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“Madame Bovary” est un roman écrit par Gustave Flaubert, paru en 1857. Ce livre ne compte
pas moins de quinze personnages qui ont tous un rôle particulier. Après les avoir présentés, nous
verrons dans quelle mesure ils ont une importance dans le déroulement de l’histoire.
Elle se compose de la mère, Emma Bovary, qui est le personnage principal de l’histoire. Charles
Bovary, son mari et leur fille Berthe. Notons que Charles a épousé en premières noces, Héloïse. Il
héritera de sa fortune à sa mort.
Félicité.
Les amants :
Mme LeFrançois, propriétaire de “l’auberge du Lion d’Or”, et veuve. Hippolyte, le garçon d’écurie
de cette auberge. Homais, le pharmacien. Justin est son commis. Binet, percepteur et Capitaine des
Pompiers. Notons aussi : M. Lheureux, commerçant qui jouera un grand rôle dans les finances
d’Emma. Le prêtre, Bournisien et Canivet, médecin à grande renommée, de Neufchâtel.
Emma Bovary :
Le bovarisme est devenu un nom commun. En effet, il désigne un sentimentalisme à l’excès avec
une fuite de la réalité. C’est avec cette définition que peut se définir le portrait d’Emma.
Malheureuse et rêvant d’une vie plus excitante et mouvementée, elle ne supportera plus l’ennui
qu’elle ressent auprès de son mari. Elle sera fortement endettée à la fin du roman (Huit mille francs
de dettes), au profit du marchand M. Lheureux. C’est avec de l’arsenic dérobé chez le pharmacien
qu’Emma mettra un terme à ses souffrances. Félicité : A la mort d’Emma, elle emportera la garde-
robe de celle-ci et partira.
Charles Bovary :
Et si c’était lui le personnage principal? En effet, il apparaît dès la première page. Mari aimant, il
mourra de chagrin à la suite du suicide d’Emma Bovary. Après avoir hérité de la fortune d’Héloïse,
sa première femme, Charles épousera Emma, avec laquelle il aura une fille, Berthe. Après des
études de Médecine, il exercera comme Officier de santé. La vie qu’il offre à Emma sera, aux yeux
de celle-ci, d’une monotonie telle qu’elle causera la perte de leur couple. A la mort d’Emma, il
découvrira toutes les lettres de Léon et de Rodolphe. Il mourra sur un banc et sera retrouvé par sa
fille, Berthe.
Berthe Bovary :
Emma voulait un garçon et c’est une fille qu’elle mettra au monde. Elle est déçue et ne trouve pas
sa fille jolie. Elle ne l’élèvera pas elle-même et la confiera à une certaine Madame Rollet.
Léon Dupuis :
Un habitué du “Lion d’Or”. La rencontre avec Emma dans cette auberge est très romantique et
mettra en évidence l’aversion grandissante qu’Emma ressent pour son mari. Léon tombera
amoureux d’elle mais n’osera pas lui avouer son amour. Devant la passivité de celle-ci, il partira à
Rouen pour finir ses études. Il la reverra plus tard et réalisera qu’il l’aime toujours. Ils consument
tous deux leur amour dans des chambres d’hôtels. Léon a changé : il a connu d’autres femmes et il
s’ennuie avec Emma, qu’il ne trouve, finalement, pas si exceptionnelle que ça. Elle aura des
problèmes d’argent, il essaiera de lui venir un peu en d’aide mais la repoussera peu à peu.
Rodolphe Boulanger :
Bourgeois romantique à l’instar de Léon Dupuis, il est le premier amant d’Emma. Elle ne fera que
le renvoyer à sa propre absence de destinée et il se lassera d’elle, lui aussi : coureur de jupons, il
prendra Emma dans ses filets en la séduisant, puis finira par la quitter.
Hippolyte :
Homais :
Résumé :
Madame Bovary, de Gustave Flaubert, commence lorsque Charles Bovary est encore un adolescent,
incapable de s'adapter à sa nouvelle école et ridiculisé par ses nouveaux camarades de classe. Il
restera médiocre et terne. Après de laborieuses études de médecine, il devient un médecin de
campagne de second ordre. Sa mère le marie avec une veuve bien plus âgée que lui qui mourra peu
de temps après, presque ruinée par son notaire qui a disparu avec sa fortune.
Charles tombe bientôt amoureux d'Emma Rouault, la fille d'un patient, élevée au couvent, et lui
demande de l’épouser. Ils s’installent à Tostes, un village normand où Charles exerce la médecine.
Mais le mariage ne répond pas aux attentes romantiques d'Emma. La réalité ne correspond pas à ce
qu’elle a lu dans les livres : jeune fille, elle a rêvé de l'amour et au mariage comme d’une solution à
tous ses problèmes. Tandis de Charles, un peu frustre, mal dégrossis, est au comble du bonheur avec
cette épouse qu’il trouve parfaite.
