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Les sommations

Version : 2023-08-17

Jean Haddad
Table des matières
0 - Introduction...........................................................................................................................................................3

1 - Le symbole de sommation ....................................................................................................................................4

2 - Changement de variable pour une sommation.....................................................................................................7

3 - Détermination du terme général d’une sommation .......................................................................................... 11

4 - Les propriétés des sommations.......................................................................................................................... 16

5 - Les sommes télescopiques ................................................................................................................................. 20

6 - Les formules de sommation ............................................................................................................................... 25

2
0 - Introduction

Dans ce cahier, nous étudierons les sommations, qui représentent une addition des termes d’une séquence de
nombres. Les formules de sommation seront utiles lorsque nous voudrons évaluer l’aire sous une courbe, et sont
la base de la définition de l’intégrale. Plus tard encore, nous étudierons les séries, qui sont des sommes
comprenant une infinité de termes, et qui forment la base de toute une théorie.

3
1 - Le symbole de sommation

Définition : Il y a plusieurs façons d’utiliser le symbole de sommation, noté ∑ (de la lettre grecque « sigma »
majuscule). On parle aussi de la notation sigma. Soit 𝑖1 et 𝑖2 tels que 𝑖1 ≤ 𝑖2 (typiquement, 𝑖1 et 𝑖2 sont des
nombres naturels, mais on pourrait avoir des nombres réels quelconques, dans la mesure que 𝑖2 − 𝑖1 soit un
nombre naturel). Alors :

𝑖2

∑ 𝑎𝑖 = 𝑎𝑖1 + 𝑎𝑖1 +1 + 𝑎𝑖1 +2 + ⋯ + 𝑎𝑖2 −1 + 𝑎𝑖2


𝑖=𝑖1

• La représentation à gauche dans l’égalité ci-dessus est dite notation sigma ou avec le symbole de
sommation, alors que celle à droite est dite en extension (ou développée).
• 𝑖 est l’indice de sommation (ça pourrait être 𝑗, 𝑘, 𝑙, etc.) et 𝑎𝑖 est le terme général de la sommation,
souvent donné sous la forme d’une fonction : 𝑎𝑖 = 𝑓(𝑖).
• 𝑖1 et 𝑖2 sont les bornes de sommation (borne inférieure et borne supérieure).
• On en déduit que cette somme contient 𝑖2 − 𝑖1 + 1 termes.
• En remplaçant 𝑖2 par +∞, on indique que la sommation ne se termine jamais, ce qui donnerait :

+∞

∑ 𝑎𝑖 = 𝑎𝑖1 + 𝑎𝑖1 +1 + 𝑎𝑖1 +2 + ⋯


𝑖=𝑖1

• Il est aussi possible de définir un ensemble quelconque de valeurs que l’indice de sommation prendra.
Dans ce cas, si on définit 𝐼 = {𝑖1 ; 𝑖2 ; 𝑖3 ; … } comme étant l’ensemble (fini ou infini) des valeurs (pas
nécessairement entières) que l’indice de sommation prendra, alors :

∑ 𝑎𝑖 = 𝑎𝑖1 + 𝑎𝑖2 + 𝑎𝑖3 + ⋯


𝑖∈𝐼

Convention : Pour les démarches, nous procèderons comme pour les évaluations de fonctions : chaque terme de
la somme sera affiché mais après avoir été simplifié.

4
Ordre de priorité des opérations : Nous attribuerons au symbole de sommation la priorité sur les opérations
élémentaires si elles sont exprimées à l’aide des symboles « + », « − », « × » ou « ÷ » mais pas autrement :

10 10 +∞ 5
Expression : 2 ∑ 𝑎𝑖 𝑏𝑖
∑ 𝑎𝑖 + 5 ∑𝑖 ∑𝑖 × 2
𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1
10 10 +∞ 5
Interprétation : 2) ∑(𝑎𝑖 𝑏𝑖 )
(∑ 𝑎𝑖 ) + 5 ∑(𝑖 (∑ 𝑖 ) × 2
𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1

Exemple 1

Soit :
8
• 𝐼1 : L’ensemble {−5 ; 3 ; 7 ; 100}.

• 𝐼2 : L’ensemble des nombres premiers entre 10 et 25, donc 𝐼2 = {11 ; 13 ; 17 ; 19 ; 23}.


Développez le symbole de sommation donné (sans évaluer la somme). Dans le cas d’une somme infinie, explicitez
les quatre premiers termes. Si la borne supérieure est une valeur non spécifiée (comme 𝑛), explicitez les deux
premiers termes et le dernier terme.

10 7

a) ∑ 2𝑖 = 14 + 16 + 18 + 20 b) ∑ 5 = 5 + 5 + 5 + 5 + 5 + 5 + 5
𝑖=7 𝑖=1

6 +∞
(−1)𝑘+1 1 1 1 1 1 1 1 1
c) ∑ = − + − d) ∑ 2
=1+ + + +⋯
𝑘 3 4 5 6 𝑖 4 9 16
𝑘=3 𝑖=1

64
e) ∑ 𝑖 2 = 25 + + 49 + 10 000 f) ∑(𝑖 + 5) = 16 + 18 + 22 + 24 + 28
9 𝑖∈𝐼2
𝑖∈𝐼1

+∞ +∞
9 9 9 9 9 3 𝑖 3 9 27
g) ∑ 𝑖 = + + + +⋯ h) ∑ ( ) = 1 + + + +⋯
10 10 100 1 000 10 000 4 4 16 64
𝑖=1 𝑖=0

𝑛 𝑛
i) ∑(3𝑗 + 8) = 20 + 35 + ⋯ + (3𝑛2 + 8)
2
j) ∑ 𝑘 3 = 1 + 8 + ⋯ + 𝑛3
𝑗=2 𝑘=1

5
Exercices

1) Exprimez les sommations ci-dessous en extension. Dans le cas d’une somme infinie, explicitez les trois premiers
termes.
10 +∞

a) ∑ 𝑐𝑖 b) ∑ 𝑖𝑓(𝑐𝑖−1 )
𝑖=6 𝑖=1

+∞ 11
𝑖+1 d) ∑(5𝑗 + 3)
c) ∑(−1) 𝑓(𝑐2𝑖−1 )
𝑖=1 𝑗=7

Réponses

1) a) 𝑐6 + 𝑐7 + 𝑐8 + 𝑐9 + 𝑐10 b) 𝑓(𝑐0 ) + 2𝑓(𝑐1 ) + 3𝑓(𝑐2 ) + ⋯

c) 𝑓(𝑐1 ) − 𝑓(𝑐3 ) + 𝑓(𝑐5 ) − ⋯ d) 38 + 43 + 48 + 53 + 58

6
2 - Changement de variable pour une sommation

Les deux expressions ci-dessous, une fois développées, représentent la même somme et ni l’une ni l’autre de ces
sommes ne contient l’indice de sommation.

10 10

∑ 5𝑖 = 35 + 40 + 45 + 50 ∑ 5𝑗 = 35 + 40 + 45 + 50
𝑖=7 𝑗=7

Une fois une sommation développée (donc donnée en extension), les termes ne contiennent pas l’indice de
sommation. Cela signifie que le choix de la lettre pour l’indice de sommation n’influence pas la valeur de la
sommation. L’indice de sommation est donc une variable dite muette et on obtient la propriété suivante.

𝑖2 𝑖2

Propriété : ∑ 𝑎𝑖 = ∑ 𝑎𝑗
𝑖=𝑖1 𝑗=𝑖1

Observons aussi que la somme ci-dessus auraient pu être représentées en prenant une borne inférieure
différente. Par exemple, on constate que :

4 10

∑ 5(𝑖 + 6) = 5 ⋅ 7 + 5 ⋅ 8 + 5 ⋅ 9 + 5 ⋅ 10 = 35 + 40 + 45 + 50 = ∑ 5𝑖
𝑖=1 𝑖=7

10 4

⟹ ∑ 5𝑖 = ∑ 5(𝑖 + 6)
𝑖=7 𝑖=1

En quelque sorte, on peut dire que les bornes de la première sommation ont été décalées de 6 pour obtenir les
bornes de la seconde (on a soustrait 6 aux deux bornes). Pour compenser, on a substitué 𝑖 par 𝑖 + 6. La
prochaine propriété formalise cette observation.

7
𝑖2 𝑖2 −𝑑

Propriété (changement de variable) : Soit 𝑑 ∈ ℤ, alors : ∑ 𝑎𝑖 = ∑ 𝑎𝑖+𝑑


𝑖=𝑖1 𝑖=𝑖1 −𝑑

Preuve : Dans la première sommation, les valeurs de 𝑖 suivent la séquence « 𝑖1 ; 𝑖1 + 1 ; 𝑖1 + 2 ; ... ; 𝑖2 − 1 ; 𝑖2 ».


