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Nauru : Le pays qui s’est mangé lui-même

Cas pédagogique réalisé par

Sébastien Burdalski

Cas non publié - ne pas distribuer -

À gauche, Nauru, date indéterminée (avant 1968). À droite, Nauru aujourd’hui.

Nauru d’hier à aujourd’hui… Un résumé introductif

En 1843 l’île est décrite comme « pleasant ilsand » De nos jours, aujourd’hui 80 % de sa terre
car elle a une végétation luxuriante. dévastée et 40 % de la faune marine tuée

La population vivait traditionnellement de la pêche Depuis, la population a perdu ses traditions et


et de la cueillette… Avant l’exploitation du elle se trouve dans la nécessité d’importer tous
phosphate. les produits alimentaires et de la vie courante.

1
Introduction : Nauru d’hier à aujourd’hui

Nauru est un îlot de l’Océanie de 21 km2 à 2 835 km de l’Australie1. Cette nation d’environ
12 000 habitants est passée d’une richesse incroyable dans la fin des années 60 à des problèmes
très graves : pauvreté extrême, problèmes de santé endémiques, désastres écologiques, isolement
économique… Surnommé « le pays
qui s’est mangé lui-même », l’épopée
de Nauru est une histoire tragique2.
Comme le note Folliet « À l’autre bout
du globe terrestre, Nauru est le
carrefour du monde où s’entassent
dans un même élan les richesses, mais
aussi les désastres »3. Comment
comprendre ce paradoxe? Comment
comprendre que le plus petit pays du
monde soit passé du second produit
intérieur brut (PIB) le plus élevé par L'île avant l'exploitation de phosphate
habitant à une situation catastrophique
où l’espérance de vie était de 49 ans pour les hommes en 20064? Comment comprendre qu’une île
tropicale et paradisiaque qualifiée par les premiers colons britanniques de Pleasant Island (« l’île
agréable ») voit aujourd’hui 80 % de sa terre dévastée et 40 % de la faune marine tuée5? Comment
comprendre qu’une population qui vivait traditionnellement de la pêche et de la cueillette ait
adopté un mode de vie à l’américaine en l’espace d’à peine dix ans (et ce, en étant située à des

1
Brut (2020). « Nauru, le "pays qui s'est mangé lui-même ».
2
Ibid.
3
Folliet (2010). « Nauru, l’île dévastée : Comment la civilisation capitaliste a détruit le pays le plus riche du
monde », page 9.
4
Cibien, L. et P. Carcanade (2006). « Nauru, l’île perdue », Beta prod., Arte, RTBF, RFO.
5
Op. Cit. Brut (2020).

2
milliers de kilomètres des États-Unis)? Afin d’expliquer ces phénomènes, retraçons l’histoire de
Nauru, celle d’un « désastre écologique, économique et humain absolu »6.

Chapitre 1 : l’histoire de Nauru

Le destin malheureux de Nauru commence par des colonisations successives. En effet, les
nations occidentales, en l’occurrence l’Allemagne, l’Empire britannique puis l’Australie, se
succèdent à la tête du pays en 1886 et 1968. L’île tombe même aux mains des Japonais pendant la
Deuxième Guerre mondiale. Pourquoi se battre pour un lopin de terre perdu au milieu de l’océan
Pacifique? La réponse : le phosphate qui est utilisé dans la fabrication d’explosifs et constitue aussi
un puissant engrais7. À ce propos, le New York Times écrivait ceci en 1918 : « On estime à 500
millions de tonnes les réserves de phosphate sur cette île. Ce fertilisant pourrait concurrencer les
célèbres champs de nitrate du Chili »8. Le phosphate attire les puissances étrangères sur l’île.
Celles-ci modernisent l’industrie minière de Nauru dans leur intérêt9. Ainsi, pendant la majeure
partie du XXe siècle, l'industrie du phosphate est détenue et exploitée par une société gérée
conjointement par les gouvernements britannique, australien et néo-zélandais10.

Cette domination se termine en 1968. Nauru devient alors un État indépendant à la suite de
revendications visant à avoir une plus grande part des revenus provenant de la vente du
phosphate11. En effet, par exemple, en 1948 la population n’obtenait que 2 % des revenus du
phosphate12 ! Peu de temps après l’indépendance, le phosphate est nationalisé et on crée la Nauru
Phosphate Corporation (NPC), une société d’État chargée de contrôler l’extraction du précieux
minerai13. Comme le gouvernement nauruan le note lui-même :

6
Dhombres (2006). « Un conte écologique en plein Pacifique », Le Monde.
7
Op. Cit. Brut (2020).
8
Op. Cit. Folliet (2010), page 28.
9
Ibid. page 29.
10
Britannica (2022). « Nauru »
11
Hugues, H. (2004). « From riches to Rags : what are Nauru’s options and how can Australia help? », page 2.
12
Op. Cit. Folliet (2010), page 36.
13
Ibid. page 42.

