Edition

Une France

1,30 €
n° 1284 du 18 septembre 2022
Justice et Liberté
actualités le magazine jeux

Dans les coulisses de l’expo

inédite sur Johnny

ARCHIVES JÉRÔME FOUQUET, OUEST-FRANCE

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La première exposition consacrée à l’idole des jeunes (ici, en 2012) est en cours de préparation en Belgique. pages 10-11

Lorsque les murs parlent de nous Mort d’Elizabeth II :

à Londres, la ferveur…
et parfois l’indécence
page 5
Pour les Journées du patrimoine,
la Ville de Rennes a ouvert au public
l’ancienne prison pour hommes
(photo) qu’elle a achetée pour en Plus belle la vie :
faire un lieu culturel et citoyen.
Partout en France, des milliers de
dernier bain de foule
lieux sont ouverts jusqu’à ce soir. à La Rochelle page 6

pages 2, 3 et 4
VINCENT MICHEL, OUEST-FRANCE

Aventure spatiale :
« Une base sur la Lune
d’ici à 2030 »
PHOTO :

page 9
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La prison désaffectée de Rennes fait le plein
Pour les Journées du patrimoine, la Ville a ouvert au public l’ancienne prison pour hommes
qu’elle a achetée pour en faire un lieu culturel et citoyen. 10 000 visiteurs sont attendus ce week-end.
Reportage
« Je sors le cœur serré. On sent qu’il
y a eu beaucoup de souffrance dans
ces cellules sans vue sur l’horizon »,
soupire Annick, à la sortie. Pour Valé-
rie, « c’est imposant, le bâtiment est
beau. Très touchant ».
C’est la première fois que la prison
Jacques-Cartier se visite. Elle n’avait
ouvert qu’une fois au public depuis
sa fermeture : en 2013, pour une soi-
rée festive et pédagogique. Construi-
te à Rennes entre 1898 et 1903, avec
du schiste local, sur les plans de
l’architecte rennais Jean-Marie Laloy,
elle est dotée d’une forme de croix
latine. Vétuste et surpeuplée, avec
464 détenus pour 326 places, elle a
fermé en 2010.
Dans ce site de 13 000 m2, la nature
a repris ses droits. Les pigeons y ont
élu domicile. Depuis 2010, il a servi
de terrain d’entraînement à l’Équipe
régionale d’intervention et de sécurité
de la Pénitentiaire (Éris), mais aussi
de décor pour la série Profilage, le
film La Taularde avec Sophie Mar-
ceau et le documentaire Le déména-
gement, qui retrace le transfert des
détenus vers la nouvelle prison de
690 places à Vezin-le -Coquet (Ille-et-
Vilaine).
Témoignages, anecdotes…
Les visiteurs découvrent les coursi-
ves, les cellules de 9 m2 avec lavabo
et toilette, les petits mots écrits sur les
murs par les détenus, la cour de pro-
menade… Pour ceux qui ont eu la
chance d’avoir une place pour la
La nouvelle vie des anciennes prisons du « plan 13 200 »
Le plan « 13 200 », pour 13 200 pla-
ces supplémentaires en prison, a
abouti, entre 2006 et 2012, à la cons-
truction de nouveaux lieux de déten-
tion, moins vétustes, plus grands.
Des prisons flambant neuves ont
poussé aux confins d’une quinzaine
de villes, réduisant à l’abandon les
vieilles maisons d’arrêt du centre-
ville.
Dix ans plus tard, certaines ont été
réhabilitées, d’autres rasées. Ou
attendent encore de connaître leur
sort, comme l’ancienne prison des
hommes de Rennes qui ouvre ses
portes ce week-end à l’occasion des
Journées du patrimoine. Exemples
au Mans, au Havre, à Alençon et
Nantes.
Faire entrer la ville en prison
« L’ancienne prison de la Visitation
est devenue le nouveau cœur du
centre-ville », ne cesse-t-on d’enten-
dre au Mans depuis l’ouverture, en
septembre 2019, d’un centre com-
mercial chic dans l’ex-lieu de déten-
tion. Et c’est vrai ! Les Manceaux
s’arrachent ses restaurants, bars,
hôtel, coop bio, accessibles de la
grande place de la République.
À Nantes, une guinguette tendance
Journées du patrimoine
Ce week-end, les visiteurs se succèdent dans la prison Jacques-Cartier vide,
exemple de bâtiment carcéral du XIXe siècle
visite guidée de la compagnie
À L’envers, elle est agrémentée
d’anecdotes, de témoignages
délivrés par d’anciens détenus,
surveillants, riverains. Ils évoquent,
« les yoyos pour échanger des ciga-
rettes d’une cellule à l’autre, les cris,
le bruit des clefs, les odeurs, la dou-
« Afterwork » dans l’ancienne prison du Mans, en mai 2018.
a poussé cet été à la place de la
prison, rue Descartes, à deux pas de
la place Graslin. Créée sur le parvis
de la prison centenaire, qui a été
démollie, Goguette sera rejointe
par trois autres établissements
commerciaux.
Des espaces sociaux et culturels
Au Havre, on vient faire du sport là où
vivaient les détenus. La destruction
| PHOTO : VINCENT MICHEL, OUEST-FRANCE
che – parfois lieu de règlements de
compte – les parloirs sauvages… »
Et la vie en prison qui a évolué, avec
l’arrivée des journaux, de la télévision,
des activités culturelles, des unités
sanitaires avec médecin et psychia-
tre. Et du travail : « Il y a eu du rem-
paillage. Les détenus ont fait du tri
| PHOTO : ARCHIVES OUEST-FRANCE
de la prison, en 2012, a ouvert la voie
à un centre socio-culturel et sportif.
Le quartier Danton, plutôt mal fré-
quenté, y a trouvé un nouveau souffle
depuis septembre 2021.
À Alençon, l’ancienne promenade
des prisonniers accueille, depuis
2019, des jeux pour enfants, des
expositions… La ville réfléchit mainte-
nant à rendre accessible l’intérieur de
l’ancien château des ducs d’Alençon
de compteurs électriques, confec-
tionné de serviettes pour Air France,
des draps pour les hôpitaux. Et ont
aussi participé à la fabrication de la
peluche Kiki. »
La prison a connu plusieurs éva-
sions ou tentatives, par tyrolienne ou
via les égouts. Au lendemain de l’une
d’elles, un mot avait été retrouvé dans
une cellule : « Désolé pour les dégra-
dations. Merci de veiller à mes
affaires au cas où je reviendrai. »
Des visiteurs, s’interrogent : « Il y avait
moins de confort mais, semble-t-il,
plus d’humanité… »
« Des détenus moins isolés
qu’aujourd’hui »
Ce que confirment des personnels.
Thierry y a travaillé de 2008 à 2010 :
« On pouvait critiquer la misère, les
conditions d’hygiène déplorables,
mais les détenus étaient moins
isolés. Il y avait davantage de
contacts humains à Jacques-Car-
tier que dans les prisons nouvelles
où tout est cloisonné. »
La prison est aussi un lieu de
mémoire. Une plaque à l’entrée
rappelle que des victimes des rafles
sous l’occupation allemande y ont été
incarcérées. Des indépendantistes
algériens y ont aussi été détenus.
Rennes Métropole a acheté l’ex-
prison en 2021 pour 550 000 €. Son
ambition : en faire un équipement
culturel et citoyen.
Agnès LE MORVAN.
Aujourd’hui, de 10 h à 19 h, à Rennes,
boulevard Jacques-Cartier.
qui a servi de prison pendant deux
siècles.
Et des logements…
158 ont été inaugurés en 2021 à
Nantes et une quarantaine au Mans.
Claire THÉVENOUX.
L’autrice Tatiana de
Rosnay est l’invitée
de dimanche Ouest-
France pour la sortie
de son roman Nous
irons mieux demain.
Elle livre son regard sur l’actualité.
« Je suis une écrivaine obsédée
par la mémoire des murs. On
retrouve ça dans tous mes livres,
car j’ai toujours été sensible à la
magie des lieux. Ce qui me fasci-
ne, ce sont les maisons d’écri-
vains : visiter celle de Victor Hugo,
place des Vosges, ou celle de
mon cher Émile Zola, à Medan. Ça
fait partie de ce qui me touche :
aller voir précisément là où
l’auteur a vécu, où il a écrit, où il a
travaillé… C’est presque un hom-
mage. C’est aller sur les traces de
quelqu’un qu’on admire. »

