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DIMANCHE DU PARDON
(de l'abstinence des laitages)
Kondakion ton 6
Guide de Ia sagesse, Donareur. de linrelrigence, pédagogue des
insensés,
protecreur des pauvres, affermis et instruii [4aître; accorde-
-o.r^.*.rî,
To:1, parole, ô Parole du Père. Car voici, je ".*pe.lr.r"i f", -., lerr.,
de Te crier: Miséricordieux, aie pitié de
-oi qui ,ui, tombé i
Liturgica
Le rite du Pardon
Le Dimanche de l'expulsion dAdarn est également appelé o Dimaruche
du
Pardon », en rdisoru du rite qui est accompti te îoiryprè, lrivêorrr.
.,2nr: les :erygs anciens,- la ueiile di débur du'Grand éarê*r, les moines
celebrdtent vêpres, uénéraient les icônes et les reliques qui se trouuaient
11 dans
,.r^r,: plrta?eaient. la tuble commune juis,'après auoir accompli
??,"ntrèr1,,
solennellement le rite d1y pardo.n, se dispersaien.y dais le dés'ert
pour 1, uiure d)ns
lhésychia er leieûne.
Çbs1de.là qo, priurnoit t'"ii, d)r,
j;àiirîr, Russie de se
rendre, le dimanche du Pardon, dans les monastèrà ou les
églises afn d'y uéntérer
ley reliqua des saints. Eysyitl, leÿdèles receuaienr
la o/"àirirî'jr, éuêques ou
des supérieurs. Puis ils uisitaient lis maisons de leurs:
pare"r, ,r',""illrrrnces pour
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LE GRAND CARÊN{E
demander leur pardon et, comm€ signe de paix mutuelle, ils échangeaierut des q
pains préparés spécialement pour ce jourt.
Aujourd'hui, ce rite a lieu dans tous les mzndstères et ?droisses. Pendant que
chacun demande pardon, oru chante généralement les hirmi du canon des stichères
de Pâques. En ce jour comme le jour de la Résurrection, « nous nous embrassons
les uns les autres, disant 'frères" aussi à ceux qui nous haîssent, pardonnant touf ,
à cause de Celui qui n jeîlné, a été crucifié et est ressuscité pour nous. Ce chanr
de Pâques tr()uue aussi sa justifcatioru dans le fait que les asiètes partdient dans le
désert, parfois y trouuaient la mort, €t duaient ainsi entendu les chants d.e Pâques
duant leur trépas. ù
Le père Alexandre Schmemann répond à la question que nous nzus ?osznt h
souuent: « Pourquoi deurais-je dcczmplir ce rite, alors que je n'ai pas 'U'ennemis" I t
Pourquoi deurais-je drmander pardon à des gens qui ne m'ont rienfait et que je ne
corunais qu'à peine ? Poser ces questions, c'est méconnaître l'enseignement orthodoxe
F
th
au sujet du pardon. Il
est urai que l'inimitié ouaerte, la haine personnelle, h I
réelle animosité peuaent être absents de notre uie, et si tel est le cas, il ruzus esT f,
plus facile de nous repentir, cdr ces sentiments contredisent ouu€rtement les diuin: h
commandements. Mais I'Eglise nous réuèle qu'il y a des manières bien plus subtiles m
d'ffinser l'amour diuin. C'est I'indiffirence, l'égoiîme, le manque d'irutérêt pour hr
--) ltutrui, du urai souci pour eux - en bref, ce mur que nous érigeons habituellemenr &
Autour d.e nous-mêmes, ?ensdnt qu'étant'polis" et'bmicaux", nous accomplissorus {ü
les commandements de Dieu. Le rite du pardnn est si important précisément ?arce t
qu'il nous fait prendre conscience -fr.r.t-ce au moins une n'tinute durant - que toute F
notre relation à autrui est faussée, il nous fait expérimenter cette rencontre d'un
il
F
enfant de Dieu auec un autre, d'une ?ersznne créée par Dieu auec une autr€, û
nous fait ressentir la "reconnaissance" mutuelle qui manque si terriblement daru &
notre monde foid et déshumaruisé. Eru ce soir unique, tout en écoutdnt les joyeuse: g
hymnes Pascales, nous sommes appelés à faire une découuerte spirituelle: goîtter à rü
un dutre mode de uie et de relation à autrui, à une uie dont l'essence, c'est l'amour,
N7us ?ouu7ns découurir que PdrtTut et toujours, l'amour diuin incarné, le Christ, &
setient au milieu d.e nous, transformanT notre aliénation mutuelle en fraternité,
En m'auançant aers I'dutre, alors que I'autre uient uers moi - nous commençons à f,l,r
réaliser que c'esr le Cbrist qui nous amène l'un uers I'autre, par Son d.mour ?our ü
cltacun d'entre nou!. , ,&
,Ç
tlr
,t
dr
1. S.V. Boulgakov, <<Livre de chevet des célébrants
'>
(Hacmotaaas Kruza), Kharkov, 1900.
Ç
P.199.
