Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
com
Retrouver ce titre sur Numilog.com
André RAPONDA-WALKER
SOUVENIRS
D'UN
NONAGENAIRE
N° 731
PRÉFACE
Labiographied'un hommemarquantdontla viea étélongueet
mouvementéepeut servir de trame à l'histoire d'une longuepériode.
C'est le cas d'un Talleyrand, d'un Mazarin.
Onpeutdire aussiquec'est le cas del'AbbéWALKERquel'on
a appelé la «MEMOIREduGABON».
Il estnéen1871,doncdutempsdeMgrBessieux.Il a vécusous
l'épiscopat de Mgr Le Berre, ordonné par Mgr Le Roy aux ordres
mineurs, etprêtre par MgrJean MartinAdam.
Il atravailléautempsdeMgrMartrouetdeMgrTardy.Il apris
sa retraite laborieuse sousMgrJeanJérômeADAMet il estmortpeu
de temps avant le sacre de MgrAnguilet.
Il a connudesdifficultés avec leprésidentLéonMba.
MêléàtoutelaviereligieuseduGabon,l'AbbéWalkerprendses
assises dans lepaysMpongwé; il estlepremierà avoirtraité avecles
Blancs ; etpar sonpèreBruceWalker, il estapparentéà cescommer-
çantsanglaisqu'intéressentlesgensetleschoses,quiexplorentlepays,
et qui enécrivent...
«SOUVENIRSD'UNNONAGENAIRE»- letitre estdelui-
nousfont revivre des moments inoubliables. Bien qu'inachevées, ces
notessonttrèsprécieusesà tousceuxquil'ontapprochéetaiméetqui
sontrestéssouslecharme.Quel'onnouspardonnelesreditesquenous
n'avonspasvoulusupprimercarellesnouspermettentderesterencore
quelques instants avec lui. Avecunemémoireprodigieuse, il a revécu
jusqu'à sa mort tout ce qu'il sait sur le Gabon qu'il a parcouru si
longtemps en tous senspour lepartager avec nous.
Cespagespittoresques sont le testamentd'un «nonagénaire »
comme il se nomme lui-même, qui nous livre ses dernières pensées
avantdenousquitter.Il revoyaitencore,ordonnant,classantàl'âgede
97ans,pournousdonnerlemeilleurdelui-même.Nousluiensommes
reconnaissants.
Retrouver ce titre sur Numilog.com
Hubert GUERINEAU
fsg
directeur du Collège Raponda Walker
Port-Gentil.
Retrouver ce titre sur Numilog.com
1 partie
NOTES
BIOGRAPHIQUES
Retrouver ce titre sur Numilog.com
I. CURRICULUM VITAE.
1. A U T O B I O G R A P H I E DE MGR ANDRÉ
W AL K E R .
II. ENFANCE.
J'ai vécu ma petite enfance à bord d'un ponton, la « Princess
Royal », vaisseau de guerre anglais démâté, ancré en permanence
devant la petite Elobey servant de dépôt de marchandises et de
factorerie. L'équipage était composé principalement de Kroumen,
dont unjeune était chargé de me garder. J'ai eu plusieurs années plus
tard l'occasion de le revoir à Libreville.
La « Princess Royal » était très bien aménagée, surtout à
l'arrière où habitaient les commerçants européens, directeur, gérant et
agents. Avant son départ pour l'Europe, le Marquis de Compiègne y
passa quelques jours avec son confrère Alfred Marche. Il le décrit
comme une « habitation confortable, avec une riche bibliothèque
consacrée principalement à l'Afrique ».
C'est de là qu'en 1875, mon père, quittant définitivement le
Gabon, m'emmena avec lui en Angleterre. J'eus ainsi l'occasion de
visiterlesdiversescolonies anglaises delaCôteoccidentaled'Afrique :
Calabar, Lagos, Accra, Free-Town, etc.
Ce qui me frappa, ce furent les grandes calebasses ornées de
dessins qui servaient de cuvettes aux femmes se rendant au marché.
A Madère, je me promenai en traîneau à bœufs et aux îles
Canaries on me montra le pic de Ténériffe.