Une bibliothèque mythique enfin ouverte à tous
Le site Richelieu de la Bibliothèque nationale de France rouvre ses portes ce week-end.
Sa grande salle de lecture, un joyau architectural, est désormais publique.
Reportage
Laurence Engel, présidente de la BNF.
| PHOTO : ANNE-FLORE HERVÉ.
Les travaux ont duré douze ans et
coûté 261,3 millions d’euros mais le
défi était de taille. En 2010, le site his-
torique de la Bibliothèque nationale
de France (BNF), situé entre la rue
Richelieu et la rue Vivienne dans le
IIe arrondissement de Paris, se dégra-
dait, plus rien n’était aux normes et sa
restauration s’imposait. Mais pour
quel usage ?
« Il n’y a jamais eu de doutes sur la
valeur architecturale du lieu. En
revanche, il y a eu de nombreuses
discussions sur la part que devait
prendre, par exemple, la lecture
publique », admet Laurence Engel,
présidente de la BNF.
Avant la fermeture du site, son
emblématique salle Ovale était réser-
vée aux seuls chercheurs. Exit le
public ! Pourtant, au début de sa
construction en 1897, cette salle de
lecture avait pour ambition de s’ouvrir
à tous. Achevée en 1936, elle n’a
jamais occupé sa fonction originelle…
Jusqu’à ce week-end de réouverture,
Éditorial
« C’est pas Versailles ici ! »
Le soleil caresse généreusement
les vieilles pierres dorées d’une
demeure ancestrale. Sous la pau-
me, elles sont lisses et brûlantes,
irradiant ce qu’elles ont reçu :
de la chaleur et un héritage. Ce
week-end, à l’occasion des Jour-
nées du patrimoine, des millions de
Français vont à la rencontre de leur
passé.
Ils marchent sur les chemins de la
petite et de la grande histoire, celle
des lavoirs et des châteaux, des
usines et des échoppes, des ponts-
levis et des monastères. Un temps
de pause salutaire dans un monde
chaotique et violent, gouverné par
l’unique horloge de l’immédiateté.
Ce patrimoine, petit ou grand, fait
de feuille d’or ou de terre glaise,
nous rappelle qui nous sommes et
les longues pages de notre roman
national. Il nous exhorte à faire une
pause dans notre quotidien anxio-
Journées du patrimoine
La salle Ovale dispose de 160 places de lecture.
soit quatre-vingt-six ans ans plus tard.
« Une vraie bibliothèque publique et
gratuite est enfin ouverte aux lec-
teurs et aux visiteurs de tous les
âges au sein de la BNF », se réjouit la
présidente.
Fluidité, transparence, transversali-
tés… Dès le hall d’entrée baigné de
gène où s’invite une pandémie
mondiale, une guerre aux portes de
l’Europe et des dérèglements
climatiques mortifères.
L’homme, qui sait son temps de
vie naturellement compté, prend
conscience que ses errements
pourraient l’emmener vers une dis-
parition accélérée, personnelle et
collective… Le constat est brutal, il a
le mérite d’être global. La barque
est la même pour tout le monde
même si elle prend d’abord l’eau au
fond de la cale avant d’atteindre les
plus belles cabines…
Alors fermons les yeux, les mains
posées sur ces pierres chaudes.
Elles nous parlent de temps long et
du génie de l’homme à façonner
son environnement. Elles racontent
sa capacité à se protéger des
épreuves, à organiser sa survie puis
son confort. Et enfin sa démesure.
Puisque l’heure est au patrimoine
| PHOTO : ANNE-FLORE HERVÉ,
lumière que reflète sobrement
l’escalier d’honneur en acier et alumi-
nium vernis, le visiteur se sent
bienvenu mais aussi impressionné
par la majesté du lieu. Et ce n’est
qu’un avant-goût, car la suite est
éblouissante.
Plusieurs clignements d’yeux sont
et aux économies d’énergie, reve-
nons sur une expression qui tourne
en boucle depuis quelques mois
dans les foyers français : « C’est
pas Versailles ici. »
Au temps de Louis XIV puis de
ses successeurs, l’éclairage était
signe de richesse. Alors que
500 grammes de bougies repré-
sentaient le salaire hebdomadaire
d’un ouvrier, il s’en brûlait des ton-
nes dans toutes les pièces du célè-
bre château.
Et point de flammes faiblissantes !
Les chandeliers royaux se devaient
de briller de mille feux. Les bougies
à peine consommées étaient
régulièrement changées, surtout
quand les monarques entraient
dans une pièce.
Une fois leur royal dos tourné,
les domestiques se précipitaient
pour récupérer les bouts de chan-
delles et faire… des économies.
nécessaires pour prendre la mesure
du joyau architectural qui s’offre au
regard : un ovale de 43,70 m sur
32,80 m, 18 m de hauteur ; un pla-
fond composé d’une verrière ; des
arcades soutenues par seize paires
de colonnes… Et, le long des murs,
trois étages de rayonnages avec bal-
cons. Soit 20 000 volumes, dont
9 000 BD.
Un musée à l’étage
Une offre de médiation numérique –
neuf écrans tout autour de la salle se
fondent dans le décor – invite les visi-
teurs à explorer virtuellement les
22 millions documents que le site
conserve. Quant au mobilier, il est bel
et bien conçu pour accueillir tous les
lecteurs et adapté à un usage agréa-
ble et pragmatique. Ici des fauteuils
colorés pour bouquiner des BD. Là
des tables pour étudier ainsi que des
chaises élégantes et légères, ce qui
facilite le travail des agents d’entre-
tien.
Rien n’est laissé au hasard, tout
a été repensé. Comme le musée à
l’étage, l’autre nouveauté, qui raconte
la BNF en donnant à voir et à ressentir
l’histoire culturelle de la France à tra-
vers ses multiples collections d’objets
et de manuscrits. « Maintenant, on
espère que le public va se saisir de
ce lieu sublime », conclut Laurence
Engel.
Anne-Flore HERVÉ.
Accès libre et gratuit au jardin, à la sal-
le Ovale et à un parcours dans le site.
L’entrée au musée est de 10 €.
Voir aussi sur bnf.fr/fr/richelieu et
bnf.fr/fr/la-salle-ovale
par Philippe Lemoine
L’expression vient aussi de là.
Apparue au XIXe siècle, l’interjec-
tion « C’est pas Versailles ici » se
voulait aussi politique. Comme un
ralliement des opposants à une
royauté qui tentait de se réinstaller
durablement. Une façon de rappe-
ler que le peuple ne financerait
plus les fastes de la monarchie
ayant lui-même des difficultés à
s’éclairer…
Aujourd’hui, c’est à chaque
citoyen de se montrer économe
dans son petit Versailles. Parce que
l’énergie est devenue un produit
hors de prix, parce qu’il nous faut
aussi mesurer l’impact de nos con-
sommations.
Réchauffées à l’énergie solaire,
les vieilles pierres nous racontent
tout cela. Un discours silencieux
où les bruits de l’homme s’effacent
au profit de la sérénité et de
l’expérience.

Des Suédois redonnent vie à un village du Calvados
Depuis 2015, la famille Leffler-Bengtsson partage sa vie entre la Suède et la Normandie.
Pour les journées du patrimoine, Jen Bengtsson et Melin Leffler ont ouvert leur schâteau au public.
Le château de Saint-Denis-de-
Maisoncelles. | PHOTO : OUEST-FRANCE
Dans le petit bourg de Saint-Denis-
de-Maisoncelles, commune du Cal-
vados située à deux pas de la Man-
che, des photos de paysages sué-
dois habillent les bâtiments publics et
les rues de ce village, qui compte à
peine 100 habitants. Cette petite
exposition se poursuit dans une gran-
de allée bordée d’arbres majestueux
et guide jusqu’au château.
Culture suédoise
Cette splendide bâtisse du XVIIIe siè-
cle est la propriété de deux avocats
suédois, qui vivent entre Stockholm
et le Calvados. À l’occasion des
Journées du patrimoine, Jens
Bengtsson et son épouse Melin Lef-
fler ont ouvert les grilles du parc de
leur château aux visiteurs, hier. Un
Aux Rairies, cinq générations les mains dans l’argile
Depuis 1860, la briqueterie Rairies-Montrieux crée, avec les plus grands architectes,
des terres cuites et céramiques dans le Maine-et-Loire. Elle ouvre ses portes au public aujourd’hui.
Reportage
À 69 ans, Rémy Montrieux, PDG de la
briqueterie Rairies Montrieux, bosse
avec passion les « terres d’origine »
des Rairies, commune aux confins
du Maine-et-Loire. Les terres cuites,
ce sont ses tripes, depuis tout gamin.
« Je suis né ici ! » lance-t-il fièrement
en montrant une photo de famille à la
porte d’un séchoir.
La briqueterie, il y est entré à 18 ans.
« Mon grand-père y travaillait beau-
coup à l’époque, quand il est revenu
du STO (Service du travail obligatoire
en Allemagne, pendant l’Occupation
de la France) mais c’était encore très
artisanal. » L’atelier comptait alors
une dizaine de salariés, avec une
organisation « à l’ancienne ». Rémy
Montrieux se souvient des « tas de
terres cuites qui s’empilaient au
milieu des herbes. » Fait main,
authentique, mais pas très moderne.
L’argile d’ici
Aujourd’hui, la briqueterie est recon-
nue « Entreprise du patrimoine
vivant » (EPV), un label d’État qui dis-
tingue les savoir-faire d’exception. Du
patrimoine industriel pur jus, qui fleu-
Journées du patrimoine
Melin Leffler, Jacob, Jens Bengtsson et Esther vivent entre Stockholm
et Saint-Denis-de-Maisoncelles (Calvados).
groupe d’habitants du village s’est
joint à eux en créant une exposition
sur la culture suédoise.
Une trentaine de visiteurs, curieux
et passionnés de vieilles pierres, ont
répondu présent. « Le château est
très beau ! Les propriétaires l’ont
parfaitement rénové tout en respec-
tant son enveloppe d’origine », com-
mente Alain, un habitant du village.
Non loin, une femme papote avec
Rémy Montrieux, devant un four à bois dans son entreprise.
re bon l’authentique. Sa devise ? « Du
bois, du feu et l’homme. »
Aux bonnes vieilles tommettes
d’autrefois, avec leurs chaudes cou-
leurs ocre, ont succédé des cérami-
ques et briquettes chatoyantes. Un
| PHOTO : OUEST-FRANCE
l’une de ses amies. « J’ai travaillé
pendant dix-huit ans dans ce châ-
teau pour les anciens propriétaires.
Je m’occupais de tout : tondre la
pelouse, faire le ménage, cuisiner…
Je n’ai que des bons souvenirs ici,
partage Liliane Nati, un brin d’émo-
tion dans la voix. Je suis heureuse de
voir qu’il est toujours en bon état. »
L’ambiance est simple et convivia-
le. Dans la cour, Jens Bengtsson
| PHOTO : OUEST-FRANCE
nuancier de près de 4 000 couleurs.
Rémy Montrieux a senti le vent
tourner, épaulé par l’artiste Joël
Baudouin. Les ateliers sont restés
un endroit chaleureux, où quatre-
vingt-cinq salariés transforment
et Melin Leffler, tout sourire, servent le
café aux visiteurs. « Acheter ce châ-
teau, c’était une très belle aventure.
On est content de la partager »,
livre Jens Bengtsson, avocat d’affai-
res de 56 ans. En 2015, le couple et
leurs quatre enfants s’étaient mis à la
recherche d’une maison secondaire
en France, loin du tumulte de la capi-
tale suédoise. En un clic, ils étaient
tombés sur la maison de leurs rêves.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là.
« On est tombé amoureux »
Ils nouent des liens d’amitié avec
Martine Loup, la présidente de l’Asso-
ciation pour la sauvegarde du patri-
moine – Saint-Denis-Maisoncelles, et
décident de lui apporter tout leur sou-
tien. « Ils participent à la rénovation
de l’église et ils ont racheté, il y a un
an, le bar du village qui avait fermé »,
explique-t-elle. Modeste, le couple
hausse les épaules.
« On est tombé amoureux de la
déco kitsch de ce bistrot », lan-
ce Melin Leffler en riant. « On n’a pas
fait ça pour l’argent. D’ailleurs, ça ne
risque pas de nous rapporter grand-
chose, mais c’est important de pré-
server ce lieu de convivialité où l’on
peut se retrouver pour boire un
verre », ajoute son mari. Autour d’eux,
l’assemblée est conquise et le café
coule à flots.
Garance FEITAMA.
12 000 tonnes de terre par an. « Nous
avons ici de l’argile à profusion,
extraite à 70 % localement. Il n’y a
pas plus court comme circuit ! »
Le savoir-faire de Rairies-Montrieux,
c’est d’abord d’isoler et d’embellir les
façades. Le patron a aussi l’âme artis-
tique. Il se régale quand « nous fai-
sons du sur-mesure avec les archi-
tectes ». Il partage avec bonheur des
réalisations aussi prestigieuses que
l’ancienne chocolaterie Meunier de
Noisiel (Seine-et-Marne), le viaduc de
Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) et
l’abbaye de l’Épau (Sarthe).
Montrieux-Rairies, c’est surtout un
spectaculaire redressement après
des années de galère, et 11 millions
d’euros de chiffre d’affaires aujour-
d’hui. L’âme de l’entreprise, pour rien
au monde Rémy Montrieux ne vou-
drait la perdre : « J’ai fait restaurer
trois fours à bois », annonce-t-il avec
plaisir. Toujours ce même souci de
l’authentique…
Éric de GRANDMAISON.
Visites guidées p ce dimanche, de 9 à
12 h et de 13 à 17 h aux Rairies (Mai-
ne-et-Loire). www.rairies.com

