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DU CENTENAIRE
THÈME
1922 - 2022
Humble Serviteur du Miséricordieux
Le soufisme dans l’œuvre d’El Hadji Malick SY
Seydi Diamil Niane
Institut Fondamental d’Afrique Noire (IFAN)
Université Cheikh Anta Diop, Dakar
seydidiamil.niane@ucad.edu.sn
Résumé
Le soufisme dans les écrits de El Hadji Malick SY n’est pas connu des chercheurs.
La plupart des recherches sur son œuvre ont mis le focal sur la littérature et
le rôle d’El Hadji Malick dans l’islamisation du pays wolof. Cet état de fait,
s’explique par la stratégie d’action de Maodo. Le manque d’investigation dans
ce domaine justifie ce présent travail dont l’objectif est de tirer la dimension du
soufisme dans les écrits d’El Hadji Malick SY.
Tout d’abord, la position ambivalente d’El Hadji Malick SY entre la critique du
soufisme et son appartenance confrérique semble non comprise par certains
penseurs. Il s’agit d’une démarche qui permet dans un premier temps le
cadrage de la doctrine avec toutes les énergies avant d’orienter vers le droit
chemin du soufisme. C’est pourquoi, si ce travail de toilettage lui éloigne du
soufisme selon certains auteurs, l’appartenance à la Tijanyya lui inscrit en plein
dans la doctrine. Ainsi ses enseignements sur le rapport entre le disciple et son
guide, se fondent sur les critères du soufisme. Le besoin d’accompagnement
de l’aspirant au soufisme montrant l’importance du guide est renforcé dans
la pensée soufie d’El Hadji Malick SY par une règle de conduite fondée sur
l’ascétisme, voie de pureté.
Cet ascétisme dont les écrits basés sur Kifāyt al-Rāghibīn n’accorde pas une place
importante doit être relativisé. L’ascétisme comme principe dans le soufisme tel
que le pen https://www.youtube.com/watch?v=-mxogZ3jm8Q sait quelqu’un
comme Al-Hujwirī (m.1077) est inscrit dans les écrits de Maodo. La pensée à
la mort, le jeûne ou la privation des désirs de ce bas monde tels que formulés
dans Zajr al-qulūb, sont les règles pour guider le disciple dans le soufisme dont
l’origine s’explique par la doctrine de l’unicité de l’être pour certains classiques.
Cependant, si la démarche néoplantonicienne dans une certaine waḥdat
al-wujūd a servi d’explication à quelques soufis, la muḥammadité de l’existence
(muḥammadiyat al-wujūd) est convoquée par El Hadji Malick SY. Selon cette
doctrine, Muhammad est à l’origine de toute création. Il est la seule créature
divine dont la glorification est l’origine de toutes les autres créations. Autrement
dit, tous les hommes possèdent la lumière muhammadienne, qui est le garant
Résumé :
Ce chapitre porte sur le processus de réformes islamiques au Sénégal. Pour y
arriver, il aborde d’abord le processus d’islamisation en Afrique de l’Ouest et
ensuite, un accent particulier sur le réformateur El Hadj Malick Sy.
En Afrique de l’Ouest, le processus d’islamisation s’est réalisé en différentes
phases. D’abord la première étape cherche à islamiser les autorités politiques
africaines. Elle marque l’islamisation du roi Wâr Djabi Njaay (1000-1100) du
Tekrur. C’est sous le règne de sa dynastie que l’islam commença à se répandre
dans le Tekrur qui résista malgré tout à l’expansion islamiste du mouvement des
Al Murâbitûn (Sall 2013). Ensuite, le syncrétisme africain est une phase marquée
par une combinaison des pratiques islamiques avec des traditions autochtones.
Enfin, la phase finale consiste à une purification caractérisée par une application
de la charia. C’est la phase de réforme, qui a pour principal objet de libérer
les sociétés africaines des pratiques d’un islam associé aux traditions. Elle
correspond à l’avènement des mouvements djihadistes.
