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1) La presse :
(doc 1 p.272) Joailler de formation, Gutenberg n’a pas inventé l’imprimerie mais a
considérablement amélioré la qualité d’impression et donc, le confort de lecture. L’Eglise
comprend bien vite de quel outil de propagande il s’agit et si la première Bible imprimée en
1455 est celle de Gutenberg, Martin Luther peut être considéré comme le père fondateur
de la Réforme protestante en publiant ses 95 thèses en 1517 ... ouvrant la voie à de
sanglantes guerres de religion (cf. la nuit de la Saint Barthélémy, 23-24 août 1592,
symbole de l’intolérance religieuse mais aussi de l’utilisation du levier religieux pour servir
des objectifs politiques).
(doc 2 p.272, dernier paragraphe) Organe de propagande idéologique donc, pas
seulement religieuse mais très vite politique. Les personnages influents sont attaqués par
des libelles (cf. «mazarinades» durant la Fronde de 1648 à 1653); la décennie
révolutionnaire va connaître une explosion de nouveaux titres, reflétant toutes les
tendances politiques. Dès qu’il accède au statut de Premier Consul, Napoléon Bonaparte
entreprend d’en limiter le nombre pour mieux les surveiller.
Si la liberté de la presse est officiellement proclamée dans les Constitutions britannique,
française ou étasunienne, le pouvoir en place trouve toujours le moyen de la restreindre.
(doc 5 p.273) Si l’on peut considérer que l’âge d’or de la presse s’achève en 1914, ce
n’est pas tant du fait de la concurrence, réelle, de la radio à l’entre-deux guerres mais bien
plutôt de la censure systématiquement pratiquée par les gouvernements au nom du
«moral des troupes» : les journaux de tranchées tenteront de contre-dire la vérité officielle
mais disparaitront dès la paix revenue. Il n’en ira pas de même lors du second conflit
mondial, où bien des journaux de la Résistance quitteront la clandestinité pour les
kiosques à l’après-guerre.
(doc 3 p.385) Si aujourd’hui les tirages stagnent, déclinent ou s’effondrent, cela ne
dissuade pas les grands «capitaines d’industrie» d’être présents dans le pôle média,
presse incluse. Bien que moins rentable économiquement, elle reste un vecteur
d’influence, sur l’opinion publique mais surtout auprès des décideurs, politiques et/ou
économiques.
(doc 3 p.262) Enfin, face à la concurrence de nouveaux modes d’accès à l’info, du
désintérêt des jeunes à son égard, la presse tente de se réinventer tout en faisant son
autocritique.
2) L’audio-visuel :
a) la radio :
Marconi «l’invente» en 1876, grâce au télégraphe de Morse, dynamisée par la découverte
des ondes électro-magnétiques par Hertz (1886), de l’émetteur haute fréquence (Tesla,
1889) et du récepteur par Branly l’année suivante. Mais c’est le transistor mis au point en
1947 qui fait de la radio un médium populaire par son prix et sa mobilité.
A noter que la Tour Eiffel, érigée pour l’exposition universelle de 1889 n’a évité son
démontage prévu pour 1907 que grâce à l’installation d’un émetteur radio à son sommet
en 1904 : Radio Tour Eiffel naît en 1921.
Si la radio belge diffuse des émissions régulières depuis 1914 grâce à la TSF, le modèle
(inspiré d’E. de Girardin à l’égard de la presse ... entre autres) est bien vite imitée par
d’autres stations : «la guerre des mondes» (H.G. Wells, 1898) est «feuilletonisé» par O.
Welles sur le mode d’une fake news, ayant créée «un vent de panique» selon la presse du
lendemain, alors qu’il n’en fut rien (1° direct le jour d’Haloween, 30 octobre 1938).
Dès l’entre-deux guerres et durant le Second conflit mondial, elle occupe une place non
négligeable dans le champ politique : des fire side chats de Roosevelt expliquant le
New Deal aux harangues des régimes totalitaires italiens et allemands, jusqu’à la
propagande vs Résistance durant l’Occupation.