En posant le changement de variable 𝑗 = 𝑖 − 𝑑, on obtient que 𝑖 = 𝑗 + 𝑑 et donc que 𝑎𝑖 = 𝑎𝑖+𝑑 . De plus, les
valeurs de 𝑗 suivent la séquence : « 𝑖1 − 𝑑 ; 𝑖1 − 𝑑 + 1 ; 𝑖1 − 𝑑 + 2 ; ... ; 𝑖2 − 𝑑 − 1 ; 𝑖2 − 𝑑 », qui est une
séquence de nombres consécutifs débutant à 𝑖1 − 𝑑 et se terminant à 𝑖2 − 𝑑. Ces observations nous permettent
d’obtenir :

𝑖2 𝑖2 −𝑑

∑ 𝑎𝑖 = ∑ 𝑎𝑗+𝑑
𝑖=𝑖1 𝑗=𝑖1 −𝑑

Or, l’indice de sommation étant une variable muette (propriété précédente), cette dernière sommation pourrait
se réécrire en changeant tous les 𝑗 par 𝑖, ce qui donne :

𝑖2 𝑖2 −𝑑 𝑖2 −𝑑

∑ 𝑎𝑖 = ∑ 𝑎𝑗+𝑑 = ∑ 𝑎𝑖+𝑑
𝑖=𝑖1 𝑗=𝑖1 −𝑑 𝑖=𝑖1 −𝑑

CQFD.

Remarques :
• Le changement de variable dans une sommation doit absolument avoir la forme 𝑗 = 𝑖 − 𝑑 pour respecter
le principe du symbole de sommation qui implique que 𝑗 doit être incrémenté de 1 si 𝑖 est incrémenté de
1 (c’était un élément essentiel de la preuve). Typiquement, on utilise directement la propriété du
changement de variable, donc sans préciser le changement de variable et en conservant le même indice.
• Puisque 𝑑 pourrait être n’importe quel entier (en fait, rien n’empêche que ce soit un réel quelconque,
quoique ce soit peu conventionnel de considérer des bornes non entières), cette propriété permet de
conclure que toute sommation peut être exprimée de façon équivalente sous la forme d’une sommation
débutant à n’importe quelle valeur.

8
Exemple 1

Réécrivez ces sommations de deux façons :


• Sous la forme d’une sommation qui vise à simplifier le terme général (si c’est possible tout en gardant les
bornes entières).
• Sous la forme d’une sommation dont la borne inférieure est 1.

102 100 50

a) ∑ (𝑖 − 2) = ∑ 𝑖 = ∑(𝑖 + 50)3
3 3

𝑖=53 𝑖=51 𝑖=1

18 14 14

b) ∑(7𝑖 − 2) = ∑(7(𝑖 + 4) − 2) = ∑(7𝑖 + 26)


𝑖=5 𝑖=1 𝑖=1

54 64 51

c) ∑ √𝑖 + 10 = ∑ √𝑖 = ∑ √𝑖 + 13
𝑖=4 𝑖=14 𝑖=1

75 70 61

d) ∑ ln(𝑖 − 5) = ∑ ln(𝑖) = ∑ ln(𝑖 + 9)


𝑖=15 𝑖=10 𝑖=1

234 234 236 192


5 5 5 5
e) ∑ = ∑ = ∑ =∑
8𝑖 + 16 8(𝑖 + 2) 8𝑖 8(𝑖 + 44)
𝑖=43 𝑖=43 𝑖=45 𝑖=1

90 86 86

f) ∑(8𝑖 + 5) = ∑(8(𝑖 + 4) + 5) = ∑(8(𝑖 2 + 8𝑖 + 16) + 5)


2 2

𝑖=5 𝑖=1 𝑖=1

86 86

= ∑(8𝑖 + 64𝑖 + 128 + 5) = ∑(8𝑖 2 + 64𝑖 + 133)


2

𝑖=1 𝑖=1

9
Exercices

1) Réécrivez ces sommations de deux façons :


• Sous la forme d’une sommation qui vise à simplifier le terme général (si c’est possible tout en gardant les
bornes entières).
• Sous la forme d’une sommation dont la borne inférieure est 1.

40 20

a) ∑(𝑖 + 5) b) ∑ √𝑖 + 9
𝑖=8 𝑖=7

300 37
7
c) ∑ d) ∑ (𝑖 + 9)3
𝑖+9
𝑖=100 𝑖=12

40 17
2
e) ∑(𝑖 + 5) f) ∑(7𝑖 − 4)
𝑖=8 𝑖=4

Réponses

45 33 29 14
1) a) ∑ 𝑖 = ∑(𝑖 + 12) b) ∑ √𝑖 = ∑ √𝑖 + 15
𝑖=13 𝑖=1 𝑖=16 𝑖=1

309 201 46 26
7 7
c) ∑ = ∑ d) ∑ 𝑖 = ∑(𝑖 + 20)3
3
𝑖 𝑖 + 108
𝑖=109 𝑖=1 𝑖=21 𝑖=1

33 14
2
e) ∑(𝑖 + 14𝑖 + 54) f) ∑(7𝑖 + 17)
𝑖=1 𝑖=1

10
3 - Détermination du terme général d’une sommation

Supposons maintenant qu’on veuille exprimer une somme en utilisant le symbole de sommation. La règle de base
consiste à faire ressortir une séquence de nombres consécutifs dans l’écriture des termes de la somme. Nous
reviendrons sur ce sujet plus en détail lorsque nous étudierons les suites et séries, mais voici quelques exemples.

10

35 + 40 + 45 + 50 = 5 ⋅ 7 + 5 ⋅ 8 + 5 ⋅ 9 + 5 ⋅ 10 = ∑ 5𝑖
𝑖=7

Cela dit, on aurait très bien pu transformer la séquence « 7 ; 8 ; 9 ; 10 » pour faire apparaitre une autre
séquence, par exemple « 1 ; 2 ; 3 ; 4 » :

5 ⋅ 7 + 5 ⋅ 8 + 5 ⋅ 9 + 5 ⋅ 10 = 5 ⋅ (6 + 1) + 5 ⋅ (6 + 2) + 5 ⋅ (6 + 3) + 5 ⋅ (6 + 4) = ∑ 5(6 + 𝑖)
𝑖=1

Notons d’abord qu’en simplifiant les parenthèses, on obtient la séquence initiale, celle plus « naturelle ». Pour
cette raison, bien que les deux sommations représentent la même somme (et qu’il y en ait une infinité d’autres),
nous considèrerons que la première sommation est la version simplifiée. Observez aussi le passage de la séquence
« 7 ; 8 ; 9 ; 10 » à la séquence « 1 ; 2 ; 3 ; 4 » représente un décalage de −6 pour les bornes, ce qui nécessite,
pour compenser, un décalage de +6 à l’indice de sommation dans le terme général.

11
Procédure : Voici quelques indications pour déterminer le terme général d’une sommation.
• Reconnaitre les carrés : 1; 4; 9; 16; 25; 36; 49; 64; 81; 100; 121; 144; 169; 196; 225; … Notez que l’écart
entre un nombre de cette séquence et son précédent est 3; 5; 7; 9; 11; … Cette observation permet de
reconnaitre des séquences de carrés auxquels on aurait ajouté une constante. Lorsque nous étudierons
les suites et séries, nous verrons une généralisation de cette observation.
• Reconnaitre les cubes : 1 ; 8 ; 27 ; 64 ; 125 ; 216 ; 343 ; 512 ; 729 ; 1000 ; 1331 ; 1729 ; …
• Reconnaitre les puissances de 2 : 1 ; 2 ; 4 ; 8 ; 16 ; 32 ; 64 ; 128 ; 256 ; 512 ; 1024 ; 2048 ; …
• Reconnaitre les puissances de 3 : 1 ; 3 ; 9 ; 27 ; 81 ; 243 ; 729 ; …
• Reconnaitre les factorielles : 1 ; 1 ; 2 ; 6 ; 24 ; 120 ; 720 ; 5 040 ; 40 320 ; 362 880 ; …
• Reconnaitre les progressions dites géométriques : Le ratio entre chaque terme et son précédent est
constant, disons 𝑟. Dans ce cas, le terme général a la forme 𝑎𝑟 𝑖 , où 𝑎 est le premier terme et où la
sommation débute en 𝑖 = 0.
• Reconnaitre les progressions dites arithmétiques : La différence entre chaque terme et son précédent est
constante, disons 𝑑. Dans ce cas, le terme général a la forme 𝑐 + 𝑑𝑖, où 𝑐 est une constante qui dépend
de la borne inférieure choisie pour 𝑖. Si 𝑖 = 0, alors 𝑐 correspond au premier terme de la somme.
• Une alternance de signes s’obtient toujours par l’introduction d’un facteur (−1)𝑖 ou (−1)𝑖+1 dans le
terme général. Le choix dépend du signe du premier terme et de l’indice du premier terme.
• Si la somme contient des fractions, alors il est plus simple d’analyse les numérateurs et les dénominateurs
séparément. Gardez aussi en tête que les fractions ont peut-être été simplifiées, auquel cas la
« régularité » des numérateurs et dénominateurs a pu être compromise. Pour la rétablir, on peut amplifier
une fraction qu’on soupçonne être le résultat d’une simplification.
• Si la somme contient un facteur commun, sa mise en évidence fera ressortir une somme plus simple.
• Gardez en tête que, non seulement les termes peuvent avoir tous été multipliés par un facteur commun,
mais ils peuvent aussi avoir été additionnés d’une même constante 𝑐 (positive ou négative). Dans ce cas,
si la constante est petite, on peut, à l’œil, reconnaitre que la séquence est similaire à une autre séquence
plus facile à analyser (par exemple, parce qu’elle contient maintenant un facteur commun, ou des carrés,
etc.) et déterminer la constante 𝑐.

