Vous êtes sur la page 1sur 5

SU 2MA221 - algèbre linéaire et bilinéaire I 2022-2023

Correction Examen final du 12/01/2023


Durée : 2 heures. Notes et appareils électroniques interdits.

Exercice 1
1. Pour tous x, y , z ∈ R, montrer l’inégalité |x + 4y + 8z| ≤ 9 x2 + y 2 + z 2 .
p

2. À quelle condition sur (x, y, z) a-t-on égalité dans l’inégalité précédente ?

Solution
1) C’est l’inégalité de Cauchy-Schwarz appliquée avec le produit scalaire usuel sur R3.
   
1 x 1 x p
|x + 4y + 8z| = h 4 , y i ≤ 4 y =9 x2 + y 2 + z 2 .
8 z 8 z

2) Le cas d’égalité dans l’inégalité de Cauchy-Schwarz


   est réalisé quand les deux vecteurs sont
proportionnels : il existe λ ∈ R tel que y = λ 4 , ou encore x = y4 = z8 .
x 1

z 8

Exercice 2  
0 1 1
On considère la matrice A = 1 0 1 ∈ M3 (R).
1 1 0

1. Calculer le rang de A.
2. La matrice A est-elle diagonalisable sur R ? Justifier.
3. Calculer le polynôme caractéristique de A.
4. Calculer les valeurs propres de A.
5. Déterminer une base de chaque sous-espace propre de A.
6. Donner une base de R3 orthonormée pour le produit scalaire usuel dans laquelle A est
diagonale.

Solution
1) Par un calcul direct, on trouve det(A) = 2. La matrice A est de déterminant non nul donc
inversible et de rang égal à sa dimension, ici 3. On pouvait aussi appliquer l’algorithme de
Gauss qui donne 3 pivots.
2) La matrice A est symétrique, c’est-à-dire égale à sa transposée, donc diagonalisable sur R
par un théorème du cours.
1
3) Par développement relativement à la première colonne,
 
X −1 −1
det −1 X −1 = X(X 2 −1)+(−X−1)−(1+X) = (X+1)(X 2 −X−2) = (X+1)(X+1)(X−2)
−1 −1 X

ou encore X 3 − 3X − 2.
4) Les valeurs propres valent −1 et 2.
5) La résolution du système
 
Av = 2v montre que tout vecteur propre associé à la valeur propre
2 est proportionnel à 1.
1

1
 
1
ker(A − 2id) = vect 1 .
1
Pour la valeur propre −1, on obtient l’équation x + y + z = 0 après mise sous forme échelonnée
de la matrice A + id.   
x
ker(A + id) = y x+y+z =0 .
z

Ce sous-espace propre est de dimension 2, un système d’équations paramétriques est donné par
      
x = −λ1 −λ2 x −1 −1
y = λ1 ,  y = λ1 1 + λ2 0  .
   
z = λ2 z 0 1

   
−1 −1
ker(A + id) = vect  1  ,  0  .
0 1
Posons   
  
−1 −1 1
v1 =  1  , v2 =  0  , v3 = 1 .
0 1 1
6) Pour obtenir une base orthonormée (e1 , e2, e3 ) de vecteurs propres, on commence par appli-
quer le procédé d’orthonormalisation de Gram-Schmidt
  à la base (v1 , v2 ) de ker(A + id).
−1
Normalisons le premier vecteur : e1 = v1
kv1 k
= √1
2
 1 .
0
On calcule ensuite  
−1/2
hv1 , v2 i
v2 − v1 = −1/2
kv1 k2
1
 
−1
et on normalise pour obtenir le second vecteur de la base recherchée : e2 = √16 −1 .
2 

1
Il ne reste plus qu’à normaliser un vecteur associé à la valeur propre 2 : e3 = 3 1 .
√1  

2
Exercice 3
Soit E un R-espace vectoriel de dimension finie n ∈ N∗. Soient q : E → R une forme quadratique
sur E et f : E → E une application linéaire. Notons ϕq la forme polaire de q.
1. Montrer que l’application composée
q◦f : E → R
x 7→ q(f (x))

est une forme quadratique sur E en exprimant sa forme polaire en fonction de f et ϕq .


2. Soit B une base de E , notons A la matrice de f relative à B et B la matrice de q relative
à B. Soit x ∈ E , notons (x1 , . . . , xn ) ∈ Rn ses coordonnées dans la base B et
 
x1
X =  ...  ∈ Mn,1 (R).
 
xn

(a) Exprimer les coordonnées de f (x) dans la base B en fonction de X et A.


(b) Exprimer q(f (x)) en fonction de X , B et A.
(c) En déduire une expression de la matrice de q ◦ f relative à B en fonction de A et B .
3. On considère le plan E = R2 ainsi que la forme quadratique et l’application linéaire
données par      
x x1 2x1 + 2x2
q 1 = x21 + 4x1 x2 + 4x22 , f = .
x2 x2 −x1 − x2
Donner les matrices de q et q ◦ f dans la base canonique et calculer leurs signatures.

Solution
1) Pour (x, y) ∈ E × E , notons ψ(x, y) = ϕq (f (x), f (y)). On vérifie que ψ est une forme
bilinéaire symétrique sur E × E , de plus (par définition de la forme polaire)
q(f (x)) = ϕq (f (x), f (x)) = ψ(x, x).