Aujourd’hui, le DAB (Digital Audio Broadcasting) est le successeur de la FM. Une norme
mondiale qui permet d’écouter la radio gratuitement, sans passer par un opérateur
mobile ... à condition de se munir d’un récepteur et de vivre dans une zone couverte par
lesdits émetteurs.
b) La TV :
(doc 5 p.277) De 15 à 67% des ménages français équipés entre les années 1960-70,
l’arrivée est tardive mais le rythme de progression est rapide.
Les Trente Glorieuses ont été caractérisées par une augmentation forte et durable du
pouvoir d’achat, corrélé à la baisse des coûts de production de la chaîne de production.
En toile de fond, la guerre froide a conforté le capitalisme dans le monde occidental et la
concurrence qui va avec, incitant les fabricants à passer rapidement du noir et blanc à la
couleur (dès le début des années 1950 aux US), à soigner le design (du tube cathodique à
la TNT, les écrans se font plus plats et plus larges, offrant une plus grande qualité d’image
et de son).
Les contenus s’inspirent des médias précédents, en diffusant des programmes variés,
ciblant les téléspectateurs sur des données socioéconomiques (âge, sexe, CSP, zone
d’habitat, ...). Si les informations et le sport remportent des succès d’audience, les séries
US les dépassent nettement en tant que vecteur de soft power.
La TV est un média qui nécessite l’aménagement du territoire en faisceaux hertziens aussi
l’Europe, dévastée par le guerre, accuse un net retard par rapport aux US. Plus de 50%
des ménages y sont équipés à la fin des années 1950, à 90% dix ans plus tard. En
France, le premier journal télévisé est diffusé à 20 h en 1954, touchant 100 000 foyers.
Une 2° chaîne n’apparaît qu’en 1964, alors que RU et Allemagne en ont déjà 3. Cela se
retrouve en matière d’équipement, le seuil des 10 millions de postes est atteint en 1960 au
RU, 1964 en RFA, 1969 en France.
L’ampleur du phénomène est relayée par des événements retransmis en mondovision (JO
de Tokyo, 1964; alunissage, 1969) et a de fortes répercussions sur la société :
- (doc 1 p. 276) du cercle au demi-cercle familial, abreuvé de spots publicitaires, jusqu'à
en devenir une société de consommation;
- opinion publique influencée par ces mêmes «marchands de rêves» (cf. De Gaulle- M.
Bleustein-Blanchet), le discours politique devient un bien de consommation comme un
autre, il s’agit de séduire..
Si des acteurs publics et privés ont d’abord fonctionné de concert, la libéralisation des
échanges ravivée depuis les années 1990 se fait aussi sentir dans le domaine audio-
visuel, les groupes privés y occupant une place toujours plus importante (voir I. 1.)
3) La révolution numérique :
(frise p. 278 + doc 3 p.277) Si l’idée de connecter tous les ordinateurs de la planète a
germé dès le début des années 1960, sa faisabilité nécessitant un maillage difficile à
réaliser, impliquant de facto une fracture numérique entre PID, PED et PMA (qui ne font
l’objet d’IDE que depuis le début des années 2000). De plus, il était incontournable
d’élaborer des normes communes à l’ensemble des créateurs d’émetteurs-récepteurs
pour que le flux d’information soit transmissible (cf. IP : Internet Protocol), 1973).
Pourtant, le succès est au rendez-vous, avec 1000 ordinateurs connectés en 1983, 10 fois
plus 4 ans plus tard, 100 fois plus en 1989. L’année suivante, l’Arpanet (géré par le
Défense US) disparaît, remplacé par l’Internet civil (ce qui n’exclut pas que les
gouvernements y exercent un contrôle des contenus, au nom de la cyber sécurité).
Une concurrence féroce s’engage entre FAI, aboutissant à une situation de quasi
monopole des GAFAM :
- Microsoft lance son 1° Internet Explorer en 1995, équipe à présent près de 90% des PC
occidentaux;
- Google lance son 1° moteur de recherche en 1998 puis ne cesse d’élargir ses domaines
d’intervention.