12
Convention : Puisqu’une sommation peut débuter à n’importe quelle borne inférieure, alors nous choisirons la
borne inférieure en appliquant ces règles, dans cet ordre de priorité, qui visent à simplifier les démarches des
évaluations des sommations comme nous le verrons plus tard mais aussi à permettre de réduire le nombre de
possibilités de réponses :
1) Si les termes de la série suivent une progression géométrique, alors la borne inférieure sera 0.
2) Si les termes de la série suivent une progression arithmétique, alors la borne inférieure sera 1.
3) Dans tous les autres cas, le choix de la borne inférieure devrait simplifier le plus possible le terme général.
Si plusieurs options restent possibles, on en prend une quelconque.

Par exemple, dans la somme ci-dessous on voit deux séquences (une au numérateur et l’autre au dénominateur).
Les deux donneraient un terme général aussi simplifié que l’autre :

257 262
4 5 6 7 257 𝑖 𝑖−5
+ + + +⋯+ =∑ =∑
9 10 11 12 262 𝑖+5 𝑖
𝑖=4 𝑖=9

Tout autre choix que 𝑖 = 4 et 𝑖 = 9 pour la borne inférieure impliquerait deux décalages, dont voici quelques
exemples :

254 233 𝜋+253


𝑖+3 𝑖 + 24 𝑖−𝜋+4
∑ ∑ ∑
𝑖+8 𝑖 + 29 𝑖−𝜋+9
𝑖=1 𝑖=−20 𝑖=𝜋

Remarque : Il est parfois impossible d’exprimer les termes de la somme sous une forme qui fasse apparaitre une
séquence de nombres consécutifs. Cependant, si les termes peuvent tout de même être exprimés sous une forme
𝑎𝑖1 + 𝑎𝑖2 + 𝑎𝑖3 + ⋯, sans que les 𝑖1 , 𝑖2 , 𝑖3 , … ne soient des nombres consécutifs, alors on peut représenter la
somme sous la forme ∑𝑖∈𝐼 𝑎𝑖 en définissant 𝐼 = {𝑖1 ; 𝑖2 ; … }.

13
Exemple 1

Exprimez ces sommes à l’aide du symbole de sommation. Réponses seulement.

10

a) 45 + 80 + 125 + 180 + ⋯ + 500 = ∑ 5𝑖 2


𝑖=3

+∞
1 1 1 1 1
b) 1 + + + + +⋯=∑ 𝑖
2 4 8 16 2
𝑖=0

+∞

c) 17 + 25 + 33 + 41 + ⋯ = ∑(8𝑖 + 9)
𝑖=1

d) 9 + 14 + 21 + 30 = ∑(𝑖 2 + 5)
𝑖=2

168

e) − 9 − 5 − 1 + 3 + ⋯ + 651 = ∑(4𝑖 − 13)


𝑖=1

6
5 7 9 11 (−1)𝑖+1 (2𝑖 − 1)
f) − + − =∑
9 16 25 36 𝑖2
𝑖=3

+∞

g) 17 + 10 + 3 − 4 − 11 − 18 − ⋯ = ∑(24 − 7𝑖)
𝑖=1

h) 81 + 16 + 36 + 10 000 = ∑ 𝑖 2 où 𝐼 = {9 ; 6 ; 2 ; 100}
𝑖∈𝐼

14
Exercices

1) Exprimez ces sommes en utilisant le symbole de sommation.

1 1 1 1 1
a) 51 + 61 + 71 + 81 + ⋯ + 1201 b) 1 − + − + −
2 3 4 5 6

𝑥2 𝑥3 𝑥4 𝑥5
c) 1 + 𝑥 + 𝑥 2 + 𝑥 3 + ⋯ d) + + + +⋯
4 5 6 7

𝑥 6 𝑥 8 𝑥 10 𝑥 12 5 6 7 8
e) + + + f) − + − +
13 15 17 19 26 37 50 65

2𝑥 3𝑥 4𝑥 5𝑥 3 1 5 3
g) + + + +⋯ h) 1 + 1 + + + + +⋯
9 27 81 243 4 2 16 16

Réponses

116 6
(−1)𝑖+1
1) a) ∑(10𝑖 + 41) b) ∑
𝑖
𝑖=1 𝑖=1

+∞ +∞ +∞
𝑖
𝑥 𝑖−2 𝑥𝑖
c) ∑ 𝑥 d) ∑ ou ∑
𝑖 𝑖+2
𝑖=0 𝑖=4 𝑖=2

6 8
𝑥 2𝑖 (−1)𝑖 𝑖
e) ∑ f) ∑
2𝑖 + 7 𝑖2 + 1
𝑖=3 𝑖=5

+∞ 𝑥 +∞ +∞
𝑖 𝑖 𝑖+1
g) ∑ 𝑖 h) ∑ ou ∑
3 2𝑖−1 2𝑖
𝑖=2 𝑖=1 𝑖=0

15
4 - Les propriétés des sommations

Nous allons maintenant préparer le terrain dans l’optique de développer des formules de sommation que nous
voudrons ensuite combiner entre elles, en utilisant les propriétés des sommations, que voici.

Propriétés des sommations :

𝑖2 𝑖2 𝑖2 𝑖2 𝑖2 𝑛 𝑛

∑ 𝑐𝑎𝑖 = 𝑐 ∑ 𝑎𝑖 ∑(𝑎𝑖 + 𝑏𝑖 ) = ∑ 𝑎𝑖 + ∑ 𝑏𝑖 ∑ 𝑎𝑛−𝑖 = ∑ 𝑎𝑖


𝑖=𝑖1 𝑖=𝑖1 𝑖=𝑖1 𝑖=𝑖1 𝑖=𝑖1 𝑖=0 𝑖=0

Remarques :
• Les démonstrations de ces propriétés sont laissées en exercice. Elles utilisent simplement la définition du
symbole de sommation, combinée aux propriétés des opérations (distributivité, commutativité et
associativité).
• Le corolaire qui suit combine les deux premières et les généralise pour illustrer que le symbole de
sommation peut être distribué sur une combinaison linéaire, tout en mettant en évidence chaque
coefficient.

𝑖2 𝑖2 𝑖2 𝑖2

Corolaire : ∑(𝑐1 𝑓1 (𝑖) + 𝑐2 𝑓2 (𝑖) + ⋯ + 𝑐𝑚 𝑓𝑚 (𝑖)) = 𝑐1 ∑ 𝑓1 (𝑖) + 𝑐2 ∑ 𝑓2 (𝑖) + ⋯ + 𝑐𝑚 ∑ 𝑓𝑚 (𝑖)


𝑖=𝑖1 𝑖=𝑖1 𝑖=𝑖1 𝑖=𝑖1

Par exemple, la sommation ci-dessous pourrait être séparée en trois sommations plus simples :

70 70 70 70
2 2
∑(5𝑖 − 8𝑖 + 13) = 5 ∑ 𝑖 − 8 ∑ 𝑖 + 13 ∑ 1
𝑖=4 𝑖=4 𝑖=4 𝑖=4

16
Supposons que l’on connaisse la valeur des deux premières sommations ci-dessous, peut-on déterminer la valeur
de la troisième?

500 199 500

∑ 𝑎𝑖 ∑ 𝑎𝑖 ∑ 𝑎𝑖
𝑖=1 𝑖=1 𝑖=200

Observons d’abord que :

500

∑ 𝑎𝑖 = 𝑎1 + 𝑎2 + ⋯ + 𝑎199 + 𝑎200 + 𝑎201 + ⋯ + 𝑎500


𝑖=1

199 500

= (𝑎1 + 𝑎2 + ⋯ + 𝑎199 ) + (𝑎200 + 𝑎201 + ⋯ + 𝑎500 ) = ∑ 𝑎𝑖 + ∑ 𝑎𝑖


𝑖=1 𝑖=200

Il y a donc un lien entre ces trois sommations et ce lien permet d’obtenir que :

500 500 199

∑ 𝑎𝑖 = ∑ 𝑎𝑖 − ∑ 𝑎𝑖
𝑖=200 𝑖=1 𝑖=1

La prochaine propriété, qui généralise ce résultat, permet de transformer une sommation qui débute en une
certaine borne en deux sommations qui débutent en une borne de notre choix (typiquement 1). Cette propriété
sera souvent utile puisque nos formulent de sommations s’appliquent lorsque la borne inférieure est 1.

Propriété : Soit 𝑖1 < 𝑚 ≤ 𝑖2 . Alors :

𝑖2 𝑚−1 𝑖2 𝑖2 𝑖2 𝑚−1

∑ 𝑎𝑖 = ∑ 𝑎𝑖 + ∑ 𝑎𝑖 ∑ 𝑎𝑖 = ∑ 𝑎𝑖 − ∑ 𝑎𝑖
𝑖=𝑖1 𝑖=𝑖1 𝑖=𝑚 𝑖=𝑚 𝑖=𝑖1 𝑖=𝑖1

17
Exemple 1

Sachant que :

312 312 157 158

∑ 𝑎𝑖 = 𝑘1 ∑ 𝑏𝑖 = 𝑘2 ∑ 𝑏𝑖 = 𝑘3 ∑ 𝑏𝑖 = 𝑘4
𝑖=158 𝑖=25 𝑖=25 𝑖=25

Déterminez, si possible, les expressions demandées ci-dessous en fonction de 𝑘1 , 𝑘2 , 𝑘3 et 𝑘4 .