3
L'exploitation du phosphate a officiellement été lancée en 1906 alors que Nauru était sous
l'administration australienne, mais ne contribue pas au développement économique de l'île
avant 1970, date à laquelle Nauru a racheté l'industrie du phosphate à l'Australie pour 21
millions de dollars australiens14.

Avec seulement quatre mille citoyens, Nauru est, à ce moment-là, la plus petite république
du monde15. Sa population habite principalement le bas de l’île, alors que le phosphate est
concentré sur le plateau central16. Les Nauruans sont chrétiens et ont un grand sentiment
communautaire. Pour être exact, environ 70 % de la population chrétienne est protestante17. Avec
l’indépendance, on tente de maintenir la cohésion sociale de l’île qui repose alors sur le partage et
la communauté18. La coutume veut aussi que la terre soit partagée entre les membres d’une famille.
Le nouveau gouvernement tente alors de répartir les revenus du phosphate en respectant ce droit19.
Pour ce faire, les terres sont privées et passées de génération en génération. Elles consistent en
deux lots : les terres de coco (le lieu de résidence) et les terres de phosphate (qui sont louées en
échange de redevances de l’industrie minière et sont situées sur le plateau central)20. Ce type de
propriété a des implications au niveau du gouvernement et des populations. Ce premier doit
négocier avec chacun des habitants pour ses politiques tandis que ceux-ci doivent avoir une
éducation et une conscience écologique suffisamment développée pour comprendre les impacts de
l’exploitation de leur terre21. Nous verrons que ces deux éléments ont été primordiaux dans la
descente aux enfers de Nauru.

Plus précisément, le système politique adopté lors de l’indépendance consiste en quatorze


unités politiques qui vont élire les représentants des divers groupes de l’île. Dans ce système, un

14
Republic of Nauru (2004). « National Assessment Report : Ten Year Review of the Barbados Programme of
Action », page 9.
15
Op. Cit. Folliet (2010), page 41.
16
UNCCD (2003). « Nauru Department of Economic Development and Environment », page 7.
17
Op. Cit. Republic of Nauru (2004), page 7.
18
Op. Cit. Folliet (2010), page 30.
19
Ibid. page 44.
20
Op. Cit. UNCCD (2003), page 13.
21
Ibid. page 13.

4
président y est élu par le parlement et crée ensuite le gouvernement22. La démocratie à Nauru est
fortement participative et chacune des décisions socioéconomiques fait l’objet d’un processus de
consultation23. Du moins, en théorie. Car, plusieurs critiquent les excès et la corruption de l’élite24.
Cette méfiance a récemment mené à des remous gouvernementaux : en 2010, des votes de
défiances et des impasses entre opposition et gouvernement ont mené à de nouvelles élections peu
de temps après la formation du gouvernement25. Celles-ci ont mené à la réélection des mêmes
parlementaires menant aux mêmes problèmes et… à une autre élection anticipée. Le président de
l’époque, Stephen, a ensuite gouverné jusqu'en novembre 2011, date à laquelle il a démissionné à
la suite de nouvelles allégations de corruption26. Il a été remplacé par Frederick Pitcher, qui a été
en poste pendant 5 jours avant d'être destitué par un vote de défiance. Le Parlement a ensuite élu
Sprent Dabwido, un membre de l'opposition qui avait précédemment servi dans le gouvernement
de Stephen en tant que ministre des Transports et des Télécommunications27. Cette situation
montre un des grands problèmes de la politique de Nauru : la population est tellement petite que
les mêmes individus se succèdent parfois à la tête des différents postes au gouvernement. Mais
laissons un peu la politique de côté et revenons à la vie des Nauruans.

Chapitre 2 : l’indépendance et la prospérité

Au fil du temps, le mode de vie des habitants change drastiquement. Alors qu’ils vivaient
de la pêche et de la cueillette par le passé, privés des richesses du phosphate pendant les
colonisations, ils deviennent rapidement très fortunés28. Et c’est peu de le dire : la population vit
alors dans le luxe le plus total. À titre indicatif, en 1974, le pays possède le second PIB par habitant
au monde, trois fois plus élevé que celui des États-Unis. Cette année-là, le pays génère 225 millions
de dollars australiens29. Le gouvernement gère l’écrasante majorité des revenus sur l’île puisque

22
U.S. Department (2012). « Background note : Nauru »
23
Op. Cit. UNCCD (2003), page 13.
24
Op. Cit. Cibien, L. et P. Carcanade (2006).
25
Op. Cit. U.S. Department (2012).
26
Op. Cit. U.S. Department (2012).
27
Op. Cit. U. S. Department (2012).
28
Op. Cit. UNCCD (2003), page 11.
29
Op. Cit. Brut (2020).

