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Khôlle de Géographie n°2 – La géographie d’Okinawa

Introduction :

L’Île d’Okinawa est un espace situé à environ 1600 km de la capitale nippone Tokyo, se
situant au sein de l’Archipel de Nansei, l’ensemble des îles qui s’étendant entre l’île de Kyushu et
Taïwan. Notre analyse portera sur l’Archipel d’Okinawa, regroupant 38 îles pour environ 1,5
millions d’habitants, ce qui en fait le 9 e département le plus peuplé du Japon. La capitale de cette
préfecture japonaise est Naha, également la principale ville de l’île d’Okinawa et de son archipel.
Fort de ses 1,4 millions d’habitants, l’archipel est aujourd’hui l’un des espace les plus plébiscités
par les touristes étrangers et interne du Japon, bénéficiant d’un climat exceptionnel, de par sa
position géographique ; en effet, située dans l’Océan Pacifique, au Nord de la Mer des Philippines,
il jouit d’une bonne position qui offre un cadre de vie agréable, comme la Baie de Kabira, étant
considéré comme l’un des plus beaux paysages du Japon, de par ses nombreuses plages de sable
blanc et son eau turquoise.
Cependant, sous cet aspect idéal, l’Archipel est loin d’être un espace dénué de toute crises :
en effet, en y regardant de plus prêt, la manière dont sont répartis les habitants dans l’espace
démontre une certaine fragilité quant à l’habitation de l’espace, tant dans l’espace insulaire qu’au
sein même de l’île principale d’Okinawa. De plus, de nombreuses crises touchent la population
locale, montrant que cet espace d’attractivité touristique fait face à de nombreux enjeux, à l’image
d’une gérontocroissance qui ne cesse de s’accroître. Le chômage, la présence américaine et le
vieillissement de la population sont autant de facteurs sociaux et militaires mettant en jeu un
espace en crise qui malgré tout, tente de subvenir aux besoins de sa population. En essayant de
pallier au phénomène de sur-insularisation et en aménageant pour les locaux et touristes, Okinawa
se retrouve aujourd’hui à une ère clé de son histoire puisque le risque de crise majeure est réel.
De cette sorte : Comment Okinawa, depuis les années 1970, se trouve dans une situation
de multiples crises, autant sur le plan géographique qu’économique, social ou militaire, tout en
tentant d’aider à aménager efficacement le territoire, sujet à divers enjeux d’aménagement et de
répartition dans l’espace, visant à l’optimisation de la vie locale et touristique ?

Pour ce faire, nous verrons d’abord l’inégalité d’aménagement de l’Archipel, au travers


d’exemples montrant que l’espace habité n’est pas égal au sein de l’Archipel, mais également au
sein de l’île d’Okinawa, puis les différentes crises qui touchent l’île. Enfin, Okinawa tente de
répondre aux diverses difficultés qu’elle rencontre, notamment en ce qui concerne l’aménagement
du territoire, ou comment l’Archipel tente de se redynamiser par cette urbanisation.
I – Un espace habité inégalement : Okinawa, inégalité territoriale au sein d’un Archipel Pacifique.

En regardant les manières dont sont aménagés les espaces, on peut remarquer qu’Okinawa
fait face à deux contraintes majeures quant à la représentation dans l’espace de sa population
estimée à environ 1,4 millions d’habitants. En effet, grâce au présent croquis, on peut remarquer
qu’une inégalité se forme entre l’île principale, Okinawa, et les petites îles insulaires qui forment
l’Archipel Okinawaïen.

En se fondant sur les chiffres de l’article de Raphaël Languillon, « Le Japon, les fragilités
d’une puissance », l’Archipel est habité par 1,46 millions de personnes, mais aussi en accord avec
les chiffres de la préfecture d’Okinawa, ce sont près de 1,4 millions de personnes qui vivent sur l’île
principale d’Okinawa. Le reste des habitants sont dispersés au sein de l’archipel, formant de micro-
îles habitées tout au plus par une dizaine de milliers de personnes, qu’on désigne par le terme
shima en japonais. En ce sens, on peut donc observer que l’île d’Okinawa est le centre de la
concentration de la population, mais cela ne va pas sans dire qu’il existe de nombreuses inégalités
dans la composition du territoire de l’île.

