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Maba Diakhou Bâ

Maba Diakhou

Biographie
NaissanceVers 1809
Décès 1867
Activités Marabout,
responsable
Almamy
Maba Diakhou Bâ , né en 1809 et mort en juillet 1867, est un marabout du Rip et membre de la confrérie Tijaniyya, devenu almamy du Rip.

Les débuts

Famille et formation
Maba Diakhou Bâ est le fils de Ndiogou Ba, un marabout originaire du Fout a-Toro venu s'inst aller au Saloum, et de Diakhou Dieye(née dans le
royaume wolof du Djolof, mais originaire de Toubé Dièye dans le Gandiol). Diakhou Dieye ( Maman de Maba Diakhou) et Ant a Dieye (maman de
Ngoumbo GUEYE Sanjal) sont les filles de la Linguère Koumba'm N'diapp Ndiaye. Koumba'm N'diapp Ndiaye est la fille du bourba Djolof Mba
Kompass Ndiaye (1763-1800)*.

Nat if du Badibou, il reçoit sa format ion coranique au Cayor, dans la ville de Mbakhol, puis au Djolof, où il fonde une école. Il épouse Mat y Ndiaye,
l'une des nièces du buurba (roi) du Djolof. De ret our au Saloum, il prêche pacifiquement la religion musulmane, avec l'accord des souverains du
royaume du Saloum qui ét aient de religion animist e, des Thieddo, comme la majorit é des habit ant s du Saloum. Il est également enseignant .
Maba Diakhou Bâ acquiert une cert aine not oriét é et noue des relat ions avec les grandes familles musulmanes du Saloum.

La prise de contrôle du Badibou


En 1846, Oumar Tall, en visit e au Saloum, rencont re Maba Diakhou Bâ dans la localit é de Kabakot o. Celui-ci l'encourage à lancer une guerre
saint e au Saloum. Maba commence dans sa province nat ale, le Badibou. Il s'agit alors d'une province vassale du royaume du Saloum, dirigée,
ent re aut res, pendant plus de quat re siècles par une ancienne famille noble du Saloum, d'origine mandingue, mais devenue sérère, le clan des
Marone.

Maba Diakhou, en vue de la guerre saint e, foment e l'assassinat de l'hérit ier du Badibou, Madiakhére Marone. Puis avec ses part isans musulmans,
Maba s'at t aque au roi du Badibou, Diéréba Marone. Après de nombreuses bat ailles, il remport e la vict oire, et le roi est t ué par Malick Adam ly,
disciple de Maba (et arrière-grand-père de l'ex-déput é libéral el hadj wack ly).

C'est ainsi que, en 1861, Maba Diakhou se rend maît re du Badibou, qu'il renomme Rip, et qu'il s'aut oproclame almamy du Rip.

Il s'organise, fait const ruire plusieurs t at as à t ravers le Rip, et renomme la ville de Paos-Dimar, Nioro du Rip, en l'honneur de Oumar Tall, qui
conquit Nioro du Sahel, au Mali.

Ses conquêtes

La rébellion du Badibou
L'administ rat ion brit annique en Gambie et l'administ rat ion française au Sénégal essaient , sans succès, de se débarrasser de Maba Diakhou avec
qui la relat ion s'est dégradée. C'est ainsi que George Abbas Kooli D'Arcy, le gouverneur brit annique de la Gambie, fournit à Maba et aux forces
musulmanes des armes brit anniques[1]. Il organise en out re l'invasion de l'Ét at animist e mandingue du Badibou pour se venger de l'at t aque subie
par les commerçant s brit anniques. D'Arcy prend soin de planifier son int ervent ion de façon qu'elle coïncide avec l'invasion infruct ueuse par les
Français du Saloum des animist es sérères en 1861.

