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Fiche d’activité n° 1 (DM à rendre pour le ……………………………………………………………………………………)

Le monopole d’État sur le paysage audiovisuel français (années 1930 – 1980)

Consigne : après avoir présenté les documents suivants, recopier puis compléter le tableau suivant.

La radiodiffusion française La télévision française


Le monopole d’État
(organisme et
effets sur le
paysage
audiovisuel)

L’essor de
mouvements de
contestation
(motif, date du
début et forme)

La libéralisation
des ondes
(processus et
conséquences sur
le paysage
audiovisuel)

Doc. 1 : La radiodiffusion et le pouvoir politique en France


Instauré à la Libération et renforcé en 1978 sous la présidence de Giscard, le monopole de l’Etat sur la bande FM
prend fin le 9 novembre 1981. Fraichement élu président de la République, François Mitterrand fait face à
une revendication croissante et amorce ainsi la libération des ondes par la voix de son ministre de la
communication Georges Fillioud. Les radios dites pirates sont légalisées et s’apprêtent à bouleverser le paysage
radiophonique français.
Jusqu’alors, les radios étaient contrôlées par l’Etat. Seules étaient autorisées les radios de service public et quelques
stations périphériques et commerciales comme Europe 1 ou RTL. Les premières radios pirates font leur apparition
sur les ondes françaises au milieu des années 70. Associatives, communautaires, contestataires, elles sont interdites
et régulièrement brouillées. Pour certains, la prise de parole radiophonique est avant tout un acte politique, d’autres
s’inspirent de la fameuse et musicale Radio Caroline, qui ondule depuis 1964 au large des côtes britanniques.
Le 13 mai 1977, Radio Verte est lancée par Antoine Lefébure, Alain Hervé et Brice Lalonde dans les appartements de
Jean-Edern Hallier. C’est la première station pirate à émettre ouvertement, en toute illégalité : l’évènement est alors
très médiatisé et contribue au développement des fréquences pirates. Le 28 juin 1979, sur les ondes clandestines et
socialistes de Radio Riposte, François Mitterrand propose de mettre fin au monopole d’Etat : la fréquence est
brouillée, les locaux sont évacués et le candidat à l’élection présidentielle est inculpé de « violation du monopole de
radiodiffusion ».
La fin du monopole de l’Etat en matière de radiodiffusion est amorcée le 9 novembre 1981. On assiste alors à une
explosion des nouvelles stations de radios privées locales entraînant de nouvelles problématiques financières,
techniques et éditoriales. La bande FM est engorgée, la guerre des ondes est lancée et la concurrence commerciale
se renforce en 1984 avec l’autorisation officielle de diffusion de la publicité.
La loi du 29 juillet 1982 crée la Haute Autorité de la communication audiovisuelle. Chargé d’attribuer les fréquences
de la bande FM, cet organisme de régulation a pour mission de garantir l'indépendance du service public de la
radiodiffusion et de la télévision. Elle sera remplacée par la Commission nationale de la communication et des
libertés (CNCL) en 1986, futur Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).

Source : « Les radios libres ont 35 ans », site internet de l’INA, 7 novembre 2016.

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Doc. 2 : La télévision et le pouvoir politique en France

Le monopole en question
Les années de Gaulle sont marquées par un essor sans précédent de la télévision, qui voit le nombre de postes
augmenter de près d’un million par an. Un essor placé sous le signe du monopole de l’État établi sur les ondes dès
1945 : seule la télévision publique a le droit de diffuser des émissions, et les quelques stations privées périphériques
lancées dans les années 1950 (Télé-Luxembourg, Télé Monte Carlo) ne parviendront guère à entamer cette
domination, compte tenu de la trop faible portée de leurs émetteurs. Supposé soustraire les médias aux
« puissances de l’argent », le principe du monopole soulève naturellement la question de leur dépendance à l’égard
du pouvoir politique, qui devient particulièrement aiguë sous la présidence d’un Général qui s’affirme rapidement
comme un redoutable orateur cathodique. La situation de la France est à cet égard assez comparable à celle de
l’Italie, où la RAI, également en position de monopole, reste durant deux décennies dominée par la Démocratie
chrétienne. Mais il n’en va pas tout à fait de même au Royaume-Uni, où la BBC coexiste dans une sorte de duopole
avec la station privée ITV créée en 1955, ni en RFA, où la télévision publique nationale est gérée non par le
gouvernement fédéral, mais par les différents Länder.
La gouvernance de la radio et de la télévision françaises est l’un des sujets politiques récurrents des années 1960.
Aux réformes successives répondent les fréquentes grèves du personnel, où les revendications catégorielles se
mêlent à des motifs politiques et à une exigence de plus grande indépendance. Au moins en apparence, le
gouvernement cherche à donner des gages d’autonomie à la télévision : en février 1959, la RTF, jusque-là simple
administration au service du Ministère de l’Information, est enfin dotée d’un statut et devient un établissement
public industriel et commercial ; cinq ans plus tard, la loi du 27 juin 1964 initiée par Alain Peyrefitte la transforme en
ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française), doté d’un conseil d’administration et bénéficiant d’une tutelle
financière allégée. Mais dans la réalité, le contrôle gouvernemental sur l’information demeure bien présent.

