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Catharsis

Pour les articles homonymes, voir Catharsis (homo- 1.1 Platon


nymie).
Chez Platon, elle est le pouvoir de séparer l’âme de son
ignorance crasse[4] .
La catharsis (en grec « κάθαρσις » signifie « sépa-
ration du bon d’avec le mauvais »)[1] est un rapport à Platon va transposer le concept de catharsis à la pratique
l'égard des passions, un moyen de les convertir, selon philosophique. Il reprend l’idée de la purge qui prépare le
la philosophie aristotélicienne en rhétorique, esthétique, corps à une élévation de l’âme en le purifiant de toutes ses
politique. À l'ère contemporaine, en psychanalyse, à la impuretés. Ainsi, Platon prétend que l’âme ne peut se sai-
suite de Sigmund Freud, la catharsis est tout autant une sir de nouvelles connaissances sans s’être débarrassée des
remémoration affective qu'une libération de la parole, elle opinions et des aprioris.[5] Dans un passage du Sophiste,
peut mener à la sublimation des pulsions. En ce sens, elle Platon utilise la métaphore médiale pour établir la cathar-
est l'une des explications données au rapport d’un public sis comme étant une technique pour réfuter ou rejeter les
à un spectacle, en particulier au théâtre. fausses idées. Elle se rapproche alors du concept de l’ac-
couchement par la maïeutique. Par cet exemple, il pro-
pose de faire de la catharsis un moyen de compréhension
de phénomènes qui sont difficilement accessibles. Cette
utilisation médicale du terme permet à Platon d’inventer
1 Définition ce qu’il appelle la médecine de l’âme.[6]
Platon va également se servir de la catharsis pour don-
« L’adjectif Katharos associe la propreté ner une signification aux rites funéraires qui permettent la
matérielle, celle du corps et la pureté de l’âme séparation du corps et de l’âme. Le philosophe applique
morale ou religieuse. La Katharsis est l’action cette même séparation à la pensée philosophique. Il dit
correspondant à « nettoyer, purifier, purger ». Il que la réflexion purifie l’âme, et que celui qui s’éloigne du
a d’abord le sens religieux de « purification », monde matériel peut aspirer à la connaissance. Pour lui, le
et renvoie en particulier au rituel d’expulsion corps est un lieu d’impureté qui ne permet pas d’accéder
pratiqué à Athènes la veille des Thargélies. (...) au savoir.[7]
La Katharsis lie la purification à la séparation
Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou
et à la purge, tant dans le domaine religieux,
incomplète. Votre aide est la bienvenue !
politique que médical[2] . »

D'un point de vue strictement médical, la Katharsis se 1.2 Aristote


rapproche beaucoup de l’approche homéopathique de la
médecine. On envisage alors la purgation comme un mal Pour Aristote, la catharsis est l'épuration des passions qui
nécessaire à la guérison : le mal par le mal. Le principe se produit par les moyens de la représentation artistique :
de la purgation est intimement lié à celui de pharmakon en assistant à une tragédie ou en recourant aux « mélodies
qui s’applique autant à un remède, une médecine, qu’à un qui transportent l'âme hors d'elle-même », le spectateur se
poison.[3] libère de ses émotions et éprouve « un allègement accom-
Ainsi, l'emploi métaphorique qu'en propose Aristote ne pagné de plaisir ». Si le terme de catharsis est souvent ré-
doit pas être compris comme une innovation radicale. féré à la Poétique, on ne trouve néanmoins une définition
Il s’inscrit dans l'usage linguistique, assez large, de ce développée de ce terme que dans La Politique d'Aristote,
terme. De plus, le mot catharsis n'a pas en grec un sens à propos de la musique :
strictement médical, indépendant de connotations reli-
gieuses, dans la mesure où pour les grecs ces deux champs « Nous voyons ces mêmes personnes,
n'étaient pas clairement distingués. Son application à la quand elles ont eu recours aux mélodies qui
musique (La Politique, livre VIII, ch. 7) et au théâtre (La transportent l'âme hors d'elle-même, remises
Poétique, ch. 6) gagne ainsi à être comprise aussi bien d'aplomb comme si elles avaient pris un re-
à partir de la médecine que des pratiques rituelles, mais mède et une purgation. C'est à ce même trai-
aussi politiques, de la Grèce antique. tement, dès lors, que doivent être nécessaire-