312 312 312 312 157

a) ∑ (8𝑎𝑖 − 5𝑏𝑖 ) = 8 ∑ 𝑎𝑖 − 5 ∑ 𝑏𝑖 = 8𝑘1 − 5 ( ∑ 𝑏𝑖 − ∑ 𝑏𝑖 )


𝑖=158 𝑖=158 𝑖=158 𝑖=25 𝑖=25

= 8𝑘1 − 5(𝑘2 − 𝑘3 ) = 8𝑘1 − 5𝑘2 + 5𝑘3

b) 𝑏157

Impossible.

158 157

c) 𝑏158 = ∑ 𝑏𝑖 − ∑ 𝑏𝑖 = 𝑘4 − 𝑘3
𝑖=25 𝑖=25

18
Exercices

1) Démontrez ces propriétés des sommations :

𝑖2 𝑖2 𝑖2 𝑖2 𝑖2 𝑛 𝑛

a) ∑ 𝑐𝑎𝑖 = 𝑐 ∑ 𝑎𝑖 b) ∑(𝑎𝑖 + 𝑏𝑖 ) = ∑ 𝑎𝑖 + ∑ 𝑏𝑖 c) ∑ 𝑎𝑛−𝑖 = ∑ 𝑎𝑖


𝑖=𝑖1 𝑖=𝑖1 𝑖=𝑖1 𝑖=𝑖1 𝑖=𝑖1 𝑖=0 𝑖=0

2) Sachant que :

499 84 499 499

∑ 𝑎𝑖 = 𝑘1 ∑ 𝑎𝑖 = 𝑘2 ∑ 𝑏𝑖 = 𝑘3 ∑ 𝑐𝑖 = 𝑘4
𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1

Déterminez, si possible, les expressions demandées ci-dessous en fonction de 𝑘1 , 𝑘2 , 𝑘3 et 𝑘4 .

499 499 499

a) ∑ 𝑎𝑖2 b) ∑(−4𝑎𝑖 + 7𝑏𝑖 + 𝑐𝑖 ) c) ∑ 5𝑎𝑖


𝑖=1 𝑖=1 𝑖=85

Réponses

𝑛 𝑛

1) c) ∑ 𝑎𝑛−𝑖 = 𝑎𝑛 + 𝑎𝑛−1 + ⋯ + 𝑎2 + 𝑎1 + 𝑎0 = 𝑎0 + 𝑎1 + 𝑎2 + ⋯ + 𝑎𝑛−1 + 𝑎𝑛 = ∑ 𝑎𝑖


𝑖=0 𝑖=0

2) a) Impossible à déterminer b) −4𝑘1 + 7𝑘3 + 𝑘4 c) 5(𝑘1 − 𝑘2 )

19
5 - Les sommes télescopiques

L’exemple qui suit vise à illustrer un type de sommations particulières que l’on peut réduire à une expression plus
simple et, dans certains cas, obtenir directement la valeur de la sommation.

17 17 17

∑(√𝑖 − √𝑖 − 1) = ∑ √𝑖 − ∑ √𝑖 − 1
𝑖=6 𝑖=6 𝑖=6

= (√6 + √7 + √8 + √9 + √10 + √11 + √12 + √13 + √14 + √15 + √16 + √17)

−(√5 + √6 + √7 + √8 + √9 + √10 + √11 + √12 + √13 + √14 + √15 + √16)

= √17 − √5

On constate, avec la deuxième égalité, qu’en décalant les termes d’une somme de 1 par rapport à l’autre, on
obtient des paires de termes qui s’annulent, ce qui nous laisse avec seulement deux termes : le dernier de la
première somme, et le premier de la deuxième.

Voici un exemple où les termes doivent être décalés de 3 positions pour obtenir des paires qui s’annulent.

18 18 18

∑(√𝑖 + 2 − √𝑖 − 1) = ∑ √𝑖 + 2 − ∑ √𝑖 − 1
𝑖=7 𝑖=7 𝑖=7

= √9 + √10 + √11 + √12 + √13 + √14 + √15 + √16 + √17 + √18 + √19 + √20
−(√6 + √7 + √8 + √9 + √10 + √11 + √12 + √13 + √14 + √15 + √16 + √17)

= √18 + √19 + √20 − √6 − √7 − √8

Dans les deux cas, on obtient des paires de termes qui s’annulent puisque le terme général a la forme 𝑓(𝑖) −
𝑓(𝑖 − 𝑑) (avec 𝑑 = 1 dans le premier cas, et 𝑑 = 3 dans le second). En effet, dans le second cas, si on pose 𝑓(𝑖) =

√𝑖 + 2, on constate que le second terme est 𝑓(𝑖 − 3) puisque 𝑓(𝑖 − 3) = √(𝑖 − 3) + 2 = √(𝑖 − 1.

20
Puisque le terme général est de la forme 𝑓(𝑖) − 𝑓(𝑖 − 3), alors, pour 𝑖 = 5 par exemple, il y aura une expression
𝑓(5) qui apparaitra, mais l’expression −𝑓(5) apparaitra lorsque nous évaluerons le terme général en 𝑖 = 8. Pour
bien visualiser l’énoncé et la preuve de la propriété générale, réécrivons cette démarche en utilisant 𝑓(𝑖) et
𝑓(𝑖 − 3) et en utilisant uniquement les symboles de sommations.

18 18 18

∑(𝑓(𝑖) − 𝑓(𝑖 − 3)) = ∑ 𝑓(𝑖) − ∑ 𝑓(𝑖 − 3) Propriété des sommations.


𝑖=7 𝑖=7 𝑖=7

18 15
La deuxième sommation a subi un changement
= ∑ 𝑓(𝑖) − ∑ 𝑓(𝑖) de variable 𝑗 = 𝑖 − 3 pour ramener son terme
𝑖=7 𝑖=4
général au même terme général que la première.

15 18 6 15
Puisque l’intersection des ensembles
= (∑ 𝑓(𝑖) + ∑ 𝑓(𝑖)) − (∑ 𝑓(𝑖) + ∑ 𝑓(𝑖)) {7 ; 8 ; … ; 18} et {4 ; 5 ; … ; 15} est {7 ; 8 ; … ; 15},
𝑖=7 𝑖=16 𝑖=4 𝑖=7
on voudrait faire ressortir ces bornes.
18 6

= ∑ 𝑓(𝑖) − ∑ 𝑓(𝑖) Par simplification.


𝑖=16 𝑖=4

18 9
Un autre changement de variable pour faire
= ∑ 𝑓(𝑖) − ∑ 𝑓(𝑖 − 3) réapparaitre la deuxième sommation à la droite
𝑖=16 𝑖=7
de l’égalité dans la première ligne.

Le résultat final correspond aux trois derniers termes de la première sommation moins les trois premiers termes
de la seconde.

Si on considère que 𝑓(𝑖) est toujours le premier terme du terme général, il se peut alors que le second terme soit
𝑓(𝑖 + 𝑑) plutôt que 𝑓(𝑖 − 𝑑), où 𝑑 ∈ ℕ, ce qui signifie que le décalage se fait dans l’autre sens. Ainsi, cette
sommation nous laisserait avec les trois premiers termes de la première sommation moins les trois derniers de la
seconde.

18

∑(√𝑖 − 1 − √𝑖 + 2) = √6 + √7 + √8 − √20 − √19 − √18


𝑖=7

21
Définition et propriété : Soit 𝑑 ∈ ℕ. Une somme d’une des formes ci-dessous à gauche est dite télescopique et
ses termes restants après avoir simplifié les termes communs aux deux sommations de la colonne du centre sont
donnés dans la colonne de droite :

Forme de la somme
Forme séparée Termes restants
télescopique
𝑖2 𝑖2 𝑖2
Les 𝑑 derniers termes de la première sommation,
∑(𝑓(𝑖) − 𝑓(𝑖 − 𝑑)) ∑ 𝑓(𝑖) − ∑ 𝑓(𝑖 − 𝑑)
𝑖=𝑖1 𝑖=𝑖1 𝑖=𝑖1
moins les 𝑑 premiers de la seconde.
𝑖2 𝑖2 𝑖2
Les 𝑑 premiers termes de la première sommation,
∑(𝑓(𝑖) − 𝑓(𝑖 + 𝑑)) ∑ 𝑓(𝑖) − ∑ 𝑓(𝑖 + 𝑑)
𝑖=𝑖1 𝑖=𝑖1 𝑖=𝑖1
moins les 𝑑 derniers de la seconde.

Preuve : Voici la preuve pour le premier cas.