En arrivant sur les Côtes d'Angleterre, notre bateau passa à
peu de distance de la flotte de guerre anglaise, mouillée aux environs
du port de Portsmouth. Je ne cessai de regarder ces gros vaisseaux. Le
paquebot s'engagea ensuite dans la rivière qui mène à Southampton,
port de commerce où je devais débarquer. J'allai habiter dans la
campagne de Southampton, chez ma grand-mère paternelle, une
bonne vieille maman, fervente protestante qui meconduisait tous les
dimanches matin au temple voisin, oùj'assistais au prêche : on priait,
on chantait, puis on écoutait un pasteur parlant du haut d'une chaire.
Je m'y tenais tranquille aux côtés de grand-maman, sans trop savoir
de quoi il s'agissait...
Durant mon séjour d'un an à Southampton, je vis, pendant
l'hiver, tomber la neige. Il faisait froid mais je n'en souffrais pas, vu
que j'étais bien emmitouflé dans des vêtements chauds. C'est à
Southampton queje commençai à fréquenter l'école, une toute petite
école de campagne, tenue par un vieux monsieur et sa femme, braves
gens qui me traitaient comme leur enfant. Je m'en rendis compte
Retrouver ce titre sur Numilog.com
V. A BORD DU PONTON.
En effet, j'ai vécu trois ou quatre ans sur un de ces navires,
mouillé devant la petite Elobey, en face de l'embouchure du Rio-
Mouni. C'était dans ma toute petite enfance, entre 1871 et 1875,
date à laquelle je fis le voyage du Gabon en Angleterre. Mon père,
Bruce Walker, un des premiers explorateurs du Haut-Ogooué —de
l'Okanda—commeondisait àl'époque, fondateur et premierdirecteur
de la Maison Hatton &Cookson au Gabon, yavait élu domicile. Plus
tard, j'ai eu l'occasion de revoir à Libreville l'un ou l'autre boy
présent. J'ai appris en lisant les relations du voyage du marquis de
Compiègne et d'Alfred Marche que ce ponton s'appelait « Princess
Royal ». Ces messieurs y avaient passé quelques jours vers la même
époque, avant de rentrer en France, après leur expédition dans
l'Ogooué.
Ces navires-magasins servaient d'entrepôts commerciaux ou,
si l'on veut, de factoreries flottantes. C'étaient de vieux paquebots ou
d'anciens navires de guerre dont certains avaient eu leurs jours de
gloire. Ils étaient démâtés et couverts dans toute leur longueur d'un
toit en planches ou entôles. Le confortable s'yjoignait aupittoresque,
et, ce qui est important, à la salubrité. L'air y était plus frais qu'à terre.
On n'y vivait pas au milieu des émanations des marais et des
palétuviers. Habitants et marchandises étaient à l'abri des rôdeurs. La
vie n'y était pas désagréable. Sur l'arrière était aménagée l'habitation
des Européens avec son meublé, chambres à coucher, cabinets de
toilette, bibliothèque... A bord de la « Princess Royal », raconte le
marquis de Compiègne, se trouvait une très riche bibliothèque qui
renfermait, entre autres choses, une collection presque complète de
tous les ouvrages publiés sur l'Afrique. Une cloison séparait entière-
ment cette partie du reste du bâtiment qui formait les magasins où
étaient rangées les marchandises et les provisions : huile de palme,
objets d'échange, étoffes, bracelets de métal, tabac, gin, eau-de-vie
de traite, poudre et fusils en silex. Enfin, toute la cale était chargée
de sel.
Sur l'avant, logeaient l'équipage composé de Kroumen et les
autres employés africains.
Je ne saurais vous le dire exactement, mais il y avait un
personnel assez considérable, aussi nombreux que celui d'une grande
maison de commerce ordinaire : directeur, médecin, agents compta-
Retrouver ce titre sur Numilog.com
Ala troisième fois, c'était : « Oh !le vilain !le vilain !ici, ici,
le vilain ! ». Alors c'était le fouet...
L'élève, tout penaud, tête basse, quittait sa place et se dirigeait
vers le pupitre du Père, escaladait les deux marches, se courbait en
serrant bien sa blouse sur les fesses et pan ! pan ! pan ! attrapait la
fessée. Trois coups !Pas plus ni moins. Six coups, c'était pour un cas
plus grave...
Les autres punitions consistaient à se mettre à genoux en
pleine salle d'étude ou à manger à genoux au réfectoire, ou encore à
se tenir à genoux quelques minutes au dortoir avant de se mettre au
lit.
Il yavait également les arrêts derigueur aupied d'un manguier,
d'un arbre à pain ou d'un avocatier.