2. Canon de Pâques, doxasticon des Laudes. ry
3. Père A-lexandre Schmemann, Le Grand Carêrne. Ascèse et liturgie dans l'Église trthodoxe, éditions
de Bellefontaine, 1989. fr
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DIMANCHE DE LE,XPULSION D.ADAM
Synaxaire du Triode
ceme mémoire, nos saints Pères l'ont placée avant le carême, comme pour
nous montrer dans les faits combien le remède du jeûne esr urile à la nâture
humaine et combien est.lamentable ce qui vient de la gloutonnerie et de la
désobéissance. Laissant de côté les domàages infinis ciusés dans le monde
par ces passions,.les Pères nous présentent Âdam le premier créé, montrant
la souffrance qu'il avait éprouvèe p.our n'avoir pu ,'rbst.nir d'un peu de,_-_
nourriture, introduisant ainsi [e mal] dans rrotre natrrr.. Ils nous ,rrôrrrr.rrt'3--
aussi clairement la vertu du jeûne, ce premier commandement de Dieu aux
hommes. Adam,.ayant cédé â ron ,.nù. ou plutôt au serpenr rrompeur, par
l'inrermédiaire d'Ève, non seulemenr n'esr pri d.rr.rr,l dieu, mais il srest atiiré
la mort, et a rransmis la souillure à tout le gènre humain. Cjert donc en raison
de la délectation du premier Adam q,r. 1". seigneur a jeûné quarante jours
et qu'Il est.demeuré obéissant, et c'esipour celi que le présenicarême'a été _
conçu par Ies saints Apôtres, afin qu'en suivant lê précËpte qu'Adam n avaii*--
pas observé, nous jouissions, par le jèûne, de l'incorrùptibilite q" it lui-même
perdue. Au demeurant, comme nous l'avons déjà dit, le but dès saints "
[pères]
est d'exposer brièvement [ici] les æul,res divines depuis le début jusqu àla fin.
Et puisque la transgression d'Adam er sa chute du Éaradis des déiicei furent la
cause de tous nos malheurs, les. Pères- ont proposé d'en faire mémoire, afin que
nous fuyions son exemple, au lieu d'imirèr sàn intempérance.
^ Le sixième jour, Adam fut donc façonné par la màin de Dieu, honoré de
son image par son soufle et, receyant aussiôt son commandement, il passa
jyrq"? six. heures dans le Paradis ; puis, âyanr rransgressé le comma.rd.eÂent,
il en fut chassé. Lhébreu Philoni àit qu'Adam auàit passé cenr ans dans le
Paradis; d'aurres parlent de sept jours ou sept annéei à cause de la valeur
de ce nombre. Mais le christ-no.r, ..,orrtié que c'est à la sixième heure
qu'Adam etendit la main et saisit le fruit. " Le sixièÀe jour et à la sixième hel,r.,t.- '
Il étendit Ses mains sur la Croix pour réparer l'action destructrice de celui-ci.
Adam a été créé à mi-chemin entie la coiruption et l'incorruptibilité afin que,
de quelque côté qu'il penchât par son choix, cela lui firr acquis. car il .r"ii* -
fg."l:ry:1, possible à Dieu de le créer immortel, mais pour lustifier son choix,
Il lui défendit de toucher à un seul arbre parmi tous l.i ,,rrrêr; ce qui signitaii
1 Ph,l"(1, *J .-.c.-54) fut un philosophe juif hellénisé à Arexandrie, qui commenra la Loi de
rvrorse oe raçon allegortque.
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LE GRAND CARÊÀ48
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DIMANCHE DE T]EXPULSION D'ADAM
!
qr.""4g semaine, la lecrure des saints Évangiles et les hymnes qui chantent en
détail les sainres et salvaüices Souffrances ai cnriri; p;ili;ilà;rrection
et le
reste, jusqu'à la descente,de l'Esprit, tandis que_ res ÂËt.,
d., exposent
comment eut lieu la pré.dication .t .ommeni ,ri;';;;r; "pôrr.,
elle rassembla ,o,i, 1.,
lesActesconÊrmentlaRésurrection,àtraverslesmiracles.<*
^.Puisque nous avons souffert de tels maux par re fait qu'Adam, une seure
fois,^n a pas jeûné, voici qu'il en est fait mémoir. à
prer.ri, , ttrr,re. du saint
Carême, afin que, nous rappelant rour
fe qral q,r,"'.rirr1.rJÈAiia.
jeûner, nous nous .mpr.rsiors d'accueillir re jeûne
,u.. ".Ë, (--
., d. l,obr.rver.
ioi.
Afin que, qu'Adam n'a point atteinr, à savoir'la deificatio", ,à1, t'our."i""r,
ce
nous, par le carême,pleuranr, jeûnant er,nous humiriant,
;"rqJl ce que Dieu
vienne nous visiter- En effet, sans cela, ir n'est pas facire â.