À Londres, la ferveur… et parfois l’indécence
Alors que les funérailles de la reine Elizabeth II auront lieu demain, la capitale britannique
est en ébullition, partagée entre l’émotion sincère des uns et la cupidité ou l’agacement des autres.
Londres.
De notre envoyée spéciale
Ils ont patienté trois quarts d’heure
sans tiquer près de Buckingham. Se
sont fendus de selfies – souvent fré-
nétiques –, puis se sont agglutinés
sagement derrière les ganivelles, le
long d’une avenue désespérément
déserte. Moue amusée d’un policier :
« Je crois qu’ils ne savent pas ce
qu’ils attendent. Certains espèrent
voir Charles III… »
Point de roi ? Peu importe ! La foule
bon enfant paraît dotée d’un sens de
l’humour délicieusement British. La
camionnette des postiers, une équi-
pe de télé, puis les transporteurs de
toilettes de chantier (salvateurs en
ces temps d’affluence !) ont tous droit
à une holà royale. Cris, applaudisse-
ments, photos…
Emotion et ferveur populaire
« Cette joie est très émouvante. On a
juste besoin d’être ensemble », résu-
me une trentenaire pimpante. Carta-
bles sur le dos, ses enfants Maximi-
lian, 11 ans, et Helena, 5 ans, arrivent
tout droit de l’école. En main, une
lettre « pour la reine » et des tourne-
sols, les fleurs préférées de leurs
grands-parents : « Elle les retrouvera
là-haut. »
Direction Green Park, où s’étirent à
perte de vue des bosquets de bou-
quets, de mots doux, voire… de sand-
wichs à la marmelade. Allusion à la
peluche Paddington, avec laquelle la
reine a partagé un thé lors de son
jubilé, au printemps.
La blague avait fait se bidonner
Rebecca et Sofia Prithard, 9 et
10 ans. À Coventry, où elles vivent, les
deux sœurs ont sauté dans un bus
avec leur mère Jane, jeudi soir. À 1 h
du matin, elles ont atteint Londres et
la file d’attente pour un dernier hom-
mage à la reine, dont le cercueil repo-
se à Westminster Hall.
En les croisant, dix heures plus tard,
on n’a pas eu le cœur de leur dire…
qu’il faudrait piétiner encore des heu-
res sous un vent frisquet. Les autori-
tés ont bien tenté de calmer les
ardeurs : « Renoncez, c’est trop
Xaviere, 10 ans, et Floriane, 6 ans, sont venues déposer des
fleurs et un petit mot à Green Park.
Monde
Sophia, sa sœur Rebecca, et leur mère Jane Prithard sont venues de Coventry pour rendre hommage à la reine. Voilà déjà
dix heures qu’elles font la queue… Ce qui leur a permis de rencontrer de Sam Evans et sa fille Lucy, 12 ans, de Nottingham.
long… » Peine perdue. Dès potron-
minet, vendredi, la royale attente
grimpait à 24 heures. La ferveur ne
compte pas ses heures. Et les plus
endurants ont été récompensés, ven-
dredi midi, par la visite surprise du roi
et de la reine consort. Euphorie et
selfies…
Des prix gonflés
Attablé dans un pub près de la gare
Victoria, le bougon Bob Luke, archi-
tecte quadra à la barbe de hispter et
aux tatouages gothiques, se dit ulcéré
par tant de « monarchie-mania ». Sur
le zinc trône le portrait de Sa Majesté,
comme au kebab d’à-côté. « Je dois
faire une révérence avant de boi-
re ? » ose Bob en levant sa bière.
L’amertume gagne aussi son voisin
de comptoir, Steve Evans, 41 ans :
demain, ce manutentionnaire devait
enfin se faire opérer d’une hernie qui
lui pourrit la vie. Las, ce jour de funé-
Le prince William saluait les personnes dans la file d’attente,
| PHOTO : OUEST-FRANCE hier.
railles étant férié, son intervention est
repoussée. Comme des milliers
d’autres rendez-vous médicaux plus
ou moins urgents. Idem pour les…
enterrements.
« Tout s’arrête pour la reine », fulmi-
ne Bob le républicain. Tout ? Pas vrai-
ment. Les restaurants sont en ébulli-
tion. Et des hôtels jouent les mar-
chands de sommeil. Près de la gare
de Paddington, une chambre sans
fenêtre est proposée à 315 £ (362 €).
Plus excentré, le Snoozebox de Strat-
ford (« boîte à roupillon ») affiche 76 £
pour deux lits superposés, mais tou-
jours pas de hublot.
Sur Belgrave Road, à quinze minu-
tes à pieds de Westminster, Lilye Row
a déniché une fenêtre… à ras de trot-
toir et pour 343 £ (395 €) : « Je ne me
doutais pas que j’avais réservé une
cave ! peste l’infirmière de Notting-
ham. Partout, nous avons l’impres-
sion de nous faire plumer… »
| PHOTO : NEIL HALL, EPA/MAXPPP
| PHOTO : OUEST-FRANCE
Les marchands de souvenirs
royaux « made in China » sont aux
anges. Sur un étal à Piccadilly, une
employée lève les yeux au ciel : « 8 £
pour un drapeau » à l’effigie d’Eliza-
beth II… Elle tait son nom, pour mieux
débiner son patron qui « fait fortune
sur le dos de la reine ».
Certains s’enrichissent, d’autres
décrochent la couronne du zèle.
Comme la Fédération nationale de
cyclisme qui a demandé à chacun,
« par respect », de renoncer au vélo
demain. Et tant pis pour les embou-
teillages monstres. Face au tollé, elle
a depuis fait volte-face, raconte le
Guardian. Idem pour Center Parcs
qui avait décrété la fermeture de ses
complexes touristiques « la nuit des
funérailles ». Bronca des vacanciers.
Ils pourront finalement se recueillir,
ou pas, au bord de la piscine…
Cécile RÉTO.
« Je suis franco-
britannique, et pour
tout vous dire, le
décès de la reine n’a
pas été un choc
– comme a pu l’être
la mort de Lady Diana, qui m’a
complètement bouleversée – car
je savais que la reine était fragile
depuis un certain temps. Ce qui
me touche le plus, ce sont
finalement ces images de cette
famille royale réunie en dépit de
difficultés, la dévotion des Écos-
sais et des Anglais, ces fleurs
dans les jardins de Londres…
Je suis émue par cette ferveur
populaire. »
 Monde/France

Pour les fans, « Plus belle la vie, c’était la famille »

Vingt et un comédiens du feuilleton Plus belle la vie ont partagé un dernier bain de foule avec leurs
fans, hier, au Festival de la fiction de la Rochelle (Charente-Maritime). Un gros moment d’émotion !
Reportage
On n’est vraiment rien/ sans elle…
Qu’on soit noir/ ou blanc… Si on tend
la main/ pour elle… La vie est/ plus
belle… » Il fallait voir ça, hier, à La
Rochelle. Une salle de 400 person-
nes, de tous âges, debout, entonnant
le générique de Plus belle la vie. Vingt
et un comédiens sur scène, chavirés.
Un vrai moment d’émotion, dans un
Festival de la fiction qui présente
depuis mardi les séries qui seront sur
nos écrans demain. Mais Demain
n’appartient déjà plus à Plus belle la
vie. Le feuilleton de France 3 s’arrête-
ra le 18 novembre, après… dix-huit
ans d’existence. Possible qu’une pla-
teforme s’en empare un jour, avance-
t-on chez Newen, la société de pro-
duction qui l’a imaginé. Mais du côté
de France Télévision, on veut passer
à autre chose.
« Comme une seconde
famille »
C’était, hier, la dernière rencontre de
l’équipe avec son public. Au menu,
bain de foule, dédicaces, projection
des meilleurs moments de la série,
bêtisier, test de connaissances pro-
posé à deux équipes tirées au sort. À
ce petit jeu, tout le monde ou pres-
que, savait répondre. « En août 2004,
quelle était la toute première scène
de Plus belle la vie ? » « Depuis com-
Séance de dédicace : les fans du feuilleton patientent pour rencontrer
le comédien Laurent Kerusoré.
bien de temps le bar du Mistral
appartient à la famille de Roland ? »
« Plus belle la vie est devenue la pre-
mière série française à avoir présen-
té quoi ? » Tonnerre d’applaudisse-
ments pour accompagner la bonne
réponse de l’équipe B : « Un mariage
homosexuel. »
| PHOTO : OUEST-FRANCE
« Tous les sujets de la vie étaient
abordés dans Plus belle la vie »,
commente Anais Mainguet, chargée
de recrutement installée au premier
rang. La jeune femme de 32 ans
détaille : « Les relations adultes-ado-
lescents, le harcèlement, l’homo-
phobie… J’ai commencé à regarder
à 15 ans, avec mes parents et
aujourd’hui, même mon mec, ingé-
nieur, s’y est mis. J’ai vécu toutes les
émotions des personnages du
feuilleton, en tant qu’enfant, ado,
jeune maman. C’était comme une
seconde famille. »
« Ça va faire un grand vide »
Alexis Muller acquiesce. 35 ans,
développeur web à l’Institut royal
d’aéronomie spatiale de Belgique, il
est fan depuis 2006 et montre en
riant, sur son smartphone, le site plus-
belgelavie.com, qu’il suit forcément. Il
a pris le train à l’aube pour descendre
à la Rochelle. Ce soir, il remontera
chez lui en avion, avec ses autogra-
phes de Léa François, Cécilia Hor-
nus, Thibaud Vanek, Laurent Kerus-
oré et de tous les autres…
Et après le 18 novembre, le feuille-
ton fini, que sera sa vie ? « Ça va faire
un grand vide, admet-il. Mais j’ai
encore les saisons 1 et 2 à regarder.
Je les ai achetées en DVD. Il y en a
bien pour deux ans. » Peut-être se
rabattra-t-il sur Un si grand soleil,
sur France 2 : « J’aime bien aussi. »
Pas le cas d’Anais. « Moi je ne
regarde que Plus belle la vie ».
Après, je ne sais vraiment pas ce
que je vais faire. » Elle éclate de rire
pour ajouter : « Ouvrir un livre ? »
Pascale VERGEREAU.

