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Thème 2 (HISTOIRE) :

IDEOLOGIES EN EUROPE DE LA FIN DU XIXème SIECLE A NOS JOURS

Chapitre 22 Médias et opinion publique dans les grandes crises politiques en France
depuis l’affaire Dreyfus (chapitre 4 du livre p.118-149)

S’interroger sur le rôle des médias à l’occasion de grandes crises politiques en France depuis la fin
du XIXème pour comprendre quelles relations s’établissent entre les médias de masse et l’opinion
publique.

Que nous apprennent les grandes crises politiques françaises des rapports
entre les médias et l’opinion publique ?
8 grandes crises françaises à mettre en relation avec les médias pour comprendre le rôle qu’ils y
ont joué : à partir de l’analyse de ces crises vous compléterez le cours : vous verrez quel a été le
rôle de l’opinion publique et ce que ces crises ont eu comme répercussions sur la politique en
France

1- l’affaire Dreyfus (point d’orgue de la crise en 1898-1899) : pp.122-123


2- les émeutes du 6 février 1934 à Paris : pp.124-125
3- la défaite de 1940 et le contrôle total de l’information : pp.126-127
4- la crise du 13 mai 1958 et le retour de De Gaulle (pas dans votre livre, je vous donne un lien)
5- la tentative du « putsch des généraux » d’Alger du 22 avril 1961 : pp.130-131
6- la révolte sociale, politique et culturelle de mai 1968 : pp.132-133
7- la crise du Rainbow Warrior de l’été 1985 : pp.138-139
8- la crise politique du 21 avril 2002, 1er tour de l’élection présidentielle : pp.140-141

I - La IIIème République, l’âge d’or de la presse écrite (fin XIXème – 1940)

En quoi la presse exerce-t-elle une influence prépondérante auprès de l’opinion avant la


Seconde Guerre mondiale ?

1) Des conditions favorables au développement de la presse (fin XIXème)


Voir paragraphe A p.128 :
- Loi du 29 juillet 1881 = liberté de la presse (malgré « lois scélérates », selon termes de Jaurès, de
1892-93 à la suite des attentats anarchistes contre Chambre des députés, et permettent d’interdire
diffusion de toute idée anarchiste)
- lectorat toujours + large grâce aux lois Jules Ferry sur l’école publique gratuite de 1881-1882
- innovations techniques
▪ presses rotatives (1872) et linotypes (machines à clavier pour faire une ligne de texte d’un
seul tenant et non lettre par lettre, 1885) permettent d’imprimer en masse > fabriquer + vite et à
moindre coût + pub > prix de vente en baisse
▪ télégraphe et téléphone permettant de collecter l’info + facilement et de réagir + vite
▪ réseau ferroviaire en développement permettant une diffusion toujours + efficace
▪ reproduction photo favorise presse populaire illustrée (doc1 p164 Le Petit Journal)
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2) Un essor considérable de la presse entre 1880 et 1914
La presse participe à la formation de l’opinion publique : tirage X 3 entre 1880 et 1914,
2 millions d’exemplaires et + de 300 journaux différents se vendent chaque jour en moyenne
- Parmi sujets les + diffusés : récit de l’aventure coloniale, faits divers (doc 2p.129), exaltation du
nationalisme et un point d’orgue : l’Affaire Dreyfus p.122-123
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> presse informe mais surtout radicalise les opinions

- Grands quotidiens populaires dominent (Le Petit Journal) = s’adaptent aux attentes des lecteurs
+ qu’ils ne cherchent à les influencer ; prudente neutralité politique, faits divers et divertissements
privilégiés
- presse d’opinion moins diffusée mais très influente, dépend de mouvements politiques et possède
un lectorat militant ; de l’extrême gauche socialiste (L’Humanité, 1904) à l’extrême droite
nationaliste (l’Action française) en passant par les radicaux (L’Aurore, 1897) et la droite (Le
Figaro).