𝑖2 𝑖2 𝑖2 𝑖2 𝑖2 −𝑑

∑(𝑓(𝑖) − 𝑓(𝑖 − 𝑑)) = ∑ 𝑓(𝑖) − ∑ 𝑓(𝑖 − 𝑑) = ∑ 𝑓(𝑖) − ∑ 𝑓(𝑖)


𝑖=𝑖1 𝑖=𝑖1 𝑖=𝑖1 𝑖=𝑖1 𝑖=𝑖1 −𝑑

𝑖2 −𝑑 𝑖2 𝑖1 −1 𝑖2 −𝑑 𝑖2 𝑖1 −1

= ( ∑ 𝑓(𝑖) + ∑ 𝑓(𝑖)) − ( ∑ 𝑓(𝑖) + ∑ 𝑓(𝑖)) = ∑ 𝑓(𝑖) − ∑ 𝑓(𝑖)


𝑖=𝑖1 𝑖=𝑖2 −𝑑+1 𝑖=𝑖1 −𝑑 𝑖=𝑖1 𝑖=𝑖2 −𝑑+1 𝑖=𝑖1 −𝑑

𝑖2 𝑖1 +𝑑−1

= ∑ 𝑓(𝑖) − ∑ 𝑓(𝑖 − 𝑑)
𝑖=𝑖2 −𝑑+1 𝑖=𝑖1

La première sommation contient 𝑖2 − (𝑖2 − 𝑑 + 1) + 1 = 𝑑 termes, et la seconde aussi, par un calcul similaire.

CQFD.

Remarque : Techniquement, il faudrait que 𝑑 ≤ 𝑖2 − 𝑖1 pour que l’aspect « télescopique » ressorte et que cette
propriété soit utile, mais la propriété est quand même valide sinon (quoique inutile puisque, dans ce cas, les deux
sommations à droite de l’égalité contiennent au moins autant de termes que la sommation initiale).

22
Typiquement, 𝑑 est un petit nombre, souvent 1, ce qui nous donne le corolaire suivant.

𝑖2

Corolaire 1 : ∑(𝑓(𝑖) − 𝑓(𝑖 − 1)) = 𝑓(𝑖2 ) − 𝑓(𝑖1 − 1)


𝑖=𝑖1

Si on suppose que l’indice de sommation varie de 1 jusqu’à un certain 𝑛 (ce qui est souvent le cas), on obtient ce
corolaire, encore plus spécifique :

Corolaire 2 : ∑(𝑓(𝑖) − 𝑓(𝑖 − 1)) = 𝑓(𝑛) − 𝑓(0)


𝑖=1

Remarque : Typiquement, on évalue une somme télescopique en écrivant directement les termes restants.

Exemple 1

Déterminez les termes restants pour ces sommes télescopiques (sans les combiner).

150

a) ∑(𝑥𝑖+1 − 𝑥𝑖 ) = 𝑥151 − 𝑥5
𝑖=5

𝑛
1 1 1 1 1 1 1 1 1
b) ∑ ( − )=1+ + + − − − −
𝑖 𝑖+4 2 3 4 𝑛+4 𝑛+3 𝑛+2 𝑛+1
𝑖=1

59

c) ∑(𝑒 𝑖+2 − 𝑒 𝑖−3 ) = 𝑒 61 + 𝑒 60 + 𝑒 59 + 𝑒 58 + 𝑒 57 − 𝑒 5 − 𝑒 6 − 𝑒 7 − 𝑒 8 − 𝑒 9


𝑖=8

60 60

d) ∑ (√5𝑖 + 5 − √5𝑖 + 10) = ∑ (√5(𝑖 + 1) − √5(𝑖 + 2)) = √105 − √310


𝑖=20 𝑖=20

23
Exercices

1) Calculez les sommes suivantes sans les développer.

𝑛 91
5 5)
a) ∑(𝑖 − (𝑖 − 1) b) ∑(√𝑖 + 9 − √𝑖 + 8)
𝑖=1 𝑖=1

60 𝑛
1 1 5 5
c) ∑ ( − ) d) ∑ ( − )
𝑖 + 11 𝑖 + 12 3𝑖 3(𝑖 + 1)
𝑖=1 𝑖=1

𝑛 100
𝑖+1
e) ∑(𝐹(𝑥𝑖 ) − 𝐹(𝑥𝑖−1 )) f) ∑ ln ( )
𝑖
𝑖=1 𝑖=1

25 37
1 1
g) ∑ ( 𝑖 − 𝑖+2 ) h) ∑(𝑓(𝑖 + 1) − 𝑓(𝑖 − 2))
𝑥 𝑥
𝑖=1 𝑖=8

Réponses

1) a) 𝑛5 b) 7

5 5𝑛
c) d)
72 3(𝑛 + 1)

e) 𝐹(𝑥𝑛 ) − 𝐹(𝑥0 ) f) ln(101)

1 1 1 1
g) + − − h) 𝑓(38) + 𝑓(37) + 𝑓(36) − 𝑓(6) − 𝑓(7) − 𝑓(8)
𝑥 𝑥 2 𝑥 27 𝑥 26

24
6 - Les formules de sommation

Notre prochain objectif consiste à obtenir des formules de sommation, c’est-à-dire, des formules qui permettent
d’obtenir la valeur totale d’une sommation sans avoir à additionner les termes un par un. Voyons deux exemples
qui devraient nous inspirer deux formules.

Exemple 1

Évaluez les sommations données sans additionner les termes un par un.

50

a) ∑1 = ⏟
1 + 1 + ⋯ + 1 + 1 = 50 ⋅ 1 = 50
𝑖=1 50 termes (tous 1)

100

b) ∑ 𝑖 = 1 + 2 + ⋯ + 99 + 100
𝑖=1

100

⟹ ∑ 𝑖 = 100 + 99 + ⋯ + 2 + 1
𝑖=1

100

⟹ 2∑𝑖 = ⏟
101 + 101 + ⋯ + 101 + 101 = 100 ⋅ 101 (en additionnant les deux égalités précédentes)
𝑖=1 100 termes (tous 101)

100
100 ⋅ 101
⟹ ∑𝑖 = = 50 ⋅ 101 = 5050
2
𝑖=1

25
D’après ces démarches, nous pouvons deviner et démontrer les deux premières formules de sommation dans le
tableau ci-dessous.

Formules de sommation pour quelques puissances de 𝑖 :

𝑛 𝑛 𝑛 𝑛
𝑛(𝑛 + 1) 𝑛(𝑛 + 1)(2𝑛 + 1)
2
𝑛2 (𝑛 + 1)2
∑1 = 𝑛 ∑𝑖 = ∑𝑖 = ∑ 𝑖3 =
2 6 4
𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1

On peut aussi déduire de différentes façons la prochaine formule.

𝑛
Formule : ∑ 𝑐 = 𝑐𝑛
𝑖=1

𝑛
𝑖
𝑎(1 − 𝑟 𝑛+1 )
Formule de sommation pour une somme géométrique : ∑ 𝑎𝑟 =
1−𝑟
𝑖=0

Remarque : Pour évaluer une somme qui ne débute pas à la même borne inférieure que dans ces formules, nous
procèderons ainsi selon le cas :
• Pour les puissances de 𝑖, nous utiliserons la propriété qui permet de ramener n’importe quelle sommation
à une soustraction de deux sommations qui débutent à la borne souhaitée (donc 1).
• Pour les sommes géométriques, nous effectuerons un changement de variable de telle sorte que la borne
inférieure devienne 0.

Les deux premières formules s’obtiennent assez facilement. Nous démontrerons bientôt la 3 e formule, alors que
la 4e vous est laissée en exercice, dont la preuve complète est donnée dans les réponses et suit exactement le
même modèle que la preuve de la troisième. D’ailleurs le même genre de raisonnement pourrait être appliqué
pour obtenir une formule de sommation pour n’importe quelle puissance naturelle de 𝑖. Cela signifie que, en
théorie, si on obtenait les formules pour des puissances suffisamment élevées, nous pourrions évaluer la somme
d’un polynôme quelconque puisqu’on peut distribuer le symbole de sommation sur ses termes mettre en évidence
les coefficients, ce qui nous laisse avec des puissances.

26
Nous commencerons par démontrer la formule pour les sommes géométriques.

𝑛
𝑎(1 − 𝑟 𝑛+1 )
Preuve de : ∑ 𝑎𝑟 𝑖 =
1−𝑟
𝑖=0

Posons 𝑆 comme étant la valeur de la somme géométrique :

𝑆 = ∑ 𝑎𝑟 𝑖 = 𝑎 + 𝑎𝑟 + 𝑎𝑟 2 + ⋯ + 𝑎𝑟 𝑛−2 + 𝑎𝑟 𝑛−1 + 𝑎𝑟 𝑛
𝑖=0

⟹ 𝑟𝑆 = 𝑎𝑟 + 𝑎𝑟 2 + 𝑎𝑟 3 + ⋯ + 𝑎𝑟 𝑛−1 + 𝑎𝑟 𝑛 + 𝑎𝑟 𝑛+1

⟹ 𝑆 − 𝑟𝑆 = 𝑎 − 𝑎𝑟 𝑛+1

⟹ 𝑆(1 − 𝑟) = 𝑎(1 − 𝑟 𝑛+1 )

𝑎(1 − 𝑟 𝑛+1 )
⟹ 𝑆=
1−𝑟

CQFD.

