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Lettre n°18

QUE PENSER
DE LA DANSE
INTRODUCTION prendre ou en garder les habitudes tout en
visant à les épurer du péché ; et on arrive
L’homme n’est pas un ange, et ne enfin, non plus à admettre à titre de tolé-
vit pas que de choses spirituelles. La grâce rance ou de concession, mais à imposer
ne détruit pas la nature : le repos, la dé- comme une sorte de devoir les pratiques
tente, font partie de la vie humaine, même ordinaires du milieu considéré » (Abbé
pour un Catholique convaincu. Mais ce Ca- Berto).
tholique doit devenir le sel de la terre, et
changer le milieu qui l’entoure par un ca- En soi, la danse n’est pas plus ré-
tholicisme authentiquement vécu. préhensible que la musique ou le sport. Le
Roi David dansait devant l’arche d'allian-
La rupture volontaire avec la ce ! Mais, en raison du péché originel et
mentalité du monde est le premier de la blessure de la concupiscence, la
symptôme de l’amour de Dieu : le vrai danse est devenue aujourd’hui une occa-
Catholique peut vivre dans le monde, sion de désordres passionnels.
mais doit s’appliquer à ne pas aimer les
choses de ce monde qui pourraient En règle générale, les danses mo-
l’éloigner de Dieu, car, selon l’Apôtre dernes sont pour la plupart des jeunes
Saint Jean : « Tout ce qui est dans le une occasion volontaire et prochaine de
monde, la concupiscence de la chair, la péché mortel.
concupiscence des yeux et l’orgueil de la C’est un péché grave de présomp-
vie, ne vient point du Père, mais du tion de s’exposer à une telle occasion ; le
monde » ! Catholique se doit donc d’éviter ce genre
de distraction, car il ne peut mettre en
La plupart de nos fidèles ont une péril le salut de son âme : qui veut éviter
tendance à séparer leur vie spirituelle de le péché doit en fuir l’occasion !
leur vie sociale ; mais notre vie spirituelle
doit infuser et influencer notre vie sociale Quiconque se met librement dans
toute entière : nous devons non seulement l’occasion de pécher gravement, s’il re-
prier, mais aussi vivre et nous détendre fuse de renoncer à cette occasion, ne
comme des Catholiques ! peut être absous ; car il n’est pas alors
« Le nouveau libéralisme part de dans les dispositions voulues.
cette idée que, pour agir sur le milieu, il
faut lui appartenir ; de là ensuite à dire que, Le Saint Curé d’Ars avait fait
pour appartenir à un milieu, il faut en peindre sur l’arche de sa chapelle Saint
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Jean Baptiste la phrase suivante : « Sa tête fusait l’absolution à tous les jeunes qui
fut le prix d’une danse » ! dansaient, mais il en faisait de même
avec les parents qui permettaient à leurs
LA MORALITE DES enfants de danser ! « Il n’est pas un Com-
mandement de Dieu », disait-il, « que la
DANSES MODERNES danse ne fasse transgresser » !
Dans les temps de foi, les Évêques
n’y allaient pas par quatre chemins : « Les LES CIRCONSTANCES
danses modernes, qui sont presque DES DANSES MODERNES
toutes de la plus mauvaise origine, me-
nacent les bonnes mœurs et la pudeur, et 1. L’habillement : Outre les péchés de
ne peuvent être tolérées en aucune cir- vanité (signe et cause de tiédeur chré-
constance » (Episcopat allemand en … tienne) que provoquent les soirées, il
1925 !) est bien rare qu’il n’y ait pas des jeunes
filles qui ne soient occasion de tenta-
Saint Thomas d’Aquin énumère les tions contre la chasteté pour les jeunes
circonstances nécessaires pour que l’on gens à cause de leur habillement peu
puisse parler de danse honnête : modeste.
• « Qu’il ne s’agisse pas d’une personne
dont il ne conviendrait pas qu’elle 2. Les attouchements : Plus les danses
danse, comme un clerc ou un reli- facilitent et multiplient les occasions de
gieux ; rapprochement physique, plus il y a
• que la danse se fasse entre personnes risque de tentations, et nécessité d’être
honnêtes ; prudent.