5
presque tout lui appartient. La plupart de la population n’a pas besoin de travailler, elle vit de ses
redevances du phosphate et ce sont des travailleurs étrangers qui vont dans les mines30.
L’interventionnisme de l’État se situe à tous les niveaux :

L’État fait tout, fournit tout, pourvoit à tout. Pas besoin d’impôts, les caisses sont déjà
remplies de devises. Elles permettent de créer un hôpital très moderne pour l’époque. Et
quand l’hôpital de Nauru ne suffit pas, l’État envoie ses malades dans les meilleures
cliniques de Melbourne. L’île achète même dans l’est de la ville australienne un quartier
résidentiel afin d’y installer les familles des patients pour de longs séjours. Sur l’île, les
services aux personnes sont gratuits, l’électricité aussi. L’État envoie les lycéens
poursuivre leurs études à l’étranger. […] L’État nettoie même les toilettes des habitants.
Des femmes de ménage sont payées par le gouvernement pour tenir rangées et propres les
maisons. Dans les années 1970, Nauru est un paradis pour une population qui n’a pas
besoin de se lever pour aller travailler. Les Chinois et les islanders travaillent pour elle.
Les Nauruans vivent essentiellement de loisirs. […] Ils sont rentiers et se comportent en
tant que tels. Oisifs et consommateurs31.

La consommation exacerbée est manifeste dans cette société du loisir : les gens voyagent
et ramènent de nouveaux objets technologiques – des téléviseurs, des chaînes hi-fi, etc.32 Ils font
le tour de leur petite île sur des 4 x 4 pour passer le temps. Les maisons et les bateaux sont de plus
en plus grands : c’est la course à l’ostentatoire et au gigantisme à l’américaine. Manoa Tongamalo,
une habitante de l’île raconte même que lors de certaines fêtes, des habitants utilisent les billets de
banque comme papier toilette33 ! Pendant que les Nauruans se divertissent et consomment, l’État
construit et entretient les routes, érige un aéroport, des stations-service, etc. Nauru, en devenant
indépendante, développe ses institutions : démocratie, système de santé et d’éducation et système
financier. Concernant ce dernier, il est très centralisé :

Nauru possède son propre système bancaire ; la Bank of Nauru est entièrement détenue et
gérée par le gouvernement. Le secteur financier a pris de l'importance après les années
1980, l'île étant connue comme un centre bancaire offshore et un paradis fiscal. À partir
de 1999, à la suite d'allégations selon lesquelles il s'agissait d'un canal de blanchiment

30
Op. Cit. Folliet (2010), pages 42 et 43.
31
Ibid. page 46.
32
Ibid. page 47.
33
Dauvergne, P. (2019). « A Dark History of the World’s Smallest Island Nation ».

6
d'argent pour le crime organisé et les organisations terroristes, le secteur financier a fait
l'objet d'une série de réformes visant à accroître sa transparence. En raison de son histoire
coloniale, Nauru fait partie du système monétaire australien, et la monnaie australienne
est la devise légale du pays34.

Avant les scandales, tout va pourtant bien pour les Nauruans qui certes consomment à
outrance, mais se montrent aussi généreux envers les autres. Comme le dit Briar Rose, une
habitante de l’île, quand on creusait sur la propriété d’un Nauruan, il partageait les royalties
(redevances) avec les autres habitants. Il y avait un fort sentiment de communauté et d’entraide…
Et tout le monde était riche à cette époque35. Selon Kieren Keke, la majorité de l’argent venait des
royalties du phosphate, « il n’y avait pas d’effort à faire »36. Pour l’éducation, ils font venir des
professeurs australiens et néo-zélandais, ce qui assure une bonne qualité de l’enseignement37. Les
écoles ont beaucoup de matériel : des livres, des cahiers et des crayons en grande quantité. Plus
particulièrement, en ce qui concerne l’éducation et la santé :

Les services de base en matière d'éducation et de santé sont fournis gratuitement à tous les
citoyens [...]. Il n'existe pas de système de sécurité sociale gouvernemental. L'éducation
est obligatoire entre 6 et 16 ans. Le gouvernement fournit plusieurs jardins d'enfants et des
écoles primaires et secondaires. [...] Traditionnellement, les étudiants partent à l'étranger,
principalement en Australie, pour faire des études supérieures38.
[…]

L'essor de l'économie de Nauru était manifeste au vu du revenu par habitant très élevé
(plus de 19 000 USD) qui a dominé les années 1970 et 1980 et de la mise en place de
programmes d'aide sociale tels que la gratuité de l'enseignement, des soins de santé, des
subventions pour les enfants, des pensions pour les personnes âgées et l'absence de toute
imposition pour la population. Les services de soins de santé comprenaient le transfert
gratuit vers un hôpital en Australie si l'état de santé du patient ne pouvait être traité dans
les hôpitaux de Nauru, qui étaient plus ou moins conçus pour traiter les maladies
tropicales. En matière d'éducation, le gouvernement offrait 20 bourses par an pour

34
Op. Cit. Britannica (2022).
35
Op. Cit. Cibien, L. et P. Carcanade (2006).
36
Ibid.
37
Ibid.
38
Op. Cit. Britannica (2022).