27
Pour la prochaine preuve, nous utiliserons directement ces résultats dans la preuve pour ne pas l’alourdir (il suffit
d’effectuer l’algèbre pour constater) :
• (𝑖 − 1)3 = 𝑖 3 − 3𝑖 2 + 3𝑖 − 1
• 2𝑛2 + 3𝑛 + 1 = (𝑛 + 1)(2𝑛 + 1)

𝑛
𝑛(𝑛 + 1)(2𝑛 + 1)
Preuve de : ∑ 𝑖2 =
6
𝑖=1

∑(𝑖 3 − (𝑖 − 1)3 ) = 𝑛3 − 03 = 𝑛3
𝑖=1

𝑛 𝑛 𝑛
3 3 3) 3 (𝑖 3
⟹ 𝑛 = ∑(𝑖 − (𝑖 − 1) = ∑(𝑖 − − 3𝑖 + 3𝑖 − 1)) = ∑(3𝑖 2 − 3𝑖 + 1)
2

𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1

𝑛 𝑛 𝑛 𝑛 𝑛
2
𝑛(𝑛 + 1) 6 3𝑛(𝑛 + 1) 2𝑛
2
= 3∑𝑖 − 3∑𝑖 + ∑1 = 3∑𝑖 − 3 + 𝑛 = ∑ 𝑖2 − +
2 2 2 2
𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1

𝑛 𝑛 𝑛
1 1 1
= (6 ∑ 𝑖 2 − 3𝑛(𝑛 + 1) + 2𝑛) = (6 ∑ 𝑖 2 − 3𝑛2 − 3𝑛 + 2𝑛) = (6 ∑ 𝑖 2 − 3𝑛2 − 𝑛)
2 2 2
𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1

⟹ 6 ∑ 𝑖 2 − 3𝑛2 − 𝑛 = 2𝑛3
𝑖=1

⟹ 6 ∑ 𝑖 2 = 2𝑛3 + 3𝑛2 + 𝑛 = 𝑛(2𝑛2 + 3𝑛 + 1) = 𝑛(𝑛 + 1)(2𝑛 + 1)


𝑖=1

𝑛
𝑛(𝑛 + 1)(2𝑛 + 1)
⟹ ∑ 𝑖2 =
6
𝑖=1

CQFD.

28
Voici une deuxième preuve de ce résultat, qui n’utilise pas de somme télescopique.

Considérons le tableau ci-dessous, en imaginant que tous les termes contenus dans le tableau sont séparés par
des « + », et divisons-le en deux parties :
• La partie supérieure (au-dessus du trait en forme d’escalier).
• La partie inférieure.

1 2 3 ⋯ 𝑛 Ligne 1
1 2 3 ⋯ 𝑛 Ligne 2
1 2 3 ⋯ 𝑛 Ligne 3
⋮ ⋮ ⋮ ⋱ ⋮ ⋮
1 2 3 ⋯ 𝑛 Ligne 𝑛

Soit :
• 𝑇 : La somme de tous les éléments de ce tableau.
• 𝑆 : La somme des éléments dans la partie supérieure du tableau.
• 𝐼 : La somme des éléments dans la partie inférieure du tableau.

On a 𝑆 + 𝐼 = 𝑇 (Éq. 1).

Évaluons 𝑇 : Le tableau contient 𝑛 lignes et le total de chaque ligne est 1 + 2 + ⋯ + 𝑛. Ainsi :

𝑛
𝑛(𝑛 + 1) 𝑛2 (𝑛 + 1) 𝑛3 + 𝑛2
𝑇 = 𝑛∑𝑖 = 𝑛 × = =
2 2 2
𝑖=1

Évaluons 𝑆 : Dans la partie supérieure, notons que, pour tout 𝑖, la 𝑖-ième colonne contient 𝑖 fois le nombre 𝑖, pour
un total de 𝑖 2 . En additionnant le total pour chaque colonne, on obtient :

𝑆 = ∑ 𝑖2
𝑖=1

29
Évaluons 𝐼 : Dans la partie inférieure, la 𝑖-ième ligne est une sommation allant de 0 jusqu’à 𝑖 − 1 (en considérant
que la somme débute à 0, on englobe la première ligne). Ainsi, le total de la 𝑖-ième ligne, noté 𝐿𝑖 , est :

𝑖−1 𝑖−1
(𝑖 − 1)𝑖 𝑖 2 𝑖
𝐿𝑖 = ∑ 𝑗 = ∑ 𝑗 = = −
2 2 2
𝑗=0 𝑗=1

𝑛 𝑛 𝑛 𝑛
𝑖2 𝑖 1 2
1 𝑆 1 𝑛(𝑛 + 1) 𝑆 𝑛2 + 𝑛
𝐼 = ∑ 𝐿𝑖 = ∑ ( − ) = ∑ 𝑖 − ∑ 𝑖 = − × = −
2 2 2 2 2 2 2 2 4
𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1

Substituons les résultats obtenus pour 𝑇, 𝑆 et 𝐼 dans l’équation 1 (𝑆 + 𝐼 = 𝑇) :

𝑆 𝑛2 + 𝑛 𝑛3 + 𝑛2
𝑆+ − =
2 4 2

3𝑆 𝑛3 + 𝑛2 𝑛2 + 𝑛 2𝑛3 + 2𝑛2 𝑛2 + 𝑛
⟹ = + = +
2 2 4 4 4

2𝑛3 + 3𝑛2 + 𝑛 𝑛(2𝑛2 + 3𝑛 + 1) 𝑛(𝑛 + 1)(2𝑛 + 1)


= = =
4 4 4

2 𝑛(𝑛 + 1)(2𝑛 + 1) 𝑛(𝑛 + 1)(2𝑛 + 1)


⟹ 𝑆= × =
3 4 6

𝑛
𝑛(𝑛 + 1)(2𝑛 + 1)
⟹ ∑ 𝑖2 =
6
𝑖=1

30
Exemple 2

Évaluez les sommes suivantes en utilisant les propriétés et formules de sommation. Ne pas évaluer 2152.

20 20 20 20
6𝑖 2 6 6 20 ⋅ 21 ⋅ 41 20 ⋅ 21
a) ∑( − 10𝑖 − 5) = ∑ 𝑖 2 − 10 ∑ 𝑖 − 5 ∑ 1 = − 10 − 5 ⋅ 20
41 41 41 6 2
𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1

= 20 ⋅ 21 − 10 ⋅ 10 ⋅ 21 − 100 = 420 − 2 100 − 100 = 420 − 2 200 = −1 780

10 10 10 10
4𝑖 2 4𝑖 3 4
b) ∑𝑖( + 1) = ∑ ( + 𝑖) = ∑ 𝑖3 + ∑ 𝑖
11 11 11
𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1

4 102 ⋅ 112 10 ⋅ 11
= + = 100 ⋅ 11 + 5 ⋅ 11 = 1100 + 55 = 1155
11 4 2

200 200 200


𝑖 1 1 1
c) ∑ ( − 49 ⋅ 2𝑖 ) = ∑ 𝑖 − ∑ 49 ⋅ 2𝑖
25 2 25 2
𝑖=51 𝑖=51 𝑖=51

200 50 149 149


1 1 𝑖+51
1 200 ⋅ 201 50 ⋅ 51 251 𝑖
= (∑ 𝑖 − ∑ 𝑖 ) − ∑ 49 ⋅ 2 = ( − ) − ∑ 49 ⋅ 2
25 2 25 2 2 2
𝑖=1 𝑖=1 𝑖=0 𝑖=0

149
1 2 𝑖
22 (1 − 2150 )
= (100 ⋅ 201 − 25 ⋅ 51) − ∑ 2 ⋅ 2 = 4 ⋅ 201 − 51 −
25 1−2
𝑖=0

22 (1 − 2150 )
= 804 − 51 − = 753 + 22 (1 − 2150 ) = 753 + 4 − 22 ⋅ 2150 = 757 − 2152
−1

Remarque : Pour le moment, nous nous concentrons surtout sur les sommes de puissances, et nous reviendrons
sur les sommes géométriques lorsque nous étudierons les séries.

31
Exemple 3

Considérons la somme ci-dessous. Notez que si on écrivait cette somme avec le symbole de sommation de telle
sorte que la borne inférieure soit 1, on obtiendrait :

10
113 123 193 203 1
+ + ⋯+ + = ∑(𝑖 + 10)3
5 5 5 5 5
𝑖=1

Le développement de (𝑖 + 10)3 produira 4 termes après les simplifications (une constante, et des multiples
de 𝑖, 𝑖 2 et 𝑖 3 ). Après l’utilisation des propriétés des sommations, nous aurons donc à appliquer quatre formules
de sommation (qui s’appliquent puisque la borne inférieure est 1).

Évaluons cette somme après l’avoir exprimée avec le symbole de sommation en appliquant la convention qui
vise à simplifier le terme général, et comparons avec la méthode ci-dessus.

20 20 10
113 123 193 203 1 1
+ + ⋯+ + = ∑ 𝑖 3 = (∑ 𝑖 3 − ∑ 𝑖 3 )
5 5 5 5 5 5
𝑖=11 𝑖=1 𝑖=1

(On peut déjà constater qu’il suffira de deux formules de sommation pour obtenir la réponse.)