Avec Mai 68, ces contradictions éclatent au grand jour : suite à la censure directe de leurs magazines, les journalistes
et producteurs de Cinq colonnes à la Une et Panorama publient le 12 mai un communiqué protestant contre « la
scandaleuse carence d’information du public » au sujet des révoltes étudiantes. C’est le début d’une longue grève à
laquelle participe toutes les catégories de personnel, jusqu’à la rédaction du journal télévisé pourtant réputée pour
sa soumission au gouvernement. Suite à cela, les émissions retrouvent provisoirement une plus grande liberté, mais
cette émancipation sera de courte durée : dès juin, le pouvoir reprend pied, renvoie la direction de l’ORTF et licencie
une soixantaine de journalistes. Plus tard, la présidence de Georges Pompidou (qui considère l’ORTF comme « la voix
de la France ») ne changera guère la donne, malgré les espoirs un temps suscités par le Premier ministre Chaban-
Delmas. […]
Les ambiguïtés de la libéralisation giscardienne
Confronté dès son élection à un nouveau mouvement de grève, Valéry Giscard d’Estaing décide d’en finir avec
l’ORTF, considéré comme une organisation tentaculaire et ingouvernable. La loi du 7 août 1974 est un véritable
séisme. L’ORTF est supprimé au profit de sept nouvelles entreprises publiques, dont trois chaînes de télévision : TF1,
Antenne 2, FR3, Radio France, TDF, la SFP et l’Ina. Pour le nouveau pouvoir, ce démembrement est d’abord
l’occasion d’affaiblir les corporatismes et l’influence des syndicats, tout en procédant à des suppressions d’effectif.
Mais il s’agit aussi de rénover le fonctionnement même de la télévision publique.

Tout en maintenant le monopole, le nouveau système de 1974 met en effet les trois chaînes publiques en
concurrence entre elles. C’est à cette période que naît la fameuse « course à l’audience », que la privatisation des
années 1980 ne fera qu’exacerber. En effet, chaque chaîne a un intérêt financier direct à attirer plus de spectateurs
que sa voisine. Introduite tardivement en octobre 1968, la publicité représente environ un quart des recettes de TF1
et Antenne 2, et la loi prévoit désormais que la répartition du produit de la redevance soit en partie corrélée aux
résultats d’audience, encore mesurés par des sondages (le système « audimétrique » que nous connaissons ne sera
introduit qu’en 1981). Déjà, on s’arrache les présentateurs les plus populaires, à l’image de Jacques Martin, qui
quitte TF1 en 1977 pour Antenne 2, au prix d’un contrat dont le montant est tenu secret.
Sur le plan de l’indépendance de l’information, Valéry Giscard d’Estaing proclame haut et fort sa volonté de rompre
avec les pratiques antérieures. Mais la réforme de 1974 ne change rien sur un plan structurel : les nominations aux
principaux postes demeurent entre les mains de l’exécutif, qui ne va pas tarder à retrouver ses mauvaises
habitudes : en 1979, Claude Sérillon est renvoyé de la rédaction d’Antenne 2 pour avoir voulu parler de « l’affaire des

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diamants ». Il faudra attendre l’arrivée au pouvoir des socialistes pour que la création d’une autorité indépendante
coupe au moins en partie le cordon ombilical entre politique et télévision.

Une privatisation très politique


Alors que le libéralisme giscardien avait choisi de maintenir le monopole public, c’est paradoxalement le nouveau
pouvoir socialiste qui va ouvrir la télévision aux intérêts privés, par la loi du 29 juillet 1982 proclamant en son article
1er que « la communication audiovisuelle est libre ». Deux ans plus tard, Canal+ commence à émettre le 4 novembre
1984, bientôt suivi par La Cinq et TV6 en 1986. Le gouvernement de cohabitation de Jacques Chirac achèvera le
travail en 1987 en privatisant TF1 et en remplaçant TV6 (propriété de Publicis/NRJ) par M6 (CLT/Lyonnaise des eaux).
L’abandon du monopole public et l’apparition de nouvelles chaînes privées est une tendance lourde, que l’on
retrouve à cette époque dans tous les grands pays européens. Mais la situation française n’en comporte pas moins
de fortes spécificités.
Il faut d’abord souligner le poids de l’État dans la privatisation à la française. Loin de résulter d’une libéralisation tous
azimuts, chaque création de chaîne naît en effet d’une décision politique au plus haut niveau. Ainsi, c’est François
Mitterrand lui-même qui annonce, en juin 1982, la création d’une quatrième chaîne, puis, en janvier 1985, le
lancement de deux canaux supplémentaires. À chaque fois, les concessions de service public prévues par la loi sont
confiées à des investisseurs proches du Président, sur lesquels il sait pouvoir compter : Canal+ échoit ainsi à l’agence
Havas d’André Rousselet, son ancien directeur de cabinet, tandis que La Cinq revient à un autre proche, Jean Riboud
de Schlumberger, associé à Jérôme Seydoux et Silvio Berlusconi (suite au décès de Jean Riboud, son fils Christophe
prendra la relève). Loin de tout laisser-faire, le gouvernement Chirac envisagera lui aussi la privatisation comme un
acte politique volontariste, au point de céder la première chaîne nationale TF1, cas véritablement unique dans les
annales de la télévision européenne.
Conséquence logique de ce rôle prépondérant de l’État : la privatisation s’accompagne toujours d’une étroite
régulation. La loi de 1982 abrogeant le monopole prévoit ainsi en même temps la création de la Haute Autorité de la
communication audiovisuelle – organe de régulation indépendant et « ancêtre » du CSA – et les concessions
accordées aux diffuseurs privés comportent un cahier des charges très précis stipulant de nombreuses obligations à
respecter (limitation de la publicité, financement du cinéma, protection de la jeunesse etc.). On est donc loin de la
situation italienne, où la télévision privée se développe de manière anarchique dans les années 1970 au profit d’un
vide juridique, avant d’être entérinée a posteriori par la loi dans les années 1980.
Source : Pascal ROZAT, « Histoire de la télévision : une exception française ? », site internet de l’INA, 30 juillet 2019.

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