• sur un chant honnête ;
3. Le rythme de la musique : La mu-
• que les gestes ne soient pas lascifs ».
sique Rock, par son rythme endiablé, a
une influence néfaste sur les sens ; car
Saint François de Sales précise :
si la mélodie parle à l’âme, le rythme
« Les danses et les bals sont choses indiffé-
parle aux sens. Plus une musique est
rentes de leur nature, mais selon l’ordinaire
rythmée, plus elle est sensuelle. Le
façon avec laquelle cet exercice se fait, il
Rock n’est pas de la musique mais le
est fort penchant et incliné du côté du mal,
centre énergétique d’une nouvelle
et par conséquent plein de dangers et de
culture et d’une jeunesse en révolu-
périls. Les bals, les danses attirent ordinai-
tion !
rement les vices et les péchés : les cœurs
sont fort aisés à se laisser saisir et empoi-
4. Les paroles des chansons : Là encore,
sonner. Ces impertinentes récréations sont
le Rock, qui combine musique, sexe,
ordinairement dangereuses : elles dissipent
drogues, révolte, avec la trahison d’une
l’esprit de dévotion, alanguissent les
âme qui a abandonné son Dieu,
forces, refroidissent la charité et réveillent
s’aligne sur le péché originel en
en l’âme mille sortes de mauvaises affec-
l’exploitant, et, en faisant rejeter toute
tions… En même temps que nous sommes
retenue, pousse à mille péchés person-
au bal, plusieurs âmes brûlent au feu
nels dont les jeunes sont pleinement
d’enfer pour les péchés commis à la danse
conscients et responsables ! Comment
ou à cause de la danse ».
des Catholiques peuvent-ils accepter
de danser sur les slogans de la révo-
Le Saint Curé d’Ars appelait la
lution ? Comment peut-on à la fois
danse « le péché parfumé ». Non seule-
aimer Dieu de tout son cœur et ac-
ment le saint patron de tous les curés re-
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cepter de danser sur des textes qui occasion prochaine, volontaire de péché
L’insultent et Le bafouent ? mortel, et doit donc être évitée.

5. Les lieux et temps : L’ambiance de On ne fera jamais que les danses


chaleur, d’obscurité, de lumières tami- actuelles ne soient une manifestation de
sées, de jeux de lumières, l’usage de l’esprit du monde auquel il nous est com-
l’alcool, l’alternance de musiques fré- mandé de ne pas nous conformer. Puisqu’il
nétiques puis langoureuses, roman- y a tant de dangers dans les danses mo-
tiques à l’excès, sont un cadre propice dernes, ne vaut-il pas mieux pour les Ca-
à l’excitation des passions avec tous les tholiques s’en abstenir ?
péchés qui s’ensuivent. Les jeunes vont
peu à peu s’habituer à considérer cette Notre Seigneur n’a-t-Il pas déjà ré-
vie comme une succession de fêtes. pondu à cette question ? « Si quelqu’un
Sœur Lucie de Fatima ne disait-elle scandalise un de ces petits qui croient en
pas : « La passion pour le bal jetait des Moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on lui
racines profondes dans mon pauvre pendît au cou une de ces meules qu’un
cœur ; j’avoue que, si le Bon Dieu âne tourne, et qu’on le jetât au fond de
n’avait pas employé de miséricorde la mer. Malheur au monde à cause des
spéciale envers moi, le démon m’aurait scandales, car il est nécessaire qu’il ar-
perdue » ? rive des scandales, mais malheur à
l’homme par qui le scandale arrive »
JUGEMENT MORAL (Mt, XVIII, 6-7).
« Ne savez-vous pas que votre
Saint Charles Borromée classe les corps est le temple du Saint-Esprit qui
danses parmi les occasions relatives ou réside en vous et qui vous a été donné de
personnelles de péché, non parmi les occa- Dieu, et que vous n’êtes plus à vous-
sions absolues. Le risque de péché dépend mêmes ? Vous avez été rachetés d’un
donc de l’influence des circonstances ob- grand prix. Glorifiez et portez Dieu dans
jectives sur la sensibilité personnelle, et votre corps » (1 Co, VI, 19-20).
celle-ci varie d’individu à individu. « Ne vous conformez pas à ce
monde » (Rom, XII, 2).
On devra donc être d’autant plus « Si quelqu’un veut Me suivre,
prudent que l’on est plus sensible aux ten- qu’il se renonce lui-même, qu’il prenne
tations contre la chasteté, et que la réunion sa croix, et qu’il Me suive » (Mat XVI,
où l’on se rend présente plus de risques 24).
dans ce domaine : plus les risques aug-
mentent, plus il faudra une raison sérieuse En 1414, Sainte Françoise Romaine
et grave pour s’y rendre, jusqu’à l’absten- eut une vision de l’enfer ; elle fut glacée
tion complète s’il le faut. d’horreur en reconnaissant dans les
flammes vengeresses certaines dames
La question qu’il faut se poser est qu’elle avait vues dans le monde. Ces
donc la suivante : « Suis-je capable de tristes chrétiennes étaient damnées pour
danser sans offenser Dieu en paroles, ac- des désirs gravement coupables (quoique
tions, pensées, désirs, omissions, directe- non suivis d’effet), pour des vaines parures
ment ou indirectement ? Puis-je provo- (cause de séduction et de péché), pour des
quer des péchés chez les personnes avec danses que le monde déclare inoffensives !