7
l'enseignement secondaire en Australie et en Nouvelle-Zélande. Le programme était
complété par des bourses d'études supérieures et techniques39.

Chapitre 3 : le déclin et la fin du faste

Cependant, dans les


années 90, tout change. Les
dirigeants sachant que les
réserves de phosphate
s’épuiseraient dans les
années 1990 ont investi en
conséquence à l’étranger40.
Or, ces investissements ne
rapportent pas et les
dépenses continuent de
s’accumuler. Les premiers
signes de problèmes Exploitation des terres, de 1967 à 1998

économiques étaient pourtant arrivés assez rapidement après l’indépendance :

À la fin des années 1970, le gouvernement nauruan reçoit un premier coup de semonce. Le
cours du phosphate baisse. Le volume d’extraction oscille toujours entre 1,5 et 2 millions
de tonnes par an avant de baisser année après année. Diminution du prix, diminution des
quantités, des infrastructures vieillissantes, le gouvernement nauruan préserve encore un
certain niveau de croissance, mais les réserves s’épuisent41.

Le gouvernement garantit alors qu’il n’y aura aucun souci pour l’avenir. Même sans
phosphate, grâce aux investissements, notamment en immobilier, le gouvernement a tout prévu.
Pourtant :

39
Op. Cit. Republic of Nauru (2004), page 9.
40
Op. Cit. Folliet (2010), page 42.
41
Ibid. page 57.

8
La valeur des biens immobiliers de Nauru tout autour du globe était estimée à 1,2 milliard
de dollars à la fin des années 1980. En 2003, ils ne représentent plus que 130 millions de
dollars. Les journalistes de The Visionary seront également les premiers à alerter la
population sur les dangers du large emprunt contracté auprès de la General Electric pour
couvrir d’autres emprunts, et qui fait perdre au pays des millions de dollars par an rien
qu’en intérêts42.

De plus, des conseils promulgués par des « occidentaux » peu scrupuleux, la corruption au
sein du gouvernement et des emprunts à des multinationales ont accélérés la chute de l’économie.
Comme le note Folliet, « une des raisons au peu de rentabilité qu’apportent les investissements à
l’étranger est la présence systématique de nombreux « requins » tournant autour de Nauru »43.
Ces « requins » promettent monts et merveilles, mais les résultats ne sont pas au rendez-vous. Pire,
parfois l’argent disparaît tout simplement. Par exemple, en 1991, 60 millions sont confiés à un
certain Ronald Powles via différentes opérations financières. Le gouvernement ne reverra jamais
cet argent44. La classe politique de l’île commence aussi les méfaits qui conduiront aux accusations
de corruption :

Les comportements des dirigeants de l’île ressemblent à des caprices de stars, les ministres
confondant parfois leur porte-monnaie avec celui de l’État. Et tout le monde en profite,
femmes de ministres, enfants, familles. Le budget de fonctionnement du gouvernement
oscille autour des 50 millions de dollars australiens par an, chiffre ahurissant quand on
sait que le gouvernement nauruan n’a jamais compté plus de six ministres45.

Si le gouvernement vit comme s’il n’y avait pas de lendemain, le réveil ne tarde pourtant
pas à être brutal. En 1990, « 80 % de la surface de l’île a été creusé [et] il n’y a pratiquement plus
d’arbres sur Nauru »46. Les activités de la mine ralentissent constamment. La population
manifeste. Des politiques populistes calment alors cette dernière. Alors que le phosphate se fait de

42
Ibid. page 100.
43
Ibid. page 58.
44
Ibid. pages 58 et 59
45
Ibid. page 60.
46
Ibid. page 65.

9
plus en plus rare, le gouvernement ne diminue pourtant pas la cadence et son train de vie. Le
président de l’époque, René Harris, dépense sans compter et gouverne depuis sa résidence
secondaire… en Australie – car il s’y fait soigner pour son diabète47. Une grande partie des entrées
d’argent et des emprunts du gouvernement sert alors à financer le déficit budgétaire inhérent à tous
les budgets gouvernementaux depuis le milieu des années 197048.