L’île d’Okinawa est composée de 12 districts, mais 9 sont composé des 9 villes principales
de l’île, les autres sont le résultats d’une agglomération. En effet, pour faire face à l’attractivité des
autres districts, ce sont au total 17 régions de l’île qui sont obligées à s’agglomérer pour former un
district uni, donnant naissance, comme on peut le voir sur le croquis, au district de Nakagami, de
Kunigami et de Shimajiri, district le moins peuplé et englobant le plus d’îles indépendantes en son
sein. Alors, en regardant le tableau, on peut observer qu’un véritable enjeu se joue au sein des
districts composant l’île d’Okinawa : indépendamment de son appartenance au District de
Shimajiri, l’île de Kumashima ne pèse pas énormément avec ses 9 000 habitants contre les presque
400 000 de Naha ou les 127 000 habitants d’Uruma. Cependant, en s’agglomérant avec les autres
régions de son district, le poids démographique de Kumashima passe de 8 000 à près de 105 000
habitants, dépassant largement le poids de certains grands district comme celui de Ginoman ou
d’Itoman. Cette agglomération d’îles et de district isolés et peu peuplés ne se sont pas formé au
hasard ; lié, ils jouent un rôle majeur lors de vote ou encore ont une centralisation de l’économie.

Ainsi, au sein même de l’Archipel se joue une crise dans l’aménagement et l’appropriation
de l’espace ; des petites îles isolées au faible nombre d’habitant aux grandes villes indépendantes
de toute autre ville d’Okinawa, un rapport se joue entre populations, ce qui peut mener à
différentes crises, qui touchent tous les domaines possibles, à savoir le social, l’économique ou
encore le militaire.
II – Okinawa en crise : Gérontocroissance, chômage, COVID19 :

L’Archipel d’Okinawa est actuellement, à l’image du Japon, l’un des espaces les plus enclin à
la déprise démographique du fait du départ des populations jeunes, mais aussi conjointement à
une gérontocroissance qui atteint des records puisque l’Archipel est l’espace où se concentre le
plus de centenaires du Japon et, de manière générale, du monde.

1. La gérontocroissance : phénomène qui amène un espace à accroître son nombre de


personnes âgées, ce qui est particulièrement le cas dans l’Archipel d’Okinawa, à l’image du
Japon, depuis les années 2000. En accord avec l’article de Raphaël Languillon sur les
fragilités de la puissance japonaise en 2017, dès 2005, le Japon est entré dans une phase où
sa population est déficitaire en terme de natalité (1,26 enfant par femme), et où il y a
moins d’enfant que de personnes qui décèdent. Okinawa ne fait pas figure d’exception
étant donné sa concentration de centenaires. Ainsi, en accord avec le tableau statistique
officiel Japonais sur le recensement de la population de 2022, 23,5 % de la population
d’Okinawa a plus de 60 ans, soit près de 375 000 personnes habitant dans l’Archipel, et près
de 2 000 centenaires ont été comptés lors des derniers recensements. Cette
prépondérance de personnes âgées ne va pas sans risque puisque l’archipel est aujourd’hui
confronté à un quart de sa population qui ne travaille presque plus. En plus de représenter
un risque sur le plan sanitaire, il y a un risque quant à l’économie de l’Archipel en terme de
revenu généré par le travail. Le taux de chômage y est deux fois plus élevé qu’à l’échelle
nationale (près de 8 % contre 4,5 % à l’échelle nationale), ce qui représente un enjeu
majeur, le tout étant aggravé par un départ des jeunes pour les îles principales.

Les Bases américaines :

Pour comprendre cet élément, il faut regarder l’histoire d’Okinawa. Rapidement, quand la
2nde Guerre Mondiale se termine, l’Archipel se retrouve sous administration américaine, et ce
jusqu’en 1972, date officielle à laquelle les USA sont officiellement dépossédés de leur domination
administrative. Seulement, elle n’est qu’administrative puisqu’en 2024, il existe encore sur le sol
Okinawaïen une vingtaine de bases militaires aériennes, terrestres et maritimes qui occupent 20 %
du territoire d’Okinawa. Sa position de carrefour entre la Chine, Taïwan et le Japon leur offre ainsi
une position stratégique sur la Mer des Philippines mais aussi sur la Mer de Chine et du Japon.
Aussi, en plus de concentrer la majeure partie des presque 55 000 soldats américains déployés au
Japon, ces bases militaires sont un véritable manque à gagner pour les habitants locaux : l’une des
bases aérienne américaine, Futenma, au centre de l’île d’Okinawa, est au centre d’enjeux
économiques majeurs puisqu’il a été estimé, si ce terrain est rendu aux Japonais, engendrerai près
de 400 milliards de Yens par an, et créerai 30 000 emplois. Autant dire que cet espace est l’objet
d’une grande convoitise japonaise, qui pourrait relancer l’économie locale.