1 202 ⋅ 212 102 ⋅ 112 1 100


= ( − )= (400 ⋅ 441 − 100 ⋅ 121) = (4 ⋅ 441 − 121)
5 4 4 20 20

= 5(1 764 − 121) = 5 ⋅ 1 643 = 8 215

32
Exemple 4

On sait, par exemple, que 9 est un carré puisque 9 est le carré d’un nombre entier : 9 = 32 = 3 ⋅ 3. Ainsi, étant
donné 9 points, il serait possible de les disposer en une grille 3 × 3 tel qu’illustré ci-dessous.

Nombre carré 1 4 9

Illustration

On peut aussi définir les nombres triangulaires :

Nombre triangulaire 1 3 6

Illustration

Soit 𝑚 ∈ ℕ∗ . Trouvez une condition nécessaire et suffisante pour que 𝑚 soit triangulaire. Quelques points à
considérer :
• Dans le tableau ci-dessus (les nombres triangulaires), comment peut-on compter les points? A-t-on une
formule pour obtenir le nombre de points en fonction du nombre de lignes?
• Vous aurez besoin de la formule quadratique éventuellement.
• Le nombre 1 + 8𝑚 apparaitra dans votre démarche et jouera un rôle important. Que peut-on dire sur la
valeur de 1 + 8𝑚 pour les nombres triangulaires 𝑚 ci-dessus?
• √𝑎 est un nombre irrationnel si 𝑎 est n’est pas un carré.
• Si 𝑎2 est impair, alors 𝑎 est impair.

33
Solution :

𝑛

𝑛(𝑛 + 1)
𝑚 est un nombre triangulaire ⟺ ∃ 𝑛 ∈ ℕ ∶ 𝑚 = ∑ 𝑖 =
2
𝑖=1

𝑛(𝑛 + 1)
⟺ 𝑚= ⟺ 2𝑚 = 𝑛2 + 𝑛 ⟺ 𝑛2 + 𝑛 − 2𝑚 = 0
2

∆= 12 − 4 ⋅ 1 ⋅ (−2𝑚) = 1 + 8𝑚 > 0 (𝑚 ∈ ℕ∗ ⟹ 𝑚 ≥ 1 ⟹ 8𝑚 ≥ 8 ⟹ 1 + 8𝑚 ≥ 9 > 0).

−1 ± √1 + 8𝑚 −1 ± √1 + 8𝑚 −1 + √1 + 8𝑚 −1 − √1 + 8𝑚
𝑛1,2 = = 𝑛1 = 𝑛2 =
2⋅1 2 2 2

On rejette 𝑛2 puisque 𝑛2 < 0 (on veut 𝑛 ∈ ℕ∗ ). Considérons 𝑛1 et analysons ces deux possibilités :
• Si 1 + 8𝑚 n’est pas un carré, alors √1 + 8𝑚 est un nombre irrationnel et 𝑛1 sera aussi un nombre
irrationnel (s’il était rationnel, en isolant √1 + 8𝑚 en fonction de 𝑛1 , on aurait que √1 + 8𝑚 est
rationnel, ce qui est une contradiction). Ainsi, 𝑛1 ne sera pas un entier si 1 + 8𝑚 n’est pas un carré, et
ne peut donc pas être une solution.
• Si 1 + 8𝑚 est un carré, alors √1 + 8𝑚 ∈ ℕ. De plus, puisque 8𝑚 = 2 ⋅ 4𝑚, alors 8𝑚 est un nombre
pair, ce qui implique que 1 + 8𝑚 est impair. Finalement puisque la racine carrée d’un nombre carré
impair donne un nombre impair, alors √1 + 8𝑚 est impair, ce qui implique que −1 + √1 + 8𝑚 est
−1+√1+8𝑚
pair, et finalement que 𝑛1 = 2
∈ ℕ∗ (√1 + 8𝑚 ≥ 3 ⟹ 𝑛1 ≥ 1), donc 𝑛1 est une solution.

Ainsi, 𝑚 est un nombre triangulaire ⟺ 1 + 8𝑚 est un carré.

34
Exercices

1) Évaluez les sommes suivantes.

20 24 24
2
a) ∑(𝑖 + 5) b) ∑ 𝑖 c) ∑(𝑖 + 4)2
𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1

50 100 15
1 2𝑖 12𝑖 2 1 𝑖 6𝑖 2
d) ∑ ( − + ) e) ∑ ( − + ) f) ∑ 𝑘(2𝑘 + 1)(𝑘 − 2)
25 25 101 100 50 101
𝑖=1 𝑖=1 𝑘=1

2) Calculez les sommes suivantes en utilisant une méthode qui minimise le nombre de formules de sommations
à appliquer.

40 33 200 14 15
2 2
a) ∑ (𝑖 + 5) b) ∑ (𝑖 − 9) c) ∑ 𝑖 d) ∑ 𝑖 e) ∑(𝑖 − 1)2
𝑖=10 𝑖=10 𝑖=101 𝑖=4 𝑖=5

3) Un carré magique est une grille de format 𝑛 × 𝑛 dans laquelle tous les nombres de 1 à 𝑛2 (un nombre par case,
sans répétition) ont été placés de telle sorte que le total des nombres sur chaque ligne et chaque colonne
donne toujours la même valeur, que nous noterons 𝑇(𝑛). Déterminez une formule pour 𝑇(𝑛) et utilisez-la
pour calculer le total de chaque ligne et colonne pour des grilles 3 × 3, 4 × 4 et 8 × 8 (ou tout autre format).

𝑛
𝑛2 (𝑛 + 1)2
4) Démontrez la formule de sommation suivante : ∑ 𝑖3 =
4
𝑖=1

35
5) Considérons cette sommation :

1 + 2 + 3 + 4 + 5 + 6 + 7 + 8 + 9 + 10 + 11 + 12 + 13 + 14 + 15 + 16 + 17 + 18 + 19 + 20

a) Est-il possible de la séparer en deux (sans changer l’ordre des termes) de telle sorte que la somme des 𝑚
premiers termes corresponde à la somme des 20 − 𝑚 restants? Autrement dit, existe-t-il une valeur de
𝑚 ∈ ℕ∗ tel que 1 + 2 + 3 + ⋯ + 𝑚 = (𝑚 + 1) + (𝑚 + 2) + ⋯ + 20?

b) Tentez la même chose qu’en a) pour ces sommations :

1+2 1+2+3 1+2+3+4 1+2+3+4+5 1+2+3+4+5+6

c) Pensez-vous que cette procédure est souvent ou rarement possible? Pouvez-vous trouver d’autres valeurs
de 𝑛 pour lesquelles c’est possible? Afin de vous éviter des pertes de temps, la prochaine valeur de 𝑛 pour
laquelle cette procédure fonctionne est 𝑛 = 119, et la suivante est 𝑛 = 696. Ce sont les 4 seules valeurs
de 𝑛 inférieures à 1000 pour lesquelles c’est possible. Comment peut-on en être sûr? Soit 𝑛 ∈ ℕ∗ et
considérons la sommation 1 + 2 + 3 + ⋯ + 𝑛. Quelle condition doit respecter 𝑛 pour que la valeur de 𝑚
existe et, dans ce cas, quelle est la valeur de 𝑚 en fonction de 𝑛? Voici le fichier Excel qui m’a permis de
découvrir les valeurs de 𝑛 inférieures à 1000 pour lesquelles la procédure fonctionne.

6) Pour toute cette question, tous les nombres impliqués sont des nombres naturels. L’expression
« #{(𝑛1 ; 𝑛2 ) ∶ 𝑛1 + 𝑛2 = 𝑛} » correspond au nombre de façons d’écrire 𝑛 en tant que somme deux nombres
naturels. Par exemple, on aurait que #{(𝑛1 ; 𝑛2 ) ∶ 𝑛1 + 𝑛2 = 4} = 5 parce qu’il y a 5 paires de valeurs (𝑛1 ; 𝑛2 )
possibles tel que 𝑛1 + 𝑛2 = 4 : (0; 4), (1; 3), (2; 2), (3; 1), (4; 0).
a) Que vaut #{(𝑛1 ; 𝑛2 ) ∶ 𝑛1 + 𝑛2 = 𝑛} en fonction de 𝑛?
b) Que vaut #{(𝑛1 ; 𝑛2 ; 𝑛3 ) ∶ 𝑛1 + 𝑛2 + 𝑛3 = 4}? Ici, il est possible d’énumérer toutes les possibilités...
c) Que vaut #{(𝑛1 ; 𝑛2 ; 𝑛3 ) ∶ 𝑛1 + 𝑛2 + 𝑛3 = 𝑛} en fonction de 𝑛? Appliquez cette formule pour 𝑛 = 4.
d) Que vaut #{(𝑛1 ; 𝑛2 ; 𝑛3 ) ∶ 𝑛1 + 𝑛2 + 𝑛3 = 8}?
e) Que vaut #{(𝑛1 ; 𝑛2 ; 𝑛3 ; 𝑛4 ) ∶ 𝑛1 + 𝑛2 + 𝑛3 + 𝑛4 = 𝑛} en fonction de 𝑛?
f) De combien de façons peut-on écrire 8 comme une somme de 4 nombres naturels?