Ainsi, q ◦ f est une forme quadratique sur E et, par unicité, ψ est sa forme polaire.
Attention à ne pas confondre forme bilinéaire symétrique et forme quadratique. La première
est une fonction de deux variables, la seconde d’une seule variable.
2)a. Les coordonnées de f (x) dans la base B sont les coefficients du vecteur AX .
2)b. Le réel q(f (x)) vaut t (AX)B(AX). Rappelons que si B est la matrice d’une forme
quadratique dans une base donnée, alors q(x) = t XBX , avec X le vecteur coordonnées de x
dans cette base.
2)c. Pour x ∈ E , q(f (x)) = t(AX)B(AX) = t X(tABA)X , donc la matrice de q ◦ f relative à
B est t ABA.

3
3) Avec les notations de l’énoncé, ici B est la base canonique de R2 ,
     
2 2 1 2 0 0
A = matB (f ) = , B = matB (q) = , BA = .
−1 −1 2 4 0 0

Ainsi  
t 0 0
matB (q ◦ f ) = ABA = .
0 0
La signature de q ◦ f est donc égale à (0, 0). Le calcul précédent montre que le vecteur −12
 

est dans le noyau de B , donc 0 est valeur propre de B . Sachant que la trace de B est la somme
de ses valeurs propres, 5 est l’autre valeur propre de B , donc la signature de q est (1, 0). On
peut aussi remarquer qu’une décomposition de q en carrés de formes linéaires indépendantes
est donnée par
q(x1 , x2 ) = x21 + 4x1 x2 + 4x22 = (x1 + 2x2 )2 .

Exercice 4
Soient (E, h·, ·i) un espace euclidien et p : E → E une application linéaire satisfaisant
p ◦ p = p.

Pour x, y ∈ E , on définit
hx, yin = hp(x), p(y)i + hx − p(x), y − p(y)i.

On admet que l’application h·, ·in : E × E → R est une forme bilinéaire symétrique.
1. Montrer que h·, ·in : E × E → R est un produit scalaire.
2. L’endomorphisme p est-il auto-adjoint pour h·, ·in ? Justifier.
3. Supposons dans cette question que p est auto-adjoint pour h·, ·i, comparer alors hx, yin et
hx, yi pour x, y ∈ E .

4. Donner une condition nécessaire et suffisante sur p pour que les deux produits scalaires
h·, ·in et h·, ·i coïncident sur E × E .

Solution
1) Comme il est admis que h·, ·in est une forme bilinéaire symétrique, il reste seulement à vérifier
que sa forme quadratique associée est définie positive.
Comme h·, ·i est un produit scalaire, alors pour tout x ∈ E ,
hx, xin = hp(x), p(x)i + hx − p(x), x − p(x)i = kp(x)k2 + kx − p(x)k2 ≥ 0,

où k.k est la norme associée au produit scalaire h., .i. Pour la définie positivité, considérons
x ∈ E tel que hx, xin = 0. Alors (d’après ce qui précède)

kp(x)k2 = hp(x), p(x)i = 0, kx − p(x)k2 = hx − p(x), x − p(x)i = 0

Ces deux égalités impliquent p(x) = 0 et x − p(x) = 0, ainsi x = p(x) + (x − p(x)) = 0 + 0 = 0.


4
2) Oui. Par définition de l’adjoint, il suffit de montrer que hp(x), yin = hx, p(y)in.
Or, par définition de h·, ·in, puis en utilisant que p ◦ p = p, on a
hp(x), yin = hp(p(x)), p(y)i + hp(x) − p(p(x)), y − p(y)i
= hp(x), p(y)i + hp(x) − p(x), y − p(y)i
= hp(x), p(y)i.

On montre de la même manière que


hx, p(y)in = hp(x), p(y)i.

Ce qui donne le résultat voulu.


3) Notons p∗ l’adjoint de p pour h·, ·i, ainsi on suppose dans cette question p = p∗. Alors par
définition de l’adjoint et p ◦ p = p, on a
hp(x), p(y)i = hx, p∗ (p(y))i = hx, p(p(y))i = hx, p(y)i.

En conséquence, on a (en substituant par ce qui précède le dernier terme de la première égalité
ci-dessous) :
hx − p(x), y − p(y)i = hx, yi − hp(x), yi − hx, p(y)i + hp(x), p(y)i
= hx, yi − hp(x), yi − hx, p(y)i + hx, p(y)i
= hx, yi − hp(x), yi.

Finalement (en additionnant les deux égalités centrées précédentes), on obtient :


hx, yin = hp(x), p(y)i + hx − p(x), y − p(y)i
= hx, p(y)i + hx, yi − hp(x), yi
= hx, yi.

4) Les deux produits scalaires coïncident si et seulement si p est auto-adjoint pour le produit
scalaire h., .i, c’est-à-dire si et seulement si p est une projection orthogonale relativement à ce
produit scalaire. Il est important de justifier cette assertion. D’après la question 2), p est
auto-adjoint pour h·, ·in ; donc si h·, ·in et h·, ·i coïncident, alors p est aussi auto-adjoint pour
h·, ·i. La réciproque a été prouvée dans la question 3).

Vous aimerez peut-être aussi