Activité : doc 2 p. 278 : relevez et exploitez les différentes données chiffrées pour rédiger
un paragraphe argumenté sur le poids de Google.
- Facebook (devenu Meta) nait le 4 février 2004, à l’origine un simple «trombinoscope»
d’anciens étudiants de Harvard, réseau social auquel plus de 2 milliards d’internautes
actifs se connectent par mois.
a) la presse :
(doc 2 p. 282) «Notre métier n’est ni de faire plaisir ni de faire du tort. Il est de porter la
plume dans la plaie» A. Londres, in Terre d’ébène.
Il est à la France ce que Pulitzer est aux US, l’un des arpenteurs de la déontologie
journalistique. L’âge d’or de la presse s’est accompagné de l’essor des salles de
rédaction, dans lesquelles certains journalistes jouent un rôle essentiel dans la révélation
de la vérité grâce à leur travail d’investigation mais aussi créent des ponts entre
expression d’opinion et positionnement politique. T. Herzl est l’un deux, fondateur du
sionisme en réaction à l’antisémitisme ambiant en Europe. Celui-ci s’étant particulièrement
illustré à l’occasion de l’affaire Dreyfus (1894-1906, de son premier procès à sa
réhabilitation).
(doc 4 p. 287) Une affaire qui scinde la France entre Dreyfusards persuadés de son
innocence (gauche; athées, agnostiques, laïcistes ou anti-cléricaux; pacifistes) et anti
Dreyfusards, convaincus qu’un apatride ne peut qu’être un traître à la nation (droite,
catholiques, antisémites, bellicistes, nationalistes). Une division gauche-droite qui va durer
jusqu’au «en même temps» d’E. MAcron (2017).
(doc 3 p.287, l 17 à 20) E. Zola utilise l’Aurore (dont G. Clemenceau est le directeur) pour
interpeler E. Loubet le Président de la République (la III° est un régime parlementaire),
dans le cadre de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse.
(idem l 21 à 25) C’est de son engagement en faveur de la Justice que le terme
«intellectuel» prend son sens contemporain : utiliser sa notoriété pour défendre une
cause.
(doc 3 p. 283) Au XX°, le temps fort de la presse est celui de la guerre du Vietnam
(1964-73 officiellement), dans laquelle les US se sont engagés au nom de la doctrine
Truman d’endiguement du communisme. Pour la première et dernière fois, les journalistes
ont eu une totale latitude pour couvrir les événements, jusqu’au retournement d’une
opinion publique écoeurée par les révélations sur une «guerre sale» (doc 4 p. 293).
(doc 1 p. 294) Au XXI°, la presse a encore le pouvoir d’infléchir des trajectoires politiques,
comme ce fut le cas lors de «l’affaire Fillon», en pleine campagne présidentielle.
b) la radio :
(doc 1 p.280) Si elle a pu être un vecteur de l’idéologie totalitaire à l’entre-deux guerres
comme durant le Second conflit mondial, elle a aussi été l’instrument de la Résistance et
de la logistique des Alliés (voir I. 2). En ce sens, la BBC occupe une place prépondérante,
du fait de son ancienneté et donc d’un maillage territorial déjà existant comme de son
professionnalisme. De plus, le RU est le seul pays européen opposé aux forces de l’Axe à
n’avoir pas été occupé.
Elle aura aussi été une source fiable d’information pour les étudiants français grévistes de
mai 68 ... à condition de se brancher sur les ondes de RTL ou Europe 1, la radio publique
étant contrôlée par l’ORTF (1964-75 (voir infra).