3) Le développement de la radio concurrence et radicalise une partie de la presse après 1918

- La 1ère Guerre mondiale établit la censure étatique et une grande partie de la presse est le principal
support du « bourrage de crâne » qui exalte le patriotisme et dénigre l’ennemi
> en 1918, près de la ½ des titres de presse disparaît par défiance de l’information véhiculée

- Années 1920 = diffusion de la radio sous monopole de l’Etat (ainsi Radio Mondial diffuse
depuis les colonies) car permet grâce au direct une plus grande réactivité dans la diffusion des
nouvelles (accords de Munich de 1938 annoncés 1h après signature, bien avant les quotidiens !)
Engouement réel pour la radio dans les années 30 : postes et auditeurs X10 entre 1930 et 1939 !
- Crise du 6 février 1934 (contexte de forte politisation de la presse et d’utilisation de la radio par
l’Etat) : p.124-125
Voir le reportage (muet !) de l’époque :
https://enseignants.lumni.fr/videos/liste?search=6%20f%C3%A9vrier%201934&fiche-
media=00000000900

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BILAN > crise politique avec démission du gouvernement Daladier dès le 7 février !

+ développement des actualités cinématographiques où le reportage se diffuse, sondages


d’opinion se développent à partir de 1938 dans tous les cinémas

II - Radio puis télévision à la conquête des masses... sous contrôle de l’Etat (1940 – 1968)

En quoi les médias audiovisuels influencent-ils encore davantage l’opinion en lui permettant de
réagir aux crises politiques voire d’y interférer ?

1) Un essor considérable de la radio puis de la télévision :


- Le rôle majeur de la radio s’impose avec la Seconde Guerre. La « guerre des ondes » fait rage
pendant 4 longues années entre les radios contrôlées par l’occupant et le régime de Vichy d’un
côté, et celle de la France libre via la BBC depuis le 18 juin 1940 !

- crise de 1940 : la défaite et le contrôle de l’information (contexte de mort de la démocratie et de


l’abolition de la liberté de la presse qui sert alors à la fois le pouvoir en place et la résistance
clandestine à celui-ci) : livre p.126-127
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> rôle redoutable de la presse et de la radio au service du pouvoir comme des idéaux de liberté !

- essor de la radio se poursuit après 1945 (10 millions de postes émetteurs en 1958, X2 depuis
1939) et confirme son rôle de légitimer les gouvernants (cf de Gaulle, doc 1 p136).

- cependant la télévision concurrence rapidement la radio et la presse surtout à partir des années
1960 (de 13% de foyers équipés en 1960, on passe à 52% en 1967 puis 71% en 1970 !) avec
notamment le journal télévisé (le 1er le 30 juin 1949) qui peu à peu devient 1 des 1ères sources
d’informations des Français. Les hommes politiques comprennent rapidement l’importance de
l’image et Charles de Gaulle puis ses adversaires le comprennent dès la 1 ère campagne présidentielle
de 1965.

2) Héritée de la Résistance, la presse renaît à la Libération :

Alors que les journaux qui ont servi Vichy ou l’occupant sont interdits, certains issus de la
Résistance continuent parfois (Combat d’Albert Camus), d’autres sont recréés (Le Figaro avec
François Mauriac) ou naissent (Le Monde d’Hubert Beuve-Méry avec le soutien de De Gaulle).
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Voir le reportage sur la création du Monde et sa crise en 1985 :
https://enseignants.lumni.fr/videos/liste?search=%C3%A9t%C3%A9%201985&fiche-
media=00000000529

La presse se renouvelle aussi dans son approche adoptant une approche type news magazines
américains où les reporters et la photo prennent + de place : ainsi Paris-Match, L’Express ou
France Observateur séduise un lectorat + jeune et + urbain. Cependant hausse prix journal +
concurrence télé causent une baisse significative des ventes dès fin années 40.

3) Radio et télévision restent des monopoles d’Etat :

- A part les radios périphériques (RTL, RMC, Europe n°1), diffusées depuis l’étranger, la radio
comme la télévision sont sous le contrôle de régies (établissements publics) permettant à l’Etat de
contrôler l’information.
- Crise de mai 1958 : contexte marqué par poids grandissant des médias audiovisuels lors de
l’agonie de la IVème République en grande partie due à la guerre d’Algérie commencée depuis 4 ans
https://enseignants.lumni.fr/fiche-media/00000000068/le-13-mai-1958-et-ses-consequences-a-
paris-et-alger.html
regardez la vidéo et lisez bien la notice pour comprendre
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> crise de mai 1958 reflète clairement l’influence croissante des médias audiovisuels mais aussi
l’emprise renouvelée du pouvoir politique sur ces derniers ! Naissance Vème République et
retour au pouvoir de de Gaulle.