Or, ce n’est pas uniquement l’élite qui a mené Nauru au désastre. « Les gens ne faisaient
rien pour garder les choses en bon état. Parce qu’ils avaient de l’argent. Et quand c’était usé, ils
jetaient pour acheter autre chose », raconte le directeur de l’office du tourisme de Nauru (en poste
même si l’île n’a encore aucun touriste au moment où il parle)49. Le consumérisme, le capitalisme
à l’Occidentale, voilà ce qui a détruit Nauru et son environnement :

L’île était devenue un club de vacances au prix de cet étrange paradoxe : Nauru
appauvrissait son sol pour mieux enrichir celui des autres. Et pendant que son phosphate
nourrissait les champs australiens ou néo-zélandais, Nauru se désintéressait de sa terre
éventrée. Puisque plus rien ne poussait sur l’île, Nauru importait alors tous les produits
dont les habitants avaient besoin, issus d’une agriculture australienne dopée au
phosphate : pain, œufs frais, viande, salades, produits congelés par containers entiers. Les
cargos apportaient aussi voitures, bateaux, motos, magnétoscopes, autoradios, chaîne hi-
fi. Tout cela coûtait extrêmement cher – 7 dollars pour une salade – mais les Nauruans
pouvaient se le permettre. On ne fabriquait plus. On jetait. On ne réparait plus. On
remplaçait. On ne produisait plus, on ne cuisinait plus. On consommait50.

De mauvaises décisions managériales sont aussi en cause. Alors que Nauru a lancé sa
propre compagnie aérienne en 1972, Air Nauru, et a investi massivement dans le transport
maritime en 1990, ces investissements ne rapportent pas et engendrent des coûts immenses. Ainsi,
la compagnie aérienne engouffre 50 % des revenus annuels de l’île alors que les vols sont occupés
à seulement 20 % de leur capacité51. On estime que Nauru a dépensé plus de 600 millions de dollars

47
Ibid. page 69.
48
Op. Cit. Republic of Nauru (2004), page 9.
49
Op. Cit. Cibien, L. et P. Carcanade (2006).
50
Op. Cit. Folliet (2010), pages 56-57.
51
Ibid. page 103.

10
australiens à la fois dans les activités de la compagnie aérienne et pour sa ligne maritime, Nauru
Pacific Line. Le but de l’île était de monopoliser les liaisons interîles et, ainsi, avoir une
diversification de ses revenus. Nauru voulait dominer le Pacifique et accroître son prestige et son
influence. Cependant, une mauvaise gestion et une forte compétition internationale l’ont empêchée
d’atteindre ces marchés lucratifs5253. Dans les années 90, les dettes de Nauru explosent. Pour
rembourser, les Nauruans doivent vendre immeubles, avions, bateaux…54. C’est la fin des rêves
de grandeur et le début des problèmes économiques sérieux :

La récession a été caractérisée par des contraintes intérieures et extérieures croissantes


en matière de développement qui sont similaires à celles d'autres pays insulaires du
Pacifique, à savoir un marché intérieur restreint, l'éloignement des grands marchés, une
base de ressources limitée, le manque de main-d'œuvre qualifiée et formée, une capacité
d’exportation limitée, une forte dépendance à l'égard des importations, des infrastructures
peu développées et une vulnérabilité aux catastrophes naturelles55.

Les salaires chutent… Pendant que les prix des biens et marchandises, eux, augmentent56.
La Bank of Nauru, seul établissement bancaire de l’île, « ferme ses portes faute de liquidité ». Des
centaines de personnes « perdent en une journée toutes leurs économies accumulées sur leurs
comptes, dont quelques-uns, avec les royalties du phosphate, dépassaient le million de dollars »57.
La situation continue de se dégrader. Quatre-vingt-dix pour cent de la population vit aujourd’hui
dans une pauvreté extrême, disposant de moins de 1,90 $ par jour58.

Le seul port de l’île est en désuétude alors que la nourriture arrive uniquement par cet accès.
C’est aussi le cas de l’essence qui alimente notamment le seul avion restant de l’île ce qui raréfie
les vols et isole davantage l’île. Si autrefois des bateaux pouvaient amener des tonnes et des tonnes
de marchandises (parfois jusqu’à 100 nouvelles voitures en un jour !), aujourd’hui les gens peinent

52
Ibid. page 52.
53
Op. Cit. Republic of Nauru (2004), page 35.
54
Op. Cit. Cibien, L. et P. Carcanade (2006).
55
Op. Cit. UNCCD (2003), page 14.
56
Op. Cit. Cibien, L. et P. Carcanade (2006).
57
Op. Cit. Folliet (2010), page 74.
58
Unesco (2011). « Nauru ». Calculé en dollars internationaux.