Vague d’indignation après Izioum

Les Ukrainiens, mais aussi les Européens et les Américains, Le monde en bref
évoquent des atrocités commises par les Russes. 55 magistrats belges en prison 21 millions de chiites à Kerbala
Pour les États-Unis comme pour Territoires conquis Arrivés hier matin dans la nouvelle
l’Union européenne, la responsabili- Russie par les forces russes prison de Haren, cinquante-cinq
té des Russes dans le massacre de Moscou Territoires repris par magistrats belges en ressortiront
les forces ukrainiennes
civils à Izioum ne fait pas de doute. Républiques prorusses
aujourd’hui, dans l’après-midi.
La présidence tchèque de l’Union autoproclamées Entre-temps, ces volontaires devaient
européenne a appelé, hier, à la créa- être traités comme de vrais détenus.
tion d’un tribunal international pour Russie L’établissement, comptant 1 190
crimes de guerre, après la découver- Kharkiv détenus, doit ouvrir le 30 septembre,
te de centaines de corps près de la Ukraine Koupiansk à Bruxelles.
ville reprise aux Russes par la contre- Izioum
offensive ukrainienne. Dans la nuit Lyman
Zaporija reconnectée au réseau
Dn
de vendredi à samedi, Emmanuel i ep
r
La centrale nucléaire ukrainienne de 21 millions de musulmans rassemblés
Lougansk
Macron a lui aussi condamné « avec Zaporija, sous contrôle russe, a été hier, à Kerbala. | PHOTO : THAIER AL-SUDANI, REUTERS

la plus grande fermeté, les atrocités
commises à Izioum, en Ukraine,
sous occupation russe ».
Les autorités ukrainiennes avaient
fait état, vendredi, de « 450 corps de
civils portant des traces de mort vio-
lente et de torture » enterrés dans un
bois à la périphérie d’Izioum.
De nombreux civils pourraient
avoir été victimes des bombarde-
ments, d’autres morts de faim. Mais
« il y a plusieurs corps avec les
mains liées derrière le dos et une
personne est enterrée avec une cor-
de autour du cou. De toute éviden-
ce, ces personnes ont été torturées
et exécutées », a déclaré le gouver-
neur régional, Oleg Synegoubov, sur
la messagerie Telegram. Quant au
chef de la police ukrainienne, Igor
Klymenko, il a annoncé la découver-
te de dix « salles de torture » dans
Zaporijjia Donetsk
O.-F.
des localités reprises aux Russes
dans la région de Kharkiv, dont six à
Izioum.
« Le monde doit réagir à tout ça. La
Russie a répété à Izioum ce qu’elle
avait fait à Boutcha », a affirmé le
président ukrainien Volodymyr
Zelensky, dans un message vidéo
vendredi soir, se félicitant que l’Onu
(Nations unies) ait annoncé dépê-
cher une équipe pour se joindre à
l’enquête ukrainienne.
Si des journalistes ont pu constater
sur place la présence de corps
entravés, il sera utile d’étayer les
accusations ukrainiennes par des
enquêteurs indépendants des
belligérants.
reconnectée au réseau électrique
ukrainien, hier. Depuis plusieurs
100 km
semaines, le site ne pouvait compter
que sur une centrale thermique pour
refroidir ses installations.
« J’ai une grand-mère
russe, un prénom
russe, c’est donc très
difficile pour moi. Je
vis un enfer, car la
partie de ma famille
qui vit à Moscou est complète-
ment endoctrinée par Poutine.
Toutes ces images de guerre
m’ont bouleversé et depuis, je ne
suis plus en contact avec eux, et je
ne vois pas comment ça va
s’arranger. Je parle autant de la
guerre en Ukraine que de la guer-
re dans ma famille. »
Réunis pour célébrer l’Arbaïn, qua-
rantième jour de deuil pour le marty-
re de l’émir Hussein, figure fondatri-
ce du chiisme, 21 millions de pèle-
rins musulmans étaient rassemblés,
hier, à Kerbala, dans le centre
de l’Irak. Depuis le renversement
de Saddam Hussein (2003), la
participation à l’Arbeïn augmente
constamment.
Huit guépards libérables en Inde
Huit guépards de Namibie, cinq
femelles et trois mâles, sont arrivés
hier en Inde, où l’espèce a été décla-
rée éteinte il y a soixante-dix ans. Ils
doivent être libérés dans le parc
national de Kuno, à 300 km au sud
de New Dehli. Il s’agit de la première
relocalisation intercontinentale de
guépards.

L’accueil de réfugiés divise une commune bretonne
Une double manifestation s’est tenue, hier, à Callac (Côtes-d’Armor), autour du projet Horizon
qui vise à accueillir des familles de réfugiés pour redynamiser le bourg.
Reportage
Les opposants, mobilisés par le parti
Reconquête d’Éric Zemmour, sont
près de la mairie, ils sont près de 300.
Les défenseurs, à 100 m, près de la
salle des fêtes, sont environ
400. Entre les deux, un important dis-
positif de sécurité, et des habitants,
indécis pour certains, médusés pour
d’autres. Hier, Callac est plus que
jamais au centre de la Bretagne.
L’objet de la division : le projet Hori-
zon. Un projet à l’initiative du fonds de
dotation parisien Merci, soutenu par la
municipalité de Callac. Il consiste à ins-
taller et accompagner des réfugiés,
dont les compétences viendraient
combler des carences locales, en
matière d’emploi notamment. Sur vingt
villes candidates, la petite commune
de 2 200 habitants a été retenue.
« Retrait du projet »
Jean-Claude et Sylvain, père et fils,
deux Callacois à la terrasse d’un café,
en zone neutre. D’une mère marocai-
ne et d’un père allemand, le premier
voit ce projet d’un bon œil : « Callac
se meurt, c’est bien de donner à
d’autres la chance de s’établir et ça
fera augmenter la population. » Le
fils se montre plus mitigé : Oui « la
France est une terre d’accueil »,
mais il craint « des risques pour
La France en bref
Décès de Bruno Bonduelle
Bruno Bonduelle. | PHOTO : FRANÇOIS LO PRESTI, AFP
L’ancien président de l’entreprise
spécialisée dans les légumes en con-
serve est décédé vendredi à 89 ans.
Cet emblématique patron du Nord,
fervent défenseur de sa région, a été
PDG de Bonduelle de 1985 à 1994,
avant de prendre la tête du conseil de
surveillance, puis de devenir membre
du conseil d’administration.
Tempête Fiona : un décès
en Guadeloupe
Un homme de 54 ans a été retrouvé
mort en Guadeloupe, emporté avec
sa maison, après le passage de la
tempête tropicale Fiona, dans la nuit
de vendredi à samedi. La tempête a
provoqué de fortes rafales de vent,
l’équivalent de plusieurs mois de pluie
et d’importantes inondations. Hier, les
équipes de secours ont annoncé
avoir effectué 130 interventions et
secouru vingt-trois personnes.
France
Hier, à Callac, deux manifestations se sont fait face à propos du projet d’accueil des réfugiés. | PHOTO : MATHIEU PATTIER, OUEST FRANCE
l’emploi ». À côté, Jeanine ne veut Pour Jean-Yves Rolland, le maire, l’apprentissage du français, la recher-
pas choisir son camp : « Aucune ce projet est une opportunité. « On che du travail… D’autres familles arrive-
manifestation ne me plaît, je vais avait, en octobre dernier, soixante- raient ensuite. « Ce ne sera pas une
rester là, au milieu. » dix-huit emplois non pourvus à Cal- arrivée massive comme on peut
Alors que le maire est resté à l’inté- lac. Avec le fonds de dotation, nous l’entendre mais progressive. » La
rieur de la mairie pour écouter les pri- allons faire en sorte de choisir des commune (2 229 habitants en 2019) y
ses de parole de l’extrême droite, personnes qui auront les métiers voit la possibilité de créer de nouvelles
appelant notamment au « retrait du qui correspondent à ce que l’on infrastructures : une maison d’assis-
projet et à la mise en place d’un réfé- recherche. Mais elles ne seront pas tants maternels, un café-restaurant.
rendum local », son adjointe, Laure- envoyées de force. » À 13 h, les forces de l’ordre repous-
Line Inderbitzin, micro en main dans La commune accueille déjà cinq saient quelques tentatives d’affronte-
la contre-mobilisation, parle « d’un familles de réfugiés, mais ceux-ci ne ment, avant que les deux groupes ne
jour sombre pour Callac. Faisons bénéficient pas (ou plus) d’accompa- se dispersent sans autre incident.
front face aux extrêmes et ne gnement. L’essence du projet Horizon Donovan GOUGEON
cédons pas à leurs intimidations ». est de les accompagner dans et Pauline LAUNAY.
Le frère de Paul Pogba déféré
Mathias Pogba, 32 ans a été présenté
hier à une juge d’instruction en vue
de sa mise en examen. Il comparait,
comme quatre autres hommes, dont
trois déjà mis en examen et deux
incarcérés. Et ce dans le cadre d’une
enquête pour séquestration et tentati-
ve d’extorsion de plusieurs millions
d’euros à l’encontre du footballeur.
En marche devient Renaissance
Lors d’une soirée organisée hier soir
à Paris, La République en marche est
officiellement devenue Renaissance.
Stéphane Séjourné, 37 ans, ex-colla-
borateur du chef de l’État et président
des eurodéputés Renaissance,
prend la tête du parti. Objectif de ce
changement : faire émerger un suc-
cesseur pour l’Élysée.
Le 8e convoi de Mox vers le Japon
Deux assemblages de combustibles
nucléaires Mox (92 % d’uranium
appauvri, 8 % de plutonium) ont quitté
le port de Cherbourg-en-Cotentin
(Manche), hier, en direction de la cen-
trale de Takahama (Japon), après un
retard de 10 jours à cause d’une pan-
ne. Ces matières sont issues des com-
bustibles usés japonais, retraités et
transformés par l’industriel Orano dans
ses sites de La Hague (Manche) et de
Marcoule (Gard). Il s’agit du 8e convoi
du type vers le Japon en 23 ans.
 France