À la suite d’un bal extravagant à la Vaubyessard, chez le Marquis d'Andervilliers, Emma se réfugie
dans le souvenir de cette soirée et commence à rêver d'une vie sans cesse plus sophistiquée. Elle
rêve de Paris, lit Balzac et Eugène Süe, s'ennuie et déprime quand elle compare ses fantasmes à la
réalité de monotonie de la vie du village, et finalement son apathie la rend malade. Lorsqu’Emma
tombe enceinte, Charles décide de déménager dans une autre ville dans l'espoir d’améliorer sa
santé.
À Yonville-L’Abbaye, les époux Bovary rencontrent Homais, le pharmacien de la ville, un moulin à
paroles pompeux qui s’écoute parler et Léon Dupuis, un clerc de notaire, qui, comme elle, s'ennuie
à la vie rurale et aime s’évader à travers des romans romantiques. Ils se trouvent des goûts
communs.
Emma donne naissance à sa fille Berthe. Déçue, elle aurait aimé avoir un fils, elle continue d'être
déprimée. Emma et Léon entretiennent une relation platonique et romantique. Cependant, quand
elle se rend compte que Léon l'aime, elle culpabilise et se donne le rôle d'une épouse dévouée. Léon
se fatigue d'attendre et, croyant qu'il ne pourra jamais posséder Emma, part étudier le droit à Paris.
Emma n’en est que plus triste.
Bientôt, à une foire agricole, elle se laisse séduire par un riche voisin nommé Rodolphe Boulanger,
attiré par sa beauté : c’est une liaison passionnée. Emma est souvent indiscrète, si bien que tous les
habitants jasent à son sujet. Charles, cependant, ne soupçonne rien. Son adoration pour sa femme et
sa stupidité se combinent pour le rendre sourd à tous les ragots. Sa réputation professionnelle subit
un coup dur quand, poussé par Homais et par Emma, il tente une opération chirurgicale pour traiter
un homme pied-bot d’Hippolyte, le garçon d’écurie de l’auberge, et finissent par devoir faire appel
à un autre médecin pour amputer la jambe.
Dégoûté de l'incompétence de son mari, Emma se jette avec encore plus de passion dans sa liaison
avec Rodolphe qui ne la traite pas très gentiment. Elle emprunte de l'argent pour lui acheter des
cadeaux et suggère qu'ils s'enfuient ensemble et avec Berthe en Italie. Il acquiesce mollement. Mais,
assez rapidement, Rodolphe, blasé et mondain, s'ennuie des affections exigeantes d'Emma. Refusant
de s'enfuir avec elle, il la quitte. Désespérée, Emma tombe malade et envisage même de se suicider.
Au fil du temps, Emma s'ennuie avec Léon et réciproquement. Ne sachant pas comment le quitter,
elle se fait de plus en plus exigeante, alors que sa dette enfle de jour en jour. Finalement, Lheureux
fait saisir la saisie les biens d'Emma pour compenser la dette qu'elle a accumulée. Terrifié que
Charles découvre la situation, elle tente désespérément de réunir l'argent dont elle a besoin, fait
appel à Léon et à tous les hommes d'affaires de la ville. Finalement, elle tente même de se prostituer
en proposant de revenir auprès de Rodolphe s'il lui donne l'argent dont elle a besoin. Il refuse, et,
poussée à bout, elle se suicide en avalant de l’arsenic. Elle meurt dans d'horribles souffrances
devant Charles affolé qui ne sait que faire.
Pendant un certain temps, Charles idéalise la mémoire de son épouse, avant de découvrir les lettres
de Rodolphe et Léon. Confronté à la vérité, harcelé par les créanciers, ruiné et désemparé, il meurt
de chagrin, seul dans son jardin.
Thèmes
La bêtise.
L'échec et l'ennui.
Un roman de l'Ironie. L'Ironie est présente sous plusieurs formes dans le roman : satire sociale, mais
aussi remise en question du langage. Elle révèle une posture du romancier en face de l'art et de la
vie. 5 années d'écriture.
Le personnage d'Emma
Pas de description en début de livre comme l'aurait fait Balzac : un portrait qui va se construire par
petites touches dispersées tout au long du livre. Le plus souvent, elle est décrite à travers le regard
d'un personnage. C'est la chevelure d'Emma qui est son attribut de féminité : elle change en fonction
de ses états d'âme. Bandeau lorsqu'elle est sage « anneaux noirs » de sa chevelure lorsqu'elle se veut
sensuelle.
Elle a été éduquée au couvent des Ursulines de Rouen. C'est là que son imagination s'enflamme à la
lecture des livres romantiques. Mais elle ne retient aucune discipline, elle est «de « tempérament
plus sentimental qu'artiste ». A sa sortie du couvent, elle a pris la campagne en dégoût. Elle épouse
le premier prétendant qu'on lui présente, croyant éprouver de l'amour.
Tout le développement du roman est dans cette situation initiale : une jeune fille rêveuse, sans réelle
formation intellectuelle ou morale, exaltée par des lectures qu'elle comprend mal, et qui épouse un
médiocre destiné à une vie médiocre.
Sous cet angle, on peut penser que Madame Bovary est un roman d'apprentissage.