Bien que Français et Brit anniques s'affront ent fréquemment sur le sol africain, il leur arrive néanmoins de s'allier en cert aines occasions pour
vaincre les Ét at s animist es. L'affaire du Badibou const it ue l'une de ces circonst ances. Un grand nombre d'officiers français sont envoyés en
Gambie pour aider les Brit anniques à vaincre la famille royale du Badibou. Lors de cet t e opérat ion, Maba Diakhou Bâ mont e à bord du bat eau du
gouverneur brit annique D'Arcy et accept e d'accompagner l'expédit ion à condit ion que son village soit épargné. Le gouverneur accept e le
marché. Déjà âgé, le roi du Badibou, Jere Ba Marong, est bat t u, mais pas t ué. Maba offre alors ses services pour la négociat ion des condit ions
de paix. Le roi du Badibou, surpris par t ant d'arrogance, charge son fils Maad Jakere Bassin (également connu sous le nom de Maad Jakare chez
les Sérères) d'assassiner Maba. Or Maad Jakere Bassin, que cert ains décrivent comme t imide, est également un ivrogne. La veille de sa mission,
il est part iculièrement éméché et , imprudent , en vient à évoquer ses int ent ions non seulement en présence des Brit anniques du camp, mais
également devant un groupe de musulmans locaux acquis à la cause de Maba. Celui-ci découvre ainsi le complot et c'est Maad Jakare qui est
t ué. Dans la foulée, les t roupes de Maba ent reprennent de massacrer les indigènes mandingues. Ils parcourent le Badibou, brûlent des villages
et s'emparent d'esclaves. En juin 1862, lorsque des rumeurs circulent à Bat hurst (aujourd'hui Banjul, la capit ale de la Gambie) selon lesquelles le
Saloum aurait envahi le Badibou, Maba se ret ire. Bunt u Gamey, le roi du Niumi en Gambie que Maba avait t ent é en vain de t uer, ret ourne dans son
royaume dévast é pour t ent er de le relever.

En février 1863, le Niumi obt ient son indépendance en t ant qu'Ét at païen – un t rait é signé par le gouverneur brit annique et par Maba Diakhou lui-
même [2]. Lorsque les forces du marabout menées par Amer Faal sous le commandement de Maba at t aquent le Niumi en 1866, puis t ent ent
d'envahir le Ceded Mile (un bast ion brit annique), les Brit anniques exercent des représailles en brûlant les villages musulmans. Ils obt iennent de
Maba de ne jamais recommencer. Selon cert ains, si Maba ne t arde pas à donner sa parole, c'est parce qu'il se sait fort ement dépendant des
armes brit anniques[3].

Au Saloum
En 1865, Maba Diakhou décide d'at t aquer d'aut res provinces du Saloum, car il const at e l'échec des marabout s guerriers, Sambou Oumané
Touré, Cheikhou Diop, Mandiaye Khouredia, qui sont également ses généraux. Maba Diakhou livre combat à Thikat , puis incendie plusieurs villes,
dont Kahone, capit ale du royaume du Saloum, puis après sa vict oire à la bat aille de Ndiob, il at t aque Kaolack avec ses t roupes.

Il se rend maît re d'une part ie de la province du Ndoucoumane, à majorit é musulmane. Maba et ses t roupes sont vict orieuses en allant
combat t re à Djilor, puis à Mbam. Maba repousse les at t aques des princes des royaumes mandingues du Wouli et du Kiang, venus en aide à la
noblesse déchue du Rip. Les t roupes de Maba assiègent avec succès la fort eresse de Tounkou, même si Maba est blessé. Maba remport e la
bat aille de Kwinella, mais perd celle de Koubandar. À Berending, les t roupes de Maba t uent le prince mandingue Sadio Yira, qui voulait récupérer
le Rip. Maba Diakhou rest e ainsi Almamy du Rip. Maba Diakhou Bâ, ne put se rendre maît re de t out le Saloum, car les Thieddo de la couronne
défendaient farouchement l'arist ocrat ie et leurs t errit oires principaux.