36
Réponses

1) a) 310 b) 4 900 c) 7 684 d) 5 000 e) 20 000 f) 24 840

40 45 45 14

2) a) ∑ (𝑖 + 5) = ∑ 𝑖 = ∑ 𝑖 − ∑ 𝑖 = ⋯ = 930
𝑖=10 𝑖=15 𝑖=1 𝑖=1

33 24

b) ∑ (𝑖 − 9) = ∑ 𝑖 2 = ⋯ = 4 900
2

𝑖=10 𝑖=1

200 200 100

c) ∑ 𝑖 = ∑ 𝑖 − ∑ 𝑖 = ⋯ = 15 050
𝑖=101 𝑖=1 𝑖=1

14 14 3

d) ∑ 𝑖 = ∑ 𝑖 − ∑ 𝑖 2 = ⋯ = 1 001
2 2

𝑖=4 𝑖=1 𝑖=1

15 14

e) ∑(𝑖 − 1) = ∑ 𝑖 2 = 1 001 (voir d)


2

𝑖=5 𝑖=4

𝑛2
1 1 𝑛2 (𝑛2 + 1) 𝑛(𝑛2 + 1)
3) 𝑇(𝑛) = ∑ 𝑖 = = , 𝑇(3) = 15, 𝑇(4) = 34, 𝑇(8) = 260.
𝑛 𝑛 2 2
𝑖=1

37
𝑛

4) ∑(𝑖 4 − (𝑖 − 1)4 ) = 𝑛4 − 04 = 𝑛4
𝑖=1

𝑛 𝑛 𝑛
4 4 4) 4 (𝑖 4
⟹ 𝑛 = ∑(𝑖 − (𝑖 − 1) = ∑(𝑖 − − 4𝑖 + 6𝑖 − 4𝑖 + 1)) = ∑(4𝑖 3 − 6𝑖 2 + 4𝑖 − 1)
3 2

𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1

𝑛 𝑛 𝑛 𝑛 𝑛
𝑛(𝑛 + 1)(2𝑛 + 1) 𝑛(𝑛 + 1)
= 4 ∑ 𝑖 − 6 ∑ 𝑖 + 4 ∑ 𝑖 − ∑ 1 = 4 ∑ 𝑖3 − 6 ⋅
3 2
+4⋅ −𝑛
6 2
𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1

= 4 ∑ 𝑖 3 − 𝑛(𝑛 + 1)(2𝑛 + 1) + 2𝑛(𝑛 + 1) − 𝑛


𝑖=1

⟹ 4 ∑ 𝑖 3 = 𝑛4 + 𝑛(𝑛 + 1)(2𝑛 + 1) − 2𝑛(𝑛 + 1) + 𝑛 = 𝑛(𝑛3 + (𝑛 + 1)(2𝑛 + 1) − 2(𝑛 + 1) + 1)


𝑖=1

= 𝑛(𝑛3 + 2𝑛2 + 3𝑛 + 1 − 2𝑛 − 2 + 1) = 𝑛(𝑛3 + 2𝑛2 + 𝑛) = 𝑛2 (𝑛2 + 2𝑛 + 1) = 𝑛2 (𝑛 + 1)2

𝑛
𝑛2 (𝑛 + 1)2
⟹ ∑ 𝑖3 =
4
𝑖=1

CQFD.

5) a) C’est possible : 𝑚 = 14. En effet, 1 + 2 + ⋯ + 14 = 105 et 15 + 16 + ⋯ + 20 = 105.

b) Sommation 1+2 1+2+3 1+2+3+4 1+2+3+4+5 1+2+3+4+5+6


𝒎 ∄ 2 ∄ ∄ ∄

−1+√2𝑛2 +2𝑛+1
c) La condition est que 2𝑛2 + 2𝑛 + 1 soit un carré et on obtient 𝑚 = 2
.

38
6) a) Pour chaque choix de 𝑛1 (𝑛1 peut valoir de 0 à 𝑛), 𝑛2 est forcé (il y a donc un seul choix de 𝑛2 ).

𝑛 𝑛+1

#{(𝑛1 ; 𝑛2 ) ∶ 𝑛1 + 𝑛2 = 𝑛} = ∑ 1 = ∑ 1 = 𝑛 + 1
𝑛1 =0 𝑛1 =1

b) #{(𝑛1 ; 𝑛2 ) ∶ 𝑛1 + 𝑛2 + 𝑛3 = 4} = 15. On peut les énumérer, mais il faudra penser à une façon de faire plus
générale si on veut répondre aux sous-questions qui suivent. Voici les triplets (𝑛1 ; 𝑛2 ; 𝑛3 ) qui fonctionnent :
(0; 0; 4), (0; 1; 3), (0; 2; 2), (0; 3; 1), (0; 4; 0), (1; 0; 3), (1; 1; 2), (1; 2; 1), (1; 3; 0), (2; 0; 2), (2; 1; 1),
(2; 2; 0), (3; 0; 1), (3; 1; 0), (4; 0; 0).

𝑛 𝑛

c) #{(𝑛1 ; 𝑛2 ; 𝑛3 ) ∶ 𝑛1 + 𝑛2 + 𝑛3 = 𝑛} = ∑ #{(𝑛2 ; 𝑛3 ) ∶ 𝑛2 + 𝑛3 = 𝑛 − 𝑛1 } = ∑ (𝑛 − 𝑛1 + 1)
𝑛1 =0 𝑛1 =0

∗ 𝑛+1

=(𝑛 + 1) + 𝑛 + ⋯ + 2 + 1 = 1 + 2 + ⋯ + 𝑛 + (𝑛 + 1) = ∑ 𝑛1
𝑛1 =1

(𝑛 + 1)((𝑛 + 1) + 1) (𝑛 + 1)(𝑛 + 2)
= =
2 2

* On pourrait utiliser les propriétés des sommations pour évaluer cette sommation, mais cette astuce est
plus rapide.

En posant 𝑛 = 3, on obtient, à l’aide de cette formule, la même réponse qu’en b) :

1
#{(𝑛1 ; 𝑛2 ; 𝑛3 ) ∶ 𝑛1 + 𝑛2 + 𝑛3 = 3} = ⋅ 5 ⋅ 6 = 15
2

d) En appliquant la formule obtenue en c), on obtient :

1
#{(𝑛1 ; 𝑛2 ; 𝑛3 ) ∶ 𝑛1 + 𝑛2 + 𝑛3 = 8} = ⋅ 9 ⋅ 10 = 45
2

39
𝑛

e) #{(𝑛1 ; 𝑛2 ; 𝑛3 ; 𝑛4 ) ∶ 𝑛1 + 𝑛2 + 𝑛3 + 𝑛4 = 𝑛} = ∑ #{(𝑛2 ; 𝑛3 ; 𝑛4 ) ∶ 𝑛2 + 𝑛3 + 𝑛4 = 𝑛 − 𝑛1 }
𝑛1 =0

𝑛 𝑛
1 1
= ∑ (𝑛 − 𝑛1 + 1)(𝑛 − 𝑛1 + 2) = ∑ (𝑛 − 𝑛1 + 1)((𝑛 − 𝑛1 + 1) + 1)
2 2
𝑛1 =0 𝑛1 =0

𝑛 𝑛 𝑛
1 1
= ∑ ((𝑛 − 𝑛1 + 1)2 + (𝑛 − 𝑛1 + 1)) = ( ∑ (𝑛 − 𝑛1 + 1)2 + ∑ (𝑛 − 𝑛1 + 1))
2 2
𝑛1 =0 𝑛1 =0 𝑛1 =0

∗ 1 𝑛+1 𝑛+1
1 (𝑛 + 1)((𝑛 + 1) + 1)(2(𝑛 + 1) + 1) (𝑛 + 1)((𝑛 + 1) + 1)
2
= ( ∑ 𝑛1 + ∑ 𝑛1 ) = ( + )
2 2 6 2
𝑛1 =1 𝑛1 =1

1 (𝑛 + 1)(𝑛 + 2)(2𝑛 + 3) 3(𝑛 + 1)(𝑛 + 2) 1 (𝑛 + 1)(𝑛 + 2)


= ( + )= ((2𝑛 + 3) + 3)
2 6 6 2 6

(𝑛 + 1)(𝑛 + 2)(2𝑛 + 6) 2(𝑛 + 1)(𝑛 + 2)(𝑛 + 3) (𝑛 + 1)(𝑛 + 2)(𝑛 + 3)


= = =
12 12 6

* Par la même astuce qu’en c).

Remarque : L’expression obtenue correspond à ∑𝑛+1 2


𝑖=1 𝑖 . Il y a probablement un raisonnement plus direct

pour y arriver et qui permettrait peut-être de généraliser les résultats obtenus en a), c) et e) pour obtenir la
proposition qui suit, que l’on pourrait peut-être démontrer par induction sur 𝑚 :

𝑛+1

#{(𝑛1 ; 𝑛2 ; … ; 𝑛𝑚 ) ∶ 𝑛1 + 𝑛2 + ⋯ + 𝑛𝑚 = 𝑛} = ∑ 𝑖 𝑚−2
𝑖=1

f) En appliquant la formule obtenue en e), on obtient : #{(𝑛1 ; 𝑛2 ; 𝑛3 ; 𝑛4 ) ∶ 𝑛1 + 𝑛2 + 𝑛3 + 𝑛4 = 8} = 165

40

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