Emma balance entre idéal et médiocrité quotidienne. Même dans ses relations adultères avec
Rodolphe et Léon, Emma finit par retrouver les mêmes déceptions que dans le mariage. La
répétition des désillusions accroît le sentiment d'échec. Emma ne croit pas pouvoir trouver le
bonheur dans la réalité. Elle n'accorde d'intérêt qu’aux êtres de fiction.
Le drame d'Emma c'est de se faire toujours des illusions sur elle-même, ses sentiments, de croire
qu'elle vit des sentiments qu'elle n'éprouve pas.
Elle se conçoit toujours autre qu'elle n'est : c'est ce qu'on nommera le bovarysme.
Finalement, la seule véritable expérience authentique que vivra Emma, c'est celle du suicide. Il lui
aura fallu affronter l'épreuve de la mort pour rencontrer l'authenticité.
Les bourgeois
Être bourgeois constituait aux yeux de Flaubert la plus graves des tares. Son sujet le « dégoutait ».
Pour Flaubert « quiconque pense bassement » est bourgeois. Rodolphe, Léon, Lheureux et surtout
Homais incarnent la figure du bourgeois.
Flaubert ne cherche pas à tout savoir de ses personnages comme le narrateur omniscient de Balzac.
Il ne donne pas non plus une peinture exhaustive ( complète ) de ses personnages, mais procède par
petites touches à travers les chapitres, qui se complètent et s'enrichissent au fur et à mesure.
La description expressive est particulièrement utilisée : Flaubert n'hésite pas à décrire plusieurs fois
le même lieu, vu par des personnages différents, dans des circonstances différentes.
Cette description apporte un puissant soutien à l'analyse psychologique : une correspondance étroite
s'établit entre les sentiments de l'héroïne et la représentation de l'espace qu'elle a sous les yeux.
Par exemple, le sommeil des choses, les cloportes qui se traînent, la statue abîmée, tout se
métamorphose en son équivalent subjectif : les déceptions, les découragements, l'ennui. A la
dégradation du monde correspond la dégradation psychologique.
Par rapport à Balzac ou Stendhal, Flaubert rend plus rare l'utilisation du discours direct ( dialogue ).
Flaubert dit lui-même que ces dialogues se réduisent à des « monologues », car il s'agit de
« bavardages » que personne n'écoute. Chacun est renvoyé à sa solitude car il n'y a pas d'échange.
De ce fait, Flaubert privilégie le discours indirect libre pour traduire la pensée et la psychologie de
ses personnages.
Le discours indirect libre se reconnaît surtout par le contexte. Pas de verbe introducteur, pas de
marque de subordination ( ni « que » ni « si » ), respect de la concordance des temps, mais maintien
de la ponctuation et marques de modalisation ( présence du jugement du narrateur ) par le biais de
certains termes : adverbes, adjectifs.
Exemple : « le souvenir de Rodolphe... lui avait passé dans l'âme. Il était si bon, si délicat, si
généreux ! ». Pas de verbe introducteur de parole, expression directe des sentiments d'Emma et
maintien de la ponctuation expressive. Le lecteur participe, en pensée, à l'enthousiasme d'Emma.
C'est une sorte de « dialogue intérieur ».
Nous savons cependant que ce propos est rapporté par un narrateur qui ne peut considérer Rodolphe
comme un être « bon et généreux ». C'est de ce décalage entre ce que dit et pense le personnage, et
la vision du monde du narrateur, que naît la portée ironique du discours rapporté.
C'est la grande force du discours indirect libre : il permet de se situer en tant que lecteur, à la fois
dans et à l'extérieur du personnage, de percevoir l'enthousiasme d'Emma, mais aussi na naïveté. La
subjectivité envahit la narration.
Polyphonie du texte
Le style flaubertien se caractérise également par la multiplication des voix narratives. L'unité du
sujet parlant est mise en cause, annonçant les grandes orientations narratives du 20e siècle. On ne
sait parfois à qui attribuer les remarques, les jugements, les commentaires.
Le rythme ternaire
C'est une particularité du style de Flaubert. Il procède de l'énumération en trois temps et témoigne
de la volonté de traduire le plus précisément possible la réalité : ainsi Charles « le menton sur la
poitrine, les mains jointes, les yeux fixes ». Soit ce rythme ternaire exprime cette volonté de
réalisme scrupuleux, soit il traduit dans le discours des personnages, un effet oratoire et
grandiloquent souvent propre au discours romantique.
L'impersonnalité
Flaubert s'est voulu absent de son libre : « Nul lyrisme, pas de réflexion, personnalité de l'auteur
absente » ( correspondance ).
Tout objet peut être digne d'écriture. « L'auteur dans son œuvre, doit être comme Dieu dans
l'univers, présent partout, visible nulle part » ( correspondance ).
Par ailleurs, Flaubert répugnait à appartenir à une « école » littéraire : il n'aimait pas les étiquettes,
c'est pourquoi il s'est défendu d'appartenir à un quelconque mouvement.
Le caractère visionnaire du style de Flaubert dans Madame Bovary contribue à faire de ce roman
une œuvre capitale et fondatrice dont se réclameront nombre de romanciers.