Avec Lat Dior et Alboury Ndiaye


En 1865, Maba Diakhou Ba offre l'asile à Lat Dior, Damel du Cayor, et à son neveu Alboury Ndiaye du Djolof, t ous deux en difficult é face aux
colons français, qui se met t ent à son service. Il propose à Lat Dior de se convert ir à l'Islam, car Lat Dior ét ait (de t radit ion Tiédos ou Ceddo).
Lat Dior accept e de se convert ir et s'engage à aider Maba Diakhou Bâ dans sa guerre saint e.

Le 30 novembre 1865, ensemble avec leurs armées, ils combat t ent les colons français dirigé par Pinet -Laprade qui regroupe 2 000 chevaliers,
5 000 fant assins et 500 cavaliers volont aires du Waalo, du Ndiambour et du Ndiander. Les Français subissent de lourdes pert es et Pinet -
Laprade est blessé à l'épaule. Maba Diakhou souhait e voir naît re un Ét at islamique du Fout a au Saloum, raison pour laquelle il at t aqua avec Lat -
dior et Alboury, le Cayor, Baol et le Djolof. Maba aida Lat -dior à reprendre le Cayor, Alboury le Djolof, car il espérait que ceux-ci, une fois
inst allés dans leurs royaumes, pourraient y inst aurer l'islam, pour par la suit e créer ensemble un Ét at islamique. Après avoir at t aqué le Cayor,
dont la ville de Mbakhol, leurs projet s échouèrent , car ils ne voulaient pas sous-est imer la menace des colons français.

La fin de Maba Diakhou Bâ

Article détaillé : Bataille de Fandane-Thiouthioune.


Lat -Dior Diop voulait venger l'affront que lui avait fait subir le Maad a Sinig Coumba Ndoffène Famak Diouf, roi du Sine, (également connu sous
le nom : Bour Sine Coumba Ndoffène Famak Diouf), qui avait refusé de l'accueillir pour son exil après la bat aille de Loro qu'il avait livrée. Maba
Diakhou Bâ, dans l'opt ique de la guerre saint e, accept a d'aider Lat -dior à faire la guerre au Sine. Maba chef de l'armée, Lat -dior général, et
Alboury, prennent la rout e du royaume du Sine.

Le premier affront ement a lieu à Keur Ngor, un quart ier de la ville de Marout . Lat -Dior et ses t roupes part ent combat t re à Diakhao, capit ale du
Sine. La lut t e est rude. Sur les recommandat ions de Maba, Lat -Dior rent re au Rip. De fait , l'at t aque de Keur Ngor fut une at t aque-surprise
plut ôt qu'une bat aille. Les Musulmans surprirent les Sérères d'où le nom Mbin o Ngoor (aussi : Mbetaan Keur Ngor) qui signifie « l'at t aque-
surprise à Kerr Ngorr ». Kerr Ngorr n'ét ait pas une bat aille ouvert e, comme le fut Somb[4],[5],[6]. En juillet 1867, Maba, Lat -Dior et Alboury
marchent avec leur armée jusqu'au marigot de Fandane où s'engage la bat aille de Somb-Tiout ioune. La bat aille est rude face aux Sérères
animist es dirigés par Maad a Sinig Coumba Ndoffène Famak Diouf. Lat -Dior et Alboury sent ent que la bat aille risque de t ourner au désast re et
conseillent à Maba Diakhou d'abandonner, mais Maba refuse, il veut mener la guerre saint e cont re les Sérères. Lat -Dior et Alboury se ret irent .
Maba Diakhou Bâ, almamy du Rip, est t ué à la bat aille de Fandane-Thiout hioune, communément appelé la bataille de Somb.

D'après la t radit ion, ce sont les capt ifs de la famille mat ernelle de Lat -Dior, les Dyami Geej, qui ont ret iré Lat -Dior de la bat aille, afin de
préserver leur chef.