Au Sénégal, cette phase de réforme a été très longue par rapport aux autres
dont le but était de purifier les pratiques islamiques par l’application de la charia.
Elle correspond à la « guerre des marabouts » de 1673 à 1677 qui était sous le
commandement de Nasir Al Dine. Ce mouvement est apparu au Fouta-Tooro
avec pour mission d’éliminer la dynastie Denyanke (1530-1774) de même origine
haapulaar, de conquérir les terres arables, de lutter contre les impôts imposés
par les français et l’esclavage des musulmans. Cette révolution islamique torodo
est marquée par un contexte politico-social très instable. Elle a été une occasion
pour les missionnaires via le Sénégal d’entretenir des relations islamiques dans
toute l’Afrique de l’Ouest et de bâtir un espace politique fondé autour d’une
constitution appelée le kouroukan fouga.
Conduit pendant longtemps par Ceerno Sileymaan Ba, plus tard assassiné,
le mouvement a vu Abdoul Qaadir Kane lui succéder. Il s’engage à une vaste
islamisation marquée par la création d’édifices islamiques du Fouta-Tooro,
au Cayor, en passant par le Njambur. Ce mouvement a joué un rôle capital
dans processus d’islamisation au Sénégal et dans la sous-région ouest-africaine
jusqu’au dix-neuvième siècle.
(Résumé)
La Tijāniyya est, sans doute, l’une des confréries musulmanes les plus répandues
dans le monde et, en Afrique subsaharienne, particulièrement. A travers elle, se
reconnaissent des millions de fidèles disséminés dans tous les horizons, ce qui,
naturellement, lui confère une place de choix dans le monde musulman.
Les études portées sur cette « Sūfī turūq » témoignent du regain d’intérêt
qu’elle suscite auprès des chercheurs mais, pour autant, plusieurs de ses
champs restent encore à défricher et, beaucoup de ses branches, à l’image de
la Tijāniyya Mālīkiyya, ont le mérite de se voir braquer sur elles les projecteurs
lumineux de la recherche universitaire.
La branche de la Tijāniyya Mālīkiyya, la plus célèbre au Sénégal, est sous la
houlette de El Hadji Malick SY qui l’a installée à Tivaoune, devenue une capitale
dans le cosmopolitisme Tidiane. Tivaoune, jadis, lieu d’étourdissement de
l’âme, centre de délectation où la jouissance était au faîte, est ainsi convertie en
abreuvoir de spiritualité.
L’œuvre d’El Hadji Malick SY est très connue des Sénégalais et, l’étendue de
son influence est une des plus larges. Les fidèles tidianes sont profondément
enracinés dans les valeurs enseignées par Maodo et n’ont pas peut-être besoin
de l’expertise d’un analyste extérieur pour leur rappeler l’importance des
postures socio-politiques du saint homme.
Toutefois, comme il en est de certaines branches la Tarikha, la communauté
scientifique universitaire n’a qu’à peine fait de recherche sur la production
intellectuelle de Maodo et sa contribution dans les sciences sociales.
Ce grand savant sénégalais, aux brillantes contributions balayant un large
éventail de problématiques religieuses et socioculturelles, mérite une abondante
littérature de la part des universitaires. Les travaux pionniers en islamologie,
histoire et littérature d’El Hadji Rawane Mbaye (2003) constituent une exception
dans la publication des grandes œuvres du marabout.
La réflexion d’El Hadji Samba Amadou Diallo consiste donc à remédier à ces
grands errements de l’histoire et de la sociologie des confréries, en montrant
en quoi la vie du saint-savant est parsemée de grandes leçons sur beaucoup de
thèmes, sinon les plus débattus aujourd’hui dans le monde académique.
