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DIMANCHE DE, LE,XPULSION D'ADAM

DIMANCHE DU PARDON
(de l'abstinence des laitages)

Lectures: Rom. XIII, l l - XIV 4; Mat.W, 14_21

Kondakion ton 6
Guide de Ia sagesse, Donareur. de linrelrigence, pédagogue des
insensés,
protecreur des pauvres, affermis et instruii [4aître; accorde-
-o.r^.*.rî,
To:1, parole, ô Parole du Père. Car voici, je ".*pe.lr.r"i f", -., lerr.,
de Te crier: Miséricordieux, aie pitié de
-oi qui ,ui, tombé i

Liturgica

Le rite du Pardon
Le Dimanche de l'expulsion dAdarn est également appelé o Dimaruche
du
Pardon », en rdisoru du rite qui est accompti te îoiryprè, lrivêorrr.
.,2nr: les :erygs anciens,- la ueiile di débur du'Grand éarê*r, les moines
celebrdtent vêpres, uénéraient les icônes et les reliques qui se trouuaient
11 dans
,.r^r,: plrta?eaient. la tuble commune juis,'après auoir accompli
??,"ntrèr1,,
solennellement le rite d1y pardo.n, se dispersaien.y dais le dés'ert
pour 1, uiure d)ns
lhésychia er leieûne.
Çbs1de.là qo, priurnoit t'"ii, d)r,
j;àiirîr, Russie de se
rendre, le dimanche du Pardon, dans les monastèrà ou les
églises afn d'y uéntérer
ley reliqua des saints. Eysyitl, leÿdèles receuaienr
la o/"àirirî'jr, éuêques ou
des supérieurs. Puis ils uisitaient lis maisons de leurs:
pare"r, ,r',""illrrrnces pour

83
LE GRAND CARÊN{E

demander leur pardon et, comm€ signe de paix mutuelle, ils échangeaierut des q
pains préparés spécialement pour ce jourt.
Aujourd'hui, ce rite a lieu dans tous les mzndstères et ?droisses. Pendant que
chacun demande pardon, oru chante généralement les hirmi du canon des stichères
de Pâques. En ce jour comme le jour de la Résurrection, « nous nous embrassons
les uns les autres, disant 'frères" aussi à ceux qui nous haîssent, pardonnant touf ,
à cause de Celui qui n jeîlné, a été crucifié et est ressuscité pour nous. Ce chanr
de Pâques tr()uue aussi sa justifcatioru dans le fait que les asiètes partdient dans le
désert, parfois y trouuaient la mort, €t duaient ainsi entendu les chants d.e Pâques
duant leur trépas. ù
Le père Alexandre Schmemann répond à la question que nous nzus ?osznt h
souuent: « Pourquoi deurais-je dcczmplir ce rite, alors que je n'ai pas 'U'ennemis" I t
Pourquoi deurais-je drmander pardon à des gens qui ne m'ont rienfait et que je ne
corunais qu'à peine ? Poser ces questions, c'est méconnaître l'enseignement orthodoxe
F
th
au sujet du pardon. Il
est urai que l'inimitié ouaerte, la haine personnelle, h I
réelle animosité peuaent être absents de notre uie, et si tel est le cas, il ruzus esT f,
plus facile de nous repentir, cdr ces sentiments contredisent ouu€rtement les diuin: h
commandements. Mais I'Eglise nous réuèle qu'il y a des manières bien plus subtiles m
d'ffinser l'amour diuin. C'est I'indiffirence, l'égoiîme, le manque d'irutérêt pour hr
--) ltutrui, du urai souci pour eux - en bref, ce mur que nous érigeons habituellemenr &
Autour d.e nous-mêmes, ?ensdnt qu'étant'polis" et'bmicaux", nous accomplissorus {ü
les commandements de Dieu. Le rite du pardnn est si important précisément ?arce t
qu'il nous fait prendre conscience -fr.r.t-ce au moins une n'tinute durant - que toute F
notre relation à autrui est faussée, il nous fait expérimenter cette rencontre d'un
il
F
enfant de Dieu auec un autre, d'une ?ersznne créée par Dieu auec une autr€, û
nous fait ressentir la "reconnaissance" mutuelle qui manque si terriblement daru &
notre monde foid et déshumaruisé. Eru ce soir unique, tout en écoutdnt les joyeuse: g
hymnes Pascales, nous sommes appelés à faire une découuerte spirituelle: goîtter à rü
un dutre mode de uie et de relation à autrui, à une uie dont l'essence, c'est l'amour,
N7us ?ouu7ns découurir que PdrtTut et toujours, l'amour diuin incarné, le Christ, &
setient au milieu d.e nous, transformanT notre aliénation mutuelle en fraternité,
En m'auançant aers I'dutre, alors que I'autre uient uers moi - nous commençons à f,l,r
réaliser que c'esr le Cbrist qui nous amène l'un uers I'autre, par Son d.mour ?our ü
cltacun d'entre nou!. , ,&