2. LES JOURS DE CONGÉ.
a. Promenades réglementaires.
Dans l'après-midi du dimanche, promenade sous la direction
d'un Frère ; le mercredi sous celle du Père Klaine. Rendez-vous dans
la plaine de Louis, la place entre Quaben et Kringer, l'allée de Sainte-
Anne ou du Four-à-chaux, le jardin du Kérellé et de temps à autre le
quartier de Glass. A chaque promenade, les élèves habitant les
environs avaient la permission d'aller chez eux.
b. Promenades supplémentaires.
Au temps où les jeunes Pères Stalter et Davezac étaient
chargés de l'école, en l'absence du Père Klaine, nous allions en
promenade, en plus du dimanche et du mercredi de chaque semaine,
les lundis de Pâques et de la Pentecôte, ainsi que les fêtes doubles de
deuxième classe de la Sainte-Vierge et des Apôtres. Ason retour de
France, le Père Klaine en supprima une partie.
c. Grandes promenades.
Ces grandes sorties qui duraient toute lajournée avaient lieu,
pendant l'année scolaire, une ou deux fois chaque trimestre, et
pendant les vacances, trois fois. Car, en ce temps-là, les vacances se
passaient à la mission, sauf à de rares exceptions près.
Retrouver ce titre sur Numilog.com
SOUVENR
ISDU
' NNONAGÉNAR
IE
Né à Libreville en 1871, de père anglais et de mère gabonaise,
Mgr André Raponda-Walker apprit l'anglais à l'âge de 4 ans. Mais dès
l'âge de 5 ans, de retour au Gabon, il est confronté aux langues vernacu-
laires et au français. Prêtre à 28 ans, il est affecté à Sindara, au milieu de
six ethnies différentes. Il s'est alors découvert un don spécial pour les
langues et les sciences. Douéd'une mémoireprodigieuse, il assimile plus
de vingt-cinq idiomes et enparle courammentune dizaine.
L'abbé Raponda-Walker vécut un siècle d'histoire puisqu'il mourut en
1968, à l'âge de 97 ans. Il nous fait revivre ses souvenirs d'enfant et de
missionnaire apostolique, après avoir confié à l'histoire ses notes et à la
science ses écrits. Optimiste de tempérament et jovial de caractère, il
effleure les événements avechumouret nous invite àpartager sajoie.
Comme Savorgnan de Brazza, il pénètre dans la forêt gabonaise et se
fait voler ses bagages ; il évangélise les peuplades qui n'ont pas encore
rencontré de "Blancs" ; il scrute le ciel et surveille la terre et la mer. Le
passage de la Comète Halley, une éclipse de soleil, un naufrage, des
noyades, des épidémies, l'arrivée des "chiques" au Gabon, les ca-
tastrophes, les "hommes-panthères", rien n'échappe à son oeil exercé.
Des débuts de l'évangélisation avec le père Bessieux (1844)jusqu'à la
nomination de Mgr Anguilè, archevêque de Libreville (1969) c'est le
pionnier de la MISSION CATHOLIQUE que nous côtoyons au fil des
années, c'est le frère Mathias qui tracte les billes de bois avec son élé-
phant apprivoisé ou qui chasse le buffle avec un parapluie ; c'est le père
Barreau qui assiste à la prise duposte allemand de Cocobeach en 1914et
devient aumônierde la base navale duGabon.
Cespagespittoresques, c'est donc unclin d'oeil àunsiècle d'histoire !
Un livre indispensable dans toute bibliothèque familiale !
FondationMgrRaponda-WalkerB.P 2146Libreville (GABON)
Nosplus vifs remerciements àla Société Gabonaise de Raffinage (SOGARA), et àla Banque
Internationale pour le Commerceet l'Industrie du Gabon (BICIG), ainsi qu'à tous les amis de
la Fondation Raponda-Walker.
I.S.B.N : 2-85049-573-5
Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès
par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement
sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012
relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.
Cette édition numérique a été réalisée à partir d’un support physique parfois ancien conservé au
sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.
Elle peut donc reproduire, au-delà du texte lui-même, des éléments propres à l’exemplaire
qui a servi à la numérisation.
Cette édition numérique a été fabriquée par la société FeniXX au format PDF.
*
La société FeniXX diffuse cette édition numérique en vertu d’une licence confiée par la Sofia
‒ Société Française des Intérêts des Auteurs de l’Écrit ‒
dans le cadre de la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012.