- Putsch du 22 avril 1961 : contexte de nouveau marqué par la guerre d’Algérie mais cette fois au
cœur de la Vème République et sous la présidence de de Gaulle, fervent utilisateur des médias
audiovisuels… Voir livre p.130-131
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BILAN > rôle primordial de la radio via le « transistor » qui accompagne heure après heure les
soldats, captant radio Alger mais surtout les ondes venues de métropole qui les convainquent de
rester fidèles à de Gaulle et à la république = « victoire du transistor » !
Voir allocution du général de Gaulle le 23 avril 1961 :
https://enseignants.lumni.fr/videos/liste?search=avril%201961&fiche-media=00000000089

De Gaulle renforce donc le contrôle de l’Etat sur l’audiovisuel, il préfère télévision et radio à la
presse écrite qu’il estime hostile à son égard : ORTF créé en 1964 qui a en charge le service
public de l’audiovisuel placé sous contrôle du ministre de l’Information, Alain Peyrefitte.

- Crise de mai 1968 : contexte de lassitude et de révolte de la nouvelle génération contre une
société jugée trop conformiste, trop consumériste et soumise à un pouvoir analysé comme usé et
trop conservateur, livre p.132-133, pour en savoir plus, vidéo à regarder :
https://enseignants.lumni.fr/videos/liste?search=mai%201968&fiche-media=00000000105

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BILAN > refus de l’ordre établi et soif de pluralisme et de liberté des médias pour une
expression plus libre et directe ; crise de mai 1968 montre les limites du contrôle des médias !

III - Libéralisation des médias et développement de la « culture d’écran » :


(années 1970 à nos jours)

En quoi les nouveaux modes de communication liés aux écrans modifient-ils les rapports entre
l’opinion, les médias et la vie politique ?

1) La progressive libéralisation des médias audiovisuels à partir des années 1970 :

- fin de l’ORTF en 1974 avec autonomie aux 3 chaînes de télévision ainsi qu’au groupe Radio
France, bien que l’audiovisuel reste un monopole de l’Etat, ce que conteste de plus en plus les
« radios libres » (cf p142).

- avec l’arrivée de la gauche au pouvoir pour la 1ère fois depuis la naissance de la Vème République,
fin du monopole d’Etat par la loi du 29 juillet 1982 : des centaines de stations sont libéralisées et
reçoivent en 1984 l’autorisation de vivre de la publicité = logique commerciale s’impose
désormais...

- le PAF (Paysage Audiovisuel Français) est gagné par la privatisation puisqu’après Canal+, 1 ère
chaîne privée (payante) autorisée en 1984, c’est au tour de La Cinq (1985) puis de TV6 (1986,
groupe Gaumont et NRJ) de devenir les 1ères chaînes privées gratuites en 1985. Quant à la 1 ère
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chaîne publique à plus forte audience, TF1, elle est privatisée au profit de l’entreprise de BTP
Bouygues en 1987 > concurrence féroce entre les chaînes où l’audimat, dont dépendent les recettes
publicitaires, devient les seuls réels arbitres aux dépens de la création culturelle...

2) La communication audiovisuelle au cœur de la société à partir des années 1980 :

- apogée de la télévision dans le système médiatique : en 1989, 96% des foyers ont un téléviseur,
75% des Français l’utilisent tous les jours et chaque Français passe environ 20h/semaine devant son
poste !
Le journal télévisé s’impose comme la principale source d’information des Français... bien que la
presse garde la primauté du journalisme d’investigation.

→ l’affaire du Rainbow Warrior (été 1985) : affaire d’Etat d’ampleur nationale et internationale
dans un contexte où les médias audiovisuels sont libéralisés et d’âge d’or du journalisme
d’investigation (années 1970-1980, avant la naissance d’Internet), livre p.138-139
 Révélations sur la responsabilité des services secrets français dans l’attentat grâce au
journalisme d’investigation exercé par la presse écrite, Le Monde et la revue l’Express, les
journaux télévisés quant à eux diffusent en boucle quant à eux les images du sabotage...
 Le Monde met en cause l’implication même du ministre des Armées Charles Hernu !
 La presse française d’investigation est, pour une fois, saluée à l’étranger...
 Ce sont les agents de la DGSE qui ont saboté le navire de l’ONG Greenpeace jugée trop
entreprenante dans sa campagne contre les essais nucléaires français dans le Pacifique...
 Après avoir nié toute responsabilité, les révélations de la presse contraignent le Premier
ministre Laurent Fabius à renvoyer le directeur de la DGSE et le ministre des Armées
Charles Hernu démissionne

> journalisme d’investigation à l’origine d’une crise dans laquelle le gouvernement s’est largement
discrédité (tentative de dissimulation de la vérité) et à l’origine de relations diplomatiques très
tendues pour longtemps entre la France, Greenpeace et la Nouvelle-Zélande...