tlr
,t
dr
1. S.V. Boulgakov, <<Livre de chevet des célébrants
'>
(Hacmotaaas Kruza), Kharkov, 1900.
Ç
P.199.
2. Canon de Pâques, doxasticon des Laudes. ry
3. Père A-lexandre Schmemann, Le Grand Carêrne. Ascèse et liturgie dans l'Église trthodoxe, éditions
de Bellefontaine, 1989. fr

B4
DIMANCHE DE LE,XPULSION D.ADAM

Synaxaire du Triode

Ce jour nous faisons mémoire de l'exil d Adam le premier homme


du Paradis des délices.
Que le monde se lamente amèrement avec les ancêtres.
déchu avec eux par la nourriture succulente.

ceme mémoire, nos saints Pères l'ont placée avant le carême, comme pour
nous montrer dans les faits combien le remède du jeûne esr urile à la nâture
humaine et combien est.lamentable ce qui vient de la gloutonnerie et de la
désobéissance. Laissant de côté les domàages infinis ciusés dans le monde
par ces passions,.les Pères nous présentent Âdam le premier créé, montrant
la souffrance qu'il avait éprouvèe p.our n'avoir pu ,'rbst.nir d'un peu de,_-_
nourriture, introduisant ainsi [e mal] dans rrotre natrrr.. Ils nous ,rrôrrrr.rrt'3--
aussi clairement la vertu du jeûne, ce premier commandement de Dieu aux
hommes. Adam,.ayant cédé â ron ,.nù. ou plutôt au serpenr rrompeur, par
l'inrermédiaire d'Ève, non seulemenr n'esr pri d.rr.rr,l dieu, mais il srest atiiré
la mort, et a rransmis la souillure à tout le gènre humain. Cjert donc en raison
de la délectation du premier Adam q,r. 1". seigneur a jeûné quarante jours
et qu'Il est.demeuré obéissant, et c'esipour celi que le présenicarême'a été _
conçu par Ies saints Apôtres, afin qu'en suivant lê précËpte qu'Adam n avaii*--
pas observé, nous jouissions, par le jèûne, de l'incorrùptibilite q" it lui-même
perdue. Au demeurant, comme nous l'avons déjà dit, le but dès saints "
[pères]
est d'exposer brièvement [ici] les æul,res divines depuis le début jusqu àla fin.
Et puisque la transgression d'Adam er sa chute du Éaradis des déiicei furent la
cause de tous nos malheurs, les. Pères- ont proposé d'en faire mémoire, afin que
nous fuyions son exemple, au lieu d'imirèr sàn intempérance.
^ Le sixième jour, Adam fut donc façonné par la màin de Dieu, honoré de
son image par son soufle et, receyant aussiôt son commandement, il passa
jyrq"? six. heures dans le Paradis ; puis, âyanr rransgressé le comma.rd.eÂent,
il en fut chassé. Lhébreu Philoni àit qu'Adam auàit passé cenr ans dans le
Paradis; d'aurres parlent de sept jours ou sept annéei à cause de la valeur
de ce nombre. Mais le christ-no.r, ..,orrtié que c'est à la sixième heure
qu'Adam etendit la main et saisit le fruit. " Le sixièÀe jour et à la sixième hel,r.,t.- '
Il étendit Ses mains sur la Croix pour réparer l'action destructrice de celui-ci.
Adam a été créé à mi-chemin entie la coiruption et l'incorruptibilité afin que,
de quelque côté qu'il penchât par son choix, cela lui firr acquis. car il .r"ii* -
fg."l:ry:1, possible à Dieu de le créer immortel, mais pour lustifier son choix,
Il lui défendit de toucher à un seul arbre parmi tous l.i ,,rrrêr; ce qui signitaii
1 Ph,l"(1, *J .-.c.-54) fut un philosophe juif hellénisé à Arexandrie, qui commenra la Loi de
rvrorse oe raçon allegortque.