Trois mois plus t ard, au Rip, Lat -Dior prend le commandement des armées de Mamour Ndari, frère de Maba Diakhou Bâ, qui lut t e cont re Mame
Samba, chef de la province du Pakala, à la bat aille de Ndiao-Bambali, qui refuse l'aut orit é des successeurs de Maba Diakhou.

Plus t ard, en 1870, Lat -Dior redevient Damel-Teigne du Cayor et du Baol, et les Guelwars du Saloum reprennent les provinces annexées.

Maba Diakhou Bâ sera ent erré près du village de Fandène ou Mbel Fandane. Son mausolée – qui figure aujourd'hui sur la list e des sit es et
monument s hist oriques classés[7] – se t rouve dans l'arrondissement de Diakhao, départ ement de Fat ick, région de Fat ick au Sine-Saloum.

Il oppose une farouche résist ance à la violent e colonisat ion française en essayant d'unifier les pays au nord de la Gambie à t ravers une guerre
saint e.
Islamisation
Le but de Maba Diakhou Bâ ét ait de prot éger le cult ivat eur qui ét ait au bas de l'échelle des cast es. Il voulait unifier et ét ablir une just ice, des
règles afin de supprimer l'anarchie ent re royaumes voisins et générée par les guerriers. Pour cela, il ent reprit d'islamiser les populat ions
animist es afin de les fédérer par une seule religion avec des règles pour t ous.

Notes et références

1. (en) Martin A. Klein, Islam and Imperialism in Senegal. Sine-


Saloum 1847-1914, Edinburgh University Press, 1968,
p. 87-88 (OCLC 621117 (https://www.worldcat.org/fr/title/621117) )

2. (en) Klein, op. cit., p. 71

3. (en) Klein, op. cit., p. 87-88

4. (en) Klein, op. cit., p. 90-91

5. (fr) Alioune Sarr, Histoire du Sine-Saloum. Introduction,


bibliographie et Notes par Charles Becker, BIFAN, tome 46,
série B, no 3-4, 1986–1987

6. (fr) Mahawa Diouf, « L'information historique : l'exemple du


Siin », in Éthiopiques, no 54, nouvelle série, vol. 7,
2e semestre 1991

7. Arrêté no 12.09.2007 portant publication de la liste des


sites et monuments historiques classés, Ministère de la
Culture [1] (http://www.culture.gouv.sn/article.php3?id_artic
le=335) [archive]
Voir aussi

Bibliographie
: document ut ilisé comme source pour la rédact ion de cet art icle.

Kélétigui S. Keita, Maba Diakhou Ba dans le Rip et le Saloum


(1861-1867), Université de Dakar, 1970, 165 p. (mémoire de
maîtrise)
A. K. Mbaye, L’épopée de Maba Diakhou Ba du Rip, Université
de Dakar, 1996 (mémoire de maîtrise)
Iba Der Thiam, Maba Diakhou Ba, almamy du Rip (Sénégal),
Paris, ABC, 1977, 150 p. (ISBN 9782858091027)
(en) Martin A. Klein, Islam and Imperialism in Senegal. Sine-
Saloum 1847-1914, Edinburgh University Press, 1968 (OCLC
621117 (https://www.worldcat.org/fr/title/621117) )

Liens externes

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·
WorldCat (https://www.worldcat.org/identities/lccn-n81028667)
« Guerre contre Maba » (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt
6k5759979b/f347.image.r=maba.langFR) [archive] (Annales
sénégalaises de 1854 à 1885, suivies des traités passés avec
les indigènes, Maisonneuve frères et C. Leclerc, Paris, Paris,
1885, p. 326-344)
Ginette Ba-Curry, In Search of Maba: A 19th Century Epic from
Senegambia, West Africa (Preface of the Play by Edris
Makward, Emeritus Professor of African Literature, Univ of
Wisconsin, USA), Phoenix Press International, Maryland,
2011 [Category: Drama].].
Ousmane Diama Ba

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