Ainsi, dans ce contexte de vieillissement massif de la population, aggravé par une


gérontocroissance déjà bien ancrée au sein de l’Archipel, la crise économique guette les locaux, du
fait d’un manque considérable de travail, mais aussi, contre leur gré, de la présence américaine,
qui empêche le développement d’emplois sur des espaces attitrés aux États-Unis.
Cependant, malgré les multiples crises et inégalités d’aménagement, l’Archipel tente par
tous les moyens de redynamiser son territoire en apportant des solutions, notamment en
aménageant un territoire qui est victime de sa morphologie.
III – Les solutions d’Okinawa : le tourisme balnéaire et la culture locale.

A défaut de répondre aux crises liées à l’habitation de l’île, Okinawa propose des solutions
pour se redynamiser, notamment en jouant sur le principal défaut de l’île, à savoir son relief.
Aménager et rendre plus accessible, tout en organisant des espaces dédiés au tourisme, c’est de
cette façon que tente de répondre Okinawa à la crise économique et sociale.

1. L’économie balnéaire : forte de ses nombreuses îles spécifiques et à son emplacement


géographique, l’Archipel d’Okinawa est attractif pour le tourisme balnéaire. Les littoraux
sont aménagés, avec de nombreuses plages. En 2019, c’étaient près de 800 Milliards de
Yens qui ont été généré par le tourisme, attirant près de 10 Millions de visiteurs sur les
différentes plages, littoraux aménagés et infrastructure liées à la culture et au tourisme,
comme le château de Shuri, berceau du karaté et centre du pouvoir du Royaume Ryukyu,
ayant régné près de 5 siècle sur l’Archipel.

2. La privatisation des espaces naturels : l’Archipel compte deux parcs naturels protégés : le
Park National de Yanbaru (2016) et le Parc National des Îles de Kerama (2014) : les deux
font preuve d’une exceptionnalité faunesque et floristique puisqu’ils abritent tout deux en
leurs seins de nombreuses espèces en voie de disparition. Pourtant, ils sont tous les deux
soumis à un tourisme important de la part des plaisanciers. D’ailleurs, le Nord de l’Archipel
est entré en 2021 au patrimoine immatériel de l’UNESCO pour cause de présence
exceptionnelle de faunes et de flores en voie de disparition.

3. Rompre avec l’enclavement et la discontinuité territoriale, les aménagements : Pour


rompre avec l’isolement de chaque île indépendamment les unes des autres, de nombreux
ponts ont été créés pour permettre une meilleure circulation, rompant avec le phénomène
de sur-insularisation. Celui-ci théorise le fait que les shima, îles lointaines, souffrent d’une
distance et d’un enclavement par rapport aux îles principales du Japon, ce qui pour autant
ne se traduit pas au sein de l’archipel d’Okinawa. En effet, toute île à proximité d’Okinawa
est reliée par un pont, et les îles considérées comme des shima d’Okinawa sont, elles,
accessible par bateau en approximativement une heure, voire moins. Ainsi, l’espace, certes
soumis à un éloignement certain des îles Japonaises, se trouver être l’un des mieux
connectés. En revanche, malgré l’absence de données concernant le prix alloué à ces
créations architecturales, on peut estimer bien supérieur le prix de création d’un pont dans
un archipel isolé, à plus de 1500 km de la capitale, en comparaison de la création d’un pont
sur l’ensemble d’îles japonaises.

Conclusion :

Ainsi, l’Archipel d’Okinawa de prime à bord semble un endroit paradisiaque avec ses
nombreuses plages de sable blanc et eaux turquoises. Pourtant, quand on regarde la géographie
de l’île, on remarque qu’une véritable tension s’opère dans la manière d’habiter l’espace, mais
également comment l’aménager pour le rendre attractif et pratique pour les populations locales.
Plongé dans de multiples crises depuis 1972 avec son retrait de l’administration américaine,
Okinawa plonge dans un chômage important et ne parvient pas à relancer sa démographie, avec
un seuil de natalité faible tandis que la population vieillissante représente 1/4 de la population
totale de l’Archipel, faisant d’Okinawa l’endroit sur Terre où il y a le plus de centenaire en terme de
concentration de population.

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