Aujourd'hui, elle intègre les cellules d’investigation, associant les titres les plus prestigieux,
où les journalistes croisent un important volume de données pour porter à la connaissance
du public ce que les acteurs politiques et/ou économiques lui cachent.
c) la TV :
Bien souvent au péril de leur vie, les reporters de guerre fournissent les images qui
illustrent une situation géopolitique qui, sans elles, serait désincarnée. Outre la démarche
informationnelle, il s’agit le plus souvent d’éveiller la conscience du public pour favoriser
une issue positive au conflit. L’objectivité est rarement de mise tant le cadrage de l’image
peut lui faire revêtir un sens particulier. Le Pentagone les a utilisées pour promouvoir la 2°
guerre du Golfe en 2003, stratégie court-circuitée par la chaîne qatarie Al Jazeera qui y a
récolté ses lettres de noblesse.
(doc 2 p. 269) La TV est aussi étroitement liée à la communication politique, par le biais de
documentaires, émissions ou interventions. Le discours du Président US sur l’état de
l’Union ou même les voeux de fin d’année ne pourraient pas ne pas être retransmis, alors
même que le public n’entretient aucune illusion quant à la sincérité des propos tenus. Talk
show, spin doctors, là aussi les US ont été les précurseurs de stratégies de com’ initiées
par la suite à l’échelle du globe (sauf pour les régimes dictatoriaux où il n’existe pas
d’opinion publique à convaincre ou séduire)
Si elle n’existe pas en tant qu’elle n’est qu’une interprétation d’un fait, du moins la Vérité
réside-t-elle dans la révélation du fait.
(doc 1 p.296) Celle-ci peut avoir d’importantes répercussions de plus ou moins long terme,
du fait de «lanceurs d’alerte» ou grâce aux réseaux sociaux déjouant les stratégies
classiques de restriction des libertés.
Dans le premier cas, 3 individus ont accédé à une notoriété internationale par l’ampleur de
leurs révélations :
- J. Assange, fondateur de WikiLeaks en 2006 et la diffusion de documents brisant l’image
officielle d’une US Army se livrant à des «frappes chirurgicales» en Irak en 2003;
aujourd’hui passible de 175 ans de prison s’il est extradé vers les US.
- E. Snowden, ex employé de la NSA, a informé les salles de rédaction du Guardian et du
Washington Post des écoutes auxquelles se livrait l’Agence. Lauréat du prix Pulitzer dans
un premier temps, il a dû se réfugier à Moscou depuis 2013 pour échapper à la Justice
US.
- Bradley (Chelsea) Manning, militaire US, a pu dénoncer le recours à la torture physique
et mentale pratiquée dans les geôles afghanes et irakiennes. La Justice US ayant pris en
compte son changement de sexe, c’est dans une prison pour femmes qu’elle est
incarcérée depuis 2019 pour son refus de collaborer à l’incrimination de J. Assange.
(doc 5 p.261) Dans le second cas, les «printemps arabes» déclenchés en Tunisie en
janvier 2011 ont regroupé une jeunesse majoritaire mais exténuée par les corruption,
coercition et manque de perspectives professionnelles. Dans un premier temps, Ben Ali en
Tunisie et H. Moubarak en Egypte ont été contraints à l’exil; France et RU ont profité de
l’affaiblissement du Libyen M. Khadafi pour le faire assassiner; la «révolution verte» en
Syrie a cru pouvoir renverser B. Al Assad, forte du soutien des démocraties occidentales
et le potentat yéménite d’Abdallah Saleh a été remplacé par Mansour Hadi, sous
l’arbitrage saoudien, dénoncé par les Houtis.
Aujourd’hui, le Président tunisien Kaïs Saïed a modifié la Constitution à l’été 2022 pour
s’arroger les pleins pouvoirs, le général Moubarak a été remplacé par le Général Al Sissi
après la brève parenthèse M. Morsi (2012-13), la Libye n’est toujours pas sortie du chaos
(devenue une base arrière de djihadistes), B. Al Assad est toujours à la tête de son pays
grâce aux soutiens de l’Iran et de la Russie, la guerre civile fait encore rage au Yémen
(dans l’indifférence générale).
Tout ça pour ça ? Il semblerait que le Net soit un outil nécessaire nécessaire mais pas
suffisant pour faire évoluer durablement une situation.