des traditions importantes de la saison de Noël.

En Hongrie
Il existait en Hongrie, en plus de la sainte, une figure féminine maléfique, jeteuse de sorts, une
sorcière de l'ancienne mythologie hongroise associée à ce jour de la lumière renaissante,
la Luca-asszony (« dame Lucie », nom ancien différent du prénom moderne Lúcia). C'est ainsi
que ce jour est connu en Hongrie comme le jour de l'année, lié au plus grand nombre de
superstitions et sortilèges.

 Selon la croyance ancienne, les jeunes filles et les femmes ne pouvaient pas travailler ce
jour-là, et risquaient d'être victime des sorts si elles violaient cette interdiction.
 Le blé de la Sainte-Lucie (Luca-búza) : les femmes faisaient germer près du four, sur de
larges plats, des grains de blé qui verdissaient autour de Noël, et on en déduisait la récolte
de l'année suivante. Plus tard, à cette habitude s'est mêlée un élément chrétien : l'autel de la
messe de Noël était décoré de ce blé de la Sainte-Lucie.

 Le calendrier de la Sainte-Lucie (Luca-naptár) : on surveillait le temps qu'il faisait pendant


les 12 jours de la Sainte-Lucie à Noël, car on pensait que chaque jour indiquait le temps d'un
mois de l'année suivante.

 En Transdanubie méridionale, les petits garçons faisaient le tour des maisons pour
réciter, agenouillés sur de la paille ou du bois volés, leurs souhaits de bonne récolte et
d'accroissement du cheptel, dont le premier vers, kity-koty-kity-koty ([kickockickoc]), imitait
les poules (kotyolás). La maîtresse de maison leur jetait de l'eau et du maïs, donnés ensuite
aux poules. Les jeunes garçons aussi faisaient de même mais masqués (alakoskodás),
menés par celui qui avait le masque de la sorcière Luca-asszony, et tout en récitant les vers
nécessaires au sortilège de fécondité, ils devaient houspiller les poules pour qu'elles pondent
bien.

 La chaise de la Sainte-Lucie (Luca széke) : l'une des habitudes les plus connues
aujourd'hui, à travers l'expression proverbiale « se faire aussi lentement que la chaise de la
Sainte-Lucie » (lassan készül, mint Luca széke) ; cette chaise devait en effet être fabriquée
en taillant les morceaux un peu chaque jour à partir du jour de la Sainte-Lucie, et n'être
terminée que le soir de Noël. Selon certaines traditions, elle devait avoir la forme
d'un pentacle magique, et être faite de neuf sortes de bois précis. Elle permettait de
reconnaître qui jetait des sorts6. On pouvait ainsi rechercher les sorcières à la messe de
minuit, debout sur la chaise apportée secrètement en morceaux et assemblée au fond de
l'église7.
A Sainte-Lucie (Caraïbes)
Cette île des Caraïbes a été découverte par un groupe de navigateurs français le 13 décembre
1502. De par ce fait l'île a été nommée Sainte-Lucie en l'honneur de Sainte-Lucie de Syracuse8.
Les habitants de l'île ont ensuite choisi d'adopter le 13 décembre comme étant le "National Day",
anciennement "Discovery day". Le "Festival de la Lumière et du Renouveau" est organisé la
veille et le jour de cette fête nationale.

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