B5
LE GRAND CARÊÀ48

probablement que l'homme pouvait accéder à la connaissance de roures les


créatures de la puissance divine, mais en auclrn cas à celle qui se réfère à la natr.rre
de Dieu. Grégoire le Théologien considérant en philosophe que les arbres sonr
les connaissances divines, tandis que la plante représente la contemplarion, a
dit: Dieu a donc ordonné à Adam de s'intéresser à tous les autres éléments et
aux autres qualités, d'y appliquer son esprit et de rendre gloire à Dieu, car c'esr
là que résident les vrais délices. Peut-être lui a-t-Il demandé de s'enquérir aussi
de sa propre nature, mais pour ce qui est de Dieu, de ne pas chercher à savoir
qui Il est par nature, ni où ni comment Il a tiré l'univers du néant. Mais lui.
délaissant les autres recherches, se mit plutôt à sonder ce qui concerne Dieu er
à scruter soigneusement Sa nature. Comme il était, en ces matières, un enfànt,
un débutant, sans.aucune expérience, il tomba lorsque Satan lui suggéra, par
I'intermédiaire d'Ève, l'idée^de déification. Pour [réserver l'Écriture, mais
sans s'en tenir à la lettre, le grand et divin Chrysostome dit que cet arbre
avait un double pouvoir et il affirme, en philosophe, que le Paradis était sur
terre. Il l'imagine à la fois intellectuel et sensible, comme l'était Adam, et ie
place n au milieu » entre Ia corruption et l'incorruptibilité. Certains disenr
que l'arbre de la désobéissance était un figuier puisque, sachant leur nudité.
[Adam et Eve] se couyrirent aussitôt, en se servant de ses feuilles, et c'est la
raison pour laquelle le Christ a maudit le figuier, comme étant la cause de la
transgression. Car il a une certaine ressemblance avec le péché: d'abord ia
douceur du fruit, ensuite l'âpreté de ses feuilles, et enfin la viscosité de son jus.
Certains ont donné une interprétarion erronée de l'arbre comme représentanr
la conversation d'Adam avec Eve et leur relation. Donc, après avoir transgressé
et revêtu la chair mortelle, après avoir été l'objet de la malédiction, Adam fur
chassé du Paradis, dont la porte, sur l'ordre de Dieu, fut gardée par un glaive
de feu. Devant cette porte, il s'assit, pleurant sur tous les biens dont il s'étaii
privé pour riavoir pas jeûné en temps opportun. Il se lamentait que tout le
genre humain issu de lui devait partager la même condition, jusqu'à ce que
notre Créateur, ayant pitié de notre nature détériorée par Satan, naisse de la
Vierge sainte. En effet, par Son admirable vie, [e Seigneur] nous monüa la
voie pour combattre Ie démon, à savoir le jeûne et l'humilité. Triomphant de
celui qui par ruse nous avait séduits, I1 ramena norre nature à son ancienne
dignité.
Les Pères théophores voulant exposer tout cela à rrayers le Thiode, onr
présenté les événements de l'Ancien Testament: d'abord la création, puis la
chute d'Adam, dont nous faisons mémoire maintenant, puis tout le reste, à
travers les écrits de Moïse et dss prophètes, plus €ncore avec les Psaumes de
David, auxquels s'ajoutent les Ecritures de la grâce. Suivent aussi, dans l'ordre.
les événements du Nouveau Testament, dont le premier est l'Annonciation
qui, selon l'ineffable économie de Dieu, rrouve presque toujours place
pendant le saint Carême; viennent ensuite Lazare et les Rameaux, la sainte et

B6
DIMANCHE DE T]EXPULSION D'ADAM
!