11
à avoir de la nourriture de qualité, car les bateaux, les grues et autres installations ne sont pas
réparés, faute de moyens59. Alors que Nauru importe plus de 90 % de ses denrées alimentaires et
autres produits de base nécessaires à la survie de ses habitants, faute de les trouver sur l’île, elle
est de plus en plus isolée, coupée du reste du monde60. Par exemple, sur Nauru, la quasi-totalité
des légumes est importée d’Australie61. Ironie du sort : le pays est devenu riche grâce au phosphate
qui sert d’engrais et maintenant, plus rien ne pousse sur ses terres lunaires, conséquence des mines
de phosphate qui ont ravagé les sols et laissé des dépôts de minerais infertiles. L’exploitation du
phosphate ayant causé une érosion aggravée des sols qui se jumelle à une montée du niveau des
eaux, l’île disparaît peu à peu62. Les coûts d’importation sont parmi les plus élevés au monde, car
l’île est éloignée et isolée63. L’île ne dispose d’aucune surface d’eau potable (lac, rivière, etc.)64.
Les habitants doivent puiser l’eau dans le sol, mais celle-ci est trouble et impropre à la
consommation65. Ils dépendent donc de l’eau de pluie ou d’importations d’eau, car l’usine de
désalinisation fonctionnant à l’essence, comme la majorité des choses sur l’île d’ailleurs, est au
ralenti puisque l’essence est une denrée rare sur l’île66.

Nauru a aussi un problème au niveau des déchets et ordures ménagères qui sont encore mal
gérés et polluent massivement l’île et ses alentours67. Les autres problèmes économiques incluent
une inégalité croissante des revenus au sein de Nauru, une inflation galopante et un taux de
chômage en augmentation constante. Comme le note le gouvernement lui-même, ces problèmes
sont de mauvais augure pour le développement et la pérennité de l'île68. La situation est
particulièrement inquiétante chez les jeunes :

59
Op. Cit. Cibien, L. et P. Carcanade (2006).
60
Op. Cit. U.S. Department (2012).
61
Op. Cit. Cibien, L. et P. Carcanade (2006).
62
Op. Cit. UNCCD (2003), page 5.
63
Op. Cit. Cibien, L. et P. Carcanade (2006).
64
Op. Cit. UNCCD (2003), page 4.
65
Op. Cit. Cibien, L. et P. Carcanade (2006).
66
Op. Cit. Folliet (2010), page 115.
67
Op. Cit. Republic of Nauru (2004), page 25.
68
Ibid. page 10.

12
Bien qu'il n'existe pas de chiffres officiels, le chômage est en augmentation ces dernières
années, principalement en raison du déclin de l'industrie du phosphate et de la diminution
(downsizing) des activités du secteur public. Un problème particulièrement important
concerne le taux extrêmement élevé de chômage chez les jeunes (estimé à 30 % pour les
hommes et 55 % pour les femmes). Avec la réduction des effectifs du secteur public et les
opportunités limitées dans tous les autres secteurs, il est peu probable que le gouvernement
soit en mesure de fournir suffisamment d'emplois à court terme pour compenser ceux qui
sont perdus dans l'industrie minière et dans le secteur public69.

Le courant est coupé deux fois par jour pour économiser l’essence qui alimente la
génératrice. Les gens se nourrissent principalement de riz et se servent de vieux électroménagers
en fin de vie et achetés lors des périodes fastes. De toute manière, ils n’auraient plus les moyens
de s’en payer aujourd’hui70. En se reposant uniquement sur le phosphate, les Nauruans ont délaissé
les autres activités productives (privées ou manufacturières) et les ont éliminées de leur
économie71. C’est le « syndrome hollandais », c’est-à-dire lorsque l’économie d’un pays dépend
uniquement de l’exploitation des matières et que cela mène à une désindustrialisation massive72.
Les difficultés économiques touchent toutes les institutions de Nauru :

Le manque et l'imprévisibilité des ressources financières ont affecté tous les secteurs des
services et des programmes du gouvernement. Les programmes éducatifs et les services de
soins de santé sont réduits, en particulier ceux qui impliquent une formation ou des
références médicales à l'étranger. Les travaux essentiels dans tous les secteurs sont
également réduits ou suspendus, selon le cas [...]73.

Selon les Nations-Unies, Nauru a un besoin criant de nouvelles pratiques managériales, de


planification et de restructuration économique74. L’île dépend dorénavant de maigres sources de
revenus : redevances de droit de pêche, soutien international et… Des activités pour le moins peu

69
Ibid. page 11.
70
Op. Cit. Cibien, L. et P. Carcanade (2006).
71
Op. Cit. UNCCD (2003), page 14.
72
Voir : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/syndrome-hollandais-dutch-disease-effet-de-
groningue#:~:text=Le%20syndrome%20n%C3%A9erlandais%2C%20ou%20syndrome,ou%20encore%20de%20la
%20Norv%C3%A8ge.
73
Op. Cit. Republic of Nauru (2004), page 10.
74
Op. Cit. UNCCD (2003), pages 4 et 5.