- les politiques comprennent l’importance de la télévision dans leurs stratégies de


communication, et beaucoup s’entourent de « communicants professionnels » pour en maîtriser les
codes et chercher à cerner les attentes de l’opinion ; le débat télévisé d’entre les deux tours des
campagnes présidentielles devient ainsi un point d’orgue dans de la vie politique française depuis
1974... et dans lequel n’est retenue que la réplique qui aura le plus fait mouche = société du
spectacle où le débat public est progressivement dépolitisé.

- les cibles des médias évoluent, la presse spécialisée comme les chaînes de télévision thématiques
(grâce au câble, au satellite ou à la TNT) concurrencent leurs consœurs généralistes.

3) L’explosion d’internet dans les années 2000 :

- 12 millions de Français connectés en 2001... 38 millions en 2009 (près de 70% de la population) !


Mise à disposition de l’information gratuite et disponible à tout moment en différents lieux,
voire n’importe où avec la Wifi et la téléphonie mobile et autres tablettes tactiles, permet à
l’utilisateur de devenir émetteur d’informations par la création de blogs, de sites et de
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participation à des réseaux sociaux (ensemble d’individus reliés entre eux par l’usage d’une même
plateforme de communication virtuelle) type Facebook ou comptes Twitter.

- journalisme traditionnel et politique contraints de s’adapter en créant leurs propres sites, en


utilisant les réseaux sociaux et en faisant de la blogosphère (ensemble des sites personnels agissant
les uns sur les autres par des liens hypertextes) des outils communs de partage intellectuel voire
de mobilisation politique (lors des dernières campagnes présidentielles ou de sujets très
controversés tel le référendum sur le projet de traité constitutionnel européen en 2005)

- médias de plus en plus critiqués dans cette course à l’instantanéité, au sensationnel et à la


polémique (course au « buzz ») où l’information vraie et vérifiée, revendiquée par presse écrite (qui
tente de survivre), passe au 2nd plan...
De même les sondages d’opinion se multiplient et semblent orienter toujours + l’opinion comme
l’action politique !

→ crise du 21 avril 2002 : contexte du 1er tour des élections présidentielles de 2002 à l’issue du
septennat de Jacques Chirac et de la cohabitation menée avec Lionel Jospin (PS)... à l’heure où
jamais la couverture médiatique n’a été aussi plurielle (presse, radio, télévision mais aussi internet)
et marquée par une inflation des sondages d’opinion... Livre p.140-141
 Le choc ressenti par les téléspectateurs s’explique par l’énorme surprise qu’est la présence du
candidat Front National au 2ème tour et l’éviction du candidat socialiste
 Les Unes utilisent un vocabulaire très fort (« séisme », « bombe »...) et d’autres appellent
déjà à la résistance civique à l’aide d’un « NON »)
 Les médias, et avant tout la télévision, sont jugés responsables de la victoire du FN en
n’ayant pas averti de ce danger et en accordant une trop grande place à l’insécurité et aux
sondages d’opinion qui se seraient focalisés sur un duel Chirac/Jospin et sans saisir la réalité
 Une partie de la presse écrite semble pourtant avoir été beaucoup plus lucide dès janvier...
 L’usage d’internet, alors en plein essor, permet de mobiliser rapidement entre les deux tours
en relayant les appels à faire barrage au FN, mais aussi fax et téléphones + quelques journaux

Bilan > Une crise politique de 1er plan qui souligne une opinion publique difficile à saisir et une
évolution des rapports, plus critiques et complexes, entre elle, les médias et la vie politique,
l’immense mobilisation orchestrée sur internet montre une réactivité nouvelle et explique aussi en
partie le score écrasant de Jacques Chirac au 2ème tour (82,2%).

On peut conclure sur des affaires plus récentes révélées par la presse comme celle de François
Fillon… qui montre que la presse a encore un rôle à jouer dans nos sociétés et qu’Internet ne
supplante pas toujours la presse écrite !

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