qr.""4g semaine, la lecrure des saints Évangiles et les hymnes qui chantent en
détail les sainres et salvaüices Souffrances ai cnriri; p;ili;ilà;rrection
et le
reste, jusqu'à la descente,de l'Esprit, tandis que_ res ÂËt.,
d., exposent
comment eut lieu la pré.dication .t .ommeni ,ri;';;;r; "pôrr.,
elle rassembla ,o,i, 1.,
lesActesconÊrmentlaRésurrection,àtraverslesmiracles.<*
^.Puisque nous avons souffert de tels maux par re fait qu'Adam, une seure
fois,^n a pas jeûné, voici qu'il en est fait mémoir. à
prer.ri, , ttrr,re. du saint
Carême, afin que, nous rappelant rour
fe qral q,r,"'.rirr1.rJÈAiia.
jeûner, nous nous .mpr.rsiors d'accueillir re jeûne
,u.. ".Ë, (--
., d. l,obr.rver.
ioi.
Afin que, qu'Adam n'a point atteinr, à savoir'la deificatio", ,à1, t'our."i""r,
ce
nous, par le carême,pleuranr, jeûnant er,nous humiriant,
;"rqJl ce que Dieu
vienne nous visiter- En effet, sans cela, ir n'est pas facire â.
ëaro,r,r., ce que
nous ayons perdu.
et Srlnde Quarantaine est la dîme de toute l,année: puisque
^^9i,:,:ir-111
par fainéantise, en effet, nous ne voulons pas jeûner continuellement
et nous
abstenir du mal, les Apôtres et les sainà péres nous ont transmis
celle-ci
comme une moisson^des âmes: afin que nous nous détachions
de tout le
mal que nous ayons fait au cours de lànnée, dans la .o",ririo"
er en nous
humiliant par ce carême que nous devons ob;.;;;; d; àç"ilüs
exacre. car
Ies drvrns l'eres nous_ont rransmis également trois
autres ieùnes: celui des <'
sainrs apôtres, celui de la Mère de ùieu er celui de Ia Naiivité,
ce qui fair
quatre, un pour chaqrle saison de l'année. Mais ce carême, nous
l'hoirorons
davantage, à cause-de la P1ssi9n,
Lui-même avant $ parce que c'esr ..t"i qJ" ,u***g le christ
lloi.se " ,.çi l" L;i après avoir§_--
d'être glorifié. Dê mêmâ
ieûné quarante jours; pensons aussi à Éri., à Danier ., l ,à", .."" qïi orr, été (-
éprouvés devant Dieu. Et le bien-fondé du jeûne, Adam i.
contraire. c'est donc pour cetre raison que lei saints pères ont-o.r*.
par son
rorl.,
fip;i;
ici l'exil d'Adam.
Par Ton ineffable miséricorde, ô christ norre Dieu, rends-nous
.l.,dignes des
délices du Paradis et, prends pitié de nous, Toi q"r ,.ul J-.r
Amen.
ho*-.r.

Exnaits de l'ffice dujour

L'ofice dyt samedi soir n'est.quasiment chanté qu€ sur le ton 6 et


, même s,il y a
les autres chants ordinaires, il'est enueroppé dani ,r;, o;;;iia* i"lïirriît
?eut pre.ndre tour à tour un caractère triite, recueitti, humbtï, *,ioi, mais aussi
solennel et imporrdnt.
Le Kondakion, qui habituellement suit la mélodie des tropaires,
est chanté
exceptionnellement sur celle des stichères
- unefois ,rro* poui * n"ah* grarr,

87
LE GRAND CARÊME .

mineure et solennelle. Comme à I'habitude l'ihos est lu, seule sa dernière phrase ol
est chantée. Ici, il est scindé en plusieurs ?arties et on chante après chaiune la UT
même dernière phrase: « Miséricordieux, àie pitié de moi qui suls nmbé r. Ceb -.rd
ressernble beaucoup au refrain du canon de saintAndré de Crète chanté durant l"a
- ry
-
Pyemlère semaine de Carême et nous place encore un peu plus dans I'atmosphère ME
du Carême qui arriue.
Durant le pré-carême, on est ?dssé du ton 1 (le tout premier stichère du 7îiodz) I'
au ton 6 (le dimanche précédant I'erutrée dans le Grànd carême). Le ton 6 est Cd
dg plus en plus présent jusqu'à deuenir le ton dr la quasi-totalité des hymnes
4rr!"
du Ti,iode chantés lors des uigiles de ce dimancbe.
{iE
I:]
Les tons et les mélodies dccompagnent et soutiennent la prière ; de la mêmefaçon
que les textes liturgiques accom?agnent et souTiennent la uie spirituelle des fidéhs.