13
glorieuses75. L’île a en effet dû se montrer inventive pour faire rentrer de l’argent dans les caisses
de l’État. Ainsi, elle est devenue un des plus grands paradis fiscaux au monde76. Nauru a aussi
ouvert des centres de détention de réfugiés clandestins pour l’Australie en échange de 30 millions
de dollars australiens par an77. Comme le décrit Shamel Mahmoodi, qui s’occupe du centre :
« jusqu’à présent, 1 200 demandeurs d’asile sont passés par ces camps »78. Des conditions de vie
inhumaines qui y règnent amènent des protestations internationales. Nauru et la Papouasie
Nouvelle-Guinée sont les deux pays qui font affaire avec l’Australie pour la « débarrasser » des
migrants interceptés en mer79. L’île vend aussi des passeports en plus des accès à de fausses
banques (« Shell Bank ») pour permettre une évasion fiscale, ce qui assure des revenus
supplémentaires au gouvernement80. En 2002, deux terroristes liés à Al-Qaida sont arrêtés avec
des passeports nauruans. L’île est alors mise au ban de la communauté internationale, ce qui
accentue son isolement81. L’île échange aussi ses votes aux Nations-Unis en échange de
ressources. En bref, aujourd’hui, « le gouvernement nauruan monnaye le peu qui lui reste. Son sol
pour les migrants clandestins chassés d’Australie. Ses maigres attributs d’État pour ses voisins
asiatiques. Tout est bon à prendre »82.

Par ailleurs, en raison d'une mauvaise alimentation et d'un mode de vie sédentaire, Nauru
présente l'un des taux les plus élevés au monde de diabète, d'insuffisance rénale et de maladies
cardiaques, dépassant 40 % de la population83. Le taux de diabète monte à 66% chez les adultes
de 55 ans et plus84. Et cela ne s’arrête pas là :

Nauru a l'un des taux d'obésité les plus élevés au monde, avec plus de deux tiers des
hommes et trois quarts des femmes obèses, ainsi que l'un des taux de tabagisme les plus
élevés. [...] L'alcoolisme est également endémique, contribuant à la violence domestique

75
Op. Cit. U.S. Department (2012).
76
Op. Cit. Folliet (2010), page 69.
77
Ibid. page 79.
78
Op. Cit. Cibien, L. et P. Carcanade (2006).
79
Ibid.
80
Op. Cit. Folliet (2010), page 70.
81
Ibid. page 71.
82
Ibid. page 116.
83
U Op. Cit. U.S. Department (2012).
84
Op. Cit. Republic of Nauru (2004), page 38.

14
et aux fréquents délits de conduite en état d'ivresse, même si toutes les routes du pays ne
couvrent que 30 kilomètres85.

Violette, qui détient une entreprise d’outillage sur l’île, dit d’ailleurs :

On a perdu en quelques années le sens des valeurs. Ils n’avaient plus de limites. Un
exemple, les voitures. Ah, les voitures à Nauru… Une vraie passion sur l’île. La route à
emprunter chaque jour, le tour de l’île… Ceux qui pouvaient se le permettre achetaient des
pick-up toujours plus gros que celui du frère ou du cousin lointain. Une famille pouvait
avoir six ou sept voitures dans les années 1970, à une époque où une famille d’un pays
occidental n’en avait qu’une86.

Conclusion : l’avenir de l’île?

La dépendance face au
capitalisme mondialisé a
transformé une île vivant de la
pêche et d’autres activités
traditionnelles en une société
consumériste et productiviste qui a
détruit son environnement et perdu
son savoir-faire traditionnel. L’île a
perdu son autonomie en achetant
les biens plutôt qu’en les faisant ou
Mine de phosphate à Nauru
en les pensant, comme en témoigne
Joy Heine, responsable du Women Affairs Office de Nauru, analysant la situation dans les années
2000 :

85
Op. Cit. Dauvergne, P. (2019).
86
Op. Cit. Folliet (2010), page 48.

15
Il y a toute une éducation à faire. Ou plutôt à refaire. Ces vingt dernières années, il y a eu
une réelle cassure dans la transmission de la culture, mais aussi du savoir. Sur des choses
toutes simples. Des jeunes filles, à l’heure actuelle oublient par exemple de nourrir leurs
bébés. Quand elles le peuvent. Parfois elles n’ont pas assez de nourriture pour le faire.
C’est grave. « Mais en même temps c’est très logique », continue Joy. Dans les années
1980, leurs parents ne faisaient jamais à manger, allaient acheter plusieurs fois par jour
des plats chinois. Toutes les semaines, le gouvernement envoyait dans chaque foyer une
femme de ménage pour tenir la maison propre. Il est alors très difficile maintenant pour
ces jeunes filles, devenues adultes, de se mettre au travail. Un travail qui au jour le jour
est compliqué, on l’oublie. Tenir une maison, élever des enfants, ce n’est pas simple. Mais
comment le faire lorsque vous n’avez pas eu cette éducation?87