lesquelles je danse ? » Et soyons réalistes
dans notre réponse, afin de voir le pro- LES REMEDES
blème tel que Dieu le voit Lui-même :
dans la plupart des cas, la danse est une
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Il faut organiser de vraies distrac- « Le monde est ce que l’on aime


tions Catholiques (chants, jeux, veillées…) moins à mesure qu’on aime Dieu davan-
De même que nous cherchons à donner à tage, et ce que l’on aime davantage à me-
nos jeunes toutes les vertus que le monde sure qu’on aime moins Dieu. On n’a pas
combat, de même nous devons les amuser ‘christianisé’ un bal parce qu’on a réussi à
avec les amusements que le monde ne en exclure les danses ouvertement déshon-
connaît pas, leur faire brûler ce qu’il adore, nêtes ou parce qu’on a remis en place
leur faire aimer ce qu’il déteste. quelques jeunes gens hardis. Pour que le
Il s’agit de savoir ce que nous vou- bal fut chrétien, il faudrait qu’il ne fût plus
lons faire et si, oui ou non, nous voulons mondain. On est ici en présence de deux
vivre en conformité avec les promesses de tendances de sens contraire, entre les-
notre Baptême. Un Prêtre devrait pouvoir quelles, tandis qu’on cherche en vain à
assister à toutes les activités de détente, et concilier, on demeure au fond comme
ne devrait pas être gêné de se trouver là. écartelé » (Abbé Berto, cité dans l’article
Un Prêtre, par exemple, devrait « Que penser de la danse » du frère Marie-
pouvoir assister à une réception de mariage Dominique, O. P., le Sel de la Terre n° 22,
dans une famille Catholique de la même article dont je me suis largement inspiré
manière que Notre Seigneur Jésus-Christ et pour cette Lettre n°18).
Notre Dame ont pu rester au repas de
noces de Cana en Galilée. On peut s’amu- CONCLUSION
ser à une telle réception, se détendre saine-
ment, sans pour autant se croire obligé d’y Les premiers chrétiens n’auraient
danser ! jamais osé avoir des compromissions de
Peut-on en effet qualifier de Catho- ce genre avec le monde; ils ne fréquen-
liques des distractions, des détentes, où un taient ni le cirque, ni les théâtres, ni les
Prêtre est obligé de s’éclipser ? bains publics. Pourtant, le levain a sou-
levé la pâte. Ils ont complètement trans-
« Les hommes sont étonnés et formé le monde d’alors. C’est la route
renversés par celui qui ne fait aucune qui s’ouvre devant nous.
concession à leurs erreurs, qui manifeste Le salut ne viendra que par l’absolu
un dédain parfait pour les bagatelles où de la Vérité, car Notre Seigneur Jésus-
sont empêtrés la plupart des hommes. Christ a dit : « Je suis la Voie, la Vérité et
Demeurer dans la fierté d’une intransi- la Vie », c’est à dire l’unique Voie,
geance qui est ici-bas comme un reflet de l’unique Vérité et l’unique Vie.
l’absolu de Dieu, c’est encore l’attitude Ne cédons pas à la tentation du li-
la plus utilement apostolique. béralisme : on ne convertira jamais le
monde en se mettant à son niveau. Il faut
« Il n’est pas de conseil, mais de l’élever au niveau de la vérité. Ou le
précepte, de ne point se conformer au monde comprendra cela, ou le monde dis-
monde. Ce n’est pas le péché seulement, paraîtra !
mais le monde qu’il nous est prescrit de Cette saine intransigeance est celle
détester et d’éviter. Le bal, les plaisirs de Notre Seigneur Jésus-Christ et de Son
raffinés et recherchés des salons, les sou- Église, cette intransigeance qui a conduit
pers de minuit, les casinos et les plages des milliers de martyrs aux lions ; mais ces
sont des choses qui ne sont de soi pas lions leur ont ouvert le Ciel !
toujours et nécessairement des péchés,
mais toujours et essentiellement orien- Tout dévoué en Notre Seigneur Jé-
tées autrement que le Baptême n’oriente sus-Christ et Sa Très Sainte Mère.
les âmes.
Abbé Jean-Luc Lafitte
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