Fabien Roussel craint un climat social inflammable

Hausse des prix de l’énergie, inflation, future réforme des retraites… Le secrétaire national
du Parti communiste entame un tour de France à la rencontre des habitants.
Entretien

Deux manifestations sont

annoncées, le 22 septembre
pour la défense du système
de santé, le 29 septembre
pour les salaires. Est-ce le début
d’un automne mouvementé ?
Quand Emmanuel Macron dit qu’il
veut allonger le temps de travail avec
la réforme des retraites, quand Élisa-
beth Borne annonce une hausse des
prix du gaz et de l’électricité, je me
demande s’ils ne jouent pas à enflam-
mer le climat social. Ils se baladent
avec un jerrican d’essence et un
briquet.

Que vous disent les Français

que vous croisez ?
Ils me parlent de pouvoir d’achat, de
leur travail qui ne paie pas suffisam-
ment, de factures qui augmentent…

Une hausse générale des salaires,

n’est-ce pas utopique ?
Il y a des recettes à aller chercher. Le
gouvernement doit taxer les profits
des grands groupes et cesser de leur
distribuer des milliards d’exonéra-
tions fiscales. Nous demandons aus-
si de mettre un terme à la dérégle-
mentation du marché de l’énergie,
source de hausse des prix. C’est faci-
le d’accuser la guerre en Ukraine,
mais si les tarifs flambent, c’est qu’ils
sont fixés à la bourse.
Vous avez fait campagne
sur le retour des jours heureux.
Est-ce encore possible ?
Les jours heureux, c’est protéger les
emplois, les services publics, les
salaires. C’est retrouver notre souve-
raineté énergétique, alimentaire,
industrielle. Le tout premier program-
me des jours heureux a été écrit par le
Conseil national de la Résistance, en
1945, dans une France en ruines.
Nous, aujourd’hui, face à une crise
difficile, nous ne serions pas capa-
bles de mettre en place de telles
réformes ? Il faut reprendre la main
sur les marchés financiers. Les
richesses produites doivent être
Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français.
mises au service du climat, de l’être
humain, du pays.
Craignez-vous que le
gouvernement passe en force
sur le projet de loi de finances,
la réforme des retraites ?
C’est ce qu’il laisse entendre, en utili-
sant l’arme antidémocratique du
49.3. Cela va aussi mettre le feu au
pays !
Vous sentez-vous encore à l’aise
dans l’union de la gauche (Nupes)
après les critiques de Jean-Luc
Mélenchon vous incitant à cesser
« vos jérémiades » ?
Il ne faut pas craindre le débat entre
nous. Aux législatives, si la gauche a
progressé, elle n’a pas gagné. Si nous
voulons l’emporter, il nous faut con-
vaincre bien plus d’électeurs, ces
26 millions qui ne sont pas allés voter.
Il nous faut renforcer nos proposi-
tions. Il faut nous élargir à gauche.
Pourriez-vous tendre la main
aux socialistes, dont l’ancien
Premier ministre Bernard
Cazeneuve, opposés
à l’accord avec les Insoumis ?
Nous devons nous retrouver ensem-
ble, sans exclure, invectiver. Il nous
faut également sortir de la politique
politicienne pour, d’abord, parler aux
Français. Voilà pourquoi j’entame un
tour de France le 1er octobre, afin
d’aller à leur rencontre, répondre à
leurs questions, être mis sur le gril,
trouver des solutions…
Est-ce aussi l’occasion
| PHOTO : T. SAMSON, AFP
de prendre le pouls du pays ?
Nous sortons de deux élections
importantes et je ressens des inquié-
tudes, des déceptions. Parlons, alors,
du climat, de l’emploi, de l’argent…
J’aborde ce tour de France avec
humilité, et l’espoir que cela change
vraiment.
Êtes-vous prêt à faire
des compromis avec
le gouvernement ?
Entre le Smic à 1 500 € net et aucune
revalorisation, j’espère qu’on trouvera
un compromis dans les semaines qui
viennent. Sinon, comment les Fran-
çais vont-ils payer la hausse de l’éner-
gie ? C’est intenable.
Propos recueillis par
Yves-Marie ROBIN.

La semaine de Chaunu

« Une époque extraordinaire pour le spatial »
Lionel Suchet, numéro 2 de l’agence spatiale française, explique comment le spatial s’immisce
dans notre quotidien et nourrit les ambitions de l’Humanité.
Entretien
Le 73e congrès international
d’astronautique (International
Astronautic Congress ou IAC)
ouvre ce dimanche à Paris.
Le premier s’y était déjà tenu ?
C’est aujourd’hui le plus grand événe-
ment spatial au monde. Ce qui a bien
évolué. En 1951, six ans avant le lan-
cement de Spoutnik, seuls quelques
spécialistes s’étaient réunis dans
l’idée de coopérer et d’échanger.
L’IAC est ensuite devenu un congrès
technico-scientifique classique, avec
la présentation de sélections
d’articles scientifiques. Il est plus
récemment devenu le lieu de rencon-
tre incontournable de tous les acteurs
du spatial : les agences, les indus-
tries, les labos, les musées…
Des coopérations naissent à cette
occasion ?
Bien sûr. C’est l’un des rares
moments où tous les patrons des
grandes agences spatiales se retrou-
vent au même endroit. Mais on cons-
tate aussi un grand rajeunissement
du milieu. Plus de la moitié des
6 500 participants inscrits ont moins
de 35 ans.
Toutes les nations spatiales sont là.
Sauf les Russes ?
Il n’y a pas de délégation officielle de
Russie. Mais les Russes qui voulaient
présenter un papier aux comités de
sélection à titre individuel ont pu le fai-
re. La volonté de l’IAF (International
Astronautical Federation : Fédération
internationale de l’astronautique) est
de continuer à rassembler tous les
pays. Donc, d’une façon ou d’une
autre, toutes les agences spatiales
sont présentes… Sauf celle de la
Corée du Nord.
Que signifie le slogan Space for @ll
adopté cette année ?
Que l’ont en ait conscience ou non,
nous utilisons tous les jours les don-
nées d’au moins une quinzaine de
satellites, que ce soit pour la météo, le
GPS… Dans l’agriculture, la pêche,
l’aménagement du territoire, on ne
peut plus se passer du spatial.
L’actualité spatiale des derniers et
prochains mois est foisonnante ?
Les premiers résultats du James
Webb Telescope, le premier rover
martien chinois, les extraordinaires
enseignements sur le Soleil de Parker
Solar Probe et bientôt de Solar
Orbiter (sonde européenne dévelop-
pée avec la Nasa), le premier essai de
redirection d’un astéroïde (la mission
DART qui doit « tirer » son projectile le
26 septembre), et bien sûr la mission
Artemis qui entamera le retour sur la
Lune. Je travaille dans le spatial
depuis trente ans. Je suis trop jeune
pour avoir connu les grandes excita-
tions des premières missions côté
USA ou URSS. Mais nous vivons
actuellement un moment extraordi-
France
Lionel Suchet, directeur général délégué du Cnes.
naire pour le spatial, sans équivalent
depuis trente ans.
Le lancement d’Artemis I a été
repoussé plusieurs fois. Les délais
et retards sont-ils le lot du spatial ?
Artemis n’est pas un système encore
opérationnel. C’est un test en vraie
grandeur. Il est normal que les Améri-
cains prennent toutes leurs précau-
tions. La mission Artemis 2 qui, elle,
emportera un équipage, n’est prévue
que dans deux ans. Qu’il y ait quin-
ze jours ou un mois de retard sur le
vol test n’aura pas de conséquences.
Ce retour sur la Lune n’a rien à voir
avec les missions Apollo ?
On me demande souvent pourquoi,
cinquante ans après, on n’arrive pas
facilement à envoyer du monde sur la
Lune. Mais les objectifs sont très dif-
férents. Il s’agit d’avoir une base per-
manente en orbite et au sol. Et ce sera
fait dans les années qui viennent, tout
au moins d’ici à la fin de la décennie.
L’objectif final est Mars. Le saut
technologique nécessaire est-il
vraiment atteignable ?
Il n’y a pas de limite physique insur-
montable. Il y a de la compétence et
| PHOTO : CHRISTOPHE PEUS, CNES 2020
de l’expérience à gagner sur la Lune,
mais on ira sur Mars un jour, c’est une
évidence. La question est quand ? Et
elle est liée à la technologie mais sur-
tout à la volonté politique. Une base
lunaire sera déjà un enjeu politique,
voire territorial, important.
La Lune n’est-elle pas un espace
commun par traité ?
Le traité de 1967 et un autre traité le
proposent mais ils ont été conclus
alors que la question était très théori-
que. Et n’ont pas été ratifiés par tous.
Ceux qui seront sur place auront un
peu plus leur mot à dire que les
autres. Les Chinois ont un projet, les
Indiens s’y intéressent, même s’ils
n’ont pas encore de programme de
vol habité.
Sur Terre, le spatial est-il un outil
pour la préservation des
ressources ?
Nous fêtons les 30 ans de notre colla-
boration historique avec le JPL (Jet
Propulsion Laboratory, l’institut de
recherche de la Nasa) sur la mesure
du niveau de la mer par systèmes
satellitaires. C’est la mesure spatiale
qui a la plus grande longévité. Nous
poursuivons cette collaboration avec
le lancement du satellite SWOT (Sur-
face Water Topography Ocean) pré-
vue en décembre. Il aura une bien
plus grande précision et sera surtout
capable de relever les hauteurs des
cours d’eau douce. On va pouvoir
monitorer les stocks d’eau douce de
la planète.
Le secteur privé est de plus en plus
présent dans le spatial. C’est un
mouvement inéluctable ?
Les deux piliers du spatial ont été la
recherche et la défense, deux domai-
nes dans lesquels l’État est fort. D’où
la création d’agences spatiales natio-
nales. La miniaturisation, la baisse
des coûts font que de plus en plus de
pays peuvent se lancer mais égale-
ment qu’une économie privée se
développe. Dans les services, autour
des données fournies par le spatial,
accessibles à bas coût, mais aussi
dans la mise au point et le lancement
de petits engins et satellites. Il y a
quelques années, deux ou trois start-
up par an venaient nous voir au Cnes.
L’an dernier, c’était une par semaine.
Les agences spatiales n’en
sont-elles pas affaiblies ?
Le business ne remplace pas les
agences, car les besoins dans leurs
domaines spécifiques évoluent et
croissent aussi. On le voit en France
avec la transformation de l’Armée de
l’air en Armée de l’air et de l’espace.
Propos recueillis par
Philippe RICHARD.
Le Congrès spatial international a lieu
jusqu’au jeudi 22 septembre au parc
des Expositions de la porte de Ver-
sailles à Paris. Une journée ouverte
au grand public (gratuite mais sur ins-
cription) se tiendra mercredi.
Repères
1957. Naissance à Figeac (Lot).
1984. Diplômé de l’École poly-
technique.
1989. Entrée au Cnes (Centre
national d’études spatiales), l’agence
spatiale française.
1992-2002. Responsable de projet
de trois missions sur la station Mir,
puis superviseur de deux missions
sur la Station spatiale internationale
(ISS).
2003. Crée le Cadmos, division du
Cnes qui prépare, organise et assure
le suivi des expériences en micro-gra-
vité à bord de l’ISS.
2004. Responsable du département
Sciences de l’Univers.
2011. Directeur-adjoint du centre
spatial de Toulouse.
2016. Crée la direction de l’Innova-
tion, des Applications et des
Sciences.
2017. Directeur général délégué du
Cnes.
2022. Coordonne l’organisation du
Congrès spatial international à Paris.
 France