Vêpres du sameü, stichère du me combler de tes feurs. Et le ii[r


Lucernaire ton 6 Sauveur lui répondit: Je ne veux rm$
Mon créateur, le Seigneut prenanr pas détruire ma créarure, mais Je Gràr
du limon de la terre, insuffiant veux qu'elle soit sauvée et qu elle &rsr
tu+
en moi une âme par Son soufle parvienne à la connaissance de la\
vivifiant, me donna la vie et vérité, car celui qui vient à moi, Je
m'honora, m'établissant chef de ne le jetterai pas dehors. rtæ
tout ce qui est visible sur la rerre et ,u
me faisant partager la vie des anges, Matines du dimanche, canon, frrri
mais Satan, utilisant le serpent, Ikos, ton 6 Cû
m'a séduit par la nourriture et Adam s'assit autrefois et pleurait
m'a séparé de la gloire divine, me en face des délices du Paradis;
livrant sur rerre à la mort la plus se frappant le visage, il disait: hun
profonde; mais Toi, Maître et Miséricordieux, aie pitié de moi, ,/h
miséricordieux, rappelle-moi. qui suis tombé. pt
&*
Id., apostiches, ton 6 Voyant l'ange qui le chassait et h
Adam fut expulsé du Paradis à fermait la porte du divin jardin, ni
cause de la nourriture; assis devant Adam se lamenta profondément, ü-Ei
la porte, il pleurait et se lamentait
d'une voix attendrissante, disant:
et dit: Miséricordieux, aie pitié de
moi, qui suis tombé.
&t-
_'lL
Hélas, quelle souffrance je subis, mEi!
misérablequejesuis ; j'aitransgressé Ô Paradis, compatis à la douleur Ëd
seul commandement du de ton maître réduit à la misère .&F
Maître et me voilà privé de roures et par le murmure de tes feuilles drm
sortes de biens. Paradis très saint supplie le Créateur de ne pas te I}nlËr
qui pour moi fut planté et qui à fermer: Miséricordieux, aie pitié
cause d'Eve firt fermé, supplie ton de moi, qui suis tombé.
Créateur qui est aussi le mien de

BB
DIMANCHE DE LEXPULSION D'ADAM

'-lse Ô Paradis parfaitement vertueux, tu I'y introduis à nouveau par


la tout saint, bienheureux-, qui pour Ta Croix et "la Passion, mon
-:la
Adam fut planté et par Eve fermé, Sauveur et mon Dieu; aussi
.la suppiie Dieu pour ceh"ri qui est par Elles, donne-nous la force
are tombé. d'accompiir impeccablement
le jeûne, et d'adorer Ta divine
/€) Id., autre exapostilaire,ton2 Résurrection, la Pâque salvatrice,
€rt Celui que tu avais d'abord chassé par l'intercession de Celle qui
:tes du Paradis pour avoir goûté t'enfanta.
au fruit de l'arbre, Seigneur,
0n
95. Le dimanche du Pardon, aux Vêpres

Au Lucernaire, il y a dix stichères (comme pour les jëtes) pour d.onner un


cltrdctère solennel et implrtdnt à cet o/fice qui marque l'entrée dans le Grand
Carême. Tbus les cierges sont allumés et les ornements sont enczre dorés comme le
dimanche.
Aprà l'hymne de la Petite Entrée (n Lumière joleuse, de la sainte Gloire du Père
immortel. .. ») on chante le prokimenon, nommé o grand. prokimenon » ; il est
répété quatrefois et demie (au lieu de deuxfois et demie d'ordinaire). La mélodie
est plus ornée, donc plus longue et cltantante, elle a un cdrdctère de Carême,
humble et paisible.
C'est le début du Grand Carême. Le lecteur lit lentement la prière « Daigne
Seigneur nous garder ce soir sdns ?éché... » €t, pendarut ce tem/)s, les ornentents
dorés sont remplacés par d'autres foncës (en général uiolets), on éteint toutes les
lumières (il ne reste que les petites ueilleuses deuant les icôneÿ.
Immédiatement dprès, il y a la litanie du soir et la mélodie ttsuelle est remplacée
pdr une autre dite o de Carême , (dans le même esprit que le grand prokimenon) :
humble et paisible.
On chante ensuite le dernier cbanr des Vêpru (o Vierge A[ère de Dieu »), à la
manière du Granc/ Carême: la mélodie ett propre aa Carême, chaque tropaire
est suiui d'une grande métaruie. Après la prière uespérale, on récite celle de saint
Lphrem accompagnée de métanies.
Nous sommes maintenant entrés dans le Grand Carême, et les affices sont
diffirents et cela pendarut les quarante jours.
Enfn, perudant le rite du Pardon, le chæwr chante doucement les stichères de
dffiren): nzus entrzns au désert pour
Pâques (selon les traditions cela peut être
quardnte jours, comme le Christ, mais nous uq/zns déjà au loin Sa lumineuse
Résurrection.