1
2 2 PSYCHANALYSE

ment soumis à la fois ceux qui sont enclins à la 1.3.1 Interprétation morale de la catharsis
pitié et ceux qui sont enclins à la terreur, et tous
les autres qui, d'une façon générale, sont sous Dans l'interprétation classique de la catharsis, elle est
l'empire d'une émotion quelconque pour autant une méthode de « purgation des passions », ou purifi-
qu'il y a en chacun d'eux tendance à de telles cation émotionnelle, utilisant des spectacles ou histoires
émotions, et pour tous il se produit une cer- tragiques considérées comme édifiantes.
taine purgation et un allègement accompagné
de plaisir. Or, c'est de la même façon aussi que Utilisée notamment par le cinéma, le théâtre et la
les mélodies purgatrices procurent à l'homme littérature, elle montre le destin tragique de ceux qui ont
une joie inoffensive[8] . » cédé à ces pulsions. En vivant ces destins malheureux
par procuration, les spectateurs ou lecteurs sont censés
prendre en aversion les passions qui les ont provoquées.
Bien qu'il renvoie à sa Poétique pour plus Pour que cette catharsis soit possible, il faut que les per-
d'éclaircissements (« nous en reparlerons plus clai- sonnages soient en imitation (mimêsis) des passions hu-
rement dans notre Poétique »), il devait faire allusion au maines, le meilleur exemple, pour Aristote, étant Œdipe
deuxième livre car le terme n'apparaît qu'une seule fois Roi de Sophocle.
dans l'ouvrage qui nous est parvenu :

« La tragédie (...) est une imitation faite par


des personnages en action et non par le moyen 1.3.2 Interprétation esthétique de la catharsis
de la narration, et qui par l'entremise de la pi-
tié et de la crainte, accomplit la purgation des Certains auteurs[Qui ?] considèrent que la catharsis n'est
émotions de ce genre[9] . » pas un enjeu moral, mais exclusivement esthétique. Le
spectateur ne se purge pas de ses émotions en voyant
Aristote paraît surtout employer le terme en son sens mé- des exemples édifiants, mais c'est plutôt le dispositif scé-
dical, bien qu'il fasse également référence à des mélodies nique, le mode de la représentation, qui purge le specta-
purgatrices, qui appartiennent probablement à des rites teur de ses émotions. L'homme peut « prendre plaisir aux
thérapeutiques. Le sens large que ce terme possède en représentations » :
grec, et ses connotations religieuses aussi bien que po-
litiques traceront la voie à son interprétation ultérieure
comme une purification morale. En s’identifiant à des per- « [N]ous prenons plaisir à contempler les
sonnages dont les passions coupables sont punies par le images les plus exactes de choses dont la vue
destin, le spectateur de la tragédie se voit délivré, purgé nous est pénible dans la réalité, comme les
des sentiments inavouables qu'il peut éprouver secrète- formes d'animaux les plus méprisés et des ca-
ment. Le théâtre a dès lors pour les théoriciens du classi- davres [...][10] . »
cisme une valeur morale, une fonction édifiante. Plus lar-
gement, la catharsis consiste à se délivrer d'un sentiment
encore inavoué. Ce sens large a donné lieu à un emploi
particulier de ce terme en psychanalyse et plus largement
encore en psychothérapie. 2 Psychanalyse

En psychanalyse, la catharsis est un concept apparu pour


1.3 Interprétations de la catharsis
la première fois en 1893 dans la « Communication pré-
liminaire » qui servira de premier chapitre aux Études
L'interprétation de ce passage très allusif est délicate et
sur l'hystérie (1895) de Josef Breuer et Sigmund Freud.
sujette à de nombreux débats. La question porte en parti-
Il sert à désigner la prise de conscience par laquelle un
culier sur le mode de purgation qui a lieu : s’agit-il d'une
sujet se remémore un évènement traumatique passé[11] ,
purgation morale, ou Aristote a-t-il simplement dit que le
le revit puis le dépasse dans le cadre d'une cure psycha-
mode de représentation fait en sorte que l'on ne ressent
nalytique. La catharsis repose sur l'abréaction des affects
pas ces émotions au premier degré.
liés au traumatisme, c'est-à-dire la décharge émotionnelle
Entre les deux interprétations, la différence porte : qui accompagne la prise de conscience. La catharsis est
ainsi le processus, parfois émotionnellement violent, au
• sur l'enjeu de la purgation : dans un cas, il s’agit de travers duquel le sujet se libère du refoulement. La ca-
la morale, dans l'autre de la seule esthétique tharsis est le premier pas nécessaire d'une mise à distance,
ou d'une objectivation du trauma qui peut aboutir à un
• sur la cause de la purgation : dans un cas, il s’agit des véritable processus de perlaboration[12] de l’évènement,
exemples montrés sur la scène, dans l'autre du seul c'est-à-dire son intégration, par les moyens du langage,
dispositif de la représentation théâtrale. dans l'histoire du sujet.
3