L’intimité de Johnny Hallyday dévoilé

Bruxelles en décembre, Paris en janvier 2024. La première exposition consacrée à l’idole
des jeunes est en cours de préparation en Belgique. Un événement attendu par des milliers de fans.
La chambre du Johnny adolescent,
dans le petit appartement de sa tante
paternelle au 13, rue Tour-des-Da-
mes, dans le 9e arrondissement de
Paris. Un voyage vers le passé effec-
tué à… Bruxelles, dans les ateliers de
la société Tempora. Dans une des
dix-neuf communes composant
Bruxelles-Capitale, Forest, à 1 km de
la salle de spectacles Forest National,
théâtre de quelques concerts mythi-
ques de Johnny Halliday.
La société belge, Tempora, est spé-
cialisée dans la conception-réalisa-
tion d’expositions culturelles, histori-
ques ou scientifiques. Elle coproduit,
avec Laeticia Hallyday, Johnny Halli-
day-L’exposition, un événement qui
ouvre ses portes, à Bruxelles le
20 décembre et ensuite, à Paris, à la
porte de Versailles en janvier 2024.
Dans la tête de Johnny
Henri Dupuis, l’historien de Tempora,
a écrit le scénario de l’exposition. Il
raconte la jeunesse de celui qui n’est
pas encore Johnny. « Après une Une société belge prépare une exposition sur la vie du chanteur. Le costume qu’il porte ici, en concert au zenith de Nantes
enfance de saltimbanque sur la rou- en 2007, est parmi ceux exposés. | PHOTO : ARCHIVES FRANCK DUBRAY OUEST-FRANCE

te, Jean-Philippe Smet se pose à

Paris au moment de son adolescen-
ce. Dans l’appartement, il a son petit
coin à lui. Il peut y accrocher les pho-
tos de ses idoles, James Dean, Elvis
Presley et surtout écouter ses viny-
les. Des pépites arrivées en direct
des États-Unis grâce à son cousin,
Lee Hallyday, chanteur de music-
hall américain. »
Sur un mur de la chambre reconsti-
tuée, des rétroprojections mettront en
scène toutes les idoles de la future
star. Une ligne directrice de l’exposi-
tion : le spectateur sera dans la tête
de Johnny. Symboliquement, quatre
grandes portes rythmeront le par-
cours. Elles prendront la forme du
visage du chanteur aux différentes
étapes de sa vie.
« Dans cette exposition, nous
cherchons à montrer la vie de l’hom-
me et de l’artiste, résume François
Henrard, directeur des projets à Tem-
pora. Nous avons choisi de dessiner
un parcours chronologique, mais
surtout thématique. Les mots de
Johnny représentent l’une des clés
de son univers. Dans son interview
au Monde en 1998, il disait : Je ne
peux parler que de ce que je con-
nais. Quand je dis parler, c’est chan-
ter. Johnny n’a pas écrit les textes de
ses chansons. Il a demandé aux
meilleurs de le faire. Et ce qu’il chan-
te, c’est chaque fois une part de lui-
même. Les mots de Johnny forment
la trame de l’expo ».
Pour moi la vie va commencer ren-
voie à l’espace consacré à la naissan-
ce d’une vedette ; Le chanteur aban-
donné résonne avec l’évocation,
dans l’expo, de la solitude de l’artiste.
Dossier réalisé par
Jean-Christophe LALAY.

Un hommage sous les traits d’une guitare

| PHOTO : STÉPHANE GEUFROI, OUEST-FRANCE
Pour occuper les 2 000 m2 d’exposi-
tion dans un espace épousant la for-
me d’une… guitare, les coproduc-
teurs n’ont pas manqué de matière.
Une carrière de cinquante-sept ans,
rythmée par 1 200 chansons et une
multitude de passions, laisse des
archives. « Par une connaissance
commune, nous avons rencontré
Laeticia Halliday. Elle nous a fait
part de son envie de faire vivre les
souvenirs de son mari, raconte
Benoit Remiche, le patron de Tempo-
ra. Nous sommes vite entrés dans
une relation de confiance et avons
pu lancer le projet. »
Résultat, les équipes de la société
bruxelloise sont aux côtés de
Laeticia, cet été, lorsqu’elle vide la
maison de Marnes-la-Coquette
(Hauts-de-Seine). Un accès exclusif
à une foule de trésors. « Nous serons
ainsi capables de montrer une cin-
quantaine de costumes de scène,
se réjouit François Henrard. Du smo-
king de son premier Olympia
jusqu’à son costume de la dernière
tournée des Vieilles canailles
avec Eddy Mitchell et Jacques
Dutronc. »
De l’autre maison du couple, à Los
Angeles, les Belges vont rapatrier les
trois dernières Harley Davidson de la
star et sa voiture Cobra. Des bijoux
présentés dans « une scénographie
très contemporaine ».
L’exposition sera marquée par du Une vue aérienne (image de synthèse) de l’exposition. | PHOTO : TEMPORA 2022.
spectaculaire à l’image d’un show à
la Johnny. Mais l’homme dans son les a confiées. » quette. Tout le mobilier a été déména-
intimité y aura aussi sa part. Grâce à Les passions de Johnny seront pré- gé à Bruxelles. « Dans ce lieu, que
la confiance instaurée avec sa der- sentes aussi avec, par exemple, sa peu connaissent, il travaillait, rece-
nière épouse, les créateurs ont eu collection de 2 000 DVD. Elle prendra vait ces amis et écoutait de la musi-
accès, par exemple, aux cadeaux place dans la reconstitution de sa sal- que », se souvient Rémy Bouet, un
des fans. Des milliers de portraits, le de cinéma privée, créée dans sa proche, fondateur du fan-club officiel
d’objets offerts, ainsi que les der- maison. L’occasion de montrer une il y a vingt ans.
niers messages posés sur les grilles autre collection : les claps des films Pour guider les visiteurs dans cette
de la villa de Marnes-la-Coquette, dans lesquels il a joué. Certains ont vie de Johnny, un autre intime a
après l’annonce de la mort du chan- gardé les dédicaces d’Yves Rénier et accepté de prêter sa voix. Jean Reno,
teur. Une partie d’entre eux seront de Patrice Leconte. le parrain de Jade, lira le texte de
exposés. « Laeticia avait tout Autre découverte de l’intimité de la l’audioguide. Pour encore mieux
conservé dans des boîtes. Elle nous star : son bureau de Marnes-la-Co- entrer dans la tête de Johnny.
 France

e dans une exposition inédite

Dans les coulisses de Johnny Hallyday-L’exposition
Pour réussir le tour de force de résu-
mer la carrière de la plus grande star
française du XXe siècle dans une
exposition, réunir une équipe solide
est un passage obligé. À sa
tête, deux coproducteurs : la derniè-
re épouse de Johnny, Laeticia,
et Benoit Remiche, fondateur de
Tempora.
La première explique sa démarche
dans le dossier de presse : « Cette
exposition, j’en ai rêvé. Pour montrer
l’homme qui il était, sa simplicité, sa
sentimentalité, sa fragilité, sa proxi-
mité. Pour revenir à l’essentiel, la
musique. Pour faire vivre des souve-
nirs et des émotions qu’il a partagés
tout au long de sa vie avec son
public. »
Son implication dans le projet n’est
pas feinte. « Nous travaillons de
façon très étroite avec Laeticia Hal-
lyday, décrit François Henrard, le
directeur du projet. Nous avons une
visioconférence tous les mardis.
Dès que nous sommes à Paris, nous
organisons une réunion et elle va Rémy Bouet, le président du fan club officiel de Johnny, avec derrière lui, la reconstitution de la chambre du chanteur
venir très prochainement à Bruxel- lorsqu’il était adolescent. | PHOTO : STÉPHANE GEUFROI, OUEST-FRANCE

les, dans nos ateliers. »