89
LE GRAND CARÊME

Vêpres du dimanche, 3" stichère Id., aposticheton4 i


du Lucernairertoîz Tâ grâce a brillé, Seigneur, -ul

Commençons le temps de ce l'illumination de nos âmes {


Carême radieusement, nous a resplendi; voici le temps ü
adonnant alx combats spirituels, favorable, voici le temps de la 4
nettoyons notre âme, purifions pénitence; rejetons les æuvres r
norre chair; de même que nous des ténèbres et revêtons-nous q!

jeûnons de nourritures, abstenons- des armes de lumière, afin ü


nous aussi de toute passion, nous qu'ayant traversé le vaste océan fl
délectant des vertus de l'Esprit; du Carême, nous parvenions à d
les accomplissant avec amour, la Résurrection du troisième jour ü
puissions-nous être dignes de voir de notre Seigneur Jésus-Christ, le ,d

la très vénérable Passion du Christ Sauveur de nos âmes. m

notre Dieu et la sainte Pâque, en d

nous réj ouissant spirituellement. I


5

t
Homélie !
I
I
Saint Jean de Cronstadt ,n

Aime Dieu et ton prochain I


{
n Si vous pardonnez aux gens leurs péchés, yotre Père céleste aussi vous {
pardonnera vos péchés ,, dit le Seigneur (Mat. W, 14-15). I
Ce dimanche s'appelle dans la langue populaire n dimanche du Pardon,,. I
Depuis les temps anciens, on garde la coutume en ce jour et durant toute la I
semaine de la Tyrophagie, de se demander mutuellement pardon pour les
(
péchés commis l'un envers i'autre. Magnifique coutume, authentiquement
èhrétienne: qui de nous, en effet, ne pèche pas contre son prochain, que ce I
soit en paroles, en actes ou en pensées ? En demandant pardon à I'autre, nous I
.-
- montrons notre foi en I'Evangile, notre humilité, notre refus du mal, notre (

amour de la paix. Au contraire, ne pas désirer demander pardon montre notre I

peu de foi, la suffisance, la rancune, l'insoumission à l'Evangile, la résistance à I

Dieu, la complicité avec le Diable. I

Pourtant, nous sommes tous enfants du Père céleste par ia grâce, membres I

du Christ notre Dieu, membres de l'unique corps, I'Eglise, qui est Son corps,
et membres les uns des autres; Dieu est amour (I Jn. IV B) : et plus que tous
Ies holocaustes et les sacrifices, Il exige de nous un amout mutuel, qui est
pâtient, fait miséricorde, nlenvie pas, ne s'enfle pas, ne s'enorgueillit Pas, ne
fait pas de scandale, ne recherche pas son intérêt, ne s'irrite pas, ne tient pas

90
DIMANCHE DE LEXPULSION D'ADAM

rancune,.ne se réjouir pas de l'injustice, mais se réjouir de la vérité. Il excuse(-


rour, croir rour, supporre rour et jamais ne cesse (I cor, xrII, 4-B). Toute la
loi tient en deux mots: aime Dieu et ton prochain. Le cceur de l'Éomme est
extrêmement égoïste, impailent, jaloux de ion dû, méchanr er rancunier: il est
prêt à s'emporter contre son frère contre un mal patent mais aussi pour un mal
imaginaire, pour une parole offensante, mais auisi pour une prrol. équitable
ou rranchanre - er m§me pour un
Iggard qui a semble peü indulgè.rr, o,.,
équivoque, rusé, fier, c'est tour juste s'il ne s'emporte p"r .oït.. les pàsées du
prochain, celles qu'il lui invente. Le Seigneur qtrl rorrd^. Ies cæurs dii ceci: c'est
du cæur que sorrenr les pensées méchùtes, aàultère, débauche, meurrre, vol,
e.Tportemgnt, méchanceté, fourberie, obscénités, envie, blasphème, orgueil,
déraison (Mc. vII, 21-22). À la méchanceté humaine doit être op[osée
l'infinie bonté et la grâce toute puissante de Dieu; avec son secours, il èst aisé
de.fuir tout mâl_par la douceur, la bonté, l'esprit de concession, la patience er é*
la longanimité. Je vous le dis, déclare le seigÂeur, ne résistez p", ,ü méchant.
si.quelqu'un.te frappe sur la joue droite, ënds-lui l'aurre; Ëelui qui yeur re
laire un proces et prendre ta tunique, donnelui encore to.,
-r.ri.ru (Mat..'
Y, 39-40)... En échange des péchès pardonnés au prochain, le père céleste