3 Théâtre 4 Notes et références

L'idée de catharsis, telle qu'Aristote la formule dans sa [1] Brisson 2008, p. 294
Poétique, fait partie des concepts traversant l'histoire du [2] Jean-Michel Vives, « La catharsis, d'Aristote à Lacan en
théâtre. Les actions des personnages et leurs issues sou- passant par Freud », Recherches en psychanalyse, no 9,
vent funestes, dans la tragédie, susciteraient la crainte et 2010, p. 22-35
la pitié et le spectateur se verrait alors allégé, purgé, des
passions dont il vient de voir la représentation scénique. [3] Jean-Michel Vives, « La catharsis, d'Aristote à Lacan en
passant par Freud », Recherches en psychanalyse, no 9, 10
Cette mécanique cathartique a longuement été discutée,
novembre 2016, p. 22–35 (ISSN 1767-5448, lire en ligne)
notamment par les dramaturges du XVIIe siècle.
[4] Platon, Le Sophiste (231b)
Pour Racine, il s’agit d'une question morale, prise en
charge non plus par la représentation mais par la virtuo- [5] « catharsis [grec] », sur robert.bvdep.com (consulté le 10
sité de l'écriture. C'est ce qu'il résume dans la préface de novembre 2016)
Phèdre :
[6] Pierre Destrée, « Éducation morale et catharsis tragique »,
Les Études philosophiques, no 67, 1er décembre 2003, p.
518–540 (ISSN 0014-2166, lire en ligne)
[...] les moindres fautes y sont sévèrement
punies ; la seule pensée du crime y est regardée [7] Henri Joly, Le renversement platonicien : logos, épistémè,
avec autant d'horreur que le crime même ; [...] polis, Vrin, 1er janvier 1994 (ISBN 9782711612109, lire
et le vice y est peint partout avec des couleurs en ligne)
qui en font connaître et haïr la difformité. C'est [8] La Politique, traduction de Jean Tricot, Librairie philoso-
là proprement le but que tout homme qui tra- phique J. Vrin, 1995, p. 584 (Livre VIII, 7, 1342a 10)
vaille pour le public doit se proposer ; et c'est
ce que les premiers poètes tragiques avaient en [9] Aristote, Poétique, 1449b28
vue sur toute chose.
[10] Aristote, Poétique, 1448b10

[11] Elisabeth Roudinesco et Michel Plon, Dictionnaire de la


Corneille, quant à lui, se montre dubitatif quant à cette psychanalyse, Paris, Fayard, coll. « La Pochothèque »,
notion et à son mécanisme ; c'est ce qu'il exprime dans 2011 (1re éd. 1997) (ISBN 978-2-253-08854-7), p. 251 :
l'un de ses discours sur la poésie dramatique, en prenant « La réaction du sujet qui subit quelque dommage n'a
l'exemple de la récéption du Cid par le public : d'effet réellement “cathartique” que lorsqu'elle est vrai-
ment adéquate comme dans la vengeance. Mais l’être hu-
main trouve dans le langage un équivalent de l’acte, équi-
valent grâce auquel l'affect peut être “abréagi” à peu près
Cette pitié nous doit donner une crainte de la même façon ».
de tomber dans un pareil malheur, et purger
en nous ce trop d'amour qui cause leur infor- [12] Mondzain 2003, p. 120-130
tune et nous les fait plaindre ; mais je ne sais
[13] Pierre Corneille, Discours de la tragédie et des moyens de
si elle nous la donne, ni si elle le purge, et j'ai la traiter selon le vraisemblable ou le nécessaire, 1660 (lire
bien peur que le raisonnement d'Aristote sur ce en ligne)
point ne soit qu'une belle idée, qui n'ait jamais
son effet dans la vérité[13] . [14] Catherine Naugrette, « De la catharsis au cathartique :
le devenir d’une notion esthétique », Tangence, 1er jan-
vier 2008, p. 88 (ISSN 1189-4563 et 1710-0305, DOI
On retrouve également une mise en cause du fonction- 10.7202/029754ar, lire en ligne)
nement cathartique chez Bertolt Brecht, pour qui la ca-
tharsis est profondément liée avec l'identification du spec-
tateur au personnage ; identification qu'il rejette absolu- 5 Bibliographie
ment, au profit d'une mise à distance (Verfremdung) du
spectateur. La catharsis n'y est plus alors ni une spécifi- • (fr) Pierre Pellegrin (dir.), Aristote : Œuvres com-
cité de la mimesis ou un trait de l'écriture dramatique : plètes, Éditions Flammarion, 2014, 2923 p. (ISBN
elle y est considérée comme une "« expérience affective » 978-2081273160)
lors de laquelle l’activité intellectuelle du spectateur serait
entièrement « épuisée »"[14] . • Luc Brisson (dir.), Platon, Œuvres complètes,
Éditions Gallimard, 2008 (1re éd. 2006) (ISBN 978-
Diverses réinterprétations poétiques de ce mécanisme ca- 2-0812-1810-9)
thartique continuent d'irriguer les dramaturgies contem-
poraines, que ce soit chez Edward Bond, Heiner Müller, • Marie-José Mondzain, Le Commerce des regards,
Fabrice Melquiot ou Wajdi Mouawad[14] . Éditions du Seuil, 2003 (ISBN 978-2-02-054170-1)
4 5 BIBLIOGRAPHIE

• Jean-Michel Vives, « La catharsis, d'Aristote à La-


can en passant par Freud », Recherches en psy-
chanalyse, Association Recherches en psychanalyse,
vol. n° 9, no 1, 1er février 2010, p. 22-35 (DOI
10.3917/rep.009.0022)

• Alain-Bernard Marchand, « Mimèsis et catharsis :


de la représentation à la dénégation du réel chez
Aristote, Artaud et Brecht », Philosophiques, Socié-
té de philosophie du Québec, vol. 15, no 1, 8 juillet
1988, p. 108-127 (DOI 10.7202/027038ar)

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6.1 Texte
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