ëaro,r,r., ce que
nous ayons perdu.
et Srlnde Quarantaine est la dîme de toute l,année: puisque
^^9i,:,:ir-111
par fainéantise, en effet, nous ne voulons pas jeûner continuellement
et nous
abstenir du mal, les Apôtres et les sainà péres nous ont transmis
celle-ci
comme une moisson^des âmes: afin que nous nous détachions
de tout le
mal que nous ayons fait au cours de lànnée, dans la .o",ririo"
er en nous
humiliant par ce carême que nous devons ob;.;;;; d; àç"ilüs
exacre. car
Ies drvrns l'eres nous_ont rransmis également trois
autres ieùnes: celui des <'
sainrs apôtres, celui de la Mère de ùieu er celui de Ia Naiivité,
ce qui fair
quatre, un pour chaqrle saison de l'année. Mais ce carême, nous
l'hoirorons
davantage, à cause-de la P1ssi9n,
Lui-même avant $ parce que c'esr ..t"i qJ" ,u***g le christ
lloi.se " ,.çi l" L;i après avoir§_--
d'être glorifié. Dê mêmâ
ieûné quarante jours; pensons aussi à Éri., à Danier ., l ,à", .."" qïi orr, été (-
éprouvés devant Dieu. Et le bien-fondé du jeûne, Adam i.
contraire. c'est donc pour cetre raison que lei saints pères ont-o.r*.
par son
rorl.,
fip;i;
ici l'exil d'Adam.
Par Ton ineffable miséricorde, ô christ norre Dieu, rends-nous
.l.,dignes des
délices du Paradis et, prends pitié de nous, Toi q"r ,.ul J-.r
Amen.
ho*-.r.
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LE GRAND CARÊME .
mineure et solennelle. Comme à I'habitude l'ihos est lu, seule sa dernière phrase ol
est chantée. Ici, il est scindé en plusieurs ?arties et on chante après chaiune la UT
même dernière phrase: « Miséricordieux, àie pitié de moi qui suls nmbé r. Ceb -.rd
ressernble beaucoup au refrain du canon de saintAndré de Crète chanté durant l"a
- ry
-
Pyemlère semaine de Carême et nous place encore un peu plus dans I'atmosphère ME
du Carême qui arriue.
Durant le pré-carême, on est ?dssé du ton 1 (le tout premier stichère du 7îiodz) I'
au ton 6 (le dimanche précédant I'erutrée dans le Grànd carême). Le ton 6 est Cd
dg plus en plus présent jusqu'à deuenir le ton dr la quasi-totalité des hymnes
4rr!"
du Ti,iode chantés lors des uigiles de ce dimancbe.
{iE
I:]
Les tons et les mélodies dccompagnent et soutiennent la prière ; de la mêmefaçon
que les textes liturgiques accom?agnent et souTiennent la uie spirituelle des fidéhs.
BB
DIMANCHE DE LEXPULSION D'ADAM
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LE GRAND CARÊME
t
Homélie !
I
I
Saint Jean de Cronstadt ,n
Pourtant, nous sommes tous enfants du Père céleste par ia grâce, membres I
du Christ notre Dieu, membres de l'unique corps, I'Eglise, qui est Son corps,
et membres les uns des autres; Dieu est amour (I Jn. IV B) : et plus que tous
Ies holocaustes et les sacrifices, Il exige de nous un amout mutuel, qui est
pâtient, fait miséricorde, nlenvie pas, ne s'enfle pas, ne s'enorgueillit Pas, ne
fait pas de scandale, ne recherche pas son intérêt, ne s'irrite pas, ne tient pas
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DIMANCHE DE LEXPULSION D'ADAM
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LE GRAND canÊtrar
-5 prêtre Tite se lever en bonne santé de sa couche de douleur, comme s'il n'ayait
été jamais malade. Frappés de stupeur devant un événement si inattendu,
ils entourèrent rte et f un après ltautre l'interrogeaient: qu'est-ce que ceh
signifie ? Il répondit: «J'étais dans certe grave m-aladie jusqu'à ce qüe mol
pécheur, qui niétais emporté conrre mon frère, je visse les'anges ,téloigr,.t
_perte de mon â-. .t les esprits impuls se
de moi et verser des larmes sur la
rejou-rr. Voilà la raison pour laquelie j'ai désiré plus que .our'*. réconcilier
avec lui. Mais comme on me l'aÀenait, que je mê prosàrnais devant lui et quc
lui commençait à me maudire: je vis un ange -èr"çr.rt de le frapper d',.ne
lance de feu et le malheureux tomber à rerre, mort. Et le même ,rgà
la main et me releva de ma couche de douleur. » Les moines
-. tendit
ileurèrent la
terrible mort d'Évagre et depuis lors ils commencèrent à veiller à èe que jamais
le soleil ,. ,. .o,r.Ë" sur l.ür colère.
Frères et sæurs ! La rancune est le plus terrible des vices, elle est aussi
détestable devant Dieu que funeste dans la société. Nous sommes créés à
l'image et à la ressemblance de Dieu: la bonté er l'innocence doivent être
nos-yertus_permanenres; car Dieu se conduit à notre égard selon sa bonté; il
est lent à la colère et nous pardonne sans compter. NJus aussi, nous devons
pardonner. Mais le rancunièr n'a pas en lui l'image et ressemblance de Dieu:
il est plutôt une bête qu'un homme. Amen.