nous promet le pardon de nos péchéi, l'acquitrement au Jugement dernier,
la béatitude éternelle: les miséricordieux obtiendront miiéricorde (Mat. V
7). La méchanceté invétérée doit s'attendre au juste jugement de Dieu er au-
tourmenr éternel. É.out., ce récit qui montre lo-É.it Dieu punit Jc, i.i-'.=-
bas les méchants qui ne veulent pas ie réconcilier entre eux. Dans la laure des
Grottes.de Kiev, il y avait deux solitaires deux moines -, le prêtre Tite et le
-
diacre.Evagre. Après avoir vécu quelques années en bonne inielligence, pour
une raison quelconque, ils se prirent d'inimitié et de haine l'un eniers l'aùtre;
leur animosité mutue[e dura fort longtemps, er eux, sans se réconcilier, avaient
l'audace d'offrir à Dieu le sacriÊce r,àr, ,aÀglart de l'Autel.
Tous les conseils de la communauré, dé laisser là leur colère et de vivre
entre eux dans. la paix et la bonne enrente, demeurèrent yains. Un jour le
prêtre ïte tomba gravement malade. Désespérant de survivre, il commença à
pleurer amèrement son pe_ché er envoya q,-,èlq.r,r., demander pardon à .àlui
qu'il aimait pas; mais Évagre ne voului *è-. pas en .rtàdr. parler et
.n
se mit à le maudire sans pitié. La communauté dts frères, déplorant un si
grave égarement, l'amenâ de force auprès du mourant. Tte, ,[....r".rt ,o.,
ennemi, se dressa sur sa couche avec l'aide des autres er tomba^devant lui, le
suppliant avec des larmes de lui pardonner. Mais Évagre était si inhumain
qu'il se détourna de lui et s'écria avec fureur: ni dans ceite vie, ni dans l'aurre
je ne vetx me réconcilier avec luil Il s'arracha des mains de la communauté
et tomba à terre. Les moines voulaient le relever mais quelle ne fut pas leur
surprise de le voir morr, er si froid qu'on eût dit qu'ii avait expiré depuis
longtemps ! Leur surprise s'accrut e.r.oie quand ils virËnt au même moment le
6

91
LE GRAND canÊtrar

-5 prêtre Tite se lever en bonne santé de sa couche de douleur, comme s'il n'ayait
été jamais malade. Frappés de stupeur devant un événement si inattendu,
ils entourèrent rte et f un après ltautre l'interrogeaient: qu'est-ce que ceh
signifie ? Il répondit: «J'étais dans certe grave m-aladie jusqu'à ce qüe mol
pécheur, qui niétais emporté conrre mon frère, je visse les'anges ,téloigr,.t
_perte de mon â-. .t les esprits impuls se
de moi et verser des larmes sur la
rejou-rr. Voilà la raison pour laquelie j'ai désiré plus que .our'*. réconcilier
avec lui. Mais comme on me l'aÀenait, que je mê prosàrnais devant lui et quc
lui commençait à me maudire: je vis un ange -èr"çr.rt de le frapper d',.ne
lance de feu et le malheureux tomber à rerre, mort. Et le même ,rgà
la main et me releva de ma couche de douleur. » Les moines
-. tendit
ileurèrent la
terrible mort d'Évagre et depuis lors ils commencèrent à veiller à èe que jamais
le soleil ,. ,. .o,r.Ë" sur l.ür colère.
Frères et sæurs ! La rancune est le plus terrible des vices, elle est aussi
détestable devant Dieu que funeste dans la société. Nous sommes créés à
l'image et à la ressemblance de Dieu: la bonté er l'innocence doivent être
nos-yertus_permanenres; car Dieu se conduit à notre égard selon sa bonté; il
est lent à la colère et nous pardonne sans compter. NJus aussi, nous devons
pardonner. Mais le rancunièr n'a pas en lui l'image et ressemblance de Dieu:
il est plutôt une bête qu'un homme. Amen.

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