Le fondateur du fan-club
Benoit Remiche et son équipe ont
déjà roulé leur bosse dans le monde
des expositions. Ils ont déjà rencontré
des succès public avec Expo Warhol,
Le Monde de Steve McCurry ou 21
rue La Boétie sur l’histoire du grand-
père d’Anne Sinclair. « Une exposi-
tion sur un chanteur, c’est une pre-
mière pour nous, concède Benoit
Remiche. Mais nous l’avons abordé
comme nos précédents projets.
Lorsque nous traitons une tranche
d’Histoire, nous avons recours à
l’art. Quand nous traitons la vie d’un
artiste, nous l’éclairons par l’histoire
politique et sociale au sein de
laquelle il s’est exprimé. Nous les
appelons des expositions de civili-
sation. Johnny est un moment de
civilisation, un moment de l’Histoi-
re ; celle de la France mais aussi de
la Belgique. »
Pour aller au cœur de cette histoire,
les proches du chanteur sont des
sources très riches. Rémy Bouet a
créé, il y a vingt ans, le fan-club officiel
avec Johnny lui-même. « J’avais écrit
un livre sur sa carrière. Il lui avait plu.
Je suis né en 1957 dans le Gers.
Pour un gamin de province, un peu
loin de tout, Johnny est une clé, une
porte ouverte vers la modernité, le
rock. Les autres, comme les Stones,
ont suivi. Des jalons de ma
jeunesse. » Devenu journaliste, bio-
graphe, Rémy Bouet n’a jamais cessé
de s’intéresser à la star du rock fran-
çais : « Quand j’ai vu l’un des costu-
mes de scène retenu pour l’exposi-
tion, j’ai eu un vrai moment d’émo-
tion. J’ai vu plusieurs des concerts
où Johnny le portait. »
De Dior à Yves Saint-Laurent
« Retrouver cette émotion », c’est ce
qu’il attend de l’exposition dont il est
une sorte de consultant. Puis, il pourra
finir d’écrire son prochain livre, « sur
un nouveau Johnny, notamment
avec ses fans ». Il s’appellera L’hom-
me à fans. Sortie prévue en 2023.
Des hommes et des femmes de
l’art sont également nécessaires à la
bonne marche d’une exposition. Vio-
laine van Stratum en fait partie. Celle
qui a travaillé chez Dior ou Chanel a la
lourde mission de bichonner les cin-
quante costumes prévus dans l’expo-
sition : « Pour ces costumes de scè-
ne, Johnny a fait appel aux plus
grands : Yves Saint-Laurent, Jean-
Paul Gaultier, Dior… La haute coutu-
re était attirée par la star. C’est un
grand plaisir de travailler sur ces
vêtements, avec des broderies, du
cuir. Des pièces rares. »
Les anecdotes
de Jean-Claude Camus
La costumière a dû relever un défi :
concevoir les mannequins qui vont
présenter ces trésors. « Sur le mar-
ché, il n’en existe aucun se rappro-
chant du physique du chanteur. Il a
fallu trouver la ligne pour s’adapter à
sa silhouette. Des jambes élancées,
un bassin étroit sont quelques élé-
ments forts de sa morphologie. Un
physique qui a évolué au fil de ses
cinquante-sept ans de carrière. »
D’autres proches apportent leur
pierre à l’exposition. « Jean-Claude
Camus, l’un de ses producteurs his-
toriques, nous a livré de très nom-
breuses anecdotes, notamment sur
ses fameuses entrées en scène.
Une marque de fabrique de Johnny,
révèle Benoit Remiche. Il nous a
raconté cette incroyable traversée
du Parc des princes pour le show de
ses 50 ans, en 1993. Johnny entrait
sur la pelouse à l’opposé de la scè-
ne et devait fendre toute la foule
pour la rejoindre. Une folie à laquelle
ses gardes du corps n’ont pas résis-
té. Le lendemain, Jack Lang lui
demande qui était le connard à l’ori-
gine de cette mise en scène. Il dési-
gne alors son producteur. Un an
après, il refait l’histoire et explique
que c’était son idée. » Ça, c’était
Johnny !
Johnny Hallyday-L’exposition, à par-
tir de 20 décembre au Palais 2, à
Bruxelles et de janvier à juillet 2024 à
Paris, porte de Versailles. Les réserva-
tions pour Bruxelles sont ouvertes
depuis le 15 septembre sur johnny-
hallydaylexposition.com

À gauche, François Henrard, directeur de projet et Henri Dupuis, scénariste et historien chez Tempora, en charge de l’exposition. Au centre, Benoit Remiche,
administrateur délégué de Tempora. À droite, Violaine Van-Stratum, costumière. | PHOTO : STÉPHANE GEUFROI, OUEST-FRANCE

Parents de jumeaux, ils ont dû encaiss
L’annonce d’une grossesse est toujours un chamboulement. Et lorsque les parents apprennent
qu’ils attendent des jumeaux, des sentiments ambivalents s’entremêlent : c’est le « choc gémellaire ».
« Vais-je réussir à les reconnaître ? »
| PHOTO : ARCHIVES FOTOLIA
« C’était un 5 janvier, je m’en sou-
viens très bien parce que c’était fort
en émotions. » Muriel Herbert, mère
de trois enfants dont des jumelles de
9 ans, n’a pas oublié le jour où elle a
appris qu’elle attendait deux enfants.
Ni ce qu’elle a ressenti après
l’annonce. « Ça a été une semaine
de nuits blanches à me poser un
milliard de questions : Est-ce que je
vais m’en sortir ? Je vais grossir oui,
mais à quel point ? Ils vont être pré-
maturés, de combien ? Vais-je réus-
sir à les reconnaître ?… Il y a aussi
du positif, mais ça n’est pas venu
tout de suite pour moi. »
Ce tsunami de pensées vives
et contradictoires a un nom : c’est
le « choc gémellaire ». « L’annonce
d’une grossesse gémellaire consti-
tue, dans la grande majorité des
cas, un choc pour les couples »,
observe Isabelle Sudre, déléguée
nationale de la fédération Jumeaux
et plus, qui accompagne les parents
et futurs parents de « multiples »
depuis plus de quarante ans.
« C’est le deuil de l’enfant unique »
Comment expliquer un tel choc ?
« C’est le deuil de l’enfant unique. Il
faut accepter le fait qu’il y aura deux
bébés et que l’on va devoir construi-
re cette relation autrement, explique
l’experte, également mère de
jumeaux. C’est tout un schéma psy-
chologique qui vacille et qu’il faut
réorganiser pour pouvoir vivre au
mieux la grossesse et l’arrivée des
bébés dans la famille. Car ce n’est
pas évident non plus pour les
grands frères et grandes sœurs. »
C’est d’ailleurs ce qui a immédiate-
ment saisi Justine (le prénom a été
changé), mère de trois enfants, dont
des jumelles de 4 ans aujourd’hui.
« Quand j’ai su que j’attendais deux
bébés, j’avais pile 30 ans et mon fils
en avait 4. Ma première pensée a été
pour lui. Je me disais que c’était un
cadeau empoisonné, que je n’aurais
plus le temps de m’occuper de lui.
D’autant plus que le père était déjà
assez peu présent. »
France
Même réflexion pour Sophie
Kernen, après l’annonce de sa gros-
sesse gémellaire il y a douze ans.
« J’avais deux angoisses : mon bou-
lot, et surtout, mon aînée. Je me
disais : Pourquoi on lui impose ça ?
Comment va-t-elle réagir ? » Le choc
est d’autant plus grand quand la
grossesse n’est pas voulue. Ou par-
fois encore, imprévue.
C’est l’histoire de Pauline et Kévin,
29 ans, parents d’Aubin et Léon, nés
le 11 mai 2021. « Pauline est mon
premier amour. On s’est mis ensem-
ble au collège, notre histoire a duré
près d’un an et demi, puis chacun a
fait sa vie de son côté. Dix ans après,
on s’est retrouvés. » L’annonce de la
grossesse survient quelques mois
plus tard. « Au plus mauvais
moment, dixit Kévin. Pauline allait
commencer un nouveau poste de
direction et moi partir un an en for-
mation à l’autre bout de la France.
Lors du premier examen, l’échogra-
phiste nous a regardés et a dit à Pau-
line : Vous êtes bien enceinte, il y en
a au moins deux. »
« On pesait les pour, les contre »
Après quinze jours d’attente, le
couple reçoit la confirmation qu’il
s’agit de jumeaux et continue de
douter. « On venait de se retrouver,
on ne savait pas si on voulait deve-
nir parents. On vivait dans une mai-
son de 50 m2 dans un petit village.
On ne savait vraiment pas si on
allait les garder, confie Kévin. On
s’est décidés le dernier jour du
délai légal pour avorter. »
Un cas loin d’être isolé selon Isa-
belle Sudre. « Les bénévoles de
Jumeaux et plus reçoivent des
appels de familles totalement pani-
quées à l’annonce de la grossesse
gémellaire, qui envisagent des avor-
tements parce qu’elles pensent
qu’elles ne vont pas y arriver,
physiquement – ce sont des gros-
sesses à risques – moralement,
financièrement… C’est pour cela
qu’on veut montrer aux familles que
c’est possible. »
C’est aussi ce qui a motivé Sophie
Kernen à créer le site Jumeaux and
co il y a onze ans. « À l’époque,
quand on parlait des jumeaux,
c’était forcément terrible. Alors
j’ai voulu montrer que c’était possi-
ble, sans minimiser les difficultés du
quotidien. » L’autrice du livre Parents
de jumeaux – 10 clés pour se
préparer et s’organiser au quotidien
(6,90 €, éditions Hatier) est régulière-
ment contactée par de futurs
parents, qui n’ont pas toujours
quelqu’un avec qui échanger à ce
sujet.
La communauté des parents de
jumeaux devient une source privilégi-
ée. Sur Facebook, les groupes com-
me « Parents de jumeaux » ou
« Parents, futurs parents de jumeaux
et +… si on partageait » sont plébisci-
tés par les familles concernées.
« C’est une mine d’informations
et quand on pose une question, il n’y
a aucun jugement », estime Kévin.
Lui a justement créé son compte
@Papapieuvre sur Instagram pour
pallier le manque de témoignages
de pères.
« Après l’annonce, j’ai cherché des
informations en ligne. Et j’ai été très
frustré, démuni aussi, parce que des
pères qui partagent leur quotidien,
leurs angoisses, les pensées, leurs
conseils, il y en a peu. Et aucun père
de jumeaux. »
Reste à trier les informations…
« Livres, podcasts, réseaux
sociaux… Il y a beaucoup de conte-
nus aujourd’hui. Ce qui fait qu’on a
tendance à se surinformer pour se
rassurer après l’annonce et c’est
normal, relativise Muriel Herbert,
autrice de Jumeaux de 0 à 7 ans
(17 €, Leduc). Mais des parents qui
sont passés par là, ça reste pour moi
la meilleure source d’information et
d’écoute surtout ; avec certains pro-
fessionnels de santé. Mais il faut
qu’ils soient formés, car c’est
particulier une grossesse gémellai-
re, donc l’annonce l’est d’autant
plus. »
« Vous n’êtes pas malade madame »
Justine se souvient d’ailleurs du
contraste, lors de l’annonce, entre sa
sidération et l’euphorie de sa sage-
femme. « J’avais rendez-vous à
l’hôpital pour une simple déclara-
tion de grossesse, mais j’étais telle-
ment mal que je lui ai demandé si on
ne pouvait pas faire une échogra- Quand les parents apprennent qu’ils n’attendent
phie de contrôle. On a vu un premier
bébé et au moment d’enlever la son- me dit : En voilà deux d’un coup, je
de, une deuxième poche. C’était vous fais écouter les cœurs. Une
une telle joie qu’elle n’a pas imaginé minute après, elle m’a parlé de gros-
un instant que ça puisse être com- sesse à risque, de prématurité, de
pliqué pour moi. » réanimation néonatale et a conclu
Parfois, le « choc gémellaire » peut en disant qu’elle n’allait pas pouvoir
aussi être amplifié par l’angoisse du me suivre. » Ce n’est qu’à l’hôpital
praticien. « La réaction de la gynéco- qu’un médecin a rassuré Sophie Ker-
logue a contribué à ce que ça soit nen : « Il m’a dit : Vous êtes enceinte
difficile, estime Sophie Kernen. Elle de jumeaux, vous n’êtes pas malade
m’a demandé combien d’enfants je madame. »
voulais, j’ai répondu trois. Puis elle Charlotte HERVOT.
Le nombre de naissances de jumeaux augmente depuis trente ans.
| PHOTO : EVA MAY CHAN, OUEST-FRANCE