Les Nauruans ont, ajoute Joy « complètement mis de côté » leur « culture » et leur
« savoir »88. Le retour brutal de la pauvreté après quelques décennies de capitalisme débridé aura
forcé les habitants à retourner à la pêche pour se nourrir89. Ils auront dû « revenir un siècle en
arrière quand les chefs de famille allaient pêcher tous les matins et soirs et récolter des noix de
coco » pour, ironiquement, être finalement « en meilleure santé ».90

Quel avenir pour ce peuple isolé et sans ressources? Comme nous l’avons vu, le
gouvernement cherche désespérément des solutions. Par exemple, le manque de liquidités étant un
obstacle majeur au développement des entreprises à Nauru, la mise en place d'un programme de
microfinancement pour apporter des services financiers de base aux petites entreprises est une
solution jugée appropriée pour le pays. En commençant par des services de petits prêts pour
faciliter la création d'entreprises (et le secteur privé), le programme pourrait être élargi à un stade
ultérieur pour permettre des dépôts et d'autres services de paiement, ce qui serait essentiel compte
tenu de l'état actuel de la Banque de Nauru91.

Cependant, pour beaucoup, l’avenir se trouve, paradoxalement, dans le « secondary


mining » qui consiste à « creuser la seconde couche » du sol pour en extraire… davantage de

87
Ibid. page 127.
88
Ibid. page 128.
89
Ibid. page 84.
90
Ibid. page 130.
91
Op. Cit. Republic of Nauru (2004), page 18.

16
phosphate92. Frederick Pitcher, ministre de l’Industrie à Nauru dit : « Il fallait redonner un avenir
à Nauru. Et celui-ci était sur l’île. Pas à Sydney, Melbourne ou Brisbane. L’avenir est sur l’île, lié
au phosphate »93. Malgré tout, les Nauruans espèrent ne pas reproduire les erreurs du passé et
préserver l’environnement au maximum. Ils sont conscients qu’ils détruiront davantage d’arbres
et de milieux pour les espèces animales, mais comme ils disent : « nous n’avons pas le choix, nous
avons besoin d’argent »94. Dans un monde interconnecté où l’économie est reine, Nauru n’est pas
une exception. Nauru c’est l’histoire de l’humain qui devient dominé par sa propre création : ses
institutions et son système socioéconomique capitaliste. Ainsi :

L’île se débat dans cette situation complexe, mais caractéristique d’une économie
capitaliste qui ne s’embarrasse guère de ses dégâts collatéraux. Il n’y a eu ni guerre, ni
révolution, ni élément extérieur qui a provoqué la chute de Nauru. Seulement le cours des
choses qui a tout emporté en deux générations. Qui est alors responsable de ce gâchis?
Tout le monde. Car tout le monde s’est servi à Nauru et s’est servi de Nauru. Les Européens
au début du siècle dernier, les dominions du coin, la Nouvelle-Zélande ou l’Australie
encore maintenant. Et surtout les Nauruans eux-mêmes, assommés de dollars, et qui n’ont
pas su préserver leur terre et leur culture. « Nauru n’est pas qu’un pays ruiné. Nauru parle
de nous-mêmes confrontés à la richesse et à l’abondance » dit dans l’avion du retour
Michael, un Australien qui vient régulièrement pour affaires sur l’île. « Nauru, c’est
l’histoire de l’homme qui, une fois son confort matériel assuré, néglige sa culture, oublie
son passé et se fout de son environnement. Nauruans, Occidentaux ou Chinois. Sur ce point
je pense qu’on se vaut tous »95.

92
Op. Cit. Folliet (2010), page 138.
93
Ibid. page 142.
94
Op. Cit. Cibien, L. et P. Carcanade (2006).
95
Op. Cit. Folliet (2010), page 149.

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Bibliographie

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https://www.brut.media/fr/nature/nauru-le-pays-qui-s-est-mange-lui-meme-b4122435-3c5c-4093-b657-
41c1e1ca5e40
CIBIEN, L. et P. CARCANADE (2006). « Nauru, l’île perdue », Beta prod., Arte, RTBF, RFO.
DAUVERGNE, P. (2019). « A Dark History of the World’s Smallest Island Nation », MIT Press Reader, consulté
en ligne au https://thereader.mitpress.mit.edu/dark-history-nauru/
DHOMBRES, D. (2006). « Un conte écologique en plein Pacifique », Le Monde.
FOLLIET, L. (2010). « Nauru, l’île dévastée : Comment la civilisation capitaliste a détruit le pays le plus riche du
monde », La découverte.
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Action », rapport gouvernemental. Consulté en ligne au :
https://www.sprep.org/att/IRC/eCOPIES/Countries/Nauru/4.pdf
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United Nations Convention to Combat Desertification (UNCCD).
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U.S. DEPARTMENT (2012). « Background note : Nauru », consulté en ligne au :
https://web.archive.org/web/20121017054843/http://www.state.gov/r/pa/ei/bgn/16447.htm

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