Cette réflexion est un exercice délicat, tant par l’immensité de l’œuvre d’El
Hadji Malick SY, que par l’extrême prudence à observer devant tout sujet lié à la
religion. L’histoire récente révèle deux illustrations importantes des polémiques
que peuvent susciter les mises au point historiques. La première concerne les
réactions virulentes à l’encontre du Professeur El Hadji Rawane MBAYE qui, dans
une partie de sa thèse rédigée il y a plusieurs décennies, a voulu décrire, sans
complaisance, les réalités historiques concernant les différences d’approches
entre El Hadji Malick SY et les autres chefs religieux, face aux assauts coloniaux
et aux menaces que ces colons faisaient planer sur l’Islam et de la Tidjaniya au
Sénégal et en Afrique. La deuxième illustration concerne les réactions ayant
fait suite à la publication en 2019 de l’ouvrage intitulé « Histoire générale du
Sénégal » sous la direction de feu le professeur Iba Der THIAM.
Malgré la délicatesse de l’entreprise, nous ne devons nullement renoncer
à engager une réflexion sur l’Islam et sur une de ses figures majeures, en
l’occurrence Seydi El Hadji Malick SY (1853-1922). Nous proposons-nous de lire
l’action de cet érudit hors pair d’Islam, sous le double prisme d’un engagement
temporel et spirituel à la fois.
Le rôle majeur d’El Hadji Malick SY dans la propagation de l’Islam et de la
Tidjaniya au Sénégal se comprend parfaitement quand on sait toute la marge
d’action dont il bénéficia, comparé aux autres marabouts de son époque. Ni
exilé, ni neutralisé, Maodo, comme l’appelait affectueusement ses disciples,
avait toute la latitude nécessaire pour prêcher l’Islam, former des disciples et
propager la Tarîqa Tidjaniya.
Notre propos s’inscrit dans la problématique globale du double ancrage dans
le temporel et le spirituel, un phénomène qu’on a pu observer chez nombre de
saints d’Islam. Ainsi, l’itinéraire de Maodo pourrait être résumé de la sorte : autant
il s’est préoccupé du bien-être social, économique, politique et environnemental
des hommes, autant il a excellé dans la gestion l’animation spirituelle de la
société à travers le culte, l’observance de Chari’a et la formation spirituelle. Ce
Résumé :
Tivaouane, ancien terroir des « Tiédos », a radicalement vu son visage et son paysage
se transformer avec la venue et l’installation définitive de Seydi Hadji Malick. Arrivé
à Tivaouane, capitale du cercle du Cayor en 1900, il entama la construction de la
grande mosquée, qu’il a lui-même tracée et dimensionnée en 1902.
1904 est aussi l’année à laquelle la commune de Tivaouane fut créée par
arrêté N°933, 31-12-1904. A cette date, Tivaouane se faisait déjà distinguer
par sa verdure, ses maisons européennes en bois ou en pierres, ses rues bien
tracées et les maisons de commerce bordelaises et marseillaises. Les grands
commerçants blancs monopolisaient le commerce et l’économie locale (Maurel
et Prom Vezias, Buhan Teisseire, Bourdette, Turbé, Chavanel etc.). Ils étaient 66
blancs sur une population de 4252 habitants. En 1906, Tivaouane fut érigée en
commune mixte et devient la 5ème ville du Sénégal derrière Dakar, St Louis,
Rufisque et Gorée. Du statut de chef-lieu de la subdivision du Cayor, Tivaouane
est passée au statut de capitale religieuse de la Tidiania avec l’installation d’El
Hadji Malick Sy et de ses descendants Khalifa Ababacar, Mouhamadou Mansour,
Abdou Aziz et Mohamadou Habib et de leurs fils.
Ils se font un devoir de venir lui rendre hommage aussi fréquemment que possible…»
(AS, 11D1/1261). C’est sous sa vision éclairée, son sens élevé du patriotisme et de
la citoyenneté et sa parfaite connaissance de l’organisation sociale et religieuse
qu’il entreprît un important programme de formation et de socialisation des talibés
autour de cadres homogènes et inclusifs en leur dotant de missions sociales et
religieuses précises qui sont conformes aux messages coranique et prophétique. La
création du Daahiratul kiraam en 1922 a fait tache d’huile au sein des communautés
Tidianes. Partout dans le pays, des dahiras virent le jour.