er le « choc gémellaire »
pas un bébé, mais deux, des sentiments ambivalents s’entremêlent.
« Il n’y a jamais eu autant de jumeaux dans le monde »
Entretien
Gilles Pison, professeur au Muséum
national d’histoire naturelle cher-
cheur associé à l’Institut national
d’études démographiques (Ined) et
membre du comité scientifique de la
fédération Jumeaux et plus.
Est-ce qu’il y a de plus en plus
de jumeaux ?
Oui. En trente ans, le taux de gémelli-
té mondial a augmenté d’un tiers :
nous sommes passés de 9,1 accou-
chements gémellaires pour 1 000
dans les années 1980, à 12 dans les
années 2010. Chaque année, on
compte 1,6 million d’accouchements
gémellaires. Ce qui veut dire que près
d’un bébé sur 40 est un jumeau,
sachant que huit jumeaux sur dix
naissent en Afrique ou en Asie.
Et en France ?
En 2020, on comptait 16 accouche-
ments gémellaires sur 1 000. Alors
qu’au début des années 1970, on en
comptait autour de 9 sur 1 000. Ce
France
« boom » des jumeaux touche tous
les pays développés. Mais attention :
ce phénomène ne concerne que les
« faux jumeaux » (dizygotes). La fré-
quence des naissances de « vrais »
jumeaux (monozygotes), elle, reste la
même partout : quatre accouche-
ments sur 1 000.
À quoi est due la hausse des
grossesses de « faux » jumeaux ?
D’abord, par le fait que les femmes
ont des enfants de plus en plus tard.
En France, l’âge moyen à la naissan-
ce des enfants était de 26,5 ans dans
les années 1970. Aujourd’hui, c’est
entre 30 et 31 ans.
Pourquoi plus on « vieillit », plus on
a de chance d’être enceinte de faux
jumeaux ?
Cela est lié à un facteur physiologi-
que. Les « faux » jumeaux, ce sont
deux ovules chacun fécondé par un
spermatozoïde différent. Et la proba-
bilité d’avoir une double ovulation au
cours du même cycle est le reflet de
l’évolution de l’hormone folliculo-sti-
mulante (FSH). Cette hormone est
nécessaire à la maturation des ovu-
les. Or, le taux de cette hormone dans
le sang augmente régulièrement
avec l’âge, jusqu’à 37 ans. À ce
moment-là, il diminue. C’est lié à la
défaillance des fonctions ovariennes
et à la mortalité des œufs fécondés,
d’autant plus fréquente que s’appro-
che la ménopause.
Quel autre facteur explique
le « jumeaux boom » ?
La diffusion de l’assistance médicale
à la procréation (AMP), qui favorise
les grossesses multiples. Il existe plu-
sieurs traitements de la stérilité. En
général, cela commence par des sti-
mulations ovariennes simples. Dans
ce cadre, il arrive plus fréquemment
qu’il y ait une ovulation multiple. Si ça
ne fonctionne pas, on passe à des
techniques comme la fécondation in
vitro (FIV). Pendant longtemps, les
équipes médicales ont implanté plu-
sieurs embryons pour augmenter les
chances de succès, car il s’agissait
d’obtenir une grossesse à tout prix.
| PHOTO : EVA MAY CHAN, OUEST-FRANCE
D’où la probabilité plus forte de dou-
ble ovulation.
Le nombre de jumeaux va-t-il
encore augmenter en France ?
Les équipes médicales ont changé
de technique lors des FIV. La pratique
consiste désormais à implanter un
seul embryon à la fois, quitte à conge-
ler les embryons surnuméraires et à
les réimplanter rapidement, mais par
un, si la première tentative n’a pas
réussi. Les succès en termes de taux
de grossesse sont aussi bons avec
cette méthode, ce qui a poussé le taux
de gémellité à la baisse. Mais le public
qui sollicite une AMP a tendance à
augmenter et on a moins de contrôle
sur les stimulations ovariennes sim-
ples que les FIV. Donc on va probable-
ment garder un taux de gémellité plus
important qu’il y a 50 ans. D’autant
plus qu’on a des enfants plus tard
aujourd’hui et qu’on ne peut pas influ-
er sur ce phénomène.
Propos recueillis par
Charlotte HERVOT.
Temps ensoleillé et fraîcheur à l'aube
Ce dimanche 18 septembre, les températures minimales accusent une baisse significative.
Nous observons 1 à 3° par endroits sous les abris. Cet après-midi, de la douceur à nouveau.
Mer belle

20
En Morbihan, nous relevons 261e jour - 37e semaine 11° 18° 10°

10
1 à 2° avant 8 heures, 3° par Sainte Nadège : 20°
20°
endroits du Maine à l'Anjou ; et Vierge et martyre à Rome avec 12° 18° 14°
4 à 7° partout ailleurs dans les sa mère Sophie. En slave,
terres. Le bord de mer est moins Nadège veut dire "espérance".
frais avec 9 à 12°. Le ciel est très Mer belle 8° 20° 9° 4° 19° 6°
Elle est fêtée en Russie.
peu nuageux, bleu azur, et le

20
10
devient un peu plus tard en baie Prénoms à fêter cette semaine :
15° 20°
de Seine où les brouillards s'y 3° 21° 6°
Lundi Emilie 20°
résorbent lentement. Cette Mardi Davy 6° 20° 8°
5° 9°°
journée ensoleillée est bien 6° 20° 8°
Mercredi Matthieu 17°
douce cet après-midi, 23° au Jeudi Maurice 7° 20° 8°
sud. Vendredi Constant Mer belle
Samedi Thècle 10 6° 22° 8° 6° 23° 7°
4° 22° 7° 4° 22° 6°
5° 23° 8°
19°
Dimanche 18 septembre Lundi 19 septembre
Mer belle
4° 22° 6° 7h59 +2 mn

10
04h11 16h39 10h55 23h30 05h33 18h15 - 12h01
04h14 16h36 10h49 23h23 05h36 18h11 11h52 -
20° 6° 23° 8°
02h13 14h30 08h56 21h36 03h20 15h53 10h04 23h22
00h23 12h39 07h11 19h41 01h23 14h08 08h10 21h06
00h11 12h28 06h52 19h16 01h05 13h43 07h48 20h44
10 20h25 -2 mn
00h09 12h26 06h34 19h02 01h04 13h40 07h32 20h30
11h42 - 05h45 18h15 00h27 13h03 06h47 19h51 6° 22° 8°
10h50 23h40 04h54 17h37 - 12h24 06h05 19h07 20°
10h34 23h35 04h38 17h32 - 12h24 05h52 19h09
Mer belle Dern. croiss
10h28 23h42 04h42 17h31 - 12h36 05h55 19h07
10h34 - 05h02 17h48 00h16 13h22 06h10 19h14
22 septembre
09h54 23h49 04h53 17h39 - 13h26 06h00 19h02
09h43 22h59 05h02 17h49 - 13h54 06h11 19h08
10h18 - 04h37 17h23 00h03 13h08 05h44 18h49
32 27 24 24 10° 19° 11° 19°
Lundi Mardi
9° 20° 10° 21°

6° 20° 9° 21°
7° 22° 9° 24°
8° 21° 9° 21°
7° 22°° 9° 23°°
7° 22° 9° 22°
6° 22° 9° 23°
Frais à l'aube. Des cumulus
Ensoleillé et mais un beau
doux. 8° 21° soleil. Douceur. 9° 22°

16°

16° Mercredi Vendredi

15° et jeudi et samedi
18°

19°

26° Douceur et Pluies et

30° 30° soleil. Plus de averses.
nuages jeudi. Douceur.
27°

Au revoir Élisabeth
Sa famille, ses passions, son règne... De son enfance au jubilé de
platine célébré cette année en passant par son couronnement en
1953.
La vie d’une reine extraordinaire qui aura régné sur l’Angleterre
durant plus de 70 ans.

Édition spéciale en vente en magasin et sur editions.ouest-france.fr